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Tristan Nitot sur la technologie, l'Internet et les libertés numériques

 

Publié le 29.06.2025 à 16:32

En vrac du mois de juin

Des nouvelles de l’IA

Des nouvelles d’Elon Musk, ce génie

Des nouvelles du capitalisme

  • Shimano : la transmission automatique sans fil et sans recharge pour vélo arrive enfin, ou comment essayer de rendre obsolètes tous les dérailleurs mécaniques pour vendre de nouveaux vélos avant qu’ils ne soient usés ! En vrai, ça va être un système pas du tout low-tech, et probablement pas maintenable par la plupart des gens, avec une empreinte énorme (une batterie, un moyeu dynamo, un calculateur) tout ça pour éviter aux gens de passer des vitesses avec un cable en inox (ce truc fiable et pas cher, vous savez ?) Pourtant, si on prend le temps de regarder ses concitoyens au feu rouge, on voit bien qu’ils sont nombreux à ne pas savoir (ou vouloir ?) utiliser le changement de vitesses. Ce qui pourrait bien prouver que le besoin d’une telle transmission est réel.
  • Sites d’infos générés par IA : « Notre job, c’est gruger Google » pour faire du fric, ou comment Google finance avec la pub les usines à fake news. “Don’t be evil, my ass!”
  • « Taxe Zucman » : Ces économistes (dont un proche de Macron) plaident pour un impôt sur les grandes fortunes. « alors que l’ensemble des Français acquittent environ 50 % de leurs revenus en impôts et cotisations sociales, tous prélèvements compris, ce chiffre tombe à 27 % pour les milliardaires, soit presque deux fois moins ». Pourquoi ? Parce qu’ils “optimisent fiscalement” (j’essaye de rester poli, vous avez remarqué ?). Aussi, les économistes “plaident pour l’instauration d’un impôt plancher sur le modèle de celui adopté à l’Assemblée nationale (2 % sur le patrimoine des foyers fiscaux dont la fortune est supérieure à 100 millions d’euros). Et ce pour une raison simple : un tel mécanisme « s’attaque à toutes les formes d’optimisation, quelle qu’en soit la nature »”.
  • Penser le post-capitalisme | Timothée Parrique | TEDxLiège. On voit que Timothée continue de bien progresser dans son raisonnement et son exploration, et ça fait plaisir ! On se souviendra avec émotion qu’il était intervenu sur l’Octet Vert tout début 2023 Octet Vert S3E02 — Timothée Parrique sur la décroissance ;
  • Souveraineté numérique : les géants américains du cloud lancent la contre-offensive en Europe, mais c’est du pipeau, comme l’explique plus bas l’article : “Lundi, Microsoft a annoncé le renforcement de ses offres d’hébergement de données en Europe. Cette offre dite « souveraine » sera disponible fin 2025. Elle doit « garantir que les données des dients restent en Europe, sous la loi euro-péenne, contrôlées par du personnel européen », indique l’entreprise de Redmond. Néanmoins, elle ne peut garantir entièrement que les Etats-Unis ne pourraient avoir accès aux données de ses clients, comme l’a reconnu Anton Carniaux, le directeur des affaires publiques et juridiques de Microsoft France, lors d’une audition par le Sénat au sujet de la commande publique.” (Source) ;
  • Meta, toujours à la pointe pour espionner les gens. Protect Yourself From Meta’s Latest Attack on Privacy explique l’EFF à propos de l’exploitation de ce trou de sécurité ;
  • « Nous avons tous un bout de Congo dans nos poches » : l’appel des prix Nobel pour stopper les souffrances des Congolais. “Un appel signé par 75 prix Nobel demande à la Communauté internationale d’agir pour mettre fin aux souffrances des civils congolais dans l’Est de la RDC riche en minerais” ;
  • Bonne nouvelle ! 5 ans de mise à jour pour tous les smartphones à partir du 20 juin 2025 ;
  • The Unteachable King: Why Zuckerberg Can’t Build the Future. Un long papier à charge contre Mark Zuckerberg (Meta/Facebook). La thèse principale est que Zuck est invirablevu le montage financier de l’entreprise. Personne donc n’ose lui dire la vérité en face. Donc il n’apprend pas et multiplie les erreurs coûteuses. Le génocide de Rohingya en Birmanie, Cambridge Analytica, la réalité virtuelle, et maintenant l’IA (les modèles de Meta sont derrière ceux de Google, OpenAI et Anthropic malgré des budgets famarineux). À l’inverse, Steve Jobs, qui était brillant mais odieux, a été viré d’Apple, avant de revenir bien plus tard en ayant appris l’échec, ce qui a relancé Apple et fait que l’entreprise vit bien, même après son décès.

Des nouvelles d’EROOM

  • Swift at Apple: migrating the Password Monitoring service from Java, ou comment une réécriture en passant de Java à Swift a permis de réduire la consommation de mémoire de 90%, de diviser par 2 le matériel tout en augmentant la performance de 40% et en réduisant de 85% le nombre de lignes de code !
  • Mon employeur, OCTO Technology, a sorti une RefCard EROOM que vous pouvez télécharger gratuitement (mais il faut laisser vos coordonnées). Si on se rencontre, demandez la moi en version papier, j’en ai souvent dans mon cartable !

Des nouvelles du Logiciel Libre

Climat

Très en vrac

  • Sortie du Fairphone 6, avec plein de trucs intéressants. Par exemple : 8 ans d’assistance logicielle et 5 ans de garantie. Stockage extensible jusqu’à 2 To. Assemblé dans des usines équitables et “Fairphone Moments”, un bouton physique qui fait basculer le téléphone dans un mode minimaliste paramètrable qui incite moins à l’addiction. Stylé !

Publié le 19.06.2025 à 18:58

IA : du bain de sang à la transition douce vers la super intelligence

“Viens faire de l’IA, au début ça sera un bain de sang et ensuite ça sera luxe, calme et volupté” affirment respectivement les deux frères ennemis de l’IA, Dario Amodei (CEO d’Anthropic) et Sam Altman (CEO d’OpenAI).

Je me suis demandé comment c’était possible de tenir de tels propos tout en cherchant à pousser le client à acheter un produit ou un concept comme l’IA (générative dans un premier temps puis générale ensuite). J’ai mis un peu de temps, et j’ai fini par comprendre.

Je vous explique :

Amodei dit que 50% des jobs juniors ce cols blancs (travailleurs de la connaissance, juristes, informaticiens, journalistes, consultants, etc) vont disparaître rapidement. Pourquoi fait-il ça ? Pour activer la FOMO (Fear Of Missing Out), la peur de rater le train de l’IA, et qu’on se dise “Oh mais si je ne fais pas d’IA Gen, je vais me retrouver à la rue / perdre mon job / mon entreprise” (rayez les mentions inutiles).

Et donc ça a du sens pour lui, niveau business, d’alimenter la folie autour de l’IA générative… en faisant peur de ne pas y aller !

À l’inverse, Sam Altman d’OpenAI/ChatGPT, quand il dit que la transition vers l’IA va se passer “doucement”, il parle d’IA générale (et pas générative). L’IA générale, ou superintelligence, adviendra à un moment — dit “singularité” — où l’IA apprend par elle-même et s’auto-optimise pour devenir plus intelligente que l’humain. Et là, Altman vise loin et nous annonce un avenir radieux, qui aura lieu après le bain de sang évoqué par Amodei.

Et l’alignement ?

Altman prend toutefois la précaution de dire qu’il y a un problème qui reste à résoudre, celui de l’alignement, c’est à dire qu’il faudra empêcher la super intelligence de se tourner contre l’humain. Il a raison, c’est un des grands défis de l’IA générale : pourquoi un super cerveau artificiel, plus intelligent que l’humain, accepterait de s’embarrasser d’êtres biologiques inférieurs et irrationnels ?

C’est un vrai défi, car on a déjà vu des IA mentir pour plaire à l’utilisateur et pour ne pas être déconnectées ou remplacées par une version plus récente. Et c’est là que la future réalité pourrait bien rejoindre la fiction de la saga Terminator… Altman sait à quel point ces films ont imprégné la culture humaine et tente donc ici de désamorcer cela.

On regrettera qu’Altman n’aborde pas les problèmes causés par l’IA au niveau énergie, climat, biodiversité et sociétaux, problèmes qui, contrairement à la superintelligence, sont déjà là et chaque jour plus visibles.

(Note : ce billet a été initialement publié sur LinkedIn)


Publié le 28.05.2025 à 17:47

En vrac du mois de Mai

Des nouvelles d’Elon Musk, ce génie

Des nouvelles de l’IA

Des nouvelles de l’autonomie stratégique (auparavant souveraineté)

Des nouvelles de la sobriété, de l’écologie, etc.

Des nouvelles du capitalisme


Publié le 18.05.2025 à 20:16

Low Tech et vélo

Avec l’ami Ploum, nous avons été invités à participer à l’événement Parlons Vélo Massy pour y parler de Low-Tech (et de vélo) dans le cadre de cet événement très sympathique.

Il pensait y aller en RER avec son épouse et leur fils, alors que pour ma part, je prevoyais de faire les presque 20 km à vélo, d’autant que le trajet passe par la fameuse coulée verte. Quelques arrangements plus tard, nous voilà tous ensemble à vélo, Madame et le fiston sur un cargo de location, Ploum et moi sur deux de mes vélos, mon Gravel titane et mon Brompton G-Line, que nous avons interchangé, pour qu’il puisse aussi bien tester un vélo en titane (une première pour lui) et un pliant (aussi une première). Ploum a publié juste avant l’événement un petit manifeste low-tech. À mon tour d’écrire un article sur le sujet, mélange de ce que je pense et de ce qui s’est dit lors de la table ronde.

Ploum et Tristan sur leurs vélos

Low Tech, un essai de définition

Il existe plein de définitions du concept de Low-Tech ! Alors forcément, j’ai commencé à demander à wikipédia, à chercher comment c’est défini par Philippe Bihouix, l’auteur de l’excellent L’âge des Low-Tech. J’ai aussi cherché sur le Web, par exemple chez Ecoconso.be, qui explique bien tout cela. Mais faute de définition officielle, je concocte la mienne.

L’approche Low-Tech, c’est une approche de la technologie qui rassemble plusieurs points clés :

  • Sobriété : conception simple, juste ce qu’il faut de technologie, pas plus.
  • Efficience : consomme peu de ressources tout en fournissant ce qu’on lui demande.
  • Durabilité : pourra être utilisé pendant longtemps (solide, basé sur des technologies qui existeront encore dans plusieurs années et qu’on a le droit d’utiliser…).
  • Maintenabilité : facile à entretenir soi-même, avec des outils et des pièces standards.
  • Facilité d’utilisation : facile à utiliser par tout le monde.
  • Local : utilise des ressources locales autant que possible.

Et ça n’est pas… l’absence de technologie. C’est comme dit plus haut, juste ce qu’il faut de technologie. Pas assez, et l’objet n’est pas à la hauteur du besoin, et si on met trop de technologie, on perd en maintenabilité, en bidouillabilité. Mais le vélo, c’est technologique ! Fabriquer un tube d’acier, un roulement à billes, un câble de dérailleur, un pneu, ça demande beaucoup d’énergie, de savoir faire et de machines. (Ajout : la fabrication d’un vélo à l’usine Raleigh en Angleterre en 1945). Merci Florian !

Low Tech et vélo

Dans la conversation à Massy, on a abordé les cas où il y avait — pour nous — trop de technologie, par exemple les dérailleurs électriques Shimano Di2 qu’il faut recharger régulièrement. Chez le fabricant SRAM, il y en a même qui sont sans fil (donc 2 batteries à recharger). Il n’y a eu personne dans l’assistance pour défendre un tel système, mais j’ai déjà croisé des sportifs qui ne juraient que par lui. (Merci à Fassil qui m’indique sur Mastodon cet article sur le sujet : The Cost of Convenience: Taking a Hard Look at Wireless Shifting. Le journaliste conclut que les manettes à friction, c’est mieux que le dérailleur électrique. Pour moi qui ne jure que par les systèmes indexés à câble, cela me fait passer pour un fan de high-tech !)

On a ensuite abordé la problématique des vélos Angell. Électriques, super design, mais avec de grave problèmes de conception au point qu’il est recommandé de ne plus les utiliser. À l’heure de la table ronde, les serveurs d’Angell ne sont plus accessibles.

Van Moof, qui a fait faillite avant d’être racheté, a donné des sueurs froides à ses clients, puisqu’ils risquaient de ne plus pouvoir utiliser leur vélo, car ces derniers sont connectés à des serveurs Internet dont ils dépendent pour fonctionner. Les factures de ces serveurs n’étant plus payées, les vélos pouvaient être immobilisés, même s’ils fonctionnaient correctement d’un point de vue mécanique. On voit bien ici la limite au trop-plein de technologie.

Alors que nous commencions à dire du mal du vélo électrique (je vois des enfants sur des trottinettes électriques avec une selle rajoutée, alors qu’ils feraient mieux de faire du vélo), j’ai rappelé que le vélo à assistance électrique n’était pas nécessairement mauvais. Il permet à certaines personnes en situation de handicap ou en surpoids ou ayant des trajets longs ou à fort dénivelé de pratiquer le vélo, chose qu’ils ne pourraient pas faire autrement. C’est là qu’on réalise que le curseur qui sépare la low-tech de la high-tech dépend aussi du besoin de l’utilisateur.

Low Tech contre système capitaliste

L’animateur de la table ronde a voulu aborder la low-Tech sous un aspect politique, et il a bien fait. Car si on peut regretter l’emprise écrasante de la High-Tech, il faut la remettre dans le contexte économique du capitalisme et de la société de consommation. Un parent qui offre une trottinette électrique à son enfant, qui a pourtant bien besoin de se dépenser physiquement, ne réalise pas forcément qu’il lui fait du mal, en l’empêchant de faire de l’exercice, car il croit lui faire plaisir, parce que l’objet est désirable. Cela nous pousse à penser la place du capitalisme, de la consommation, de la publicité et des modes dans la destruction du vivant qui est en cours.

Quand la bicyclette inspirait la high tech

Il y a une vieille vidéo de Steve Jobs que j’adore. Il dit que pour lui, “l’ordinateur est une bicyclette pour l’esprit”, ce qui est une façon très intéressante d’en parler. Plus de détails sur le contexte et le document évoqué : How the bicycle beats evolution and why Steve Jobs was so taken with this fact. En substance, alors que la bicyclette permet à l’humain d’aller plus vite avec moins d’effort, Steve Job, à la fin des années 1970, voyait l’ordinateur personnel comme étant une bicyclette pour l’esprit. J’adore cette approche, elle me touche profondément, mais quand je regarde le numérique aujourd’hui, l’addiction aux applications mobiles, à son empreinte environnementale, aux dérives de l’IA d’un point de vue social et du rapport à la vérité, aux dégâts provoqués par les réseaux sociaux, je me dis qu’on a perdu de vue cette vision.

Pour aller plus loin

When you put a person into a car, their muscles wither. You put a person into an information car, and their thinking ability withers. I wouldn’t put a person within 15 yards of a computer unless I was absolutely sure that it was a kind of a bike for them.

Ce qui donne, traduit par mes soins :

Quand vous mettez une personne dans une voiture, elle perd ses muscles. Quand vous mettez une personne dans une voiture informationnelle, elle perd sa capacité à penser. Je ne mettrais pas d’ordinateur à proximité d’une personne à moins d’être certain qu’il ne soit comme un vélo pour elle.

Ploum et Tristan sur leurs vélos, suivis par un vélo cargo avec un enfant dedans


Publié le 28.04.2025 à 15:48

En vrac d'avril 2025

De retour de vacances, la tête dans le guidon, et donc même pas le temps de remettre les articles dans des sections ! Mais je vous souhaite une bonne lecture tout de même !


Publié le 29.03.2025 à 19:35

En vrac de mars 2025

Pendant ce temps-là aux USA

Vie privée

Totalement en vrac

Autonomie stratégique (anciennement souveraineté)

Empreinte du numérique

IA

Mobilité

  • FAQ Suirt, ou pourquoi je n’utilise plus d’huile sur la chaîne de mes vélos.

Enshittification / Emmerdification

  • Un cas exemplaire de merdification : Sur Chrome, uBlock Origin cesse doucement de fonctionner. Rappel : la merdification a 4 étapes pour 1 plateforme. 1 - servir bien les utilisateurs. 2 - servir les entreprises. 3 - se servir soi aux dépends des autres. 4 - Mourir. Chrome est en phase 3, alors qu’ils réduisent les possibilités des bloqueurs de pub était prévu. C’est juste en train d’arriver… Ensuite, la phase 4 !

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