
28.12.2025 à 12:42
David Dufresne
Au Poste, média indépendant 100% Live & Libre: 100% Live & Libre. Adonnez-vous! ► http://www.auposte.fr/dons
Au Poste dresse le bilan de son année 2025. Un média sans publicité, sans sponsor, sans stratégie dictée par les algorithmes, sans vignettes putaclics, sans titres racoleurs, financé quasi exclusivement par sa communauté. Moins de lives, mais mieux produits. Plus d’invité·e·s, plus de temps long, et le refus de la course à l’audience. Une réflexion assumée sur l’indépendance, ses limites, son coût et sa nécessité démocratique.
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Qu’avons-nous fait pendant 183 lives en 2025? De quoi avons-nous causé ensemble, comment la saison s’est déroulée pour Au Poste et sa commu? Qu’a-t-on raté, réussi, entrevu? Et pourquoi on compte bien continuer! Live spécial du dimanche!
Au Poste revendique une ligne claire : « un travail dans la durée, sans sponsor, sans publicité, sans effet de buzz, sans vignette putaclic, sans titre racoleur. »
Le choix du temps long est présenté comme une arme politique : « On a pris le temps long et le temps long, à mon sens, est une arme contre le pouvoir. »
La transparence financière est assumée comme un devoir : « Ce média indépendant n’existe que grâce à vous, donc la moindre des choses, c’est qu’on fasse ensemble notre bilan annuel »
La réduction du nombre de lives répond à une réflexion stratégique : « On a décidé de réduire un peu la voilure pour essayer de les produire au mieux. »
Le refus de la croissance infinie est explicitement formulé : « La croissance infinie n’est pas soutenable, y compris pour un média indépendant. »
Les plateformes sont identifiées comme un problème structurel : « Les plateformes de diffusion dévalorisent tout ce qui est politique, et Au Poste est 100 % politique. »
Le financement par le public est décrit comme un choix politique : « 95 % de notre financement vient de vos dons, sans intermédiaire, sans dépendance publicitaire. »
Le site et la newsletter sont pensés comme des outils d’autonomie : « Pas d’algorithme, pas d’intermédiaire, c’est stratégique pour notre liberté. »
Le média refuse la logique du buzz facile : « Si on voulait cartonner, il suffirait de faire des émissions constamment sur Macron, ou Bardella, avec leur nom en majuscules. Hors de question de jouer à ce jeu. »
La conclusion affirme le sens du projet : « Ce bilan ne raconte pas une success story, il raconte la possibilité de tenir un média indépendant sans renoncer. »
28.12.2025 à 09:00
David Dufresne
Au Poste, média indépendant 100% Live & Libre: 100% Live & Libre. Adonnez-vous! ► http://www.auposte.fr/dons
2025, année de tenue. Tenir la ligne. Tenir le rythme. Tenir l’indépendance. Comme chaque mois de décembre, depuis notre création en 2021, nous publions notre bilan en toute transparence.
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Au Poste travaille dans la durée. Sans sponsor. Sans effet de buzz. Sans vignettes putaclics. Sans titres racoleurs. Sans pause stratégique dictée par l’algorithme. Sans équipe pléthorique. Trois cent quatre-vingt dix heures de live, une régularité crânement assumée, une présence quasi continue tout au long de l’année.
La production est dense. Soutenue. Parfois éprouvante. Mais constante, et passionnée. Voici les chiffres avant l’analyse en dessous.
Outre les suspects habituels devant la caméra (Mathilde Larrère, Nora Bouazzouni, Marc Endeweld, David Dufresne), Au Poste accueille désormais un nouveau visage, celui d’Hélène Assekour (pour la reprise de l’émission Ecoloscope). Trois femmes, deux hommes.
En régie, Nayane s’est rendu indispensable: il a remanié le studio, changé les caméras, tenu la réalisation comme personne. A la modo, Euryale a réussi l’impossible: modérer plusieurs canaux à la fois (Twitch, Peertube, Youtube), tenu la cheffe d’édition du site, et œuvré partout et en tout temps. Dans l’ombre, Alexis Hamard (graphiste) ; Glaudioman, Robin et Donne Lapapatte (développeurs) ont huilé la mécanique, comme toujours ; Rolland a veillé aux biographies et aux verbatims de nos invités. Sans parler d’Axelle (pour les tasses), Céline, Pimiko, Aurélie et Muriel (pour tout).
Ce n’est pas tout! L’équipe travaille d’arrache-pied sur un nouveau site pour début 2026. Avec un nouveau graphisme, un outil de publication fait maison, des développeurs de génie: le studio Etamin qui nous a rejoint cet automne.
Quant à notre présence sur les réseaux sociaux, jusqu’ici bricolée par l’équipe, elle sera confiée à un pro dès début 2026 (bienvenue à lui!)
Chercheurs, journalistes, lanceurs d’alerte, militants, avocats, artistes, syndicalistes : la diversité politique est réelle. La pluralité des combats aussi. Cette année, parmi les thèmes de prédilection d’Au Poste: des condensés de conflits, de mensonges d’État, de batailles judiciaires, de dominations économiques, de violences policières, de guerres médiatiques.
Gauche explosive : Castets / Ruffin / Besancenot Trois gauches, un même constat : le RN prospère sur nos fractures. Et la question brutale revient : l’unité, c’est possible — ou c’est déjà foutu ?
Zyed, Bouna, Clichy 2005 (JP Mignard) Retour sur une affaire fondatrice : quand la justice cherche la vérité et que l’État, lui, cherche d’abord à “sauver la police”.
Élisabeth Borrel : “On n’a pas eu droit à la justice” Trente ans de combat face aux raisons d’État : Djibouti, la mort d’un juge, et le verrouillage méthodique d’une affaire qui dérange trop.
Sorj Chalandon : “dans les années 70, tout le monde était violent” Un entretien-confession : enfance brisée, militantisme, violence politique — et ce qu’il reste quand les illusions tombent.
Michel Claise, juge anticorruption Fraude fiscale, réseaux d’influence, pressions : un magistrat raconte la guerre souterraine contre les mafias financières — et pourquoi elle est si difficile à gagner.
Pièces à conviction disparues (Souheil El Khalfaoui) Une mort policière, une balle, des vidéos qui s’évaporent : l’histoire d’une famille qui tient, qui accuse, et qui refuse l’enterrement administratif.
Mathilde Panot #AuPoste Deux heures de fond : union à gauche, médias, VIe République, Gaza, accusations d’“apologie” — LFI sous pression, mais en offensive.
“La Meute”, ne Mélenchon pas tout Décryptage d’un objet politico-médiatique : ce que le livre raconte, ce qu’il évite, et la tentation permanente de réduire la politique à une seule tête.
Double live : à l’assaut maritime de l’île de Bolloré + débat médias Action directe en mer, puis autopsie stratégique : comment résister à un empire médiatique devenu machine de guerre politique.
L’empire colonial de Bolloré Plantations, ports, Afrique, influence : la fortune coloniale et ses prolongements contemporains, jusqu’aux médias et à la “respectabilité” rebrandée.
Porno français : la machine à broyer les femmes Violences, système, impunité : la pornographie industrielle comme économie de la prédation, et le prix payé par les femmes.
Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger : quand les écrivains s’écrivent Deux écritures, deux visions, un même champ de bataille : littérature, politique, domination, et cette question qui reste — qui a le droit de raconter qui ?
L’audience aupostienne progresse. Les dons augmentent. Les vues s’accumulent. La courbe monte, année après année. 2025 marque aussi un palier. Celui d’un média qui a consolidé son socle, sans encore franchir un cap de diffusion. Est-ce le prix de notre décision, à la moitié de l’année, de réduire la voilure? Une équipe resserrée, des lives moins fréquents, mais mieux préparés, des événements publics plus rares et plus impactants?
Au Poste interagit avec un public exigeant, politisé, critique. Cela crée une incroyable et belle fidélité. Cela limite aussi la viralité facile et factice. C’est un choix assumé: Au Poste est, aussi, en rupture avec l’idée de croissance sans fin, de course à l’audience.
Le cœur des aupostien·ne·s se situe entre 25 et 44 ans — selon Youtube qui nous fournit ces chiffres sans qu’on ne lui ait jamais demandé. Les plus jeunes restent minoritaires. C’est un défi: transmettre sans édulcorer. Ouvrir sans lisser. Aller chercher sans renoncer. La question est: doit-on le relever ?
Le site AuPoste.fr joue son rôle d’archive, de mémoire, de point d’appui. La newsletter progresse lentement mais sûrement. Ces outils sont stratégiques. Ils nous permettre d’agir hors plateformes.
Les dépenses sont maîtrisées, souvent contraintes. Le matériel, les outils, la diffusion, le montage. Pas de communication clinquante. Pas d’agence. Pas de poudre aux yeux.
Côté recettes, le constat est sans ambiguïté : ce sont les dons qui font tenir Au Poste. Le public, directement. Sans intermédiaire. Sans dépendance publicitaire. Sans financeur institutionnel. C’est une force politique.
Début 2026, Au Poste proposera également un système d’abonnement, qui devrait nous permettre de pérenniser au mieux notre média.
Ce bilan ne raconte pas une success story start-up. Il raconte autre chose :
Au Poste existe parce que des milliers de personnes estiment que cette parole est nécessaire. Pas rentable. Nécessaire.
2 journalistes, 1 modératrice, 5 pigistes, 4 développeurs, 1 animateur de réseaux sociaux. Préparation, animation, modération et post-production des émissions, développeurs, graphistes, mise en ligne sur Peertube, fabrication des podcasts
Studio, assurances, télécoms, courrier, EDF
Tournage, montage, diffusion
Tournages extérieurs, transports invités, déplacements, hébergement
Dons aux développeurs de logiciels open source, abonnements-soutiens à la presse indépendante
Fabrication, frais de port
Chaque année, Au Poste publie un bilan complet. Voici le dernier en date: année 2025.
Au Poste n’est pas gratuit. Il est libre. Et la liberté n’existe que si elle est financée collectivement. Soutenir Au Poste, c’est refuser que le débat public soit confisqué. C’est choisir de ne pas se taire. Et mieux: de donner la parole à celles et ceux qui ne l’ont pas, ou peu, ou jamais.
Les plateformes invisibilisent les médias critiques. Les institutions ne financent pas — ou alors à la marge — un média qui les questionne. Les médias dominants écrasent notre travail par leur mépris et leur puissance. Seul·es les aupostien·nes nous financent.
Derrière l’écran : du matériel à maintenir, des outils à payer, des heures de préparation, de montage, de diffusion, du travail invisible, continu, souvent précaire. Au Poste fonctionne sans structure lourde, sans frais superflus. Chaque euro donné sert à produire, diffuser, enquêter. Pas à enrichir. Sans publicité, ni subventions conditionnées, ni partenariats opaques, Au Poste vit d’un choix politique : celui de l’indépendance. Et cette indépendance a un prix.
Donner à Au Poste, ce n’est pas « aider un créateur ». C’est participer à un espace public qui refuse la langue de bois, la brutalisation du débat, la résignation. C’est transformer une audience en force politique consciente.
2025 a montré la solidité du projet. Elle a aussi montré ses limites humaines et matérielles.
Les dons permettent :
• de tenir le rythme sans s’épuiser,
• d’améliorer la qualité sans compromis,
• de préparer l’avenir sans dépendance.
• Continuer les lives et les enquêtes.
• Accueillir plus de voix, plus de femmes, plus de combats.
• Refondre le site et renforcer la newsletter hors algorithmes.
• Garantir une parole libre, durable, transmise.
• Développer notre présence sur les réseaux sociaux
19.12.2025 à 20:03
Nora Bouazzouni
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Glyphosate, chlordécone, néonicotinoïde, SDHI… Les pesticides ne relèvent pas d’accidents isolés mais d’un système politique, économique et sanitaire profondément structuré. Giovanni Prete et Jean-Noël Jouzel démontent l’illusion de la réparation, l’inefficacité des protections individuelles et l’impunité persistante des responsables. Contamination généralisée, cadres réglementaires complaisants, responsabilité de l’État et inertie européenne: l’empoisonnement est collectif.
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Malgré le consensus scientifique et la multiplication des alertes, malgré des risques largement documentés sur la santé et l’environnement, malgré la hausse des pathologies et des contaminations sur les paysan·nes comme sur la population générale, les pouvoirs publics font la sourde oreille et déroulent le tapis rouge aux industriels : la France est le 3e pays européen autorisant le plus grand nombre d’herbicides, insecticides et autres fongicides.
Pour ce nouvel épisode de Bouffe de là, Nora Bouazzouni recevait les auteurs de “L’agriculture empoisonnée. Le long combat des victimes des pesticides” (Presses de Sciences Po, 2024), deux sociologues spécialistes des enjeux sociaux et politiques de la santé au travail et de la santé environnementale, particulièrement en agriculture : Giovanni Prete, maître de conférences à l’université Sorbonne-Paris Nord et chercheur à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux, et Jean-Noël Jouzel, directeur de recherche CNRS au Centre de sociologies des organisations à Sciences Po Paris.
Jean-Noël Jouzel insiste sur la dimension démocratique du problème: «Si j’avais une baguette magique, je convaincrais les abstentionnistes d’aller voter»
Les pesticides produisent une contamination généralisée de la population: «On est tous contaminés», par l’air, l’eau, l’alimentation, y compris chez ceux qui mangent bio
Les autorités sanitaires minimisent les risques en invoquant des seuils, alors même que «on a une connaissance très limitée des effets cumulés» et des expositions de long terme
La prévention fondée sur les comportements individuels est jugée inefficace: «On ne peut pas faire reposer une politique de prévention sur des actions individuelles»
Les équipements de protection ne constituent pas une solution fiable: «les protections sont imbibées de produits» et peuvent devenir des sources d’exposition supplémentaires
Les travailleurs agricoles et assimilés restent les plus exposés, bien davantage que le reste de la population, révélant une inégalité sanitaire structurelle
La réparation des maladies professionnelles est analysée comme un compromis historique: «Pourquoi changer le système? Puisque les maladies […] sont réparées»
Le fonds d’indemnisation des victimes des pesticides ne reconnaît pas la responsabilité financière de l’État, contrairement à l’amiante, car «l’État continue à autoriser des pesticides»
La régulation européenne est en recul, avec l’abandon ou l’affaiblissement de mesures pourtant acquises, sans ambition de leadership sanitaire
Pour Giovanni Prete, le levier central reste politique: «Il faut changer la PAC» et imposer des mesures miroirs strictes sur le commerce international