20.05.2025 à 06:00
Ces pays riches qui détruisent la biodiversité des pays du Sud
Mr M.
D’après une nouvelle étude publiée dans la revue Nature, les pays les plus riches « exportent l’extinction » des espèces sauvages en détruisant 15 fois plus de biodiversité à l’échelle internationale qu’à l’intérieur de leurs propres frontières. En cause : la consommation élevée de bœuf, d’huile de palme, de soja ou encore de bois, des […]
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D’après une nouvelle étude publiée dans la revue Nature, les pays les plus riches « exportent l’extinction » des espèces sauvages en détruisant 15 fois plus de biodiversité à l’échelle internationale qu’à l’intérieur de leurs propres frontières. En cause : la consommation élevée de bœuf, d’huile de palme, de soja ou encore de bois, des produits responsables d’une grande partie de la déforestation à travers le globe et notamment dans les « points chauds » de la biodiversité.
Le déclin de la biodiversité s’est accéléré à un « rythme alarmant » au cours des dernières décennies, préviennent les auteurs d’une nouvelle étude parue le 12 février 2025 dans la revue scientifique Nature. La destruction des habitats des espèces sauvages, notamment des environnements forestiers, en est la principale explication. Ainsi, le défrichement des terres permettant la récolte de bois ou destinées à de nouveaux espaces de culture agricole s’intensifie et réduit considérablement l’espace disponible pour la faune sauvage.

Extinction exportée
« Si les pays dégradent souvent les écosystèmes à l’intérieur de leurs frontières par ces activités, ils jouent également un rôle important dans la perte d’habitats à l’étranger en délocalisant la production agricole, c’est-à-dire en important des aliments ou du bois d’autres pays, ce qui conduit ces derniers à détruire leurs forêts pour produire les produits d’exportation », détaille l’équipe de chercheurs de l’Université de Princeton (Etats-Unis) dans un communiqué.
Pour la première fois, l’étude révèle que les pays à revenu élevé sont responsables de 13 % de la perte d’habitat forestier à l’échelle mondiale, en dehors de leurs territoires nationaux, dont 3% uniquement pour les États-Unis. Plus loin dans le classement, l’Allemagne, la France, le Japon et la Chine sont désignés comme principaux contributeurs de cette « extinction exportée ».
Une première mondiale
Au total, grâce à l’examen des impacts de 24 pays sur 7 593 espèces d’oiseaux, de mammifères et de reptiles dépendants des forêts, les scientifiques identifient les « points chauds » de perte grave de biodiversité et quantifient la proportion de la perte d’habitat de chaque espèce qui peut être attribuée aux importations de chaque pays développé.
« Il a toujours été difficile de déterminer l’impact des pays sur l’environnement en dehors de leurs frontières », explique l’auteur principal de l’étude, Alex Wiebe, doctorant au département d’écologie et de biologie évolutive.
« En combinant l’imagerie satellite avec des données économiques et sur la biodiversité, nous sommes désormais capables de cartographier précisément les endroits où les pays ont un impact sur les espèces sauvages à travers le monde ».
Les États-Unis, qui ont causé la plus grande destruction en dehors de leurs frontières, ont l’impact le plus significatif en Amérique centrale, tandis que la Chine et le Japon ont une influence plus importante sur les forêts tropicales d’Asie du Sud-Est, notamment en Indonésie.
Sans surprise, d’autres régions, comme à Madagascar ou au Brésil, sont particulièrement touchées par la déforestation. Si la plupart des pays étudiés affectent directement les espaces riches en biodiversité des régions voisines, « dans quelques cas, les pays développés ont également infligé des dommages disproportionnés dans des pays éloignés ».
Finalement, « en important de la nourriture et du bois, ces pays développés exportent en réalité l’extinction de la biodiversité », résume David Wilcove, co-auteur de l’étude et professeur d’écologie, de biologie évolutive et d’affaires publiques.
Espèces menacées en danger
Les résultats de leur recherche ont également mis en évidence les effets néfastes du commerce international sur les espèces menacées. Selon l’étude, 25 % des espèces en danger critique d’extinction ont vu plus de la moitié de leur aire de répartition disparaître à cause de la consommation internationale au cours de la période étudiée.
« En externalisant de plus en plus l’utilisation de leurs terres, les pays affectent les espèces dans le monde entier, plus encore qu’à l’intérieur de leurs propres frontières », explique Alexis Wiebe, qui espère un sursaut des consciences.
Alors que la plupart des pays occidentaux, et notamment l’Europe, multiplient les aires protégées sur leur territoire et font figure de « bons élèves » pour le climat, notre consommation élevée de boeuf, d’huile de palme, de soja ou de bois conduit inévitablement à la déforestation d’espaces sauvages dans d’autres régions du globe.

Soumis aux règles impitoyables du marché mondial, les pays les plus pauvres se voient contraints d’abandonner des espaces riches en biodiversité pour répondre à une demande insatiable des consommateurs les plus privilégiés. En outre, ils ne disposent pas toujours des ressources nécessaires pour la protection des écosystèmes ou leur restauration lorsqu’ils ont déjà été dégradés.
Contributions inégales
Pourtant, lors des négociations entourant l’action environnementale, les États les plus riches rechignent continuellement à débloquer les fonds nécessaires à la protection et la restauration des écosystèmes, niant leur contribution profonde dans la crise de la biodiversité et le changement climatique.
En octobre 2024, la communauté internationale réunie à Cali, en Colombie, n’était pas parvenue à un accord financier lors du sommet mondial pour la biodiversité (COP16). Depuis lors, les 154 pays présents autour de la table semblent avoir trouvé un terrain d’entente pour distribuer de façon plus égalitaire les fonds nécessaires, après plusieurs jours de négociation à Rome.
À ce titre, David Wilcove souligne la nécessité d’une collaboration entre les pays importateurs et exportateurs afin de faire progresser la conservation des habitats et garantir des pratiques commerciales plus durables. « Le commerce mondial des denrées alimentaires et du bois ne va pas s’arrêter », souligne le co-auteur.
« Ce qui est important, c’est que les pays importateurs reconnaissent les impacts environnementaux de ce commerce sur les pays exportateurs et qu’ils collaborent avec ces derniers pour réduire leurs impacts. Toutes les nations ont intérêt à promouvoir la protection des habitats et l’agriculture durable, car la biodiversité profite à tous. »
– Lou Aendekerk
Photo de couverture de Elena Jiang sur Unsplash
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Contre l’isolement social, un infirmier photographie et tend le micro
Mr Mondialisation
En 2025, 1 français sur 8 de plus de 15 ans vit à l’écart des autres, avec peu ou pas de liens sociaux. Cette réalité touche d’autant plus les foyers à faibles revenus, où l’on recense 17 % de personnes isolées, contre seulement 7 % chez les plus favorisés. Par ailleurs, un français sur quatre […]
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En 2025, 1 français sur 8 de plus de 15 ans vit à l’écart des autres, avec peu ou pas de liens sociaux. Cette réalité touche d’autant plus les foyers à faibles revenus, où l’on recense 17 % de personnes isolées, contre seulement 7 % chez les plus favorisés. Par ailleurs, un français sur quatre affirme se sentir régulièrement seul, un sentiment qui affecte davantage les personnes au chômage (44 %) que les actifs occupés (23 %). Pour beaucoup, cette solitude est douloureuse : ils sont plus de 8 sur 10 à déclarer en souffrir selon le dernier rapport de la Fondation de France.
Le ressenti d’abandon ou d’exclusion reste courant, comme en témoignent 33 % des sondés. Pour Yann Lasnier, délégué général des Petits Frères des Pauvres :
« de nombreuses personnes ont fini par considérer comme une normalité le fait d’être marginalisées et ignorées dans notre société, au point de ne plus s’attendre à recevoir de reconnaissance ou d’attention de la part des autres ».
Certains territoires favorisent l’isolement et la solitude. C’est le cas de certaines zones rurales, économiquement fragilisées par la désinstrualisation, le chômage, le manque de transport et de services au quotidien. Certains lieux urbains sont aussi particulièrement concernés, comme les quartiers prioritaires.

À Poitiers, le quartier de Beaulieu arbitre un peu plus de 2000 âmes, dont plus de la moitié vit sous le seuil de pauvreté. Pendant deux ans et demi, Romain Rossard, y a travaillé en tant qu’infirmier à domicile et a été témoin de la précarité et de l’isolement de beaucoup de ses patients. Avec Agathe Gallo, journaliste du média Quartier Libre, ce passionné de photographie propose un reportage photo et podcast qui met en lumière l’histoire, la résilience et les aspirations de ces Oublié.e.s.
À travers ce projet, Romain Rossard et Agathe Gallo entendent sensibiliser à l’isolement social au-delà des clichés et alertent sur l’importance du lien et du sens de la communauté au sein de notre société. Interview.
Mr Mondialisation : En tant qu’infirmier à domicile, à quel moment avez-vous pris conscience que l’isolement social que vous observiez devait être documenté et rendu visible ?
Romain Rossard : Les patients qui ont participé à ce projet souffrent tous de précarité sociale et vivent dans un quartier populaire. Certains n’ont pas d’autres liens que les soignants, les rapports familiaux et amicaux ont été rompus. Pour d’autres, quelques contacts familiaux ou amicaux subsistent. Je crois qu’il est important de préciser que l’isolement a aussi une dimension morale. Les difficultés du quotidien prennent parfois tant de place qu’elles conduisent à une grande solitude et à l’isolement.
Je me suis très vite rendu compte que la réalité que je côtoyais était invisible de la plupart des gens. Il me suffisait de raconter mon quotidien à mes amis et de voir leur réaction pour comprendre que le monde où je travaillais était invisible.
À force de travailler auprès des mêmes personnes, de leur rendre visite pour certains deux à trois fois par jour, une relation de confiance réciproque s’est installée. Avec le temps, ils m’ont raconté leur vie, par petit bout. Ces histoires sont toutes bouleversantes. Mais bien que de l’extérieur, leur vie quotidienne puisse paraître triste, tous font preuve d’une grande capacité de résilience. J’ai été très touché par tout ce que nous avons partagé, eux et moi, et je me suis senti très vite comme une sorte de témoin privilégié de ces vies invisibles.
C’est ce que j’ai voulu photographier, l’énergie de mes patients cabossés par la vie qui vivent dans ces situations de précarité sociale. En fait c’est une sorte d’hommage que je voulais leur rendre, en les valorisant, en mettant en avant leur dignité et leur grande vitalité et surtout sans aucune forme de misérabilisme. C’est un projet qui n’aurait pas pu voir le jour sans une relation de confiance solide, réciproque et horizontale. Il y a aussi cette intention dans le podcast réalisé avec Agathe Gallo. Nous voulons mettre en avant leurs personnalités, leurs richesses personnelles, leur vitalité.

La Voix des oublié.es prend également position sur le plan politique et social en mettant en avant un sujet de société complexe. Si la précarité sociale apparaît comme fil rouge, les récits de vie que l’on a recueilli pour le podcast parlent de violences infantiles, de violences sexuelles, de migration, de santé mentale, d’addiction, la vie dans un quartier prioritaire.
Ce sont des sujets importants de notre société, cependant dans leur condition, ils n’ont jamais eu l’occasion de se raconter. Combien de personnes sont dans leur situation? Nous espérons que leurs témoignages feront écho à d’autres pour qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls. Nous espérons aussi que notre reportage pourra interpeller et poser des questions.
Mr Mondialisation : Pourquoi avoir choisi la photographie et le podcast comme média pour mettre en lumière ces réalités ?
Romain Rossard : D’abord parce que ce sont nos médias respectifs. La photographie a un caractère très subjectif. Quelqu’un a dit quelque chose du genre que chaque photographie est un autoportrait. Mais c’est aussi un médium à travers lequel l’intention est la plus claire. En l’occurrence ici, je ne peux pas nier l’affect que j’ai mis auprès de ces personnes à travers ce travail. En revanche, pour tous les portraits, j’ai essayé de me positionner à leur hauteur, et techniquement parlant, en photographiant au 35mm pour éviter toute déformation. Ceci dans le but de transmettre cette idée d’horizontalité, d’égalité dans la relation. J’ai aussi essayé de les photographier comme j’avais l’habitude de les voir. Dans leur posture habituelle, avec leurs expressions habituelles.
Le podcast amène une autre dimension. Notre intention était d’instaurer une discussion ouverte où les participants étaient libres de raconter ce qu’ils voulaient d’eux. Nous n’avions donc pas de grille d’entretien prédéfini. En revanche, je connaissais déjà une grande partie de leur histoire, ce qui a permis d’étayer par moment les entretiens. Par contre, ils ont pu avoir dans le même temps une discussion avec Agathe, qu’ils n’avaient jamais rencontrée auparavant. Ceci a été pour eux une opportunité très importante, le monde extérieur s’intéressait à eux, à leurs histoires. Techniquement nous avons travaillé avec des micro d’ambiance qui nous ont aussi permis d’enregistrer les sons de leur environnement, le tic tac de la pendule, le son de la TV, les bruits du quartier…
Nous croyons que l’intérêt de ce projet à deux volets, la photographie et le podcast, réside dans le fait qu’il met les patients au cœur du reportage. Ils sont actifs dans leurs récits, que ce soit par l’image ou par le micro. Ce sont eux qui se racontent et qui se montrent.

Mr Mondialisation : L’isolement social est souvent invisibilisé ou réduit à une question individuelle. En quoi votre projet cherche-t-il à montrer qu’il s’agit d’un problème collectif et systémique ?
Romain Rossard : Les trajectoires de vies qui nous sont racontées sont multiples. Le profil des personnes photographiées est très différent. En terme d’âge, on va de 21 ans à 78 ans. L’isolement social est pluriforme, il a différentes raisons, différents niveaux et surtout différentes manières d’être vécu. Un des thèmes principaux de ce projet est justement ce vécu de la solitude.
Ensuite on comprend que les traumatismes, en fonction de leur violence ou de leur répétition dans le temps, peuvent conduire à une forme de défiance et de retrait de la vie sociale. La maladie, les problèmes de santé mentale, le handicap ou l’âge isolent. Ici je crois que ce qu’on voit c’est que ces trajectoires personnelles pourraient être celle de tout le monde.
En cela, avec ce caractère hétérogène, je crois qu’on peut dire que l’isolement social est collectif et systémique. La Voix des Oublié.es rappellent à la fois l’importance et la complexité du lien social.
Enfin, dans les futures expositions à venir, on espère sensibiliser le grand public à ce problème, mais surtout on aimerait vraiment que ce reportage, ces photos et ces témoignages viennent toucher d’autres personnes qui subissent des situations similaires.
Mr Mondialisation : Vous parlez de déconstruire les stéréotypes sociaux à travers votre travail. Quels clichés ou préjugés avez-vous rencontrés sur vos patients et comment espérez-vous les combattre à travers votre reportage ?
Romain Rossard : Les principaux clichés rencontrés dans la réalisation de ce projet, ce sont ceux que les participants portent sur eux-même. Certains ont peu d’estime d’eux-même, n’ont pas conscience de leurs richesses intérieures, de leurs qualités. Certains ont perdu toutes formes de dignité vis-à-vis d’eux-même. Ce travail a aussi pour but de changer ce regard sur eux-même.

Ensuite, la société porte un jugement général sur les quartiers populaires et ses habitants. Que ce soit les personnes issues de la migration, les chômeurs, les alcooliques, la société véhicule quotidiennement son lot de clichés à l’encontre des gens qui vivent dans ces immeubles. Ce reportage va à l’encontre de ça et démontre l’infini mosaïque de personnalités et de vies qui peuplent les quartiers.
Les récits que l’on a reçus témoignent de la complexité des individus, de la multitude de trajectoires de vies, des stratégies de résilience qu’ils peuvent déployer, de leurs aspirations, de leurs rêves, de ce qu’ils sont maintenant et de ce qu’ils furent. Cette perspective à mon avis nous permet de prendre du recul et de comprendre des trajectoires de vie qui nous concernent tous.
Nous nous avons pris une posture la plus horizontale possible, nous contentant de restituer en image et en podcast les témoignages de vie de ces personnes. Nous voulons éviter à tout prix l’écueil du misérabilisme et une forme d’exhibitionnisme. Plus que des interviews, nous avons eu des discussions ouvertes et libres avec eux et c’est ce que nous avons enregistré. Pour la réalisation des photos en amont, c’est la même chose, j’ai d’abord discuté avec eux, d’eux de moi, avant de les prendre en photo. C’est important cette dimension humaine, elle est au cœur de notre projet.
De plus, il y a quelque chose de politique au vu des thèmes qui y sont traités et un écho qui vient faire contre pied au climat politique actuel. On y comprend par exemple le déchirement de l’immigration et le sentiment d’abandon que cela peut laisser derrière soi, ou bien les difficultés à se reconstruire lorsqu’on a été victime de violences sexuelles.
Mr Mondialisation : Comment les personnes photographiées et interviewées ont-elles vécu leur participation à ce projet ? Quels ressentis ont-elles exprimé sur cette expérience ?
Romain Rossard : J’ai eu la chance de les connaître par mon activité professionnelle. Sans cette relation de confiance je n’aurais jamais pu les photographier. Ensuite il a fallu bien leur expliquer nos intentions. Nous avons fait preuve d’une très grande prudence par rapport au consentement éclairé en demandant à plusieurs reprises s’ils avaient bien compris de quoi il s’agissait, ce que nous voulions faire et dans quel but. Nous avons aussi anticipé en amont avec certains d’entre eux le fait de ne pas aborder certains sujets et nous avons aussi modifié des prénoms.
La plupart des participants ont été très enthousiastes que ce soit pour le reportage photo ou ensuite les interviews. Pour certains il y a eu quelque chose de très libérateur, pour d’autres il s’agissait plus peut-être d’une forme de curiosité, mais tous ont apprécié l’expérience.
D’ailleurs il est très intéressant de noter que pour les enregistrements du podcast, en faisant venir Agathe, nous faisions entrer une partie du monde extérieur chez eux. Et c’était pour certains la première fois qu’ils avaient l’occasion de se confier à quelqu’un d’autre que des soignants.
Une seule personne que j’avais photographiée a refusé de témoigner. Elle ne comprenait pas pourquoi l’on voulait s’intéresser à elle, ce qu’elle pourrait bien nous dire. En fait, cela fait écho à ce que je disais plus tôt sur le regard que les gens portent sur eux-même.
Mr Mondialisation : Quel retour avez-vous eu jusqu’à présent, que ce soit de la part du public, des acteurs sociaux ou des institutions ?
Romain Rossard : Nous n’avons eu que des bons retours. Le public a très bien reçu La Voix des Oublié.es. Nous avons reçu pas mal de commentaires positifs que ce soit sur le fond ou la forme du projet. On a commencé à sortir les épisodes progressivement sur les plateformes d’écoutes et les gens nous suivent bien. On publie aussi les photos en même temps. Le portfolio a d’ailleurs été sélectionné pour être exposé au VIF festival du 15 mai au 16 juin à Vincennes.

Au niveau institutionnel, nous sommes aussi suivis. On est soutenu pour le moment symboliquement, mais nous attendons une réponse des subventions de la Politique de la ville. Pour le moment ce projet est 100% bénévole et nous avons besoin d’aide si nous souhaitons pouvoir le prolonger. Cependant nous avons reçu un peu de mécénat de la part d’un cabinet dentaire qui est sensible aux problématiques sociales, il s’agit du Cabinet des Docteurs Moreau et Sadler à Poitiers. Mais pour le moment cela ne nous suffit pas pour porter le projet sur du long terme.
Enfin pour le moment nous avons une exposition de programmée au Centre d’Animation de Beaulieu à Poitiers du 22 septembre au 17 octobre. Cela aura la forme d’une installation visuelle et sonore. Il y aura un vernissage avec une écoute publique suivi d’une discussion le 24 septembre 2025 à partir de 18h. Nous cherchons d’autres lieux susceptibles de nous accueillir à Poitiers ou ailleurs.
Mr Mondialisation : Finalement, quel message aimeriez-vous que le public retienne après avoir vu vos photos et écouté votre podcast ?
Romain Rossard : Nous on aimerait déjà que ce projet puisse être vu par des personnes ayant vécu les mêmes situations et qu’elles puissent s’y reconnaître. Ensuite nous voudrions que ce projet permette de sensibiliser à la précarité sociale, à sa complexité et aux dynamiques qui la traversent et puissent ouvrir des débats sur l’importance du lien et de la communauté. Enfin, nous espérons qu’il puisse contribuer à détricoter les stéréotypes sociaux sur les personnes vivant dans les quartiers populaires.
Dans le fond il s’agit d’un projet très personnel et très intime dont il est difficile de parler sans affect. J’ai une profonde affection pour ces personnes qui furent mes patients. Agathe a appris à les connaitres également, et entre eux aussi s’est installée cette relation. Notre objectif principal est pour eux, qu’ils puissent se voir tels qu’ils sont, beaux et dignes.
La voix des Oublié.e.s et leurs auteurs sont à retrouver ici :
- En podcast : https://open.spotify.com/show/5mbkuIRVsVhhAUjBb2eyKJ
- En photos : https://romainrossard.my.canva.site/
- Sur Instagram : @romain_rsd et @_quartier_libre
– Lou Aendekerk
Note : Photo de couverture de l’article issue du reportage La Voix des Oublié.e.s / Crédits : Romain Rossard
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Tourisme écolo, Shell attaquée en justice, Depardieu condamné : 10 bonnes nouvelles de la semaine
Maureen Damman
Si vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actualité, voici les 10 bonnes nouvelles de la semaine. 1. Âge minimum sur les réseaux sociaux La France souhaite imposer un âge minimum de 15 ans pour les réseaux sociaux au niveau européen, avec obligation de vérification de l’âge par les plateformes. Cette mesure vise à […]
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Si vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actualité, voici les 10 bonnes nouvelles de la semaine.
1. Âge minimum sur les réseaux sociaux
La France souhaite imposer un âge minimum de 15 ans pour les réseaux sociaux au niveau européen, avec obligation de vérification de l’âge par les plateformes. Cette mesure vise à protéger les mineurs des dangers du cyberharcèlement, de la désinformation et de l’exposition à des contenus inadaptés. La France souhaite convaincre ses partenaires européens d’harmoniser cette règle à l’échelle de l’UE dans les prochains mois. En cas d’échec, elle prévoit de légiférer seule au niveau national.(Le Monde)

2. Touristes écolo récompensés
Copenhague va récompenser ses touristes les plus écolos avec des prêts de vélos, visites à tarif réduit et repas gratuits. Via son programme « CopenPay », les visiteurs qui adoptent des comportements écoresponsables, comme venir en train ou participer à des actions de nettoyage, bénéficient de récompenses : location de vélos gratuite, repas végétariens, visites guidées ou encore réductions sur des attractions. Elle s’inscrit dans la volonté de la capitale danoise de devenir une référence en matière de tourisme vert. (Vert)

3. Des espèces plus classées comme « nuisibles »
Fouine, pie… Certaines espèces comme la fouine ou la pie ne sont plus classées « nuisibles ». Ce déclassement signifie qu’elles ne peuvent plus être piégées ou détruites systématiquement, sauf situations exceptionnelles. Certains agriculteurs et chasseurs redoutent une augmentation des dégâts sur les cultures ou la petite faune. (Reporterre)
4. Plainte contre le chalutage de fond
Cinq ONG environnementales, dont ClientEarth et Environmental Justice Foundation, ont déposé une plainte contre la France, l’Allemagne et l’Italie auprès de la Commission européenne. Elles dénoncent la poursuite du chalutage de fond dans la majorité des aires marines protégées, une pratique jugée destructrice pour les fonds marins et la biodiversité. Elles demandent l’ouverture d’une procédure d’infraction et la fin de cette pêche intensive dans les zones protégées. (Libération)
5. Convention sur la protection de l’environnement
Le Conseil de l’Europe adopte une convention sur la protection de l’environnement par le droit pénal, qui encourage les États membres à criminaliser les atteintes graves à l’environnement, telles que la pollution massive ou la destruction d’habitats naturels. La convention prévoit aussi une meilleure coopération judiciaire entre les pays pour poursuivre les auteurs de crimes environnementaux. (Actuenvironnement)
6. Consultation publique sur la pollution
Le gouvernement a lancé une consultation publique sur un projet visant à réduire l’intensité carbone des carburants utilisés dans les transports. Ce dispositif prévoit d’inciter les fournisseurs à intégrer davantage de biocarburants ou d’énergies renouvelables dans leur offre, afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre du secteur. Les citoyens, entreprises et associations sont invités à donner leur avis sur les modalités d’application de cette mesure. L’objectif est de concilier transition énergétique et compétitivité économique. (Actuenvironnement)
7. Shell attaqué en justice
Shell une nouvelle fois attaqué en justice pour ses futurs projets fossiles. Les plaignants estiment que ces investissements sont incompatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris et risquent d’aggraver la crise climatique. Ils demandent à la justice d’obliger Shell à revoir sa stratégie et à accélérer sa transition vers les énergies renouvelables. (Novéthic)
8. Les militants écologistes d’Arkema relaxés
Six des huit militant·es écologistes de l’association Extinction rebellion (XR) qui s’étaient introduits sur un site du groupe ultra-pollueur Arkema (fondé par Total) en 2024, notamment en PFAS – les fameux polluants éternels – ont été relaxés en appel jeudi. Le tribunal a retenu le caractère » disproportionné » des poursuites engagées, qui contreviennent à la liberté d’expression. Les deux autres n’ont reçu « qu’une simple amende ». (Vert)
9. 10 jours sans téléphone
Depuis mardi et jusqu’au 22 mai, des enfants participent au défi 10 jours sans téléphone. Durant cette période, les participants s’engagent à ne pas utiliser leur téléphone portable, sauf en cas d’urgence. L’objectif est de favoriser la concentration, le sommeil et les interactions sociales, tout en invitant à réfléchir à l’usage du numérique. Les enseignants et parents sont associés à la démarche pour accompagner les jeunes dans cette expérience. (Info.gouv)
10. Gérard condamné
Gérard Depardieu a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles. Le tribunal a jugé les faits suffisamment graves pour prononcer cette peine, assortie d’une obligation de soins et d’une interdiction d’entrer en contact avec les victimes. Depardieu a annoncé son intention de faire appel du jugement. (Le Monde)
– Maureen Damman
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Armement, pollution des ultra riches, sexisme… 10 actualités de la semaine
Maureen Damman
Si vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actualité, voici les 10 bonnes nouvelles de la semaine. 1. États-Unis – Arabie saoudite Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont conclu le plus important contrat d’armement de l’histoire, pour la modique somme de 142 milliards de dollars. Il s’inscrit dans un partenariat économique stratégique plus large, […]
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Si vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actualité, voici les 10 bonnes nouvelles de la semaine.
1. États-Unis – Arabie saoudite
Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont conclu le plus important contrat d’armement de l’histoire, pour la modique somme de 142 milliards de dollars. Il s’inscrit dans un partenariat économique stratégique plus large, comprenant également 600 milliards de dollars d’investissements saoudiens aux États-Unis. Cette alliance vise à renforcer la coopération militaire et à diversifier l’économie saoudienne, tout en consolidant l’influence américaine dans la région. (Libération)
2. Génocide
L’armée israélienne entrera à Gaza avec toute sa force dans les jours à venir, selon Benjamin Netanyahou. Le pays affirme vouloir neutraliser les capacités militaires du Hamas et rétablir la sécurité à ses frontières. Cette opération suscite de vives inquiétudes internationales quant à l’ampleur des pertes civiles et à l’aggravation de la crise humanitaire. (Euronews)
3. Sexisme
Un rapport récent de France Stratégie souligne la persistance, voire la résurgence, de stéréotypes de genre chez les jeunes Français. Malgré les avancées en matière d’égalité, les représentations traditionnelles des rôles masculins et féminins restent fortement ancrées dans les mentalités. Ces stéréotypes influencent les choix d’orientation scolaire et professionnelle, contribuant à la reproduction des inégalités. (France Stratégie)

4. Gaza
Un risque accru de famine se profile à Gaza, où la situation se détériore rapidement, à cause des restrictions d’accès, des destructions d’infrastructures et des pénurie de denrées alimentaires. Les organisations internationales alertent sur l’urgence d’acheminer de l’aide et de garantir la sécurité des civils. (Unicef)
5. Liberté
Jouer aux échecs est désormais interdit en Afghanistan. Cette décision s’inscrit dans une série de restrictions visant les loisirs et les activités jugées contraires à leur interprétation de la loi islamique. L’interdiction suscite l’incompréhension et la tristesse parmi les amateurs du jeu, symbole d’ouverture intellectuelle et de tradition culturelle en Afghanistan. (FranceInfo)
6. Une paix entre la Turquie et le Kurdistan
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé ce lundi sa dissolution et la cessation des hostilités contre l’État turc, qui duraient depuis plus de 40 ans.
Cette décision historique pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de paix dans la région, même si la situation reste fragile. (FranceInfo)
7. Homophobie
L’adolescente morte en sautant du Panthéon aurait subi des pressions quant à son orientation sexuelle. Les associations appellent à renforcer la prévention et l’accompagnement des victimes de discriminations pour éviter de nouveaux drames.(Libération)

8. Pollution
Les hommes ont une empreinte carbone plus élevée que les femmes, principalement en raison d’une consommation accrue de viande rouge et d’une utilisation plus fréquente de la voiture. Ces différences de comportements contribuent à des écarts significatifs dans la contribution individuelle au changement climatique. (Vert)
9. Santé
Les épisodes de chaleur extrême, notamment liés au changement climatique, sont associés à une augmentation des naissances prématurées, selon plusieurs études scientifiques. L’exposition des femmes enceintes à des températures élevées perturbe le développement fœtal et peut déclencher un accouchement avant terme. (Reporterre)

10. Justice climatique
Les 10 % les plus riches responsables des deux tiers du réchauffement climatique depuis 1990. Leur mode de vie, marqué par une forte consommation et des investissements polluants, pèse lourdement sur l’environnement. Cette concentration des responsabilités relance le débat sur la justice climatique et la nécessité de politiques ciblées pour réduire les inégalités environnementales. (Le Monde)
– Maureen Damman
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Le rat-trompette, une espèce menacée des Pyrénées
Mr M.
Charme et emblème des Pyrénées, vous avez peut-être entendu parler du fameux Desman, aussi appelé « rat-trompette » en raison de son museau prolongé d’une trompe flexible comme celle des éléphants. Il se révèle être un parfait indicateur de la santé des cours d’eau locaux. Or, le Desman présente un risque très élevé d’extinction à […]
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Charme et emblème des Pyrénées, vous avez peut-être entendu parler du fameux Desman, aussi appelé « rat-trompette » en raison de son museau prolongé d’une trompe flexible comme celle des éléphants. Il se révèle être un parfait indicateur de la santé des cours d’eau locaux. Or, le Desman présente un risque très élevé d’extinction à l’état sauvage…
Certains traquent ces moindres excréments, d’autres dressent des chiens renifleurs pour flairer la moindre trace de ce rat atypique, le Desman se laisse peu voir, et surtout, il est depuis 2021, classé comme espèce « en danger » par l’International Union for Conservation of Nature (UICN).
Le rat le plus mystérieux du monde
Du Desman, vous ne verrez que, par chance, « des petits tortillons de 2-3 mm de diamètre, brillants du fait de la présence de restes d’insectes », ironise le site du parc national des Pyrénées. Bien que le Desman de Russie (ou Desman de Moscovie) fût déjà connu et décrit par Buffon dès 1763, le Desman des Pyrénées est décrit officiellement en 1811 par le naturaliste français Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, une découverte relativement tardive qui s’explique par sa nature discrète et son habitat difficile d’accès.

Le physique du Galemys pyrenaicus joue sûrement sur l’obsession qu’ont grand nombre de naturalistes, avec ce museau prolongé par une trompe flexible d’environ 20 mm, dotée de vibrisses, son pelage lustré, brun foncé sur le dos et gris argenté sur le ventre. Plus intelligent que la plupart des autres rats, et tout aussi doué d’empathie.
Le Desman vit dans des cours d’eau situés entre 15 mètres et 2 700 mètres d’altitude, où il se nourrit d’insectes, d’après le document officiel du Plan National d’Action en faveur du Desman. C’est un mammifère qui effectue des déplacements importants, allant jusqu’à 17,8 km en 12 mois, peut-être en raison de sa répartition fragmentée dans les Pyrénées françaises et espagnoles, au niveau de la cordillère Cantabrique.
Selon des données de 1993 communiquées par le parc national des Pyrénées, le Desman était présent sur 236 zones des Pyrénées françaises, couvrant environ 1 687 400 hectares. Pourtant, ce rat semi-aquatique ne se trouve pas sur l’ensemble de ces zones, mais uniquement le long des cours d’eau qui les traversent. Ainsi, l’espace réellement occupé par l’espèce est considérablement plus limité que ce que le chiffre global pourrait laisser penser.

Un animal menacé de plus
En France notamment, son statut est passé de Quasi-menacé (NT) à Vulnérable (VU) sur la Liste Rouge des mammifères continentaux de France métropolitaine de l’UICN en 2017, faisant de lui une espèce menacée aux niveaux national et mondial. Alors que l’on estime sa population à moins de 17 000 individus sur le versant français des Pyrénées, sa densité de population variant entre 2 et 5 individus par kilomètre linéaire en France.
La population a diminué jusqu’à 50 % dans toute son aire de répartition depuis 2011.
Cette diminution est d’autant plus inquiétante que le Desman des Pyrénées est considéré comme un excellent bio-indicateur de la santé des écosystèmes aquatiques montagnards. Sa protection est cruciale pour la préservation de la biodiversité pyrénéenne.

La fragmentation et la dégradation de son habitat, principalement dues aux activités humaines, comme la construction de barrages et d’installations hydroélectriques, l’artificialisation des berges, la variation brutale du niveau et de la température des cours d’eau, les loisirs aquatiques, très populaire dans les Pyrénées jouent aussi un rôle destructeur sur leur habitat.
En cause également, l’assèchement des zones humides qui peut être liée au réchauffement climatique, et la pollution des cours d’eau, les pollutions liées aux contaminations d’hydrocarbures et au sel de déneigement par les routes, ainsi que le déversement d’eaux usées contribuent, qui contribuent aussi, à limiter la reproduction de l’espèce.
D’après le site de la DREAL des Pyrenées, la diminution des proies disponibles, liée à la modification des conditions physico-chimiques de l’eau affectant les invertébrés aquatiques, ainsi que des changements dans la composition et la productivité des peuplements d’invertébrés, ne permet pas à l’animal de se nourrir convenablement.
Une éventuelle compétition avec d’autres espèces pour les ressources alimentaires, comme avec la Truite, le Cincle plongeur, ou l’Omble pourrait le fragiliser, tout comme une potentielle prédation par des espèces invasives comme le Vison d’Amérique, mais sans commune mesure avec les causes humaines mentionnées plus haut. Des causes intrinsèques à l’espèce, comme la présence de parasites et pathogènes, une stérilité chez les femelles, dont on ignore la cause, ont également pu être constatées.
Enfin, la mortalité directe par la pêche ou lors de collisions routières, ou la mise à mort volontaire par des pisciculteurs ou des collectionneurs, restent des cases très minoritaires.

Des mesures prises pour sa conservation
La modélisation de la répartition du Desman des Pyrénées projetée sur les scénarios climatiques pour 2070-2099 a permis d’évaluer les menaces liées au changement climatique. La température moyenne estivale et le bilan hydrique apparaissent comme les principaux facteurs influençant les réductions significatives de la répartition future de l’espèce.
Les scénarios les plus sévères prédisent son extinction du Système central ibérique et du nord du Portugal, ainsi que son cantonnement aux zones de haute altitude dans les autres massifs montagneux que sont la cordillère Cantabrique et les Pyrénées. Ainsi, une migration assistée des Desmans, mesure préventive de conservation qui consiste à déplacer intentionnellement des espèces hors de leur aire de répartition d’origine vers un habitat jugé plus favorable, en tenant compte des changements climatiques actuels ou prévus, pourrait être une stratégie de conservation à long terme.

Parallèlement, le Plan national d’actions (PNA) en faveur du rat-trompette, courant de 2021 à 2030 est en cours, dont l’objectif est d’identifier les types d’impacts et de définir des conditions de cohabitation entre le Desman et les activités humaines.
À ce jour, plusieurs mesures ont été mises en place, comme une amélioration des connaissances biologique et écologique, jusqu’à ce jour très légères. Le PNA a aussi permis le développement d’outils d’étude standardisés, une actualisation de la carte de répartition via la prospection d’indices de présence et des opérations de capture. Une certaine protection de l’habitat, par identification et neutralisation des « points noirs » menaçant l’espèce (sources de pollution, captages d’eau, etc.), ainsi que la création de zones refuges pour améliorer la potentialité d’accueil des milieux, la mise en place d’un réseau de sites protégés ou gérés.
Concernant l’aménagement du territoire, la présence du Desman est systématiquement prise en compte et intégrés dans les politiques publiques, ainsi qu’une sensibilisation auprès des différents publics permet d’informer sur une éventuelle rencontre. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie à long terme visant à assurer la conservation et la restauration du Desman des Pyrénées à l’échelle de son aire de répartition française. Et si on faisait pareil avec le loup ?
– Maureen Damman
Photo de couverture : David Perez. Wikimedia.
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La lutte des classes dans la science-fiction
Maureen Damman
Loin de n’être qu’un simple divertissement, la SF permet d’employer une créativité unique pour imaginer des futurs utopiques ou dystopiques, mais aussi pour imager les injustices du présent. Décryptage d’un genre qui défend les opprimés. Alors que d’un côté, les bénéfices 2024 et dividendes 2025 du CAC40 sont au plus haut – boostés par les […]
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Loin de n’être qu’un simple divertissement, la SF permet d’employer une créativité unique pour imaginer des futurs utopiques ou dystopiques, mais aussi pour imager les injustices du présent. Décryptage d’un genre qui défend les opprimés.
Alors que d’un côté, les bénéfices 2024 et dividendes 2025 du CAC40 sont au plus haut – boostés par les dépenses militaires, et que de l’autre la pauvreté repart à la hausse en France depuis plus de 20 ans, tout porte à croire que la lutte des classes, un temps amoindrie par les trente glorieuses et quelques avancées sociales et sociétales d’envergure, a encore de trop nombreux jours devant elle.
Genre littéraire et cinématographique engagé, la Science-fiction (SF), d’abord boudée puis considérée comme un genre en pleine expansion où le pire comme le meilleur de la société peut s’objectiver, est un vecteur de critiques sociales propice à illustrer la guerre des classes, sur terre ou ailleurs, entre fractures sociales liées à l’emploi ou au territoire.
Des dystopies comme reflet de notre réalité
1. Silo
Si vous n’avez pas vu la magistrale série Silo, adaptée de l’œuvre de science-fiction écrite par Hugh Howey, elle est un parfait exemple d’illustration verticale de la lutte des classes au sein de nos sociétés.
Tout en bas se trouvent les mécaniciens, au milieu les couches intermédiaires ; enfin ceux du haut, qui concentrent le pouvoir, la police et le département IT. Le fonctionnement du silo repose sur les mécaniciens, pourtant blâmés de tous les maux.
[Spoiler alert] : quand tout va mal au sein du silo, le « pacte », livre saint qui décrit la conduite à adopter en cas de problème, annonce clairement la couleur politique de ceux du haut : « blâmez les mécaniciens », peut-on y lire, en véritable reflet de notre oligarchie ploutocrate, qui n’hésite pas à blâmer les minorités fragilisées ou une partie des pauvres pour les détourner des réelles causes de cette ségrégation violente : l’accaparement des richesses par ceux qui sont en haut de l’échiquier. Pourtant, les mécaniciens ont, comme dans notre monde, la possibilité, mise en oeuvre dans la série, de bloquer tout le pays, en arrêtant de travailler et en mettant en défaut le fonctionnement de notre économie.
2. Snowpiercer
Verticalement cette fois, la série Snowpiercer, basée sur le roman graphique français Le Transperceneige, présente une allégorie frappante de la stratification sociale. Dans un monde glacé, les derniers survivants de l’humanité sont confinés dans un train en perpétuel mouvement. Les wagons de tête abritent l’élite dans un luxe obscène, tandis que la queue du train est le théâtre de la misère et de l’exploitation des classes inférieures. Cette métaphore mobile de notre société de classes ne pourrait être plus explicite, où l’on pourrait, par exemple, mettre en perspective les passagers d’un train versus ceux qui vivent au sein même des gares et ceux qui y travaillent.
3. Elysium
Dans un style plus space opera (sous-genre de la science-fiction), on peut citer le film Elysium de Neill Blomkamp, dans lequel une élite vit dans une station spatiale luxueuse tandis que le reste de l’humanité survit sur une Terre polluée et surpeuplée.
On y retrouve un héros « picaresque », qui vient du bas et tente de gravir l’échelle sociale : Max, ancien délinquant, qui travaille dans une usine de fabrication de droïdes, et dont la vie est marquée par des conditions difficiles et une absence d’espoir. Malade suite à un accident de travail, il veut rejoindre Elysium, où les maladies peuvent être guéries grâce à des technologies avancées. Désespéré par ses maigres chances de survie, il accepte une mission risquée : voler des données cruciales implantées dans le cerveau d’un riche élyséen, en échange de quoi il obtient un accès clandestin à Elysium pour se soigner.
Cette ségrégation spatiale extrême n’est qu’une exagération de la gentrification et de la ségrégation urbaine que nous observons déjà dans nos métropoles, voire des différences d’accès à la santé qui donne aux riches 13 ans de vie supplémentaires en France.
Le protagoniste, Max, incarne la lutte du prolétariat pour accéder aux ressources et aux soins médicaux réservés aux plus riches de – par exemple – l’État américain actuel, pour n’en citer qu’un. Telle est finalement l’une des missions de la SF, comme le dit Alain Damasio :
« La science-fiction ne doit pas seulement anticiper, mais aussi dénoncer les injustices sociales actuelles en imaginant des alternatives radicales. »
Ultra capitalisme de surveillance
1. Les Furtifs
Le pouvoir destructeur et aliénant des multinationales est un autre thème central de la science-fiction contemporaine. Dans le roman Les Furtifs d’Alain Damasio, qui se déroule en 2041, une société dystopique où les grandes multinationales ont pris le contrôle des villes jusqu’à leur donner leur nom, comme Orange ou LVMH, exploite les habitants à coup de « marketing personnalisé », et les contraint à porter une bague connectée qui espionne leurs moindres faits et gestes.
Lorca Varèse, un ancien anarchiste devenu sociologue, est obsédé par la disparition de sa fille Tishka, probablement enlevée par des créatures mystérieuses appelées les furtifs, qui sont dotés d’une sensibilité accrue et seuls capables de résister à toute forme de contrôle humain. Pour retrouver sa fille, Lorca rejoint une unité militaire secrète appelée le Récif, spécialisée dans la traque des furtifs, et apprend à les comprendre, jusqu’à avoir envie de les rejoindre.
2. Le dernier homme
Autre exemple, où le monde est cette fois livré aux délires de manipulations génétiques d’une entreprise suprémaciste et d’un patron tout-puissant (coucou Elon Musk !), Le dernier homme, de Margaret Artwood, (autrice de La servante écarlate, dystopie récemment interdite par Donald Trump), relate l’histoire de Snowman, anciennement Jimmy, issu d’une famille aisée, qui semble être le dernier humain survivant.
Le protagoniste évolue dans un environnement hostile, peuplé d’animaux transgéniques et d’une nouvelle espèce humaine créée en laboratoire par l’entreprise : les Crakers. Ces derniers ont été conçus pour être exempts des défauts humains, tels que la violence, le désir sexuel ou le fanatisme religieux, qui dirigeaient l’ancienne société.
3. Bienvenue à Gattaca
Cette œuvre fait aussi écho à Bienvenue à Gattaca, film qui imagine une société où le statut social est déterminé par le patrimoine génétique. Les « valides », génétiquement modifiés, occupent les positions de pouvoir, tandis que les « in-valides », nés naturellement, sont relégués aux tâches subalternes. Cette « biodystopie » met en lumière les dangers d’une société où l’accès aux technologies d’amélioration humaine est réservé à une élite, les tenants du transhumanisme par exemple, créant ainsi une nouvelle forme d’aristocratie biologique, qui rejoint le techno-féodalisme ou les fantasmes de certaines familles de la tech qui ont beaucoup d’enfants car ils pensent sauver la planète grâce à leur patrimoine génétique.
Tandis qu’aujourd’hui des femmes sont contraintes de produire des bébés pour les riches qui peuvent littéralement choisir sur catalogue, on peut tenter une analogie antispéciste : ne serait-ce pas finalement, ce que l’on fait subir aux animaux, comme les vaches laitières ou les chiens et chats d’élevages de races ?
Colonialisme spatial et exploitation interplanétaire
À mesure que l’humanité se tourne vers les étoiles, la science-fiction nous met en garde contre la reproduction des schémas d’exploitation coloniale à l’échelle galactique.
Le livre et la série The Expanse offre une fresque saisissante de la lutte des classes à l’échelle du système solaire au XXIIIe siècle. La série, tiré d’un livre de James S.A. Corey, dépeint une société tripartite où la Terre, Mars et la Ceinture d’astéroïdes incarnent des réalités socio-économiques radicalement différentes. On retrouve d’un côté, les élites terriennes et leur masse de citoyens qui bénéficient d’un revenu minimum universel ; de l’autre, les travailleurs exploités de la Ceinture, dont les ressources sont pillées par les planètes intérieures. Oui, cela vous rappelle sans doute le colonialisme, ou la mondialisation.
Entre les deux, Mars représente une société militarisée en quête d’indépendance. Ces tensions culminent avec l’émergence de l’Alliance des Planètes Extérieures, un mouvement de résistance contre la domination politico-économique de la Terre et de Mars, rappelant peut-être le mouvement des non-alignés dans le schéma de la guerre froide.
À travers ce prisme, The Expanse livre une critique acerbe du capitalisme extractiviste et de ses conséquences colonialistes, tout en tissant des parallèles historiques évocateurs.
Ursula Le Guin, autrice américaine de science-fiction et fantasy, a écrit La main gauche de la nuit et les dépossédés. Dans ce dernier livre, dont nous vous parlions déjà dans notre top 7 des livres pour imaginer un avenir radieux, Ursula K. Le Guin explore profondément la lutte des classes à travers une dualité socio-politique entre deux planètes : Anarres et Urras. Anarres est une société anarchiste collectiviste, fondée sur l’égalité et le rejet de la propriété privée, tandis qu’Urras est une planète capitaliste, marquée par de fortes inégalités sociales et économiques.
Le protagoniste, Shevek, un physicien originaire d’Anarres, incarne cette exploration des systèmes sociaux, en tant que « transfuge de classe » ou « socialtraître ». Bien qu’Anarres prône l’égalité, Shevek découvre que des structures informelles de pouvoir et de privilège y existent, limitant la liberté individuelle et l’innovation. Sur Urras, il est confronté à une société où les élites prospèrent au détriment des classes laborieuses, souvent exploitées, violentées et marginalisées, comme les réfugiés actuels, les pauvres, ou les animaux que nous exploitons pour l’élevage, par exemple.
L’automatisation et le chômage technologique
D’autant plus actuel, l’un des thèmes récurrents de la science-fiction contemporaine est l’impact de l’automatisation sur l’emploi et la structure sociale. Alors qu’Emmanuel Macron, ancien banquier et nanti ose dire publiquement : « je traverse la rue et je vous trouve un travail », stigmatisant violemment et gratuitement les chômeurs, cette lutte des classes – entre actifs et personnes sans emploi – se fait toujours plus violente.
La série Trepalium illustre parfaitement cette violence à l’encontre des sans-emplois, car elle se déroule dans un futur où seulement 20 % de la population, les « actifs », ont accès à un emploi, tandis que les 80 % restants, les « zonards », vivent dans la misère derrière un mur militarisé séparant la « Zone » de la « Ville ».
Ce contexte met en lumière une fracture sociale extrême, où le travail devient une ressource rare et un marqueur d’identité. Les actifs, bien que matériellement privilégiés, subissent des cadences de travail infernales et vivent dans la peur constante de perdre leur statut, tandis que les zonards sont exclus et stigmatisés.
La série questionne également les dérives d’une société où l’automatisation et les technologies ont rendu le travail obsolète pour une grande majorité. Elle illustre comment ces avancées, au lieu de libérer l’humanité, exacerbent les inégalités sociales et économiques. En poussant à l’extrême les logiques du capitalisme libéral, Trepalium critique la déshumanisation des relations sociales et professionnelles, tout en interrogeant la valeur du travail dans nos sociétés, où l’automatisation n’est pas accompagnée d’une redistribution équitable des ressources et où le chômage de masse devient un outil de domination sociale.
Comme l’affirme Antarès Bassis, co-créateur de la série, « le travail a toujours été un pouvoir de contrôle », rappelant le besoin des industriels paternalistes du début du XXe siècle, d’installer leurs mains d’œuvres dans les cités ouvrières à côté des usines pour mieux les contrôler.
Climate fiction et lutte des classes
La crise climatique actuelle a donné naissance à un sous-genre important : la cli-fi ou climate fiction. Des œuvres comme New York 2140 de Kim Stanley Robinson explorent les conséquences sociales et économiques du changement climatique. Dans ce roman, Manhattan est submergée, mais continue de fonctionner grâce à des adaptations technologiques. Cependant, les inégalités persistent : les riches vivent dans des gratte-ciel high-tech tandis que les pauvres naviguent dans les canaux pollués entre les bâtiments.

Cette vision souligne une réalité déjà observable : les populations les plus vulnérables sont les premières victimes du changement climatique, surtout femmes et enfants, tandis que les plus riches ont les moyens de s’adapter ou de se mettre à l’abri dans des enclaves libertariennes ou des bunkers ultra luxueux. « Sauve qui peut » ! La science-fiction climatique nous rappelle que la lutte pour la justice environnementale est indissociable de la lutte des classes.
La réalité rattrape une nouvelle fois la fiction dans The Water Knife de Paolo Bacigalupi. Ce roman décrit un futur où la sécheresse extrême dans le sud-ouest des États-Unis entraîne une lutte brutale pour l’accès à l’eau. Tandis que les plus riches vivent confortablement sous des dômes climatisés, les populations pauvres sont abandonnées dans des conditions inhumaines. Idem avec Exodes de Jean-Marc Ligny qui nous plonge dans un monde ravagé par le réchauffement climatique, où une petite élite mondiale vit sous des dômes tout comfort, isolée du reste de l’humanité qui subit famines, migrations forcées et effondrement social.
Plus connu, Soleil Vert (Soylent Green), film culte de 1973 dépeint un futur dystopique où la surpopulation et la crise écologique ont rendu les ressources naturelles rares. Les riches ont accès à des privilèges inaccessibles aux masses, qui survivent grâce à un substitut alimentaire sinistre, symbolisant une exploitation ultime des classes défavorisées.
– Maureen Damman
Photo de couverture de Juan Ordonez sur Unsplash
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