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29.09.2025 à 10:27

L'autel

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Texte intégral (1262 mots)

Je ne suis rien
et ma parole est passagère
comme moi,
entre des gens de passage,

c'est pourquoi,
je parle de toi.
Bassam Hajjar

Est-ce une démence absolue qui s'est accaparée du sionisme, poussant cette idéologie née au cœur des nationalismes européens qui émergèrent au dix-neuvième siècle, à coup de massacres et contre-massacres, et de « mythes fondateurs » montés de toutes pièces, avant même les deux terribles guerres dites mondiales, alors que les colonies européennes étaient à leur apogée, que trois continents étaient déjà définitivement « conquis », les différentes populations autochtones soit décimées, soit réduites à portion congrue ; est-ce donc une démence absolue qui pousse cette idéologie à croire dur comme fer à son propre délire mystico-mythique qu'elle a longtemps su utiliser, manipuler, et qui désormais la déborde de toutes parts, faisant fusion totale avec l'autre grand délire sioniste, celui qui l'avait précédé de peu, le sionisme chrétien issu du christianisme évangélique apparu d'abord en Grande-Bretagne avant de prospérer aux États-Unis, chacun entraînant l'autre au plus loin et au plus aliéné dans cette fuite en avant génocidaire ?

Est-ce cet appel du vide que plus rien ne peut combler dorénavant, pas même cette mer de sang, pas même ce tenace goût de cendres et de poussière, un appel du vide qui n'attendait que ce basculement au-delà de toute limite, à l'image de cette morbide promesse éternelle, ce sacrifice définitif de l'autre, des autres, tous ceux qui n'ont pas été choisis, ces êtres humains en trop ? L'autel n'est que cela après tout : offrandes aux pieds de Yahvé ou tout autre nom qu'on veut bien donner à ce dieu unique. Une infernale machine de mort qui n'en finit plus de s'autoalimenter, qui surtout n'en finit plus d'être alimentée, en continu et en toute impunité, au vu et au su de tous — qu'il y ait reconnaissance ou pas d'un dit État Palestinien, cette peau de chagrin, où règnerait un fantoche de plus.

Mais quand nous parlons d'Israël, de l'État hébreux, comme il aime tant se nommer, nous parlons après tout d'une population qui ne dépasse pas les sept millions, qui ne peut démesurément croître, et qui ne peut vraiment dominer — n'oublions pas ce qu'est l'essence-même du sionisme, toutes tendances confondues : une colonisation, et toute colonisation est d'abord et avant tout domination — qu'au-dessus, à coup d'avions de chasse, d'hélicoptères, de drones, de satellites et autres instruments de technologie mortelle de pointe, qui ne peut donc durablement occuper le terrain une fois envahi. Pas suffisamment de soldats, et nulle Alya ne suffirait. Le « Grand Israël » (dépassant largement la fameuse rivière) ne se peut, sinon dans un vaste délire mental, un terrifiant conte pour soi et pour les autres, à commencer par les indigènes condamnés à l'assujettissement ou à la disparition, encore une fois.

Est-ce donc cette impasse sanguinaire, génocidaire, suicidaire, ou le sionisme n'est-il aujourd'hui qu'une sorte d'avant-garde poussée du surcapitalisme, véritable bras armé et laboratoire sécuritaire à ciel ouvert d'un futur déjà présent ? Les différents lobbys et alliances actuelles de circonstance ne peuvent expliquer à eux seuls la sidérante complicité de plus d'un pays. Il est tout de même question d'intérêts financiers, économiques, qui sont pour le moins pharamineux. Et cette domination sans répit qu'exerce le capital — aujourd'hui dans sa variante largement entre extrême-droite et droite-centre-extrême (comme plus d'une fois depuis au moins la révolution industrielle) — ne sefait pas seulement aux dépends de toute population qui refuse d'être asservie, qui persiste en dépit de tout à l'autodétermination, y compris dans les ex-colonies, ou encore dans les territoires supposément libérés, décolonisés, constamment dépouillés de leurs ressources naturelles ; elle s'exerce tout autant, de manière encore plus pernicieuse à dire vrai, sur sa propre population, à domicile, utilisant bien évidemment les flux migratoires (faisant immanquablement comme si notre monde n'était pas le fruit de siècles de mouvements migratoires, et sans lesquels plus d'une infrastructure n'existerait pas, mais que diable !) pour dissimuler cette exploitation de plus en plus sophistiquée dans son exigence d'une servitude volontaire — sinon : matraques, Tazer, grenades défensives, gaz de toutes sortes, garde à vue, au strict minimum.

Ce capitalisme suprême, même quand il nous la joue national, patriotique et toute la mascarade qui vient avec, n'a strictement aucune frontière quand il est question de profit. Et, nous le savons : il est toujours d'abord et avant tout question d'intérêts et de profits avec ce Moloch. Bien entendu, ce surcapitalisme dans sa version impérialiste occidental continue et continuera de mépriser au plus profond les populations des dits tiers et quart-monde. Il n'empêche que pour ce suprémacisme de toujours, toute population, « ceux d'en bas » plus précisément, ne sont que subordonné, sujet, consommateur, chair à canon quand nécessaire, quelles que soient leurs origines, ou alors ce ne sont que du lumpen, des rebuts et rien d'autre, des bouches en trop. Les dominants et les dominés encore et encore, et la fumeuse classe moyenne bien coincée au milieu de cette terrible échelle. La finance est en somme la seule internationale (oui, ce mot) qui fonctionne. Non pas une union quand même ! Les requins se tolèrent tout au plus entre eux. À l'inverse de cette grande illusion de l'abolition des frontières, que plus d'un a pensé tenir enfin avec l'invention de l'internet et sa propagation, oubliant que nulle recherche scientifique, technologique, n'échappe à leurs insatiables appétits, qu'elle est souvent même parrainée par ces squales. Le virtuel, l'intelligence artificielle, n'ont pas fini de brouiller encore plus la géographie, nos esprits et les lisières, tout en les creusant encore plus. Et la finance internationale en joue et s'en joue à merveille. Le nerf de la guerre, plus que jamais.

Cette démence sans fin du sionisme ne se peut assurément sans l'inconditionnel apport de plus d'un autre État et tout ce que le surcapital dans toutes ses composantes déploie, engrange, broie, sans rémission aucune. Après tout, cet État colonial en expansion continue, ne produit pas le gros de sa machine de mort. Il est extrêmement dépendant des États complices que nous connaissons (y compris dans le monde arabe, comme on l'appelle), et plus particulièrement de la grande puissance impériale d'aujourd'hui, ces États-Unis bâtis sur des terres entièrement spoliées au bout d'une conquête qui a duré près de quatre siècles, loin de toute caméra, de tout réseau, de tout direct, du live.

Ghassan Salhab

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