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Le blog d'un odieux connard
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UN ODIEUX CONNARD

Julien HERVIEUX

▸ les 10 dernières parutions

23.01.2024 à 11:06

GUIDE POUR MINISTRE DE LA CULTURE

Un odieux connard

Vous n’êtes vraiment pas très sympa. Oh, ne faites pas semblant : c’est bien de vous que je parle. Il suffit que l’on nomme Rachida Dati au Ministère de la […]
Texte intégral (5040 mots)

Vous n’êtes vraiment pas très sympa.

Oh, ne faites pas semblant : c’est bien de vous que je parle. Il suffit que l’on nomme Rachida Dati au Ministère de la Culture, et vous, tout de suite, vous glapissez que c’est un scandale au motif qu’elle n’y connaitrait rien et qu’elle ne serait là que pour avoir un projecteur pour les prochaines élections. Eh bien je vous le dis : c’est mal. En effet, au lieu de faire un procès en incompétence, vous pourriez vous montrer aimable, et plutôt aider cette personne à justement prendre ses marques.

Et comme sur ce blog, on a un minimum de savoir-vivre, nous allons nous y atteler, ah mais.

Mme Dati, ne paniquez donc pas car voici…

LE GUIDE POUR MINISTRE DE LA CULTURE

Un guide à l’attention de tous les gens qu’on a mis là parce qu’en France, tu peux être au ministère de l’industrie le lundi et à la culture le mardi, c’est normal

Et revenons aux bases pour savoir où vous vous apprêtez à mettre les pieds.

L’histoire du ministère de la Culture

Au commencement, il n’y avait rien. Puis, il y eut l’invention du feu, de la roue, et du four à pizza qui était un savant mélange des deux. Je n’approfondis pas plus, ce serait un peu confus, et si vous aviez de vraies compétences pour comprendre ce qui vous entoure, vous auriez un travail, pas un ministère. Aussi, restons-en aux choses simples, et bondissons en 1959. Cette année-là, le Général de Gaulle décide de créer un « Ministère des Affaires culturelles », pour gérer tout ce qui est, mais oui, culturel. Et à sa tête, il nomme André Malraux, un monsieur qui est connu pour avoir un jour dit « Entre-ici, Jean Moulin ».

Attention, ce n’est pas parce qu’il a dit ça qu’il faut le copier. En effet, on ne peut pas faire rentrer Jean Moulin n’importe où. Je vous ai fait un petit pense-bête pour vous aider.

Je prends des références pour les gens qui vont plus souvent chez Gucci qu’au Panthéon.

Attention cependant à ne pas confondre Jean Moulin avec un de vos copains, et ainsi tenter de faire rentrer Patrick Balkany au Panthéon, par exemple. En plus, il supporte très mal l’enfermement, alors oubliez tout de suite. Et passons plutôt à la suite. Car après André Malraux, le ministre suivant qui a marqué l’histoire de votre ministère, c’est Jack.

Aussi appelé Jack Lang, cet homme de plume a su prendre cette dernière pour l’enfoncer profondément dans son ministère, créant ainsi en 1982 la Fête de la musique. Cet événement que vous ne connaissez peut-être pas, puisqu’il faut circuler à pied pour le découvrir, consiste à placer dans les rues de jeunes gens qui jouent du Matmatah. Tout le monde ignore pourquoi, mais s’il n’y a pas un groupe qui joue Lambé An Dro, c’est que vous avez pris le mauvais chemin et n’êtes pas à la Fête de la musique, mais dans une ZAD (on peut aisément confondre les deux).

Ensuite, plus rien. Si vous pouvez citer André Malraux et Jack, vous devriez faire illusion dans les couloirs du ministère. Où de toute manière, vous aurez pris soin de placer votre équipe loyale qui ne posera pas de questions, ah mais.

Vos questions, nos réponses :

Puis-je rentrer au Panthéon moi-même ?

Au vu de votre profil : uniquement si vous payez l’entrée.

Je n’ai pas compris le rapport entre Jean Moulin et Jack Lang ?

Les deux auraient mieux fait de rester chez eux le 21 juin.

Les compétences du ministère

Et j’ai bien écrit « ministère », hein. Car votre ministère a quantité de choses à sa charge qu’il faut gérer.

Compétence : les musées

Pour vous l’expliquer avec des mots que vous pouvez comprendre, le musée, c’est un peu comme une grande boutique, avec tout plein de vitrines remplies de jolis objets. Là où cela change un peu, c’est que lesdits objets ne sont pas à vendre ! Je sais, ça fait bizarre dit comme ça, mais rassurez-vous, si vous avez des palpitations, vous pourrez toujours aller à la boutique du musée vous trouver un mug La Joconde. Votre mission, en tant que ministre, est justement de vous assurer que les objets dans les vitrines restent dans les vitrines. C’est pour cela que vous pouvez vous appuyer sur une armée de personnages magiques : les conservateurs. Je dis « magiques » car on ne peut les apercevoir que du coin de l’œil avant qu’ils ne disparaissent, et la nuit, on peut entendre leur long hululement où ils se plaignent du manque de budget ou de l’humidité dans ces putains de vitrines. Si jamais vous tentez de les approcher, ils ont toujours une armée de stagiaires sous-payés à mettre sur votre chemin, puisque pour une personne qui arrive à devenir conservateur, il y a environ 2 200 candidats qui sont prêts à tuer pour un demi-SMIC à un poste dans le milieu culturel. Le conservateur est un peu le nécromancien des stagiaires : ils sont un peu morts à l’intérieur et obéissent à ses ordres.

Si vous avez du mal à tout retenir, pour faire simple, dites-vous que dans les musées, on trouve de tout, sauf du pognon.

Là par exemple, on a carrément mis une vitrine SUR le musée. Audacieux.

Vos questions, nos réponses :

Je ne peux vraiment rien acheter ?

Non. Si vous voulez vraiment une œuvre d’art, faites comme tout le monde : volez les tableaux dans vos ministères. Des décennies que ça dure, et personne n’a encore résolu le problème.

Mon ministère a-t-il son propre musée ? 

Non. Votre ministère étant lui-même seulement considéré comme une vitrine, c’est suffisant.

Compétence : les archives

Vous savez ce qu’est un ticket de caisse ? Vous savez que c’est important de le garder ? Eh bien voilà : les archives, c’est un endroit où l’on rassemble en quelque sorte tous les tickets de caisse que l’on a pu trouver depuis très longtemps. Rassurez-vous, tout le monde se fout des archives, puisqu’il y a rarement de bonnes raisons d’en parler à la télé, ce qui est tout ce qui compte. Vous pouvez donc vous assoir dessus. De temps à autres, vous apercevrez peut-être seulement un individu hagard, poussant un chariot de cartons dans un couloir obscur, et marmonnant des injures impliquant les mamans des généalogistes : c’est un archiviste. Ignorez-le. Voilà, c’est ça : ne changez rien.

Les archives, ça peut aussi être des images, sons et vidéos. Là par exemple, c’est une archive de 2021 prise au hasard d’une personne expliquant que les gens qui rejoignent le gouvernement Macron sont des traîtres.

Vos questions, nos réponses :

A-t-on beaucoup d’archives ?

Cela dépend des archives : par exemple, le rayon « bonnes idées et réformes courageuses » occupe une boîte à chaussures, alors que celui intitulé « Procès Nicolas Sarkozy » occupe l’équivalent de la surface de la ville de Melun.

Puis-je faire disparaître des archives ?

Officiellement non. Surtout que ce n’est pas votre genre. Pardon ? Non, ce n’est rien, j’ai une poussière dans un œil, c’est pour cela que je cligne très fort.

Compétence : le livre et la lecture

Si vous pensez que ça va être beaucoup de travail, passez un coup de fil au ministère de l’Éducation : ils cravachent dur pour que ce dossier pèse de moins en moins lourd chez vos concitoyens. Tout ce que vous devez faire, c’est pouvoir citer quelques livres de temps à autres, ça fait cultivé. Par exemple, La Bête humaine, d’Émile Zola, Hommage à la Catalogne, de George Orwell, ou un album de Petit Ours Brun, comme Petit Ours Brun visite le monde ou Petit Ours Brun n’aime pas le napalm. Si jamais vous avez peur que l’on vous pose des questions, concentrez-vous vraiment sur Hommage à la Catalogne, que tout le monde prend soin de ne surtout pas lire. Logiquement, vous devriez être tranquille. De toute manière, le seul livre que vous aurez vraiment à lire, ce sera celui que votre nègre (enfin, « prête-plume ») aura écrit pour vous à la sortie de votre ministère afin de vérifier qu’on y découvre bien à quel point vous êtes une personne honnête et courageuse, mais surtout, humble.

En tant que ministre, vous pouvez aussi prouver qu’un livre, ce n’est pas forcément de la culture.

Vos questions, nos réponses :

Est-ce que cela couvre la bande-dessinée ?

Oui. Mais chacun sait que dès qu’il y a des images, c’est forcément pour les enfants. Enfin, c’est évident.

Et si je ne sais pas lire ?

Préférez le titre « d’influenceur » à celui de ministre et tout le monde trouvera ça normal. En plus, ça vous permettra d’expliquer pourquoi vous n’avez jamais entendu parler du rapport Racine. Pratique !

Compétence : l’architecture et le patrimoine

Vous n’y connaissez rien en architecture ? Pas d’inquiétude, il existe un moyen très simple de savoir si quelque chose tient du patrimoine ou non : le test du Stéphane. Prenez un bâtiment que vous ne parvenez pas à identifier. Maintenant, essayez d’imaginer quelqu’un répondant au nom de Stéphane vous faisant coucou depuis l’intérieur. Si naturellement, vous pensez à Stéphane Bern : c’est probablement du patrimoine. Si par contre, vous pensez à Stéphane Plaza, le doute n’est plus permis : rasez-moi tout ça.

De la même manière, si vous ne parvenez pas à savoir si vous faites face à un bâtiment du XIIème siècle ou du XXIème parce que vraiment, vous êtes aux fraises et que même le test de Stéphane ne suffit plus, vous pouvez aussi utiliser la méthode du « Est-ce que ça prend l’eau de tous les côtés, que ce n’est pas fonctionnel et qu’on y crève en été et gèle en hiver ? ». Si la réponse est oui : c’est un bâtiment que l’on doit à un architecte moderne. Si par contre, c’est pratique et solide, c’est clairement d’une autre époque.

Ici, un truc qui a tenu malgré les siècles et les bombardements, contrairement à votre tout nouveau bâtiment d’entreprise qui se fissure sitôt que quelqu’un éternue un peu fort.

Vos questions, nos réponses :

Est-ce que cela a un rapport avec les « déclarations de patrimoine » qu’on m’oblige à faire ?

Non, c’est même tout l’opposé : ici, on le déclare en entier.

Est-ce que je dois dire « journées du matrimoine » ou « journées du patrimoine » ?

Ça dépend : quand vous faites une déclaration de patrimoine, est-ce que vous évitez de déclarer tout ce que vous avez touché de maman au motif que ça fait plutôt partie du matrimoine ? Vous avez votre réponse.

Compétence : la création artistique

Si sous ce terme flou se cachent quantité de choses, comme la danse et la musique, il faut surtout que nous parlions de ce qui va vous prendre pas mal de temps, à savoir le théâtre. S’il existe plusieurs types de théâtres, il est plus facile, pour des raisons pédagogiques, de les regrouper en deux catégories :

  • Le théâtre-théâtre
  • Le théâtre-culturrrre

Le théâtre-théâtre est somme toute assez classique : des artistes montent sur scène, ils sont habillés, ils racontent ou jouent un truc allant du très triste au très rigolo, puis finissent par saluer et ce en moins de 2h30. C’est généralement ce théâtre qui est le plus populaire.

Le théâtre-culturrrre est lui l’œuvre d’arrrtistes. On identifie cela grâce au fait que le seul objectif du théâtre-culturrre est de ne surtout pas être confondu avec du théâtre-théâtre sur lequel il affirme sa supériorité. Il est donc là pour « briser les codes » (« code » est un mot qui désigne semble-t-il les burnes du tout venant). Prenons quelques exemples pour mieux comprendre : vous allez à une pièce, et il y a bien des acteurs, mais tiens ? Ils sont à poil. Vous allez à une autre et ho ! Les dialogues sont intégralement remplacés par des cris et des gémissements. Vous tentez encore, les gens sont vêtus et parlent, mais oups, la pièce fait cinq heures.

Quand tous ces derniers éléments sont rassemblés au même endroit, on parle alors de Festival d’Avignon ou de Bouse Bouche de l’Enfer.

Ici, Molière, un type qui n’y connaissait rien à l’arrrt puisqu’il a fait carrière sans jamais montrer sa bite.

Vos questions, nos réponses :

Je vais souvent à des soirées avec des gens tout nus où on gémit pendant 4 heures, est-ce de la culturrre ?

Non, ce sont des backrooms. La différence tient surtout aux cachets qu’on y trouve.

Suis-je obligé d’aller à la cérémonie des Molières ?

Non. Ça ne se remarquera pas, puisque personne ne regarde de toute façon.

Compétence : le cinéma

Suite logique à ce que nous venons d’aborder avec le théâtre, le cinéma français est un microcosme qu’il ne faut pas bouleverser tant il est fragile. En effet, si la Culture n’a pas vocation à être rentable, le cinéma français a décidé de le prouver avec une rigueur toute scientifique. Là où dans d’autres pays, au bout de 15 films qui n’intéressent personne, on te dit que ouais, bon, faudrait peut-être pas en faire ton métier, en France, on te file un César.

Ce qui sera d’ailleurs la partie la plus difficile du métier. En effet, une fois l’an, il est coutume que le ministre se rende à la cérémonie des Césars, une sorte de rituel mystérieux qui a ses ingrédients : animateur pas sûr de ce qu’il fout là, sketchs gênants, apparition d’intermittents du spectacle, et surtout, comme aux Oscars, énormément de discours engagés sur le fait qu’ici, on est pour la solidarité et le partage. Si vous êtes un ministre de droite, ça peut faire très peur, mais rassurez-vous, c’est justement ça : du cinéma. En effet, tout le monde ou presque est de droite dans la salle. Si vous avez un doute, levez-vous et dites « Vous avez raison : il faut plus de partage et de solidarité. Je propose donc que désormais, les subventions soient conditionnées au fait que l’on revalorise les bas salaires sur les tournages – et que l’on interdise l’exploitation de masses de stagiaires – en redistribuant ce qui allait jusqu’ici dans la poche d’acteurs qui touchent des salaires de gens « bankables » alors qu’ils n’ont pas fait un film rentable en 20 ans. Un acteur ne devrait pas toucher 50 à 100 fois le salaire d’un autre type qui s’est cassé le dos sur le même tournage, c’est très juste, et c’est ce que j’entends dans vos discours, nous devons réaliser un meilleur partage et être plus justes surtout avec les plus fragiles, je vais donc travailler à cela dès demain. »

Vous verrez, soudainement, tout le monde sera pris de quintes de toux et viendra vous dire que hahaha, oui aloooors concernant le partage… en fait, touche pas au grisbi, salope.

Et puis on ne va quand même pas laisser le monopole du massacre de licences aux Américains.

Vos questions, nos réponses :

Et si je veux toucher au grisbi quand même ?

Calmez-vous : vous êtes au ministère de la culture. Le plus d’argent que vous verrez, c’est au Musée de la Monnaie.

Dois-je faire quelque chose si un film français est un grand succès ?

Oui. Il y a une procédure pour cela, mais cela fait un moment qu’elle n’a pas servi : cherchez aux archives, cf ci-dessus.

Voilà. Vous êtes prêt. Vous n’avez plus qu’à trouver le bâtiment avec ce joli signe sur la porte.

 

Vous savez à peu près tout pour rentrer en poste. Par sécurité, rajoutons tout de même un petit complément.

Questions diverses

Y a-t-il d’autres éléments que vous n’auriez pas évoqué et dont j’aurais la charge ?

Oui : vous disposez de divers organismes plus ou moins obscurs, comme une délégation à la langue française, administration qui doit avoir un franc succès dans un pays où une partie de la population a du mal à écrire sa langue maternelle, pendant que l’autre rajoute des points au milieu des mots. Quitte à parler de ponctuation, évoquons aussi « wallah », équivalent de la virgule chez certains (existe aussi en saveur « du coup »), qui fait chaque jour regretter à vos services de ne pas disposer de l’arme nucléaire pour transformer un Tiktokeur ou deux en points-virgules.

Et les arts plastiques ?

Cette partie n’a pas été couverte puisque trop complexe. En effet, de nos jours, il est difficile de savoir si un paillasson à demi-mâchouillé est A) un paillasson à demi-mâchouillé B) une œuvre d’art contemporain à 500 000€ C) le Premier ministre.

Restez donc prudemment à distance de tout cela.

Qu’attend-on de moi ?

Rien, sinon on aurait nommé quelqu’un de compétent.

Et ensuite ?

Vous êtes ministre : aujourd’hui, de la Culture. Mais demain, qui sait ? La justice ? La défense ? Cinq ans de prison ?

En France, ça dépend des prochaines élections.

09.01.2024 à 09:03

Parés pour les jeux

Un odieux connard

Nous voici en 2024. Une date qui sonnait comme un lointain futur dans votre tendre jeunesse, et dont la seule mention éveillait en vous des visions de voitures volantes au-dessus […]
Texte intégral (3241 mots)

Nous voici en 2024.

Une date qui sonnait comme un lointain futur dans votre tendre jeunesse, et dont la seule mention éveillait en vous des visions de voitures volantes au-dessus des avenues et d’hologrammes sur toutes les façades. Hélas, la réalité étant joueuse, les voitures roulent toujours, mais à 2€ le litre, quant aux hologrammes, le plus connu est Jean-Luc Mélenchon, dois-je seulement développer ? Si on vous l’avait dit en 2000, vous auriez probablement demandé au temps de suspendre son vol, voire vous avec.

Heureusement pour votre moral, il y a aussi de bonnes nouvelles, comme cette année, les Jeux Olympiques à Paris.

Non pas que vous irez – pour le prix de 2 places, vous avez de toute manière une télé 4K pour voir toutes les épreuves, une meilleure vue et moins de voisins relous (en théorie, votre vie de couple est votre problème) – mais il faut admettre que même si l’on apprécie pas le sport, certaines épreuves devraient faire parler d’elles. Parlons donc des plus populaires, car quitte à tirer sur ce qui se transforme de plus en plus sur une ambulance jour après jour, autant le faire avant sa transformation en passoire totale.

L’épreuve de natation dans la Seine

Le jour J, la Seine sera propre selon les relevés. Ayez confiance, En France, ce n’est pas comme si on aimait truquer le résultat plutôt que régler le problème. Regardez l’Education Nationale.

Si sur le papier, cela a l’air classique, les épreuves de natation de Paris seront à la discipline ce que le circuit arc-en-ciel est à Mario Kart. En effet, on estime que pour chaque athlète qui plongera, il y aura en moyenne deux Vélib’ immergés sur son chemin. On pourra donc suivre avec bonheur les hurlements de douleur des malheureux dont le pied aura tapé un guidon, et la longue agonie de ceux qui auront oublié de faire leur rappel de vaccin contre le tétanos.

Pour ceux qui parviendront jusqu’à la ligne d’arrivée, passé le premier podium récompensant la vitesse des candidats, viendra le second : celui sur le nombre de maladies attrapées durant la compétition. Une diarrhée comptera pour un point, la légionellose pour deux, quant au SIDA, trois points si l’athlète l’a eu en percutant une seringue, quatre si l’eau a suffi à produire ce petit miracle.

Si l’athlète parvient à attraper toutes les maladies à la fois, son compte est bon : un dossier médical pareil, c’est direct inscription au Tour de France.

Le métro parisien

La ligne 13 servira à la finale de l’épreuve.

Seule épreuve motorisée des jeux, le métro parisien sera une compétition ouverte à tous.

Si la RATP vous facturera le double du prix habituel durant les jeux, c’est pour vous échauffer et vous préparer à l’épreuve, où là aussi, vous risquez de sentir quelque chose vous toucher les fesses très fort. En effet, les candidats devront jouer à une sorte de Tétris humain, au milieu de la population parisienne, véritable obstacle puisque c’est la seule qui après avoir vécu plusieurs décennies sur place, ne comprend toujours pas comment fonctionne son système de transports en commun (prononcez « laissez descendre avant de monter » devant un usager parisien moyen et il se mettra à pousser des cris de singe et vous jettera son caca, tant son esprit devient fou devant cette consigne qui n’a pour lui aucun sens).

Sitôt le candidat à bord, et s’il n’a pas été piétiné par les Parisiens, le malheureux touriste pourra profiter :

  • De sympathiques frotteurs, qui, inquiets pour vos élancement aux fesses après avoir payé 4€ ce voyage, tenteront d’enlever la douleur par imposition des mains
  • D’aimables sherpas qui, voyant le touriste chargé, n’hésiteront pas à l’alléger de quelques-uns de ses biens – sans lui dire bien sûr, pour ne pas le déranger, ils sont polis
  • De clodos, qui, pour ceux qui auraient raté l’épreuve de natation, viendront répandre les miasmes ramassés de rame en rame, car les Jeux, c’est avant tout le partage

Si le touriste se plaint de ce dernier point, ou jure après avoir trébuché sur un sans-abri (obstacle officiel de l’épreuve, Paris s’est assurée qu’aucun candidat n’en serait privé), il tombera toujours sur le célèbre Parisien qui lui assurera que « C’est normal dans les grandes villes » avant d’expliquer fermement qu’il est de gauche. Car comme chacun sait, lutter contre la pauvreté, ça commence par la normaliser. Le Parisien de droite, est plus honnête : lorsqu’il voit un pauvre, il se demande comment il a réussi à rentrer dans le XVIème et va chercher son escopette, c’est pas la Cour des Miracles ici, dis voir.

Des médailles seront distribuées aux touristes ayant réussi à survivre le plus longtemps dans cet environnement hostile. La délégation japonaise est déjà considérée comme la future grande perdante de l’épreuve, alors que l’équipe indienne, elle, a déjà annoncé qu’elle était confiante grâce à sa technique du « Si ça ne tient pas dans le train, ça tient sur le train ».

Les explications de l’organisation

Les candidats s’entraînent déjà à répéter « Ce n’est pas notre faute, personne n’aurait pu prévoir cela »

Tous les soirs à 20h se tiendra l’épreuve phare de ces jeux : les explications officielles sur tout ce qui a merdé durant la journée.

Le principe est simple, puisque chaque candidat a pour mission de pointer du doigt un autre en expliquant pourquoi tout est de sa faute à lui. La mairie accusera la préfecture, qui accusera la mairie, qui en conséquence accusera le CIO. À un moment ou à un autre, tout le monde accusera l’extrême-droite (c’est une sorte de coutume), avant qu’à nouveau, les doigts ne se pointent dans d’autres directions (ministère, régie quelconque, supporters anglais, etc). Bien sûr, certaines de ces épreuves seront très difficiles à regarder, par exemple toutes celles impliquant Anne Hidalgo, championne déjà annoncée de la catégorie qui devrait rouler sur la concurrence sans trop de problèmes.

Chaque jour, il y aura de nouvelles surprises : problèmes de transports, de logements, de sécurité, délégation chinoise entièrement dévorée par les rats après s’être arrêtée métro Stalingrad par erreur, etc. Mais les excuses seront à la hauteur, et tout comme l’ensemble des documents fournis au public, entièrement en inclusif pour s’assurer que personne n’y bitte rien.

Rappelons que les élections européennes qui auront eu lieu peu de temps auparavant auront permis à tout le monde de réviser, donnant un avantage non négligeable à toutes les délégations venues des pays membres de l’UE.

L’expulsion d’étudiants

Qu’est-ce qui est le plus important ? Des étudiants ou des touristes ? Attention, petit piège : en première année, nombre de l’un sont l’autre.

Rappelons qu’afin de loger tout le monde, une grande épreuve d’expulsion d’étudiants aura lieu en amont des jeux.

Car si « Les Jeux sont pour tous.te.s« , l’inclusion s’arrêta aux pauvres, ces petits enculés qui ne veulent même pas prendre une place à 500 balles pour une épreuve. Exceptionnellement, la compétition sera réservée aux Français, mais divisée en sous-équipes afin de créer un peu de chalonge. Ainsi, pour tenter de virer les étudiants, on trouvera entre autres :

  • La police
  • La gendarmerie
  • L’UNEF
  • La légion étrangère

Si la police et la gendarmerie sont les favoris de l’épreuve grâce à leurs méthodes traditionnelles à base de grenades lacrymogènes et de visites surprises à 6h du matin, l’UNEF pourrait être la grande surprise de cette épreuve, grâce à sa technique intitulée « Milite chez nous, ne va pas aux exams, puis après avoir triplé, plains-toi qu’on arrête de te verser les bourses et de te loger au CROUS« . Une technique un peu longue, qui risque la disqualification, alors que très efficace.

La légion étrangère, elle, est vue comme la grande perdante de cette épreuve puisque lors des répétitions, à chaque fois qu’on lui a demandé d’expulser une cible, on n’a retrouvé ni la cible, ni l’appartement, ni le pâté de maison. Sans preuves de l’expulsion, la légion risque d’amasser bien peu de points.

Bien sûr, vous me direz « Mais, c’est cruel de virer ainsi des étudiants ! ». Et je vous répondrai que pas du tout, tout est prévu : vous vous souvenez des clodos pour l’épreuve du métro ? Il faut bien les trouver quelque part.

Les cafés parisiens

Le touriste pourra aussi apprécier la terrasse aussi bondée que le métro qu’il vient de quitter et où il boit peu ou prou avec les gens de la table d’à côté.

Toutes les épreuves ne se tiendront pas à Paris, certes, mais restons tout de même dans la capitale pour évoquer un moment qui va demander force et patience aux touristes participant aux jeux malgré eux : les cafés parisiens.

Mondialement connu pour servir la plus petite quantité de café par tasse au monde pour un prix proche du PIB du Gabon, le café parisien demandera ressources financières et réserves de patience au candidat qui devra se retenir de péter la gueule du garçon, qui 0,3 secondes après avoir fini votre boisson, viendra vous demander « Y vous faut aut’ chose, han? » tout en essuyant déjà la table en feignant de ne pas voir que vous veniez de sortir votre ordinateur.

Usant de mes incroyables pouvoirs de divination, j’annonce une mystérieuse hausse des prix dans les cafés autour de Juillet 2024, qui dans un esprit d’accueil, n’hésiteront pas à concurrencer ces palaces où l’expresso n’est qu’à 17€ (véridique, pour les gueux qui douteraient).

Les jeux paralympiques

Ici, les deux derniers coureurs de l’épreuve, les autres s’étant fait piquer leurs roues Porte de la chapelle.

Ces jeux promettent d’être une grande réussite, puisqu’ils accueilleront les blessés des jeux précédents.

Autant dire qu’on ne manquera pas de candidats.

Vivement.

 

24.12.2023 à 16:43

Le Petit mot de Noël 2023

Un odieux connard

Voici l’heure du petit mot de Noël. Comme chaque année, c’est le moment de prendre une grande inspiration avant de vous lancer dans les retrouvailles familiales. Car si tous les […]
Texte intégral (523 mots)

Voici l’heure du petit mot de Noël.

Comme chaque année, c’est le moment de prendre une grande inspiration avant de vous lancer dans les retrouvailles familiales. Car si tous les sites webs vous mettent en garde contre Roger, le tonton facho, n’oublions pas Enzo-Théo, sorte de trou de balle chevelu qui se déplace en hurlant et en brisant tout sur son passage (à commencer par les boules, Noël, tout ça), ou Manon, militante à cheveux bleus qui ira se mettre sur le nez avec Roger avec des arguments tout aussi foireux et totalitaires que les réflexions alcoolisées de ce dernier.

Pendant ce temps, vous, gens de goût, devrez retenir soupirs et claques dans la gueule (à l’attention d’Enzo-Théo, Manon ou Roger, voire les trois d’un coup si vous avez la main leste et le plan de table adapté), tout en priant pour que votre bonne éducation retienne ce que votre patience peine à contenir.

Pour rappel, si vous sentez que vous allez céder et que vous risquez d’utiliser une bûche surgelée comme arme contondante pour en finir avec tous les convives, n’hésitez pas à plutôt lancer un sujet comme « Et sinon, vous pensez quoi d’Emmanuel Macron ? », ce qui vous permettra de créer une diversion durant laquelle il ne sera guère difficile de disparaître, nous l’évoquions déjà en ces lieux l’an dernier.

Pour rappel, si le Père Noël a un rire de psychopathe, ce n’est pas pour rien.

Je n’ai donc plus qu’à vous souhaiter bonne nuit, bon réveillon et bonne chance, et espérer que vous survivrez jusqu’à l’heure où tomberont les cadeaux. Une fois ceux-ci en main, claquez la bise aux uns, la gueule aux autres, et à l’année prochaine.

15.12.2023 à 09:38

Robert Surcouf, corsaire taquin et annonce de conférence

Un odieux connard

Voici la saison magique de Noël. Et comme votre serviteur n’est que bonté, générosité, et surtout, modestie, il vous a mis de côté une vidéo un peu plus longue réclamée […]
Lire la suite (388 mots)

Voici la saison magique de Noël.

Et comme votre serviteur n’est que bonté, générosité, et surtout, modestie, il vous a mis de côté une vidéo un peu plus longue réclamée régulièrement sur un personnage dont le nom est souvent connu, mais la teneur exacte de la carrière, moins : Robert Surcouf.

Voici donc un Petit Théâtre des Opérations dédié à un Malouin dont la seule apparition faisait trembler les assureurs de Londres. Bon visionnage.

Ensuite, une annonce un peu particulière : une visite-conférence à Paris.

En effet, vous le savez, il vous reste peu de temps pour acheter des dizaines, voire des centaines (de milliers) de Petit Théâtre des Opérations en livre ou bédé à glisser sous le sapin. Et encore moins pour les faire dédicacer. Cela tombe bien, puisque le 21 décembre, le Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie propose à votre serviteur de faire une petite visite guidée. Le principe ? On s’y retrouve, c’est gratuit, on visite différentes salles et hop, j’y fais à chaque fois une petite conférence sur un personnage façon Petit Théâtre (oui, comme aux Geek Faëries pour les connaisseurs) qui a été lourdement médaillé pour ses aventures. À mes côtés, le conservateur-adjoint ajoutera ensuite une petite explication sur les médailles évoquées. Et quand on a fini ? On papote un peu, puis séance de dédicace. Il devrait y avoir des albums sur place, mais apporter les vôtres est plus sûr. Sans compter que j’aurai de beaux tampons faits par Monsieur le chien pour que vous puissiez dire « Wôôô, c’est bôôô » (a minima, je suis sûr que vous pouvez faire mieux). Ce sera donc là :

Bref : des histoires improbables, de la culture, des bédés, des dédicaces… c’est le 21 décembre 2023 à 19h, au Musée de la Légion d’honneur.

L’Odieux Connard au Musée de la Légion d’honneur : on vit quand même une époque formidable.

10 / 10
 Persos A à L
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Anna COLIN-LEBEDEV
Julien DEVAUREIX
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EDUC.POP.FR
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Infiltrés (les)
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