The Return of the Native de Thomas Hardy était le roman préféré d’un de mes amis sculpteur – mon ami le plus cher. Souvent, il évoquait son prologue qui décrit la lande. C’était le personnage principal, disait-il, un paysage devenu visage. De ce premier chapitre, je ne connaissais que le titre qu’il citait parfois quand on se revoyait après quelque temps : « A face on which time makes but little impression ». Régulièrement, j’ai promis de le lire et, toujours, j’en étais
À quoi reconnaît-on que quelque chose est en train de changer dans les mentalités communes ? Quel est ce travail intérieur, cette maturation longtemps invisible, qui transforme peu à peu l’image qu’une société se donne d’elle-même et de son chemin, créant les conditions pour que la survenue d’un événement, quel qu’il soit, en infléchisse alors radicalement le cours ? Les historiens comme les sociologues se méfient de la notion de « signal faible », qui n’est souvent
La commémoration du génocide des Tutsi, trente ans après, s’est déroulée dans une conjoncture politique inédite, mais prévisible, et en partie programmée. Trois ans ont passé depuis le Rapport Duclert en France et le Rapport Muse au Rwanda, qui évaluaient le rôle de la France au Rwanda de 1990 à 19941. Le premier avait presque créé la surprise en concluant à des « responsabilités lourdes et accablantes » de la France, mais sans retenir la complicité de génocide. Le second
Au lendemain d’élections européennes marquées par la percée spectaculaire du Rassemblement national, la division profonde d’une gauche affaiblie et surtout l’effondrement du camp présidentiel, la messe semblait dite. Le 9 juin 2024 aurait dû entériner la fin du macronisme et le début de la préparation de la prochaine élection présidentielle.Il entre rarement dans les intentions d’un homme public de vouloir se faire oublier. C’est encore moins le cas chez Emmanuel Macron que
Ces deux derniers mois, le cycle politique qui s’est ouvert avec la large victoire du Rassemblement national (RN) lors des élections européennes, poursuivi avec la dissolution de l’Assemblée nationale et enfin achevé avec les élections législatives a marqué un tournant dans l’histoire de la Ve République. Nous sommes entrés dans une période d’incertitude, où l’instabilité politique aura probablement pour effet, à court terme, de renforcer l’attrait de la « promesse d’ordre »
Le Cercle des poètes disparus (1989), film culte de Peter Weir, fait un retour inattendu au théâtre1. Le succès du film avait été impressionnant, alimenté par l’espoir qu’un professeur exalté pourrait, grâce à son charisme, résoudre les difficultés de l’enseignement, si seulement l’institution le laissait faire. Il faut dire que le message, appuyé, était aussi séduisant que simpliste : Carpe diem, disait le démiurge, et les adolescents de répondre par un O Captain! my Captain!