31.03.2025 à 14:00
hschlegel
La quête de sens affectant aujourd’hui les lieux de travail ressemble un peu à la chasse au dahu. En effet, quand on pose la question, personne ne sait vraiment ce qu’on cherche, ni comment ou pourquoi. Peut-être est-il temps de prendre un peu de recul philosophique pour poser cette question : quel est le sens du sens ? Et que dit notre soudain besoin d’en trouver sur nos sociétés prétendument développées ?
Un article pour nos confrères du magazine Philonomist, que nous vous proposons exceptionnellement en accès libre.
mars 202531.03.2025 à 08:00
nfoiry
Chaque mois, Charles Pépin vous donne des clés pour résoudre vos cas de conscience. Dans notre nouveau numéro, Stéphane se demande comment parler avec son fils qui lui fait part de son angoisse de la mort.
mars 202530.03.2025 à 15:00
hschlegel
Sur le TikTok américain, le hashtag #CuteWinterBoots est utilisé pour contourner la modération du réseau social et critiquer la politique migratoire de l’administration Trump. Ce phénomène s’inscrit dans la continuité d’une nouvelle forme de langage, employée dans la communication sur les réseaux sociaux et baptisée « algospeak ». Décryptage.
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« CuteWinterBoots », soit « jolies bottes d’hiver ». Si ce hashtag a envahi la plateforme vidéo TikTok, ce n’est pas tant pour parler mode de saison que de... politique. Cette expression est utilisée depuis plusieurs semaines comme un outil de mobilisation contre la politique migratoire de l’administration Trump. Craignant la censure numérique, les utilisateurs se réfèrent à la nécessité de se protéger de la « glace », en allusion à la loi Immigration and Customs Enforcement (ICE, « glace » en anglais), qui durcit drastiquement la politique américaine sur le sujet. Avec le hashtag #CuteWinterBoots, l’utilisateur contourne les dispositifs de modération courants, puisqu’il leurre l’algorithme avec un terme tout sauf politique : il peut introduire plus sereinement au sein d’une vidéo des liens vers des sites contestataires ou accompagner des affiches dénonçant la politique de Donald Trump. Derrière #CuteWinterBoots se cache donc un code permettant de discuter des expulsions et de la répression des immigrés.
Mots réécrits et faux tutorielsCe phénomène est connu sous le nom d’« algospeak », « langage de l’algorithme ». Il consiste à employer des termes apparemment sans rapport avec le sujet, ou à modifier certaines lettres des mots pouvant faire l’objet de censure automatisée par les robots surveillant le contenu des réseaux sociaux, afin de transmettre des messages politiques sensibles tout en se déjouant des algorithmes de modération. La politique migratoire de Trump n’est pas le seul sujet concerné. Certains créateurs de contenus féministes ou d’éducation sexuelle modifient par exemple l’écriture de quelques termes, en remplaçant le « s » par un signe « $ » : des termes comme « Le$bean » (pour lesbienne) ou « seggs » (pour sexe) gagnent ainsi en popularité sur les réseaux sociaux, sans que les machines les décèlent. De même, après la suppression en 2022 de l’arrêt Roe v. Wade aux États-Unis sur l’avortement, le terme « camping » a rapidement remplacé « avortement » : certaines utilisatrices proposaient alors des « transports » pour se rendre dans un autre État afin de faire du « camping ».
➤ À lire aussi : Qu’est-ce que le « shadowban » ?
C’est parfois la forme même de la vidéo – ce qui s’y passe – qui vise à semer la confusion chez les robots et autres IA de surveillance. De faux « tutos make-up » cachant un message peuvent être réalisés à des fins militantes : une femme se maquille, tout en alertant par exemple sur les violences faites aux femmes. Celles et ceux qui utilisent ces méthodes ont par ailleurs compris que l’algorithme, flattant notre narcissisme, aimait particulièrement les photographies. Ainsi peut-on voir de longs messages militants accompagnés d’un selfie, servant ici encore à tromper la machine.
Ces techniques sont paradoxalement efficaces dans la mesure où elles attirent d’autant plus l’attention. L’écart entre un fond très sérieux et une forme apparemment futile, de même que les mots bizarrement déformés, sautent aux yeux. L’esthétique étrange qui ressort de ces techniques renforce la portée du message, qui reste plus facilement en tête. Le mot « viol », par exemple, est figuré chez certains par une pastille violette – qui est aussi la couleur du féminisme. Le procédé a quelque chose de message codé, du tiroir à double fond. À la différence près que tout le monde peut comprendre le message… sauf le robot qui est « floué ».
SabotageParce qu’il vise à tromper la machine, à la détourner de son fonctionnement initial, « l’algospeak » peut être apparenté à une forme de sabotage. Certes, le procédé n’est pas franchement révolutionnaire, dans la mesure où la machine n’est pas menacée dans son fonctionnement. En revanche, elle est détournée d’un de ses buts… qui est entre autres d’invisibiliser les contenus dits « progressistes », ou hostiles au pouvoir en place [lire notre article sur le bannissement furtif]. Comme l’affirme le journaliste anarchiste Émile Pouget dans son essai intitulé Le Sabotage, paru vers 1911, la visée même de ce procédé est toujours de répondre à un sabotage initial. Le « sabotage ouvrier » est par exemple une réponse au « sabotage capitaliste », qui consiste selon lui à spolier les ouvriers pour réaliser du profit. Dans le cas qui nous occupe, le sabotage peut également être envisagé comme une réponse à une forme de censure et de dépossession de la parole par le biais des algorithmes. Il s’agit bien de saboter la machine… qui sabote le discours en empêchant sa diffusion.
Plus les utilisateurs des plateformes se sentent limités dans leur discours, plus ils redoublent d’inventivité pour mettre en place de nouveaux stratagèmes. On assiste ces derniers mois à une véritablement science du détournement algorithmique. Car pour saboter correctement… il faut avoir une connaissance assez fine de la machine. « Le saboteur sait que tout fonctionnement porte en lui la possibilité de la panne. Les grandes machineries sont vulnérables, il suffit de trouver le point où ça coince. C’est la première figure du sabotage, le grain de sable dans la machine », expliquent Grégoire Chamayou et Mathieu Triclot dans cet article de recherche consacré à la question du sabotage. Les partisans de cette méthode auront-ils suffisamment de grains de sable pour déjouer la puissance des algorithmes, désormais massivement aux mains de l’extrême droite américaine ?
mars 202530.03.2025 à 07:00
nfoiry
En filmant au plus près le matador Andrés Roca Rey dans Tardes de Soledad (actuellement en salles), le cinéaste Albert Serra ne signe pas un documentaire sur la corrida mais une méditation sur le regard et la mort que vous présente Cédric Enjalbert dans notre tout nouveau numéro, à retrouver également chez votre marchand de journaux.
mars 2025