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13.11.2025 à 11:57

Je me souviens du 13 novembre 2015

Pablo Pillaud-Vivien

C’était il y a dix ans. Je m’en rappelle comme d’hier. Je me souviens de la sidération qui nous tenait, glacée. Je me souviens du silence de mort à Paris le lendemain, un samedi : les commerces et les restaurants fermés, les rues désertées. Je me souviens de la peur qu’ils recommencent. Je me souviens…
Texte intégral (684 mots)

C’était il y a dix ans. Je m’en rappelle comme d’hier.

Je me souviens de la sidération qui nous tenait, glacée. Je me souviens du silence de mort à Paris le lendemain, un samedi : les commerces et les restaurants fermés, les rues désertées.


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Je me souviens de la peur qu’ils recommencent. Je me souviens de ceux qui cherchaient du sens et de ceux qui n’en voulaient pas. De ces mots que l’on n’osait plus prononcer, de cette ville qui parlait bas, de ceux qui parlaient trop fort, à tort et à travers. Je me souviens de ce lundi matin devant les écoles où l’on s’assurait qu’aucun proche, qu’aucun parent d’élèves ne comptait parmi les victimes. On formait une chaîne humaine tangible.

Je me souviens de mon cousin me disant que « c’était un truc de Parisiens ». Comme si la distance formait une protection. Je me souviens de ma colère et pourtant, je le comprenais, car tout paraissait si irréel, comme ces premières détonations au milieu d’un match de foot.

Je me souviens de cette prise de parole dans la nuit du président de la République. Et je me souviens de la convocation du congrès à Versailles pour le lundi suivant : tous les députés, tous les sénateurs réunis pour écouter le président. Cette première phrase : « La France est en guerre ». Il dira aussi « déchéance de la nationalité ». Ce fut une blessure dans le cataclysme. Je me souviens de ma grand-mère, Française par choix, qui pensait qu’on allait l’expulser.

Je me souviens d’avoir vu la République vaciller. Attaquée par ceux qui, constatant que des enfants de la République avaient pu devenir ses bourreaux, en déduisaient qu’elle ne méritait plus d’être défendue. 

Je me souviens de cette manifestation immense, dense, silencieuse aussi. Je me souviens des policiers et des pompiers applaudis.

Je me souviens des terrasses à nouveau pleines, comme un défi maladroit. C’était naïf, oui. Mais pourquoi pas ? Il fallait vivre, rire encore, prouver que nous existions. Nous formions un collectif, nous étions la France.

Puis, je me souviens des débats, des mots « état d’urgence », « libertés publiques », « sécurité ». Je me souviens de la peur que la peur ne devienne la norme de nos vies.

Je me souviens ne pas comprendre. Essayer pourtant. Ecouter les sachants, les experts, les psychologues, les spécialistes du terrorisme, de la radicalisation, de l’islam politique. Et me dire qu’il était aussi normal de ne pas comprendre. 

Je me souviens aussi de Charlie Hebdo et d’avoir vu la République vaciller. Non seulement attaquée par ceux qui voulaient la détruire au nom d’un dieu, mais aussi par ceux qui, constatant que des enfants de la République avaient pu devenir ses bourreaux, en déduisaient qu’elle ne méritait plus d’être défendue. 

Je me souviens, enfin, que dix ans ont passé, et que ces souvenirs-là n’ont rien perdu de leur présence brûlante. Ils disent encore quelque chose de nous, de notre besoin de prendre soin les uns des autres, ils parlent de notre vulnérabilité, de notre besoin de sens, de notre soif de paix.

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13.11.2025 à 11:19

Je me souviens du 13 novembre 2015

la Rédaction

La newsletter du 13 novembre 📨
Texte intégral (1725 mots)

La newsletter du 13 novembre 📨

par Pablo Pillaud-Vivien

C’était il y a dix ans. Je m’en rappelle comme d’hier.

Je me souviens de la sidération qui nous tenait, glacée. Je me souviens du silence de mort à Paris le lendemain, un samedi : les commerces et les restaurants fermés, les rues désertées.

Je me souviens de la peur qu’ils recommencent. Je me souviens de ceux qui cherchaient du sens et de ceux qui n’en voulaient pas. De ces mots que l’on n’osait plus prononcer, de cette ville qui parlait bas, de ceux qui parlaient trop fort, à tort et à travers. Je me souviens de ce lundi matin devant les écoles où l’on s’assurait qu’aucun proche, qu’aucun parent d’élèves ne comptait parmi les victimes. On formait une chaîne humaine tangible.

Je me souviens de mon cousin me disant que « c’était un truc de Parisiens ». Comme si la distance formait une protection. Je me souviens de ma colère et pourtant, je le comprenais, car tout paraissait si irréel, comme ces premières détonations au milieu d’un match de foot.

Je me souviens de cette prise de parole dans la nuit du président de la République. Et je me souviens de la convocation du congrès à Versailles pour le lundi suivant : tous les députés, tous les sénateurs réunis pour écouter le président. Cette première phrase : « La France est en guerre ». Il dira aussi « déchéance de la nationalité ». Ce fut une blessure dans le cataclysme. Je me souviens de ma grand-mère, Française par choix, qui pensait qu’on allait l’expulser.

Je me souviens de cette manifestation immense, dense, silencieuse aussi. Je me souviens des policiers et des pompiers applaudis.

Je me souviens des terrasses à nouveau pleines, comme un défi maladroit. C’était naïf, oui. Mais pourquoi pas ? Il fallait vivre, rire encore, prouver que nous existions. Nous formions un collectif, nous étions la France.

Puis, je me souviens des débats, des mots « état d’urgence », « libertés publiques », « sécurité ». Je me souviens de la peur que la peur ne devienne la norme de nos vies.

Je me souviens ne pas comprendre. Essayer pourtant. Ecouter les sachants, les experts, les psychologues, les spécialistes du terrorisme, de la radicalisation, de l’islam politique. Et me dire qu’il était aussi normal de ne pas comprendre. 

Je me souviens aussi de Charlie Hebdo et d’avoir vu la République vaciller. Non seulement attaquée par ceux qui voulaient la détruire au nom d’un dieu, mais aussi par ceux qui, constatant que des enfants de la République avaient pu devenir ses bourreaux, en déduisaient qu’elle ne méritait plus d’être défendue. 

Je me souviens, enfin, que dix ans ont passé, et que ces souvenirs-là n’ont rien perdu de leur présence brûlante. Ils disent encore quelque chose de nous, de notre besoin de prendre soin les uns des autres, ils parlent de notre vulnérabilité, de notre besoin de sens, de notre soif de paix.

Pablo Pillaud-Vivien

🔴 TITRES DU JOUR

C’est pas la suspension qui fait la Une, c’est la division de la gauche

« Budget 2026 : la journée où la gauche s’est déchirée ». Voilà comment Le Monde titre son article sur la suspension de la réforme des retraites. En même temps, il n’y a pas eu de scènes de liesse dans les rues de France pour venir faire contre-feu… Même son de cloche à L’Huma – « Réforme des retraites : l’Assemblée valide la suspension et la gauche se déchire » – ou sur LCP – « Réforme des retraites : la gauche se divise sur la suspension, le PS et LFI se déchirent ». Des choix de titres qui en disent long : l’actualité, ce n’est pas le vote de la « suspension », non, c’est sa dimension politique, à savoir la division de la gauche. Et puis il y a l’autre volet de cette actualité : la victoire de Sébastien Lecornu, auteur de ce deal qui le maintient un peu plus en poste, décrite en toute simplicité par Libération : « Le premier ministre a finalement réussi son pari de faire voter la concession initiale réclamée par les socialistes pour poursuivre les discussions engagées, en dépit de l’opposition des communistes et des insoumis. » Le projet de loi de financement de la Sécu s’en va désormais au Sénat où la droite va largement remanier la copie. Bref, la seule chose qui est assurément suspendue aujourd’hui, c’est le vote de la suspension.

L.L.C.

ON VOUS RECOMMANDE…

« 13 novembre, le choix de Sonia », sur FranceTV. Aux frontières du documentaire et de la fiction, David André et Violette Lazard racontent l’histoire de cette femme qui a aidé la police à trouver les terroristes du 13-Novembre. Sonia, bénévole aux Restos du cœur, héberge régulièrement des personnes dans le besoin. À l’époque, Hasna Aït Boulahcen vit chez elle. Quand elle lui présente son cousin « fugueur », le 15 novembre 2015, Sonia le reconnait immédiatement. Il s’agit d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des cerveaux des attentats. Celui-ci lui annonce fièrement avoir commis les tueries des terrasses. Le témoignage de Sonia débouchera sur l’assaut du Raid, à Saint-Denis, où Abdelhamid Abaaoud, Hasna Aït Boulahcen et un autre terroriste, Chakib Akrouh, trouveront la mort. Sonia, elle, a changé d’identité et vit quelque part en Europe sous le statut de témoin protégée.

C’EST CADEAU 🎁🎁🎁

ÇA SE PASSAIT SUR REGARDS.FR (en novembre 2015)

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12.11.2025 à 11:57

Réforme des retraites : quand la Macronie tend le piège, la gauche cherche la sortie

Catherine Tricot

À l’Assemblée, la Macronie invente le « décalage » de la réforme des retraites et la gauche se déchire entre promesse de victoire et refus du piège. C’est acquis. Les députés socialistes vont voter cet après-midi « pour » le « décalage » de la réforme des retraites qu’ils tiennent pour une « suspension », dès l’instant où ce décalage va au-delà de…
Texte intégral (881 mots)

À l’Assemblée, la Macronie invente le « décalage » de la réforme des retraites et la gauche se déchire entre promesse de victoire et refus du piège.

C’est acquis. Les députés socialistes vont voter cet après-midi « pour » le « décalage » de la réforme des retraites qu’ils tiennent pour une « suspension », dès l’instant où ce décalage va au-delà de 2027 (c’est-à-dire de la prochaine élection présidentielle). Il sera alors temps de voter pour le maintien ou pour une autre réforme des retraites. Les socialistes veulent y voir une victoire arrachée à la Macronie quand les victoires sociales ne sont pas si courantes. Comme le dit Sophie Binet, il s’agit d’une « brèche dans un totem du macronisme ».


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Acquis aussi le vote des députés insoumis : ce sera un vote « contre ». Évidemment pas parce qu’ils veulent que les salariés en suent trois mois de plus mais parce qu’ils veulent qu’on nomme un chat un chat : il s’agit d’un « décalage » conformément à la mise au point faite par Emmanuel Macron, en aucune façon d’une « suspension sine die » et encore moins d’une abrogation, réclamée depuis trois ans. Mais, dans ce vote insoumis, il y a davantage : ils ne veulent pas entrer dans l’engrenage d’une validation par consentement tacite de l’âge de départ à 64 ans. La secrétaire générale de la CGT demande, ce matin encore, de ne pas valider ces 64 ans et de faire évoluer le texte. Les insoumis ne veulent pas alimenter le récit loufoque que les députés se seraient enfin prononcés sur une réforme passée au 49.3. C’est aussi le sens du piège tendu par la Macronie : obtenir une validation du recul de l’âge de départ pour le prix modique d’un « décalage » voire d’une prise en compte des carrières longues… le tout payé par des coupes supplémentaires dans le budget de la Sécu. Catastrophique.

Cohérents, les insoumis s’opposent frontalement à la politique macroniste. En votant « contre », ils prennent le risque de se faire mal comprendre, de passer pour des jusqu’au-boutistes et qu’à l’arrivée, il ne se trouve pas de majorité pour rejeter ce décalage… Alors le choix de la clarté politique se fracasserait sur la réalité de la perte d’un petit gain immédiat pour ceux qui auraient pu profiter de ce décalage – c’est-à-dire pour la génération née en 1964 et 1965.

Les députés RN voteront « pour ». Les députés LR et Horizons voteront « contre ». Les Renaissance devraient se diviser entre votes « contre » et une majorité d’abstentions.

Que feront les députés communistes, écologistes, ceux de l’Après ? Ils se retrouvent pris en tenaille. Ils voient bien la difficulté de s’opposer à cette maigre avancée mais ils n’ont pas envie de la faire passer pour ce qu’elle n’est pas, c’est-à-dire une victoire. Engagés dans le combat contre l’éclatement des gauches, ils sont aussi soucieux de ne pas creuser davantage les tranchées entre les députés de gauche.

Comment ne pas partager cette hésitation ? Un vote à l’Assemblée doit avoir une portée politique et être compris. Quel vote aura du sens pour les salariés ? On peut douter que, ce soir, des défilés de la victoire s’organisent dans les rues. Chacun mesure que la réforme Borne-Touraine-Macron ne sera pas défaite.

On ne peut pas non plus ignorer la suite de l’histoire : Gérard Larcher, le chef de la droite au Sénat – en attendant le retour, prévu pour aujourd’hui, de Bruno Retailleau –, a promis de rétablir la réforme dans son intégralité et il en a les moyens. Puis viendra la commission mixte paritaire, où droite et macronistes sont majoritaires, pour arbitrer entre les textes des deux chambres. Puis ce sera, pour la première fois, un possible usage des ordonnances par le gouvernement. La promesse d’un gain, même ténu, paraît fragile voire illusoire.

Alors que faire ? Voter contre ou s’abstenir ? Au moins, que chacun à gauche rende lisible son vote. Sortons des billevesées sur le « retour du parlementarisme » et des discours débiles sur la nécessité de « faire des compromis », toujours mauvais sur la base d’un projet de droite profondément nocif.

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