Hospitalier, (H)ac(k)tiviste, libriste, administrateur de Framasoft.
08.05.2021 à 02:00
Les médias sociaux ne sont pas des espaces démocratiques
[Ce billet a été publié sur le Framablog à cette adresse, le 15 mai 2021.]
Lors d’une récente interview avec deux autres framasoftiennes à propos du Fediverse et des réseaux sociaux dits « alternatifs », une question nous fut posée :
dans la mesure où les instances de service de micro-blogging (type Mastodon) ou de vidéo (comme Peertube) peuvent afficher des « lignes éditoriales » très différentes les unes des autres, comment gérer la modération en choisissant de se fédérer ou non avec une instance peuplée de fachos ou comment se comporter vis-à-vis d’une instance communautaire et exclusive qui choisit délibérément de ne pas être fédérée ou très peu ?
De manière assez libérale et pour peu que les conditions d’utilisation du service soient clairement définies dans chaque instance, on peut répondre simplement que la modération demande plus ou moins de travail, que chaque instance est tout à fait libre d’adopter sa propre politique éditoriale, et qu’il s’agit de choix individuels (ceux du propriétaire du serveur qui héberge l’instance) autant que de choix collectifs (si l’hébergeur entretient des relations diplomatiques avec les membres de son instance). C’est une évidence.
La difficulté consistait plutôt à expliquer pourquoi, dans la conception même des logiciels (Mastodon ou Peertube, en l’occurrence) ou dans les clauses de la licence d’utilisation, il n’y a pas de moyen mis en place par l’éditeur du logiciel (Framasoft pour Peertube, par exemple) afin de limiter cette possibilité d’enfermement de communautés d’utilisateurs dans de grandes bulles de filtres en particulier si elles tombent dans l’illégalité. Est-il légitime de faire circuler un logiciel qui permet à #lesgens de se réunir et d’échanger dans un entre-soi homogène tout en prétendant que le Fediverse est un dispositif d’ouverture et d’accès égalitaire ?
Une autre façon de poser la question pourrait être la suivante : comment est-il possible qu’un logiciel libre puisse permettre à des fachos d’ouvrir leurs propres instance de microblogging en déversant impunément sur le réseau leurs flots de haine et de frustrations ?1
Bien sûr nous avons répondu à ces questions, mais à mon avis de manière trop vague. C’est qu’en réalité, il y a plusieurs niveaux de compréhension que je vais tâcher de décrire ici. Il y a trois aspects :
- l'éthique du logiciel libre n’inclut pas la destination morale des logiciels libres, tant que la loyauté des usages est respectée, et la première clause des 4 libertés du logiciel libre implique la liberté d’usage : sélectionner les utilisateurs finaux en fonction de leurs orientations politique, sexuelles, etc. contrevient fondamentalement à cette clause…
- … mais du point de vue technique, on peut en discuter car la conception du logiciel pourrait permettre de repousser ces limites éthiques2,
- et la responsabilité juridique des hébergeurs implique que ces instances fachos sont de toute façon contraintes par l’arsenal juridique adapté ; ce à quoi on pourra toujours rétorquer que cela n’empêche pas les fachos de se réunir dans une cave (mieux : un local poubelle) à l’abri des regards.
Mais est-ce suffisant ? se réfugier derrière une prétendue neutralité de la technique (qui n’est jamais neutre), les limites éthiques ou la loi, ce n’est pas une bonne solution. Il faut se poser la question : que fait-on concrètement non pour interdire certains usages du Fediverse, mais pour en limiter l’impact social négatif ?
La principale réponse, c’est que le modèle économique du Fediverse ne repose pas sur la valorisation lucrative des données, et que se détacher des modèles centralisés implique une remise en question de ce que sont les « réseaux » sociaux. La vocation d’un dispositif technologique comme le Fediverse n’est pas d’éliminer les pensées fascistes et leur expression, pas plus que la vocation des plateformes Twitter et Facebook n’est de diffuser des modèles démocratiques, malgré leur prétention à cet objectif. La démocratie, les échanges d’idées, et de manière générale les interactions sociales ne se décrètent pas par des modèles technologiques, pas plus qu’elles ne s’y résument. Prétendre le contraire serait les restreindre à des modèles et des choix imposés (et on voit bien que la technique ne peut être neutre). Si Facebook, Twitter et consorts ont la prétention d’être les gardiens de la liberté d’expression, c’est bien davantage pour exploiter les données personnelles à des fins lucratives que pour mettre en place un débat démocratique.
Exit le vieux rêve du global village ? En fait, cette vieille idée de Marshall McLuhan ne correspond pas à ce que la plupart des gens en ont retenu. En 1978, lorsque Murray Turoff et Roxanne Hiltz publient The Network Nation, ils conceptualisent vraiment ce qu’on entend par « Communication médiée par ordinateur » : échanges de contenus (volumes et vitesse), communication sociale-émotionnelle (les émoticônes), réduction des distances et isolement, communication synchrone et asynchrone, retombées scientifiques, usages domestiques de la communication en ligne, etc. Récompensés en 1994 par l’EFF Pioneer Award, Murray Turoff et Roxanne Hiltz sont aujourd’hui considérés comme les « parents » des systèmes de forums et de chat massivement utilisés aujourd’hui. Ce qu’on a retenu de leurs travaux, et par la suite des nombreuses applications, c’est que l’avenir du débat démocratique, des processus de décision collective (M. Turoff travaillait pour des institutions publiques) ou de la recherche de consensus, reposent pour l’essentiel sur les technologies de communication. C’est vrai en un sens, mais M. Turoff mettait en garde3 :
Dans la mesure où les communications humaines sont le mécanisme par lequel les valeurs sont transmises, tout changement significatif dans la technologie de cette communication est susceptible de permettre ou même de générer des changements de valeur.
Communiquer avec des ordinateurs, bâtir un système informatisé de communication sociale-émotionnelle ne change pas seulement l’organisation sociale, mais dans la mesure où l’ordinateur se fait de plus en plus le support exclusif des communications (et les prédictions de Turoff s’avéreront très exactes), la communication en réseau fini par déterminer nos valeurs.
Aujourd’hui, communiquer dans un espace unique globalisé, centralisé et ouvert à tous les vents signifie que nous devons nous protéger individuellement contre les atteintes morales et psychiques de celleux qui s’immiscent dans nos échanges. Cela signifie que nos écrits puissent être utilisés et instrumentalisés plus tard à des fins non souhaitées. Cela signifie qu’au lieu du consensus et du débat démocratique nous avons en réalité affaire à des séries de buzz et des cancans. Cela signifie une mise en concurrence farouche entre des contenus discursifs de qualité et de légitimités inégales mais prétendument équivalents, entre une casserole qui braille La donna è mobile et la version Pavarotti, entre une conférence du Collège de France et un historien révisionniste amateur dans sa cuisine, entre des contenus journalistiques et des fake news, entre des débats argumentés et des plateaux-télé nauséabonds.
Tout cela ne relève en aucun cas du consensus et encore moins du débat, mais de l’annulation des chaînes de valeurs (quelles qu’elles soient) au profit d’une mise en concurrence de contenus à des fins lucratives et de captation de l’attention. Le village global est devenu une poubelle globale, et ce n’est pas brillant.
Dans cette perspective, le Fediverse cherche à inverser la tendance. Non par la technologie (le protocole ActivityPub ou autre), mais par le fait qu’il incite à réfléchir sur la manière dont nous voulons conduire nos débats et donc faire circuler l’information.
On pourrait aussi bien affirmer qu’il est normal de se voir fermer les portes (ou du moins être exclu de fait) d’une instance féministe si on est soi-même un homme, ou d’une instance syndicaliste si on est un patron, ou encore d’une instance d’un parti politique si on est d’un autre parti. C’est un comportement tout à fait normal et éminemment social de faire partie d’un groupe d’affinités, avec ses expériences communes, pour parler de ce qui nous regroupe, d’actions, de stratégies ou simplement un partage d’expériences et de subjectivités, sans que ceux qui n’ont pas les mêmes affinités ou subjectivités puissent s’y joindre. De manière ponctuelle on peut se réunir à l’exclusion d’autre groupes, pour en sortir à titre individuel et rejoindre d’autre groupes encore, plus ouverts, tout comme on peut alterner entre l’intimité d’un salon et un hall de gare.
Dans ce texte paru sur le Framablog, A. Mansoux et R. R. Abbing montrent que le Fediverse est une critique de l’ouverture. Ils ont raison. Là où les médias sociaux centralisés impliquaient une ouverture en faveur d’une croissance lucrative du nombre d’utilisateurs, le Fediverse se fout royalement de ce nombre, pourvu qu’il puisse mettre en place des chaînes de confiance.
Un premier mouvement d’approche consiste à se débarrasser d’une conception complètement biaisée d’Internet qui fait passer cet ensemble de réseaux pour une sorte de substrat technique sur lequel poussent des services ouverts aux publics de manière égalitaire. Évidemment ce n’est pas le cas, et surtout parce que les réseaux ne se ressemblent pas, certains sont privés et chiffrés (surtout dans les milieux professionnels), d’autres restreints, d’autres plus ouverts ou complètement ouverts. Tous dépendent de protocoles bien différents. Et concernant les médias sociaux, il n’y a aucune raison pour qu’une solution technique soit conçue pour empêcher la première forme de modération, à savoir le choix des utilisateurs. Dans la mesure où c’est le propriétaire de l’instance (du serveur) qui reste in fine responsable des contenus, il est bien normal qu’il puisse maîtriser l’effort de modération qui lui incombe. Depuis les années 1980 et les groupes usenet, les réseaux sociaux se sont toujours définis selon des groupes d’affinités et des règles de modération clairement énoncées.
À l’inverse, avec des conditions générales d’utilisation le plus souvent obscures ou déloyales, les services centralisés tels Twitter, Youtube ou Facebook ont un modèle économique tel qu’il leur est nécessaire de drainer un maximum d’utilisateurs. En déléguant le choix de filtrage à chaque utilisateur, ces médias sociaux ont proposé une représentation faussée de leurs services :
- Faire croire que c’est à chaque utilisateur de choisir les contenus qu’il veut voir alors que le système repose sur l’économie de l’attention et donc sur la multiplication de contenus marchands (la publicité) et la mise en concurrence de contenus censés capter l’attention. Ces contenus sont ceux qui totalisent plus ou moins d’audience selon les orientations initiales de l’utilisateur. Ainsi on se voit proposer des contenus qui ne correspondent pas forcément à nos goûts mais qui captent notre attention parce de leur nature attrayante ou choquante provoquent des émotions.
- Faire croire qu’ils sont des espaces démocratiques. Ils réduisent la démocratie à la seule idée d’expression libre de chacun (lorsque Trump s’est fait virer de Facebook les politiques se sont sentis outragés… comme si Facebook était un espace public, alors qu’il s’agit d’une entreprise privée).
Les médias sociaux mainstream sont tout sauf des espaces où serait censée s’exercer la démocratie bien qu’ils aient été considérés comme tels, dans une sorte de confusion entre le brouhaha débridé des contenus et la liberté d’expression. Lors du « printemps arabe » de 2010, par exemple, on peut dire que les révoltes ont beaucoup reposé sur la capacité des réseaux sociaux à faire circuler l’information. Mais il a suffi aux gouvernements de censurer les accès à ces services centralisés pour brider les révolutions. Ils se servent encore aujourd’hui de cette censure pour mener des négociations diplomatiques qui tantôt cherchent à attirer l’attention pour obtenir des avantages auprès des puissances hégémoniques tout en prenant la « démocratie » en otage, et tantôt obligent les GAFAM à se plier à la censure tout en facilitant la répression. La collaboration est le sport collectif des GAFAM. En Turquie, Amnesty International s’en inquiète et les exemples concrets ne manquent pas comme au Vietnam récemment.
Si les médias sociaux comme Twitter et Facebook sont devenus des leviers politiques, c’est justement parce qu’ils se sont présentés comme des supports technologiques à la démocratie. Car tout dépend aussi de ce qu’on entend par « démocratie ». Un mot largement privé de son sens initial comme le montre si bien F. Dupuis-Déri4. Toujours est-il que, de manière très réductrice, on tient pour acquis qu’une démocratie s’exerce selon deux conditions : que l’information circule et que le débat public soit possible.
Même en réduisant la démocratie au schéma techno-structurel que lui imposent les acteurs hégémoniques des médias sociaux, la question est de savoir s’il permettent la conjonction de ces conditions. La réponse est non. Ce n’est pas leur raison d’être.
Alors qu’Internet et le Web ont été élaborés au départ pour être des dispositifs égalitaires en émission et réception de pair à pair, la centralisation des accès soumet l’émission aux conditions de l’hébergeur du service. Là où ce dernier pourrait se contenter d’un modèle marchand basique consistant à faire payer l’accès et relayer à l’aveugle les contenus (ce que fait La Poste, encadrée par la loi sur les postes et télécommunications), la salubrité et la fiabilité du service sont fragilisés par la responsabilisation de l’hébergeur par rapport à ces contenus et la nécessité pour l’hébergeur à adopter un modèle économique de rentabilité qui repose sur la captation des données des utilisateurs à des fins de marketing pour prétendre à une prétendue gratuité du service5. Cela implique que les contenus échangés ne sont et ne seront jamais indépendants de toute forme de censure unilatéralement décidée (quoi qu’en pensent les politiques qui entendent légiférer sur l’emploi des dispositifs qui relèveront toujours de la propriété privée), et jamais indépendants des impératifs financiers qui justifient l’économie de surveillance, les atteintes à notre vie privée et le formatage comportemental qui en découlent.
Paradoxalement, le rêve d’un espace public ouvert est tout aussi inatteignable pour les médias sociaux dits « alternatifs », où pour des raisons de responsabilité légale et de choix de politique éditoriale, chaque instance met en place des règles de modération qui pourront toujours être considérées par les utilisateurs comme abusives ou au moins discutables. La différence, c’est que sur des réseaux comme le Fediverse (ou les instances usenet qui reposent sur NNTP), le modèle économique n’est pas celui de l’exploitation lucrative des données et n’enferme pas l’utilisateur sur une instance en particulier. Il est aussi possible d’ouvrir sa propre instance à soi, être le seul utilisateur, et néanmoins se fédérer avec les autres.
De même sur chaque instance, les règles d’usage pourraient être discutées à tout moment entre les utilisateurs et les responsables de l’instance, de manière à créer des consensus. En somme, le Fediverse permet le débat, même s’il est restreint à une communauté d’utilisateurs, là où la centralisation ne fait qu’imposer un état de fait tout en tâchant d’y soumettre le plus grand nombre. Mais dans un pays comme le Vietnam où l’essentiel du trafic Internet passe par Facebook, les utilisateurs ont-ils vraiment le choix ?
Ce sont bien la centralisation et l’exploitation des données qui font des réseaux sociaux comme Facebook, YouTube et Twitter des instruments extrêmement sensibles à la censure d’État, au service des gouvernements totalitaires, et parties prenantes du fascisme néolibéral.
L’affaire Cambridge Analytica a bien montré combien le débat démocratique sur les médias sociaux relève de l’imaginaire, au contraire fortement soumis aux effets de fragmentation discursive. Avant de nous demander quelles idéologies elles permettent de véhiculer nous devons interroger l’idéologie des GAFAM. Ce que je soutiens, c’est que la structure même des services des GAFAM ne permet de véhiculer vers les masses que des idéologies qui correspondent à leurs modèles économiques, c’est-à-dire compatibles avec le profit néolibéral.
En reprenant des méthodes d’analyse des années 1970-80, le marketing psychographique et la socio-démographie6, Cambridge Analytica illustre parfaitement les trente dernières années de perfectionnement de l’analyse des données comportementales des individus en utilisant le big data. Ce qui intéresse le marketing, ce ne sont plus les causes, les déterminants des choix des individus, mais la possibilité de prédire ces choix, peu importent les causes. La différence, c’est que lorsqu’on applique ces principes, on segmente la population par stéréotypage dont la granularité est d’autant plus fine que vous disposez d’un maximum de données. Si vous voulez influencer une décision, dans un milieu où il est possible à la fois de pomper des données et d’en injecter (dans les médias sociaux, donc), il suffit de voir quels sont les paramètres à changer. À l’échelle de millions d’individus, changer le cours d’une élection présidentielle devient tout à fait possible derrière un écran.
C’est la raison pour laquelle les politiques du moment ont surréagi face au bannissement de Trump des plateformes comme Twitter et Facebook (voir ici ou là). Si ces plateformes ont le pouvoir de faire taire le président des États-Unis, c’est que leur capacité de caisse de résonance accrédite l’idée qu’elles sont les principaux espaces médiatiques réellement utiles aux démarches électoralistes. En effet, nulle part ailleurs il n’est possible de s’adresser en masse, simultanément et de manière segmentée (ciblée) aux populations. Ce faisant, le discours politique ne s’adresse plus à des groupes d’affinité (un parti parle à ses sympathisants), il ne cherche pas le consensus dans un espace censé servir d’agora géante où aurait lieu le débat public. Rien de tout cela. Le discours politique s’adresse désormais et en permanence à chaque segment électoral de manière assez fragmentée pour que chacun puisse y trouver ce qu’il désire, orienter et conforter ses choix en fonction de ce que les algorithmes qui scandent les contenus pourront présenter (ou pas). Dans cette dynamique, seul un trumpisme ultra-libéral pourra triompher, nulle place pour un débat démocratique, seules triomphent les polémiques, la démagogie réactionnaire et ce que les gauches ont tant de mal à identifier7 : le fascisme.
Face à cela, et sans préjuger de ce qu’il deviendra, le Fediverse propose une porte de sortie sans toutefois remettre au goût du jour les vieilles représentations du village global. J’aime à le voir comme une multiplication d’espaces (d’instances) plus où moins clos (ou plus ou moins ouverts, c’est selon) mais fortement identifiés et qui s’affirment les uns par rapport aux autres, dans leurs différences ou leurs ressemblances, en somme dans leurs diversités.
C’est justement cette diversité qui est à la base du débat et de la recherche de consensus, mais sans en constituer l’alpha et l’oméga. Les instances du Fediverse, sont des espaces communs d’immeubles qui communiquent entre eux, ou pas, ni plus ni moins. Ils sont des lieux où l’on se regroupe et où peuvent se bâtir des collectifs éphémères ou non. Ils sont les supports utilitaires où des pratiques d’interlocution non-concurrentielles peuvent s’accomplir et s’inventer : microblog, blog, organiseur d’événement, partage de vidéo, partage de contenus audio, et toute application dont l’objectif consiste à outiller la liberté d’expression et non la remplacer.
Angélisme ? Peut-être. En tout cas, c’est ma manière de voir le Fediverse aujourd’hui. L’avenir nous dira ce que les utilisateurs en feront.
Notes
-
On peut se référer au passage de la plateforme suprémaciste Gab aux réseaux du Fediverse, mais qui finalement fut bloquée par la plupart des instances du réseau. ↩︎
-
Par exemple, sans remplacer les outils de modération par du machine learning plus ou moins efficace, on peut rendre visible davantage les procédures de reports de contenus haineux, mais à condition d’avoir une équipe de modérateurs prête à réceptionner le flux : les limites deviennent humaines. ↩︎
-
Turoff, Murray, and Starr Roxane Hiltz. 1994. The Network Nation: Human Communication via Computer. Cambridge: MIT Press, p. 401. ↩︎
-
Dupuis-Déri, Francis. Démocratie, histoire politique d’un mot: aux États-Unis et en France. Montréal (Québec), Canada: Lux, 2013. ↩︎
-
Et même si le service était payant, l’adhésion supposerait un consentement autrement plus poussé à l’exploitation des données personnelles sous prétexte d’une qualité de service et d’un meilleur ciblage marketing ou de propagande. Pire encore s’il disposait d’une offre premium ou de niveaux d’abonnements qui segmenteraient encore davantage les utilisateurs. ↩︎
-
J’en parlerai dans un article à venir au sujet du courtage de données et de la société Acxiom. ↩︎
-
…pas faute d’en connaître les symptômes depuis longtemps. Comme ce texte de Jacques Ellul paru dans la revue Esprit en 1937, intitulé « Le fascisme fils du libéralisme », dont voici un extrait : « [Le fascisme] s’adresse au sentiment et non à l’intelligence, il n’est pas un effort vers un ordre réel mais vers un ordre fictif de la réalité. Il est précédé par tout un courant de tendances vers le fascisme : dans tous les pays nous retrouvons ces mesures de police et de violence, ce désir de restreindre les droits du parlement au profit du gouvernement, décrets-lois et pleins pouvoirs, affolement systématique obtenu par une lente pression des journaux sur la mentalité courante, attaques contre tout ce qui est pensée dissidente et expression de cette pensée, limitation de liberté de parole et de droit de réunion, restriction du droit de grève et de manifester, etc. Toutes ces mesures de fait constituent déjà le fascisme. ». ↩︎
15.04.2021 à 02:00
Contrôler les assistés
Contrôler les assistés s’est imposé à partir des années 1990 en France comme un mot d’ordre politique, bureaucratique et moral. Jamais les bénéficiaires d’aides sociales, et parmi eux les plus précaires, n’avaient été aussi rigoureusement surveillés, ni leurs illégalismes ou leurs erreurs si sévèrement sanctionnés. Ce renforcement du contrôle n’est cependant pas réductible à des préoccupations financières. Ainsi, moins sévèrement réprimés, l’évasion fiscale ou les défauts de paiement des cotisations sociales par les employeurs atteignent des montants sans commune mesure avec ceux qui concernent les erreurs ou abus des bénéficiaires d’aides sociales, traqués sans relâche.
Un mécanisme implacable à plusieurs facettes sous-tend cette spirale rigoriste à l’égard des assistés : des leaders politiques qui pourfendent la fraude sociale et qui parviennent à stigmatiser leurs contradicteurs comme naïfs ou complices ; des administrations qui surenchérissent dans des technologies de contrôle toujours plus performantes ; une division du travail bureaucratique qui déréalise et déshumanise le traitement des cas ; le fonctionnement interne de commissions où la clémence est toujours plus difficile à défendre que la sévérité ; le point d’honneur professionnel du contrôleur de la caisse locale qui traque la moindre erreur au nom de l’exactitude des dossiers.
Au nom de la responsabilisation individuelle, de la lutte contre l’abus, de la maîtrise des dépenses, un service public fondamental qui vise à garantir des conditions de vie dignes à tous les citoyens contribue désormais à un gouvernement néopaternaliste des conduites qui stigmatise et précarise les plus faibles.
Dubois, Vincent. Contrôler les assistés. Genèses et usages d’un mot d’ordre. Raisons d’Agir, 2021.
Lien vers le site de l’éditeur : https://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/controler-les-assistes/
11.04.2021 à 02:00
Lettres et articles avec Zettlr ou Pandoc
Utiliser le célèbre convertisseur de document pandoc signifie manier (un tout petit peu) la ligne de commande. Rien de sorcier, pour peu d’être assez ouvert d’esprit pour comprendre qu’en matière de traitement de texte tout n’est pas censé se régler au clic de souris. Cela dit, le logiciel Zettlr permettent de s’affranchir de la ligne de commande tout en utilisant la puissance de pandoc. Zettlr propose une interface optimale pour écrire du texte en markdown et exporter dans différents formats. Il suffit d’aller voir dans les préférences avancées de Zettlr pour constater que ce dernier utilise une sorte de ligne de commande universelle avec pandoc pour réaliser ses exports. Pour ce qui concerne l’export en PDF, Zettlr utilise aussi LaTeX qu’il faudra installer sur la machine au préalable, tout comme pandoc.
J’ai écrit un petit billet sur Zettlr. Vous pouvez aller le lire pour mieux comprendre ce que je vais raconter ci-dessous.
Si vous n’avez pas envie de lire ce billet et souhaitez directement vous servir des modèles que je propose, vous trouverez l’ensemble sur ce dépôt GIT. Il y a un fichier README
suffisant.
Pandoc et LaTeX
Qu’en est-il de la mise en page ? C’est là que les avantages combinés de pandoc et de LaTeX entrent en jeu : il est possible, en quelque sorte, de « programmer » la mise en page en élaborant des modèles qui utilisent différentes variables renseignées dans le fichier source en markdown. Bien entendu, on peut créer des modèles pour tout type d’export avec pandoc et d’ailleurs ce dernier utilise une batterie de modèles par défaut, mais ces derniers ne sont pas toujours adaptés à la sortie finale : qu’on utilise Zettlr ou non (ou n’importe quel éditeur de texte), il faut savoir compléter son fichier markdown avec des informations destinées à être taitées par pandoc.
Pour information, si pandoc s’utilise en ligne de commande, c’est parce qu’il y a toute une batterie d’options et de commandes que pandoc est capable d’exécuter. Pour éviter de les entrer systématiquement en ligne de commande, on peut les indiquer simplement dans l’en-tête du fichier markdown (ou dans un fichier séparé). Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, vous pouvez vous reporter à ce document.
Pour donner un exemple trivial : si vous voulez que votre document markdown une fois exporté comporte un titre, un nom d’auteur et une date, il vous suffit de les indiquer de cette manière dans l’en-tête au début du document (on les appellera des « métadonnées ») :
``
% Le titre
% Prénom Nom
% 17/02/2021
``
Ou bien, en utilisant le format YAML :
``
---
title: "Le titre"
date: "17 février 2021"
author: "Prénom Nom"
...
``
Ainsi, pandoc les interprétera et, en utilisant un modèle par défaut ou un modèle de votre cru, reportera ces variables aux emplacements voulus dans la mise en page.
Si vous voulez écrire un article académique et le sortir en PDF en utilisant pandoc qui lui-même utilisera LaTeX, il vous faut donc réunir les éléments suivants :
- un modèle LaTeX (ou se contenter des modèles LaTEX par défaut de pandoc),
- des métadonnées à entrer après s’être bien renseigné sur la manuel d’utilisation de pandoc,
- un fichier de bibliographie,
- un fichier de style de présentation de la bibliographie.
En comptant les options courantes de pandoc que vous souhaitez utiliser, vous risquez de vous retrouver avec une ligne de commande assez longue… pour éviter cela, vous pouvez automatiser le tout avec un makefile
que vous pourrez réutiliser plus tard pour d’autres documents, mais bigre… cela commence à devenir bien complexe pour qui n’a pas forcément envie d’y passer trop de temps, à moins de concevoir une fois pour toute une chaîne éditoriale que vous adapterez au fil du temps (c’est une option).
Zettlr et les modèles
Un grand avantage de Zettlr est de vous décharger de plusieurs de ces contraintes, en plus d’offrir une interface vraiment pratique entièrement destinée à l’écriture. Pour réaliser des exports, il vous faudra seulement installer pandoc. Et pour réaliser des exports PDF, il vous faudra installer LaTeX (je préconise une installation complète, par exemple Texlive-full
).
Le fichier et le style CSL de bibliographie ? il vous suffit de les renseigner dans les préférences de Zettlr une fois pour toutes.
Le modèle de sortie PDF ? idem, vous le renseignez dans les préférences d’export PDF.
Et pour exporter ? il vous suffira de cliquer sur l’icône PDF.
Tout cela demeure assez simple, sauf que si vous rédigez un article sans chercher à travailler la question des métadonnées, votre sortie PDF risque de vous décevoir : pandoc utilisera le modèle par défaut, c’est-à-dire la classe [article]
de LaTeX, qui en soi est une excellente mise en page, mais ne colle pas forcément à vos souhaits.
Réaliser des modèles pour pandoc est chose assez facile. En effet, si vous comprenez des notions informatiques basiques comme « pour…si…ou…alors », la syntaxe des modèles pandoc ne posera guère de problème. Il faudra néanmoins maîtriser LaTeX si vous voulez créer un modèle LaTeX.
Mes modèles article, rapport et lettre
Pour vous éviter d’y passer trop de temps, je vous propose d’utiliser mes modèles élaboré pour des articles, des rapports ou des lettres simples.
J’ai pris le parti de réaliser un modèle LaTeX destiné à chaque fois à la sortie voulue, là où le modèle pandoc par défaut permet de créer un article, une présentation ou un livre en indiquant simplement la classe voulue. Ce modèle par défaut inclu donc de nombreuses variables mais à trop vouloir être généraliste, je pense qu’on loupe l’essentiel.
Pour utiliser mes modèles, il vous suffit de réutiliser les fichiers markdown renseigner les différents éléments présents dans les en-têtes YAML de ces fichiers. Si vous voulez modifier les modèles eux-mêmes, il vous suffit de les éditer : j’ai tâché de commenter et de bien séparer les éléments importants.
Ces modèles utilisent KOMA-script, la classe scrartcl
pour les article, scrreprt
pour les rapports et scrlttr2
pour les lettres. Si vous connaissez LaTeX, vous comprendrez que KOMA-script est un excellent choix pour des documents européens (il fut créé au départ pour des documents de langue allemande, mais il fut rapidement adapté à différentes pratiques d’écriture, dont le Français).
Pour résumer très simplement :
- si vous écrivez une lettre, renseignez dans Zettlr le chemin vers le modèle dans les préférences d’export PDF,
- si vous écrivez un article ou un rapport, renseignez dans Zettlr le chemin vers le modèle dans les préférences d’export PDF et notez que le modèle utilise les styles CSL pour la bibliographie (pas de biblatex ou de natbib, donc),
- si vous ne voulez pas utiliser Zettlr, et uniquement pandoc, je vous ai indiqué dans le
README
les lignes de commande à utiliser (ce sont celles qu’utilise Zettlr, en fait).
Vous trouverez l’ensemble sur ce dépôt GIT.
06.03.2021 à 01:00
Parcours VTT. Grendelbruch-Hohwald
Voilà très longtemps que je n’avais pas proposé sur ce blog un bon vieux parcours VTT. Celui-ci a un objectif particulier : après quelques sorties de remise en jambes après l’hiver, un parcours long de dénivelé moyen permet de travailler foncièrement l’endurance. Le parcours ne présente aucune difficulté particulière du point de vue de la technique de pilotage. Quelques singles viendront briser la monotonie et il n’y a que deux passages où le portage du vélo sur 10 mètres sera nécessaire (outre les éventuelles grumes, mais de cela nous sommes habitués).
Caractéristiques du parcours
- 50 kilomètres
- 980 à 1000 mètres de dénivelé positif.
Regardez le tracé de près avant de partir pour ne pas être surpris : certaines directions peuvent prêter à confusion et tous les chemins empruntés ne sont pas balisés par le Club Vosgien.
Descriptif
Au départ de Grendelbruch (parking de l’église) nous démarrons (déjà) à 530 m d’altitude. En guise d’échauffement, un peu de bitume pour monter en direction de la Nécropole puis le col du Bruchberg. Là je préconise encore un peu de bitume (si vous prenez les rectangles jaunes dans l’enclos à vaches, à moins d’être en plein été et au sec, vous allez galérer entres les bouses et la boue, dès le début du parcours…). Nous enchaînons la montée sur le Shelmeck puis tour du Hohbuhl jusqu’au col de Birleylaeger.
Nous rejoignons le col de Franzluhr pour prendre les croix bleues jusque la Rothlach (953 m), sans se poser de question. Chemin large (sauf une petite variante à ne pas louper en single, regardez la trace de près). Une fois à la Rothlach, nous prenons la route forestière (GR 531), puis bifurcation sur la Vieille Métairie. On enchaîne alors la montée vers le Champ du Feu (1098 m).
Nous changeons alors de versant en passant par le Col de la Charbonnière afin de rejoindre (croix jaunes puis cercles rouges puis de nouveau croix jaunes) le Col du Kreuzweg (sur le chemin, joli point de vue sur Breitenbach). Puis poursuite des croix jaunes pour monter sur la Grande Bellevue. Là, une pause en profitant de la vue et du soleil s’il y en a !
Il est temps alors de commencer à descendre vers le Hohwald par un sympatique sentier (variante GR balisage rouge et blanc, ou ronds jaunes). Une fois au Hohwald, on commence la montée vers Welschbruch via le GR 5, et enchaînement (croix jaunes) sur la montée vers la Rothlach (sentier).
Il est temps d’amorcer le chemin de retour. Pour cela, depuis la Rothlach, on emprunte un chemin forestier pour rejoindre le GR 5, et après un passage amusant on rejoint le Champ du Messin. Encore un sentier de descente vers le Col de Franzluhr. On reprend en sens inverse le chemin vers le col de Birleylaeger. Bifurcation sur le Hohbuhl puis grande descente du Shelmeck. On termine alors par le tour du Bruchberg (attention, une partie du chemin non balisé en single) et retour vers le centre de Grendelbruch.
Avis
Comme on peut le constater, mis à part quelques singles amusants le parcours s’apparente à une promenade plutôt longue avec un faible dénivelé (compte-tenu de la longueur). Tout se joue sur l’endurance et la possibilité, surtout dans la seconde partie du parcours, de pousser un peu la machine pour rentrer plus vite.
Pour affronter les deux montées finales vers Welschbruch et la Rothlach, aussi amusantes qu’elles soient sur des singles (qu’habituellement on descend, n’est-ce pas ?), vous devrez vous obliger à bien doser votre effort dans la première partie. Il faut garder du coffre pour réaliser presque autant de dénivelé que la premmière partie en deux fois moins de longueur de parcours.
Une variante si vous êtes en mal de descente rapide (je ne parle pas de DH, hein?), consiste à couper directement du Champ du feu (GR 5 via la cascade) ou de la vieille Métairie (triangles rouges) vers le Hohwald. Ces sentiers sont connus et forts sympathiques à descendre, en revanche on ampute très largement ce parcours.
Bonne rando !
P.S.: pour récupérer les données du parcours, dans la carte ci-dessous : cliquez sur la petite flèche du menu de gauche, puis sur « exporter et partager la carte ». Puis dans al section « Télécharger les données », sélectionnez le format voulu et téléchargez.
09.02.2021 à 01:00
Red Mirror
La Chine a longtemps été considérée comme « l’usine du monde » fabriquant pour l’Occident, grâce à sa main d’oeuvre surexploitée, les biens de consommation puis les objets technologiques conçus dans la Silicon Valley.
Cette période est révolue : en développant massivement recherche, éducation et investissements, la Chine est devenue leader dans le domaine des technologies. Intelligence artificielle, villes intelligentes, paiement via les smartphones, surveillance et reconnaissance faciale sont déjà des réalités de l’autre côté de la Grande muraille numérique.
L’avenir s’écrit dorénavant en Chine. Mais quel avenir ?
Les stratégies géopolitiques de Xi Jinping, l’organisation du contrôle social et l’acceptation confucéenne de la surveillance personnalisée par le plus grand nombre sont le moteur de ce développement à marche forcée. Et ouvre la porte d’un monde qui ressemble déjà à la série dystopique dont s’inspire le titre de cet ouvrage.
Un regard lucide sur la place du numérique dans la Chine d’aujourd’hui, écrit par un journaliste qui y a vécu longtemps et qui continue de suivre les évolutions rapides des industries de pointe. Alors que les équilibres mondiaux changent, le récit de Simone Pieranni donne des clés essentielles pour comprendre la nouvelle situation.
Pieranni, Simone. Red Mirror. L’avenir s’écrit en Chine. CF Editions, 2021.
Lien vers le site de l’éditeur : https://cfeditions.com/red-mirror/
01.02.2021 à 01:00
Loi sécurité globale : analyse
La proposition de loi « Sécurité globale » fut déposée en octobre 2020 par deux députés du mouvement La République en Marche, Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue. Elle fut adoptée le 24 novembre 2020 par l’Assemblée Nationale. Le texte tout entier relève d’une volonté d’appliquer une idéologie extrêmiste et sécuritaire, opposée aux libertés comme aux principes fondamentaux de la justice. Cette idéologie conçoit le citoyen comme une menace et redéfini la démocratie dans ce que permet ou ne permet pas le pouvoir de la technopolice. L’un de ses piliers est un marché des technologies et du travail de la surveillance. Ce film de Karine Parrot et Stéphane Elmadjian en propose une analyse critique et pertinente.
Sept juristes décryptent la loi Sécurité Globale
— Synopsis —
Novembre 2020. L’état d’urgence sanitaire est en vigueur. La population française est confinée, nul ne peut sortir de chez soi, sauf dans quelques cas « dérogatoires » et moyennant une attestation. C’est précisément ce moment hors du commun que le gouvernement choisit pour faire adopter – suivant la procédure d’urgence – une loi sur « la sécurité globale » qui vient accroître les dispositifs de contrôle et de surveillance.
Que signifie cette idée de « sécurité globale » et d’où vient-elle ? Quels sont les nouveaux systèmes de surveillance envisagés ? Qu’est-ce que le continuum de sécurité ? Que révèle le processus parlementaire d’adoption de la loi ? Pourquoi la liberté d’opinion est-elle menacée ?
Ce film croise les points de vue de sept universitaires, chercheuses et chercheurs en droit, spécialistes du droit pénal, de politique criminelle, des données personnelles et de l’espace public. Interrogées sur cette proposition de loi « Sécurité globale », ils et elles décryptent les dispositifs techno-policiers prévus par le texte et, au-delà, le projet politique qu’il recèle.
- Persos A à L
- Mona CHOLLET
- Anna COLIN-LEBEDEV
- Julien DEVAUREIX
- Cory DOCTOROW
- EDUC.POP.FR
- Marc ENDEWELD
- Michel GOYA
- Hubert GUILLAUD
- Gérard FILOCHE
- Alain GRANDJEAN
- Hacking-Social
- Samuel HAYAT
- Dana HILLIOT
- François HOUSTE
- Tagrawla INEQQIQI
- Infiltrés (les)
- Clément JEANNEAU
- Paul JORION
- Michel LEPESANT
- Frédéric LORDON
- Blogs persos du Diplo
- LePartisan.info
- Persos M à Z
- Henri MALER
- Christophe MASUTTI
- Romain MIELCAREK
- Richard MONVOISIN
- Corinne MOREL-DARLEUX
- Fabrice NICOLINO
- Timothée PARRIQUE
- Emmanuel PONT
- VisionsCarto
- Yannis YOULOUNTAS
- Michaël ZEMMOUR
- Numérique
- Binaire [Blogs Le Monde]
- Christophe DESCHAMPS
- Louis DERRAC
- Olivier ERTZSCHEID
- Olivier EZRATY
- Framablog
- Francis PISANI
- Pixel de Tracking
- Irénée RÉGNAULD
- Nicolas VIVANT
- Collectifs
- Arguments
- Bondy Blog
- Dérivation
- Dissidences
- Mr Mondialisation
- Palim Psao
- Paris-Luttes.info
- ROJAVA Info
- Créatifs / Art / Fiction
- Nicole ESTEROLLE
- Julien HERVIEUX
- Alessandro PIGNOCCHI
- XKCD