ARGUMENTS POUR LA LUTTE SOCIALE
L.N Chantereau, Olivier Delbeke, Robert Duguet, Alexis Mayet, Luigi Milo, Vincent Presumey ...18.11.2024 à 13:33
Le régime Trump à venir : chaos et répression, par OaklandSocialist. 1ère partie.
aplutsoc
Texte intégral (1619 mots)
Présentation
Face à l’événement mondial et historique que constitue la deuxième accession de Donald Trump à la présidence des USA, première puissance au sein du système mondial impérialiste, il est temps de fournir l’analyse par la discussion et les publications. En parallèle à la série que nous avons débuté aujourd’hui ( La tectonique mondiale post-élection de Trump ), nous entreprenons de mettre à disposition les réflexions de nos camarades du blog OaklandSocialist qui, comme nous, ont pris position pour s’opposer au retour de Trump au pouvoir, notamment en menant une campagne indépendante pour le vote Harris.
1er partie de la contribution d’Oakland Socialist
« Chaos et répression » sont les mots qui peuvent le mieux résumer le futur régime de Trump. C’est l’environnement dans lequel le fascisme prospère.
Face à cela, tout adulte réfléchi aura éprouvé de la colère, du chagrin, voire de la dépression après l’élection. Après avoir traversé ces sentiments, nous devons prendre du recul et analyser les perspectives de la prochaine présidence de Trump. Ces perspectives doivent être très provisoires car toute la situation est sans précédent.
Ces perspectives incluent les suivantes :
1. Quelques nominations majeures de Trump et leur importance.
2. Quelles sections de la classe capitaliste américaine soutiennent Trump et pourquoi.
3. Quelles sections de la classe capitaliste américaine s’opposent à Trump et pourquoi.
4. La domination de Trump sur la classe capitaliste et ses partis en général.
5. Tensions et divisions possibles au sein de l’administration Trump et au sein du Parti républicain.
6. Possibilités d’un mouvement d’en bas contre Trump.
7. Quelques conclusions générales.
Dans cette première partie de cet article, nous aborderons les points 1 à 3.
« Le personnel, c’est la politique » n’a jamais été aussi vrai que dans les nominations annoncées par Trump. Les nominations clés sont :
• Tout d’abord Matt Gaetz au poste de procureur général.
• Tulsi Gabbard au poste de directrice de la sécurité nationale.
• Peter Hegseth au poste de secrétaire à la Défense.
• Susie Wiles au poste de chef de cabinet de Trump.
• Stephen Miller au poste de chef de cabinet adjoint chargé de la politique.
Commençons par Hegseth. Il a un tatouage « Deus Vult », qui signifie « Dieu le veut » en latin. Cette devise trouve son origine dans les croisades européennes et est utilisée aujourd’hui par les fascistes nationalistes blancs aux États-Unis. Hegseth, qui était dans la Garde nationale au moment de l’investiture de Biden, s’est vu interdire de servir comme agent de sécurité car il était considéré à l’époque comme un risque pour la sécurité. Je n’ai pas vu de preuve des liens de Hegseth avec les fascistes nationalistes blancs aujourd’hui, mais tous ses commentaires publics seraient bien accueillis par eux. C’est la personne nommée qui sera au sommet du commandement civil de l’armée. Lui et son patron, Trump, ne manqueront pas de promouvoir les officiers en fonction de leurs opinions politiques. En fait, le magazine The Atlantic a rapporté que « Trump a promis à plusieurs reprises de ramener le général à la retraite Mike Flynn au gouvernement. » Flynn est un nationaliste chrétien déclaré et un fasciste.
Tulsi Gabbard a toujours été associée à la dictature d’Assad en Syrie et l’a soutenue. En 2017, elle s’est rendue en Syrie et a eu une réunion privée avec Assad. Ce voyage a été financé en partie par le Parti social nationaliste syrien fasciste, qui fait partie du gouvernement Assad. Gabbard est également proche de Poutine. Lui et Assad sont tous deux soutenus par l’extrême droite internationale et par des fascistes purs et durs, c’est pourquoi la nomination de Gabbard est soutenue par des personnalités d’extrême droite telles que Mike Cernovich, le fasciste Daily Stormer, l’ancien chef du KKK David Duke et d’autres.
Gabbard sera un lien direct avec Poutine et Assad. Un article du magazine The Atlantic a exprimé le problème : « Le fait que Gabbard soutienne Assad est un mystère, mais elle est encore plus déterminée à faire le porteur d’eau pour Poutine. »
Elle partagera des informations de renseignement avec Poutine et Assad (et probablement Khameini en Iran également). Il en sera de même pour Elon Musk, qui n’a pas obtenu de poste officiel au gouvernement mais qui dispose d’une habilitation de sécurité de haut niveau et avec qui Trump partagera tous les secrets que Musk souhaite. Non seulement Musk a eu des discussions régulières avec Poutine au fil des ans, il possède également une « giga-usine » à Shanghai, et la Chine représente 22,5 % du chiffre d’affaires total de Tesla. Il y a aussi la nouvelle cheffe de cabinet de Trump, Susie Wiles, qui était la coprésidente du groupe de lobbying Mercury Public Affairs. Mercury a fait du lobbying au nom d’une série d’entreprises chinoises.
La nomination qui suscite le plus de tollé est celle de Matt Gaetz au poste de procureur général. Gaetz a résumé son approche ainsi : « Nous devrions exercer une pression de tous les instants contre ce gouvernement ARMÉ qui s’est retourné contre notre peuple. Et si cela signifie abolir chacune des agences à trois lettres [dans l’acronyme], du FBI à l’ATF, je suis prêt à m’y mettre ! »
Avant même d’entrer en fonction, la nomination de Gaetz crée des ravages au sein du DOJ. Le NY Times a rapporté : « Dans un cabinet d’avocats de Washington, un administrateur a estimé que les associés avaient reçu deux douzaines de CV d’avocats du département depuis le jour de l’élection, puis a rapidement rappelé pour dire qu’il en était plus proche de trois douzaines. Un ancien procureur travaillant dans un autre cabinet a déclaré avoir reçu trois appels mercredi après-midi de fonctionnaires actuels espérant partir rapidement. » (Le même article du NYT rapporte que les personnes nommées par Trump refusent de signer un protocole d’accord les obligeant à se soumettre aux vérifications d’antécédents du FBI.)
La nomination de Gaetz doit être considérée à la lumière du projet de Trump d’imposer le « Schedule F », qu’il a tenté d’imposer peu avant de quitter ses fonctions en 2020. Le Schedule F transférerait des dizaines de milliers d’employés fédéraux, depuis des fonctionnaires jusqu’à des personnes nommées politiquement, ce qui permettrait à Trump de licencier ceux qu’il souhaite. En tête de liste se trouveraient les employés du DOJ [Department Of Justice – Ministère de la Justice] – avocats et autres – qui sont réticents à mettre en œuvre les mesures répressives ordonnées par Trump.
Stephen Miller ne sera pas à la tête d’un département gouvernemental particulier, mais son rôle de « chef de cabinet pour la politique » signifie que ses politiques fascisantes, ethno-nationalistes et racistes auront une forte influence sur le régime Trump en général.
Le soutien de Trump parmi les capitalistes américains
Il existe une aile de la classe capitaliste américaine qui soutient Trump. Cette aile est composée de toute une couche de capital-risqueurs de la Silicon Valley. En tête de liste se trouvent Peter Thiel et Elon Musk. Ils se sont fait connaître en détruisant l’industrie de la communication et du divertissement et en la reconstruisant dans un format très différent (streaming en direct, réseaux sociaux, etc.). De plus, dirigés par le capitaliste qui a réellement contribué à créer quelque chose – Steve Jobs d’Apple – et aussi par d’autres comme Larry Page de Google, les PDG de la Silicon Valley ont élaboré et mis en œuvre un plan systématique pour écraser toute tentative de syndicalisation des travailleurs de la Silicon Valley.
Ayant réussi si largement dans ces deux tâches – restructurer l’industrie de la communication/du divertissement et écraser toute tentative de syndicalisation des travailleurs – ils prévoient maintenant d’accomplir la même chose dans tout le pays. Il existe également divers capitalistes dont les politiques s’alignent sur celles de Trump. Parmi eux figurent la grande majorité des propriétaires d’équipes de la NFL. (La propriété d’une franchise de sport professionnel est également directement liée au développement immobilier.)
Le futur régime de Trump ne sera pas une aventure sans heurts. Il y aura des tensions et des conflits à la fois internes et externes au régime. Dans la deuxième partie de cette série, nous examinerons ces tensions et ces conflits et déterminerons si Trump sera en mesure de les surmonter.
Le 18/11/2024.
Source : https://oaklandsocialist.com/2024/11/18/the-coming-trump-regime-chaos-and-repression/
18.11.2024 à 12:08
La tectonique mondiale post-élection de Trump. 1° partie : aux États-Unis.
aplutsoc
Texte intégral (3413 mots)
Pandemonium.
Depuis la victoire de Trump, la plupart des nominations gouvernementales qu’il annonce et le tableau d’ensemble que cela compose, suscitent une sidération des commentateurs mondiaux, qui s’étend jusqu’à une partie des élus républicains aux États-Unis. Il n’est pas encore investi président qu’il en est déjà à un coup d’État, grand ou petit, par jour.
Nous pouvons nous accorder avec l’historien et commentateur Timothy Snyder, partisan américano-polonais du libéralisme politique, pour poser que si « chaque nomination annoncée par Trump suscite la surprise », il « est illusoire de penser qu’il n’est qu’un vieil homme vindicatif, qui s’en prend à tout le monde ainsi. C’est douteux. Lui-même, Musk et Poutine discutent depuis des années. Et le leitmotiv de sa campagne était que cette fois, il a un plan. »
L’ensemble du dispositif gouvernemental est placé d’avance sous la supervision d’une nouvelle structure confiée à Elon Musk – les ennemis autoproclamés de la bureaucratie commencent donc par fonder leur propre agence fédérale : DOGE, Department of Government Efficiency. « Doge » est le surnom d’une mascotte canine de dessin animé dont l’image a été reprise par Elon Musk pour promouvoir un bitcoin, le Dogecoin, vraie blague et vraie monnaie fictive spéculative. Comme par hasard, une action collective en justice contre Musk accusé de manipulation du Dogecoin vient de se terminer sur un non-lieu.
DOGE est censée vérifier chaque dollar dépensé et traiter la « bureaucratie » fédérale à la tronçonneuse, façon Milei en Argentine. C’est cela qui suscite l’épectase de M. Kasbarian, ministre trumpo-muskien du gouvernement Macron/Barnier parrainé par Le Pen, en France.
Un article entier serait nécessaire pour résumer et analyser le rôle politique, idéologique et financier d’Elon Musk, le plus grand prophète-escroc du capital financier à l’heure actuelle dans le monde, un grand malade que ses éclairs de « génie » ne soignent pas, tout au contraire. On y reviendra, ainsi que sur son rôle dans l’amorce, puis dans la volonté de freiner et de contrôler pour le capital, les LLM (Large Language Model : ce que l’on appelle l’ « intelligence artificielle »), et le fait qu’avec son entreprise Tesla, il est en confrontation directe avec le syndicalisme de l’UAW. Soulignons seulement ici l’esthétique futuriste à la fois kitsch et fascisante qu’il développe, sous le logo « Dark MAGA ».
A ses côtés, DOGE sera codirigée par Vivek Ramasswamy, capitaliste financier de moindre envergure que Musk, qui avait été un temps candidat à l’investiture républicaine, où il affirmait un axe de politique étrangère proche de celle de Trump mais moins heurtée, reposant sur la réconciliation avec la Russie (et donc le sacrifice de l’Ukraine) et l’alliance avec l’Inde (où il a des racines) contre la Chine.
La politique étrangère est promise à Marco Rubio, sénateur de Floride qui fut mormon, baptiste puis catholique, néoconservateur acharné, ce qui fait de lui, dans le cadre de ce qu’est la camarilla en train d’être installée, le personnage le plus … rassurant de la bande ! Il est la seule figure relativement traditionnelle de l’establishment républicain à avoir été promue, et il faut signaler ici qu’il avait été à l’origine d’une loi transpartisane votée par le Congrès en décembre 2023, qui oblige un président qui voudrait quitter l’OTAN de prévenir le Congrès 180 jours à l’avance et conditionne une telle décision soit au vote d’une loi par le Congrès, soit à un vote des deux tiers du Sénat.
Alors, l’OTAN, sauvée ? Cela ne veut rien dire : même Trump n’a de son point de vue aucun intérêt à détruire ou à sortir d’un tel instrument de domination nord-américaine. Une politique concertée et cogérée avec Poutine peut très bien instrumentaliser l’OTAN, n’en déplaise aux campistes qui fabulent que l’OTAN a attaqué la Russie. Dans son programme, Trump précise bien ne pas vouloir liquider ou quitter l’OTAN, mais en « réévaluer fondamentalement l’objectif et la mission ».
Un autre républicain « classique » est annoncé comme ambassadeur en Israël, Myke Hukabee, représentant du lobby des « sionistes-évangélistes » et bien connu pour affirmer que les Palestiniens, cela n’existe pas.
Ces néocons tradis sont déjà inquiétants, mais voici venir la cour des miracles.
Matt Gaetz à la Justice : surnommé Attack Dog, cet autre élu de Floride, qui sitôt nommé a démissionné pour éviter une enquête parlementaire, accumule un nombre phénoménal de délits et de poursuites : on n’en fera pas la liste, on signalera juste qu’il fut convaincu d’achat de jeunes femmes mineures pour services sexuels, lui qui appelle à l’interdiction totale de l’IVG.
Ce petit chien de combat masculiniste a joué un rôle clef dans la suspension de l’aide à l’Ukraine pendant plus d’un semestre par le Congrès et dans la lutte pour que les élus républicains maintiennent cette ligne. La destruction de la Justice en tant qu’institution est son projet explicite. Il sera flanqué en numéros 2, 3 et 4, des 3 avocats appointés par Donald Trump, Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer.
Robert Kennedy Jr à la Santé, est, c’est bien connu, un « antivax » fou, qui se vante d’avoir eu le cerveau à moitié mangé par un « ver » : un adepte de la médecine empirique, en quelque sorte …
Pete Hedseth à la Défense dépasse le niveau de délire des deux précédents : cet ancien simple soldat devenu animateur de Fox News arborant un chapeau de cow-boy, fut viré de la Garde nationale du Minnesota à cause de ses tatouages, qu’il exhibe volontiers, de « croix de Jérusalem », un emblème suprématiste blanc arboré par exemple par le tueur de masse d’Auckland en 2019. Ce gosse bodybuildé frétille à l’idée qu’il va restaurer l’honneur des « warriors » contre les femelettes, les « Wokes » et les pédés … et diriger l’armée ?
Contre les immigrés, pour préparer le grand plan visant à « déporter » 20 millions de personnes, Trump a nommé « tsar des frontières » – c’est son expression – le flic Tom Homan, l’homme qui, lors de son précédent mandat, avait ordonné la séparation des enfants et des parents : il est, comme il se doit, en charge de la sécurité aux frontières. Avec lui, Kristie Noem, gouverneure du Sud Dakota, connue pour s’être vantée d’avoir abattu son chien qui n’était plus bon pour la chasse : elle est en charge de la sécurité intérieure.
Les défenseurs de l’environnement et les victimes par millions, aux États-Unis, du réchauffement, seront parmi les cibles de ce gouvernement : Lee Zeldi est chargé de la déréglementation, du démantèlement, des Agences d’environnement, Doug Burgum, gouverneur du Nord Dakota fan de la fracturation hydraulique, des terres fédérales, et Chris Wright, lui-même magnat de la fracturation, est nommé à l’Énergie. En annonçant sa promotion, il a déclaré que le scandale des mensonges parlant d’une crise climatique et accusant le carbone d’être un polluant allait cesser vite fait. Ces criminels incendiaires comptent bien tout brûler et en empocher les dividendes.
Trump a aussi voulu nommer, avec ces « vrais hommes », quelques « vraies femmes » : outre Kristie Noem déjà citée, nous avons Suzie Wiles, sa cheffe de cabinet, une cadre républicaine qui l’a rallié précisément après la tentative de putsch du 11 janvier 2021, Elise Stefanik, ambassadrice à l’ONU, réputé comme « killeuse », Caroline Leavitt, issue de l’équipe de la précédente, porte-parole, Elisabeth Pipko – attachée de presse, celle-ci, qui fut une mannequin bimbo, est en même temps une surdiplômée héritière d’une dynastie d’intellectuels et d’artistes émigrés juifs soviétiques, russophone et russophile, spécialisée dans l’organisation de campagnes pour que les juifs américains abandonnent le vote démocrate. Pour elle aussi, les Palestiniens, c’est comme les Ukrainiens : ça n’existe pas.
J’ai gardé la meilleure pour la fin.
Flanquée du nouveau directeur de la CIA John Ratcliffe, un agent du renseignement promu par Trump lors de son premier mandat précisément parce qu’il agissait pour le protéger des enquêtes le visant, nous avons donc, à la tête du Renseignement (CIA, FBI, NSA), Tulsie Gabbart, élue démocrate d’Hawaii, qui a longtemps passé pour fort « à gauche », au parfum racisé et décolonial, en fait proche des ethno-nationalistes hindous et vraie islamophobe, « anti-impérialiste » acharnée qui, après avoir tenté de noyauter la campagne Sanders en 2016, a jeté des ponts vers l’extrême-droite, est allé saluer Bachar el Assad, s’est présentée à l’investiture démocrate en 2020 avec le soutien des médias « RT » (liés aux services russes).
Politiquement, ce ralliement « de gauche » a un parfum fascisant prononcé. Et puis, sacrée ruse de l’histoire que cette décomposition du capitalisme nord-américain conduisant à l’arrivée à la tête des agences d’espionnage et de renseignement les plus puissantes du monde … d’agents russes directs ou indirects, des décennies après la fin de l’URSS !
Inutile de dire que l’affolement prévaut dans bien des hautes sphères, malgré la sérénité servile affichée par Joe Biden. En fait, selon le Guardian, ce sont les sommités démocrates, surtout dans les milieux judiciaires, qui s’attendent à être les premières cibles de la répression, légale (licenciements, harcèlement judiciaire) et de type mac-carthyste, et extra-légale (menaces de morts, agressions).
Comment caractériser ce qu’il faut bien appeler une bande, une camarilla ?
Le niveau intellectuel de plusieurs d’entre eux (pas tous) et la crasse morale, la corruption, ainsi que la place des idéologies délirantes, évoquent irrésistiblement la bande nazie qui arrive au pouvoir en Allemagne en 1933 (ce qui ne veut pas dire que ce soit la même chose évidemment). Mais il y a une différence sociologique majeure : ils sont tous déjà richissimes. Grands capitalistes et non petits bourgeois, mais avec un degré de délire et de frénésie à vous faire regretter les petits bourgeois d’antan …
C’est bien le « grand capital », surtout le grand capital de l’investissement financier à risque, qui a fortement investi les équipes de Trump, ce qui n’était pas le cas en 2016 en dehors de Trump lui-même. Musk est la figure de ce qui n’est pas à proprement parler un ralliement, mais plutôt une symbiose.
Et le FSB, ou l’imprégnation russe, de même : elle traverse toute la bande, à l’exception sans doute des rares républicains néocons classiques (Rubio et Huckabee). Trump est lié à la mafia soviétique puis russe depuis l’arrivée de celle-ci sur la côte Est en 1987. Mais l’incapacité des services judiciaires et de renseignement américains à faire éclater ce qu’il savaient pourtant très bien fait que ce phénomène n’est plus celui du seul Trump : nous assistons à la formation d’une équipe néofasciste vertébrée par les intérêts privés de ses membres capitalistes financiers et high tech et par l’infiltration russe.
Attention : cette infiltration, plus forte que jamais, ne doit pas être prise pour un sujet suprême qui tire les ficelles. Le marionnettiste peut devenir marionnette et évoluer à son tour de manière autonome, comme toute mafia policière et affairiste. Au sommet de l’appareil d’État de la première puissance impérialiste mondiale aujourd’hui encore, tente de s’installer une camarilla qui cumule capitalisme financier-rentier-technologique, idéologies délirantes et infiltration policière et mafieuse russe : un composé volatil et dynamique !
Si la fragilité et l’instabilité de cette couche de stars de la vulgarité ne font aucun doute, l’idéologie ne doit pas être négligée dans son rôle de ciment. Mais laquelle, entre géopolitique « multipolaire », néoconservatisme réactionnaire, complotisme délirant, cosmo-transhumanisme, évangélisme apocalyptique ?
Le principal liant là-dedans est l’affirmation de fausses individualités revendiquant leur force et leur virilité : le masculinisme toxique, en outre cautionné par la troupe de « vraies femmes » gravitant autour du singe dominant (pardon pour les singes) Trump.
Constitution.
Le premier problème politique auquel cette bande et son chef sont confrontés, c’est la constitution américaine. Théoriquement, chacune de ces vedettes doit passer une audition devant le Congrès et être confirmé par un vote du Sénat. Selon l’article II, section 2, de la constitution, le président « proposera au Sénat et, sur l’avis et avec le consentement de ce dernier, nommera les ambassadeurs, les autres ministres publics et les consuls, les juges à la Cour suprême, et tous les autres fonctionnaires des États-Unis dont la nomination n’est pas prévue par la présente Constitution, et dont les postes seront créés par la loi. »
Le consentement du Sénat est donc nécessaire ; or, Trump est en train de pousser les sénateurs républicains à ne pas réunir le Sénat lors de son investiture, au motif que si le Sénat n’est pas en session, il peut ne pas avoir à donner son consentement, celui-ci étant réputé alors acquis.
Deuxièmement. Selon le Wall Street Journal, Trump prépare un décret lui permettant de nommer un groupe restreint de généraux à la retraite chargés de recommander des révocations d’officiers : en clair il se dote des moyens de purger les hautes sphères militaires.
Troisièmement. Trump a déclaré qu’il pourrait briguer un troisième mandat, ce qui a été présenté ensuite par une partie de son entourage comme une boutade, mais qui revient depuis avec insistance. Ceci s’oppose explicitement au XXII° amendement de la constitution, adopté en 1947 et ratifié en 1951.
Le tout forme système : Trump n° II n’est pas Trump n° I.
L’installation de la camarilla annoncée serait le premier acte d’une modification de la pratique constitutionnelle et, sans doute par petites touches, du texte lui-même, dans le sens dénoncé par Jefferson en 1789, celui de l’arbitraire présidentiel – alors que les partisans du « droit des États », qui était le drapeau des confédérés lors de la guerre civile dite de Sécession, sont aujourd’hui majoritairement trumpistes.
En France, nous devons comprendre une chose. Chez nous, la constitution ne fait pas la nation. On en a changé 15 fois depuis 1789 et il faudrait vite en changer de nouveau. Aux États-Unis, constitution et nation sont censées ne faire qu’une seule chose. Un déchirement sur la constitution sera un déchirement de l’Amérique en tant que nation.
La « large » élection de Trump a lâchement soulagé le centre et la droite ordinaires du monde entier : la guerre civile allait être évitée, alors que Trump l’avait annoncée s’il n’avait pas été élu ! Ouf, le méchant a gagné, il sera moins méchant que s’il avait perdu !
En fait, il s’apprête à engager la Civil War par touches et retouches, afin de gagner les premières batailles. En fait, il a commencé maintenant.
Pour son investiture, prévue le 20 janvier prochain, il a très vite fuité que les conseillers de Trump et de Homan envisagent un décret immédiat d’urgence nationale permettant le recours à l’armée sur la frontière avec le Mexique et pour l’enfermement des migrants raflés dans des camps militaires, pouvant aller jusqu’à 20 millions de personnes (!), et la révocation des mesures de protection temporaires concernant les Haïtiens et les Vénézuéliens, et peut-être bien aussi les Afghans et les Ukrainiens.
On passerait alors des nominations et des textes à la bataille directe, physique, sur le terrain. Les syndicats, les femmes, les minorités, la démocratie, étant les cibles suivantes.
VP, le 16/11/2024.
18.11.2024 à 10:45
S’ils touchent à l’un d’entre nous : la lutte des classes au cœur.
aplutsoc
Texte intégral (648 mots)
Ce documentaire d’un peu plus d’une heure suit l’intense lutte, abondamment médiatisée par ailleurs, contre la répression syndicale qui a visé cette année Christian Porta, ouvrier et délégué CGT à Neuhauser, une boulangerie industrielle de l’Est de la France.
Le film, découpé en trois chapitres, revient d’abord sur les racines de son engagement – il est aussi militant à Révolution Permanente – et la construction d’un fort collectif syndical, devenu majoritaire suite à différentes luttes contre les suppressions d’emplois et pour l’amélioration des conditions de travail dont les 32 heures payées 35. Christian se retrouve alors dans le viseur de la direction qui l’accuse de harcèlement moral envers l’encadrement, le mettant à pied pour lui interdire l’accès à l’usine en dépit de son statut de représentant du personnel puis le licencier, y compris en dépit du rejet de la demande d’autorisation de licenciement par l’inspection du travail : une première !
On découvre vite que c’est le groupe In Vivo, dont le dirigeant a pour ambition de devenir l’Amazon de l’agriculture, flanqué d’un DRH de choc qui est à la manœuvre pour liquider cette poche de combativité ouvrière dans l’entreprise qu’il a racheté il y a quelques années et est prêt à dépenser des centaines de milliers d’euros pour faire un exemple. On suit enfin le travail de ses avocates, appuyé par la mobilisation du personnel et le soutien d’autres travailleurs/euses, de militant-es écologistes et de personnalités politiques, qui va aboutir à une série de victoires, dont sa réintégration à son poste de travail, devant la justice avec y compris de fortes condamnations de la société à la clef.
Des projections publiques, avec la participation le plus souvent des protagonistes, sont organisées jusqu’au mois prochain alors que le film vient d’obtenir son visa d’exploitation. Aussi souhaitons-lui d’être distribué pour être vu en salle par le plus grand nombre alors qu’on assiste à un renouveau du cinéma social. Ainsi, L’Histoire de Souleymane, fort de sa consécration au Festival de Cannes, a déjà touché près de 500.000 spectateurs et Au boulot ! de Ruffin connaît lui le meilleur démarrage de tous ses films (tous deux ont déjà été chroniqué ici-même).
La lutte continue cependant après que quatre de ses collègues aient été licenciés par la direction en mesure de rétorsion. C’est pourquoi, il faudra être à leurs côtés le 20 décembre prochain aux Prud’hommes de Forbach pour exiger, là-aussi, leur réintégration !
Laurent Degousée, le 17/11/2024.
17.11.2024 à 13:24
20 novembre 2024 – Mobilisation internationale contre les déportations d’enfants ukrainiens.
aplutsoc
Lire la suite (326 mots)
L’appel unitaire pour cette initiative avec l’ensemble des organisations signataires au 18 novembre :
Pour la circonstance, les rédacteurs des Brigades éditoriales de Solidarité ont conçu un numéro spécial de leur bulletin consacré entièrement à la question du kidnapping et de la déportation des enfants ukrainiens par les autorités russes :
17.11.2024 à 13:08
Les données politiques et syndicales du Tous Ensemble. Éditorial du 17 novembre 2024.
aplutsoc
Texte intégral (2441 mots)
L’équation politique réelle du pays.
Bon an mal an, les éléments se mettent en place pour une poussée sociale affrontant le gouvernement Macron/Barnier parrainé par Le Pen. Mais ceci se passe dans le cadre de la crise de régime : il ne s’agit pas de la répétition de tel ou tel épisode « social » (mais déjà très politique !) ayant précédé les élections européennes puis législatives anticipées. Ce qu’aurait pu d’abord le faire croire fut la rechute des centrales syndicales dans le ronron d’une tardive et désunie « journée d’action » de rentrée le 1° octobre, occultant les réalités politiques qui avaient pourtant placé notamment la CGT et la FSU à la racine du Nouveau Front Populaire.
Il s’agit bien de la recherche, par en bas et à travers la confusion et la dispersion des mots d’ordre, de l’affrontement avec un exécutif distingué par son illégitimité totale et connue. Exécutif lui-même forcé d’aller à l’offensive à travers un budget de guerre antisociale, avec l’alerte sur la « dette publique » comme masque et comme alibi.
Cet affrontement, pour gagner sur les points les plus basiques et vitaux – salaires, abrogation de la réforme des retraites, sauvetage des services publics et vague de licenciements – signifie la mort de ce gouvernement, avec comme véritable issue politique la fin de la V° République et une assemblée constituante imposée par l’affrontement social.
Cet affrontement fait peur aux élus et aux cadres syndicaux qui, souvent, évoquent le poids du RN pour l’esquiver, alors que tout au contraire, c’est l’affrontement social et lui seul qui peut ramener à la solidarité avec leur classe les secteurs populaires ayant voté RN. L’alternative dont nous ne voulons pas serait l’arrivée du RN à la présidence de la V° République.
L’affaire de l’inéligibilité possible de Mme Le Pen.
Le fait que tombe à ce moment précis la réquisition du parquet à l’encontre de Marine Le Pen, convaincue de détournement de fonds publics (près de 4,6 millions d’euros) pour financer le FN/RN et – ne l’oublions pas – aider au train de vie de son clan dirigeant, réquisition en fait obligée par la loi (la loi Sapin II, adoptée fin 2016, les faits s’étalant jusqu’à l’année 2016 inclue, rend obligatoire une telle peine), qui demande une peine d’inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire (ce qui veut dire qu’elle s’appliquerait même en cas d’appel), ce fait est évidemment important, et nullement fortuit mais tout à fait programmé par avance car le calendrier judiciaire était connu, et inévitable, le FN/RN n’étant en rien un parti marginal, mais un bénéficiaire de tout premier plan, et de toujours, de la corruption et du copinage dans la V° République.
Tout le monde savait, en fait, que la place de Marine Le Pen elle-même comme éventuelle présidente ayant mission d’instaurer une V° République toute puissante et autoritaire, ce en quoi Macron a échoué, serait à travers ce procès remise en question, ceci ouvrant la voie à toutes les négociations discrètes, autour de son remplacement éventuel ou pas, par un autre candidat RN avec les combinaisons politiques de coalitions désormais possibles.
Pour qu’elle n’ait pas une peine d’inéligibilité exécutable provisoirement, il faudrait que le tribunal en décide « par une décision spécialement motivée », autrement dit que son statut de candidate potentielle à la présidence la place officiellement au-dessus des lois existantes : il s’agit donc de la question du président et du régime.
Sous couvert de s’insurger contre un « gouvernement des juges » qui, en l’occurrence, n’existe pas, le RN, avec Ciotti, avec Estrosi, avec Darmanin, demande en fait ce statut au-dessus des lois, comme pour un Trump. Notons aussi l’ambiguïté voulue de la position de J.L. Mélenchon, qui voudrait que la peine ne soit pas exécutoire avant appel : J.L. Mélenchon, qui ne parle plus de constituante, se place toujours dans le sens de la V° République.
Peut-être Mme Le Pen est-elle donc en train de négocier avec Barnier et Macron l’exercice – risqué – d’une pression sur les juges, avec en balance le vote par le RN d’une motion de censure renversant le gouvernement Barnier.
Mais ici intervient un autre facteur par-dessus les négociations discrètes : si une poussée sociale menaçait ce gouvernement, comme cela se dessine, il pourrait être opportun de l’écarter auparavant. Sauf que le non-vote du budget avant le 31 décembre ouvrirait sur un inconnu constitutionnel total, rebattant toutes les cartes (dissolution, article 16, etc.), et ouvrant encore plus la brèche à l’affrontement social et politique.
Les « affaires » de Mme Le Pen et de sa camarilla sont surdéterminées par la crise de ce régime, elle-même surplombée de la menace d’en bas …
La fonction publique, foyer central : Kasbarian, maillon faible ?
Les médias bruissent à présent sur un possible « hiver chaud » avec « convergence des luttes » et focalisent souvent sur les tracteurs et le fumier des « agriculteurs » – ce mot équivoque qui met dans le même sac capitalistes de l’agro-industrie et petits producteurs ruinés. Nous reviendrons par ailleurs sur les questions « agricoles » et le Mercosur, dont les centres d’impôts ciblés par la Coordination rurale ne sont évidemment pas responsables.
Sans hiérarchiser les secteurs, l’analyse politique de la situation conduit en réalité à souligner l’importance centrale de ce qui se trame dans la fonction publique (en ses trois secteurs : État, territoriale et hospitalière). N’oublions pas déjà que la défense des services publics est au centre de l’identité du NFP et marque la place de Lucie Castets. L’offensive de l’exécutif Barnier/Macron parrainé par Le Pen, menée au nom de la « dette » soi-disant publique, s’en prend aux agents de l’État, tous appelés « fonctionnaires » alors qu’il s’agit de fonctionnaires, de contractuels, de CDI. Elle prévoit des milliers de suppressions de postes, police exclue, suppressions concentrées dans l’Éducation nationale et notamment les écoles primaires. Après des hésitations, le ministère de l’Éducation nationale a réaffirmé la mise en œuvre du « choc des savoirs », le Brevet des collèges devant devenir la barre d’accès au lycée (y compris le lycée professionnel) en … 2027, tiens donc !
Là-dessus, survient un personnage qui pourrait passer pour un clown : M. Guillaume Kasbarian, orné du titre ronflant de « ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique », qui traite les « fonctionnaires » d’absentéistes, utilise les chiffres d’arrêts maladie de l’épidémie de Covid pour faire croire à une explosion des arrêts maladie, et sonne la charge, avec le soutien appuyé de Jordan Bardella, en annonçant le passage de un à trois jours dits « de carence » en cas de maladie ou d’accident, l’amputation de 10% de la paye pour les trois premiers mois d’arrêt, et la suppression de la prime dite Gipa qui concernait 180 000 agents.
Il affiche ainsi l’objectif central de baisse des salaires, et cela pour tous les travailleurs, du public et du privé, car les « journées de carence » n’existent pas dans les deux tiers des emplois privés.
Remarquable fut, et est, la condescendance des fédérations syndicales, à tenter de « rencontrer « dialoguer » avec ce personnage agressif et boursouflé, à présenter même une rencontre avec lui comme une première « victoire : peur et pusillanimité s’affichent ici, alors que la colère, pour les salaires et pour la dignité, monte dans les services, bureaux, écoles, équipes …
Il y a plus : le tweet de ce ci-devant macronien, félicitant Elon Musk après la victoire de Trump, n’a rien d’anecdotique, rien d’accidentel. Non seulement il affirme vouloir s’inspirer de ses pratiques, au moment où Macron va voir l’illuminé Milei à Buenos Aires, qui a entrepris de découper les services publics à la tronçonneuse, mais il dit vouloir écouter ses conseils : le ministre en charge de la Fonction publique en France déclare se placer sous l’égide de l’administration Trump. Grotesque ou non, ce positionnement devient un élément significatif de la crise politique.
Dans ce cadre, entre colère sourde en bas et agitation menaçante en haut, l’incubation des fédérations syndicales devait bien finir par accoucher !
Nous avons donc un communiqué unitaire, sauf FO, appelant à une journée de « grève » – le singulier au mot « grève » ayant été demandé par la FSU, il n’allait pas de soi ! – le jeudi 5 décembre. Ce communiqué réunit CGT, FSU, UNSA, Solidaires, CFDT, CGC, Autonomes.
Nous avons, d’autre part, l’annonce dans les médias par le dirigeant de la Fédération FO Fonction publique, Christian Grolier, d’une velléité de faire « trois jours de grève » (puisqu’il y aurait 3 jours de carence), peut-être « en même temps que les cheminots vers le 11 ou le 12 décembre ». Seule la FNEC-FP-FO (enseignement) a pour l’heure publié un véritable communiqué en ce sens.
Il est effectivement question, à la SNCF, d’un appel à la grève reconductible (des fédérations CGT, Sud-Rail, UNSA, CFDT – mais pas FO-Cheminots) contre la privatisation du fret, les 11 ou 12 décembre, mais on cherchera en vain, à ce jour, un appel explicite, les mêmes fédérations faisant du 21 novembre une première étape.
Les dirigeants FO Fonction publique et Enseignement entendent donc passer pour des durs, en fait sans appeler à rien de précis pour l’instant. Reste que le thème d’une « grève de 3 jours » alimente les discussions dans les bureaux et salles des profs, où l’on sent bien que l’affaire est centrale, et politique.
Le mouvement naturel, aidé par les militants syndicaux de base, va déjà tenter de réaliser une vraie grève de masse le 5 décembre, qui doit permettre de se réunir et d’imposer l’unité pour affronter Kasbarian et le gouvernement.
L’enjeu est central : griller Kasbarian, c’est commencer à casser tout le gouvernement Barnier nommé par Macron et parrainé par Le Pen ; et les mesures Kasbarian vont en principe figurer dans le budget qui sera, tôt ou tard, soumis par 49-3 à l’Assemblée nationale …
Pour le Tous ensemble.
La vague de « plans sociaux », c’est-à-dire de licenciements, arrive en même temps. Michelin à Cholet et Vannes, Auchan, Vencorex : automobile, pneumatiques, chimie, et grande distribution, et d’autres encore, licencient, attestant d’une crise fondamentale du capital industriel français. Les travailleurs directement concernés réagissent dans leurs usines, mais l’on sait bien que les luttes pour sauver les emplois sont les plus difficiles. Justement : elles arrivent aujourd’hui dans cette situation politique et avec la poussée qui s’amorce dans les services publics et chez les cheminots.
Quelle est la voie pour gagner et sauver les sites ? La CGT appelle à une journée nationale de grèves et de rassemblements le mardi 12 décembre, avec comme revendication n°1 un moratoire, suivi de 5 autres demandes qui dessinent en fait une tout autre politique industrielle et financière que celle de ce gouvernement, bien sûr.
Qui peut croire que le LR Barnier, nommé par Macron, parrainé par Le Pen, avec un ministre qui s’agite pour être coaché par Musk et Trump, va suspendre quelque licenciement que ce soit dans quelque entreprise que ce soit ?!
L’intérêt de faire grève et de se rassembler le mardi 12 décembre sera ailleurs : l’intérêt sera d’être toutes et tous ensemble, entreprises à « plans sociaux », agents publics, cheminots …
Et cet intérêt, c’est d’affronter ce gouvernement, de le battre et le chasser !
Agents publics, ouvriers, employés, précaires des entreprises : ce sont, comme nous l’avons déjà affirmé et comme tout le monde peut le voir, l’ensemble des couches du monde du travail qui sont attaquées. Et l’une de ces couches, d’une grande importance, est celle des « étrangers », « immigrés » ou « migrants » ou quelque nom qu’on leur donne. Aplutsoc est signataire de l’appel de la Marche des solidarités à la mobilisation le lundi 18 décembre, journée internationale des migrants.
L’appel affiche que « le racisme d’État ouvre la voie au fascisme » : ce ne sont pas là des mots. Oui, la volonté relancée de ce gouvernement de refaire une « loi Immigration » complète vise à préparer la voie au pouvoir du RN dans la V° République.
Cela dans un cadre mondial où Trump va tenter, fin janvier 2025, d’expulser – de « déporter » selon son terme – des millions d’émigrés d’Amérique centrale et du Sud !
La question du Tous ensemble est la plus politique de toutes : elle veut dire battre et chasser le gouvernement nommé par Macron et parrainé par Le Pen, avant toute élection présidentielle, pour ouvrir une autre voie, celle de la démocratie !
Le 17-11-2024.
17.11.2024 à 12:36
À propos des bombardements russes de cette nuit sur l’Ukraine. Par Vitaliy Dudin.
aplutsoc
Texte intégral (509 mots)
L’Ukraine se remet d’une lourde nuit de tirs de roquettes, d’est en ouest. Comme chaque matin, ce n’est pas seulement la question des pertes qui se pose, mais aussi celle de la viabilité du système électrique, la continuité du chemin de fer et le dévouement des sauveteurs. Inutile de réitérer que notre bien-être commun dépend de ces sphères socialement essentielles, ou plus précisément de leur fourniture adéquate au niveau de l’État.
Il est aussi évident que l’ennemi veut détruire ce qu’on peut appeler des sites d’infrastructures critiques.
On sait déjà que les Russes ont frappé principalement sur des sites énergétiques, et ont causé la mort de deux employés de l’Ukrzaliznytsia [chemins de fer].
Cependant, il est nécessaire de rappeler que les réformes néolibérales imposées peuvent porter gravement atteinte au fonctionnement des zones critiques en mettant en arrière-plan les intérêts de la société. La logique est de commercialiser davantage ces secteurs et de les rendre plus attrayants pour les investisseurs plutôt que, disons, d’améliorer la protection de leurs employés. Le moteur de ces processus n’est pas l’exigence de l’UE, mais plutôt l’influence du lobby des entreprises.
D’un point de vue purement humain, ce qui me dérange le plus, c’est que Міністерство соціальної політики Україн [ le Ministère de la politique sociale ] n’a pas réussi à garantir le paiement de l’aide en vertu de la loi 2980 aux travailleurs des infrastructures critiques qui ont été touchés par le caractère massif des refus de paiements par les autorités du PFU pour des raisons purement bureaucratiques, ce qui a entraîné des déceptions et des traumatismes dans la population.
J’ai pu rencontrer les survivants des familles des travailleurs de Kherson qui ont effectué la restauration des lignes électriques détruites et ont été tués en 2023. Malheureusement, l’État a refusé à toutes ces familles les paiements en vertu de la loi 2980, car, pour lui, les installations attaquées ne sont pas des infrastructures essentielles. Je ne veux pas qu’en cas de tragédie, les électriciens ordinaires, les défenseurs et les cheminots deviennent des héros oubliés, parce qu’ils ont tout fait pour que notre vie soit la meilleure possible.
Ensemble, nous survivrons à ces défis historiques et défendrons le droit à une vie meilleure en tant que pays. Mais pour cela, l’État doit contribuer par tous les moyens au renforcement des infrastructures critiques, en accordant une attention particulière aux questions sociales : sécurité du travail, versements décents des assurances, implication des syndicats dans la résolution des problèmes.
Vitaliy Dudin, le 17 novembre 2024.
Vitaliy Dudin est avocat du travail et un des dirigeants du Sotsialniy Rukh (Mouvement Social).
Source : RESU.
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