ARGUMENTS POUR LA LUTTE SOCIALE
L.N Chantereau, Olivier Delbeke, Robert Duguet, Alexis Mayet, Luigi Milo, Vincent Presumey ...24.11.2024 à 23:25
La gauche doit préparer 2027 maintenant ! Par Henryk Davi.
aplutsoc
Texte intégral (1275 mots)
Une issue plausible est la démission du Président de la République et des élections législatives suivant cette démission. La menace de censure du RN redonne à cette hypothèse de la crédibilité. 2027 pourrait bien arriver en 2025 ou 2026. La gauche doit se préparer maintenant.
Le revirement du Rassemblement National, qui menace de censurer finalement le gouvernement sur le vote du budget, confirme qu’Emmanuel Macron et son premier ministre sont bien l’otage de l’extrême droite[1].
Par ailleurs, nous le voyons bien, il n’y a actuellement pas de majorité politique dans le pays. Il est très peu probable que des élections législatives anticipées, qu’elles qu’en soient les modalités, scrutins majoritaires ou proportionnels, changent la donne[2]. Cette absence de majorité claire est un fait européen, il n’y a de majorité ni en Allemagne ni aux Pays Bas.
La seule issue possible est donc la démission du Président de la République et des élections législatives suivant cette démission. La menace du RN redonne à cette hypothèse de la crédibilité. 2027 pourrait bien arriver en 2025 ou 2026. Solutionner la crise politique actuelle par une élection présidentielle n’est pas le meilleur scénario, tant la vie politique française souffre de la place prépondérante de ce scrutin. Mais hélas c’est le plus probable.
La gauche ne doit pas être naïve. Elle doit se mettre au plus vite en ordre de bataille, pour éviter d’être prise au dépourvu. Pour cela, il faut se mettre d’accord sur une stratégie, un candidat et un programme.
La nécessité d’un candidat commun du NFP
Commençons par la stratégie. Les rapports de force sont les suivants. Il existe trois blocs politiques incompatibles les uns avec les autres. Le bloc d’extrême droite représente 40%, il est en dynamique. Le bloc de gauche cumule 30%, il est stable. Le bloc de centre-droite est passé en dessous des 30%, il baisse élection après élection. Pour être au second tour, il faut savoir rassembler son camp.
Évidemment, on peut espérer une division du camp macroniste et de la droite. Mais nous l’avons vu avec Macron, les grandes fortunes possèdent de nombreux médias et ont la capacité à imposer un candidat du « bloc bourgeois ». Une autre possibilité est un basculement en règle de ce bloc du côté de l’extrême droite. La victoire de Trump aux USA rend ce scénario crédible. Dans tous les cas, une victoire de l’extrême droite est probable si la gauche échoue à se rassembler. Pour être au second tour, le NFP doit avoir un candidat commun à la prochaine élection présidentielle.
Un programme de rupture écologique et sociale
En Europe et dans le monde la gauche a gouverné à de nombreuses reprises. Mais elle a accompagné la mise en œuvre de l’agenda néolibéral pensé par l’école de Chicago et dont premiers avatars étaient Pinochet, Reagan et Thatcher. Nous en connaissons les recettes : libéralisation de l’économie, multiplication des traités de libre-échange, restauration des taux de profits en limitant les impôts sur les sociétés et les cotisations sociales, explosion de la sous-traitance et des délocalisations et privatisation des services publics. En Hongrie, la gauche sociale-démocrate a mis en œuvre cette politique, avec à la clé Orban au pouvoir depuis. Blair et Schröder ont organisé le démantèlement du droit du travail, Brexit et montée de l’AFD. En France aussi Mitterrand et Jospin ont accompagné les privatisations dont celle tragique de France Telecom.
Mais le peuple de gauche s’est mobilisé en masse à partir de 1995. Une gauche critique antilibérale et écologiste s’est construite année après année, notamment au travers d’ATTAC, de syndicats comme Solidaires, la CGT et la FSU et des percées électorales de l’extrême gauche (LO, LCR) ou des Verts. De cette gauche critique est née le Front de gauche avec le PCF et les 11,1% de Jean-Luc Mélenchon en 2012. Les programmes de l’Humain d’abord et de l’Avenir en commun ont donné une base solide pour des politiques alternatives à gauche. Les scores de LFI en 2017 et 2022 confirment que le peuple de gauche souhaite une rupture avec la gestion de Hollande.
Les programmes de la NUPES et du NFP ont démontré que ces deux gauches étaient enfin réconciliables sur un programme de rupture à la fois ambitieux socialement et écologiquement. A mon avis, la défaite cinglante de Kamala Harris et les difficultés du SPD en Allemagne confirment qu’une gauche qui ne s’attaque pas aux inégalités et aux faibles salaires a peu de chances de battre l’extrême droite.
La conclusion est simple : nous ne devons pas changer le centre de gravité de notre programme, mais l’enrichir de nos victoires à l’Assemblée Nationale et des revendications des syndicats.
Comment désigner un candidat ?
Reste le plus difficile : comment désigner un candidat commun ? Si Jean Luc Mélenchon et François Hollande déclarent leurs candidatures, les écologistes et les communistes auront la leur et nous voguerons vers l’échec une fois de plus comme en 2017 et en 2022. Nous devons donc trouver ensemble un dispositif qui permettent de désigner un candidat commun.
Il existe la méthode « Castets », nous mettons les dirigeants de gauche dans une chambre, jusqu’à ce qu’il trouve un nom. Une solution évidente est alors Lucie Castets elle-même.
Une autre méthode est de demander au peuple de gauche de trancher. LFI refuse une primaire ouverte. Mais si l’on propose à tous les citoyens de gauche l’adhésion directe au Nouveau Front Populaire, cela devient un vote interne au NFP. Nous pouvons récolter des moyens pour la campagne, créer une dynamique avec des comités NFP sur tout le territoire et départager les différents protagonistes. Cela contraint ces derniers à accepter le programme du NFP et le cadre politique du NFP en le liant à un accord unitaire aux législatives. On pourrait aussi trancher entre les différentes personnalités : Mélenchon, Bompard, Autain, Ruffin, Roussel, Castets, Tondelier, Rousseau, Vallaud ou Faure.
Comment éviter que les classes populaires soient exclues du choix, comme le remarque justement LFI ? Sociologiquement et empiriquement, c’est un risque incontestable. Mais on pourrait faire une campagne en direction des quartiers populaires, justement pour les mobiliser. LFI pourrait contribuer à cette campagne pour les inclure. Nous pouvons imaginer des dispositifs de vote qui permettent d’éviter ce type de biais.
Alors la seule question qui se pose maintenant : qu’attendons-nous ?
HD, 20/11/2024.
Source : https://blogs.mediapart.fr/hendrik-davi/blog/201124/la-gauche-doit-preparer-2027-maintenant
24.11.2024 à 23:11
Inéligibilité : une sanction démocratique. Par Raquel Garrido.
aplutsoc
Texte intégral (996 mots)
La possibilité que le Tribunal judiciaire de Paris déclare Marine Le Pen inéligible a provoqué une pluie de réactions critiques de la part d’hommes politiques allant de Gerald Darmanin, Karl Olive (lui même récemment condamné) ou Christian Estrosi et de façon plus étonnante jusqu’à Jean-Luc Mélenchon. Pour Darmanin, la peine d’inéligibilité ne devrait pas s’appliquer à elle, car elle a prévu de se présenter à l’élection présidentielle en 2027. Jean-Luc Mélenchon a quant a lui déclaré, sur X et sur France 3, qu’il s’opposait d’une part à l’automaticité de la peine complémentaire d’inéligibilité, et d’autre part à l’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité à Marine Le Pen, indiquant que « la crise politique serait aggravée sans aucun avantage pour la société ».
Rappelons tout d’abord que l’éligibilité n’est pas un droit absolu. Il existe des règles d’âge, de nationalité, de lieu de résidence, et des incompatibilités professionnelles. Il existe aussi des règles de non-cumul dans le temps, comme celle qui s’applique à Emmanuel Macron vis-à-vis de la prochaine élection présidentielle. Le fait qu’une personne en particulier ne puisse pas se présenter à une élection n’est pas si grave. Cela n’empêche en rien son parti de présenter une candidature. Ainsi, les réactions choquées révèlent une vision très personnaliste de la politique dans laquelle la personne du chef de parti remplace le parti lui-même.
Ensuite, soulignons que la peine d’inéligibilité s’inscrit dans des lois de protection de la qualité démocratique. Elle est prévue, par exemple, en cas de violation de certaines règles de financement de la vie politique. Elle est parfois sous-utilisée, par exemple lors des condamnations pour incitation à la haine raciste (Zemmour..). Dans le cas de Marine Le Pen, il s’agit de lois « pour la confiance dans le vie politique ». Nous savons que le dégoût civique est l’arme des puissants et des possédants pour que les citoyens ne se mêlent pas de politique. Dégoûter les gens des élections en ne nommant pas un Premier ministre issu de la coalition arrivée en tête aux législatives, en faisant adopter par 49 al.3 une loi retraites à laquelle tout un peuple s’oppose, ou un budget qui n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale, c’est l’assurance vie des injustices. Pour l’instant, ces comportements dégoûtants sont légaux voire constitutionnels, et c’est tout l’enjeu du changement de constitution.
Heureusement, d’autres comportement sont interdits et punis par le code pénal, notamment les délits dont on ne peut véritablement être l’auteur que si on détient une position de pouvoir, gouvernementale ou élective. Dans ces cas, il semble très important que les abus de pouvoir se traduisent par une peine sur mesure, la peine de privation de droits civiques et d’inéligibilité. De même qu’une gérant de société peu scrupuleux sera interdit d’occuper cette fonction, il est indispensable que les politiques ayant manqué d’éthique deviennent inéligibles. Il s’agit d’une mesure de protection de la société.
Alors que penser de l’affirmation de Darmanin qui argue de la fonction de candidate à la présidentielle de Marine Le Pen pour en déduire une logique d’impunité ? C’est un non-sens ! C’est précisément parce qu’elle est candidate que la peine idoine est l’inéligibilité. La défense de Darmanin est une auto-protection de caste que nous devons dénoncer comme telle. Il n’y a pas de caste présidentielle à l’abri de la loi ! Les faits reprochés à Marine Le Pen courent de 2011 à 2016. Elle a donc pu se présenter déjà trois fois (2012, 2017, et 2022) en étant, si c’est confirmé par le tribunal, auteure de détournements massifs de fonds publics (4,3M€).
En réalité, l’impunité a déjà bien assez duré et on peut comprendre aisément l’argument des procureurs de la République en faveur de l’exécution provisoire de la peine. Après des dizaines de recours dilatoires, le risque d’impunité totale est bien réel, et il doit être pris en compte, dans l’intérêt de la Justice et de la démocratie. En effet, si Marine Le Pen était par malheur élue présidente, elle serait alors protégée par une immunité de rang constitutionnel. Y a-t-il quelque chose de plus insupportable et dégoûtant que l’impunité ?
La loi est équilibrée et il faut la soutenir. La peine d’inéligibilité est la règle générale, mais le juge peut y déroger par décision spécialement motivée. L’exécution provisoire n’est pas la règle générale, mais le juge peut l’ordonner par décision motivée. Nul besoin des cris d’orfraie en soutien à Marine Le Pen. Le tribunal jugera en toute indépendance, il motivera sa décision, et les voies de recours seront exercées, conformément à la loi.
Est-ce que la décision aura un effet sur la vie politique et démocratique ? Nécessairement. Soit que Marine Le Pen maintienne sa candidature malgré une condamnation en première instance avec une épée de Damoclès, soit qu’elle soit d’ores et déjà inéligible, l’élection de 2027 en serait affectée. C’est à elle d’en tirer des conclusions, pas au Tribunal.
Vive l’éthique en politique et la démocratie !
RG, 21 novembre 2024.
Source : éditorial de L’APRÈS.
24.11.2024 à 22:55
La révolution démocratique en Hongrie du 6 octobre au 23 novembre 1956, par Karel Kostal
aplutsoc
Texte intégral (1837 mots)
Présentation par Robert Duguet du 24 novembre 2024
Ce 23 novembre 2024 est l’anniversaire de l’écrasement de la Commune de Budapest, qui avait porté l’exigence d’un socialisme démocratique reconquis dans la tradition révolutionnaire de 1917 contre le stalinisme. L’effondrement de l’URSS dans les années 1990 a conduit les pays dits du pacte de Varsovie loin vers une régression politique et culturelle. La haine du stalinisme et de l’impérialisme russe a entraîné dans la conscience des peuples le rejet de la perspective même du socialisme. Aujourd’hui la Hongrie est dans les mains d’Orban, gouvernement néo-fasciste. Cet article écrit par Karel il y a un certain nombre d’années n’a rien perdu de son actualité. Il part de la lecture de textes choisis et traduits par Jean-Jacques Marie et Balasz Nagy, présenté parPierre Broué, EDI Paris, paru dix ans après les événements, soit en 1966.
Texte de Karel Kostal
Je tiens à exprimer avant tout ma reconnaissance à ces trois historiens militants qui ont sauvé de l’oubli ceux qui, l’épée à la main, ont combattu la supériorité écrasante du régime stalinien totalitaire, il y a 54 ans. Ce recueil de documents est passionnant, d’un bout à l’autre, du début jusqu’à la fin, c’est la mort dans l’âme que je me vois dans l’obligation d’en choisir des extraits.
Le 22 octobre, le cercle Petöfi, qui porte le nom de l’auteur du poème « Debout, Hongrois, la patrie t’appelle », tué à la bataille de Segesvar, en 1849, contre les troupes de Nicolas Ier, reprend à son compte les revendications de la jeunesse et décide de participer à la manifestation du 23 octobre. « Amitié hungaro-soviétique sur la base léniniste de l’égalité . » « Nouveau plan quinquennal au service de l’augmentation du bien-être du peuple. » « A bas la politique économique stalinienne. » « Gestion ouvrière aux usines. » « Rénovation de l’agriculture, collectivisation volontaire. » « En avant pour la démocratie socialiste. » Et aussi ce mot d’ordre qui dépasse les frontières de la Hongrie : « Vive la Pologne fraternelle. »
Après cette première grande manifestation étudiante, les fameuses « résolutions » commencent à tomber. La jeunesse fait savoir qu’elle veut être représentée à la tête de l’État par d’anciens opposants à la clique stalinienne de Rakosi. « Pour assurer le prestige du parti et de l’administration de l’État, nous proposons que le camarade Imre Nagy et les autres camarades qui ont lutté pour la démocratie socialiste et les principes léninistes occupent une place digne de leur valeur à la direction du parti et du gouvernement. » « Le Comité Central et le gouvernement doivent assurer le développement de la démocratie socialiste par tous les moyens possibles, en précisant les vrais fonctions du parti, en soutenant les aspirations légitimes de la classe ouvrière, en introduisant l’auto-administration des usines et en instituant une véritable démocratie ouvrière . »
Les prisons s’ouvrent, et le cercle Petöfi exige « un procès public de Mihaly Farkas », qui dirigea personnellement la préparation du procès Rajk. « Nous proposons que l’affaire de Mihaly Farkas soit jugée publiquement, conformément à la légalité socialiste. » Le même communiqué exige que « Mathias Rakosi soit expulsé du Comité Central du parti et éliminé de l’Assemblée Nationale et du conseil présidentiel. Le Comité Central, qui désire rétablir le calme dans le pays, doit prévenir les tentatives de restauration stalinienne et rakosiste. »
On ne saurait trop le souligner, la révolution démocratique en Hongrie commence le 6 octobre, jour des funérailles nationales de Rajk et de ses amis. Balasz Nagy témoignera plus tard dans son exil parisien : « Avant même les funérailles de Rajk, une véritable hystérie s’était emparée des membres de la direction du parti, qui couraient à tout moment trouver les amis d’Imre Nagy, les suppliant d’intervenir pour tenter d’apaiser les esprits . » Est-il besoin de rappeler que ces « hystériques » stalino-rakosistes sont d’ores et déjà prêts à se réfugier tous dans les fourgons blindés de l’armée d’occupation soviétique ?
Le 23 octobre, le journal Szabad Nép, débarrassé de la censure, écrit : « Jusqu’à présent, on a empêché notre jeunesse de faire entendre sa voix, aussi bien dans les affaires nationales que dans les siennes propres . » « Ceux qui demandent que notre jeunesse exprime son opinion prudemment et avec réserve, ignorent le développement historique et la véritable position du mouvement de la jeunesse hongroise. Ils ne tiennent pas compte de l’état d’esprit de la jeunesse hongroise… »
Arrivent alors, de toutes parts du pays, l ’une après l’autre, des nouvelles annonçant la formation de « conseils ouvriers », de « conseils nationaux », ou de « comités révolutionnaires socialistes », de département, de ville. « Ceux qui ont perdu la confiance du peuple, qui l’ont tyrannisé ou qui n’avaient comme seuls soucis que leur carrière, ne se trouvent pas parmi eux. Mais des communistes respectés du peuple en font partie… »
Les premières revendications des travailleurs des usines, des hauts fourneaux, des dépôts de locomotives, des mines de charbon tombent. « Convocation immédiate d’une large conférence du Parti pour discuter de la situation actuelle du pays. » « Réélection démocratique dans le plus bref délai des députés du parlement . » « Liquidation totale des vestiges du culte de Staline . » « Révision des accords commerciaux conclus jusqu’ici. » « L’uranium hongrois sous contrôle hongrois. » « Retrait des troupes soviétiques du territoire de la Hongrie . » Puis, cette revendication, qui touche à la « liberté d’information en Hongrie socialiste » : « Transfert total des sommes utilisées pour le brouillage des radiodiffusions étrangères au relèvement de notre situation économique . »
Le Comité révolutionnaire des intellectuels hongrois exige : « Élections générales et secrètes. Les candidats doivent être nommés par le peuple. » « Le gouvernement doit garantir la liberté complète de la presse et la liberté de réunion. » « Nous remercions ces soldats soviétiques qui ont refusé de prendre les armes contre le peuple hongrois. »
Radio Kossuth diffuse ce communiqué du Conseil national des syndicats le 27 octobre. « Ouvriers ! Le souhait de la classe ouvrière s’est réalisé. Des conseils ouvriers dirigeront les usines. C’est le couronnement de la prise en propriété collective des usines. Ouvriers et techniciens ! Maintenant, vous pouvez vous sentir entièrement propriétaires des usines dont la direction sera désormais entre vos mains. La centralisation exagérée des usines cessera. Les erreurs correspondantes cesseront également. Une responsabilité incombe aux conseils ouvriers. Pour cette raison, vous devez élire les membres de ces conseils avec une grande circonspection parmi les travailleurs les plus expérimentés et les plus honnêtes. Le nouveau gouvernement augmentera les petits salaires. Plus tôt vous commencerez la production, plus vite on pourra augmenter les salaires. Soutenez donc le nouveau gouvernement hongrois dans le travail pour une Hongrie libre, démocratique construisant le socialisme. »
Quel doit être le rapport entre les conseils ouvriers et les comités syndicaux d’usine ? « Le conseil ouvrier est un organe dirigeant, au-dessus du directeur, et qui dirige toute activité de production de l’usine, définit les salaires, embauche et licencient les ouvriers. Le conseil ouvrier exprime, dans sa forme la plus directe le fait que les ouvriers sont propriétaires et responsables de l’usine. Les comités syndicaux des usines ne dirigent pas, mais contrôlent et font des propositions au conseil ouvrier. Ils sont des organes de défense des intérêts des travailleurs qui luttent contre l’iniquité. »
Au lendemain de la manifestation du 23 octobre, la caserne Kilian à Budapest passe du côté des étudiants, deux jours plus tard le préfet de police Sandor Kopacsi fait distribuer des armes aux insurgés. L’appareil répressif hongrois recule partout, Imre Nagy forme un gouvernement national, reconnu par tout le peuple hongrois. Les blindés soviétiques font semblant de se retirer avant de quitter le pays.
Les délégués des conseils ouvriers se réunissent partout et prennent unanimement la décision de reprendre le travail, le matin du 5 novembre, « dans l’intérêt de la construction du socialisme en Hongrie et de l’avenir du peuple ». Le lundi du 5 novembre, le travail ne reprendra pas. Le peuple de Budapest sera réveillé à l’aube du 4 novembre par le vacarme assourdissant des chenilles des tanks du « héros de la bataille de Berlin » Ivan Koniev.
Pour résumer ces journées, donnons la parole à Janos Kadar. Il s’exprime à la Radio Nationale, le 1er novembre. « Dans un glorieux sursaut, notre peuple a abattu le régime rakosiste. Il a conquis la liberté et l’indépendance pour notre pays, sans lesquelles il ne peut y avoir de socialisme. Nous pouvons dire avec assurance que ceux qui ont préparé ce soulèvement sortent de nos rangs. Ce sont les communistes, les écrivains, les journalistes, les étudiants, les jeunes du Cercle Petöfi, les ouvriers, les paysans, les vieux militants injustement emprisonnés, qui ont combattu en première ligne contre le despotisme de Rakosi et le banditisme politique. Nous sommes fiers de vous, vous qui avez tenu votre vraie place dans le soulèvement armé. Vous étiez imprégnés de vrai patriotisme et de loyauté envers le socialisme… »
Quelques heures plus tard, Janos Kadar, lui aussi « injustement emprisonné » par Rakosi en 1950, réhabilité en 1953 grâce à Imre Nagy, disparaît et se glisse dans l’escalier de service de l’ambassade soviétique à la faveur de la nuit et du brouillard. Il sortira d’un fourgon blindé de l’armée soviétique le lendemain du « dimanche sanglant » du 4 novembre, pour aller s’installer dans son bureau, accompagné d’un détachement d’hommes armés d’Andropov, pour former un « gouvernement révolutionnaire ouvrier et paysan ». Imre Nagy sera arrêté le 23 novembre, à la sortie de l’ambassade yougoslave. Il sera pendu avec trois de ses compagnons, le 17 juin 1958, sur l’ordre de Khrouchtchev. « Au nom du socialisme, au nom de la classe ouvrière », bien entendu.
24.11.2024 à 22:14
Réponse de Vincent Présumey à Jean-Jacques Marie.
aplutsoc
Texte intégral (1626 mots)
Présentation
Ce texte est une réponse circonstanciée aux accusations portées par Jean-Jacques Marie à l’encontre de notre camarade Vincent Présumey. Pour que nos lecteurs puissent se faire leur opinion, nous mettons ici à disposition ce texte :« Broué diffamé », texte de Jean-Jacques Marie (PDF).
Réponse de Vincent Présumey à Jean-Jacques Marie
Jean-Jacques Marie, auteur de divers ouvrages sur l’histoire du XX° siècle, vient d’entreprendre une croisade en défense de l’honneur de Pierre Broué, grand historien de la révolution prolétarienne au XX° siècle. Cette croisade consiste dans le lancement d’une fatwa contre ma modeste personne, qualifiée, dans une sorte de circulaire mondiale diffusée par Jean-Jacques Marie, de « piteux plumitif » qui aurait « bavé » et autres termes analogues.
C’est en 1989 que Jean-Jacques Marie aurait dû partir, non en croisade, mais en combat démocratique, pour l’honneur de Pierre Broué, alors diffamé par les dirigeants de son organisation, Lambert et Gluckstein, avec la caution complice de Jean-Jacques Marie : ils ont même tenté de le faire passer pour un auxiliaire des « royalistes » !
Ce même J.J. Marie, complice consentant de telles calomnies de type stalinien, a commis, dans le journal Informations Ouvrières des 4-10 août 2005 où il fut préposé à la nécrologie de Pierre Broué, un petit monument de mesquinerie, de lâcheté, de perfidie et d’omissions délibérées : et c’est ce petit personnage, portant sur son vieux dos une vie entière de couardise et de soumission devant les petits chefs, qui prétend aujourd’hui, en 2024, faire la morale à ce sujet et qui, comble du ridicule, s’imagine capable de m’enfoncer dans la « poubelle, déjà encombrée, de l’histoire » !
Voilà qui ne devrait mériter que mépris mâtiné d’un peu de pitié. Et j’ai pleine confiance dans ce qui restera dans l’histoire à propos des qualités morales, des orientations politiques, et des compétences historiennes, des uns et des autres.
Les gens sérieux qui ont eu dans les mains les « Mémoires inédits » de Pierre Broué ont compris que cet écrit d’un homme en train de dériver psychiatriquement n’était pas à l’image des travaux du grand historien des révolutions et des révolutionnaires. J.J. Marie dit l’avoir et le fait passer pour le « testament politique de Pierre Broué », ce qui, c’est à craindre, donne toute la mesure de ses compétences. Et il prétend que sa « famille » aurait interdit sa publication. Les enfants de Pierre Broué et moi-même sont donc accusés par J.J. Marie, lui qui a calomnié et laissé calomnier Pierre Broué pendant des dizaines d’années, de censure d’un prétendu testament politique.
Il est des choses élémentaires que manifestement J.J. Marie ne comprend pas. J’avais pour ma part eu connaissance de ce tapuscrit, et j’avais estimé devoir en reprendre quelques informations crédibles, et cohérentes avec leur contexte historique et politique, pour qu’elles soient connues, mais sans le mentionner par respect pour la décision de ses enfants, et c’est cela que, confronté aux mentions fréquentes qu’en fait F. Bazin dans son livre sur Lambert, j’ai été amené à préciser. Respect, tact : chez J.J. Marie cela devient crime et diffamation. Ce n’est pas étonnant de la part de qui s’imagine pouvoir plastronner en traitant quelqu’un de « piteux plumitif baveux » et en le prétendant « solitaire » : cette langue lui est commune à ceux qui dénonçaient les « vipères lubriques » et les « rats visqueux ». Trotsky appelait cela le « poison du Comintern » …
« Pas un seul exemple », prétend J.J. Marie à propos de ma mention, dans mon même article sur le livre de F. Bazin, des racontars sur Pierre Broué maquisard. La critique précise de l’article du Maitron se trouve depuis 2005 dans l’article que j’ai écrit après la mort de Pierre Broué, disponible sur le site d’Aplutsoc, et édité en anglais dans la revue Revolutionary History, article qui situe les débuts de l’engagement politique de Pierre Broué à partir de la lecture de Trotsky sous l’influence d’Elie Reynier, et, en effet, de la Résistance, mais sans céder aux mythes à son sujet.
J.J. Marie ignore tout cela. Il cite Paul Noirot (de son vrai nom Henri Blanc), qui a probablement pu rencontrer Pierre Broué quand il était en khâgne à Marseille en 1942-1943 ; Pierre Broué n’a quant à lui jamais rien écrit sur Paul Noirot, mais il a mentionné Paul Cousseran, des MUR (Mouvements Unis de Résistance) avec lesquels il a – peut-être- fait un stage à l’été 1943.
Assurément, et indépendamment de la place légendaire prise sur le tard par ses récits de jeunesse et leurs nombreux dupes, la place des questions nationale et militaire aux racines de l’engagement trotskyste de Pierre Broué, qui inspirera plus tard, après ses entretiens avec Jean van Heijenoort, ses travaux sur la seconde guerre mondiale, est un sujet important – mais qui n’est pas à la portée de J.J. Marie.
Voilà pour ce qui est du contenu de la circulaire épiscopale lancée par J.J. Marie à mon endroit. Il me reste à rappeler deux autres faits.
Tout d’abord, ce n’est pas la première fois, mais la deuxième, que J.J. Marie tente une opération de calomnie et d’insultes à mon encontre. Dans le n° 65 de ses Cahiers du Mouvement Ouvrier, en janvier-février-mars 2015, J.J. Marie m’a fait passer pour un journaliste (donc quelqu’un de rétribué : je pense que telle était l’intention, ce qui, là aussi, situe moralement J.J. Marie), racontant n’importe quoi sur l’Ukraine. J’ai répondu très précisément à tout cela dans mon blog de Mediapart : ce qui était en cause, c’était la défense de l’Ukraine contre l’impérialisme russe, à la rescousse duquel courait J.J. Marie, dont j’ai décortiqué les erreurs de mauvais lycéen et l’ignorance crasse, indigne de quiconque se prétend historien, s’agissant de l’histoire de l’Ukraine.
Cette curieuse attaque de l’ « historien trotskyste » attitré, visant au discrédit et à la calomnie au compte du nationalisme russe, m’a conduit à regarder de près ce qu’écrit J.J. Marie. C’est ce qui m’a conduit, second fait bon à rappeler ici, à examiner son livre sur le pacte Hitler-Staline (de faible apport, même si, certes, au royaume des aveugles les borgnes sont rois), et le chapitre inséré sur l’Ukraine, totalement hors sujet et qui pourrait bien avoir été une motivation forte de ce livre qui lui sert d’écrin : ce chapitre, et quelques autres passages que j’ai signalés, comportent des morceaux entiers repris tels quels de la prose poutinienne contemporaine, notamment d’un ouvrage russe, raciste, racialiste et, pour tout dire, puant le FSB de bout en bout, Ukrainsky Legion, Moscou, Iaouza, 2006, de Serguei Tchouev.
Il y a, décidément, un « certain poison » autour de J.J. Marie. Mais soyons conviviaux et optimistes : Jean-Jacques Marie a encore la possibilité de faire œuvre utile, en expliquant tout ce qu’il sait, et aussi, car cela se respecte, tout ce qu’il a pu ressentir, sur son histoire et notamment sur les grands épisodes staliniens du courant « lambertiste » en France qui fut le sien, et notamment la terrible « affaire Varga » en 1973, dont il fut, en tant que militant lié au travail « Est », russophone et comptant parmi les très rares à avoir séjourné en URSS, forcément un acteur direct, « affaire » qui détruisit le début le plus sérieux de construction d’organisations trotskystes à l’Est du rideau de fer qui ait existé.
Je ne veux pas, franchement, conclure cette réponse obligée à une petite infamie bien pauvre et à la vérité de peu de conséquence quoi que puisse croire son auteur, sur des mots de condamnation, mais sur une invite fraternelle : Jean-Jacques Marie, au lieu de régler tes comptes avec tes fantômes sur mon dos, qui en a vu d’autres à présent et n’en sera pas marqué, parle donc sur cette histoire, qui conditionne en partie notre présent et celui des couches militantes d’aujourd’hui, fait donc œuvre utile et honorable et, si tu respires un « certain poison », secoue le donc et aère, il n’est jamais trop tard pour cela !
Vincent Présumey, le 21 novembre 2024.
24.11.2024 à 18:56
Appel de 160 mathématiciens contre le génocide à Gaza.
aplutsoc
Texte intégral (3370 mots)
Plus de 160 mathématiciens et mathématiciennes du monde entier ont signé une tribune dénonçant le génocide en cours à Gaza. Ils appellent la communauté scientifique à suspendre toute collaboration avec les institutions israéliennes qui ne condamnent pas explicitement ce génocide ainsi que la colonisation croissante de la Palestine, en violation du droit international.
Le 7 octobre 2023, le Hamas a perpétré une attaque terroriste en Israël, provoquant la mort de plus de 1 200 personnes, sur une population de 9,5 millions de personnes, dont plus de 800 civils, y compris au moins 33 enfants, et faisant 5400 blessés. L’attaque a également entraîné la prise de 248 otages, dont une centaine sont encore retenus à Gaza. Depuis, le gouvernement israélien a déclenché une riposte d’une violence génocidaire contre la population palestinienne de Gaza, sous les yeux de la communauté internationale.
À la fin d’octobre 2024, le bilan s’élève à 43 061 victimes identifiées, dont plus de 13 735 enfants, 7 216 femmes et 3447 personnes âgées, ainsi que plus de 100 000 blessés, sur une population de 2,3 millions de personnes. À ce bilan humain s’ajoutent des milliers de victimes non encore identifiées, restées ensevelies sous les décombres. Les forces armées israéliennes infligent ainsi aux civils palestiniens au moins l’équivalent d’un 7 octobre tous les dix jours, et ce, depuis plus d’un an.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié la situation à Gaza de « crise de l’humanité ». Outre les lourdes pertes civiles mentionnées plus haut, la guerre a entraîné une destruction massive des infrastructures civiles palestiniennes et contraint 90% de la population de Gaza à des déplacements forcés répétés. La plupart des hôpitaux y ont été bombardés et détruits, et de nombreuses équipes médicales ont été tuées.
Les attaques incessantes et le blocus sur la nourriture, l’eau, le carburant, les médicaments et l’aide humanitaire entraînent une souffrance extrême pour la population de Gaza, qui fait face à la famine et aux maladies contagieuses. Les enfants, ainsi que d’autres groupes vulnérables, en sont particulièrement dévastés.
Le ministère palestinien de l’Éducation, basé à Ramallah, a annoncé fin octobre 2024 qu’Israël avait tué, depuis le 7 octobre 2023, plus de 11 057 élèves et 681 étudiants à Gaza, tout en blessant plus de 16 897 élèves et 1468 étudiants. Au total, 441 enseignants et membres du personnel éducatif ont été tués, et 2 491 ont été blessés.
Parmi les universitaires de Gaza, au moins 117 ont été tués, dont Sufyan Tayeh, mathématicien, physicien, théoricien et président de l’Université islamique de Gaza, tué avec sa famille par un bombardement israélien dans le camp de réfugiés de Jabaliya le 2 décembre 2023.
De plus, 406 écoles à Gaza ont subi des dommages, 77 ayant été complètement détruites. Les universités de Gaza ont été gravement affectées, avec 20 établissements endommagés, 51 bâtiments entièrement démolis et 57 partiellement détruits. En conséquence, environ 88 000 étudiants à Gaza et près de 700 000 élèves se retrouvent sans accès à l’éducation depuis plus d’un an.
Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a jugé que la situation présentait un risque de génocide, ordonnant à Israël de prendre des mesures pour l’empêcher. Le 28 mars, la CIJ a réitéré cet ordre, exigeant la mise en œuvre de ces mesures préventives. Puis, le 24 mai, la CIJ a ordonné à Israël de cesser immédiatement son offensive militaire à Rafah et d’ouvrir le passage de Rafah pour permettre la fourniture sans entrave de services et d’aide humanitaire aux populations civiles.
Ces ordonnances semblent avoir été complètement ignorées et les attaques contre les civils se sont intensifiées à Gaza, notamment au nord, dans un but manifeste de vider cette région de sa population palestinienne. Le 30 septembre 2024, après plusieurs jours de bombardements aériens, les forces armées israéliennes ont aussi envahi le Liban, causant la mort d’au moins 1 600 personnes et déplaçant 1,2 million d’habitants.
Les violations des droits humains par le gouvernement israélien ne se limitent pas à la bande de Gaza et ne commencent pas en représailles de l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas. En Cisjordanie, depuis le 7 octobre 2023, 79 élèves et 35 étudiants ont été tués, tandis que des centaines d’autres ont été blessés ou arrêtés. Mais des violations systématiques et largement répandues des droits humains, telles que la confiscation de terres, le pillage de ressources et la discrimination raciale, ont été bien documentées au cours des 57 années d’occupation des territoires palestiniens et des 17 années de blocus de Gaza.
Le 19 juillet 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu un avis consultatif sur « les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé (TPO), y compris à Jérusalem-Est et à Gaza », établissant sans équivoque que l’occupation israélienne est illégale et doit cesser immédiatement.
La responsabilité de ne pas soutenir le maintien de cette pratique illégale, soulignée par la CIJ, incombe non seulement aux États tiers, mais aussi à toutes les institutions qui se fondent sur le respect du droit international, y compris les universités.
La communauté scientifique s’est souvent mobilisée par le passé pour défendre les droits humains et le droit international. Dans une lettre ouverte publiée dans le New York Times en décembre 1948, cosignée par Hannah Arendt et Albert Einstein, les auteurs dénonçaient la visite aux États-Unis de Menahem Begin, leader du parti Tnuat Haherut, ancêtre du Likoud, le parti de l’actuel premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, en ces termes : « L’un des phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque est l’émergence, dans l’État nouvellement créé d’Israël, du « Parti de la liberté » (Tnuat Haherut), un parti politique dont l’organisation, les méthodes, la philosophie politique et l’appel social sont très proches de ceux des partis nazi et fasciste. Il a été créé par les membres et les partisans de l’ancien Irgoun Zvai Leumi, une organisation terroriste d’extrême droite et nationaliste en Palestine…
C’est dans ses actions que ce parti terroriste trahit sa véritable nature ; ses actions passées nous permettent de juger de ce que l’on peut attendre de lui à l’avenir. Un exemple choquant est leur comportement dans le village arabe de Deir Yassine. Ce village, à l’écart des routes principales et entouré de terres juives, n’avait pris aucune part à la guerre et avait même repoussé les groupes arabes qui voulaient l’utiliser comme base. Le 9 avril, des bandes terroristes ont attaqué ce village paisible, qui n’était pas un objectif militaire dans les combats, ont tué la plupart de ses habitants (240 hommes, femmes et enfants) et en ont gardé quelques-uns en vie pour les faire défiler comme captifs dans les rues de Jérusalem. La majeure partie de la communauté juive a été horrifiée par cet acte et l’Agence juive a envoyé un télégramme d’excuses au roi Abdallah de Transjordanie. Mais les terroristes, loin d’avoir honte de leur acte, étaient fiers de ce massacre, en firent une large publicité et invitèrent tous les correspondants étrangers présents dans le pays à voir les cadavres entassés et la destruction qui régnait à Deir Yassine. »
Depuis plus d’un an, le gouvernement israélien et ses forces armées perpétuent chaque jour à Gaza l’équivalent d’un massacre de Deir Yassine, tandis que la communauté scientifique reste largement silencieuse. Pourtant, comme en témoigne la lettre ouverte évoquée ci-dessus, elle s’est déjà opposée vigoureusement aux attaques contre les civils, que ce soit pendant les guerres d’Algérie et du Vietnam ou, plus récemment, face à l’invasion russe de l’Ukraine.
La communauté scientifique, en particulier mathématique, ne peut aujourd’hui rester indifférente au génocide en cours à Gaza, d’autant plus que des puissances occidentales semblent apporter leur soutien politique, diplomatique et militaire à ce crime contre l’humanité.
Trop, c’est trop. Nous appelons nos collègues à cesser toute collaboration scientifique avec les institutions israéliennes qui ne condamnent pas explicitement le génocide à Gaza et la colonisation sans cesse accrue de la Palestine, illégale selon le droit international. Nous les invitons également à faire pression sur nos propres institutions pour qu’elles mettent fin, dans les mêmes conditions, à leurs accords avec ces partenaires, en conformité avec les principes du droit international.
Cette position n’inclut évidemment pas les collaborations individuelles avec des collègues israéliens, dont 3400 ont d’ailleurs courageusement signé un appel à la communauté internationale, que nous souhaitons soutenir, « pour intervenir immédiatement en appliquant contre Israël toute sanction possible afin d’obtenir un cessez-le-feu immédiat entre Israël et ses voisins, et cela, pour l’avenir des peuples vivant en Israël/Palestine et dans la région, et afin de garantir leur droit à la sécurité et à la vie ».
Nous exigeons enfin que nos institutions respectent scrupuleusement les libertés académiques et défendent avec détermination et dans le respect du droit la liberté d’expression.
Les mathématiciennes et mathématiciens qui le souhaitent peuvent signer cette tribune en remplissant le formulaire disponible à cette adresse. La liste des signataires sera mise à jour ici.
Les signataires
Ahmed Abbes, directeur de recherche au CNRS, France
Samy Abbes, Maître de conférences, Université Paris Cité, France
Sabah Al Fakir, Ancien professeur université scientifique de Lille, France
Tuna Altınel, Maître de Conférences, Université Lyon 1, France
Yves André, Directeur de recherches CNRS, France
Michèle Audin, Mathématicienne retraitée, France
Joseph Ayoub, Professor at the University of Zurich, Switzerland
Viviane Baladi, CNRS (retired), Sweden
Stéphane Ballet, Professeur, Université d’Aix-Marseille, France
Elías Baro, Associate Professor, Universidad Complutense de Madrid, Spain
Arnaud Beauville, Professor emeritus, Université Côte d’Azur, France
Chantal Berline, chargée de recherche au CNRS retraitée, France
Laurent Bétermin, Maître de Conférence, Institut Camille Jordan (Lyon), France
Federico Binda, Professor, University of Milano, Italy
Xavier Blanc, mathématicien, université Paris Cité, France
Gilles Blanchard, Professeur, Université Paris-Saclay, France
Thomas Blossier, Maître de Conférences, Université Lyon 1, France
Etienne Boursier, Chargé de recherche, INRIA, France
Riccardo Brasca, MCF, Université Paris Cité, France
Sonja Brentjes, retired professor, previously Max Planck Institute for the History of Science, Germany
Christophe Breuil, Directeur de Recherche CNRS, France
Michel Broué, Professeur émérite Université Paris Cité, France
Yann Bugeaud, Professeur, Université de Strasbourg, France
Damien Calaque, Professeur, Université de Montpellier, France
Jorge Caravantes, Associate Professor at University of Alcalá, Spain
Jorge Carmona Ruber, Profesor Contratado Doctor. Universidad Complutense de Madrid, Spain
Antonin Chambolle, Directeur de recherches, CNRS, CEREMADE, Université Paris-Dauphine PSL, France
François Charles, Professeur, ENS Paris et Université Paris-Saclay, France
Grégoire Charlot, Maître de conférences (senior lecturer), Université Grenoble Alpes, France
Christine Charretton, Maitresse de conférences à la retraite, France
Zoé Chatzidakis, DR1 émérite, CNRS – Université Paris-Cité, France
Brigitte Chauvin, Professeur émérite, Université de Versailles, France
Mahdi Cheraghchi, Associate Professor, University of Michigan, USA
Shiva Chidambaram, Van Vleck Visiting Assistant Professor, University of Wisconsin-Madison, USA
Benoît Claudon, Professeur, université de Rennes, France
Georges Comte, Professeur, Université Savoie Mont Blanc, France
Loren Coquille, MCF Université Grenoble Alpes, France
Agnès Coquio, Maître de conférences, Université Grenoble Alpes, France
Christian d’Elbée, Postdoc, University of Leeds, UK
Frédéric Déglise, Directeur de recherche, DIrecteur d’Unité, UMPA,
Frédéric Raika Dehy, Maître de conférences à CY Cergy Paris Université, France
Pablo DelaCruz Martínez, Math teacher, public high school, Valencia, Spain
Adrien Deloro, Maître de conférences, Sorbonne Université, France
Manik Dhar, Postdoc, MIT, USA
Jean Dolbeault, Directeur de recherches, CNRS, France
Fabien Durand, Professeur des Universités, Université de Picardie Jules Verne, France
Ivar Ekeland, ancien président de l’Université Paris-Dauphine, France
Ahmad El-Guindy, Professor at Cairo University, Egypt
Jesús Escribano, Professor, Universidad Complutense de Madrid, Spain
Hélène Esnault, mathematician, FU Berlin em., Copenhagen, Harvard, Germany (Denmark, US)
Maria J. Esteban, Emerita senior researcher at CNRS, France
Bassam Fayad, Directeur de recherche CNRS, France, professor of mathematics, University of Maryland, USA, France
Luisa Fiorot, Associate Professor, Università degli Studi di Padova, Italy
Giovanni Forni, Professor, University of Maryland, College Park, USA
Anne-Laure Fougères, Professeure, Université Lyon 1, France
Olivier Fouquet, Professeur, Université de Franche-Comté, France
Mireille Fouquet, Maîtresse de conférences – Université Paris Cité, France
Olivier Frécon, Professeur, Université de Poitiers, France
Javier Fresán, Professeur, Sorbonne Université, France
Isabelle Gallagher, Professeure, ENS Paris et Université Paris-Cité, France
Jose Manuel Gamboa, Professor, Universidad Complutense de Madrid, Spain
Benjamin Gammage, Benjamin Peirce Fellow, Harvard, USA
Karthik Ganapathy, SEW Visiting Assistant Professor, University of California San Diego, USA
Alejandra Garrido, Profesor Contratado Doctor, Universidad Complutense de Madrid, Spain
Surya Teja Gavva, Assistant Teaching Professor, Rutgers University, USA
Damien Gayet, Professor of mathematics, Université Grenoble Alpes, France
Ivan Gentil, Université Lyon 1, France
Léo Girardin, chargé de recherche, CNRS, France
Vikram Giri, Postdoctoral researcher, ETH Zürich , Switzerland
Catherine Goldstein, directrice de recherche, CNRS, Paris, France
Timothy Gowers, Collège de France and University of Cambridge, UK
Brayton Gray, Emeritus Professor of mathematics, university of Illinois at Chicago, USA
Julien Grivaux, professeur, Sorbonne Université, France
Michel Gros, CNRS (retired), France
Stéphane Guillermou, chargé de recherche, CNRS, France
Colette Guillopé, Professeure émérite, Université Paris-Est Créteil, France
Mark Hagen, Associate Professor, University of Bristol, United Kingdom
Michael Harris, professor of mathematics, Columbia University, USA
Michel Hébert, Professor Emeritus, American University in Cairo, Egypt
Harald Helfgott, Directeur de Recherche, CNRS, France/Peru
Mathilde Herblot, enseignante-chercheuse, université Paris Cité, France
Christine Huyghe, DR CNRS Université de Besançon, France
Luc Illusie, Professeur retraité à l’Université Paris-Saclay, France
Cyril Imbert, directeur de recherche au CNRS, ENS Paris, France
David Jekel, Postdoc, University of Copenhagen, Denmark
Nuria Joglar-Prieto, Profesora Contratada Doctora, Mathematics
Education, Universidad Complutense de Madrid, Spain
Bruno Kahn, directeur de recherche au CNRS, France
Sadok Kallel, Professor of Mathematics, American University of Sharjah, United Arab Emirates
Assaf Kfoury, Professor of Computer Science, Boston University, United States
David Klein, Professor Emeritus, California State University Northridge, USA
Bruno Klingler, Professor, Humboldt Universität zu Berlin, Germany
Benoît Kloeckner, Professor at Université Paris-Est Créteil (on leave 2023-2024), France
Matthias Kreck, Professor Dept. Math. Bonn University, Germany
Amaury Lambert, Professeur, ENS-PSL, France
Dominique Le Brigand, Maître de conférences Paris 6 retraitée, France
Samuel Le Fourn, Maître de Conférences, Université Grenoble Alpes, France
Bernard Le Stum, Maître de conférences, Université de Rennes, France
Bernard Leclerc, Professeur émérite, Université de Caen Normandie, France
Séverine Leidwanger, Enseignante-Chercheuse, Université Paris Cité, France
François Loeser, professeur, Sorbonne Université, France
Wafik Lotfallah, Professor and chair, department of Mathematics and Actuarial Science, American University in Cairo, Egypt
Adriano Marmora, IRMA, Université de Strasbourg, France
Udit Mavinkurve, PhD student, University of Western Ontario, Canada
Loïc Merel, Professeur, Université Paris Cité, France
William Messing, emeritus Professor University of Minnesota, USA
Haynes Miller, Professor of Mathematics, emeritus, Massachusetts Institute of Technology, USA
Nordine Mir, Professor, Texas A&M University at Qatar, Qatar
Farid Mokrane, Professeur, Université Paris 8, France
Clément Mouhot, Professor of mathematics, University of Cambridge, United Kingdom
Ayman Moussa, Maître de conférences, Sorbonne Université, France
Isabel Müller, Assistant Professor at AUC Egypt, Egypt
David Mumford, Professor Emeritus, Harvard and Brown, USA
Joseph Oesterlé, professeur émérite, Sorbonne Université, France
Fabrice Orgogozo, CNRS, Institut mathématique de Jussieu, France
Margarita Otero, Profesora Titular Universidad Autónoma de Madrid, Spain
Ania Otwinowska, Chercheuse à l'Université de Humboldt, Berlin, Allemagne
Daniel Palacín, Profesor contratado doctor, Universidad Complutense de Madrid, Spain
Aristomenis-Dionysios (Aris) Papadopoulos, University of Maryland, USA
Anne Parreau, MCF, Institut Fourier, Université Grenoble-Alpes, France
François Parreau, professeur retraité, Université Sorbonne Paris Nord, France
Marc Peigné, Professeur, Université de Tours, France
Tomas Persson, Reader in Mathematics, Lund University, Sweden
Didier Piau, Professeur, Université Grenoble Alpes, France
Anand Pillay, Professor, University of Notre Dame, USA
Anand Pillay, Professor, University of Notre Dame, USA
Nicolas Pouyanne, Maître de conférences, Université Paris-Saclay – UVSQ, France
Dario Prandi, Chargé de Recherche CNRS, France
Pierre Pudlo, Professeur, Aix-Marseille Université, France
Jean-François Quint, Directeur de recherche, CNRS, France
Roshdi Rashed, Directeur de recherche émérite au CNRS, France
Ana Rechtman, Professeur, Université Grenoble Alpes, France
Silvain Rideau-Kikuchi, Chargé de recherche, Ens Paris, France
Jim Ritter, IMG-PRG, Sorbonne Université, France
Emmanuel Russ, Professeur, Aix-Marseille Université, France
Gabriel Sabbagh, Professeur retraité, Université Paris Cité, France
Claude Sabbah, Directeur de recherche CNRS émérite, France
Takeshi Saito, Professor, University of Tokyo, Japan
Julien Salomon, Directeur de Recherche, INRIA, France
Andrés Sambarino, Chargé de Recherche CNRS – Sorbonne Université, France
Pierre Schapira, professeur émérite, Sorbonne Université, France
Lionel Schwartz, professeur émérite, Université Sorbonne Paris Nord, France
Brandon Seward, Associate Professor, University of California San Diego, United States of America
Ananth Shankar, Assistant Professor, Northwestern University, USA
Arul Shankar, University of Toronto, Canada
Sylvain Sorin, professeur émérite, Sorbonne Université, France
Christophe Soulé, directeur de recherches émérite, IHES, France
Mohan Swaminathan, Szego Assistant Professor, Stanford University, USA
Taoufiq Tahani, Maître de conférences, Université de Nancy 1, France
Vladimir Tasić, Professor, University of New Brunswick, Canada
Jewel Thomas, Student studying Math and Statistics, India
Hugh Thomas, Professor and Canada Research Chair, Université du Québec à Montréal, Canada
Alain Trouvé, Professeur, Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay, France
Jacob Tsimerman, Professor, university of toronto, Canada
Bruno Vallette, Professeur, Université Sorbonne Paris Nord, France
Alfons Van Daele, Professor Emeritus KU Leuven, Belgium
Hugo Vanneuville, chargé de recherches au CNRS, France
Otmar Venjakob, Professor, Heidelberg University, Germany
Sushmita Venugopalan, Faculty, The Institute of Mathematical Sciences, Chennai, India
Marie-France Vigneras, Professeur émérite, Université Paris-Cité, France
Cédric Villani, mathématicien, Académie des sciences, France
Claude Viterbo, Professor, Université Paris-Saclay, Orsay, France
Masha Vlasenko, associate professor, Kyiv School of Economics, Ukraine
Claire Voisin, CNRS, France
Olivier Wittenberg, Directeur de recherche CNRS ; Université Sorbonne Paris Nord, France
Hatem Zaag, Directeur de Recherches au CNRS, France
Michel Zinsmeister, Professeur émérite Université d’Orléans, France
24.11.2024 à 18:44
Condamnation des crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Israël & Palestine. Par RAAR.
aplutsoc
Texte intégral (741 mots)
Communiqué du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes pour condamner les crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Israël et Palestine.
PARIS, le 22 novembre 2024 – Le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les racismes (RAAR), qui n’oublie pas l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, alors même que 129 otages sont encore détenu•es par le Hamas, exprime sa condamnation la plus ferme à l’égard des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou à Gaza, en Cisjordanie et au Liban ainsi que les violences perpétrées par des colons israéliens en Cisjordanie.
En transformant des zones civiles en terrains de guerre, le gouvernement israélien a recours à des moyens disproportionnés et violents, engendrant d’immenses destructions matérielles ainsi que des pertes inacceptables de vies humaines, dont un nombre considérable de femmes et enfants.
Depuis le 7 octobre, le gouvernement israélien est mis en cause pour de nombreux crimes de guerre et contre l’humanité. Ils incluent des attaques sur des infrastructures civiles comme des habitations, hôpitaux, écoles et même des camps de réfugiés à Gaza et en Cisjordanie. Près de 1,9 million de personnes ont été déplacées de force à Gaza, 1,4 million au Liban et plusieurs milliers en Cisjordanie.
Le blocage de l’aide humanitaire accentue la crise. Des cas de tortures ont été documentés par l’ONG israélienne B’Tselem dans les prisons israéliennes. Enfin la liberté de la presse est attaquée, avec plus de 120 journalistes palestiniennes tués.
Nous dénonçons également les actes illégaux et violents perpétrés par des colons israéliens en Cisjordanie. Ces actions, non seulement illégales, mais aussi profondément contraires aux droits humains, ont des impacts dévastateurs sur la population palestinienne, contribuant à un climat de terreur. Depuis octobre 2023, 43 avant-postes illégaux de colonisation ont été créés et un peu plus de 24 km² de terres palestiniennes ont été déclarés propriété de l’État hébreu. Ces violences et l’accélération de la colonisation de la Cisjordanie sont intolérables, elles doivent être condamnées fermement par la communauté internationale et faire l’objet de sanctions.
En réaction à ces atrocités, la Cour Pénale Internationale (CPI) a annoncé avoir requis des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, Yoav Gallant, ancien ministre de la Défense israélien, et Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas, pour leur implication dans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité à Gaza et en Israël. Ces mandats constituent une étape cruciale pour garantir que la justice soit rendue aux victimes de ces violences inacceptables.
Nous, le RAAR, demandons un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages et la facilitation de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza. La situation humanitaire y est désespérée, la famine menace la vie des enfants, femmes et hommes palestiniens et une action urgente est nécessaire pour fournir les moyens de subsistance de base aux civils affectés par ce conflit. Nous soutenons les actions du mouvement Standing Together, composé de citoyen•nes juifs•ves et palestinien•nes d’Israël, qui organise et parvient à faire entrer des convois humanitaires dans la bande de Gaza.
Nous appelons à la fin de l’occupation des territoires palestiniens qui dure depuis 1967, incluant la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. L’occupation et la poursuite de la colonisation portent une atteinte intolérable aux droits humains. Elles doivent cesser pour permettre l’émergence d’une paix durable dans la région qui ouvrirait la voie à une coexistence des peuples israélien et palestinien.
Nous plaidons pour l’établissement et la reconnaissance de deux États indépendants, Israël et Palestine. La justice, la paix et la dignité doivent être les pierres angulaires de cette vision, pour toutes celles et ceux qui vivent en Israël et Palestine.
- Persos A à L
- Mona CHOLLET
- Anna COLIN-LEBEDEV
- Julien DEVAUREIX
- Cory DOCTOROW
- EDUC.POP.FR
- Marc ENDEWELD
- Michel GOYA
- Hubert GUILLAUD
- Gérard FILOCHE
- Alain GRANDJEAN
- Hacking-Social
- Samuel HAYAT
- Dana HILLIOT
- François HOUSTE
- Tagrawla INEQQIQI
- Infiltrés (les)
- Clément JEANNEAU
- Paul JORION
- Michel LEPESANT
- Frédéric LORDON
- Blogs persos du Diplo
- LePartisan.info
- Persos M à Z
- Henri MALER
- Christophe MASUTTI
- Romain MIELCAREK
- Richard MONVOISIN
- Corinne MOREL-DARLEUX
- Fabrice NICOLINO
- Timothée PARRIQUE
- Emmanuel PONT
- VisionsCarto
- Yannis YOULOUNTAS
- Michaël ZEMMOUR
- Numérique
- Binaire [Blogs Le Monde]
- Christophe DESCHAMPS
- Louis DERRAC
- Olivier ERTZSCHEID
- Olivier EZRATY
- Framablog
- Francis PISANI
- Pixel de Tracking
- Irénée RÉGNAULD
- Nicolas VIVANT
- Collectifs
- Arguments
- Bondy Blog
- Dérivation
- Dissidences
- Mr Mondialisation
- Palim Psao
- Paris-Luttes.info
- ROJAVA Info
- Créatifs / Art / Fiction
- Nicole ESTEROLLE
- Julien HERVIEUX
- Alessandro PIGNOCCHI
- XKCD