Depuis les années 60 est posé l’enjeu des limites au développement, de repenser la croissance dans un monde fini, afin de bifurquer vers une trajectoire soutenable. Le concept de décroissance, conçu dans une approche socialiste et émancipatrice pour tous•tes, est aujourd’hui récupéré de toutes parts, jusqu’à l’extrême-droite.
Malgré cette percée d’un idéal de sobriété, le techno-solutionnisme reste la forme dominante de pensée et d’action, proposant sans cesse de nouvelles innovations pour résoudre les problèmes qu’il contribue à créer.
Dans ce contexte, comment questionner démocratiquement le progrès et la domination technologique en remettant au centre les besoins, les principes d’égalité et d’émancipation de tous·tes ? Comment construire une critique collective de la technique et développer un “art de la fermeture” qui prenne en compte les vies hors de la norme dominante ?
Intervenant·es :
Alexandre Monnin, enseignant-chercheur, philosophe, auteur de Politiser le renoncement (Divergences)
Nastasia Hadjadji, journaliste, autrice de No Crypto, Comment Bitcoin a envoûté la planète (Divergences)
Le 13 septembre 2023, à la REcyclerie, on a parlé de technologie, de progrès, de crypto-actifs et de renoncement.
[Rediff] Laure Teulières et Guillaume Carbou sont membres de l’Atécopol, collectif pluridisciplinaire de scientifiques travaillant sur la question écologique, et ont coordonné, avec Aurélien Berlan, l’ouvrage Greenwashing, manuel pour dépolluer le débat public qui vient de paraître aux éditions du Seuil.
Si le greenwashing désignait à l’origine un verdissement de la communication de produits ou d’entreprises, il apparait désormais comme une véritable idéologie, symptôme d’une pensée moderne verrouillée par l’économisme, le techno-solutionnisme et la pensée en silo.
En récupérant un discours environnementaliste vidé de sa substance, le greenwashing est l’outil principal du maintient du status quo, déguisé derrière un monde écologisé grâce aux énergies décarbonées, aux smart cities, à l’économie circulaire ou à la capture du carbone.
Dans une démarche d’autodéfense intellectuelle, l’ouvrage permet d’appréhender le greenwashing dans la grande diversité de ses manifestations, en révélant les fausses promesses, les demi-solutions et les formes d’enfumage qui faussent le débat public, empêchent des choix de société véritablement éclairés, et nous enferment dans la trajectoire insoutenable du business as usual.
Entretien enregistré le 5 avril 2022
APPROFONDIR
Présages https://www.presages.fr/blog/2022/greenwashing
L’Atécopol https://atecopol.hypotheses.org/ et https://twitter.com/AtEcoPol
Greenwashing - Manuel pour dépolluer le débat public, Collectif, sous la direction d’Aurélien Berlan, Guillaume Carbou et Laure Teulières, collection Anthropocène, Seuil https://www.seuil.com/ouvrage/greenwashing-collectif/9782021492897
[Rediffusion] Elisabeth Feytit est documentariste et créatrice du podcast Méta de Choc, qui propose des entretiens et des chroniques afin d’éduquer à l’esprit critique, et de questionner nos croyances.
L’idéologie du développement personnel, qui infuse profondément nos sociétés occidentales contemporaines, puise ses racines dans la spiritualité New Age, née à la fin du 19ème siècle aux Etats-Unis. Plus qu’un mouvement, une pseudo-science, ou une religion, c’est un vaste courant de pensée et de pratiques, qui considère que nous avons tous·tes un potentiel divin, qu'il nous appartient de cultiver, par la spiritualité, la connexion à la nature et aux « énergies » . L’individu, seul responsable de ses pensées et de son chemin de vie, est ainsi invité à attirer le positif grâce à la loi de attraction.
Ces idées se développent particulièrement à partir des années 70, qui voient naitre la commercialisation de nombreuses techniques pseudo scientifiques d’amélioration de soi, avec par exemple la méditation de pleine conscience, la gestalt thérapie, la programmation neuro linguistique et autres soins énergétiques. Parallèlement, le néolibéralisme fournit un terreau fertile aux idées New Age : Le monde de l’entreprise participe ainsi largement à la diffusion de l’idée que chacun·e a le pouvoir - et donc le devoir - de s’accomplir et de devenir meilleur.
L’écologie, la santé, le bien être sont des porte d’entrée privilégiées vers ces croyances. En effet, le mouvement New Age et une partie du mouvement écologiste sont imbriqués, partageant des racines historiques et des valeurs communes, articulées autour d’une certaine conception essentialiste et idéalisée d'une "Nature" originelle. De l'anthroposophie aux thérapies de santé « alternatives », un vaste ensemble de pratiques et d’idées se développent, avec des effets controversés, voire problématiques.
L’écospiritualité, quand à elle, entend apporter d’autres réponses à la lassitude et au désespoir face à l’immensité de la catastrophe écologique. Si l’on peut questionner le fait qu’une élévation spirituelle participera concrètement à agir sur le monde, il faut également souligner les nombreux stéréotypes véhiculés par l’écospiritualité, comme les notions de Féminin et de Masculin sacrés.
Elisabeth Feytit, ancienne adepte de la spiritualité New Age, nous éclaire sur les fondements de ces croyances, leurs implications idéologiques et leurs risques.
Et pour approfondir ces vastes sujets, je vous renvoie aux chroniques de la spiritualité contemporaine proposées par Elisabeth dans Méta de choc, et dont les liens sont en description de l’épisode.
Episode enregistré le 24/05/2022
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