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03.05.2024 à 09:30

Tri de vos biodéchets obligatoire : mieux comprendre la loi

Sharon H.

Depuis le 1er janvier 2024, le tri des déchets organiques ou « biodéchets » est devenu obligatoire dans toute l’Union Européenne, échéance fixée par une directive adoptée en 2018. Qu’implique cette nouvelle et en quoi cela vous concerne-t-il ?  C’est une bonne nouvelle pour la planète puisque les biodéchets sont extrêmement nocifs pour l’environnement s’ils […]

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Texte intégral (2722 mots)

Depuis le 1er janvier 2024, le tri des déchets organiques ou « biodéchets » est devenu obligatoire dans toute l’Union Européenne, échéance fixée par une directive adoptée en 2018. Qu’implique cette nouvelle et en quoi cela vous concerne-t-il ? 

C’est une bonne nouvelle pour la planète puisque les biodéchets sont extrêmement nocifs pour l’environnement s’ils sont traités avec les déchets résiduels, que cela soit par incinération ou par enfouissement. À l’inverse, les biodéchets peuvent être valorisés en compost ou en énergie renouvelable lorsqu’ils sont triés.

Dans certains pays d’Europe, les biodéchets étaient déjà collectés efficacement depuis plusieurs années mais pour d’autres, comme la France, la mise en place de cette collecte était jusque-là plus lente et laborieuse. 

Dégâts environnementaux des déchets organiques

@WikimediaCommons

La législation européenne prévoit qu’au plus tard pour le 31 décembre 2023, les biodéchets, entendus comme tous les déchets organiques, de cuisine ou de jardin, doivent être « soit triés et recyclés à la source, soit collectés séparément et non mélangés avec d’autres types de déchets » (Directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive 2008/98/CE relative aux déchets).

Pour cause : les déchets organiques peuvent être extrêmement polluants s’ils ne sont pas traités à part. Or, en Europe, ceux-ci composent en moyenne un tiers des déchets résiduels, à savoir de tous les déchets ménagers non-triés.

Cette pollution est inévitable peu importe le mode de traitement en aval. Sans tri à la source, les déchets organiques sont mélangés aux déchets résiduels qui sont soit brûlés dans des incinérateurs, soit enfouis via des systèmes de décharge.

Par décomposition, par fermentation dans les décharges à ciel ouvert ou encore par incinération, les déchets organiques dégagent du « biogaz », principalement composé de méthane, qui pollue l’atmosphère s’il n’est pas capturé. Ce gaz aurait un potentiel d’effet de serre entre 25 fois à 30 fois plus élevé que le CO2.

Par enfouissement, en plus de dégager du méthane en se décomposant, les déchets organiques mélangés aux eaux de pluie produisent un jus appelé le lixiviat. Théoriquement, les décharges sont protégées par des barrières actives (bâches imperméables) et passives (couches argileuses) qui visent à assurer leur étanchéité. Pourtant, dans les faits, les risques de fuite sont très nombreux. Or, ce jus de décharge est très toxique, chargé en nitrates et métaux lourds, et vient polluer fortement les sols et les nappes phréatiques.

Le traitement des biodéchets par nos modes de traitement traditionnels est donc extrêmement nocif pour l’environnement, tant pour l’atmosphère que pour les sols.

Comment sont traités les biodéchets triés ?

@Pexels

En plus d’éviter des émissions de gaz à effet de serre en les triant séparément, les biodéchets peuvent être valorisés en engrais pour l’agriculture ou en énergie. Cela peut s’organiser de deux façons : le compostage et la biométhanisation.

Les déchets alimentaires sont trop souvent gaspillés en étant jetés alors qu’ils constituent une source importante d’engrais naturel. Le compostage, malheureusement délaissé depuis le 20ème siècle avec la naissance de l’agro-industrie et l’utilisation accrue d’engrais chimiques, est une manière courante de les valoriser. Les déchets organiques, en se décomposant, se transforment en fertilisant naturel pour les sols.

Le compostage peut être de proximité, à savoir domestique (directement dans les ménages) ou collectif (points de collecte par localités), ou industriel. Ce dernier se déroule dans des sites de compostage à grande échelle qui traitent des tonnes de biodéchets par an, collectés et acheminés depuis plusieurs localités. Le compostage de proximité, lui, présente l’avantage d’éviter les émissions de carbone liées au transport.

Comme expliqué plus haut, les déchets organiques émettent de grandes quantités de méthane en se décomposant. C’est pourquoi une autre manière de les valoriser consiste à capturer ce gaz afin d’en faire de l’énergie, plus précisément du gaz naturel renouvelable, par le processus de biométhanisation. Cette méthode consiste à faire dégrader les déchets organiques en l’absence d’oxygène dans des unités de biométhanisation. Cette décomposition va générer du biogaz, composé principalement de méthane et de CO2, permettant ainsi la production d’électricité et de chaleur qui vont alimenter différents réseaux.

Après fermentation, la matière organique qui n’a pas été transformée au terme du processus, appelée le « digestat », peut elle-aussi servir de fertilisant pour les sols.
L’utilisation de la méthode de valorisation après collecte des biodéchets dépend de chaque collectivité et des disponibilités d’unités de biométhanisation ou sites de compostage dans la région.

Malgré tout, derrière l’entrain que peut susciter cette solution, entre accaparement des terres, pollution des sols et des eaux, incidents explosifs et promotion de l’agro-industrie, de nombreuses zones d’ombre persistent dans le domaine. Une réalité qui n’occulte pas l’importance de faire évoluer nos comportements de société, mais qui doivent encourager à résister contre l’instrumentalisation industrielle des avancées écologiques.

Une collecte qui s’organise déjà depuis plusieurs années

@Pixabay

La législation européenne impose donc un tri effectif de tous les biodéchets au 30 décembre 2023. Certains pays n’ont pas attendu l’échéance de l’Union Européenne pour commencer le tri.

La ville de Milan est un exemple en la matière. Dès 2012, un ramassage des déchets alimentaires en porte-à-porte a été instauré dans plusieurs quartiers avant d’être déployé dans toute la ville. En parallèle, une grande campagne de sensibilisation et d’information a été mise en œuvre pour assurer la participation de tous les habitants. Les résultats ont été visibles rapidement : de 2011 à 2015, la quantité de déchets alimentaires collectée par habitant est passée de 28kg à 95kg par an.

« 87% des déchets organiques de la ville et son agglomération sont triés par an ».

Aujourd’hui, la collecte est organisée deux fois par semaine pour les ménages et presque tous les jours pour les hôtels et restaurants, pour éviter les odeurs et autres désagréments. Cette collecte régulière participe à son succès : 87% des déchets organiques de la ville et son agglomération, à savoir 140.000 tonnes de biodéchets, sont triés par an.

L’Autriche fait également figure d’exemple avec une interdiction de mettre en décharge des déchets organiques actée depuis 2009. Le pays applique un principe de proximité en encourageant au maximum le compostage domestique et le compostage agricole décentralisé – donc à la ferme même. Quant aux ménages pour lesquels cela n’est pas possible, une collecte séparée en porte-à-porte est organisée dans tout le pays, et des points de collecte ont aussi été installés. Ces efforts dans la collecte des biodéchets ont permis au pays de récolter séparément près de 80% des biodéchets produits en 2022.

En Belgique, à Bruxelles, les déchets verts sont collectés séparément depuis 2012. Les déchets alimentaires sont quant à eux récoltés via des sacs oranges depuis 2017 sur base volontaire. Cette récolte est devenue obligatoire en mai 2023. Ces déchets collectés chaque semaine permettent d’alimenter une usine de biométhanisation en Flandres, à Ypres.

Si ces cas font figure d’exemples, ils n’atteignent pas non plus encore 100% de leurs déchets organiques collectés en marge des déchets ménagers résiduels. Cela démontre le travail de sensibilisation qu’il reste encore à fournir même dans des villes déjà bien avancées dans leur tri.

Pas encore gagné partout

@jokevanderleij8/Pixabay

Malheureusement, les cas présentés ci-dessus représentent plutôt des exceptions. Selon l’Agence européenne pour l’environnement, en 2022, seuls 9 pays membres étaient en bonne voie pour remplir l’objectif d’atteindre au minimum 55 % de préparation en vue du réemploi et de recyclage de déchets ménagers, dont les biodéchets représentent un enjeu majeur.

En France, le tri à la source des biodéchets était déjà prévu depuis 2015 dans la loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte et prévoyait sa généralisation pour 2025. Après l’adoption de la directive européenne, cette date de généralisation a été avancée à 2024. Cela faisait donc déjà 8 ans que les autorités locales étaient au courant que le tri des biodéchets devait être mis en vigueur. Et pourtant… En 2019, ce n’étaient encore que 6% des collectivités qui avaient mis en œuvre des modalités de collecte de biodéchets.

Depuis le 1er janvier 2024, malgré l’obligation pour les collectivités de proposer des solutions de collecte, le tri n’est pas encore respecté partout. Certaines municipalités ne proposent rien du tout, d’autres se contentent d’installer quelques composteurs pour toute une ville et s’estiment dès lors conformes à loi. Une problématique soulignée par l’ONG Zero Waste France, pour qui la loi n’est pas assez précise et stricte dans ses obligations.

Ces derniers militent pour que les autorités adoptent un décret d’application de la loi définissant des critères plus restrictifs, comme l’obligation de fournir suffisamment de points de collecte volontaires à maximum 100 mètres pour chaque habitant, ainsi que des sanctions en cas de non-respect de ces règles.

Enfin, l’ONG souligne avant tout l’importance de la sensibilisation des citoyens et citoyennes, pour les encourager à changer leurs habitudes et adhérer au tri des déchets organiques. À cette fin, elle encourage l’augmentation de moyens humains et financiers pour atteindre l’objectif de collecter séparément tous les déchets organiques du territoire.

Beaucoup d’efforts vont devoir être fournis dans les 18 pays membres restants qui sont encore loin des objectifs fixés par l’Union Européenne, alors que ces objectifs ne sont eux-mêmes pourtant pas encore assez restrictifs pour limiter complètement les dégâts des biodéchets sur l’environnement.

En résumé

Les conséquences environnementales causées par l’absence de traitement des biodéchets sont encore assez peu connues de l’opinion publique et pourtant si importantes. La directive obligeant les pays membres de l’Union Européenne à trier les biodéchets à la source est une avancée visant à réduire l’impact de ces déchets sur les émissions de gaz à effet de serre.

De nombreuses collectivités et citoyens doivent pourtant encore y adhérer, et cela devra passer par une sensibilisation sur l’importance de trier ses biodéchets et, surtout et avant tout, de les réduire autant que possible et d’en finir avec le gaspillage alimentaire.

– Delphine de H.


Sources :

« Milan, Francfort, Brastislava, Séoul : le tri des biodéchets a ses pionniers », RTBF, 20/11/2023https://www.rtbf.be/article/milan-francfort-brastislava-seoul-le-tri-des-biodechets-a-ses-pionniers-11289275

« Réduire et trier les biodéchets », Zéro Waste France, https://www.zerowastefrance.org/demarche-zero-waste/composter-et-trier-les-biodechets/

« Biodéchets : définir clairement les conditions de leur tri à la source », Zero Waste France, https://www.zerowastefrance.org/biodechets-definir-clairement-les-conditions-de-leur-tri-a-la-source/

Image d’entête @melGreenFR/Pixabay

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02.05.2024 à 15:09

5 façons d’utiliser l’ortie, plante aux multiples vertus

Simon Verdiere

Souvent considérée comme nuisible en raison de ses propriétés urticantes, l’ortie a pourtant de nombreuses vertus. Disposant de caractéristiques nutritionnelles utiles, la plante est aussi connue pour ses qualités médicinales. Dans le jardin, elle est, par ailleurs, une alliée précieuse puisqu’elle peut servir à la fois de fertilisant et de protection pour les cultures. Plus […]

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Texte intégral (1489 mots)

Souvent considérée comme nuisible en raison de ses propriétés urticantes, l’ortie a pourtant de nombreuses vertus. Disposant de caractéristiques nutritionnelles utiles, la plante est aussi connue pour ses qualités médicinales. Dans le jardin, elle est, par ailleurs, une alliée précieuse puisqu’elle peut servir à la fois de fertilisant et de protection pour les cultures. Plus surprenant, elle permet même de faire des vêtements. Enfin, elle favorise la préservation de la biodiversité. Portrait d’une herbe sous-estimée.

Si l’ortie (nom scient. Urtica, famille Urticacées) si mauvaise réputation, c’est sans aucun doute parce qu’elle « pique ». La plante est en effet recouverte de poils urticants qui se fichent dans la peau et libèrent une substance riche en acides lorsqu’on la touche. Toutefois, malgré cet inconvénient, elle est loin d’être sans intérêt. Voici cinq raisons de se pencher sur ce végétal étonnant.

1. Un aliment de premier choix

«Jusqu’au XVIe siècle, elle était consommée aussi régulièrement que l’épinard ».

De prime abord, il ne nous viendrait donc sans doute pas à l’idée de manger une plante urticante. Et pourtant, une fois plongée dans l’eau bouillante, elle perd tout pouvoir de nuisance. Il est aussi possible de la faire sécher plusieurs jours pour arriver au même résultat.

On peut ensuite l’utiliser de nombreuses manières. Elle était d’ailleurs très prisée depuis la préhistoire et a sauvé bon nombre de personnes de la famine : «Jusqu’au XVIe siècle, elle était consommée aussi régulièrement que l’épinard. Il y a peu encore, elle était vendue sur les étals des marchés comme l’oseille et le cresson », explique Jean-François Astier, auteur de L’Ortie, une panacée oubliée, à APEI-Actualités. Mais avec l’intensification de l’urbanisation et l’accès facilité à la nourriture, la consommation de cette plante sauvage a cependant été largement oubliée par la majorité de la population.

Pourtant, il existe beaucoup de recettes pour préparer ce mets abandonné. La plus connue est sans doute la soupe, mais il est possible de la manger aussi bien crue que cuite, en salade, en quiche, en pesto, en tourte, en jus, en infusion, en cake, etc.

D’un point de vue nutritionnel, les orties sont en outre extrêmement intéressantes. Particulièrement riches en protéines, elles ont ainsi une forte teneur en vitamine C, fer, minéraux, silicium et antioxydants.

2. Une plante médicinale

Si les orties représentent déjà un atout pour la santé au niveau de l’alimentation, elles sont également connues pour soigner certains petits maux dans une certaine mesure. Elles sont par exemple très bonnes pour les reins et la vessie puisqu’elles ont des facultés diurétiques (qui favorise la production d’urine).

Associée à l’argile verte en cataplasme, elle permet aussi de soulager l’arthrite, les rhumatismes et les douleurs articulaires. Elle peut de même être utilisée contre l’acné, des aphtes, des gingivites ou encore pour la stimulation du lait maternel.

3. Fertiliser et protéger le jardin

Souvent coupée pour éviter les irritations dans le jardin, l’ortie n’est malheureusement que rarement utilisée a posteriori. Pourtant, en plus de pouvoir être consommée par l’être humain, elle peut aussi être recyclée dans le potager avec un intérêt particulier.

Il est en effet très facile de fabriquer un purin d’ortie, comme l’expliquait la journaliste spécialisée du Monde Nathalie Guellier. Il faut pour cela faire macérer de jeunes pousses non montées en graines avec de l’eau. Pour un kilogramme de plantes, dix litres d’eau sont nécessaires.

Le temps d’imprégnation dépend ensuite de l’usage souhaité du purin. Pour protéger ses cultures des insectes et des champignons, 48 h de trempage sont suffisantes. En revanche, si l’on veut faire de l’engrais, une quinzaine de jours sont indispensables et la mixture ne doit plus faire de bulles lorsque l’on remue.

Restera enfin dans tous les cas à filtrer le mélange pour ne garder que la partie liquide qui sera une précieuse alliée pour le jardin. Il faut, pour finir, noter que l’ortie peut également représenter un merveilleux activateur de compost.

4. Faire des vêtements

Difficile d’y croire, et pourtant, il existe bel et bien des vêtements réalisés à base de fibres d’orties. Ici, ce ne sont pas les feuilles qui sont utilisées, mais bien les tiges. À l’instar du chanvre ou de la jute, la fibre d’ortie possède des propriétés thermorégulatrices. Elle permet ainsi de conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été.

Légère et résistante, elle a aussi des qualités antibactériennes. En outre, elle dispose d’une bonne élasticité ce qui en fait un vêtement confortable à porter. Enfin, cette technique représente évidemment une alternative intéressante à la culture de coton et aux textiles synthétiques qui nuisent à la planète.

Contrairement à beaucoup d’autres plantes très gourmandes en eau et en pesticides, les orties ne demandent elles pratiquement aucun entretien et poussent très facilement. Elles ont également l’avantage de pouvoir être récoltées en France métropolitaine et peuvent donc être produites au niveau local.

5. Préserve la biodiversité

Reste aussi de bonnes raisons de tout simplement laisser les orties prospérer y compris dans nos jardins. En effet, la plante favorise grandement la biodiversité. Elle permet d’abord d’assainir les sols en consommant les excédents de phosphate et de nitrate présents dans la terre. Un facteur qui aide évidemment la vie souterraine à mieux se développer.

De nombreuses espèces prolifèrent également dans les orties : papillons, coccinelles, punaises ou araignées. De multiples insectes butineurs y pondent d’ailleurs leurs œufs. Cette faune sert, en outre, d’alimentation à d’autres animaux comme les oiseaux ou les mammifères.

On l’aura compris, les usages de l’ortie sont donc abondants, aussi bien pour l’être humain que pour le reste de la nature. De quoi réfléchir à deux fois avant de les considérer comme une simple « mauvaise herbe » et de bêtement s’en débarrasser.

– Simon Verdière


Image d’entête @MabelAmber/Pixabay

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01.05.2024 à 06:00

Les phtalates responsables d’1 naissance prématurée sur 10

Mr Mondialisation

Une nouvelle étude alerte sur les risques de prématurité « effrayants » liés à l’exposition des phtalates. Ces perturbateurs endocriniens et métaboliques seraient responsables d’une naissance prématurée sur dix aux Etats-Unis. Utilisées pour assouplir certains plastiques ou améliorer l’odeur de produits cosmétiques, ces substances chimiques ont envahi notre environnement. Pour lutter contre un tel fléau […]

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Texte intégral (1741 mots)

Une nouvelle étude alerte sur les risques de prématurité « effrayants » liés à l’exposition des phtalates. Ces perturbateurs endocriniens et métaboliques seraient responsables d’une naissance prématurée sur dix aux Etats-Unis. Utilisées pour assouplir certains plastiques ou améliorer l’odeur de produits cosmétiques, ces substances chimiques ont envahi notre environnement. Pour lutter contre un tel fléau sanitaire, les scientifiques réclament une limitation des usages.

Jouets, cosmétiques, peintures, emballages alimentaires ou encore châssis en PVC… Les phtalates ont littéralement envahis notre quotidien depuis quelques dizaines d’années. Ces produits chimiques utilisés à grande échelle au niveau industriel sont en effet relégués dans l’environnement et peuvent ainsi pénétrer le corps humain par ingestion, inhalation ou absorption cutanée. En 2014, une étude menée sur le continent américain suggérait déjà que 98% de la population totale des Etats-Unis étaient contaminées par des métabolites de phtalates DEHP et DiNP.

Les jouets en plastique ont été régulièrement épinglés pour leur teneur élevée en phtalates. Depuis, la règlementation européenne vise à réduire leur contamination. – Pixabay

Une contamination à grande échelle

« Une fois dans le corps, les phtalates sont rapidement métabolisés et excrétés dans l’urine et les fèces, de sorte que la moitié des phtalates sont éliminés du corps en moins de 24h après y avoir pénétré », explique Dr Martin Juneau, cardiologue et directeur de l’Observatoire de la prévention de l’Institut de Cardiologie de Montréal.

« Malgré cette élimination rapide, la population est exposée en permanence aux phtalates puisque ces produits sont présents dans des produits de consommation utilisés pratiquement tous les jours ».

L’état actuel de la science reconnait les dangers d’une telle exposition. En effet, les phtalates sont des perturbateurs endocriniens et métaboliques avérés, associés à de nombreux risques pour la santé et en particulier chez les enfants. « Dans une analyse de l’ensemble des études sur l’impact de l’exposition aux phtalates sur la santé humaine, les auteurs ont trouvé des preuves solides d’associations défavorables pour le neuro-développement, la qualité du sperme, et le risque d’asthme chez l’enfant », détaille le médecin. Des associations entre l’exposition aux phtalates et l’incidence du diabète de type 2, l’endométriose, le TDAH, des cancers du sein et de l’utérus ont de plus été identifiés avec un niveau de preuve modéré.

Un risque de naissance prématuré dangereusement accru

Une nouvelle étude menée par le Dr Leonardo Trasande, du centre médical Langone de l’Université de New York, révèle l’effet des phtalates sur les risques d’une naissance prématurée. Pour mener à bien leur recherche, les scientifiques ont analysé le niveau de phtalates présent dans l’urine de plus de 5 000 femmes enceintes aux États-Unis. Les résultats laissent sans voix : les 10% de femmes présentant les taux les plus élevés de phtalates avaient un risque accru de 50% d’accouchement prématuré – défini par une gestation inférieure à 37 semaines – par rapport aux 10% avec les taux les plus faibles. Bien sûr, d’autres facteurs sont également responsables d’un accouchement prématuré, « comme l’âge de la mère, des soins prénatals inadéquats, un faible statut socio-économique et la pré-éclampsie », expliquent les auteurs de l’étude.

Pour autant, « une classe de produits chimiques synthétiques, comme les phtalates qui sont utilisés dans les produits de soins personnels et les emballages alimentaires, induisent non seulement une inflammation et un stress oxydatif mais sont aussi des perturbateurs endocriniens, avec divers degrés d’effets œstrogéniques et anti-androgènes », relève Dr Leonardo Trasande.

Les effets des phtalates sur les femmes enceintes seraient particulièrement nocifs et, dans certains cas, pourraient provoqué des accouchements prématurés. – Pixabay

En extrapolant ces données à l’ensemble du pays, les chercheurs estiment que près de 56.600 naissances prématurées pourraient être liées à l’exposition aux phtalates en 2018, soit environ 10% des naissances prématurées cette année-là. Au vu de l’omniprésence de ces substances à travers le monde, les scientifiques estiment que 5 à 10% des naissances prématurées dans la plupart des autres pays pourraient également être liées aux phtalates.

La réglementation actuelle reste insuffisante

Conscients en partie des risques pour la santé générés par la présence de ces produits chimiques dans notre environnement, les autorités publiques tentent de réguler leur utilisation. « Par exemple, l’utilisation de certains phtalates dans les jouets destinés aux très jeunes enfants a été interdite, puisque ces derniers mâchouillent et sucent leurs jouets. Dans les produits cosmétiques, l’utilisation du DEHP, le phtalate le plus problématique pour la santé, est interdite en Europe et au Canada », détaille Dr Martin Juneau.


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Malgré ces efforts, les industriels restent friands de ces composés à moindre coût et aux propriétés intéressantes. Ils n’hésitent dès lors pas à remplacer le DEHP par d’autres substances de la même classe, comme le DINP et le DIDP. À New-York, les scientifiques suggèrent que ces remplaçants s’avèrent parfois pires que la molécule originale et cumulent des effets « effrayants » : « les schémas d’association suggèrent que le remplacement du DEHP est à l’origine de l’augmentation des naissances prématurées. Cette découverte est très préoccupante car le DiNP et le DiDP remplacent le DEHP dans les emballages alimentaires », explique Dr Leonardo Trasande.

Limiter la propagation des phtalates pour contenir les risques

Pour éviter au maximum leur contamination, les chercheurs demandent que l’utilisation des phtalates soit soumise à une réglementation plus stricte. « Cette découverte met en lumière les conséquences néfastes de la substitution du DEHP par des phtalates chimiquement similaires et la nécessité de réglementer les produits chimiques ayant des propriétés analogues en tant que classe », reprend le principal auteur de l’étude.

En tant que consommateur, quelques mises en garde s’imposent : consommez autant que possible des aliments bruts et limiter au minimum la nourriture provenant de restaurants de type fast-food ; en cuisine, utilisez des ustensiles et des contenants en verre, porcelaine, acier inoxydable ou en bois plutôt qu’en plastique ; pour les autres produits de consommation comme les cosmétiques ou soins corporels (pâte dentifrice, shampoings, etc.), veillez à lire attentivement la liste des ingrédients ; enfin, de manière générale, privilégiez les produits naturels et qui contiennent peu d’ingrédients.

– Lou A.


Photo de couverture de Christian Bowen sur Unsplash

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30.04.2024 à 06:00

Dans l’Oise, ce lieu collectif est une utopie écologique devenue réalité

Camille Bouko-levy

À une heure de Lille et Paris, au carrefour des vallées de l’Aisne et de l’Oise, se trouve un tiers-lieu d’innovations rurales engagé pour l’agroécologie, la transition énergétique et le vivre ensemble : « l’Hermitage ». Focus sur un lieu où la ruralité s’inscrit dans une volonté de changer de paradigme.  Crise écologique, effondrements, prise […]

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Texte intégral (2169 mots)

À une heure de Lille et Paris, au carrefour des vallées de l’Aisne et de l’Oise, se trouve un tiers-lieu d’innovations rurales engagé pour l’agroécologie, la transition énergétique et le vivre ensemble : « l’Hermitage ». Focus sur un lieu où la ruralité s’inscrit dans une volonté de changer de paradigme. 

Crise écologique, effondrements, prise de conscience collective, remise en question individuelle, les raisons sont nombreuses pour vouloir faire un changement de cap radical… Ces dix dernières années ont été marquées par un grand retour au rural. Ce changement de paradigme a pris de l’ampleur pendant la crise sanitaire Covid-19. Pour beaucoup de personnes ce choix de revenir à la campagne est motivé par des convictions sociales et écologiques. Un nouveau cadre de vie qui est propice à créer et vivre collectivement, à l’encontre de la philosophie individualiste d’une société industrielle hors-sol. 

Pour que cet exode urbain dépasse la simple tendance des « vacances à la campagne » sans aucune considérations d’ordre écologique et sociale, il est indispensable de créer un nouveau projet de société. De repenser entièrement notre manière de vivre à l’échelle locale, à travers le prisme de l’écologie, de l’intelligence collective et de valeurs sociales. Pour cela, il faut favoriser l’échange entre personnes venues de tous horizons, décloisonner les secteurs d’activités, retisser des liens entre villes et campagnes, revaloriser les territoires ruraux et en marge. C’est le défi que s’est donné « l’Hermitage »

Aux origines de l’Hermitage 

Le projet est né en 2017 des aspirations d’un groupe de personnes hétérogènes : agriculteurs, ingénieurs, travailleurs, du village et d’ailleurs, qui souhaitaient se fédérer pour imaginer et construire concrètement le monde de demain. Suite à leur première campagne de financement participatif, ils ont pu construire le tiers-lieu baptisé « l’Hermitage ». Un tiers-lieu ? C’est l’appellation donnée aux espaces ouverts et hybrides (entre le domicile et le travail) ayant pour principale vocation de faciliter la rencontre entre de personnes d’horizons différents. En pleine croissance, les tiers-lieux répondent directement aux problématiques des collectivités locales en créant de nouvelles dynamiques économiques et sociales sur les territoires.

L’Hermitage à droite, et une partie de la microferme à gauche / Crédits photo : l’Hermitage.

Les fondateurs du projet témoignent : 

« L’époque de transitions tous azimuts dans laquelle nous vivons amène nos sociétés à réinventer leur rapport à la technologie, à l’environnement, aux échanges économiques, aux individus et groupes d’individus. Malheureusement, tout ça doit se faire en même temps. Alors pourquoi cloisonner ? »

En invitant à décloisonner les savoir-faire, l’Hermitage a pour ambition d’être un laboratoire d’initiatives et d’expérimentations citoyennes. Un espace de 30 hectares où il est possible de travailler collectivement, de rencontrer des personnes aux profils différents, de bénéficier des compétences et d’y apporter les siennes, de partager des moments conviviaux, de s’initier à à l’agroécologie et la permaculture, à la réparation d’objets, au brassage de bière ou encore de se former aux métiers du numérique.

Le café-cantine en travaux / Crédits photo : l’Hermitage

Pour mettre en œuvre ces activités, l’Hermitage a lancé un campagne de financement participatif qui a remporté un franc succès avec 88 000 euros récoltés. Grâce à cette campagne, des projets aussi essentiels qu’utiles sont imaginés, notamment : un café-cantine, une Université Citoyenne des Transitions, l’accélération du développement de la MicroFerme, le lancement d’une association réunissant consommateurs et producteurs locaux, un Fablab, une formation au numérique pour les jeunes, la sauvegarde et le partage de la forêt.

La rentrée à l’Hermitage

La campagne de financement participatif comporte plusieurs paliers. Ayant atteint la première étape, l’Hermitage va pouvoir lancer son café-cantine, l’Université Citoyenne des Transitions, un fablab ainsi que la formation au numérique.

La brasserie éco-responsable du tiers-lieu / Crédits photo : l’Hermitage

Au café-cantine, l’idée est de proposer des produits proposés bio et de saison, cultivés dans les jardins de l’Hermitage et chez les producteurs locaux; avec les bières artisanales et brassées sur place de la brasserie éco- responsable Écol’Aux Mousses :

« Le café-cantine se veut un espace de convivialité, de rencontres et d’animation pour toutes et tous : Autrêchois, voisins des villages environnants, visiteurs en séminaires et entrepreneurs en compagnonnage à l’Hermitage. »

Une autre ambition est de créer une Université Citoyenne des Transitions, programmation accessible à toute personne qui souhaite participer aux séries d’ateliers, conférences, débats, projections et formations sur la thématique des transitions. La dimension citoyenne de cette activité est primordiale pour les fondateurs du projet : elle permet de repenser la transmission des connaissances et savoir-faire, afin que toute personne qui ait envie de transmettre quelque chose puisse le faire. Experts, amateurs et passionnés seront donc réunis dans un esprit de transmission, de transversalité et de partage, pour que chacune et chacun puisse s’instruire librement, et se donner les moyens d’agir à son niveau et collectivement à la fois. Parce-que agir individuellement n’est pas suffisant face aux enjeux actuels, et qu’à plusieurs on va bien plus loin :

« À l’Hermitage, nous sommes convaincus que c’est en partageant nos connaissances, nos idées et nos envies que nous inventerons ensemble les réponses aux grands défis de notre siècle ! »

Mais l’Hermitage, c’est aussi la « Rural Hacking Factory ». Soit un Fablab, une formation et un Repair’Café à la fois ! Le Fablab est un laboratoire de fabrique numérique, dédié à gagner en autonomie face aux technologies informatiques et électroniques : programmation, graphisme, modélisation 2D et 3D, électronique et objets connectés, machines à commande numérique. Toute personne peut y venir développer son projet en fabriquant et testant ses prototypes.

Quant au Repair’Café, il se veut être un lieu de réparations diverses, contre l’obsolescence programmée et la surconsommation. Le matériel nécessaire est mis à disposition pour que toute personne puisse venir réparer l’objet de son choix. L’objectif est d’inviter à ne plus jeter mais à réparer pour mieux réutiliser et, surtout, apprendre à faire cette réparation de ses propres mains ! 

Des projets plein la tête

Peu à peu, avec les soutiens reçus, les activités prennent une nouvelle ampleur. À commencer par la microferme. Depuis 2018, cette microferme pédagogique de culture raisonnée, sur 3 hectares, a vu le jour. L’objectif est de démontrer que l’on peut tendre vers une véritable autonomie alimentaire locale, tout en recréant de l’emploi agricole sur de faibles surfaces de production. Pour cela, l’Hermitage a fait le choix d’hybrider les méthodes de production : maraîchage traditionnel, aquaponie, agroforesterie et espaces paysagers productifs. Et pour diffuser ces produits, les fondateurs du projet ont créé une association réunissant consommateurs et producteurs voisins.

La forêt du tiers-lieu / Crédits photo : l’Hermitage

Dans cet esprit de permaculture, visant à relier tous les éléments du système les uns avec les autres, y compris les êtres humains, l’Hermitage souhaite préserver ses 21 hectares de forêt. Cette forêt n’a aucune vocation productive, elle n’a jamais été exploitée en sylviculture. Les arbres qui la peuple sont âgés pour la plupart, fragiles et très exposés au changement climatique. Le but est donc d’en faire un espace de sensibilisation et d’apprentissage au fil des saisons, d’agrément pour les voisins et leurs familles, de préservation de la biodiversité locale et de ses plantes endémiques.

Pour en savoir plus sur les activités en cours et les projets futurs de l’Hermitage, vous pouvez consulter leur site. Bien au-delà de l’exode urbain « tendance », cette initiative rurale montre que l’on peut penser et créer dès maintenant le monde de demain à l’échelle locale grâce à la force du collectif.

Camille Bouko-Levy


Photo de couverture : À la microferme, tout le monde met les mains dans la terre ! / Crédits photo : l’Hermitage

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29.04.2024 à 06:00

La première liste des champignons menacés d’extinction

Mr Mondialisation

Pour la première fois, une évaluation générale de l’état de santé des quelques 25 000 espèces de champignons sur l’Hexagone a été réalisée. Le risque de disparition de chacune d’elles a été évalué, dressant ainsi la première Liste rouge des espèces fongiques menacées de France. Alors qu’aucune espèce fongique n’est protégée sur le territoire, 9% […]

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Texte intégral (1663 mots)

Pour la première fois, une évaluation générale de l’état de santé des quelques 25 000 espèces de champignons sur l’Hexagone a été réalisée. Le risque de disparition de chacune d’elles a été évalué, dressant ainsi la première Liste rouge des espèces fongiques menacées de France. Alors qu’aucune espèce fongique n’est protégée sur le territoire, 9% des champignons à chapeau s’avèrent déjà menacés d’extinction.

Menée en coopération avec l’Office français de la biodiversité (OFB), le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et le soutien de nombreux mycologues amateurs et professionnels, l’analyse parue le 3 avril dernier dresse un constat sans appel : près de 9 % des bolets, lactaires et tricholomes pourraient disparaître si aucune mesure de conservation n’est mise en œuvre. Actuellement, aucune espèce fongique n’est encore protégée dans l’Hexagone.

12 espèces rares de champignons ont été placées sur la liste rouge des espèces menacées par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – Source photo : Pixabay

Bolets, Lactaires et Tricholomes en danger

En effet, parmi les 319 espèces recensées dans ces trois groupes sur le territoire hexagonal, « 12 espèces sont menacées comme Le Bolet rubis, le Lactaire des saules réticulés et le Tricholome équestre des chênes, tandis que 16 autres apparaissent quasi menacées », détaille l’étude. Ces trois espèces de champignons, dites « à chapeau », sont composées d’une partie souterraine filamenteuse, le mycélium, et d’une partie extérieure portant le chapeau, qui contient les spores leur permettant de se reproduire.

« Les bolets, les lactaires et les tricholomes s’observent principalement en forêt et parfois en milieu ouvert, des plaines côtières jusqu’en haute montagne »

Elles ont la particularité d’établir un lien privilégié avec les arbres qui les entourent, constituant un élément fondamental de l’écosystème forestier : « nombre d’entre eux vivent en symbiose avec des arbres, qui leur apportent des sucres issus de la photosynthèse et reçoivent en retour de l’eau et des éléments nutritifs ».

Malgré leur rôle essentiel, de nombreuses espèces sont dangereusement menacées d’extinction. Parmi elles, le Lactaire des saules réticulés apparaît « en danger critique », alors que le Bolet de plomb, le Bolet rubis et le Lactaire jaunissant boréal sont classés « en danger » et que le Bolet rose pastel, le Lactaire mamelonné des tourbières et le Tricholome équestre des chênes se trouvent être « vulnérables ».

Les champignons ne sont pas à l’abri du danger

Diverses pressions pèsent en effet sur ces espèces, la première d’entre elles étant la destruction et la dégradation de leurs habitats naturels. Les experts pointent notamment du doigt la sylviculture intensive, entrainant l’abattage des vieux arbres et les coupes rases. De manière générale, « des pratiques de gestion forestière inadaptées, remplaçant par exemple les chênes indigènes par des pins, conduisent notamment le Bolet rose pastel, une espèce de chênaie, à se trouver lui aussi vulnérable ».

Les champignons sont principalement menacés par la disparition ou la dégradation de leur habitat naturel. En cause : les activités anthropiques. – Source photo : Pixabay

Les champignons d’altitude sont quant à eux directement affectés par l’expansion urbaine en montagne, particulièrement par les infrastructures touristiques comme les stations de ski et les installations de remontées mécaniques. « C’est le cas du Lactaire des saules réticulés qui se voit classé « en danger critique » et du Lactaire nain alpin ». D’autres espèces pâtissent également de l’augmentation des aménagements récréatifs en montagne, comme l’ouverture de pistes de VTT.

À titre d’exemple, le Lactaire jaune et lilas n’avait été aperçu que dans deux stations : l’une en bordure d’une tourbière dans le Jura et l’autre au bord d’un ruisselet dans les Alpes.

« Malgré des prospections régulières, le champignon n’a pas été revu dans cette seconde station, suivie depuis 1988, après le terrassement d’une station de ski en 2000 », regrettent les chercheurs.

Un état de lieux très préoccupant

Le changement climatique constitue une menace majeure supplémentaire, entraînant notamment la déshydratation des habitats des espèces vivant dans des environnements frais et humides, ainsi qu’une augmentation de la fréquence des tempêtes, des sécheresses et des incendies pour les espèces forestières. « D’autres pressions comme le drainage et le remblaiement des zones humides, l’épandage d’engrais et de fongicides ou le pâturage intensif affectent aussi ces espèces », conclut finalement l’étude. Une menace directement exercées par l’agro-industrie.

Source : « La Liste rouge des espèces menacées en France – Champignons de France métropolitaine : bolets, lactaires et tricholomes », UICN.

Si les chiffres avancés sont déjà préoccupants pour les espèces fongiques du territoire, il y a fort à parier qu’ils soient pourtant largement sous-estimés : l’état des lieux révèle un manque d’informations pour 25 % des champignons évalués, qui se voient dès lors classés dans la catégorie des « données insuffisantes ». « Cette situation encourage le développement de prospections de terrain et l’amélioration des informations disponibles, car si seuls 3,8 % des champignons apparaissent aujourd’hui menacés, ce pourcentage devrait augmenter lorsque les connaissances auront progressé pour préciser leur état de conservation », espèrent les auteurs.


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Ces derniers alertent sur l’importance de réaliser périodiquement un état des lieux rigoureux des espèces fongiques de France car, malgré les menaces qui s’exercent sur leurs habitats naturels, aucune espèce de champignons ne fait à ce jour l’objet d’un programme de conservation dédié ou de mesures spécifiques de protection.

« L’état des lieux souligne en particulier l’importance de la lutte contre le changement climatique et de la préservation des milieux naturels, notamment forestiers, pour sauvegarder la diversité des espèces et le patrimoine mycologique de notre territoire ».

– Lou A.


Photo de couverture de cottonbro studio

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26.04.2024 à 09:35

La France verse 10 millions d’argent public pour torturer des singes

Sharon H.

La France doit cesser l’expérimentation sur les animaux. C’est le message de Victor Prandt au nom du mouvement Révolution Écologique pour le Vivant dont il est le référent en Auvergne-Rhône-Alpes. Bon rappel d’une réalité infernale particulièrement invisibilisée – et pourtant présente dans notre quotidien jusque dans nos fonds publics -, voici leur tribune, très instructive. […]

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Texte intégral (2208 mots)

La France doit cesser l’expérimentation sur les animaux. C’est le message de Victor Prandt au nom du mouvement Révolution Écologique pour le Vivant dont il est le référent en Auvergne-Rhône-Alpes. Bon rappel d’une réalité infernale particulièrement invisibilisée – et pourtant présente dans notre quotidien jusque dans nos fonds publics -, voici leur tribune, très instructive.

Le 16 avril dernier, l’ONG One Voice révélait que le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) allait recevoir 500 guenons envoyées par un élevage de singes mauriciens grâce à de l’argent public.

En d’autres termes, 10 millions d’euros investis pour forcer ces guenons à mettre au monde des petits avant d’expérimenter sur ces derniers, puis abattre l’immense majorité de ces êtres. Cette nouvelle enquête nous rappelle que l’État, ici par le biais de cette institution publique qu’est le CNRS, continue de financer les sévices subis par des millions d’animaux chaque année.

La vie des animaux de laboratoire se réduit à un enchaînement de souffrances. Dans le cas des primates à longue queue, bien qu’étant une espèce menacée d’extinction à l’échelle mondiale, des campagnes associatives ont révélé l’extrême cruauté qu’ils subissent lors de leur capture, mais également pendant leur transit dans les aéroports.

Suite à un courrier d’Aymeric Caron, député de la Révolution Écologique pour le Vivant (REV), la compagnie aérienne Air France a finalement annoncé arrêter le transport de primates en juin 2023. Cette petite avancée doit être félicitée, mais il reste tant à faire pour limiter les souffrances de cette espèce et de tous les autres animaux (chiens, lapins, cobayes, poissons…) qui, chaque année, sont mutilés et tués au nom de la science.

La recherche française nie la réglementation européenne

@GAIMARD/Pixabay

Instaurée en 2010, la réglementation européenne relative à l’utilisation des animaux à des fins scientifiques a la prétention d’être ambitieuse afin de réduire la souffrance animale.

Celle-ci repose sur la règle des 3 R : remplacement, réduction et raffinement. Cette règle s’appuie sur le fait qu’il est possible de remplacer les modèles animaux par des cellules ou tissus (in vitro) ou des modèles numériques (in silico). Elle pousse à diminuer le nombre d’animaux utilisés aux expériences jugées indispensables et à “raffiner” l’expérimentation, à savoir réduire, supprimer ou soulager la douleur ou la détresse des animaux.

Cette réglementation semble pourtant se réduire à sa forme de slogan publicitaire sans considérer le fond. Elle n’intègre aucune contrainte juridique et est assortie d’un grand manque de contrôles depuis sa création. Le constat malheureux mais prédictible est que 14 ans plus tard, la situation reste inchangée.En France seulement, plus de 2,1 millions d’animaux sont utilisés chaque année (1).

Dans l’Union Européenne, ce sont tous les ans 22 millions d’animaux qui sont utilisés dans les laboratoires ou élevés puis tués sans même “servir” (respectivement 10 et 12 millions) (2).

La loi peut et doit évoluer

@OneVoice

Devant la faiblesse de la réglementation européenne, la mise en place d’un droit à l’objection de conscience semble être une solution particulièrement intéressante pour inciter le secteur de la recherche à réduire l’utilisation d’animaux de laboratoire de façon effective.

Déjà à l’œuvre en Italie depuis 1993, cette loi, qui permet aux étudiants et chercheurs de refuser de pratiquer des expériences sur des animaux, impose à toutes les structures publiques ou privées qui pratiquent l’expérimentation animale de reconnaître l’existence de ce droit (3) à toutes les personnes concernées.

Plusieurs États américains ont également légiféré sur le sujet. Dans l’État de New York, tout élève peut refuser, sur des principes moraux ou religieux, de disséquer un animal ou d’assister à une dissection sans être pénalisé. Les enseignants doivent alors proposer à l’étudiant un projet alternatif (4).

Avec pour objectif, in fine, d’en finir définitivement avec l’expérimentation animale, Aymeric Caron, député REV, s’apprête à déposer une proposition de loi, visant notamment à inscrire ce droit à l’objection de conscience dans les établissements recourant à cette pratique..

Ce texte, enrichi par l’audition de spécialistes, a vocation à réduire les souffrances infligées aux animaux et à inciter les laboratoires et universités à développer le matériel et les conditions imposés par les protocoles de substitution.

L’argent public devrait servir à développer les alternatives éthiques

« seuls 18,8% des expériences sont consacrées aux maladies humaines ».

Difficile de continuer à justifier la torture d’animaux par les avancées pour la santé humaine quand on sait que seuls 18,8% des expériences sont consacrées aux maladies humaines (5).

Un singe de Maurice et son enfant (2019) @Willywaw/Wikicommons

Et quand l’expérimentation animale sert effectivement pour les recherches sur la santé, ses résultats sont remis en question. 9 médicaments sur 10 échouent durant la phase d’essais cliniques sur l’humain malgré 100% d’essais pré-cliniques sur les animaux (6).

Une étude de 2015 (7) a examiné l’efficacité des tests toxicologiques réalisés sur des primates afin de prédire les résultats sur les humains, analysant les données de plus de 3 000 médicaments. Les résultats ont démontré que l’absence d’effets secondaires chez les animaux ne permettait pas de prédire le même résultat chez les humains.

Le coût de la souffrance animale se chiffre en milliards d’euros chaque année en Europe et les résultats ne sont pas au rendez-vous sans avancée médicale majeure. Malgré les obligations légales, le défaut de soutien public aux approches alternatives persiste.

Alors qu’il existe des alternatives pour la communauté scientifique, celles-ci ne sont pas enseignées aux chercheurs et ne sont pas intégrées dans le narratif qui accompagne la recherche et l’éducation. Elles manquent cruellement de financement alors qu’elles sont aussi efficaces, voire bien plus, que les tests sur animaux.

La technologie permet aujourd’hui de reconstituer des organes en 3D, des logiciels ultra performants permettent de simuler la réaction à la douleur ou simplement un mécanisme respiratoire. En refusant de financer ces alternatives éthiques, l’État se place en complice d’une barbarie à contre-temps.

La recherche devra se passer d’animaux : c’est le sens de l’histoire

Affe vor Skelett  (Singe devant un squelette) Gabriel von Max (1840–1915)

La pertinence de continuer à baser des avancées scientifiques sur la torture d’êtres vivants reste à prouver. Sortir de la recherche avec animaux est une nécessité éthique et une question de santé publique. La France se doit d’être un exemple et de développer des politiques responsables et efficaces en matière de protection animale afin de garantir la fin de ces expériences.

Alors que la communauté scientifique s’accorde sur les capacités des animaux de laboratoire à ressentir la douleur et les émotions, notre devoir moral est ici en jeu : nous devons tout faire pour encourager la révolution du secteur de la recherche qui s’impose à l’humanité.

– Victor Prandt (REV)


Image d’entête @OneVoice

  1.  Rapport du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche 2022 “Utilisation d’animaux à des fins scientifiques dans les établissements français , Enquête statistique 2022”.
  2. Rapport de la Commission européenne de 2020.
  3. République Italienne, « Loi n°413 sur l’objection de conscience en matière d’expérimentations animales du 12 octobre 1993 », Journal officiel n°244 du 16 octobre 1993.
  4. https://nysba.org/legalease-animal-law-in-new-york-state/
  5. 7ème rapport de la Commission Européenne) 
  6.  Cash, Roland. « Chapitre 3. Les limites de l’expérimentation animale », , L’expérimentation animale en question. Éditions Matériologiques, 2022, pp. 105-131. 
  7. Jarrod Bailey Michelle Thew Michael Balles : Prédire la toxicité et la sécurité des médicaments chez l’homme via des tests sur les animaux , décembre 2015  https://theecologist.org/2022/aug/31/inside-cruel-macaque-trade
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