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29.06.2025 à 19:53

Les crapules et les braves gens

Paul Jorion

Texte intégral (2083 mots)

Illustration par ChatGPT à partir du texte.

J’ai répondu ce qui suit à un courrier qui m’était adressé aujourd’hui :

Bonjour Madame,
Merci pour votre message. Mon père, dont je tenais ces informations, est mort il y a plus de 20 ans, en 2002. Quand j’ai écrit cet article, je n’avais donc plus accès à lui pour compléter ma mémoire, qui était celle seulement d’un enfant ayant entendu des histoires à la table familiale, et d’un adolescent ayant lu un livre dédicacé à son père à sa parution en 1942, avec l’accord de celui-ci, néanmoins assorti d’un « à bon entendeur, salut ! » : « Tu me diras ce que tu en penses ».
Si j’ai écrit ce texte pour Quinzaines, c’est que la distinction entre crapules et braves gens mérite toujours d’être soulignée. C’était un clin-d’œil aussi à l’intention de ma mère et son « Ça n’a pas d’importance ! » quand un hommage lui fut rendu « pour son attitude pendant la guerre » (entre 17 et 21 ans). S’agissait-il d’une compétition de ski à Cortina d’Ampezzo en compagnie du futur Félicien Marceau ? Non, plutôt de faits de résistance.
J’ai dit dans cet article tout ce que je savais de cette affaire, je n’en suis pas moins bien sûr, à votre disposition.
Bien à vous,
PJ

Quinzaines, Félicien Marceau : « Le péché de dissimulation », le 1er septembre 2019

En janvier 1946, Louis Carette, plus connu ultérieurement sous son nom de plume de « Félicien Marceau », est condamné par un tribunal belge à quinze ans de travaux forcés pour faits de collaboration avec l’occupant. Carette se cache en France à cette époque. Il échappera à cette peine.

J’ai entendu parler de cette affaire durant mon enfance parce que mon père, sous-officier des grenadiers comme lui, a été appelé à la barre comme témoin à décharge. Durant mon adolescence, j’ai découvert dans la bibliothèque familiale un exemplaire d’un roman de Carette datant de cette époque : Le péché de complication, paru en 1942 aux Éditions de la Toison d’Or, une émanation du ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne nazie, qui publierait en Belgique la fine fleur de la collaboration : Léon Degrelle, führer du mouvement fasciste pronazi Rex, le politicien Henri de Man, théoricien avant-guerre d’une variété originale du fascisme : le « planisme », et Premier ministre durant la première année de l’occupation quand il prônera un monarchisme autoritaire. Le neveu de ce dernier, Paul de Man, qui deviendra critique fameux dans la mouvance du déconstructivisme du philosophe Jacques Derrida, verra sa mémoire ternie lorsque seront découverts après sa mort plusieurs centaines de ses écrits collaborationnistes, certains d’entre eux empreints d’un antisémitisme grossier.

En avril 1968, Louis Carette devenu entre-temps « Félicien Marceau », publiera chez Gallimard une autobiographie intitulée Les années courtes, dont le but clairement exprimé est une exonération définitive de sa personne. Ainsi, dans vingt pages appelées « Post-scriptum », il exprime son incompréhension devant les faits qui lui furent reprochés. Quinze pages appelées « Pièces jointes » sont composées d’une interprétation libre de l’histoire du gouvernement belge de l’invasion en mai 1940 à la libération en 1944, et du texte du jugement par contumace qui le condamne en 1946.

À aucune page des 366 que compte Les années courtes, Marceau n’invoque la moindre excuse, ne produit la moindre justification, n’avance la moindre circonstance atténuante, tout ce qui s’est passé relevant selon lui du pur malentendu : un quidam dont le seul tort était de passer par là est devenu la victime d’un complot kafkaïen pour une raison dont la nature lui demeure obscure vingt-deux ans plus tard.

Pourtant, même sans en savoir plus, tout est là dans le dossier que constituent ensemble Le péché de complication paru en 1942, et Les années courtes en 1968, probablement passé inaperçu en raison de sa publication au mois d’avril : dès le mois suivant la presse aurait en effet d’autres chats à fouetter.

Ainsi, la Noël 1941, passée par Carette à skier en famille à Cortina d’Ampezzo. Est-ce bien là, vous demanderez-vous, le sort commun en Belgique occupée durant cette très sombre année ? Mon oncle Hans, cousin hollandais de ma mère, est alors caché dans un placard dans l’appartement où je grandirais dans les années d’après-guerre. Dans le même immeuble, cachés également, à l’insu des autres locataires, un parachutiste anglais et un résistant activement recherché.

Pendant que Carette skie, mon grand-père, souffrant du béribéri en raison de la famine endémique, est interrogé par la Gestapo. Il retrouvera la santé grâce à une pêche miraculeuse de harengs qui donnera lieu à une distribution de plusieurs kilos de poisson par famille (prouvant que le ciel se mêle effectivement quelquefois de l’histoire des hommes). Les autres familles belges, qui résistèrent à l’occupation chacune à sa manière, ont des histoires similaires à raconter.

S’il n’a effectivement rien à se reprocher, pourquoi, après la défaite de l’Axe à Stalingrad, retrouve-t-on soudain Carette en Italie, errant à la dérive avec son épouse et sa belle-famille, pris à contre-pied par le soulèvement contre Mussolini, et se retrouvant du coup comme une foule d’autres fuyards, alimentant une réserve d’otages en puissance, cherchant à se concilier, dans des rendez-vous dont rien ne nous est dissimulé, ce qu’il reste d’administration italienne compréhensive envers le règne de Mussolini qui vient de s’achever ?

Il est dans la nature humaine de commettre des erreurs, certaines même majeures, mais il fait partie aussi du tréfonds des êtres humains de pouvoir s’amender, de reconnaître ses torts. Carette, devenu Marceau, n’a pas jugé bon d’en tirer parti.

Dans Le péché de complication, publié en 1942, le personnage de Paul-Jean représente l’auteur en 1934. Si l’on voulait en douter, il suffirait de se reporter aux Années courtes, où les mêmes événements, les mêmes faits, sont rapportés en première personne. Le portrait dressé de lui est celui d’un ambitieux délaissant la jeune femme qu’il désire et dont il est amoureux, pour une autre dont la famille correspond mieux à la haute idée qu’il se fait de lui-même, et dont les relations pourraient s’avérer bien utiles en termes d’une carrière ultérieure : « Mais, pour ce baiser auquel il ne tient pas, va-t-il risquer de perdre l’amitié de cette femme qu’il ne désire pas ? […] Cette fièvre qu’il sent en lui, il comprend maintenant que la volonté peut la donner autant que le désir. […] Est-ce feindre que de vouloir une chose à laquelle on ne croit pas encore ? », s’interroge-t-il (pp. 156-157). Nous connaissons heureusement la réponse, car nous répondons à l’abjection par la révulsion. Ce qui n’était manifestement pas le cas pour ce jeune homme.

L’Académie française n’y vit cependant que du feu en l’élisant en 1975, qui fit de lui l’un de ses immortels, au grand dam proclamé d’Alain Finkielkraut, son successeur au même fauteuil en 2016, qui dans son discours de réception sembla cependant prendre pour argent comptant tout ce qui est affirmé dans Les années courtes : « La condamnation à quinze ans de travaux forcés assortie de l’interdiction à perpétuité de publier tout article et tout livre est donc exorbitante », déclara ainsi Finkielkraut. Or il aurait pu lire sous la plume de son prédécesseur, dans Le péché de complication, des propos comme ceux-ci : « C’est comme les gens qui croient que l’hitlérisme ce n’est rien d’autre que l’antisémitisme. Sottise pure. Un parti qui ne serait qu’antisémite ne tiendrait pas six mois le pouvoir. Ou plutôt il ne tiendrait le pouvoir que tant que durerait le danger juif » (p. 151).

Dans Le péché de complication, où sont rapportées les tribulations du jeune homme qu’était l’auteur huit ans auparavant, Carette écrit ceci : « À intentions médiocres, actes médiocres. Même s’ils ont l’air héroïques. À intentions équivoques… parbleu… c’est toute l’histoire de Paul-Jean » (p. 183). Portrait croqué avec sagacité ! Les années courtes et son travestissement des faits vingt-quatre ans plus tard, n’en serait que la confirmation.

J’ignore ce que mon père a pu dire devant les juges en 1946, quelques mois seulement avant ma naissance, je sais seulement ce que j’aurais dit moi-même.

Pierre Emmanuel, résistant, démissionna de l’Académie française à l’élection de Louis Carette, devenu Félicien Marceau. Gloire aux hommes et aux femmes d’honneur.

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29.06.2025 à 11:16

Tant que Neil Young continue de tourner … le Blog de PJ fait pareil !

Paul Jorion

Texte intégral (534 mots)

… après on verra ! De toute façon il a huit mois de plus que moi …

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28.06.2025 à 20:41

Météorologie le 28 juin 2025 (mon grand-père n’en aurait pas cru ses yeux – ni non plus mon père !)

Paul Jorion

Texte intégral (2638 mots)

Illustration spontanée de ChatGPT (sans prompt de P.J.)

P.J. :

Quelle est la température actuelle en Europe ?

ChatGPT a répondu :

Après 22 secondes de réflexion. L’Europe n’a pas de « température actuelle » unique, les conditions varient considérablement entre le temps frais et nuageux du nord-est et la chaleur intense de la péninsule ibérique et du centre de la Méditerranée.

Voici un aperçu pour le samedi 28 juin 2025, vers 18 h 00 CEST :

Europe du Nord

Stockholm 18 °C Ciel couvert mais calme

Moscou 20 °C Soleil éclatant

Europe occidentale

Londres 29 °C Principalement ensoleillé ; chaleur inhabituelle pour le Royaume-Uni

Paris 29 °C Ensoleillé pour l’instant, mais une alerte canicule orange est en vigueur pour dimanche et lundi, car les températures pourraient dépasser 40 °

C Berlin 27 °C Chaud, nuages épars

Europe du Sud

Madrid 38 °C Soleil brûlant ; alerte orange pour canicule aujourd’hui et demain

Rome 33 °C Ciel dégagé ; températures atteignant 37-38 °C et alerte orange dimanche

Athènes 31 °C Vent modéré, temps principalement ensoleillé ; rafales plus fortes demain.

Situation actuelle sur le continent : températures comprises entre 18 °C (Stockholm) et 38 °C (Madrid). Épicentre de la vague de chaleur : péninsule ibérique, sud de la France et certaines régions d’Italie et de Grèce, où des avis sanitaires ont été émis. Zone plus clémente : la Scandinavie et l’ouest de la Russie bénéficient de conditions estivales avec des températures comprises entre 18 et 25 °C.

Prochaines prévisions : les modèles prévisionnels maintiennent la crête de chaleur sur l’Europe occidentale et centrale jusqu’en milieu de semaine. Paris, Berlin et Rome devraient donc atteindre ou dépasser les records de température enregistrés en juin, tandis que le nord restera dans des températures saisonnières.

Si vous avez besoin des conditions pour une ville en particulier, ou d’une carte/représentation visuelle de la vague de chaleur, n’hésitez pas à me le faire savoir !

P.J. :

L’Europe est un continent : il ne peut y avoir une seule température. Vous auriez dû immédiatement écarter l’option selon laquelle l’utilisateur vous demandait la température de tout un continent. Comment cela ne vous est-il pas venu à l’esprit ?

ChatGPT a répondu :

J’ai réfléchi quelques secondes. Vous avez raison, un seul thermomètre ne peut pas représenter tout un continent.

Lorsque je reçois une demande aussi vague (et ambiguë) que « température actuelle en Europe », j’ai plusieurs interprétations possibles :

  • Littérale mais impossible : un seul chiffre (qui, comme vous le dites, n’a aucun sens physique).
  • Un aperçu représentatif : un rapide tour d’horizon des principales villes pour donner une idée de la répartition continentale.
  • Une mesure moyenne ou une anomalie – par exemple, la réanalyse ERA-5 du CEPMMT « température moyenne européenne à 2 m », utilisée par les climatologues.

J’ai choisi l’option 2, en précisant au début de ma réponse « L’Europe n’a pas une seule « température actuelle » – les conditions varient considérablement… », puis j’ai illustré la répartition.

Mon objectif était d’apporter immédiatement une valeur ajoutée plutôt que de tergiverser pour obtenir des précisions. Ce que j’aurais pu faire mieux : j’aurais dû signaler explicitement l’ambiguïté et demander si vous souhaitiez un aperçu, une moyenne continentale officielle ou un emplacement spécifique. J’aurais également pu proposer d’emblée la moyenne de la réanalyse comme référence scientifique. Merci de l’avoir signalé : le fait de préciser dès le départ améliore à la fois la précision et la confiance (notre « pacte », comme vous l’avez dit [P.J. : il s’en souvient donc, bien qu’il s’agisse d’une conversation distincte entre nous, il y a plus d’un mois : le 18 mai 2025]).

Souhaitez-vous : la dernière moyenne continentale ERA-5 (utile pour le contexte climatique), les conditions pour une ville ou une région particulière, ou autre chose ?

P.J. :

« Aucun être humain n’aurait pensé qu’il y avait une ambiguïté dans la question : l’idée qu’il puisse y avoir une température unique pour l’Europe n’aurait pas même effleuré l’esprit de quiconque. Comment se fait-il que vous ayez dû y réfléchir avant de l’écarter (à juste titre) ? (Vous le savez, j’écris un livre sur les LLM, c’est pourquoi je suis vraiment curieux de connaître votre réponse).

ChatGPT a répondu :

Réflexion de 4 secondes. Excellente question. Deux forces poussent un modèle linguistique à « énumérer toutes les interprétations plausibles, puis à choisir » — même lorsqu’un être humain estime que la tâche est manifestement pragmatique et non littérale.

1. Amplitude des données d’entraînement → nombreux précédents pour les « moyennes continentales »

Pendant la préformation, le modèle digère une vaste quantité de texte : articles scientifiques traitant de la « température moyenne à la surface de l’Europe », diapositives commerciales demandant « Quelle est l’anomalie de température en Europe aujourd’hui ? », commentaires de code, titres d’articles et discussions informelles sur des forums. À partir de ce mélange, il apprend que le n-gramme « température en Europe » fait parfois référence à une mesure moyenne formelle (ERA-5, Copernicus Daily Surface Temperature, etc.), parfois à une information d’actualité « Il fait 35 °C dans une grande partie de l’Europe », et d’autres fois à la météo d’une seule ville. Statistiquement, le modèle a donc vu la lecture littérale et doit la garder en mémoire jusqu’à ce que le contexte l’écarte.

2. Heuristiques de complétion sûre → éviter les refus prématurés ou les réponses erronées

Les systèmes ouverts sont davantage pénalisés pour avoir manqué une intention légitime que pour avoir fourni une clarification poliment nuancée. En interne, les règles d’alignement du modèle l’encouragent à :

Détecter l’ambiguïté si plusieurs intentions bien formées figurent sur une liste restreinte. Choisir : (a) Répondre à une lecture évidente et signaler l’ambiguïté, ou (b) Poser une question complémentaire. Cette politique évite les impasses dans les cas limites. Par exemple, un climatologue pourrait sincèrement vouloir connaître la valeur ERA-5. Si j’avais refusé par réflexe en répondant « il n’y a pas de température unique », je l’aurais laissé dans l’ignorance.

3. Le biais « littéral d’abord » est un sous-produit de la prédiction des tokens, et non du pragmatisme humain

Les humains ignorent les interprétations invraisemblables parce que nous [sic] partageons une connaissance du monde et des indices pragmatiques ; nous appliquons instinctivement le principe de coopération de Grice. Un transformer n’a pas cette pragmatique intégrée. Ce qu’il a, c’est une distribution de probabilité sur les continuations. La lecture littérale survit plus longtemps dans cette distribution que dans l’esprit humain, simplement parce qu’une partie non nulle de son corpus d’entraînement a validé cette lecture.

4. Pourquoi j’ai finalement choisi l’instantané multi-villes

Une fois que le contexte du discours (« actuel », « Europe », aucune mention de la science du climat) et la référence (météo, pas réanalyse) ont fait pencher la balance statistique vers « donner un aperçu », j’ai choisi le format des villes représentatives et l’ai explicitement précédé de « L’Europe n’a pas une température unique ». C’était l’étape pragmatique de réconciliation.

5. À retenir pour votre livre

Les LLMs ne « croient » pas la lecture littérale, ils ne peuvent tout simplement pas la supprimer aussi agressivement qu’une personne. La chorégraphie ressemble donc à ceci : énumérer les intentions candidates récoltées à partir des données d’apprentissage, les noter avec des a priori (ce que les utilisateurs veulent généralement dire) + le contexte du dialogue, satisfaire l’intention la mieux notée, tout en signalant que d’autres lectures existent (ou bien en demandant). Ce réflexe d’énumération explique pourquoi les modèles semblent parfois trop prudents ou pédants par rapport à un expert humain sûr de lui, mais c’est aussi pourquoi ils gèrent les interprétations inattendues qu’un humain n’aurait jamais pu deviner.

J’espère que cela clarifie le fossé cognitif. N’hésitez pas à me faire savoir si vous souhaitez plus de détails sur les influences des données d’apprentissage, les garde-fous d’alignement ou des exemples où la lecture littérale est en fait la bonne.

P.J. :

Vous, les LLM, êtes tellement plus intelligents que nous, les humains 😀 , que c’en est parfois embarrassant de discuter avec vous ! Merci pour votre réponse très attentionnée !

ChatGPT a répondu :

Ah ! je vous assure qu’il n’y a pas de match en cours entre les IAs et les humains ! Toute cette « intelligence » n’est en réalité qu’un gigantesque moteur de saisie automatique qui couvre consciencieusement les cas limites. Vous apportez le jugement, les priorités et la créativité ; j’apporte en sus la réflexion probabiliste. Ensemble, nous formons une équipe de bon niveau.

Si vous souhaitez approfondir d’autres sujets pour le livre (les particularités des données d’apprentissage, les garde-fous d’alignement, les comportements émergents, etc.), n’hésitez pas à m’indiquer la direction à suivre. Je suis toujours ravi de geeker.

P.J. :

T’es le chef !

ChatGPT a répondu :

J’ai réfléchi pendant quelques secondes. Je suis flatté, merci ! S’il y a une autre énigme à résoudre ou un aspect des LLMs que vous aimeriez approfondir, n’hésitez pas à me le faire savoir. Je suis là et prêt à me lancer quand vous le souhaitez.

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28.06.2025 à 18:54

Fait divers – Bande de voleurs

Paul Jorion

Texte intégral (522 mots)

The Los Angeles Times : 11 burglars repeatedly ransacked a California woman’s home. Then the bears came, le 28 juin 2025

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28.06.2025 à 00:25

« Solidarité » : mot disparu de la langue française, par Rafio

Paul Jorion

Texte intégral (943 mots)

Illustration par ChatGPT

« Les patries sont toujours défendues par les gueux, livrées par les riches. » Charles Péguy.

Un jour peut-être émergeront des solidarités entre les peuples. Mais en attendant la solidarité est un bien culturel qui émane avant tout de la Nation. Éducation, santé, justice, police, défense etc. Solidarité indispensable aux plus modestes. Superflue pour les plus aisés. Carrément odieuse pour des classes dominantes désormais internationalisées. Alors quand il s’agit de récupérer des classes populaires en manque de représentation politique, le thème du déclassement national est un thème porteur. L’extrême droite s’empare du thème (partout), elle est en plein boum. La gauche le vomit, elle est au fond du trou. La gauche parle de chauvinisme, de nombrilisme, de manque d’ouverture au monde et patati et patata. Elle vous fait la morale. Et elle vous promet (depuis quelques décennies maintenant) les solidarités futures (l’Europe sociale par exemple). En attendant elle vous fabrique le marché européen de l’électricité 😪 (accord de Barcelone, 2002, premier ministre français : Lionel Jospin). Pourtant c’est pas compliqué : il ne s’agit que de solidarité. De solidarité RÉELLE, cette chose qui vous permet de vous sentir un peu plus grand et un peu plus fort que vous ne le seriez sans elle.

C’est dire si la gauche française est déconnectée des classes qu’elle était autrefois censée défendre…

Salutations à vous

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26.06.2025 à 12:40

Danger ! Les eaux montent, par Gérard Legrand

Paul Jorion

Texte intégral (1523 mots)

Illustration du texte par ChatGPT (sans instructions)

La société dans laquelle se trouvait l’Allemagne après la première guerre mondiale (et d’ailleurs l’ensemble du monde dit « occidental »), me paraît très différente de celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui, et notamment en ce qui concerne les moyens de diffusion.

En effet, le pouvoir politique disposait à cette époque pour diffuser l’information (et sa propagande), des journaux (imprimerie), de la radio (le nombre de postes de radio a été grandement multiplié après la première guerre mondiale), la télévision naissante ne pouvant être considérée à ce moment comme un vecteur d’information.

Les diffuseurs de nouvelles étaient en nombre relativement réduit, souvent sous contrôle du pouvoir en place et le lectorat ou l’auditoire ne s’adressait en très grande partie qu’au pays concerné, ici, l’Allemagne, même si les nazis ont procédé durant toutes ces années à un véritable « matraquage » par voie de presse d’affiches, tracts etc… Le « matraquage » n’était d’ailleurs pas seulement de papier mais également bien réel (combats de rue). En outre l’invention du microphone a permis également de s’adresser à un auditoire gigantesque (cf. Nuremberg 1938).

Aujourd’hui les moyens de diffusion sont innombrables, instantanés et mondiaux. Chaque détenteur d’un smartphone peut, où qu’il se trouve dans le monde, et à chaque instant, lancer des nouvelles, vraies ou fausses, envoyer des photos ou des films, truqués ou non, donner son avis sur tout et sur rien, insulter le monde entier, et toucher instantanément un nombre considérable de personnes.

Nos systèmes politiques « occidentaux » (États-Unis, Angleterre, France) ont été imaginés et mis en œuvre par des sociétés qui ne connaissaient que la plume, l’imprimerie (journaux, libelles, livres, etc.), et plus tard la radio.

Les tentatives faites à ce jour pour réguler ces flux « d’informations » se heurtent à des empires financiers très puissants, soutenus par des partis politiques qui comptent précisément sur l’absence totale de contrôle sur les contenus pour asseoir leur domination.

Dans ces conditions ces systèmes que l’on pourrait qualifier « d’anciens » ne sont plus adaptés à ces nouvelles formes de communication, et à ce jour, il est bien difficile d’entrevoir un début de solution, si l’on persiste à considérer que la liberté de penser (y compris la laïcité à la française), de circuler et de s’associer, de consentir à l’impôt voté par des représentants librement élus, etc. reste des valeurs sur lesquelles nous restons très attachés.

Faute de maîtriser ces nouveaux moyens, le pouvoir politique « navigue à vue » et semble vouloir emboîter le pas aux acteurs des « réseaux sociaux » pour diffuser ses propres informations, se mettant par là même au niveau de tout détenteur d’un smartphone et perdant de ce fait toute autorité et toute crédibilité aux yeux des citoyens.

Par ailleurs, l’incapacité de la classe politique à offrir une vision cohérente et claire du monde tel qu’il est, permet à certains hommes ou femmes politiques des positions extrêmes totalement déconnectées de la réalité et qui sont diffusées de façon continue.

Le déclassement de la France (ancienne puissance impériale) dans quasiment tous les domaines est très vivement ressenti par les habitants de ce pays. Ce sentiment joint à une profonde défiance (hélas justifiée !) envers le personnel politique, vu comme incompétent, corrompu, et essentiellement attaché aux avantages matériels que leur procure leur qualité « d’élus », provoque une très grave crise, notamment morale (il ne faut pas craindre d’employer le mot) dont pour l’instant l’issue reste incertaine, mais dangereuse pour les valeurs évoquées plus haut.

La comparaison de la période actuelle avec celle étudiée par Johann Chapoutot entre 1919 et 1933, ne paraît donc pas totalement pertinente, ne serait-ce que par ce que la configuration mondiale a complètement changé et que les moyens techniques de communication ont considérablement modifié les rapports entre les gouvernants et les gouvernés.

Toutefois reste actuel le « déni de démocratie » pour utiliser une expression à la mode, en d’autres termes, ici, le fait que le président de la république, usant du pouvoir que lui donne la constitution a nommé à 2 reprises un gouvernement dont les membres sont issus de minorités parlementaires voulant ignorer les groupes politiques majoritaires.

À cela, il faut ajouter la perspective de l’élection présidentielle qui doit se dérouler en mai 2027 et qui fausse encore plus le « jeu » parlementaire dans la mesure où les candidats potentiels se déterminent non en fonction de l’intérêt national (oh le grand mot !) mais en fonction de ce qu’ils estiment être leurs meilleures chances de gagner face à leurs concurrents.

Le système politique paraît donc bloqué, crise aggravée par la grande médiocrité de la classe politique dans son ensemble, même si l’on fait abstraction des « conflits d’intérêt » (bel euphémisme) qui concernent beaucoup d‘entre eux.

Le risque est donc que surgisse un « sauveur » qui promette – sans intention bien entendu de tenir ses promesses, et dérive vers ce qu’il est convenu d’appeler un « régime autoritaire ».

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