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01.12.2025 à 17:41

COP30 : des avancées limitées dans un système multilatéral fragmenté

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Alors que la COP30 de Belém marque le dixième anniversaire de l’Accord de Paris, son bilan apparaît contrasté. Si plusieurs avancées ont été actées – mécanisme de transition juste, nouveaux objectifs d’adaptation, engagements sur l’intégrité de l’information ou encore progrès en matière de genre – la conférence a également manqué d’ambition sur des enjeux centraux comme la sortie des énergies fossiles, la déforestation ou la clarté des financements. Entre signaux positifs et occasions manquées, la COP30 reflète un multilatéralisme profondément fragmenté, où les dynamiques nationales et les pressions d’acteurs puissants continuent de limiter la portée réelle des négociations climatiques. Le point avec Mathilde Jourde, chercheuse à l’IRIS, en charge du Programme Climat, environnement, sécurité. Quel bilan peut-on dresser de la COP30 ? Sur quels sujets pouvons-nous constater des avancées, et sur lesquels la COP30 a-t-elle manqué d’ambition ou de résultats ? Pour rappel, la COP30 de Belém, qui s’est achevée avec un jour de retard le 22 novembre dernier, s’est déroulée dans un contexte particulièrement complexe. Alors qu’elle marque le 10ᵉ anniversaire de l’Accord de Paris, cette édition se tient à une époque où le multilatéralisme se fragmente et où la coopération internationale est mise à rude épreuve. Les tensions se multiplient à différents niveaux : politique (montée des extrêmes), sociale (polarisation), économique (crises récurrentes), militaire (hausse des conflits de haute intensité) et climatique (reculs et attaques contre les avancées environnementales). Dans ce contexte de polycrises, la COP30 avait la lourde responsabilité de démontrer que la lutte mondiale contre le changement climatique peut résister à ces défis. Il est donc essentiel, tout en restant critique, de prendre en compte ce contexte lorsqu’on analyse les avancées et les limites de cette COP, qui est, malgré tout, parvenue à trouver un accord final, appelé la « Décision Mutirão ». On peut donc relever […]

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Texte intégral (2027 mots)

Quel bilan peut-on dresser de la COP30 ? Sur quels sujets pouvons-nous constater des avancées, et sur lesquels la COP30 a-t-elle manqué d’ambition ou de résultats ?

Pour rappel, la COP30 de Belém, qui s’est achevée avec un jour de retard le 22 novembre dernier, s’est déroulée dans un contexte particulièrement complexe. Alors qu’elle marque le 10ᵉ anniversaire de l’Accord de Paris, cette édition se tient à une époque où le multilatéralisme se fragmente et où la coopération internationale est mise à rude épreuve. Les tensions se multiplient à différents niveaux : politique (montée des extrêmes), sociale (polarisation), économique (crises récurrentes), militaire (hausse des conflits de haute intensité) et climatique (reculs et attaques contre les avancées environnementales). Dans ce contexte de polycrises, la COP30 avait la lourde responsabilité de démontrer que la lutte mondiale contre le changement climatique peut résister à ces défis. Il est donc essentiel, tout en restant critique, de prendre en compte ce contexte lorsqu’on analyse les avancées et les limites de cette COP, qui est, malgré tout, parvenue à trouver un accord final, appelé la « Décision Mutirão ».

On peut donc relever plusieurs avancées notables de cette COP30. Contrairement aux éditions précédentes, la COP30 a adopté une approche plus transversale, là où la COP29 s’était concentrée sur le financement et la COP28 sur les pertes et dommages. Dans l’accord final, on observe pour la première fois l’adoption d’un Mécanisme de transition juste, une revendication de longue date de la société civile. Ce mécanisme vise à s’assurer que les transitions énergétique et écologique ne pénalisent pas certaines catégories de populations. Par ailleurs, un nouvel objectif de financement de l’adaptation a été adopté, invitant les pays à tripler leurs financements d’ici 2035 par rapport à 2025, dans le cadre des 300 milliards de dollars annuels convenus à la COP29. En dehors de l’accord final, d’autres sujets ont également progressé. Les discussions sur la désinformation climatique ont abouti à un accord sur l’intégrité de l’information climatique, signé par 12 États. Des avancées significatives ont aussi été réalisées sur la question du genre, avec l’adoption du Plan d’action Genre de Belém, qui guidera l’intégration de la justice de genre dans l’action climatique dans les années à venir.

Souligner les avancées de la COP30 ne signifie pas ignorer les lacunes importantes et les déceptions constatées. Certains sujets sont restés bloqués et n’ont connu aucune évolution. Ainsi, aucune avancée significative n’a été faite concernant la sortie progressive des énergies fossiles, alors que le président Lula avait plaidé dès l’ouverture de la COP pour l’adoption d’une feuille de route sur ce sujet, très attendu après l’absence totale de discussions à ce propos lors de la COP29. La mesure figurait d’ailleurs dans une version du projet de texte, mais a finalement disparu de la version finale, malgré le soutien de près de 90 pays. La question de la déforestation, pourtant annoncée comme enjeu phare de la COP, n’a pas non plus progressé significativement. Par ailleurs, en dépit de l’objectif de tripler les financements de l’adaptation, les discussions sur le financement sont restées décevantes. Cet objectif reste flou et difficilement applicable (absence de montants précis, manque d’échéances, report de l’horizon à 2035 au lieu de 2030), ce qui affaiblit son efficacité réelle. Enfin, seuls 120 pays ont soumis leur contribution nationale déterminée (CDN) – le plan d’action climatique des États. Parmi eux, certains ont réussi à la remettre juste à temps, comme l’Union européenne, qui l’a soumise quelques jours avant le début de la COP, ou le Mexique, qui l’a déposée pendant la conférence. En revanche, certains États se sont abstenus de la soumettre, à l’instar de l’Inde.

Cette COP représente donc une évolution mitigée, entre une déception certaine et, en même temps, un certain soulagement, compte tenu des reculs qu’elle aurait pu connaître dans le contexte actuel.

Bien que les 197 parties signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) soient des acteurs étatiques, de quelle manière la COP30 inclut-elle également des acteurs non étatiques ?

On a pu constater une mobilisation importante de la société civile. Après plusieurs COP durant lesquelles elle avait été freinée, soit pour des raisons sanitaires liées à la Covid-19, soit par manque de droits et de libertés d’expression, cette COP a permis de réunir des mouvements divers venus du monde entier, notamment à l’occasion du Sommet des peuples. La société civile s’est mobilisée pour défendre une ambition forte face aux changements climatiques, en particulier contre les acteurs qui cherchent à la limiter.

Début novembre, les peuples autochtones ont été placés au cœur de l’agenda politique du président brésilien Lula, qui s’est engagé à mieux intégrer les populations autochtones et la société civile dans les négociations. Théoriquement, les peuples autochtones n’avaient jamais été aussi nombreux à être représentés lors d’une COP. Cependant, cette intégration reste en grande partie symbolique, voire un effet d’annonce, puisque les représentants autochtones n’étaient pas autorisés à accéder à la zone bleue, réservée aux négociateurs officiels. Cela a entraîné plusieurs incidents : par exemple, le 11 novembre, plusieurs dizaines de manifestants ont forcé l’entrée de la « zone bleue », le périmètre ultra-sécurisé de la COP30, provoquant des heurts avec la sécurité de la conférence. La société civile s’est également mobilisée en organisant des manifestations dans les rues de Belém. Cette marche, qui s’inscrit dans la tradition des conférences climat de l’ONU, avait été interdite à trois reprises lors des éditions précédentes.

La mobilisation d’acteurs non étatiques, ou subnationaux, permet notamment de parer au manque d’ambition et d’actions des certains gouvernements. Les États-Unis, par exemple, n’ont pas envoyé de délégation officielle à la COP cette année – ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose, car cela a permis à la conférence de ne pas être confrontée à des actions anti-climat, comme cela avait été le cas en 2017. Pour autant, afin de marquer leur non-alignement et leur opposition à la politique climatique de l’administration Trump II, le gouverneur de Californie s’est rendu à la COP30. Une centaine de responsables américains locaux (gouverneurs, maires et autres élus) étaient d’ailleurs présents pour montrer leur soutien au multilatéralisme climatique et afficher leur opposition à la politique climatique américaine actuelle.

Quels processus permettraient de rendre ces réunions plus efficaces et mieux adaptées face à la fragmentation du multilatéralisme ?

Face aux insuffisances et à la lenteur de l’évolution de certains sujets dans les COP, beaucoup adoptent une attitude blasée et associent les COP à des discours défaitistes. Il convient toutefois de relativiser les critiques affirmant que les COP « ne servent à rien ». Ces conférences doivent être considérées pour ce qu’elles sont : des événements diplomatiques qui mettent en lumière les dynamiques nationales. En effet, si les COP semblent peu ambitieuses, c’est principalement parce qu’elles reflètent le manque d’ambition réel au niveau national ainsi que les divisions préexistantes entre États. Il est donc nécessaire de réfléchir à des améliorations de leur fonctionnement, afin qu’elles puissent mieux se prémunir contre les mêmes obstacles rencontrés à l’échelle nationale.

Par exemple, limiter la présence des lobbyistes, déjà très actifs au niveau national et dont le nombre a nettement augmenté depuis les premières COP. En effet, la COP30 a battu un record en termes de mobilisation des lobbyistes des énergies fossiles. Plus de 1 600 d’entre eux ont été autorisés à participer, soit une hausse de 12 % par rapport à la COP29, ce qui correspond à un participant sur 25. Parmi les multinationales représentées figurent des géants pétroliers et gaziers comme ExxonMobil, BP, TotalEnergies ou Petrobras. Selon Mediapart, cinq employés de Total, dont son dirigeant Patrick Pouyanné, ont notamment été accrédités à la COP30 dans la délégation française, avec un accès aux « zones bleues », espaces normalement réservés aux négociateurs. Face à l’absence d’avancées concrètes sur la question des énergies fossiles et à la non-mention de toute mesure visant leur sortie progressive, on peut légitimement s’interroger sur les pressions effectives de ces groupes sur les négociations. Limiter la présence de ces acteurs pourrait donc contribuer à rendre ces conférences plus efficaces et à favoriser une mise en œuvre concrète de l’Accord de Paris.

Par ailleurs, certains acteurs contournent déjà les blocages propres au fonctionnement des COP et trouvent des alternatives pour avancer sur certains enjeux essentiels, à travers un multilatéralisme renouvelé. En ce sens, le « minilatéralisme » permet notamment de coopérer mais avec un nombre plus restreint de parties prenantes. Par exemple, bien que les énergies fossiles n’aient pas été mentionnées dans le texte final, d’autres initiatives positives ont été lancées par les pays volontaires pour limiter les énergies fossiles. Une initiative volontaire a été proposée : l’« Accélérateur mondial de mise en œuvre », qui fera l’objet de plusieurs sessions de travail en 2026, avant la remise d’un rapport à la COP31, qui se tiendra en Turquie sous présidence australienne. Cette initiative est portée par la Colombie, signataire en 2023 du Traité de non-prolifération des énergies fossiles. La présidence brésilienne également a proposé l’élaboration d’une feuille de route pour une sortie effective des énergies fossiles.

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01.12.2025 à 14:55

Menaces sur la CPI : l’Europe doit réagir

stagiairedecomm@iris-france.org
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Adopté le 17 juillet 1998, le Statut de Rome est à l’origine de la création de la Cour pénale internationale (CPI) en 2002. Celle-ci incarne un véritable espoir de justice pénale internationale et vise à sanctionner les individus responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide. Elle est toutefois fréquemment critiquée pour une application du droit perçue comme à géométrie variable, souvent au bénéfice des États occidentaux. Récemment, la CPI a inculpé des dirigeants israéliens, mais aussi des dirigeants du Hamas, provoquant de vives critiques et sanctions de la part des États-Unis. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne cesse d’accentuer la pression et appliquer des sanctions à l’encontre des juges de la CPI. L’Europe, pour sa part, se trouve confrontée à un dilemme : préserver son alliance stratégique avec les États-Unis ou défendre les principes auxquels elle croit et donc sa propre crédibilité. L’Europe doit réagir en résistant aux intimidations américaines et participer activement à la pérennité du système de justice pénale internationale.

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Adopté le 17 juillet 1998, le Statut de Rome est à l’origine de la création de la Cour pénale internationale (CPI) en 2002. Celle-ci incarne un véritable espoir de justice pénale internationale et vise à sanctionner les individus responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide.

Elle est toutefois fréquemment critiquée pour une application du droit perçue comme à géométrie variable, souvent au bénéfice des États occidentaux. Récemment, la CPI a inculpé des dirigeants israéliens, mais aussi des dirigeants du Hamas, provoquant de vives critiques et sanctions de la part des États-Unis. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne cesse d’accentuer la pression et appliquer des sanctions à l’encontre des juges de la CPI.

L’Europe, pour sa part, se trouve confrontée à un dilemme : préserver son alliance stratégique avec les États-Unis ou défendre les principes auxquels elle croit et donc sa propre crédibilité. L’Europe doit réagir en résistant aux intimidations américaines et participer activement à la pérennité du système de justice pénale internationale.

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28.11.2025 à 11:19

Gaza telle une guerre oubliée

stagiairedecomm@iris-france.org
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Gaza devient-elle un conflit oublié ? L’attention médiatique semble s’en être détourné depuis la signature du cessez-le-feu, alors même que celui-ci n’est pas appliqué, qu’Israël continue de bloquer l’aide humanitaire et que le Hamas n’a toujours pas été désarmé. Si les otages israéliens ont été libérés, la question des prisonniers palestiniens demeure irrésolue ; le nettoyage ethnique se poursuit en Cisjordanie et la gestion de Gaza, où la situation reste catastrophique, est totalement incertaine. Loin d’être durable, cette situation ne peut que conduire à une reprise de la violence et à une guerre appelée à ressurgir, faisant peser un danger tout aussi réel sur les équilibres au Moyen Orient…

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Gaza devient-elle un conflit oublié ? L’attention médiatique semble s’en être détourné depuis la signature du cessez-le-feu, alors même que celui-ci n’est pas appliqué, qu’Israël continue de bloquer l’aide humanitaire et que le Hamas n’a toujours pas été désarmé. Si les otages israéliens ont été libérés, la question des prisonniers palestiniens demeure irrésolue ; le nettoyage ethnique se poursuit en Cisjordanie et la gestion de Gaza, où la situation reste catastrophique, est totalement incertaine. Loin d’être durable, cette situation ne peut que conduire à une reprise de la violence et à une guerre appelée à ressurgir, faisant peser un danger tout aussi réel sur les équilibres au Moyen Orient…

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