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Nicolas VIVANT

Directeur de la stratégie numérique de la ville d’Échirolles

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21.10.2024 à 16:44

AlpOSS : jeudi 20 février 2025 à Échirolles

Nicolas Vivant

Le 20 février 2025, la ville d’Échirolles coorganise, avec Belledonne Communications (éditeur de Linphone) et OW2 (communauté open source à destination des professionnels) l’événement AlpOSS. Un événement de plus ? En France, les événements consacrés aux logiciels libres ne manquent pas : JdLL (Lyon), RPLL (Lyon), Capitole du Libre (Toulouse), Open Source […]
Texte intégral (1528 mots)

Le 20 février 2025, la ville d’Échirolles coorganise, avec Belledonne Communications (éditeur de Linphone) et OW2 (communauté open source à destination des professionnels) l’événement AlpOSS.

Un événement de plus ?

En France, les événements consacrés aux logiciels libres ne manquent pas : JdLL (Lyon), RPLL (Lyon), Capitole du Libre (Toulouse), Open Source Experience (Paris). Pourquoi créer un nouvel événement ?

Les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses à privilégier, quand c’est possible, les logiciels libres. Mais comment identifier les logiciels qui correspondent effectivement aux besoins de nos services ? Qui sont les prestataires qui peuvent nous aider ? En l’absence de marketing et sans nous déplacer dans des événements (parfois lointains), il n’est pas simple de rencontrer les professionnels susceptibles de nous aider dans nos choix. Des associations (l’Adullact, par exemple) permettent aux collectivités d’échanger entre elles. D’autres (OW2, le CNLL, etc.) favorisent les échanges entre professionnels. Certaines sont dédiées aux développeurs, aux universitaires, aux chercheurs…

Ateliers, stands, présentations et moments informels : nous avons souhaité réunir ces deux mondes dans un même événement afin d’échanger, dans différentes configurations, sur les sujets qui nous sont communs.

À Échirolles ?

Le bassin de vie grenoblois est riche en collectivités qui s’appuient au quotidien sur des logiciels libres, en entreprises qui proposent des produits ou des services et en associations qui en encouragent l’utilisation. La ville d’Échirolles est particulièrement active dans ce domaine. Dans le cadre de nos fonctions, il nous est arrivé à maintes reprises de découvrir des entreprises ou des associations locales… en nous déplaçant dans des événements à Paris, à Lyon, à Montpellier ou à Toulouse. À chaque fois, la surprise a été grande. Nous ignorions, par exemple, que Linphone était développé par une entreprise de Grenoble. Notre première rencontre avec Combodo, une entreprise pourtant échirolloise, s’est produite à Paris, lors d’une édition d’Open Source Expérience.

Il nous a semblé nécessaire, parce que notre territoire est particulièrement bien doté en entreprises, en associations et en collectivités diverses d’organiser un événement local.

Pour parler de quoi ?

Les collectivités n’ont pas toutes les mêmes besoins. Certaines, de taille importante, disposent de leur propre service informatique et de compétences internes. Elle peuvent donc déployer et maintenir des solutions en autonomie. D’autres, en revanche, ont besoin (ou font le choix) de s’appuyer sur des prestataires pour fournir à leurs administré·e·s les services les mieux adaptés. Les modèles d’affaire choisis par les entreprises peuvent être déterminants dans les choix des collectivités et faciliter, ou au contraire freiner, l’adoption d’une solution. Les acteurs économiques sont-ils au fait des contraintes des collectivités ? Des obligations liées au code de la commande publique ? Les collectivités comprennent-elles les contraintes des prestataires auxquels elles font appel ? La difficulté que peut représenter, pour une petite structure, la réponse à un appel d’offre ?

Nombreux sont les sujets sur lesquels il nous semble intéressant d’échanger et de confronter nos points de vue.

Pour qui ?

Si la priorité est donnée aux entreprises et collectivités du bassin de vie grenoblois, notre événement est ouvert à toutes et tous, et des acteurs régionaux et nationaux ont prévu de participer. Les thèmes que nous proposons d’aborder sont divers, et sont susceptibles d’intéresser un public varié.

Alpes Numérique Libre, le collectif des DSI concernés par les logiciels libres, est partenaire d’AlpOSS 2025. Nous espérons une participation importante des collectivités locales.

Pour celles et ceux qui ne peuvent pas (ou ne souhaitent pas) se déplacer, nous avons prévu de diffuser l’ensemble des présentations en direct sur le serveur Peertube de la ville d’Échirolles : https://video.echirolles.fr. Elles seront ensuite disponibles en vidéo à la demande sur ce même serveur.

Des entreprises autour de Grenoble ?

Nous avons identifié (et espérons échanger avec) plus d’une vingtaine d’acteurs économiques locaux qui s’investissent dans les données ouvertes et les logiciels libres :

  • Algoo (développement, infogérance, migration, hébergement…)
  • Alpilink (services cloud, hébergement…)
  • Apitux (logiciels libres et OpenStreetMap)
  • Belledonne Communications (éditeur de Linphone)
  • Bonitasoft (plateforme BPM)
  • Combodo (éditeur d’iTop)
  • Digital-Liance (communications unifiées et infrastructures réseaux)
  • Association Flossita (promotion et défense des logiciels, ressources libres et standards ouverts)
  • ILL (Institut Laue-Langevin, science et technologies neutroniques)
  • INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique)
  • OpenGo (accompagnement, formation)
  • Probesys (éditeur d’AgentJ, prestataire de services informatiques)
  • Sleede (conception de sites web)
  • Smile (intégration et infogérance)
  • TeemIP (éditeur d’une solution de gestion des adresses IP)
  • TelNowEdge (solutions managées de VOIP, réseaux, gestion de parc informatique, téléphonie et outils collaboratifs)
  • Tetras Libre (conseil, recherche et développement en informatique)
  • Enalean (éditeur de Tuleap : gestion de produits, planning Agile, suivi de projets, gestion des tests et développement)
  • Vates (virtualisation)
  • Webu (développement web, hébergement…)

Pour en savoir plus…

 → Consultez notre site Web : https://alposs.fr
 → Suivez-nous sur Mastodon : @alposs@colter.social
 → Consultez notre événement sur LinkedIn

12.10.2024 à 12:39

Pourquoi et comment Échirolles a choisi Zorin OS

Nicolas Vivant

Choisir une distribution Linux n’est pas forcément simple, et dire qu’une distribution est meilleure qu’une autre n’a pas vraiment de sens. Tout dépend du contexte. Dans la commune ou je travaillais précédemment, nous avions fait le choix de migrer d’abord tous les logiciels d’infrastructure vers des solutions libres (DNS, DHCP, […]
Texte intégral (1432 mots)

Choisir une distribution Linux n’est pas forcément simple, et dire qu’une distribution est meilleure qu’une autre n’a pas vraiment de sens. Tout dépend du contexte.

Dans la commune ou je travaillais précédemment, nous avions fait le choix de migrer d’abord tous les logiciels d’infrastructure vers des solutions libres (DNS, DHCP, serveur de fichiers, contrôleur de domaine, etc.) avant d’entamer un passage à Linux des postes clients. À Échirolles, nous avons commencé dans un contexte où Microsoft était omniprésent (mais avec une volonté farouche de libérer aussi ces logiciels d’infrastructure).

Le contexte de l’époque (2021)

Nous sommes une collectivité locale. L’immense majorité des nos agents et agentes n’ont pas bénéficié de formation en informatique. Leurs compétences, parfois durement acquises, sont donc limitées. Beaucoup savent exécuter les tâches indispensables à leurs fonctions sans comprendre, et pour cause, les principes sous-jacents.

Dans le service informatique, les gens sont formés à Windows. Certains disposent de certifications et toute l’organisation est basée sur des outils que nous envisageons de remplacer.

Les postes clients tournent tous, à quelques rares exceptions près, avec un système d’exploitation de Microsoft. Au moment où nous commençons à nous interroger, on trouve du Windows 7 (sur les postes les plus anciens), du Windows 10, et quelques Windows 11.

Notre serveur de fichiers, notre DNS, notre DHCP, tournent sur des serveurs Windows. Des stratégies de groupe sont déployées sur les postes clients à partir des habituelles GPO.

L’authentification des postes est assurée par un serveur Active Directory.

Notre messagerie, en revanche, tourne déjà sur un logiciel opensource (BlueMind, à l’époque, SOGo maintenant).

Réflexion préalable

Avant de choisir une distribution, nous nous sommes posés un certain nombre de questions :

  • Pourquoi certaines communes, qui avaient fait le choix d’un passage à Linux, ont connu des retours en arrière lors de changements de majorité ?
  • Dans certaines communes qui évoluent dans un contexte comparables au nôtre, le service informatique affirme qu’un passage au logiciel libre n’est pas possible. Sur quels critères ? Quels sont les points bloquants selon eux ?
  • Existe-t-il une méthodologie de déploiement qui permettrait d’éviter ces écueils ?
  • Des collectivités ou des services publics ont, au contraire, réussi leur passage au libre. Quelles méthodes ont été utilisées ?

Vous trouverez des éléments de réponse dans deux articles sur ce blog :

Choix de la distribution

L’un des enjeux de la migration est la montée en compétence d’une équipe qui n’est pas formée à Linux. C’est une difficulté, bien sûr, mais c’est aussi une opportunité : parce qu’elle connaît parfaitement l’environnement technique et les habitudes prises par les utilisateurs⋅trices, elle est à même d’identifier les obstacles qui risquent de se présenter. Il est donc indispensable de l’inclure pleinement dans le choix du futur système d’exploitation.

Pendant plusieurs mois, toute l’équipe a été encouragée à installer et tester des distributions variées sur des PC de la collectivité, en ayant à l’esprit que l’ergonomie et l’intégration dans notre système d’information étaient des critères essentiels.

Dans un deuxième temps, chacun s’est penché sur les choix des autres. De mémoire Linux Mint, Elementary OS, Pop OS, Manjaro, Debian, Ubuntu et Zorin OS ont été présentés. Et c’est Zorin OS qui a fait l’unanimité.

Les critères mis en avant par l’équipe :

  • la ressemblance avec Windows, avec les mêmes raccourcis-clavier ;
  • la possibilité de lui donner en un clic l’apparence d’une version de Windows ou d’une autre (Zorin Appearance) ;
  • son intégration dans Active Directory dès l’installation ;
  • son design soigné ;
  • le fait que la distribution soit basée sur Ubuntu et Gnome et donc l’assurance qu’une documentation fournie et à jour serait disponible en ligne ;
  • la distribution évoluant en même temps que les versions Ubuntu, la possibilité de bénéficier de noyaux et de pilotes récents ;
  • l’existence de pilotes en français permettant de gérer l’utilisation avancée de nos copieurs et imprimantes (kyodialog, pour les machines Kyocera) ;
  • le magasin d’applications, qui était le plus riche parmi les distributions proposées et qui intégrait parfaitement toutes les méthodes d’installation (Flat, Snap et Ubuntu) ;
  • l’existence d’une version « lite » (basée sur XFCE, pour les PC les plus anciens) et d’une version « éducation ».

On mesure à quel point le choix s’est porté sur l’intégration dans notre environnement plutôt que sur les mérites techniques relatifs de l’une ou l’autre des distributions envisagées.

Déploiement

Avant d’initier l’installation de notre distribution dans un environnement forcément hybride, un gros travail (quasiment terminé aujourd’hui) a été nécessaire : inventaire (GLPI), prise de main à distance (MeshCentral), déploiement d’images (FOG project)… de nombreuses solutions ont dû être installées, paramétrées, testées, etc.

Pendant ce temps, un bêta-test incluant des personnels choisis (et notamment des décideurs), a permis d’identifier et de résoudre un certain nombre de problèmes et de valider concrètement le choix de notre solution.

En septembre 2024, le déploiement a commencé par un appel à volontariat. Les détails de la stratégie de migration sont disponibles à la fin de cet article.

À la date d’écriture de cet article, l’installation dans les écoles de la ville n’a pas commencé. Pour en comprendre les raisons, vous pouvez vous référer à cet article.


Image d’illustration : Zorin OS 17, de Artyom Zorin, sur Wikimedia Commons.
Licence : GPL.

03.10.2024 à 20:42

Des interphones libres ?

Nicolas Vivant

Le travail d’Échirolles sur les logiciels libres concerne l’ensemble des applications numériques de la ville. La réflexion sur la mise en œuvre d’une nouvelle solution commence toujours par le même questionnement : Si le passage au libre de suites bureautiques, de systèmes d’exploitation ou de logiciels métiers est bien documenté, […]
Texte intégral (830 mots)

Le travail d’Échirolles sur les logiciels libres concerne l’ensemble des applications numériques de la ville. La réflexion sur la mise en œuvre d’une nouvelle solution commence toujours par le même questionnement :

  1. Un logiciel déjà présent dans la collectivité nous permet-il de répondre au besoin exprimé ?
  2. Si non, existe-t-il un logiciel libre (ou open source) permettant de l’adresser ?
  3. Si non, existe-t-il un logiciel propriétaire pour ce faire ?
  4. Si non, développons le logiciel ou la fonctionnalité qui manque.

Si le passage au libre de suites bureautiques, de systèmes d’exploitation ou de logiciels métiers est bien documenté, notre méthode est parfois appliquée à des domaines un plus surprenants. C’est ainsi que nous nous sommes penchés sur notre interphonie.

L’interphone est un élément de sécurité qu’on trouve dans toutes sortes de structures (collectivités de toutes tailles, entreprises, copropriétés…) et de nombreux constructeurs sont positionnés sur le marché. De nos jours, tous les interphones et visiophones sont « connectés ». Le hic : des solutions logicielles propriétaires, opaques et sur lesquelles il n’est pas possible d’avoir la main. Vous êtes dépendant de votre fournisseur, autant dans votre capacité à réagir en cas de problème que pour ce qui concerne la sécurité de votre installation.

Forte de ses 21 écoles, de plusieurs crèches et autres accueils à destination de la petite enfance, Échirolles se pose la question du déploiement de visiophones dans une infrastructure sécurisée, souveraine, cohérente et correctement gérée.

Des interphones existent déjà, évidemment, mais ils ont été installées au fil de l’eau, reposent parfois sur des solutions analogiques, des matériels variés, et sont associés à des contrats de maintenance divers… bref : il est peut-être temps de moderniser et de rationaliser la gestion de ces équipements. C’est ce à quoi les services techniques de la ville aimeraient pouvoir s’atteler prochainement.

Est-il possible d’avoir une maîtrise complète de sa solution d’interphonie, déployée sur des sites très différents dans la ville, en s’appuyant sur des logiciels libres existants et sur une infrastructure robuste et sécurisée ? Et si possible avec une variété de matériels et de constructeurs ?

Joie ! La réponse semble bien être positive, et c’est ce que je me propose de vous présenter lors de l’événement Open Source Experience, au Palais des Congrès (porte Maillot) à Paris, le 4 décembre 2024 à 15h salle Alan Cox.


Image d’illustration : Bernard Hermant sur Unsplash

30.09.2024 à 15:01

Le NIST recommande de nouvelles règles pour la sécurité des mots de passe

Nicolas Vivant

[NDT] Des années. Des années que j’explique que la complexité des mots de passe n’est pas déterminante et que demander de les changer à intervalles réguliers est une mauvaise idée. Enfin, un organisme officiel qui publie des recommandations conformes aux enjeux du moment (et qui ne datent pas d’hier). Ce […]
Texte intégral (1746 mots)

[NDT] Des années. Des années que j’explique que la complexité des mots de passe n’est pas déterminante et que demander de les changer à intervalles réguliers est une mauvaise idée. Enfin, un organisme officiel qui publie des recommandations conformes aux enjeux du moment (et qui ne datent pas d’hier).

Ce contenu est une traduction d’un article de Guru Baran paru le 27 septembre 2024 sur le site cybersecuritynews.com.

***

Le National Institute of Standards and Technology (NIST) a publié des lignes directrices actualisées pour la sécurité des mots de passe, marquant un changement important par rapport aux pratiques traditionnelles en matière de mots de passe.

Ces nouvelles recommandations, décrites dans la « publication spéciale 800-63B » du NIST, visent à renforcer la cybersécurité tout en améliorant l’expérience des utilisateurs.

L’un des changements les plus notables concerne la position du NIST sur la complexité des mots de passe. Contrairement aux pratiques de longue date, le NIST ne recommande plus l’application d’exigences arbitraires en matière de complexité des mots de passe, telles que le mélange de lettres majuscules et minuscules, de chiffres et de caractères spéciaux. L’accent est désormais mis sur la longueur du mot de passe, qui constitue le principal facteur de solidité du mot de passe.

« Les mots de passe plus longs sont généralement plus sûrs et plus faciles à retenir pour les utilisateurs », a déclaré Paul Turner, expert en cybersécurité au NIST. « Nous nous éloignons des règles complexes qui conduisent souvent à des schémas prévisibles et nous encourageons l’utilisation de phrases de passe longues et uniques ».

Le NIST recommande désormais une longueur de mot de passe minimale de 8 caractères, avec une forte préférence pour les mots de passe encore plus longs. Il est conseillé aux organisations d’autoriser des mots de passe d’au moins 64 caractères pour tenir compte des phrases de passe.

Un autre changement important est l’élimination des changements périodiques obligatoires de mots de passe. Le NIST affirme que les réinitialisations fréquentes de mots de passe conduisent souvent à des mots de passe plus faibles et encouragent les utilisateurs à effectuer des changements mineurs et prévisibles. Au lieu de cela, les mots de passe ne devraient être changés que lorsqu’il y a des preuves de compromission.

« Forcer les utilisateurs à changer régulièrement de mot de passe n’améliore pas la sécurité et peut même s’avérer contre-productif », explique M. Turner. « Il est plus efficace de surveiller les informations d’identification compromises et de n’exiger des changements qu’en cas de nécessité ».

Les nouvelles lignes directrices soulignent également l’importance de vérifier les mots de passe par rapport à des listes de mots de passe couramment utilisés ou compromis. Le NIST recommande aux organisations de tenir à jour une liste de mots de passe faibles et d’empêcher les utilisateurs de choisir le moindre mot de passe figurant sur cette liste.

En outre, le NIST déconseille l’utilisation d’indices de mots de passe ou de questions d’authentification basées sur la connaissance, car ils peuvent souvent être facilement devinés ou découverts par l’ingénierie sociale.

Pour le stockage des mots de passe, le NIST recommande d’utiliser le hachage salé avec un facteur d’inviolabilité qui rend les attaques hors ligne coûteuses en termes de calcul. Cette approche permet de protéger les mots de passe stockés même si une base de données est compromise.

Autres exigences à respecter :

  1. Les responsables et fournisseurs de services DOIVENT exiger que les mots de passe comportent au moins huit caractères et DEVRAIENT exiger que les mots de passe comportent au moins 15 caractères.
  2. Les responsables et fournisseurs de services DEVRAIENT autoriser une longueur maximale de mot de passe d’au moins 64 caractères.
  3. Les responsables et fournisseurs de services DEVRAIENT accepter tous les caractères d’imprimerie ASCII [RFC20] et le caractère espace dans les mots de passe.
  4. Les responsables et fournisseurs de services DEVRAIENT accepter les caractères Unicode [ISO/ISC 10646] dans les mots de passe. Chaque point de code Unicode DOIT être considéré comme un seul caractère lors de l’évaluation de la longueur du mot de passe.
  5. Les responsables et fournisseurs de services NE DOIVENT PAS imposer d’autres règles de composition (par exemple, exiger des mélanges de différents types de caractères) pour les mots de passe.
  6. Les responsables et fournisseurs de services NE DOIVENT PAS exiger des utilisateurs qu’ils changent périodiquement de mot de passe. Toutefois, les vérificateurs DOIVENT imposer un changement s’il existe des preuves de la compromission du service.
  7. Les responsables et fournisseurs de services NE DOIVENT PAS permettre à l’abonné de stocker un indice accessible à un demandeur non authentifié.
  8. Les responsables et fournisseurs de services NE DOIVENT PAS inviter les abonnés à utiliser l’authentification basée sur les connaissances (KBA) (par exemple, « Quel était le nom de votre premier animal de compagnie ? ») ou des questions de sécurité lors du choix des mots de passe.
  9. Les fournisseurs de services DOIVENT vérifier l’intégralité du mot de passe soumis (c’est-à-dire ne pas le tronquer).

Les lignes directrices soulignent également l’importance de l’authentification multifactorielle (AMF) en tant que couche de sécurité supplémentaire. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une exigence directe en matière de mot de passe, le NIST encourage vivement l’utilisation de l’AMF dans la mesure du possible.

Ces nouvelles recommandations ont été bien accueillies par de nombreux acteurs de la communauté de la cybersécurité. « Les directives actualisées du NIST sont conformes à ce que les chercheurs en sécurité préconisent depuis des années », a déclaré Sarah Chen, directrice technique de SecurePass, une société spécialisée dans la gestion des mots de passe. « Elles établissent un bon équilibre entre la sécurité et la facilité d’utilisation.

Au fur et à mesure que les organisations mettent en œuvre ces nouvelles lignes directrices, les utilisateurs peuvent s’attendre à voir des changements dans les politiques de mots de passe sur diverses plateformes et services. Bien qu’il faille un certain temps pour que tous les systèmes s’adaptent, les experts pensent que ces changements conduiront à une sécurité des mots de passe plus efficace à long terme.

Le NIST souligne que ces lignes directrices ne s’adressent pas uniquement aux agences fédérales, mais qu’elles constituent des pratiques exemplaires pour toutes les organisations concernées par la cybersécurité.

Les cybermenaces ne cessant d’évoluer, il est essentiel de se tenir au courant des dernières recommandations en matière de sécurité pour protéger les informations et les systèmes sensibles.


Image d’illustration : Debby Hudson sur Unsplash.

29.09.2024 à 14:01

Gestion de rendez-vous open source : cal.com

Nicolas Vivant

Organiser un échange n’est pas toujours simple et nécessite parfois plusieurs allers-retours, chacun indiquant ses disponibilités avant de trouver un créneau commun. C’est là qu’intervient cal.com. Cal.com est une plateforme de planification open-source qui facilite la gestion des rendez-vous et des réunions. Elle permet aux utilisateurs de synchroniser leurs calendriers […]
Texte intégral (1281 mots)

Organiser un échange n’est pas toujours simple et nécessite parfois plusieurs allers-retours, chacun indiquant ses disponibilités avant de trouver un créneau commun. C’est là qu’intervient cal.com.

Cal.com est une plateforme de planification open-source qui facilite la gestion des rendez-vous et des réunions. Elle permet aux utilisateurs de synchroniser leurs calendriers existants pour éviter les conflits d’horaire et simplifier la prise de rendez-vous. Une version en ligne existe, qui permet de tester la solution. Elle se trouve ici. Elle est gratuite pour les particuliers, et certaines fonctionnalités ne sont disponibles qu’en version payante : gestion d’équipes, personnalisation au nom de la société, etc.

Pourquoi cal.com ?

Cette solution a un énorme avantage : si elle sait gérer la plupart des agendas du marché (Microsoft, Google, etc), elle supporte aussi CalDav, un protocole standard généralement intégré dans les solutions de messagerie/calendrier open source. C’est, en partie, ce qui a motivé notre choix.

La version gratuite en ligne peut vous permettre de tester le logiciel et ses nombreuses fonctionnalités, mais elle n’est pas utilisable dans un cadre professionnel. Pour des questions de licence, bien sûr, mais aussi parce que, pour vérifier vos disponibilités et prendre des rendez-vous, cal.com va devoir accéder en écriture à votre agenda professionnel. On conçoit aisément ce qu’enregistrer identifiants et mots de passe professionnels sur un site géré par on-ne-sait-qui peut avoir de problématique.

Heureusement, cal.com est open source est peut-être installé sur un serveur en local (sources ici). Il repose sur Node.js et React. Il intègre la gestion d’équipe (c’est à dire la vérification des disponibilités dans plusieurs calendriers) en mode global (tout le monde doit être disponible pour qu’un rendez-vous soit possible) ou « round robin » (si une personne de l’équipe est disponible, un rendez-vous est proposé).

Limites et points d’attention

  • Pour pouvoir bénéficier, en toute confidentialité, des fonctionnalités de la solution, il convient de la déployer sur un serveur sûr. Un hébergement maîtrisé est donc nécessaire, puisque qu’elle va accéder en écriture à votre solution d’agenda interne.

  • Des compétences sont nécessaires pour installer et maintenir la solution. Si celles-ci ne sont pas disponibles dans la structure, une prestation de service peut s’avérer utile (mais peut-être coûteuse).

  • L’authentification sur cal.com est locale : l’intégration à l’annuaire professionnel (OpenLdap, Active Directory) n’est pas prévue.

  • La personnalisation de l’outil n’est pas simple : à Échirolles, l’affichage du logo se fait par une redirection nginx.

Cas d’usages

À Échirolles, nous utilisons cal.com dans trois types de cas :

  • La prise de rendez-vous individuels

    Définissez les périodes pendant lesquelles cal.com va pouvoir vous placer des rendez-vous (les après-midi seulement, par exemple). Le logiciel vérifie vos disponibilités dans votre agenda sur ces périodes seulement. Un formulaire en ligne permet d’organiser le rendez-vous. Configurable il peut, par exemple, intégrer un lien de visio. Une invitation par mail est envoyée à la personne qui souhaite vous rencontrer, et l’événement est ajouté à votre calendrier (moyennant, éventuellement, une confirmation de votre part)

  • La réservation de salles de réunion

    Facilement intégrable dans un intranet, cal.com permet de réserver une des salles de réunion de la ville, chacune disposant de son propre agenda dans notre messagerie SOGo. Deux types de réservation sont possibles :
    • Une salle de réunion au hasard (en vérifiant les disponibilités de l’ensemble des salles)
    • Une salle de réunion en particulier (en accédant à ses disponibilités particulières)

  • L’organisation de formations internes

    cal.com sait gérer un nombre de places, et permet donc de limiter le nombre de personnes qui vont pouvoir s’inscrire à un événement. En lien avec la salle dédiée à la formation, il est utilisé, via notre intranet, pour organiser nos formations en interne. Chaque personne qui s’inscrit reçoit un lien d’invitation et, sur l’agenda dédié à la formation, la liste des participants est mise à jour au fur et à mesure.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter sur Mastodon.

28.09.2024 à 13:33

Une alternative à Canva

Nicolas Vivant

La veille technologique fait partie des missions de tout responsable informatique. Elle repose sur une bonne connaissance et une consultation régulière de de ressources disponibles en ligne, mais pas seulement. Il n’est pas rare que les usages évoluent au sein de la structure et que nous découvrions, en échangeant avec […]
Texte intégral (1091 mots)

La veille technologique fait partie des missions de tout responsable informatique. Elle repose sur une bonne connaissance et une consultation régulière de de ressources disponibles en ligne, mais pas seulement. Il n’est pas rare que les usages évoluent au sein de la structure et que nous découvrions, en échangeant avec nos utilisateurs, de nouveaux outils. Problème : ils ne correspondent pas toujours aux recommandations du service informatique, sont parfois incompatibles avec le RGPD ou peuvent poser des problèmes de confidentialité (ou de sécurité).

La politique de la ville d’Échirolles privilégie l’utilisation de logiciels libres et une gestion responsable des données. Il est donc de notre devoir, quand un logiciel n’est pas compatible avec notre schéma directeur « Échirolles numérique libre »., de nous en préoccuper. Mais ces solutions naissent dans notre système d’information parce qu’elles correspondent à un besoin non couvert ou que les utilisateurs considèrent comme plus simple/plus efficace, etc. Interdire l’utilisation n’est donc pas satisfaisant du point de vue du service rendu : il convient de se mettre à la recherche d’alternatives qui sont mieux adaptées au projet de la structure.

Depuis quelques années, Canva est apparu dans nombre d’entreprises et de collectivités, son utilisation est rapidement devenue massive. Nous nous sommes donc mis à la recherche d’une solution crédible, open source, et qui permettrait d’apporter une réponse au besoin de nos employés. Il en existe de nombreuses, et le benchmarking n’a pas été simple. Mais une solution a fini par s’imposer :

Polotno


Polotno se présente comme un clone de Canva. Il permet la création de présentations, posters ou création graphiques en local. Aucun compte n’est nécessaire et les productions ne sont pas conservées sur le serveur.

Il partage avec la solution propriétaire une interface simple et intuitive, l’accès direct à d’immenses bases de données d’icônes (Iconfinder et Noun Project), de photographies (Unsplash), et de nombreux modèles graphiques ou textuels.

Une version en ligne existe à l’adresse studio.polotno.com. Les créations sont conservées localement dans le cache du navigateur, ce qui est plutôt une bonne chose du point de vue de la confidentialité mais qui ne facilite pas le travail en équipe. En revanche, la possibilité d’exporter les créations (en format JSON) avec l’ensemble des éléments (photos, polices, etc.) permet de les transmettre facilement, et de les sauvegarder.

Petit couac : cette version en ligne est mal traduite en français et l’utilisateur est encouragé à créer un compte (payant) sur un cloud en ligne pour sauvegarder son travail. Heureusement, il s’agit d’un logiciel open source. Le code est accessible sous licence MIT. Nous avons donc fait le choix de créer une instance échirolloise de Polotno, correctement traduite et expurgée de ces éléments commerciaux.

J’en ai également installé une, auto-hébergée, pour mon usage personnel. Vous pouvez la tester en cliquant ici.

Quelques éléments ne sont pas encore à la hauteur (impossibilité, dans le module texte, de créer des listes), mais le logiciel évolue rapidement et les mises à jour apportent régulièrement des améliorations.


Sur la gestion des données personnelles par Canva (en anglais) :

Source image d’illustration : Roméo A. sur Unsplash (recadrée avec Polotno)

28.09.2024 à 09:19

Évaluation des dépenses logicielles de l’État : soutenons l’initiative de l’April

Nicolas Vivant

Ce texte est une reprise d’un article issu du site de l’April, dont l’original est consultable ici. *** La Cour des comptes a ouvert, jusqu’au 4 octobre 2024, une plateforme de consultation afin de permettre à celles et ceux qui le souhaitent de proposer des thèmes nouveaux sur lesquels l’institution […]
Texte intégral (885 mots)

Ce texte est une reprise d’un article issu du site de l’April, dont l’original est consultable ici.

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La Cour des comptes a ouvert, jusqu’au 4 octobre 2024, une plateforme de consultation afin de permettre à celles et ceux qui le souhaitent de proposer des thèmes nouveaux sur lesquels l’institution pourrait exercer sa mission de contrôle de l’action publique. L’April y propose « L’évaluation des dépenses logicielles de l’État et des administrations centrales »

En 2022, la Cour des comptes avait initié le principe de consultation publique dans l’objectif de « renforcer les liens des juridictions financières avec les citoyennes et citoyens ». La consultation qui se tient actuellement, et jusqu’au 4 octobre, est donc la troisième édition.

Lors de la première consultation, l’April avait soutenu une proposition de Stéfane Fermigier, coprésident du CNLL (Union des entreprises du numérique ouvert), pour « évaluer les dépenses de logiciels et services en ligne des administrations centrales ». Une proposition dont l’ambition est de couvrir le plus large spectre possible des dépenses informatiques de l’État, notamment en ventilant ces dépenses selon plusieurs critères (type d’acquisition, type de logiciels, taille des fournisseurs, etc.). Une telle évaluation serait en effet bienvenue pour mieux appréhender la réalité des dépendances de l’État à certaines solutions privatrices, et en tout état de cause, un prérequis à la mise en œuvre d’une politique un tant soit peu ambitieuse pour un plus grand usage du logiciel libre au sein des administrations publiques.

La Cour des comptes elle-même considère d’ailleurs, dans un récent rapport de juillet 2024 sur le pilotage de la transformation numérique de l’État 1, qu’« une véritable stratégie numérique avec des objectifs et jalons ne peut faire l’économie d’une consolidation, actuellement inexistante, des dépenses numériques de l’État et de leur projection. »

L’April s’est donc faite sienne cette proposition et la soumise à nouveau lors de cette troisième consultation.

La plateforme de la consultation précise quelques étapes : après la consultation, d’octobre à novembre, les contributions seront analysées et une synthèse sera produite pour, notamment, mettre en valeur les sujets ayant suscité les plus d’interactions, ainsi que les propositions les plus argumentées. En janvier, les sujets de contrôle seront annoncés et la synthèse des contributions sera rendue publique. Les contrôles seront ensuite lancés à partir de janvier. Enfin, en septembre 2025, la quatrième campagne de participation citoyenne sera lancée.

Nous invitons toute personne soucieuse d’une meilleure prise en compte du logiciel libre par la puissance publique à soutenir, voire à commenter, la contribution de l’April.

Cliquez ici pour vous rendre sur le site de l’April et soutenir cette importante initiative.


Source de l’image d’illustration : Agence Olloweb sur Unsplash

28.05.2024 à 12:43

Résistance au changement et logiciels libres

Nicolas Vivant

Selon Wikipédia, « La résistance (ou aversion) au changement ou immobilisme, consiste à désirer, et tenter d’obtenir par diverses formes de comportements d’opposition, le maintien du statu quo par procrastination ». Michel Crozier, sociologue des organisations (et grand ami du capitalisme triomphant), la définit comme « l’expression raisonnable et légitime des risques que […]
Texte intégral (3576 mots)

Selon Wikipédia, « La résistance (ou aversion) au changement ou immobilisme, consiste à désirer, et tenter d’obtenir par diverses formes de comportements d’opposition, le maintien du statu quo par procrastination ». Michel Crozier, sociologue des organisations (et grand ami du capitalisme triomphant), la définit comme « l’expression raisonnable et légitime des risques que comporte le changement pour les acteurs », introduisant deux notions (raisonnable et légitime) qu’il n’est pas inutile d’interroger : dans un contexte de transition subie (le dérèglement climatique, par exemple), la résistance est-elle raisonnable et légitime ?

Cette problématique de la résistance au changement n’est donc pas spécifique au numérique : elle est un frein, plus ou moins puissant, à toute évolution, toute remise en cause d’un ordre existant.

Alors comment expliquer qu’elle soit si prégnante dans les projets de passage aux logiciels libres ? En réalité, elle se pose de la même façon pour les logiciels propriétaires, mais elle est prise en compte depuis très longtemps. Un passage direct de Windows 95 à Windows 11, par exemple, serait vécu comme une catastrophe par la plupart des utilisateurs. Mais les changements introduits dans le fonctionnement, dans l’ergonomie et dans l’expérience utilisateur en général ont été suffisamment progressifs pour que la résistance soit contenue à des niveaux acceptables.

Changement progressif, facteur temps, introduction de nouvelles fonctionnalités, communication, mimétisme, accoutumance lors de la formation, il y a des leçons à retenir dans la façon de procéder de ces acteurs privés qui, aujourd’hui, se sont imposés comme une évidence auprès des utilisateurs que nous sommes.

Et puis un rappel : l’objectif prioritaire d’un service informatique ne peut pas être de mettre en place les logiciels libres. La priorité, c’est de mettre à la disposition des services/départements les meilleurs outils pour qu’ils puissent effecteur convenablement les tâches qui leur sont confiées.

Les types de résistants

La configuration idéale est celle dans laquelle gouvernance, service informatique et utilisateurs sont acteurs du projet. Mais plus la structure est de taille importante et moins celle-ci est probable, évidemment.

  • Les gestionnaires et décideurs⋅euses : souvent responsables de l’approbation des décisions d’achat de logiciels, ils peuvent avoir des préoccupations concernant la viabilité et la stabilité des solutions open source, en particulier si elles sont habituées à travailler avec des fournisseurs de logiciels propriétaires bien établis. Les questions de support et de responsabilité peuvent également être un facteur : il peut y avoir une perception de risque plus élevé associé à l’utilisation de logiciels sans garantie ou soutien formel.
  • Les services informatiques : il n’est pas rare que les professionnel⋅les de l’informatique, en charge de la mise en œuvre et de la maintenance des logiciels expriment des réserves. Ils/elles peuvent être préoccupé⋅es par les problèmes de compatibilité, craignant que les logiciels libres ne fonctionnent pas bien avec les systèmes existants. Il y a aussi parfois une perception que les logiciels open source sont moins sécurisés ou plus difficiles à prendre en charge, ce qui peut conduire à des inquiétudes quant à la charge de travail supplémentaire ou aux risques potentiels pour la sécurité. Un changement peut également être vécu comme une remise en cause des compétences de l’équipe, et un bouleversement d’une certaine « hiérarchie » basée sur les connaissances.
  • Les utilisateurs⋅trices : il s’appuient sur les logiciels au quotidien et peuvent légitimement s’inquiéter, en particulier s’ils sont habituées à un logiciel propriétaire spécifique et se sentent à l’aise dans son utilisation. L’apprentissage d’un nouveau système peut sembler intimidant et certain⋅es utilisateurs⋅trices peuvent craindre que le logiciel open source soit plus complexe ou moins convivial.
  • Les fournisseurs de logiciels propriétaires : les entreprises qui vivent des logiciels propriétaires peuvent également résister au passage à des solutions libres. Ils reprennent parfois des lieux communs ou idées reçues pourtant éculées. Il n’est pas inhabituel qu’ils exagèrent les risques associés aux logiciels open source pour protéger leurs intérêts commerciaux. Ces fournisseurs peuvent parfois avoir des relations bien établies avec les organisations et influencer défavorablement décideurs et utilisateur.

Deux situations sont fréquentes :

1. La gouvernance est à l’origine du projet mais le service informatique pour des raisons variables, ne met pas en œuvre.

  • Si le manque de compétence dans l’équipe est en cause mais que la volonté de déployer existe, un effort d’accompagnement (formation et communication) est nécessaire avant d’entamer le projet. Car faire mal est pire que de ne pas faire : cela peut décourager durablement les utilisateurs⋅trices et inscrire, dans les esprits, un lien direct entre logiciel libre et mauvais fonctionnement.
  • Si l’équipe n’est pas convaincue que le changement est une bonne idée, la situation se complique mais elle n’est pas désespérée pour autant. La solution : une attention particulière portée aux profils recrutés. Chaque opportunité de recrutement peut/doit se concrétiser par l’embauche d’un employé qui a des compétences et une appétence et pour les logiciels libres. Cela peut certes prendre du temps, mais sans ce virage dans le positionnement, il y a de fortes chances que le projet soit voué à l’échec, soit parce que le travail ne sera pas fait, soit (et c’est pire) parce qu’il sera mal fait.

2. Le service informatique est moteur, sans soutien de celles et ceux qui ont le pouvoir de décision.

Plusieurs approches sont possibles dans ce cas :

  • échanger sur les avantages des logiciels libres. Inutile de mettre en avant une litanie d’arguments, aussi pertinent soient-ils. On ne fait pas de logiciel libre pour le plaisir d’en faire, mais pour mieux répondre à un besoin, à une thématique qu’on souhaite adresser. Mieux vaut donc cibler le discours en fonction des préoccupations de celle ou celui qui doit prendre la décision : souveraineté numérique et propriété intellectuelle, respect des données personnelles, économies, cybersécurité, stabilité et vitesse de réaction, sobriété numérique, vendor locking évité, correspondance avec les valeurs de la structure, les angles d’approche sont nombreux. Prenez le temps de bien les connaître et de construire un argumentaire, écrit ou oral, qui s’appuie sur ceux qui seront partagés par vos interlocuteurs⋅trices.
  • choisir de ne pas parler d’open source et de logiciels libre : axer tout le discours sur l’adéquation de la solution proposée avec le besoin identifié. Si la question est posée, l’évacuer rapidement. Cela peut également s’appliquer aux utilisateurs⋅trices : la priorité est de leur donner les moyens de faire leur travail dans de bonnes conditions, et le choix du libre peut tout à fait ne pas être mis en avant.

Les types de résistance

  • Familiarité et confort : les gens ont tendance à résister au changement lorsqu’ils sont à l’aise et habitués à un système existant. Plus un logiciel leur semble simple et efficace et plus leur inquiétude sera grande. Certain-es ont dû fournir un effort conséquent pour disposer des compétences leur permettant de s’acquitter de leurs tâches quotidiennes. L’apprentissage d’un nouveau logiciel peut leur sembler intimidant et le simple fait d’utiliser une interface différente peut être mal vécu.
  • Pression culturelle : certaines professions sont intimement liées, dès la période de formation, à des solutions propriétaires. Les graphistes, par exemple, sont en immense majorité des utilisateurs⋅trices de Macintosh et de la suite de création graphique d’Adobe.
  • Compatibilité et intégration : les organisations ont souvent des systèmes complexes et des processus parfois bien établis. Les problèmes de compatibilité ou de difficultés d’intégration avec les systèmes existants, réels ou supposés, sont souvent évoqués comme un frein au changement.
  • Peur du déclassement : passer d’un système couramment utilisé à un environnement plus inhabituel peut être vécu comme un déclassement, une dégradation des conditions de travail. Pour celles et ceux qui sont sensibles à cette crainte, la gratuité ou la singularité de l’outil sont autant d’indices d’un fonctionnement moins qualitatif. La peur de la marginalisation, de la différence, sont des moteurs puissants de la résistance.
  • Peur de revivre une migration mal gérée : un projet de migration vers un logiciel libre, annoncé, revendiqué et qui se passe mal peut avoir des effets terribles pour le futur. L’utilisateur⋅trice associe presque systématiquement « open source » (ou logiciel libre) et dysfonctionnement.

Les moyens d’avancer : une stratégie de migration claire, adaptée, systématique… et souple.

Une stratégie de migration efficace doit prendre en compte l’ensemble de ces situations et les adresser, sous peine de courir à l’échec. On peut être compétent, convaincu de l’utilité, de l’intérêt ou de l’urgence de choisir une autre voie dans la mise en œuvre du numérique et échouer. Ces convictions, que je partage, n’ont pas leur place dans une stratégie de migration. Au contraire, elles peuvent faire obstacle à une écoute attentive et à la prise en compte des craintes exprimées (directement ou indirectement) par les utilisateurs⋅trices. Méfions nous de notre enthousiasme et partons du principe qu’il est rarement partagé.

Mais foin des considérations théoriques et autres déclarations péremptoires, voici un exemple de projet de migration (à Linux, pour l’exemple) qui prendrait justement, et dans la mesure du possible, en compte les écueils évoqués.

Le choix du meilleur outil

Avant d’entamer la migration, un important travail de préparation doit être réalisé, en interne. Il permet de :

  • vérifier que l’outil (la distribution de Linux, par exemple) s’intègre parfaitement dans l’environnement informatique tel qu’il est (et pas tel qu’on aimerait qu’il soit).

    Cette intégration avec l’existant s’appréhende de manière étendue, pour garantir la compatibilité avec les systèmes communs (annuaire informatique, systèmes d’impression, serveur de fichier, etc.) et l’ensemble des logiciels utilisés au quotidien. Cela suppose une bonne connaissance des besoins métiers et habitudes prises sur les postes clients.
  • sélectionner une distribution qui se rapproche le plus possible de ce que les gens connaissent déjà (Windows ou MacOS, typiquement).

    Cela permet de minimiser l’impression d’un changement important… et donc l’effort de formation nécessaire pour une adoption en douceur. Un passage de Windows 11 à Ubuntu sera toujours plus difficile qu’un passage à Zorin OS, distribution qui s’efforce justement de ressembler à Windows.
  • négocier, avec les décideurs⋅euses, une migration qui ne s’appuie sur aucun d’objectif chiffré, ni daté.

    Cette condition permet d’adapter l’effort de migration au niveau de résistance rencontré. Elle donne au service la latitude de réagir en cas de problème, de monter progressivement en compétence et de fournir aux utilisateurs⋅trices un niveau de service à la hauteur de l’importance du projet. Un objectif de migration à 100% est illusoire, et il faut l’affirmer dès le début du projet. Des problèmes de compatibilité (avec des solutions fournies par des partenaires, par exemple) peuvent se présenter et compromettre la migration de certains utilisateurs. La résistance culturelle peut également être si forte que, dans certains cas, renoncer est la meilleure des solutions.
  • prévoir des solutions de contournement : des problèmes d’incompatibilité avec des logiciels métier peuvent se poser, qu’il ne faut pas négliger. Envisager des moyens de les faire fonctionner est indispensable sous peine d’impacter sérieusement la migration. Un accès à un serveur RDP sous Windows permet, avec le client Remmina pour Linux, de résoudre énormément de ces cas (logiciels avec client lourd pour Windows, accès à Excel dans le cas d’incompatibilité avec des solutions tierces, etc.)
  • prévoir une communication sur le sujet : partager la stratégie de migration, préciser que l’objectif n’est pas de passer tout le monde au libre, affirmer qu’il n’y aura pas de migration contrainte, penser à mettre en avant les « petits plus » et les avantages (pour les utilisateurs⋅trices, pas pour la gouvernance) du changement, bref : rendre, autant que possible, le changement désirable.

Une expérimentation à petite échelle

Dans les premiers temps de la migration, il est indispensable de limiter le nombre de postes concernés, et de s’adresser à un public choisi. Ce bêta-test permet de réaliser les derniers ajustements et de s’assurer qu’en condition opérationnelle il répond effectivement au besoin, avec le niveau de qualité attendu. Sur un parc de 500 utilisateurs⋅trices il peut concerner, par exemple, une dizaine de personnes. On prendra soin de sélectionner des profils d’utilisation variés, et d’intégrer plusieurs décideurs⋅euses-clés (pour une validation facilitée du passage aux étapes suivantes).

Un appel au volontariat

La meilleure façon d’entamer effectivement la migration est de commencer par un appel au volontariat. « Vous voulez utiliser Linux ? Nous l’installons et nous le maintenons ! ». Cette étape a plusieurs vertus.

Elle permet :

  • d’augmenter le parc installé sans résistance au changement (ou avec une résistance très faible). Cela participe de la montée en compétence progressive de l’équipe ;

  • faire naître la nouvelle solution dans l’environnement informatique de la collectivité ou de l’entreprise. Le simple fait qu’une utilisation de Linux au quotidien apparaisse dans les usages permet de lever un certain nombre de doutes sur la faisabilité d’une évolution ;

  • pouvoir communiquer sur une migration effectivement démarrée.

Dans mes différentes expériences, cette phase (additionnée au beta-test), maintenue pendant 1 an, a permis de migrer 5% du parc environ.

Une phase d’incitation

Proposer systématiquement Linux lors de la remise d’une nouvelle machine permet également de faire exister la solution et d’élargir le champ des possibles sans contrainte pour les employé⋅es. Après une phase d’appel au volontariat, cela permet d’équiper des gens qui ont vu fonctionner Linux chez d’autres, ont pu en mesurer certains des avantages et ont développé une curiosité pour le sujet.

Cette phase permet d’installer l’utilisation de Linux comme une alternative crédible au sein de la structure et de l’asseoir, au niveau du service informatique, dans un fonctionnement standardisé. Après quelques années (2 à 3 ans, typiquement), 10% à 20% du parc peut ainsi être migré.

Le libre par défaut ?

Si les phases précédentes se sont globalement bien déroulées et que la présence de postes clients sous Linux n’est plus une surprise dans l’environnement de la structure, pourquoi ne pas en faire le système d’exploitation par défaut ?

Dans ce cas, il faut garder à l’esprit que certains postes, pour les raisons exposées ci-dessus, ne pourront/devront pas être migrés :

  • parce que des logiciels métiers peuvent être vraiment incompatibles avec Linux ;
  • parce que la résistance culturelle est trop forte. Il convient de garder à l’esprit que, pour certaines professions (les graphistes, typiquement), une migration à Linux peut être socialement très coûteuse. Leur demander de changer nécessite un effort de formation énorme (ceux qui comme moi ont fait l’effort de passer de Photoshop à GIMP comprendront de quoi je parle) et peut leur donner le sentiment, conscient ou pas, d’une marginalisation importante dans leur milieu (alors même qu’il n’y a pas d’obstacles techniques et fonctionnels objectifs). S’il n’est pas inintéressant de travailler le sujet quand c’est possible, il ne faut certainement pas commencer par adresser ces populations. Renoncer peut même être sage.

L’accompagnement, la formation

Si une bonne stratégie de migration permet de minimiser l’effort de formation nécessaire pour le passage à une solution libre, c’est un point qu’il ne faut pas négliger. Prévoir des sessions de formation permet de répondre à plusieurs types de demandes :

  • des demandes de montée en compétence (pour une utilisation plus ou moins avancée) ;

  • des inquiétudes liées à la nouveauté (alors que le niveau de la personne est suffisant pour pouvoir fonctionner en autonomie). Ce deuxième point est important : au delà des aspects techniques, la formation est vécue comme un moment d’échange et d’écoute avec ceux qui ont proposé (et qui mettent en œuvre) le changement. Elle est l’affirmation que le service a conscience de ce qui peut parfois être perçu (à tort ou à raison) comme un effort important.

Le positionnement doit être : comment puis-je faire sous Linux (ou avec LibreOffice, par exemple), ce que je sais déjà faire sous Windows (ou sous Microsoft Office) ? Partir, en complément d’une formation générale, d’exemple concrets fournis par les employé⋅es et travaillés ensemble, est une très bonne idée.

De nombreux⋅ses acteurs et actrices de l’écosystème peuvent vous aider à mettre en œuvre, en lien avec le service des ressources humaines, des prestations d’accompagnement et/ou de formation. Vous pouvez aussi faire le choix, si la charge de travail de l’équipe le permet, de sessions organisées en interne.

L’échange avec les autres acteurs

Échanger avec des collègues qui ont déjà dû gérer une migration de ce type est une très bonne idée. Cela permet de s’inspirer de pratiques et d’outils qui ont fait la preuve de leur efficacité dans un contexte approchant. Des écueils importants et de nombreuses fausses bonnes idées peuvent être utilement évités. Des noms de prestataires qui ont donné satisfaction peuvent également être partagés.

06.04.2024 à 12:40

Un land allemand libéré

Nicolas Vivant

Ce texte est une traduction d’un communiqué de presse en allemand intitulé « Einstieg in den Umstieg » publié par le land allemand Schleswig-Holstein, sur son site web, le 3 avril 2024. Neuvième état allemand en nombre d’habitants et douzième pour sa superficie, sa capitale est Kiel. *** Le Schleswig-Holstein mise à […]
Texte intégral (1445 mots)

Ce texte est une traduction d’un communiqué de presse en allemand intitulé « Einstieg in den Umstieg » publié par le land allemand Schleswig-Holstein, sur son site web, le 3 avril 2024. Neuvième état allemand en nombre d’habitants et douzième pour sa superficie, sa capitale est Kiel.

***

Le Schleswig-Holstein mise à l’avenir sur un poste de travail informatique numériquement souverain dans l’administration du Land – c’est ce que vient de décider le cabinet.

Indépendant, durable, sûr : le Schleswig-Holstein sera une région pionnière en matière de numérique et le premier Land à introduire un poste de travail informatique numériquement souverain dans son administration régionale. Avec une décision du cabinet d’introduire à grande échelle le logiciel open source LibreOffice comme solution bureautique standard, le gouvernement a donné le coup d’envoi de la première étape vers la souveraineté numérique totale du Land, d’autres étapes suivront.

Les données des citoyens restent en sécurité

« L’avenir de l’administration est basé sur le cloud, l’automatisation, les algorithmes et les données. Nos applications informatiques fonctionneront donc à l’avenir comme des services en nuage sur Internet. En conséquence, les grands fabricants de produits informatiques courants transfèrent de plus en plus leurs applications sur Internet. Nous n’avons aucune influence sur les processus d’exploitation de ces solutions et sur le traitement des données, y compris sur une éventuelle fuite de données vers des pays tiers. En tant qu’État, nous avons la responsabilité envers nos citoyens et nos entreprises de veiller à ce que leurs données soient en sécurité chez nous et nous devons nous assurer que nous sommes toujours maîtres des solutions informatiques que nous utilisons et que nous pouvons agir en toute indépendance. Assurer la souveraineté numérique est au moins aussi important que la souveraineté énergétique », déclare le ministre du numérique du Schleswig-Holstein, Dirk Schrödter.

Une place numérique forte en Europe

« Mais la voie de la souveraineté numérique suit aussi une boussole claire en matière de politique industrielle. Ma vision d’une place numérique forte en Europe peut ainsi devenir réalité, car nous ne devons plus dépenser nos budgets publics uniquement en droits de licence, mais investir dans de véritables services de programmation de notre économie numérique nationale, créant ainsi de la valeur et des emplois sur place. Nos objectifs en matière de développement d’un marché unique numérique commun sont des solutions et des services numériques souverains que nous mettons en réseau. En tant qu’administration nationale, nous utilisons le trésor des données pour garantir, à l’intérieur du pays, des innovations ouvertes, des chaînes de création de valeur numériques et la prospérité ».

Nous prenons la souveraineté numérique au sérieux

Selon Schrödter, la souveraineté numérique fait partie intégrante de la stratégie numérique et du programme de travail du gouvernement régional. « Les produits actuels du poste de travail informatique standard ne permettent pas d’atteindre cet objectif. Nous prenons la souveraineté numérique au sérieux et allons de l’avant : le changement décidé pour les logiciels Office est une étape importante, mais ce n’est que le début de la transition : le passage aux logiciels libres pour le système d’exploitation, la plateforme de collaboration, le service d’annuaire, les procédures spécialisées et la téléphonie suivra ».

Avec la décision du cabinet, le gouvernement du Land a donné un début concret à la transition des logiciels propriétaires vers des systèmes open source libres et ouverts, ainsi qu’au poste de travail informatique numériquement souverain pour les quelque 30 000 employés de l’administration du Land. Par logiciel propriétaire, on entend des applications numériques dont l’utilisation et le traitement ultérieur sont fortement limités par les droits d’auteur et les conditions de licence. De plus, une offre existe souvent en relation avec des prestations d’exploitation et de centre de calcul, ce qui permet au fournisseur de conserver la souveraineté du produit.

Meilleure sécurité informatique, rentabilité, protection des données

Le passage à des solutions open source est un élément important pour le maintien de la souveraineté numérique. L’utilisation de logiciels open source permet également d’améliorer la sécurité informatique, la rentabilité, la protection des données et la collaboration entre les différents systèmes. Outre le développement de logiciels à source ouverte, l’objectif est également de mettre à disposition les futurs résultats de développement du pays sous des licences libres.

Les six piliers d’un poste de travail informatique numériquement souverain

Les éléments du poste de travail informatique numériquement souverain sont mis en place dans le Schleswig-Holstein dans six piliers de projet au total :

  • Passer de Microsoft Office à LibreOffice
  • Passage du système d’exploitation Microsoft Windows à Linux
  • Collaboration au sein de l’administration du Land et avec des personnes externes : utilisation des produits open source Nextcloud, Open Xchange/Thunderbird en combinaison avec le connecteur AD d’Univention pour remplacer Microsoft Sharepoint ainsi que Microsoft Exchange/Outlook.
  • Conception d’un service d’annuaire basé sur l’open source pour remplacer Microsoft Active Directory
  • Inventaire des procédures spécialisées en termes de compatibilité et d’interopérabilité avec LibreOffice et Linux
  • Développement d’une solution de téléphonie basée sur l’open source pour remplacer Telekom-Flexport

Offre de formation complète du personnel

L’utilisation de LibreOffice en tant que suite bureautique standard dans la communication entre les ministères et les autorités se fait à court terme et son utilisation est obligatoire. Si le changement ne peut pas être effectué rapidement en raison de conditions techniques ou professionnelles, des exceptions possibles seront convenues. Une offre de formation complète et à bas coût est disponible pour les collaborateurs et est mise à jour en fonction des besoins. En outre, la gestion centrale des technologies de l’information du Land fournit un soutien au personnel lors de l’introduction de LibreOffice.


03.04.2024 à 12:37

OSQI

Nicolas Vivant

Ce texte est une traduction d’un article intitulé « OSQI » publié par Tim Bray, sur son site web « ongoing » le 1er avril 2024. *** Je propose la création d’un ou plusieurs « Open Source Quality Institutes ». Un OSQI est une organisation du secteur public qui emploie des ingénieurs en logiciel. Sa mission […]
Texte intégral (2948 mots)

Ce texte est une traduction d’un article intitulé « OSQI » publié par Tim Bray, sur son site web « ongoing » le 1er avril 2024.

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Je propose la création d’un ou plusieurs « Open Source Quality Institutes ». Un OSQI est une organisation du secteur public qui emploie des ingénieurs en logiciel. Sa mission serait d’améliorer la qualité, et en particulier la sécurité, des logiciels libres populaires.

Pourquoi ?La porte dérobée XZ Utils (disons simplement #XZ) est à l’origine de ce qui m’a conduit à cette idée. Si vous vous penchez sur cette histoire, il devient évident que la vulnérabilité clé n’était pas technique, mais était liée au fait qu’un grand nombre de logiciels open source sont sous-maintenus ou négligés, parce qu’ils ne s’appuient pas sur une logique commerciale permettant de payer des gens pour s’en occuper. Ce qui est un problème, parce qu’il existe de bonnes raisons de payer des gens pour les attaquer.

D’autres activités humaines essentielles ne sont pas rentables, comme l’enseignement supérieur, la qualité de l’eau potable et la réglementation financière. Pour ces activités, nous créons des structures non capitalistes telles que des universités, des instituts et des agences, parce que la société a besoin que ces choses soient faites, même si personne ne peut gagner de l’argent en les faisant.

Je pense que nous devons accorder plus d’attention à la qualité en général, et à la sécurité en particulier, des logiciels libres qui sont devenus la plate-forme sous-jacente de plus ou moins notre civilisation. D’où l’OSQI.

Ils veulent notre peau – Pour moi, les deux grandes leçons de #XZ sont d’abord le manque de ressources pour soutenir une infrastructure open source cruciale, mais ensuite et surtout la démonstration que les attaquants sont nombreux, compétents et patients. Nous savions déjà que les attaquants étaient nombreux et compétents, mais cet épisode, où l’attaquant était déjà bien implanté dans le projet dès mai 2022, a ouvert quelques yeux, dont les miens.

L’avantage, pour les différents types de malfaiteurs, de subvertir les pièces maîtresses de l’infrastructure open source est incalculable. Nous avons repéré #XZ ; combien en avons-nous manqué ?

Qu’est-ce que l’OSQI ? – C’est une organisation créée par un gouvernement national. Il est évident que plus d’une nation peut avoir un OSQI.

La grande majorité du personnel serait composée d’ingénieurs logiciels relativement expérimentés, avec un petit pourcentage de personnes paranoïaques non spécialisées dans la sécurité informatique. Il est possible de faire beaucoup avec seulement 250 personnes, et le coût supporté serait insignifiant pour un gouvernement important.

Puisqu’il est évident que toutes les entreprises du monde ayant un chiffre d’affaires d’un milliard ou plus dépendent de l’open source, il serait raisonnable d’imposer une taxe de, disons, 0,1 % du chiffre d’affaires à toutes ces entreprises, pour aider à soutenir ce travail. L’argent n’est pas un problème.

Structure – La sélection des progiciels qui feront l’objet de l’attention de l’OSQI sera laissée à l’organisation, bien qu’il y ait des possibilités pour quiconque de demander une vérification. L’organisation de l’ingénierie pourrait être relativement horizontale, la plupart des personnes accordant une attention individuelle à des projets individuels, puis des équipes ad hoc se formant pour la construction d’outils ou la gestion de crise lorsqu’un truc comme #XZ se produit.

Pourquoi y travaillerait-on ? – Le salaire serait correct ; moins que chez Google ou Facebook, mais un salaire décent de fonctionnaire. Il n’y aurait aucun soupçon que votre employeur essaie de rendre pire quoi que ce soit ; en fait, vous commenceriez à travailler le matin avec la certitude que vous essayez d’améliorer le monde. Le télétravail serait le mode de travail par défaut, de sorte que vous pourriez vivre dans un endroit où un salaire qui ne serait pas tout à fait celui de Google vous permettrait d’avoir un mode de vie très confortable. Il y aurait des vacances décentes, des avantages sociaux et (*ahem*) une pension de retraite.

Et il y a une certaine catégorie de personnes qui trouverait une joie quotidienne dans le fait de jeter un coup d’œil, de fouiller et de perfectionner des paquets open source dont dépendent des millions de programmeurs et (indirectement) des milliards d’êtres humains. Il y a quelques décennies, j’en aurais fait partie.

Je ne pense pas que le recrutement soit un problème.

Quels sont donc les objectifs et les non-objectifs de l’OSQI ?

Objectif : sécurité – Cela doit passer en premier. Si tout ce que l’OSQI accomplit est de déjouer quelques attaques du type de #XZ, et de rendre la vie plus difficile à ceux qui les commettent, c’est très bien.

Objectif : construction d’outils – Je pense qu’il est désormais acquis que les plus grandes surfaces d’attaque de l’open source sont les réseaux de dépendance et les outils de build. Ce sont des problèmes importants et complexes, mais faisons preuve d’audace et plaçons la barre haut :

Les logiciels libres doivent être construits de manière déterministe, vérifiable et reproductible, à partir de snapshots de code source signés. Ces snapshots doivent être exempts d’artefacts générés ; chaque élément du snapshot doit être écrit et lisible par l’homme.

Par exemple : comme l’a dit Kornel, sérieusement, rétrospectivement, #autotools lui-même est un risque massif pour la sécurité de la chaîne d’approvisionnement. Je ne plaisante pas ! Sauf que le réflexe de tout le monde c’est « Comment vous allez faire, ce truc est interdépendant avec à peu près tout ».

Il existe des alternatives ; je connais CMake et Meson. Sont-elles suffisantes ? Je n’en sais rien. Il est évident que GNU AutoHell ne peut pas être balayé de tous les recoins organiques dans lequel il se cache et qu’il infecte, mais chaque projet dont il sera éliminé présentera moins de danger pour le monde. Je pense que l’OSQI aurait la possibilité de faire de réels progrès sur ce front.

Non-objectif : fonctionnalités – L’OSQI ne devrait jamais investir de ressources techniques dans l’ajout de fonctionnalités intéressantes aux paquets open source (à l’exception peut-être des outils de build et de test). La communauté open source déborde d’énergie pour ajouter de nouvelles fonctionnalités, la plupart provenant de personnes qui veulent prendre le taureau par les cornes ou qui font face à un réel blocage au travail. Ils sont bien mieux placés pour apporter ces améliorations que n’importe qui à l’OSQI.

Objectif : maintenance – Beaucoup trop de paquets deep-infra sont de moins en moins maintenus au fur et à mesure que les gens vieillissent, sont débordés, fatigués, malades ou morts. Alors que j’écrivais ceci, un appel à l’aide m’est parvenu de Sebastian Pipping, l’excellent mainteneur d’Expat, le parser XML le plus populaire au monde, mais qui n’est pas supporté et n’est pas financé.

Et oui, il s’inscrit une tendance, qui comprend notamment le désormais célèbre paquet XZ Utils.

Je pense donc qu’une tâche utile pour l’OSQI serait de prendre en charge (idéalement partiellement) les tâches de maintenance pour de nombreux projets open source qui ont un ratio élevé d’adoption par rapport au support. Dans certains cas, l’OSQI devrait prendre une forme moins intensive, que nous appellerons « life support » [maintien en vie], où l’OSQI s’occupe des rapports de vulnérabilité mais refuse catégoriquement d’aborder les demandes de fonctionnalités, aussi triviales soient-elles, et rejette tous les PR à moins qu’ils ne viennent de quelqu’un qui est prêt à prendre en charge une partie de la charge de la maintenance.

L’un des avantages d’avoir des professionnels rémunérés qui s’en chargent est qu’ils peuvent éviter le type de harcèlement par ingénierie sociale que l’attaquant de #XZ a infligé au mainteneur de XZ-Utils (voir l’excellente chronologie de Russ Cox) et qui est malheureusement trop courant dans le monde de l’open source en général.

Objectif : analyse comparative – L’efficacité est un aspect de la qualité, et je pense qu’il serait parfaitement raisonnable que l’OSQI s’engage dans l’analyse comparative et l’optimisation. Il y a une raison non évidente à cela : #XZ a été démasqué lorsqu’un spécialiste de Postgres a remarqué des problèmes de performance.

Je pense qu’en général, si vous êtes une personne mal intentionnée et que vous essayez d’introduire une porte dérobée dans un paquetage open source, il sera difficile de le faire sans introduire des problèmes de performance. Je préconise depuis longtemps que les tests unitaires et/ou d’intégration devraient inclure un ou deux points de référence, juste pour éviter les régressions de performance bien intentionnées ; s’ils handicapent aussi les méchants, c’est un bonus.

Objectif : éducation et évangélisation – Le personnel de l’OSQI développera un pool commun de compétences approfondies pour rendre les logiciels libres plus sûrs et plus performants, et plus particulièrement pour détecter et repousser de multiples types d’attaques. Ils doivent les partager ! Blogs, conférences, etc. Il m’est même venu à l’esprit qu’il pourrait être judicieux de structurer l’OSQI en tant qu’institution éducative, autonome ou en tant qu’école supérieure de quelque chose d’existant.

Mais ce dont je parle, ce n’est pas d’articles dans le JACM avec comité de lecture, mais ce que mon père, professeur d’agriculture, appelait « vulgarisation » : transmettre les résultats de la recherche directement à ceux qui pratiquent.

Non-objectif : élaborer des normes – Le monde compte suffisamment d’organismes de normalisation. Je pourrais cependant imaginer que des employés de l’OSQI participent à l’IETF, à l’IEEE, au W3C ou à d’autres organismes, en travaillant sur des normes relatives à l’infosec.

Ce qui m’amène à…

Non-objectif : litiges – ou toute autre activité liée à l’application de la législation. L’objectif de l’OSQI est de résoudre les problèmes, de créer des outils et de partager les enseignements tirés de l’expérience. Cela sera plus facile si personne (à l’exception des attaquants) ne les considère comme une menace et si le personnel n’a pas à penser à la façon dont son travail et ses conclusions seront présentés devant un tribunal.

Et un non-objectif connexe…

Non-objectif : licences – L’intersection entre la catégorie de personnes qui feraient de bons ingénieurs OSQI et celles qui se soucient des licences open source est, heureusement, très réduite. Je pense que l’OSQI devrait accepter le paysage des licences qui existe et travailler dur pour éviter de penser à sa théologie.

Non-objectif : certification – Une fois que l’OSQI existera, l’appellation « certifié par l’OSQI » pourrait voir le jour. Mais ce serait une erreur ; l’OSQI devrait être une organisation d’ingénieurs ; le coût (mesuré par la bureaucratie requise) de la certification serait astronomique.

Objectif : transparence – L’OSQI ne peut pas se permettre d’avoir des secrets, à la seule exception des vulnérabilités fraîchement découvertes mais encore non divulguées. Et lorsque ces vulnérabilités sont divulguées, l’histoire de leur découverte et de leur caractérisation doit être partagée, entièrement et complètement. Cela semble être une base minimale pour construire le niveau de confiance qui sera nécessaire.

Paranoïa nécessaire – J’ai expliqué plus haut pourquoi l’OSQI pouvait être un lieu de travail agréable. Il y aura cependant un inconvénient : vous perdrez une partie de votre vie privée. Si l’OSQI réussit, il deviendra une cible de grande valeur pour nos adversaires. Dans le cours naturel des choses, de nombreux employés deviendront des committers sur des paquets populaires, ce qui augmentera leur attrait en tant que cibles pour les pots-de-vin ou le chantage.

Je me souviens d’un jour où un responsable de la sécurité d’un géant de l’Internet m’a dit : « Nous avons des milliers d’ingénieurs, et mon travail m’oblige à croire qu’au moins l’un d’entre eux a aussi un autre employeur ».

Je pense donc que l’OSQI doit employer un petit nombre d’experts paranoïaques en sécurité traditionnelle (pas en Infosec) pour surveiller leurs collègues, contrôler leurs finances et se méfier d’une manière générale. Ces personnes s’occuperaient également de la sécurité physique et de la sécurité du réseau de l’OSQI. Parce que les attaquants attaqueront.

Prononciation – Rime avec « bosky » [NDT : verdoyant], bien sûr. De plus, les personnes qui y travaillent sont des OSQIens. J’ai déposé le nom de domaine « osqi.org » et j’en ferai joyeusement don dans le cas, assez improbable, où cette idée aboutirait.

Vous êtes sérieux ? – Oui. Sauf que je ne parle plus avec la voix d’un employeur puissant. [NDT : Tim a travaillé pour de grands acteurs économiques de la tech]

Écoutez : pour le meilleur ou pour le pire, l’open source a gagné. [Note de l’auteur : pour le meilleur, bien sûr]. Cela signifie qu’il est devenu une infrastructure cruciale de la civilisation, que les gouvernements devraient activement soutenir et entretenir, tout comme les routes, les barrages et les réseaux électriques.

Ce n’est pas tant que l’OSQI, ou quelque chose de semblable, soit une bonne idée ; c’est que ne pas essayer d’atteindre ces objectifs, en 2024, est dangereux et insensé.


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