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Paul JORION


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02.05.2024 à 01:36

Duane Eddy (1938-2024)

Paul Jorion

Lire la suite (383 mots)

A influencé beaucoup de beau monde dont George HarrisonHank Marvin  des Shadows, Bruce Springsteen, Mark Knopfler.

01.05.2024 à 22:31

Sortir des sentiers battus dans la résolution des conflits, avec l’aide de l’IA

Paul Jorion

Texte intégral (2412 mots)

Illustration par DALL·E (+PJ)

P.J. :

Face au conflit en Ukraine, la conflagration à Gaza et en Cisjordanie, et le débordement de ce dernier conflit sur les campus, les intellectuels se sentent impuissants, d’autant plus que les questions qui ont conduit aux embrasements récents sont complexes du fait qu’elles se sont envenimées au cours de nombreux siècles. Il n’est pas impossible cependant que le sentiment d’impuissance découle simplement du manque d’imagination. D’où deux questions :

1. Existe-t-il des approches possibles trop éloignées des sentiers battus (« pensée latérale ») pour que les humains les aient envisagées jusqu’à présent, mais auxquelles les IA pourraient penser ? La plausibilité de ce que j’avance se fonde sur le fait qu’il a été observé dans de nombreuses résolutions de problèmes – en particulier dans les jeux de stratégie – que les IA proposent des approches novatrices que les humains ont ignorées parce qu’ils étaient engoncés dans des carcans intellectuels qualifiés de « tradition culturelle » ?

2. Quel type de soutien à long terme les IA seraient-elles en mesure de fournir aux intellectuels lorsque ces solutions originales seraient mises en œuvre ?

GPT-4 :

Des connaissances fondées sur les données : L’IA peut traiter de grandes quantités de données historiques et en temps réel pour identifier des modèles et des tendances qui pourraient ne pas être évidents pour les analystes humains. Il peut s’agir d’établir des corrélations entre des facteurs de paix ou de conflit qui n’ont pas été explorés, tels que les indicateurs économiques, le sentiment des médias sociaux ou même les changements environnementaux.

Claude-3 :

Approches potentielles de l’IA qui sortent des sentiers battus :

– Utiliser des analyses de données et des simulations avancées pour modéliser un large éventail de scénarios de résolution de conflits, analyser les schémas des données historiques pour identifier de nouvelles stratégies.

– Appliquer la théorie des jeux et la théorie des mécanismes d’incitations pour créer de nouvelles structures d’incitation et des cadres de négociation qui alignent mieux les intérêts des parties en conflit.

– Tirer des enseignements d’autres domaines tels que la biologie, la théorie des réseaux, etc. pour recadrer les problèmes et susciter de nouvelles idées.

– Servir de médiateur impartial dans les négociations, en veillant à ce que toutes les parties se sentent entendues et en aidant à élaborer des solutions mutuellement bénéfiques

– Identifier des opportunités économiques inattendues « gagnant-gagnant » qui pourraient réduire les tensions en améliorant la situation de toutes les parties.

LLaMA3 :

Quelques approches potentielles que les IA pourraient envisager :

* alliances ou coalitions non conventionnelles entre des parties apparemment opposées

* Nouvelles formes d’incitations ou de sanctions économiques pour promouvoir la coopération

* Autres scénarios ou approches narratives pour recadrer le conflit.

Analyse des données et reconnaissance des schémas : Les IA pourraient aider à identifier les tendances, les corrélations et les points chauds potentiels, permettant ainsi aux intellectuels d’anticiper les conflits potentiels et de s’y préparer.

P.J. :

Pouvez-vous expliquer comment l’application de la théorie des jeux et de la théorie des mécanismes d’incitations pourraient aider dans le cas des conflits en Ukraine, à Gaza, en Cisjordanie et sur les campus universitaires ?

GPT-4 :

Théorie des jeux

Identification des équilibres : dans le contexte de conflits géopolitiques comme ceux de l’Ukraine et de Gaza, la théorie des jeux peut aider à identifier les équilibres de Nash où aucun joueur n’a rien à gagner en changeant uniquement sa propre stratégie de manière unilatérale. Cela peut fournir une base pour comprendre les états les plus stables de ces conflits, où les incitations sont alignées de telle sorte que le statu quo est maintenu.

Compréhension des intérêts mutuels : La théorie des jeux peut mettre en évidence les intérêts mutuels, même dans des scénarios à somme nulle. Cela pourrait être particulièrement utile dans les négociations en encadrant les discussions d’une manière qui met l’accent sur des résultats gagnant-gagnant, plutôt que sur des scénarios gagnant-perdant conflictuels.

Anticipation des réactions : Elle peut être utilisée pour prévoir et modéliser les réactions des différentes parties à des changements de politique, à des actions militaires ou à des efforts diplomatiques, ce qui permet d’anticiper les mouvements des parties adverses et de planifier plusieurs étapes à l’avance.

Recours à la théorie des mécanismes d’incitations

La théorie des mécanismes d’incitations est un domaine lié à la théorie des jeux qui consiste à concevoir les règles d’un jeu afin d’obtenir un résultat spécifique, même si les participants sont mus par leurs propres intérêts.

Création de structures d’incitation : Dans le cas du conflit israélo-palestinien, la théorie des mécanismes d’incitations pourrait contribuer à créer de nouveaux cadres de coopération économique, de partage des ressources ou de gestion territoriale qui rendent la paix et la coopération plus rentables et plus souhaitables que le conflit.

Facilitation de la conclusion d’accords durables : En Ukraine, la théorie des mécanismes d’incitations peut être utilisée pour élaborer des garanties de sécurité ou des accords économiques qui se renforcent d’eux-mêmes, ce qui signifie que toutes les parties sont incitées à les respecter sans qu’il soit nécessaire de les faire appliquer de l’extérieur.

Résolution des conflits sur les campus : Sur les campus universitaires, la théorie des mécanismes d’incitations pourrait contribuer à créer des politiques et des cadres qui encouragent le dialogue et la compréhension mutuelle, décourageant la polarisation en alignant les intérêts des étudiants sur des résultats académiques et sociaux collaboratifs.

Claude 3 :

Ukraine :

– Modéliser le conflit comme un jeu multi-joueurs, avec la Russie, l’Ukraine, l’OTAN, l’UE, les États-Unis et d’autres acteurs clés comme joueurs. Identifier leurs intérêts fondamentaux, leurs capacités et leurs stratégies potentielles.

– Concevoir un cadre de négociation comprenant des engagements crédibles, tels que des forces internationales de maintien de la paix, afin de réduire les craintes de défection.
– Élaborer une solution progressive qui associe des mesures telles que le cessez-le-feu, le retrait des troupes, les élections et l’aide afin de créer des incitations à la coopération.
– Explorer les possibilités d’accords économiques « gagnant-gagnant », tels que des projets d’infrastructure conjoints, qui pourraient bénéficier à toutes les parties.

Gaza/Cisjordanie :

– Modéliser le conflit comme un jeu itératif, en reconnaissant la longue histoire et la nature répétée des interactions. Analyser l’impact des perspectives des cycles futurs sur les choix actuels.

– Concevoir un mécanisme de réciprocité graduelle, dans lequel les concessions d’une partie sont assorties de conditions de la part de l’autre, afin d’instaurer progressivement la confiance.

– Élaborer un programme de négociation à enjeux multiples qui permette des compromis entre des dimensions telles que la sécurité, le développement économique, les droits politiques et l’accès à la religion.

– Explorer des arrangements économiques novateurs, tels que le partage des revenus des gisements de gaz naturel, qui pourraient créer des incitations communes à la coopération.

Campus universitaires :

– Modéliser la dynamique d’un campus comme un jeu de réseau, avec des étudiants, des groupes d’étudiants, des professeurs, des administrateurs et des parties prenantes externes en tant que nœuds. Analyser comment la structure du réseau façonne le flux d’informations et les influences.

– Concevoir des mécanismes de délibération, tels que des forums modérés et des assemblées de citoyens, qui encouragent la prise de recul et la recherche d’un terrain d’entente.

– Élaborer un cadre de « droits et responsabilités » qui affirme à la fois la liberté d’expression et l’inclusion, avec des normes et des conséquences claires et équitablement appliquées.

– Explorer les moyens d’aligner les incitations à la coopération, telles que les dialogues entre groupes, les projets de service conjoints et les exigences des programmes scolaires qui favorisent la compréhension.

LLaMA3 :

Concepts théoriques des jeux pouvant être appliqués :

1. Équilibre de Nash : Concevoir des mécanismes qui conduisent à un résultat stable et efficace, où aucune partie ne peut améliorer son gain en changeant unilatéralement de stratégie.

2. Optimalité de Pareto : Veiller à ce que le résultat négocié soit optimal du point de vue du Pareto, ce qui signifie qu’aucune partie ne peut améliorer ses gains sans aggraver la situation d’une autre partie.

3. Conception des mécanismes : Concevoir des mécanismes robustes face à différents types de comportements, tels que la coopération ou la défection.

4. Théorie des enchères : Appliquer la théorie des enchères pour concevoir des mécanismes qui allouent les ressources de manière efficace et équitable.

5. Théorie de la négociation : Appliquer la théorie de la négociation pour concevoir des mécanismes qui facilitent des négociations efficaces et équitables.

Illustration par DALL·E (+PJ)

30.04.2024 à 22:24

À vot’bon cœur, M’sieurs, Dames !

Paul Jorion

Texte intégral (557 mots)

Vous avez pu voir réapparaître aujourd’hui ceci en haut à droite :

La raison en est simple : la formule de l’abonnement, auquel vous souscrivez généreusement, ne parvient plus à couvrir les frais de fonctionnement du blog (il manque chaque mois de 100€ à 150€) et je me suis dit que je devais cesser de décourager systématiquement les généreux mécènes qui passent à l’occasion par ici 😉 .

Merci d’avance !

* Abonnement au serveur d’un blog volumineux (18 mille billets en archives ; ½ million de commentaires) ; rémunération décente du webmaster ; abonnements à divers plug-in comme anti-spam, logiciel de retranscription, etc.).

28.04.2024 à 18:21

À propos de Les Tontons flingueurs de la gauche de Philippe Corcuff et Philippe Marlière

Paul Jorion

Texte intégral (2626 mots)

Philippe Corcuff et Philippe Marlière, Les Tontons flingueurs de la gauche : lettres ouvertes à Hollande, Macron, Mélenchon, Roussel, Ruffin, Onfray, Paris : textuel 2024

Pour se faire une idée d’ensemble de ce qui est dit dans ce petit ouvrage, au sous-titre explicite, il suffit de savoir que chacune de ces six lettres se termine sur une variation autour de la formule « Ton bilan est globalement négatif ».

Il n’est pas question d’autres personnes dans l’ouvrage si ce n’est pour préciser que d’autres n’ont délibérément pas été mises en cause, quelques huit noms étant mentionnés dont les plus connus sont Clémentine Autain, Aurore Lalucq, Assa Traoré et Najat Valaud-Belkacem.

Vous connaissez les six destinataires des lettres ouvertes et vous ne serez pas surpris du coup si ce que les auteurs leur reprochent diffère significativement selon le cas. Inaptitude pour Hollande, pragmatisme cynique chez Macron, caudillisme de Mélenchon, stalinisme atavique chez Roussel, simplisme d’un autre âge pour Ruffin, naufrage d’un embourgeoisement fulgurant chez Onfray. Les reproches sont à ce point différents d’ailleurs que l’on est surpris de constater à la lecture de ces six réquisitoires consciencieusement documentés, qu’il ait pu exister tant de manières de creuser la tombe de la gauche !

Les six grands malades présentent des symptômes distincts mais l’épidémie a un nom : substitution d’une gauche de ressentiment à une gauche émancipatrice. Les auteurs écrivent que « La gauche est surtout en panne d’imaginaire. Elle ne propose aucun récit politique qui puisse passionner et rassembler, susciter l’espérance et rassurer celles et ceux qui subissent des injustices, des inégalités et des discriminations » (p. 86).

Le remède ? « Bâtir un nouvel imaginaire de l’émancipation » (p. 87).

On est malheureusement parvenu au moment où l’on lit cela à l’avant-dernière page d’un petit livre qui n’en compte que 89. On ne fera pas reproche aux auteurs de ne pas nous en dire davantage sur la reconstruction nécessaire : ils ont déjà eu l’occasion de nous dire ce qu’ils en pensent dans de nombreux ouvrages fort bien faits. Mais il serait dommage que je laisse passer quant à moi une occasion de creuser un peu plus le sujet.

Le malade étant dans un état critique, je ne prendrai pas de pincettes. Je décèle dans mon diagnostic essentiellement deux grands facteurs :

1. devant l’existence dana la nation d’une importante communauté de foi musulmane, la gauche française est plongée depuis 80 ans dans un état de profonde stupéfaction,

2. l’âme de la gauche a émergé d’une masse de travailleuses et de travailleurs identifiés à leur travail, or le travail disparaît.

I. Il n’est pas difficile de se faire une opinion de la communauté de foi musulmane si l’on a l’esprit obtus comme cela se pratique communément à droite. « Ce ne sont pas des gens comme nous ! » suffit à rejeter sur une base identitaire. Les choses sont plus complexes si l’on est d’esprit généreux et ouvert comme on l’est ordinairement à gauche car il ne suffit pas de dire « Ma tolérance est ouverte à absolument tout ! » parce que les cas concrets ne tarderont pas à prouver que c’est parfaitement faux : il existe dans le monde des formes d’obscurantisme rappelant celles de notre propre passé que la modernité de la gauche française n’acceptera jamais.

Étoffons un peu notre propos : quelle élue ou quel élu de gauche sait que sur les questions de l’apostolat et de l’apostasie, l’islam et le christianisme (même sous sa forme « zombie ») diffèrent de manière cruciale ? À mon sens la plupart ignorent même ce que ces deux mots veulent dire, à savoir respectivement, le devoir de convertir (prosélytisme) l’infidèle ou incroyant, et l’option offerte ou refusée à chacun de quitter la communauté des croyants. Quelle élue ou quel élu de gauche s’est posé la question, quand il n’est plus question de la première génération de Musulmans au sein d’une culture majoritairement non-musulmane mais cette fois de la troisième, d’une évolution éventuelle dans la représentation au sein de la communauté du principe de nécessité (darura) et du principe de précaution (taqiyya) ? À mon sens, là aussi, la plupart de ces élues et élus ignorent sans plus que le principe de nécessité permet d’ignorer les préceptes de la loi islamique si la survie individuelle est en péril alors que le principe de précaution autorise à dissimuler sa foi si ne pas le faire conduit à mettre sa vie en danger. Une fois connus ces deux principes, pensera-t-on vraiment que la question se pose aujourd’hui en France dans les mêmes termes qu’il y a 80 ans, époque de la première grande vague migratoire ?

Faute de s’être éduquée sur l’islam, faute de savoir que le Coran est un texte dicté d’en-haut annonçant non seulement la venue de la religion destinée à remplacer toutes les autres mais aussi l’unification inéluctable d’une Nation arabe triomphante, la gauche française s’est redistribuée au petit-bonheur-la-chance, selon le tempérament de chacun, soit en islamophobes, soit en islamo-gauchistes, tous également obtus, avec les conséquences navrantes que l’on observe.

II. Quant à la gauche et son identification historique au travail comme valeur, et l’on pourrait carrément dire le culte qu’elle a voué au travail depuis ses débuts, sa source ne fait pas mystère : elle a son fondement dans l’affirmation par Karl Marx que la valeur de tout bien reflète la quantité de travail investie dans sa production. À partir de là, tout retour de bénéfice à celui ou celle qui n’a pas mis la main à la pâte est spoliation de la main-d’œuvre seule créatrice de richesse, spoliation d’autant plus criante lorsque le salaire versé assure à peine la subsistance des travailleurs et de leur famille.

Pour ce qui est de la disparition du travail du fait de la machinisation, seule une réflexion indigente lui a été consacrée par la gauche. On pense à Sismondi et sa suggestion que la travailleuse ou le travailleur remplacés par la machine bénéficient à vie d’une rente perçue sur la richesse crée par elle à partir de ce moment. Sismondi, qui écrit en 1819 que « ce n’est point le perfectionnement des machines qui est la vraie calamité, c’est le partage injuste que nous faisons de leur produit ». On pense ensuite à L’éloge de la paresse, paru en 1880, de la plume de Paul Lafargue, gendre de Marx, le premier à réclamer sur un mode militant l’émancipation de l’humain du travail lui-même. Lafargue écrivait : « Nos machines au souffle de feu, aux membres d’acier, infatigables, à la fécondité merveilleuse, inépuisable, accomplissent docilement d’elles-mêmes leur travail sacré ; et cependant le génie des grands philosophes du capitalisme reste dominé par le préjugé du salariat, le pire des esclavages. Ils ne comprennent pas encore que la machine est le rédempteur de l’humanité, le Dieu qui rachètera l’homme des sordidæ artes et du travail salarié, le Dieu qui lui donnera des loisirs et la liberté. »

De John Maynard Keynes on cite souvent le passage suivant de son article « Les alternatives économiques de nos petits-enfants » (1930) : « Nous souffrons d’une nouvelle maladie dont certains de mes lecteurs n’auront pas même encore entendu mentionner le nom, mais dont ils entendront abondamment parler dans les années qui viennent – à savoir le chômage technologique. Ce qui veut dire le chômage dû au fait que nous découvrons des moyens d’économiser l’utilisation du travail à un rythme plus rapide que celui auquel nous parvenons à trouver au travail de nouveaux débouchés. » Une observation que je citais en 2014 dans, moi aussi, une lettre ouverte, adressé alors à MM. Hollande et Gattaz : « Pourquoi ne pas parler du travail et de l’emploi tels qu’ils sont et non tels qu’ils devraient être ? ».

Plus pertinents encore chez Keynes sont ses propos sur la disparition du travail dans « Le dilemme du socialisme moderne » (1932) : « Pour la plus grande part de son histoire, les muscles de l’homme ont été la source d’énergie dans la grande majorité de ses projets et de ses opérations, avec l’aide occasionnelle du vent, de l’eau et des animaux domestiques. Le labeur, au sens littéral du terme, a été le premier facteur de production. Cela fit une énorme différence quand, pour le transport et pour certaines opérations limitées, d’autres sources d’énergie furent ajoutées. Mais même l’addition de la vapeur, de l’électricité et du pétrole n’ont pas produit en soi un changement aussi radical que l’a été la nature des nouveaux processus de production qui les ont accompagnés ces années récentes. Car jusqu’à très récemment, l’effort majeur des nouvelles machines fut d’offrir au labeur, c’est-à-dire aux muscles de  l’homme, un meilleur rendement. Quand les économistes affirmaient que la machine coopérait avec le labeur, et ne lui constituait pas un rival, la chose était plausible. Mais l’effet des types les plus récents de machinerie est de plus en plus, non pas de rendre les muscles de l’homme plus productifs mais de les rendre obsolètes. Et l’effet est double, il nous offre tout d’abord la capacité de produire des biens de consommation, par opposition à des services, de manière pratiquement illimitée, et ensuite d’utiliser si peu de travail dans ce cadre qu’une proportion toujours plus grande de l’emploi humain doit être occupée, soit dans le domaine de l’offre de services, soit à satisfaire la demande en biens durables […] Il se fait donc que l’appareil économique se trouve confronté à un problème de réajustement d’une difficulté inhabituelle en soi ».

Dans cette perspective du travail en voie de disparition, ce serait faire preuve de fausse modestie de ma part de ne pas mentionner le pavé dans la mare que constitua une de mes interventions télévisée en 2012, toujours abondamment citée aujourd’hui  : « Le travail disparaît ! c’est une chose qu’on a voulue ! »

Le travail disparaît et il est impératif que la gauche repense le culte qu’elle lui vouait à partir d’une logique élémentaire de survie des prolétaires, à savoir celles et ceux qui n’ont d’autre moyen d’assurer leur subsistance et celle des leurs, qu’en mettant leur force de travail à la disposition des détenteurs de capital. Ma proposition de taxe Sismondi sur la richesse créée par la machine, dont le rendement financerait la gratuité de l’indispensable pour tous, prélude à la disparition de l’argent, doit être placée au centre d’un programme de la gauche qui soit autre chose qu’une collection kaléidoscopique de ressentiments disputés par elle à l’extrême-droite qui s’occupe déjà très bien des aigreurs et du ressassement.

La gauche peut mieux faire que rester stupéfaite devant la présence en France d’une communauté importante de Musulmans, elle peut faire mieux que demeurer sidérée dans sa fascination du travail, lequel n’a jamais en réalité été autre chose, pour appeler un chat, un chat, que le calvaire des travailleurs. La générosité, la bienveillance désormais séculaires de la gauche, sont les ressorts d’un projet émancipateur toujours en germe, il ne lui reste qu’une chose à faire : secouer sa torpeur, se réveiller … avant que Bill Gates et Elon Musk n’aient entièrement confisqué le projet à leur compte, et qu’elle se mette alors à glapir que « Le socialisme est un complot ourdi par les GAFAMI appuyé en coulisses par Wall Street ! ». Vu ce que l’on a déjà vu, je n’en serais hélas pas autrement surpris 😀 !

27.04.2024 à 12:06

Contes de la crypte… illustrés 😈

Paul Jorion

Texte intégral (1572 mots)

Illustration par DALL·E

Ç’aura été dans la dix-huitième année de mon blog que j’aurai découvert à quel point les internautes qui le hantent adorent les histoires de fantômes… pour affirmer haut et fort à quel point, ils ou elles … n’y croient pas. Bien entendu !

Qu’Edgar Allan Poe me pardonne, l’histoire « gothique » que je préfère reste celle que Pascal Ruiz nous récite ici avec talent : « La conscience » de Victor Hugo.

Je n’ai donné d’autre instruction à DALL·E que d’illustrer le poème. Je reproduis à votre intention ses remarques.

Voici les illustrations de la première scène du poème, montrant Caïn, échevelé et livide vêtu de peaux de bêtes, fuyant au milieu des tempêtes avec sa famille épuisée

Voici les illustrations de la scène où Caïn et ses descendants construisent des fortifications massives – tentes, murs de bronze, et une ville surhumaine – dans un effort désespéré pour échapper à l’œil scrutateur de la surveillance divine.

Voici les illustrations panoramiques de la fresque représentant toute l’histoire épique de Caïn telle que décrite dans le poème. Cette œuvre capture les différentes phases de l’histoire, depuis la fuite initiale sous les orages jusqu’à la tentative désespérée de se cacher derrière des fortifications, et finalement, Caïn seul dans une tour de pierre et une fosse souterraine, toujours sous le regard divin.

25.04.2024 à 16:59

Vidéo – Paul & Stéphanie : Le savoir qui nous tombe du ciel

Paul Jorion

Lire la suite (415 mots)

Intuitions ? ou guidances ? en psychothérapie.

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