Le 12 avril, des représentants de Téhéran et de Washington ont entamé une nouvelle phase de négociations sur le nucléaire iranien, sept ans après le retrait des États-Unis de l’accord de Vienne de 2015.
- L’objectif de ce premier contact était surtout de déterminer si l’autre partie est sérieuse quant à des possibles négociations.
- Selon Téhéran, les discussions se sont concentrées sur le programme nucléaire iranien et sur la levée des sanctions « dans une atmosphère constructive et dans le respect mutuel ». Des mots similaires ont été utilisés par la Maison-Blanche pour décrire les échanges.
- Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et le négociateur en chef de la délégation américaine, Steve Witkoff, se sont d’ailleurs rencontrés et ont discuté à la fin des pourparlers pendant 45 minutes.
- Les États-Unis ont ainsi atteint leur objectif, et les négociations d’aujourd’hui se déroulent directement entre des représentants iraniens et américain à l’ambassade d’Oman à Rome, un changement de lieu qui aurait été suggéré par Washington.
- Le vice-président J.D. Vance se trouve également dans la capitale italienne jusqu’à lundi, mais rien n’indique qu’il pourrait prendre part aux discussions.
- Les Européens, qui ont historiquement joué le rôle d’intermédiaire entre les États-Unis et l’Iran dans les négociations nucléaires, ne sont toujours pas inclus dans cette nouvelle séquence, bien qu’elle se déroule sur le sol de l’Union.
Malgré ces premiers signaux positifs, plusieurs prises de parole depuis samedi dernier semblent indiquer que les pourparlers risquent de rapidement s’enliser.
- Le premier signal faible est la volte-face de Steve Witkoff, responsable des négociations du côté américain, sur ce que Washington veut obtenir.
- Si dans un premier temps ce dernier avait déclaré que l’Iran ne devait pas être autorisé à enrichir de l’uranium à plus de 3,67 %, une concentration adaptée aux réacteurs nucléaires, il a ensuite publié sur X une déclaration selon laquelle : « Un accord avec l’Iran ne sera conclu que s’il s’agit d’un accord Trump. Cela signifie que l’Iran doit mettre fin à son programme d’enrichissement nucléaire et d’armement ».
- En réponse, le ministre des Affaires étrangères iranien, Araghtchi, a déclaré que la question de l’enrichissement de l’uranium n’était « pas négociable » 1.
- Pour Téhéran, l’objectif immédiat des négociations est la levée des sanctions. D’ailleurs, le 16 avril, Washington a renforcé les mesures restrictives visant les exportations iraniennes de pétrole 2.
En visite en Iran mercredi 16 avril, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Mariano Grossi, a déclaré que le pays était dangereusement proche de la fabrication d’une bombe nucléaire.
Trump, qui avait initialement fixé un délai de deux mois pour les négociations, a déclaré ce jeudi 17 avril qu’il n’était pas pressé de lancer une frappe militaire, car il pense que l’Iran « veut discuter ». Washington a également initié un retrait partiel de plusieurs centaines de ses troupes stationnées en Syrie 3.
- Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, est arrivé à Rome après une visite à Moscou, où il a rencontré Vladimir Poutine. Il a notamment déclaré : « Nous espérons que la Russie jouera un rôle dans un éventuel accord ».
- Witkoff a pour sa part mené des discussions à Paris avec des représentants d’Israël. Pour Benyamin Netanyahou, seules deux options sont envisageables à ce stade : un accord semblable à celui par lequel Mouammar Kadhafi avait abandonné le programme nucléaire libyen en 2004, c’est-à-dire un démantèlement complet des installations nucléaires ; ou bien une intervention militaire directe.
- Le ministre saoudien de la Défense, le prince Khalid ben Salman, était également à Téhéran jeudi 17 avril pour une rare visite — la première d’un haut responsable saoudien depuis la Révolution islamique — qui souligne l’importance des négociations dans la région. Il a notamment rencontré le Guide suprême Ali Khamenei pour lui transmettre un message de la part de Mohamed Ben Salman, dont le contenu n’a pas été dévoilé, mais qui mettrait en avant le caractère mutuellement bénéfique et complémentaire des relations entre les deux pays 4.
Il est fort probable que si les deux parties ont estimé qu’il y avait suffisamment de terrain d’entente pour continuer les discussions, les négociations arriveront vite au point mort si l’administration Trump maintient ses demandes d’un démantèlement complet du programme nucléaire iranien.
Sources
- Iran says its right to uranium enrichment is non-negotiable, Reuters, 16 avril 2025.
- US issues new sanctions targeting Chinese importers of Iranian oil, Reuters, 17 avril 2025.
- U.S. Is Withdrawing Hundreds of Troops From Syria », The New York Times, 17 avril 2025.
- « وزیر دفاع عربستان، پیام پادشاه سعودی را به خامنهای داد », BBC Persian, 17 avril 2025.