14.10.2025 à 10:45
Ce que voulait (vraiment) Macron
Marc Endeweld
Texte intégral (996 mots)
Durant près d’un mois, une bonne partie de la presse l’a qualifié de « chouchou » du président. Dans un récent article, Le Monde le présente encore comme « le seul auquel [Emmanuel Macron] accorde sa confiance ». À en croire ces récits, ce serait l’osmose parfaite entre le président et son Premier ministre. « Lecornu est considéré à tort comme une copie conforme de Macron – des vieux dans des corps de jeunes –, mais ce n’est pas le cas », tempère un proche d’Alexis Kohler, l’ex-secrétaire général de l’Élysée. Et après quelques questions, cette source me lâche : « Lecornu, il ne le supporte plus ».
On est alors bien avant le psychodrame du dimanche 5 octobre qui s’est terminé par la démission du Premier ministre nommé moins d’un mois auparavant. Certes, ce dimanche soir, la tension est à son comble entre Matignon et l’Élysée. Mais les jours précédents, l’entourage de Lecornu se désespère déjà d’un « Macron bunkérisé à l’Élysée » qui multiplie les injonctions contradictoires. D’un côté, le président exige de ne pas suspendre « ses » (contre) réformes des retraites ou de l’assurance chômage, de l’autre, il va jusqu’à glisser l’idée de nommer un ministre LFI à un poste régalien… Résultat, mardi 30 septembre, Lecornu se rend à l’Élysée pour voir le président, et dans le secret des bureaux, c’est le clash entre les deux hommes. Le lendemain, à quelques jours de l’annonce du premier gouvernement Lecornu, l’ambiance est morose à Matignon.
En réalité, ça fait longtemps que Lecornu n’est plus enchanté par Macron. À l’inverse, l’actuel Premier ministre n’était pas le choix initial du président…
L’Élysée a voulu imposer à Lecornu son dircab
29.09.2025 à 12:09
« Affaire Vassal » : lancer l'alerte à Marseille, mission impossible ?
Marc Endeweld
Texte intégral (6049 mots)
La meilleure défense, c’est l’attaque. Depuis cet été, ce principe est appliqué de manière systématique par Martine Vassal, puissante présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence. Au risque de multiplier les accusations infondées et les imprécisions factuelles. Le 5 septembre dernier, cette responsable politique de droite (ex-LR) qui a décidé en 2022 de soutenir Emmanuel Macron et qui dirige, rappelons-le, deux des plus grosses collectivités locales de France, a ainsi convoqué une conférence de presse pour s’expliquer suite à la publication le 21 août de mon article d’enquête dans Le Nouvel Obs – « Marseille : enquête sur le très cher système Vassal » – qui a fait beaucoup de bruit à Marseille et dans lequel j’annonçais notamment l’ouverture d’une enquête préliminaire la visant.
« J’ai eu personnellement au téléphone le procureur »
Comme je l’ai rappelé sur le réseau social X dès le 23 août, j’ai bien évidemment contacté Martine Vassal au cours de mon enquête (mais aussi d’autres membres de l’exécutif départemental). Mais celle-ci n’a pas souhaité donné suite à mes sollicitations. Par contre, j’ai reçu de longues réponses du service de presse du département auquel j’avais adressé au préalable de nombreuses questions. En off, un attaché de presse me faisait déjà état des « affabulations » d’Erwan Davoux, l’ancien directeur des relations internationales et des relations européennes du département.
Lors de sa conférence de presse, organisée quelques jours avant l’annonce de sa candidature à la mairie de Marseille, Martine Vassal a ainsi expliqué faire l’objet d’une « boule puante » et même d’une « tentative de féminicide politique» : « Est-ce que c’est parce que je suis une femme qu’on essaye de m’atteindre ? », s’interroge-t-elle alors. Veillant à ne pas répondre sur le fond des dossiers, elle n’hésite pas à qualifier Erwan Davoux de « maître chanteur » qui « a été téléguidé par l’extrême gauche » ! Surtout, face aux journalistes locaux, elle affirme qu’« il n’y pas d’enquête sur [son] compte » et déclare avoir « eu personnellement Nicolas Bessone au téléphone (procureur de la République) ». Étrange mélange des genres.
Pas d’enquête ? Lundi 22 septembre au petit matin, des perquisitions ont pourtant été menées par la DCOS ( division de la criminalité organisée et spécialisée) au conseil départemental des Bouches du Rhône, au siège de la Métropole Aix-Marseille-Provence, ainsi qu’aux domiciles de Martine Vassal, de Marc Jolibois, son directeur de cabinet au département et à la métropole, et chez Erwan Davoux.
Ce dernier est un haut fonctionnaire, conseiller politique et désormais… lanceur d’alerte à Marseille pour avoir signalé au Parquet National Financier (PNF) et au parquet de Marseille, plusieurs faits relevant, selon lui, du trafic d’influence, de la corruption passive et du détournement de fonds publics, au sujet de Martine Vassal, la présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence. Ce signalement a été fait au nom de l’article 40 - qui impose aux agents publics, dans l’exercice de leurs fonctions, l’obligation de signaler sans délai au procureur tout fait délictueux ou criminel dont ils ont connaissance. En cause ? L’embauche par Martine Vassal de son concubin comme directeur de cabinet, mais également sa pratique du clientélisme par des subventions et des voyages, ainsi que sa gestion dispendieuse. Suite à ce signalement, une enquête préliminaire a finalement été ouverte après que le PNF a décidé, après analyse, de se dessaisir au profit de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille.
Mon article dans Le Nouvel Obs fait également état de l’ouverture d’une autre enquête concernant des marchés relatifs aux collèges, gérés par le département. Je dévoile aussi d’autres dysfonctionnements, ainsi que le contenu d’un pré-rapport de l’Agence Française Anticorruption (AFA) de 2020 consacré au département des Bouches-du Rhône, jusqu’alors non rendu public. Interrogée récemment sur BFM TV Marseille Provence, Martine Vassal se plaît pourtant à présenter mon enquête comme une simple reprise du signalement déposé par Erwan Davoux. Ce n’est pas le cas.
« Le reste relève de leur vie privée »
La meilleure défense, c’est l’attaque. Le 26 septembre, la patronne des Bouches-du-Rhône réitère ainsi ses accusations dans une interview donnée à La Provence contre celui qu’elle préfère présenter comme un « maître chanteur ».
Jusqu’au début de l’année 2025, Erwan Davoux était le directeur des relations des affaires internationales et des affaires européennes du département : « j’ai tenté d’utiliser les procédures internes quand j’ai constaté les infractions, témoigne-t-il aujourd’hui. Devant l’absence de réponse et subissant même des sanctions à mon encontre, je n’ai pas eu d’autre choix que d’employer l’article 40 ». Tout au long de sa carrière, qui l’a amené à occuper les postes de chargé de mission à l’Élysée du temps de Chirac, de conseiller auprès de Valérie Pécresse, mais aussi de Jean-Pierre Raffarin et d’Alain Juppé, cet ex-cadre de la DGSE n’avait jamais vu un tel mépris des règles. Ce lanceur d’alerte, qui a vu son poste supprimé, a quitté peu après le département et vient de déposer une plainte pour harcèlement moral contre son ancien employeur. Mais depuis qu’il a lancé l’alerte publiquement et auprès de la justice, Martine Vassal et ses équipes n’ont cessé d’essayer de décrédibiliser son témoignage, portant plainte pour « chantage » et « provocation à la haine » – qui a amené le parquet de Marseille à ouvrir dans un premier temps une enquête –, et allant jusqu’à l’accuser dans les médias d’antisémitisme – des accusations dépourvues de toute base factuelle – plutôt que de répondre sur le fond. Élément d’importance : Martine Vassal n’a pas annoncé porter plainte pour dénonciation calomnieuse ou pour diffamation, ni contre Erwan Davoux ni contre Le Nouvel Obs, ce qui n’est guère souligné par les médias locaux.
Et pour cause : la principale révélation de mon article – le fait que Martine Vassal entretient depuis plusieurs années une relation avec son propre directeur de cabinet au département et à la métropole a été reconnue publiquement par Pierre Bruno l’avocat du département qui a préféré répondre avec des arguments juridiques aux informations révélées dans mon article. Ainsi, dans Le Monde, ce dernier explique : « Ils ne vivent pas sous le même toit, n’ont pas d’intérêts communs, ne déclarent pas leurs impôts ensemble. Le reste ne rentre pas dans le champ de la loi et relève de leur vie privée ». Autant dire : circulez, il n’y a rien à voir, c’est de la « vie privée ». Marc Jolibois n’est « ni marié, ni pacsé, ni concubin de Mme Vassal », assure l’avocat.
Cette dernière précision est importante. Car la loi de novembre 2017 pour la confiance dans la vie publique proscrit l’embauche par un parlementaire comme par un élu local d’un membre de sa famille directe, dont « le conjoint, partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou concubin », comme collaborateur de cabinet. Une infraction à cette règle est punie d’une peine de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Une interdiction en réalité ancienne mais peu appliquée jusqu’en 2017. Selon la loi de 1984 sur la fonction publique territoriale, « il est interdit à l’autorité territoriale de compter parmi les membres de son cabinet : 1° Son conjoint, partenaire lié par un pacte civile de solidarité ou concubin ».
Certes, comme je le rappelais dans mon article du Nouvel Obs, Martine Vassal et Marc Jolibois disposent de domiciles différents, mais la Cour de Cassation a établi que la communauté de vie n’était pas une condition nécessaire pour caractériser le concubinage. À ce sujet, Pierre Bruno, l’avocat du département, est resté davantage dans le flou en répondant à Marsactu : « Marc Jolibois travaille avec Martine Vassal depuis 2008 ou 2009. Ils étaient tous deux mariés à l’époque avec des enfants. Si la question est de savoir si Marc Jolibois était son concubin au moment de son embauche, la réponse est simple : non ». De nouveau, l’avocat ne nie donc pas l’existence d’une relation entre Martine Vassal et Marc Jolibois en 2025. Il oublie juste que les contrats de cabinet tombent à chaque élection. De fait, Pierre Bruno tente de se placer sur le terrain du droit anticipant les procédures à venir et les futurs débats judiciaires.
« Ils se sont rendus au Maroc à la résidence de Nora Preziozi »
« C’est fascinant, ils ont fait des aveux, mais aucun journaliste local ne l’a relevé », remarque une de mes sources. Marsactu évoque timidement « la relation qu’elle est supposée entretenir avec son directeur de cabinet », et Libération prend également des pincettes dans un article en parlant de « la dénonciation d’une relation entre Martine Vassal et son directeur de cabinet, Marc Jolibois (…) ce qui, si c’était avéré, contreviendrait à la loi pour la confiance dans la vie politique de 2017 ». De son côté, Le Figaro n’en parle même pas dans ses articles consacrés à l’affaire, tout en pointant le « sulfureux » Erwan Davoux.
Plus d’une dizaine de sources à Marseille, notamment au département et dans la vie politique locale, m’ont d’ailleurs confirmé l’existence d’une telle relation, en m’apportant des détails. Dans son premier article 40, datant du 30 janvier 2025, Erwan Davoux précise : « Elle entretient un relation intime avec Monsieur Marc Jolibois depuis de nombreuses années qu’elle tente de cacher mais qui n’est qu’un secret de polichinelle. Madame Vassal utilise les services d’un des 48 chauffeurs du Conseil Départemental plusieurs fois par semaine pour l’amener chez ce dernier en fin de journée et la ramener le lendemain matin », est-il notamment écrit. Et dans un second signalement envoyé à la justice le 1er septembre 2025, Erwan Davoux assure désormais que Martine Vassal et Marc Jolibois « passent leurs vacances d’hiver ensemble à la station de Vars depuis de nombreuses années ainsi que leurs vacances d’été. Ils se sont rendus au Maroc à la résidence de Nora Preziozi, élue déléguée à la Politique de la Ville et Renouvellement urbain au Département des Bouches-du-Rhône, et ancienne présidente d’habitat 13 ». Au cours de mon enquête, j’avais essayé de joindre Nora Preziozi, sans succès.
Devant ces éléments, on comprend que le Parquet de Marseille préfère rester prudent à quelques mois des élections municipales. Lorsque j’ai interrogé le procureur Nicolas Bessone début août sur l’existence d’une enquête préliminaire visant Martine Vassal, il ne m’a pas répondu, et ses services m’ont expliqué que « cela ne leur dit rien ». Il s’agissait alors « de ne pas polémiquer » me dit-on aujourd’hui. Autre élément à éclaircir: après la dessaisie du PNF au profit de la Jirs locale, les médias locaux ont expliqué que l’enquête était finalement confiée à la section éco-fi du Parquet de Marseille. J’ai interrogé ce dernier à ce sujet, je n’ai pas eu de réponse en dehors du fait que certains magistrats de la section éco-fi font partie de la Jirs.
Une chose est sûre : mon article publié dans Le Nouvel Obs, révélant l’existence du signalement d’Erwan Davoux et l’ouverture d’une enquête préliminaire, a eu pour conséquence l’accélération du dossier sur le plan judiciaire. Dans les jours qui ont suivi, le parquet de Marseille a d’ailleurs décidé de joindre les plaintes visant Erwan Davoux et son signalement dans une même enquête préliminaire. Lundi 22 septembre, le parquet de Marseille a confirmé cet élément dans le communiqué suivant :
« Le parquet de Marseille confirme que des perquisitions ont eu lieu lundi 22 septembre dans le cadre de l’enquête préliminaire regroupant :
- les plaintes déposées entre novembre 2024 et janvier 2025 par le département des Bouches du Rhône, le directeur général des services du conseil départemental et par le CRIF visant Erwan Davoux, directeur des relations internationales et des affaires européennes au conseil départemental des Bouches du Rhône, des chefs de chantage, provocation à la haine en raison de l’appartenance à une race, une ethnie ou une religion
- le signalement déposé par Erwan Davoux fin janvier 2025 visant Anne Rudisuhli, conseillère départementale, Martine Vassal, présidente du conseil départemental et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, et Marc Jolibois, directeur de cabinet à la Métropole et au conseil départemental, pour détournement de fonds publics, trafic d’influence et corruption passive.»
Une « plainte» pour « chantage » et « provocation à la haine »
La meilleure défense, c’est l’attaque. Lorsque je contacte le département début août, le service de presse ose ainsi m’écrire que « Monsieur Davoux a fait l’objet d’une procédure disciplinaire pour des propos antisémites ». Vérification faite, c’est faux.
De fait, auprès des médias, les soutiens de Martine Vassal ont tenté dans un premier temps de faire croire qu’Erwan Davoux avait été licencié du département du fait de propos qu’il aurait tenus tant sur X qu’en interne. Cette version de l’histoire a été relayée par certains sur les réseaux sociaux après la publication de mon article dans Le Nouvel Obs. En réalité, alors que la procédure de non-renouvellement de contrat d’Erwan Davoux était déjà enclenchée (à partir de novembre 2024), le département décide en janvier 2025 de le mettre en arrêt trois jours pour non respect de son « devoir de réserve » sur les réseaux sociaux. Aucune trace de propos antisémites. Autre étrangeté : dans ses réponses en août, le service de presse du département me fait état d’une plainte « déposée par le CRIF Marseille Provence, le Consistoire israélite de la communauté juive de Marseille et le Fonds Social Juif Unifié » sans me préciser quels étaient les propos poursuivis.
Le second axe d’attaque du département à l’encontre de M. Davoux est de dénoncer « un chantage pour obtenir le renouvellement de son contrat ». C’est ce que Martine Vassal a indiqué dans sa dernière interview à La Provence : « Soit on le renouvelait, soit on lui versait 300 000 €, sinon il ferait des révélations ». Des accusations gravissimes. En réalité, de quoi s’agit-il ? Une fois son non renouvellement acté, Erwan Davoux a exercé des recours devant le tribunal administratif, et a demandé dans ce cadre le versement d’une somme de 296 216,30 euros. Le haut fonctionnaire attend donc une décision de la justice administrative sur ce dossier. S’il avait été salarié d’une entreprise, il aurait déposé un recours au prud’hommes. Un bien drôle de chantage qui s’apparente davantage à un conflit juridique entre un employeur et un employé.
Les dates sont importantes dans ce dossier. C’est le 22 novembre 2024 que le département a en effet déposé contre Erwan Davoux une « plainte (…) au nom de l’article 40 » – or, un signalement en application de l’article 40 n’est pas une plainte –, tentant de rassembler des éléments de « chantage » et de « provocation à la haine », alors qu’il avait été convoqué par courrier dès le 7 novembre pour un entretien préalable de non renouvellement de contrat qui a été organisé le 14 novembre. Dans ce document que j’ai pu consulter, il est écrit : « Rappelons que le délit de chantage est constitué que le fait susceptible d’être révélé soit vrai ou faux, bien que ce ne soit pas le cas en l’espèce ». Concernant la « provocation à la haine », plusieurs tweets de M. Davoux critiquant le gouvernement israélien sont reproduits, mais l’un d’eux est tronqué et faussement présenté. Le document soutient qu’Erwan Davoux a évoqué « les Israéliens » dans leur ensemble « les traitant d’animaux ».
Or, dans le tweet en question, datant du 14 novembre 2024, jour de l’entretien de non-renouvellement de contrat, le haut fonctionnaire parle « d’animaux » au sujet des ministres d’extrême droite du gouvernement israéliens, en particulier Israël Katz, le ministre de la défense, qui a ordonné le bombardement de Beyrouth. L’autre partie de cette plainte (le signalement) se fonde sur un courrier d’Anne Rudisuhli, conseillère départementale, datant du 8 novembre 2024 – soit un jour après la convocation d’Erwan Davoux à son entretien de non-renouvellement – qui assure qu’Erwan Davoux « le 5 décembre 2023 aurait tenu des propos justifiant l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 en Israël ».
« Dans le système Vassal quand on est pris en grippe, cela finit souvent avec du sang sur les murs »
Or, dans une plainte pour harcèlement moral déposée le 2 septembre 2025 par Erwan Davoux, on en apprend plus sur ce dialogue entre Anne Rudisulhi et le haut fonctionnaire datant de 2023 : « Elue au département élue en charge des Affaires européennes, Madame Rudisuhli, n’adressera pas la parole ni le moindre mail à Monsieur Davoux entre le mois de novembre 2023 de son départ le 31 janvier 2025. En cause, une discussion, en novembre 2023, dans laquelle elle déclarait « Si Netanyahou veut tous les tuer, il n’a qu’à le faire, il est chez lui » et à laquelle Monsieur Davoux avait répondu que ce n’était pas conforme au droit international. Elle le contournera passant systématiquement par ses subordonnés ». Anne Rudisulhi, elle-même, est citée dans le signalement fait par Erwan Davoux en janvier 2025 au nom de l’article 40 comme l’a dévoilé un article de Off Investigation. Dans cet article, l’intéressée, qui n’a pas souhaité me répondre début août, traite Erwan Davoux de « malade » et « d’antisémite ». Face à ces attaques, relayées par Martine Vassal elle-même, le haut fonctionnaire a cité à comparaître cette dernière pour « diffamation publique » et « atteinte à la vie privée ». La candidate aux municipales est convoquée à ce sujet le 4 novembre prochain devant le tribunal.
En réalité, dès juillet 2023, Erwan Davoux signalait auprès du Directeur général des services du département avoir eu connaissance de nombreuses infractions pénales au sein du Conseil départemental des Bouches du Rhône. Il réitérait son signalement dans un courrier du 2 février 2024. Le 27 novembre de cette année, il saisissait le déontologue du département pour ces éléments : « Droits et obligations des fonctionnaires : Harcèlement moral – Secret professionnel et devoir de réserve – neutralité/impartialité – dignité/ probité/intégrité – obéissance hiérarchique ».
« Il existe un lien de causalité indéniable entre les alertes de Monsieur Davoux et le non renouvellement de son contrat », est-il écrit dans la plainte pour harcèlement moral qu’il a déposée. Dans ce document que j’ai pu consulter, certains propos rapportés de collègues d’Erwan Davoux laissent songeur : « vous voyez bien que tout ce que vous proposez est rejeté. Dans le système Vassal quand on est pris en grippe, cela finit souvent avec du sang sur les murs ». Ou encore : « tu n’es pas né à Marseille, tu as peut-être pris la place de quelqu’un ? »
Quant aux voyages réalisés notamment en Italie, Arménie, Israël ou aux États-Unis, dénoncés par Erwan Davoux dans son signalement, et évoqués en détail dans mon article du Nouvel Obs, le département se justifie en expliquant notamment qu’ils ont permis « le renforcement des liens avec la diaspora ».
À Marseille, l’heure pourtant n’est plus aux faits, mais à la campagne des municipales. Et comme Le Monde l’a récemment rappelé, « en précipitant l’annonce de sa candidature, Mme Vassal espère aussi faire taire les mauvais échos, nés de l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Marseille ».
Et de tout cela, j’en ai parlé à Erwan Davoux ce lundi 29 septembre dans « la boîte noire », mon émission sur la chaîne de David Dufresne, Au poste :
18.09.2025 à 20:29
STMicroelectronics : la « class action » visant les dirigeants est acceptée par le tribunal de New-York
Marc Endeweld
Texte intégral (1014 mots)
Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour STMicroelectronics. D’abord, sur le front économique : au premier semestre 2025, le groupe franco-italien de semi-conducteurs a enregistré un chiffre d'affaires net de 2,77 milliards de dollars, en baisse de 14,4 % sur l'année, et des ventes nettes en baisse d'environ 15 %, ainsi qu'un bénéfice brut de 926 millions de dollars, en baisse de 28,5 % par rapport à l'année précédente, et une perte nette de 97 millions de dollars, contre un bénéfice de 353 millions de dollars au même trimestre de l'année dernière. La société n'avait pas enregistré de marges aussi faibles depuis le premier trimestre 2016. « Le deuxième trimestre a été le plus bas pour le secteur automobile et nous prévoyons une reprise à partir du troisième trimestre », assure Jean-Marc Chery, le PDG de STMicroelectronics. Ce dernier s'est dit optimiste car « nous avons constaté des améliorations, ST revient sur la voie de la croissance, mais le contexte général et le marché automobile ne sont pas assez solides pour générer un tampon de commandes en attente capable d'absorber les changements ». Un optimisme mesuré donc.
Pour les dirigeants du groupe, plus particulièrement pour Jean-Marc Chéry, le PDG, et Lorenzo Grandi, le directeur financier, les nuages noirs s’accumulent sur autre front. Et il est judiciaire. En effet, cela fait plusieurs mois que ces deux-là sont visés à New-York par une class action d’actionnaires américains comme je l’avais relaté dans un précédent article. Les plaignants accusent les dirigeants de STMicroelectronics d’avoir dissimulé les difficultés de l’entreprise entre 2023 et 2024, et d’avoir procédé à des prévisions financières trop optimistes trompant les investisseurs.
La class action contre les dirigeants de ST est recevable
16.09.2025 à 20:00
Les réseaux secrets de Sébastien Lecornu dans l'Eure
Marc Endeweld
Texte intégral (912 mots)

Pour Sébastien Lecornu, l’Eure est le département des « premières fois » politiques. Attaché parlementaire d’un député du coin à 19 ans, maire de Vernon à 27 ans, président du département à 28 ans. Vingt ans après ses débuts en politique, celui qui accède aujourd’hui à Matignon à 39 ans, a patiemment construit sa base arrière locale, bien avant la victoire d’Emmanuel Macron en 2017.
Sous la Vème République, il ne faut pas sous-estimer les réseaux locaux, ils sont souvent connectés au cœur du pouvoir à Paris. C’est une chose qu’Emmanuel Macron a paradoxalement compris très tôt, lui qui n’a jamais eu de mandat électif, et encore moins local, avant de devenir président de la République.
Dans son ascension fulgurante, l’ancien banquier d’affaires de chez Rothschild a largement fait son marché dans l’Oise où résidait son ami et mentor Henry Hermand ; mais aussi dans le Massif Central, de l’Aveyron au Cantal, en passant par l’Auvergne, fief de son autre ami Michel Charasse, ainsi que Marseille et le Nord, anciens bastions de la SFIO. Ce n’est pas un hasard si Emmanuel Macron dit avoir de l’admiration pour Daniel Percheron, l’ancien patron socialiste du Nord-Pas-de-Calais (natif de Beauvais). On est bien loin de la « start-up nation »…
Quand Benalla « a sauvé la vie » de Lecornu
13.09.2025 à 16:33
La Cour de Cassation donne raison à Alexis Kohler : trois arrêts en question
Marc Endeweld
Texte intégral (4225 mots)
En novembre 2024, la cour d'appel de Paris avait rejeté la prescription d’une partie des faits que réclamait Alexis Kohler dans ce dossier à l'instruction depuis juin 2020. Comme je l’avais rappelé dans un précédent article, cet arrêt était riche d’enseignements sur le fond du dossier.
Mais estimant que la cour d'appel n'a pas suffisamment motivé sa décision, la Cour de Cassation a décidé cette semaine, mercredi, d’annuler cet arrêt, et demandé à la chambre de l'instruction, « autrement composée », de se pencher de nouveau sur ce dossier. Cette décision, qui a été notifiée dans trois arrêts, « est extrêmement décevante mais ce n'est qu'une étape de plus dans un dossier qu'une partie de la justice préférerait peut-être ne pas avoir à traiter », a immédiatement souligné Jean-Baptiste Soufron, avocat d'Anticor. Il l'a jugée « inquiétante car elle marque un recul de la lutte contre la corruption en décidant un contrôle tellement poussé et détaillé qui ne relève normalement pas du rôle de la juridiction suprême ».
L’avocat général Thierry Fusina va dans le sens des avocats de Kohler…
De fait, depuis toujours, le parquet prend fait et cause pour Alexis Kohler et ses avocats… En mai dernier, lors de l’examen par la Cour de Cassation de la demande de prescription des avocats de l'ancien secrétaire général de l'Élysée, l’avocat général Thierry Fusina s’était presque transformé en défenseur d’Alexis Kohler. Le magistrat du parquet avait ainsi ironisé sur le «pacte de silence» entre l’ancien secrétaire général de l’Élysée et ses collaborateurs directs de l'époque dénoncé par les juges d'instruction et l'arrêt d'appel, une «notion juridique qui ne me paraît pas forcément bien répertoriée». Le magistrat du parquet indiquait ensuite qu’il y avait peut-être eu « du silence » et de la « passivité » de M. Kohler, mais pas de volonté délibérée de dissimuler son lien familial avec les Aponte, propriétaires de MSC.
Lors de cette audience, l’avocat général estimait que si l’État n’a pas signalé à la justice ce lien familial, « c’est que son intérêt n’était pas de se priver de la manne financière que représentait » la commande de MSC auprès des chantiers navals de STX à Saint-Nazaire, alors en grande difficulté financière, ce qui inquiétait les pouvoirs publics. Face à ce qui s’apparente à des excuses, Me Frédéric Rocheteau, avocat d’Anticor, préférait ironiser : « Ces commandes passées justifieraient-elles à peu près tout ? »
Le précédent de l’intérim du PNF à l’été 2019
Ce n’est pas la première fois que la justice apparaît plus que timorée sur ce dossier Kohler. À l’été 2019, suite au départ d’Eliane Houlette de la tête du Parquet National Financier (PNF), la première enquête préliminaire ouverte un an plus tôt était classée sans suite. Les coulisses de cet épisode rocambolesque avaient été dévoilé un an après par Mediapart, et méritent d’être rappelés : en effet, au début de l’été 2019, cas unique sous la Vème République, Emmanuel Macron en personne avait écrit au PNF pour disculper Alexis Kohler, au lendemain d’un rapport de police l’accablant. À la suite de cette lettre, un second rapport d’enquête avait été rédigé, aboutissant à des conclusions inverses. Et un mois plus tard, l’enquête avait été classée sans suite.
Mais ce n’est pas tout : à l’époque, ce classement sans suite était intervenu en pleine période d’intérim à la tête du PNF. Et qui assurait l’intérim ? Muriel Fusina, alors cheffe du département des affaires économiques et financières au parquet général de Paris, et par ailleurs épouse de Thierry Fusina, l’avocat général près la Cour de Cassation qui est donc intervenu sur le recours des avocats Kohler concernant une éventuelle prescription d’une partie des faits.
« N’y-a-t-il pas là un conflit d’intérêt judiciaire ? », ose se demander aujourd’hui un bon connaisseur du dossier. Reste que tout magistrat juge en droit, c’est-à-dire qu’il tranche sur un litige en appliquant les règles de droit à des faits établis, afin de rendre une décision impartiale et motivée. Une chose est sûre : en 2019, ce n’est qu’en octobre que Jean-François Bohnert est devenu procureur national financier (ce dernier est aujourd’hui sur le départ comme je l’annonçais il y a quelques jours), l’enquête préliminaire sur Alexis Kohler était déjà classée sans suite lors de sa prise de fonction.
Pas de « concert frauduleux » pour la Cour de Cassation
Mais regardons de plus près les décisions de la Cour de Cassation. Au cœur de la problématique juridique figure l'éventuelle dissimulation par M. Kohler de ces liens familiaux, ce qui rend l'infraction « occulte » jusqu'à sa révélation publique, empêche de considérer les faits comme prescrits et permet d'en poursuivre l'intégralité, soutiennent de leur côté l'association Anticor, qui a déposé plainte, les juges d'instruction et la cour d'appel. À l’inverse, pour les avocats de l'ex-secrétaire général de l'Elysée (mai 2017-avril 2025), le délai de prescription n'a pas débuté en 2018 avec des articles de Mediapart comme le soutiennent les juges d'instruction, mais a au contraire expiré en 2014.
La Cour de Cassation estime que « le silence gardé par M. Kohler, au surplus à l'égard de seulement certains des dirigeants des entités au conseil d'administration desquelles il siégeait, n'est pas à lui seul de nature à caractériser un acte positif constitutif d'une manœuvre caractérisée de dissimulation ». Par ailleurs, « si la chambre de l'instruction a relevé le silence gardé par ses supérieurs hiérarchiques, informés de sa situation, vis-à-vis d'interlocuteurs institutionnels (...), elle n'a pas caractérisé de concert frauduleux destiné à empêcher la découverte de l'infraction », souligne-t-elle encore.
Pour la Cour, « l'absence d'information écrite ou de mise en place d'un dispositif précis de déport à une époque où la loi ne le prévoyait pas n'est pas de nature à établir une manœuvre de dissimulation, a fortiori lorsque les juges constatent que les supérieurs hiérarchiques de M. Kohler avaient été eux-mêmes informés oralement de sa situation ».
En novembre 2024, la cour d'appel, en écartant la prescription, avait estimé que si M. Kohler avait informé son entourage professionnel de son lien de parenté, il s'agissait d'une « révélation parcellaire (...) à certains initiés et notamment à sa hiérarchie directe » à l'APE comme à Bercy. Comme les juges d'instruction, elle avait évoqué un « pacte de silence » entre M. Kohler et ses collaborateurs directs de l'époque.
« Difficile d’expliquer pourquoi on ne l’avait pas informé avant »
Les juges de la cour d’appel s’étaient particulièrement intéressés à un échange de mails avec Antoine Cordier, adjoint au bureau Défense et Aérospace à l’APE, datant du 26 juin 2009 et intitué « STX Conflits d’intérêts » portant sur la proposition d’adresser un courrier au directeur de STX Jacques Hardelay rédigé au nom de Bruno Bézard, aujourd’hui mis en examen pour « complicité de prise illégale d’intérêt », avec une entête de la direction générale du Trésor - APE.
Ce jour-là Alexis Kohler adresse un mail à 10h46 à Antoine Cordier dans lequel figure en pièce jointe un projet de texte dans lequel est annoncée la substitution du Fonds Stratégique d’Investissements (FSI) à l’APE pour le suivi de STX France, dans laquelle figurait la mention suivante en toute fin :
« ce suivi permettra d’éviter tout conflit d’intérêt lié au positionnement de l’État comme client à travers les commandes de la Marine Nationale et aux liens familiaux existants entre l’administrateur représentant l’État, M. Alexis Kohler et la famille Aponte, actionnaire de MSC, ce dont il avait informé sa hiérarchie dès le mois de novembre 2008 ».
À 19h05, Antoine Cordier répond à Alexis Kohler dans un mail particulièrement révélateur, « exprimant alors l’embarras de l’APE pour informer le directeur de STX de son lien de parenté » comme le soulignent les juges de la Cour d’appel. En effet, Antoine Cordier écrit :
« Sérieux, c’est pas facile… difficile d’expliquer pourquoi on ne l’avait pas informé avant. Donc ça tombe forcément mal comme un cheveu sur la soupe (ben au fait, j’vous avait pas dit). À ta disposition pour en parler »
En pièce jointe de son mail figure un deuxième projet de courrier raturé exposant le lien de parenté avec la famille Aponte rédigé ainsi : « Par ailleurs, je tenais également à vous informer que M. Alexis Kohler était affilié à la famille Aponte, actionnaire de l’armateur MSC. L’intéressé m’avait fait part de ces liens familiaux dès le mois de novembre 2008. Les limitations législatives du nombre de mandats d’administrateurs de sociétés anonymes ne permettant ni à Pierre Aubouin ni à moi-même d’assumer les fonctions d’administrateur de STX France Cruise, j’ai proposé la nomination de M. Alexis Kohler en tant que représentant de l’État, intervenue en janvier 2009, tout en veillant personnellement à éviter toute situation de conflit d’intérêt, grâce notamment au caractère collégial des positions prises à l’APE sur les décisions stratégiques concernant votre entreprise ».
Plus tard dans la soirée Alexis Kohler soumet à Bruno Bézard un troisième projet de lettre à son nom en lui demandant : « est-ce que tu préfères cette version ? ». De sa messagerie personnelle la contrescarpe@wanadoo.fr, Bruno Bézard répond à Alexis Kohler à 23h37 : « désolé… ce n’est pas pour t’embêter, mais je ne sens pas encore cette version on va améliorer je vais essayer ce we ».
Des mails non versés au dossier d’instruction ?
Au final, comme l’enquête des policiers l’a démontré, ce courrier, retrouvé lors d’une perquisition menée à Bercy, non signé, n’a jamais été remis au directeur de STX, Jacques Hardelay, ni aux membres de STX France.
Et puis, à l’automne 2024, je révélais dans Marianne de nombreux messages échangés entre 2012 et 2014 entre les conseillers de Pierre Moscovici, alors ministre des Finances, et Alexis Kohler, alors membre de son cabinet, au sujet du constructeur naval STX et de l’armateur MSC. Ces mails – a priori, non versés au dossier d’instruction – confirment qu’il n’existait pas de déport effectif du haut fonctionnaire pourtant lié personnellement à la famille propriétaire de MSC. Il était même tenu au courant des dossiers de financement des paquebots vendus par STX alors que la Commission européenne enquêtait sur ces montages financiers…
05.09.2025 à 23:00
Les plans de l'Élysée pour l'après 8 septembre
Marc Endeweld
Texte intégral (858 mots)
En guise de rentrée politique (et médiatique), on a droit au chaos. On se demande pourquoi Bayrou se fait hara-kiri en décidant d'engager la responsabilité de son gouvernement lors d'un vote de confiance à l’Assemblée. Hollande, un de ses plus fidèles alliés, se lamente et exprime son désarroi en contestant la décision. L’ancien président socialiste ne « comprend pas comment » Macron « a pu laisser Bayrou prendre une telle initiative ».
Ça fait pourtant des mois qu’Emmanuel Macron attend cette heure, lui qui, en décembre dernier, avait été poussé par François Bayrou lui-même à le nommer à Matignon. Rappelons qu’à l’époque, celui que le président voyait comme Premier ministre, c’était Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Et s’il y a bien une chose que Macron déteste, c’est être poussé dans ses derniers retranchements. Raison pour laquelle il se plait ces dernières semaines à souligner à certains collaborateurs comme « Mediapart fait du bon travail ». Ne cherchant pas à cacher sa délectation à voir son Premier ministre empêtré dans le scandale Bétharram.
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