18.06.2025 à 21:40
Conférence sur la situation géopolitique au Proche-Orient
zabrahams
Jean-Luc Mélenchon est intervenu à l’occasion d’une conférence sur la situation géopolitique au Proche-Orient, le 18 juin 2025.
15.06.2025 à 18:32
La bombe atomique iranienne et le ventilateur de Guedj
zabrahams
Texte intégral (2227 mots)
Nucléaire iranien : Une arme de propagande massive
L’agression de Netanyahu contre l’Iran est inadmissible, quelle que soit la distance politique que l’on ait avec le régime de ce pays. Pour ce qui me concerne déjà, je n’ai jamais soutenu le parti des religieux, même quand l’ayatollah Khomeini était installé à Neauphle-le-Château en 1978. Et cela alors même que je militais en faveur de la révolution populaire contre le Shah d’Iran. Je me sentais alors plus solidaire du parti communiste Tudeh et du souvenir de Mohammad Mossadegh, premier ministre chassé par un coup d’État des pétroliers USA et anglais. Puis, dans la période récente, le mouvement insoumis a directement demandé la libération des détenus français en Iran. Il a intégré toutes les campagnes pour la défense des droits des femmes iraniennes.
Le prétexte avancé par Netanyahu est la préparation par l’Iran d’une bombe atomique. Commençons par rappeler qu’Israël est équipé de cette arme avec l’aide très active des savants français de l’époque… Je voudrais alors rappeler que je me suis déjà souvent exprimé en faveur de la dénucléarisation générale de la zone. Je demande qui aurait l’intention sérieusement d’avoir recours à une telle arme dans une zone où tout se touche et se tient ? Personne ! Sauf à titre posthume. À ce point de mon propos, je veux aussi rappeler que nous avions été nombreux à soutenir la conclusion de l’accord sur le contrôle nucléaire de l’Iran. Ce pays l’a respecté scrupuleusement, avant que Trump ne le dénonce sans motif et unilatéralement. La diplomatie française avait joué un rôle brillant. À cette époque, son statut et ses règles de nomination n’avaient pas encore été totalement réécrites par Emmanuel Macron pour pouvoir nommer ses copains où il voudrait. La position du mouvement insoumis reste le refus de la dissémination nucléaire et le soutien au traité mondial de désarmement nucléaire.
Revenons à l’Iran de ces jours-ci. Le ciblage sur son armement nucléaire aura été sans équivalent pour l’Inde et le Pakistan à leur époque de recherche et d’armement. Notez-le ! La haine et la peur de l’Iran est l’argument directement tiré du catéchisme islamophobe de Samuel Huntington, « Le choc des civilisations ». Avant le génocide organisé par Netanyahu cet argumentaire passait sans mal dans toutes les nations atlantistes. Dorénavant une solide opinion mondiale est construite qui sait à quoi s’en tenir à propos de l’islamophobie et de la prétendue « lutte contre l’antisémitisme » des « suprématistes » qui gouvernent Israël et dirigent les organisations communautaires un peu partout dans le monde, spécialement en France. L’argument de « l’iranien atomique » vient compléter la caricature du « musulman égorgeur » et du « violeur OQTF » des esprits faibles comme celui de Bruno Retailleau.
Voyons à présent les arguments techniques. Ils montrent combien il s’agit d’un prétexte. Dans ce genre de dossier, je consulte des spécialistes. Sur le plan diplomatique comme sur le plan technique. Et ce ne sont pas les mêmes personnes. Pour tout ce qui touche aux argumentations techniques à propos des armes, je m’adresse à Jean-Marie Brom. Il est aussi mon conseil direct à propos de l’énergie en général et du nucléaire civil en particulier. J’assume ici seul ma transcription et compréhension de ce que m’en a dit Jean-Marie.
Je vous ai dit que les Français avaient joué un bon rôle pour l’accord sur le nucléaire avec l’Iran. Et que celui-ci avait été scrupuleusement respecté tant qu’il avait été maintenu. Qu’en est-il à présent ?
Qu’est ce que l’« uranium enrichi » dont il est question dans cette affaire ? Il faut savoir que l’uranium existe sous deux formes : l’U238 (99 % du minerai) et l’U235 (1 % ou moins). Seul l’U235 est fissile. Lui seul peut être utilisé dans les centrales ou bien pour des « bombes A ». Enrichir l’uranium consiste à augmenter la proportion de 235 dans l’uranium. Et cela peut se faire avec des centrifugeuses. L’uranium enrichi à 4 % ou 5 % sert dans les centrales nucléaires. L’uranium enrichi à 90 % permet de faire des bombes.
Depuis les années 2000, l’Iran possède (officiellement) 7 centres d’enrichissement. Mais depuis la rupture par Trump des accords (2018), aucune vérification n’a été possible par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). On sait simplement que l’Iran continue d’enrichir. Quoi qu’il en soit, l’Iran aurait donc, en une vingtaine d’années, réussi à avoir environ 400 kg d’uranium enrichi à 60 %. Ce qui représentera, à terme, 260 kg d’uranium enrichi à 90 %, de quoi fabriquer quatre bombes nucléaires. Mais avant d’arriver à ce taux, il faudrait encore un à deux ans au minimum. Chaque fois qu’une étape demande du temps pour être franchie, il y a une plage plus grande pour le temps de la discussion et pour les vérifications de l’application d’un accord.
Après cela, nous disent nos conseils militaires français, il ne suffit pas de disposer de suffisamment d’uranium 235. Il faut un dispositif de mise à feu. Ce qui est loin d’être facile. Encore un an au moins de délai de production. Et ensuite encore, il faut miniaturiser la bombe. Car cela détermine la taille et la puissance nécessaire pour pouvoir tirer. Celle d’Hiroshima pesait plus de 4 tonnes… Un bombardier la transportait. Pas un missile… Trouver un moyen de l’envoyer n’est pas simple. Un avion ? C’est impossible, en raison des défenses anti-aériennes. Un missile ? L’Iran n’en a pas aujourd’hui d’adéquat.
Conclusion, le danger immédiat n’existe pas. On peut donc dire sans risque de se tromper que l’Iran est encore assez loin d’avoir une bombe opérationnelle. Pas mal d’experts estiment qu’il faudra encore 3 à 5 ans au minimum pour disposer d’une arme nucléaire opérationnelle. Israël annonce avoir bombardé 3 sites d’enrichissement sur les 7 connus. L’un des 3 (Natanz) avait été visité en 2003 par l’AIEA. Enterré à plus de 8 mètres sous terre. On ignore les dégâts. En outre, l’Iran venait d’ouvrir un nouveau site d’enrichissement « plus sécurisé ». Et pourquoi faire taper les centres d’enrichissement ? Les bombes ne sont certainement pas assemblées au lieu d’enrichissement.
Pourquoi Netanyahu a-t-il bombardé aujourd’hui ? Y a-t-il un calendrier nucléaire qui l’explique ? Oui. Le 15 juin, un nouveau round de négociations USA-Iran était prévu sur le dossier nucléaire. Le 12 juin, l’Iran annonçait être parvenu à un enrichissement de son uranium à 60 %, et être capable d’accélérer l’enrichissement. On peut penser que c’était pour faire pression à la reprise des négociations. Et Netanyahu a commencé ses bombardements le 13 juin.
Pourquoi ces attaques, qui au mieux vont retarder un peu la bombe iranienne, pourtant toujours loin d’être prête ? Évidemment pour empêcher les négociations USA-Iran sur le nucléaire. Ensuite, à coup sûr pour détourner le regard sur ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie. Et surtout, peut-être, pour contenir la débandade politique de l’opinion israélienne et la ramener dans le chemin du « soutien sans condition ». L’attaque a eu lieu un jour après le vote de la censure manquée a une voix à la Knesset. Et surtout pour regagner de même la confiance des Européens en mettant en avant des menaces nucléaires plus pressantes. Rappelons-nous les mensonges de Colin Powell à l’ONU sur les pseudo-armes de destruction massive en Irak…
Le fait de tuer des scientifiques du programme nucléaire (dont les directeurs) n’aura qu’une incidence faible sur le programme iranien. Assassiner les chefs d’état-major des « gardiens de la révolution » n’a aucun rapport avec le nucléaire iranien. Ce sont des frappes « anti-régime », pour plaire aux « Occidentaux ». Ceux-là ont besoin de ces assassinats pour capter de la sympathie et de l’adhésion dans les populations chauffées à blanc. Bref, le nucléaire iranien est à cette étape une arme de la guerre… de propagande. Et rien de plus.
Macron enfonce la France dans une ligne d’action qui nous mène à une guerre sans raison ni principe en endossant cette propagande. Avec l’avant-propos « Israël a le droit de se défendre », alors que Netanyahu est l’attaquant contre l’Iran pour la deuxième fois, il a reconnu le concept de « guerre préventive » toujours abominable et irresponsable.
L’engin imprécis de Guedj
Le ventilateur à merde est un engin très imprécis, disait avec humour Strauss-Kahn face aux rudes secousses de l’époque entre « camarades » qui cherchaient à s’asperger… J’en informe ceux qui viennent d’en découvrir les inconvénients au congrès de Nancy. Notamment quand Jérôme Guedj a tué le congrès du PS dans sa diatribe, postillonnant en croyant asperger LFI sur le vieux refrain de l’antisémitisme.
D’abord je mets au défi Jerôme Guedj et quiconque de ceux qui l’ont applaudi au congrès du PS de trouver dans mes écrits ou discours une seule fois au cours des quarante dernières années les expressions qu’il m’attribue à propos d’Israël. Ou de dire quels « propos insupportables » il me reproche. Et de même aux journalistes qui répètent à longueur d’intervention les injures de Guedj. Le PS s’excuse ou assume ? Quant aux journalistes… à quoi bon ? Mais le fond reste. Guedj veut la scission du PS vers le macronisme. C’est bien son droit. Il sait, lui mieux que d’autres, que cela se construit. Car il prépara avec moi soigneusement notre départ en 2008 pour créer le « Parti de gauche » puis le « Front de gauche ». Avant de nous trahir, bien sûr, au dernier moment et prétendre n’avoir rien su. À présent, il a choisi l’accord avec LFI comme thème repoussoir. Il me cible pour donner un sens concret pour des gens que l’opposition des idées n’intéresse plus depuis longtemps. Cela ne se fera pas évidemment. Et je les en félicite. Au prochain naufrage, ils se battront encore sur le pont pour s’approprier les canots de sauvetage. En tout cas, nombreux sont ceux qui se méfient des appétits changeant de la girouette politique de l’Essonne. Il pense être réélu député comme la dernière fois avec l’aide des macronistes, qui retirèrent leur candidature contre lui comme ils le firent avec d’autres. Banal. La prochaine fois, il n’y aura pas d’ambiguïté.
Au congrès du PS, on brûlait d’envie de demander un peu de dignité. Je l’ai tweeté. C’est vrai, non ? Que n’ont-ils eu un débat sur la « radicalité » dont Faure veut s’inspirer paraît-il. Certes, ce sera seulement « quand elle est nécessaire » comme prévient Olivier Faure, que sa propre audace effraie. Comme parti d’avant-garde, le PS saura pourtant bien quand la radicalité sera nécessaire. Ce sera la veille des élections pour nous proposer de signer un meilleur partage de circonscriptions avec nous. Un autre débat, ce serait avec Boris Vallaud sur la « démarchandisation » de l’économie de marché. Il verra ça avec Guedj et ses projets d’Ehpad privés médicalisés. Mais si vous devez faire une scission, pourquoi pas sur un sujet de fond ? Permettez-moi d’être un peu taquin, gentils délégués qui « refusez la brutalisation » de la vie politique. Voici des thèmes, par exemple la lutte contre l’économie d’armement avec vos « amis socialistes allemands » au pouvoir, ou bien la guerre contre l’Iran. Ou bien encore le bilan de votre non-censure de Bayrou, la retraite à 60 ans ou l’interdiction des pesticides. Bref, quelque chose qui puisse intéresser notre peuple en général. Votre congrès est raté et vous l’avez planté tout seuls comme des grands. Consolation, vous avez déjà deux candidatures officielles pour votre « primaire du pauvre », comme dit votre ami Julien Dray : Ruffin et Autain. Deux « ex-LFI » comme c’est écrit partout, faute de pouvoir en dire davantage. Sac à papier ! LFI ? Même « ex », n’est-ce pas déjà trop ? En tout cas, amis insoumis, vous avez bien reçu le message de mise à distance que le congrès du PS vous a envoyé : pas d’alliance avec LFI, ni aux municipales, ni aux présidentielles. Ni aux législatives. Les électeurs vont adorer se débarrasser d’eux sans endommager la barque de gauche.
11.06.2025 à 22:24
Meeting à Rouen avec Alma Dufour et Maxime Da Silva
zabrahams
Texte intégral (2227 mots)
Jean-Luc Mélenchon est intervenu à l’occasion d’un meeting pour la 6e République et la Paix avec Alma Dufour et Maxime Da Silva à Rouen, le 11 juin 2025.
Signez la pétition pour la 6e République : http://la-fi.fr/petition-6e-rep
07.06.2025 à 19:10
Un petit bateau pour notre honneur
zabrahams
Texte intégral (2544 mots)
Rima en rime avec Gaza
D’heure en heure, le petit bateau approche des côtes de Gaza vers laquelle il se dirige. Parti le 1er juin depuis l’Italie, le navire humanitaire « Freedom Flotilla » poursuit son chemin vers Gaza. À son bord, l’eurodéputée LFI Rima Hassan, la militante écologiste Greta Thunberg et d’autres militants de la cause palestinienne. J’ai eu un échange avec Rima jeudi et j’ai pu me rendre compte quelle grande force morale la porte et je veux dire que c’est impressionnant sur le plan humain. Le danger s’accroît pour le bateau puisque la marine israélienne a prévu de l’intercepter. En toute illégalité. Ce 5 juin, les autorités israéliennes ont décidé que ce navire ne devait pas accoster sur le territoire palestinien. Elles ont annoncé que le navire serait intercepté par un commando marine de l’armée génocidaire avec un remorquage forcé vers le port israélien d’Ashdod et l’arrestation de l’équipage. Comme d’habitude Netanyahu et ses sbires considèrent que le droit de se défendre après le 7 octobre leur donne tous les droits. A terre, des centaines de personnes suivent leur périple et les soutiennent. Tout le monde connaît et comprend la force de la mise en danger des personnes qui se sont embarquées. Car les expériences comparées dans le passé se sont très, très mal passées. C’était en 2010. Le navire turc « Mavi Marmara » avait à son bord près de 800 personnes. Il était parti vers Gaza pour tenter de briser le blocus qui affamait Gaza. Le gouvernement israélien n’avait pourtant pas hésité une seconde à frapper le navire. Un commando avait débarqué depuis des hélicoptères sur le pont du bateau. Dix personnes sans arme avaient perdu la vie. Aujourd’hui nous parlons d’un petit bateau à voile, et la moindre attaque contre lui pourrait être très meurtrière. Nous allons donc continuer à communiquer sur son parcours et sur les développements à venir. Ce qui nous frappe, c’est que dans l’urgence de la riposte les officines liées à Netanyahu ont dû se mobiliser trop vite pour pouvoir jouer finement leur partition de bourrage de crâne. La poignée de « journalistes » français qui leur obéissent s’est donc précipitée de façon trop violente et grossière pour être efficace. Mais la liste des « répondeurs automatiques » est désormais bien affichée…
Les larbins n’amusent plus
La débâcle dans l’opinion des médias partisans de Netanyahu ne ralentit ni la cadence de leur propagande ni la grossièreté de leurs méthodes. Ils sont parfaits. Car par là même, ils amplifient le désastre moral dont ils sont responsables. Il est vrai que l’air du temps a changé de sens. Même Le Drian finit par dire qu’être traité d’antisémite juste parce qu’on critique la politique du gouvernement d’Israël est insupportable. Pauvre chéri ! 18 mois pour s’en rendre compte ! Bienvenue au club des proscrits avec tous les insoumis, le pape François, Macron, Gutierrez, l’ONU et combien d’autres sans parler de tous les juifs qui refusent d’être englobés par Netanyahu et qui sont eux aussi traités d’antisémites. En tous cas, le numéro des répondeurs automatiques se voit maintenant clair et net. Voyez le collage.
On voit comment tous répètent des éléments de langage qui leur sont fournis par on ne sait qui, mais qui sont clairement des « feuilles de route argumentaires ». Ici la phrase refrain est « la croisière s’amuse ». Chaque perroquet le chante dans son registre. Par exemple, Elizabeth Martichoux parle de l’opération humanitaire comme d’une « croisière qui ne nous amuse pas », d’une opération d’« exhibitionnisme », après avoir insulté Rima Hassan. Sur BFM, le présentateur Christophe Delay évoque « une croisière qui amuse ou qui exaspère ». Sur la chaîne i24news, les propagandistes reprennent le terme de « croisière », et souhaitent qu’il « y ait 2/3 requins ». Le mot important est « croisière » pour dévaloriser le courage de ces personnes qui vont affronter à mains nues militantes l’armée la plus immorale du monde en train de commettre un génocide. Les airs constipés de ces animateurs d’antenne font plaisir à voir. Pendant ce temps sur les réseaux sociaux, les vidéos de soutien contre le génocide circulent par millions d’exemplaires. Un monde double se déploie comme en 2005 contre le traité constitutionnel européen. En haut un bruit de fond unique. Il harcèle dans le vide à partir d’agences d’influence centralisées. En bas un foisonnement contraire porté par des dizaines, des centaines, des milliers d’émetteurs. Ceux-là communient par ailleurs dans un même mépris pour l’officialité. Et celle-ci est, dans l’esprit public, de plus en plus confondues avec les perroquets du système. C’est normal qu’il en soit ainsi. Les noms des « animateurs-journalistes », leur présence permanente sur les écrans officiels les institutionnalise davantage que n’importe quel ministre ou figure politique dont la quasi-totalité reste inconnus du grand nombre. Mais cette omniprésence, le tourniquet du mercato qui les voit passer d’une antenne à l’autre les banalise aussi. Avec un effet satisfaisant pour nous. Les gens parviennent à repérer leurs routines et leurs partis pris ? C’était plus difficile avant. La concentration dans quelques mains de la propriété des médias et leur panurgisme organisé ont constitué une scène unique ou la rangée des personnages remplace celle des émetteurs. Petit à petit prend forme ce que l’on peut nommer, à la suite du Monde Diplomatique, « le parti des médias ». Il est à présent bien ressenti par l’opinion large comme celui du « système ».
Lula vu de près
« Je n’imaginais pas venir à Paris sans te voir ». Ces mots de Lula m’ont très profondément ému. C’était comme un rayon de chaleur humaine venu des amitiés de long cours après tant d’ignobles trahisons ici en France. Je me suis souvenu de ce jour où je suis allé le voir dans sa prison à Curitiba au Brésil. Pour réussir ce rendez-vous, j’avais même renoncé à ma participation aux amphis du mouvement Insoumis. Il me dit : « tu habites à douze mille kilomètres et tu viens me voir et d’autres qui habitent à 100 km ne sont toujours pas venus »… Impossible de lui dire sans ridicule d’émotion ce qu’il représente dans mon parcours militant. Quant au début des années deux mille tout paraissait perdu partout, lui et le PT (Parti des travailleurs) continuaient le combat avec brillo. Il gagnait en 2002 l’élection présidentielle l’année où Jospin la perdait. C’était dans la débâcle générale de la social-démocratie mondiale qui tenait ses réunions autour de Bill Clinton aux « sommets des modernisateurs ». Tout ce qu’on appelle « la gauche radicale » dorénavant, partout, tentait de reprendre le canevas des Brésiliens dans chaque pays : faire une coalition des gauches antilibérales et avec cela fonder une nouvelle force politique. J’ai déjà raconté comment cela s’est enchaîné pour nous en France. Et comment cela s’est défait avec le refus du PCF de passer à l’étape de la construction d’une nouvelle force. Il préférait participer à une « primaire de la gauche » avec le centre-gauche PS-EELV-radicaux de gauche. Ce n’est pas la place ici de reprendre ce sujet, mais l’année des vingt ans du « non » de gauche au traité constitutionnel européen, cette histoire pèse toujours aussi lourd dans le contexte actuel. Aujourd’hui, il ne reste plus du PCF que son ombre sur le mur des souvenirs glorieux de l’ancienne histoire de la gauche. Aucune force dans ses rangs ni autour n’imagine quoi que ce soit d’autres que d’attendre la fin de la vaine gesticulation de Roussel. En réalité sous couvert d’affirmation de « l’identité communiste », chacune de ses déclarations montre à quel point il en est éloigné. Dommage. L’identité communiste est ailleurs. Jamais le monde n’a si bien compris l’idée de bien commun qu’à présent. Jamais l’insoumission aux conséquences du monde capitaliste n’a été autant partagée. Sans le mouvement insoumis, tout point d’appui aurait disparu dans le marécage de la gauche traditionnelle et des groupuscules « unionistes ».
Parler avec Lula
À l’invitation du Président du Brésil, notre délégation Insoumise a été reçue pendant une heure trente ce vendredi. Nous étions là, Aurélie Trouvé, Eric Coquerel et moi. Le Président Lula était accompagné de son ministre des Affaires étrangères, de plusieurs parlementaires et des présidents des partis de gauche dans sa coalition. La rencontre a été très intense et productive. Nous avons rencontré un président en grande forme intellectuelle passant d’un registre à l’autre avec une constante de pensée de gauche qui nous a impressionnées et réjouies. Nous lui avons remis une lettre et le rapport de la députée Mathilde Hignet à propos de l’accord Mercosur auquel nous sommes opposés. Le Président a dit qu’il comprenait notre préoccupation pour la paysannerie familiale française, modèle qu’il entend lui-même défendre dans son pays face à l’agro-business. Nous avons dit au Président Lula que c’est justement la raison de notre refus d’accord de libre-échange au profit d’un accord bilatéral de coopération entre nos deux pays. Il a dit « jamais je n’agirai contre la paysannerie familiale ni au Brésil ni en France » et : « il faut que les paysans aussi se parlent. Nos agricultures doivent être complémentaires ». L’échange s’est terminé par une invitation officielle à Aurélie Trouvé et Eric Coquerel en tant que présidents de commission pour une rencontre avec leurs homologues sur ce sujet pendant la période où le Président brésilien présidera le Mercosur. Sur les autres sujets, l’accord a été complet. Nous avons salué l’engagement sans faille du président Lula pour faire cesser le génocide à Gaza. Plus globalement, nous avons constaté un large accord sur notre vision du monde. Nous avons pu vérifier ce vendredi que nous étions entre partisans du non-alignement, d’un règlement des conflits par la diplomatie et le respect du droit international. Nous nous sommes retrouvés ensemble opposants à la domination du dollar. Et comme nous, Lula constate que la course aux armements qui a repris se paye au détriment de la défense de l’écosystème planétaire. Enfin, nous avons convenu que notre lutte commune contre l’extrême-droite appelait à maintenir des échanges étroits entre nous.
Le congrès du PS finit tôt
J’ai eu des reproches pour avoir traité trop vite le congrès du PS et sur un mode ironique dans mon précédent post. Drame. Ce n’était pas ironique. En vrai, je n’avais rien à dire sur le sujet parce que j’ignore encore complètement quel était l’objet du congrès en dehors des batailles de personnes et des disputes sur la triche traditionnelle dans les votes. « Le Canard enchaîné » en a raconté les bons moments sur ce dernier point. Pour le reste, la question des alliances du PS a l’air réglée à l’unanimité. Aucun PS ne veut plus ni du programme partagé du NFP ni de celui de la NUPES ni d’une alliance avec LFI ni au premier ni au deuxième tour des municipales. Reste, je crois, un débat entre eux pour savoir s’il y aura une primaire entre candidat du PS avant d’aller à une primaire des sociaux-démocrates de « Ruffin à Glucksmann » comme dit Olivier Faure. Mais Glucksmann a déjà dit « non ». Sérieusement, je ne sais pas quoi discuter ou commenter. Je n’ose pas dire qu’un tel modèle de démocratie interne ne nous fait décidément pas rêver. Le nôtre, fédératif et inclusif est bien plus au point, plus actif et plus performant.
Pour être positif, et même coopératif, disons qu’une chose a cependant favorablement retenu mon attention. Je peux le dire à présent sans craindre de desservir tel ou tel candidat premier secrétaire. C’est la proposition certes bien peu défendue de « démarchandisation » portée par Boris Vallaud, le grand électeur de Faure. C’est un authentique point de vue anticapitaliste et c’est une heureuse nouvelle venant du PS si l’on choisit d’y croire. Une idée moins misérable que celle d’allocation de 500 euros à la naissance portée par Olivier Faure pour compenser les inégalités de patrimoine. Cette idée du PRG avait déjà été défendue par Julien Dray dans un passé récent. Au contraire, la « démarchandisation » dans une économie de marché est un concept audacieux pour une social-démocratie. Une économie de marché sans marchandise. Voyons cela. L’idée rejoint notre ambition insoumise de rendre inaliénables les biens communs et de rattacher à ce statut les secteurs d’activité considérés comme « d’intérêt général humain ». Il va de soi que la « démarchandisation » exclut les privatisations par exemple ou bien aussi le passage à la retraite par capitalisation. On peut donc considérer que c’est un ingrédient sérieux pour un nouveau programme partagé mieux ancré dans la démarche anticapitaliste. Ce changement de pied ne doit pas être négligé. On se souvient comment Montebourg avait repris il y a dix ans le concept de « démondialisation » du Philippin Walden-Bello. Mais il a disparu du paysage politique avant d’avoir eu le temps de concrétiser cette idée si peu que ce soit. À suivre donc que cette « démarchandisation » de l’économie de marché. Rappelons que celle-ci en Europe est fondée sur le libre-échange mondial et la concurrence libre et non faussée instituée en valeur suprême par le traité de Lisbonne. On voit que la démarchandisation pourrait être l’occasion pour le PS de remettre en cause ce traité qu’il a voté en 2005 et 2008. Attendons de voir si l’après-congrès du PS tiendra cette promesse de refondation.
06.06.2025 à 20:06
Ma lettre à l’attention de Luiz Inácio Lula da Silva, Président de la république du Brésil
zabrahams
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La rencontre avec le Président du Brésil a été très productive. La délégation insoumise a remis au Président une lettre et le rapport de Mathilde Hignet contre l’accord Mercosur. Aurélie Trouvé et Eric Coquerel ont reçu une invitation officielle en tant que présidents de commission pour une rencontre avec leurs homologues sur ce sujet pendant la période où le Président brésilien présidera le Mercosur. Le Président a dit qu’il entendait et approuvait notre préoccupation pour la paysannerie familiale française. La discussion a aussi montré un accord complet sur la façon de faire cesser le génocide à Gaza.
03.06.2025 à 14:15
En direct avec Rima Hassan – Ne quittons pas des yeux Freedom Flotilla !
zabrahams
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Jean-Luc Mélenchon est intervenu sur Al Jazeera pour un échange avec Rima Hassan qui est à bord de la Freedom Flotilla, aux côtés de Greta Thunberg, l’équipage de la Flottille et de militants pour la Palestine, en direction de Gaza, le 3 juin 2025.
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