18.04.2025 à 15:04
Depuis plusieurs semaines, les discussions sur le financement de la défense européenne battent leur plein. Elles sont régulièrement alimentées par de nouvelles propositions techniques venant de toutes parts, au risque de créer une certaine confusion et parfois même des tensions. Le débat sur le sujet, pourtant, est loin d’être purement technique. Derrière chaque solution proposée se cachent des visions politiques et des choix géopolitiques divergents au sujet du rôle de l’Europe dans le monde et plus particulièrement de l’Union européenne dans les affaires militaires. La dernière proposition en date en la matière, concernant la création d’une banque européenne du réarmement en dehors de l’Union, est en cela emblématique. Jusqu’à présent, les enjeux relatifs au financement de la défense européenne pouvaient être divisés en trois groupes : ceux concernant le financement direct par l’UE de la coopération militaro-industrielle, ceux concernant les incitations que l’UE peut offrir aux États membres pour qu’ils augmentent leurs propres budgets nationaux de défense, et ceux concernant les mesures visant à encourager les institutions financières publiques et privées à soutenir l’industrie militaire. Voilà donc que désormais une quatrième proposition, celle relative à la banque du réarmement, a été ajoutée à la liste. En premier lieu, l’UE doit négocier, au sein du prochain Cadre financier pluriannuel (2028-2034), le refinancement des programmes gérés par la Commission pour subventionner les coopérations industrielles de défense (tels que le Fonds européen de la défense et le futur Programme pour l’industrie européenne de la défense). Mais les programmes duaux soutenant des domaines stratégiques dans des secteurs comme l’espace (constellation de satellites en orbite basse IRIS² pour les communications stratégiques), les semiconducteurs ou les matières premières critiques devront également être réalimentés. Les budgets pour ces initiatives pourraient provenir des quatre options suivantes : Dans les mois et années à venir, les États membres devront […]
L’article Comprendre le débat sur le financement de la défense européenne et ses implications politiques est apparu en premier sur IRIS.
Depuis plusieurs semaines, les discussions sur le financement de la défense européenne battent leur plein. Elles sont régulièrement alimentées par de nouvelles propositions techniques venant de toutes parts, au risque de créer une certaine confusion et parfois même des tensions. Le débat sur le sujet, pourtant, est loin d’être purement technique. Derrière chaque solution proposée se cachent des visions politiques et des choix géopolitiques divergents au sujet du rôle de l’Europe dans le monde et plus particulièrement de l’Union européenne dans les affaires militaires. La dernière proposition en date en la matière, concernant la création d’une banque européenne du réarmement en dehors de l’Union, est en cela emblématique.
Jusqu’à présent, les enjeux relatifs au financement de la défense européenne pouvaient être divisés en trois groupes : ceux concernant le financement direct par l’UE de la coopération militaro-industrielle, ceux concernant les incitations que l’UE peut offrir aux États membres pour qu’ils augmentent leurs propres budgets nationaux de défense, et ceux concernant les mesures visant à encourager les institutions financières publiques et privées à soutenir l’industrie militaire. Voilà donc que désormais une quatrième proposition, celle relative à la banque du réarmement, a été ajoutée à la liste.
En premier lieu, l’UE doit négocier, au sein du prochain Cadre financier pluriannuel (2028-2034), le refinancement des programmes gérés par la Commission pour subventionner les coopérations industrielles de défense (tels que le Fonds européen de la défense et le futur Programme pour l’industrie européenne de la défense). Mais les programmes duaux soutenant des domaines stratégiques dans des secteurs comme l’espace (constellation de satellites en orbite basse IRIS² pour les communications stratégiques), les semiconducteurs ou les matières premières critiques devront également être réalimentés.
Les budgets pour ces initiatives pourraient provenir des quatre options suivantes :
Dans les mois et années à venir, les États membres devront trancher entre ces quatre options.
2. Incitations fournies par l’UE aux États membres pour qu’ils augmentent leurs budgets militaires nationaux
L’UE entend également faciliter l’augmentation des budgets de défense des États membres en activant la « clause de sauvegarde » prévue dans le Pacte de stabilité et de croissance, et en mettant en œuvre un programme de prêts aux États membres de 150 milliards d’euros, appelé SAFE (Security Action for Europe). L’UE devrait également encourager les États membres à utiliser les fonds structurels pour l’industrie de la défense. À ce jour, en effet, près de 40 % de la programmation 2021-2027 (qui correspond à plus de 500 milliards d’euros) demeure non utilisés.
3. Mesures visant à encourager les institutions financières publiques et privées à soutenir la BITDE
Enfin, l’UE entend pousser la Banque européenne des investissements (BEI) à étendre son champ d’action (actuellement limité au double usage) à la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE). L’Union entend également adopter des mesures pour rendre la BITDE plus attrayante aux yeux de l’épargne privée.
Comme indiqué plus haut, la quatrième proposition qui a été ajoutée à la table des négociations pour financer la défense européenne est la création d’une sorte de banque du réarmement en dehors du cadre de l’UE, qui inclurait des pays tels que le Royaume-Uni ou même la Suisse. Si cette idée circulait depuis un certain temps, elle a commencé à être sérieusement discutée plus récemment, grâce notamment à l’activisme diplomatique du Royaume-Uni et de la Pologne. Des réunions discrètes ont, en effet, eu lieu à Bruxelles entre des diplomates britanniques et européens pour analyser la question. La Pologne a ensuite demandé à l’Institut Bruegel, un think tank bruxellois spécialisé sur les questions économiques et financières, de réaliser une étude pour examiner la faisabilité d’une telle ambition.
Le 7 avril, l’Institut Bruegel a publié un article[1] proposant la création, par le biais d’un nouveau traité intergouvernemental, d’un mécanisme européen de défense (MED) qui devrait bâtir un marché commun de la défense non administré par l’UE et la Commission. Selon l’Institut Bruegel, le MED « would undertake joint procurement and plan for the provision of strategic enablers in specified areas, with a capacity to fund these roles. It could own strategic enablers and charge usage fees to EDM members, reducing the budgetary impact of rearmament. EDM membership would entail prohibition of both state aid and procurement preferences that benefit national defence contractors at the expense of contractors from other EDM members[2].». Cette proposition, présentée aux ministres des Finances les 11 et 12 avril lors d’une réunion ECOFIN à Varsovie, poursuit au moins deux buts précis : permettre aux Britanniques de participer aux programmes industriels de défense européens et soustraire une partie des dépenses militaires du calcul des budgets publics ordinaires et de leurs déficits.
Des questions se posent toutefois sur ces deux objectifs. L’UE, en effet, est déjà sur le point de mettre en place des outils devant assurer plus de flexibilité budgétaire aux États membres (Escape Clause). Surtout elle compte également créer un système de prêts aux États membres qui investissent dans la défense (programme SAFE). En outre, le programme SAFE est ouvert au Royaume-Uni, puisque la Commission propose que tous les pays ayant signé un accord de sécurité avec l’UE puissent y participer, alors que le Royaume-Uni et l’UE sont justement en train de négocier un tel accord.
Enfin, il faut rappeler que la procédure législative pour l’adoption du programme SAFE devrait être rapide, étant donné qu’elle est basée sur l’article 122 du TFUE (aides financières d’urgence aux États membres), et que le Parlement européen ne joue aucun rôle dans celle-ci. Le programme SAFE pourrait donc être adopté dès la mi-mai, alors que la création d’une banque de réarmement prendrait beaucoup plus de temps.
À la lumière de ces considérations, on comprend mal l’intérêt de créer une nouvelle institution pour financer la défense européenne. À moins que le Mécanisme européen de défense (MED) n’ait plus simplement comme objectif politique sous-jacent le but de contourner la Commission et de court-circuiter le processus d’intégration européenne dans le secteur militaro-industriel.
[1] Guntram Wolff, Armin Steinbach et Jeromin Zettelmeyer. “The governance and funding of European rearmament”, Bruegel, 7 avril 2025.
[2] Ibid.
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18.04.2025 à 11:24
The drivers of UK procurement choices are multiple with different considerations appearing as prominent for different systems. The UK uses defence equipment choices. The UK expects defence procurement choices in the pursuit of multiple objectives. The UK has had a core orientation towards defence competitive tendering from the international market since the late 1980s, and in government procurement in general this remains the core guidance. But defence has emerged as a special case given the diminution of IK defence suppliers in many sectors and UK governments’ ambitions for operational independence on the use of their forces, the maintenance and development of national defence industrial capabilities, and economic benefit from defence spending. Collaborative development with like-minded partners continued to be a way to spread costs and risks with the Global Combat Air Programme being the biggest case. The UK has also used US suppliers for many equipment items, especially airborne assets, but this has likely peaked. The changes in US behaviour in since the beginning of 2025. There is likely consensus among those that focus on defence in the UK that Europe largely defined needs to much increase its capacity to deter and defend itself with much less US help. But the nature of the nature of the US relationship is marked by uncertainty. This will have consequences for UK and European defence behaviour. READ:
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The drivers of UK procurement choices are multiple with different considerations appearing as prominent for different systems. The UK uses defence equipment choices. The UK expects defence procurement choices in the pursuit of multiple objectives.
The UK has had a core orientation towards defence competitive tendering from the international market since the late 1980s, and in government procurement in general this remains the core guidance. But defence has emerged as a special case given the diminution of IK defence suppliers in many sectors and UK governments’ ambitions for operational independence on the use of their forces, the maintenance and development of national defence industrial capabilities, and economic benefit from defence spending. Collaborative development with like-minded partners continued to be a way to spread costs and risks with the Global Combat Air Programme being the biggest case. The UK has also used US suppliers for many equipment items, especially airborne assets, but this has likely peaked. The changes in US behaviour in since the beginning of 2025.
There is likely consensus among those that focus on defence in the UK that Europe largely defined needs to much increase its capacity to deter and defend itself with much less US help. But the nature of the nature of the US relationship is marked by uncertainty. This will have consequences for UK and European defence behaviour.
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17.04.2025 à 19:21
Alors que le Brésil accueillera la COP30 en novembre prochain, l’impact du dérèglement climatique sur les pays latino-américains est plus violent que jamais. L’année 2024, par la multiplication des incidents environnementaux, bat tous les records de sécheresse et met à mal les sociétés de la région. C’est un véritable basculement de ce point de vue. La privation de ressources, d’électricité et de moyens de déplacement engendre des secousses politiques et sociales majeures, dans des pays déjà fragilisés par des difficultés à maintenir leur stabilité interne. Des flux migratoires massifs sont à prévoir alors que des pays comme la Colombie subissent déjà des mouvements de populations vers le nord. Face à ces problématiques grandissantes que les États peinent à absorber, la COP de Belém nourrit les espoirs de négociations plus efficaces en matière de gestion de la crise climatique. Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, analyse ces menaces dans cette nouvelle chronique de l’Amérique latine.
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Alors que le Brésil accueillera la COP30 en novembre prochain, l’impact du dérèglement climatique sur les pays latino-américains est plus violent que jamais. L’année 2024, par la multiplication des incidents environnementaux, bat tous les records de sécheresse et met à mal les sociétés de la région. C’est un véritable basculement de ce point de vue. La privation de ressources, d’électricité et de moyens de déplacement engendre des secousses politiques et sociales majeures, dans des pays déjà fragilisés par des difficultés à maintenir leur stabilité interne. Des flux migratoires massifs sont à prévoir alors que des pays comme la Colombie subissent déjà des mouvements de populations vers le nord. Face à ces problématiques grandissantes que les États peinent à absorber, la COP de Belém nourrit les espoirs de négociations plus efficaces en matière de gestion de la crise climatique.
Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, analyse ces menaces dans cette nouvelle chronique de l’Amérique latine.
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17.04.2025 à 17:22
Si le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis était déjà perçu comme une menace pour les droits des minorités sexuelles et de genre, la rapidité de la mise en œuvre des politiques d’exclusion et l’extrémisme des discours à leur égard marquent une véritable rupture. Dans quelle histoire des États-Unis ce projet politique et idéologique s’inscrit-il et comment le qualifier ? Avec quels impacts sur la société américaine ? Le point avec Marie-Cécile Naves, spécialiste des États-Unis et des questions de genre, directrice de recherche à l’IRIS où elle dirige l’Observatoire Genre et géopolitique : Donald Trump a fait le choix de s’attaquer à la question du genre, particulièrement depuis son second mandat. En quoi peut-on parler de rupture avec Joe Biden ? Avec Trump 2, sur ce sujet comme sur d’autres, la rupture est totale avec la présidence Biden, à la fois pour des raisons de principe (défaire l’héritage de son prédécesseur sur les droits des femmes et des LGBT, comme il l’avait fait avec Obama), mais aussi pour des raisons tactiques puisque l’obsession anti-trans et anti-diversité/équité lui permet de détourner l’attention pour pousser un agenda profondément discriminatoire. La question du genre ne se limite pas, par ailleurs, à un ensemble de mesures ou de contre-mesures. C’est aussi un style de gouvernance et une stratégie de communication : la prédation, la domination, l’intimidation font partie de « la marque Trump » et, en politique étrangère, on assiste à la mise en œuvre d’une véritable « diplomatie du gourdin » (impérialisme, insultes, menaces). La présidence Trump 2 se dit « anti-genre », alors qu’en réalité, à tous les niveaux, c’est une politique profondément genrée ! Une autre différence avec Biden, ainsi, s’incarne dans le choix des membres du gouvernement et des conseillers : il s’agit d’un boys club […]
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Si le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis était déjà perçu comme une menace pour les droits des minorités sexuelles et de genre, la rapidité de la mise en œuvre des politiques d’exclusion et l’extrémisme des discours à leur égard marquent une véritable rupture. Dans quelle histoire des États-Unis ce projet politique et idéologique s’inscrit-il et comment le qualifier ? Avec quels impacts sur la société américaine ? Le point avec Marie-Cécile Naves, spécialiste des États-Unis et des questions de genre, directrice de recherche à l’IRIS où elle dirige l’Observatoire Genre et géopolitique :
Donald Trump a fait le choix de s’attaquer à la question du genre, particulièrement depuis son second mandat. En quoi peut-on parler de rupture avec Joe Biden ?
Avec Trump 2, sur ce sujet comme sur d’autres, la rupture est totale avec la présidence Biden, à la fois pour des raisons de principe (défaire l’héritage de son prédécesseur sur les droits des femmes et des LGBT, comme il l’avait fait avec Obama), mais aussi pour des raisons tactiques puisque l’obsession anti-trans et anti-diversité/équité lui permet de détourner l’attention pour pousser un agenda profondément discriminatoire.
La question du genre ne se limite pas, par ailleurs, à un ensemble de mesures ou de contre-mesures. C’est aussi un style de gouvernance et une stratégie de communication : la prédation, la domination, l’intimidation font partie de « la marque Trump » et, en politique étrangère, on assiste à la mise en œuvre d’une véritable « diplomatie du gourdin » (impérialisme, insultes, menaces). La présidence Trump 2 se dit « anti-genre », alors qu’en réalité, à tous les niveaux, c’est une politique profondément genrée !
Une autre différence avec Biden, ainsi, s’incarne dans le choix des membres du gouvernement et des conseillers : il s’agit d’un boys club blanc, qui s’assume comme tel. Biden avait un cabinet et un gouvernement paritaire et multiculturel. Trump veut au contraire donner à voir un pouvoir masculin et même masculiniste, censé renvoyer une image de force, mais aussi de mérite et de compétence. Le désastreux épisode Signal (la fuite des plans militaires américains contre les Houtis dans une boucle de messagerie impliquant un journaliste) laisse cependant planer le doute sur la compétence innée de ce boys club.
Pouvait-on s’attendre à ce que la charge de l’administration Trump sur les questions de genre soit aussi violente dès le début de sa seconde investiture ? S’inscrit-elle dans le prolongement de son premier mandat ?
Oui, il fallait s’attendre à ce que ce soit bien plus violent qu’en 2017. J’ai écrit un livre qui analyse le premier mandat de Trump au prisme du genre, et qui s’intitule Trump, la revanche de l’homme blanc. Les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre étaient une cible privilégiée de Trump 1, et l’on sait notamment que la nomination par Donald Trump de trois juges ultra-conservateurs, pour ne pas dire d’extrême droite, a conduit, en 2022, à la déconstitutionnalisation du droit à l’avortement. Mais aujourd’hui, on va bien au-delà.
La campagne de 2024 a été marquée par un déferlement de messages de haine (insultes, mensonges, et même appels à la violence) contre certaines populations, qui donnait le ton de sa future présidence. Les exemples sont trop nombreux pour qu’on puisse tous les lister, mais on peut en citer quelques-uns emblématiques. Trump a par exemple signé un texte établissant que les États-Unis ne reconnaissent que deux sexes définis à la naissance, et que chaque individu est assigné·e toute sa vie à l’un ou à l’autre. Cela ne correspond à rien dans la réalité, non seulement sociale (i.e. la vraie vie des gens, dont beaucoup vont au-devant de grandes difficultés administratives, pour les papiers d’identité, etc.), mais aussi biologique, puisque cette « décision » présidentielle nie l’intersexuation, l’identité sexuée se définissant de manière complexe par le sexe génétique, le sexe gonadique et le sexe apparent.
Cela se concrétise également dans l’accès à certains métiers (les transgenres se voient interdire de servir dans l’armée et sans doute d’exercer d’autres professions demain) et à certaines ressources (santé, aides sociales, etc.). On interdit aussi les livres qui évoquent le genre dans les bibliothèques scolaires et certaines librairies, on tente de supprimer les travaux sur la transidentité dans l’histoire, la médecine, la sociologie etc. Finalement, c’est une négation de leur existence : on les efface, ils et elles n’existent plus. Au-delà, c’est aussi ouvrir la porte à l’acceptation, voire à l’encouragement, de la violence contre les personnes non binaires et transgenres (réelles ou supposées). Elles sont livrées à la vindicte transphobe.
Or, ce sont non seulement des adultes, mais aussi des enfants qui sont visés. En propageant le mensonge selon lequel des « millions d’enfants et d’adolescents changeraient de sexe à cause du délire transgenre », le trumpisme est en train de priver de soins des enfants sujets à une puberté précoce ou des adolescents cis désireux de se voir pratiquer une gynécomastie (i.e. la très grande majorité des soins de gender-affirming).
Et sous couvert de « protéger » les filles et les femmes, des enfants, des adolescentes et des adultes n’ont déjà plus le droit de pratiquer de sport à l’école, au lycée, à l’université, en compétition. Trump prétend, via la pratique sportive, définir « la bonne féminité » et déterminer l’« éligibilité féminine » à participer à des activités collectives de loisirs. En fait, la question trans a permis au parti MAGA (Make America Great Again) de remobiliser un écosystème ultra-conservateur sur le terrain, qui avait perdu la bataille juridique du mariage entre personnes de même sexe (lequel pourrait bien être lui aussi menacé à l’avenir).
Quel projet politique ces détestations antiféministes, homophobes, mais aussi xénophobes, doublée par une approche viriliste du pouvoir, poursuivent-elles ? Est-ce inédit dans l’histoire ?
Les attaques contre la recherche, la pensée critique et même l’éducation (sans parler des livres) s’inscrivent dans cette même logique. Et ce ne sont pas que les sciences sociales qui sont attaquées : les études de genre sont un outil d’analyse et un corpus utilisé dans de nombreuses disciplines comme la médecine ou encore la biologie. L’obscurantisme est un allié majeur de la présidence Trump 2 : maintenir la population dans l’ignorance permet de la rendre plus docile (du moins, c’est le fantasme). L’interdiction de concepts dans les textes et sur les sites web des administrations fédérales (« genre », et même « femme »), la destruction de données scientifiques, tout ceci est finalement très cohérent : ce qui n’est pas dit, pas écrit, n’existe pas. Les victimes de la misogynie, de l’homophobie et de la transphobie n’existent pas. Seul compte ce que décrète le pouvoir fédéral, un peu comme le « ministère de la Vérité » dans le roman 1984.
En outre, Trump 2 démontre par A + B que l’« anti-wokisme » nourrit en réalité un programme qui sape l’État de droit. Sous couvert de combattre les « excès » des politiques de promotion de la diversité et de lutte contre les discriminations de genre ou de race, la Maison-Blanche, mais aussi de nombreux États fédérés aux mains des républicains, entraînés par cet élan, réinstaurent des discriminations supprimées depuis les années 1960, confortent des privilèges, réhabilitent la suprématie blanche et le patriarcat. C’est la première étape de la destruction démocratique : aujourd’hui, les transgenres, demain qui ?
C’est totalement assumé et même théâtralisé. Je ne saurai dire si c’est inédit dans l’histoire, mais ce qui est limpide, c’est que les mouvements féministes et anti-racistes (Womens’ Marches, #MeToo, #BlackLivesMatter, etc.) ont terrifié l’Amérique d’extrême droite qui ne minimise pas du tout leur force et leur popularité. Pour eux, c’est une guerre qu’il faut mener aux femmes et aux minorités et cette guerre ne peut avoir lieu, en actes, qu’en dehors du cadre démocratique : en contournant la loi et la Constitution.
Un certain nombre de décisions, prises par décret par le président Donald Trump, en effet, ont été bloquées par la justice, après des plaintes d’associations de défense des droits humains. C’est le cas par exemple de l’interdiction pour les transgenres d’intégrer l’armée. Mais le pouvoir exécutif, pour l’heure, ne tient pas compte des procédures judiciaires. Que la justice in fine soit respectée sera un test majeur de la présidence Trump 2 : si la séparation des pouvoirs n’existe plus, les États-Unis auront véritablement basculé dans l’autoritarisme.
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17.04.2025 à 12:40
Ancien conseiller au Centre Asie de l’IFRI, Claude Meyer a récemment publié La Chine de XI Jinping, menace pour la paix et l’ordre mondial aux éditions de l’Aube. Il répond aux questions d’Emmanuel Lincot, directeur de recherche et co-responsable du programme Asie-Pacifique à l’IRIS. LIRE LA NOTE :
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Ancien conseiller au Centre Asie de l’IFRI, Claude Meyer a récemment publié La Chine de XI Jinping, menace pour la paix et l’ordre mondial aux éditions de l’Aube.
Il répond aux questions d’Emmanuel Lincot, directeur de recherche et co-responsable du programme Asie-Pacifique à l’IRIS.
LIRE LA NOTE :
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16.04.2025 à 18:42
Pascal Boniface · La France et l’Europe face à Trump. Avec Alain Juppé | Entretiens Géopo Alors que la guerre a fait son retour sur le continent européen depuis février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’élection de Donald Trump, sa politique protectionniste et unilatérale, son rapprochement avec Moscou et au-delà sa remise en question de l’Alliance transatlantique met Bruxelles face à un défi existentiel. Celui de définir sa politique étrangère et de défense indépendamment de l’agenda de Washington, désormais loin d’être aligné sur le sien.Or l’illusion des dividendes de la paix et le sentiment de protection éternelle grâce au parapluie états-unien a participé de l’affaiblissement de l’appareil stratégique européen. Dans un contexte international en recomposition, les États membres de l’UE sont appelés à définir collectivement une orientation claire. Berlin s’associe désormais à Paris pour soutenir l’initiative de réarmement massif de l’Europe, quand le Royaume-Uni, qui a pourtant quitté l’Union, reprend langue avec les États membres face au lâchage venu d’outre Atlantique. Mais l’Europe parviendra-t-elle à penser son positionnement stratégique de manière autonome et unie ? Comment interpréter le rapprochement entre Washington et Moscou, l’un des principaux facteurs de remise en question de l’Alliance atlantique ? Et quel rôle la France et l’Allemagne vont-elles jouer dans la relance de l’ambition stratégique européenne et la modernisation de son arsenal de défense ? Autant de questions abordées dans ce podcast avec Alain Juppé, membre du Conseil constitutionnel, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères.
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Alors que la guerre a fait son retour sur le continent européen depuis février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’élection de Donald Trump, sa politique protectionniste et unilatérale, son rapprochement avec Moscou et au-delà sa remise en question de l’Alliance transatlantique met Bruxelles face à un défi existentiel. Celui de définir sa politique étrangère et de défense indépendamment de l’agenda de Washington, désormais loin d’être aligné sur le sien.
Or l’illusion des dividendes de la paix et le sentiment de protection éternelle grâce au parapluie états-unien a participé de l’affaiblissement de l’appareil stratégique européen. Dans un contexte international en recomposition, les États membres de l’UE sont appelés à définir collectivement une orientation claire. Berlin s’associe désormais à Paris pour soutenir l’initiative de réarmement massif de l’Europe, quand le Royaume-Uni, qui a pourtant quitté l’Union, reprend langue avec les États membres face au lâchage venu d’outre Atlantique.
Mais l’Europe parviendra-t-elle à penser son positionnement stratégique de manière autonome et unie ? Comment interpréter le rapprochement entre Washington et Moscou, l’un des principaux facteurs de remise en question de l’Alliance atlantique ? Et quel rôle la France et l’Allemagne vont-elles jouer dans la relance de l’ambition stratégique européenne et la modernisation de son arsenal de défense ?
Autant de questions abordées dans ce podcast avec Alain Juppé, membre du Conseil constitutionnel, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères.
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16.04.2025 à 10:37
https://www.youtube.com/watch?v=YcgRFNLfaPY Dès la campagne présidentielle, mais surtout depuis son retour aux affaires, Donald Trump ne cesse d’affirmer sa volonté de prendre le contrôle du Groenland. Deuxième plus grande île du monde, recouverte à 85 % de glace, le Groenland demeure juridiquement rattaché au Danemark. S’il bénéficie d’un statut d’autonomie, ses liens avec Copenhague sont des plus en plus contestés, comme l’illustre l’essor des courants indépendantistes. L’intérêt grandissant pour le Groenland découle notamment du dérèglement climatique, qui bouleverse l’ensemble de la région arctique. L’île pourrait devenir un carrefour stratégique grâce à l’ouverture de nouvelles routes maritimes polaires, prometteuses du point de vue du commerce international. Parallèlement, la fonte des glaces facilite l’accès aux ressources énergétiques et minières du territoire qui suscitent l’appétit des grandes puissances. L’Arctique, autrefois relativement préservé, devient un nouveau théâtre de rivalités. Dans un contexte de tensions géopolitiques grandissantes, la remilitarisation de la région s’accélère, renforçant le caractère stratégique du Groenland. Pour Washington, s’il s’agit de prendre le contrôle d’un territoire aux ressources alléchantes, l’intérêt renouvelé pour le Groenland relève également d’un esprit de conquête caractéristique du nouvel « âge d’or » américain souhaité par Donald Trump, outrepassant largement les règles de droit international. Dans ce contexte de surenchère, de quelles marges de manœuvre l’île dispose-t-elle pour préserver son autonomie et faire valoir ses intérêts ?
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Dès la campagne présidentielle, mais surtout depuis son retour aux affaires, Donald Trump ne cesse d’affirmer sa volonté de prendre le contrôle du Groenland.
Deuxième plus grande île du monde, recouverte à 85 % de glace, le Groenland demeure juridiquement rattaché au Danemark. S’il bénéficie d’un statut d’autonomie, ses liens avec Copenhague sont des plus en plus contestés, comme l’illustre l’essor des courants indépendantistes.
L’intérêt grandissant pour le Groenland découle notamment du dérèglement climatique, qui bouleverse l’ensemble de la région arctique. L’île pourrait devenir un carrefour stratégique grâce à l’ouverture de nouvelles routes maritimes polaires, prometteuses du point de vue du commerce international. Parallèlement, la fonte des glaces facilite l’accès aux ressources énergétiques et minières du territoire qui suscitent l’appétit des grandes puissances. L’Arctique, autrefois relativement préservé, devient un nouveau théâtre de rivalités.
Dans un contexte de tensions géopolitiques grandissantes, la remilitarisation de la région s’accélère, renforçant le caractère stratégique du Groenland. Pour Washington, s’il s’agit de prendre le contrôle d’un territoire aux ressources alléchantes, l’intérêt renouvelé pour le Groenland relève également d’un esprit de conquête caractéristique du nouvel « âge d’or » américain souhaité par Donald Trump, outrepassant largement les règles de droit international.
Dans ce contexte de surenchère, de quelles marges de manœuvre l’île dispose-t-elle pour préserver son autonomie et faire valoir ses intérêts ?
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16.04.2025 à 09:38
Le Japon, dont le pacifisme est inscrit dans sa constitution, connait une transformation de son approche stratégique. À l’heure où l’administration étasunienne rompt avec son maillage d’alliance traditionnel et, par la même occasion, bouleverse les équilibres géopolitiques en Indo-Pacifique, l’archipel nippon réoriente et consolide son influence. Si Tokyo fut longtemps la figure archétypale du softpower, son implication dans la défense du multilatéralisme et d’un « Indo-Pacifique libre et ouvert » pourrait l’engager sur la voie du réarmement. Ainsi, de nombreux débats naissent autour de cette métamorphose japonaise, comment Tokyo parvient-elle à se maintenir dans une position déterminante ? De quelles manières le Japon réussit-il à tisser des alliances diplomatiques, qui, de prime abord, paraissent contre-nature afin de renforcer son influence ? Comment s’y prend-il pour renouveler et développer ses forces militaires alors même que sa législation est particulièrement restrictive en la matière ? À l’occasion de la parution du n°137 de La Revue internationale et Stratégique sur « Le Japon et les métamorphoses de la puissance » qu’elle a dirigée, Marianne Peron-Doise, directrice de recherche à l’IRIS, co-responsable du programme Asie et directrice de l’Observatoire géopolitique de l’Indo-Pacifique, répond à nos questions :
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Le Japon, dont le pacifisme est inscrit dans sa constitution, connait une transformation de son approche stratégique. À l’heure où l’administration étasunienne rompt avec son maillage d’alliance traditionnel et, par la même occasion, bouleverse les équilibres géopolitiques en Indo-Pacifique, l’archipel nippon réoriente et consolide son influence. Si Tokyo fut longtemps la figure archétypale du softpower, son implication dans la défense du multilatéralisme et d’un « Indo-Pacifique libre et ouvert » pourrait l’engager sur la voie du réarmement. Ainsi, de nombreux débats naissent autour de cette métamorphose japonaise, comment Tokyo parvient-elle à se maintenir dans une position déterminante ? De quelles manières le Japon réussit-il à tisser des alliances diplomatiques, qui, de prime abord, paraissent contre-nature afin de renforcer son influence ? Comment s’y prend-il pour renouveler et développer ses forces militaires alors même que sa législation est particulièrement restrictive en la matière ?
À l’occasion de la parution du n°137 de La Revue internationale et Stratégique sur « Le Japon et les métamorphoses de la puissance » qu’elle a dirigée, Marianne Peron-Doise, directrice de recherche à l’IRIS, co-responsable du programme Asie et directrice de l’Observatoire géopolitique de l’Indo-Pacifique, répond à nos questions :
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15.04.2025 à 16:48
La question de la place de la religion au sein de nos sociétés traverse le temps et les époques. De charpente de l’État, elle perd progressivement de son influence en Europe et devient un sujet de débat public. La France et l’Allemagne, pourtant voisine, empruntent deux chemins divergents quant à l’encadrement de la religiosité, l’une portée par la laïcité héritée des fondamentaux de la Révolution, l’autre par la liberté de culte et la pluralité religieuse. Quelles sont les oppositions observables entre les deux cadres législatifs, français et allemand, qui entourent la religion ? En quoi ces divergences résonnent-elles avec les héritages de l’Histoire nationale ? Comment évolue la place du fait religieux face aux transformations sociales ? Dans quelles mesures l’actualité met en exergue l’ambiguïté entre la culture et la religion ? Le point avec Sylvie Toscer-Angot, professeure de civilisation allemande à l’université de Tours pour l’Observatoire Géopolitique du Religieux :
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La question de la place de la religion au sein de nos sociétés traverse le temps et les époques. De charpente de l’État, elle perd progressivement de son influence en Europe et devient un sujet de débat public. La France et l’Allemagne, pourtant voisine, empruntent deux chemins divergents quant à l’encadrement de la religiosité, l’une portée par la laïcité héritée des fondamentaux de la Révolution, l’autre par la liberté de culte et la pluralité religieuse. Quelles sont les oppositions observables entre les deux cadres législatifs, français et allemand, qui entourent la religion ? En quoi ces divergences résonnent-elles avec les héritages de l’Histoire nationale ? Comment évolue la place du fait religieux face aux transformations sociales ? Dans quelles mesures l’actualité met en exergue l’ambiguïté entre la culture et la religion ? Le point avec Sylvie Toscer-Angot, professeure de civilisation allemande à l’université de Tours pour l’Observatoire Géopolitique du Religieux :
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