22.12.2025 à 11:41
Mr Mondialisation
C’est la période des fêtes de fin d’année, et de multiples repas de famille s’organisent. À cette occasion, il peut arriver qu’un florilège de propos réactionnaires rythme le cours des retrouvailles. Mr Mondialisation vous offre cinq arguments pour les contrecarrer. En 2022, Mr Mondialisation expliquait déjà comment répondre à des discours climatosceptiques, pro-chasse, sexistes, anti-végane et anti-écolo. […]
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En 2022, Mr Mondialisation expliquait déjà comment répondre à des discours climatosceptiques, pro-chasse, sexistes, anti-végane et anti-écolo. Trois ans plus tard, voici une nouvelle salve de sujets, avec cette fois-ci : l’immigration, le passéisme, la liberté d’expression, les « assistés » et le Rassemblement National.
Véritable lubie de l’extrême droite, l’immigration et l’islam reviennent inévitablement sur la table, comme s’ils étaient coupables de tous les maux du pays. L’étranger volerait les emplois (tout en refusant de travailler pour toucher les aides…), serait responsable de la délinquance et voudrait imposer sa religion.
Or, il est factuellement faux de dire que la France est submergée par l’immigration. Depuis 2017, l’immigration est stable et équivaut à environ 25 à 30 personnes en plus par an pour 10 000 habitants. Cela représente une moyenne de moins de six résidents supplémentaire par commune française.
Et contrairement à certaines croyances, l’immigration rapporte de l’argent. Se fier à des rumeurs, c’est tout sauf scientifique. Aussi, une situation particulière n’est pas la réalité du pays. Toutes les études démographiques réfutent d’ailleurs la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement ».
Deux articles pour approfondir :
– Musulmans, boucs émissaires de la « République »
– Sortir de la haine : 5 préjugés infondés sur l’immigration
Qui n’a jamais entendu quelqu’un affirmer que « tout allait mieux avant », que ce soit sur l’école, le travail, la sécurité ou les relations sociales ? Cet argument revient de génération en génération, souvent sans jamais préciser quand était ce fameux « avant », ni pour qui il était réellement meilleur.
Le « c’était mieux avant » repose à la fois sur un biais de mémoire bien documenté et sur une nostalgie d’un ordre social ancien, dans lequel certaines catégories dominaient davantage qu’aujourd’hui.
D’un côté, les sciences cognitives ont mis en évidence ce que les psychologues appellent la rosy retrospection (biais de rétrospection positive) : nous avons tendance à mieux nous souvenir des aspects positifs du passé que des négatifs, tandis que le présent est perçu à travers ses difficultés immédiates. Ce mécanisme est largement étudié en psychologie (notamment par Daniel Kahneman et Endel Tulving) et explique pourquoi chaque génération a le sentiment que « son époque » était plus simple ou plus agréable.
Mais réduire cet argument à un simple biais psychologique serait insuffisant. Car lorsque certaines personnes disent que « c’était mieux avant », elles regrettent souvent un rapport de domination aujourd’hui remis en question. Dans le passé, de nombreux groupes — femmes, personnes racisées, classes populaires, personnes LGBTQIA+ — disposaient de moins de droits, moins de visibilité et moins de moyens de contestation. Ce qui est vécu comme un « déclin » par certains correspond en réalité à une perte de privilèges : davantage d’égalité, de droits et de voix pour celles et ceux qui en étaient privés.
Autrement dit, si « avant » semblait plus confortable, c’est souvent parce que l’ordre social profitait davantage à une minorité, au détriment du reste de la société. Le progrès social n’est ni linéaire ni parfait, mais il a permis des avancées majeures en matière de droits, de santé, d’éducation et de libertés individuelles — avancées que le discours passéiste tend à invisibiliser.
Un article pour approndir : C’était mieux avant ? Décryptage d’un mythe
Lorsque quelqu’un osera reprendre une personne qui profère des propos discriminants, l’inévitable « on peut plus rien dire » reviendra immanquablement sur le devant de la scène. Ainsi, en se cachant derrière la liberté d’expression, chacun serait libre de faire ce qu’il souhaite.
L’idée selon laquelle « on ne peut plus rien dire » est souvent utilisée comme une formule passe-partout pour justifier des propos blessants ou discriminatoires. En réalité, la liberté d’expression n’est pas un droit absolu : elle connaît des limites prévues par la loi lorsqu’elle porte atteinte à la dignité d’autrui ou incite à la haine.
En droit français, la liberté d’expression est consacrée par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et protégée par la Convention européenne des droits de l’homme, mais cet exercice comporte aussi des devoirs et des responsabilités ; des restrictions sont jugées nécessaires pour protéger d’autres droits fondamentaux et l’ordre public.
Concrètement, les propos racistes, xénophobes, antisémites ou discriminatoires ne sont pas considérés comme de simples opinions protégées, mais peuvent constituer des délits. La loi française — notamment la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse — punit la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence, l’injure et la diffamation à caractère raciste ou discriminatoire, ainsi que d’autres infractions connexes lorsqu’ils sont exprimés publiquement.
La jurisprudence française montre que ces limites à la liberté d’expression sont appliquées en tenant compte de leur caractère proportionné, conformément à l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme qui autorise des restrictions « nécessaires dans une société démocratique ».
Un article pour approfondir : Non, chacun ne fait pas « bien ce qu’il veut »
Certains sondages et médias le proclament, le Rassemblement National serait bientôt au pouvoir présidentiel. Les réacs s’en réjouissent car selon eux « Jordan Bardella ou Marine Le Pen régleront très vite les problèmes de la France ».
Si le caractère raciste et discriminatoire du Rassemblement national peut être établi sans difficulté, cet argument peut être inopérant si votre cousin, tonton, tata, belle-soeur ou autre réacs adhèrent eux-même à l’idéologie raciste.
En revanche, établir la nature antisociale du parti peut fonctionner. Rien de plus simple que rappeler les votes du RN à l’Assemblée : contre la retraite à 60 ans, l’augmentation du SMIC, la taxation des plus riches et pour la destruction des services publics et des droits des travailleurs.
Trois articles pour approfondir :
– « Le RN, on n’a jamais essayé » Vraiment ?
– 8 preuves que le RN est toujours d’extrême droite
– Smic, chômage, retraite : le visage antisocial des droites identitaires
Tout irait mal en France à cause des « assistés », ces fameuses personnes qui « profiteraient du système » pendant que les honnêtes travailleurs se tueraient à la tâche. Et il ne faudrait surtout pas s’attaquer aux plus riches, qui, eux, mériteraient leurs revenus, obtenus à la sueur de leur front.
Or, les gens qui perçoivent des aides sociales vivent dans des conditions extrêmement précaires, et ce n’est pas du tout un luxe. Ces aides sociales pèsent relativement peu dans les dépenses publiques. Le RSA coûte, par exemple, 12 milliards par an, bien peu en comparaison des 100 milliards de fraudes fiscales ou des 211 milliards d’aides aux entreprises.
La réussite économique ne repose pas uniquement sur le travail individuel. Elle dépend aussi de mécanismes structurels et de politiques publiques dont profitent y compris les plus grandes fortunes, certaines bénéficiant de soutiens financiers publics malgré des niveaux de richesse sans équivalent.
Quatre articles pour approfondir :
– « France des assistés » : 9 arguments contre ce préjugé
– Pourquoi la méritocratie n’est qu’une illusion
– Syndrome du larbin : les pauvres qui défendent les bourgeois
– Et si on arrêtait de sanctifier les ultra-riches ? 5 mythes à déconstruire
De quoi passer les fêtes plus sereinement !
– Simon Verdière
Photo de couverture de Nicole Michalou. Pexels.
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Simon Verdiere
Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici 10 bonnes nouvelles à ne surtout pas manquer cette semaine. 1. Nouvelle ère pour l’ARNm contre le cancer : cibler les cellules malades, épargner les saines Des chercheurs ont conçu une thérapie ARNm « intelligente » qui s’active seulement dans les cellules cancéreuses grâce […]
The post Découvertes, solidarité, train : les 10 bonnes nouvelles de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.1. Nouvelle ère pour l’ARNm contre le cancer : cibler les cellules malades, épargner les saines
Des chercheurs ont conçu une thérapie ARNm « intelligente » qui s’active seulement dans les cellules cancéreuses grâce à leurs signaux propres, réduisant les effets sur les tissus sains. Les tests sur des souris montrent une réduction tumorale significative, promettant des traitements plus précis et mieux tolérés si cela se confirme chez l’humain. (Futura-Sciences)
2. Ariane 6 remet l’Europe dans la course spatiale
La fusée européenne Ariane 6 a placé en orbite deux satellites Galileo depuis Kourou, renforçant la constellation européenne et affirmant l’autonomie de l’UE pour accéder à l’espace sans dépendre de puissances étrangères ou de lanceurs privés. Un pas stratégique pour la souveraineté technologique européenne. (La 1ère)
3. Guadeloupe : Plus de 100 espèces inconnues découvertes
Sur des îles méconnues de l’archipel, des scientifiques ont identifié une centaine de nouvelles espèces animales et végétales. Une renaissance de biodiversité qui rappelle combien il est crucial de protéger ces écosystèmes face au changement climatique et à la destruction des habitats. (Libération)
4. Victoire citoyenne en Slovénie : l’eau reste bien commune
Face à une tentative de privatisation par le gouvernement conservateur, une initiative citoyenne a déclenché un référendum où une large majorité des électeurs a dit non aux changements menaçant la protection de l’eau et son statut de bien public. C’est une victoire de la démocratie directe et des communs face aux logiques de marché. (La relève et la peste)
5. Kfarabida : site de l’âge du Bronze sauvé et révélé au musée
À Kfarabida (Liban), un site archéologique de l’âge du Bronze menacé a été préservé in extremis et ses découvertes sont désormais exposées au Musée national. Une victoire pour la préservation du patrimoine culturel qui enrichit notre compréhension de l’histoire ancienne. (L’orient le jour)
6. Révolution ferroviaire : la France pourrait sauver la moitié des lignes menacées de fermeture grâce à la « ferromobile », une voiture hybride capable d’utiliser les voies. Une victoire pour le rail rural, la cohésion territoriale et la mobilité durable. (Le Parisien)
7. Budget 2026 : la CMP explose en vol
La commission mixte paritaire chargée de trouver un compromis sur le budget 2026 a tourné court en quelques minutes, sans accord entre députés et sénateurs. Sans compromis, le gouvernement pourrait bientôt se retrouver censuré. (Huffingtonpost)
8. Réveil communautaire contre l’isolement social aux USA
Dans plusieurs villes des États‑Unis (Baltimore, Akron, Pittsburgh, Kentucky), des groupes locaux restaurent du lien social (fermes urbaines, coopératives, espaces communautaires) pour lutter contre l’isolement et renforcer la solidarité populaire. (apnews)
9. Des villages en Inde protègent leurs forêts
Dans la région de Kumaon (Uttarakhand), des communautés revivent des pratiques ancestrales pour sanctuariser et protéger des forêts, renforçant biodiversité, résilience locale et liens culturels à la terre. (Times of India)
10. UE‑Mercosur : le traité de libre‑échange reporté à janvier
La signature de l’accord UE‑Mercosur, prévue fin décembre après 25 ans de négociations, a été repoussée à janvier 2026 sous la pression des agriculteurs opposés à l’ouverture aux produits sud‑américains. Ce délai ne change rien à l’enjeu : défendre l’agriculture, le climat et les normes sociales face aux logiques libérales du libre‑échange. (Reporterre)
– Simon Verdière
Source photo de couverture : Une femme buvant de l’eau – Par Andrea Piacquado ©Pexels
The post Découvertes, solidarité, train : les 10 bonnes nouvelles de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.19.12.2025 à 15:57
Simon Verdiere
Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici les 10 informations à ne pas manquer cette semaine. 1. Pesticides autorisés de façon éternelle : l’UE sacrifie notre santé pour l’agro-industrie En rendant quasi permanentes les autorisations de pesticides, la Commission européenne enterre les contrôles sanitaires. Un cadeau aux lobbies, un danger pour […]
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1. Pesticides autorisés de façon éternelle : l’UE sacrifie notre santé pour l’agro-industrie
En rendant quasi permanentes les autorisations de pesticides, la Commission européenne enterre les contrôles sanitaires. Un cadeau aux lobbies, un danger pour les agriculteurs, la biodiversité et les citoyens. (Reporterre)
2. Parlement européen : scandale écologique et social avec la loi Omnibus
Le Parlement européen a adopté la loi Omnibus, qui affaiblit le Pacte vert et les protections sociales : devoir de vigilance réduit, transparence diminuée, obligations climatiques supprimées. (Vert)
3. Retour de l’extrême droite au Chili : l’opposition s’organise
Après l’élection de José Antonio Kast, fils d’un ancien nazi et admirateur de Pinochet, la gauche et les mouvements sociaux appellent à résister face à un gouvernement qui menace droits sociaux, environnement et démocraties populaires. (Basta)
4. L’UE freine la transition : sursis aux moteurs thermiques malgré l’urgence climatique
La Commission européenne revient sur l’interdiction de vente de voitures à moteur thermique en 2035, assouplissant l’objectif en laissant une part des émissions et des exceptions pour hybrides/combustion, sous pression industrielle et politique. Un recul face à l’urgence climatique qui sacrifie l’ambition écologique pour préserver l’industrie automobile. (Le Monde)
5. Trump sacrifie climat & terres autochtones pour l’IA au charbon
Trump relance l’industrie du charbon, y compris sur des terres Navajo, pour alimenter les centres d’IA, avec le soutien controversé de l’autorité tribale. Un plan qui renforce les fossiles, détruit l’environnement et exploite des communautés déjà marginalisées. (La brèche)
6. TikTok & Reels addictifs : nos cerveaux en danger
D’après une étude, les formats courts exploitent la dopamine, fragilisent attention et concentration, augmentent stress et anxiété. Ce n’est pas juste du temps d’écran, mais un design algorithmique qui façonne nos cerveaux pour le pire. (Synthmedia)
7. L’agriculture dit non au libre‑échange qui détruit la profession
Des agriculteurs et agricultrices de toute l’UE ont convergé vers Bruxelles contre l’accord UE‑Mercosur, les bas prix, la baisse de la PAC et la concurrence déloyale étrangère. Une lutte paysanne qui mêle défense des conditions de vie et critiques des politiques libérales de l’UE. (Le poing)
8. Trump intensifie la pression contre le Venezuela
Pour mettre la main sur les réserves pétrolières du Venezuela, Trump multiplie blocus, sanctions, et actions militaires pour faire tomber Maduro. Une ingérence agressive qui a déjà fait près de 100 morts et qui met en péril la souveraineté vénézuélienne. (L’humanité)
9. L’État abandonne “60 Millions de Consommateurs”, service public vital
Le Sénat a acté la liquidation du magazine indépendant qui testait les produits et alertait sur les dangers sanitaires, au nom d’économies. Privatisation en vue, emplois menacés et moins de contre‑pouvoir face aux lobbies. (Presse-citron)
10. Maire RN de Fréjus jugé pour favoritisme : justice en marche
David Rachline, maire (RN) de Fréjus visé par plusieurs affaires judiciaires, sera jugé en septembre 2026 pour favoritisme dans l’attribution de marchés publics, après mise en examen et perquisitions dans sa mairie, illustrant l’opacité et les privilèges persistants chez l’extrême droite locale. (Libération)
– Simon Verdière
Source photo de couverture : Une centrale à Charbon aux États-Unis – Par Cathy Haglund ©Flickr
The post Scandales écologiques, « 60 millions de consommateurs » liquidé, colère paysanne : les 10 actus à ne pas manquer cette semaine first appeared on Mr Mondialisation.19.12.2025 à 05:00
Mr Mondialisation
Alimentée par des réseaux criminels et une corruption endémique, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) représenterait jusqu’à 19 % des captures mondiales. Elle menace la biodiversité marine et la sécurité alimentaire. Dans un rapport récent, la Fondation de la Mer dénonce un fléau « écosystémique, économique et politique » et appelle à une « […]
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Après avoir exploré l’envers des repas de fêtes, cap sur les profondeurs océaniques où la traque des poissons vire parfois au pillage organisé. Derrière nos assiettes, une course effrénée aux ressources halieutiques pousse des filières à franchir la ligne rouge : celle de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.
À l’échelle mondiale, le phénomène prend des proportions vertigineuses. Chaque année, près de 80 millions de tonnes de poissons sont pêchées dans le monde, ce sont 26 millions de tonnes de poissons qui sortent de l’eau par la pêche INN (comprendre pêche illégale, non déclarée et non réglementée).
Plus de deux ans de travail et 44 entretiens ont été réalisés avec des experts de la filière pêche. Le rapport de 124 pages dresse un état des lieux détaillé des dangers et des dégâts engendrés par les activités illégales et non réglementées dans nos océans.
« Loin d’être une pêche pirate marginale, la pêche INN est aujourd’hui fomentée par un vaste réseau d’organisations criminelles. La corruption alimente cette dernière, menace la sécurité alimentaire mondiale et participe activement à l’esclavage moderne », prévient l’association.

Comme d’autres domaines de production, le secteur halieutique autrefois limité par des moyens techniques de navigation et de pêche, a connu une forte industrialisation depuis le milieu du XIXe siècle. Fermes aquacoles, équipements technologiques de pointe et navires toujours plus massifs, ont changé la donne. Il s’agit à présent d’une activité dominée par des logiques productivistes étendues à un marché mondialisé.
Sushi, sashimi, fish and chips et autres spécialités nourrissent des millions de consommateurs à travers le monde. Or, ces derniers sont de plus en plus avides de nouveautés aux saveurs iodées et « exotiques ». En moyenne, un individu consomme près de 20 kg de poisson par an. Un chiffre à la hausse dans les pays européens, allant jusqu’à 32kg pour les Français.
Cet appétit grandissant pour les produits de la mer n’est pas sans conséquence pour la biodiversité marine : 38 % des stocks de poissons font l’objet de surpêche actuellement, contre seulement 10% en 1974. Moins d’une dizaine de pays dominent le secteur : Chine, Indonésie, Inde, Pérou, Russie, États-Unis, Vietnam, et Japon… Ils sont responsables d’un peu plus de la moitié des prises (51%).
Pour pallier ces limitations et continuer d’assurer la productivité de leurs activités, certaines parties prenantes n’hésitent pas à franchir la ligne rouge : sous-déclaration des prises par les navires, pêche dans des Zones Économiques Exclusives (ZEE) d’un autre État, montages financiers et stratégiques pour éviter des normes trop strictes… La pêche INN a de nombreux visages.
Avec une réglementation fragmentée, peu appliquée voire absente selon les régions, l’océan semble vaste et difficile à contrôler. Résultat : un business juteux pour les trafiquants, évalué entre 10 et 23 milliards de dollars par an, selon le rapport.
« En Afrique du Sud, les trafiquants échangent ainsi des ormeaux contre de la drogue »
Par ailleurs, les réseaux criminels n’hésitent pas à mutualiser leurs trafics : poissons, drogues et êtres humains transitent parfois sur les mêmes bateaux. « En Afrique du Sud, les trafiquants échangent ainsi des ormeaux contre de la drogue », détaille la Fondation.
Cette économie parallèle ne se limite pas aux seules violations du droit. Elle entraîne aussi « une surexploitation de l’océan » et « détruit l’équilibre des écosystèmes marins », a rappelé Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la Mer, lors d’une conférence de presse.
Surtout, la pêche illégale constitue « un vol » de ressources et d’opportunités économiques au détriment des populations les plus vulnérables, pour qui la pêche demeure souvent le seul moyen de subsistance et d’apport protéique.
Parmi les pays les plus impliqués, on retrouve largement en tête la Chine, puis l’Indonésie, le Pérou, la Russie, les États-Unis, l’Inde et le Vietnam. Les espèces de poissons les plus prisées des trafiquants sont l’anchois — destiné bien souvent à nourrir les poissons d’élevage — le thon listao et le lieu d’Alaska.
Au Sénégal par exemple, « les pêcheurs locaux subissent un véritable fléau », explique le rapport de la Fondation. « Les industries chinoises de transformation s’installent directement sur site et produisent des quantités supérieures aux quantités de poissons originellement débarquées. Des sociétés-écrans sont aussi créées pour » sénégaliser » les navires de pêche et obtenir facilement les licences de pêche ».
Il s’agit ici d’un pillage injuste qui sévit au large, à l’abri des regards, dont il est également question dans cet article.

Même sur le Vieux Continent, les pratiques de pêche illégale continuent de sévir, notamment en France. « En 2016, quatre braconniers ont été condamnés à verser près de 350 000 euros pour préjudice écologique. Ils avaient prélevé de manière illégale 4,5 tonnes de poissons et de poulpes et plus de 16 000 douzaines d’oursins dans le Parc National des Calanques au large de Marseille », rappelle l’association.
Plusieurs acteurs du monde maritime français s’inquiètent aujourd’hui de la recrudescence des prises accessoires de dauphins dans le golfe de Gascogne. Une étude de l’Ifremer estime que 4 000 à 8 000 dauphins seraient victimes de la pêche chaque année en France.
Que faire pour lutter contre ce fléau ? « Au temps de la prohibition, il faut rappeler qu’Al Capone était tombé par des moyens détournés, pour fraude fiscale, bien loin de ses agissements mafieux. Sur le même modèle, ce rapport propose des préconisations qui pourraient elles aussi faire tomber les auteurs de pêches INN de manière indirecte », assure la Fondation de la Mer.
À ce titre, les auteur·ices du rapport formulent 89 recommandations, qui incluent des volets scientifiques, technologiques, juridiques et politiques. Elles visent à traquer indirectement « les ramifications criminelles » qui accompagnent la pêche illégale.
Elle s’attaqueraient par exemple « à l’état des bateaux et la sécurité des équipages, établissant des bases solides pour des pratiques maritimes responsables », souligne la Fondation de la Mer. Celle-ci espère ainsi assurer la protection des environnements marins et des droits humains.
Finalement, l’organisation préconise la mise en œuvre d’une véritable « diplomatie de la pêche », une responsabilité spécifique qui incombe selon elle à l’Union européenne, la plus grande importatrice de poisson au monde. « Quand on a une puissance de marché, une puissance d’acheteur, il faut l’utiliser pour imposer des règles aux pays d’où on importe les produits de la mer », assure encore Sabine Roux de Bézieux auprès de RFI.
« L’Union européenne a un système de cartons jaunes et rouges qu’elle utilise pour bloquer des pays qui ne mettent pas en œuvre des règlementations pour lutter contre la pêche illégale. Ça fonctionne. La Fondation de la Mer recommande d’utiliser ces cartons d’avantage et que l’Union Européenne impose — aux pays d’où elle importe des produits — les mêmes règles que celles qu’elle impose aux pêcheurs dans ses propres eaux. »

S’il demeure insuffisant, le système semble en effet avoir contribué à améliorer les conditions de pêche dans certaines régions du globe. Le Belize, les Fidji, le Panama, le Togo et le Vanuatu ont par exemple déjà réformé leurs politiques et leurs législations en la matière, après l’obtention d’un « carton orange » des autorités européennes.
–Aure Gemiot
Source photo de couverture : L’USCGC Munro effectuant des inspections liées à la pêche INN dans l’océan Pacifique Est. ©Wikimedia Commons
The post Pêcher à tout prix : les ravages d’un trafic mondial first appeared on Mr Mondialisation.18.12.2025 à 05:00
Mr Mondialisation
Pour les végéta*ien·nes, les repas de fêtes peuvent devenir un calvaire si les tables « festives » s’apparentent à un cimetière. Sur les plus belles nappes peuvent se dresser un festival d’animaux morts. Huîtres, coquilles Saint Jacques, truites, saumons, dindes, pintades, chapons, fromages, produits laitiers… Zoom sur les chiffres des victimes de Noël et du […]
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D’après l’ADEME, 83% des repas festifs sont cuisinés en excès. Souvent centrés sur la viande, le poisson ou d’autres produits animaux, ils finissent — pour une part non négligeable — à la poubelle. Difficile alors de se réjouir pleinement de la « magie » de Noël.

Dans cette même étude, utiliser des produits locaux et de saison est perçu comme « acceptable et efficace » par environ 90% des sondé·es. Mais ces personnes sont moins de 50% à vouloir réduire la quantité de viande et de poisson sur leurs tables.
L’alimentation représente à elle seule près de 15% des émissions de gaz à effet de serre liées aux fêtes de fin d’année, selon l’ADEME. C’est le troisième poste d’impact environnemental, après les cadeaux et les déplacements. À l’inverse, imaginer un menu plus végétal pour Noël peut réduire considérablement cette empreinte carbone.
C’est aussi une manière simple de redonner du sens à la fête, en renouant avec des valeurs de partage et de respect des différentes formes de vie sur Terre.
Foie, ailes, cuisses… les volailles figurent parmi les produits les plus consommés pendant les fêtes de fin d’année. Dindes, chapons, pintades ou canards mulards occupent une place centrale sur les tables festives — au point d’en devenir de simples produits de consommation plutôt qu’un symbole du vivant.

Selon l’ANVOL (Association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair), plus de 7 millions de volailles sont abattues au mois de décembre en France. En moyenne, cela représente 4,2 millions de pintades, 2 millions de chapons et 1 million de dindes.
L’interprofession rappelle d’ailleurs que cette période est cruciale pour le secteur : « le seul mois de décembre représente 100% des ventes annuelles de chapons et de dindes fermières ». Un rappel saisissant de la place qu’occupe encore l’élevage dans nos traditions de fête.
« le seul mois de décembre représente 100% des ventes annuelles de chapons et de dindes fermières »
Élevées pour atteindre rapidement un gabarit imposant, souvent confinées sous lumière artificielle et privées de tout comportement naturel, la plupart des volailles destinées aux fêtes connaissent des conditions d’élevage intensif très éloignées de leurs besoins. L’association PETA rappelle ainsi qu’avant l’abattage, l’immense majorité d’entre elles subissent d’importantes souffrances.
Les chiffres précis pour les pintades et les dindes restent difficiles à établir, car ils sont regroupés sous l’appellation générale de « volaille ». En revanche, ceux concernant le poulet donnent un aperçu éclairant de la filière : en 2021, la certification bio ne concernait que moins de 2% des élevages, tandis que 75% produisaient du poulet « standard », très éloigné des critères de bien-être animal.
Et que dire du foie gras ? Plus de 111 000 oies et 15 millions de canards étaient élevés en 2020 dans la seule région Nouvelle-Aquitaine. En 2023, les ventes atteignaient 5 300 tonnes de foie gras de canard et 44 tonnes de foie gras d’oie.
Des chiffres impressionnants, qui rappellent la place centrale de ce produit — obtenu non sans souffrance animale — dans les traditions festives françaises, mais aussi les questions éthiques persistantes liées à sa production.
Sur nos tables de fêtes, les volailles rappellent que la célébration des uns repose souvent sur le sacrifice des autres.
Un repas de Noël sans saumon fumé ? Impensable pour une majorité de Français·es. Et pourtant, derrière ce mets emblématique se cache l’un des produits les plus problématiques de l’industrie agroalimentaire moderne. Véritable fléau environnemental et éthique, il illustre à lui seul les dérives d’un système productiviste en perte de sens.
« le saumon fumé continuera encore un moment « d’être de la fête ». Malgré l’immense chaîne de souffrance qu’engendre sa production. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production mondiale de saumon a bondi de 200 % en vingt ans, pour dépasser aujourd’hui les 3 millions de tonnes annuelles. Un volume difficile à concevoir, qui correspond à environ 600 millions de poissons tués chaque année à travers le monde.

Si les chiffres de la truite se retrouvent souvent englobés dans ceux du saumon, elle est l’un des poissons les plus consommés en France. Et lorsque certain·es consommateur·ices se détournent du saumon pour les raisons précédemment évoquées, la truite en fait les frais.
Malgré tout, les Français·es continuent d’inviter les poissons fumés sur leurs tables de Noël. Les ventes de décembre 2024 avaient même augmenté par rapport à l’année précédente. Une preuve que, pour beaucoup, le saumon fumé reste indissociable des fêtes… quitte à occulter le coût environnemental et éthique de sa production.
Au-delà des dindes et du saumon fumé, d’autres ingrédients issus de l’exploitation animale s’invitent plus discrètement aux repas de fête. Gélatine de porc et produits laitiers dans les desserts, plateaux de fromages ou fruits de mer en entrée… rares sont les tables exemptes de toute trace animale.

Coquilles Saint-Jacques et huîtres voient leur consommation exploser à l’approche des fêtes. Les premières enregistrent une hausse des ventes de près de 40 % en décembre, pour des volumes de pêche qui se chiffrent en milliers de tonnes chaque année. Quant aux huîtres, le seul mois de décembre représente près de 60 % des ventes annuelles.
Enfin, fromages, truffes ou encore bûches comptent parmi les produits les plus riches en lait et en crème. Or, l’industrie laitière demeure une filière à fort impact éthique, où des millions d’animaux sont abattus chaque année pour répondre à la demande de produits laitiers, y compris durant les fêtes.
Un repas de fin d’année sans excès ni souffrance animale, c’est pourtant possible. De nombreuses alternatives permettent de concocter un menu de Noël végétarien ou végane à la fois original, gourmand et convivial. Les blogs Patate et Cornichon, 100 % Végétal ou encore Perle en sucre regorgent d’idées savoureuses pour réinventer la fête sans renoncer au plaisir.
Sur Mr Mondialisation, on vous propose aussi plusieurs ressources inspirantes, comme une sélection de recettes végétales pour des fêtes éthiques et gourmandes Noël vegan : 9 recettes originales pour des fêtes éthiques !, une liste de 25 recettes de Noël végétal contre la souffrance animale Noël végétal : 25 recettes contre la souffrance animale, ainsi que des idées pour des cadeaux de Noël alternatifs, solidaires et moins consuméristes Black Friday : Nos idées cadeaux pour un Noël alternatif.
Et la tendance semble encourageante : selon un baromètre 2025, 53 % des Français·es déclarent avoir réduit leur consommation de viande au cours des trois dernières années. Un signe que les habitudes évoluent, y compris peut‑être, bientôt, au moment des fêtes.
– Marie Waclaw
Source image d’en-tête : ©Pexels
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Mr Mondialisation
Depuis ses origines, le Parti socialiste a été accusé à maintes reprises de trahison envers les classes populaires. Si le désastre du mandat Hollande semblait l’avoir entériné, les récentes alliances, notamment avec la France Insoumise, avaient réinstallé le doute. Le récent revirement de la formation d’Olivier Faure auprès du camp d’Emmanuel Macron coupe court à […]
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En 2014, au sein du calamiteux quinquennat Hollande, le PS faisait émerger un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Plus de dix ans plus tard, après avoir mis en scène une rivalité factice, l’actuel président et le mouvement social-libéral se tendent à nouveau les bras.
Le vote du budget de la Sécurité sociale, adopté par l’Assemblée nationale mardi 16 décembre 2025, avec 247 votes « pour » et 232 « contre », agit comme un révélateur. Plus qu’un compromis ponctuel, il marque un alignement clair du Parti socialiste avec le bloc macroniste sur un texte fondamental, à rebours du programme sur lequel il avait été élu.
Depuis l’avènement du Nouveau Front Populaire (alliance entre La France Insoumise, les Écologistes, Le Parti communiste français et le Parti socialiste), l’attitude des dirigeants du PS a de quoi interloquer. Sous des airs de juste mesure et d’ouverture au compromis, la formation de Boris Vallaud a surtout largement renié le programme signé avec les autres organisations de gauche en 2024.
Après avoir longtemps offert un sursis à François Bayrou, le PS en fait aujourd’hui autant avec Sébastien Lecornu. Les deux sont pourtant bien issus du macronisme et défendent une politique en opposition à celle de rupture normalement portée par la gauche. Dans une sorte de brouillard constant, le PS a ainsi tout fait pour entretenir une confusion sur ses positions, entre mouvement dit « de gauche » et interlocuteur particulier du gouvernement.
Le 9 décembre dernier s’est produit un évènement inédit dans toute l’Histoire de la cinquième République : un parti se réclamant de l’opposition a voté le budget de la Sécurité sociale établi par le camp Macron.
Lors de l’ultime lecture à l’Assemblée nationale, le texte a été adopté grâce à une majorité relative rendue possible par le vote favorable du groupe socialiste. La quasi-totalité des députés PS ont voté pour, là où l’ensemble des députés de la France insoumise s’y sont opposés. Sans cet appui décisif, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale n’aurait tout simplement pas été adopté.
En observant de plus près ce texte, il y a largement de quoi être sceptique. Limitation des arrêts de travail, 4 milliards en moins dans le budget de la santé, ou encore une surtaxe sur les mutuelles qui devrait engendrer une hausse de leur coût, les mesures polémiques sont nombreuses. Surtout en comparaison du maigre décalage de la réforme des retraites dont ne cessent de se vanter les socialistes, mais qui ne changera pourtant pas grand-chose.
Malgré ces dispositions clairement assumées par l’exécutif, le Parti socialiste a fait le choix de valider le texte. Un vote qui ne peut donc pas être présenté comme un simple geste technique ou une abstention critique, mais bien comme un soutien politique explicite à l’orientation budgétaire du gouvernement.
Pourtant, ce budget validé par les socialistes est diamétralement opposé au programme sur lequel ces derniers ont été mandatés. Celui-ci prévoyait notamment l’abrogation de la réforme des retraites, un grand plan d’embauche des professionnels du soin et surtout une rupture avec le macronisme. La France insoumise en a déduit que le PS a « changé d’alliance », quittant le NFP pour la majorité présidentielle.
Plus surprenante, dans cet épisode, la position des Écologistes a aussi fait grincer des dents. Si neuf d’entre eux ont bien voté contre, vingt-six se sont abstenus et trois ont même franchi le Rubicon, en appuyant le texte. Or, il manquait seulement 13 voix pour renverser la décision dans l’autre sens.
Si une minorité de députés écologistes a voté contre, la majorité du groupe s’est abstenue, et quelques élus ont même voté en faveur du texte. Une position qui, sans équivaloir à un soutien assumé, a néanmoins contribué à sécuriser l’adoption du budget.
Le rôle des députés du camp écologistes a donc été déterminant. Et bien que la patronne du groupe à l’assemblée, Cyrielle Châtelain, ait expliqué avoir été victime d’un chantage de la part du gouvernement, certains regrettent que le parti de Marine Tondelier n’ait pas eu le courage de pousser Sébastien Lecornu dans ses retranchements.
Au fond, si le PS se montre aussi conciliant avec le clan présidentiel, ce n’est pas juste pour se donner l’image d’un mouvement responsable, ouvert aux compromis, face à l’intransigeance de la France Insoumise. C’est également pour ne pas risquer une nouvelle dissolution.
Ce calcul n’est pas difficile à comprendre. Une nouvelle dissolution aurait placé le Parti socialiste dans une position particulièrement fragile, privé de l’alliance avec la France Insoumise, principal moteur électoral de la gauche lors des dernières séquences nationales. En évitant cette hypothèse, le PS protège avant tout ses positions parlementaires actuelles, quitte à entériner une rupture politique avec le Nouveau Front populaire.
Depuis son origine, le PS est un habitué des voltes-faces contraire à ce que les Français seraient en droit d’attendre d’un mouvement dit « de gauche ». Dès 1914, son ancêtre, la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), se rallie à l’Union sacrée pour la guerre. En 1936, le Front populaire, qu’elle dirige, traîne à mettre en place ses engagements : le peuple doit l’y pousser.
La SFIO ne prend pas non plus de mesures concrètes contre le massacre de la République espagnole à la fin des années 30. Il est également possible de la créditer d’une répression des grèves ouvrières après 1945, ainsi que d’un rôle important dans la guerre d’Algérie et dans la politique coloniale.
Si on lui doit des avancées majeures, comme l’abolition de la peine de mort, les 35 heures de travail hebdomadaire ou encore le mariage pour tous, force est de constater que, depuis les années 80, l’exercice du pouvoir du parti socialiste a surtout été l’occasion de détériorer sa crédibilité auprès de ses électeurs, ce qui constitue une des causes de la montée de l’extrême droite.
N’ont pas été oubliés le virage libéral orchestré par ce parti dès 1983, les privatisations massives sous Lionel Jospin et surtout la désastreuse présidence de François Hollande, aussi catastrophique que celui de Nicolas Sarkozy. On pense aussi à la déchéance de nationalité ou aux lois Macron et El Khomri, prémisses de la mandature actuelle.
Aux présidentielles de 2022, il a manqué 421 421 voix à l’Union populaire pour passer. À peine un quart du score de Yannick Jadot (EELV), la moitié de celui de Fabien Roussel (PCF), un peu moins que celui d’Anne Hidalgo (PS). Face à ces scores minables et prévisibles, le militant et journaliste Tal Madesta adressait sur Instagram ses remerciements acerbes « aux partis de la gauche institutionnelle qui préfèrent se branler sur leurs candidatures de bourgeois·es de merde qui fédèrent même pas assez pour leur permettre de rembourser leurs frais de campagne plutôt que d’appeler à une véritable union de la gauche ».
À ce propos, la journaliste Victoria Berni-André écrivait dans Vivant·es et dignes (Hors d’Atteinte, 2024) : « Hidalgo, Jadot, Roussel ont par la suite eu l’audace d’appeler à faire barrage au fascisme… au second tour. Exprimant clairement leur préférence à voir gagner Macron plutôt que Mélenchon. Cette manœuvre honteuse n’était guère étonnante: pour rappel, c’est Jadot qui disait en février 2019 des manif’ des Gilets jaunes « il faut que ça s’arrête », qui en mars 2019 voulait incarner une écologie favorable à « la libre entreprise et l’économie de marché », qui en septembre 2020 stigmatisait les femmes souhaitant couvrir leur corps à la piscine, ou encore qui, en mai 2021, manifestait avec le syndicat de police Alliance. Roussel était d’ailleurs également à cette manif’, ce à quoi on peut ajouter sa critique du féminisme intersectionnel et son amour proclamé de la viande.
Ce qu’ont en commun Roussel, Jadot et Hidalgo, c’est qu’iels ont toustes les trois fustigé Mélenchon, confortant ainsi la stratégie macroniste qui discréditait la gauche en permanence tout en flirtant avec l’extrême droite, pour ensuite se positionner en rempart. La meilleure façon d’y faire barrage était de se réunir dès le premier tour autour de l’Union populaire. »
Après cette période calamiteuse, divers citoyens de gauche avaient d’ailleurs appelé à ne plus jamais voter PS. Malgré tout, avec la NUPES, puis avec le NFP, initiés par la France Insoumise, le PS a réussi à reprendre quelques couleurs avant de finalement retomber dans ses travers. Une attitude qui ne devrait plus lui permettre d’obtenir la confiance de LFI, mais aussi des sympathisants de gauche.
Reste que le parti à la rose compte probablement se refaire une santé sur les cendres du macronisme avec un électorat centriste qui pourrait se tourner vers lui. Il faudra, sans doute, attendre les prochaines municipales de mars 2026 pour y voir plus clair.
– Simon Verdière
Photo de couverture : Olivier Faure. 2018. Wikimedia.
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