Le Conseil départemental du Nord, géré par la droite, a expérimenté la réforme de manière zélée. En cas d'absence à un rendez-vous, un allocataire voit 80 % de son RSA suspendu. Pour « retrouver la dignité et le chemin du travail », des « coachs emploi » assurent au sein des « Maisons du Nord emploi » le suivi intensif de 3000 allocataires. « L'accompagnement social est un travail au long cours qui doit s'adapter à la capacité d'émancipation de la personne. Notre boulot n'est pas de mettre immédiatement les gens en entreprise », estime Olivier Treneul, délégué syndical Sud au département. « C'est un dévoiement des missions de service public. » Résultat de cette chasse aux précaires : plus de 12 000 suspensions de droits sur environ 100 000 allocataires, selon France 3. Des gens sanctionnés disparaissent des radars, d'autres perdent leur logement, et sombrent dans l'exclusion, constate le syndicaliste, obligeant certains de ses collègues à faire du « travail de rue » dans l'espoir de les repêcher.