Selon des sources diplomatiques consultées par le Grand Continent, plus de dix pays — parmi lesquels l’Allemagne et l’Italie, soit deux des principaux exportateurs européens vers les États-Unis — avaient exprimé leur soutien à l’accord avec Donald Trump en amont de l’annonce, dimanche 27 juillet.
Ces positionnements sont similaires aux prises de parole publiques depuis l’annonce de l’accord, dimanche 27 juillet.
Ainsi, la plupart des dirigeants et ministres de l’Économie des États membres ayant pris la parole publiquement depuis dimanche 27 ont témoigné de leur « soulagement » d’être parvenus à un accord, bien qu’ils soient nombreux à souligner que celui-ci n’est « pas idéal ».
La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a ainsi déclaré lundi 28 juillet que l’accord était « positif », bien que les détails devaient encore être « peaufinés ».
Depuis Addis-Abeba, elle a ajouté : « Nous devons vérifier les exemptions possibles, notamment pour certains produits agricoles. Il manque plusieurs éléments, tout comme je ne sais pas à quoi ils font référence lorsqu’ils parlent d’investissements et d’achats de gaz. Je ne peux pas me prononcer tant que je n’ai pas de données claires ».
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez partage la même position, celui-ci ayant fait savoir « soutenir l’accord commercial » mais « sans enthousiasme ». Le chancelier allemand Friedrich Merz souligne quant à lui que l’accord permet « d’éviter un conflit commercial qui aurait durement touché l’économie allemande, fortement orientée vers l’exportation ».
Merz a toutefois ajouté hier, lundi 28 juillet, que l’économie allemande « subira des dommages considérables en raison de ces droits de douane ». Selon le Kiel Institute, avec une perte de 0,13 point de PIB, l’Allemagne serait l’État membre le plus impacté par l’accord.
Ces déclarations contrastent avec la position de la France et de la Hongrie, les deux seuls États membres dont les dirigeants ont clairement déclaré y être opposés.
Dans les heures ayant suivi la conférence de presse de Trump et von der Leyen, le Premier ministre français François Bayrou a dénoncé « un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission ».
Plusieurs membres du gouvernement français comme le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, ou le ministre de l’Industrie et de l’Énergie Marc Ferracci ont quant à eux adopté une ligne plus conciliante, reconnaissant la « stabilité » que l’accord apportera.
En Hongrie, le Premier ministre Orbán a eu les propos les plus durs à ce jour vis-à-vis de la présidente de la Commission en déclarant : « Ce n’est pas Donald Trump qui a conclu un accord avec Ursula von der Leyen, c’est Donald Trump qui a mangé Ursula von der Leyen au petit-déjeuner ».
Notre série d'été Grand Tour pose ses valises en Italie.
Sur les pas de D'Annunzio, des Agnelli et de Thomas Mann, l'écrivain Edoardo Nesi (prix Strega 2010) a fait de Forte dei Marmi son lieu de villégiature unique — au point de développer une douce obsession.
Pour son extraordinaire assiduité et sa fidélité à la ville, le maire l'a fait citoyen d'honneur de la cité balnéaire.
En nous racontant la recette d'un Martini magique, les gloires passées d'une boîte de nuit déchue, les villas légendaires, les très longues plages, Nesi nous dévoile l’usage de l’été sur la côte toscane.
Comme chaque année, nous vous invitons dans notre série estivale iconique à explorer le rapport d’affinité entre des personnalités et des espaces géographiques où elles ne sont pas nés ou qu’elles n’ont pas vraiment habités — et qui ont pourtant joué un rôle crucial dans leur trajectoire intellectuelle ou artistique.
Edoardo Nesi, vous êtes citoyen d’honneur de Forte dei Marmi. Qu’est-ce que cela signifie ?
Depuis ma naissance, il n’y a pas un été que je n’ai pas passé à Forte dei Marmi. Pas un seul.
Il y a quelque temps, je me suis amusé à faire un calcul très approximatif du temps que j’y avais passé en incluant non seulement les étés, mais aussi les week-ends de Pâques, d’automne et de printemps et les quelques réveillons. Il s’avère que j’avais vécu à Forte un peu plus de sept ans de ma vie — peut-être les meilleures… Aujourd’hui, nous en sommes certainement à huit.
Après Storia della mia gente, dans lequel je parlais de Forte dei Marmi et de ma vie, le maire de l’époque, Umberto Buratti, m’avait fait fortemarmino honoraire. C’est quelque chose qui me tient à cœur. J’aimerais être un vrai fortemarmino et, d’une certaine manière, je le suis déjà un peu.
La cérémonie de remise du titre s’est déroulée à la Capannina, en présence de Fabio Genovesi 1, l’enfant chéri de Forte dei Marmi.
Le légendaire serveur Cipollini m’avait apporté un Martini pendant la présentation, comme il en avait l’habitude à l’heure de l’apéritif.
Je peux vous assurer qu’il est peu courant de boire un Martini au cours d’une cérémonie — et que, par la suite, la perception des choses s’en trouve profondément modifiée. C’était un Martini sec, glacé, délicieux, préparé par Alfredo, le barman emblématique de la Capannina. C’est l’une des beautés de Forte dei Marmi : l’excellence des personnes que l’on y rencontre.
Sont-ils excellents en tant que personnes ou en tant que professionnels ?
Ce sont des professionnels qui n’ont pas leur pareil dans leur travail, mais ce sont aussi des gens formidables.
Le2 Forte dei Marmi est un endroit où l’on rencontre des personnes uniques, mais il faut les découvrir par soi-même, comme le barman de la Capannina, qui préparait un Martini comme aucun autre barman au monde — je peux vous l’assurer.
C’était important pour moi, en fin de soirée, après une journée à la plage, de revenir à une consolation alcoolique.
Edoardo Nesi
Il avait ses propres règles.
Il ne mettait pas d’olive dedans et ne vous offrait pas le lemontwist, le citron pressé ; il vous faisait votre Martini dans un petit verre avec du Tanqueray et uniquement avec du Tanqueray.
Même lorsqu’il faisait 40 degrés, Alfredo prenait le gin sur l’étagère à température ambiante, prenait la glace, très sèche, très dure, tournait le tout quatre, cinq, six fois et vous servait le cocktail, glacé.
Une sorte de tour de magie ?
Une fois, il m’a expliqué sa méthode.
Il avait un gobelet plein de glace dans lequel il mettait le gin et, à l’aide d’une cuillère, il commençait par une extrémité et le tournait d’un seul coup, de sorte que les glaçons ne s’entrechoquent pas en tournant ; de cette manière, aucune eau n’était libérée, ce qui aurait sinon dilué le Martini. La glace gèle ainsi le gin sans le diluer.
En somme, oui : de la magie.
C’était important pour moi, en fin de soirée, après une journée à la plage, de revenir à une consolation alcoolique.
Tout cela se passe plutôt en été ?
J’y vais aussi en hiver, et même au printemps.
À Forte dei Marmi, chaque saison a son charme.
La plage, surtout, se transforme profondément.
C’est un refuge intérieur où, dès le plus jeune âge, on commence à penser que c’est ainsi qu’il serait bon de vivre, pour toujours : dans une ville balnéaire où tout est présent en abondance, sous les Alpes apuanes, près de Florence, au milieu de l’Italie, et où l’on peut faire du vélo toute la journée.
Là-bas, il n’y a pas de criminalité, il n’y fait jamais trop froid ni trop chaud, on est entouré d’une nature immense et sereine, d’une sorte d’enchantement où la vie cesse d’être un flux aveuglant d’événements pour prendre un rythme, un sens, voire une signification.
À Forte, il n’y a pas de petites plages secrètes au sable incroyablement plus fin et plus clair que les autres plages, auquel on ne peut accéder qu’en Land Rover et où il n’y a rien d’autre autour que la mer et le ciel. Il n’y a qu’une longue plage de sable fin et clair, passée au peigne fin tous les soirs par les maîtres-nageurs qui disposent les transats, les chaises longues et les fauteuils sous les tentes et les parasols, exactement à la même place que le jour précédent, pour ceux qui y passeront toute la journée.
Je suis aussi allé à Cannes, mais la plage devant les grands hôtels est à dix mètres, comme souvent en Ligurie. Les longues plages, en revanche, c’est autre chose. Et pour les voir, il faut aller… à Forte.
Edoardo Nesi
Il n’y a même pas de musique sur la plage, où l’on peut toutefois amener les chiens, qui sont désormais nombreux, eux aussi sous les parasols. Mais ils sont très paisibles, et aussi fortemarmini que moi.
Je suis aussi allé à Cannes, mais la plage, devant les grands hôtels, est à dix mètres, comme en Ligurie.
Les longues plages, en revanche, c’est autre chose.
Et pour les voir, il faut aller à Forte.
En été, Forte dei Marmi reste donc inégalée par rapport aux autres saisons.
En été, il faut être prêt à davantage partager Forte dei Marmi.
On n’est plus seul et il faut supporter une certaine cohabitation.
La beauté de Forte dei Marmi est que, la majeure partie de l’année, la zone où je séjourne est pratiquement déserte.
À ce moment, tout est parfaitement entretenu, propre et net, et surtout, désert. Alors, Forte dei Marmi est à vous. Il est difficile de croire qu’un endroit où l’on marche un kilomètre avant d’atteindre la mer, où l’on ne croise personne et où l’on ne voit rien d’autre que de belles maisons toutes propres ne vous appartient pas. On se croirait dans The Swimmer de John Cheever, où le protagoniste traverse une propriété après l’autre.
C’est en été que naissent les livres ?
Dans mes livres, je place toujours Forte dei Marmi en été.
Qu’est-ce que Forte dei Marmi ?
Pour parler du Forte, il faut expliquer ce que le Forte n’est pas.
On y prend de longs et lents petits-déjeuners, puis on va à la plage, jeunes et vieux, et on se raconte peut-être ce qu’on a fait la veille, bien qu’il n’y ait qu’une seule boîte de nuit : le Twiga.
Edoardo Nesi
Il n’y a jamais foule.
Cela tient peut-être à de sages choix urbanistiques effectués par le passé.
La légende locale veut qu’aucun bâtiment ne puisse dépasser la hauteur des plus grands pins — et ce n’est peut-être pas qu’une légende, puisqu’il y a toujours eu peu d’hôtels, tous plus bas que les arbres, et les rares établissements existants restent de taille modeste. Ainsi, ceux qui souhaitent séjourner à Forte au-delà d’un simple week-end doivent faire comme le faisait mon père dans les années 1970 : louer l’une de ces petites villas avec jardin pour un mois.
Ce n’est ni l’endroit le plus divertissant, ni le plus spectaculaire pour passer des vacances — et cela n’a jamais vraiment été le cas. On pourrait dire que c’est un lieu pensé pour les familles, même lorsqu’elles sont dysfonctionnelles ou déséquilibrées, mais certainement pas pour les célibataires en quête d’aventure. Car — à la différence de nombreuses grandes stations balnéaires conçues pour surprendre et distraire — il n’y a, en apparence, pas grand-chose à faire à Forte dei Marmi durant l’été.
Enfin, ce n’est pas vrai.
En réalité, les possibilités ne manquent pas — à condition de savoir les chercher. Si l’on en a envie, on peut faire une multitude de choses : gravir les Alpes apuanes en VTT pour découvrir de petits villages et des paysages enchanteurs, visiter les grottes de Corchia ou les carrières de marbre. On peut prendre la voiture pour longer la côte, ou bien partir à la découverte de Lucques la belle, de Pise ou même de Florence, et revenir à temps pour un apéritif sur la plage suivi d’un bon dîner — peut-être à Pietrasanta, après avoir visité l’une de ses nombreuses galeries d’art. À vélo, on peut aussi rejoindre la Versiliana, le grand parc qui sépare Forte dei Marmi de Fiumetto, et assister aux rencontres avec les personnalités politiques, les écrivains ou les artistes du moment. Le mercredi et le dimanche matin, la Piazza dei Cavallini accueille un marché qui serait, m’a-t-on dit, l’un des meilleurs d’Italie — et donc, forcément, du monde — pour les vêtements et le linge de maison.
On peut donc presque tout faire à Forte dei Marmi…
Jouer au tennis, au golf, au padel, au football à cinq. Profiter des services proposés par les nombreuses structures d’animation apparues ces dernières années, qui vous suggèrent des activités et vous aident à organiser vos journées — si toutefois l’ennui vous guette. On peut ainsi vous inscrire à des cours de pilates, d’aquagym, d’aquaforme, de yoga, de capoeira ou de crossfit ; vous louer ces fichus jet-skis, vous faire installer sur un immense tapis flottant et vous remorquer à toute vitesse derrière un canot pneumatique ; on peut même trouver un moyen de vous faire monter à bord d’une montgolfière, si telle est votre envie. À Forte, tout est possible — pour peu qu’on le veuille.
Beaucoup, cependant, n’en ont pas envie. On y prend de longs et lents petits-déjeuners, puis on va à la plage, jeunes et vieux, et on se raconte peut-être ce qu’on a fait la veille, bien qu’il n’y ait qu’une seule boîte de nuit : le Twiga.
Elle se trouve à quelques mètres au-delà de la frontière de Forte dei Marmi.
Ce n’est certainement pas une de ces énormes discothèques qui accueillent des milliers de personnes et ferment à l’aube, accueillant tous les soirs un DJ célèbre et balayant le ciel de leurs projecteurs.
Il y a — surtout, il y a eu — la Capannina, mais aujourd’hui, elle est très différente de l’époque où j’y allais, quand j’avais vingt ans et que les aristocrates et les industriels perdaient leur fortune aux cartes et que Ray Charles et Gloria Gaynor venaient y donner des concerts.
Quand avez-vous commencé à y aller ?
Quand j’étais enfant — donc à la fin des années 1960 — nous allions à Vittoria Apuana, ce charmant petit village qui semblait surgir soudainement pour nous accueillir alors que nous roulions à vélo le long de la Via Mazzini, depuis le centre de Forte. Chaque été, nous louions une maison différente. Ma famille et moi partions à la mi-juin, accompagnés de tous mes amis et de leurs familles, dès la fin de l’école, et nous revenions à Prato à la mi-septembre, au début de la saison fraîche, après trois mois passés entre baignades en mer et parties de football sur la plage.
En grandissant, n’avez-vous jamais eu envie de changer ?
L’idée revient toujours, mais pour certains aspects, il est difficile de faire mieux que Forte dei Marmi. Je m’y sens chez moi. La proximité avec Prato, où je réside, est notable : c’est à peine plus loin que le centre de Florence. Je peux m’y rendre en quarante minutes et, lorsque j’étais plus jeune et plus téméraire, je mettais encore moins de temps.
Nous travaillions sur des œuvres d’art, et nous évoluions au milieu d’œuvres d’art. Il y avait une pénétration impressionnante de l’idée de design, et donc d’art, dans nos vies.
Edoardo Nesi
Existe-t-il un Forte dei Marmi à l’étranger ?
Santa Monica, à cause de sa longue plage, ressemble à Forte dei Marmi.
Bien que rien ne soit Forte dei Marmi, j’ai toujours ressenti un lien fort entre Forte et la Californie, qui sont d’ailleurs deux capitales du surf. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que ce sont les deux endroits que j’aime le plus au monde. Lorsque nous avions 14 ans, Big Wednesday est sorti. Le film a fait le tour de tous les cinémas de la Versilia : de Seravezza à Massarosa. Avec nos vespas, nous poursuivions le film partout pour pouvoir le voir.
Vous avez donc vu le film plusieurs fois ?
Bien sûr. Un jour à Forte dei Marmi, un second à Cinquale et enfin à Pietrasanta.
Quel type de Vespa aviez-vous ?
À l’époque, c’était la 50. Je n’avais pas encore la ET3, que je n’ai achetée que plus tard. De la 50, je suis passé à la PX125.
La Vespa était très prisée, tant par les garçons de quatorze ans que par les ouvriers qui s’en servaient pour se rendre au travail. Elle a fini par intégrer la collection du MoMA en tant qu’exemple emblématique de design. Nous avions l’habitude de nous promener dessus.
Dans mon usine, nous travaillions sur des machines Olivetti, elles aussi exposées au MoMA. Nous travaillions sur des œuvres d’art, et nous évoluions au milieu d’œuvres d’art. Il y avait une pénétration impressionnante de l’idée de design, et donc d’art, dans nos vies.
C’est dans ces années-là qu’est née l’idée que passer l’été à Forte était différent — et meilleur — que de le passer ailleurs.
La renommée de Forte dei Marmi, ainsi que la vie qui s’y déroule, se sont alors progressivement affirmées.
À peine remarqués dans le tumulte de ces années, des auteurs légendaires, tels qu’Aldous Huxley ou le prix Nobel Eugenio Montale, venaient y passer leurs vacances.
C’était une époque heureuse pour l’Italie, prospère et insouciante, et Forte devint l’un de ses symboles les plus forts ; des chansons lui furent dédiées, des films y furent tournés, et beaucoup rêvaient d’y passer les quatre semaines du mois d’août, lorsque la vie se vide et devient légère.
Le tourisme a commencé tard, à la fin du XIXe siècle, à l’époque sauvage où le poète Gabriele D’Annunzio montait à cheval et se promenait « au galop sur la plage, au milieu des cris des baigneurs et des pêcheurs », comme l’a écrit un autre poète amoureux de la Versilia, Piero Bigongiari.
Edoardo Nesi
Forte est-il aussi une source d’inspiration littéraire ?
Oui, car la ville entretient une relation extraordinaire avec le passé. Imaginez une ville qui, à l’exception des dix dernières années, est restée pratiquement inchangée pendant quarante ans.
Forte dei Marmi est demeurée telle qu’elle était lorsque j’étais enfant, que je me promenais en Vespa, jusqu’à la naissance de mes enfants, et même un peu au-delà. C’est une ville qui ne change pas et qui est donc un écran sur lequel chacun projette toute sa vie, ses pensées, ses aspirations : comme la ville ne change jamais on est la seule source de changement. Comme je l’ai écrit dans Storia della mia gente, Forte dei Marmi revendait les souvenirs à prix d’or.
Votre Prato, en revanche, a beaucoup changé.
Les deux villes que j’ai le plus connues ont suivi des trajectoires radicalement différentes. Prato a profondément changé il y a vingt ans ; Forte dei Marmi, à l’exception des dix dernières années, est restée la même.
Il est difficile de vivre entre deux lieux qui évoluent à des vitesses et dans des directions si divergentes, malheureusement.
Les cinq années passées à Rome en tant que député ont-elles été pénibles ?
Je n’ai jamais aimé Rome. Sa beauté me mettait en colère. J’avais le sentiment qu’elle était gâchée, ignorée, que personne ne la regardait vraiment — surtout pas les touristes, venus là précisément pour cela.
À Rome, j’avais toujours l’impression d’être l’héritier d’un grand empire au moment de son déclin. Il est difficile de ne pas aimer une ville aussi belle, et pourtant, c’est ce qui m’est arrivé. Je n’ai jamais eu de déclic, jamais ressenti d’attachement véritable. Je ne la connais même pas, au fond ; je n’ai jamais pris le temps de l’apprivoiser. Je n’ai jamais imaginé ce que cela ferait d’y vivre. J’y arrivais le mardi, je repartais le jeudi. Je n’écrivais pas, je n’apportais même pas mon ordinateur.
Au bord de la mer, en revanche, on peut écrire.
Oui, parce qu’il le faut et aussi parce que j’en ai envie.
Si seulement il n’y avait pas tous ces jardiniers à Forte dei Marmi qui vous dérangent à toute heure… Ils finissent une maison et commencent la suivante. C’est terrible…
Pardon ?
La domination sonore et acoustique des jardiniers.
Ce sont eux les vrais maîtres de Forte dei Marmi.
Avez-vous des restaurants préférés
Oui, j’en ai eu. Un lieu historique : le Lorenzo, du nom de son propriétaire, un personnage merveilleux. Mon père, le premier fortemarmino de la famille, avait commencé à le fréquenter dès son ouverture. On y sert encore aujourd’hui des plats apparemment simples, mais d’une qualité extraordinaire — même si le propriétaire, désormais, se fait plus discret.
Les autres restaurants, en revanche, ont changé de gamme, surtout en matière de prix. À la longue, on a un peu l’impression de se faire avoir. Le même dîner qui coûtait 50 euros est passé à 80, 100, parfois 120 euros, pour une expérience souvent identique. Forte dei Marmi ayant été envahie par des gens extrêmement riches — venus de Russie, du Golfe… — les prix ont grimpé partout : pour les maisons, pour les restaurants, pour tout.
Mais la mer est-elle toujours aussi belle ?
Non, elle ne l’est pas. Mais ce n’est pas pour la mer qu’on vient à Forte dei Marmi.
J’étais récemment en Sicile, près de Palerme, je n’avais jamais vu une telle mer. Merveilleuse. Celle de Forte n’est absolument pas comme ça.
Quand le tourisme est-il arrivé à Forte dei Marmi ?
Le tourisme a commencé tard, à la fin du XIXe siècle, à l’époque sauvage où le poète Gabriele D’Annunzio montait à cheval et se promenait « au galop sur la plage, au milieu des cris des baigneurs et des pêcheurs », comme l’a écrit un autre poète amoureux de la Versilia, Piero Bigongiari.
Il s’agissait toutefois d’un tourisme très particulier. Un tourisme de riches, de super-riches, dans une Italie très pauvre.
Il fut lancé par l’arrivée d’aristocrates et d’industriels allemands et anglais, tombés si éperdument amoureux de Forte dei Marmi qu’ils firent construire en bord de mer ces villas splendides qui donnèrent naissance au légendaire quartier de Roma Imperiale. La plus emblématique d’entre elles demeure la Villa Siemens, grande résidence d’été de la célèbre dynastie industrielle, dont les plafonds furent peints à fresque par von Hildebrand, élève de Böcklin — maître du symbolisme — lui-même invité fréquent du Forte.
Puis vinrent les Agnelli, qui, à partir des années 1920, passaient chaque été à la villa Costanza — aujourd’hui l’hôtel Augustus —, arrivant et repartant en hydravion. Thomas Mann y emmenait sa famille en vacances, tandis qu’intellectuels et artistes comme Carlo Carrà, Enrico Pea, Ardengo Soffici, Giovanni Papini ou Lorenzo Viani se retrouvaient pour discuter d’art au Quarto Platano ou au Caffè Roma.
Ce n’est que bien plus tard, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, que les gens plus modestes ont commencé à faire du tourisme à Forte dei Marmi.
Sources
au Forte dei Marmi (Il Forte dei Marmi). Nous reproduisons l’article lorsque cela ne gêne pas la lecture.
Crédits
Image de couverture par Studio Moggi (moggistudio.com).
Le trafic mondial sur les sites web a chuté de 15 % en glissement annuel au cours du premier semestre 2025. En cause : les internautes cliquent de moins en moins sur des liens pour obtenir des informations, mais ont de plus en plus recours à des fonctionnalités alimentées par l’IA et aux chatbots des grandes entreprises technologiques.
Il aura fallu seulement quatre mois à ChatGPT pour être consacré par le groupe bancaire suisse UBS « application à la croissance la plus rapide de l’histoire », en février 2023 — avant d’être détrôné par Threads, le réseau social de Meta. Alors que le site du chatbot d’OpenAI attire désormais plus d’internautes que Wikipedia, les dirigeants de grandes entreprises médiatiques commencent à s’inquiéter de l’impact négatif que l’IA semble avoir sur le trafic généré par leurs sites 1.
Il y a quelques mois, un sondage conduit par GWI semblait indiquer que les internautes n’avaient pas remplacé dans leurs usages l’utilisation traditionnelle de Wikipedia, mais se servaient de l’IA en appui ou bien pour réaliser d’autres tâches.
Les chatbots indiquent aux utilisateurs les sources utilisées pour générer les réponses apportées. Ces derniers ont ainsi tendance à se reposer sur celles-ci plutôt que d’aller chercher des informations sur d’autres sites via un moteur de recherche.
En conséquence, le trafic mondial — mesuré sur un échantillon de 100 millions de domaines — aurait chuté d’environ 15 % au cours du premier semestre de l’année, selon les données de Similarweb.
Les sites scientifiques et éducatifs auraient perdu 10 % de leurs visites, les sites de référencement 15 % et ceux consacrés à la santé plus de 30 %.
Cette chute du trafic alerte les entreprises de l’économie numérique, qui représente 15 % du PIB mondial selon l’International Data Center Authority (IDCA), soit 16 000 milliards de dollars 2. Ces groupes considèrent Google comme étant partiellement responsable de cette perte de trafic. Le moteur de recherche a mis en place en mai 2024 « AI Overviews », qui permet de générer des réponses sans avoir à se rendre sur les sites. Désormais, plus des deux-tiers (69 %) des recherches Google ne donnent lieu à aucun clic — contre 56 % avant le lancement de la fonctionnalité.
Le recours croissant aux chatbots présente un risque de concentration de la majeure partie du trafic Internet dans les mains d’une poignée de sites disposant d’importants moyens pour faire fonctionner les serveurs générant des réponses grâce à l’IA.
Au deuxième trimestre 2025, le chiffre d’affaire d’Alphabet lié aux recherches sur Google a augmenté de 12 % en glissement annuel, atteignant 54,2 milliards de dollars.
Plusieurs grands groupes médiatiques ont conclu ces derniers mois des accords avec des grandes entreprises technologiques (OpenAI, Meta notamment) leur permettant d’utiliser les articles et archives de journaux afin de répondre aux questions des utilisateurs.
La plupart des sites dont les contenus sont récupérés à grande échelle pour entraîner et alimenter les IA ne perçoivent toutefois aucune compensation. En décembre 2023, le New York Times est devenu le premier grand journal à porter plainte contre Microsoft et OpenAI pour violation de droits d’auteur.
Ces tendances pourraient avoir un impact important sur la structure de l’économie numérique : la monétisation de contenus reposant principalement sur la publicité et les abonnements, les entreprises dépendant du trafic pour générer des revenus doivent ainsi repenser leur modèle.
Le Kiel Institute for the World Economy estime que l’accord commercial conclu hier, dimanche 27 juillet, entre l’Union et les États-Unis contribuerait à une perte à court terme de 0,13 point de pourcentage du PIB allemand. La croissance française perdrait 0,01 %, et 0,02 % pour l’Italie.
À partir du 1er août, suite à l’accord préliminaire annoncé hier, dimanche 27 juillet, les États-Unis appliqueront des tarifs de 15 % sur la plupart des importations en provenance des pays de l’Union.
Le Kiel Institute for the World Economy, un institut de recherche allemand, estime qu’un taux de 15 % entraînera une baisse à court terme du PIB de l’Allemagne de 0,13 point de pourcentage par rapport à un scénario initial 1.
À l’échelle de l’Union, l’accord conclu dimanche 27 juillet conduirait à une baisse du PIB de 0,1 %. La France et l’Italie seraient moins impactés, avec des pertes respectives de 0,01 et de 0,02 % de leur PIB 2.
Ces estimations ne prennent toutefois pas en compte d’éventuelles exclusions pour certains secteurs (produits pharmaceutiques, aéronautiques, chimiques, agricoles…) qui n’ont pour l’heure pas été précisées par Bruxelles et Washington.
Avec plus de 161 milliards d’euros de biens l’an dernier, l’Allemagne est de loin le principal exportateur européen vers les États-Unis (plus de 30 % du total des exportations du bloc).
Berlin est suivi par l’Irlande (72 milliards d’euros, dont 35 milliards de produits pharmaceutiques), l’Italie (65 milliards) et la France (47 milliards).
Dans le cadre de l’accord, l’Union aurait accepté d’acheter pour 750 milliards de dollars « d’énergie » américaine (surtout du GNL, mais aussi pétrole et nucléaire), d’investir 600 milliards de dollars aux États-Unis, en plus des investissements déjà existants, et d’acheter d’importantes quantités d’équipements militaires ainsi que des processeurs graphiques américains qui, selon von der Leyen, « aideront les États-Unis à conserver leur avance technologique » 3.
L’annonce de la conclusion de l’accord a conduit à une baisse du cours des actions des entreprises européennes du secteur de la défense (Rheinmetall, Thales, BAE Systems…) lors de l’ouverture des marchés, lundi matin.
Le Premier ministre français François Bayrou a dénoncé un « jour sombre » et une « soumission » aux États-Unis, tandis que Viktor Orbán a déclaré : « Ce n’est pas un accord… Donald Trump a mangé von der Leyen au petit-déjeuner, voilà ce qui s’est passé ».
Plusieurs dirigeants européens dont Friedrich Merz, Giorgia Meloni, Pedro Sánchez et Petteri Orpo ont quant à eux apporté leur soutien à l’accord en notant que celui-ci apportera de la « stabilité » dans la relation bilatérale.
La Commission insiste sur le fait que l’accord annoncé dimanche 27 juillet constitue un « cadre politique » et non un texte juridique. Certains éléments devront encore faire l’objet de négociations.
Selon un responsable européen, l’engagement d’investissement de 600 milliards d’euros n’est qu’une « intention ». Il ne s’agit pas d’une garantie car seules les entreprises peuvent s’y engager.
Les achats de GNL devraient in fine résulter d’une décision prise au niveau des États membres et reflétant les besoins de ces derniers, tandis que les achats d’armes reflèteraient « en grande partie l’hypothèse de l’administration selon laquelle les Européens auront besoin de capacités supplémentaires pour respecter les engagements pris dans le cadre de l’OTAN ».
L’accord final devrait, selon la Commission, inclure des droits de douane nuls dans les deux sens pour les avions et leurs composants, certains produits chimiques, certains médicaments, des équipements pour semi-conducteurs, certains produits agricoles, des ressources naturelles et des matières premières critiques.