HACKING SOCIAL
Le hacking social est une méthode qui tend à transformer les environnements sociaux vers plus d’autodétermination, d’altruisme, d’autotélisme, d’intelligence sociale, émotionnelle et cognitive.19.05.2025 à 11:24
[Σ0-2] Pensée nulle : quelles causes ?
Viciss Hackso
Précédemment, dans La vie n’est pas qu’un jeu nul , on a exploré la croyance en…
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Texte intégral (8253 mots)
Précédemment, dans La vie n’est pas qu’un jeu nul , on a exploré la croyance en la somme nulle et ses conséquences. Ces résultats étaient déplorables à tout niveau, que ce soit personnel, entre les groupes, politiquement. Ainsi aujourd’hui, on explore ce qui cause cette pensée.
N’hésitez pas à consulter l’article précédemment avant de commencer celui ci, car cela risque d’être incompréhensible sinon :
Qu’est-ce qui cause cette pensée à somme nulle ?
Le sentiment de menace et le contexte de pénurie
Cette croyance naîtrait du sentiment de menace, quand les gens pensent que leurs ressources ou celles de leur groupe sont menacées, qu’il y a des pénuries effectives ou un contexte faisant craindre des pénuries.
Un exemple très clair de sentiment de menace où il n’y a pas de menaces du tout et bien au contraire de la prosociabilité :
Par exemple, dans le contexte d’une relation, les individus peuvent développer ses croyances à somme nulle s’ils s’attendent à négocier avec un interlocuteur compétitif, contrairement à s’ils s’attendent à un interlocuteur chaleureux et coopératif1.
Travailler sous la direction de chefs assertifs accroît aussi ces croyances sur la question de la réussite, contrairement au fait de travailler avec un chef chaleureux2. De façon générale, ces croyances sont activées en réponse à des dangers perçus dans l’environnement, et les croyances à somme nulle peu menaçantes sont moins crues (par exemple que les faibles gagneraient aux dépens des puissants3).
Les chercheurs précisent qu’il ne s’agit pas de vraies menaces objectives : les groupes à statut élevé ont souvent le sentiment que leur statut est menacé, pensent que les groupes à statut bas tirent profit d’eux4. Que ce soit vrai ou faux, le fait de se sentir menacé par ses adversaires politiques ou par des immigrants, favorise la croyance que les autres en général nous utilisent à nos dépens5.
Je précise que susciter cette croyance à somme nulle peut être une stratégie politicienne sciemment mise en place. On le voit déjà dans les discours à somme nulle qui sont une constante à l’extrême droite et dans les stratégies de ces groupes pour militer, quitte à faire semblant de jouer le groupe cible pour le rendre menaçant :
« Nous [groupe du bloc identitaire] considérions que les médias mentaient tous, que nous vivions dans un État “ripoublicain”, corrompu par des élites mondialistes, que la race blanche était en danger, tout ça. Et comme on était peu nombreux, on a surtout utilisé internet. C’était pratique pour faire passer nos messages, et ça ne coûtait pas d’argent. […]Il fallait en priorité “squatter” les sites d’information générale à la recherche de toutes les informations “raciales” possibles. Monter en épingle les faits divers lorsqu’ils concernaient des étrangers, quitte à les faire “mousser” sur Facebook ou sur les forums. Les réseaux sociaux et les commentaires dans les articles de presse étaient l’idéal pour ça.
Nous avions clairement identifié l’idée qu’il fallait que nous ayons des pseudonymes “réguliers” de manière à recruter à nos idées, de manière à ce que les gens, à force de lire notre nom se disent : “Il a raison ce gars-là” et se rapprochent de nous. Il fallait aussi créer des profils “ponctuels” juste pour donner l’effet de masse, donner l’impression que c’était la “base” des gens qui pensaient comme nous. Ça, c’était facile, parce que globalement les gens partagent nos idées sur les délinquants.Mais il fallait agir subtilement. Ne jamais parler des Arabes et des Blancs en tant que tels, mais reprendre des thèmes “humanistes” en parlant par exemple des “nantis antiracistes et mondialistes qui cherchent à écraser les pauvres qui supportent le racisme antiblanc”.
[…] Mon travail consistait aussi à faire des revues de presse sur plusieurs blogs, et en ne prenant que les histoires qui mettent en scène des étrangers pour ensuite démontrer que tous les problèmes venaient d’eux. Mais évidemment, on ne se limitait pas aux faits divers.
[…] nous avons développé notre terminologie, en disant les choses d’une certaine manière : “être positif”. Ne pas dire “c’est la guerre civile, les Arabes ne veulent pas être intégrés”. Une telle phrase fait fuir les gens qui ne sont pas engagés à nos côtés, mais dire “la plus grande fermeté est nécessaire pour retrouver la paix civile”. Ça veut dire la même chose, parce que ça donne à penser qu’on est en guerre, mais ça donne l’impression qu’on est plein de sagesse. […] Après tout s’enchaîne. Comme les gens répètent le même discours que nous, mais sans précautions oratoires, leurs commentaires sont censurés par les journaux “sérieux” (la loi interdit ce genre de discours et les journaux se protègent en ne les publiant pas). Il est alors extrêmement facile de les épauler en critiquant la scandaleuse censure dont font l’objet ceux qui pensent comme nous, et à parler d’une collusion entre les médias et les “antifrançais”.
Vous avez d’autres exemples ?
Je pourrais en donner pendant des heures, mais par exemple il suffit de prendre un pseudo à consonance musulmane et lancer des insultes aux Français, en prônant une République islamiste à Paris ou ce genre de choses. C’est très gros mais ça marche à chaque fois. » https://www.midilibre.fr/2012/10/08/un-militant-repenti-balance-les-secrets-de-l-ultra-droite,574771.php
Ici c’est un petit groupe français qui n’avait pas beaucoup de moyens, mais aux USA ce genre de manipulations a pu prendre des proportions astronomiques notamment dans l’affaire Cambridge Analytica. Ce groupe était chargé d’influencer le cours des élections en faveur des Républicains en utilisant des moyens allant très loin dans la manipulation. Vol de millions de profils Facebook, ciblage basé sur le calcul de leur personnalité et leurs traits les plus sapant, manipulation de l’information pour dissuader les afro-américains de voter… Cambridge Analytica n’a pas hésité à jouer avec les croyances à somme nulle également. Cela ressemblait à des expériences telles qu’on pourrait en faire en psycho en contexte classique (et ils y avaient bien des chercheurs en psychologie sur le projet) ; ils ont d’abord fait des expériences pour voir si on pouvait diminuer le sentiment de menace des gens dans la croyance à somme nulle, en leur demandant de s’imaginer super héros invincibles. Puis il leur posait des questions sur leurs exogroupes qu’ils discriminaient, comme les immigrés, les gays, etc. Et effectivement, lorsqu’ils s’imaginaient invincibles, ils les considéraient comme moins menaçants. Mais les résultats obtenus n’ont pas été utilisés pour diminuer ce sentiment de menace, mais au contraire affuter des récits politiques pour l’augmenter et produire des effets qu’un lanceur d’alerte (ex-employé de Cambridge analytica) rapporte ici :
« Cela signifie que lorsque les cibles tombaient sur des clips mettant en scène des candidats ou des célébrités critiquant des déclarations racistes, cette exposition n’avait d’autre effet que de raffermir un peu plus le point de vue raciste de la cible au lieu de la pousser à remettre en question ses croyances. Ainsi, si vous arriviez à associer de manière organique le point de vue sur la race à la question de l’identité avant que le sujet soit exposé à un contre-récit, ce dernier serait dès lors considéré comme une attaque directe contre l’identité du sujet. Ce qui était vraiment utile pour Bannon, dans la mesure où cela revenait à vacciner les groupes ciblés contre tous les contre-récits critiquant l’ethnonationalisme. Ainsi se créait une étrange boucle récursive dans laquelle les opinions racistes du groupe se radicalisaient un peu plus à chaque fois qu’elles étaient exposées à une critique. »
Mindfuck, Christopher Wylie
Des caractéristiques personnelles s’associant facilement à la croyance en la somme nulle
Les chercheurs ont également trouvé que la croyance est plus répandue chez les personnes qui voient les interactions sociales comme une compétition6, celles qui ont une faible agréabilité7, une forte Triade noire (narcissisme, psychopathie, machiavélisme)8. À noter d’ailleurs que Cambridge Analytica, voire sa maison mère intervenant à l’international SCL, a toujours utilisé les profils à triade noire pour ses opérations d’influence politique, surtout les narcissiques comme cible de choix pour obtenir des effets car ils s’offensent très rapidement et sont prompts à faire des scandales, ce qui est parfait pour diffuser plus rapidement des discours de haine à croyance nulle sur les réseaux sociaux (ref).
On parle ici de caractéristiques « personnelles », mais ce n’est pas à essentialiser comme une nature inchangeable de la personne : ces traits, si personnels soient-ils sont eux-mêmes sous l’influence des environnements sociaux et peuvent pour beaucoup varier. C’est pourquoi nous rajoutons une petite explication pour y voir plus clair.
C’est quoi l’agréabilité ?
Cela fait partie des 5 grands traits de la personnalité (avec l’ouverture, le névrosisme, la conscienciosité, l’extraversion) pour lesquels on peut avoir un score de bas à haut, et chacun des traits est composé de facettes pour lequel on peut avoir également différents scores qui renvoient à des significations différentes (par exemple, un bas score en extraversion est dit introverti). Traditionnellement, cela peut se mesurer par un questionnaire général, mais la recherche emploie aussi des mesures permettant de voir l’évolution de la personnalité jour par après jour, situation par situation.
Voici les 6 facettes de l’agréabilité qui peuvent donc chacune obtenir des scores très différents ou au contraire assez homogènes selon les gens :

Les bas scores ont tendance à se montrer cyniques et sceptiques, à partir du principe que les autres peuvent être malhonnêtes et dangereux.]

Une personne ayant un score faible aura tendance à prendre des libertés avec la vérité ou à se garder d’exprimer ses véritables sentiments, mais ce n’est pas forcément un individu malhonnête ou manipulateur.]

Les bas scores sont plus centrés sur eux-mêmes et peu enclins à se préoccuper des problèmes d’autrui

A4 soumission amicale Cette facette concerne les réactions relatives aux conflits interpersonnels. Les hauts scores ont tendance à se soumettre aux autres, à inhiber leur agressivité, à pardonner et à oublier.
Ceux qui ont des scores bas sont davantage agressifs, préfèrent la compétition à la collaboration et n’hésitent pas à exprimer leur colère lorsque cela est nécessaire.

Ceux qui ont des scores faibles ont une image très positive d’eux-mêmes et peuvent être perçus comme arrogants et prétentieux.

Les bas scores sont plus durs et moins émus par les appels à la clémence ou par les demandes d’empathie. Ils se considèrent comme des personnes réalistes qui prennent des décisions raisonnables fondées sur une logique froide
Et enfin la moyenne de tout cela va donner une image générale de l’agréabilité :

Les scores moyens peuvent être parfois dans le profil haut et montrer des caractéristiques de sensibilité, d’altruisme tout comme être bas selon les situations.
Les individus qui ont un score bas sont perçus comme désagréables, cherchant le conflit. Ils pensent d’abord à leur intérêt, sont égocentriques, ne montrent pas d’empathie pour les autres qui sont vus avec méfiance. Un score bas en agréabilité, associé également à d’autres traits, peut être lié au narcissisme, au profil antisocial, voire paranoïaque.
Ceci étant dit, bien que la personnalité soit considérée traditionnellement comme une disposition qui amène à certains comportements9, de nouvelles recherches sur la personnalité peuvent montrer que la situation, des buts, des valeurs et globalement tout à la fois amène à performer certains traits et pas d’autres. On peut donc supposer que les bas agréables dans la croyance en jeu à somme nulle, ont des buts, des valeurs ou vivent des situations qui les amènent à exprimer ces croyances et à performer cette basse agréabilité.
Le sens de la causalité n’est pas connu, donc possiblement tous les chemins sont possibles : peut-être que c’est parce qu’ils n’ont pas confiance aux autres qu’ils adoptent au fur et à mesure le jeu à somme nulle ; peut-être que c’est parce qu’ils sont sous l’influence du jeu à somme nulle qu’ils deviennent plus méfiants envers autrui. Et peut-être que c’est tout autre chose : peut-être que la situation est à compétition rude et contrôlante, qu’ils ont le but de la réussir/gagner/ne pas la rater, ils imaginent qu’ils doivent donc baisser leur agréabilité ce qui les amènent à adopter la somme nulle ; ou croyant que cette situation est à somme nulle, ils baissent leur agréabilité.
Ceci étant dit, certaines recherches sur la personnalité10 ont montré que le but tend plutôt à faire déployer certaines performances de personnalité, et le jeu à somme nulle généralisé tendant à occulter la situation et les faits, il est probable que la croyance amène au but de gagner contre un autre vu comme une menace pour ses ressources, ce qui amènerait à performer de la basse agréabilité. Attention, il ne s’agit là que de simples suppositions, certes basées sur des résultats antérieurs, mais qui ne portaient pas sur le trait agréabilité (mais sur extraversion), il est donc possible que cela ne soit pas le cas, les traits semblant avoir une dynamique très différente et l’agréabilité n’ayant pas été testée de la même façon à ma connaissance.
C’est quoi la Triade noire ?
La Triade noire désigne des dispositions qui ne sont pas forcément présentes chez toutes les personnes (contrairement aux cinq grands traits cités précédemment), et attention, bien que le terme « psychopathie » et « narcissisme » fasse partie du champ psychopathologique/psychiatrique, avoir de hauts scores en triade n’est pas forcément lié au fait d’avoir un trouble de la personnalité.

On le voit dans le descriptif de ces tendances, les individus ayant de hauts scores sur ces traits veulent potentiellement « gagner » la partie (via du machiavélisme et/ou du narcissisme), et l’absence de mise à la place d’autrui et le manque d’émotions (via la psychopathie) ne leur permet peut-être pas de ressentir les bénéfices sociaux et émotionnels de l’inverse du jeu à somme nulle (situations de mutualité, de coopération, d’empathie partagée qui, chez celui qui active son empathie, permet de décupler les plaisirs).
Concernant le narcissisme, leur façon de penser est effectivement connue pour traduire la vie comme à somme nulle ; ici on voit la différence entre la croyance du narcissique qui suit un jeu à somme nulle VS quelqu’un qui aurait une estime de soi qui n’est pas à somme nulle :

Pour donner un exemple concret de la pensée narcissique à somme nulle, l’autobiographie d’Elliot Rodger, un incel aux idées d’extrême droite ayant tué 6 personnes et blessés 14 autres avant de se suicider, montre continuellement des traces de cette pensée à somme nulle. Par exemple, à un de ses anniversaires il n’a pas été servi du gâteau en premier : il l’a vécu comme un drame et une terrible injustice parce qu’il estime qu’il aurait dû être servi en premier. Lorsqu’il voyait des couples dans la rue ou au cinéma, il enrageait parce qu’il considérait cela comme un affront, parce que lui était célibataire. Ces personnes étaient pourtant juste en train de vivre leur vie, aucune d’entre elles ne l’avait provoqué d’une quelconque manière, ni même croisé son regard. Mais du point de vue de Rodgers, comme ces personnes avaient « réussi » quelque chose qu’il n’avait pas « réussi », cela l’enrageait, parce que narcissiquement dans son esprit, il était naturellement supérieur à eux, auraient dû avoir plus de droits qu’eux, aurait dû « réussir » plus qu’eux.
À noter que la pensée à somme nulle peut ne pas être imprégnée d’un narcissisme aussi extrême, mais ressemble beaucoup dans la dynamique qu’on peut voir mieux ici peut être :

La différence c’est que le jeu à somme nulle démarrerait non pas forcément d’une pensée grandiose sur soi-même, mais d’un « il faut gagner dans cette situation ! » puis avancerait vers « est-ce que j’ai gagné ? (plus de ressources, plus de statuts, plus d’honneurs qu’un autre adversaire), puis il y aurait le mode antagoniste qui me semble quasiment identique.
À noter que le narcissisme en tant que trait (et non en tant que trouble de la personnalité) est lié à des questions politiques. Si cela vous intéresse de creuser ce sujet :
Des attitudes politiques
Toujours dans l’exploration de ce qui causerait la croyance en la somme nulle, la recherche a d’abord constaté une forte connexion avec le conservatisme, et on voit que l’étude des croyances spécifiques s’est beaucoup penchée sur des croyances qui ont souvent un marqueur à l’extrême droite. Qu’on soit bien clair : ce n’est pas que les chercheurs sont d’immenses gauchistes, mais parce qu’en psychologie la souffrance est une préoccupation majeure de la discipline, les psychologues étant formés à aider les gens à la diminuer, voire à s’en libérer.
Or, les logiciels autoritaires d’extrême droite sont historiquement et factuellement connectés à une violence extrême, causant des massacres, des attentats, voire des génocides (voir Semelin, Purifier et Détruire) . De façon plus quotidienne, les préjugés que les tenants d’extrême droite portent systématiquement à l’encontre de certains groupes causent la souffrance de ces groupes, leur mal être, leur inaccessibilité à des conditions dignes d’existence à cause d’un racisme structurel qui est perpétué dans le temps et injecté dans les structures.
Ainsi il est logique que les chercheurs aient tendance à se focaliser prioritairement sur les problèmes qui causent le plus de dégâts, pour les prévenir, plutôt que de choisir d’autres moins impactants.
Et à cela, les gens d’extrême droite vont répliquer que le communisme n’a pas fait mieux, croyant démanteler cette explication ou réussir à m’énerver. Mais effectivement, tous les leaders ou mouvements autoritaires qui ont impulsé des massacres variés de groupe entiers d’innocents ont en fait démontré et rendu réelle un jeu à somme nulle, un ethnocentrisme, un autoritarisme. Mais ce n’est pas censé être une mécanique idéologique de la gauche telle que définie et mesurée en psychologie politique par exemple, mais plutôt une mécanique idéologique d’extrême droite, autoritaire.

Ceci étant dit, la croyance en la somme nulle peut être portée tant par la gauche que la droite et leurs « extrêmes » respectifs, les chercheurs ont découvert que la croyance à somme nulle s’active simplement en fonction d’autres éléments selon leur idéologie respective. Par exemple, les conservateurs ont des croyances à somme nulle lorsqu’ils sentent que le statu quo est menacé11, alors que les gauchistes ont des croyances à somme nulle quand leur capacité à changer le statu quo est menacée12.
Dans un versant plus d’extrême droite, les dominateurs autoritaires (SDO) considèrent aussi les gains des autres groupes comme à somme nulle13, et sont connus aussi pour matcher avec la Triade noire et la basse agréabilité. C’est moins le cas chez les autoritaires soumis (RWA) qui sont particulièrement plus dans le repli sur leur groupe pour rechercher de la protection.
On peut voir les différences ici dans ce résumé de deux profils qui corrèlent le plus avec l’extrême droite :

Autrement dit, plus on va vers une extrême droite portée par des profils aux statuts privilégiés, plus la croyance en la somme nulle semble un pilier de leur vie, là où chez des profils plus modérés à droite et à gauche, la croyance serait activée par des situations qu’ils perçoivent comme menaçantes dans le cadre de leur logiciel politique. Par conséquent, personne n’est à l’abri de penser selon ce logiciel à somme nulle de façon ponctuelle ou généralisée, que cela porte sur des menaces réelles ou imaginées, transmises par des discours d’influenceurs, sur n’importe quel sujet. Par exemple, je me rappelle de croyances à somme nulle par des profils de gauche, lorsque l’invention des caisses automatiques a été mises en place dans les supermarchés qui y voyait uniquement des menaces de licenciements, de rupture de relations sociales, annulant les réflexions qu’ils pourraient y avoir sur l’aliénation et la pénibilité des métiers en caisse classique et ce qui s’y jouerait. De ce que j’ai pu voir de mes liens avec la communauté gauchiste, c’est qu’une partie a une forme de conservatisme ou de sentiment de menace facilement activable qui tend à voir menaçante les avancées technologiques ou les nouveautés, puis à rationaliser ce sentiment de menace avec des logiciels d’interprétation de gauche sur l’exploitation, la domination, l’aliénation, etc. Mais d’autres groupes de gauche plus progressistes vont plutôt se concentrer sur les possibilités que cela ouvre pour agir contre ces phénomènes d’exploitation, d’aliénation, de domination et chercher les nouveaux espaces d’actions possibles que cette nouveauté ouvre (par exemple en militant pour le temps de travail libéré, un revenu universel/salaire à vie, etc.). Il me semble possible qu’une droite rejetant fermement les préjugés puisse avoir ces variabilités aussi. Ainsi, tout n’est pas uniforme et prédictible.
Un Arrêt de la réflexion
Enfin, la croyance en la somme nulle serait selon les chercheurs potentiellement aussi dus à un manque de réflexion de l’individu :
“Bien que les gens remarquent facilement l’impact immédiat et direct à somme nulle des transactions économiques simples (par exemple, plus d’argent pour les vendeurs signifie que les acheteurs conservent moins d’argent), ils négligent souvent leur chaîne potentielle à long terme d’effets indirects, dynamiques et spatialement dispersés à somme non nulle (par exemple, les acheteurs satisfaits tirent une utilité des transactions économiques et génèrent en recommandant le produit).”
Davidai et Tepper (2023) The psychology of zero-sum beliefs https://www.nature.com/articles/s44159-023-00194-9
Autrement dit, ils arrêtent leur réflexion aux premiers facteurs rencontrés, ici le fait que de l’argent circule de l’acheteur au vendeur, donc que l’acheteur perd de l’argent, que le vendeur en gagne, ce qui peut amener à une croyance en somme nulle, que l’acheteur est un perdant et un vendeur un winner. Or il y a la réflexion ne devrait pas s’arrêter et prendre en compte non seulement ce qui a été acheté (un superbe croissant), pour combien (moins d’un euro), pour quel effet (il était vraiment délicieux, ça a mis de bonne humeur, cela a effacé la faim), puis qu’à la vue de l’extrême succulence du croissant et son prix raisonnable, le client n’a pas arrêté de dire du bien de cette boulangerie et ses croissants, ce qui a fait gagner des clients au boulanger qui, comprenant le pourquoi, a alors conservé la même recette de croissants au même prix très avantageux pour les clients, ce qui fait que la relation acheteur vendeur a été ici à somme NON nulle : tout le monde gagne.
Mais pour voir cette relation non nulle, vous voyez qu’il nous a fallu nous mettre à la place de différents acteurs en même temps, explorer les divers facteurs, bref ne pas arrêter son jugement trop tôt. Ainsi les chercheurs pensent que les croyances à somme nulle seraient répandues parce que cela demande moins de délibération et d’effort cognitif que les idées complexes à somme non nulles14.
Je me demande si ce n’est pas lié plus précisément à un manque d’imagination empathique, ou un refus de l’employer, par exemple pour des raisons de racisme, de sexisme et autres préjugés qui font que l’autre est déshumanisé, donc que l’individu refuse de s’y identifier. Il est possible aussi à mon sens que les gens arrêtent leur réflexion parce qu’ils manquent d’information mais ne sont peut-être pas conscients qui leur en manque, ce qui précipiterait le jugement.
Il ne s’agirait donc pas de bêtise de la part des gens mais à mon sens le fait de juger trop vite de la situation et de la classer comme « résolue », alors qu’on n’a pas exploré les multiples perspectives, points de vue, situations, contextes, qu’on ne s’est pas mis à la place des différents acteurs pour davantage comprendre à quoi on a affaire. Vouloir explorer les possibilités amène aussi à être motivé à chercher de l’information, donc à laisser son jugement en suspens tant qu’on ne s’est pas mis au clair avec une somme conséquente d’informations.
De plus, les chercheurs ajoutent que les croyances à somme nulle sont plus faciles à se représenter que l’inverse : par exemple, juger que les immigrés volent les emplois est plus facile à se représenter que toutes les causes participant à élever le chômage, comme les délocalisations d’entreprises pour trouver une main-d’œuvre moins chère, où il y a moins de droits à respecter, des avantages fiscaux pour n’en citer qu’un. Donc penser en somme non nulle serait plus « difficile »15 parce que ça demande d’avoir plus d’éléments en tête avant de pouvoir affirmer son jugement.
Je pense aussi que d’affirmer un jugement rapide dans certains contextes sociaux, avec des explications directes faciles à comprendre, permet d’obtenir une sorte de bénéfice à l’égo : on se sent savoir plus que les autres à somme non nulle qui, eux vont prendre du temps pour expliquer tous les facteurs et ajouter des modérations, des facteurs incertains, des possibilités à explorer.
Affirmer haut et fort en pointant du doigt me semble être même récompensé sur les réseaux sociaux à travers de forts partages, réactions et autres likes. Cela permettrait de s’approprier un sujet d’actualité brûlant dont tout le monde parle (donc qui sera alors mieux relayé), de le faire avec des affects connus pour être favorisés par les algorithmes (la colère par exemple) et ça peut être expliqué en une phrase sans avoir besoin de justifier quoique ce soit.
Juger vite, de façon courte et percutante, de façon à somme nulle, est une stratégie médiatique qui fonctionne pour obtenir une visibilité rapide : tenter de comprendre un sujet et ses multiples voies demande du temps d’investigation, du temps d’explication de tout ce qui a été investigué, d’accepter des zones d’incertitude et l’impossibilité de juger (car on manquerait de données par exemple). Et même si l’explication est courte, comme la relation à somme nulle entre notre client, son boulanger et le croissant, le fait qu’elle ne comporte pas d’affect mobilisateur comme la colère, le sentiment d’injustice, la haine, le dégoût, fait que cela a très peu de chances d’avoir de l’écho, les gens n’y réagissant pas plus que ça sur les réseaux ou les médias.
De plus, les chercheurs relèvent que surmonter les croyances à somme nulle demanderait une réflexion16, ce qui est encore un coût cognitif qui peut être répulsif. Les surmonter demande une prise en compte des points de vue des autres17, ce qui peut être un défi ou répulsif pour les bas en agréabilité, ceux à triade noire, les autoritaires qui ont tous des barrières à se mettre à la place des autres, que ce soit généralisé à tous ou pour certains groupes. Par exemple, les autoritaires de droite RWA peuvent faire preuve de compassion, d’empathie et de prise de perspective, mais il le réserve à leur endogroupe, car leur racisme, préjugés et diverses idéologies les restreignent. SDO comme RWA sont connus pour avoir des problèmes d’empathie18.
Les chercheurs soulignent aussi que se concentrer sur les pertes pourrait être particulièrement susceptible de favoriser les croyances à somme nulle 19 ainsi que tout ce qui appuie sur la menace et la perception de rareté des ressources.
En résumé, les chercheurs ont répertorié dans ce tableau toutes les causes :
Tableau provenant de : Davidai et Tepper (2023) The psychology of zero-sum beliefs | Les croyances à somme nulle sont plus susceptibles d’émerger lorsque… | Les croyances à somme nulle sont moins susceptibles d’émerger lorsque… |
Causes intrapersonnelles | -Les gens s’engagent dans des comparaisons à la hausse défavorables. – Les gens sont personnellement investis. – Les gens ont des scores hauts en SDO, la psychopathie, le narcissisme ou le machiavélisme. – Les gens se concentrent sur leurs pertes (par rapport à leurs gains). – Les gens se sentent menacés par des changements démographiques dans la société. | – Les gens ont des connaissances spécifiques au domaine. – Les gens considèrent les effets à long terme. – Les gens sont haut en agréabilité ou l’individualisme. – Les gens ont une histoire familiale de mobilité économique ascendante. |
Causes situationnelles | – Les enjeux sont élevés – L’inégalité perçue est élevée. – L’inflation est élevée – Des dirigeants dominateurs sont au pouvoir – Les gens sont financièrement vulnérables | – Le produit intérieur brut (PIB) est élevé – La croissance économique est élevée. – Plusieurs parties sont impliquées – La responsabilité est élevée. |
A suivre ! la prochaine fois on terminera le dossier, en cherchant ce qui peut nous aider à ne plus voir la vie comme un jeu à somme nulle.
Note de bas de page
La biblio complète du dossier est disponible également ici : Σ0 : bibliographie
1 Demoulin, S. & Teixeira, C. P. Social categorization in interpersonal negotiation: how social structural factors shape negotiations. Group Process. Intergroup Relat. 13, 765–777 (2010).
2Kakkar, H. & Sivanathan, N. The impact of leader dominance on employees’ zero-sum mindset and helping behavior. J. Appl. Psychol. 107, 1706–1724 (2022
3Smithson, M. & Shou, Y. Asymmetries in responses to attitude statements: the example of “zero-sum” beliefs. Front. Psychol. 7, 984 (2016)
4Wilkins, C. L. & Kaiser, C. R. Racial progress as threat to the status hierarchy: implications for perceptions of anti-white bias. Psychol. Sci. 25, 439–446 (2014). 48. Wilkins, C. L., Hirsch, A. A., Kaiser, C. R. & Inkles, M. P. The threat of racial progress and the self-protective nature of perceiving anti-White bias. Group Process. Intergroup Relat. 20, 801–812 (2017).
5Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019) ; Esses, V. M., Dovidio, J. F., Jackson, L. M. & Armstrong, T. L. The immigration dilemma: the role of perceived group competition, ethnic prejudice, and national identity. J. Soc. Issues 57, 389–412 (2001
6Halevy, N., Chou, E. Y. & Murnighan, J. K. Mind games: the mental representation of conflict. J. Pers. Soc. Psychol. 102, 132–148 (2012).
7Różycka-Tran, J., Boski, P. & Wojciszke, B. Belief in a zero-sum game as a social axiom: a 37-nation study. J. Cross Cultural Psychol. 46, 525–548 (2015)
8ten Brinke, L., Black, P. J., Porter, S. & Carney, D. R. Psychopathic personality traits predict competitive wins and cooperative losses in negotiation. Pers. Individ. Differ. 79, 116–122 (2015)
9(PDF) Personality in Adulthood: A Five-Factor Theory Perspective
10Par exempleMcCabe KO, Fleeson W. Are traits useful? Explaining trait manifestations as tools in the pursuit of goals. J Pers Soc Psychol. 2016 Feb;110(2):287-301. doi : 10.1037/a0039490. Epub 2015 Aug 17. PMID : 26280839 ; PMCID : PMC4718867. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4718867/
11Wilkins, C. L., Wellman, J. D., Babbitt, L. G., Toosi, N. R. & Schad, K. D. You can win but I can’t lose: bias against high-status groups increases their zero-sum beliefs about discrimination. J. Exp. Soc. Psychol. 57, 1–14 (2015
12Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019).
13Esses, V. M., Jackson, L. M. & Armstrong, T. L. Intergroup competition and attitudes toward immigrants and immigration: an instrumental model of group conflict. J. Soc. Issues 54, 699–724 (1998) ; Ho, A. K. et al. The nature of social dominance orientation: theorizing and measuring preferences for intergroup inequality using the new SDO7 scale. J. Pers. Soc. Psychol. 109, 1003–1028 (2015).
14Hirshleifer, D. Presidential address: social transmission bias in economics and finance. J. Financ. 75, 1779–1831 (2020).
15Lee, S. W. S. & Schwarz, N. A grounded cognition perspective on folk-economic beliefs. Behav. Brain Sci. 41, e175 (2018).
16Curhan, J. R., Overbeck, J. R., Cho, Y., Zhang, T. & Yang, Y. Silence is golden: extended silence, deliberative mindset, and value creation in negotiation. J. Appl. Psychol. 107, 78–94 (2022)
17Chambers, J. R. & De Dreu, C. K. W. Egocentrism drives misunderstanding in conflict and negotiation. J. Exp. Soc. Psychol. 51, 15–26 (2014
18Structural modeling of generalized prejudice: The role of social dominance, authoritarianism, and empathy.
19Roberts, R. & Davidai, S. The psychology of asymmetric zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 123, 559–575 (2022). ; Andrews-Fearon, P. & Davidai, S. Is status a zero-sum game? Zero-sum beliefs increase people’s preference for dominance but not prestige. J. Exp. Psychol. Gen. 152, 389–409 (2022).
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15.05.2025 à 12:48
La vie n’est pas qu’un jeu nul [Σ0-1]
Viciss Hackso
Oh mon dieu quelle horreur une pensée positive ! Alors que le fascisme et les guerres…
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Texte intégral (8390 mots)
Oh mon dieu quelle horreur une pensée positive !
Alors que le fascisme et les guerres se multiplient, que l’espoir s’effondre et que tout optimisme, toute réjouissance devrait être annulée pour embrasser une sainte déprime dans un marécage d’impuissance et de cynisme, HS nous fait l’affront d’être positif ! Vite un commentaire enragé et un désabonnement !
Rassurez-vous Français et Françaises, malgré ce titre hautement provocateur, nous allons aujourd’hui plonger dans la médiocrité déprimante de nos croyances, avec le jeu nul de la vie : la croyance en la somme nulle.
Le jeu, la pensée, la croyance à somme nulle, c’est quoi ?
Vous avez peut-être déjà entendu parler du jeu à somme nulle, un terme qui malgré son apparence provient non pas du champ de la conception des jeux mais des mathématiques, pour décrire des situations ou « jeu où la somme des gains et des pertes de tous les participants est égale à zéro. Cela signifie donc que le gain de l’un constitue obligatoirement une perte pour l’autre » (Wikipédia). Et ces jeux-là vous les connaissez très bien : c’est par exemple les échecs où le fait de gagner c’est prendre à l’autre ces pièces ; c’est le Monopoly où le fait de posséder stratégiquement certaines rues empêchent non seulement les autres de les posséder mais contraint aussi ces dernier à vous donner leur argent s’il y passe ; c’est cette ruine des autres qui permet votre enrichissement personnel ; c’est votre collègue de travail qui vous pique sans merci ni pitié vos clients pour remplir son chiffre d’affaires et gagner les félicitations de votre boss, tandis que ce dernier vous menace de licenciement si vous persistez à « perdre » tel un gros « nul ». Ici, le jeu à somme nulle se contrefiche pas mal de la séparation entre le virtuel du jeu et la réalité bien sérieuse et concerne bien toutes les situations qui seraient cadrées, conçues, organisées sous ce modèle, cette série de règles et pattern qui mène à ce qu’il y ait un gagnant gagnant contre un autre (via l’appropriation d’objets, de ressources, de places, d’opportunités)et un perdant qui se retrouve progressivement sans rien, (car soit volé, exploité, parce qu’il n’a pas perçu les stratégies manipulatoires).
Au risque de vous frustrer jusqu’à la crise de nerfs compulsive, non, nous n’allons pas prendre l’angle des mathématiques aujourd’hui, mais l’angle psychologique de ces jeux qu’on joue IRL, avec ce qui a presque autant de noms que le diable, à savoir la pensée à somme nulle, la perspective de la somme nulle, la croyance en jeu à somme nulle, l’erreur de la croyance en un jeu à somme nulle, etc. Pour faciliter la lecture, nous parlerons parfois directement de jeu nul, de croyance ou pensée nulle : oui ça paraît méprisant réduit ainsi, mais vous allez découvrir que lorsqu’on sort du champ des jeux et qu’on parle surtout des relations sociales, il y a de bonnes raisons de considérer la croyance à somme nulle comme nulle.
« La pensée à somme nulle perçoit les situations comme des jeux à somme nulle, où le gain d’une personne serait la perte d’une autre […] Le terme est dérivé de la théorie des jeux. Cependant, contrairement au concept de la théorie des jeux, la pensée à somme nulle se réfère à une construction psychologique — l’interprétation subjective d’une situation par une personne. La pensée à somme nulle est capturée par le dicton “ton gain est ma perte” (ou inversement, “ta perte est mon gain”). »
Comme vous le voyez, la conception en psychologie diffère peu : c’est voir n’importe quelle situation ou n’importe quel événement social comme si c’était un jeu d’échecs, et jamais comme si on pouvait se dire « ton gain est aussi mon gain », ce qui est une perspective non nulle, dite aussi « gagnant gagnant », ou toute autre interprétation comme une indifférence, une absence de jugement « on n’en sait rien », etc.
Et le gros problème c’est que cette pensée se retrouve au cœur de visions du monde, d’attitudes, de croyances sur la société qui amène à des phénomènes de société bien plus grave que de se fermer à d’autres interprétations de la vie et de rester à ce jugement nul.
Davidai et Tepper (2023) nous montrent que cette croyance est au cœur de drames :
« Le 14 mai 2022, deux jours seulement après la publication en ligne d’un manifeste truffé de contenus racistes, antisémites et xénophobes, un jeune homme blanc de 18 ans est entré dans un supermarché de Buffalo, dans l’État de New York (États-Unis), armé d’un fusil semi-automatique acheté légalement, et a déclenché une fusillade qui a fait dix morts et trois blessés parmi les Américains noirs. Dans son manifeste haineux, l’agresseur promouvait la “théorie du Grand Remplacement” des nationalistes blancs, une théorie du complot affirmant que l’immigration et l’avancée de personnes issues de minorités raciales et/ou ethniques à travers le monde occidental déplacent et oppriment les personnes d’origine européenne.
Des croyances similaires ont motivé la fusillade de masse de 2018 contre une congrégation juive à Pittsburgh, en Pennsylvanie (Etats-Unis), la fusillade de masse de 2019 contre une congrégation musulmane à Christchurch, en Nouvelle Zélande, et la fusillade de masse de 2019 contre des Américains d’origine hispanique et latino-américaine à El Paso, au Texas (Etats-Unis). »
Davidai et Tepper (2023) The psychology of zero-sum beliefs https://www.nature.com/articles/s44159-023-00194-9
La croyance du grand remplacement a une mécanique de jeu à somme nulle : ces personnes y rejettent l’idée que l’immigration puisse apporter du plus à leur pays/leur groupe, et encore moins que celle-ci puisse apporter à tout le monde. C’est le jeu d’échecs dans leur tête, ce sont des adversaires qui viendraient entrer en compétition pour prendre des places, que ce soit l’emploi, les aides, voire même pour leur voler des opportunités d’être en couple.
En France par exemple, beaucoup vont croire que des aides données à des migrants sont des aides en moins données aux « Français de souche », et ce quand bien même ce n’est pas la situation, voire même qu’elle est à l’inverse (des aides bien moindres comparés à ceux qui ont la nationalité française), ils n’en démordent pas et vont chercher d’autres arguments mais qui sont toujours dans un esprit de jeu à somme nulle, en disant que ces étrangers (qu’ils identifient par la couleur de peau, qu’importe leur nationalité française ou leur situation sociale réelle) ne méritent pas ces aides comparés à des blancs (sans pour autant sourcer ce qu’est ce mérite, si ce n’est d’être né arbitrairement blanc dans un pays blanc très confortable comparé à d’autres pays vivant d’autres situations).
On trouve quantité de ces pensées dans ces leaks de discussions entre policiers qui -entre quantité de sorties racistes, sexiste et autres discriminations- croient que les noirs et Arabes volent leurs femmes (sans penser une seconde que leur racisme et sexisme est peut-être rédhibitoire et pas sexy pour de potentielles concubines) :
Les enquêtes sur l’extrême droite française1 regorgent de pensées à somme nulle de ce genre, par exemple :
[La discussion porte sur les écoles municipales de la commune.] Pour les écoles, là [le maire adjoint], il en avait une bonne idée, pour une fois ! Il voulait créer une école à l’endroit de l’ancienne gendarmerie, pour désengorger. Parce que c’est vrai que là, il y en a de plus en plus besoin… Mais bon, finalement, il n’a pas trouvé les sous. Mais alors par contre, quand il a fallu loger les migrants, 1,8 million qu’il a fallu trouver : eh bien là, il en a eu des sous ! Alors nous on lui a dit : « Vous avez pas trouvé l’argent pour l’école, par contre, pour eux pas de problème. »]
Des électeurs ordinaires, Faury Félicien, 2023
Ici il n’est pas imaginé que les financements ne sont peut-être pas organisés par les mêmes services de gestion, ni les mêmes enveloppes, ni les mêmes décisionnaires. Que l’école en question demandait peut-être d’autres moyens (d’ailleurs que l’individu ne précise pas, ce qui ne donne aucun moyen de comparer), peut-être plus sur le long terme. Plus encore, il n’est pas pensé que tout aménagement aidant les gens quels qu’ils soient, pour quelconque raison, serait en réalité souhaitables et bénéfiques à tous. Non, la perspective est de faire rentrer les choses dans un jeu nul, en duo avec un racisme (qui est encore plus visible dans l’ouvrage cité plus haut).
Ceci étant dit, gardez en tête que la croyance à somme nulle ne s’associe pas qu’aux idéologies d’extrême droite, mais potentiellement à n’importe quel élément de la vie sociale.
La croyance nulle peut être spécifique à juste un domaine. Par exemple si je faisais un article centré sur le revenu universel (une idée politique de donner un revenu inconditionnel à tous), internet pourrait entrer en combat pour me défendre l’idée du salaire à vie (qui est aussi un revenu à tous, mais modéliser différemment, plus d’infos ici), estimant que si je parle du revenu universel, c’est que je suis contre l’idée du salaire à vie, puis l’espace commentaire pourraient entrer potentiellement en combat entre ceux vantant un certain type de revenu universel, vs ceux pro-salaire à vie. Alors qu’en réalité, écrire sur le revenu universel ne serait pas pour moi un mouvement à somme nulle pour faire « gagner » ce sujet, mais simplement le faire découvrir, et que dès la semaine suivante j’aurais parlé du salaire à vie avec égal intérêt. Peut-être que ces gens ont cette croyance à somme nulle juste pour ce sujet, mais que par ailleurs, ils comprendraient que parler d’un contenu ne veut pas dire qu’on dénigre ce dont on ne parle pas.
On parlerait donc de croyance à somme nulle spécifique. Mais la croyance à somme nulle peut être généralisée, ce qui va être en quelque sorte une interprétation systématique de toutes les situations. Davidai et Tepper (2023) nous disent que ces croyances vont transcender toutes les circonstances et les situations spécifiques, voire même les faits et la réalité se déroulant sous leurs yeux, démontrant un jeu à somme non nulle, par exemple une situation de coopération ou l’on voit les deux parties heureuses.
Les chercheurs ont beaucoup étudié des croyances spécifiques à un domaine, voici quelques exemples relevés par Davidai et Tepper (2023) :
Domaine | Exemple de croyance à somme nulle | Exemple d’élément d’enquête ou de conception expérimentale | Principales conclusions | Références des études |
Immigration | « Les immigrants ont des bénéfices au détriment des citoyens d’un pays » | « Si certains immigrants s’enrichissent, cela signifie que d’autres citoyens nés aux ÉtatsUnis s’appauvrissent. » | Des croyances plus fortes à somme nulle sur l’immigration sont associées à un plus grand conservatisme et à un soutien moindre aux politiques proimmigration | Esses, V. M., Jackson, L. M. & Armstrong, T. L. Intergroup competition and attitudes toward immigrants and immigration: an instrumental model of group conflict. J. Soc. Issues 54, 699–724 (1998). ; Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019). |
Rapport international | « Les gains économiques ou géopolitiques d’un pays se font au détriment d’un autre pays « | « Une économie chinoise plus forte signifie une économie américaine plus faible » | Les croyances à somme nulle sur les relations internationales sont asymétriques : les gens croient que d’autres pays gagnent aux frais de leur propre pays mais pas vice versa | Roberts, R. & Davidai, S. The psychology of asymmetric zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 123, 559–575 (2022 |
Relations inter-raciales | « Les Noirs américains gagnent aux frais des Américains blancs » | « Plus de bons emplois pour les Noirs signifie moins de bons emplois pour les Blancs » | Les membres de groupes raciaux à haut statut approuvent les croyances à somme nulle sur les relations raciales lorsque leur statut est menacé. Les Américains blancs croient que la diminution du biais anti-noir est compensée en augmentant les préjugés anti-blancs. | Wilkins, C. L., Wellman, J. D., Babbitt, L. G., Toosi, N. R. & Schad, K. D. You can win but I can’t lose: bias against high-status groups increases their zero-sum beliefs about discrimination. J. Exp. Soc. Psychol. 57, 1–14 (2015) Rasmussen, R. et al. White (but not Black) Americans continue to see racism as a zerosum game; white conservatives (but not moderates or liberals) see themselves as losing. Perspect. Psychol. Sci. 17, 1800–1810 (2022). |
Relation entre genres | « Les femmes gagnent aux dépens des hommes » | « Alors que les femmes acquièrent un statut social, les hommes perdent le statut social » | Les hommes approuvent des croyances à somme nulle sur le genre lorsqu’ils estiment que la hiérarchie de genre est menacée | Kuchynka, S. L., Bosson, J. K., Vandello, J. A. & Puryear, C. Zero-sum thinking and the masculinity contest: perceived intergroup competition and workplace gender bias. J. Soc. Issues 74, 529–550 (2018). Ruthig, J. C., Kehn, A., Gamblin, B. W., Vanderzanden, K. & Jones, K. When women’s gains equal men’s losses: predicting a zero-sum perspective of gender status. Sex Roles 76, 17–26 (2017). Kehn, A. & Ruthig, J. C. Perceptions of gender discrimination across six decades: the moderating roles of gender and age. Sex. Roles 69, 289–296 (2013). Ruthig, J. C., Kehn, A., Fisher, W. N. & Carstens Namie, E. M. Consequences of a zero-sum perspective of gender status: Predicting later discrimination against men and women in collaborative and leadership roles. Sex. Roles 85, 13–24 (2021). |
Droits LGBT | « Un biais anti-LGBTQ inférieur se fait au détriment des biais antichrétiens plus élevés » | « Alors que les personnes LGBT sont confrontées à moins de discrimination, les individus chrétiens finissent par faire face à plus de discrimination | Le peuple chrétien approuve les croyances à somme nulle sur les droits LGBTQ lorsqu’ils estiment que l’influence chrétienne est menacée | Wilkins, C. L. et al. Is LGBT progress seen as an attack on Christians? Examining Christian/ sexual orientation zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 73–101 (2021) |
Identité ethnique | « S’identifier à son pays d’origine se fait au détriment de l’adhésion dans son pays adopté » | « Considérons une personne qui a immigré en Allemagne il y a cinq ans d’Irak : plus elle est “irakienne”, moins elle sera “allemande” » | Une identification plus forte avec son pays d’origine est perçue comme limitant l’identification avec son pays adopté | Smithson, M., Sopeña, A. & Platow, M. J. When is group membership zero-sum? Effects of ethnicity, threat, and social identity on dual national identity. PLoS One 10, e0130539 (2015). |
Notes universitaires | « Des notes plus élevées pour certains étudiants se font aux frais d’autres étudiants » | Les participants voient une distribution des notes et prédisent quelle sera la prochaine note | Les étudiants s’attendent à ce que les notes soient plus basses après avoir vu que de nombreuses notes élevées ont déjà été données | Meegan, D. V. Zero-sum bias: perceived competition despite unlimited resources. Front. Psychol. 1, 191 (2010). |
« Les bénéfices de l’entreprise se font au détriment du bien social » | Les participants estiment que les bénéfices d’une entreprise et sa valeur pour la société | Les gens ont tendance à croire que les entreprises avec des bénéfices plus élevés sont plus nocives pour la société | Bhattacharjee, A., Dana, J. & Baron, J. Anti-profit beliefs: how people neglect the societal benefits of profit. J. Pers. Soc. Psychol. 113, 671–696 (2017). | |
Relations de travail | « Les employés bénéficient aux frais d’une entreprise et les entreprises profitent aux frais des employés » | La poussée pour augmenter les bénéfices des entreprises nuira inévitablement aux salaires | Des croyances à somme nulle plus fortes sur les relations de travail qui maintiennent le statu quo sont négativement associées au conservatisme | Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019). |
Transactions économiques | « Les vendeurs gagnent aux frais des acheteurs » | Les participants indiquent si les transactions rendent les acheteurs et les vendeurs mieux, pire ou les mêmes qu’avant | Les gens ont tendance à croire que les acheteurs sont moins susceptibles de bénéficier de transactions que les vendeurs | Johnson, S. G. B., Zhang, J. & Keil, F. C. Win–win denial: the psychological underpinnings of zero-sum thinking. J. Exp. Psychol. Gen. 151, 455–474 (2022). |
Produits de consommation | « L’investissement dans les produits écologiques se fait au détriment de la qualité des produits » | Afin d’améliorer le produit pour l’environnement, l’entreprise a enlevé les ressources afin de rendre ce produit de meilleure qualité » | Les consommateurs pensent que les entreprises rendent les produits plus respectueux de l’environnement en détournant les ressources loin des autres caractéristiques des produits (par exemple, Qualit | Newman, G. E., Gorlin, M. & Dhar, R. When going green backfires: how firm intentions shape the evaluation of socially beneficial product enhancements. J. Consum. Res. 41, 823–839 (2014). |
Politiques publiques | « Les politiques qui profitent aux membres d’un groupe nuisent aux membres d’autres groupes » | « Plus le gouvernement dépense de ressources pour les États “bleus”, moins il peut dépenser pour les états “rouges” » | Les membres du groupe majoritaire perçoivent les politiques qui profitent aux membres du groupe minoritaire comme nocifs pour leur ingroupe | Brown, N. D. & Jacoby-Senghor, D. S. Majority members misperceive even “win-win” diversity policies as unbeneficial to them. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 1075–1097 (2022). Roberts, R. & Davidai, S. The psychology of asymmetric zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 123, 559–575 (2022). |
Conflits géopolitiques | « Les compromis profitent à d’autres pays au détriment de son propre pays » | « Tout ce qui se passe qui est bon pour les Palestiniens doit être mauvais pour les Israéliens | Des perceptions plus fortes de renom des conflits sont associées à des attitudes négatives envers le compromis géopolitique | Maoz, I. & McCauley, C. Psychological correlates of support for compromise: a polling study of Jewish–Israeli attitudes toward solutions to the Israeli–Palestinian conflict. Polit. Psychol. 26, 791–808 (2005) |
Statut social | « Le gain d’une personne en statut se fait à la dépense des autres » | « Lorsque le statut d’une personne augmente, cela signifie qu’un statut pour une autre personne diminue » | La visualisation du statut comme un somme nulle augmente la volonté des gens d’utiliser les tactiques de dominance pour augmenter dans le rang social | Andrews-Fearon, P. & Davidai, S. Is status a zero-sum game? Zero-sum beliefs increase people’s preference for dominance but not prestige. J. Exp. Psychol. Gen. 152, 389–409 (2022). |
Raisonnement logique | « Le soutien à une hypothèse causale se fait au détriment des hypothèses concurrentes » | Les participants indiquent si un résultat de test probabiliste prend en charge deux hypothèses non mutuellement exclusives | Les gens supposent que les preuves qui soutiennent une hypothèse causale renforcent nécessairement une hypothèse concurrente | Pilditch, T. D., Fenton, N. & Lagnado, D. The zero-sum fallacy in evidence evaluation. Psychol. Sci. 30, 250–260 (2019) |
Empathie et amour romantique | « Ressentir de l’empathie et/ou l’amour envers une personne limite ses sentiments envers les autres » | « Dans une relation amoureuse, vous ne pouvez pas aimer pleinement une seule personne à la fois | Des croyances à somme nulle plus fortes sur l’amour sont associées à des évaluations négatives des personnes dans des relations non monogames plus fortes que les croyances à somme nulle sur l’empathie sont associées à une empathie inférieure envers les membres du groupe externe | Hasson, Y., Amir, E., Sobol-Sarag, D., Tamir, M. & Halperin, E. Using performance art to promote intergroup prosociality by cultivating the belief that empathy is unlimited. Nat. Commun. 13, 7786 (2022). ; Burleigh, T. J., Rubel, A. N. & Meegan, D. V. Wanting ‘the whole loaf’: zero-sum thinking about love is associated with prejudice against consensual non-monogamists. Psychol. Sex. 8, 24–40 (2017). |
La dynamique de ces croyances a posé question à la recherche, car on voit que certaines croyances restent spécifiques : par exemple une étude montre qu’une croyance de somme nulle sur les impôts ne va pas se généraliser à toute l’économie2. Mais d’autres semblent être une vision du monde qui porte sur tous les sujets, la croyance est donc généralisée. Il y aurait des effets dynamiques entre les croyances à somme nulle, de spécifique à générale comme entre spécifiques.

Les conséquences de cette croyance nulle
Et si j’ai l’audace de raccourcir en « nulle » ce n’est par jugement de valeur moraliste, de « bien-pensance » ou pour mépriser qui que ce soit, mais parce que les conséquences de cette pensée nous font à tous du mal, qu’on soit la cible visée de ces logiques, mais aussi à la merci de cette façon de penser. Parce oui, vous comme moi, on a tous été dans la pensée nulle à un moment donné ou nous le sommes actuellement, que ce soit spécifique à certains domaines comme généralisés. Et spoiler, je pense que d’être ici sur internet, notamment sur les réseaux sociaux nous entraînent assez continuellement à être dans cette logique pour être entendus : mais on parlera de ça plus tard, pour l’instant regardons les conséquences de ces croyances à somme nulle.
Les conséquences personnelles à opter pour cette pensée
Les individus dans cette croyance en viennent à avoir des affects plus négatifs et moins de positif3, sont plus cupides4, et sont moins satisfaits de la vie5. Ceux qui ont des croyances générales à somme nulle ont tendance à être très cyniques, à considérer la société comme injuste, à se méfier des concitoyens et des institutions, à se désengager des interactions potentiellement bénéfiques6. La croyance à somme nulle concernant le bonheur (que le bonheur d’une personne ne pourrait se faire qu’aux dépens d’une autre) est négativement corrélée à la satisfaction de vie7.
Ceci étant dit, les chercheurs précisent qu’il est possible que les causalités soient inverses : par exemple, peut-être que c’est la méfiance envers les concitoyens qu’a de base un individu qui pourrait l’entraîner à développer une croyance à somme nulle, et non la croyance qui amènerait à être méfiant des autres. Peut-être aussi que la dynamique va dans les deux sens. Ou encore il pourrait y avoir un facteur qui influence la relation entre la méfiance et la croyance, par exemple une situation de rareté des ressources : par exemple, le fait de savoir qu’il ne reste qu’un seul de mes gâteaux préférés, très rares à trouver, dans le placard de la cuisine qu’on partage avec des colocataires va peut-être déclencher ma peur de ne pas pourvoir le manger à ma convenance, cette peur va être centrée sur le fait qu’il est probable qu’un coloc me le pique, ce qui va développer ma méfiance, donc me faire croire qu’il y a un jeu à somme nul avec eux. Mais peut-être aussi que c’est parce que je crois que la vie est une jungle et que mes colocs sont sans merci que je vais me méfier d’eux et avoir peur de par la rareté de ce gâteau. Toutes les dynamiques se répondent et sont potentiellement possibles, peuvent même se renforcer l’une l’autre.
Ces croyances peuvent donc aussi être un problème dans les relations, puisque la méfiance fait négliger des opportunités d’accords qui seraient mutuellement bénéfiques8 (dans notre exemple du gâteau, j’oublie que je pourrais proposer de partager ce gâteau, ou encore d’expliquer aux colocs que manger ce gâteau est important pour moi et que je partagerai autre chose plus tard, ou de négocier, ou encore de me rappeler qu’il n’aime pas ça ou n’ont jamais rien piqué de ce qui avait été désigné comme mes affaires donc qu’on peut leur faire confiance).
Ces croyances réduisent aussi la volonté d’aider ses pairs9, et augmentent la volonté de saper les réalisations des autres, par exemple en parlant mal d’un collègue10. En plus, ces individus dans cette croyance ont tendance à être moins actifs et prendre moins leurs responsabilités au travail, car ils craignent que les autres puissent profiter d’eux11. Avoir ces croyances peut augmenter les comportements dominants, coercitifs, ainsi que l’agressivité12. Ils ne chercheront pas le fait de gagner en statut par des manières socialement acceptables et préféreront la domination13.
Dans le cadre amoureux, les individus dans cette croyance réagissent émotionnellement moins aux besoins des partenaires, et la qualité de la relation est moindre. Le fait que de croire que la relation entre genres est à somme nulle est négativement associé à la participation des hommes aux tâches ménagères ainsi que leur insatisfaction dans la relation14.
Les croyants à somme nulle se sentent généralement plus seuls15.

Si vous connaissez le dicton qui dit que pour aider une personne, il vaut mieux lui apprendre à pécher que lui donner un poisson, hé bien les croyants peuvent fournir de l’aide aux autres en donnant un poisson mais pas en apprenant à l’autre à pêcher ; sans métaphore, cela veut dire qu’ils aideront mais que en rendant l’autre dépendant d’eux ; ils n’aideront pas l’autre à ce qu’il réussisse par lui-même16.
Il y a néanmoins un « avantage » à jouer à ce jeu nul : considérer la réussite au travail comme un jeu à somme nulle était associé à une meilleure adaptation au changement organisationnel, avec l’apprentissage de nouvelles compétences et de gestion des changements dans ces taches17. Les chercheurs signalent que leur dominance pourrait être « bénéfiques » dans les contextes qui récompensent les tendances comportementales plus compétitives.
Conséquences intergroupes
On arrive ici dans le plus grave, car les croyances à somme nulle peuvent être utilisées pour justifier (et motiver) des actes de violence extrême, notamment des attentats basés sur la croyance du grand remplacement18 cités précédemment, mais on pourrait aussi citer les incels qui se pensent comme les perdants d’un jeu à somme nulle des relations, croyant que seuls certains hommes peuvent avoir accès à des relations hétéros, que les femmes ne choisiront que les autres, ne pouvant imaginer que les relations peuvent être accessibles à tous selon une certaine mutualité.
Auparavant à la marge, les croyances complotistes à somme nulle dépeignant des groupes minoritaires comme gagnant aux dépens des Étasuniens blancs dominent les discours19 : c’est aussi associé au fait de dénier l’existence d’un racisme, un refus des politiques d’amélioration de l’équité (notamment lorsqu’ils subissent une menace économique)20, une opposition à une action collective pour plus de justice sociale non raciste21.
Les chercheurs notent l’ironie de la croyance, qui en vient à leur faire soutenir ou rejeter des projets qui pourtant leur bénéficieraient : des politiques qui seraient mutuellement bénéfiques tant pour leur propre groupe que pour le groupe qu’ils ciblent, sont rejetées comme étant mauvaises22, ils perdent de vue leurs propres avantages.
De façon plus générale, la croyance à somme nulle est associée aux préjugés, à la xénophobie23, aux politiques anti-immigration (y compris les détentions illégales de sans-papiers)24. C’est aussi associé au fait d’être contre l’égalité des genres25, pour une plus grande discrimination des femmes dirigeantes ou collaboratrices26, ou encore de soutenir des politiques anti-homosexuels s’ils sont chrétiens27.
Pour résumer, on voit que la croyance à somme nulle repose sur l’idée que les groupes sont en compétition pour des ressources limitées qui seraient le statut et la richesse : ainsi empêcher les autres d’avoir des droits serait une façon de remporter la compétition, de se réserver les avantages et conditions privilégiées amenant à certains statuts et à des richesses.
Conséquences au niveau de la société
Quand ces croyances sont répandues, elles déterminent qui est élu et quelles politiques recueillent le plus de soutien28, notamment celles qui reposent sur moins de préoccupations concernant les inégalités et à la redistribution des richesses29. Les chercheurs soulignent que la prévalence de ces croyances parmi les décideurs peut amplifier les conséquences, par exemple lorsqu’ils n’arrivent pas à mettre en place des politiques qui améliorent la situation de certaines personnes sans aggraver la situation d’autres personnes30.
Les croyances à somme nulle fonctionneraient de la même façon au niveau individuel qu’au niveau national : le niveau moyen de croyance à somme nulle prédirait donc le niveau moyen de confiance entre ces citoyens 31(à la baisse) ou encore ses dépenses militaires (à la hausse)32
Au vu des conséquences négatives, il est difficile de valoriser la croyance à somme nulle comme le bon gameplay à avoir dans la vie, tant il limite les possibilités et contraint à percevoir les relations sociales à tout niveau sous une forme binaire très peu agréable, très peu enrichissant. On verra alors que les seuls arguments restant aux croyants à somme nulle passera par des formulations du type « c’est la vie », « c’est comme ça », « c’est la loi de la jungle, une compétition permanente avec des winners et des losers, y’a rien d’autres », « c’est la nature ! ».
Les chercheurs résument ainsi les conséquences de la pensée à somme nulle et celle également de la somme non nulle :
Directement issu de Davidai et Tepper (2023) | Résultats associés à des croyances à somme nulle plus élevées | Résultats associés à des croyances à somme nulle inférieure |
Conséquences intrapersonnelles et interpersonnelles | Affect négatif et moins de positif Engagement plus faible dans les interactions sociales Visions du monde pessimiste Populisme Dominance et agression solitude Cupidité Adaptabilité aux environnements compétitifs | Affect positif et satisfaction de la vie Relations satisfaisantes Comportement prosocial Confiance interpersonnelle Confiance dans les institutions sociales Moins de comportement de sapage social (par exemple, diffuser des rumeurs sur les collègues ou retarder intentionnellement le travail pour ralentir les collègues) |
Conséquences intergroupes | Préjugés et discrimination Sentiment anti-immigrant Anti-Egalitarisme Préoccupations sur les changements démographiques Angoisse collective | Plus de soutien à l’immigration Plus de soutien à l’égalité des genres Plus soutien à l’égalité ethnique Plus de soutien aux droits LGBTQ |
Conséquences sociétales | Dépenses militaires plus élevées | Plus de libertés civiles Plus d’engagement envers la démocratie Soutien accru à l’accueil des réfugiés Soutien accru à la résolution des conflits |
La suite : [Σ0-2] Pensée nulle : quelles causes ?
Notes de bas de page
La biblio complète du dossier est disponible également ici : Σ0 : bibliographie
1Là je pense à Des électeurs ordinaires, Faury Félicien, 2023, mais aussi les grands remplacés de Paul Conge, mais aussi directement toute la « littérature » de Zemmour, qui comporte une interprétation constante en jeu nul, comme opposé les homosexuels aux hétéros en leur prêtant la volonté de dominer et contrôler la société en la féminisant (et les féministes seraient partie prenante de ce jeu), et évidemment des croyances paranoïaques de grand remplacement.
2Barnes, L. Taxing the rich: public preferences and public understanding. J. Eur. Public Policy 29, 787–804 (2022).
3Różycka-Tran, J. et al. Belief in a zero-sum game and subjective well-being across 35 countries. Curr. Psychol. 40, 3575–3584 (2021).
4Jiang, X., Hu, X., Liu, Z., Sun, X. & Xue, G. Greed as an adaptation to anomie: the mediating role of belief in a zero-sum game and the buffering effect of internal locus of control. Pers. Individ. Differ. 152, 109566 (2020).
5Różycka-Tran, J. et al. Belief in a zero-sum game and subjective well-being across 35 countries. Curr. Psychol. 40, 3575–3584 (2021).
6Chernyak-Hai, L. & Davidai, S. “Do not teach them how to fish”: the effect of zero-sum beliefs on help giving. J. Exp. Psychol. Gen. 151, 2466–2480 (2022) ; Davidai, S., White, W. M. & Gregorich, V. The fear of conflict leads people to systematically avoid potentially valuable zero-sum situations. Sci. Rep. 12, 17944 (2022).
7Shin, J. & Kim, J. K. How a good sleep predicts life satisfaction: the role of zero-sum beliefs about happiness. Front. Psychol. 9, 1589 (2018
8Thompson, L. L. Information exchange in negotiation. J. Exp. Soc. Psychol. 27, 161–179 (1991)
9Kakkar, H. & Sivanathan, N. The impact of leader dominance on employees’ zero-sum mindset and helping behavior. J. Appl. Psychol. 107, 1706–1724 (2022). ; Sirola, N. & Pitesa, M. Economic downturns undermine workplace helping by promoting a zero-sum construal of success. Acad. Manag. J. 60, 1339–1359 (2017). This research examines the effect of a macroeconomic factor that signals resource scarcity on zero-sum beliefs about workplace success and their downstream consequences ; Chernyak-Hai, L. & Davidai, S. “Do not teach them how to fish”: the effect of zero-sum beliefs on help giving. J. Exp. Psychol. Gen. 151, 2466–2480 (2022).
10Dong, Y., Zhang, L., Wang, H.-J. & Jiang, J. Why is crafting the job associated with less prosocial reactions and more social undermining? The role of feelings of relative deprivation and zero-sum mindset. J. Bus. Ethics 184, 175–190 (2022).
11Roczniewska, M. & Wojciszke, B. Reducing hindering job demands: the role of belief in life as a zero-sum game and workload. Int. J. Environ. Res. Public. Health 18, 10036 (2021). ; Adamska, K., Jurek, P. & Różycka-Tran, J. The mediational role of relational psychological contract in belief in a zero-sum game and work input attitude dependency. Pol. Psychol. Bull. 46, 579–586 (2015).
12Andrews-Fearon, P. & Davidai, S. Is status a zero-sum game? Zero-sum beliefs increase people’s preference for dominance but not prestige. J. Exp. Psychol. Gen. 152, 389–409 (2022)
13Andrews-Fearon, P. & Davidai, S. Is status a zero-sum game? Zero-sum beliefs increase people’s preference for dominance but not prestige. J. Exp. Psychol. Gen. 152, 389–409 (2022).
14Wong, Y. J., Klann, E., Bijelić, N. & Aguayo, F. F. The link between men’s zero-sum gender beliefs and mental health: findings from Chile and Croatia. Psychol. Men. Masc. 18, 12–19 (2017).
15Borawski, D. The loneliness of the zero-sum game loser. the balance of social exchange and belief in a zero-sum game as predictors of loneliness. Pers. Individ. Differ. 135, 270–276 (2018).
16Chernyak-Hai, L. & Davidai, S. “Do not teach them how to fish”: the effect of zero-sum beliefs on help giving. J. Exp. Psychol. Gen. 151, 2466–2480 (2022).
17Zhang, H. & Sun, S. Zero-sum construal of workplace success promotes initial work role behavior by activating prevention focus: evidence from Chinese college and university graduates. Front. Psychol. 11, 1191 (2020).
18Obaidi, M., Kunst, J., Ozer, S. & Kimel, S. Y. The “Great Replacement” conspiracy: How the perceived ousting of Whites can evoke violent extremism and Islamophobia. Group Process. Intergroup Relat. 25, 1675–1695 (2021). 96. Berbrier, M. The victim ideology of white supremacists and white separatists in the United States. Sociol. Focus. 33, 175–191 (2000). 97. Williams, T. C. The French origins of “you will not replace us”. The New Yorker https:// www.newyorker.com/magazine/2017/12/04/the-french-origins-of-
19Eibach, R. P. & Keegan, T. Free at last? Social dominance, loss aversion, and white and Black Americans’ differing assessments of racial progress. J. Pers. Soc. Psychol. 90, 453–467 (2006). ; Obaidi, M., Kunst, J., Ozer, S. & Kimel, S. Y. The “Great Replacement” conspiracy: How the perceived ousting of Whites can evoke violent extremism and Islamophobia. Group Process. Intergroup Relat. 25, 1675–1695 (2021) Kimmel, M. America’s angriest white men: up close with racism, rage and Southern supremacy. Salon https://www.salon.com/2013/11/17/americas_angriest_white_men_up_ close_with_racism_rage_and_southern_supremacy/ (2013). 101. Schreckinger, B. White supremacist groups see Trump bump. POLITICO https://www. politico.com/story/2015/12/donald-trump-white-supremacists-216620 (2015). 102. Mondon, A. & Winter, A. Reactionary Democracy: How Racism And The Populist Far Right Became Mainstream (Verso Books, 2020). 103. McGhee, H. The Sum Of Us: What
20King, E. B., Knight, J. L. & Hebl, M. R. The influence of economic conditions on aspects of stigmatization. J. Soc. Issues 66, 446–460 (2010)
21Stefaniak, A., Mallett, R. K. & Wohl, M. J. A. Zero-sum beliefs shape advantaged allies’ support for collective action. Eur. J. Soc. Psychol. 50, 1259–1275 (2020).
22Brown, N. D. & Jacoby-Senghor, D. S. Majority members misperceive even “win-win” diversity policies as unbeneficial to them. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 1075–1097 (2022)
23Louis, W. R., Esses, V. M. & Lalonde, R. N. National identification, perceived threat, and dehumanization as antecedents of negative attitudes toward immigrants in Australia and Canada. J. Appl. Soc. Psychol. 43, E156–E165 (2013
24Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019). ; Esses, V. M., Dovidio, J. F., Jackson, L. M. & Armstrong, T. L. The immigration dilemma: the role of perceived group competition, ethnic prejudice, and national identity. J. Soc. Issues 57, 389–412 (2001). ; Jackson, L. M. & Esses, V. M. Effects of perceived economic competition on people’s willingness to help empower immigrants. Group Process. Intergroup Relat. 3, 419–435 (2000) ; Piotrowski, J., Różycka-Tran, J., Baran, T. & Żemojtel-Piotrowska, M. Zero-sum thinking as mediator of the relationship of national attitudes with (un)willingness to host refugees in own country. Int. J. Psychol. 54, 722–730 (2019)
25Kuchynka, S. L., Bosson, J. K., Vandello, J. A. & Puryear, C. Zero-sum thinking and the masculinity contest: perceived intergroup competition and workplace gender bias. J. Soc. Issues 74, 529–550 (2018).
26Ruthig, J. C., Kehn, A., Fisher, W. N. & Carstens Namie, E. M. Consequences of a zero-sum perspective of gender status: Predicting later discrimination against men and women in collaborative and leadership roles. Sex. Roles 85, 13–24 (2021).
27Wilkins, C. L. et al. Is LGBT progress seen as an attack on Christians? Examining Christian/ sexual orientation zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 73–101 (2021).
28Barnes, L. Taxing the rich: public preferences and public understanding. J. Eur. Public Policy 29, 787–804 (2022). 13. Rubin, P. H. Folk economics. South. Econ. J. 70, 157–171 (2003).
29Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019) ;Chinoy, S., Nunn, N., Sequeira, S. & Stantcheva, S. Zero-sum thinking and the roots of U.S. political divides. Preprint at https://scholar.harvard.edu/files/stantcheva/files/zero_sum_ us_political_divides.pdf (2023).
30Baron, J., Bazerman, M. H. & Shonk, K. Enlarging the societal pie through wise legislation: a psychological perspective. Perspect. Psychol. Sci. 1, 123–132 (2006). ; Stiglitz, J. Distinguished lecture on economics in government: the private uses of public interests: incentives and institutions. J. Econ. Perspect. 12, 3–22 (1998)
31Różycka-Tran, J., Alessandri, G., Jurek, P. & Olech, M. A test of construct isomorphism of the Belief in a Zero-Sum Game scale: a multilevel 43-nation study. PLoS One 13, e0203196 (2018).
32Różycka-Tran, J., Jurek, P., Olech, M., Piotrowski, J. & Żemojtel-Piotrowska, M. A warrior society: data from 30 countries show that belief in a zero-sum game is related to military expenditure and low civil liberties. Front. Psychol. 9, 2645 (2019).
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15.05.2025 à 12:46
Σ0 : bibliographie
Viciss Hackso
Ceci est la bibliographie pour le dossier Σ0 que nous publierons au fur et à…
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Texte intégral (2612 mots)
Ceci est la bibliographie pour le dossier Σ0 que nous publierons au fur et à mesure.
1 : La vie n’est pas qu’un jeu nul [Σ0-1]
Tout ce qui a été évoqué sur la croyance en la somme nulle s’appuie principalement sur ce papier et ses sources : Davidai et Tepper (2023) The psychology of zero-sum beliefs https://www.nature.com/articles/s44159-023-00194-9
Mais je me suis aussi appuyé sur d’autres références, dans d’autres champs, donc voici plus précisément toutes les sources en même temps :
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Bäckström, M., & Björklund, F. (2007). Structural modeling of generalized prejudice: The role of social dominance, authoritarianism, and empathy. Journal of Individual Differences, 28(1), 10–17. Structural modeling of generalized prejudice: The role of social dominance, authoritarianism, and empathy.
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Chinoy, S., Nunn, N., Sequeira, S. & Stantcheva, S. Zero-sum thinking and the roots of U.S. political divides. Preprint at https://scholar.harvard.edu/files/stantcheva/files/zero_sum_ us_political_divides.pdf (2023).
Conge P., Les Grands-remplacés | Arkhê. (s. d.).
Contrapoints, CONSPIRACY https://www.youtube.com/watch?v=teqkK0RLNkI
Contrapoints, Incels, 2018 https://www.youtube.com/watch?v=fD2briZ6fB0
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Wilkins, C. L. et al. Is LGBT progress seen as an attack on Christians? Examining Christian/ sexual orientation zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 73–101 (2021).
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Wilkins, C. L., Wellman, J. D., Babbitt, L. G., Toosi, N. R. & Schad, K. D. You can win but I can’t lose: bias against high-status groups increases their zero-sum beliefs about discrimination. J. Exp. Soc. Psychol. 57, 1–14 (2015
Williams, T. C. The French origins of “you will not replace us”. The New Yorker https:// www.newyorker.com/magazine/2017/12/04/the-french-origins-of-
Wong, Y. J., Klann, E., Bijelić, N. & Aguayo, F. F. The link between men’s zero-sum gender beliefs and mental health: findings from Chile and Croatia. Psychol. Men. Masc. 18, 12–19 (2017).
Wylie C., Mindfuck, 2020
Zemmour, Le premier sexe
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25.04.2025 à 17:46
[hackSaudio] la personnalité comme outil et non plus cause [PP13]
Viciss Hackso
La théorie TOTALE des traits ! Ça y est, on a définitivement fini de décortiquer les…
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Texte intégral (502 mots)
La théorie TOTALE des traits ! Ça y est, on a définitivement fini de décortiquer les visions de la personnalité que kiffent voler et réduire certains influenceurs de droite/extrême droite, et maintenant on explique un modèle beaucoup plus complexe.
Si vous n’avez pas suivi les épisodes précédent, vous les trouverez ici :
Sur YouTube (notre chaîne secondaire) :
Sur Spotify :
Sur Deezer : https://www.deezer.com/fr/show/1001218851
Sur Podcast addict : https://podcastaddict.com/podcast/hacksaudio/5334580
Ce chapitre est également disponible en version texte ici : https://www.hacking-social.com/2023/06/26/%e2%99%a6pp13-wtt-la-theorie-totale-des-traits-la-personnalite-comme-outil-mise-en-scene-consequence-et-non-plus-cause/
Tout le dossier est disponible en format epub ici : https://www.hacking-social.com/wp-content/uploads/2023/06/La-personnalite-cette-performa-Viciss-hackso.epub
Toute la bibliographie du sujet est disponible ici : https://www.hacking-social.com/2023/04/03/%e2%99%a6ppx-sources/
Si vous avez des questions sur le format et ses choix nous y avons peut être répondu ici : https://www.hacking-social.com/2024/09/02/un-mot-sur-hacksaudio-qui-nest-pas-un-podcast/
Musiques
Les musiques de jean louis biblio :
https://suno.com/song/f4a71430-3248-4928-8efa-ddbdf87b2027
https://suno.com/song/01c43b70-f7b0-4db8-b87b-920e8dcfc29a?sh=uvG3fpUE86cvf0Dj
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20.04.2025 à 13:15
[hackSaudio] Nos buts produisent notre personnalité ? [PP12]
Viciss Hackso
Attention les personnages ont été encore plus incontrôlables que d’habitude. Si vous n’avez pas suivi…
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Texte intégral (514 mots)
Attention les personnages ont été encore plus incontrôlables que d’habitude.
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13.04.2025 à 12:56
[hackSaudio] Le pouvoir des situations sur la personnalité [PP11]
Viciss Hackso
Entre deux battles de JLB et Vivi pour chanter les questionnaires, on découvre que les…
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Texte intégral (513 mots)
Entre deux battles de JLB et Vivi pour chanter les questionnaires, on découvre que les situations peuvent être PSYCHOACTIVES ???
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