19.12.2025 à 15:57
Simon Verdiere
Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici les 10 informations à ne pas manquer cette semaine. 1. Pesticides autorisés de façon éternelle : l’UE sacrifie notre santé pour l’agro-industrie En rendant quasi permanentes les autorisations de pesticides, la Commission européenne enterre les contrôles sanitaires. Un cadeau aux lobbies, un danger pour […]
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1. Pesticides autorisés de façon éternelle : l’UE sacrifie notre santé pour l’agro-industrie
En rendant quasi permanentes les autorisations de pesticides, la Commission européenne enterre les contrôles sanitaires. Un cadeau aux lobbies, un danger pour les agriculteurs, la biodiversité et les citoyens. (Reporterre)
2. Parlement européen : scandale écologique et social avec la loi Omnibus
Le Parlement européen a adopté la loi Omnibus, qui affaiblit le Pacte vert et les protections sociales : devoir de vigilance réduit, transparence diminuée, obligations climatiques supprimées. (Vert)
3. Retour de l’extrême droite au Chili : l’opposition s’organise
Après l’élection de José Antonio Kast, fils d’un ancien nazi et admirateur de Pinochet, la gauche et les mouvements sociaux appellent à résister face à un gouvernement qui menace droits sociaux, environnement et démocraties populaires. (Basta)
4. L’UE freine la transition : sursis aux moteurs thermiques malgré l’urgence climatique
La Commission européenne revient sur l’interdiction de vente de voitures à moteur thermique en 2035, assouplissant l’objectif en laissant une part des émissions et des exceptions pour hybrides/combustion, sous pression industrielle et politique. Un recul face à l’urgence climatique qui sacrifie l’ambition écologique pour préserver l’industrie automobile. (Le Monde)
5. Trump sacrifie climat & terres autochtones pour l’IA au charbon
Trump relance l’industrie du charbon, y compris sur des terres Navajo, pour alimenter les centres d’IA, avec le soutien controversé de l’autorité tribale. Un plan qui renforce les fossiles, détruit l’environnement et exploite des communautés déjà marginalisées. (La brèche)
6. TikTok & Reels addictifs : nos cerveaux en danger
D’après une étude, les formats courts exploitent la dopamine, fragilisent attention et concentration, augmentent stress et anxiété. Ce n’est pas juste du temps d’écran, mais un design algorithmique qui façonne nos cerveaux pour le pire. (Synthmedia)
7. L’agriculture dit non au libre‑échange qui détruit la profession
Des agriculteurs et agricultrices de toute l’UE ont convergé vers Bruxelles contre l’accord UE‑Mercosur, les bas prix, la baisse de la PAC et la concurrence déloyale étrangère. Une lutte paysanne qui mêle défense des conditions de vie et critiques des politiques libérales de l’UE. (Le poing)
8. Trump intensifie la pression contre le Venezuela
Pour mettre la main sur les réserves pétrolières du Venezuela, Trump multiplie blocus, sanctions, et actions militaires pour faire tomber Maduro. Une ingérence agressive qui a déjà fait près de 100 morts et qui met en péril la souveraineté vénézuélienne. (L’humanité)
9. L’État abandonne “60 Millions de Consommateurs”, service public vital
Le Sénat a acté la liquidation du magazine indépendant qui testait les produits et alertait sur les dangers sanitaires, au nom d’économies. Privatisation en vue, emplois menacés et moins de contre‑pouvoir face aux lobbies. (Presse-citron)
10. Maire RN de Fréjus jugé pour favoritisme : justice en marche
David Rachline, maire (RN) de Fréjus visé par plusieurs affaires judiciaires, sera jugé en septembre 2026 pour favoritisme dans l’attribution de marchés publics, après mise en examen et perquisitions dans sa mairie, illustrant l’opacité et les privilèges persistants chez l’extrême droite locale. (Libération)
– Simon Verdière
Source photo de couverture : Une centrale à Charbon aux États-Unis – Par Cathy Haglund ©Flickr
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Mr Mondialisation
Alimentée par des réseaux criminels et une corruption endémique, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) représenterait jusqu’à 19 % des captures mondiales. Elle menace la biodiversité marine et la sécurité alimentaire. Dans un rapport récent, la Fondation de la Mer dénonce un fléau « écosystémique, économique et politique » et appelle à une « […]
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Après avoir exploré l’envers des repas de fêtes, cap sur les profondeurs océaniques où la traque des poissons vire parfois au pillage organisé. Derrière nos assiettes, une course effrénée aux ressources halieutiques pousse des filières à franchir la ligne rouge : celle de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.
À l’échelle mondiale, le phénomène prend des proportions vertigineuses. Chaque année, près de 80 millions de tonnes de poissons sont pêchées dans le monde, ce sont 26 millions de tonnes de poissons qui sortent de l’eau par la pêche INN (comprendre pêche illégale, non déclarée et non réglementée).
Plus de deux ans de travail et 44 entretiens ont été réalisés avec des experts de la filière pêche. Le rapport de 124 pages dresse un état des lieux détaillé des dangers et des dégâts engendrés par les activités illégales et non réglementées dans nos océans.
« Loin d’être une pêche pirate marginale, la pêche INN est aujourd’hui fomentée par un vaste réseau d’organisations criminelles. La corruption alimente cette dernière, menace la sécurité alimentaire mondiale et participe activement à l’esclavage moderne », prévient l’association.

Comme d’autres domaines de production, le secteur halieutique autrefois limité par des moyens techniques de navigation et de pêche, a connu une forte industrialisation depuis le milieu du XIXe siècle. Fermes aquacoles, équipements technologiques de pointe et navires toujours plus massifs, ont changé la donne. Il s’agit à présent d’une activité dominée par des logiques productivistes étendues à un marché mondialisé.
Sushi, sashimi, fish and chips et autres spécialités nourrissent des millions de consommateurs à travers le monde. Or, ces derniers sont de plus en plus avides de nouveautés aux saveurs iodées et « exotiques ». En moyenne, un individu consomme près de 20 kg de poisson par an. Un chiffre à la hausse dans les pays européens, allant jusqu’à 32kg pour les Français.
Cet appétit grandissant pour les produits de la mer n’est pas sans conséquence pour la biodiversité marine : 38 % des stocks de poissons font l’objet de surpêche actuellement, contre seulement 10% en 1974. Moins d’une dizaine de pays dominent le secteur : Chine, Indonésie, Inde, Pérou, Russie, États-Unis, Vietnam, et Japon… Ils sont responsables d’un peu plus de la moitié des prises (51%).
Pour pallier ces limitations et continuer d’assurer la productivité de leurs activités, certaines parties prenantes n’hésitent pas à franchir la ligne rouge : sous-déclaration des prises par les navires, pêche dans des Zones Économiques Exclusives (ZEE) d’un autre État, montages financiers et stratégiques pour éviter des normes trop strictes… La pêche INN a de nombreux visages.
Avec une réglementation fragmentée, peu appliquée voire absente selon les régions, l’océan semble vaste et difficile à contrôler. Résultat : un business juteux pour les trafiquants, évalué entre 10 et 23 milliards de dollars par an, selon le rapport.
« En Afrique du Sud, les trafiquants échangent ainsi des ormeaux contre de la drogue »
Par ailleurs, les réseaux criminels n’hésitent pas à mutualiser leurs trafics : poissons, drogues et êtres humains transitent parfois sur les mêmes bateaux. « En Afrique du Sud, les trafiquants échangent ainsi des ormeaux contre de la drogue », détaille la Fondation.
Cette économie parallèle ne se limite pas aux seules violations du droit. Elle entraîne aussi « une surexploitation de l’océan » et « détruit l’équilibre des écosystèmes marins », a rappelé Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la Mer, lors d’une conférence de presse.
Surtout, la pêche illégale constitue « un vol » de ressources et d’opportunités économiques au détriment des populations les plus vulnérables, pour qui la pêche demeure souvent le seul moyen de subsistance et d’apport protéique.
Parmi les pays les plus impliqués, on retrouve largement en tête la Chine, puis l’Indonésie, le Pérou, la Russie, les États-Unis, l’Inde et le Vietnam. Les espèces de poissons les plus prisées des trafiquants sont l’anchois — destiné bien souvent à nourrir les poissons d’élevage — le thon listao et le lieu d’Alaska.
Au Sénégal par exemple, « les pêcheurs locaux subissent un véritable fléau », explique le rapport de la Fondation. « Les industries chinoises de transformation s’installent directement sur site et produisent des quantités supérieures aux quantités de poissons originellement débarquées. Des sociétés-écrans sont aussi créées pour » sénégaliser » les navires de pêche et obtenir facilement les licences de pêche ».
Il s’agit ici d’un pillage injuste qui sévit au large, à l’abri des regards, dont il est également question dans cet article.

Même sur le Vieux Continent, les pratiques de pêche illégale continuent de sévir, notamment en France. « En 2016, quatre braconniers ont été condamnés à verser près de 350 000 euros pour préjudice écologique. Ils avaient prélevé de manière illégale 4,5 tonnes de poissons et de poulpes et plus de 16 000 douzaines d’oursins dans le Parc National des Calanques au large de Marseille », rappelle l’association.
Plusieurs acteurs du monde maritime français s’inquiètent aujourd’hui de la recrudescence des prises accessoires de dauphins dans le golfe de Gascogne. Une étude de l’Ifremer estime que 4 000 à 8 000 dauphins seraient victimes de la pêche chaque année en France.
Que faire pour lutter contre ce fléau ? « Au temps de la prohibition, il faut rappeler qu’Al Capone était tombé par des moyens détournés, pour fraude fiscale, bien loin de ses agissements mafieux. Sur le même modèle, ce rapport propose des préconisations qui pourraient elles aussi faire tomber les auteurs de pêches INN de manière indirecte », assure la Fondation de la Mer.
À ce titre, les auteur·ices du rapport formulent 89 recommandations, qui incluent des volets scientifiques, technologiques, juridiques et politiques. Elles visent à traquer indirectement « les ramifications criminelles » qui accompagnent la pêche illégale.
Elle s’attaqueraient par exemple « à l’état des bateaux et la sécurité des équipages, établissant des bases solides pour des pratiques maritimes responsables », souligne la Fondation de la Mer. Celle-ci espère ainsi assurer la protection des environnements marins et des droits humains.
Finalement, l’organisation préconise la mise en œuvre d’une véritable « diplomatie de la pêche », une responsabilité spécifique qui incombe selon elle à l’Union européenne, la plus grande importatrice de poisson au monde. « Quand on a une puissance de marché, une puissance d’acheteur, il faut l’utiliser pour imposer des règles aux pays d’où on importe les produits de la mer », assure encore Sabine Roux de Bézieux auprès de RFI.
« L’Union européenne a un système de cartons jaunes et rouges qu’elle utilise pour bloquer des pays qui ne mettent pas en œuvre des règlementations pour lutter contre la pêche illégale. Ça fonctionne. La Fondation de la Mer recommande d’utiliser ces cartons d’avantage et que l’Union Européenne impose — aux pays d’où elle importe des produits — les mêmes règles que celles qu’elle impose aux pêcheurs dans ses propres eaux. »

S’il demeure insuffisant, le système semble en effet avoir contribué à améliorer les conditions de pêche dans certaines régions du globe. Le Belize, les Fidji, le Panama, le Togo et le Vanuatu ont par exemple déjà réformé leurs politiques et leurs législations en la matière, après l’obtention d’un « carton orange » des autorités européennes.
–Aure Gemiot
Source photo de couverture : L’USCGC Munro effectuant des inspections liées à la pêche INN dans l’océan Pacifique Est. ©Wikimedia Commons
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Mr Mondialisation
Pour les végéta*ien·nes, les repas de fêtes peuvent devenir un calvaire si les tables « festives » s’apparentent à un cimetière. Sur les plus belles nappes peuvent se dresser un festival d’animaux morts. Huîtres, coquilles Saint Jacques, truites, saumons, dindes, pintades, chapons, fromages, produits laitiers… Zoom sur les chiffres des victimes de Noël et du […]
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D’après l’ADEME, 83% des repas festifs sont cuisinés en excès. Souvent centrés sur la viande, le poisson ou d’autres produits animaux, ils finissent — pour une part non négligeable — à la poubelle. Difficile alors de se réjouir pleinement de la « magie » de Noël.

Dans cette même étude, utiliser des produits locaux et de saison est perçu comme « acceptable et efficace » par environ 90% des sondé·es. Mais ces personnes sont moins de 50% à vouloir réduire la quantité de viande et de poisson sur leurs tables.
L’alimentation représente à elle seule près de 15% des émissions de gaz à effet de serre liées aux fêtes de fin d’année, selon l’ADEME. C’est le troisième poste d’impact environnemental, après les cadeaux et les déplacements. À l’inverse, imaginer un menu plus végétal pour Noël peut réduire considérablement cette empreinte carbone.
C’est aussi une manière simple de redonner du sens à la fête, en renouant avec des valeurs de partage et de respect des différentes formes de vie sur Terre.
Foie, ailes, cuisses… les volailles figurent parmi les produits les plus consommés pendant les fêtes de fin d’année. Dindes, chapons, pintades ou canards mulards occupent une place centrale sur les tables festives — au point d’en devenir de simples produits de consommation plutôt qu’un symbole du vivant.

Selon l’ANVOL (Association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair), plus de 7 millions de volailles sont abattues au mois de décembre en France. En moyenne, cela représente 4,2 millions de pintades, 2 millions de chapons et 1 million de dindes.
L’interprofession rappelle d’ailleurs que cette période est cruciale pour le secteur : « le seul mois de décembre représente 100% des ventes annuelles de chapons et de dindes fermières ». Un rappel saisissant de la place qu’occupe encore l’élevage dans nos traditions de fête.
« le seul mois de décembre représente 100% des ventes annuelles de chapons et de dindes fermières »
Élevées pour atteindre rapidement un gabarit imposant, souvent confinées sous lumière artificielle et privées de tout comportement naturel, la plupart des volailles destinées aux fêtes connaissent des conditions d’élevage intensif très éloignées de leurs besoins. L’association PETA rappelle ainsi qu’avant l’abattage, l’immense majorité d’entre elles subissent d’importantes souffrances.
Les chiffres précis pour les pintades et les dindes restent difficiles à établir, car ils sont regroupés sous l’appellation générale de « volaille ». En revanche, ceux concernant le poulet donnent un aperçu éclairant de la filière : en 2021, la certification bio ne concernait que moins de 2% des élevages, tandis que 75% produisaient du poulet « standard », très éloigné des critères de bien-être animal.
Et que dire du foie gras ? Plus de 111 000 oies et 15 millions de canards étaient élevés en 2020 dans la seule région Nouvelle-Aquitaine. En 2023, les ventes atteignaient 5 300 tonnes de foie gras de canard et 44 tonnes de foie gras d’oie.
Des chiffres impressionnants, qui rappellent la place centrale de ce produit — obtenu non sans souffrance animale — dans les traditions festives françaises, mais aussi les questions éthiques persistantes liées à sa production.
Sur nos tables de fêtes, les volailles rappellent que la célébration des uns repose souvent sur le sacrifice des autres.
Un repas de Noël sans saumon fumé ? Impensable pour une majorité de Français·es. Et pourtant, derrière ce mets emblématique se cache l’un des produits les plus problématiques de l’industrie agroalimentaire moderne. Véritable fléau environnemental et éthique, il illustre à lui seul les dérives d’un système productiviste en perte de sens.
« le saumon fumé continuera encore un moment « d’être de la fête ». Malgré l’immense chaîne de souffrance qu’engendre sa production. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production mondiale de saumon a bondi de 200 % en vingt ans, pour dépasser aujourd’hui les 3 millions de tonnes annuelles. Un volume difficile à concevoir, qui correspond à environ 600 millions de poissons tués chaque année à travers le monde.

Si les chiffres de la truite se retrouvent souvent englobés dans ceux du saumon, elle est l’un des poissons les plus consommés en France. Et lorsque certain·es consommateur·ices se détournent du saumon pour les raisons précédemment évoquées, la truite en fait les frais.
Malgré tout, les Français·es continuent d’inviter les poissons fumés sur leurs tables de Noël. Les ventes de décembre 2024 avaient même augmenté par rapport à l’année précédente. Une preuve que, pour beaucoup, le saumon fumé reste indissociable des fêtes… quitte à occulter le coût environnemental et éthique de sa production.
Au-delà des dindes et du saumon fumé, d’autres ingrédients issus de l’exploitation animale s’invitent plus discrètement aux repas de fête. Gélatine de porc et produits laitiers dans les desserts, plateaux de fromages ou fruits de mer en entrée… rares sont les tables exemptes de toute trace animale.

Coquilles Saint-Jacques et huîtres voient leur consommation exploser à l’approche des fêtes. Les premières enregistrent une hausse des ventes de près de 40 % en décembre, pour des volumes de pêche qui se chiffrent en milliers de tonnes chaque année. Quant aux huîtres, le seul mois de décembre représente près de 60 % des ventes annuelles.
Enfin, fromages, truffes ou encore bûches comptent parmi les produits les plus riches en lait et en crème. Or, l’industrie laitière demeure une filière à fort impact éthique, où des millions d’animaux sont abattus chaque année pour répondre à la demande de produits laitiers, y compris durant les fêtes.
Un repas de fin d’année sans excès ni souffrance animale, c’est pourtant possible. De nombreuses alternatives permettent de concocter un menu de Noël végétarien ou végane à la fois original, gourmand et convivial. Les blogs Patate et Cornichon, 100 % Végétal ou encore Perle en sucre regorgent d’idées savoureuses pour réinventer la fête sans renoncer au plaisir.
Sur Mr Mondialisation, on vous propose aussi plusieurs ressources inspirantes, comme une sélection de recettes végétales pour des fêtes éthiques et gourmandes Noël vegan : 9 recettes originales pour des fêtes éthiques !, une liste de 25 recettes de Noël végétal contre la souffrance animale Noël végétal : 25 recettes contre la souffrance animale, ainsi que des idées pour des cadeaux de Noël alternatifs, solidaires et moins consuméristes Black Friday : Nos idées cadeaux pour un Noël alternatif.
Et la tendance semble encourageante : selon un baromètre 2025, 53 % des Français·es déclarent avoir réduit leur consommation de viande au cours des trois dernières années. Un signe que les habitudes évoluent, y compris peut‑être, bientôt, au moment des fêtes.
– Marie Waclaw
Source image d’en-tête : ©Pexels
The post Fêtes de fin d’année : à quel prix pour les animaux ? first appeared on Mr Mondialisation.17.12.2025 à 05:00
Mr Mondialisation
Depuis ses origines, le Parti socialiste a été accusé à maintes reprises de trahison envers les classes populaires. Si le désastre du mandat Hollande semblait l’avoir entériné, les récentes alliances, notamment avec la France Insoumise, avaient réinstallé le doute. Le récent revirement de la formation d’Olivier Faure auprès du camp d’Emmanuel Macron coupe court à […]
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En 2014, au sein du calamiteux quinquennat Hollande, le PS faisait émerger un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Plus de dix ans plus tard, après avoir mis en scène une rivalité factice, l’actuel président et le mouvement social-libéral se tendent à nouveau les bras.
Le vote du budget de la Sécurité sociale, adopté par l’Assemblée nationale mardi 16 décembre 2025, avec 247 votes « pour » et 232 « contre », agit comme un révélateur. Plus qu’un compromis ponctuel, il marque un alignement clair du Parti socialiste avec le bloc macroniste sur un texte fondamental, à rebours du programme sur lequel il avait été élu.
Depuis l’avènement du Nouveau Front Populaire (alliance entre La France Insoumise, les Écologistes, Le Parti communiste français et le Parti socialiste), l’attitude des dirigeants du PS a de quoi interloquer. Sous des airs de juste mesure et d’ouverture au compromis, la formation de Boris Vallaud a surtout largement renié le programme signé avec les autres organisations de gauche en 2024.
Après avoir longtemps offert un sursis à François Bayrou, le PS en fait aujourd’hui autant avec Sébastien Lecornu. Les deux sont pourtant bien issus du macronisme et défendent une politique en opposition à celle de rupture normalement portée par la gauche. Dans une sorte de brouillard constant, le PS a ainsi tout fait pour entretenir une confusion sur ses positions, entre mouvement dit « de gauche » et interlocuteur particulier du gouvernement.
Le 9 décembre dernier s’est produit un évènement inédit dans toute l’Histoire de la cinquième République : un parti se réclamant de l’opposition a voté le budget de la Sécurité sociale établi par le camp Macron.
Lors de l’ultime lecture à l’Assemblée nationale, le texte a été adopté grâce à une majorité relative rendue possible par le vote favorable du groupe socialiste. La quasi-totalité des députés PS ont voté pour, là où l’ensemble des députés de la France insoumise s’y sont opposés. Sans cet appui décisif, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale n’aurait tout simplement pas été adopté.
En observant de plus près ce texte, il y a largement de quoi être sceptique. Limitation des arrêts de travail, 4 milliards en moins dans le budget de la santé, ou encore une surtaxe sur les mutuelles qui devrait engendrer une hausse de leur coût, les mesures polémiques sont nombreuses. Surtout en comparaison du maigre décalage de la réforme des retraites dont ne cessent de se vanter les socialistes, mais qui ne changera pourtant pas grand-chose.
Malgré ces dispositions clairement assumées par l’exécutif, le Parti socialiste a fait le choix de valider le texte. Un vote qui ne peut donc pas être présenté comme un simple geste technique ou une abstention critique, mais bien comme un soutien politique explicite à l’orientation budgétaire du gouvernement.
Pourtant, ce budget validé par les socialistes est diamétralement opposé au programme sur lequel ces derniers ont été mandatés. Celui-ci prévoyait notamment l’abrogation de la réforme des retraites, un grand plan d’embauche des professionnels du soin et surtout une rupture avec le macronisme. La France insoumise en a déduit que le PS a « changé d’alliance », quittant le NFP pour la majorité présidentielle.
Plus surprenante, dans cet épisode, la position des Écologistes a aussi fait grincer des dents. Si neuf d’entre eux ont bien voté contre, vingt-six se sont abstenus et trois ont même franchi le Rubicon, en appuyant le texte. Or, il manquait seulement 13 voix pour renverser la décision dans l’autre sens.
Si une minorité de députés écologistes a voté contre, la majorité du groupe s’est abstenue, et quelques élus ont même voté en faveur du texte. Une position qui, sans équivaloir à un soutien assumé, a néanmoins contribué à sécuriser l’adoption du budget.
Le rôle des députés du camp écologistes a donc été déterminant. Et bien que la patronne du groupe à l’assemblée, Cyrielle Châtelain, ait expliqué avoir été victime d’un chantage de la part du gouvernement, certains regrettent que le parti de Marine Tondelier n’ait pas eu le courage de pousser Sébastien Lecornu dans ses retranchements.
Au fond, si le PS se montre aussi conciliant avec le clan présidentiel, ce n’est pas juste pour se donner l’image d’un mouvement responsable, ouvert aux compromis, face à l’intransigeance de la France Insoumise. C’est également pour ne pas risquer une nouvelle dissolution.
Ce calcul n’est pas difficile à comprendre. Une nouvelle dissolution aurait placé le Parti socialiste dans une position particulièrement fragile, privé de l’alliance avec la France Insoumise, principal moteur électoral de la gauche lors des dernières séquences nationales. En évitant cette hypothèse, le PS protège avant tout ses positions parlementaires actuelles, quitte à entériner une rupture politique avec le Nouveau Front populaire.
Depuis son origine, le PS est un habitué des voltes-faces contraire à ce que les Français seraient en droit d’attendre d’un mouvement dit « de gauche ». Dès 1914, son ancêtre, la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), se rallie à l’Union sacrée pour la guerre. En 1936, le Front populaire, qu’elle dirige, traîne à mettre en place ses engagements : le peuple doit l’y pousser.
La SFIO ne prend pas non plus de mesures concrètes contre le massacre de la République espagnole à la fin des années 30. Il est également possible de la créditer d’une répression des grèves ouvrières après 1945, ainsi que d’un rôle important dans la guerre d’Algérie et dans la politique coloniale.
Si on lui doit des avancées majeures, comme l’abolition de la peine de mort, les 35 heures de travail hebdomadaire ou encore le mariage pour tous, force est de constater que, depuis les années 80, l’exercice du pouvoir du parti socialiste a surtout été l’occasion de détériorer sa crédibilité auprès de ses électeurs, ce qui constitue une des causes de la montée de l’extrême droite.
N’ont pas été oubliés le virage libéral orchestré par ce parti dès 1983, les privatisations massives sous Lionel Jospin et surtout la désastreuse présidence de François Hollande, aussi catastrophique que celui de Nicolas Sarkozy. On pense aussi à la déchéance de nationalité ou aux lois Macron et El Khomri, prémisses de la mandature actuelle.
Aux présidentielles de 2022, il a manqué 421 421 voix à l’Union populaire pour passer. À peine un quart du score de Yannick Jadot (EELV), la moitié de celui de Fabien Roussel (PCF), un peu moins que celui d’Anne Hidalgo (PS). Face à ces scores minables et prévisibles, le militant et journaliste Tal Madesta adressait sur Instagram ses remerciements acerbes « aux partis de la gauche institutionnelle qui préfèrent se branler sur leurs candidatures de bourgeois·es de merde qui fédèrent même pas assez pour leur permettre de rembourser leurs frais de campagne plutôt que d’appeler à une véritable union de la gauche ».
À ce propos, la journaliste Victoria Berni-André écrivait dans Vivant·es et dignes (Hors d’Atteinte, 2024) : « Hidalgo, Jadot, Roussel ont par la suite eu l’audace d’appeler à faire barrage au fascisme… au second tour. Exprimant clairement leur préférence à voir gagner Macron plutôt que Mélenchon. Cette manœuvre honteuse n’était guère étonnante: pour rappel, c’est Jadot qui disait en février 2019 des manif’ des Gilets jaunes « il faut que ça s’arrête », qui en mars 2019 voulait incarner une écologie favorable à « la libre entreprise et l’économie de marché », qui en septembre 2020 stigmatisait les femmes souhaitant couvrir leur corps à la piscine, ou encore qui, en mai 2021, manifestait avec le syndicat de police Alliance. Roussel était d’ailleurs également à cette manif’, ce à quoi on peut ajouter sa critique du féminisme intersectionnel et son amour proclamé de la viande.
Ce qu’ont en commun Roussel, Jadot et Hidalgo, c’est qu’iels ont toustes les trois fustigé Mélenchon, confortant ainsi la stratégie macroniste qui discréditait la gauche en permanence tout en flirtant avec l’extrême droite, pour ensuite se positionner en rempart. La meilleure façon d’y faire barrage était de se réunir dès le premier tour autour de l’Union populaire. »
Après cette période calamiteuse, divers citoyens de gauche avaient d’ailleurs appelé à ne plus jamais voter PS. Malgré tout, avec la NUPES, puis avec le NFP, initiés par la France Insoumise, le PS a réussi à reprendre quelques couleurs avant de finalement retomber dans ses travers. Une attitude qui ne devrait plus lui permettre d’obtenir la confiance de LFI, mais aussi des sympathisants de gauche.
Reste que le parti à la rose compte probablement se refaire une santé sur les cendres du macronisme avec un électorat centriste qui pourrait se tourner vers lui. Il faudra, sans doute, attendre les prochaines municipales de mars 2026 pour y voir plus clair.
– Simon Verdière
Photo de couverture : Olivier Faure. 2018. Wikimedia.
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Mr Mondialisation
En finir avec les idées fausses sur l’antispécisme, ou 400 pages qui étayent et débunkent de nombreux clichés autour de la question spéciste. Publié aux éditions de l’Atelier en octobre 2025, cet essai rigoureux, argumenté, exhaustif, devrait rapidement devenir une référence dans le domaine. Rencontre avec son auteur, Victor Duran-Le Peuch. « Le véganisme est […]
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« Le véganisme est une dérive wokiste », « Les antispécistes veulent supprimer la prédation », « On peut tuer un animal, mais avec respect ! », « L’antispécisme veut la disparition des animaux domestiques », « Le vrai problème, c’est le capitalisme »… Au total, Victor Duran-Le Peuch analyse et met à mal une cinquantaine d’idées reçues – et souvent très ancrées – au sujet de l’antispécisme.

En finir avec les idées fausses sur l’antispécisme est un ouvrage à la fois riche, pertinent et accessible à tous pour tenter de faire le point sur ce qu’engendre le spécisme au sein de notre société. N’hésitant pas à s’appuyer sur de très nombreuses références, Victor Duran-Le Peuch analyse le fond de chaque cliché, et les arguments objectifs pour les contrer. Le tout, en faisant preuve d’honnêteté intellectuelle et en soulignant notamment qu’il existe encore des questions auxquelles nous n’avons pas de réponse. Un essai passionnant qui, à l’approche des fêtes de famille, pourra en aider plus d’un·e à répondre face aux remarques faites à table !
Victor Duran-Le Peuch : « J’ai 28 ans et ai fait des études en sociologie et philosophie. À l’époque de mon Master, j’ai réorienté mon sujet de mémoire sur la sentience des poissons. Le débat scientifique avait cours depuis une vingtaine d’années autour de cette question, nous permettant désormais d’affirmer que les poissons ont bel et bien une vie consciente subjective.
Depuis 4 ans, j’anime également le podcast Comme un poisson dans l’eau, qui est entièrement lié à la question du spécisme et qui l’aborde aussi via des thématiques connexes. J’y parle du lien entre l’oppression des animaux et d’autres sujets comme l’écologie, l’actualité, ou encore les étiquettes. Celles de wokiste ou de bobo, notamment, sont très généralisées et utilisées par l’offensive réactionnaire (rires) ! Ce sont tous ces travaux et ces expériences qui m’ont amené à l’écriture du livre, qui a duré un an. »
Victor Duran-Le Peuch : « En réalité, il s’agit de mon travail accumulé ces quatre dernières années. À force de contacter experts, auteurs ou associations, j’ai pu condenser mes références. 90% du contenu du livre est constitué de savoirs académiques et militants : ce ne sont pas mes idées. L’objectif était vraiment de rendre compte de la richesse de la pensée antispéciste, rassemblant une cinquantaine d’années de recherche. Je le vois donc comme une synthèse. »
Victor Duran-Le Peuch : « Si je touche évidemment un public surtout antispéciste, j’ai constaté avoir pu casser la bulle. Je l’ai notamment vu via mon actuelle tournée de promotion, dans différentes librairies de France. Des retours positifs de personnes qui se disent « un peu » informées mais qui ont découvert bien plus d’arguments sur la question me font très plaisir.
« La question animale commence enfin à prendre de la place ! »
Nous entrons dans une période qui ouvre sur la question antispéciste, qui prend plus de place qu’avant. Elle est aujourd’hui davantage prise au sérieux, et perçue comme un sujet à part entière. Si l’on en parle encore souvent de façon dépolitisée et un peu édulcorée, cela fait quand même avancer la question et surtout, ouvre des brèches. La question animale commence enfin à prendre de la place !
Toutefois, le traitement médiatique et philosophique du spécisme est encore trop souvent biaisé et manque de réflexion. C’est là que l’on voit à quel point le spécisme est hyper structurant dans notre société. C’est une idéologie, basée sur les mêmes idées sans cesse répétées, que chacun finit par ressortir sans réfléchir. Il est donc temps d’élever le débat. »

Victor Duran-Le Peuch : « Il y en a un qui est plus technique et a été délicat à traiter, à savoir l’idée que la hiérarchie d’espèce irait de soi parce qu’elle reposerait sur des différences biologiques. Cette idée est profondément ancrée, parce qu’elle présente une construction historique et sociale comme un simple constat de fait.
Or, le spécisme en tant que système de domination ne découle pas naturellement de la biologie. Il prend sa source dans un rapport de force, sur lequel vient ensuite se greffer une idéologie chargée d’en légitimer la violence. La hiérarchie humain/animal n’est donc pas fondée par la différence : c’est la domination qui produit la différence comme justification. »
Victor Duran-Le Peuch : « Si mon expérience de ces dernières années n’a pas été très concluante (rires), j’ai quand même la chance d’avoir une famille assez à l’écoute et ouverte. En cela, la parution du livre m’a aidé (rires) ! Après de longues années à discuter, anticiper, parler du fait que je me sentais mal avec tous ces cadavres sur la table… cette année, pour la première fois, nous allons cuisiner végane ensemble !
Pour celles et ceux qui n’ont pas cette chance, je n’ai pas de formule magique mis à part essayer de se trouver des alliés autour de la table… Et si vraiment, le contexte est trop difficile, on reste en droit de s’épargner ce type de moment. La période des fêtes est en effet difficile à vivre car révélatrice d’un trop grand contraste. Comment célébrer la joie ambiante et le vivre-ensemble quand tant d’animaux ont été mis à mort dans des souffrances atroces, et en quantité effarante ?… »

Victor Duran-Le Peuch : « L’animalisme bienveillant, que je qualifie également « d’animalisme mou », est a priori positif et favorable aux autres animaux. En réalité, il continue de véhiculer des idées qui altérisent et infériorisent les autres animaux : ils sont différents, donc pas égaux, donc inférieurs. C’est un point de vue qui reste très anthropocentré.
À mesure qu’avance le combat antispéciste, il y a prolifération de discours pro-animaux qui, en fait, ne les défendent pas réellement. Certaines bonnes idées apparentes restent encore spécistes. Le but n’est pas de dire que les animaux sont beaux, géniaux ou incroyables, mais juste de les traiter en égaux ! Nous continuons d’exotiser les animaux en les enfermant dans une différence par essence.
Le spécisme possède ainsi une façon subtile de se déployer à mesure que les questions animales augmentent, en proposant des discours animalistes qui ne vont pas dans le sens de l’émancipation. La critique antispéciste vient justement clarifier ces questions en parlant de l’élevage, des systèmes de domination, d’exploitation… Seules l’émancipation et l’égalité sont les clés pour une réelle justice vis-à-vis des animaux. »
« L’indifférence reste le problème principal, car le simple fait qu’on ne parle jamais de l’individualité des autres animaux perpétue le système qui les met à mort. »
Victor Duran-Le Peuch : « L’indifférence reste le problème principal, car le simple fait qu’on ne parle jamais de l’individualité des autres animaux perpétue le système qui les met à mort. C’est une des manifestations centrales du spécisme. Mais est-ce un manque d’empathie ?
S’il faut faire preuve d’empathie pour les animaux, celle-ci reste propre à chacun et biaisée. Elle ne peut pas être la seule solution car c’est une ressource limitée. Nous ne sommes pas câblés pour éprouver de l’empathie pour tous les êtres sentients… Nous avons déjà du mal à en éprouver entre nous ! L’empathie est construite socialement et politiquement, c’est pourquoi notre horizon doit être celui de la justice : non pas une émotion variable et inégalement répartie, mais une exigence collective qui permet de nommer des violences et de les combattre même lorsqu’elles ne suscitent aucune compassion spontanée.

Dans le monde militant, certains souffrent de « burn-out empathique », qui apparaît lorsqu’on en éprouve trop vis-à-vis des autres animaux. Sauf que cela devient vite invivable. Je pense que ce n’est pas le bon outil : ce que nous devons dénoncer, c’est notre indifférence construite envers les animaux et qui est le fruit d’un système de pouvoir. Quelle mort compte, et laquelle ne compte pas ? En interrogeant ça, on se rend déjà compte qu’il y a de l’injustice. La demande de justice est donc la clé.
Cela ne signifie pas qu’il faille supprimer l’empathie ! Il s’agit également d’un pilier de la question antispéciste : nous gagnons donc à garder les deux. Personnellement, je suis arrivé là plutôt par curiosité pour la recherche et la justice que par empathie. Celle-ci s’est développée plus tard, notamment en passant du temps avec d’autres animaux et leurs compagnons humains qui en prennent soin, par exemple dans des sanctuaires antispécistes. Il ne s’agit pas d’inférioriser l’aspect émotionnel. Mais je pense qu’il ne faut pas non plus en faire l’arme principale contre le spécisme. »
Victor Duran-Le Peuch : « Oui, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cette collection de L’Atelier n’en contient pas. Ensuite, c’est un livre qui fait le tour d’énormément d’idées reçues différentes : c’était compliqué de résumer le tout. Enfin, il constitue finalement un début de questionnement. Il n’y a pas de conclusion car il y a encore du boulot (rires) ! Mon livre s’appuie sur d’autres ouvrages et idées déjà produits, c’est une brique supplémentaire vers un projet de société plus juste. Mais nous ne sommes qu’au tout début du traitement de la question antispéciste et n’avons pas encore toutes les réponses.
« En finir avec les idées fausses sur l’antispécisme est le tout début d’un champ de réflexion gigantesque, pas encore bien délimité. Finalement, mon livre n’est presque qu’une introduction ! »
Comment agir pour un projet social égalitaire ? Même une fois les violences abolies, que faire face à l’exploitation ? Comment partager notre habitat avec celui des animaux ? Comment repenser le projet écologiste en prenant en compte tous les êtres sentients ? Que faire des insectes ? Comment éviter les conflits d’intérêt ?…
En finir avec les idées fausses sur l’antispécisme est le tout début d’un champ de réflexion gigantesque, pas encore bien délimité. Finalement, mon livre n’est presque qu’une introduction ! »

Victor Duran-Le Peuch : « J’aurais tendance à me dire que l’espoir ne compte pas. Le système d’oppression et de domination est injuste par essence et doit cesser. Nous devons donc lutter contre, quoi qu’il arrive. Sauver des individus, arrêter la violence et nous détacher de l’espoir pour simplement avancer. J’ai évidemment espoir, mais je regarde d’abord les victoires une par une, et je milite avant tout pour ce qui me semble juste, dans le temps présent. »
– Entretien réalisé par Marie Waclaw
Photo de couverture : ©Victor Duran-Le Peuch
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Elena Meilune
Le patriarcat aime nous bercer d’un récit qui l’arrange : celui d’une égalité entre les femmes et les hommes enfin atteinte, presque dépassée, reléguée aux luttes d’hier. Pourtant, quotidiennement, l’actualité se charge de contredire frontalement ce discours. Si le féminisme continue de déranger autant, ce n’est pas par excès idéologique, mais parce que les dominations […]
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On oppose souvent aux luttes féministes un argument prétendument imparable : « la loi garantit l’égalité ». Comme si la loi était exhaustive et couvrait tous les cas de figures. Comme si l’inscription d’un principe dans un texte suffisait à le rendre effectif.
Or la prétendue égalité juridique ne supprime ni les pratiques discriminatoires, ni les rapports de domination, ni les représentations sexistes qui continuent de structurer les institutions, les médias et les comportements sociaux. Confondre l’intention normative avec la réalité vécue, c’est précisément ce qui permet de nier les violences persistantes.
L’affaire Abittan, tout comme la réaction récente de la première dame de France, rappellent brutalement à quel point les luttes féministes restent nécessaires. Analyse.
Lorsque Brigitte Macron a qualifié des féministes de « sales connes », elle n’a pas seulement laissé éclater un mépris personnel. Elle a offert une démonstration à la fois didactique et caricaturale de la manière dont les luttes féministes continuent d’être disqualifiées dans l’espace médiatique et politique.
Le contraste est d’autant plus frappant que son mari avait prétendu faire de l’égalité femmes-hommes « la grande cause du quinquennat ». Une promesse répétée, mais jamais adossée à des moyens réels : budgets dérisoires, politiques fragmentaires, résultats inexistants. Ce qui devait être une priorité s’est dissous en slogan, vidé de toute portée politique.
Qu’une femme occupant une position institutionnelle aussi centrale choisisse de s’en prendre aux militantes plutôt qu’aux violences et discriminations qu’elles dénoncent révèle un mécanisme profond : le féminisme continue d’être perçu comme un problème à contenir, non comme une réponse politique à un système de domination structurel.
Ces attaques participent à la neutralisation des revendications féministes en les réduisant à des excès, de l’hystérie ou du militantisme outrancier ; un stéréotype misogyne bien connu. C’est une stratégie bien connue : dépolitiser la critique pour éviter de répondre au fond. La plaignante dans l’affaire Ary Abittan s’est d’ailleurs exprimée à ce sujet :
« « Sales connes ». Ces mots violents ravivent des souffrances profondes, et me rappellent combien les actions menées par des militantes m’ont aidée dans toute ma reconstruction. »
Ces propos ne relèvent pas seulement de l’opinion : ils ont des effets concrets et dévastateurs sur des personnes ayant été confrontées à la violence sexuelle et à la difficulté de faire reconnaître leur parole.
« Entendre aujourd’hui des paroles blessantes prononcées par la Première dame, censée œuvrer pour la cause des femmes, me fait me sentir abandonnée et amplifie un traumatisme avec lequel je dois vivre chaque jour. »
Ces déclarations s’inscrivent pleinement dans ce que les sciences sociales et le droit qualifient de victimisation secondaire. Ce concept désigne l’ensemble des violences symboliques, institutionnelles ou discursives subies par les victimes après les faits eux-mêmes, lorsqu’elles cherchent à faire reconnaître leur expérience.
Minimisation, disqualification de la parole, soupçon, moquerie ou attaques contre celles et ceux qui les soutiennent : autant de mécanismes qui prolongent le traumatisme initial. Lorsque des figures de pouvoir participent à cette dévalorisation, elles contribuent à renforcer un climat où les victimes sont incitées au silence, persuadées que leur parole sera retournée contre elles. Loin d’être anodines, ces prises de position rejouent la violence en la légitimant socialement, et rappellent que l’impunité ne repose pas seulement sur des décisions judiciaires, mais aussi sur un ordre symbolique qui protège les dominants et isole celles qui osent parler.
Le traitement judiciaire et médiatique de l’affaire Abittan met en lumière un autre mythe profondément ancré : l’idée selon laquelle un non-lieu constituerait une preuve d’innocence. Juridiquement, c’est faux. Un non-lieu signifie uniquement que les éléments réunis dans le cadre de la procédure ont jugés insuffisants pour renvoyer l’accusé devant un tribunal. Il ne tranche ni la réalité des faits vécus, ni la véracité du récit de la plaignante.
En matière de violences sexuelles, cette situation est loin d’être marginale. Les travaux de recherche, les rapports publics et les statistiques judiciaires convergent : la majorité écrasante des plaintes n’aboutissent pas, en raison notamment de standards de preuves exigées dans des situations qui laissent rarement des traces matérielles immédiatement exploitables. En 2024, Maëlle Stricot, doctorante à l’École d’économie de Paris, sur la base des données administratives accessibles à la recherche, a publié une étude qui révèle que le taux de classement sans suite atteint 86 % dans les affaires de violences sexuelles, et 94 % pour les viols.
Dans le cas Abittan, des éléments pourtant lourds existent : rapports médicaux faisant état d’un stress post-traumatique « indiscutable », lésions vaginales et anales, des hématomes sur le corps, serviette de bain tachée de sang retrouvée au domicile de l’accusé… Ces éléments ont malgré tout été considérés comme juridiquement « insuffisants » pour que la plainte soit prise au sérieux.
Ce que cette affaire révèle de manière brutale, c’est le fossé entre l’expérience vécue par les victimes et les exigences d’un système judiciaire façonné autour d’un imaginaire patriarcal des violences sexuelles : un imaginaire qui attend des preuves linéaires, immédiates, incontestables, là où les violences se produisent souvent dans des contextes d’emprise, de sidération et de huis clos.
Le non-lieu ne dit rien de la réalité des violences subies. Il dit seulement que l’appareil judiciaire n’a pas, ou estime ne pas avoir, les moyens de juger. Cette incapacité n’est pas accidentelle : elle est structurelle, et elle constitue en elle-même un symptôme des inégalités de genre.
Cette banalisation ne concerne pas seulement les procédures judiciaires, mais aussi la mémoire médiatique. Des images remontées à la surface il y a peu montrent Ary Abittan en train d’agresser sexuellement Laury Thilleman sur un plateau de télévision, en direct, sous les applaudissements et les rires du public.
Les images existent, les faits sont publics, et pourtant cet épisode a été largement minimisé, relativisé, puis effacé du récit dominant autour de l’humoriste. L’ancienne miss France dit ne pas avoir osé s’exprimer à l’époque, « par peur, par honte. Parce que le consentement il y a 14 ans, on n’en parlait pas. »
« à l’époque, j’avais honte, je me sentais humiliée, objectiSée, impuissante, alors pour faire bonne figure je tente d’en rire comme tout le monde autour de la table. Mais je ne consens pas ».
À ce jour, certaines violences, lorsqu’elles sont commises dans des cadres médiatiques, masculins et divertissants, sont perçues comme anecdotiques, excusables, voire invisibles. Elles participent pourtant du même continuum de violences que celui que la justice peine à reconnaître.
« Je ne souhaite à personne ce qui est arrivé. Alors, au nom de toutes celles et ceux qui n’ont pas pu faire entendre leurs voix, je souhaite faire entendre la mienne. »
Les chiffres disponibles permettent de mesurer l’ampleur du décalage entre la réalité des violences sexuelles et leur traitement pénal. En France, seuls 1 à 2 % des auteurs de viols déclarés sont condamnés aux assises.
Ces chiffres ne traduisent pas une rareté des violences, mais une profonde défaillance systémique. D’abord parce que seules 2 % des victimes de violences sexuelles hors cadre familial vont jusqu’à porter plainte, souvent par peur de ne pas être crues, d’être exposées médiatiquement, ou de subir une procédure longue et violente.
Ensuite parce que même lorsque la plainte est déposée, le parcours judiciaire est semé d’obstacles prépondérants : requalifications, classements sans suite, enquêtes lacunaires, confrontation à des stéréotypes sexistes sur le comportement des victimes. En 2020, seuls 0,6 % des viols ou tentatives de viols auraient donné lieu à une condamnation.
Dans les faits, un viol ou une tentative de viol a lieu toutes 2min30 en France. 37 % des femmes déclarent avoir subi au moins une fois une situation de non-consentement. Ces données montrent clairement que le viol n’est pas une exception marginale, mais une violence de masse, rendue invisible par un système judiciaire incapable d’y répondre à la hauteur, encore à ce jour soutenue par défaut par la sphère politico-médiatique.
Plus globalement, au-delà de la seule question des violences sexuelles, l’ampleur des violences conjugales suffit à démontrer que les rapports sociaux de genre restent profondément inégalitaires. En France, plus de 220 000 femmes subissent chaque année des violences au sein du couple, et une femme est tuée tous les trois jours par son partenaire ou ex-partenaire. En 2024, le nombre de féminicides a augmenté de 11 % par rapport à l’année précédente. Cette année-là, 1 283 femmes ont été victimes de tentatives de féminicides au sein du couple.
Les féminicides s’inscrivent le plus souvent dans des contextes de séparation ou de tentative de séparation. Ils surviennent fréquemment au moment où une femme cherche à se soustraire à une relation marquée par l’emprise, le contrôle ou la violence.
Autrement dit, ils sont rarement des « crimes passionnels », mais des crimes de possession : des actes commis par des hommes qui ne supportent pas la perte de pouvoir sur une femme qu’ils considèrent comme leur appartenant. Quitter, refuser, s’émanciper devient alors un acte perçu comme insupportable.
Une société égalitaire ne produirait pas une telle violence spécifiquement dirigée contre les femmes, ni une telle récurrence de meurtres liés à la domination conjugale. Tant que le fait, pour une femme, de vouloir disposer librement de sa vie peut encore mener à la mort, parler d’égalité ne relève même plus de l’ignorance – car les données existent et sont à disposition de toutes et tous – mais du déni, de la mauvaise foi voire de la manipulation.
Il est essentiel de rappeler que l’accès à la justice pour les victimes de violences sexistes et sexuelles n’est pas neutre : il est structuré par des rapports de pouvoir qui pèsent différemment selon l’origine, le statut administratif ou la situation sociale. Comme le montre un récent rapport relayé par Mr Mondialisation, les femmes migrantes, racisées, transgenres ou travailleuses du sexe affrontent une double peine : non seulement elles sont surexposées aux violences, mais elles se heurtent à des refus de dépôt de plainte, des stéréotypes discriminants ou des risques d’expulsion lorsqu’elles s’adressent à la police et à la gendarmerie. Ces obstacles institutionnels, fondés sur des préjugés racistes, sexistes ou transphobes, dissuadent de nombreuses femmes de faire valoir leurs droits et témoignent d’un traitement profondément inégal de leurs situations.
Là encore, ces barrières ne sont pas anecdotiques ; elles poussent parfois des femmes à renoncer à déposer plainte par crainte d’être exposées à des représailles ou à des discriminations supplémentaires. Penser les violences sans prendre en compte ces rapports de domination croisés — racisme, sexisme, statut administratif — revient à invisibiliser celles qui en paient le prix le plus lourd et à perpétuer un système qui protège davantage les institutions que les victimes qu’elles sont censées servir.
Les violences faites aux femmes ne sont pas des phénomènes isolés : elles s’inscrivent dans un système plus large de domination, dont le contrôle des positions de pouvoir constitue un pilier central. Car l’inégalité ne se manifeste pas seulement par la violence physique, mais aussi par l’exclusion persistante des femmes des lieux où se prennent les décisions économiques, politiques et symboliques.
Précisons avant tout qu’il ne s’agit ici en aucun cas de défendre le modèle économique dominant, aliénant et inégalitaire dans son fonctionnement, mais de souligner des disparités nettes d’accès au pouvoir décisionnel selon le genre. Dans le monde économique, seulement 25 % des dirigeants d’entreprises sont des femmes. Pour ce qui est du CAC40 (qui est une aberration en soi) ce taux baisse à 6,25 %. La situation n’est guère différente en politique : plus on monte en responsabilités, plus la représentation féminine recule, révélant un accès toujours conditionnel au pouvoir réel. D’après un rapport d’Oxfam datant d’avril 2025, les femmes occupent à ce jour moins d’un tiers des postes-clés du pouvoir en France.
Dans la recherche et l’enseignement supérieur, les femmes restent majoritaires aux échelons les plus précaires, mais largement minoritaires parmi les professeur·es (28%), directrices de laboratoires ou titulaires de chaires prestigieuses.
Ce déséquilibre n’est pas le fruit d’un manque de compétences ou d’ambition, mais celui de mécanismes structurels bien identifiés : cooptation masculine, normes de carrière construites sur des parcours incompatibles avec les réalités sociales des femmes, sanctions implicites de la maternité, et persistance de stéréotypes sur l’autorité et la légitimité.
Cette concentration masculine du pouvoir se reflète directement dans la répartition des richesses. En France comme ailleurs, les hommes détiennent l’essentiel du patrimoine et des actifs financiers, tandis que les femmes disposent en moyenne de revenus et de patrimoines plus faibles, tout au long de leur vie. La richesse n’est pas répartie de manière neutre : elle cristallise, dans la durée, les inégalités de pouvoir.
La domination masculine ne se limite pas aux sommets du pouvoir : elle traverse l’ensemble du marché du travail. Même à poste, niveau de diplôme et temps de travail comparables, les femmes gagnent encore moins que les hommes. En France, en 2025, l’écart de salaire à poste équivalent reste de 4 %, tandis que l’écart toutes situations confondues est de 22 %.
Ces inégalités s’expliquent notamment par une segmentation sexuée du travail : les femmes sont massivement sur-représentées dans les emplois précaires, les temps partiels imposés et les métiers les moins rémunérés, y compris lorsqu’ils sont socialement indispensables. Cette répartition n’est pas le résultat de choix individuels libres, mais d’un système qui oriente, contraint et hiérarchise les trajectoires professionnelles selon le genre.
Les discriminations à l’embauche et au cours des carrières sont, elles aussi, largement documentées et se sont même aggravées ces dernières années. Les tests de discrimination montrent que les CV perçus comme féminins reçoivent moins de réponses positives, en particulier pour les postes à responsabilité. La maternité continue de fonctionner comme un facteur de sanction, qu’elle soit réelle ou anticipée : ralentissement de carrière, mise à l’écart des promotions, précarisation.
Les inégalités professionnelles et économiques se doublent d’un autre angle mort majeur : la santé des femmes. Là encore, les faits contredisent l’idée d’une égalité acquise. Les biais médicaux sont massifs, documentés de longue date, et produisent des conséquences concrètes sur la qualité des soins, les diagnostics et les parcours thérapeutiques.
Les douleurs exprimées par les femmes sont moins prises au sérieux, plus souvent psychologisées ou minimisées, ce qui entraîne des retards de diagnostic parfois considérables. D’autre part, pendant des décennies, les essais cliniques ont majoritairement exclu les femmes qui restent encore à ce jour massivement sous-représentées.

Les effets sont durables : diagnostics moins fiables, traitements moins adaptés, posologies inappropriées. Cette invisibilisation se retrouve dans la recherche. Les maladies touchant majoritairement les femmes – comme l’endométriose ou de nombreuses maladies auto-immunes – restent chroniquement sous-financées, malgré leur prévalence et leur impact sur la qualité de vie.
La recherche en santé mentale a, elle aussi, longtemps exclu ou marginalisé les femmes, ce qui contribue à des retards de diagnostic nombreux, à des prises en charge inadaptées et à une sous-estimation des troubles liés aux violences, au stress chronique ou aux inégalités sociales.
En l’état, le système de santé continue de traiter les corps et les souffrances des femmes comme secondaires, périphériques ou excessives.
Même lorsque les deux membres d’un couple travaillent à temps plein, les femmes assument en moyenne près de 70 % des tâches domestiques et de l’organisation familiale. Ce déséquilibre ne relève pas de préférences individuelles, mais d’une économie domestique profondément genrée, sur laquelle repose en grande partie le fonctionnement social et économique car il s’agit d’un travail gratuit bénéfique à la société dans son ensemble. Selon l’ONU, ce travail non rémunéré des femmes représente jusqu’à 40 % du PIB de certains pays.
Cette charge invisible a des effets concrets et cumulatifs : elle restreint les opportunités professionnelles, limite les revenus et freine l’accès aux responsabilités, tout en produisant une fatigue chronique largement ignorée. La charge mentale – planification, anticipation, coordination permanente – est rarement reconnue comme du travail, alors même qu’elle conditionne la possibilité pour les autres membres du foyer de se consacrer pleinement à leur carrière.
À ce jour l’égalité femmes-hommes, loin d’être un horizon atteint, n’est en réalité qu’un récit commode, entretenu pour éviter de remettre en cause l’ordre social existant. Les violences, les écarts de pouvoir, les discriminations économiques, les inégalités de santé et la charge domestique dessinent une réalité cohérente : celle d’un système qui continue de produire et de légitimer la domination masculine.
Selon Victoria Berni-André, journaliste et chercheuse indépendante, les violences patriarcales (médicales, domestiques, économiques, conjugales) s’inscrivent pleinement dans le continuum du féminicide. Elles produisent des atteintes corporelles et psychiques durables, qui réduisent l’autonomie, entravent la capacité d’agir et participent à un processus d’effacement progressif des femmes. De fait, elles devraient être reconnues et traitées avec la même gravité que les violences physiques directes.
Le féminisme ne survit pas parce qu’il serait excessif ou archaïque, mais parce que les inégalités qu’il combat sont toujours là, mesurables, quotidiennes. Tant que disposer librement de son corps, de son temps, de son travail et de sa vie restera un privilège genré, le féminisme ne sera pas une option idéologique ni un luxe militant. Tant que l’ordre social continuera de tuer, d’épuiser et de réduire au silence, cette lutte restera non seulement une nécessité politique, mais aussi et surtout, une question de survie.
– Elena Meilune
Photographie d’en-tête : Brigitte et Emmanuel Macron en 2018. Wikimedia.
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