15.08.2025 à 03:22
L’argent, véritable architecte du paysage politique
Mr M.
En politique, l’argent prend une place de plus en plus importante, à l’image des élections américaines de 2024 qui auront coûté plus de deux milliards de dollars en frais de campagne. De fait, loin des idéaux démocratique où les idées priment, un petit parti sans budget n’a en réalité aucune chance de l’emporter, tant le […]
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En politique, l’argent prend une place de plus en plus importante, à l’image des élections américaines de 2024 qui auront coûté plus de deux milliards de dollars en frais de campagne. De fait, loin des idéaux démocratique où les idées priment, un petit parti sans budget n’a en réalité aucune chance de l’emporter, tant le poids des lobbies et des médias de milliardaires reste prépondérant. Un véritable problème institutionnel qu’il est crucial d’exposer.
Il s’agit d’une cruelle réalité, mais sans financements massifs, il est aujourd’hui devenu impossible d’accéder au pouvoir dans la plupart des régimes dits « représentatifs » du monde.
Dans ce système, les puissances de l’argent donnent le tempo du débat public et font tout pour maintenir un statu quo qui va dans le sens de leurs intérêts économiques et idéologiques. Il serait pourtant envisageable de s’attaquer à ce problème en mettant en place quelques dispositifs de contrôles démocratiques.
Un système sous perfusion
Les sommes levées pour les campagnes électorales aux États-Unis représentent sans doute le plus grand symbole de systèmes politiques malades où l’argent a balayé toute possibilité démocratique. Le dernier scrutin dans le pays de l’oncle Sam a ainsi de nouveau battu des records, puisque Kamala Harris et Donald Trump ont respectivement reçu 1,65 et 1,09 milliard de dollars pour leur campagne.
Cette situation économique explique d’ailleurs en grande partie pourquoi aucun autre parti que les deux mastodontes (Républicains et Démocrates) n’arrive véritablement à émerger outre-Atlantique.
« En France, depuis 1995, le candidat qui a emporté les élections présidentielles disposait toujours du plus gros budget »
En France, ce point précis n’a pas encore atteint une telle démesure, mais le système n’en reste pas moins verrouillé par un problème de même nature. Depuis 1995, le candidat qui a emporté les élections présidentielles disposait toujours du plus gros budget (sauf en 2012, où François Hollande n’avait que le second). À l’inverse, les postulants aux petits financements végètent bien souvent en queue de peloton.
Il ne faut cependant pas non plus simplifier la situation au point d’affirmer qu’il s’agirait du seul critère ; on a également vu certains candidats avec un soutien pécuniaire important avoir des résultats désastreux comme Benoît Hamon en 2017 ou Valérie Pécresse et Anne Hidalgo en 2022. D’autres ont parfois réussi à faire de jolies percées en comparaison de leurs faibles moyens, comme Olivier Besancenot en 2007 ou Jean Lassalle en 2022, sans pour autant s’approcher du second tour.
L’emprise immense des médias
Malgré tout, au-delà des campagnes électorales, les puissances de l’argent disposent d’autres leviers pour influer sur les résultats des scrutins. Le plus redoutable d’entre eux reste sans aucun doute celui des médias de masse.
De fait, ce n’est pas pour rien si la grande majorité d’entre eux a été rachetée par des milliardaires. Pour les plus aisés, peser sur l’opinion demeure une absolue nécessité. En faisant triompher un candidat dont les idées iraient dans le sens de leurs intérêts, ils sont ainsi sûrs de voir leurs affaires prospérer.
À ce titre, la campagne électorale de 2017 représente sans doute le meilleur exemple. En effet, à l’époque, le parti pris était quasi unanime pour Emmanuel Macron. Un phénomène qui expliquait d’ailleurs pourquoi un quasi-inconnu du grand public avait réussi à atteindre le poste suprême en seulement quelques mois.
Les lobbies aux manettes
En plus des scrutins, les sociétés du monde entier sont également sous l’influence de puissants lobbies privés. Avec le même rôle que les médias, ces derniers pèsent de tous leurs poids sur les citoyens, mais surtout au sein des milieux politiques.
« pour un unique député européen, il existerait dix lobbyistes ».
Ainsi, les grandes entreprises investissent des fortunes sur des individus dont la seule charge est de faire pression sur les élus. Au parlement européen, où de nombreuses normes sont mises en place, ce phénomène est particulièrement présent. Selon une étude, plus de 5800 lobbies ont dépensé près d’un milliard d’euros dans ce but. On estime dès lors que pour un unique député européen, il existerait dix lobbyistes.
L’extrême droite elle aussi dans la danse
Que les grandes fortunes défendent leurs finances en œuvrant à ce que le camp du libéralisme triomphe toujours des élections apparaît comme une absolue évidence. Mais leur volonté d’imposer leurs propres règles ne se limite pas nécessairement à l’économie.
C’est ainsi que les milliardaires Vincent Bolloré et Pierre-Edouard Stérin, tous deux catholiques intégristes, s’emploient également depuis plusieurs années à faire infuser leurs idées d’extrême droite dans la société. Une façon de concilier leurs intérêts pécuniaires avec leurs convictions philosophiques. Aux États-Unis, Elon Musk a œuvré de la même manière auprès de Donald Trump, en particulier grâce au réseau Twitter qu’il a racheté et rebaptisé X.
Un système pyramidal antidémocratique
Avec cette situation, on ne peut décemment pas espérer la mise en place d’une véritable démocratie qui présupposerait une information libre et plurielle et des moyens d’expression équitables pour tous. De fait, nos institutions ont tout d’une ploutocratie.
À l’opposé, tout citoyen ou parti politique qui défendrait des idées à l’inverse des intérêts de la classe économique ne pourra pas compter sur le soutien des grandes fortunes ni des médias qu’elles détiennent. Pour avoir une chance d’accéder au pouvoir, ce type de mouvement devrait se structurer collectivement et parvenir à contrer la diabolisation souvent exercée par les éditorialistes des grandes chaînes TV. Un phénomène qui peut par exemple expliquer pourquoi la révolte des Gilets Jaunes n’a pas réussi à faire tomber la Macronie.
Les sommes nécessaires pour mener des campagnes électorales efficaces obligent d’ailleurs bien souvent les partis à emprunter de l’argent à des banques privées. Or, en étant contraints de procéder ainsi, les candidats remettent leur sort entre les mains de la finance envers qui ils peuvent se sentir redevables, ce qui peut poser des soucis d’indépendance.
De même, le fait qu’une banque puisse refuser de prêter des fonds à un parti soit parce qu’elle ne souhaite pas être associée à son image, soit parce que sa ligne politique va à l’encontre des ses intérêts, peut aussi se révéler extrêmement problématique.
La difficulté du système électoral
Pour s’extraire de cette situation, il conviendrait sans doute de modifier profondément les institutions en s’émancipant en premier lieu du système électoral actuel, véritable poison antidémocratique.
Devoir convaincre les citoyens de remettre leur pouvoir entre les mains d’élus coûtera nécessairement des sommes d’argent colossales. Il existe certes des financements publics pour les campagnes, mais ils maintiennent en grande partie l’ordre établi puisqu’ils dépendent des résultats des formations en lice.
Les partis sous influence
Le fait que les partis politiques soient autant dépendants de leurs résultats d’un point de vue financier représente déjà un immense problème concernant la sincérité de leur comportement et du scrutin. Certains aspireront ainsi à sauver leur appareil ou leur poste plutôt que défendre le bien commun.
La professionnalisation des politiciens est d’ailleurs elle aussi une question épineuse de ce point de vue. Un élu qui cherche à conserver sa place n’agira sans doute pas de la même façon que quelqu’un qui serait limité à un seul mandat. De même, les indemnités et les avantages économiques très importants des gouvernants ont de quoi attirer des membres de la bourgeoisie vers ces positions.
En abaissant ces revenus, on aurait pourtant des élus plus proches du peuple d’un point de vue financier. Un procédé qui impliquerait cependant de raffermir de manière drastique la lutte contre la corruption, notamment en augmentant la transparence et les processus de contrôle.
La démocratie comme antidote ?
En définitive, ce sont bien des mécanismes démocratiques qui pourraient permettre de se libérer des forces de l’argent.
Le tirage au sort représenterait par exemple une solution intéressante. En confisquant le pouvoir aux élus et en le confiant à des citoyens qui n’auront mené aucune campagne, l’aspect pécuniaire aura nécessairement beaucoup moins d’influence. Lorsque l’on est choisi par le hasard, il est par ailleurs plus probable que l’on ne soit pas en quête d’un poste pour de mauvaises raisons, et notamment financières.
Évidemment, pour en arriver à un système efficace de ce point de vue, il faudrait également mieux sensibiliser l’ensemble de la population à la vie politique, mettre à terre les lobbies et surtout sortir les médias du monopole des milliardaires en imposant un réel pluralisme (la réduction du temps de travail serait aussi un prérequis pour donner aux gens les moyens de redevenir citoyens impliqués).
Des solutions qui nécessiteraient sans doute que l’État investisse dans des organismes de contrôle et que les citoyens puissent avoir leur mot à dire (RIC, conventions citoyennes, etc.) afin d’alléger la puissance des représentants. Un moindre mal pour s’écarter définitivement de ce modèle de financement qui empêche l’avènement d’une véritable démocratie.
– Simon Verdière
Image d’entête @Zdead____artist/Unsplash
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Étude : Vivre en bord de mer augmente l’espérance de vie
Lisa Guinot
Selon une récente étude américaine, vivre proche du littoral serait bénéfique pour notre santé, allant jusqu’à augmenter notre espérance de vie. Résumé. Le lieu où nous vivons peut avoir de nombreux impacts sur notre santé. En ville, nous sommes souvent piétons, mais confrontés à la pollution, la surpopulation, au manque de nature et au stress. […]
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Selon une récente étude américaine, vivre proche du littoral serait bénéfique pour notre santé, allant jusqu’à augmenter notre espérance de vie. Résumé.
Le lieu où nous vivons peut avoir de nombreux impacts sur notre santé. En ville, nous sommes souvent piétons, mais confrontés à la pollution, la surpopulation, au manque de nature et au stress. Tandis qu’en montagne ou en campagne, la vie est souvent plus paisible, moins anonyme et l’air plus pur, mais les distances y sont aussi plus contraignantes, isolent parfois et rendent davantage dépendants de la voiture. Or, qu’en est-il du bord de mer ?

L’eau et l’horizon : des vertus apaisantes
Selon une étude américaine menée par des chercheurs de l’université d’État de l’Ohio, publiée le 29 mai 2025 dans la revue Environmental Research, vivre au bord de la mer augmenterait notre espérance de vie.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont comparé la longévité des personnes qui vivent au bord de la mer à celle des habitants situés près des eaux intérieures comme les rivières, les lacs et les ruisseaux. Ces données ont été collectées entre 2010 et 2015 dans 66 263 secteurs des États-Unis. Les informations des chercheurs ont ensuite été complétées avec plusieurs autres sources nationales.
“La proximité des eaux côtières est positivement associée à l’espérance de vie”, ont affirmé les chercheurs de l’étude, d’après des propos rapportés par 20 Minutes.
Selon Fréquence Médicale, plusieurs critères ont été pris en compte pour mener cette étude, comme “la proximité avec les eaux côtières (à 0,20 ou 50 kilomètres), la présence d’eaux intérieures situées à moins de 10 ou 20 kilomètres carrés du lieu de vie, la pollution atmosphérique,les caractéristiques du terrain (relief, altitude, accessibilité…), les températures, la sécheresse, ou encore [et surtout] des données socio-économiques, comme les revenus et les informations démographiques”.
Les avantages de la vie en bord de mer
Mais alors pourquoi vit-on plus longtemps quand on est installé au bord de la mer ? Selon l’étude, ces habitants bénéficient d’un climat plus doux et sont moins victimes des températures extrêmes, des épisodes de sécheresse et des canicules.
La qualité de l’air est également meilleure au bord de la mer qu’en ville. Comme le précise Futura Sciences, l’air marin est plus riche en oxygène et moins chargé en dioxyde de carbone. Ainsi, il est plus pur que l’air urbain, qui contient beaucoup plus de polluants et de particules en suspension, nocifs pour notre santé.

Le bord de mer : un privilège de classe
Toutefois, cette étude précise que les personnes qui vivent en bord de mer ont généralement des revenus plus élevés. Or, selon une étude publiée par l’Insee en 2018, le niveau des revenus a une influence sur l’espérance de vie. En France, parmi les 5% des habitants les plus riches, l’espérance de vie des hommes à la naissance est estimée à 84,4 ans. A contrario, parmi les 5% d’habitants plus pauvres, l’espérance de vie est de 71,1 ans, soit un écart significatif de 13 ans.

Mais ce n’est pas tout. Les personnes qui vivent en bord de mer bénéficient d’infrastructures plus développées, notamment stimulés par la présence de tourisme et un paysage plus plat : un accès facilité aux loisirs et des transports plus accessibles. Cette mobilité leur permet ainsi de rejoindre plus facilement des pôles de soin et santé.
“Les habitants bénéficient d’un meilleur accès aux loisirs, comme les plages et les plans d’eau plus vastes, ainsi que d’une meilleure accessibilité aux transports grâce à un terrain plat et à des routes moins accidentées”, ont précisé les auteurs de l’étude.
Ainsi, bien que la mer améliore l’espérance de vie à travers des critères environnementaux, l’étude souligne que cet écosystème attire inversement des personnes dont la santé est déjà avantagée par le statut social. Autrement dit : le bord de mer préserve notre santé, mais les individus à la santé préservée sont attirés par le bord de mer.
Cette réalité questionne autant la détérioration irréversible de milieux naturels qui nous sont vitaux, que l’auto-perpétuation des privilèges de classe.
– Lisa Guinot
Photo d’entête LifeGuard @Unsplash
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L’IA générative : ultime bras armé de la désinformation
Maureen Damman
Les algorithmes génératifs choisissent à votre place le contenu que vous allez voir, mais ils servent aussi à générer directement de la désinformation. Point de vigilance. Avant les boomerstraps, il y avait déjà les deepfakes. Des d’anglicismes pour parler des dérives de l’Intelligence artificielle, souvent sous forme de fausses vidéos à caractères politiques. Discours d’Emmanuel […]
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Les algorithmes génératifs choisissent à votre place le contenu que vous allez voir, mais ils servent aussi à générer directement de la désinformation. Point de vigilance.
Avant les boomerstraps, il y avait déjà les deepfakes. Des d’anglicismes pour parler des dérives de l’Intelligence artificielle, souvent sous forme de fausses vidéos à caractères politiques.
Discours d’Emmanuel Macron annonçant sa démission, deepfake de l’ex-président américain Joe Biden conseillant aux électeurs de ne pas voter, ou faux comptes d’influenceurs… Le champ des possibles de ce nouvel outil n’est pas seulement fascinant, c’est une véritable menace à l’intégrité de l’information, déjà mise à mal par le monopole des médias par une poignée de milliardaires.
Les algorithmes génératifs : bras armé de la désinformation ?
« Ce n’est pas de la science-fiction, ça se passe en ce moment«
« Ce n’est pas de la science-fiction, ça se passe en ce moment« , prévient Lê Nguyên Hoang, spécialiste en éthique des Intelligences Artificielles (IA) dans une tribune pour TV5 monde.

L’Intelligence artificielle a fait exploser la capacité de manipulation de l’opinion publique, non seulement à travers les deepfakes de leaders politiques qu’on ne compte plus, mais aussi à travers le business juteux des faux comptes d’influenceurs, comme l’influenceuse virtuelle Lil Miquela sur Instagram et le compte TikTok d’Amandine Le Pen, une fausse nièce de Marine Le Pen.
Donald Trump, ouvrant toujours plus large la fenêtre d’Overton du populisme et du fascisme, est allé jusqu’à utiliser lui-même des images générées par IA de Taylor Swift et de ses fans à des fins politiques.
“Soyons rationnel, il faut croire en l’IA”
Il n’est pas rare d’entendre cette phrase au détour d’une conversation. Elle met en avant les mérites de l’IA dans le progrès et l’évolution de la civilisation humaine, comme dans la nouvelle de l’auteur de Science-Fiction Isaac Asimov La machine qui gagna la guerre, où toute décision et vérité sont émises par la superintelligence Multivac. Un moyen fantasmé d’atteindre le paroxysme de la servitude volontaire, concept de La Boétie décrivant notre tendance paradoxale à céder nos droits et pouvoirs à autrui – ici la machine – pour éviter le fardeau des choix politiques, au prix de notre liberté.
« 1,254 sites d’information et d’actualité générés par l’IA et gérés avec peu voire pas de supervision humaine »
En pratique toutefois, concéder notre confiance aveuglément est hautement risqué : une enquête de Newsguard a identifié à ce jour 1,254 sites d’information et d’actualité générés par l’IA et gérés avec peu voire pas de supervision humaine, incluant ainsi plus facilement de fausses informations.

L’IA ment mieux que l’humain
Pire, en plus d’être propice à faire circuler des fakenews de façon rapide et étendue, l’IA le fait plus efficacement que l’être humain. Une étude de l’Université de Zurich a montré que les faux tweets générés par GPT-3 étaient plus susceptibles d’être crus que ceux rédigés par des humains. Les participants étaient ainsi 3 % moins enclins à croire les faux tweets rédigés par des humains que ceux générés par GPT-328.
Les tweets contenant de fausses informations générés par GPT-3 étaient plus efficaces pour tromper les lecteurs que les tweets organiques contenant de la désinformation et les humains ne pouvaient pas distinguer de manière fiable entre les tweets créés par GPT-3 et ceux écrits par de vrais utilisateurs de Twitter, un peu comme un test de Turing inversé.
Et les géants de l’IA s’y sont mis à fond, créant des réseaux antagonistes génératifs (GAN), développés initialement par Ian Goodfellow, et permettant aujourd’hui de produire des deepfakes d’un réalisme saisissant. Ces vidéos truquées inondent les réseaux sociaux à une vitesse alarmante. L’exemple du deepfake de Barack Obama en 2018 déjà, visionné près de 3 millions de fois, illustre le potentiel destructeur de cette technologie.
IA génératives : guerre froide 3.0 ?
Évidemment, le conflit États-Unis-Russie-Chine vient ternir ce tableau déjà bien sombre : Le groupe russe Doppelganger, par exemple, déploie des techniques d’obscurcissement de texte pour contourner les systèmes de détection des deepfake utilisé par les réseaux sociaux. Or, comme l’affirme l’AFP, l’utilisation de l’IA dans les campagnes de propagande politique permet de produire un grand volume de contenu rapidement et de manière convaincante, rendant la désinformation plus difficile à détecter et à contrer.
L’IA contre l’IA : fausse bonne idée ?
Alors que les technologies d’IA générative continuent de progresser, la société doit urgemment trouver des moyens de distinguer le vrai du faux dans ce nouveau paysage informationnel. L’éducation aux médias et le développement de solutions technologiques robustes apparaissent plus que jamais comme des priorités pour préserver l’intégrité de notre espace informationnel.
Certains défendent ainsi la thèse suivante : il faut se servir de l’IA comme d’un bouclier high-tech contre la désinformation, avec des algorithmes de pointe, capables de disséquer le langage et de décortiquer les images en millisecondes, redéfinissent les frontières du fact-checking. « Nous assistons à une véritable révolution dans la vérification de l’information« , affirme le Dr. Elena Kovacs, directrice du Centre pour l’Intégrité Numérique, qui ajoute que « l’IA peut désormais détecter des nuances subtiles que l’œil humain pourrait manquer. »
Cependant, cette “avancée” soulève des interrogations. Le professeur Jean-Paul Durand, éthicien des médias, met en garde :
« Si l’IA est un outil puissant, elle ne doit pas remplacer le jugement humain. Le risque de créer une ‘bulle de filtrage’ algorithmique est réel.«
Mais n’y sommes-nous pas déjà, dans cette époque de scission entre les peuples à causes des bulles de filtrage ? Est-on en train de résoudre un problème par un problème ?
Sommet de l’IA : entre besoin de coopération et financements privés !
En attendant, il y a peu se déroulait le sommet de l’Intelligence artificielle du 6 au 11 février 2025 à Paris. À cette occasion d’ailleurs, le besoin d’une technologie plus frugale a été largement occulté. Pourtant, c’est également un enjeu majeur, puisque « Les centres de données (data centers) liés à l’IA et aux crypto-monnaies ont consommé près de 460 TWh (460×1012 Wh) d’électricité en 2022, soit environ 2% de la production mondiale. De nombreux experts s’accordent à dire que ce pourcentage aura vraisemblablement doublé d’ici 2026 ».
Tandis que Macron y présentait sa dernière levée de fonds “pour des projets de développement de l’IA ” : 109 milliards d’euros d’investissements, essentiellement étrangers – avec comme investisseurs l’Arabie saoudite – une table ronde spécifique a été consacrée à l’utilisation de l’IA pour “protéger les démocraties contre les cyberattaques et la manipulation de l’information”.
La CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a participé activement au sommet pour promouvoir une IA respectueuse des droits fondamentaux, en mettant l’accent sur la transparence et la protection des données.
“Les Big Tech [ndlr : les géants de la tech ou GAFAM] ont une grosse responsabilité sur ces sujets «
souligne la présidente du CNIL, Marie-Laure Denis, dont l’institution a publié en avril ses premières recommandations sur l’IA. Ces entreprises doivent être particulièrement transparentes au sujet des données qu’elles utilisent afin que les utilisateurs puissent avoir confiance.”
Sans surprise, le sommet a également exploré l’utilisation de l’IA elle-même comme outil de lutte contre la désinformation, notamment pour la détection automatisée des faux contenus et le fact-checking automatisé. L’importance de l’éducation aux médias et de la sensibilisation du public aux risques de la désinformation a été soulignée, mais rien de concret n’a été avancé.
Edgars Rinkevics, le président de la Lettonie, rappelle l’enjeu premier de cette réunion : “ Lors du prochain cycle d’élections, l’IA ne sera pas seulement utilisée pour créer des deepfakes, mais pour analyser des comportements politiques des citoyens.”.
Quant à Meredith Whittaker, présidente de Signal, qui milite pour les technologies open source, elle prend le contre-pied en demandant qui, dans la salle, a entendu parler de Recall, un programme développé par Microsoft, permettant de mémoriser l’activité d’un appareil en prenant des captures d’écran toutes les cinq secondes. Seules quelques mains se lèvent.
“ Nous avons désespérément besoin de davantage de coopération sur l’IA, assure Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, qui a lancé une plateforme sur le sujet. Nous faisons face chaque jour à de nouveaux risques, les gouvernements doivent travailler avec des plateformes de confiance, qui ont la connaissance de ces sujets, et nous avons besoin d’une gouvernance globale et cohérente qui cessent de nier le droit citoyen à une information rigoureuse.
À défaut d’en être là, et pendant que de grands journaux licencient leur rédaction au profit de l’IA, de nombreux médias indépendants (comme ici chez Mr Mondialisation) affirment des positions fortes et des lignes éditoriales de plus en plus claires contre l’usage de cet outil dans leur contenu journalistique, permettant a minima à l’internaute de s’abonner à un flux plus fiable d’information.
– Maureen Damman
Image d’entête @Budiey/Flickr
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ET pourquoi pas un aquarium sans poisson ?
Simon Verdiere
Concernés par le bien-être animal et les questions éthiques autour du commerce et de la possession de poissons, de multiples amateurs d’aquarium n’ont pour autant pas renoncé à leur passion. Comment ? Certains ont simplement décidé d’aménager leur bac uniquement avec des plantes aquatiques et des objets décoratifs. Découverte du bac Hollandais. Pour un nombre […]
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Concernés par le bien-être animal et les questions éthiques autour du commerce et de la possession de poissons, de multiples amateurs d’aquarium n’ont pour autant pas renoncé à leur passion. Comment ? Certains ont simplement décidé d’aménager leur bac uniquement avec des plantes aquatiques et des objets décoratifs. Découverte du bac Hollandais.
Pour un nombre croissant d’individus, en particulier les personnes véganes, il est devenu intolérable de garder des êtres sensibles prisonniers de quatre parois de verre. Toutefois, pour un effet apaisant et esthétique, certains d’entre eux apprécient de concevoir un aquarium uniquement avec des éléments ornementaux et des végétaux aquatiques, à l’instar de celles en pot que l’on retrouve dans la plupart des foyers.
Une sensibilité mésestimée
Pendant très longtemps, la sensibilité et l’intelligence des poissons et des animaux aquatiques en général ont largement été sous-estimées. Dans le langage populaire, on parle même d’une « mémoire de poisson rouge » alimentant le mythe que ces animaux n’auraient que quelques secondes de souvenirs.
Une croyance pourtant infondée, démentie par les études, puisque ces créatures ont en réalité besoin de se rappeler certaines choses, essentielles à leur survie.
Toujours est-il que l’empathie envers les poissons a depuis longtemps été bien inférieure à celle pour les bêtes plus proches de nous comme les mammifères. Ainsi, sur les 2050 milliards d’animaux abattus par l’être humain chaque année, pas moins de 96 % étaient issus de la faune aquatique. Et pourtant, même s’ils ne sont pas capables d’émettre des cris comme de nombreuses espèces terrestres, diverses études ont bien démontré qu’ils ressentaient la souffrance.
Le bonheur est dans la liberté
Or, la vie en captivité pour une espèce sauvage n’a rien d’un paradis. Si certains s’imaginent les protéger de leurs prédateurs naturels, ils les privent surtout de leur liberté. Une existence plus courte au sein de son habitat d’origine sera toujours plus profitable que des années de souffrance en enfermement.
De fait, dans un aquarium, un poisson est exposé à un nombre incalculable de risques qui peuvent nuire à son bien être : température inappropriée, manque d’espace, mauvais régime alimentaire, absence d’atmosphère convenable, comportements agressifs entre poissons causés par le stress, bruits dans la maison, présence de l’être humain, etc.
Des besoins presque impossibles à satisfaire
En définitive, il est extrêmement compliqué d’offrir à l’animal toutes les choses dont il a réellement besoin. Il ne faut pas non plus confondre la capacité de celui-ci à survivre dans un milieu et le fait de s’y trouver à l’aise. La privation d’interaction avec un environnement varié ne pourra par exemple jamais être palliée dans un bac.
« La palme de la torture revient sans aucun doute au traditionnel bocal rond »
La palme de la torture revient sans aucun doute au traditionnel bocal rond que certains tentent d’ailleurs de faire interdire. En plus d’un espace beaucoup trop petit qui engendre une eau polluée et une difficulté à se mouvoir, ce genre de contenant déforme la vision des poissons ce qui leur provoque un stress intense.
Des méthodes de capture parfois très discutables
Par ailleurs, beaucoup de poissons vendus dans le commerce (soulignant notre rapport à l’animal comme un produit de consommation) proviennent d’un milieu naturel d’où ils ont été prélevés.
En plus de l’épreuve supplémentaire engendrée par le passage d’une zone sauvage à la captivité, ce sont aussi les méthodes de capture qui peuvent fortement être interrogées. Comme l’explique Animal Ethics, on utilise parfois une mixture de cyanure de sodium pour paralyser les animaux et les saisir facilement.
Aux Philippines, entre 70 et 90 % des poissons sont ainsi arrachés à leur environnement de cette manière. Or, en plus de faire souffrir l’animal concerné – ce qui entraîne même la mort dans 75 % des cas –, ce produit pollue et cause des dégâts sur toute la faune locale. Et parmi les survivants, beaucoup d’autres ne réchapperont pas au transport et au stress engendré par tout le processus de « livraison ».
Objectification des animaux
En outre, bien qu’il existe des poissons sourcés ou élevés en captivité, reste qu’en gardant enfermés des animaux dans un aquarium ou dans une cage, on leur retire non seulement leur liberté, mais on va parfois jusqu’à nier leur essence d’être sentient. C’est particulièrement vrai pour les poissons qui ne sont alors plus réellement perçus comme des êtres vivants, mais plutôt comme des objets décoratifs. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les plus « populaires » dans les bacs sont les plus colorés, comme le célèbre poisson rouge.
Pour certains, les observer peut même avoir un effet thérapeutique, ce qui permet paradoxalement de lutter contre le stress. Néanmoins, dans cette optique, il convient de mettre en doute notre rapport unilateral à ces animaux qui sont exploités à notre profit et à leur total détriment.
Bien sûr, on pourrait alors se demander dans quelle mesure adopter un chien ou un chat serait moins problématique ? Et en effet, la vie de ces animaux n’est pas toujours idéale. Toutefois, ils sont au moins domestiqués et trouvent donc un intérêt relatif à vivre aux côtés des humains, contrairement aux poissons. Hormis les cas marginaux d’aquariums professionnels à visée de préservation ou scientifique, très encadrés, la majorité des bacs, aussi bienveillants soient leur propriétaires, ne sont pas bénéfiques à ces animaux aquatiques.
Pour rappel, les aquariums privés sont encore très répandus en France. Une enquête du Guichet du Savoir, citant les données de 2016, indique que 10,1 % des foyers possédaient au moins un poisson. Cela représente au moins 2,9 millions d’aquariums privés. Soit une réalité populaire qui ne s’arrêt pas à quelqus passionnés responsables.
Vers une révolution de l’aquariophilie ?
Face à ce constat, faut-il renoncer au caractère apaisant et esthétique des aquariums pour autant ? Pas forcément. De plus en plus d’individus se lancent en effet dans la conception de bacs sans poisson.
Ici, les stars du bassin ne sont plus des animaux condamnés à tourner en rond, mais des végétaux aquatiques. Comme certains ont des plantes en pot, d’autres en cultivent dans l’eau. Il reste aussi possible d’ajouter des décors minéraux pour créer un véritable paysage sous-marin.
Un système quasiment indépendant
Si l’on sait s’y prendre, un aquarium sans poisson offre également l’avantage de demander beaucoup moins d’entretien et d’investissement financier. Il sera tout de même nécessaire de vérifier la qualité de l’eau, tailler quelques fois les plantes et les fertiliser. Mais la plupart du temps, avec quelques bons conseils, il sera bien plus simple à surveiller qu’un aquarium avec poissons.
Ces aquariums verdoyants, que l’on associe souvent à l’aquascaping (le fait d’allier art et nature aquatique), sont aussi régulièrement liés aux « bacs hollandais », un style bien particulier d’aquarium, très largement basé sur les végétaux et parfois dépourvu de poissons.
Une multitude de possibilités
Quoi qu’il en soit, avec cette façon de faire, où l’esthétique n’est plus basée sur des animaux, mais bien sur des plantes et des pièces ornementales, naturelles ou artificielles, les possibilités sont presque infinies et les styles très nombreux. Certains vont même jusqu’à construire de véritables décors dignes d’un film à l’instar des maquettes ou des dioramas.
Bien constitué, un aquarium peut donc représenter un très bel ouvrage dont l’univers aquatique reste bénéfique, y compris en se passant de poissons et autres animaux qui seront beaucoup plus à leur place dans leur écosystème.
– Simon Verdière
Image : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Iwagumi_Scape.jpg
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Chasseur VS chat : qui bousille vraiment la biodiversité ?
Mr M.
Face aux accusations anti-chasse, les chasseurs renvoient parfois à un argument qui peut surprendre : l’impact de nos animaux domestiques sur leur environnement, notamment les chats, qui serait bien plus préoccupant. Mais ce whataboutisme est-il fondé ? Comparaison. La question du pire impact sur la biodiversité entre les chasseurs et les animaux domestiques suscite des […]
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Face aux accusations anti-chasse, les chasseurs renvoient parfois à un argument qui peut surprendre : l’impact de nos animaux domestiques sur leur environnement, notamment les chats, qui serait bien plus préoccupant. Mais ce whataboutisme est-il fondé ? Comparaison.
La question du pire impact sur la biodiversité entre les chasseurs et les animaux domestiques suscite des débats passionnés, alimentés par des chiffres, des études scientifiques et des témoignages contrastés selon le bord.
En effet, de nombreux sites de chasse en ont fait leur cheval de bataille : Chassons.com titre en 2023 « Les chats domestiques, tueurs de masse de la biodiversité », Chasse Passion publie en 2024 « Quand le chat part à la chasse, c’est rarement pour rien », quant à Willy Schraen, président de la Fédération nationale des Chasseurs (FNC), il clamait haut et fort en 2020 son « problème avec les chats », pour lesquels il allait « falloir trouver une solution ».
Mais alors qui, des chasseurs ou des animaux domestiques, portent factuellement la plus lourde responsabilité dans l’érosion de la biodiversité française et mondiale ? Verdict.
Les animaux domestiques : un impact insidieux mais massif

En France, une étude de science participative menée par le Muséum national d’Histoire naturelle et la SFEPM relate des chiffres alarmants : entre 2015 et 2022, 5 048 chats de compagnie ont rapporté 36 568 proies, soit une moyenne de 27 proies par chat et par an, dont environ 68 % de petits mammifères et 21–22 % d’oiseaux.
La LPO (la ligue de protection des oiseaux) estime ainsi à 75 millions le nombre d’oiseaux tués par des chats en une année en France. Chiffre qui ne sort pas d’un chapeau, à l’inverse de celui annoncé sur le site Le Chasseur Français, évoquant “800 millions d’oiseaux croqués” par les chats chaque année.
Toutefois, dans certains contextes (notamment urbains), il n’est pas la cause principale du déclin des oiseaux. D’autres menaces qui ne sont ni imputables aux chasseurs, ni aux animaux domestiques, jouent un rôle central, comme la perte d’habitat, la pollution de l’air et lumineuse, les pesticides ou la raréfaction des insectes.
Les animaux domestiques à l’échelle mondiale
Un article paru dans Reporterre fait état d’une étude australienne, décrivant également les chiens comme les grands carnivores les plus répandus au monde et considérés comme une vraie menace environnementale « importante et multiforme ». Comme l’indique le professeur Bill Bateman, principal auteur de l’étude :
« Outre leur comportement prédateur vis-à-vis des animaux sauvages, les chiens laissent des odeurs, de l’urine et des excréments qui peuvent perturber le comportement des autres animaux longtemps après leur départ »
Selon France Nature Environnement, une étude américaine de 2013 publiée dans Nature Communications estime que les chats tuent chaque année aux États-Unis entre 1 et 4 milliards d’oiseaux et entre 6 et 22 milliards de petits mammifères. Ce sont surtout les chats errants ou harets (redevenus libres) qui sont responsables de la majorité de cette prédation.
« D’après une étude de 2023, chats et chiens sont identifiés comme des espèces invasives majeures »
Ainsi, chats et chiens sont identifiés comme des espèces invasives majeures d’après une étude parue dans le journal scientifique Nature Communications en 2023. Les premiers étant déjà responsables de l’extinction de 63 espèces (principalement des oiseaux), 21 espèces de mammifères et 2 espèces de reptiles. Les seconds, selon un article dans The Conversation et selon les chiffres de l’UICN, sont quant à eux directement responsables de l’extinction de 11 espèces et menacent actuellement près de 188 autres espèces dans le monde.
Autres impacts sur la biodiversité
Chats et chiens peuvent être vecteurs de maladies pour la faune sauvage, contribuant à la fragilisation des populations locales, comme c’est le cas en Ethiopie, où les chiens menacent directement les loups d’Ethiopie par la transmission de maladies. Sans compter qu’ils peuvent tous deux détruire des habitats (terriers, nids, etc.) et modifier les territoires, ce qui perturbe davantage les écosystèmes locaux.
D’ailleurs, l’impact est particulièrement fort sur les îles (où la faune n’est pas adaptée à ces prédateurs) et dans les villes où les animaux domestiques sont nombreux.
Impact par ricocher, comme on peut le lire dans Il est temps de manger le chien, de Brenda et Robert Vale, l’énorme consommation de viande d’un chien de taille moyenne avait un impact sur la planète deux fois supérieur à celui d’un SUV conduit sur 10.000 km, selon une reprise de l’AFP.
Un portrait peu glorieux de nos animaux de compagnie préférés. Le fléau étant bien évidemment leur sur-nombre et non leur existence, alimenté par un marché inconscient et irresponsable qui nuit également à leur bien-être (abandons, maltraitance, épuisement en élevage,…)
Si toutefois ces chiffres peuvent donner l’envie de protéger la biodiversité des griffes des animaux domestiques, il n’en est rien comparé aux menaces de la chasse.
Chasseurs : faux gestionnaires de la biodiversité, vrais destructeurs ?

Si certains chasseurs sont peut-être les témoins conscients des changements liés aux dérèglements climatiques, et prennent parfois le temps de gérer certains espaces verts en milieux ruraux, il faut rappeler qu’ils sont majoritairement urbains. Le mythe du chasseur rural est infondé, mais sert encore à redorer l’image de la FNC (Fédération nationale des chasseurs) et de ses représentants comme Willy Schraen.
S’il n’existe pas de données officielles sur le nombre d’animaux tués, un article de 30 millions d’amis exprime: “ Ces calculs, basés sur les données de référence de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (devenu aujourd’hui l’OFB), coïncident avec les « 22 millions d’animaux tués chaque année », annoncés par l’OFB dans une enquête publiée en 2019 (portant uniquement sur la chasse à tir).”
Or, comme l’enquête l’explique, ces données sont restreintes à la chasse à tir. Quid des blaireaux, déterrés et tués à l’arme blanche, ou des ongulés tués par les chiens de chasse, achevés au couteau, entre autres, ou encore des portées de renards tuées dans leurs terriers parce que “nuisibles”. En effet, les renards représentent par exemple pas moins d’un demi-million de spécimens chassés par an.
Ces chiffres n’incluent pas non plus le braconnage, ni même les animaux dits domestiques utilisés comme appâts, élevés pour la chasse, comme les chiens de chasse tués et maltraités, ou encore les animaux humains – chasseurs ou non.
La chasse : des chiffres opaques mais un spectre large d’animaux visés
En effet, chaque année, environ 20 millions d’animaux sont élevés en captivité puis relâchés pour servir de gibier en France, dont 14 millions de faisans et 5 millions de perdrix. Ces animaux, souvent élevés dans des conditions déplorables (cages exiguës, mutilations), sont généralement abattus rapidement après leur lâcher. Rien qu’à eux, ils représentent une part considérable du nombre total d’animaux tués par la chasse.
Bien qu’il ne soit pas comptabilisé dans la “biodiversité”, on ne se demande pas si les chiens et chats sont victimes de la chasse : la réponse est oui, comme le montrent de nombreux faits divers. Des animaux domestiques (chiens, chats, animaux d’élevage) sont victimes de tirs « accidentels » ou d’attaques de chiens de chasse, mais là encore, il n’existe pas de comptage officiel, même si la presse rapporte régulièrement de tels incidents.
Quant aux chiens de chasse, ils sont en effet fréquemment blessés ou tués lors des battues : par les animaux chassés qui se défendent, par des accidents de tir, ou encore par les dangers du terrain (ronces, taillis, etc.). Il n’existe aucune statistique officielle de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) sur cette réalité, mais les témoignages rappellent que le phénomène est loin d’être anecdotique. Ce sont également, après la saison, le troisième type de chiens le plus abandonné en France.
L’ampleur totale de la mortalité animale liée à la chasse est donc bien supérieure aux seuls prélèvements de gibier déclarés.
Zoom sur le braconnage
Les chasseurs s’en défendront, la chasse n’est pas le braconnage. Mais si aucune distinction n’a été faite entre les chats domestiques ou errants pour quantifier leurs dégâts, le braconnage doit être inclus dans l’analyse globale de l’impact de la chasse. D’autant plus que la limite est floue, puisque le respect de la réglementation dans ce domaine est peu surveillé.
Le braconnage, c’est-à-dire la chasse illégale d’espèces protégées ou en dehors des périodes autorisées, compromet la survie de nombreux animaux, notamment les grands carnivores comme l’ours, le lynx ou le loup, mais aussi des oiseaux, reptiles et poissons. Par exemple, en France, près de 2 millions d’oiseaux, dont de nombreux passereaux protégés, sont braconnés chaque année selon Conservation-Nature.
Le braconnage est aussi responsable de la raréfaction ou de la disparition d’espèces emblématiques comme le bouquetin des Pyrénées ou la civelle. Les chiffres du braconnage sont difficiles à établir précisément, car cette activité est clandestine et souvent sous-estimée dans les bilans officiels. Selon l’association Ferus, pour le loup, un rapport suggère entre 15 et 20 % de braconnage en France.
Les chiffres de la chasse et du braconnage à l’échelle mondiale
Malheureusement, il n’existe pas de chiffres sur la chasse à l’échelle mondiale, mais l’on retient quand même, à titre de comparaison, que la France autorise 87 à 91 espèces chassables (oiseaux et mammifères confondus), un record en Europe. Par ailleurs, en 2020, 31 espèces chassables sur 82 en France étaient menacées ou quasi-menacées. Les chiffres du braconnage mondial sont colossaux et concernent une grande diversité d’espèces.
Selon les données les plus récentes et les synthèses d’organisations internationales : hors de notre périmètre d’étude, environ 600 millions de requins et poissons tropicaux sont tués chaque année par braconnage, 56 millions d’animaux à fourrure (comme les visons, renards, etc.) sont victimes du braconnage chaque année, 6 millions d’oiseaux sont tués annuellement, 2 millions de reptiles (principalement pour le commerce de peaux) et 30 000 primates sont braconnés chaque année. De même, plus de 100 000 pangolins sont capturés annuellement, ce qui en fait le mammifère le plus braconné au monde (sources : wwf, national geographic).
L’effet papillon de la chasse
Chaque année, les chasseurs français dispersent entre 6 000 et 8 000 tonnes de plomb dans la nature, principalement via les cartouches de chasse. En Europe, ce chiffre grimpe à 21 000 tonnes, et jusqu’à 30 000 à 40 000 tonnes selon l’Agence européenne des produits chimiques.
Le plomb est un métal lourd extrêmement toxique : il provoque le saturnisme chez de nombreux oiseaux (notamment les anatidés qui ingèrent les billes de plomb en fouillant les sédiments), contamine les sols, les eaux et peut remonter dans la chaîne alimentaire jusqu’à l’humain. Cette mortalité par contamination n’est pas comptabilisée dans les chiffres.
Outre le plomb, la chasse dissémine chaque année des millions de cartouches et de douilles en plastique et en métal dans les milieux naturels, accentuant la pollution des sols et des habitats.
La dispersion du plomb expose aussi les chasseurs eux-mêmes et leurs familles : on estime que 14 millions de personnes en Europe, dont 1 million d’enfants, sont exposés au plomb via la chasse, soit par contact direct, soit par consommation de gibier contaminé. (Face à ces constats, une transition vers des munitions sans plomb est en cours, mais leur adoption reste limitée malgré l’existence de substituts efficaces (acier, bismuth, tungstène).
L’agrainage est également un problème pour les écosystèmes. L’agrainage, c’est-à-dire l’épandage de maïs pour attirer les sangliers et limiter les dégâts agricoles, a des conséquences écologiques souvent contre-productives. Il favorise la surpopulation de sangliers en perturbant les cycles naturels, dégrade les habitats, affecte la flore, la faune terrestre, et fragmente les territoires.
Enfin, la fabrication des armes de chasse, des munitions et des accessoires implique l’extraction de métaux, la consommation d’énergie et la production de déchets industriels, contribuant indirectement à la pression sur les ressources naturelles et à la pollution. Bien que moins quantifié, cet impact fait partie du bilan écologique global de la chasse, tout comme les très nombreux déplacements des chasseurs pour aller « prélever ».
L’argument de la régulation
Aux arguments de régulation qui contrediraient l’impact négatif sur les animaux : les arguments en faveur de la chasse comme outil de gestion de la biodiversité sont aujourd’hui remis en question par de nombreux experts et associations.
La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et le Conseil d’État rappellent que l’efficacité de l’élimination d’espèces classées « nuisibles » n’est pas démontrée. Les dégâts imputés à la faune sauvage sont rarement établis avec précision, et la régulation létale n’évalue pas l’impact sur l’état de conservation des espèces ni leur rôle écologique.
De plus, la chasse, surtout lorsqu’elle est pratiquée en dehors des périodes naturelles de régulation, peut déranger la faune en pleine période de reproduction et nuire à la dynamique des populations.
Le cas du loup

Des études menées en France et en Europe démontrent que le retour du loup a un impact positif en cascade sur l’ensemble de l’écosystème :
- Selon WWF, en régulant les populations d’ongulés (cerfs, chevreuils, sangliers), le loup favorise la régénération des forêts, la croissance des jeunes arbres et la diversification des habitats, ce qui profite à de nombreuses espèces animales et végétales, y compris des espèces rares ou menacées.
- La présence du loup limite la surabondance d’herbivores, réduit la pression sur la végétation et contribue à la santé globale des populations d’ongulés, car -contrairement au chasseur – il prélève en priorité les individus faibles, malades ou âgés.
- Le loup a aussi un effet indirect : il régule les populations de « méso-prédateurs » (renards, martres), ce qui permet à de petits animaux, comme les oiseaux forestiers, de prospérer.
- Enfin, la présence du loup peut réduire les accidents de la route impliquant des ongulés, générant des bénéfices économiques pour la société.
Les recherches actuelles et les retours d’expérience en France et ailleurs en Europe montrent donc que la coexistence avec les prédateurs naturels, comme le loup, est une solution plus durable et bénéfique pour la biodiversité que la régulation artificielle par la chasse.
Or, la chasse n’étant pas un régulateur positif, il est raisonnable de qualifier son impact sur la biodiversité de fléau global et incomparable qui – contrairement au cas des chats – ne se limite pas seulement aux oiseaux ou à la petite faune.
En outre, les défenseurs des animaux et les écologistes sont formels : une cause n’empêche pas l’autre et les stratégies d’homme de paille ne fonctionnent pas. Le respect des vies animales et de leur équilibre étant une priorité, les associations œuvrent autant pour la stérilisation des chats et la régulation des adoptions que contre l’ampleur de la problématique cynégétique en France.
– Maureen Damman
Image d’entête de gauche à droite @Sebastian Pociecha/Unsplash & @katerinavulcova/Pixabay
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Gypaètes, paludisme et neutralité carbone : les 10 bonnes nouvelles de la semaine
Maureen Damman
Vous n’avez pas eu le temps de lire l’actu ? Voici notre top 10 des bonnes nouvelles de la semaine. 1. Gypaètes barbus, le grand retour ! Trois gypaètes barbus ont été réintroduits en Bulgarie, marquant le retour de cette espèce disparue depuis plus de 50 ans dans les environs. Le projet s’inscrit dans un […]
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Vous n’avez pas eu le temps de lire l’actu ? Voici notre top 10 des bonnes nouvelles de la semaine.
1. Gypaètes barbus, le grand retour !
Trois gypaètes barbus ont été réintroduits en Bulgarie, marquant le retour de cette espèce disparue depuis plus de 50 ans dans les environs. Le projet s’inscrit dans un programme européen de conservation de cette espèce rare de vautour. (Euronews)
2. Record de naissances pour les cigognes blanches
Le Danemark enregistre un nombre record de naissances de cigognes blanches en 2024-2025, avec environ 84 nouveau-nés, un sommet historique depuis le XXe siècle. (Reuters)
3. Droits spécifiques pour les dauphins
Après une mobilisation locale près des côtes de Jeju en Corée du Sud, une proposition de loi visant à reconnaître des droits spécifiques aux dauphins a été discutée, une première mondiale. On attend le résultat avec impatience. (Science&vie)
4. Moins d’insécurité alimentaire au Brésil
Selon la FAO, entre 20 et 28 millions de Brésiliens ont quitté l’insécurité alimentaire entre 2022 et 2024, marquant une nette amélioration de l’accès à l’alimentation. (Le Monde)
5. Un pays de moins pour le paludisme !
Le Timor-Leste a été officiellement certifié exempt de transmission locale de paludisme par l’OMS. (WHO)
6. Piéger les cornes des rhinocéros
L’université de Witwatersrand en Afrique du Sud a lancé un projet d’injection d’isotopes radioactifs dans les cornes de rhinocéros pour lutter contre le braconnage. (L’actualité)
7. Un vaccin sans aiguille
Des chercheurs ont testé avec succès une méthode de vaccination sans aiguille utilisant un fil dentaire pour l’administration sous-cutanée, résultats obtenus en 2024. (Slate)
8. Neutralité carbone au Vatican
En 2025, un accord entre le Vatican et l’Italie prévoit l’installation de fermes solaires, le Vatican visant ainsi la neutralité carbone avant 2030. (Euronews)
9. L’ordre des médecins contre la loi Duplomb
Le Conseil national de l’Ordre des médecins prend position contre la loi Duplomb, parce que « sur le plan médical, le doute n’est pas raisonnable« , selon l’Ordre. (Francebleu)
10. 23 pesticides contenant des PFAS interdits
En 2024, le Danemark a interdit 23 pesticides contenant des PFAS afin de protéger la qualité de l’eau potable. (LRELP)
– Maureen Damman
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