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▸ les 10 dernières parutions

17.04.2024 à 15:33
dboone
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« La déforestation ? Il suffit de replanter des arbres… »
« Le bio, c’est du marketing !!! »
« Les éoliennes ne servent à rien ! »
Que n’entend-on pas ce genre de jugements couperets ! Les idées reçues ont la vie dure, et de nombreux arguments anti-écologiques sont maintenant bien installés dans notre société, pouvant surgir à tout moment au milieu d’un plateau télé, d’un salon de coiffure ou d’un repas de famille. Et bien que nous sentions ces raisonnements bancals, fallacieux ou même absurdes, nous n’avons pas toujours les mots ou les armes pour y répondre. Voilà précisément ce qu’entend donner l’auteur.

Ce manuel, qui peut s’emporter, est agréablement illustré et imprimé. Il passe au crible 30 arguments, abordant les principales thématiques écologiques : biodiversité, agriculture, climat, énergie… Un dialogue s’instaure entre un anti-écolo forcené et une seconde voix, méthodique et impertinente, qui déconstruit son raisonnement et balaie les prétextes à l’inaction.

Depuis cinq ans, l’auteur, Jeremy Bismuth, débusque les freins à l’écologie, en analyse le récit et œuvre pour le déconstruire avec humour dans sa websérie « Ami des lobbies », dont il réalise et écrit les épisodes, très suivis sur YouTube. Ce manuel est une petite pépite.

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Éditions TANA, 2024, 256 pages, 16,90 € – www.lisez.com/tana
Contact presse : Anne Vaudoyer. Tél.: 06 63 04 00 62 – anne.vaudoyer@gmail.com
(Gabriel Ullmann)
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17.04.2024 à 15:22
dboone
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Un guide naturaliste, de surcroît entomologique, écrit par deux français, c’est plutôt rare. C’est ici le cas. Denis Richard, qui a fondé le « Jardin aux Insectes » (Poitiers) en 1998, est journaliste scientifique, auteur et traducteur, il consacre l’essentiel de son activité éditoriale à la nature et aux jardins. Pierre-Olivier Maquart est entomologiste à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).

Sans équivalent dans l’édition naturaliste récente, ce guide présente plus de 300 espèces de Diptères, parmi les 19 000 connues en Europe. Il fait le choix d’illustrer l’extraordinaire diversité de cet ordre réunissant des insectes d’une importance considérable, tant par leur participation à l’équilibre des écosystèmes terrestres que par l’impact de certains d’entre eux sur les productions agricoles.

L’ouvrage s’ouvre par une introduction à la découverte des Diptères. Plus qu’un guide d’identification exhaustif, il présente les caractéristiques essentielles de ces insectes et brosse les aspects cardinaux de leur cycle biologique et de leurs rôles dans l’environnement. Chaque espèce présentée s’accompagne d’une photographie de qualité permettant de la reconnaître et, également, de situer dans une famille ou un genre la plupart des mouches et moustiques que l’on peut observer usuellement. Une brève notice précise les points saillants de son anatomie, de sa biologie et de sa répartition.

Ainsi, le guide expose plus de 300 portraits de mouches et de moustiques en haute résolution représentant toutes les familles importantes de Diptères européens. Une clé illustrée permet la détermination de ces familles. Outre l’introduction très didactique, l’ouvrage s’achève par un glossaire détaillé et des photos grossies de larves, œufs et imagos.

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Éditions Delachaux et Niestlé, 124 pages, 35 € – www.delachauxetniestle.com
Contact presse : Laureen Gatien. Tél.: 01 70 96 88 20 – lgatien@lamartiniere.fr
(Gabriel Ullmann)
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08.04.2024 à 14:53
lsamuel
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Voici la vidéo du débat JNE/AJJH du jeudi 4 avril 2024 sur le thème : la sobriété, pour éviter la pénurie, prendre soin de l’eau.

Cette table ronde était animée par Sylvie Ligny & Isabelle Vauconsant, journalistes

Les participants :

– Jean-Claude Vergès, université Paris I
– David Laurent, directeur de la transition écologique, Entreprises pour l’environnement
– Julie Trottier, directrice de recherche au CNRS
– Joffrey Lapilus, chargé de mission eau et climat – partenariat français Eau

Prochain rendez-vous le 02.05 (avec l’Institut Momentum) :
Le Grand Paris des Jeux Olympiques : une démesure à démanteler, une métropole à réhabiter

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04.04.2024 à 17:48
lsamuel
Texte intégral (3122 mots)

Depuis quelques années, dans plusieurs villes côtières, les Algériens ont de l’eau dessalée au robinet, et à l’avenir, le changement climatique aidant, ils seront encore plus nombreux dans ce cas.

par M’hamed Rebah

Les Algériens ont trouvé comment assurer leur sécurité hydrique dans le contexte du changement climatique. Chacun a son « château d’eau» directement raccordé à ses robinets.

La citerne de secours de grande contenance est incontournable, posée sur le balcon ou à la terrasse, sur le palier près de la porte ou quelque part dans l’appartement, au point où rares sont ceux qui se plaignent de la pénurie d’eau ou de son rationnement sauf quand la fréquence de distribution n’est pas respectée et que la durée de coupure épuise les réserves du «château d’eau» domestique. Pour la boisson, c’est l’eau en bouteille. Selon un article récent (janvier 2024), « la consommation des eaux minérales embouteillées en Algérie connait une certaine croissance ».

L’eau dessalée au robinet

Depuis quelques années, dans plusieurs villes côtières, les Algériens ont de l’eau dessalée au robinet, et à l’avenir, le changement climatique aidant, ils seront encore plus nombreux dans ce cas. Personne ne peut prétendre savoir ce qu’ils en pensent. Aucun sondage d’opinion sur l’eau dessalée n’a été fait.

Les entreprises de distribution d’eau dessalée dans les villes où sont implantées les stations de dessalement n’ont pas eu à s’expliquer sur la qualité de cette eau non conventionnelle qui, à la différence de l’eau de surface et de l’eau souterraine, vient de la mer et passe par une usine, et non pas du ciel via un barrage ou un forage.

Le président Abdelmadjid Tebboune insiste sur l’achèvement rapide des usines de dessalement de l’eau de mer le long de la bande côtière du pays, pour l’approvisionnement en eau potable des habitants des wilayas du littoral et des wilayas distantes de 150 km de ces infrastructures.

A la fin 2024, selon les indications données par le ministre de l’Hydraulique, cinq stations de dessalement d’eau de mer d’une capacité de production de 300.000 m3/jour et d’un coût de plus de 400 millions de dollars chacune, seront entrées en production. Implantées à Cap Djinet (Boumerdès), Cap Blanc (Oran), Koudiet Draouche (EI Tarf) et Tighremt (Béjaïa), elles porteront la production à 3,7 millions m3/jour et permettront d’assurer 42 % des besoins en eau potable des populations concernées. Actuellement, les 13 stations de dessalement, d’une capacité de 2,1 millions m3/jour, mises en service depuis 2003, fournissent 18 % de l’eau consommée en Algérie.

Entre 2025 et 2030, sept autres stations seront réalisées dans les wilayas de Tlemcen, Mostaganem, Tizi Ouzou (2 stations), Chlef, Jijel et Skikda, ce qui portera le taux à 60 %, couvert par 25 stations de dessalement au total. Ce nouveau programme sera sans doute confié à l’Agence nationale de dessalement de l’eau de mer (ANDE), récemment créée, qui pourrait prendre ainsi le relais de l’Algerian Energy Company (AEC, créée en 2001 par Sonatrach et Sonelgaz, à parts égales, puis détenue à 100 % par Sonatrach depuis 2018), qui a piloté les programmes de dessalement d’eau de mer précédents depuis 2002. Le P-DG d’AEC, Mohamed Boutabba, estime qu’une fois, le programme de réalisation des stations de dessalement d’eau de mer totalement achevé, il pourrait y avoir un excédent de production d’eau par rapport aux besoins, et donc la possibilité pour l’Algérie d’exporter de l’eau (entretien à la chaîne 1 de la radio algérienne, 1er avril 2024).

L’«algérianisation»

Alors que la réalisation des premières grandes stations de dessalement avait été confiée à des entreprises étrangères, le programme lancé en 2021 implique exclusivement, sous la supervision de l’AEC, des compétences algériennes, principalement le groupe public Cosider et des filiales de Sonatrach : la Société nationale de Génie Civil et Bâtiment (GCB), l’entreprise nationale de travaux aux puits (EN GTP), la Société algérienne de réalisation de projets industriels (SARPI) et l’Entreprise nationale de canalisations (ENAC).

Evidemment, cette algérianisation est un motif de fierté pour les responsables algériens qui ne manquent pas de mentionner la réduction du coût et du délai de réalisation que cela entraîne, en plus de promouvoir l’outil de production nationale et surtout renforcer la souveraineté nationale dans la sécurité hydrique. Contrainte de taille : les pompes, les filtres et les membranes d’osmose ainsi que d’autres équipements, qui forment le cœur des stations de dessalement, sont importés, ce qui pose le problème de la sécurisation du fonctionnement des installations.

Pour les responsables algériens, il est impératif que les intrants et les pièces détachées actuellement importés soient fabriqués en Algérie. Ils espèrent porter à 100 %, le taux d’intégration nationale dans la réalisation de ces stations qui est de 30 % à 40 % actuellement (génie civil, conduites et câblerie électrique). Dans son entretien à la chaîne 1 de la radio algérienne, le PDG de AEC a révélé le projet de fabrication en Algérie des membranes d’osmose inverse, par des entreprises algériennes, à 100 %, a-t-il précisé, à un coût très inférieur à leur prix sur le marché international, ce qui permettrait non seulement de les intégrer aux stations de dessalement, mais aussi de les exporter. La même démarche est envisagée pour les filtres. Les pompes (importées du Japon) également pourront être produites en Algérie.

La démarche d’algérianisation exige, en outre, la formation de techniciens et d’un personnel qualifié pour l’exploitation des installations de dessalement d’eau de mer. Les établissements de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle en sont chargés.

2002, début de l’ère du dessalement en Algérie

Il faut rendre justice au personnel algérien d’une entreprise publique, Hydro Traitement, qui a, dès le début des années 2000, en octobre 2002 précisément, permis aux habitants de Skikda, à 400 km à l’est d’Alger, d’avoir la primeur de boire de l’eau de mer dessalée grâce à la station qu’ils ont installée en un temps record, aux abords de la plage Ben M’hidi. La capacité de la station était de 5 000 m3/j, une petite goutte dans l’océan des besoins, mais qui avaient suffi à indiquer que l’ère du dessalement, option stratégique dans la nouvelle politique de l’eau, avait bien commencé en Algérie.

Sur les 21 stations de petites capacités, prévues dans le programme d’urgence du gouvernement, décidé en 2002, Hydro Traitement en a installé 13. Son P-DG, Mokhtar Tarakli, plaidait déjà pour le dessalement. Ses arguments : «nous sommes dans une des régions du monde les plus défavorisées en matière de disponibilité hydrique et notre pays ne dispose ni de grands fleuves, ni de grands lacs, ni de grands sites pour abriter les immenses barrages en mesure de stocker l’eau dont on a besoin pour l’alimentation, pour l’agriculture et pour l’industrie » (Les risques écologiques en Algérie. Quelle riposte ? Editions APIC, 2005).

A l’époque, deux banques privées algériennes, Khalifa Bank et la Banque commerciale industrielle d’Algérie (BCIA), inconnues dans la famille de l’eau, avaient senti le filon. Anticipant alors sur la nouvelle loi sur l’eau, elles avaient fait connaître leurs ambitions dans le domaine du dessalement d’eau de mer. La BCIA disparaîtra en août 2003, sans rien réaliser, la Commission bancaire de la Banque d’Algérie ayant décidé de lui retirer l’agrément après constat de sa situation « d’illiquidité et d’insolvabilité financière ».

Quant au groupe Khalifa, il avait pu installer, au début 2002, au port de Zemmouri (60 km à l’est d’Alger), sur un quai de servitude, donc gênant le trafic portuaire, deux stations (2 x 1500 m3/j) ramenées d’Arabie Saoudite (pour 200 millions de dollars). Mais l’eau dessalée qui en sortait était de qualité médiocre, imbuvable, avec, de surcroît, une odeur de gas oil, à cause des fuites, dues à la vétusté de l’installation, qui ont mélangé le gas oil, combustible utilisé dans le procédé par distillation en offshore, à l’eau de mer qui était pompée pour être dessalée. Certains avaient dit que les conduites et les vannes immergées avaient été obstruées par les sachets noirs en plastique.

Les stations de dessalement, «don» du groupe Khalifa à l’Algérie, avaient été tellement médiatisées qu’on avait cru qu’il était le seul intervenant dans le dessalement. Khalifa devait «offrir» sept autres stations de dessalement, dont quatre importées de Grèce. Evidemment, rien de tout cela n’a subsisté après la disparition de Khalifa Bank, en mars 2003, quand la Commission bancaire a décidé de nommer un administrateur provisoire à sa tête, annonçant le début de la chute de tout le Groupe Khalifa, aussi fulgurante que sa montée en puissance à sa création en 1998.

A l’origine, l’industrie pétrolière

L’expérience algérienne du dessalement date du début des années 1960. Avec le développement de l’industrie pétrolière, des petites unités de dessalement et de déminéralisation ont vu le jour dans les régions d’Arzew, Skikda, Hassi R’mel et Hassi Messaoud. En 1964, une première station de 192 m3/j a été installée à Arzew. La deuxième, en 1969, avait une capacité de 4560 m3/j. A l’époque, un certain nombre d’études sur le dessalement ont été lancées par différents secteurs. En 1995, le gouvernement a approuvé le projet d’installation d’une unité de dessalement d’eau de mer dans le complexe d’Arzew, projet repris et actualisé en 2002, d’une capacité de 25 000 m3/j. Elle devait être couplée à une centrale électrique à cycle combiné.

En 2000, il y avait 43 petites unités de dessalement installées en Algérie, représentant une capacité de 100 000 m3/j. A ce moment, les prévisionnistes estimaient qu’en 2020, les besoins en eau en Algérie seraient d’au moins 11 milliards de m3. Il faudrait, affirmaient-ils, non seulement construire au minimum une cinquantaine de barrages, mais aussi une vingtaine d’unités de dessalement d’eau de mer de 50 000 à 100 000 m3 /jour, et surtout rénover des dizaines de milliers de km de conduites d’eau, pour réduire les pertes qui étaient alors actuellement de 30 à 50 %.

En 2024, une priorité stratégique

La faible pluviométrie due au changement climatique a fait du dessalement de l’eau de mer, une priorité stratégique des pouvoirs publics, confirmée par les faits. D’abord au plus haut niveau, l’attention particulière accordée par le président Tebboune à l’option du dessalement se reflète dans ses interventions en Conseil des ministres. Au niveau d’exécution, sur le terrain, tous sont «aux petits soins» avec le programme présidentiel de dessalement, une sorte de mobilisation générale pour lever les obstacles à la réalisation des projets et respecter le délai de rigueur, «avant la fin 2024».

Le ministre de l’Energie et des Mines (tutelle de Sonatrach et de l’AEC), Mohamed Arkab, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, et les walis concernés, se sont succédé depuis le début de l’année en visites d’inspection sur les sites. Sur place, ils promettent que les cinq stations qui figurent au programme complémentaire du plan d’urgence de l’année 2021 arrêté par le président Tebboune seront livrées dans les délais fixés.

Le P-DG de Sonatrach, Rachid Hachichi, pourtant, certainement très occupé par le suivi du marché international de l’énergie – pétrole et gaz, principalement-  veille, lui aussi, au grain. Il était, tout récemment, dans la wilaya de Bejaïa où il a inspecté le projet de réalisation de la station de dessalement de l’eau de mer de Tighremt, qui est supervisé par AEC. Cette station doit couvrir à la fin de l’année les besoins de 3 millions d’habitants de la wilaya de Bejaïa et de localités voisines des wilayas de Bouira, de Sétif et Bordj-Bou-Arreridj.

La face cachée

On pense également à l’«après». Il n’est pas question de reproduire l’expérience négative de la station d’El Mactâa, près de Mers El Hadjadj, à Oran, qui alterne, depuis sa mise en service en 2016 – par l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal – les annonces d’un énième «arrêt total » et du « retour à la normale » et, entre les deux, créé des perturbations, voire des coupures dans l’approvisionnement en eau.

La station de dessalement de l’eau de mer d’El Mactaa a été réalisée par une société étrangère. Elle devait produire 500 000 m3/j achetés par Sonatrach et l’Algérienne des eaux (ADE), selon la formule take or pay (c’est la capacité de production qui est payée, même si la quantité réellement enlevée est inférieure) sur la base d’un contrat d’une durée de 30 ans. La wilaya d’Oran devait recevoir 250.000 m3/j et le reste réparti entre les wilayas de Mostaganem, Mascara, Tiaret et Relizane. Avant sa mise en service, son inconvénient était signalé : les rejets de saumures en mer et leur impact sur la flore et la faune marines.

En cours de réalisation, elle, aussi, avait fait l’objet de visites d’inspection ministérielles fréquentes. On racontait qu’avec la station El Mactaâ, Oran aurait de l’eau à revendre. Elle était présentée comme une des plus grandes au monde. Son exploitation a été confiée au constructeur étranger et la maintenance à une société privée algérienne. Mais, quatre ans après sa mise en service, elle enregistrait « des défaillances répétées » (Liberté, 21 mars 2021). Une fois, en novembre 2021, « la cause de l’arrêt forcé de la station était la présence dans l’eau de mer, très agitée ces derniers jours, de quantités importantes de «matière en suspens» qui risqueraient d’obstruer les filtres et mettre en péril l’ensemble de la station » (Le Quotidien d’Oran, 9 novembre 2021).

Au début de cette année, mercredi 17 janvier 2024, Rachid Hachichi. P-DG de Sonatrach, était à Oran, «au chevet» de la station El Mactaâ. Il a inspecté, de «près», a-t-on précisé, les difficultés entravant son bon fonctionnement, liées à des travaux de maintenance, en particulier pour les membranes filtrantes. « Cette station connaît des problèmes et la Sonatrach va aider à les régler », annonçait-il après un diagnostic de la situation qu’il a qualifiée d’«inacceptable». Pour lui, « la maintenance est un objectif principal qu’il faut assurer pour permettre à la station de fonctionner de manière stable et continue dans le temps ». Il a promis que le groupe Sonatrach enverrait ses spécialistes tous corps de métier confondus pour une assistance technique visant à régler les problèmes existant au niveau de la station de dessalement d’eau de mer d’El Mactaâ.

La leçon d’El Mactaâ est apprise. Le ministre de l’Energie et des Mines a annoncé la création avec un partenaire étranger d’une société mixte spécialisée dans la maintenance des équipements des unités de dessalement de l’eau de mer, avec à la clé, le transfert technologique aux entreprises algériennes.

Les défis

Les défis à venir seront à la charge, sans doute, de l’Agence nationale de dessalement de l’eau (ANDE, établissement public à caractère industriel et commercial), qui a pour mission statutaire de « réaliser, d’exploiter et d’assurer la maintenance des stations de dessalement de l’eau et des infrastructures et équipements y afférents, en menant toutes actions et opérations concourant à cet effet ». Autre problème soulevé par le P-DG de l’AEC  : quels seront les effets des stations de dessalement, installations nouvelles, sur le réseau de l’Algérienne des eaux (ADE), ancien, auquel elles sont raccordées ?

Mission terminée, et accomplie, dans le dessalement d’eau de mer pour AEC ? Pas encore. L’AEC, qui s’occupe aussi d’énergies renouvelables, est attendue sur une autre priorité : produire l’hydrogène vert en utilisant l’eau de mer dessalée par ses stations. C’est l’instruction du président Tebboune : pour la production d’hydrogène vert, recourir aux stations de dessalement, afin d’économiser les ressources en eau conventionnelles. Le P-DG de AEC souhaite que les terrains accordés pour la construction de stations de dessalement d’eau de mer, soient assez grands pour accueillir aussi les panneaux photovoltaïques qui fourniraient l’énergie solaire pour le fonctionnement des stations.

Cet article a été publié dans La Nouvelle République (Alger) du mardi 2 avril 2024.

Photo du haut : citernes d’eau sur une terrasse à Alger © M’hamed Rebah

 

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31.03.2024 à 17:37
lsamuel
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Les tourbières sont la spécialité d’Hervé Cubizolle, chercheur, qui vient de faire paraître un livre aux éditions Quæ, Plaidoyer pour les tourbières.

Ce sont des zones humides tout à fait spécifiques. On en trouve presque partout dans le monde. Elles sont très anciennes et ont des fonctions écologiques bien particulières dont nous aurions tort de nous dispenser.

Hervé Cubizolle est un passionné, vous l’entendrez dans le podcast.

Pour écouter ce podcast, cliquez ici.

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31.03.2024 à 17:14
lsamuel
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Le 28 janvier dernier a eu lieu le comptage des oiseaux de jardin. Mais ce jour là, à part les habituelles mésanges bleues et charbonnières, les oiseaux de mon jardin sont allés se faire voir ailleurs. Un esprit de contradiction qui fait tout le charme d’une nature libre et imprévisible qui nous oblige à être toujours vigilants dans nos observations.

Cet hiver, les oiseaux m’ont rendu visite le vendredi 12 janvier. Un jour normal, plutôt maussade par rapport à la journée de la veille ensoleillée. La température douce n’incitait pas à fréquenter la mangeoire et pourtant de nombreux oiseaux s’ébattaient dans le jardin ce jour là. Les verdiers, que je n’avais pas vus depuis longtemps, toujours très batailleurs à la mangeoire, tenaient la place face aux autres oiseaux, même le rouge gorge se tenait à distance.

Pour lire la suite de cet article et visionner les photos, cliquez ici sur le blog de Gérard Blondeau.

Photo du haut : la mésange bleue est une visiteuse régulière des jardins. Sa nidification récente sur un chêne situé
sur le chantier de la A69 a permis de stopper l’abattage des arbres (d’après Reporterre) © Gérard Blondeau

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31.03.2024 à 17:00
lsamuel
Texte intégral (1707 mots)

Comment maintenir des espaces verts face à la pression urbaine ? Le cas de la ceinture verte de Strasbourg nous ouvre des pistes de réflexion.

par Jean-Claude Génot *

Ayant accompagné une amie paysagiste conceptrice sollicitée par l’Eurométropole de Strasbourg dans le cadre d’une réflexion sur la transformation et la préservation de la ceinture verte, j’ai eu l’occasion de parcourir une partie de cette zone qui est un héritage des anciens systèmes de défense de la ville établis à partir de 1875. Ce fut pour moi l’occasion de mesurer le défi de maintenir des espaces verts face à la pression urbaine et de réaliser que cette ceinture verte assez fragmentée était en plus une trame bleue formée des canaux du Rhône au Rhin et de la Marne au Rhin et des cours d’eau comme l’Ill, l’Aar ou le Rhin Tortu.

Une ceinture biologique et climatique

Le périmètre de la ceinture verte est constitué de terrains issus de l’ancien glacis initialement protégés par des lois de 1922 et 1927, de secteurs paysagers à proximité immédiate tels que les grands parcs publics, les emprises de jardins familiaux, les berges de cours d’eau, les espaces végétalisés des abords d’autoroute et de voies ferrées et des quartiers-jardins, dotés d’espaces verts plantés de grands arbres. Au final, la ceinture verte couvre une superficie d’environ 1 400 ha.

L’arbre est « l’écosystème » clé de la ceinture verte de Strasbourg © J.C. Génot

L’arbre est l’élément clé de cette ceinture verte et bleue, il est l’élément végétal dominant le long des cours d’eau et des canaux, dans les parcs publics et les espaces verts. Platanes, saules, peupliers, chênes, érables, robiniers, frênes, noyers, l’arbre fournit abri et nourriture à de nombreux animaux (insectes, oiseaux, chauves-souris) et sert de support aux lichens, aux mousses et aux lianes (lierre, clématite). Il permet la circulation de certaines espèces comme l’écureuil le long des alignements qui jouent le rôle de corridors écologiques. Il apporte de l’ombre aux habitants et dissipe la chaleur en jouant le rôle de climatiseur naturel grâce à sa canopée, créant ainsi des îlots de fraîcheur en cas de canicule. Enfin, les feuillus permettent aux habitants de la ville de prendre conscience du rythme des saisons grâce au feuillage et à la floraison. La ceinture verte et bleue constitue un lien entre deux réservoirs de nature, à savoir les forêts rhénanes de Neuhof-Illkirch au sud et de la Robertsau-Wantzenau au nord, toutes deux classées en réserves naturelles nationales.

Des milieux très artificiels sous forte pression anthropique

Les milieux de la ceinture verte sont assez pauvres sur le plan écologique : talus, zones rudérales, jardins plus ou moins végétalisé,s parfois avec des aménagements en béton le long des berges, prairies pauvres en espèces floristiques, gazons, terrains gravillonnés, cours d’eau eutrophisés. Il existe certains bâtiments abandonnés qui peuvent abriter des chauves-souris, mais la ville compte certainement plus de maisons non occupées et d’édifices publics qui peuvent accueillir la faune habituelle comme le faucon crécerelle, le martinet noir, la fouine et certaines chauves-souris. La pression humaine s’exerce sur la ceinture verte et bleue : pollution de l’eau, pollution de l’air compte tenu du trafic routier intense sans oublier le trafic aérien qui survole la ville, pollution sonore maximale pour certains sites et déchets très nombreux dont certains sont recouverts par des ronciers. Un sentier du Club vosgien de 17 km permet de cheminer le long de la ceinture passant par les parcs publics et les anciennes défenses militaires. Mais certains passages ne sont pas très engageants du fait de l’abondance des déchets.

Quelle gestion pour la ceinture verte ?

En 2021, l’Eurométropole a lancé une réflexion en vue d’élaborer un livre blanc sur la ceinture verte avec la participation des services de l’agglomération de Strasbourg, des gestionnaires comme la SNCF et Voie Navigable de France, des écoles d’ingénieurs et d’architectes de la ville, de nombreuses associations ainsi que des sociétés d’aménagement. Cela a permis de rassembler les attentes de certains acteurs et de faire le point sur la gestion de certains terrains.

Talus SNCF débroussaillé régulièrement sur la Ceinture verte de Strasbourg © J.C Génot

Ainsi, dans ses emprises, la SNCF cherche à éliminer arbres et arbustes sur les talus situés aux abords des voies afin d’éviter la chute d’un arbre sur les rails. En lien avec l’Eurométropole, elle expérimente une gestion alternative des talus. Depuis plus d’un siècle, des milliers d’arbres ont été plantés dans la ceinture verte. La demande de nombreux acteurs est de planter plus d’arbres partout où c’est possible : délaissés autoroutiers, installations sportives, parcs publics, jardins familiaux. Reste en suspens le choix des espèces et leur gestion, notamment l’élagage qui peut être drastique pour des raisons de sécurité. Il est proposé d’améliorer l’aspect des ouvrages routiers grâce à des plantes grimpantes. Les projets ne manquent pas, mais certains pourraient présenter des contradictions et entraînent de nombreuses questions. Ainsi, comment développer des pistes cyclables dans la ceinture verte sans imperméabiliser les sols dont la préservation est vitale ? Comment vouloir plus de nature si l’artificialisation n’est pas maîtrisée au niveau du PLU ?

Délaissé en libre évolution et jonché de déchets dans la Ceinture verte de Strasbourg © J.C. Génot

L’artificialisation peut surgir partout, comme dans certains jardins familiaux bordant le Rhin tortu, où les multiples cabanons et autres terrasses bricolées avec divers matériaux donnent l’image d’un bidonville. La gestion de certains terrains privés échappe à la collectivité et peut également être une source de dérapage. Certains tronçons de la ceinture verte sont indissociables de la trame bleue, comment harmoniser la gestion de ces deux éléments de façon cohérente ? Enfin, la question se pose de savoir si la libre évolution peut s’appliquer sur certaines zones, sachant que la nature spontanée peut se heurter à des réticences culturelles, des impératifs de sécurité et des habitudes de gestion interventionnistes.

La ville est le symbole de l’artificialité et de la densité humaine et il est bien difficile d’y laisser de la place à la nature en termes d’espaces. Le plus souvent, la ville côtoie la nature sous la forme d’une forêt péri-urbaine, dont certaines ne sont pas exploitées comme c’est le cas à Strasbourg. Cette ceinture est intra-urbaine, c’est ce qui la rend vulnérable tant qu’elle ne sera pas sanctuarisée par le droit. Son état actuel donne plus l’impression d’un champ de ruines écologiques pour reprendre une expression d’Aldo Leopold (1) que d’un corridor arborée dense et continu.

* Ecologue

(1) Génot J-C. 2019. Aldo Leopold. Un pionnier de l’écologie. Editions Hesse. 119 p.

Photo du haut : au sein de la ceinture vert de Strasbourg, les ripisylves sont les milieux les plus intéressants sur le plan écologique © J.C. Génot

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28.03.2024 à 10:28
lsamuel
Texte intégral (2389 mots)

En quoi les préoccupations liées à la protection de la nature ou du vivant pourraient-elles intégrer les réflexions actuelles autour de l’instauration d’une SSA et réciproquement ? A priori, le lien direct avec la volonté de sauvegarder une espèce ou un espace, mettre en place une réserve naturelle, lutter contre l’artificialisation des sols, contre leur destruction par l’agriculture industrielle et pour la préservation de l’eau, militer pour la biodiversité, s’engager pour le retour du sauvage, défendre des forêts en libre évolution, ne nous saute pas aux yeux, et pourtant…

par Pierre Grillet

Le contexte

Les plus âgés d’entre nous ont connu les luttes pour la nature dès les années 70. À ce moment-là, nous avons assisté, voire participé à la création d’un grand nombre d’associations (même si certaines comme la LPO ont été créées bien avant) dont l’objectif premier était (est) de protéger la nature. Les combats menés depuis ont permis certaines avancées : loi de 1976, protection d’espèces, lois sur l’eau, créations de zones protégées, retour et/ou expansion ces dernières décennies d’espèces menacées ou ayant disparu à l’époque. Dans le même temps et depuis, nous avons surtout travaillé pour réduire les impacts de certaines destructions, beaucoup plus rarement pour essayer d’en résoudre les causes profondes (1). Nous avons été (au moins pour quelques-uns d’entre nous dont je fais partie) absorbés par le système capitaliste qui, tout en intégrant plus ou moins de la protection, n’a pas cessé de détruire jusqu’à aujourd’hui. Pour le peuple amazonien Yanomani, nous sommes toujours, en 2024, ces « mangeurs de terre » motivés par l’accumulation et l’artifice, comme nous le rappelle la journaliste Célia Izoard  (2) !

Le constat global en 2024 concernant tant la biodiversité que le climat n’est guère brillant, et même catastrophique. Tout le monde aux JNE est bien informé, inutile d’y revenir. À cela, s’ajoute le délabrement social en cours. Selon la FAO elle-même, on produit dans le monde de la nourriture pour plus de douze milliards de gens, soit plus de 170 % de ce qui est nécessaire (3). Pourtant, plus d’un milliard de personnes dans le monde ne mangent pas à leur faim selon OXFAM : « Un chiffre qui grimpe de façon continue depuis 2015 ». En France, 8 millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire, 4 millions de personnes sont mal logées, plus de 300.000 personnes sont sans domicile, à la rue ou dans des hébergements d’urgence (4). On recense plus d’un à deux morts au travail quotidiennement, sans compter les maladies professionnelles (5). La question du travail et de sa définition ainsi que celle de la propriété de l’outil de travail trop souvent délaissée par les écologistes, devraient être centrales dans nos luttes.

Certains peuples autochtones, opprimés, méprisés et menacés, tentent de se faire entendre, à l’instar du peuple Yukpa de Colombie, au bord de la disparition définitive en raison de la perte de 85 % de son territoire dont il dépend structurellement pour sa survie. Cette situation critique est principalement causée par des multinationales qui pratiquent l’exploitation minière dans leur territoire ancestral sans consultation préalable, violant ainsi leur droit fondamental au consentement libre, préalable et éclairé, les privant de leur accès à l’eau et exploitant honteusement les humains. L’une de ces mines mesure deux fois la taille de la ville de Paris, explique le porte-parole du peuple, Juan Pablo Gutierrez (6), lui-même exilé à Paris car menacé de mort en Colombie.

Force est de constater que les questions écologiques, ethnologiques et sociales sont liées et que la solution ne pourra venir que d’un profond changement remédiant aux causes véritables de l’ensemble de ces problèmes, ce qui signifie se débarrasser une fois pour toutes du système capitaliste. Faire l’un en occultant l’autre, continuer de travailler avec les pires destructeurs comme le font de plus en plus l’UICN et bien d’autres, n’a plus de sens aujourd’hui (7). C’est mettre un pansement sur un système nocif sans chercher à supprimer la cause du mal. On ne peut plus se battre pour protéger à court terme quelques oiseaux de plaine, se contenter de mesures environnementales ponctuelles et de bonnes volontés bien réelles de certains agriculteurs, sans également militer, lutter pour obtenir un changement total et rapide des pratiques agricoles, redéfinir la propriété de l’outil de travail et du travail lui-même !

Croire encore dans une transition longue et lente progressive, au sein du système capitaliste, sans contraintes et qui ne respecte jamais ses objectifs n’est plus tenable en 2024. Se battre pour le vivant en occultant la situation sociale, le travail et l’alimentation est tout autant voué à l’échec. Manger bio, se fournir à proximité, soutenir localement un petit producteur tout en observant la nature, toutes ces initiatives locales qui se développent, sont, certes, des démarches vertueuses mais totalement insuffisantes pour contrer l’agriculture industrielle, la destruction des sols et améliorer l’alimentation de tous et toutes. Se radicaliser, c’est-à-dire aller à la racine du problème et le nommer pour mieux le combattre et le supprimer est aujourd’hui incontournable pour défendre le vivant.

Pourquoi l’instauration d’une sécurité sociale de l’alimentation (SSA) serait un outil pour l’ensemble du vivant ?

La SSA n’a rien à voir avec une quelconque charité ou aide réservée à celles et ceux que l’on se complait à cataloguer comme « pauvres ». Rien à voir avec une aide alimentaire pour les démunis qui ne résout rien sur le fond, empêche les personnes concernées de choisir leur alimentation, les cantonne dans leur statut de « défavorisés » et profite au final aux grands groupes de la distribution grâce à la défiscalisation. Comme le précise Bernard Friot : « Nous n’avons pas à conquérir des droits pour subsister et sortir de la pauvreté, nous avons à conquérir des droits pour être souverains sur la valeur économique ». Sortir l’agriculture de l’agro-business et la production alimentaire du capitalisme est indispensable, nous dit -il. Car, parler alimentation, c’est tout à la fois aborder la production, la transformation, la distribution et la consommation en incluant les personnes qui y travaillent. Regardons la SSA comme un outil permettant, à une échelle macro-économique, de parvenir à transformer l’ensemble de ces secteurs. Elle doit non seulement assurer l’accès de toutes et tous à une nourriture de qualité et choisie, mais également parvenir à la conquête des droits sur le travail dans le secteur de l’alimentation, avec des personnes salariées à la qualification (8) et l’instauration de la propriété collective et d’usage des outils de travail (9). Elle doit également permettre à chacun (paysans-es, consommateurs, salarié-es de la transformation et la distribution) de décider, choisir les types de production dont on a besoin, selon les véritables critères de la souveraineté alimentaire tels que ceux défini par la Via Campesina, syndicat agricole international proche de la Confédération paysanne (10). Une allocation mensuelle versée à chaque personne permettra ainsi de s’approvisionner auprès de paysans et distributeurs divers, mais sous réserve que ceux-ci soient conventionnés en raison de leurs pratiques alternatives à la production et la distribution capitaliste. Un fonctionnement entièrement démocratique  qui n’a rien d’utopique car semblable à celui mis en place pour le régime général de la sécurité sociale, qui, juste après la guerre 39-45, était quasi entièrement géré par les travailleurs. En 1946, les conseils d’administration des caisses comptaient trois quarts de salarié·es et un quart d’employeurs. Ce système a très bien fonctionné pendant plusieurs années avant d’être attaqué par les pouvoirs successifs jusqu’à nos jours.

Il s’agit d’une véritable prise de pouvoir par les citoyens, d’une remise en cause de l’agrobusiness, donc d’un changement total dans les pratiques, mais également une remise en cause totale de l’agroalimentaire, de la grande distribution et de la notion même de travail telle qu’elle sévit aujourd’hui. Un sujet qui va bien au-delà d’une préoccupation locale visant à mieux se nourrir au travers d’AMAP et diverses coops de produits bio. Là encore, à l’instar de la protection du vivant sous sa forme actuelle, ces pratiques sont essentiellement du saupoudrage et peuvent parfaitement s’accommoder d’un simple aménagement du système destructeur en place.

La SSA est donc un outil, certainement pas le seul, pour transformer intégralement un secteur primordial pour chacun et dont l’impact sur l’ensemble du vivant et sur l’eau est particulièrement fort. C’est l’outil permettant de lutter directement contre la cause essentielle du problème : le capitalisme. En tant que naturaliste, cette réflexion me semble d’un grand intérêt et il serait désastreux de l’ignorer. Elle impacte positivement et directement la biodiversité. Pour les journalistes spécialisés sur les questions environnementales et écologiques tout comme pour les naturalistes écrivains et militants, un tel sujet devrait être incontournable, au moins pour en débattre et le faire connaître. Voilà pourquoi je propose que celui-ci soit intégré, au sein des JNE, dans le cadre de rencontres à venir, lors d’un jeudi de l’écologie ou de tout autre moment.

L’article a été relu et amendé par Kévin Certenais, membre de l’association Réseau Salariat.
Pour les explications pratiques et détaillées sur la SSA : Association d’éducation populaire Réseau salariat
Cliquez ici pour télécharger le pdf du livre de Laura Petersell & Kévin Certenais, Régime général. Pour une sécurité sociale de l’alimentation.

Photo du haut  © Réseau Salariat

(1) Lire le livre Capitalisme et protection de la nature : incompatibles ! Editions Atlande. 2021.
(2) Lire La ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition. Celia Izoard. 2024. Éditions Seuil.
(3)  Lire l’article du site Solidaires : « L’agro-écologie peut-elle nourrir le monde ? » https://www.solidaire.org/articles/l-agro-ecologie-peut-elle-nourrir-le-monde
(4) Lire le rapport 2022-2023 sur la pauvreté de l’Observatoire des inégalités.
(5) Lire L’Hécatombe invisible, Enquête sur les morts au travail. Matthieu Lépine, 2023. Éditions Seuil
(6) Ecouter ici la rencontre avec Juan Pablo Gutierrez sur le site de la Fondation Danielle Mitterrand.
(7) Maud Lelièvre, présidente de l’UICN France, soutien de la campagne électorale de Macron en 2017, puis en 2022 avec le MODEM, veut « « inviter la nature au cœur des stratégies d’entreprises ». Business as usual avec un peu de nature !
(8) On retrouve ici les idées développées par Bernard Friot et l’association Réseau salariat qui envisagent le salaire à la qualification (un statut qui existe déjà chez les fonctionnaires) pour chaque personne adulte. Un salaire déconnecté de l’emploi, qui permet à chaque individu de ne pas être subordonné à tel ou tel employeur et d’être reconnu comme participant au bien commun, comme producteur de valeur. On peut alors sortir du travail contraint pour un travail choisi et revendiquer comme légitime la propriété de l’outil de travail. Attention, ne pas confondre le salaire à la qualification ou à la personne avec le revenu universel, qui sont deux notions totalement différentes.
(9) Lire ici l’article publié sur le site des JNE, consacré au Plat de Résistance.
(10) La souveraineté alimentaire désigne le droit des populations à définir leur politique agricole et alimentaire. La souveraineté alimentaire inclut :
– la priorité donnée à la production agricole locale pour nourrir la population,
– le droit des paysan(e)s à produire des aliments et le droit des consommateurs à pouvoir décider ce qu’ils veulent consommer et qui et comment le produit,
– la participation des populations aux choix de politique agricole,
– la reconnaissance des droits des paysannes, qui jouent un rôle majeur dans la production agricole et l’alimentation.
Le concept de souveraineté alimentaire a été développé par Via Campesina et porté au débat public à l’occasion du Sommet Mondial de l’Alimentation en 1996 et présente une alternative aux politiques néo-libérales (extrait du site de la Via Campesina). On est loin des préoccupations actuelles du gouvernement qui ne cesse de parler de souveraineté alimentaire… Là encore, à l’instar de l’agro-écologie, les mêmes mots ne signifient pas la même chose selon la personne qui les utilise…

 

 

 

 

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26.03.2024 à 16:56
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Maria Mies, sociologue et militante écoféministe allemande, décoloniale, écologiste, s’est éteinte en 2023 à l’âge de 92 ans. Pour elle, il est nécessaire de « penser conjointement la domination masculine exercée sur les femmes, les ressources naturelles et les sociétés paysannes ». Veronika Bennholdt-Thomsen, ethnologue et sociologue allemande, présente la subsistance comme une «.perspective et orientation pour notre action quotidienne ou en tant que politique du quotidien contre la globalisation néolibérale des multinationales… Elle consiste à regarder le monde par en bas, depuis la vie quotidienne, et non par en haut, depuis les instances de pouvoir qui manipulent l’opinion dans le seul but de se perpétuer..»

Le livre, « La subsistance, une perspective écoféministe » est un ouvrage dense et largement documenté. Les deux autrices resituent la notion de subsistance dans notre contexte actuel. Après avoir, dans un premier temps, largement critiqué le système mondialisé, colonisateur, raciste et patriarcal qui ne peut mener qu’à une impasse, elles développent ensuite ce qu’elles appellent « la nécessité d’une autre perspective » et expliquent en quoi le concept de subsistance peut permettre d’envisager un nouveau modèle. Elles renforcent leurs propos par une série d’exemples locaux à travers le monde où des sociétés pratiquent ce modèle et dans lesquelles la domination masculine n’existe pas. Si nombre d’exemples concernent l’agriculture et le milieu rural, la ville n’est pas exclue non plus de leur champs d’investigation.

Que l’on partage ou non, cet ouvrage particulièrement argumenté ne peut que nous enrichir. L’édition française de 2022 a été réactualisée et complétée par les autrices (leur premier texte était paru en 1999). Ce livre nous montre d’autres voies possibles pour nous inciter à penser le changement et sortir de ce récit unique que voudrait nous imposer un monde capitaliste prêt à tout pour se maintenir, coûte que coûte, jusqu’au bout. Belle lecture !

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Éditions la Lenteur, 427 pages, 24 € – www.editions-la-lenteur.fr
Contact : tél.: 09 61 66 26 55
(Pierre Grillet)
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26.03.2024 à 16:54
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Texte intégral (564 mots)

Peut-on encore manger des bananes ? est l’adaptation d’un best-seller anglais dans une version entièrement remaniée et mise à jour. Son auteur Mike Berners-Lee est professeur à l’université de Lancaster au Royaume-Uni, et un pionnier de la quantification carbone. Il est également l’auteur de « Il n’y a pas de planète B », que le Financial Times a qualifié de « manuel pour transformer l’humanité ».

Manger des bananes, regarder des vidéos, acheter des baskets, un jean, prendre l’avion ou tout simplement se faire cuire des pommes de terre, toutes ces activités ont une empreinte carbone. Et notre intuition n’est pas toujours juste, loin s’en faut : certains gestes qui semblent à proscrire sont en réalité sans conséquence, lorsque d’autres sont plus nocifs qu’on ne le pense. Peut-on encore manger des bananes ? titre provocateur mais résumant bien ces questions existentielles, permet de décrypter son environnement, et d’avoir en tête les bons ordres de grandeur. À nous d’agir en conséquence.

Il ne faut pas, par contre, se fier entièrement aux chiffres donnés, seul le concept auquel ils sont associés est riche de réflexion et de changement de mode de vie. Prenons un exemple : « une assiette de pommes de terre (200 g) » (pages 51-53), il est donné 44 g de CO2 pour la culture, 10 g pour le transport et 50-160 g pour la cuisson. Les emballages et la distribution sont donnés pour un total de 4 g. L’idée exacte est que le mode de culture est plus générateur de CO2 que le transport (ce qui milite notamment pour l’agriculture biologique, même si le produit vient de plus loin qu’une production conventionnelle locale). Le mode de cuisson l’est davantage encore. Alors que la pensée commune est d’acheter local pour réduire l’empreinte carbone, alors qu’il peut s’agir de productions intensives particulièrement polluantes. Notions très importantes.

Par contre, ces chiffres bruts se fondent sur des hypothèses qui ne peuvent à l’évidence recouvrer les multiples cas se présentant au consommateur, selon qu’il achète bio ou pas, local ou non, voire directement au producteur, qu’il achète en gros ou pas, etc. De même, les émissions de CO2 pour la restauration des sols pollués par l’agriculture industrielle et/ou le traitement des eaux contaminées, sans même évoquer, celles qui relèvent de la santé publique, ne sont pas prises en compte.

Une publication centrée sur quelques chaines de consommation, mais qui prendrait en compte tous leurs aspects, directs ou indirects, reste à faire.

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Éditions l’Arbre qui marche, 300 pages, 21,90 € – larbrequimarche-editions.fr
Relations presse : Anne Vaudoyer. Tél.: 06 63 04 00 62 – anne.vaudoyer@gmail.com
(Gabriel Ullmann)
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