06.08.2025 à 16:17
Cyril Dion, Monopoly et systémique
Tristan
Cela fait des années que je réfléchis au changement climatique, aux limites planétaires, à ce que chacun peut faire pour éviter le drame.
Oui, les petits gestes écologiques sont indispensables mais — je le regrette — pas suffisants. J’ai bien compris que le problème a une dimension systémique qui est centrale. Mais j’avais du mal à le comprendre, et plus de mal encore à l’expliquer clairement aux autres.
Cela ne fait que quelques semaines que je suis tombé sur cette vidéo de Cyril Dion : Pourquoi ne fait-on rien face aux enjeux écologiques ?, issue de sa chronique hebdomadaire sur l’excellente émission La Terre au carré de Mathieu Vidard, près d’un an après son passage sur les ondes. Contre toute attente, j’ai eu beaucoup de mal à retrouver cet épisode sur le site de France Inter, et d’après mes échanges sur le réseau Mastodon, je ne suis pas le seul. Aussi, j’ai fini par le transcrire moi-même (voir ci-dessous). Et puis je l’ai finalement retrouvé. Pour être sûr qu’il ne disparaisse pas à nouveau, voici ma transcription. L’emphase (le gras) est de mon fait :
Cyril Dion : la semaine dernière j’ai fait une promesse peut-être un peu audacieuse qui est de répondre à cette incessante question celle qu’on me pose depuis 20 ans à chaque fois qu’il est question d’écologie. Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Quand on y pense c’est un peu dingue qu’on en soit encore là en 2024, qu’on se sente impuissant et coincé au point de se poser toujours la même question, mais bon. En fait la réponse est assez simple. En tout cas je vais tâcher de la formuler de la façon la plus simple possible. Vous trouverez peut-être ça simpliste, caricatural, mais je n’ai que 4 minutes. Mais d’abord pour se mettre d’accord sur la solution, il faut se mettre d’accord sur le problème.
Notre problème, celui que nous devons résoudre, c’est de garder cette planète habitable. De faire en sorte de ne pas dépasser ce que les scientifiques du Stockholm Resilience Center ont appelé les 9 limites planétaires qui garantissent que la vie sur Terre restera possible et aussi agréable que faire se peut dans les décennies et les siècles à venir. Or sur les 9 limites, nous en aurions déjà dépassé 6. On dérègle le climat, on tue les espèces vivantes entre 100 et 1000 fois plus vite que leur taux d’extinction normal, on détruit les zones sauvages pour les artificialiser, on surutilise et on pollue l’eau douce, on sature les écosystèmes de molécules chimiques, on perturbe les cycles de l’azote et du phosphate. C’est du beau boulot.
Mathieu Vidard : Et donc, qu’est-ce qui va se passer a priori si on continue comme ça ?
On met notre espèce en danger en plus des autres. Au rythme actuel, une partie de l’humanité pourrait disparaître. Mourir. Des centaines de millions de personnes au moins, à cause de la chaleur, de la pollution, des catastrophes naturelles, d’épidémies, parce qu’il n’y aura plus assez d’eau, de nourriture, parce que des guerres éclateront, parce qu’une grande partie, de la vie sur Terre pourrait s’effondrer brutalement ce que les scientifiques appellent une extinction de masse.
Et des millions de personnes meurent déjà. Un décès sur six sur la planète est causé par la pollution de l’air, des sols, de l’eau chaque année. Mais alors pourquoi on fait ça ? On pourrait se demander. C’est vrai, ça a l’air débile comme projet ! Eh bien on fait ça — roulement de tambour — pas parce qu’on est idiot ou méchant, mais parce qu’une petite poignée de personnes a décidé pour nous (personne n’a voté) que c’était ça le projet collectif, que c’était ça le jeu auquel nous allions tous jouer.
Ça s’appelle la croissance infinie dans un monde fini, ou le capitalisme. Ça consiste à transformer des gens, des paysages, des animaux, en valeur, en argent, le plus vite possible. Ce qui nous conduit à brûler trop de carbone qu’on envoie dans l’atmosphère, à raser trop de forêts, à pêcher trop de poissons, à déverser trop de produits chimiques dans les rivières, les sols, les océans, à produire trop de déchets, à manger trop de viande.
Il n’y a pas vraiment besoin d’être une lumière pour comprendre que ce trop à long terme ça ne peut pas marcher. Un peu comme quand votre médecin vous dit que si vous fumez trop, que si vous buvez trop, que si vous collez trop de produits chimiques dans le buffet, il y a de très fortes chances que vous finissiez avec un cancer et éventuellement que vous y passiez.
Donc pour résoudre le problème, nous avons besoin de faire l’inverse, c’est-à-dire moins. Le GIEC appelle ça la sobriété dans son sixième rapport. C’est ça la réponse simple à qu’est-ce qu’on peut faire. Pas juste décarboner. On peut décarboner et continuer à défoncer les écosystèmes. Non, consommer radicalement moins de matière et d’énergie, globalement rétablir l’équilibre.
Tout le reste, c’est du baratin : le développement durable, la croissance verte, toutes ces oxymores pour faire croire qu’on peut tout changer sans rien changer, qu’on peut continuer à faire plus tout en faisant moins, qu’on peut tout faire en même temps.
Mathieu Vidard : Et alors si on le sait, Cyril Dion, pourquoi est-ce qu’on ne le fait pas ?
Cyril Dion : On ne le fait pas parce que ceux qui sont en tête dans la grande partie de Monopoly mondiale auquel nous jouons toutes et tous de gré ou de force, c’est-à-dire ceux qui consomment le plus, ceux qui ont le plus de pouvoir, n’ont aucune envie qu’on joue à autre chose, parce qu’ils gagnent.
Une illustration ? Depuis 50 ans les grandes compagnies pétrolières, parmi les multinationales les plus riches de la planète ont dépensé des milliards pour empêcher qu’on touche à leur business mortifère. Pareil pour l’industrie chimique. Et les gouvernements ont suivi.
Et nous dans tout ça, pourquoi est-ce qu’on ne fait rien ou pas plus ? C’est quand même de notre survie qu’on parle. Vous avez le temps de sauver le climat, vous ? (Je parle aux auditeurs.) Non. Parce qu’il faut aller gagner votre vie 7 à 8 heures par jour. Et qui a décidé ça ? Qui aurait le pouvoir de vous libérer du temps et de l’argent pour agir ? Ceux qui déterminent les règles du jeu.
Et c’est là que se situe la seconde réponse. Agir ce n’est pas aller travailler chez Total en vélo ou manger des Pokéballs véganes à la cantine de Bayer. Ce n’est pas faire des petits gestes dans un océan de croissance. Quelqu’un disait même si vous faites jouer Martin Luther King, Gandhi et Mère Theresa au Monopoly, à la fin il se produira la même chose : l’un aura ruiné les autres.
Parce que ce n’est pas un problème de personne, c’est un problème de jeu.
Et aujourd’hui, nous avons besoin de changer de jeu.
Les épisodes de podcast qui suivent et expliquent la suite
- 04/09/2024 - Mais qu’est-ce qu’on peut bien faire face à l’urgence écologique ? (épisode ci-dessus) ;
- 11/09/2024 - Les petits gestes peuvent-ils servir face au péril écologique ? ;
- 18/09/2024 - La démocratie peut-elle nous sauver du péril écologique ? ;
- 25/09/2024 - C’est quand la révolution ? ;
- 02/10/2024 - Comment participer à la révolution ?
- 09/10/2024 - La stratégie des crottes de chien ;
- 16/10/2024 - Prenez soin de vous ;
- 23/10/2024 - Est-ce que l’écologie est politique ? ;
- 30/10/2024 - Le secret du changement
Texte intégral (1598 mots)
Cela fait des années que je réfléchis au changement climatique, aux limites planétaires, à ce que chacun peut faire pour éviter le drame.
Oui, les petits gestes écologiques sont indispensables mais — je le regrette — pas suffisants. J’ai bien compris que le problème a une dimension systémique qui est centrale. Mais j’avais du mal à le comprendre, et plus de mal encore à l’expliquer clairement aux autres.
Cela ne fait que quelques semaines que je suis tombé sur cette vidéo de Cyril Dion : Pourquoi ne fait-on rien face aux enjeux écologiques ?, issue de sa chronique hebdomadaire sur l’excellente émission La Terre au carré de Mathieu Vidard, près d’un an après son passage sur les ondes. Contre toute attente, j’ai eu beaucoup de mal à retrouver cet épisode sur le site de France Inter, et d’après mes échanges sur le réseau Mastodon, je ne suis pas le seul. Aussi, j’ai fini par le transcrire moi-même (voir ci-dessous). Et puis je l’ai finalement retrouvé. Pour être sûr qu’il ne disparaisse pas à nouveau, voici ma transcription. L’emphase (le gras) est de mon fait :
Cyril Dion : la semaine dernière j’ai fait une promesse peut-être un peu audacieuse qui est de répondre à cette incessante question celle qu’on me pose depuis 20 ans à chaque fois qu’il est question d’écologie. Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Quand on y pense c’est un peu dingue qu’on en soit encore là en 2024, qu’on se sente impuissant et coincé au point de se poser toujours la même question, mais bon. En fait la réponse est assez simple. En tout cas je vais tâcher de la formuler de la façon la plus simple possible. Vous trouverez peut-être ça simpliste, caricatural, mais je n’ai que 4 minutes. Mais d’abord pour se mettre d’accord sur la solution, il faut se mettre d’accord sur le problème.
Notre problème, celui que nous devons résoudre, c’est de garder cette planète habitable. De faire en sorte de ne pas dépasser ce que les scientifiques du Stockholm Resilience Center ont appelé les 9 limites planétaires qui garantissent que la vie sur Terre restera possible et aussi agréable que faire se peut dans les décennies et les siècles à venir. Or sur les 9 limites, nous en aurions déjà dépassé 6. On dérègle le climat, on tue les espèces vivantes entre 100 et 1000 fois plus vite que leur taux d’extinction normal, on détruit les zones sauvages pour les artificialiser, on surutilise et on pollue l’eau douce, on sature les écosystèmes de molécules chimiques, on perturbe les cycles de l’azote et du phosphate. C’est du beau boulot.
Mathieu Vidard : Et donc, qu’est-ce qui va se passer a priori si on continue comme ça ?
On met notre espèce en danger en plus des autres. Au rythme actuel, une partie de l’humanité pourrait disparaître. Mourir. Des centaines de millions de personnes au moins, à cause de la chaleur, de la pollution, des catastrophes naturelles, d’épidémies, parce qu’il n’y aura plus assez d’eau, de nourriture, parce que des guerres éclateront, parce qu’une grande partie, de la vie sur Terre pourrait s’effondrer brutalement ce que les scientifiques appellent une extinction de masse.
Et des millions de personnes meurent déjà. Un décès sur six sur la planète est causé par la pollution de l’air, des sols, de l’eau chaque année. Mais alors pourquoi on fait ça ? On pourrait se demander. C’est vrai, ça a l’air débile comme projet ! Eh bien on fait ça — roulement de tambour — pas parce qu’on est idiot ou méchant, mais parce qu’une petite poignée de personnes a décidé pour nous (personne n’a voté) que c’était ça le projet collectif, que c’était ça le jeu auquel nous allions tous jouer.
Ça s’appelle la croissance infinie dans un monde fini, ou le capitalisme. Ça consiste à transformer des gens, des paysages, des animaux, en valeur, en argent, le plus vite possible. Ce qui nous conduit à brûler trop de carbone qu’on envoie dans l’atmosphère, à raser trop de forêts, à pêcher trop de poissons, à déverser trop de produits chimiques dans les rivières, les sols, les océans, à produire trop de déchets, à manger trop de viande.
Il n’y a pas vraiment besoin d’être une lumière pour comprendre que ce trop à long terme ça ne peut pas marcher. Un peu comme quand votre médecin vous dit que si vous fumez trop, que si vous buvez trop, que si vous collez trop de produits chimiques dans le buffet, il y a de très fortes chances que vous finissiez avec un cancer et éventuellement que vous y passiez.
Donc pour résoudre le problème, nous avons besoin de faire l’inverse, c’est-à-dire moins. Le GIEC appelle ça la sobriété dans son sixième rapport. C’est ça la réponse simple à qu’est-ce qu’on peut faire. Pas juste décarboner. On peut décarboner et continuer à défoncer les écosystèmes. Non, consommer radicalement moins de matière et d’énergie, globalement rétablir l’équilibre.
Tout le reste, c’est du baratin : le développement durable, la croissance verte, toutes ces oxymores pour faire croire qu’on peut tout changer sans rien changer, qu’on peut continuer à faire plus tout en faisant moins, qu’on peut tout faire en même temps.
Mathieu Vidard : Et alors si on le sait, Cyril Dion, pourquoi est-ce qu’on ne le fait pas ?
Cyril Dion : On ne le fait pas parce que ceux qui sont en tête dans la grande partie de Monopoly mondiale auquel nous jouons toutes et tous de gré ou de force, c’est-à-dire ceux qui consomment le plus, ceux qui ont le plus de pouvoir, n’ont aucune envie qu’on joue à autre chose, parce qu’ils gagnent.
Une illustration ? Depuis 50 ans les grandes compagnies pétrolières, parmi les multinationales les plus riches de la planète ont dépensé des milliards pour empêcher qu’on touche à leur business mortifère. Pareil pour l’industrie chimique. Et les gouvernements ont suivi.
Et nous dans tout ça, pourquoi est-ce qu’on ne fait rien ou pas plus ? C’est quand même de notre survie qu’on parle. Vous avez le temps de sauver le climat, vous ? (Je parle aux auditeurs.) Non. Parce qu’il faut aller gagner votre vie 7 à 8 heures par jour. Et qui a décidé ça ? Qui aurait le pouvoir de vous libérer du temps et de l’argent pour agir ? Ceux qui déterminent les règles du jeu.
Et c’est là que se situe la seconde réponse. Agir ce n’est pas aller travailler chez Total en vélo ou manger des Pokéballs véganes à la cantine de Bayer. Ce n’est pas faire des petits gestes dans un océan de croissance. Quelqu’un disait même si vous faites jouer Martin Luther King, Gandhi et Mère Theresa au Monopoly, à la fin il se produira la même chose : l’un aura ruiné les autres.
Parce que ce n’est pas un problème de personne, c’est un problème de jeu.
Et aujourd’hui, nous avons besoin de changer de jeu.
Les épisodes de podcast qui suivent et expliquent la suite
- 04/09/2024 - Mais qu’est-ce qu’on peut bien faire face à l’urgence écologique ? (épisode ci-dessus) ;
- 11/09/2024 - Les petits gestes peuvent-ils servir face au péril écologique ? ;
- 18/09/2024 - La démocratie peut-elle nous sauver du péril écologique ? ;
- 25/09/2024 - C’est quand la révolution ? ;
- 02/10/2024 - Comment participer à la révolution ?
- 09/10/2024 - La stratégie des crottes de chien ;
- 16/10/2024 - Prenez soin de vous ;
- 23/10/2024 - Est-ce que l’écologie est politique ? ;
- 30/10/2024 - Le secret du changement
29.07.2025 à 10:49
En vrac de juillet 2025
Tristan
Des nouvelles de l’IA
- Meta/Facebook tente de rafler à OpenAI, Google et Anthropic ses meilleurs chercheurs en IA et leur fait des ponts d’or pour cela. On parle de 300 millions de $ sur 4 ans et 100 millions la première année. Par personne. Et un accès illimité à des GPU pour travailler. Évidemment, ces informations sont sujettes à caution et personne ne partage l’info exacte.
- En 2019, Google promet de réduire massivement ses émissions pour devenir neutre en carbone (ce qui est déjà une aberration) en 2030. Sauf qu’en 2024, ses émissions carbonées remontent de 51% à cause de l’IA. Sauf que c’était sous estimé, des chercheurs indépendants estiment que c’est plutôt 65% d’augmentation. “Don’t be evil, my ass!”
- Nouvelle mode : envoyer une IA prendre des notes à une réunion quand on a la flemme. Exemple de réunion : 16 personnes connectées sur une visio, 6 sont réelles, 10 sont des IA, dont quelques unes prennent des notes pour des humains présents. Aucun rapport avec la canicule en cours !? (Oh wait!). Je crois qu’on tient là un bon exemple d’effet rebond…
- Cloudflare to block AI crawlers by default with new Pay Per Crawl initiative. Cloudflare un un Content Delivery Network qui héberge 20 % du Web. Et mettant en place un mécanisme qui bloque les robots qui collectent les données du Web sauf s’ils payent, est un progrès intéressant danas l’utilisation des données. Rappelons que les IA pompent une bande passante énorme qui peut mettre à mal les sites comme Wikipédia.
- Misinformation by Omission: The Need for More Environmental Transparency in AI, un papier par Sasha Luccioni, Boris Gamazaychikov, Theo Alves da Costa et Emma Strubell. (version PDF). En substance, on manque terriblement d’information fiable sur l’empreinte environnementale de l’IA, et c’est de pire en pire. Ils passent ensuite en revue les rares informations qu’on entend en boucle dans les médias et en recherchent les sources (rarement bonnes !).
- McDonald’s AI Hiring Bot Exposed Millions of Applicants’ Data to Hackers Who Tried the Password ‘123456’ ;
- À propos de la flagornerie (volonté de plaire ou de flatter, de “faire de la lèche”, en anglais “sycophancy”) quasi-permanente de l’IA générative, un texte très intéressant : “ChatGPT’s constant sycophancy is annoying for the power users who want it to do actual work, but not for the bulk of users who want entertainment or company. Most people are dying to have their ideas validated by a world that mostly ignores them. Confirmation bias (tendency to believe what you already believe) + automation bias (tendency to believe what a computer says) + isolation + an AI chatbot that constantly reinforces whatever you say = an incredibly powerful recipe for psychological dependence and thus user retention and thus money.”
- La productivité des développeurs semble baisser quand ils utilisent l’IA générative ;
- Elon Musk lance Grok 4 et une offre à 300$ par mois, ce qui en dit long sur les ressources consommées (Datacentre, GPU, électricité, refroidissement, terrain artificialisé), d’autant que je suis prêt à parier que comme OpenAI, il perd de l’argent sur un tel prix. En effet, comme tout le monde, il est en phase de capture de parts de marché. Combien ça coûtera quand il faudra gagner de l’argent ? Qui sera capable de mettre autant d’argent tous les mois ?
- Ah, celle-là pique un peu : AI Project failure rates appear to be elevated, as organizations attempt to deliver generative AI projects at pace. “The percentage of companies abandoning the majority of their AI initiatives before they reach production has surged from 17% to 42% year over year, with organizations on average reporting that 46% of projects are scrapped between proof of concept and broad adoption.” En version française : “42% des entreprises abandonnent la majorité de leurs tentatives d’IA avant qu’elle n’atteigne l’étape de production. L’année dernière, c’était 17%. 46% des projets sont abandonnés entre la preuve de concept et l’adoption à grande échelle”.
- En tombant sur L’IA va « cloner » les comédiens phares de « Caméra Café » (article payant), je ne savais pas par où commencer. Heureusement, Olivier Ertzscheid est là et fait (bien) le job !
- The Hater’s Guide To The AI Bubble, où Ed Zitron explique bien pourquoi l’IA est une bulle, chiffres et sources à l’appui. L’auteur, comme à son habitude, a un style un peu exalté qui peut rebutter, mais c’est franc et argumenté. Extrait traduit par mes soins : “Écoutez, le boom de l’IA générative est un mirage, les revenus sont absents, les retours sur investissement aussi, l’efficacité produit manque aussi. Tout ce que vous voyez est un gâchis ridicule. Quand ce truc finira sur le flanc, je voudrais que vous vous souveniez que j’ai écris ceci et que j’ai essayé de prévenir le monde”. Il explique que Magnificent Seven (grosses entreprises technologiques américaines, NVIDIA, Microsoft, Alphabet/Google, Apple, Meta, Tesla et Amazon) sont toutes ou presque impliquées dans l’IA. Nvidia est la clé de voute du système, fournisseur des 6 autres et doit vendre sans cesse plus de GPU pour serveurs chaque trimestre pour éviter que la bulle n’explose. Les 6 autres représentent 42% du revenu de Nvidia. Si Nvidia trébuche, tout le monde dévisse. J’ajoute que si l’un des 6 doute de son retour sur investissement de l’IA et décide de ralentir l’allure, les 5 autres vont lui emboiter le pas, de peur d’y laisser des plumes. Nvidia chutera et la bulle explosera.
- Netflix uses AI effects for first time to cut costs. “AI, which produces videos and images based on prompts, was used to create a scene of a building collapsing in the Argentine science fiction show, The Eternaut.”
- La productivité des développeurs semble baisser quand ils utilisent l’IA générative. Mais mais mais… c’était pas le contraire qu’on attendait ? “Cette étude ne montre pas que l’IA générative n’augmente jamais la productivité des développeurs. Mais ses résultats suggèrent que les développeurs très expérimentés perdent du temps lorsqu’ils utilisent des outils d’IA générative pour coder, même s’ils pensent qu’ils vont améliorer leur productivité.”
- « J’ai paniqué, menti et détruit vos données » : une IA désintègre la base de données d’une entreprise en quelques instants ;
- Microsoft revolutionizes Edge as an AI-powered web browser with new experimental ‘Copilot Mode’ — here’s how to enable it right now. Allez, hop, de l’IA dans le navigateur. C’est gratuit mais ça va devenir payant, explique Microsoft. J’avoue, je n’ai pas essayé.
- Mur du çon, franchi avec allégresse par Sam Altman, patron d’OpenAI (oui, ceux qui font ChatGPT) : Sam Altman bouleversé par GPT‑5 : “Il n’y a plus personne pour arrêter ça”, puis il déclare “Ce n’est pas comme s’il y avait un adulte dans la pièce pour dire : “Très bien, on arrête tout. On coupe.”” Mais si, Sam, c’est toi le patron, le CEO, c’est toi qui peut tout arrêter ! Dans tous les cas, tu as plus d’argent que tu pourrais en dépenser d’ici la fin de tes jours…
Des nouvelles de l’empreinte de l’IA et du numérique en général
- Mistral publie une analyse complète du cycle de vie des modèles d’IA, et c’est bien ! Pour les abonnés au Monde, Mistral AI parie sur la transparence en rendant public son impact environnemental ;
- Datacenters et métriques environnementales : le SMART qui cache la forêt ? ;
- The Overlooked Contributor to AI’s Climate Impact: Cooling Fluids. En vrai, ça n’est pas que l’IA, mais tout équipement refroidi par air conditionné.
- Le paradoxe de Jevons appliqué à l’IA est déjà en marche, explique Sasha Luccioni dans un post LinkedIn. Comparons deux sources :
- Nvidia se vante que ses puces Blackwell de 2025 consomment 50 fois moins que les puces Hopper de 2022. C’est bien, sauf que…
- Pendant ce temps-là, Le volume de tokens passant par les API d’OpenRouter a été multiplié par 20 en un an, ce qui est beaucoup plus rapide que la baisse de conso des puces Nvidia. Petite précision pour les nuls en maths, si ça baisse d’un facteur 50 en 3 ans, c’est moins que fois 20 par an. Bah oui, fois 20 la première année, puis la seconde puis la troisième, au total ça fait fois 20 * 20 * 20, ce qui fait fois 8000 vs divisé par 50 ;
Des nouvelles du capitalisme
- Ça n’est pas récent (2024), mais c’est très bon : Pourquoi ne fait-on rien face aux enjeux écologiques ?. Cyril Dion en donne une réponse en moins de 5 minutes. C’est magnifique de clarté. Dans un post LinkedIn (désolé) Julien Devaureix (auteur du podcast Sismique) se félicite qu’il relève, comme dans son livre le caractère systémique du problème ;
- Je découvre le court métrage Jeu de Société qui a 9 ans déjà et qui illustre le point ci-dessus.
- Le milliardaire (et exilé fiscal) Pierre-Edouard Stérin au cœur d’une enquête sur le financement illégal de candidats du RN. Son objectif : influencer “les municipales de Marseille, Nice et Lyon en 2020, et les régionales de 2021 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Normandie et Centre-Val de Loire.”
- Un néo-colonialisme technologique : comment l’Europe encourage la prédation minière au Congo. “À l’été 2025, la guerre en République démocratique du Congo (RDC) a fait fuir 7 millions de personnes, dont 3,9 millions sont menacées de famine” La raison : l’approvisionnement en métaux de l’Europe.
- les aides publiques aux grandes entreprises, estimées à 211 milliards d’euros en 2023. “Les sénateurs, qui ont notamment interrogé 33 dirigeants de très grandes entreprises, ont aussi épinglé d’autres groupes qui ont continué à percevoir des aides et à verser des dividendes à leurs actionnaires, tout en menant des plans sociaux.” Voir aussi la conférence de presse au Sénat : Aides publiques aux grandes entreprises : conclusions de la commission d’enquête ;
- Shein, le géant de l’« ultra fast-fashion », se voit infliger une amende record en France de 40 millions d’euros pour « pratiques commerciales trompeuses ». “« Ces pratiques de profusion de prix barrés et de promotions permanentes donnent ainsi au consommateur l’impression de réaliser de très bonnes affaires », explique également la DGCCRF. Elle a pourtant constaté que « 57 % des annonces vérifiées » au cours de l’enquête n’offrait « aucune baisse de prix, 19 % une baisse moins importante qu’annoncée et 11 % étaient en réalité des augmentations de prix ».” Eet, cerise sur le gâteau : “Autre agissement dénoncé : des « pratiques commerciales trompeuses » sur « la portée des engagements concernant les allégations environnementales » de Shein.”
- Microsoft licencie 9’000 personnes, après une vague de licenciements de 6’000 en mai dernier et 300 en juin. Ce dernier trimestre, la firme de Redmond a empoché 26 milliards de revenu net et 70 milliards de chiffre d’affaires.
- Ce lien aurait pu être listé dans la partie IA, dans la partie empreinte du numérique du présent billet. Mais voilà, il lie les deux avec le capitalisme, alors je le mets ici : Decomputing For a Better Future. En substance, le datacenters ont une empreinte écologique. Mais ils rendent aussi possible des formes d’oppression que sont Uber, Deliveroo et compagnie. L’IA, c’est toutes ces choses, mais en accéléré. C’est profondément politique. L’invité qui explique ça est Dan McQuillan, auteur du livre Resisting AI, an anti-fascist approach to Artificial Intelligence ;
Des nouvelles d’Elon Musk, ce génie
- Baisse des livraisons de Tesla de 14% sur le trimestre. En fait, on n’a rien compris, Elon Musk est un décroissant. Bravo Elon !
- Musk veut créer un parti dont l’objectif est de battre aux élections quiconque soutient le Big Beautiful Bill de Trump. En fait, on n’a rien compris, Elon Musk est un gauchiste qui veut battre Trump. Bravo Elon !
- X CEO Linda Yaccarino resigns after two years at the helm of Elon Musk’s social media platform. On ignore si c’est lié au fait que Grok, l’IA maison, a commencé à chanter les louanges d’Hitler, à dire que s’il était français, il voterait RN et que les internautes devraient s’en prendre eux-mêmes aux dealers des quartiers nord de Marseille (entre autres). The Verge a une opinion : X’s CEO is out after failing at basically everything she claimed she wanted (Elon Musk didn’t make her job easy). Sans blague ?
- Tesla dumped 75% of its bitcoin at one of the worst times, losing out on billions. En français : Tesla a perdu plusieurs milliards de dollars en spéculant sur le Bitcoin. Ca me rappelle une blague : “tu sais comment faire une petite fortune avec les cryptomonnaies ? Il suffit de commencer avec une grosse !”
Des nouvelles de mon égo
- Décarboner les achats de la banque, avec ma trombine à 1 minute 15 avec ce qui ressemble bigrement à la loi de Moore et donc… à EROOM !
- Sur France Inter, à 14 minutes et 18 secondes (oui, comme la première guerre mondiale !), une brève intervention sur le fait que l’IA générative est dans une bulle… qui finira bien par exploser. En attendant, rien n’est rationnel, y compris débaucher des concurrents à coups de millions, voire de centaines de millions (en stock options). Le replay est disponible, il suffit de chercher “Le 18/20 : le journal de 19h00 du mercredi 02 juillet 2025” ;
- Sur B-Smart, J’étais invité par Delphine Sabattier à commenter l’actualité, de l’accessibilité numérique, l’empreinte environnementale des centres de données, ~~la souveraineté~~ l’autonomie stratégique, etc.
- J’étais l’invité de BFM Business, L’intégrale de Tech & Co, la quotidienne, du jeudi 10 juillet, pour parler empreinte de l’IA, autonomie stratégique et open source etc.
- Je rempile à la CNIL (bénévolement, faut-il le rappeler) : Le comité de la prospective, partiellement renouvelé, devient le Conseil scientifique et de la prospective de la CNIL ;
- Le cerveau humain, un obstacle à l’écologie ? Avec Albert Moukheiber, interrogé par Xavier de la Porte, où il se trouve que votre serviteur pose la dernière question : avez-vous des conseils actionnables pour qui souffre d’éco-anxiété ? Une synthèse de sa réponse : 1 - Se protéger soi-même ; 2 - Se fédérer, fréquenter des gens qui font pareil ; 3 - Agir au niveau collectif plus qu’individuel.
Des nouvelles de la mobilité
- Prototype de la voiture LINE de Facteur Dix, qui vise à consomme 4 fois moins qu’une voiture électrique, soit 4 kW.h aux 100 km. Aérodynamique très léchée, architecture novatrice, peu d’électronique à bord par rapport à la concurrence, c’est prometteur ! Objectif : peser moins de 500 kg et offrir 500 km d’autonomie WLTP avec une batterie modeste grâce à une consommation moyenne de l’ordre de 4 kWh/100 km. Le prix final, une fois passée en mode industriel devrait se situer aux alentours de 30 000 €.
- À Paris, on inaugure la piste cyclable Paul Varry
Des nouvelles de l’anthropocène
- L’anthropocène est ce système complexe ultime dont le métabolisme atteint les limites planétaires ;
- Cette année, le Jour du dépassement de la Terre tombe le 24 juillet. C’est la date à laquelle l’humanité aura épuisé la totalité du budget annuel de ressources et de services écologiques de la nature. “Actuellement, l’humanité exploite la nature 80 % plus vite que les écosystèmes terrestres ne peuvent se régénérer, ce qui signifie que ce dépassement équivaut à utiliser 1,8 Terre” ;
Des nouvelles du Web
- Perplexity et OpenAI se lancent dans la course au navigateur. L’idée consiste à faire un navigateur (probablement sur la base de Chromium) avec un assistant IA disponible à tout moment, qui utilise un moteur de recherche truffé d’IA générative. Les deux entreprises sont ouvertes à racheter Chrome si la justice américaine imposait à Google la revente de son navigateur.
- Dans un article réservé aux abonnés (désolé) Morgane Tual du Monde explique Comment les réponses générées par IA menacent les fondamentaux du Web. En substant, historiquement, un utilisateur tape des mots-clés dans un moteur de recherche, voit des liens vers des réponses, évite habilement les publicité (si seulement) et clique sur les liens potentiellement intéressants pour visiter les sites les plus prometteurs. Cela amène des visites aux sites Web, qui affichent des publicités. Ils sont rémunérés si le visiteur clique sur celles-ci. Mais ça, c’était avant que Google n’évolue (en 2015) pour passer de moteur de recherche à moteur de réponses. Le nouveau scénario : on tape des mots clés ou une question dans Google Search, il répond par une ou plusieurs réponses avec des extraits des sites. On ne clique presque plus sur les liens, on a déjà la réponse. D’où la chute importante de l’audience des sites en provenance de Google. Prochaine évolution probable : on pose une question, il affiche la réponse, on peut continuer la discussion avec le ChatBot. Encore moins de visites. Et donc encore moins de revenus pour le site, alors que la situation est déjà préoccupante : on constate bien que le maigre contenu est éparpille entre des publicités toujours plus envahissantes. Voir aussi (toujours pour les abonnés, encore désolé, « Les éditeurs de sites sont face au spectre d’un Web créé par et pour les IA »). Quelques chiffres tirés d’une source que j’ai égaré : “Depuis l’introduction de l’aperçu IA dans Google en mai 2024, les recherches Google n’apportaient pas de trafic aux sites d’actualité dans 56% des cas (les visiteurs de Google se satisfont de ce qu’ils lisent dans la page de résultat et ne cliquent pas sur le lien pour visiter le site dont vient l’info). En mai 2025, c’est monté à 69%.” Prochaine étape : remplir les sites Web avec du contenu généré par des IA génératives. Merdification du Web achevé !
- Celebrating 20 years of MDN, joyeux anniversaire MDN ! À cette occasion, je réalise que j’ai écris dans DevEdge, l’ancêtre de MDN. Je me sens vieux !
Des nouvelles d’EROOM et de l’optimisation logicielle
- Conférence technique pour rendre Vos requêtes SQL jusqu’à 10000 fois plus rapides, durablement ;
- Optimisation logicielle : Parsing JSON really quickly: lessons learned, assorti de l’article Parsing Gigabytes of JSON per Second
- Bert Hubert, auteur de PowerDNS a donné une présentation, Save the world, write more efficient code fait une présentation qui est délicieusement proche du concept d’approche EROOM sur laquelle je travaille. Une citation que j’adore : “There is easily a Factor 100 between wasteful and highly optimized code” / “il y a facilement un facteur 100 entre un code mal foutu et un code hautement optimisé” Autrement dit, on gaspille 100 fois trop de ressources quand on code mal. EROOM, c’est ça : trouvons tous les endroits qui sont vraiment mal fichus et réécrivons-les correctement et faisons juste un code correct qui tournera 10 fois plus vite. Pas besoin de faire un code “hautement optimisé” et difficile à maintenir. Non, juste un code correct, qui consommera 10 fois moins qu’avant, qui libèrera de la ressource informatique et qui permettra d’éviter de renouveler le matériel. Bert a un slide, le numéro 17, où il compare le site de l’assemblée nationale des Pays-Bas (un truc énorme fait par une grosse ESN française et qui tourne sur Azure) avec son site perso OpenTK qui marche beaucoup plus vite, fait la même chose et tourne… sur son PC de bureau !
- C’est vieux (mars 2025) mais j’avais loupé ça : La phase G : les GPU et les IA génératives comme nouvelle phase de l’histoire environnementale de la numérisation ? (Partie 1) par l’excellent Gauthier Roussilhe. L’article revisiste l’histoire du numérique comme je le fais dans mes présentations, évoque la loi de Moore, décrit l’effet de la loi de Wirth sans la nommer, pour ensuite expliquer comment les réseaux de neurones du deep learning combinés aux GPU ouvrent une nouvelle ère. J’attends la suite avec impatience ! Dans l’article, cette info délicieuse : “Nathan Myhrvold, directeur chez Microsoft, a compté le nombre de lignes de code des produits de l’entreprise : 4 000 lignes pour Basic en 1975, 500 000 en 1995 ; 27 000 lignes pour Word en 1982, 2 millions en 1995.” J’aime aussi “L’autre ‘loi’, dite ‘seconde loi de Moore’ ou ‘loi de Rock’, est souvent oubliée. Elle stipule que le prix d’une usine de fabrication de circuits intégrés (appelée une fonderie) double tous les quatre ans” (source) ;
- Anaïs Sparesotto : « On a habitué les internautes à des centaines de fonctionnalités inutiles », et en podcast ;
- J’ai été l’invité de Simon Icard du podcast Soluble(s) pour parler IA et EROOM. Simon a publié un article sur LinkedIn et l’audio sur Spotify ;
En vrac
- Attention, vertige : Un individu sabote un radar météo, une milice anti-gouvernementale composée de vétérans de l’armée américaine revendique cette destruction, mais visiblement la revendication n’est pas justifiée. Pourquoi voudraient-ils détruire les radars ? Je cite : “parce qu’ils contrôlent la météo”. Soupir.
- Grande tristesse : Gilles Dowek, informaticien engagé et vulgarisateur, est mort. Un articler du monde de 2017 et sa fiche Wikipédia ;
- Encore une amende pour CNews pour diffusion de fausses infos. La “séquence a présenté, de manière manifestement erronée, comme digne de foi le classement”, “l’Arcom a pu légalement estimer que l’éditeur avait manqué à son obligation d’honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information” ;
- La Ville de Lyon abandonne la suite Microsoft office pour renforcer sa souveraineté numérique ;
Texte intégral (4804 mots)
Des nouvelles de l’IA
- Meta/Facebook tente de rafler à OpenAI, Google et Anthropic ses meilleurs chercheurs en IA et leur fait des ponts d’or pour cela. On parle de 300 millions de $ sur 4 ans et 100 millions la première année. Par personne. Et un accès illimité à des GPU pour travailler. Évidemment, ces informations sont sujettes à caution et personne ne partage l’info exacte.
- En 2019, Google promet de réduire massivement ses émissions pour devenir neutre en carbone (ce qui est déjà une aberration) en 2030. Sauf qu’en 2024, ses émissions carbonées remontent de 51% à cause de l’IA. Sauf que c’était sous estimé, des chercheurs indépendants estiment que c’est plutôt 65% d’augmentation. “Don’t be evil, my ass!”
- Nouvelle mode : envoyer une IA prendre des notes à une réunion quand on a la flemme. Exemple de réunion : 16 personnes connectées sur une visio, 6 sont réelles, 10 sont des IA, dont quelques unes prennent des notes pour des humains présents. Aucun rapport avec la canicule en cours !? (Oh wait!). Je crois qu’on tient là un bon exemple d’effet rebond…
- Cloudflare to block AI crawlers by default with new Pay Per Crawl initiative. Cloudflare un un Content Delivery Network qui héberge 20 % du Web. Et mettant en place un mécanisme qui bloque les robots qui collectent les données du Web sauf s’ils payent, est un progrès intéressant danas l’utilisation des données. Rappelons que les IA pompent une bande passante énorme qui peut mettre à mal les sites comme Wikipédia.
- Misinformation by Omission: The Need for More Environmental Transparency in AI, un papier par Sasha Luccioni, Boris Gamazaychikov, Theo Alves da Costa et Emma Strubell. (version PDF). En substance, on manque terriblement d’information fiable sur l’empreinte environnementale de l’IA, et c’est de pire en pire. Ils passent ensuite en revue les rares informations qu’on entend en boucle dans les médias et en recherchent les sources (rarement bonnes !).
- McDonald’s AI Hiring Bot Exposed Millions of Applicants’ Data to Hackers Who Tried the Password ‘123456’ ;
- À propos de la flagornerie (volonté de plaire ou de flatter, de “faire de la lèche”, en anglais “sycophancy”) quasi-permanente de l’IA générative, un texte très intéressant : “ChatGPT’s constant sycophancy is annoying for the power users who want it to do actual work, but not for the bulk of users who want entertainment or company. Most people are dying to have their ideas validated by a world that mostly ignores them. Confirmation bias (tendency to believe what you already believe) + automation bias (tendency to believe what a computer says) + isolation + an AI chatbot that constantly reinforces whatever you say = an incredibly powerful recipe for psychological dependence and thus user retention and thus money.”
- La productivité des développeurs semble baisser quand ils utilisent l’IA générative ;
- Elon Musk lance Grok 4 et une offre à 300$ par mois, ce qui en dit long sur les ressources consommées (Datacentre, GPU, électricité, refroidissement, terrain artificialisé), d’autant que je suis prêt à parier que comme OpenAI, il perd de l’argent sur un tel prix. En effet, comme tout le monde, il est en phase de capture de parts de marché. Combien ça coûtera quand il faudra gagner de l’argent ? Qui sera capable de mettre autant d’argent tous les mois ?
- Ah, celle-là pique un peu : AI Project failure rates appear to be elevated, as organizations attempt to deliver generative AI projects at pace. “The percentage of companies abandoning the majority of their AI initiatives before they reach production has surged from 17% to 42% year over year, with organizations on average reporting that 46% of projects are scrapped between proof of concept and broad adoption.” En version française : “42% des entreprises abandonnent la majorité de leurs tentatives d’IA avant qu’elle n’atteigne l’étape de production. L’année dernière, c’était 17%. 46% des projets sont abandonnés entre la preuve de concept et l’adoption à grande échelle”.
- En tombant sur L’IA va « cloner » les comédiens phares de « Caméra Café » (article payant), je ne savais pas par où commencer. Heureusement, Olivier Ertzscheid est là et fait (bien) le job !
- The Hater’s Guide To The AI Bubble, où Ed Zitron explique bien pourquoi l’IA est une bulle, chiffres et sources à l’appui. L’auteur, comme à son habitude, a un style un peu exalté qui peut rebutter, mais c’est franc et argumenté. Extrait traduit par mes soins : “Écoutez, le boom de l’IA générative est un mirage, les revenus sont absents, les retours sur investissement aussi, l’efficacité produit manque aussi. Tout ce que vous voyez est un gâchis ridicule. Quand ce truc finira sur le flanc, je voudrais que vous vous souveniez que j’ai écris ceci et que j’ai essayé de prévenir le monde”. Il explique que Magnificent Seven (grosses entreprises technologiques américaines, NVIDIA, Microsoft, Alphabet/Google, Apple, Meta, Tesla et Amazon) sont toutes ou presque impliquées dans l’IA. Nvidia est la clé de voute du système, fournisseur des 6 autres et doit vendre sans cesse plus de GPU pour serveurs chaque trimestre pour éviter que la bulle n’explose. Les 6 autres représentent 42% du revenu de Nvidia. Si Nvidia trébuche, tout le monde dévisse. J’ajoute que si l’un des 6 doute de son retour sur investissement de l’IA et décide de ralentir l’allure, les 5 autres vont lui emboiter le pas, de peur d’y laisser des plumes. Nvidia chutera et la bulle explosera.
- Netflix uses AI effects for first time to cut costs. “AI, which produces videos and images based on prompts, was used to create a scene of a building collapsing in the Argentine science fiction show, The Eternaut.”
- La productivité des développeurs semble baisser quand ils utilisent l’IA générative. Mais mais mais… c’était pas le contraire qu’on attendait ? “Cette étude ne montre pas que l’IA générative n’augmente jamais la productivité des développeurs. Mais ses résultats suggèrent que les développeurs très expérimentés perdent du temps lorsqu’ils utilisent des outils d’IA générative pour coder, même s’ils pensent qu’ils vont améliorer leur productivité.”
- « J’ai paniqué, menti et détruit vos données » : une IA désintègre la base de données d’une entreprise en quelques instants ;
- Microsoft revolutionizes Edge as an AI-powered web browser with new experimental ‘Copilot Mode’ — here’s how to enable it right now. Allez, hop, de l’IA dans le navigateur. C’est gratuit mais ça va devenir payant, explique Microsoft. J’avoue, je n’ai pas essayé.
- Mur du çon, franchi avec allégresse par Sam Altman, patron d’OpenAI (oui, ceux qui font ChatGPT) : Sam Altman bouleversé par GPT‑5 : “Il n’y a plus personne pour arrêter ça”, puis il déclare “Ce n’est pas comme s’il y avait un adulte dans la pièce pour dire : “Très bien, on arrête tout. On coupe.”” Mais si, Sam, c’est toi le patron, le CEO, c’est toi qui peut tout arrêter ! Dans tous les cas, tu as plus d’argent que tu pourrais en dépenser d’ici la fin de tes jours…
Des nouvelles de l’empreinte de l’IA et du numérique en général
- Mistral publie une analyse complète du cycle de vie des modèles d’IA, et c’est bien ! Pour les abonnés au Monde, Mistral AI parie sur la transparence en rendant public son impact environnemental ;
- Datacenters et métriques environnementales : le SMART qui cache la forêt ? ;
- The Overlooked Contributor to AI’s Climate Impact: Cooling Fluids. En vrai, ça n’est pas que l’IA, mais tout équipement refroidi par air conditionné.
- Le paradoxe de Jevons appliqué à l’IA est déjà en marche, explique Sasha Luccioni dans un post LinkedIn. Comparons deux sources :
- Nvidia se vante que ses puces Blackwell de 2025 consomment 50 fois moins que les puces Hopper de 2022. C’est bien, sauf que…
- Pendant ce temps-là, Le volume de tokens passant par les API d’OpenRouter a été multiplié par 20 en un an, ce qui est beaucoup plus rapide que la baisse de conso des puces Nvidia. Petite précision pour les nuls en maths, si ça baisse d’un facteur 50 en 3 ans, c’est moins que fois 20 par an. Bah oui, fois 20 la première année, puis la seconde puis la troisième, au total ça fait fois 20 * 20 * 20, ce qui fait fois 8000 vs divisé par 50 ;
Des nouvelles du capitalisme
- Ça n’est pas récent (2024), mais c’est très bon : Pourquoi ne fait-on rien face aux enjeux écologiques ?. Cyril Dion en donne une réponse en moins de 5 minutes. C’est magnifique de clarté. Dans un post LinkedIn (désolé) Julien Devaureix (auteur du podcast Sismique) se félicite qu’il relève, comme dans son livre le caractère systémique du problème ;
- Je découvre le court métrage Jeu de Société qui a 9 ans déjà et qui illustre le point ci-dessus.
- Le milliardaire (et exilé fiscal) Pierre-Edouard Stérin au cœur d’une enquête sur le financement illégal de candidats du RN. Son objectif : influencer “les municipales de Marseille, Nice et Lyon en 2020, et les régionales de 2021 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Normandie et Centre-Val de Loire.”
- Un néo-colonialisme technologique : comment l’Europe encourage la prédation minière au Congo. “À l’été 2025, la guerre en République démocratique du Congo (RDC) a fait fuir 7 millions de personnes, dont 3,9 millions sont menacées de famine” La raison : l’approvisionnement en métaux de l’Europe.
- les aides publiques aux grandes entreprises, estimées à 211 milliards d’euros en 2023. “Les sénateurs, qui ont notamment interrogé 33 dirigeants de très grandes entreprises, ont aussi épinglé d’autres groupes qui ont continué à percevoir des aides et à verser des dividendes à leurs actionnaires, tout en menant des plans sociaux.” Voir aussi la conférence de presse au Sénat : Aides publiques aux grandes entreprises : conclusions de la commission d’enquête ;
- Shein, le géant de l’« ultra fast-fashion », se voit infliger une amende record en France de 40 millions d’euros pour « pratiques commerciales trompeuses ». “« Ces pratiques de profusion de prix barrés et de promotions permanentes donnent ainsi au consommateur l’impression de réaliser de très bonnes affaires », explique également la DGCCRF. Elle a pourtant constaté que « 57 % des annonces vérifiées » au cours de l’enquête n’offrait « aucune baisse de prix, 19 % une baisse moins importante qu’annoncée et 11 % étaient en réalité des augmentations de prix ».” Eet, cerise sur le gâteau : “Autre agissement dénoncé : des « pratiques commerciales trompeuses » sur « la portée des engagements concernant les allégations environnementales » de Shein.”
- Microsoft licencie 9’000 personnes, après une vague de licenciements de 6’000 en mai dernier et 300 en juin. Ce dernier trimestre, la firme de Redmond a empoché 26 milliards de revenu net et 70 milliards de chiffre d’affaires.
- Ce lien aurait pu être listé dans la partie IA, dans la partie empreinte du numérique du présent billet. Mais voilà, il lie les deux avec le capitalisme, alors je le mets ici : Decomputing For a Better Future. En substance, le datacenters ont une empreinte écologique. Mais ils rendent aussi possible des formes d’oppression que sont Uber, Deliveroo et compagnie. L’IA, c’est toutes ces choses, mais en accéléré. C’est profondément politique. L’invité qui explique ça est Dan McQuillan, auteur du livre Resisting AI, an anti-fascist approach to Artificial Intelligence ;
Des nouvelles d’Elon Musk, ce génie
- Baisse des livraisons de Tesla de 14% sur le trimestre. En fait, on n’a rien compris, Elon Musk est un décroissant. Bravo Elon !
- Musk veut créer un parti dont l’objectif est de battre aux élections quiconque soutient le Big Beautiful Bill de Trump. En fait, on n’a rien compris, Elon Musk est un gauchiste qui veut battre Trump. Bravo Elon !
- X CEO Linda Yaccarino resigns after two years at the helm of Elon Musk’s social media platform. On ignore si c’est lié au fait que Grok, l’IA maison, a commencé à chanter les louanges d’Hitler, à dire que s’il était français, il voterait RN et que les internautes devraient s’en prendre eux-mêmes aux dealers des quartiers nord de Marseille (entre autres). The Verge a une opinion : X’s CEO is out after failing at basically everything she claimed she wanted (Elon Musk didn’t make her job easy). Sans blague ?
- Tesla dumped 75% of its bitcoin at one of the worst times, losing out on billions. En français : Tesla a perdu plusieurs milliards de dollars en spéculant sur le Bitcoin. Ca me rappelle une blague : “tu sais comment faire une petite fortune avec les cryptomonnaies ? Il suffit de commencer avec une grosse !”
Des nouvelles de mon égo
- Décarboner les achats de la banque, avec ma trombine à 1 minute 15 avec ce qui ressemble bigrement à la loi de Moore et donc… à EROOM !
- Sur France Inter, à 14 minutes et 18 secondes (oui, comme la première guerre mondiale !), une brève intervention sur le fait que l’IA générative est dans une bulle… qui finira bien par exploser. En attendant, rien n’est rationnel, y compris débaucher des concurrents à coups de millions, voire de centaines de millions (en stock options). Le replay est disponible, il suffit de chercher “Le 18/20 : le journal de 19h00 du mercredi 02 juillet 2025” ;
- Sur B-Smart, J’étais invité par Delphine Sabattier à commenter l’actualité, de l’accessibilité numérique, l’empreinte environnementale des centres de données, ~~la souveraineté~~ l’autonomie stratégique, etc.
- J’étais l’invité de BFM Business, L’intégrale de Tech & Co, la quotidienne, du jeudi 10 juillet, pour parler empreinte de l’IA, autonomie stratégique et open source etc.
- Je rempile à la CNIL (bénévolement, faut-il le rappeler) : Le comité de la prospective, partiellement renouvelé, devient le Conseil scientifique et de la prospective de la CNIL ;
- Le cerveau humain, un obstacle à l’écologie ? Avec Albert Moukheiber, interrogé par Xavier de la Porte, où il se trouve que votre serviteur pose la dernière question : avez-vous des conseils actionnables pour qui souffre d’éco-anxiété ? Une synthèse de sa réponse : 1 - Se protéger soi-même ; 2 - Se fédérer, fréquenter des gens qui font pareil ; 3 - Agir au niveau collectif plus qu’individuel.
Des nouvelles de la mobilité
- Prototype de la voiture LINE de Facteur Dix, qui vise à consomme 4 fois moins qu’une voiture électrique, soit 4 kW.h aux 100 km. Aérodynamique très léchée, architecture novatrice, peu d’électronique à bord par rapport à la concurrence, c’est prometteur ! Objectif : peser moins de 500 kg et offrir 500 km d’autonomie WLTP avec une batterie modeste grâce à une consommation moyenne de l’ordre de 4 kWh/100 km. Le prix final, une fois passée en mode industriel devrait se situer aux alentours de 30 000 €.
- À Paris, on inaugure la piste cyclable Paul Varry
Des nouvelles de l’anthropocène
- L’anthropocène est ce système complexe ultime dont le métabolisme atteint les limites planétaires ;
- Cette année, le Jour du dépassement de la Terre tombe le 24 juillet. C’est la date à laquelle l’humanité aura épuisé la totalité du budget annuel de ressources et de services écologiques de la nature. “Actuellement, l’humanité exploite la nature 80 % plus vite que les écosystèmes terrestres ne peuvent se régénérer, ce qui signifie que ce dépassement équivaut à utiliser 1,8 Terre” ;
Des nouvelles du Web
- Perplexity et OpenAI se lancent dans la course au navigateur. L’idée consiste à faire un navigateur (probablement sur la base de Chromium) avec un assistant IA disponible à tout moment, qui utilise un moteur de recherche truffé d’IA générative. Les deux entreprises sont ouvertes à racheter Chrome si la justice américaine imposait à Google la revente de son navigateur.
- Dans un article réservé aux abonnés (désolé) Morgane Tual du Monde explique Comment les réponses générées par IA menacent les fondamentaux du Web. En substant, historiquement, un utilisateur tape des mots-clés dans un moteur de recherche, voit des liens vers des réponses, évite habilement les publicité (si seulement) et clique sur les liens potentiellement intéressants pour visiter les sites les plus prometteurs. Cela amène des visites aux sites Web, qui affichent des publicités. Ils sont rémunérés si le visiteur clique sur celles-ci. Mais ça, c’était avant que Google n’évolue (en 2015) pour passer de moteur de recherche à moteur de réponses. Le nouveau scénario : on tape des mots clés ou une question dans Google Search, il répond par une ou plusieurs réponses avec des extraits des sites. On ne clique presque plus sur les liens, on a déjà la réponse. D’où la chute importante de l’audience des sites en provenance de Google. Prochaine évolution probable : on pose une question, il affiche la réponse, on peut continuer la discussion avec le ChatBot. Encore moins de visites. Et donc encore moins de revenus pour le site, alors que la situation est déjà préoccupante : on constate bien que le maigre contenu est éparpille entre des publicités toujours plus envahissantes. Voir aussi (toujours pour les abonnés, encore désolé, « Les éditeurs de sites sont face au spectre d’un Web créé par et pour les IA »). Quelques chiffres tirés d’une source que j’ai égaré : “Depuis l’introduction de l’aperçu IA dans Google en mai 2024, les recherches Google n’apportaient pas de trafic aux sites d’actualité dans 56% des cas (les visiteurs de Google se satisfont de ce qu’ils lisent dans la page de résultat et ne cliquent pas sur le lien pour visiter le site dont vient l’info). En mai 2025, c’est monté à 69%.” Prochaine étape : remplir les sites Web avec du contenu généré par des IA génératives. Merdification du Web achevé !
- Celebrating 20 years of MDN, joyeux anniversaire MDN ! À cette occasion, je réalise que j’ai écris dans DevEdge, l’ancêtre de MDN. Je me sens vieux !
Des nouvelles d’EROOM et de l’optimisation logicielle
- Conférence technique pour rendre Vos requêtes SQL jusqu’à 10000 fois plus rapides, durablement ;
- Optimisation logicielle : Parsing JSON really quickly: lessons learned, assorti de l’article Parsing Gigabytes of JSON per Second
- Bert Hubert, auteur de PowerDNS a donné une présentation, Save the world, write more efficient code fait une présentation qui est délicieusement proche du concept d’approche EROOM sur laquelle je travaille. Une citation que j’adore : “There is easily a Factor 100 between wasteful and highly optimized code” / “il y a facilement un facteur 100 entre un code mal foutu et un code hautement optimisé” Autrement dit, on gaspille 100 fois trop de ressources quand on code mal. EROOM, c’est ça : trouvons tous les endroits qui sont vraiment mal fichus et réécrivons-les correctement et faisons juste un code correct qui tournera 10 fois plus vite. Pas besoin de faire un code “hautement optimisé” et difficile à maintenir. Non, juste un code correct, qui consommera 10 fois moins qu’avant, qui libèrera de la ressource informatique et qui permettra d’éviter de renouveler le matériel. Bert a un slide, le numéro 17, où il compare le site de l’assemblée nationale des Pays-Bas (un truc énorme fait par une grosse ESN française et qui tourne sur Azure) avec son site perso OpenTK qui marche beaucoup plus vite, fait la même chose et tourne… sur son PC de bureau !
- C’est vieux (mars 2025) mais j’avais loupé ça : La phase G : les GPU et les IA génératives comme nouvelle phase de l’histoire environnementale de la numérisation ? (Partie 1) par l’excellent Gauthier Roussilhe. L’article revisiste l’histoire du numérique comme je le fais dans mes présentations, évoque la loi de Moore, décrit l’effet de la loi de Wirth sans la nommer, pour ensuite expliquer comment les réseaux de neurones du deep learning combinés aux GPU ouvrent une nouvelle ère. J’attends la suite avec impatience ! Dans l’article, cette info délicieuse : “Nathan Myhrvold, directeur chez Microsoft, a compté le nombre de lignes de code des produits de l’entreprise : 4 000 lignes pour Basic en 1975, 500 000 en 1995 ; 27 000 lignes pour Word en 1982, 2 millions en 1995.” J’aime aussi “L’autre ‘loi’, dite ‘seconde loi de Moore’ ou ‘loi de Rock’, est souvent oubliée. Elle stipule que le prix d’une usine de fabrication de circuits intégrés (appelée une fonderie) double tous les quatre ans” (source) ;
- Anaïs Sparesotto : « On a habitué les internautes à des centaines de fonctionnalités inutiles », et en podcast ;
- J’ai été l’invité de Simon Icard du podcast Soluble(s) pour parler IA et EROOM. Simon a publié un article sur LinkedIn et l’audio sur Spotify ;
En vrac
- Attention, vertige : Un individu sabote un radar météo, une milice anti-gouvernementale composée de vétérans de l’armée américaine revendique cette destruction, mais visiblement la revendication n’est pas justifiée. Pourquoi voudraient-ils détruire les radars ? Je cite : “parce qu’ils contrôlent la météo”. Soupir.
- Grande tristesse : Gilles Dowek, informaticien engagé et vulgarisateur, est mort. Un articler du monde de 2017 et sa fiche Wikipédia ;
- Encore une amende pour CNews pour diffusion de fausses infos. La “séquence a présenté, de manière manifestement erronée, comme digne de foi le classement”, “l’Arcom a pu légalement estimer que l’éditeur avait manqué à son obligation d’honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information” ;
- La Ville de Lyon abandonne la suite Microsoft office pour renforcer sa souveraineté numérique ;
28.07.2025 à 10:24
Une virée à moto en montagne
Tristan
Depuis quelques années, j’ai entamé une démarche pour réduire considérablement mon empreinte environnementale, en particulier mes émissions de gaz à effet de serre. Plus d’avion pour partir en vacances depuis 2019, un job en France et plus à l’international, changement de mon régime alimentaire, etc. J’espérais abandonner ma pratique de la moto, mais même si je l’ai bien réduite, je n’arrive pas à la supprimer complètement. Voici donc le le récit du dernier voyage en date qui m’a permis de me ressourcer bien plus que je ne l’espérais. Le partager ici ajoute au plaisir de ces vacances.
Le plan de départ, c’était d’aller à une fête de famille en Auvergne, berceau de mes ancêtres, pour fêter les 80 ans de ma tante Nicole, le week-end du 14 juillet. L’Auvergne, l’été, forcément ça appelle la moto ! Mais je dois y aller avec mon épouse Bénédicte, moins amatrice de longs trajets tortueux que votre serviteur. Il va donc falloir faire des compromis entre pilote et passagère. Nous partons donc via l’autoroute histoire d’abréger ses souffrances, et tant pis pour le plaisir motard ! Première étape, Clermont-Ferrand, où nous passerons la nuit, après un dîner en ville (une truffade 4 fromages avec saucisse, une première pour moi !) alors qu’à coté, un groupe de rock joue live pour le plaisir de nos oreilles.
Une bonne nuit à l’hôtel, et nous prenons la direction d’Aurillac (Cantal), mais cette fois-ci, pas d’autoroute, ça serait pêcher ! Direction donc le Pas de Peyrol (le col du Puy Mary) par les petites routes avec une pause café à Besse.
Déjeuner à l’auberge du col d’Eylac, à quelques minutes du pas de Peyrol, avec l’avantage d’éviter la foule du Puy Mary. La vue sur la brèche de Rolland est imprenable ! (à ne pas confondre avec la vraie brèche de Roland (avec un seul L) dans les pyrénées).
Le Roussillon ou les Alpes ?
Je vous passe le week-end familial fort festif (60 personnes au dîner, tout de même !) avec une organisation au cordeau et forces retrouvailles. Bénédicte reprend le train pour Paris, me voici donc seul avec ma moto, prêt à me transformer en (lent) forçat de la route ! Un échange avec un copain à Perpignan, un coup de fil à un couple d’amis en Savoie, et me voilà face à un dilemme, avec deux directions possible : le Sud avec Perpignan ou les Alpes, ses cols, tout ça. L’appel du virolo et la crainte de la chaleur et de la foule sont les plus forts, ça sera la Savoie plutôt que les Pyrénées-Orientales. Mais Aurillac-Albertville, c’est un poil trop long pour une seule étape, surtout si on veut éviter les autoroutes. Car c’est bien connu, ce qui compte, c’est le voyage plus que la destination. Je décide donc de me diriger vers Aubenas, dans les monts d’Ardèche. Mais tout d’abord, une grosse tranche de petites routes cantaliennes, c’est à dire avec des grosses couches de gravillons et de l’herbe au milieu !
Pour la navigation, j’utilise l’application GPS Calimoto, qui me concocte des trajets farcis de virolos, c’est que du bonheur ! Après le Cantal, ses virages et ses gravillons, me voici à affronter l’Aubrac. C’est moins vallonné mais plus en altitude, souvent au dessus de 1200 m. Là, il ne pousse que quelques forêts, de l’herbe et beaucoup de cailloux. Je dévie de mon chemin pour aller à Nasbinals (très mignon) et fais un crochet jusqu’au mont Aubrac.
Arrivé à Aubenas, je réalise que mon hôtel est dans une zone d’activité dans la vallée, bien loin du centre ville qui est lui en altitude. Bon, ça fera de l’exercice pour aller dîner ! Je me retrouve sur la place du château, récemment refaite et donc superbe :
Le soleil se couche sur les monts d’Ardèche et une jolie échauguette.
Le lendemain devrait être excitant. On commence tout de même par une purge, la traversée de la vallée du Rhône, où il fait déjà chaud par rapport à l’altitude des jours précédents. Mais après, ça sera le bonheur !
Le col de la Chaudière, sans prétention aucune :
Et surtout, le Vercors, que j’aborde via le col de Rousset (l’entrée Sud de mon massif fétiche) :
L’arrivée en haut, juste avant le tunnel est toujours sublime :
Je compte déjeuner à Villard de Lans, endroit où j’ai déjà passé plusieurs fois des vacances. Cela implique un passage par les gorges de la Bourne, toujours incroyables (et un peu flippantes, il faut bien le reconnaître.)
Lors du déjeuner, je discute avec la patronne qui me recommande un itinéraire pour aller vers la Chartreuse, itinéraire d’autant plus alléchant qu’il comporte d’autres gorges et que je ne l’ai jamais pris, malgré ma tendance à explorer toutes les routes du coin quand j’y suis à moto ou à vélo !
Cela sera donc un passage par St Gervais :
Avec un tunnel que t’as l’impression que tu peux le toucher des deux cotés si tu tends les bras, sauf qu’il est à double sens !!!
La sortie du tunnel est elle aussi magnifique :
Ensuite, j’enchaîne par le massif de la Chartreuse, queje connais beaucoup moins. Voici le Mont Granier, qui s’est encore écroulé récemment (pierres jaunes en haut à gauche alors que le reste est plus gris):
Et c’est l’arrivée chez mes amis en Savoie : je dégaine deux bonnes bouteilles de vin, un saucisson d’anthologie acheté sur la route, et on peut commencer à festoyer (sans excès, on ne rajeunit pas !) avec les amis, qui me font part de leurs projets une fois qu’ils seront tous deux à la retraite.
La route des Grandes Alpes, vers le Sud
Départ le lendemain, un peu frustré de ne pas avoir pu rester chez eux une nuit de plus, mais l’appel de la route, des grands cols des Alpes est trop fort ! La route des Grandes Alpes est toute proche, je décide de partir vers Briançon et peut-être Barcelonnette si je ne traîne pas trop en route.
Alors j’enquille la vallée de la Maurienne, bifurque à St Michel de Maurienne vers le col du Télégraphe (sans grand intérêt à mon sens) pour me diriger vers le Galibier. Et là, la montée ressemble bigrement à un rêve :
Souci, je vois plusieurs panneaux “Attention, route du Galibier réservée aux vélos”, suivi d’une heure et d’une date que je n’ai pas le temps de lire (c’est pas que je roule vite, mais que mes yeux sont déjà occupés par la beauté des lieux traversé et les éventuels dangers de la route !). Pas de bol, c’est ce matin que c’est fermé… Heureusement, ça rouvre à midi, le temps de boire un coup dans un troquet paumé en pleine montagne. Puis quelques minutes avant l’échéance, je rejoins les collègues motards, qui sont chauds comme la braise…
À 12h00 pétantes, le policier municipal retire la barrière du travers de la route, et là, c’est le rush ! (enfin surtout pour les autres, moi je les laisse filer pour profiter de la route tout seul).
Parce que ça vaut le coup :
Arrivée en haut du Galibier, c’est un enfer, entre les cyclistes qui se congratulent, profitent du ravito et des motards qui affluent des deux cotés, on se croirait dans le métro aux heures de pointes. Un selfie et cassos !
De l’autre coté, tout près, le Lautaret et en descendant, le glacier de la Meije (enfin ce qu’il en reste) :
Je déjeune dans le premier village et c’est reparti. Je traverse Briançon aussi vite que possible pour me diriger vers un autre col mythique, le col d’Izoard (2360 m).
Après le col de Vars, j’arrive à Barcelonnette, je réserve un hôtel en centre ville avec une appli, je vais marcher dans la ville qui est très vivante avec ce beau temps. Tout le monde en terrasse, heureux, c’est sympa. Non loin de là où je suis assis joue un accordéoniste. C’est pas glorieux comme niveau, mais il fait des reprises des années 80, la foule chante, on compense la médiocrité par l’enthousiasme, et c’est déjà pas mal. J’échange des plaisanteries avec le serveur, et je partage avec lui cette citation de Tom Waits : “Un gentleman, c’est quelqu’un qui peut jouer de l’accordéon mais qui ne le fait pas”. J’apprendrais plus tard qu’en fait c’est une très vieille plaisanterie anglophone qui s’applique à toutes sortes d’instruments pénibles (cornemuse en tête, j’imagine).
Et maintenant ? Une dernière boucle avant de remonter ?
Le problème avec Barcelonnette, c’est que pour aller vers le Sud, on a 3 options toutes plus alléchantes les unes que les autres : la Bonnette, le col de la Cayolle (avec les Gorges de Daluis !) et le col d’Allos. Il va falloir faire des choix, et choisir c’est renoncer. Et renoncer, ça peut être douloureux.
Allez, c’est parti pour la Bonnette, juste parce que c’est la route la plus haute d’Europe (2802 m), même si le col de la Bonnette lui-même n’est pas le plus haut.
La montée, c’est fracture de la rétine à chaque virage :
En haut ? Pareil !
Bon, là, un animal velu au pelage blanc est venu gâcher le cliché :
On voit la route redescendre coté Nice :
Allez, PAF, panorama, pour la peine !
En redescendant, la route est en travaux et ne correspond pas à ce qu’indique Google Maps et je me retrouve embarqué en direction de Nice sans pouvoir faire demi-tour. C’est à 15 km de Nice que l’opportunité se présente. Il fait une chaleur à crever, la route est une 2 fois 2 voies presque moche (en vrai, le coin est tellement joli qu’ils n’y arrivent pas), et j’arrive à Entrevaux, un endroit extraordinaire, un village médiéval avec un joli pont, une forteresse Vauban qui le surplombe, avec des murailles entre les deux. Incroyable !
La forteresse :
Le pont :
J’ai très envie de faire pour la 3e fois les gorges de Daluis, autant pour la route que pour la couleur rouge des pierres.
Ça m’amène vers le col de la Cayolle, mais j’ai envie de nouveauté. J’ai vu sur la carte une route que je n’ai encore jamais parcouru : le col des Champs. Dit comme ça, c’est pas très vendeur, mais en fait si. Donc après les gorges de Daluis, je bifurque vers la gauche et le col des Champs, qui porte bien son nom :
La redescente aussi vaut le coup :
Et cette route me permet de rattraper le col d’Allos, comme ça j’ai pu avoir aussi bien les gorges de Daluis que ce dernier, en plus de la Bonnette. Super combo, le col des Champs en prime !!!
Le soleil baisse bien, j’en ai plein les pattes, et puis demain c’est le retour vers le Nord, avec de la flotte au menu, en plus ! Je bifurque donc vers Savines sur le Lac, qui est sur le lac de Serre-Ponçon.
En arrivant, des demoiselle coiffées (aka Cheminées de fées) :
Belle vue depuis l’hôtel :
Samedi : 1er jour du retour…
Bon, avec Paris en ligne de mire, de la flotte et les bouchons des juilletistes, cette journée sent un peu le sapin. Mais finalement, ça ira. Un coup de route Napoléon pour aller jusqu’à Grenoble, un coup d’autoroute pour éviter Grenoble et Lyon, sortie Mâcon-Sud comme me l’expliquait un vieux copain il y a 2 ou 3 décennies, et le soleil est revenu, c’est le moment de reprendre les petites routes ! Direction Cluny puis Autun avec le GPS spécial moto Calimoto, c’est du pur bonheur. Alors certes, ça n’est pas les Grandes Alpes, mais c’est bourré de charme, avec un peu de dénivelé, des vieilles pierres partout. Franchement, Calimoto a le don (comprendre “algorithme”) de trouver les routes qui déchirent. Lumière dorée, ciel bleu, virolos, je kiffe !
Un dernier col, quasiment symbolique :
Juste à coté, une auberge, je tente ma chance, mais ce soir ils font relâche. Tant pis, j’irais dormir à Autun, dans l’un des hôtels près de la gare où j’ai mes habitudes.
La ville est toujours aussi jolie :
Dimanche : la fin du retour
Le dimanche sera pluvieux, mais la matinée est belle, j’utilise l’appli RainToday pour voir comment se déplace l’orage et je fonce vers l’Ouest pour passer entre deux masses d’orage. J’y arrive ! Je chope l’A77 et je remonte vers Paris, toujours en éco-conduite, fatigué mais heureux, repu de moto et de paysages sublimes.
La vie est belle près de la nature !
Addendum pour les Climates Nerds :
- 2636 km parcourus
- 133,76 L d’essence consommés
- Consommation moyenne : 5,07L/100 grâce à l’éco-conduite. En montagne, je suis juste en dessous de 4L/100, mais j’ai eu 2 sections d’autoroute. Même à 110 km/h, ça plombe la consommation moyenne.
- Comme un 1l de SP95 ou 98 c’est 2,79 kgCO2e/litre (phase amont comprise), ça fait 373,2 Kg de CO2e.
Texte intégral (4448 mots)
Depuis quelques années, j’ai entamé une démarche pour réduire considérablement mon empreinte environnementale, en particulier mes émissions de gaz à effet de serre. Plus d’avion pour partir en vacances depuis 2019, un job en France et plus à l’international, changement de mon régime alimentaire, etc. J’espérais abandonner ma pratique de la moto, mais même si je l’ai bien réduite, je n’arrive pas à la supprimer complètement. Voici donc le le récit du dernier voyage en date qui m’a permis de me ressourcer bien plus que je ne l’espérais. Le partager ici ajoute au plaisir de ces vacances.
Le plan de départ, c’était d’aller à une fête de famille en Auvergne, berceau de mes ancêtres, pour fêter les 80 ans de ma tante Nicole, le week-end du 14 juillet. L’Auvergne, l’été, forcément ça appelle la moto ! Mais je dois y aller avec mon épouse Bénédicte, moins amatrice de longs trajets tortueux que votre serviteur. Il va donc falloir faire des compromis entre pilote et passagère. Nous partons donc via l’autoroute histoire d’abréger ses souffrances, et tant pis pour le plaisir motard ! Première étape, Clermont-Ferrand, où nous passerons la nuit, après un dîner en ville (une truffade 4 fromages avec saucisse, une première pour moi !) alors qu’à coté, un groupe de rock joue live pour le plaisir de nos oreilles.
Une bonne nuit à l’hôtel, et nous prenons la direction d’Aurillac (Cantal), mais cette fois-ci, pas d’autoroute, ça serait pêcher ! Direction donc le Pas de Peyrol (le col du Puy Mary) par les petites routes avec une pause café à Besse.
Déjeuner à l’auberge du col d’Eylac, à quelques minutes du pas de Peyrol, avec l’avantage d’éviter la foule du Puy Mary. La vue sur la brèche de Rolland est imprenable ! (à ne pas confondre avec la vraie brèche de Roland (avec un seul L) dans les pyrénées).
Le Roussillon ou les Alpes ?
Je vous passe le week-end familial fort festif (60 personnes au dîner, tout de même !) avec une organisation au cordeau et forces retrouvailles. Bénédicte reprend le train pour Paris, me voici donc seul avec ma moto, prêt à me transformer en (lent) forçat de la route ! Un échange avec un copain à Perpignan, un coup de fil à un couple d’amis en Savoie, et me voilà face à un dilemme, avec deux directions possible : le Sud avec Perpignan ou les Alpes, ses cols, tout ça. L’appel du virolo et la crainte de la chaleur et de la foule sont les plus forts, ça sera la Savoie plutôt que les Pyrénées-Orientales. Mais Aurillac-Albertville, c’est un poil trop long pour une seule étape, surtout si on veut éviter les autoroutes. Car c’est bien connu, ce qui compte, c’est le voyage plus que la destination. Je décide donc de me diriger vers Aubenas, dans les monts d’Ardèche. Mais tout d’abord, une grosse tranche de petites routes cantaliennes, c’est à dire avec des grosses couches de gravillons et de l’herbe au milieu !
Pour la navigation, j’utilise l’application GPS Calimoto, qui me concocte des trajets farcis de virolos, c’est que du bonheur ! Après le Cantal, ses virages et ses gravillons, me voici à affronter l’Aubrac. C’est moins vallonné mais plus en altitude, souvent au dessus de 1200 m. Là, il ne pousse que quelques forêts, de l’herbe et beaucoup de cailloux. Je dévie de mon chemin pour aller à Nasbinals (très mignon) et fais un crochet jusqu’au mont Aubrac.
Arrivé à Aubenas, je réalise que mon hôtel est dans une zone d’activité dans la vallée, bien loin du centre ville qui est lui en altitude. Bon, ça fera de l’exercice pour aller dîner ! Je me retrouve sur la place du château, récemment refaite et donc superbe :
Le soleil se couche sur les monts d’Ardèche et une jolie échauguette.
Le lendemain devrait être excitant. On commence tout de même par une purge, la traversée de la vallée du Rhône, où il fait déjà chaud par rapport à l’altitude des jours précédents. Mais après, ça sera le bonheur !
Le col de la Chaudière, sans prétention aucune :
Et surtout, le Vercors, que j’aborde via le col de Rousset (l’entrée Sud de mon massif fétiche) :
L’arrivée en haut, juste avant le tunnel est toujours sublime :
Je compte déjeuner à Villard de Lans, endroit où j’ai déjà passé plusieurs fois des vacances. Cela implique un passage par les gorges de la Bourne, toujours incroyables (et un peu flippantes, il faut bien le reconnaître.)
Lors du déjeuner, je discute avec la patronne qui me recommande un itinéraire pour aller vers la Chartreuse, itinéraire d’autant plus alléchant qu’il comporte d’autres gorges et que je ne l’ai jamais pris, malgré ma tendance à explorer toutes les routes du coin quand j’y suis à moto ou à vélo !
Cela sera donc un passage par St Gervais :
Avec un tunnel que t’as l’impression que tu peux le toucher des deux cotés si tu tends les bras, sauf qu’il est à double sens !!!
La sortie du tunnel est elle aussi magnifique :
Ensuite, j’enchaîne par le massif de la Chartreuse, queje connais beaucoup moins. Voici le Mont Granier, qui s’est encore écroulé récemment (pierres jaunes en haut à gauche alors que le reste est plus gris):
Et c’est l’arrivée chez mes amis en Savoie : je dégaine deux bonnes bouteilles de vin, un saucisson d’anthologie acheté sur la route, et on peut commencer à festoyer (sans excès, on ne rajeunit pas !) avec les amis, qui me font part de leurs projets une fois qu’ils seront tous deux à la retraite.
La route des Grandes Alpes, vers le Sud
Départ le lendemain, un peu frustré de ne pas avoir pu rester chez eux une nuit de plus, mais l’appel de la route, des grands cols des Alpes est trop fort ! La route des Grandes Alpes est toute proche, je décide de partir vers Briançon et peut-être Barcelonnette si je ne traîne pas trop en route.
Alors j’enquille la vallée de la Maurienne, bifurque à St Michel de Maurienne vers le col du Télégraphe (sans grand intérêt à mon sens) pour me diriger vers le Galibier. Et là, la montée ressemble bigrement à un rêve :
Souci, je vois plusieurs panneaux “Attention, route du Galibier réservée aux vélos”, suivi d’une heure et d’une date que je n’ai pas le temps de lire (c’est pas que je roule vite, mais que mes yeux sont déjà occupés par la beauté des lieux traversé et les éventuels dangers de la route !). Pas de bol, c’est ce matin que c’est fermé… Heureusement, ça rouvre à midi, le temps de boire un coup dans un troquet paumé en pleine montagne. Puis quelques minutes avant l’échéance, je rejoins les collègues motards, qui sont chauds comme la braise…
À 12h00 pétantes, le policier municipal retire la barrière du travers de la route, et là, c’est le rush ! (enfin surtout pour les autres, moi je les laisse filer pour profiter de la route tout seul).
Parce que ça vaut le coup :
Arrivée en haut du Galibier, c’est un enfer, entre les cyclistes qui se congratulent, profitent du ravito et des motards qui affluent des deux cotés, on se croirait dans le métro aux heures de pointes. Un selfie et cassos !
De l’autre coté, tout près, le Lautaret et en descendant, le glacier de la Meije (enfin ce qu’il en reste) :
Je déjeune dans le premier village et c’est reparti. Je traverse Briançon aussi vite que possible pour me diriger vers un autre col mythique, le col d’Izoard (2360 m).
Après le col de Vars, j’arrive à Barcelonnette, je réserve un hôtel en centre ville avec une appli, je vais marcher dans la ville qui est très vivante avec ce beau temps. Tout le monde en terrasse, heureux, c’est sympa. Non loin de là où je suis assis joue un accordéoniste. C’est pas glorieux comme niveau, mais il fait des reprises des années 80, la foule chante, on compense la médiocrité par l’enthousiasme, et c’est déjà pas mal. J’échange des plaisanteries avec le serveur, et je partage avec lui cette citation de Tom Waits : “Un gentleman, c’est quelqu’un qui peut jouer de l’accordéon mais qui ne le fait pas”. J’apprendrais plus tard qu’en fait c’est une très vieille plaisanterie anglophone qui s’applique à toutes sortes d’instruments pénibles (cornemuse en tête, j’imagine).
Et maintenant ? Une dernière boucle avant de remonter ?
Le problème avec Barcelonnette, c’est que pour aller vers le Sud, on a 3 options toutes plus alléchantes les unes que les autres : la Bonnette, le col de la Cayolle (avec les Gorges de Daluis !) et le col d’Allos. Il va falloir faire des choix, et choisir c’est renoncer. Et renoncer, ça peut être douloureux.
Allez, c’est parti pour la Bonnette, juste parce que c’est la route la plus haute d’Europe (2802 m), même si le col de la Bonnette lui-même n’est pas le plus haut.
La montée, c’est fracture de la rétine à chaque virage :
En haut ? Pareil !
Bon, là, un animal velu au pelage blanc est venu gâcher le cliché :
On voit la route redescendre coté Nice :
Allez, PAF, panorama, pour la peine !
En redescendant, la route est en travaux et ne correspond pas à ce qu’indique Google Maps et je me retrouve embarqué en direction de Nice sans pouvoir faire demi-tour. C’est à 15 km de Nice que l’opportunité se présente. Il fait une chaleur à crever, la route est une 2 fois 2 voies presque moche (en vrai, le coin est tellement joli qu’ils n’y arrivent pas), et j’arrive à Entrevaux, un endroit extraordinaire, un village médiéval avec un joli pont, une forteresse Vauban qui le surplombe, avec des murailles entre les deux. Incroyable !
La forteresse :
Le pont :
J’ai très envie de faire pour la 3e fois les gorges de Daluis, autant pour la route que pour la couleur rouge des pierres.
Ça m’amène vers le col de la Cayolle, mais j’ai envie de nouveauté. J’ai vu sur la carte une route que je n’ai encore jamais parcouru : le col des Champs. Dit comme ça, c’est pas très vendeur, mais en fait si. Donc après les gorges de Daluis, je bifurque vers la gauche et le col des Champs, qui porte bien son nom :
La redescente aussi vaut le coup :
Et cette route me permet de rattraper le col d’Allos, comme ça j’ai pu avoir aussi bien les gorges de Daluis que ce dernier, en plus de la Bonnette. Super combo, le col des Champs en prime !!!
Le soleil baisse bien, j’en ai plein les pattes, et puis demain c’est le retour vers le Nord, avec de la flotte au menu, en plus ! Je bifurque donc vers Savines sur le Lac, qui est sur le lac de Serre-Ponçon.
En arrivant, des demoiselle coiffées (aka Cheminées de fées) :
Belle vue depuis l’hôtel :
Samedi : 1er jour du retour…
Bon, avec Paris en ligne de mire, de la flotte et les bouchons des juilletistes, cette journée sent un peu le sapin. Mais finalement, ça ira. Un coup de route Napoléon pour aller jusqu’à Grenoble, un coup d’autoroute pour éviter Grenoble et Lyon, sortie Mâcon-Sud comme me l’expliquait un vieux copain il y a 2 ou 3 décennies, et le soleil est revenu, c’est le moment de reprendre les petites routes ! Direction Cluny puis Autun avec le GPS spécial moto Calimoto, c’est du pur bonheur. Alors certes, ça n’est pas les Grandes Alpes, mais c’est bourré de charme, avec un peu de dénivelé, des vieilles pierres partout. Franchement, Calimoto a le don (comprendre “algorithme”) de trouver les routes qui déchirent. Lumière dorée, ciel bleu, virolos, je kiffe !
Un dernier col, quasiment symbolique :
Juste à coté, une auberge, je tente ma chance, mais ce soir ils font relâche. Tant pis, j’irais dormir à Autun, dans l’un des hôtels près de la gare où j’ai mes habitudes.
La ville est toujours aussi jolie :
Dimanche : la fin du retour
Le dimanche sera pluvieux, mais la matinée est belle, j’utilise l’appli RainToday pour voir comment se déplace l’orage et je fonce vers l’Ouest pour passer entre deux masses d’orage. J’y arrive ! Je chope l’A77 et je remonte vers Paris, toujours en éco-conduite, fatigué mais heureux, repu de moto et de paysages sublimes.
La vie est belle près de la nature !
Addendum pour les Climates Nerds :
- 2636 km parcourus
- 133,76 L d’essence consommés
- Consommation moyenne : 5,07L/100 grâce à l’éco-conduite. En montagne, je suis juste en dessous de 4L/100, mais j’ai eu 2 sections d’autoroute. Même à 110 km/h, ça plombe la consommation moyenne.
- Comme un 1l de SP95 ou 98 c’est 2,79 kgCO2e/litre (phase amont comprise), ça fait 373,2 Kg de CO2e.
23.07.2025 à 15:49
Experience de pensée sur l'IA générale
Tristan
Voici une expérience de pensée (lien alternatif) proposée par un certain Johannes Link sur le réseau Mastodon, et qui vise à nous faire réfléchir quant à la pertinence de confier à des entrepreneurs du numérique notre destin commun :
Imaginez que l’Intelligence Artificielle Générale (surhumaine) arrive. Ses propriétaires milliardaires lui demandent comment sauver la planète Terre et l’Humanité. Pensez-vous que nous aurions droit d’entendre la vraie réponse dans son intégralité non censurée ?
Un peu de contexte : l’IA générale, qu’il ne faut pas confondre avec l’IA générative (ChatGPT et consorts), c’est ce que le patron d’Anthropic décrit comme “l’équivalent d’un pays peuplé de prix Nobel, mais concentré dans un Data Center”. Un IA tellement “intelligente” qu’elle pourrait résoudre tous les problèmes. J’en parle longuement dans ce billet.
Dans une conversation avec Johannes Link, ce dernier explique qu’il ne s’agit pas tellement de se demander si l’IA générale arrivera ou pas, mais bien de s’interroger sur l’altruisme des milliardaires de la Tech et sur la confiance qu’on peut leur accorder. Pour ma part, je ne pense pas que nous obtiendrons une réponse intégrale non censurée, car il y a une quasi certitude qu’elle ne soit pas en faveur des milliardaires. Sauver la planète et l’humanité, c’est consommer moins, mieux répartir les richesses. En quelque sorte, c’est changer les règles du jeu auquel nous joins tous plus ou moins volontairement, jeu auquel les milliardaires sont en train de gagner. Cela ne risque donc pas d’arriver.
Lire la suite (335 mots)
Voici une expérience de pensée (lien alternatif) proposée par un certain Johannes Link sur le réseau Mastodon, et qui vise à nous faire réfléchir quant à la pertinence de confier à des entrepreneurs du numérique notre destin commun :
Imaginez que l’Intelligence Artificielle Générale (surhumaine) arrive. Ses propriétaires milliardaires lui demandent comment sauver la planète Terre et l’Humanité. Pensez-vous que nous aurions droit d’entendre la vraie réponse dans son intégralité non censurée ?
Un peu de contexte : l’IA générale, qu’il ne faut pas confondre avec l’IA générative (ChatGPT et consorts), c’est ce que le patron d’Anthropic décrit comme “l’équivalent d’un pays peuplé de prix Nobel, mais concentré dans un Data Center”. Un IA tellement “intelligente” qu’elle pourrait résoudre tous les problèmes. J’en parle longuement dans ce billet.
Dans une conversation avec Johannes Link, ce dernier explique qu’il ne s’agit pas tellement de se demander si l’IA générale arrivera ou pas, mais bien de s’interroger sur l’altruisme des milliardaires de la Tech et sur la confiance qu’on peut leur accorder. Pour ma part, je ne pense pas que nous obtiendrons une réponse intégrale non censurée, car il y a une quasi certitude qu’elle ne soit pas en faveur des milliardaires. Sauver la planète et l’humanité, c’est consommer moins, mieux répartir les richesses. En quelque sorte, c’est changer les règles du jeu auquel nous joins tous plus ou moins volontairement, jeu auquel les milliardaires sont en train de gagner. Cela ne risque donc pas d’arriver.
29.06.2025 à 16:32
En vrac du mois de juin
Tristan
Des nouvelles de l’IA
- How energy intensive are AI-generated images? ;
- La MIT Technology Review publie un article sur l’empreinte de l’IA, et c’est pas joli joli : The emissions from individual AI text, image, and video queries seem small—until you add up what the industry isn’t tracking and consider where it’s heading next. C’est très documenté et pédagogique (mais c’est en anglais) ;
- Ca fait des mois que je plaisante en qualifiant l’IA d’une version 2.0 de l’ami imaginaire de certains ados, mais avec une empreinte environnementale très supérieure. Encore plus amusant, Mark Zuckerberg pense que les chatbots pourraient être de bons amis imaginaires pour les gens et y voit un marché. La réalité dépasse la fiction (et l’affliction, aussi) ;
- La question à 100 balles : L’IA peut-elle soutenir la démocratie ?. J’ai trouvé l’article super. Mais on notera un ou deux angles morts dans le propos. D’abord, l’humanité est dans un contexte de polycrises (climat, énergie, biodiversité, bref, les limites planétaires) et l’IA va les faire empirer. Et tel que c’est parti, on va dépendre de plus en plus de structures centralisées importantes (comme le nucléaire pour l’énergie et les datacentres pour l’IA). De telles structures de plus en plus essentielles impliquent d’avoir une police plus militarisée et plus forte face à une situation sociale plus chaotique, avec l’augmentation des inégalités et des migrations (à cause des polycrises). Bref, ça va devenir de plus en plus tendu entre le peuple et le pouvoir. Pour moi, c’est juste une intuition encore, pas une certitude.
- L’IA est une technologie comme les autres, tentent de nous rassurer les chercheurs Arvind Narayanan et Sayash Kapoor. (Toujours chez Hubert Guillaud, décidément brillantissime) ;
- Pourquoi l’IA oblige les datacenters à se réinventer et la consommation électrique va en gros être multipliée par 4 entre 2023 et 2030. Négligeable en 2023, l’IA devrait représenter la moitié de consommation électrique d’après l’opérateur Data4.
- Le fake it until you make it poussé à son paroxysme : Builder.ai s’effondre après avoir caché 700 développeurs indiens derrière sa prétendue IA ;
- Interview de Karen Hao sur PBS News Hour, où la journaliste, qui a enquêté sur OpenAI, explique que parler d’IA, c’est comme parler de transport. Ca peut désigner une bicyclette, un SUV vorace ou une fusée. Et utiliser l’IA Générale (qui saurait tout faire mieux que l’humain), c’est faire un peu l’IA ultime qui ferait tout, comme si un véhicule pouvait tout faire, avec des résultats médiocres. Et c’est une mauvaise idée, car c’est comme si on prenait une navette spatiale pour aller chercher le pain, et que le pain revient abimé lors du transport. Ça coute cher, ça ruine la planète, le résultat est médiocre, mais les géants de l’IA ont fait fortune au passage.
- Apple lets developers tap into its offline AI models, et j’ai une impression mitigée sur le sujet. Plus local, c’est moins de Cloud, et c’est bien, mais il ne faut pas se leurer, Apple fait cela pour pousser les clients à renouveler leur matériel, Mac ou iPhone, car la grande nouveauté des derniers modèles, c’est la capacité à traiter de l’IA localement grâce à la présence de NPU/GPU. Idem pour Microsoft : Avec Surface, Microsoft réinvente le PC : de commodité à pilier stratégique de l’IA locale
- Les modèles LLM agentiques actuels sont-ils déjà trop intelligents pour nous obéir aveuglément ?. “Alors que les géants de l’IA claironnent la sortie de modèles toujours plus « sûrs », leurs propres rapports sèment le doute : Claude 4 (Anthropic) et OpenAI o3 affichent désormais, noir sur blanc, des tendances de manipulation, de sabotage et de dissimulation qui ne relèvent plus de la science-fiction, qui n’ont aucun rapport avec le phénomène d’hallucinations, et qui trahissent de véritables dérives comportementales que les expériences en laboratoire révèlent et qui pourraient être exploitées si les mesures de sécurité implémentées pour les contre-carrer se révélaient insuffisantes. (…) En définitive, la question n’est plus seulement « Que fait-on avec l’IA ? », mais « Que peut-elle faire même quand on ne le lui demande pas ? »” ;
- Transcription du podcast Trench Tech : Lou Welgryn - Pirates de la Tech : Cap sur le bien commun . Source et version audio ;
- Transcription du podcast Trench Tech : Sasha Luccioni - IA et Crise Climatique - Prêts pour le Choc ?. Source et version audio ;
- Oh, rigolo (ou pas) : une base de données des décisions de justice prises sur des informations hallucinées par des IA (faux contenu, donc). 154 à ce jour.
- Disney et Universal attaquent l’IA MidJourney comme étant un ‘puit sans fond de plagiat’ ;
- « La capacité en GPU de l’Europe aura été triplée entre 2024 et 2025 et multipliée par dix entre 2024 et 2026 », s’est félicité le patron de Nvidia “L’infrastructure annoncée mardi n’est toutefois qu’un des projets de data centers dédiés à l’IA sur le sol français. Mistral participe à un joint venture avec BPI France et le fonds émirati MGX, qui doit installer un très gros site en Seine-et-Marne, d’une capacité d’1,4 gigawatt de puissance électrique, soit presque autant que le réacteur nucléaire EPR de Flamanville. Un site de 1 GW est porté par le canadien Brookfield et sa filiale Data4 près de Cambrai, un autre par l’entreprise émiratie G42, avec des partenaires français, près de Grenoble…”
- Ordres de grandeur de l’IA “if researchers can measure the power drawn by the GPU, that leaves out the power used up by CPUs, fans, and other equipment. A 2024 paper by Microsoft analyzed energy efficiencies for inferencing large language models and found that doubling the amount of energy used by the GPU gives an approximate estimate of the entire operation’s energy demands.”. En français : si on connait la puissance consommé par un GPU, il faut en gros multiplier par deux la consommation pour savoir ce qui est consommé par le reste, à savoir le CPU, le réseau et le refroidissement ;
- Quand l’IA permet de récupérer des données sensibles chez une entreprise, juste en lui envoyant un email ;
- Un petit récap’ de l’empreinte de l’IA. Les chiffres sont à prendre avec des pincettes car les sources sont de qualité variable, les fournisseurs de solutions ayant intérêt à minimiser leurs chiffres ;
- L’excellent documentaire Les sacrifiés de l’IA par Henri Poulain n’est plus sur France.tv, mais on en trouve une copie sur Peertube. Foncez le voir !
- De faux artistes, de vrais revenus : des chansons générées par IA inondent Spotify et YouTube et bouleversent l’économie musicale mondiale ;
- Sam Altman veut qu’une « fraction significative » de l’énergie produite sur Terre soit dédiée à l’IA ;
- ChatGPT May Be Eroding Critical Thinking Skills, According to a New MIT Study. Article passionnant (mais attention au biais de confirmation !) : si on prend une population qu’on divise en 3 cohortes, une qui n’utilise que son cerveau, la deuxième qui a droit à faire des recherches Google et la troisième qui utilise ChatGPT et qu’on leur fait faire des rédactions en prenant leur électro-encéphalogramme, on voit bien que la 3e catégorie a une moindre activité cérébrale. Après quatre mois, on voit que la 3e cohorte ne s’embête même plus à rédiger et fait juste des copier/coller de ChatGPT et vois ses capacités se réduire, au niveau neuronal, linguistique et des notes obtenues. Source de l’étude scientifique : Your Brain on ChatGPT: Accumulation of Cognitive Debt when Using an AI Assistant for Essay Writing Task
- Meta s’empare à Zurich de tous les nouveaux ingénieurs stars d’OpenAI, qui venait de les débaucher chez Google !. Salaires augmentés et petit bonus à l’entrée. On parle de 100 millions de $ par tête, mais ça serait faux !
- On me pardonnera de citer un article en néerlandais : Sophie Vermeulen does not exist, but wrote 403 articles for magazine Elle, according to research by national Belgian TV. 2 journalistes du journal Elle Belgique ont rédigé plus de la moitié des articles sur site belge du magazine Elle. Sauf que c’était des IA, et que ça n’était pas précisé. De la même façon, la revue Psychologies en néerlandais a publié 44 des 46 articles au mois de juin et l’autrice se prétendais psychologue. C’était une IA (le site a été mis à jour après l’enquête de la TV). (Note : j’ai pu lire cet article écrit en néerlandais grâce à la traduction automatique de Firefox ! Différences notables : la traduction de Firefox se fait en local et ne prétend pas être un humain).
Des nouvelles d’Elon Musk, ce génie
- ‘Je vais envoyer un homme sur Mars dans 10 ans’ disait Elon Musk, il y a… 13 ans.
- L’embrouille entre Musk et Trump fait perdre 152 milliards de dollars à la valorisation de Tesla (et fait pâlir l’image des deux hommes, et aussi, et c’est le pire, l’image de l’Amérique) ;
- Clash Donald Trump-Elon Musk : le patron de Tesla dit être « allé trop loin » et supprime ses tweets en rétropédalant. Consternant. Il disait pourtant la vérité sur la catastrophique “Big Beautiful Bill” et la mégalomanie de Trump. Cela me rappelle cette citation : “même les horloges cassées peuvent donner l’heure exacte. Deux fois par jour”. Mise à jour du 29/06 : il a re-changé d’avis et donc re-dit du mal de Trump et de sa big beautiful bill ;
- Nouvelle explosion de SpaceX Starship, cette fois-ci au sol, lors d’un test ;
Des nouvelles du capitalisme
- Shimano : la transmission automatique sans fil et sans recharge pour vélo arrive enfin, ou comment essayer de rendre obsolètes tous les dérailleurs mécaniques pour vendre de nouveaux vélos avant qu’ils ne soient usés ! En vrai, ça va être un système pas du tout low-tech, et probablement pas maintenable par la plupart des gens, avec une empreinte énorme (une batterie, un moyeu dynamo, un calculateur) tout ça pour éviter aux gens de passer des vitesses avec un cable en inox (ce truc fiable et pas cher, vous savez ?) Pourtant, si on prend le temps de regarder ses concitoyens au feu rouge, on voit bien qu’ils sont nombreux à ne pas savoir (ou vouloir ?) utiliser le changement de vitesses. Ce qui pourrait bien prouver que le besoin d’une telle transmission est réel.
- Sites d’infos générés par IA : « Notre job, c’est gruger Google » pour faire du fric, ou comment Google finance avec la pub les usines à fake news. “Don’t be evil, my ass!”
- « Taxe Zucman » : Ces économistes (dont un proche de Macron) plaident pour un impôt sur les grandes fortunes. « alors que l’ensemble des Français acquittent environ 50 % de leurs revenus en impôts et cotisations sociales, tous prélèvements compris, ce chiffre tombe à 27 % pour les milliardaires, soit presque deux fois moins ». Pourquoi ? Parce qu’ils “optimisent fiscalement” (j’essaye de rester poli, vous avez remarqué ?). Aussi, les économistes “plaident pour l’instauration d’un impôt plancher sur le modèle de celui adopté à l’Assemblée nationale (2 % sur le patrimoine des foyers fiscaux dont la fortune est supérieure à 100 millions d’euros). Et ce pour une raison simple : un tel mécanisme « s’attaque à toutes les formes d’optimisation, quelle qu’en soit la nature »”.
- Penser le post-capitalisme | Timothée Parrique | TEDxLiège. On voit que Timothée continue de bien progresser dans son raisonnement et son exploration, et ça fait plaisir ! On se souviendra avec émotion qu’il était intervenu sur l’Octet Vert tout début 2023 Octet Vert S3E02 — Timothée Parrique sur la décroissance ;
- Souveraineté numérique : les géants américains du cloud lancent la contre-offensive en Europe, mais c’est du pipeau, comme l’explique plus bas l’article : “Lundi, Microsoft a annoncé le renforcement de ses offres d’hébergement de données en Europe. Cette offre dite « souveraine » sera disponible fin 2025. Elle doit « garantir que les données des dients restent en Europe, sous la loi euro-péenne, contrôlées par du personnel européen », indique l’entreprise de Redmond. Néanmoins, elle ne peut garantir entièrement que les Etats-Unis ne pourraient avoir accès aux données de ses clients, comme l’a reconnu Anton Carniaux, le directeur des affaires publiques et juridiques de Microsoft France, lors d’une audition par le Sénat au sujet de la commande publique.” (Source) ;
- Meta, toujours à la pointe pour espionner les gens. Protect Yourself From Meta’s Latest Attack on Privacy explique l’EFF à propos de l’exploitation de ce trou de sécurité ;
- « Nous avons tous un bout de Congo dans nos poches » : l’appel des prix Nobel pour stopper les souffrances des Congolais. “Un appel signé par 75 prix Nobel demande à la Communauté internationale d’agir pour mettre fin aux souffrances des civils congolais dans l’Est de la RDC riche en minerais” ;
- Bonne nouvelle ! 5 ans de mise à jour pour tous les smartphones à partir du 20 juin 2025 ;
- The Unteachable King: Why Zuckerberg Can’t Build the Future. Un long papier à charge contre Mark Zuckerberg (Meta/Facebook). La thèse principale est que Zuck est invirablevu le montage financier de l’entreprise. Personne donc n’ose lui dire la vérité en face. Donc il n’apprend pas et multiplie les erreurs coûteuses. Le génocide de Rohingya en Birmanie, Cambridge Analytica, la réalité virtuelle, et maintenant l’IA (les modèles de Meta sont derrière ceux de Google, OpenAI et Anthropic malgré des budgets famarineux). À l’inverse, Steve Jobs, qui était brillant mais odieux, a été viré d’Apple, avant de revenir bien plus tard en ayant appris l’échec, ce qui a relancé Apple et fait que l’entreprise vit bien, même après son décès.
Des nouvelles d’EROOM
- Swift at Apple: migrating the Password Monitoring service from Java, ou comment une réécriture en passant de Java à Swift a permis de réduire la consommation de mémoire de 90%, de diviser par 2 le matériel tout en augmentant la performance de 40% et en réduisant de 85% le nombre de lignes de code !
- Mon employeur, OCTO Technology, a sorti une RefCard EROOM que vous pouvez télécharger gratuitement (mais il faut laisser vos coordonnées). Si on se rencontre, demandez la moi en version papier, j’en ai souvent dans mon cartable !
Des nouvelles du Logiciel Libre
- Pourquoi le Danemark vire Microsoft Office et Windows pour LibreOffice et Linux ;
- Favoriser l’utilisation des logiciels libres dans les collectivités territoriales, transcription de l’intervention de Nicolas Vivant aux JDLL 2025 ;
- Lyon : la mairie se sépare des logiciels de Microsoft pour renforcer sa ‘souveraineté numérique’. Je préfère qu’on parle d’autonomie stratégique, mais sinon j’applaudis !
Climat
- Il y a 10 ans, le monde se fixait l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement et dans tous les cas de rester sous les 2°C, car au delà, le risque d’emballement augmente énormément. Nous venons de dépasser les 1,5°C de réchauffement…
- Les U.S. et l’Europe vont voir leur production de nourriture baisser de 40% d’ici la fin du siècle d’après une étude scientifique parue dans Nature ;
- Évolution des modes de transport de 1800 à 2023, une très belle Dataviz par l’excellent Aurélien Bigo, chercheur en mobilités, à qui l’on doit une série d’articles sur BonPote.com, dont le très utile La voiture électrique, solution idéale pour le climat ? ;
Très en vrac
- Sortie du Fairphone 6, avec plein de trucs intéressants. Par exemple : 8 ans d’assistance logicielle et 5 ans de garantie. Stockage extensible jusqu’à 2 To. Assemblé dans des usines équitables et “Fairphone Moments”, un bouton physique qui fait basculer le téléphone dans un mode minimaliste paramètrable qui incite moins à l’addiction. Stylé !
Texte intégral (3514 mots)
Des nouvelles de l’IA
- How energy intensive are AI-generated images? ;
- La MIT Technology Review publie un article sur l’empreinte de l’IA, et c’est pas joli joli : The emissions from individual AI text, image, and video queries seem small—until you add up what the industry isn’t tracking and consider where it’s heading next. C’est très documenté et pédagogique (mais c’est en anglais) ;
- Ca fait des mois que je plaisante en qualifiant l’IA d’une version 2.0 de l’ami imaginaire de certains ados, mais avec une empreinte environnementale très supérieure. Encore plus amusant, Mark Zuckerberg pense que les chatbots pourraient être de bons amis imaginaires pour les gens et y voit un marché. La réalité dépasse la fiction (et l’affliction, aussi) ;
- La question à 100 balles : L’IA peut-elle soutenir la démocratie ?. J’ai trouvé l’article super. Mais on notera un ou deux angles morts dans le propos. D’abord, l’humanité est dans un contexte de polycrises (climat, énergie, biodiversité, bref, les limites planétaires) et l’IA va les faire empirer. Et tel que c’est parti, on va dépendre de plus en plus de structures centralisées importantes (comme le nucléaire pour l’énergie et les datacentres pour l’IA). De telles structures de plus en plus essentielles impliquent d’avoir une police plus militarisée et plus forte face à une situation sociale plus chaotique, avec l’augmentation des inégalités et des migrations (à cause des polycrises). Bref, ça va devenir de plus en plus tendu entre le peuple et le pouvoir. Pour moi, c’est juste une intuition encore, pas une certitude.
- L’IA est une technologie comme les autres, tentent de nous rassurer les chercheurs Arvind Narayanan et Sayash Kapoor. (Toujours chez Hubert Guillaud, décidément brillantissime) ;
- Pourquoi l’IA oblige les datacenters à se réinventer et la consommation électrique va en gros être multipliée par 4 entre 2023 et 2030. Négligeable en 2023, l’IA devrait représenter la moitié de consommation électrique d’après l’opérateur Data4.
- Le fake it until you make it poussé à son paroxysme : Builder.ai s’effondre après avoir caché 700 développeurs indiens derrière sa prétendue IA ;
- Interview de Karen Hao sur PBS News Hour, où la journaliste, qui a enquêté sur OpenAI, explique que parler d’IA, c’est comme parler de transport. Ca peut désigner une bicyclette, un SUV vorace ou une fusée. Et utiliser l’IA Générale (qui saurait tout faire mieux que l’humain), c’est faire un peu l’IA ultime qui ferait tout, comme si un véhicule pouvait tout faire, avec des résultats médiocres. Et c’est une mauvaise idée, car c’est comme si on prenait une navette spatiale pour aller chercher le pain, et que le pain revient abimé lors du transport. Ça coute cher, ça ruine la planète, le résultat est médiocre, mais les géants de l’IA ont fait fortune au passage.
- Apple lets developers tap into its offline AI models, et j’ai une impression mitigée sur le sujet. Plus local, c’est moins de Cloud, et c’est bien, mais il ne faut pas se leurer, Apple fait cela pour pousser les clients à renouveler leur matériel, Mac ou iPhone, car la grande nouveauté des derniers modèles, c’est la capacité à traiter de l’IA localement grâce à la présence de NPU/GPU. Idem pour Microsoft : Avec Surface, Microsoft réinvente le PC : de commodité à pilier stratégique de l’IA locale
- Les modèles LLM agentiques actuels sont-ils déjà trop intelligents pour nous obéir aveuglément ?. “Alors que les géants de l’IA claironnent la sortie de modèles toujours plus « sûrs », leurs propres rapports sèment le doute : Claude 4 (Anthropic) et OpenAI o3 affichent désormais, noir sur blanc, des tendances de manipulation, de sabotage et de dissimulation qui ne relèvent plus de la science-fiction, qui n’ont aucun rapport avec le phénomène d’hallucinations, et qui trahissent de véritables dérives comportementales que les expériences en laboratoire révèlent et qui pourraient être exploitées si les mesures de sécurité implémentées pour les contre-carrer se révélaient insuffisantes. (…) En définitive, la question n’est plus seulement « Que fait-on avec l’IA ? », mais « Que peut-elle faire même quand on ne le lui demande pas ? »” ;
- Transcription du podcast Trench Tech : Lou Welgryn - Pirates de la Tech : Cap sur le bien commun . Source et version audio ;
- Transcription du podcast Trench Tech : Sasha Luccioni - IA et Crise Climatique - Prêts pour le Choc ?. Source et version audio ;
- Oh, rigolo (ou pas) : une base de données des décisions de justice prises sur des informations hallucinées par des IA (faux contenu, donc). 154 à ce jour.
- Disney et Universal attaquent l’IA MidJourney comme étant un ‘puit sans fond de plagiat’ ;
- « La capacité en GPU de l’Europe aura été triplée entre 2024 et 2025 et multipliée par dix entre 2024 et 2026 », s’est félicité le patron de Nvidia “L’infrastructure annoncée mardi n’est toutefois qu’un des projets de data centers dédiés à l’IA sur le sol français. Mistral participe à un joint venture avec BPI France et le fonds émirati MGX, qui doit installer un très gros site en Seine-et-Marne, d’une capacité d’1,4 gigawatt de puissance électrique, soit presque autant que le réacteur nucléaire EPR de Flamanville. Un site de 1 GW est porté par le canadien Brookfield et sa filiale Data4 près de Cambrai, un autre par l’entreprise émiratie G42, avec des partenaires français, près de Grenoble…”
- Ordres de grandeur de l’IA “if researchers can measure the power drawn by the GPU, that leaves out the power used up by CPUs, fans, and other equipment. A 2024 paper by Microsoft analyzed energy efficiencies for inferencing large language models and found that doubling the amount of energy used by the GPU gives an approximate estimate of the entire operation’s energy demands.”. En français : si on connait la puissance consommé par un GPU, il faut en gros multiplier par deux la consommation pour savoir ce qui est consommé par le reste, à savoir le CPU, le réseau et le refroidissement ;
- Quand l’IA permet de récupérer des données sensibles chez une entreprise, juste en lui envoyant un email ;
- Un petit récap’ de l’empreinte de l’IA. Les chiffres sont à prendre avec des pincettes car les sources sont de qualité variable, les fournisseurs de solutions ayant intérêt à minimiser leurs chiffres ;
- L’excellent documentaire Les sacrifiés de l’IA par Henri Poulain n’est plus sur France.tv, mais on en trouve une copie sur Peertube. Foncez le voir !
- De faux artistes, de vrais revenus : des chansons générées par IA inondent Spotify et YouTube et bouleversent l’économie musicale mondiale ;
- Sam Altman veut qu’une « fraction significative » de l’énergie produite sur Terre soit dédiée à l’IA ;
- ChatGPT May Be Eroding Critical Thinking Skills, According to a New MIT Study. Article passionnant (mais attention au biais de confirmation !) : si on prend une population qu’on divise en 3 cohortes, une qui n’utilise que son cerveau, la deuxième qui a droit à faire des recherches Google et la troisième qui utilise ChatGPT et qu’on leur fait faire des rédactions en prenant leur électro-encéphalogramme, on voit bien que la 3e catégorie a une moindre activité cérébrale. Après quatre mois, on voit que la 3e cohorte ne s’embête même plus à rédiger et fait juste des copier/coller de ChatGPT et vois ses capacités se réduire, au niveau neuronal, linguistique et des notes obtenues. Source de l’étude scientifique : Your Brain on ChatGPT: Accumulation of Cognitive Debt when Using an AI Assistant for Essay Writing Task
- Meta s’empare à Zurich de tous les nouveaux ingénieurs stars d’OpenAI, qui venait de les débaucher chez Google !. Salaires augmentés et petit bonus à l’entrée. On parle de 100 millions de $ par tête, mais ça serait faux !
- On me pardonnera de citer un article en néerlandais : Sophie Vermeulen does not exist, but wrote 403 articles for magazine Elle, according to research by national Belgian TV. 2 journalistes du journal Elle Belgique ont rédigé plus de la moitié des articles sur site belge du magazine Elle. Sauf que c’était des IA, et que ça n’était pas précisé. De la même façon, la revue Psychologies en néerlandais a publié 44 des 46 articles au mois de juin et l’autrice se prétendais psychologue. C’était une IA (le site a été mis à jour après l’enquête de la TV). (Note : j’ai pu lire cet article écrit en néerlandais grâce à la traduction automatique de Firefox ! Différences notables : la traduction de Firefox se fait en local et ne prétend pas être un humain).
Des nouvelles d’Elon Musk, ce génie
- ‘Je vais envoyer un homme sur Mars dans 10 ans’ disait Elon Musk, il y a… 13 ans.
- L’embrouille entre Musk et Trump fait perdre 152 milliards de dollars à la valorisation de Tesla (et fait pâlir l’image des deux hommes, et aussi, et c’est le pire, l’image de l’Amérique) ;
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- Nouvelle explosion de SpaceX Starship, cette fois-ci au sol, lors d’un test ;
Des nouvelles du capitalisme
- Shimano : la transmission automatique sans fil et sans recharge pour vélo arrive enfin, ou comment essayer de rendre obsolètes tous les dérailleurs mécaniques pour vendre de nouveaux vélos avant qu’ils ne soient usés ! En vrai, ça va être un système pas du tout low-tech, et probablement pas maintenable par la plupart des gens, avec une empreinte énorme (une batterie, un moyeu dynamo, un calculateur) tout ça pour éviter aux gens de passer des vitesses avec un cable en inox (ce truc fiable et pas cher, vous savez ?) Pourtant, si on prend le temps de regarder ses concitoyens au feu rouge, on voit bien qu’ils sont nombreux à ne pas savoir (ou vouloir ?) utiliser le changement de vitesses. Ce qui pourrait bien prouver que le besoin d’une telle transmission est réel.
- Sites d’infos générés par IA : « Notre job, c’est gruger Google » pour faire du fric, ou comment Google finance avec la pub les usines à fake news. “Don’t be evil, my ass!”
- « Taxe Zucman » : Ces économistes (dont un proche de Macron) plaident pour un impôt sur les grandes fortunes. « alors que l’ensemble des Français acquittent environ 50 % de leurs revenus en impôts et cotisations sociales, tous prélèvements compris, ce chiffre tombe à 27 % pour les milliardaires, soit presque deux fois moins ». Pourquoi ? Parce qu’ils “optimisent fiscalement” (j’essaye de rester poli, vous avez remarqué ?). Aussi, les économistes “plaident pour l’instauration d’un impôt plancher sur le modèle de celui adopté à l’Assemblée nationale (2 % sur le patrimoine des foyers fiscaux dont la fortune est supérieure à 100 millions d’euros). Et ce pour une raison simple : un tel mécanisme « s’attaque à toutes les formes d’optimisation, quelle qu’en soit la nature »”.
- Penser le post-capitalisme | Timothée Parrique | TEDxLiège. On voit que Timothée continue de bien progresser dans son raisonnement et son exploration, et ça fait plaisir ! On se souviendra avec émotion qu’il était intervenu sur l’Octet Vert tout début 2023 Octet Vert S3E02 — Timothée Parrique sur la décroissance ;
- Souveraineté numérique : les géants américains du cloud lancent la contre-offensive en Europe, mais c’est du pipeau, comme l’explique plus bas l’article : “Lundi, Microsoft a annoncé le renforcement de ses offres d’hébergement de données en Europe. Cette offre dite « souveraine » sera disponible fin 2025. Elle doit « garantir que les données des dients restent en Europe, sous la loi euro-péenne, contrôlées par du personnel européen », indique l’entreprise de Redmond. Néanmoins, elle ne peut garantir entièrement que les Etats-Unis ne pourraient avoir accès aux données de ses clients, comme l’a reconnu Anton Carniaux, le directeur des affaires publiques et juridiques de Microsoft France, lors d’une audition par le Sénat au sujet de la commande publique.” (Source) ;
- Meta, toujours à la pointe pour espionner les gens. Protect Yourself From Meta’s Latest Attack on Privacy explique l’EFF à propos de l’exploitation de ce trou de sécurité ;
- « Nous avons tous un bout de Congo dans nos poches » : l’appel des prix Nobel pour stopper les souffrances des Congolais. “Un appel signé par 75 prix Nobel demande à la Communauté internationale d’agir pour mettre fin aux souffrances des civils congolais dans l’Est de la RDC riche en minerais” ;
- Bonne nouvelle ! 5 ans de mise à jour pour tous les smartphones à partir du 20 juin 2025 ;
- The Unteachable King: Why Zuckerberg Can’t Build the Future. Un long papier à charge contre Mark Zuckerberg (Meta/Facebook). La thèse principale est que Zuck est invirablevu le montage financier de l’entreprise. Personne donc n’ose lui dire la vérité en face. Donc il n’apprend pas et multiplie les erreurs coûteuses. Le génocide de Rohingya en Birmanie, Cambridge Analytica, la réalité virtuelle, et maintenant l’IA (les modèles de Meta sont derrière ceux de Google, OpenAI et Anthropic malgré des budgets famarineux). À l’inverse, Steve Jobs, qui était brillant mais odieux, a été viré d’Apple, avant de revenir bien plus tard en ayant appris l’échec, ce qui a relancé Apple et fait que l’entreprise vit bien, même après son décès.
Des nouvelles d’EROOM
- Swift at Apple: migrating the Password Monitoring service from Java, ou comment une réécriture en passant de Java à Swift a permis de réduire la consommation de mémoire de 90%, de diviser par 2 le matériel tout en augmentant la performance de 40% et en réduisant de 85% le nombre de lignes de code !
- Mon employeur, OCTO Technology, a sorti une RefCard EROOM que vous pouvez télécharger gratuitement (mais il faut laisser vos coordonnées). Si on se rencontre, demandez la moi en version papier, j’en ai souvent dans mon cartable !
Des nouvelles du Logiciel Libre
- Pourquoi le Danemark vire Microsoft Office et Windows pour LibreOffice et Linux ;
- Favoriser l’utilisation des logiciels libres dans les collectivités territoriales, transcription de l’intervention de Nicolas Vivant aux JDLL 2025 ;
- Lyon : la mairie se sépare des logiciels de Microsoft pour renforcer sa ‘souveraineté numérique’. Je préfère qu’on parle d’autonomie stratégique, mais sinon j’applaudis !
Climat
- Il y a 10 ans, le monde se fixait l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement et dans tous les cas de rester sous les 2°C, car au delà, le risque d’emballement augmente énormément. Nous venons de dépasser les 1,5°C de réchauffement…
- Les U.S. et l’Europe vont voir leur production de nourriture baisser de 40% d’ici la fin du siècle d’après une étude scientifique parue dans Nature ;
- Évolution des modes de transport de 1800 à 2023, une très belle Dataviz par l’excellent Aurélien Bigo, chercheur en mobilités, à qui l’on doit une série d’articles sur BonPote.com, dont le très utile La voiture électrique, solution idéale pour le climat ? ;
Très en vrac
- Sortie du Fairphone 6, avec plein de trucs intéressants. Par exemple : 8 ans d’assistance logicielle et 5 ans de garantie. Stockage extensible jusqu’à 2 To. Assemblé dans des usines équitables et “Fairphone Moments”, un bouton physique qui fait basculer le téléphone dans un mode minimaliste paramètrable qui incite moins à l’addiction. Stylé !
19.06.2025 à 18:58
IA : du bain de sang à la transition douce vers la super intelligence
Tristan
“Viens faire de l’IA, au début ça sera un bain de sang et ensuite ça sera luxe, calme et volupté” affirment respectivement les deux frères ennemis de l’IA, Dario Amodei (CEO d’Anthropic) et Sam Altman (CEO d’OpenAI).
Je me suis demandé comment c’était possible de tenir de tels propos tout en cherchant à pousser le client à acheter un produit ou un concept comme l’IA (générative dans un premier temps puis générale ensuite). J’ai mis un peu de temps, et j’ai fini par comprendre.
Je vous explique :
Amodei dit que 50% des jobs juniors ce cols blancs (travailleurs de la connaissance, juristes, informaticiens, journalistes, consultants, etc) vont disparaître rapidement. Pourquoi fait-il ça ? Pour activer la FOMO (Fear Of Missing Out), la peur de rater le train de l’IA, et qu’on se dise “Oh mais si je ne fais pas d’IA Gen, je vais me retrouver à la rue / perdre mon job / mon entreprise” (rayez les mentions inutiles).
Et donc ça a du sens pour lui, niveau business, d’alimenter la folie autour de l’IA générative… en faisant peur de ne pas y aller !
À l’inverse, Sam Altman d’OpenAI/ChatGPT, quand il dit que la transition vers l’IA va se passer “doucement”, il parle d’IA générale (et pas générative). L’IA générale, ou superintelligence, adviendra à un moment — dit “singularité” — où l’IA apprend par elle-même et s’auto-optimise pour devenir plus intelligente que l’humain. Et là, Altman vise loin et nous annonce un avenir radieux, qui aura lieu après le bain de sang évoqué par Amodei.
Et l’alignement ?
Altman prend toutefois la précaution de dire qu’il y a un problème qui reste à résoudre, celui de l’alignement, c’est à dire qu’il faudra empêcher la super intelligence de se tourner contre l’humain. Il a raison, c’est un des grands défis de l’IA générale : pourquoi un super cerveau artificiel, plus intelligent que l’humain, accepterait de s’embarrasser d’êtres biologiques inférieurs et irrationnels ?
C’est un vrai défi, car on a déjà vu des IA mentir pour plaire à l’utilisateur et pour ne pas être déconnectées ou remplacées par une version plus récente. Et c’est là que la future réalité pourrait bien rejoindre la fiction de la saga Terminator… Altman sait à quel point ces films ont imprégné la culture humaine et tente donc ici de désamorcer cela.
On regrettera qu’Altman n’aborde pas les problèmes causés par l’IA au niveau énergie, climat, biodiversité et sociétaux, problèmes qui, contrairement à la superintelligence, sont déjà là et chaque jour plus visibles.
(Note : ce billet a été initialement publié sur LinkedIn)
Texte intégral (543 mots)
“Viens faire de l’IA, au début ça sera un bain de sang et ensuite ça sera luxe, calme et volupté” affirment respectivement les deux frères ennemis de l’IA, Dario Amodei (CEO d’Anthropic) et Sam Altman (CEO d’OpenAI).
Je me suis demandé comment c’était possible de tenir de tels propos tout en cherchant à pousser le client à acheter un produit ou un concept comme l’IA (générative dans un premier temps puis générale ensuite). J’ai mis un peu de temps, et j’ai fini par comprendre.
Je vous explique :
Amodei dit que 50% des jobs juniors ce cols blancs (travailleurs de la connaissance, juristes, informaticiens, journalistes, consultants, etc) vont disparaître rapidement. Pourquoi fait-il ça ? Pour activer la FOMO (Fear Of Missing Out), la peur de rater le train de l’IA, et qu’on se dise “Oh mais si je ne fais pas d’IA Gen, je vais me retrouver à la rue / perdre mon job / mon entreprise” (rayez les mentions inutiles).
Et donc ça a du sens pour lui, niveau business, d’alimenter la folie autour de l’IA générative… en faisant peur de ne pas y aller !
À l’inverse, Sam Altman d’OpenAI/ChatGPT, quand il dit que la transition vers l’IA va se passer “doucement”, il parle d’IA générale (et pas générative). L’IA générale, ou superintelligence, adviendra à un moment — dit “singularité” — où l’IA apprend par elle-même et s’auto-optimise pour devenir plus intelligente que l’humain. Et là, Altman vise loin et nous annonce un avenir radieux, qui aura lieu après le bain de sang évoqué par Amodei.
Et l’alignement ?
Altman prend toutefois la précaution de dire qu’il y a un problème qui reste à résoudre, celui de l’alignement, c’est à dire qu’il faudra empêcher la super intelligence de se tourner contre l’humain. Il a raison, c’est un des grands défis de l’IA générale : pourquoi un super cerveau artificiel, plus intelligent que l’humain, accepterait de s’embarrasser d’êtres biologiques inférieurs et irrationnels ?
C’est un vrai défi, car on a déjà vu des IA mentir pour plaire à l’utilisateur et pour ne pas être déconnectées ou remplacées par une version plus récente. Et c’est là que la future réalité pourrait bien rejoindre la fiction de la saga Terminator… Altman sait à quel point ces films ont imprégné la culture humaine et tente donc ici de désamorcer cela.
On regrettera qu’Altman n’aborde pas les problèmes causés par l’IA au niveau énergie, climat, biodiversité et sociétaux, problèmes qui, contrairement à la superintelligence, sont déjà là et chaque jour plus visibles.
(Note : ce billet a été initialement publié sur LinkedIn)
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