flux Ecologie

Moitié ONG moitié-think-tank. Pour une montagne durable

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23.09.2023 à 19:01
Valérie
Texte intégral (2716 mots)




L’avenir des territoires de montagne dépend-il des villages de montagne, de ses habitants uniquement, des stations de ski, d'un élu, d'un groupe d'élus, d'une gouvernance économique liée au ski etc. ?


La question de l'avenir des territoires de montagne et du modèle du tourisme face au réchauffement climatique regarde t’elle uniquement les territoires dits de montagne ?


Ou sont les frontières plaine/montagne ?




Agissons GLOBAL


Exemple les Alpes


Les Alpes constituent l’une des chaînes de montagnes parmi les plus importantes et les plus élevées au monde qui culminent au sommet du Mont Blanc, à 4 810 m d’altitude. Le massif alpin s’étend sur 1 200 km entre Nice et Vienne et abrite plus de 30 000 espèces animales et 13 000 espèces végétales. Lorsque l'on souhaite présenter un plan de transformation de modèle en montagne ou sur une territoire, nous ne pouvons pas nous concentrer sur une petite partie de ce territoire, un village, une vallée. Les approches doivent être pensées de manières systémiques (« relatif à un système pris dans son ensemble »). Des spécificités territoriales sont évidemment à prendre en considération mais il est bien certain que penser changement de modèle dans un village ou une station de montagne, implique des répercussions bien au delà.


chaine des Alpes

Les SCoT (Schéma de cohérence territoriale) aident à penser "global". Ce sont des outils de conception et de mise en œuvre d'une planification stratégique intercommunale, à l'échelle d'un large bassin de vie ou d'une aire urbaine, dans le cadre d'un projet d'aménagement stratégique. Les SCoT ouvrent donc des discussions au delà d'un PLU (Plan Local d'Urbanisme). Le Plan Local d'Urbanisme (PLU), document d'urbanisme à l'échelle du groupement de communes ou de la commune, s'intéresse à un projet d'aménagement et d'urbanisme beaucoup plus restreint qu'un SCoT.



Les bassins versants sont aussi à prendre en considération lorsqu'on réfléchit "montagne" et modèle. Un bassin versant est une zone géographique de collecte des eaux de surface par un cours d'eau et ses affluents. Par exemple le bassin du Rhône est l'un des quatre grands bassins versant situés en France métropolitaine. Il est situé intégralement en France et en Suisse. Il est alimenté par des cours d'eau des Alpes, du Jura, du Massif central et des Vosges. Le Rhône se jette dans la mer Méditerranée par un delta. Il mesure 97 800 km2, dont 90 000 km2 en France et 7 800 km2 en Suisse.


bassin versant du Rhône


L'AVENIR DES TERRITOIRES DE MONTAGNE dépend donc globalement d'un écosystème très large. Le développement des infrastructures touristiques et de transport, au même titre que les pratiques d’urbanisme et agricoles non soutenables, participent à une tendance globale d’exploitation excessive des espaces alpins. Ces pratiques pèsent plus largement que sur les territoires de montagne SEULS. Lorsque des espèces d'une est en diminution, lorsque la biodiversité est impactée, dans un contexte de changement climatique particulièrement intense en montagne, nous sommes tous concernés.


Lorsque la croissance de l'urbanisme en montagne menace les dernières zones naturelles existantes dans les Alpes, nous sommes tous concernés. Lorsque l’urbanisation de certains versants où territoires se généralise, entraînant le mitage des espaces jusqu’alors refuges pour la biodiversité ou dévolus à des activités plus en équilibre avec les écosystèmes (agriculture extensive, foresterie, activités récréatives...), nous devons tous nous y intéresser.


Lorsque la mobilité et les réseaux de transport (routiers et ferroviaires) sont si denses dans les Alpes qu'ils représentent 200 millions de tonnes de fret et 150 millions de personnes traversent les Alpes chaque année, dont seulement 17% par le train, cette problématique nous regarde tous.


Lorsque que le tourisme est le levier central du développement économique de la région alpine et l’un des principaux moteurs de l’urbanisation, que chaque année, les Alpes reçoivent plus de 120 millions de touristes, que l'on dénombre plus de 300 stations de montagne, disposant de plus de 5 millions de lits, dont certaines s’étendent sur des superficies immenses, nous sommes tous impactés. Lorsque les centres touristiques sont implantés le plus souvent dans les espaces les plus fragiles et les plus reculés, autrefois à l’abri de l’étalement urbain, grâce a des outils tel que les UTN (Unités Touristiques Nouvelles), sorte de dérogation aux PLU et aux SCoT permettant de construire en site vierge, nous ne devons de tous réagir. Lorsque l’artificialisation d’environ 3400 km² de paysages sauvages de l’arc alpin, convertis en pistes de ski et équipés de plus de 10 000 remontées mécaniques, tandis que de nombreuses installations sont encore en projet, cela regarde-t-il uniquement les stations de montagne ?




Retenue de la Loze à 2 275 m d’altitude à Courchevel

Capacité d’eau de 170 000 m3

Surface d’eau de 2,4 hectares

4 pompes à la Loze et 2 pompes au Biollay

L'agriculture intensive, la gestion de l'eau dans un contexte ou les projets sont bien d'augmenter les taux de couverture en neige artificielle sont aussi des sujets qui devraient intéressés le pays entier, bien au delà d'un village oû d'une station. La notion de territoires de montagne est donc bien plus vaste qu'une concertation de village. OUI bien sûr, en premier lieu, les habitants concernés sont directement impactés par les gouvernances politiques votées par ces mêmes habitants et donc par les stratégies de développement mises en place, MAIS OUI bien sûr, ces notions de territoires restreintes sont insuffisantes. L’avenir des territoires de montagne face au réchauffement climatique se situe donc bien au delà des "frontières" de la montagne.





Pensons LOCAL


Au regard des enjeux, il est impératif de se décorréler du tourisme globalement et plus spécifiquement du tourisme « tout ski ». Le plan "avenir montagnes" qui annonce un plan « quatre saisons » - compenser les pertes nées de la baisse du ski l'hiver par une exploitation renforcée des trois autres saisons - n'est probablement pas viable/souhaitable.


Ces questions doivent être vues avec tous les acteurs - associations, entreprises, politiques, habitants, touristes, agriculteurs, villages, et vallées…


Exemple avec le village de La #Clusaz qui propose une réunion publique le 27 septembre 2023 prochain afin d’échanger sur les enjeux dans ce village, il sera bien évidemment question du sujet du scandale de la retenue d'altitude de #beauregard et du moratoire annoncé mais aussi plus, puisqu’il est indiqué « Une réunion d’information, sur la vie locale, les projets et l’avenir de La Clusaz ».



Ce sujet regarde bien plus loin que la vallée des Aravis ou du village de la #clusaz au regard des enjeux globaux, comme vu précédemment (climat, aménagement du territoire, mobilité, urbanisme, tourisme, énergie, sécurité, économie, ressources, notamment l’eau )


Pour rappel, la Clusaz fait partie du groupement Annecy Mountains qui promeut Annecy, le lac, ainsi que les villages et montagnes alentours. Les stations des Aravis en font partie largement. Une sorte d’office de tourisme pour un large territoire.


Économiquement, la question de l’avenir regarde bien au delà de la vallée des Aravis et de la Clusaz puisque vivre aujourd’hui dans cette vallée où les villages des Aravis, implique probablement de travailler en vallée et/ou Genève.


D’un point de vue ressources, ce sujet concerne les territoires au delà de la #clusaz. Le bassin versant du Fier concerne 71 communes. Ce vaste territoire s’étend des montagnes de la Chaîne des Aravis à l’Est, présentant une douzaine de sommets à plus de 2000 m d’altitude, et la vallée du Haut Rhône à l’Ouest, vers Seyssel (altitude voisine de 250 m), au cœur de l’Avant-Pays haut savoyard. Si l'on capte des sources en amont, le bassin versant dans son entièreté est impacté et les cycles de l'eau sont modifiés.

-> tous les détails concernant le bassin sont ici -> https://lnkd.in/epxc-D97


D’un point de vue mobilité, regarder global est plus qu’évident.





Il est essentiel de s'imprégner et de comprendre les particularités territoriales, l'histoire et les cultures ancestrales.


Le ski sur ces territoires n'étant qu'une minuscule partie de l'histoire, comprendre le passé aide à appréhender l'avenir.

Penser local pour agir global pour comprendre la réalité d’un territoire, tout en comprenant les enjeux globaux. Les principes globaux, s'ils sont évidents, sont souvent inadaptés aux situations particulières. Et les situations particulières sont quelquefois inadaptées à la problématique globale.

Changer ou améliorer un modèle nécessite de mobiliser tous les niveaux à l’échelle du territoire, du département, de la région, de l’Etat et de l’association d’Etats : Il s'agit d'un impératif afin de ne pas créer de l'incompréhension. Magali Reghezza-Zitt explique "Alors que l'échelle multiscalaire étudie les emboîtements successifs d'échelles, l'approche transcalaire étudie plutôt l'influence des échelles les unes sur les autres". C'est bien de cela qu'il s'agit ici. https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/transcalaire


La notion de territoire, d'adaptabilité du territoire face aux enjeux du climat et tout ce que cela implique, regarde bien toutes les strates de la société et du pays, localement est globalement.


La concertation locale doit permettre de révéler l’intelligence collective en facilitant la participation de tous, la contribution et la prise en considération des usagers et des acteurs dans leurs démarches et projets.

Pensons local et agissons global !




14.09.2023 à 15:41
Valérie
Texte intégral (1063 mots)




Quel bonheur ce fut de te connaître. J’ai été heureuse. Nous nous sommes bien amusés. Mais je ne t’aime plus. Tu as menti. Je ne savais pas… Professionnellement, socialement, éduquée pour foncer, sans me retourner, j’ai finalement renoncé, rattrapée par la prise de conscience, le monde qui nous entoure, le climat…


Cher ski,

Je ne t’aime plus non plus. En tout cas plus comme avant. Depuis mes 3 ans, j’ai dévalé les pentes, en ski, de plus en plus vite, avec bonheur, sans me retourner, comme dans ma vie d’avant : chasse neige, stem, virages coupés… ce fut le pied. Je randonnais aussi à pied. La combinaison des deux me satisfaisait.

Mis à mal par le changement climatique, tu fais maintenant partie des priorités d’une minorité qui souhaite te maintenir en vie, malgré la dérive en cours. Les stations de ski n'existeront plus dans un futur plus ou moins proche. Malgré un consensus scientifique et de nombreux articles, les investissements pour conforter ton modèle continuent de plus belle. #business_as_usual

Nouveaux projets, constructions démentielles, détournement de l’eau des sources, investissements en dizaines voire centaines de millions d'euros (souvent de l'argent publics), altération des écosystèmes locaux, prolongement de la dépendance de nombreuses vallées à la mono activité du tourisme elle même dépendante d'une mono acitivité du ski, déboisements massifs, mise à mal de la biodiversité, fragilisée aujourd’hui... Cette économie qui fut salvatrice est aujourd’hui destructrice.

Tu consommes beaucoup, beaucoup, beaucoup d’eau et d'énergie. Il faut fabriquer ta matière première, la neige.

retenue d'altitude de la Loze, Courchevel

pour développer le réseau d’enneigeurs

sur la piste l’Eclipse des championnats du monde

La crise énergétique t’affecte, toi la super niche économique, pesant non seulement sur le portefeuille des promoteurs de projets, mais aussi sur celui des skieurs.

La crise environnementale, la crise sociale t’affectent, mais « ILS » te maintiennent en vie afin de profiter encore et toujours des gains importants et rapides que tu apportes. Le souci est qu’en cas d'échec, « ILS » risquent de faire sombrer l'ensemble des communautés et des habitants qui dépendent d’eux, de toi.


photo Valérie Paumier, la Clusaz le 4 janvier 2023

Ces nouvelles données climatiques devraient faire prendre conscience de s’arrêter. Observer, dialoguer, s’informer, appeler les scientifiques, inventer tous ensemble un monde où la ressource en eau et la consommation énergétique seraient rationalisées, partagées, économisées, se respecter, ne pas juger, regarder en avant, la biodiversité protégée, devraient être nos priorités.



Plus de 50 ans séparent le bébé que j’étais à la femme que je suis. 35 ans séparent l’ado que j’étais à la femme que je suis. 10 ans seulement séparent la femme que j’étais, confrontée à la prise de conscience du risque climatique et de sa dimension systémique, à la femme que je suis.

Depuis je ne cesse de penser. Ma vie, je l’ai changée. Heureuse je suis.

Forêts, animaux, silences, neige éphémère et pure, émerveillements, sources d’eau, ruisseaux, végétaux… je m’évertue à apprécier, contempler, informer, comprendre…


Chère montagne,

Je vais tenter d'argumenter au mieux pour :

  • créer un conservatoire national de la montagne et ainsi sanctuariser les glaciers, nos réserves d'eau potable,

  • oeuvrer pour une pratique raisonnée de la montagne permettant une gestion durable des ressources,

  • continuer à travailler afin d'adopter un vrai traité "transalpin" global européen sur la montagne et la préservation des écosystèmes,

  • proposer la multiplication des zones protégées,

  • continuer à sensibiliser,

  • proposer une réflexion stratégique de l'agriculture de montagne,

  • continuer à demander la mise en place de tables rondes avec les habitants afin d'apprendre de nouveaux récits,

  • poussier pour la mise en place d'un moratoire sur l'immobilier

  • penser Résilience Territoriale et donc alimentaire,

  • ...

Monter, grimper, prendre de la hauteur ou plutôt,

recevoir la hauteur, nous allons y arriver.

A mes grands-parents, à mes parents, à mes enfants. Pensées pour Sauvons le Plateau de Beauregard de la Destruction - la Clusaz et La Cluzad



13.09.2023 à 13:13
Valérie
Texte intégral (740 mots)



Les fabricants de produits de sport d’hiver ont eu de belles années. Lors des « grandes » années, un #Salomon faisait progresser les sports de montagne. Dans les années 80, Salomon est le leader mondial des équipements de sports d’#hiver ; l'entreprise est sur un nuage, à cette époque, elle est un "must" en Recherche et Développement. Dans le monde entier, elle est clairement identifiée comme la marque leader du marché de l’équipement de sport d’hiver (ski alpin, ski de fond, snowboard). Si Salomon, créée par Georges Salomon en 1947, a développé au fil du temps son identité « sports de montagne », elle a su également s’adapter aux attentes du marché et aux besoins des consommateurs. La société embraye un plan de diversification très stratégique au moment ou les marchés se tendent. Georges, visionnaire, avait annoncé le devoir de se créer un chemin vers les autres saisons. Lorsqu’on parle de Salomon, on ne peut pas ignorer l’ADN de cette entreprise : innovation, performance, qualité.Les époques changent… les tendances évoluent, la recherche et développement se doit d’être plus qu’innovante.


Le réchauffement climatique frappe.


Les acteurs de la montagne doivent revoir leur modèle économique. Les skieurs des « écuries » doivent changer, les Fédérations devraient impulser… sauf que le "business as usual" prédomine. L’an dernier, sans neige ou presque, les skieurs français s’affichaient sur les réseaux sociaux lors des courses, sur les langues de glace.

Photo Pendant la première manche du slalom géant masculin de Coupe du monde d’Adelboden, en Suisse, le 7 janvier 2023. JEAN-CHRISTOPHE BOTT / EPA / MAXPPP

L'expertise des marques françaises est reconnue mondialement, notamment grâce aux athlètes qu'elles équipent.


Mais quelle doit être la communication des athlètes quand leur sport est menacé, lorsqu’ils skient sur une neige fabriquée, que les entrainements deviennent difficiles sur les glaciers à l’agonie ?


Que peut bien « raconter » une fédération aux skieurs lorsqu’il s’agit de communiquer sur une affaire de type la #clusaz ?


Que peut bien dire une Ecole de ski à ses moniteurs ou stagiaires lorsqu’ils savent que des clients poseront la question du manque de neige ?


C’est philosophiquement que les fabricants, les Fédérations, les Comités, les écoles de ski… doivent impulser le changement.


S’il est indéniable que les produits s’améliorent, que la recherche de matériaux « propres » est un enjeu, c’est moralement que ces entreprises doivent penser. Si les fabricants de skis (Rossignol, Dynastar, Salomon, Atomic…), de bâtons, de fixations ou de vêtements nés au plus près des pistes se sont progressivement déconnectés du territoire alpin jusqu’à devenir des filiales de grands groupes internationaux, la géopolitique du ski en évolution perpétuelle a changé. L’importance de l’image de marque et des « héritages »… est aujourdhui de « fabriquer de l’innovation » morale et sociale. Il est urgent que ces entreprises s’intéressent au terrain et qu’un #mind_the_planet s’installe en vrai, sur toute la chaine de valeur et d’acteurs.



21.07.2023 à 14:22
Valérie
Texte intégral (1847 mots)


Après la lecture de l'article sur #courchevel, paru dans L'Obs le 19 juillet 2023 (lien ci-dessous), l'idée d'un récit prospectif plutôt "noir" est survenue. A lire ICI L'Obs écrit "Hallucination ou cauchemar ? Une station fantôme, dévorée par les grues, les pelleteuses, sillonnée de long en large par des camions-toupie. Des nuages de poussière, les yeux qui piquent, l’odeur de la terre. Les saccades des marteaux-piqueurs, le vroum des perceuses. De loin en loin, un ou deux badauds, perdus, craintifs, ignorant où aller. L’été, Courchevel, du moins sa station la plus emblématique, Courchevel 1850, ressemble à une ville anéantie par je ne sais quelle tornade, je ne sais quel Tchernobyl.

Les palaces (Cheval-Blanc, Les Airelles) ? Fermés ou en travaux. Les restaurants étoilés ? Les boutiques de luxe (Fendi, Gucci, Chopard) ? Fermés ou en travaux. Les chalets des ultra-riches ? Vides ou en travaux. Sur la devanture des magasins Vuitton, ce message : « Nous serons ravis de vous revoir en décembre 2023. » Cela semble irréel (...)"

J'ajoute, à la manière d'une fiction : Février 2050 « Où est le tourisme 4 saisons ? Où sont les plans pour se décorreler d’un tourisme de masse haut de gamme ? Où sont parties les subventions ? Dans la décarbonation ? Le tourisme 4 saisons ? Un doux rêve, une vision imaginée dans des salons parisiens avec l'aide des lobbies du ski. Un rêve irréalisable et non viable, poussé par certains, afin de faire croire qu'ils travaillaient à l'après tout ski, à la transformation du modèle... Idée bien loin des réalités.


L’argent et les subventions pleuvaient encore il y a peu pour perpétuer ce modèle du tout ski, modèle obsolète qui ne tenait plus depuis longtemps. Alors que :

  • les Alpes se réchauffent plus vite que la moyenne planétaire (déjà +2,5 degrés en Suisse en 2023 contre +1,1 degrés ailleurs),

  • les jours de gels rares,

  • les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses,

  • l'isotherme 0 degré toujours plus haut en altitude,

  • le pergélisol réchauffé et se dégradé,

  • le nombre de jours de neige presque inexistants,

  • les cycles de l'eau intensifiés,

  • les glaciers presque disparus, avec eux, notre eau potable menacée,

  • ...

Alors que, toutes les régions de montagne étaient affectées par les conséquences du réchauffement climatique, dû aux rejets de gaz à effet de serre par les activités humaines, tout a continué.


Alors que, on le savait, la dépendance à la mono-cible du tourisme, elle même ayant une mono-cible tournée vers le ski, couplée à ce tourisme mono ciblé vers les ultra riches était dangereux. Les Russes ayant une double nationalité sont encore venus un petit moment durant la guerre mais se faisaient discrets, les Ukrainiens également. Les touristes du Golfe passaient dépenser sans skier. Les Brésiliens et les Anglais étaient ciblés. Ils « carbonaient » tous à fond. Jusqu'à très récemment, la Région Rhône-Alpes octroyaient des subventions afin que les exploitants, les élus de montagne achètent des canons à neige, construisent des retenues d'altitude remplies par captage des sources et des torrents qui alimentaient aussi les villages en eau potable. Les départements aveuglés par l'or blanc, abondaient d'autant. Les promoteurs immobiliers et les banques, rassurés, continuaient de plus belle. Constructions d'hôtels 5 étoiles par ici, rénovations haut-de-gamme d'immeubles en y ajoutant des spas, des piscines, des douches sensorielles imitant le bruit de la jungle par là... Artificialisation, défrichement de forêts entières, assèchement de torrents, constructions de golfs, aménagements pour pratiquer le ski nautique à 2000 mètres dans des retenues d'eau prévues pour l'enneigement artificiel, rêves de projets de dômes couverts à 2000 mètres pour skier toute l'année, pollutions... tout cet arsenal existait et était financé par les deniers publics. Les habitants, incapables de se loger fuyaient.


Les locations très onéreuses et les achats dans les boutiques de luxe durant quelques semaines en hiver permettaient à quelques-uns de tenir. En Août 2023, il fut même proposé d'organiser des Jeux Olympiques d'hiver "durables" pour 2030 dans les Alpes du Nord, en partenariat avec les Alpes du sud. Projet porté afin de péréniser " une formidable opportunité de poursuivre l’élan des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ", notamment au regard de la question écologique. Il fut annoncer « Ensemble, nous devons imaginer » des Jeux « du futur dans le contexte du réchauffement climatique », « des Jeux qui favorisent les transitions dans le monde de la montagne, des Jeux économes et des Jeux populaires ».


Mais qu'était la définition de Jeux "durables" dans la bouche de politiques qui, en octobre 2021 avaient annoncé en plan montagne "durable" justement, en proposant d'installer des lampes LED dans les villages, des panneaux photovoltaïques sur des enneigeurs et en investissant dans des dameuses à hydrogène.


Ou sont donc aujourd'hui les « habitants » et les touristes de Courchevel ? En vallée ? Ou sont les exploitants des hôtels 5 étoiles ? Ceux qui, l'hiver était en station et qui l'été, étaient dans leurs établissements de bord de mer ou bord de lac d’Annecy ; établissements d'été qui eux mêmes étaient fermés fin octobre afin de remonter tout ce petit monde de l’exploitation de la montagne « pour la saison hivernale» ?


#courchevel à la dérive, comme d'autres stations et d'autres villages


Les comptes dans le rouge, des malversations à la pelle, des infrastructures lourdes afin de garantir, non pas la neige pour skier, mais du ⚪️ BLANC parce que ça faisait « joli » ne sont plus que des friches. Comme un Disneyland du mauvais goût. Comme un Las Vegas de la montagne abondonné.


La station était à la mode. La station où certains habitants devenus riches se posaient plutôt la question de « combien du vas ? » plutôt qu’un « comment tu vas ? » n’est plus. On slalomait en bottes de neige à vraie fourrure à Courch', entre les boutiques de luxe. La plupart appartenait au groupe LVMH : Dior, Bulgari, Vuitton, Fendi, Hublot, Loro Piana… Elles côtoyaient Cartier, Boucheron, Hermès, Chanel, Prada. Avec ses palaces, dont un propriété de Bernard Arnault, ses huit restaurants étoilés et ses luxueux chalets loués avec piscine, night-club et chef cuisinier, Courchevel 1850 étaient devenu, en hiver, une vitrine du luxe au monde.

Les petites soeurs, villages stations d'autres vallées rêvaient de copier et égaler Courch'.


Les Russes ou les émirs du Golfe, les richissimes investisseurs ont acheté Courchevel comme ils l’ont fait avec les équipes de foot… ils sont partis un jour sans regarder derrière… la casse est là. Ni les élus locaux, ni les politiques publiques, ni les habitants à qui l’on mentait, ne regardant que le gain à court terme, n’auront anticipé ou planifié une autre vision pour ce territoire qui méritait mieux.


Les habitants du Golfe sont à Neom, les Russes dans le Causase. Les Européens ne peuvent plus se payer #courch’. Des quotas carbone restreignent la clientèle lointaine à remplir des logements sur-équipés. Depuis longtemps, la clientèle dite de proximité ne peut plus s'offrir ce type de séjour.


L’avion vert, doux rêve, n’est jamais devenu réalité à temps. Dommage pour une station qui, en 1945, via le conseil général de Savoie ambitionnait un développement économique afin d'offrir des loisirs à prix modestes pour rendre la montagne accessible à tous. Dommage de ne pas avoir envisagé une vraie Resilience Territoriale dans les années 2020 ou même avant, lorsque la cour des comptes, en 2018, intitulait déjà son rapport "Les stations de ski des Alpes du nord face au réchauffement climatique : une vulnérabilité croissante, le besoin d’un nouveau modèle de développement ". Les professionnels du tourisme, les habitants, les agriculteurs, les investisseurs, les associations, les politiques se seraient tous assis autour des tables de discussions, auraient inventé une histoire vivable et pour le coup "durable" pour leur territoire. On parlerait aujourd'hui d’un village qui aurait gardé ses habitants et qui en aurait gagné, serait décorrélé de ce tourisme mono ciblé, où il aurait fait bon vivre toute l’année, avec des forêts, stocks stratégiques de carbone, préservées, des terres agricoles sublimées devenues greniers à grains des vallées, une activité économique de proximité se serait créée. L'entraide et la solidarité seraient les maitres-mots, l'empathie serait une manière de vivre, normale ".







15.03.2023 à 11:55
Valérie
Texte intégral (990 mots)



Sources images Valérie Masson Delmotte - Directrice de recherche CEA au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement, coprésidente du groupe no 1 du GIEC depuis 2015 "Les territoires de montagne se caractérisent par leur plus forte sensibilité au changement climatique, par la richesse de leurs espaces naturels, ainsi que par l’importance de l’élevage et du tourisme, secteurs très impactés par la transition écologique", le #shiftproject. -> https://theshiftproject.org/les-cahiers-territoires/


️ Des outils existent pour transformer l'économie de montagne, ils sont gratuits, ils sont en lignes, ils sont vrais et de grande qualité.


Evidemment il existe des spécificités territoriales et des adaptations à penser mais, très globalement, ces outils peuvent servir.


On les trouve ici dans le dossier de The Shift Project "comment transformer nos territoires - MONTAGNES"


-> Cahier Montagne


Le #shift explique « Rendre chaque territoire résilient – c’est-à-dire le transformer, pour anticiper les crises et mieux les affronter – doit devenir un objectif prioritaire des responsables politiques locaux. La dérive climatique menace l’ensemble de nos concitoyens » dans ce cahier pédagogique

-> Cahier territoires


‼️ Mais alors, qu'est ce qui bloque


Probablement de fortes croyances :

  • les solutions technologiques qui « sauveront » ce modèle,

  • la possibilité de déssaniliser l’eau,

  • faire tomber la neige,

  • developper une aviation verte afin de préserver le tourisme de masse tel qu’il est,

  • toute puissance technologique qui permettrait de trouver cette #energie peu onéreuse afin de ne rien changer

  • géo-ingénierie qui ferait pleuvoir, cacherait le soleil à la demande


✈️ “Volant au-dessus des nuages, l’appareil a largué des fusées qui ont brûlé en descendant, libérant des traînées d’iodure d’argent qui ont entraîné la formation de cristaux de glace, et la chute de neige sur les montagnes.”

-> Source courrier International


❄️Pour faire la neige, des canons à neige permettent de fabriquer la neige à température positive.


MAIS Hugues François , ingénieur à l'Inrae explique aux « Echos » être perplexe devant ces nouveaux canons à neige : « La question fondamentale reste la disponibilité de la ressource en eau. » Dans l'hypothèse de couvrir 45 % des pistes en neige de culture d'ici 2050, l'étude a montré que les besoins en eau augmenteraient de l'ordre de 40 % "

️ Vont ils faire pleuvoir ❓Neiger❓

-> article Les Échos


Les responsables politiques et économiques parient sur l'innovation technologique comme principal levier de diminution de nos émissions de gaz à effet de serre. Ce choix risqué sera pourtant peu efficace, les scientifiques le disent.

Mais quel est le poids de la parole scientifique quand ceux ci sont quelquefois intéressés aux profits mercantiles (j’ai travaillé dans l’Industrie du tabac, oui je sais c’est mal), ou lorsque l’économie prime sur cette parole scientifique ?


"Le techno-optimisme bloque toute action sérieuse" Jean-Marc Jancovici

-> sur france info, la technologie va-t-elle sauver le climat ?



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