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Olivier ERTZSCHEID

Maître de conférences en sciences de l'information

▸ les 10 dernières parutions

29.10.2024 à 16:24

Aux Utopiales (ce jeudi 31 Octobre)

Olivier Ertzscheid

Lire la suite (225 mots)

J’aurai le plaisir d’être de nouveau présent aux Utopiales cette année, le Jeudi 31 Octobre, de 11h45 à 12h45, pour une intervention autour du thème « Quelles harmonies en ligne ? »

Vous pourrez ensuite me retrouver dans le plus grande librairie de science-fiction d’Europe, de 13h30 à 14h30 pour assister au décès de ma carte bleue une dédicace de mon dernier ouvrage, « Les IA à l’assaut du cyberespace. Vers un web synthétique. »

 

19.10.2024 à 10:55

Dancing Trump. L’invention de la Beat Politique.

Olivier Ertzscheid

Texte intégral (620 mots)

Il y a eu ces dernières heures beaucoup de reportages interrogatifs, perplexes et essentiellement moqueurs autour du dernier meeting de Trump dans lequel il a littéralement passé près de 40 minutes à envoyer de la musique après avoir expédié quelques éléments de discours de campagne. Quel candidat à la présidentielle se transforme en DJ ou lance des playlists lors d’un meeting de campagne ? Le cas semble en effet inédit à cette échelle. On peut bien sûr s’interroger et s’inquiéter (Trump est en lui-même une source perpétuelle de questionnements et d’inquiétudes) mais on peut aussi y voir une forme de confirmation. Trump ne s’adresse plus qu’à la pulsion. Et son public vient au spectacle pour écouter. Il ne s’agit plus de mots mais de battements. Le discours politique est vide, les mots de la politique ne sont plus qu’un préliminaire et un prétexte littéral à des sons. Il ne s’agit plus de communiquer mais de communier. Ou plus exactement de faire de la communion la forme ultime et seule légitime de communication (politique).

Christian Salmon a théorisé en 2007 l’ère du Storytelling (en politique notamment et pour les campagnes présidentielles américaines précisément), il a ensuite fait la même chose des années plus tard avec l’ère du Clash au regard là encore notamment de différentes personnalités élues comme Trump mais également Bolsonaro, Milei et malheureusement tant d’autres. L’ère du clash et de ce qu’il appelle « un âge post-narratif« .

Nous voici en 2024 et Trump en campagne passe donc essentiellement de la musique. Après le Storytelling, après le Clash, voici peut-être donc une nouvelle ère, celle de la Beat Politique. Une politique pulsionnelle, qui ne donne plus à voir ou à penser mais juste à écouter, une politique du BPM, du battement par minute.

Si la place de la musique (et des artistes du domaine) est tout sauf nouvelle en politique et dans les meetings de campagne, si ces derniers sont toujours rythmés par de la musique en ouverture et en clôture, ce que fit Trump l’autre jour demeure inédit. Tout comme est inédite, par exemple, la capacité virale de mobilisation d’une artiste comme Taylor Swift, dont Trump à fait l’une des premières de ses adversaires dans la course à la Maison Blanche. Beat Politique encore. Qui s’inscrit dans un âge crépusculaire de spectacularisation.

Dancing Trump.

 

09.10.2024 à 16:32

Bibliothèques et IA : enjeux, impacts et usages.

Olivier Ertzscheid

Lire la suite (278 mots)

A l’invitation de l’ABF, je serai demain matin (10 Octobre) à Angers pour une journée thématique de formation sur l’IA dans le monde des bibliothèques.

J’y présenterai la conférence introductive de la journée pour (tenter de) démystifier et clarifier ce que l’on met derrière ce terme d’Intelligence Artificielle et quels sont ses principaux enjeux, notamment au regard des missions des bibliothèques (mais pas que)

J’aurai avec moi quelques exemplaires de mon dernier ouvrage, « Les IA à l’assaut du cyberespace« , qui seront disponibles à l’achat (et à la dédicace bien sûr 🙂

Le programme est disponible en ligne.

[mise à jour] Ma présentation est disponible en ligne.

06.10.2024 à 14:37

On n’attend pas Patrick Hetzel, le ministre fossoyeur.

Olivier Ertzscheid

Texte intégral (2963 mots)

Patrick Hetzel, le nouveau ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche est un homme de droite, un vrai, c’est à dire quelqu’un qui se soucie d’abord de lui, puis un peu de ses proches, puis à la rigueur de son pays, et enfin du monde. En résumé il a soutenu François Fillon. En moins résumé il s’est battu contre l’ensemble des sujets de progrès social (mariage pour tous, allongement du délai d’accès à l’avortement, accès à la procréation médicalement assistée, loi sur la fin de vie et le suicide assisté, etc.)

On le voyait bien arriver, ce moment là, mais nous, clairement, on n’attendait pas Patrick.

Et il aura suffi de deux expressions publiques (sur X) de ce nouveau ministre fossoyeur pour comprendre à quel point le fracas qui était attendu va s’accélérer comme jamais auparavant et terminer peut-être définitivement la conception que nous avons de l’université publique, de ses valeurs et de son rôle dans la cité.

En plus de l’immensité des casseroles qui font de sa nomination à ce poste l’équivalent de l’arrivée d’un homéopathe au ministère de la santé ou d’une hémorroïde sur un Tiramisu, les premières expressions publique de Patrick Le Fossoyeur Hetzel, n’ont comme feuille de route que la définition d’une nécro-politique explicite et assumée, déclenchant à sa lecture la seule et unique réaction possible dans ce cadre, et qui est parfaitement résumée dans cette vidéo de 32 secondes. Ou plus brièvement ci-dessous.

 

Par-delà ses génuflexions gênantes adressées dès le 5 Septembre à Michel Barnier et en plus de faire caviarder par son cabinet les informations pourtant factuelles de sa page Wikipedia conjuguant ainsi avec une dextérité rare le pathétique de situation au ridicule de condition, Patrick Le Fossoyeur Hetzel s’est donc fendu de deux déclarations politiques via son compte X.

La première est celle ci-dessous et confirme – entre autres – sa névrose obsessionnelle autour du fantasme de l’islamo-gauchisme à l’occasion de la date du 1er anniversaire des massacres terroristes du 7 Octobre.

 

Indépendamment des circonstances de ce macabre anniversaire, et sachant à l’avance qu’il ne se passera rien d’autre demain que quelques sporadiques (et légitimes) manifestations étudiantes contre la politique de Netanyahu et le massacre du peuple palestinien et désormais aussi libanais, il demeure tout à fait singulier que la première déclaration politique du ministre aux présidents et présidentes d’université soit à ce point soluble dans celles du monomaniaque ministre de l’intérieur et appelle au « maintien de l’ordre public » … Tout comme il est consternant de s’égarer à ce point en confondant le fait et le devoir réel desdites universités de garantir la diversité des opinions plutôt qu’un « principe de neutralité » dont on perçoit bien la dimension torcheculatoire que le ministre Patrick Le Chloroquinien Hetzel lui porte.

Quand tu t’es tellement mis à genou pour avoir le poste qu’au moment où tu te relèves enfin, il reste des traces.
(Morceau de photo emprunté à

Vient alors la première expression réellement programmatique de Patrick Encore Pire Que Vidal Hetzel. Et là, là, mais alors là, autant ça fait déjà 15 ans qu’on se fait bien démarrer par les ministres successifs au poste, autant là l’enjeu est clairement de nous terminer. Quand je dis « nous » je parle bien sûr de l’université et de la recherche publique et de toutes celles et ceux qui s’efforcent de la garantir précisément contre l’ensemble des directives et décisions de leurs ministères de tutelle.

Cette déclaration programmatique la voici, en date du 4 Octobre 2024.

Je vous explique et décrypte (vous allez, voir, c’est facile).

Déjà sa première communication et visite publique est adressée aux recteurs et pas aux présidents et présidentes d’université, qui pourtant ont achevé d’essorer le torchon sur lequel séchait le peu de dignité qui leur restait en se « réjouissant » de l’arrivée de Patrick Le Terminator Hetzel. Ce qui n’est pas sans poser question quand on sait le niveau de déficit (et de quasi-faillite) de désormais plus de 60 universités sur les 74 que compte l’hexagone, quand on sait également qu’elles étaient 15 en 2022, 30 en 2023, et donc 60 en 2024 à voter un budget initial en déficit. Et quand on sait que passé un certain niveau de déficit les universités sont automatiquement « mises sous tutelle », et sous tutelle de qui ? Bingo ! Des recteurs. Limpide vous dis-je.

En 4 ans de politique d’autonomie à marche forcée, en 4 ans d’abandon par les politiques publiques de l’enseignement supérieur et de la recherche, en 4 ans de refus de créer les postes et les financements récurrents nécessaires, nous sommes donc passés d’une quinzaine d’universités à plus de soixante qui sont littéralement au bord du gouffre. Nous sommes des milliers à alerter, quotidiennement, à lutter, pied à pied, et ce depuis déjà bien plus de 10 ans face à ce que chacun sait être un inéluctable si rien ne change. Et les 4 dernières années, en nous donnant raison nous poussent à l’épuisement de la volonté et à la colère et à la rage qui seules permettent encore de limiter nos résignations et nos abattements.

Car voilà ce que désigne le fait de « voter un budget initial en déficit » : cela veut dire que le nombre de vacataires et de contractuels explose et que l’essentiel de ces postes (sans lesquels aucune des 74 universités ne peut fonctionner) sont financés sur « ressources propres », c’est à dire soit via les ressources de l’apprentissage (qui sont chaque année de plus en plus aléatoires), soit en coupant d’autres lignes budgétaires pourtant essentielles (par exemple en fermant des formations ou en diminuant les heures d’enseignement nécessaires) ; cela veut dire aussi que la gestion bâtimentaire devient un coût littéralement insupportable qui implique soit  – au mieux – de la vente à la découpe, soit du délabrement programmé (gestion bâtimentaire qui revient aux universités depuis la saloperie de LRU imaginée par Patrick Sa Mère en Tongs Hetzel et mise en oeuvre par son double féminin en charisme et en soutien des politiques publiques à savoir Valérie Pécresse).

C’est tout cela et bien d’autres choses encore que recouvre le fait que plus de deux-tiers des universités françaises votent des budgets initiaux en déficit. Cela signifie que dans 10 ans au plus tard et à ce rythme, 60 de ces 74 universités seront en totalité ou en partie fermées : on commence par exemple à voir revenir l’idée de fermer leurs antennes délocalisées en région qui sont pourtant, pour les étudiant.e.s et leurs familles, un maillage essentiel de la possibilité d’accéder aux études supérieures. Ou si elles ne sont pas fermées, alors elles n’auront absolument plus rien à voir avec des universités puisqu’on en aura amputé certaines de leur fonction de recherche, d’autres de leur fonction de formation en premier cycle, et qu’à la fin, et avec le levier qui reste le dernier à activer, c’est à dire celui de l’augmentation des frais d’inscription, il n’y aura plus rien qui distinguera l’essentiel des universités françaises des écoles et formations privées qui pullulent actuellement sur tout le territoire en absorbant au passage les financements dévolus à l’enseignement supérieur public. Ecoles parasites dont Patrick J’aime Les Ecoles de Commerce Hetzel est par ailleurs issu. Il n’y a pas de hasard.

Et donc face à la réalité de 60 sur 74 universités au bord du gouffre, il dit et propose quoi Patrick The Apprentice Hetzel ? Trois choses :

  1. « Adapter les formations »
  2. « Accroître l’autonomie »
  3. « Renforcer l’investissement public-privé »

Reprenons donc dans l’ordre.

« Adapter les formations » cela veut dire les adapter à la vision qu’a le MEDEF du marché de l’emploi, c’est à dire à ses seuls besoins. Concrètement cela veut dire fermer les filières identifiées comme « non-rentables » (cela a déjà malheureusement commencé).

« Accroître l’autonomie« , cela veut dire que vous pouvez relire le paragraphe ci-dessus. 60 des 74 universités en France votent des budget en déficit du fait de la mise en oeuvre de cette fameuse « autonomie », et Patrick Dark Vador de chez Wish Hetzel a comme seule ambition de faire basculer les 14 restantes. Il aura alors les mains libres et ne verra plus en face de lui que des nuques baissées prêtes à se soumettre.

« Renforcer l’investissement public-privé« , là c’est encore plus facile à comprendre vu que l’on a au moins 20 ans d’expérience en la matière dans l’ensemble des services publics, de l’université à l’hôpital : « renforcer l’investissement public-privé » cela veut juste dire diminuer la part des financements publics. C’est à dire, laisser les gens crever en les privant de soins, d’éducation, et de possibilité d’émancipation intellectuelle ou sociale.

Les trois priorités de Patrick Charisme d’Huître Hetzel, cela s’appelle simplement une déclaration de guerre, un plan de destruction massif de l’université française, de ses valeurs et de sa place dans la société. Cela concerne plus d’un million six-cent mille nouveaux étudiants et nouvelles étudiantes chaque année, et leurs familles. Dont accessoirement beaucoup continuent de crever de faim et de s’entasser dans les distributions alimentaires d’universités devenues autant de succursales des restos du coeur. Cela concerne près de 90 000 enseignants et enseignantes et chercheurs et chercheuses et leurs familles. Et l’immensité des post-doctorants et post-doctorantes qui ne trouveront jamais un putain de poste dans l’université publique malgré leur immense expertise et tout ce qu’elle pourrait apporter à notre société. Cela concerne près de cent trente-trois mille personnels techniques, administratifs et de santé (les « BIATSS ») qui s’épuisent à colmater les brèches avec un sens du service public de plus en plus rare et pour des salaires indignes et des conditions de travail de plus en plus difficile. Cela concerne enfin plus de centre trente mille vacataires et leurs familles, une armée de précaires payés une misère et qui est devenue, contre toute attente, contre toute logique et contre toute cohérence, le premier contingent de l’université publique.

Mais Patrick Rien à Foutre des Autres Hetzel lui, il a un plan : adapter les formations, accroître l’autonomie, et renforcer l’investissement public-privé. Et chasser les islamo-gauchistes.

[Mise à jour du 12 Octobre] Patrick J’aime Bien Les Fachos Hetzel a d’ailleurs choisi de faire sa première rencontre avec les syndicats étudiants en allant s’afficher avec l’extrême-droite de l’UNI. C’est tout à fait inédit. Tout à fait consternant. Tout à fait inquiétant. Comme le souligne la lettre « C’est Pol » de Libé :

Du côté de la gauche, la sénatrice PS Laurence Rossignol a quant à elle ironisé : «C’est trop bête que le GUD ait été dissous, il aurait pu faire un petit crochet pour aller aussi les embrasser.» Comme l’a souligné le HuffPost, ce rendez-vous n’était pas à l’agenda public du ministre. Reste à savoir pourquoi Hetzel a jugé bon de s’afficher à l’UNI, qui n’avait pas eu un tel honneur depuis des années et est quasi absent des instances représentatives du milieu universitaire.

[Mise à jour du 12 Octobre]

Faut partir Patrick. C’est la seule chose que l’on attend. La seule.

 

 

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