À bien les regarder, les êtres humains ne sont totalement innocents que lorsqu’ils dorment et lorsqu’ils lisent. Dans le premier cas, où ils sont détachés d’eux-mêmes, c’est juste un état ; dans le second, où ils s’oublient, c’est un luxe, acquis au prix d’un effort d’abstraction. La musique et la peinture, simples ondes électromagnétiques, touchent directement l’émotion, mais pour pénétrer le stock d’univers artificiels portatifs que sont les livres, les lecteurs
D’où vient le vent de contestation qui souffle sur le Parlement européen ? Le 9 octobre, Ursula von der Leyen a survécu à non pas une, mais deux motions de censure distinctes. La première était introduite par les Patriotes pour l’Europe, une fédération européenne de formations politiques d’extrême droite pro-Kremlin, tels que le FPÖ autrichien, le Vlaams Belang belge, Vox en Espagne mais aussi et surtout le tandem formé par le Fidesz de Viktor Orbán et le Rassemblement national
En septembre 2025, Philippe de Villiers, l’inventeur du parc d’attractions et de spectacles du Puy du Fou, devenu plus récemment auteur de best-sellers nationalistes célébrant la France et ses racines chrétiennes, a lancé une pétition pour que soit organisé un référendum sur l’immigration. Autrement dit, un référendum en faveur d’une « remigration », pour mettre fin au « grand remplacement » de la population française « de souche », soit sauver la France de l’islamisation
« L’utopie vivante du Théâtre du Peuple1 » et sa devise « par l’art et pour l’humanité » ont été entretenus par tous les successeurs de Maurice et Camille Pottecher, fondateurs de ce singulier festival au sein de l’étonnant théâtre en bois qui attire, depuis treize décennies, des milliers de spectateurs dans le petit village vosgien de Bussang. Cette longévité miraculeuse a été fêtée, en cette année 2025, sous les auspices de la « jubilation » - ainsi que l’artiste
L’autre vie est possible, plus loin, mais l’autre vie, à un chien près, ne sert à rien. Partout les roulettes de caddie font le même bruit. Plus loin, nuit et jour reposeraient l’un sur l’autre, pareil. Là-bas, c’est périr calmement en cherchant la lumière. Ici, c’est crever brutalement, les yeux dans la lune. Ariel Kenig, La Pause, Paris, Denoël, 2006. La Pause, d’Ariel Kenig, confronte deux imaginaires du travail. Le père, ouvrier, habite le travail comme promesse collective.
J’ai rencontré Gérard Chaliand en février 2018, par hasard. J’étais encore étudiant. Alors que mes camarades et moi cherchions une personnalité à inviter pour notre colloque de master, j’avais suggéré son nom après un désistement. Je découvrais pourtant à peine ses travaux, mais son écriture, avec ses aphorismes serrés, me plaisait. Gérard répondit favorablement à notre invitation. Je le découvris donc quelques semaines plus tard, avec sa casquette sur les yeux et son blouson