18.11.2025 à 05:30
Elena Meilune
Alors que les projecteurs du monde se détournent, le Moyen-Orient s’asphyxie dans le silence. Derrière les discours de stabilité et de modernisation, s’étendent des crises humaines étouffées : répression politique, effondrement social, exécutions massives et guerres sans fin. Après avoir exploré dans un précédent article les drames qui secouent Gaza, le Yémen et l’Afghanistan, trois […]
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Après avoir exploré dans un précédent article les drames qui secouent Gaza, le Yémen et l’Afghanistan, trois foyers emblématiques d’un effondrement humain et politique, il est temps de braquer la lumière sur d’autres pays au cœur du Moyen-Orient, où les droits humains s’effacent dans l’indifférence des puissances qui prétendent défendre la liberté.
Ces tragédies forment un même tableau : celui d’un ordre régional fragmenté, dominé par la violence et l’impunité. Israël, puissance militaire soutenue par les États-Unis, joue un rôle central dans nombre de ces drames – de la Palestine au Liban, en passant par la Syrie – pendant que les régimes autoritaires renforcent leur emprise au nom de la « sécurité » et du « progrès ». Dans cet entrelacs d’intérêts, d’occupations et de résistances, ce sont toujours les populations civiles qui paient le prix du silence international.
Le Liban s’enfonce dans une crise multiforme qui conjugue effondrement économique (un des plus graves au monde depuis les années 1850), paralysie institutionnelle, tensions géopolitiques et violations graves des droits humains. Environ 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, contre 28 % avant la crise économique de 2019.
En 2023, 2,5 millions de personnes – dont 700 000 enfants – avaient déjà besoin d’une aide humanitaire. La même année, plus de 26 % des ménages déclaraient que leurs enfants n’étaient plus scolarisés. Plus de 16 % des familles envoient leurs enfants travailler. Au moins 250 000 libanais·es, principalement des jeunes diplômé·es, ont quitté le pays durant ces cinq dernières années. La crise économique a entraîné une augmentation des violences faites aux femmes.
Les infrastructures publiques sont à l’agonie : système de santé au bord du gouffre, pénuries massives de médicaments, écoles en sous-effectifs, coupures d’électricité récurrentes… L’explosion du port de Beyrouth en août 2020 reste un symbole puissant de cet effondrement ; cinq ans après, aucune justice véritable n’a été rendue selon Humans Right Watch.
La crise sociale se double d’un vide institutionnel, d’une corruption endémique et d’une érosion accélérée des libertés publiques. Les réfugié·es syrien·nes sont victimes de détentions arbitraires, de tortures et d’expulsions forcées.
L’armée israélienne, soutenue par les États-Unis, mène une escalade militaire au sud du Liban depuis 2023, saccageant des villages, occupant cinq positions sur les hauteurs frontalières et imposant un « zone tampon » qui empêche le retour de dizaines de milliers d’habitants. Des frappes israéliennes quasi-quotidiennes se sont poursuivies malgré un cessez-le-feu signé avec le Hezbollah en 2024.
« La destruction massive et délibérée par l’armée israélienne de terres agricoles et de biens civils dans le sud du Liban doit faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre » – Amnesty International
Le FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), déployée depuis 1978 pour stabiliser la zone, voit son mandat prolongé pour la dernière fois avant un retrait prévu fin 2027, sous la pression combinée d’Israël et des États-Unis.
Quatorze ans après le déclenchement d’une guerre civile d’une violence inouïe, la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024 a ouvert une période de transition chaotique. Environ 16,5 millions de Syrien·nes – dont 7,4 millions d’enfants – ont encore besoin d’une aide humanitaire. Il s’agit d’une des plus grandes crises de déplacement au monde avec plus de 6 millions de réfugié·es à l’étranger et au moins 7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. 80 % des infrastructures du pays sont détruites.
Les minorités ethniques et religieuses (notamment les communautés kurde, alaouite, druze et chrétienne) continuent d’être persécutées. En juillet 2025, Amnesty International a documenté les enlèvements d’au moins 36 femmes et filles (âgées de 3 à 40 ans) de la communauté alaouite.
Dans ce contexte, Israël a largement exploité la chute du régime Assad. Les forces israéliennes contrôlent depuis une zone tampon démilitarisée de 400 km² à l’intérieur de la Syrie. Tsahal a établi neuf postes militaires en territoire syrien et a mené des centaines de bombardements sur la Syrie depuis décembre 2024, notamment dans le sud du Damas cet automne. Israël occupe également toujours le plateau du Golan, annexé en violation du droit international après la guerre des Six Jours (1967).
Le territoire syrien est ainsi divisé : des zones sous contrôle du nouveau gouvernement officiel, des régions autonomes kurdes au nord-est, des espaces d’influence étrangère et des zones d’occupation étrangère.
Le 13 octobre 2025, les Kurdes syriens sont parvenus à trouver un « accord de principe » avec Damas pour intégrer leurs troupes au sein des forces de sécurité syriennes, dans un contexte sécuritaire toujours miné par les attaques des groupes islamistes armés. Si cet accord marque une tentative d’apaisement, il ne suffit pas à stabiliser un pays où la résurgence de Daech demeure une menace constante.
Bien que l’État islamique ait perdu son « califat » territorial, des cellules djihadistes dormantes continuent d’opérer dans plusieurs zones du nord et de l’est du pays. Les conditions de misère, l’absence d’État de droit et les tensions communautaires nourrissent ce terrain propice à la reconstitution de foyers extrémistes. Les institutions demeurent extrêmement fragiles. Selon Najat Rochdi, une des principales responsables de l’ONU sur le dossier syrien :
D’après elle, l’absence des femmes dans les institutions « freine la reconstruction politique », et ce malgré leurs sacrifices immenses pour maintenir la société debout. Cette marginalisation n’est pas nouvelle. L’histoire des guerres, comme celle des reconstructions, tend à effacer le rôle des femmes, réduisant à l’ombre celles qui fait tenir debout des communautés entières pendant que les bombes tombaient, puis qu’on a oubliées dès que les hommes sont revenus écrire l’histoire.
Au cœur du chaos syrien, les femmes kurdes incarnent avec force cette mémoire occultée. Elles ont été en première ligne contre les djihadistes, payant un lourd tribut dans la lutte contre l’État islamique. Leur engagement, à la fois militaire et émancipateur, a contribué à la chute du « califat », sans pour autant trouver la reconnaissance qu’il mérite. Aujourd’hui encore, leur combat rappelle une évidence trop souvent ignorée : aucune reconstruction durable ne peut se faire en effaçant la moitié du peuple.
Occupée par Israël depuis 1967, la Cisjordanie subit une violente répression qui s’est intensifiée ces deux dernières années dans un climat d’impunité totale. Depuis le 7 octobre 2023, la violence des colons et de l’armée israélienne s’est accrue de manière spectaculaire.
Selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), plus de 1 000 Palestinien·nes – dont environ 200 enfants – ont été tué·es dans le territoire depuis cette date. Des dizaines de villages palestiniens ont été vidés de leurs habitants sous la menace directe des colons ou à la suite de démolitions ordonnées par l’armée.
Selon Oxfam, l’expansion des colonies israéliennes atteint aujourd’hui un niveau sans précédent : plus de 700 000 colons vivent en Cisjordanie – dans des implantations toutes illégales au regard du droit international – et se livrent quasi-quotidiennement à des exactions contre les Palestinien·nes (démolition de maisons, villages brûlés, harcèlement, violences physiques, meurtres…) avec la protection de l’armée israélienne.
Le 22 octobre 2025, le Parlement israélien a approuvé en lecture préliminaire des projets de loi d’extrême droite visant à annexer purement et simplement le territoire, où vivent 3,4 millions de Palestinien·nes privé·es de tout droit politique effectif.
L’Iran traverse une période d’autoritarisme renforcé après les grandes mobilisations de 2022 sous le slogan Femme, Vie, Liberté, suite à la mort de Mahsa Amini. Des centaines de personnes ont été exécutées cette année-là et 15 000 arrêtées. En mars 2023, Mr Mondialisation publiait un article sur le peuple iranien en quête d’une révolution inachevée.
Et la situation n’a cessé d’empirer depuis. L’espace civique est pratiquement inexistant : la liberté d’expression, les médias, les organisations de la société civile et les mouvements de femmes sont étroitement surveillés et réprimés. Depuis début 2025, la répression contre les femmes et les filles, mais aussi les défenseur·es des droits des femmes s’est globalement intensifiée : arrestations arbitraires, violences physiques, poursuites judiciaires iniques, exécutions…
Selon Amnesty International, plus de 1 000 personnes ont été exécutées depuis le début de l’année, taux le plus élevé depuis au moins 15 ans. La peine de mort comme instrument de répression pour écraser tout potentielle contestation est devenue systématique depuis 2022. Les minorités religieuses et ethniques sont aussi lourdement ciblées, en particulier les minorités kurdes et baloutches, dans une indifférence internationale grandissante.
Le 3 avril 2025, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a prolongé et élargi le mandat de la mission d’enquête internationale sur l’Iran pour documenter et conserver des preuves des violations des droits humains en vue de poursuites futures.
L’escalade militaire entre l’Iran et Israël a contribué à cette nouvelle phase d’instabilité. En juin 2025, des frappes israéliennes massives ont visé notamment des sites militaires et nucléaires iraniens, mais aussi des infrastructures civiles (causant 224 morts et plus de 2 500 blessés, dont 90 % de civils). L’Iran a répliqué, frappant à son tour des infrastructures civiles en Israël. Cette confrontation, l’une des plus graves entre les deux pays, a aggravé la crise humanitaire et renforcé le discours sécuritaire du régime, qui instrumentalise la guerre pour justifier la répression intérieure et resserrer son contrôle sur la population.
Vingt ans après l’invasion américaine de 2003, l’Irak peine encore à se relever des conséquences d’une guerre qui a désintégré ses institutions et fracturé sa société. La chute du régime de Saddam Hussein, l’occupation militaire et la politique de débasification ont plongé le pays dans un vide politique – une cause majeure de l’émergence de l’État islamique.
L’Irak affiche une apparente stabilité après la lutte contre Daech, mais les défis restent massifs : un appareil d’État affaibli, des milices omniprésentes, une justice paralysée et une crise humanitaire persistante avec plus d’un million de personnes toujours déplacées (dont près de 150 000 vivent dans des camps ouverts). Les besoins humanitaires demeurent élevés. Selon Amnesty International, l’impunité demeure la règle pour les violations commises pendant et après les opérations militaires contre l’État islamique : des milliers de disparitions forcées restent non élucidées.
La liberté d’expression et les activités de la société civile sont de plus en plus encadrées : les autorités ont multiplié les arrestations pour « contenu indécent », ont harcelé et menacé des journalistes au Kurdistan irakien et restent d’une rare lenteur dans les réparations des victimes de violences d’État.
Derrière l’image de modernisation véhiculée par le régime de Mohammed ben Salmane (MBS), l’Arabie saoudite reste l’un des États les plus autoritaires du monde. Sous couvert de réformes économiques et sociales, le pouvoir a renforcé la surveillance, la censure et la répression politique. Selon un rapport d’Amnesty International, le royaume a procédé à au moins 345 exécutions en 2024, le double par rapport à l’année précédente. Plus de cent étrangers ont aussi été exécutés depuis le début de cette année 2025. À ce propos, Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International, explique :
« L’Arabie saoudite fait partie des pays qui ont le plus recours à la peine de mort au monde. Ceux et celles qui osent défier les autorités se retrouvent face au châtiment le plus cruel qui soit, en particulier en Iran et en Arabie saoudite, où la peine de mort est utilisée pour faire taire les personnes assez courageuses pour s’exprimer. »
Sur le plan des libertés, le système judiciaire saoudien continue de se servir de la loi antiterroriste pour museler la dissidence, tandis que les femmes, les migrant·es et les membres de la minorité chiite sont soumis à des discriminations structurelles. L’Arabie saoudite n’a aucune loi contre les discriminations. La loi maintient au contraire les femmes sous la tutelle des hommes, et inclut des dispositions qui facilitent les violences domestiques et les abus sexuels dans le cadre du mariage.
Derrière les gratte-ciels de Riyad et les promesses de « Vision 2030 », le pays repose sur un système d’exploitation extrême des travailleurs migrant·es soumis·es à des conditions proches de l’esclavage.
– Elena Meilune
Photographie d’en-tête : Des femmes et des enfants parmi les réfugié·es syrien·nes en grève sur le quai de la gare de Budapest-Keleti, Hongrie. 4 septembre 2015 @ Wikimedia Commons
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Simon Verdiere
Critiqué depuis sa mise en place par la grande bourgeoisie, notre système de retraite par répartition, où chacun cotise en fonction de ses moyens et touche selon ses besoins, est à nouveau dans le viseur du camp Macroniste. L’ancien premier ministre Gabriel Attal projette ainsi de supprimer l’âge de départ à la retraite pour bifurquer […]
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« C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches », écrivait Victor Hugo en 1869. Plus de 150 ans plus tard, cette citation demeure plus que jamais d’actualité, tant les libéraux semblent décidés à abolir notre appareil social. Le fonctionnement par répartition est donc plus que jamais en ligne de mire.
Les éléments de langage libéraux, repris en chœur sur les plateaux de télévision, ne manquaient pas pour faire avaler la pilule aux Français. Notre système de retraite serait « trop compliqué », « personne n’y comprendrait rien », et évidemment, il ne serait « pas soutenable ». Il serait donc grand temps « d’introduire une dose de capitalisation ».
Dans les faits, comme pour l’assurance santé, il s’agit d’un démantèlement progressif qui d’année en année grignote le système de retraites actuel. La capitalisation mettra ainsi fin au dispositif collectif au profit d’un fonctionnement individuel où les plus fragiles d’entre nous finiront sur le carreau, ainsi que Mr Mondialisation l’expliquait dans un précédent article.
Mais avec son amendement, qui reprend une proposition déjà présentée l’été dernier, Gabriel Attal entend créer un compte à chaque bébé français, et ce, dès la naissance. Chacun se verrait alors crédité d’un « cadeau » de l’État (en réalité, payé par les classes populaires) à hauteur de 1 000 €, ce qui « relancerait la natalité » selon certains médias. Une caisse que les parents et grands-parents seraient ensuite libres d’alimenter jusqu’aux 18 ans de l’enfant, avec des abattements fiscaux à la clef.
Derrière cette rhétorique paternaliste et simpliste se cache une attaque totale contre notre structure solidaire. Car ce compte, qui ne serait pas accessible avant la retraite, dépendrait, dans les faits, directement de placements financiers aléatoires et des moyens familiaux, transmis de génération en génération.
Autrement dit, c’est d’une part l’aptitude économique individuelle tout au long d’une vie et, d’autre part, le monde de la finance qui déterminerait combien d’argent ce « compte retraite » contiendrait au moment du départ.
Pour une personne aisée, en mesure de placer beaucoup de liquidités durant son existence, l’issue sera probablement confortable. En revanche, pour un individu précaire, dans l’impossibilité d’épargner, la caisse resterait désespérément vide. Pire, un dérèglement boursier pourrait faire s’effondrer le capital, comme ce fut le cas pour les fonds de pension américains lors de la crise de 2008.
Gabriel Attal en rajoute une couche : la fin de l’âge de départ à la retraite. Dans ces conditions, rester en emploi jusqu’à un âge beaucoup plus avancé n’incarnera plus une option, mais une obligation. La doctrine macroniste n’a d’ailleurs jamais caché son mantra : « il faut travailler plus ». À condition que vous en soyez encore physiquement capable.
Fort heureusement, ce type d’amendement n’a pour le moment aucune chance d’être adopté en l’état des forces de l’Assemblée nationale. Pour autant, il ne faut pas s’y méprendre, il s’agit bien entendu d’une forme de communication et de propagande destinée à élargir la fenêtre d’Overton.
Car dans le même temps, les grands médias de milliardaires passent leur temps à assurer que notre système par répartition ne serait pas soutenable et que la capitalisation serait inévitable. Il suffisait d’ailleurs de voir comment la presse s’est ruée sur la proposition de l’ex-Premier ministre, pourtant assez confidentiel.

Ces mêmes médias n’hésitent pas non plus à s’appuyer sur des sondages aux questions orientées pour faire dire « aux Français » qu’ils seraient favorables à l’introduction de la capitalisation. Aucun d’entre eux ne précisera non plus que la soutenabilité d’un système dépend uniquement de la part des richesses qu’une nation souhaite y consacrer.
Bien sûr, ce genre d’enquête d’opinions, telle que celle d’Elabe ou celle d’Harris Interactive, n’explique pas ce qu’implique concrètement la retraite par capitalisation et ses « placements financiers ». Elle est simplement présentée comme un « complément de revenu », ce qui, somme toute, peut sembler raisonnable pour un néophyte, d’autant plus dans un contexte dans lequel on nous répète à longueur de journée que la façon de faire actuelle n’est pas viable.
Confier l’avenir des vieux jours à des multinationales privées qui exploitent les vies des travailleurs pour engranger des profits apparaît sans doute désirable aux représentants des classes bourgeoises. Et face au pouvoir de l’argent, il faudra encore une fois résister pour défendre le modèle social actuel.
– Simon Verdière
Photo de SHVETS production. Pexels.
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Maureen Damman
Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici 10 bonnes nouvelles à ne surtout pas manquer cette semaine. 1. Nouvelle ligne de train de nuit Une nouvelle ligne de train de nuit reliera, à partir d’avril 2026, la gare de Bâle, près de la frontière française, à Malmö en Suède, via plusieurs […]
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Une nouvelle ligne de train de nuit reliera, à partir d’avril 2026, la gare de Bâle, près de la frontière française, à Malmö en Suède, via plusieurs arrêts en Allemagne et au Danemark. (France 3)
Des travailleurs sans-papiers, employés sans contrat ni protection par le sous-traitant NTI dans des centres de tri des déchets en Île-de-France pour le compte de Veolia et Suez, saisissent aujourd’hui les prud’hommes afin de faire reconnaître leur préjudice. (Reporterre)
Budget de la Sécu 2026 : l’Assemblée nationale a adopté 2 amendements imposant l’affichage obligatoire du Nutri‑Score sur les emballages alimentaires sous peine d’une contribution de 5 % du chiffre d’affaires. Elle a également adopté une taxe pour les entreprises utilisant de l’hexane dans la production d’huiles végétales. (Reporterre)
En Vendée, un projet de surf-park à 250 mètres de l’océan, à Talmont-Saint-Hilaire, qui plus est sur une zone classée Natura 2000, suscite l’opposition de surfeurs et d’écologistes qui ont déjà mené 2 actions et promettent de continuer. 14 espèces sont menacées. (Reporterre)
La station de ski Céüze 2000 dans les Hautes-Alpes démonte ses remontées mécaniques pour promouvoir un tourisme de pleine nature. Il s’agit d’un tournant pour ce territoire, qui montrera peut-être la voie. (Geo)
La participation des femmes dans les accords de paix réduit jusqu’à 37 % le risque de reprise d’un conflit si elle est combinée à un leadership des Nations Unies. (The Conversation)
Une étude finlandaise montre que des enfants jouant dans des bacs à sable enrichis en sol forestier et exposés à une biodiversité microbienne accrue présentent une amélioration de leur microbiote cutané, intestinal et de leurs défenses immunitaires en quelques semaines seulement. (The Guardian)
La Environment and Land Court of Kenya a confirmé la révocation de la licence d’une centrale à charbon de 1 050 MW dans l’archipel de Lamu, jugée non conforme en matière d’évaluation environnementale et de participation publique. Le projet menaçait des mangroves, des herbiers de posidonie et des récifs coralliens protégés.(Mongabay)
Les députés polonais ont voté l’interdiction de l’élevage d’animaux à fourrure, avec une fermeture progressive des fermes d’ici à 2033, ainsi qu’une interdiction immédiate de nouvelles installations.(30 millions damis)
L’Irak traverse des élections législatives marquées par un climat relativement pacifique. Le retrait de Moqtada al‑Sadr de la vie politique, la présentation indépendante de l’Organisation Badr et l’affaiblissement des milices pro-Iran ont contribué à cette nouveauté. (Les-crises)
– Mauricette Baelen
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Maureen Damman
Vous n’avez pas eu le temps de lire l’actu ? Voici les 10 infos à ne pas manquer cette semaine. 1. Des militants en désharmonie Le Collectif Palestine Action France a perturbé un concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris. Des militants ont affirmé avoir été violemment pris à partie par des […]
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Le Collectif Palestine Action France a perturbé un concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris. Des militants ont affirmé avoir été violemment pris à partie par des spectateurs. (Politis)
Dans le projet de loi de la Sécurité sociale pour 2026, le gouvernement prévoit un transfert de 1,6 milliard d’euros de la branche » accidents du travail/maladies professionnelles » vers la branche générale de la Sécu, un discret mais coûteux cadeau au patronat… au détriment de la population. (Politis)
Les ONG Sherpa et Les Amis de la Terre ont assigné le groupe pétrolier Perenco en justice en France pour des » préjudices écologiques » commis en République démocratique du Congo. Le procès pourrait avoir lieu d’ici 2026-2027. Merci la presse indépendante ! (Disclose)
Le groupe Galeries Lafayette a mis fin à son contrat d’affiliation avec Société des Grands Magasins (SGM) concernant sept magasins provinciaux, après que SGM ait annoncé l’accueil de la marque Shein, un choix jugé incompatible avec l’image de la marque par Galeries Lafayette. (LSA-conso)
À la COP30 à Belém, les peuples autochtones revendiquent une place centrale dans les négociations climatiques : leur savoir ancestral et leur lien profond avec les écosystèmes sont présentés comme essentiels pour la lutte contre le dérèglement climatique. (Futura-sciences)
En France, plus de 9 millions de m² de bureaux sont vacants, dont plus de la moitié en Île-de-France : cette vacance immobilière symbolise la crise de l’espace urbain liée au télétravail, à la sur-offre de tertiaire et à la transformation des usages. Rendez les logements ! (LVSL)
Les aides publiques aux petits aéroports français profitent surtout aux compagnies low-cost, aux jets privés et aux grands patrons sur des lignes désertées, alors même que l’aviation intérieure régresse. (Vert)
L’UKIP (parti britannique d’extrême droite) organise des raids racistes contre des exilés sur le littoral français, notamment autour de Dunkerque. Des associations dénoncent un laisser-faire des autorités. (Basta!)
Le gouvernement envisage de supprimer partiellement la prime de Noël pour les foyers sans enfants tout en durcissant l’accès aux découverts bancaires. Des mesures qualifiées d’attaques contre les plus pauvres. Seules les personnes bénéficiaires de certains minima sociaux peuvent obtenir cette prime. (Frustration)
TotalEnergies figure officiellement dans la délégation française à la COP30, avec cinq émissaires accrédités et des badges d’accès aux zones réservées aux négociateurs. (Mediapart)
– Mauricette Baelen
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Mr Mondialisation
Dans un monde de plus en plus autocentré où la part de l’ego est prépondérante, admettre s’être trompé apparaît comme une grande difficulté pour beaucoup de personnes. Or, ce comportement empêche d’évoluer et donc de faire bouger la société, qui a pourtant radicalement besoin de changement. On vous présente cinq points pour une transformation positive. […]
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Savoir se remettre en question et reconnaître ses erreurs présente bien des avantages, autant d’un point de vue individuel que collectif. Que ce soit pour s’affranchir du système capitaliste, mais aussi pour lutter contres ses propres biais et contre les écueils de ses certitudes. Un cheminement indispensable pour fonder des communautés plus juste et plus saine. Mr Mondialisation vous propose cinq raisons d’accepter d’avoir tort.
Admettre s’être trompé, c’est sortir d’une logique de compétition propre au capitalisme, comme si nos croyances étaient une marchandise à défendre. Faire cet effort, c’est donc déjà organiser une rupture avec le dogme de la « réussite » imposé par le néolibéralisme. Ce qui compte alors, ce n’est plus de « gagner » la bataille de la pensée, mais plutôt de rechercher la vérité en percevant un échange comme une réelle opportunité de s’améliorer et de partager des idées.
Dans cette ligne directrice, concéder que l’on peut faire fausse route, c’est aussi un premier pas vers la lutte contre un système dominant qui semble couler de source. Le capitalisme ne reconnaît d’ailleurs non seulement jamais ses erreurs, mais il impose également son fonctionnement comme la seule possibilité. Souligner les aberrations du capitalisme, c’est déjà contester la légitimité de son pouvoir.
Par là, en s’extrayant de cette logique, on se bat contre cette idéologie. En outre, il devient plus facile de lutter contre ses biais en admettant que notre propre façon de penser a été en partie forgée par le système dans lequel nous évoluons. De ce fait, se remettre plus souvent en question permet donc de déconstruire ses idées préconçues et d’ouvrir son esprit à des alternatives concrètes.
Reconnaître ses torts, c’est aussi apprendre à se détacher de son ego et à dépasser le culte du « moi ». Cette vanité, érigée en valeur centrale dans nos sociétés individualistes, constitue un piège de la pensée. Lorsqu’on fait passer sa fierté avant la recherche de justesse ou de vérité, on s’expose inévitablement à des erreurs de jugement.
Au contraire, cultiver une forme d’humilité — non pas comme effacement de soi, mais comme ouverture à la complexité — permet d’accueillir à la fois la raison et l’émotion dans notre manière de comprendre le monde. Car les émotions ne sont pas des obstacles à la lucidité : elles signalent nos valeurs, nos blessures, nos attachements, et peuvent nourrir une réflexion plus fine et plus humaine. L’enjeu n’est donc pas de juger sans émotion, mais de reconnaître ce que nos émotions nous apprennent sans qu’elles dominent entièrement notre regard.
Ainsi, remettre en question ses certitudes ne relève pas de la faiblesse, mais du courage.
L’autocritique, enfin, ouvre à la compréhension de l’autre plutôt qu’à sa domination. Elle constitue un outil précieux, y compris pour celles et ceux qui ont raison : savoir échanger sans attaquer, écouter sans se sentir menacé·e, favorise la réciprocité et la possibilité d’une remise en question mutuelle.
Quelqu’un qui ne reconnaît jamais ses torts peut susciter de la méfiance. À l’inverse, être capable de se remettre en question favorise la confiance, puisque cela montre une forme d’ouverture d’esprit et de culture du dialogue. Cela permet également de gagner en crédibilité et d’être plus facilement pardonné.
La coopération entre les individus encourage forcément des modes de vie plus collectifs et plus justes. Par là, on navigue donc vers des sociétés plus horizontales où « ceux qui savent » feront preuve de plus de modestie et n’iront pas humilier ou écraser le reste de la population. Se remettre en question, reconnaître ses torts et s’excuser peut apaiser les interactions et être indispensable pour une véritable démocratie et des forces collectives durables.
L’autocritique s’avère être un pilier de tout mouvement de transformation de la société. Parce qu’admettre ses erreurs, c’est également tirer des leçons pour l’avenir afin de ne pas les reproduire. À l’inverse, rester cantonné sur ses positions peut induire en erreur, sans aucune perspective d’évolution.
De plus, savoir se questionner évite un endoctrinement aveugle et une soumission à une personnalité forte ou à une idéologie qui imposerait sa vision au plus grand nombre (à ce titre, l’exemple de l’URSS est riche en enseignements). Par là, apprendre des échecs des organisations passées est une démarche précieuse.
S’il existe un refus idéologique de sortir d’un système dominant, qui est pourtant un échec sur beaucoup de plans, ce n’est pas uniquement à cause de l’influence médiatique ou du manque de démocratie, c’est bien aussi parce qu’il est compliqué pour beaucoup d’admettre avoir vécu dans l’erreur pendant de nombreuses années.
Néanmoins, cette acceptation est une des clefs d’une porte vers des systèmes alternatifs, des fonctionnements différents qui ne seraient plus considérés comme de simples utopies. Un cheminement d’autant plus difficile lorsque l’on a soutenu bec et ongle un champ politique.
Toutefois, même si cette évolution peut être lente, elle apparaît malgré tout comme indispensable pour s’extraire du fatalisme distillé par le capitalisme. Derrière les discours voulant nous inculquer une certaine forme de fatalité, il existe cependant une voie vers d’autres types de sociétés : décroissance, entraide, démocratie, etc. Une route qui passera nécessairement par des changements profonds de mentalité.
– Simon Verdière
Photo de couverture de Kindel Media
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Mr Mondialisation
On en est là. Éruptions de joie et autres expressions de réjouissances. 42 personnes se sont noyées en mer suite à un naufrage au large de la Libye, très loin de la France. Mais voilà, ces personnes ne sont pas françaises, ce qui semble justifier des commentaires d’une malfaisance confondante. L’information publiée par le Figaro […]
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Hier 12 novembre 2025, le Figaro titrait : Naufrage au large de la Libye : 42 personnes présumées mortes. On apprend dans cet article que quarante-deux personnes sont décédées en mer après le naufrage d’une embarcation transportant plusieurs dizaines de migrants au large des côtes libyennes, selon un communiqué des Nations unies. Très loin de la France, donc.
Ce type de nouvelle est tristement banal. Entre 2 000 et 3 000 personnes meurent chaque année lors d’une tentative de traversée de la Méditerranée, principalement vers l’Italie, la Grèce ou l’Espagne. De manière rituelle, Le Figaro informe son lectorat de la nouvelle. Mais ce n’est pas de l’étonnement ou de la tristesse que ceci génère, mais bien une effusion de joie. Et on ne parle pas de 2-3 messages isolés. 90% des commentaires fêtent la mort dans d’atroces souffrances d’êtres humains parfaitement anonymes. Hommes, femmes, enfants, vieillards. Une banalisation du mal qui en dit long sur l’état de cette presse autant que de la mentalité venimeuse de celles et ceux qui la lisent.


Ces commentaires révèlent aussi les composantes d’un narratif politique et médiatique fondé sur la désinformation, la haine et la déshumanisation. Quoi qu’on puisse individuellement penser des mouvements migratoires et des moyens de les gérer, rien ne justifie un tel manque d’humanité. Par ailleurs, il existe des causes et des faits qui ne peuvent être ignorés. Parmi les intox et sophismes communs distillés dans ces commentaires, on retrouve notamment : l’idée que l’arrivée de migrants sur les côtés françaises serait massive, la croyance que des associations humanitaires « subventionnées » faciliteraient l’arrivée des migrants ou encore que « la gauche » serait responsable de ces morts… Étudions ces questions pour y voir plus clair.
Première constatation, il n’existe pas de route maritime directe vers la France. Pratiquement aucune de ces embarcations n’arrivent sur les côtés françaises, bien surveillées et plus difficiles d’accès pour des raisons géographiques. Par ailleurs, l’ouverture de ports pour les navires humanitaires est toujours bloquée par la France.
Ainsi, le rapport UNHCR / IOM « Joint Annual Overview » (2023) indique seulement 260 arrivées sur les côtes françaises sur 212 100 tentatives, soit 0,12%. La part des traversées visant directement la France est pratiquement nulle. C’est tellement insignifiant que le rapport ne s’attarde même pas sur ces cas français. C’est un fait, la France n’est pas une cible pour les passeurs tant ses côtes sont radicalement gardées et les associations jugées « de gauche » n’ont pas le pouvoir d’y changer quoi que ce soit.

C’est une autre intox persistante : celle qui voudrait que « les ONG » soient financées par l’État ou l’Union européenne pour encourager les migrations. C’est totalement faux. En réalité, ces structures humanitaires sont quasi inexistantes en Méditerranée française, et ne reçoivent aucune subvention publique pour leurs opérations de sauvetage.
Les quelques navires humanitaires qui sillonnent encore la Méditerranée ne remplissent pas les doigts d’une main.

On retrouve principalement en mer SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières, deux ONG qui agissent en autonomie totale, souvent au prix de procédures administratives lourdes, d’interdictions de ports et d’une hostilité politique constante, y compris en France. Leur mission ? Sauver des vies, sans se préoccuper de la politique. Rien de plus, rien de moins. Dans le vide laissé par les États européens, ce sont ces équipages civils qui évitent chaque année des centaines morts. Ceux-ci manquent cruellement de moyens et ne peuvent que sauver une petite fraction des naufragés.
Parler de « business de l’immigration » ou d’une « industrie subventionnée du sauvetage » relève d’une désinformation pure et simple parsemée de racisme, martelée pour détourner les yeux de causes bien réelles : les guerres, la misère, les passeurs, l’exploitation des ressources, les dictatures et choix politiques sans oublier le changement climatique qui poussent des gens ordinaires à risquer leur vie pour fuir leur pays. Les morts sont si nombreux en mer que les motifs pour prendre un tel risque d’y laisser sa vie sont viscéraux, motivés par une situation humanitaire critique. L’idée que ces gens désespérés prennent le risque de mourir pour des droits sociaux fantasmés ne tient pas la route, d’autant que les aides existantes ne sont pas aussi alléchantes que le laisse entendre l’extrême-droite.

Autre idée reçue : « la gauche » encouragerait les traversées ou bloquerait toute politique migratoire. C’est faux, et les faits le montrent.
En France, aucune formation politique majeure n’a remis en cause la fermeture des frontières ni le durcissement continu des conditions d’accueil. Même les partis qui se réclament des valeurs humanistes se contentent de quelques déclarations symboliques, souvent timides, pour ne pas perdre une partie de leur électorat. Sur le terrain, le silence domine, et les politiques menées depuis plusieurs années ne diffèrent guère de celles de la droite ou de l’extrême droite sur le fond.
Depuis plus d’une décennie, la logique sécuritaire s’est imposée comme un consensus transversal. Elle s’habille de mots techniques : “lutte contre les passeurs”, “maîtrise des flux”, “gestion des frontières” mais masque une réalité brutale : celle d’un verrouillage généralisé de l’Europe. Derrière chaque décret, chaque accord bilatéral avec la Libye, la Tunisie ou le Maroc, c’est le même principe qui prévaut : empêcher les départs, à tout prix ! Affirmer que la gauche – dont le pouvoir politique est inexistant – encouragerait l’immigration dans un tel contexte relève du mensonge et de l’aveuglement idéologique.

Le paradoxe, c’est que ces politiques censées sauver des vies en “décourageant” les traversées les rendent au contraire plus mortelles que jamais, ce qui explique l’augmentation des décès en mer. Les routes changent, se rallongent, se déplacent vers des zones plus dangereuses pour éviter les contrôles. Là où les garde-côtes européens n’interviennent plus, les naufrages se multiplient dans le silence. Et pendant ce temps, les discours politiques comme médiatiques se contentent de désigner des coupables imaginaires : les ONG, “Bruxelles” (qui a bon dos), les humanistes, sans oublier une gauche fantasmée qui n’existe plus que comme repoussoir sémantique.
Dans les faits, la gauche institutionnelle a déserté la question migratoire et n’a de toute manière concrètement aucun pouvoir politique depuis longtemps. Elle ne propose plus ni projet alternatif, ni vision solidaire, ni parole claire sur ce que devrait être une politique humaine et rationnelle des migrations. Résultat : le terrain est laissé libre à ceux qui, depuis vingt ans, façonnent le débat avec des mots de peur : invasion, submersion, identité, frontière. Et dans ce brouhaha de certitudes anxieuses, la compassion s’efface, l’analyse se tait, et la raison abdique. C’est dans ce terreau fétide fondé sur l’ignorance que naissent les commentaires que vous lisez sur Le Figaro : désigner un coupable politique dont le pouvoir n’existe pas, fermer les yeux sur des pertes humaines évitables, et enfin se réjouir de la mort d’êtres humains.

On parle toujours des migrants, jamais des raisons qui les poussent à partir. Derrière chaque traversée, il y a pourtant un enchaînement de causes identifiables et singulières pour chaque individu : guerres civiles, effondrement économique, répression politique, désastre climatique, etc. Selon les données du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), près de 90 % des personnes qui tentent la traversée de la Méditerranée fuient des situations de crise aiguë. Ce ne sont pas des “aventuriers économiques” qui aspirent au RSA, mais des familles, des étudiants, des travailleurs, des enfants.
L’Afrique subsaharienne, par exemple, subit de plein fouet les effets conjugués du changement climatique et de l’instabilité politique : désertification, raréfaction de l’eau, conflits pour les ressources. En parallèle, les politiques commerciales et extractivistes menées par les pays riches maintiennent une dépendance structurelle. Dans ce contexte, partir devient souvent le seul horizon. Parlons aussi des thoniers géants Européens qui vident les stocks de poissons des côtes africaines, laissant des dizaines de milliers d’individus sans ressource. Et ces règles qui permettent aux causes migratoires de se perpétuer, la France et les pays européens en sont directement responsables pour des questions d’intérêts économiques supérieurs. Notre appétit capitaliste se moque bien de la souffrance locale qui pousse des individus à fuir leur pays. Et voilà comment NOS pauvres en viennent à détester d’AUTRES pauvres qui subissent les mêmes effets délétères d’un système injuste.

Ignorer ces causes par pure haine de l’autre revient à se tromper de combat. Les mêmes qui se réjouissent d’un naufrage prétendent “lutter contre l’immigration” sans jamais questionner les mécanismes qui la provoquent par pure fainéantise intellectuelle. Pas sûr même qu’ils seraient en mesure de lire et de comprendre cet article tant, ailleurs, on leur sert une soupe simplifiée en 3 mots niveau Pascal Praud : l’immigration nous menace. Les guerres alimentées par des ventes d’armes européennes, l’exploitation des terres africaines par des multinationales, le dérèglement climatique mondialisé, tant de causes sont directement liées à notre civilisation insatiable qui dicte les règles sans partage depuis trop longtemps.
Traverser les mers avec 50% d’y laisser sa peau, n’est pas un choix, c’est le symptôme d’un déséquilibre global. Oui, c’est une situation terriblement complexe qui demande des solutions tout aussi complexes. Tant qu’on refusera de regarder en face cette complexité, les morts continueront de s’accumuler, invisibles, loin des côtes françaises, mais au cœur même de notre indifférence collective. Se réjouir de la mort de gens dans la détresse, c’est le degré zéro de l’intelligence émotionnelle et une honte absolue envers ce qui fait fondamentalement de nous des humains. Et si nous ne sommes plus capables d’humanité la plus élémentaire, alors tout devient possible, surtout le pire.

– Mr Mondialisation
Sources
– Naufrage au large de la Libye : 42 personnes « présumées mortes » ; Le Figaro 12/11/25
-Migrants and Refugee Movements through the Central Mediterranean Sea in 2023 ; rapport de l’UNHCR, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
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