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19.05.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
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Human Rights Watch (HRW) a publié mercredi 14 mai un rapport accablant sur les conditions de travail des migrants employés sur les chantiers, qui s’accélèrent à l’approche de l’événement.
Le rapport : Arabie saoudite : Des travailleurs migrants électrocutés, décapités et victimes de chutes mortelles au travail (hrw.org)
Les manifestant·es qui contestent depuis six mois le pouvoir en place en Serbie se sont joints à la lutte contre la plus grande mine de lithium d’Europe. Ce projet, soutenu par l’UE, menace les réserves d’eau potable du pays.
L’abolition du nucléaire en Belgique, votée en 2003, a été rayée d’un trait de plume, jeudi 15 mai, par les députés du pays. L’arrêt total des sept réacteurs belges, initialement prévu pour 2025 et repoussé à 2035 pour deux d’entre eux, objet d’une loi emblématique il y a deux décennies, est ainsi enterré.
Electronic visa data and biometric technologies will be used by the UK’s immigration enforcement authorities to surveil migrants living in the country and to ‘tighten control of the border’, attracting strong criticism from migrant support groups
Pendant plus de 20 ans, des cybercriminels ont transformé des milliers de routeurs obsolètes en proxys résidentiels pour dissimuler leurs activités illégales. Après une traque d’un an, les autorités viennent de démanteler le réseau Anyproxy/5Socks et d’inculper quatre personnes.
Microsoft founder Bill Gates said he intends to give away 99 % of his vast fortune over the next 20 years. Gates said he would accelerate his giving via his foundation, with plans to end its operations in 2045.”People will say a lot of things about me when I die, but I am determined that ‘he died rich’ will not be one of them,” he wrote in a blog post on Thursday.
The International Criminal Court’s chief prosecutor has lost access to his email, and his bank accounts have been frozen.The Hague-based court’s American staffers have been told that if they travel to the U.S. they risk arrest.
Voir aussi Microsoft a supprimé le compte email du procureur de la Cour pénale internationale (next.ink)
Progressive streamer Hasan Piker’s recent detention by CBP at the Chicago airport has generated widespread outrage — and rightfully so. No US citizen should be interrogated about their political beliefs when re-entering their own country. But while CBP’s behavior was egregious, Piker’s response was potentially even more dangerous : he chose to engage in a two-hour conversation with federal agents without a lawyer present, streaming about it afterward as if this were just more content for his millions of followers.
A Nashville restaurant owned by MAGA musician Kid Rock reportedly closed over the weekend to avoid the Trump administration’s ICE raids.
Pour limiter les conséquences des politiques menées par le président américain, certains élus tentent non sans mal de jouer de leur pouvoir, comme le prévoit le système fédéral.
“By proving this engine works beyond the lab, Venus brings the world closer to a future where hypersonic travel—traversing the globe in under two hours—becomes possible
Carla Hayden, the first African American to hold the post, was fired over diversity initiatives.
À ce jour, la limite théorique de survie humaine était de 35 °C au thermomètre humide, ce qui représente 35 °C avec une humidité de 100 % ou 46 °C avec 50 % d’humidité. Or, les présents travaux montrent que cette limite est plus basse et serait comprise entre 26 °C et 31 °C au thermomètre humide.
La glaciologue ne cesse d’alerter depuis des années sur les menaces imminentes qui pèsent sur les glaciers en raison du changement climatique, alors que l’Unesco et l’Organisation météorologique mondiale ont déclaré 2025 année internationale de leur préservation. Elle épingle, au passage, le solutionnisme technologique.
Meta has announced it will use EU personal data from Instagram and Facebook users to train its new AI systems from 27 May onwards. Instead of asking consumers for opt-in consent, Meta relies on an alleged ‘legitimate interest’ to just suck up all user data.
In response to X user queries about everything from sports to Medicaid cuts, the xAI chatbot inserted unrelated information about “white genocide” in South Africa.
Et xAI says an “unauthorized” prompt change caused Grok to focus on “white genocide” (arstechnica.com)
The code review process in place for such changes was “circumvented in this incident,” it continued, without providing further details on how such circumvention could occur
Research flags rise in one-dimensional health research fueled by large language models
“As cost unfortunately seems to have been a too predominant evaluation factor when organizing this, what you end up having is lower quality”
En voulant ébahir le public avec des images générées par intelligence artificielle, la société de production de George Lucas a réussi à se mettre à dos ses plus grands fans.
Dans le sud de la Syrie, les agriculteurs de la vallée du Yarmouk vivent sous la menace constante des incursions militaires israéliennes. Depuis décembre, ils sont privés d’accès à leurs terres et confrontés à une crise de l’eau.
Selon le Hamas, au moins 28 personnes ont été tuées mardi dans des frappes israéliennes sur deux hôpitaux de Gaza.
La Défense civile palestinienne a recensé, jeudi 15 mai, plus de 160 morts en moins de 48 heures sous les bombardements israéliens. Si le blocus total de l’aide humanitaire et la famine qu’il entraîne ont suscité de multiples condamnations internationales, aucune action concrète n’a été entreprise pour y mettre un terme
New York University is withholding a student’s diploma after he condemned Israel’s deadly war on Gaza during his graduation ceremony speech. On Wednesday, Logan Rozos, an undergraduate student speaker from NYU’s Gallatin School of Individualized Study, delivered his commencement speech in which he said : “The only thing that is appropriate to say in this time and to a group this large is a recognition of the atrocities currently happening in Palestine.”
Créée en février dernier, la Fondation humanitaire pour Gaza se dit prête à livrer 300 millions de repas aux Gazaouis en quelques semaines. Mais ses objectifs, ses plans et ses dirigeants semblent plutôt indiquer qu’elle n’est qu’un faux nez des États-Unis et d’Israël pour appliquer le plan de contrôle total sur Gaza.
Voir aussi A new aid regime for Gaza : Humanitarian facade, military core (globalvoices.org)
Comment ont-ils pu laisser cela se produire ? C’est la question que tout le monde se pose, des années plus tard, en repensant aux crimes atroces commis dans le passé. Tout semble si clair dans les livres d’histoire : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide…Ce n’est pas que ces choses ne soient pas claires sur le moment. En fait, elles sont souvent documentées de manière très détaillée
La bande de Gaza est confrontée à « un génocide, un écocide et un futuricide », dénonce l’historienne et politiste Stéphanie Latte Abdallah. Elle a dirigé l’ouvrage collectif « Gaza, une guerre coloniale », paru le 14 mai.
Enterrer ses morts, leur donner une sépulture et faire son deuil est un acte éminemment politique lorsqu’il s’exerce sous domination coloniale. En ce qu’il représente un moment de rassemblement et de communion, il est un acte de résistance. Pour cela, Israël en a fait une cible de sa politique.
Dans Put your soul on your hand and walk, une cinéaste iranienne filme ses conversations avec une jeune photographe palestinienne de Gaza, tuée le 16 avril dernier.
Mexico’s first presidenta pledges full restitution and recognition of sacred sites as Wixárika leaders celebrate long-overdue justice in the mountains of Nayarit.
She’s a Russian-born researcher who was detained by Customs and Border Protection back in February when traveling back from a conference in France. […] Apparently out of sheer spite, and faced with the prospect of losing another case where they had egregiously overreached and overreacted, the government charged Petrova with felony smuggling. That’s a charge that carries up to 20 years in prison.
Adriana Smith était enceinte de neuf semaines quand elle a été admise à l’hôpital. Ses proches déplorent n’avoir aucun pouvoir décisionnaire sur son maintien en vie.
Le tribunal administratif de la Martinique a condamné, le 12 mai, l’État français à indemniser deux anciennes ouvrières agricoles exposées au chlordécone […] Chacune recevra 10 000 euros en réparation du « préjudice moral d’anxiété » lié au risque élevé de contracter des pathologies graves, comme la maladie de Parkinson ou certains cancers du sang, reconnus comme maladies professionnelles
Après une inspection sur le thème des contrefaçons, falsifications et fraudes sur le site EPR de Flamanville (Manche), le gendarme du nucléaire, l’ASNR, a rendu un rapport sévère.
Selon les révélations de Mediapart, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) prévoit de sous-traiter la sécurité à l’entrée des sites nucléaires sensibles, y compris des installations militaires.
Inondées par des centaines de milliers de tonnes de vêtements mis sur le marché chaque année et jetés au même rythme, la France et ses ressourceries étouffent sous les déchets textiles. Pendant longtemps, la situation a été maîtrisée par l’export de nos fripes à l’étranger, mais ce système, pris dans un circuit engorgé par la surproduction, s’écroule.
La petite ville du Finistère est entrée dans le Guinness World Records en rassemblant des personnes déguisées en Schtroumpf. […] Pour qu’aucun Schtroumpf ne manque à l’appel, le maire avait pris un arrêté municipal insolite, pour interdire aux bars de la ville de vendre des boissons aux Schtroumpfs pendant le comptage du rassemblement.
Les notifications Pronote qui apparaissent sur le téléphone à toute heure, même tard le soir, pour informer des devoirs, de l’arrivée de nouvelles notes ou d’un changement d’emploi du temps seront peut-être bientôt de l’histoire ancienne.
Pour bénéficier de tarifs préférentiels dans ses transports publics, la région Occitanie incite à utiliser une application créée par une start-up suisse qui repose sur la géolocalisation de ses utilisateurices.
« C’est la première fois qu’un juge français vient reconnaître le caractère discriminatoire du refus de la CPAM et l’atteinte à la vie privée. C’est inédit »
Voir aussi Un jeune homme trans, à qui la CPAM refusait de prendre en charge une mastectomie, obtient gain de cause en justice (franceinfo.fr)
La juge a ordonné mercredi à la caisse primaire d’assurance-maladie du Bas-Rhin de prendre en charge l’intervention chirurgicale et, reconnaissant un préjudice, l’a condamnée à verser au requérant 3 000 euros de dommages et intérêts.
Les infractions anti-LGBT + ont augmenté de 5 % en France l’an dernier, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Les « crimes et délits » sont en hausse de 7 %.
Une douzaine d’anciens élèves de l’établissement d’enseignement privé catholique Le Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (29) dénoncent des violences physiques et sexuelles qui auraient été commises dans les années 1950 à 1980 par des membres du corps enseignant de cette institution réputée.
L’administration Trump a fait une priorité de la lutte contre les politiques de diversité et d’inclusion au sein des universités, de l’administration et des grandes entreprises, qu’elles aient ou non leur siège aux États-Unis. Du côté des grands groupes français, on préfère éviter le sujet.
Le 7 mai, la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, présentait le plan « Filles et maths », pour inciter les filles à étudier les sciences. Ces inégalités sont loin d’être nouvelles, et ont même été aggravées par la réforme de 2019 du lycée de Jean-Michel Blanquer.
les femmes ont une empreinte carbone 26 % moins élevée dans les domaines de l’alimentation et des transports.
Voir aussi The gender gap in carbon footprints : determinants and implications (lse.ac.uk)
Une jeune technicienne naturaliste a été agressée par un agriculteur, ancien patron de la FNSEA de Loire-Atlantique. Un nouvel incident dans la guerre de l’agro-industrie contre les acteurs de l’environnement.
Victoire surprise pour le groupe Liot, jeudi 15 mai, à l’Assemblée. Après le rejet en commission du moratoire sur la fermeture des maternités mis sur la table par le groupe parlementaire, les députés l’ont voté en séance et ont adopté l’ensemble de la proposition de loi visant à lutter contre la mortalité infantile, portée par Paul-André Colombani.
Des femmes et leurs enfants dorment depuis des semaines dans la rue au nord de Paris, faute de logement et d’hébergement d’urgence. Regroupées dans un collectif, elles ont récemment occupé l’université Paris-8, avant d’en être expulsées.
Le tribunal correctionnel a aussi prononcé une peine d’inéligibilité de deux ans ainsi que son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. Son avocat, Jérémie Assous, a aussitôt annoncé que son client fera appel de ces condamnations.
Voir aussi Depardieu condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles : “C’est une première victoire” (telerama.fr)
« Dorénavant, on sait que Gérard Depardieu est bien un agresseur sexuel. »
Et Anouk Grinberg : “Pour une fois, dans l’affaire Depardieu, les plaignantes ont été entendues” (france24.com)
“Souvent, ces jeunes femmes sont victimes d’actes de violences par leur proxénète. Ou se sentent en danger. Certaines appellent alors 17, et c’est souvent comme ça que ces affaires éclatent et qu’on se rend compte, qu’il y avait aussi de la prostitution et qu’elles étaient sous emprise”
la Cour de cassation a annulé la décision de la Chambre de l’instruction de Paris qui avait reconnu l’existence de propos racistes et sexistes tenus par les personnes mises en examen, sans pour autant avoir jugé utile d’en tirer les conséquences juridiques nécessaires. Cette censure marque une étape importante dans la reconnaissance de la gravité des faits. Il s’agit d’une première victoire pour les victimes, dont les témoignages ont mis au jour des violences inouïes, à la fois physiques, psychologiques et symboliques.
Le système, très organisé, se concentrait sur des jeunes femmes recrutées en Chine. Très souvent endettées, elles étaient envoyées en Europe, et finalement en France dans des villes de province, où elles ne restaient que quelques jours. Les appartements étaient généralement loués par des plateformes type Airbnb. […] Selon les enquêteurs, plus d’une centaine de jeunes Chinoises ont été recrutées et effectuaient de quatre à cinq passes par jour, de quoi rapporter 800.000 euros par mois au réseau.
Cette biologiste, enseignante, écrivaine et militante avait dû s’exiler en France, en 1971. Elle s’est éteinte mercredi 14 mai, à l’âge de 90 ans.
Si LFI ne saurait être au-dessus de toute critique, qui peut prétendre qu’il n’en va pas là d’un dysfonctionnement démocratique de premier plan ?
Au fil des ans, le groupe Bolloré a amassé des milliards d’euros grâce à ses activités africaines, à la fois sous forme de remontée de dividendes et grâce aux plus-values réalisées lors des cessions d’actifs. Pour une large part, ce sont ces revenus qui lui ont permis d’acheter son empire médiatique. Même après avoir revendu ses concessions portuaires et ses activités logistiques, Bolloré est loin d’avoir quitté le continent.
Durant trois heures et demie, le chef de l’État s’est défendu sur une multitude de sujets et a évoqué, du bout des lèvres, des référendums aux contours flous.
L’économiste, dont les travaux sur une taxation des plus riches sont plébiscités à gauche, a répondu point par point aux arguments du chef de l’État.
Lors de son intervention sur TF1 mardi, le chef de l’Etat est venu avec ses graphiques. Il a pourtant multiplié les contre-vérités sur le chômage, l’immigration, les retraites, ou encore le taux d’imposition des riches.
« On a l’impression que c’est la FNSEA qui dirige le ministère »
Des élu·es de Guadeloupe et de la Martinique ne décolèrent pas après la procédure enclenchée par l’État, et confirmée par une source à l’AFP ce vendredi 16 mai. L’État a formé un pourvoi contre la décision de la cour administrative d’appel de Paris qui avait reconnu sa responsabilité dans le scandale du chlordécone aux Antilles, un pesticide extrêmement toxique.
Une proposition de loi qui vise à rendre à nouveau l’A69 légale a été adoptée par le Sénat ce jeudi. Elle doit encore poursuivre sa navette législative, mais elle pourrait court-circuiter la décision du tribunal administratif de Toulouse, qui avait acté, en février dernier, l’interdiction du projet d’autoroute.
Voir aussi Autoroute A69 : victoire écocide de la droite sénatoriale qui vote pour la reprise du chantier (humanite.fr)
Malgré le coût faramineux du tout-nucléaire, la France s’enferre dans cette impasse. Voici les bonnes feuilles du livre-enquête « Le nucléaire va ruiner la France ». Laure Noualhat y décortique les mécanismes d’une gabegie.
Un an après les émeutes de mai 2024, l’archipel ultramarin reste marquée par une répression exceptionnelle. Militarisation, arrestations massives et atteintes aux libertés ravivent les blessures du passé colonial jamais refermé.
Ce Premier ministre est cachottier (sollicité par L’Express sur l’objet de sa rencontre avec Marine Le Pen, il a répondu d’un lapidaire : “C’est n’importe quoi !”) et déconcertant. N’est-ce pas lui qui regrettait quelques mois plus tôt que l’un de ses prédécesseurs, Edouard Philippe, ait jugé pertinent de partager avec la patronne des députés RN un dîner ? “Je pense, moi, qu’il y a entre nous et l’extrême droite un fossé qui est infranchissable parce que ce qu’il y a de plus profond dans l’extrême droite ça n’est pas les mesures annoncées qui sont déjà pour un certain nombre d’entre elles choquantes, c’est les arrière-pensées derrière tout ça”, avait-il déclaré. Quant à la rencontre entre Sébastien Lecornu et Marine Le Pen, le même Bayrou l’avait commentée en ces termes : “C’est un mauvais signal à l’égard du pays.”
Le candidat à la présidence de LR dit toute son admiration pour Giorgia Meloni et pour l’eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo.
La leader d’extrême droite dit « partager l’objectif » de Netanyahu et assure qu’il « fait ce qu’il peut » dans la lutte contre le Hamas.
Après la manifestation du Comité du 9 mai samedi 10 mai, l’Action française a marché ce dimanche pour rendre hommage à Jeanne d’Arc, suivie de près par des anciens pétainistes de l’Œuvre française.
une banderole tendue entre deux arbres par ces manifestants et comportant les mots « 9 mai, Paris, Retailleau aime les néonazis » […] serait la cause de ces interpellations.
C’est une affaire ubuesque. Agacés par l’occupation d’un bâtiment par des étudiants de l’UNEF, les services de sécurité de l’Université Paris-Nanterre ont acheté des caméras-espions, fait suivre des étudiant·es et même envisagé de poser des micros.
Des collages islamophobes, provenant d’un site vendant des drapeaux nazis, ont été affichés dans les rues de la ville du Loiret. Une enquête est ouverte pour « provocation à la haine en raison de la religion ».
À l’approche de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale de l’ONU, qui aura lieu en septembre 2025, l’ONG Flagrant Déni appelle la Rapporteuse spéciale sur la torture à classer les grenades à effet de souffle françaises parmi les armes interdites.
Les syndicats Sud Education et FSU-SNUipp ainsi que les Soulèvements de la Terre dénoncent la mainmise du groupe Bolloré sur les manuels scolaires, notamment via Hachette. Ils appellent au boycott dans une tribune.
Cher·es parlementaires et politiques qui votez des lois ou publiez des circulaires racistes : qui récolte vos fruits et légumes ? En France – premier producteur agricole européen – […] sans les saisonnières et saisonniers étrangers, il serait impossible de fournir les stocks dont nous avons besoin pour nous nourrir.
À Paris, la mobilisation nationale des agent·es a permis de prendre le pouls de leur colère. Usé·es par le manque de moyens autant que par le « mépris » qu’iels subissent, iels s’insurgent contre la nouvelle potion austéritaire annoncée par le gouvernement.
Face aux résultats accablants d’analyses d’eau indépendantes menées sur la plage de Penfoul à Landunvez, les analyses bactériologiques révèlent une contamination préoccupante de l’eau de baignade par des bactéries pathogènes »
La cour d’appel de Lyon a confirmé jeudi la relaxe de sept écologistes qui s’étaient introduits sur le site d’Arkema à Pierre-Bénite pour dénoncer la pollution aux « polluants éternels ». L’un d’entre eux est en revanche condamné pour “rébellion”.
Des collectifs des quatre coins de la France se sont rassemblés à Paris contre les projets d’une multinationale minière française, Imerys. De la Bretagne à la Dordogne, tous sont impactés par l’extraction, poussée au nom de la transition écologique.
L’annonce de la suppression de plus de 600 emplois, dont la moitié à Dunkerque, a ravivé la colère des salariés d’ArcelorMittal
Pierre-Édouard Stérin est milliardaire, réac, note tout le monde sur dix, et il a un plan : investir 150 millions d’euros sur dix ans pour diffuser ses idées et faire « gagner mille villes » au RN aux municipales de 2026. Ce mercredi, pour la deuxième fois, il n’a pas répondu à la convocation de la commission d’enquête parlementaire pour s’expliquer sur son projet d’influence politique nommé Périclès.
Google, Microsoft, Amazon, X, and the entire tracking-based advertising industry rely on the “Transparency & Consent Framework” (TCF) to obtain “consent” for data processing. This evening the Belgian Court of Appeal ruled that the TCF is illegal. The TCF is live on 80 % of the Internet.
The state of Texas reached a mammoth financial agreement with Google last week, securing $1.375 billion in payments to settle two three year-old lawsuits.
Internal Google documents show that the tech giant feared it wouldn’t be able to monitor how Israel might use its technology to harm Palestinians.
European software vendor Nextcloud has accused Google of deliberately crippling its Android Files application, which it says has more than 800,000 users.
Voir aussi Google backs down after locking out Nextcloud Files app (go.theregister.com)
Un jury populaire états-unien vient d’accorder à Meta 167 millions de dollars de dommages et intérêts. NSO avait en effet été reconnu coupable d’avoir infecté 1 400 terminaux Android entre 2018 et 2020 via la messagerie chiffrée WhatsApp. Les témoignages de responsables de l’éditeur israélien lèvent par ailleurs un coin de voile sur le modus operandi de son logiciel espion, de son prix, et du nombre de personnes qu’il avait ciblé… ou pas.
Voir aussi Seven things we learned from WhatsApp vs. NSO Group spyware lawsuit (techcrunch.com)
Cette plainte, menée par trois avocats dont Julien Bayou, est le pendant français de l’affaire des écoutes abusives par la marque. Le remboursement des appareils est réclamé.
La plateforme du milliardaire d’extrême droite a enregistré le départ de 11 millions d’utilisateurices européen·nes en moins d’un an, dont 2,7 millions de Français·es, selon les chiffres récemment publiés par l’entreprise.
Ou comment notre accoutumance aux images de mort qui défilent sur nos écrans, nous prépare culturellement au fascisme.
Dans Gaza, il y a le déboussolement porté à son comble quand l’Etat représentatif d’un peuple qui a subi le génocide commet un génocide à son tour, quand les dirigeants d’un peuple pour le martyre duquel a été forgée la catégorie de « crime contre l’humanité », sont poursuivis pour crime contre l’humanité.
Si la montée de l’extrême droite, avec son cortège de haine et de violence, inquiète, l’arsenal légal peut devenir une arme à double tranchant dans la lutte contre les aspirations fascisantes.
l’UE envisagerait d’accorder des dérogations aux entreprises américaines sur l’impôt minimum mondial sur les multinationales mis en place dans le cadre de l’OCDE et dont les Etats-Unis de Trump se sont retirés. Si cela venait à être confirmé, ce serait une grave erreur : l’Europe ne doit en rien reculer dans le bras de fer lancé par Trump sur les régulations européennes, qu’elles soient fiscales, sociales ou écologiques
En ciblant les programmes de « diversité, équité et inclusion » (DEI), Donald Trump s’attaque surtout à un symbole, qui renvoie à l’héritage du mouvement des droits civiques et plus récemment au mouvement « Black Lives Matter ».
Des étudiant·es en médecine mobilisent contre la proposition de loi Garot visant à réguler l’installation des médecins contre les déserts médicaux. D’autres étudiants la soutiennent, dont le collectif Pour une santé engagée et solidaire.
Fin avril 1945, les Françaises étaient appelées aux urnes pour la première fois. Un droit qui doit beaucoup à des centaines de militantes, que l’Histoire n’a pas retenues. Anne-Sarah Bouglé Moalic a retracé leur épopée.
Les ingénieur·es de la Nasa ont miraculeusement réanimé les propulseurs principaux de la sonde Voyager 1 pourtant considérés comme inutilisables depuis 2004. Une mission d’autant plus importante puisqu’elle devait être achevée avant le 4 mai si l’agence spatiale ne voulait pas perdre sa sonde la plus éloignée de la Terre.
Un nourrisson atteint d’une maladie génétique aussi rare que sévère a bénéficié aux Etats-Unis d’une technique innovante, appelée édition de base, capable de corriger une seule lettre de son ADN. Cette avancée ouvre de nouvelles perspectives pour le traitement d’autres pathologies ultra-rares.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
18.05.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 10 février 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
« Le plus grand danger de la reconnaissance faciale vient du fait qu’elle fonctionne plutôt très bien ».
Avec cet article, nous nous lançons dans un dossier que nous allons consacrer à la reconnaissance faciale et au continuum sécuritaire. Première partie.
Your face belongs to us (Random House, 2023), le livre que la journaliste du New York Times, Kashmir Hill, a consacré à Clearview, l’entreprise leader de la reconnaissance faciale, est une plongée glaçante dans la dystopie qui vient.
Jusqu’à présent, j’avais tendance à penser que la reconnaissance faciale était problématique d’abord et avant tout parce qu’elle était défaillante. Elle est « une technologie qui souvent ne marche pas », expliquaient Mark Andrejevic et Neil Selwyn (Facial Recognition, Wiley, 2022), montrant que c’est souvent dans son implémentation qu’elle défaille. La juriste, Clare Garvie, faisait le même constat. Si l’authentification (le fait de vérifier qu’une personne est la même que sur une photo) fonctionne mieux que l’identification (le fait de retrouver une personne dans une banque d’image), les deux usages n’ont cessé ces dernières années de montrer leurs limites.
Mais les choses évoluent vite.
L’une des couvertures du livre de Kashmir Hill.
Dans leur livre, AI Snake Oil, les spécialistes de l’intelligence artificielle, Arvind Narayanan et Sayash Kapoor, soulignent pourtant que le taux d’erreur de la reconnaissance faciale est devenu négligeable (0,08 % selon le NIST, l’Institut national des normes et de la technologie américain). « Quand elle est utilisée correctement, la reconnaissance faciale tend à être exacte, parce qu’il y a peu d’incertitude ou d’ambiguïté dans la tâche que les machines doivent accomplir ». Contrairement aux autres formes d’identification (identifier le genre ou reconnaître une émotion, qui sont bien plus sujettes aux erreurs), la différence cruciale c’est que l’information requise pour identifier des visages, pour les distinguer les uns des autres, est présente dans les images elles-mêmes. « Le plus grand danger de la reconnaissance faciale vient du fait qu’elle fonctionne plutôt très bien » et c’est en cela qu’elle peut produire énormément de dommages.
Le risque que porte la reconnaissance faciale repose tout entier dans la façon dont elle va être utilisée. Et de ce côté-là, les dérives potentielles sont innombrables et inquiétantes. Gouvernements comme entreprises peuvent l’utiliser pour identifier des opposants, des personnes suspectes mais convaincues d’aucuns délits. Certes, elle a été utilisée pour résoudre des affaires criminelles non résolues avec succès. Certes, elle est commode quand elle permet de trier ou d’organiser ses photos… Mais si la reconnaissance faciale peut-être hautement précise quand elle est utilisée correctement, elle peut très facilement être mise en défaut dans la pratique. D’abord par ses implémentations qui peuvent conduire à y avoir recours d’une manière inappropriée et disproportionnée. Ensuite quand les images ne sont pas d’assez bonnes qualités, au risque d’entraîner tout le secteur de la sécurité dans une course sans limites à toujours plus de qualité, nécessitant des financements disproportionnés et faisant peser un risque totalitaire sur les libertés publiques. Pour Narayanan et Kapoor, nous devons avoir un débat vigoureux et précis pour distinguer les bons usages des usages inappropriés de la reconnaissance faciale, et pour développer des gardes-fous pour prévenir les abus et les usages inappropriés tant des acteurs publics que privés.
Certes. Mais cette discussion plusieurs fois posée n’a pas lieu. En 2020, quand la journaliste du New York Times a commencé ses révélations sur Clearview, « l’entreprise qui pourrait mettre fin à la vie privée », le spécialiste de la sécurité, Bruce Schneier avait publié une stimulante tribune pour nous inviter à réglementer la ré-identification biométrique. Pour lui, nous devrions en tant que société, définir des règles pour déterminer « quand une surveillance à notre insu et sans notre consentement est permise, et quand elle ne l’est pas », quand nos données peuvent être combinées avec d’autres et quand elles ne peuvent pas l’être et enfin savoir quand et comment il est permis de faire de la discrimination biométrique et notamment de savoir si nous devons renforcer les mesures de luttes contre les discriminations qui vont se démultiplier avec cette technologie et comment. En France, à la même époque, le sociologue Laurent Mucchielli qui avait fait paraître son enquête sur la vidéosurveillance (Vous êtes filmés, Dunod, 2018 – voir notre compte-rendu de l’époque, désabusé), posait également sur son blog des questions très concrètes sur la reconnaissance faciale : « Quelle partie de la population serait fichée ? Et qui y aurait accès ? Voilà les deux problèmes. » Enfin, les deux professeurs de droit, Barry Friedman (auteur de Unwarranted : policing without permission, 2017) et Andrew Guthrie Ferguson, (auteur de The Rise of Big Data policing, 2017) condamnaient à leur tour, dans une tribune pour le New York Times, « la surveillance des visages » (c’est-à-dire, l’utilisation de la reconnaissance faciale en temps réel pour trouver où se trouve quelqu’un) mais reconnaissaient que l’identification faciale (c’est-à-dire la réidentification d’un criminel, uniquement pour les crimes les plus graves), elle, pourrait être autorisée. Ils y mettaient néanmoins une condition : la réidentification des visages ne devrait pas être autorisée sans décision de justice et sans sanction en cas d’utilisation abusive. Mais, à nouveau, ce n’est pas ce qui s’est passé. La reconnaissance faciale s’est déployée sans contraintes et sans limites.
Les dénonciations comme les interdictions de la reconnaissance faciale sont restées éparses. Les associations de défense des libertés publiques ont appelé à des moratoires et mené des campagnes pour l’interdiction de la reconnaissance faciale, comme Ban Facial Recognition aux Etats-Unis ou Reclaim your face en Europe. Souvent, ces interdictions restent circonscrites à certains types d’usages, notamment les usages de police et de surveillance d’État, oubliant les risques que font courir les outils de surveillance privée.
Reste que le débat public sur son implémentation et ses modalités est inexistant. Au lieu de débats de sociétés, nous avons des « expérimentations » qui dérogent au droit, des déploiements épars et opaques (plus de 200 autorités publiques par le monde sont clientes de Clearview qui n’est qu’un outil parmi une multitude de dispositifs plus ou moins efficaces, allant de la reconnaissance faciale, à la vidéosurveillance algorithmique), et surtout, un immense déni sur les enjeux de ces technologies. Au final, nous ne construisons aucune règle morale sur son utilité ou son utilisation. Nous faisons collectivement l’autruche et son utilisation se déploie sans cadres légaux clairs dans un continuum de technologies sécuritaires et problématiques, allant des drones aux technologies de contrôle de l’immigration.
Dans son livre, Your face belongs to us, Kashmir Hill alterne à la fois une histoire de l’évolution de la technologie et une enquête sur le développement de Clearview.
Sur cette histoire, Hill fait un travail qui met en exergue des moments forts. Elle rappelle d’abord que le terme de vie privée, définit à l’origine comme le droit d’être laissé tranquille par les juristes américains Samuel Warren et Louis Brandeis, était inspiré par la création de la pellicule photographique par Kodak, qui promettait de pouvoir sortir l’appareil photo des studios où il était jusqu’alors confiné par son temps de pause très long. Dans cette longue histoire de la reconnaissance faciale, Hill raconte notamment l’incroyable histoire du contrôle des tickets de trains américains dans les années 1880, où les contrôleurs poinçonnaient les tickets selon un codage réduit (de 7 caractéristiques physiques dont le genre, l’âge, la corpulence…) permettant aux contrôleurs de savoir si le billet contrôlé correspondait bien à la personne qui l’avait déjà présenté. Bien évidemment, cette reconnaissance humaine et basique causa d’innombrables contestations, tant ces appréciations d’un agent à un autre pouvaient varier. Mais la méthode aurait inspiré Herman Hollerith, qui va avoir l’idée de cartes avec des perforations standardisées et va adapter la machine pour le recensement américain, donnant naissance à l’entreprise qui deviendra IBM.
Hill surfe sur l’histoire de l’IA, des Perceptrons de Marvin Minsky, à Panoramic, l’entreprise lancée dans les années 60 par Woody Bledsoe, qui va être la première, à la demande de la CIA, à tenter de créer un outil de reconnaissance des visages simplifié, en créant une empreinte de visages comme autant de points saillants. Elle raconte que les améliorations dans le domaine vont se faire avec l’amélioration de la qualité et de la disponibilité des images et de la puissance des ordinateurs, à l’image des travaux de Takeo Kanade (dans les années 70, pour l’entreprise japonaise NEC), puis de Matthew Turk qui va bénéficier de l’amélioration de la compression des images. Accusé d’être à la tête d’un programme Orwellien, Turk s’en défendra pourtant en soulignant qu’enregistrer les informations sur les gens qui passent devant une caméra est surtout bénin. À croire que notre déni sur les conséquences de cette technologie remonte à loin.
En 2001, lors du Super Bowl, plusieurs entreprises, dont Viisage Technology et Raytheon, communiquent sur le fait qu’elles ont sécurisé l’accès au stade grâce à la reconnaissance faciale, identifiant 19 spectateurs avec un passé criminel. Viisage a récupéré la technologie de Turk et l’a commercialisé pour des badges d’identification pour entreprises. Ces déploiements technologiques, financés par les agences fédérales, commencent à inquiéter, notamment quand on apprend que des entreprises y ont recours, comme les casinos. Reste que la technologie est encore largement défaillante et peine bien souvent à identifier quiconque.
Mais le 11 septembre a changé la donne. Le Patriot Act permet aux agences du gouvernement d’élargir leurs accès aux données. Joseph Atick, cofondateur de Visionics, une autre entreprise du secteur, propose sa technologie aux aéroports pour rassurer les voyageurs. Il sait que celle-ci n’est pas au point pour identifier les terroristes, mais il a besoin des données pour améliorer son logiciel. Bruce Schneider aura beau dénoncer le « théâtre de la sécurité » , l’engrenage sécuritaire est lancé… Face à ses déploiements, les acteurs publics ont besoin d’évaluer ce qu’ils achètent. Jonathon Philips du National Institute of Standards and Technology (Nist) créée une base de données de visages de très bonne qualité sous différents angles, « Feret », pour tester les outils que vendent les entreprises. Il inaugure un concours où les vendeurs de solutions sont invités à montrer qui parvient à faire le mieux matcher les visages aux photos. En 2001, le premier rapport du Nist montre surtout qu’aucune entreprise n’y parvient très bien. Aucune entreprise n’est capable de déployer un système efficace, mais cela ne va pas les empêcher de le faire. Les meilleures entreprises, comme celle d’Atick, parviennent à faire matcher les photos à 90 %, pour autant qu’elles soient prises dans des conditions idéales. Ce qui tient surtout de l’authentification faciale fonctionne également mieux sur les hommes que sur les femmes, les personnes de couleurs ou les jeunes. En 2014, le FBI lance à son tour un concours pour rendre sa base d’images de criminels cherchable, mais là encore, les résultats sont décevants. La technologie échoue dès qu’elle n’est pas utilisée dans des conditions idéales.
En 2006, le juriste de l’ACLU James Ferg-Cadima découvre dans une grande surface la possibilité de payer depuis son empreinte digitale. Face à de tels dispositifs, s’inquiète-t-il, les consommateurs n’ont aucun moyen de protéger leurs empreintes biométriques. Quand son mot de passe est exposé, on peut en obtenir un nouveau, mais nul ne peut changer son visage ou ses empreintes. Le service « Pay by Touch », lancé en 2002 fait faillite en 2007, avec le risque que sa base d’empreintes soit vendue au plus offrant ! Avec l’ACLU, Ferg-Cadima œuvre alors à déployer une loi qui oblige à recevoir une permission pour collecter, utiliser ou vendre des informations biométriques : le Biometric Information Privacy Act (Bipa) que plusieurs Etats vont adopter.
En 2009, Google imagine des lunettes qui permettent de lancer une recherche en prenant une photo, mais s’inquiète des réactions, d’autant que le lancement de Street View en Europe a déjà terni son image de défenseur de la vie privée. La fonctionnalité de reconnaissance faciale existe déjà dans Picasa, le service de stockage d’images de Google, qui propose d’identifier les gens sur les photos et que les gens peuvent labelliser du nom de leurs amis pour aider le logiciel à progresser. En 2011, la fonctionnalité fait polémique. Google l’enterre.
À la fin des années 90, l’ingénieur Henry Schneiderman accède à Feret, mais trouve que la base de données est trop parfaite pour améliorer la reconnaissance faciale. Il pense qu’il faut que les ordinateurs soient d’abord capables de trouver un visage dans les images avant qu’ils puissent les reconnaître. En 2000, il propose d’utiliser une nouvelle technique pour cela qui deviendra en 2004, PittPatt, un outil pour distinguer les visages dans les images. En 2010, le chercheur Alessandro Acquisti, fasciné par le paradoxe de la vie privée, lance une expérience en utilisant PittPatt et Facebook et montre que ce croisement permet de ré-identifier tous les étudiants qui se prêtent à son expérience, même ceux qui n’ont pas de compte Facebook, mais qui ont été néanmoins taggés par leurs amis dans une image. Acquisti prédit alors la « démocratisation de la surveillance » et estime que tout le monde sera demain capable d’identifier n’importe qui. Pour Acquisti, il sera bientôt possible de trouver le nom d’un étranger et d’y associer alors toutes les données disponibles, des sites web qu’il a visité à ses achats en passant par ses opinions politiques… et s’inquiète du fait que les gens ne pourront pas y faire grand-chose. Pour le professeur, d’ici 2021 il sera possible de réidentifer quelqu’un depuis son visage, prédit-il. Acquisti s’est trompé : la fonctionnalité a été disponible bien plus tôt !
En 2011, PittPatt est acquise par Google qui va s’en servir pour créer un système pour débloquer son téléphone. En décembre 2011, à Washington se tient la conférence Face Facts, sponsorisée par la FTC qui depuis 2006 s’est doté d’une petite division chargée de la vie privée et de la protection de l’identité, quant, à travers le monde, nombre d’Etats ont créé des autorités de la protection des données. Si, suite à quelques longues enquêtes, la FTC a attaqué Facebook, Google ou Twitter sur leurs outils de réglages de la vie privée défaillants, ces poursuites n’ont produit que des arrangements amiables. À la conférence, Julie Brill, fait la démonstration d’un produit de détection des visages que les publicitaires peuvent incorporer aux panneaux publicitaires numériques urbains, capable de détecter l’âge où le genre. Daniel Solove fait une présentation où il pointe que les Etats-Unis offrent peu de protections légales face au possible déploiement de la reconnaissance faciale. Pour lui, la loi n’est pas prête pour affronter le bouleversement que la reconnaissance faciale va introduire dans la société. Les entreprises se défendent en soulignant qu’elles ne souhaitent pas introduire de systèmes pour dé-anonymiser le monde, mais uniquement s’en servir de manière inoffensive. Cette promesse ne va pas durer longtemps…
En 2012, Facebook achète la startup israélienne Face.com et Zuckerberg demande aux ingénieurs d’utiliser Facebook pour « changer l’échelle » de la reconnaissance faciale. Le système de suggestions d’étiquetage de noms sur les photos que les utilisateurs chargent sur Facebook est réglé pour n’identifier que les amis, et pas ceux avec qui les utilisateurs ne sont pas en relation. Facebook assure que son outil ne sera jamais ouvert à la police et que le réseau social est protégé du scraping. On sait depuis que rien n’a été moins vrai. Après 5 ans de travaux, en 2017, un ingénieur de Facebook provenant de Microsoft propose un nouvel outil à un petit groupe d’employés de Facebook. Il pointe la caméra de son téléphone en direction d’un employé et le téléphone déclame son nom après l’avoir reconnu.
À Stanford, des ingénieurs ont mis au point un algorithme appelé Supervision qui utilise la technologie des réseaux neuronaux et qui vient de remporter un concours de vision par ordinateur en identifiant des objets sur des images à des niveaux de précision jamais atteints. Yaniv Taigman va l’utiliser et l’améliorer pour créer DeepFace. En 2014, DeepFace est capable de faire matcher deux photos d’une même personne avec seulement 3 % d’erreurs, même si la personne est loin dans l’image et même si les images sont anciennes. En 2015, DeepFace est déployé pour améliorer l’outil d’étiquetage des images de Facebook.
En 2013, les révélations d’Edward Snowden changent à nouveau la donne. D’un coup, les gens sont devenus plus sensibles aux incursions des autorités à l’encontre de la vie privée. Pourtant, malgré les efforts de militants, le Congrès n’arrive à passer aucune loi à l’encontre de la reconnaissance faciale ou de la protection de la vie privée. Seules quelques villes et États ont musclé leur législation. C’est le cas de l’Illinois où des avocats vont utiliser le Bipa pour attaquer Facebook accusé d’avoir créé une empreinte des visages des 1,6 millions d’habitants de l’Etat.
Cette rapide histoire, trop lacunaire parfois, semble s’arrêter là pour Hill, qui oriente la suite de son livre sur le seul Clearview. Elle s’arrête effectivement avec le déploiement de l’intelligence artificielle et des réseaux de neurones qui vont permettre à la reconnaissance faciale de parvenir à l’efficacité qu’elle espérait.
Reste que cette rapide histoire, brossée à grands traits, souligne néanmoins plusieurs points dans l’évolution de la reconnaissance faciale. D’abord que la reconnaissance faciale progresse par vague technologique, nécessitant l’accès à de nouvelles puissances de calcul pour progresser et surtout l’accès à des images en quantité et en qualité.
Ensuite, que les polémiques et paniques nourrissent les projets et les relancent plutôt que de les éteindre. Ceux qui les développent jouent souvent un jeu ambivalent, minimisant et dissimulant les capacités des programmes qu’ils déploient.
Enfin, que les polémiques ne permettent pas de faire naître des législations protectrices, comme si la législation était toujours en attente que la technologie advienne. Comme si finalement, il y avait toujours un enjeu à ce que la législation soit en retard, pour permettre à la technologie d’advenir.
(à suivre)
14.05.2025 à 10:02
Framasoft
Bienvenue à toutes et tous pour ce quatrième numéro de la FramIActu !
Semaine après semaine, l’actualité autour de l’Intelligence Artificielle défile, et si pour autant nous ne voyons pas plus clairement le cap que nous devons suivre, nous percevons de mieux en mieux les remous qui nous entourent.
Préparez votre boisson préférée et installez-vous confortablement : c’est l’heure de la FramIActu !
Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
Dans un article paru le 07 avril 2025 dans Nature (accès payant, malheureusement), des chercheureuses démontrent que la dépendance excessive aux modélisations par IA nuit à la recherche scientifique.
Dans cette étude, nous apprenons que de nombreux champs de recherche (au moins une trentaine sont concernés, allant de la psychiatrie à la biologie moléculaire) sont affectés par des études basées sur des modélisations faites par IA dont les résultats sont erronés.
À titre d’exemple, les chercheureuses indiquent que durant la pandémie du COVID-19, 415 études ont avancé qu’une radiographie de la poitrine ou une tomodensitométrie pourraient diagnostiquer la maladie. Or, seulement 62 de ces études respectaient un standard de qualité suffisant et même parmi celles-ci, des défauts étaient très répandus, incluant des méthodes d’évaluation bancales, des données dupliquées et un manque de clarté concernant les cas « positifs », certaines études ne précisant pas si ces cas provenaient bien de personnes ayant un diagnostic médical confirmé.
Les auteurices de l’étude se plaignent aussi de la difficulté à reproduire les résultats des études (la reproductibilité étant une condition essentielle à la méthode scientifique) utilisant des IA basées sur de grands modèles de langage. Ces modèles sont très sensibles aux entrées : de tous petits changements de formulations lors de la requête peut générer une réponse très différente.
De plus, les modèles appartenant le plus souvent à des compagnies privées, il est très difficile de pouvoir y accéder rendant des études basées sur ceux-ci difficiles à reproduire.
D’autant plus que des mises à jour des modèles surviennent régulièrement, sans que les chercheureuses n’aient été notifié·es.
Le monde de recherche et l’IA. Mème généré via Framamèmes. Licence : CC0
Les chercheureuses appuient donc sur la nécessité d’être vigilant·es concernant l’augmentation de recherches scientifiques liées au boom de l’IA. Même si celles-ci étaient sans erreur, elles ne sont pas forcément synonymes de réelles avancées scientifiques.
Bien que certaines modélisations trouvées par des recherches basées sur de l’IA peuvent être utiles, en tirer une conclusion scientifique permettant de mieux comprendre le réel est bien plus difficile et les chercheureuses invitent leurs collègues à ne pas se tromper.
Les boites à outils composées d’IA basées sur de l’apprentissage machine permettent de construire plus facilement des modélisations mais ne rendent pas nécessairement plus faciles l’extraction des savoirs sur le monde et peuvent même rendre celle-ci plus difficile.
Le risque est donc de produire plus mais de comprendre moins.
Les auteurices invitent en conclusion à séparer la production de résultats individuels du progrès scientifique. Pour cela, celleux-ci indiquent qu’il est nécessaire de rédiger des synthèses avec un discours moins systématique et plus critique qui questionne les méthodes acceptées, adopte différentes formes de preuves, se confronte à des affirmations supposément incompatibles et théorise les découvertes existantes.
Aussi, une prudence bien plus forte doit être apportée aux recherches basées sur des modèles d’IA, jusqu’à ce que les résultats de celles-ci puissent être rigoureusement reproduits.
Enfin, les chercheureuses encouragent les financeurs à financer des recherches de qualité plutôt que de se focaliser sur la quantité.
Dans une étude parue dans Science Advances, un groupe de chercheureuses dévoile (sans grande surprise, avouons-le) qu’un des modèles d’IA les plus utilisés pour faire de la radiologie des poitrines à la recherche de maladies ne détecte pas correctement certain·es maladies potentiellement mortelles pour les groupes marginalisés (dont les femmes et les personnes noires).
Judy Gichoya, une informaticienne et radiologiste qui n’est pas impliquée dans l’étude, appuie sur la difficulté de réduire ces biais. Elle propose de s’appuyer sur des jeux de données plus petits mais plus diversifiés et de résoudre leurs défauts petit à petit.
L’étude s’inscrit dans un contexte où l’utilisation dans des contextes médicaux s’accélère et appuie ainsi sur la nécessité de toujours garder un regard humain sur les diagnostics et de ne jamais faire aveuglément confiance en les résultats fournis par une IA.
L’IA rend son diagnostic.
Généré avec Framamemes. Licence : CC-0
De notre point de vue, la grande difficulté de la résolution des biais dans l’IA est liée à une volonté politique et financière : si ce genre de méthode se généralise, il faudrait très certainement investir massivement dans la numérisation des réalités des minorités et faire un immense travail de fond pour en éliminer le maximum de biais.
Cela semble malheureusement aller à contre-courant de la tendance actuelle.
Lors de la conférence RSA, dédiée à la sécurité informatique, des expert·es du domaine ont dévoilé la puissance d’outils comme WormGPT pour découvrir des failles de sécurité et concevoir des attaques les exploitant.
WormGPT est un agent conversationnel ressemblant à ChatGPT mais n’ayant pas de modération. Celui-ci est aussi taillé pour la cybersécurité. On peut donc lui demander de fournir des réponses à tout, même à des choses illégales et/ou dangereuses.
Dans leur présentation, les informaticien·nes décrivent l’outil et ses capacités.
Celui-ci leur a permis de trouver rapidement des failles de sécurité dans un logiciel open source connu, mais aussi d’en générer des instructions claires permettant d’exploiter ces failles.
Les expert·es ont aussi cherché à faire générer directement le code par l’IA mais celui-ci n’était pas fonctionnel.
Ce dernier point sera très certainement amélioré au fil des prochains mois.
L’automatisation de l’analyse de failles informatiques a ainsi fait un bond conséquent en avant tout comme les capacités à les exploiter. Si des groupes de pirates se mettent à automatiser le processus, l’ensemble des systèmes informatiques risquent fort d’en pâtir.
D’un autre côté, si nous pouvons découvrir automatiquement des failles de sécurité dans nos logiciels, nous pouvons aussi chercher à les corriger avant qu’un·e attaquant·e ne les exploite.
L’utilisation de l’IA dans l’infrastructure entourant un logiciel semble donc presque inévitable de ce point de vue.
Enfin, nous pourrons aussi questionner ce que cela implique pour les développeur·euses modestes, notamment celleux partageant le code source de leur logiciel. Est-ce que la situation va ajouter encore plus de poids sur leurs épaules, leur demandant d’alourdir leur charge de travail (souvent bénévole) en mettant en place une infrastructure analysant les failles de sécurité et leur demandant de les résoudre au plus vite pour protéger leurs utilisateurices ?
Dependency – xkcd.
Licence : CC-BY-NC 2.5
Le célèbre xkcd représentant l’infrastructure du numérique moderne reposant entièrement sur une seule personne.
Dans un article de Rolling Stone, nous apprenons que des utilisateurices du média social Reddit décrivent comment l’IA a poussé leurs proches à adopter des délires, souvent basés sur des folies spirituelles ou des fantasmes surnaturels.
ChatGPT semble renforcer des psychoses chez certaines personnes, le plus souvent celles ayant déjà des tendances.
Interviewée par Rolling Stone, Erin Westgate, chercheuse en cognition, indique que certaines personnes utilisent ChatGPT comme « thérapie miroir ». Sauf que ChatGPT n’a pas pour préoccupation les intérêts de ces personnes.
Elle indique que des personnes utilisent ChatGPT pour trouver un sens à leur vie et ChatGPT leur recrache n’importe quelle explication trouvée un peu partout sur internet.
« Les explications sont puissantes, même si elles sont fausses » – Erin Westgate
Rappelons donc encore une fois que toute Intelligence Artificielle n’a aucune compréhension du réel et est surtout un système probabiliste. Une IA ne donnera jamais une réponse qu’elle considère être « vraie », c’est une notion inconnue pour elle. Elle donnera toujours une réponse qu’elle considère être « la plus probable » au regard de la manière dont elle a été entraînée et de l’historique de ses interactions avec l’utilisateur·ice.
Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
C’est tout pour ce mois-ci !
Cependant, si vous avez trouvé cette FramIActu trop courte et que vous êtes resté·e sur votre faim, vous pouvez vous mettre d’autres actualités sous la dent en consultant notre site de curation dédié au sujet, mais aussi et surtout FramamIA, notre site partageant des clés de compréhension sur l’IA !
Si nous pouvons vous proposer cette nouvelle revue mensuelle, c’est grâce à vos dons, Framasoft vivant presque exclusivement grâce à eux !
Pour nous soutenir et si vous en avez les moyens, vous pouvez nous faire un don via le formulaire dédié !
Dans tous les cas, nous nous retrouverons le mois prochain pour un nouveau numéro de FramIActu ! 👋
12.05.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Sea level rise was unexpectedly high last year, according to a recent NASA analysis of satellite data.More concerning, however, is the longer-term trend. The rate of annual sea level rise has more than doubled over the past 30 years, resulting in the global sea level increasing 4 inches since 1993.
Climate change is making high-altitude winds much more volatile.
Dans son rapport annuel publié mercredi 7 mai, l’Agence internationale de l’énergie révèle que 120 millions de tonnes de méthane ont été rejetées dans l’atmosphère l’an dernier du fait de la production de gaz, de pétrole et de charbon. À lui seul, ce gaz est responsable d’environ 30 % de l’augmentation des températures globales depuis la révolution industrielle.
Les autorités australiennes ont annoncé, vendredi 9 mai, l’arrestation de trente suspects, liés à des affaires d’agression, de vol, de menaces à l’encontre d’hommes contactés sur les réseaux sociaux ou des applications de rencontres LGBTQIA+. Certaines agressions ont été filmées, puis publiées sur les réseaux sociaux.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé « couper l’eau » des fleuves qui prennent leur source sur son territoire et irriguent le Pakistan.
Après un attentat dans la région contestée du Cachemire, l’Inde a bombardé plusieurs lieux pakistanais dans la nuit du 6 au 7 mai. Les deux pays, dotés de l’arme nucléaire, se livrent à une escalade qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques et a déjà causé la mort d’une cinquantaine de personnes.
L’ambassade des États-Unis à Stockholm exige que la capitale suédoise cesse d’œuvrer pour la justice et la diversité. Une injonction envoyée par courrier à plusieurs entreprises et autorités locales dont le bureau d’urbanisme de la ville.
Ce 6 mai, la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’UE se réunissent pour examiner un projet de règlement qui exempterait la quasi-totalité des nouveaux OGM des règles qui les encadrent. Alors que l’étape finale des négociations commence, des organisations françaises alertent contre les dangers d’un tel texte pour l’agriculture et l’alimentation.
Des quasi-collisions entre noyaux de plomb au LHC génèrent des champs électromagnétiques capables de transformer brièvement les noyaux de plomb en noyaux d’or
Controversial experiments exploring the science around reflecting sunlight with an aim to bring about global cooling have been announced.
Last month, Tesla sold just 512 cars in the UK and 885 cars in Germany.
Après l’invitation d’un journaliste dans une boucle de discussion Signal, voilà que le conseiller à la sécurité de Donald Trump Michael Waltz se connecte à son compte TeleMessage, un clone de l’application de messagerie, sous les yeux des caméras.
Voir aussi Unofficial Signal app used by Trump officials investigates hack (bleepingcomputer.com)
TeleMessage, an Israeli company that sells an unofficial Signal message archiving tool used by some U.S. government officials, has suspended all services after reportedly being hacked.
Et Signal chat app clone used by Signalgate’s Waltz was apparently an insecure mess (theregister.com)
The ongoing war between the Trump administration and Harvard University has taken a new twist, with the government sending Harvard a letter that, amid what appears to be a stream-of-consciousness culture war rant, announces that the university will not be receiving any further research grants.
“We are concerned at the appearance of targeting publicly pro-union worker leaders,” said a union official about a raid in western New York.
Ras Baraka, candidat démocrate pour devenir gouverneur de New York, a été libéré quelques heures plus tard.
Des résidents permanents aux États-Unis ont de plus en plus souvent maille à partir avec les services de l’immigration, rapporte le New York Times. Le temps où les détenteurs d’une “carte verte” pouvaient voyager sans inquiétude à l’étranger avant de revenir dans le pays semble révolu
L’administration Trump a demandé, jeudi 8 mai, à la Cour suprême de l’autoriser à révoquer le statut légal de 532 000 immigré·es vénézuélien·nes, cubain·es, nicaraguayen·nes et haïtien·nes.
Öztürk’s fight has become emblematic of the pushback against the Trump administration‘s deportation methods, which critics contend are sweeping up immigrants and international students on illegal or spurious grounds, without providing just cause or their right to due process.
The Pastoral Land Commission’s (CPT, in Portuguese) annual report on land conflicts in Brazil’s countryside, published on Wednesday (23), revealed a frightening situation : there is a chemical war going on in the country. The targets are Quilombola communities, peasants, land reform settlers and Indigenous peoples.
Their favorite candidates include, in decreasing order of likelihood, cardinals Péter Erdő, a scholarly Hungarian who is seen as an ally of President Viktor Orbán ; Robert Sarah, a Guinean who has been seen as a major leader of the traditionalist camp ; Gerhard Müller, a hard-line German who openly criticized Francis’ leadership ; and Raymond Leo Burke, an American conspiracy theorist who formally challenged Francis’ teaching on divorce.
le « pape de l’enseignement social », mobilisé notamment sur les questions « ouvrière » et « de la justice sociale ».[…] Si la piste de Léon XIII est celle qui est la plus discutée, ce choix de nom pourrait aussi être une référence à Léon Ier dit « le Grand » [qui] avait rencontré Attila […] en 452 à Mantoue, le convainquant de faire demi-tour.
Robert Francis Prevost a partagé des publications critiquant le vice-président JD Vance et Donald Trump, en particulier pour leurs positions antimigrants.
Self-styled prophets are claiming they have “awakened” chatbots and accessed the secrets of the universe through ChatGPT
The upcoming Seattle edition of the World Science Fiction Convention, or Worldcon, used AI to help vet program participants.
It’s not just the students : Multiple AI platforms now offer tools to leave AI-generated feedback on students’ essays. Which raises the possibility that AIs are now evaluating AI-generated papers, reducing the entire academic exercise to a conversation between two robots — or maybe even just one.
Le discours fataliste de l’adaptation à un monde envahi par les intelligences artificielles est un renoncement aux objectifs émancipateurs du service public de l’éducation. On peut le mettre en parallèle avec le discours de l’adaptation au changement climatique qui fait oublier l’objectif prioritaire : son atténuation.
L’avalanche de contenus synthétiques inaugure un nouveau régime du réel, qui souille nos cerveaux et nos démocraties
If you took Pinterest, mashed it together with everything annoying about Threads, and sprinkled generative AI prompts on top — that’d pretty much sum up the newly launched Meta AI site’s social feed.
cette avancée technologique n’est pas, comme souvent, sans soulever des inquiétudes : elle pourrait séduire les assureurs ou les employeurs
This blog post is a legal analysis of new legislation in Hungary that uses facial recognition technology in a manner that violates the EU Artificial Intelligence Act. Such use of this technology risks discouraging people from exercising their fundamental rights undermining their trust in democracy.
The EU is secretively paving the way for police, border and criminal justice agencies to develop and use experimental “artificial intelligence” (AI) technologies, posing risks for human rights, civil liberties, transparency and accountability, says a report published today by Statewatch.
Soon people will have AI agents browse, select, purchase and manage on their behalf.
Dimanche 4 mai, le Cabinet de sécurité israélien a approuvé un plan visant à progressivement occuper militairement la bande de Gaza, raser tous les bâtiments et déplacer de force la quasi-totalité des 2 millions de personnes vivant dans l’enclave.
Marlene Engelhorn, héritière multimillionnaire, a décidé de rendre l’essentiel de sa fortune. Pour elle, l’héritage est une injustice et la richesse excessive, un danger pour la démocratie.
The romantic partner of Theranos fraudster Elizabeth Holmes has launched a start-up that sounds eerily similar to the venture that landed his girlfriend behind bars.
Alors que l’administration américaine menace de poursuivre les entreprises qui mettent en œuvre des programmes de diversité et d’inclusion, le groupe allemand – qui emploie 17 000 personnes aux Etats-Unis – va notamment supprimer son objectif d’atteindre 40 % de femmes parmi l’ensemble de ses employés.
Margaux Aldebert, Ingrid Darroman et Christiane Marty, représentantes du groupe féminisme de la Fondation Copernic, recensent les attaques identitaires contre les droits des femmes dans le monde ainsi que les résistances qui s’exercent.
De nombreux jeux en ligne, notamment League of Legends, sont devenus des terrains hostiles pour les joueuses. Sous l’influence croissante de la sous-culture incel, ces espaces numériques perpétuent insultes, stéréotypes et exclusions, réduisant considérablement les bénéfices que les femmes peuvent tirer de leur expérience de jeu.
Cette nouvelle tendance se répand le réseau TikTok. L’inquiétude grandit quant aux conséquences sur la santé mentale et physique des plus jeunes du fait de ces contenus, qui prolifèrent grâce à un algorithme surpuissant.
la jeune femme était alors mariée et mère de deux enfants. Quelques jours avant sa disparition, celle-ci avait déposé une plainte pénale contre son mari, affirmant qu’il l’avait battue et menacé de la tuer.
Des contrôleurs de la SNCF sont en grève de vendredi à dimanche, mais la direction prévoit d’avoir recours à des Volontaires d’Accompagnement Occasionnels et annonce le maintien de 90 % des TGV et Ouigo.
Salomé avait payé 150 euros d’amende pour avoir transporté une plante d’1m30 dans le métro. Après sa colère sur les réseaux sociaux, la RATP l’a finalement remboursée.
Le démantèlement du réacteur nucléaire de Brennilis (Finistère), arrêté en 1985 après moins de 20 ans de fonctionnement, prendra plus de 55 ans (1). La brève durée d’exploitation aura laissé des traces : en 2006, plus de 10 ans après l’arrêt des rejets radioactifs liquides, la CRIIRAD révélait la contamination radiologique de mousses aquatiques prélevées dans la zone de rejets. Sols et bâtiments ont aussi été contaminés (3). Mais EDF s’est engagée à ce que toute utilisation soit possible une fois le site réhabilité (industrie, crèche, aire de jeux…).
En 2024, on a dénombré entre 1 566 et 1 973 vols en hélicoptère au-dessus du massif du Mont-Blanc.
Des épiceries connectées et automatisées envahissent les campagnes du Sud-Ouest à grand renfort d’argent public. Combattre le vide qui accable une partie du monde rural avec des boutiques sans personnel et remplies de produits Carrefour, il fallait être startupper ou « socialiste » pour oser. […] Des mobil-homes de quarante mètres carré saturés de 700 produits Carrefour « à prix supermarché », ouverts de jour comme de nuit. L’entrée du commerce se fait avec un QR code (smartphone obligatoire) et la surveillance vidéo est gérée depuis un poste de commandement à Bordeaux, épaulé par une « intelligence artificielle » supposée détecter les comportements suspects. Le tout est relié à l’agence Securitas, prête à intervenir.
Une femme sur deux a déjà vu ses compétences remises en question à cause de son genre, revèle par ailleurs le baromètre 2025 du sexisme dit ordinaire au travail, réalisé par l’Association française des managers de la diversité, et dévoilé par France Inter mardi.
Voir aussi Remarques sur la tenue, mansplaining… Pour 8 femmes sur 10, le sexisme au travail est toujours un problème (huffingtonpost.fr)
Plus d’une femme salariée sur sept a déjà été confrontée à la blague sexiste d’un collaborateur et plus d’une sur deux s’estime moins rémunérée à travail égal, révèle ce nouveau baromètre du sexisme ordinaire au travail.
L’expo de Kamille Lévêque Jégo, à Nîmes, a été saccagée le 26 avril, quelques jours après que des portraits de femmes signés Sandra Reinflet ont été masqués par des membres d’extrême droite à Saint-Denis.
Des chercheurs américains ont publié un article dans la revue « The Lancet » estimant le nombre de personnes qui ont subi des violences sexuelles dans plus de 200 pays.
Voir aussi Prevalence of sexual violence against children and age at first exposure : a global analysis by location, age, and sex (1990–2023) (thelancet.com)
Les Bolloré ne manquent pas une occasion de mettre en valeur leurs racines bretonnes et leurs activités industrielles dans la région. Une manière de masquer la réalité d’un groupe construit sur des coups financiers et des savantes constructions juridiques dont beaucoup passent par le Luxembourg.
Trois fois par mois, l’éditorialiste d’i24News Michaël Darmon intervient à l’antenne des « Informés », l’une des (nombreuses) émissions de commentaire diffusées par France Info à la radio et à la télévision. Un choix éditorial qui légitime, de fait, une chaîne de propagande alignée sur le gouvernement d’extrême droite israélien.
Invitée sur France 2, la secrétaire nationale des Écologistes a confirmé avoir reçu un texto menaçant du leader de la France insoumise en octobre 2024
Lors de l’événement Choose Europe for Science, organisé à Paris, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont annoncé des enveloppes de plusieurs centaines de millions d’euros pour attirer les scientifiques étranger·es menacé·es aux États-Unis.
Voir aussi Choose Europe for science : chercheurs de tous les pays, barrez-vous ! (contretemps.eu)
Alors que la situation de la recherche aux États-Unis est devenue très inquiétante depuis l’élection de Donald Trump, Emmanuel Macron a lancé « Choose Europe for Science », affichant un accueil en France et en Europe pour les chercheur·ses états-unien·nes.
Il n’est plus président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, mais c’est bien qui a annoncé ce mercredi matin avoir “décidé avec le président de la Région (Fabrice Pannekoucke, Ndlr) de supprimer toutes les aides de la Région à l’université (Lyon 2) tant qu’il n’y aura pas la lumière qui sera faite sur leurs dérives”.
Lancée fin 2023, l’expérimentation de cette application d’apprentissage adaptatif destinée aux élèves de seconde, qui devait lancer la France dans l’ère du numérique éducatif, semble tomber peu à peu aux oubliettes. Pour 2,8 millions d’euros… au moins. Rassurez-vous : l’évaluation de l’intérêt de ce dispositif est confiée à un laboratoire privé à capitaux saoudiens
La Préfecture de police de la capitale avait initialement interdit cette manifestation annuelle en arguant d’un risque de troubles à l’ordre public. Mais le tribunal administratif de Paris a suspendu cette mesure, vendredi soir.
Plusieurs personnalités de gauche ont fait part de leur « honte » après le défilé néonazi du « Comité du 9 mai » et demandent des comptes à Bruno Retailleau.
Côté rue, l’enseigne Café Joyeux présente un visage avenant où bonté de cœur et esprit d’entreprise œuvrent de concert pour favoriser l’intégration au monde du travail de personnes en situation de handicap cognitif. Côté cour, ses intrications avec les sphères les plus réactionnaires du catholicisme français questionnent. Tout comme les soutiens institutionnels et politiques dont elle bénéficie.
Un mois et demi après l’expulsion des mineur·es qui occupaient le lieu culturel, aucune solution pérenne n’a été apportée. Mardi 6 mai, un rassemblement était organisé devant le lycée Jacques-Decour pour douze de leurs élèves sans hébergement.
Une vidéo partagée sur TikTok affirme que les hommes qui ont visé le commissariat central de la ville de Seine-Saint-Denis dans la nuit du 30 avril au 1er mai font partie des forces de l’ordre. Une enquête administrative a été ouverte, selon « le Parisien ».
Surpopulation endémique, explosion des courtes peines, recul des droits et suppression des dispositifs de réinsertion : la politique pénitentiaire française s’enfonce dans une logique répressive. Face à cette spirale punitive assumée, les alertes se multiplient.
Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot regrette le manque de courage politique face à la surpopulation carcérale.
Sous ses airs de gendre idéal de la bourgeoisie républicaine, Édouard Philippe incarne la version la plus dure du pouvoir. Froidement autoritaire et libéral sans scrupules, il a mutilé les Gilets Jaunes, enterré le droit du travail et confiné un pays entier à coups d’attestations absurdes et de contrôle de police. Et maintenant, il prépare 2027, avec le soutien des éditorialistes et des patrons. Si on ne veut pas replonger, il va falloir se réveiller.
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 200 journalistes ont été tué·es par l’armée israélienne en Palestine et au Liban. Face à ce massacre, nous, étudiant·es en journalisme mobilisé·es, affirmons notre solidarité totale avec le peuple palestinien, de Gaza à la Cisjordanie occupée, et avec les civil·es qui en sont les premières victimes. Nous exprimons également notre soutien inconditionnel à nos consœurs et confrères journalistes palestinien·nes, qui continuent de témoigner au péril de leur vie. Ce qui est en train de se passer à Gaza est un génocide.
Face au danger que représente la montée de l’extrême droite, des soignant·es éprouvent la nécessité de s’organiser collectivement. Une démarche qui n’a rien d’évident alors que le secteur médical public est à bout de souffle et son personnel peu politisé dans l’ensemble.
Une vingtaine de militants écologistes se sont rassemblés mardi à Paris devant une boutique Tesla du multimilliardaire Elon Musk pour protester contre l’exploitation du lithium en Argentine, dont les impacts sur les populations autochtones sont légion. D’autant que leurs droits sont bafoués au nom de la transition énergétique.
This is an information resource mainly written for trans US citizens considering emigrating to another country, although we hope it is useful beyond that.
Le Conseil d’Etat a rejeté la requête visant à annuler la délibération de la Cnil autorisant l’hébergement par Microsoft des données du projet Darwin EU, dont l’objectif est de fournir un accès à des données de santé réelles pour l’évaluation des médicaments. Les données de dix millions de personnes sont concernées.
Many conservative Tolkien fans want to reverse aspects of modernity. But as numerous commentators have noted, a group of techno-reactionary entrepreneurs—many aligned with Silicon Valley’s MAGA wing—have grander ambitions. They’ve drawn inspiration from Tolkien’s legendarium to reimagine the relationship between technology and politics, celebrating power while sidestepping democratic accountability. […] The leader of this dark fellowship is Peter Thiel.
Partout, dans un monde qui se brunit, les pouvoirs en place n’hésitent plus à utiliser des termes pour leur faire dire l’inverse de leur sens. Mots et idées qui appartenaient à l’extrême droite s’instillent dans le langage, rendant plus difficile la possibilité de nommer la réalité.
Au sein de l’hôpital public, la psychiatrie fait figure de parent pauvre. Dominique Bergougnoux nous raconte la terrible histoire de son fils.
Le 8 mai, […] c’est aussi le 50e anniversaire de la réunification du Vietnam […] le moment de rappeler les violences infligées aux peuples colonisés en Indochine, en Afrique et ailleurs, mais aussi en Algérie avec les massacres de Sétif le 8 mai 1945 qui ont précédé ceux de Madagascar quelques mois plus tard.
Dans l’histoire coloniale, les heurts qui opposèrent, à partir du 8 mai 1945, à Sétif, Guelma, puis dans d’autres localités, indigènes et Européens et, surtout, la répression qui s’ensuivit, sont des moments à part. Sans doute à cause du caractère symbolique de la date, qui marquait la chute du nazisme, un système particulièrement violent d’oppression. Mais également parce que la répression fut particulièrement meurtrière.
80 ans après la capitulation de l’Allemagne nazie, la présence de femmes parmi les agents britanniques déployés dans les réseaux de résistance suscite toujours une certaine fascination. Leur action, encore trop rarement évoquée, n’échappe pas à des formes de romantisation et de glamourisation. N’est-il pas temps de rendre compte de la véritable nature de leurs expériences ?
Au cours du printemps et de l’été 1945, environ 10 000 femmes déportées rentrent en France. Si elles sont qualifiées d’héroïnes dans la presse, fêtées, parfois même accueillies en triomphe, les célébrations qui leur sont réservées interrogent les représentations du féminin et du masculin. Dans les discours, la figure de la martyre et de la survivante l’emporte souvent sur celle de la combattante.
Lucia Carter naît en 1853 au Texas, d’un père indien Creek et d’une mère mexicaine aux origines afro-américaines.
Levier d’émancipation pour les femmes et les personnes minorisées et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, l’éducation est un enjeu éminemment politique. Comment la penser en féministe ?
« il y a de forts préjugés sur les poissons, non seulement au sein du grand public, mais aussi parmi les scientifiques. On s’attend toujours à ce qu’ils soient moins intelligents. Mais neuf fois sur dix, ils s’avèrent capables des mêmes choses que les mammifères. »
An alliance between the far right and Silicon Valley oligarchs has given rise to a form of “end times fascism,” says journalist Naomi Klein, who details in a recent essay co-authored with Astra Taylor how many wealthy elites are preparing for the end of the world even as they contribute to growing inequality, political instability and the climate crisis.
Chaque jour, des millions d’internautes accèdent gratuitement au savoir grâce à Wikipédia. Mais ce site n’existerait pas sans ses bénévoles. Des « wikimédien·nes » racontent ce que signifie contribuer à l’immense encyclopédie en ligne.
This discovery offers potential for new bioelectronic applications and environmental cleanup technologies.
Around the world, the wind-powered vessels of yesteryear are making a comeback as a carbon-neutral alternative to polluting cargo ships.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
11.05.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 03 février 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
L’utopie algorithmique des puissants est la dystopie algorithmique des démunis.
Dans un article de recherche de 2021, intitulé « Vivre dans leur utopie : pourquoi les systèmes algorithmiques créent des résultats absurdes », l’anthropologue et data scientist américain, Ali Alkhatib pointait le décalage existant entre la promesse technicienne et sa réalité, qui est que ces systèmes déploient bien plus de mauvaises décisions que de bonnes. La grande difficulté des populations à s’opposer à des modèles informatiques défectueux condamne même les systèmes bien intentionnés, car les modèles défaillants sèment le doute partout autour d’eux. Pour lui, les systèmes algorithmiques tiennent d’une bureaucratisation pour elle-même et promeuvent un Etat administratif automatisé, autorisé à menacer et accabler ses populations pour assurer sa propre optimisation.
La raison de ces constructions algorithmiques pour trier et gérer les populations s’expliquent par le fait que la modernité produit des versions abrégées du monde qui ne sont pas conformes à sa diversité, à l’image des ingénieurs du XVIIIᵉ siècle, raconté par l’anthropologue James C. Scott dans L’Oeil de l’Etat, qui, en voulant optimiser la forêt pour son exploitation, l’ont rendue malade. Nos modèles sont du même ordre, ils produisent des versions du monde qui n’y sont pas conformes et qui peuvent être extrêmement nuisibles. « Les cartes abrégées conceptuelles que les forestiers ont créées et utilisées sont des artefacts qui résument le monde, mais elles transforment également le monde ». Nous sommes cernés par la croyance que la science et la technologie vont nous permettre de gérer et transformer la société pour la perfectionner. Ce qui, comme le dit Scott, a plusieurs conséquences : d’abord, cela produit une réorganisation administrative transformationnelle. Ensuite, cette réorganisation a tendance à s’imposer d’une manière autoritaire, sans égards pour la vie – les gens qui n’entrent pas dans les systèmes ne sont pas considérés. Et, pour imposer son réductionnisme, cette réorganisation nécessite d’affaiblir la société civile et la contestation.
La réorganisation administrative et informatique de nos vies et les dommages que ces réorganisations causent sont déjà visibles. L’organisation algorithmique du monde déclasse déjà ceux qui sont dans les marges du modèle, loin de la moyenne et d’autant plus éloignés que les données ne les ont jamais représentés correctement. C’est ce que l’on constate avec les discriminations que les systèmes renforcent. « Le système impose son modèle au monde, jugeant et punissant les personnes qui ne correspondent pas au modèle que l’algorithme a produit dans l’intérêt d’un objectif apparemment objectif que les concepteurs insistent pour dire qu’il est meilleur que les décisions que les humains prennent de certaines ou de plusieurs manières ; c’est la deuxième qualité. Leur mépris pour la dignité et la vie des gens – ou plutôt, leur incapacité à conceptualiser ces idées en premier lieu – les rend finalement aussi disposés que n’importe quel système à subjuguer et à nuire aux gens ; c’est la troisième qualité. Enfin, nos pratiques dans la façon dont les éthiciens et autres universitaires parlent de l’éthique et de l’IA, sapant et contrôlant le discours jusqu’à ce que le public accepte un engagement rigoureux avec « l’algorithme » qui serait quelque chose que seuls les philosophes et les informaticiens peuvent faire, agit comme une dépossession du public ; c’est la quatrième et dernière qualité. »
Comme les forestiers du XVIIIᵉ, les informaticiens imposent leur utopie algorithmique sur le monde, sans voir qu’elle est d’abord un réductionnisme. Le monde réduit à des données, par nature partiales, renforce sa puissance au détriment des personnes les plus à la marge de ces données et calculs. Les modélisations finissent par se détacher de plus en plus de la réalité et sont de plus en plus nuisibles aux personnes exclues. Ali Alkhatib évoque par exemple un système d’admission automatisé mis en place à l’université d’Austin entre 2013 et 2018, « Grade », abandonné car, comme tant d’autres, il avait désavantagé les femmes et les personnes de couleur. Ce système, conçu pour diminuer le travail des commissions d’admission ne tenait aucun compte de l’origine ou du genre des candidats, mais en faisant cela, valorisait de fait les candidats blancs et masculins. Enfin, le système n’offrait ni voie de recours ni même moyens pour que les candidats aient leur mot à dire sur la façon dont le système les évaluait.
L’IA construit des modèles du monde qui nous contraignent à nous y adapter, explique Ali Alkhatib. Mais surtout, elle réduit le pouvoir de certains et d’abord de ceux qu’elle calcule le plus mal. En cherchant à créer un « monde plus rationnel », les algorithmes d’apprentissage automatique créent les « façons d’organiser la stupidité » que dénonçait David Graeber dans Bureaucratie (voir notre lecture) et ces modèles sont ensuite projetés sur nos expériences réelles, niant celles qui ne s’inscrivent pas dans cette réduction. Si les IA causent du tort, c’est parce que les concepteurs de ces systèmes leur permettent de créer leurs propres mondes pour mieux transformer le réel. « Les IA causent du tort, parce qu’elles nous exhortent à vivre dans leur utopie ». Lorsque les concepteurs de systèmes entraînent leurs modèles informatiques en ignorant l’identité transgenre par exemple, ils exigent que ces personnes se débarrassent de leur identité, ce qu’elles ne peuvent pas faire, comme le montrait Sasha Constanza-Chock dans son livre, Design Justice, en évoquant les blocages qu’elle rencontrait dans les aéroports. Même chose quand les systèmes de reconnaissance faciales ont plus de mal avec certaines couleurs de peau qui conduisent à renforcer les difficultés que rencontrent déjà ces populations. Pour Ali Alkhatib, l’homogénéisation que produit la monoculture de l’IA en contraignant, en effaçant et en opprimant ceux qui ne correspondent pas déjà au modèle existant, se renforce partout où l’IA exerce un pouvoir autoritaire, et ces préjudices s’abattent systématiquement et inévitablement sur les groupes qui ont très peu de pouvoir pour résister, corriger ou s’échapper des calculs. D’autant qu’en imposant leur réduction, ces systèmes ont tous tendance à limiter les contestations possibles.
En refermant les possibilités de contestation de ceux qui n’entrent pas dans les cases du calcul, l’utopie algorithmique des puissants devient la dystopie algorithmique des démunis.
05.05.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
A thorium-fueled reactor is the latest idea being revived after getting shelved in the mid-20th century.It’s an interesting (if decidedly experimental) development out of a country that’s edging toward becoming the world leader in nuclear energy.
The tariff pain is more likely to translate to immediate political pressure in the U.S. than in China, both because of the nature of the two political systems and because people on both sides know it was Trump, not Xi, who chose this fight.
Du Moyen-Orient jusqu’à l’Asie du Sud, les records de températures extrêmes s’enchaînent. En cause : un dôme de chaleur qui ne laisse aucun répit aux populations locales depuis déjà plusieurs jours. Face à ces mesures, plusieurs scientifiques alertent sur ces conditions exceptionnelles qui pourraient devenir la normalité dans cette région du monde.
Concentration de la propriété, ingérence, autocensure… Dans son bilan 2025 publié ce vendredi, Reporters sans frontières rappelle combien les pressions économiques sont un danger pour la liberté de la presse.
Le pays s’apprête à voter les 4 et 18 mai pour élire son président. En tête des sondages, le candidat d’extrême droite, George Simion, capitalise sur le rejet des élites.
The 21-year-old who was killed by a police officer in Oldenburg on Easter Sunday was hit from behind by at least three shots. […] According to the police, he fled on Sunday at 2.40 a.m. after an altercation in front of a discotheque, where he is said to have slightly injured two security guards and two people with an irritant. Several people had broken off an initial pursuit because the man had allegedly threatened to use a knife.
Cette qualification faite vendredi par l’office fédéral de protection de la Constitution confère aux autorités d’importants moyens de surveillance et de contrôle, y compris des communications privées.
A new form of surveillance requires telephone providers to scan the internet behaviour of all customers. Further details are secret.
En Belgique francophone, un « cordon sanitaire médiatique » a été mis en place au début des années 1990 afin de contrer la menace de l’extrême droite. Résultat aujourd’hui : peu institutionnalisée, sa portée reste faible.
La Belgique vit un mouvement social comme elle n’en a pas connu depuis dix ans. Alors qu’un gouvernement de droite s’attaque à la Sécurité sociale, au droit du travail et aux droits des étrangers, les manifestations font le plein.
Dans une capitale européenne où l’extrême droite est plus influente que jamais, MCC Brussels, think tank financé par l’État hongrois, est la tête de pont de l’internationale des « nationalistes conservateurs », hostiles à l’état de droit et à l’environnement.
The European Commission presented an internal security strategy that would undermine digital rights and even increase security threats. We unpack what ‘ProtectEU’ means for the EU’s future digital policy, including on encryption, data retention, and border surveillance.
the challenge is made considerably more difficult because nearly everything about the system—from the management hardware that remotely controls the performance of the grid to the power plants themselves—needs power to operate. […] While the grids in Spain and Portugal are connected to each other, they have limited connections to elsewhere. The only sources of external power to the grid come from France and Morocco, which are small connections, but they could be used to help black start some plants. […] If you’re seeing estimates of several days for the restoration of power, it’s because failing to meet this challenge will leave things back in the state they’re in now.
Plus de 9 000 Britanniques ont participé à une expérience inédite, qui a conclu mercredi à une baisse du nombre d’insectes de plus de 60 % entre 2021 et 2024.
Federal judges do not like it when lawyers electronically watermark every page of their legal PDFs with a gigantic image—purchased for $20 online—of a purple dragon wearing a suit and tie. Not even if your firm’s name is “Dragon Lawyers.”
La célèbre marque de paracétamol passe sous pavillon américain après de la cession d’Opella au fonds d’investissement CD&R.
le parti d’extrême droite a reçu le soutien du gouvernement américain, exprimé respectivement par le secrétaire d’État Marco Rubio et le vice-président J.D. Vance sur la plateforme X.Ni l’un ni l’autre […] ne semblent très au courant des subtilités institutionnelles de la protection de la Constitution allemande
Après le Salvador, les pays candidats peuvent se manifester auprès de Marco Rubio.
Le chef du LAPD a annoncé que ses 10.000 officiers ne prendront pas part aux expulsions de sans-papiers que veut relancer Donald Trump.
La volonté des autorités de Pennsylvanie semble claire. Le 25 mars 2025, la Cour suprême de cet État de l’Est américain, a définitivement écarté tout recours contre la condamnation de ce journaliste qui a toujours nié le meurtre d’un policier blanc dont il est accusé depuis 1981.
Milwaukee Police Department is proposing trading 2.5 million jail records for facial recognition technology access with the company Biometrica.
World is opening six U.S. retail locations for eyeball scans : Austin, Atlanta, Los Angeles, Nashville, Miami and San Francisco.The Orb, a spherical biometric device, scans your face and iris, then creates and stores a unique “IrisCode” for you verifying that you’re a human.World announced two high-profile partnerships with Visa and Match Group, the online dating giant.
Neurotech companies have access to some of users’ most sensitive data — and few regulations on what they can do with it.
A young man with no government experience who has yet to even complete his undergraduate degree is working for Elon Musk’s so-called Department of Government Efficiency (DOGE) at the Department of Housing and Urban Development (HUD) and has been tasked with using artificial intelligence to rewrite the agency’s rules and regulations.
In a searing report, Amnesty International has ripped apart the comforting government myth that the system is “fair but firm” — exposing a reality of humiliation, persecution, and systemic abuse, designed not to help but to hurt the people it claims to support.
Over the last two weeks, in response to Executive Order 14035, the National Science Foundation (NSF) has discontinued funding for research on diversity, equity, and inclusion (DEI), as well as support for researchers from marginalized backgrounds. Executive Order 14168 ordered the NSF (and other federal agencies) to discontinue any research that focused on women, women in STEM, gender variation, and transsexual or transgender populations—and, oddly, transgenic mice. Then, another round of cancellations targeted research on misinformation and disinformation, a subject (among others) that Republican Senator Ted Cruz views as advancing neo-Marxist perspectives and class warfare.
A year ago, the long-time anti-vaccine advocate and current US health secretary famously told The New York Times that a parasitic worm “got into my brain and ate a portion of it and then died.” […] For those who have followed his anti-vaccine advocacy, it’s frightfully clear that, worm-infested or not, Kennedy’s brain is marinated in wild conspiracy theories and dangerous misinformation.
« C’est là où l’on en est rendu, comme pays. Et c’est nous qu’ils essayent de faire passer pour des fous, pour des déséquilibrés… »
Political Retribution for Telling the Truth Weakens the Entire Infosec Community and Threatens Our Democracy ; Letter Remains Open for Further Sign-Ons
Peter Marks, the former head of the FDA’s Center for Biologics Evaluation and Research, said in his March 28 resignation letter that “It has become clear that truth and transparency are not desired by the Secretary, but rather he wishes subservient confirmation of his misinformation and lies.” Calls for Kennedy’s resignation are growing. The Executive Director of the American Public Health Association, Georges Benjamin, called for Kennedy’s resignation or removal on April 9. The Treatment Action Group and Doctors for America have also called for him to go. Given Kennedy’s support for the gutting of the NIH, CDC, and FDA, alongside his espousal of unscientific treatments and theories, The Lancet joins Benjamin’s call for Kennedy’s resignation. Medical journals should not expect to be spared by the Trump administration’s attack on science, nor should health institutions such as the NIH, the CDC, or academic medical centres. Science and medicine in the USA are being violently dismembered while the world watches. While the risks to civil servants and academics’ livelihoods are real and understandably frightening, bullies are only emboldened by acquiescence or indifference.
Dans une analyse publiée le 29 avril dans la revue The Lancet, ils alertent sur les 70 cas recensés aux États-Unis, dont un mort. Le virus H5N1 est également présent au Canada.
The biological barrier was breached, they’re slithering toward our border, and the US Department of Agriculture is now carpet-bombing parts of Mexico with weaponized flies to stave off an invasion.
With coins pricing at around $90,000 the math just doesn’t add up.
Alors que les patrons ont vu leur rémunération croître de 50 % en cinq ans, une étude d’Oxfam portant sur 1984 entreprises dans 35 pays montre que les salariés n’ont gagné que 0,9 %.
L’orbite terrestre basse approche de la saturation, mais des milliardaires continuent de déployer leurs méga-constellations de satellites.6 fusées lancées en seulement 18 heures, un record qui donne le tournis.
It’s not unusual for redundant satellites, rocket stages, or other spacecraft to re-enter the earth’s atmosphere. Usually they pass unnoticed or generate a spectacular light show, and very rarely a few pieces make it to the surface of the planet. Coming up though is something entirely different, a re-entry of a redundant craft in which the object in question might make it to the ground intact. […] At the time of writing the re-entry is expected to happen on the 10th of May, but as yet due to its shallow re-entry angle it is difficult to predict where it might land.
Researchers claiming affiliation with the University of Zurich secretly deployed AI-powered bots in a popular Reddit forum to test whether AI could change users’ minds on contentious topics.
AI-generated computer code is rife with references to non-existent third-party libraries, creating a golden opportunity for supply-chain attacks that poison legitimate programs with malicious packages that can steal data, plant backdoors, and carry out other nefarious actions, newly published research shows.
The company has removed the option to disable your voice recordings from being stored, among other changes.“Meta AI with camera use is always enabled on your glasses unless you turn off ’Hey Meta”
I guess you have all heard about the growing problem of AI companies trying to aggressively collect whatever data they can get their hands on to train their models. This has caused an explosive surge in web crawlers relentlessly hitting servers big and small. But who runs these crawlers ? Turns out — it could be you !
The part that’s the most wild to me is when I stop and consider the scale of these organizations. I think that this means that the problem is much worse than I had previously anticipated. I know that at some point YouTube was about to hit “the inversion” where they get more bot traffic than they get human traffic. I wonder how much this is true across most of, if not all of the Internet right now.
Wikipedia will employ AI to enhance the work of its editors and volunteers, it said Wednesday, also asserting that it has no plans to replace those human roles. The Wikimedia Foundation plans to implement AI specifically for automating tedious tasks, improving information discovery, facilitating translations, and supporting new volunteer onboarding, it said.
Easy fix : Telling LLMs to cosplay Lenin makes ’em more gender blind
Des dizaines de chaînes diffusent des vidéos animées où des minions, des chatons ou des personnages de dessins animés subissent des violences, sont sexualisés etc. Le tout souvent présenté comme du contenu pour les enfants
Voir aussi Dozens of YouTube Channels Are Showing AI-Generated Cartoon Gore and Fetish Content (wired.com)
A WIRED investigation found that dozens of YouTube channels are using generative AI to depict cartoon cats and minions being beaten, starved, and sexualized—sparking fears of a new Elsagate wave.
An AI Mode tab will soon start appearing in Search for a handful of US users.
Unsurprisingly, an advertising company is finding more places to run ads.
When ChatGPT users search for products, the chatbot will now offer a few recommendations, present images and reviews for those items, and include direct links to web pages where users can buy the products.
AI agents won’t have total autonomy to click “buy,” with consumers still having the final say over what’s purchased
Elon Musk raced to build Colossus, the world’s largest supercomputer, in Memphis, Tennessee. He bragged that construction only took 122 days and expected that his biggest AI rivals would struggle to catch up.To leap ahead, his firm xAI “removed whatever was unnecessary” to complete the build, questioning “everything” that might delay operations and taking the timeline “into our own hands” […] Now, xAI is facing calls to shut down gas turbines that power the supercomputer, as Memphis residents in historically Black communities—which have long suffered from industrial pollution causing poor air quality and decreasing life expectancy—allege that xAI has been secretly running more turbines than the local government knows, without permits.
Since March, the army’s intensified targeting of water infrastructure has left Gazans no choice but to drink seawater and ration contaminated supplies.
L’activiste Greta Thunberg, qui se trouvait à Malte pour rejoindre la mission, a dénoncé dans une vidéo un « crime de guerre ».
Voir aussi Guerre à Gaza : un bateau humanitaire attaqué par des drones israéliens, selon la Flottille de la liberté (humanite.fr)
« À 00 h 23, heure maltaise (22 h 23 GMT), le Conscience, un navire de la Coalition de la Flottille de la liberté, a été directement attaqué dans les eaux internationales », écrit vendredi 2 mai l’organisation dans un communiqué. « Des drones armés ont attaqué l’avant d’un navire civil non armé à deux reprises, provoquant un incendie et une importante brèche dans la coque »
Comme le montre ici Samah Salaime, malgré des preuves de plus en plus nombreuses des crimes de genre commis par l’armée, les organisations féminines israéliennes ont largement ignoré ou nié le nouveau rapport accablant de l’ONU.
While brutal crimes spark public outrage and political blame games, the daily violence faced by women goes unnoticed. The safety mechanisms and government schemes meant to protect them are equally overlooked.
For years, fear and social norms kept many women in one of Asia’s top surfing destinations away from the water. Then they started riding the waves.
For hundreds of women, this unconventional career in a male-dominated field has provided life-changing confidence and independence.
Les crimes sexuels, des entraves à l’avortement, des exactions contre des féministes : trois activistes congolaises analysent les violences de genre à l’œuvre dans le conflit en République démocratique du Congo.
Arabe classique, arabe populaire, berbère, français, anglais irriguent les parlers au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Le langage est au cœur des réflexions d’une nouvelle génération de féministes et de queers qui veulent réhabiliter les variantes populaires pour libérer la parole.
En Pologne, la loi n’interdit pas aux femmes de pratiquer leur propre avortement avec des pilules commandées en ligne. Une brèche utilisée par LFI lors d’un voyage sur place.
How families are fighting to survive Trump’s war on transgender kids.
Très virulent contre Donald Trump et sa politique anti-inclusion, l’acteur américain de 81 ans n’a pas hésité à s’exprimer publiquement sur sa vie privée.[…]« J’ai aimé et soutenu Aaron comme mon fils, et maintenant j’aime et soutiens Airyn comme ma fille », avant d’affirmer « aimer tous ses enfants », au nombre de sept.« Je ne vois pas où est le problème », a-t-il ajouté
La nonne brésilienne qui avait obtenu ce titre honorifique début janvier 2025 est décédée ce mercredi à l’âge de 116 ans et 326 jours.
Ces morts sont le résultat d’un système où le droit de vivre en sécurité pèse moins lourd que les impératifs de rentabilité.
La commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires a révélé, mardi 29 avril que le rapport réalisé en 2023 sur le collège parisien Stanislas, a été « plutôt édulcoré ». Le climat raciste et homophobe, reporté dans le rapport initial, ne figurait pas dans le document final
« Il faut vraiment différencier les sévices sexuels, qui sont des crimes et qui sont horriblement traumatisants, du contexte de violences [physiques] qui maintenant seraient inacceptables. […] Mais à l’époque, ça passait. » Ainsi parle Jean-Marie Berchon, maire de Lestelle-Bétharram, commune des Pyrénées-Atlantiques où se situe l’institution Notre-Dame-de-Bétharram […] le 20 février 2025.
Médecin et criminel pédophile, Joël Le Scouarnec a bien été dénoncé par certains collègues auprès d’établissements hospitaliers et du conseil de l’Ordre, mais ces alertes sont, pour la plupart, restées sans suite. Si certains établissements ont mis fin au contrat de travail du chirurgien d’autres, rencontrant des difficultés de recrutement, l’ont malgré tout embauché, arguant qu’aucune interdiction d’exercer n’avait été prononcée à son encontre et qu’aucune sanction disciplinaire n’avait été prise par le conseil de l’Ordre. Le chirurgien a continué d’exercer et de sévir auprès d’enfants pendant des années.
les zones à faibles émissions, ou ZFE, mises en place dans des dizaines d’agglomérations, sont accusées d’asphyxier les classes populaires en restreignant l’accès des voitures anciennes aux centres-villes.
Adélaïde Hautval sera-t-elle la prochaine femme à faire son entrée au Panthéon ? Cette psychiatre fut déportée pour avoir protégé des Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle serait la septième femme à être panthéonisée.
Samedi 26 avril, une exposition féministe baptisée “Benzine Cyprine” a été vandalisée dans une galerie d’art à Nîmes. L’artiste toulousaine Kamille Lévêque Jégo qui a vu ses œuvres détruites se dit écœurée par de tels actes.
L’école de cinéma Kourtrajmé, située à Marseille, a appris ce jeudi 24 avril qu’elle ne percevrait la subvention bisannuelle de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) – présidée par Renaud Muselier (Renaissance) – qu’à la condition de renoncer à l’usage de l’écriture inclusive dans ses communications.
Le département de la Drôme a voté le 14 avril 2025 la fermeture de sept centres de santé sexuelle ainsi qu’une baisse de 20 % des subventions versées au Planning familial. De quoi creuser encore les inégalités d’accès aux soins de proximité dans ce département rural du sud de la France.
Trois anciens salariés d’une compagnie maritime du Finistère comparaissaient du 22 au 24 avril pour des faits de harcèlement sexuel, agressions sexuelles, et harcèlement moral à bord de navires. Le premier MeToo de la marine.
Si Dominique Pelicot préparait les repas et les apportait au lit à son épouse, ce n’était nullement par souci d’équité domestique ni par sollicitude, mais uniquement parce que cela lui permettait de la sédater à son insu […] De même, l’accompagner systématiquement chez le médecin n’était pas une marque d’attention, mais visait à empêcher le corps médical de poser les questions qui auraient pu mener Gisèle Pelicot à s’interroger sur ce qu’elle ingérait – stratégie qui s’est avérée payante. Il l’accompagnait jusque dans le cabinet du gynécologue […] Pas plus qu’ils ne sont paradoxaux, ces procédés ne sont hors norme. Nombre de ses co-accusés ont également été dépeints comme des conjoints et pères « normaux » ou « idéaux ». […] Faire perdre toute agentivité à la conjointe est une stratégie classique du compagnon violent. La faire passer pour folle, ou sénile, en est une autre. Si elle s’était souvenu de quoi que ce soit, qui aurait cru une femme qui perd la tête ? […] Lors de la vague féministe Ni Una Menos (« Pas une de moins ») en Amérique latine, un homme avait fait le buzz en défilant torse nu lors d’une manifestation à Santiago, au Chili, avec une pancarte « Je suis à moitié nu entouré du sexe opposé… Je me sens protégé, pas intimidé. Je veux la même chose pour elles ». Les posts de son ex-compagne le dénonçant pour violences conjugales et paternelles avaient fait nettement moins de bruit.
Une analyse des données publiques permet de démontrer sans ambiguïté l’orientation éditoriale de CNews, et même de dire précisément quand le virage a vraiment commencé. Plongée dans les marqueurs sémantiques du discours identitaire.
Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, exprime son indignation après l’audition en gendarmerie, ce mercredi 23 avril, d’un journaliste rémunéré à la pige et adhérent SNJ. Il était entendu après la publication d’un tweet en octobre 2024, relayant une information déjà diffusée par un média le 9 octobre 2024, à propos de l’identité d’un membre des services de renseignement français. Cette procédure constitue une atteinte grave et injustifiée à la liberté d’informer.
Au-delà de 180 hectares, une ferme est considérée comme trop grande par les services de l’État. Pourtant, certaines exploitations dépassent 1.000 hectares, l’équivalent de vingt fermes moyennes. Petit à petit, l’agriculture familiale disparaît au profit d’une agriculture de firme, entraînant une désertification des campagnes. Le gouvernement, lui, est dans le déni.
En ce printemps 2025, un projet de loi d’apparence anodine menace de faire voler en éclats plusieurs décennies de progrès en matière de protection environnementale et patrimoniale. Il s’intitule : projet de loi portant sur la simplification de la vie économique.
La remise en question totale des politiques de diversité, d’inclusion et d’accessibilité mise en œuvre par Donald Trump va-t-elle traverser l’Atlantique ? Si toute une partie du champ économique affirme sa volonté de poursuivre la lutte contre les discriminations, des cadres dirigeants, y compris de grandes entreprises, n’hésitent plus à affirmer des positions réactionnaires.
Plusieurs lieux bretons luttant contre l’exclusion et le racisme ont été pris pour cible par des militants d’extrême droite.
« En 20 ans de bar, je n’ai jamais vu ça », s’alarme Gérard Mauduit, patron du Chien Stupide à Nantes (44), qui vient de subir une agression d’un commando d’extrême droite. Le week-end dernier, dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 avril 2025, six agresseurs, tous cagoulés sauf un, débarquent sur sa terrasse
Venue tardive du ministère de l’Intérieur et des Cultes, absence du préfet : les réactions suite au meurtre d’Aboubakar Cissé en pleine prière, vendredi 25 avril, interrogent sur la manière dont certaines morts suscitent, chez d’aucuns, un intérêt inférieur par rapport à d’autres.
Voir aussi Après le meurtre d’Aboubakar Cissé, le père du suspect présente ses excuses (huffingtonpost.fr)
Le père d’Olivier H. s’est adressé à la famille du jeune Malien de 22 ans assassiné dans la mosquée de La Grande Combe.[…]Confiée à un juge d’instruction du pôle criminel de Nîmes, l’enquête sur l’affaire a été ouverte lundi pour « meurtre aggravé par préméditation et à raison de la race ou de la religion ». La famille de la victime estime que les faits relèvent du terrorisme
Pour financer le « fonctionnement de nos prisons » et les « investissements », le ministre de la Justice estime que les détenus doivent « contribuer ».
Un agent du commissariat de Suresne sera jugé à compter de ce lundi à Nanterre pour “faux en écriture”. Il est accusé d’avoir dressé trois fausses contraventions à un adolescent de 16 ans, pendant le confinement. […] L’avocat des parties civiles, Arié Alimi, espère montrer lors de ce procès que cette affaire n’est pas isolée. Il pointe un système policier mise en place pour “endetter illégalement” des familles de nombreux jeunes de cité. “Les amendes forfaitaires sont un outil de contrôle, qui permet des faux”
Depuis quelques mois, les législateurs français s’emballent pour museler la liberté d’expression en voulant criminaliser toute critique de la politique israélienne et en particulier la lutte contre le génocide en cours à Gaza et ce en dépit du droit international (ordonnances, avis ou rapports). Le milieu universitaire est spécifiquement visé.
Selon la CGT, 250 000 personnes ont manifesté partout en France.
« Cela fait partie de la stratégie “cheval de Troie” que l’on a avec Planète Boum Boum pour toucher de nouveaux publics : que des gens viennent faire la fête avec nous et, dans le même temps, soient exposés à un discours politique qui plante une graine dans leur esprit »
Dans la France des villages, des collectifs se sont constitués ou renforcés en réaction au succès électoral de l’extrême droite aux législatives de 2024. Autour de valeurs et de préoccupations communes, ils s’emploient à retisser du lien social. Tour d’horizon en cinq départements.
“One of the estimates that I think is most likely is that data centers will require an additional 29 gigawatts of power by 2027, and 67 more gigawatts by 2030. These things are industrial at a scale that I have never seen in my life.”
Meta is continuing to sink billions of dollars a quarter into the metaverse.In its first-quarter earnings report on Wednesday, Meta said its Reality Labs unit recorded an operating loss of $4.2 billion in the period while bringing in $412 million in sales. Analysts were projecting an operating loss of $4.6 billion on revenue of $492.7 million.
Les Gafam n’ont pas pour habitude de se plier aux règles – ni de prendre soin des personnes en bout de chaîne qui travaillent pour eux. Mais des États, tribunaux et travailleur·euses du monde entier tâchent de faire cesser cette impunité.
Plusieurs utilisateurs d’iPhone ont été prévenus ces derniers jours que leurs smartphones avaient été infectés par un logiciel espion lâché par une agence gouvernementale. Ce n’est pas une première, et malheureusement il faut croire que ce ne sera pas la dernière fois.
The right-wing billionaire’s platform has recently lost about 10 percent of its European user base.
Voir aussi Elon Musk’s X lost 11 million users in the EU over the past 5 months (mashable.com)
Présentés comme des révolutions, les écrans embarqués se révèlent peu adaptés à la conduite. Complexes, distrayants et parfois dangereux, ils pourraient bientôt perdre leur place privilégiée à bord des voitures modernes au profit de solutions plus simples.
La légende d’un Nolde martyr du nazisme s’appuie, entre autres, sur la très grande popularité du roman la Leçon d’allemand (1968), de Siegfried Lenz.
Il y a cinquante ans, jour pour jour, prenait fin la seconde guerre d’Indochine (guerre du Vietnam.) Entre 1961 et 1971, l’armée américaine a déversé plus de 80 millions de litres d’un herbicide ultra-toxique, l’agent orange, sur les forêts et les champs vietnamiens pour tenter d’empêcher la progression de la guérilla communiste. Face aux multinationales responsables, dont Monsanto, un combat judiciaire et mémoriel s’organise, mené par le collectif français Vietnam Dioxine et sa figure emblématique, Tran To Nga, elle-même victime de l’agent orange. Un combat qui établit un lien direct entre les luttes décoloniales et écologistes, alors même que les crimes d’écocide se perpétuent encore aujourd’hui, comme au Liban et à Gaza, avec l’usage illégal de phosphore blanc par Israël.
Du soupçon au contrôle, le sport de haut niveau depuis un siècle traque le “vrai sexe” des athlètes. Les tests de féminité, les violences médicales et politiques qui les accompagnent et les normes implicites – raciales, sociales, sexuelles – continuent de régir l’accès des femmes à la compétition.
Aux États-Unis, à la fin des années 1970 et lors de la décennie suivante, des militantes se sont opposées, de manière parfois virulente, sur les questions sexuelles.
Les réseaux sociaux sont, depuis leur lancement, au début des années 2000, des lieux ambigus pour les femmes, les personnes racisées et LGBTQIA+. Elles sont la cible de contenus haineux et de cyberviolences, mais elles ont aussi investi ces espaces numériques. De Black Lives Matter à MeToo, les personnes minorisées ont politisé leurs identités et diffusé leurs mobilisations grâce à ces mêmes réseaux.
De la bataille pour l’enseignement en mixité au XIXe siècle à la critique des pédagogies jugées oppressives dans les années 1970, les différentes vagues du féminisme ont toujours placé les questions éducatives au centre de leurs revendications. Tour d’horizon de ces luttes historiques avec la philosophe Vanina Mozziconacci, qui appelle à « sortir de l’école » pour penser une éducation féministe globale.
Neanderthals used sleek bone projectiles to hunt big game.
Incontournable dans la années 80 et 90 avec le walkman, la K7 audio est tombée en désuétude jusqu’à récemment. C’est en France, à Avranches, qu’est établie l’une des trois usines de fabrication au monde, RTM Industries. A 34 ans, Théo Gardin est son responsable des ventes. Une anomalie en 2025 ?
Des jardins mis à disposition pour les voyageur·ses lent·es. Une initiative rendue possible grâce à une communauté de citoyen·nes généreux·ses.
On peut désormais pédaler en toute tranquillité entre Orléans et Chalette-sur-Loing, grâce à une nouvelle piste cyclable entièrement aménagée qui permet de connecter le parcours de la Loire à vélo aux canaux du Loiret.
At the heart of OIN’s legal strategy is a royalty-free cross-license agreement. Here’s how it works and why it’s necessary.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
04.05.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 13 janvier 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Des contenus générés par IA qui ânonnent des textes qui ne veulent rien dire. Des images stylisées qui nous déconnectent de la réalité. L’internet zombie colonise l’internet, par un remplissage par le vide qui n’a pas d’autre enjeu que de nous désorienter.
Sur la plupart des réseaux sociaux vous avez déjà dû tomber sur ces contenus génératifs, pas nécessairement des choses très évoluées, mais des contenus étranges, qui n’ont rien à dire, qui hésitent entre développement personnel creux, blague ratée ou contenu sexy. Des vidéos qui ânonnent des textes qui ne veulent rien dire. Les spécialistes parlent de slop, de contenus de remplissages, de résidus qui peu à peu envahissent les plateformes dans l’espoir de générer des revenus. A l’image des contenus philosophiques générés par l’IA que décortique en vidéo Monsieur Phi.
Pour l’instant, ces contenus semblent anecdotiques, peu vus et peu visibles, hormis quand l’un d’entre eux perce quelque part, et en entraîne d’autres dans son flux de recommandation, selon la logique autophagique des systèmes de recommandation. Pour l’analyste Ben Thompson, l’IA générative est un parfait moteur pour produire de la publicité – et ces slops sont-ils autre chose que des contenus à la recherche de revenus ? Comme le dit le philosophe Rob Horning : « le rêve de longue date d’une quantité infinie de publicités inondant le monde n’a jamais semblé aussi proche ». Pour Jason Koebler de 404 Media, qui a enquêté toute l’année sur l’origine de ce spam IA, celui-ci est profondément relié au modèle économique des réseaux sociaux qui rémunèrent selon l’audience que les créateurs réalisent, ce qui motive d’innombrables utilisateurs à chercher à en tirer profit. Koebler parle d’ailleurs d’internet zombie pour qualifier autant cette génération de contenu automatisée que les engagements tout aussi automatisés qu’elle génère. Désormais, ce ne sont d’ailleurs plus les contenus qui sont colonisés par ce spam, que les influenceurs eux-mêmes, notamment par le biais de mannequins en maillots de bains générés par l’IA. À terme, s’inquiète Koebler, les médias sociaux pourraient ne plus rien avoir de sociaux et devenir des espaces « où le contenu généré par l’IA éclipse celui des humains », d’autant que la visibilité de ces comptes se fait au détriment de ceux pilotés par des humains. Des sortes de régies publicitaires sous stéroïdes. Comme l’explique une créatrice de contenus adultes dont l’audience a chuté depuis l’explosion des mannequins artificiels : « je suis en concurrence avec quelque chose qui n’est pas naturel ».
Ces contenus qui sont en train de coloniser les réseaux sociaux n’ont pas l’air d’inquiéter les barons de la tech, pointait très récemment Koebler en rapportant les propose de Mark Zuckerberg. D’autant que ces contenus génératifs semblent produire ce qu’on attend d’eux. Meta a annoncé une augmentation de 8 % du temps passé sur Facebook et de 6 % du temps passé sur Instagram grâce aux contenus génératifs. 15 millions de publicités par mois sur les plateformes Meta utilisent déjà l’IA générative. Et Meta prévoit des outils pour démultiplier les utilisateurs synthétiques. Le slop a également envahi la plateforme de blogs Medium, explique Wired, mais ces contenus pour l’instant demeurent assez invisibles, notamment parce que la plateforme parvient à limiter leur portée. Un endiguement qui pourrait ne pas résister au temps. À terme, les contenus produits par les humains pourraient devenir de plus en plus difficiles à trouver sur des plateformes submergées par l’IA.
On voudrait croire que les réseaux sociaux puissent finir par s’effondrer du désintérêt que ces contenus démultiplient. Il semble que ce soit l’inverse, l’internet zombie est en plein boom. Tant et si bien qu’on peut se demander, un an après le constat de l’effondrement de l’information, si nous ne sommes pas en train de voir apparaître l’effondrement de tout le reste ?
Dans sa newsletter personnelle, le chercheur et artiste Eryk Salvaggio revient à son tour sur le remplissage par l’IA, dans trois longs billets en tout point passionnants. Il souligne d’abord que ce remplissage sait parfaitement s’adapter aux algorithmes des médias sociaux. Sur Linked-in, les contenus rédigés par des LLM seraient déjà majoritaires. Même le moteur de recherche de Google valorise déjà les images et les textes générés par IA. Pour Salvaggio, avec l’IA générative toute information devient du bruit. Mais surtout, en se jouant parfaitement des filtres algorithmiques, celle-ci se révèle parfaitement efficace pour nous submerger.
Salvaggio propose d’abandonner l’idée de définir l’IA comme une technologie. Elle est devenue un projet idéologique, c’est-à-dire que « c’est une façon d’imaginer le monde qui devient un raccourci pour expliquer le monde ». Et elle est d’autant plus idéologique selon les endroits où elle se déploie, notamment quand c’est pour gérer des questions sociales ou culturelles. « L’optimisation de la capacité d’un système à affirmer son autorité est une promesse utopique brillante des technologies d’automatisation ». « L’un des aspects de l’IA en tant qu’idéologie est donc la stérilisation scientifique de la variété et de l’imprévisibilité au nom de comportements fiables et prévisibles. L’IA, pour cette raison, offre peu et nuit beaucoup au dynamisme des systèmes socioculturels ». Les gens participent à l’idéologie de l’IA en évangélisant ses produits, en diffusant ses résultats et en soutenant ses avancées pour s’identifier au groupe dominant qui l’a produit.
La production par l’IA de contenus de remplissage nécessite de se demander à qui profite ce remplissage abscons ? Pour Salvaggio, le remplissage est un symptôme qui émerge de l’infrastructure même de l’IA qui est elle-même le résultat de l’idéologie de l’IA. Pourquoi les médias algorithmiques récompensent-ils la circulation de ces contenus ? Des productions sensibles, virales, qui jouent de l’émotion sans égard pour la vérité. Les productions de remplissage permettent de produire un monde tel qu’il est imaginé. Elles permettent de contourner tout désir de comprendre le monde, car elle nous offre la satisfaction immédiate d’avoir un « sentiment sur le monde ». « L’AI Slop est un signal vide et consommé passivement, un symptôme de « l’ère du bruit », dans lequel il y a tellement de « vérité » provenant de tant de positions que l’évaluation de la réalité semble sans espoir. »
Eryk Salvaggio se demande même si le but de l’IA n’est pas justement de produire ce remplissage. Un remplissage « équipé », « armé », qui permet d’essaimer quelque chose qui le dépasse, comme quand l’IA est utilisée pour inonder les réseaux de contenus sexuels pour mieux essaimer le regard masculin. Les productions de l’IA permettent de produire une perspective, un « regard en essaim » qui permet de manipuler les symboles, de les détourner. « Les images générées par l’IA offrent le pouvoir de façonner le sens dans un monde où les gens craignent l’impuissance et l’absence de sens en les invitant à rendre les autres aussi impuissants et dénués de sens qu’eux ». Ces images « diminuent la valeur de la réalité », suggère brillamment Salvaggio. Elles créent « une esthétisation », c’est-à-dire rend la représentation conforme à un idéal. La fonction politique de ce remplissage va bien au-delà des seules représentations et des symboles, suggère-t-il encore. L’IA appliquée aux services gouvernementaux, comme les services sociaux, les transforme à leur tour « en exercice esthétique ». Notre éligibilité à une assurance maladie ou à une couverture sociale n’est pas différente de l’IA Slop. C’est cette même infrastructure vide de sens qui est pointée du doigt par ceux qui s’opposent à l’algorithmisation de l’Etat que ceux qui fuient les boucles de rétroactions délétères des médias sociaux.
Le projet DOGE d’Elon Musk, ce département de l’efficacité gouvernementale qui devrait proposer un tableau de bord permettant aux internautes de voter pour éliminer les dépenses publiques les plus inutiles, semble lui-même une forme de fusion de médias sociaux, d’idéologie de l’IA et de pouvoir pour exploiter le regard en essaim de la population et le diriger pour harceler les fonctionnaires, réduire l’État providence autour d’une acception de l’efficacité ultra-réductrice. Au final, cela produit une forme de politique qui traite le gouvernement comme une interface de médias sociaux, conçue pour amplifier l’indignation, intimider ceux qui ne sont pas d’accord et rendre tout dialogue constructif impossible. Bienvenue à la « momusocratie » , le gouvernement des trolls, de la raillerie, explique Salvaggio, cette Tyrannie des bouffons chère à l’essayiste Christian Salmon.
Mais encore, défend Salvaggio, le déversement de contenus produit par l’IA générative promet un épuisement du public par une pollution informationnelle sans précédent, permettant de perturber les canaux d’organisation, de réflexion et de connexion. « Contrôlez le filtre permet de l’orienter dans le sens que vous voulez ». Mais plus que lui donner un sens, la pollution de l’information permet de la saturer pour mieux désorienter tout le monde. Cette saturation est un excellent moyen de garantir « qu’aucun consensus, aucun compromis, ou simplement aucune compréhension mutuelle ne se produise ». Cette saturation ne vise rien d’autre que de promouvoir « la division par l’épuisement ». « Le remplissage est un pouvoir ».
« L’idéologie de l’IA fonctionne comme une croyance apolitique trompeuse selon laquelle les algorithmes sont une solution à la politique » qui suppose que les calculs peuvent prendre les décisions au profit de tous alors que leurs décisions ne sont qu’au profit de certains, en filtrant les données, les idées, les gens qui contredisent les résultats attendus. Alors que l’élection de Trump éloigne les enjeux de transparence et de régulation, l’IA va surtout permettre de renforcer l’opacité qui lui assure sa domination.
Dans la dernière partie de sa réflexion, Salvaggio estime que le remplissage est un symptôme, mais qui va produire des effets très concrets, des « expériences désintéressées », c’est-à-dire des « expériences sans intérêt et incapables de s’intéresser à quoi que ce soit ». C’est le rêve de machines rationnelles et impartiales, omniscientes, désintéressées et qui justement ne sont capables de s’intéresser à rien. Un monde où l’on confie les enfants à des tuteurs virtuels par souci d’efficacité, sans être capable de comprendre tout ce que cette absence d’humanité charrie de délétère.
L’IA s’est construite sur l’excès d’information… dans le but d’en produire encore davantage. Les médias sociaux ayant été une grande source de données pour l’IA, on comprend que les contenus de remplissage de l’IA soient optimisés pour ceux-ci. « Entraînée sur du contenu viral, l’IA produit du contenu qui coche toutes les cases pour l’amplification. Le slop de l’IA est donc le reflet de ce que voient nos filtres de médias sociaux. Et lorsque les algorithmes des médias sociaux en reçoivent les résultats, il les reconnaît comme plus susceptibles de stimuler l’engagement et les renforce vers les flux (générant plus d’engagement encore). » Dans le tonneau des Danaïdes de l’amplification, l’IA slop est le fluidifiant ultime, le contenu absurde qui fait tourner la machine sans fin.
Combattre ce remplissage par l’IA n’est une priorité ni pour les entreprises d’IA qui y trouvent des débouchés, ni pour les entreprises de médias sociaux, puisqu’il ne leur porte aucun préjudice. « Les contenus de remplissage de l’IA sont en fait la manifestation esthétique de la culture à médiation algorithmique » : « ils sont stylisés à travers plus d’une décennie d’algorithmes d’optimisation qui apprennent ce qui pousse les gens à s’engager ».
Face à ces contenus « optimisés pour performer », les artistes comme les individus qui ont tenté de partager leur travail sur les plateformes sociales ces dernières années ne peuvent pas entrer en concurrence. Ceux qui ont essayé s’y sont vite épuisés, puisqu’il faut tenir d’abord le rythme de publication infernal et infatigable que ces systèmes sont capables de produire.
« Les images générées par l’IA peuvent être interprétées comme de l’art populaire pour servir le populisme de l’IA ». Elles visent à « dépouiller les symboles de leur relation à la réalité » pour les réorganiser librement. Les gens ne connaissent pas les films mais ont vu les mèmes. Le résultat de ces images est souvent critiqué comme étant sans âme. Et en effet, le texte et les images générés par l’IA souffrent de l’absence du poids du réel, dû à l’absence de logique qui préside à leur production.
« L’ère de l’information est arrivée à son terme, et avec elle vient la fin de toute définition « objective » et « neutre » possible de la « vérité ». » L’esthétique du remplissage par l’IA n’est pas aléatoire, mais stochastique, c’est-à-dire qu’elle repose sur une variété infinie limitée par un ensemble de règles étroites et cohérentes. Cela limite notre capacité à découvrir ou à inventer de nouvelles formes de culture, puisque celle-ci est d’abord invitée à se reproduire sans cesse, à se moyenniser, à s’imiter elle-même. Les images comme les textes de l’IA reflètent le pouvoir de systèmes que nous avons encore du mal à percevoir. Ils produisent des formes de vérités universalisées, moyennisées qui nous y enferment. Comme dans une forme d’exploitation sans fin de nos représentations, alors qu’on voudrait pouvoir en sortir, comme l’expliquait dans une note pour la fondation Jean Jaurès, Melkom Boghossian, en cherchant à comprendre en quoi les algorithmes accentuent les clivages de genre. Comme s’il devenait impossible de se libérer des contraintes de genres à mesure que nos outils les exploitent et les renforcent. Cet internet de contenus absurde n’est pas vide, il est plein de sens qui nous échappent et nous y engluent. Il est plein d’un monde saturé de lui-même.
A mesure que l’IA étend son emprise sur la toile, on se demande s’il restera encore des endroits où nous en serons préservés, où nous pourrons être mis en relation avec d’autres humains, sans que tout ce qui encode les systèmes ne nous déforment.
Dans une tribune pour PubliBooks, la sociologue Janet Vertesi estime que les recherches en ligne sont devenues tellement chaotiques et irrationnelles, qu’elle a désormais recours aux dictionnaires et encyclopédies papier. « Google qui a fait fortune en nous aidant à nous frayer un chemin sur Internet se noie désormais dans ses propres absurdités générées par elle-même ». Nous voici confrontés à un problème d’épistémologie, c’est-à-dire de connaissance, pour savoir ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Au XXᵉ siècle, les philosophes ont défini la connaissance comme une croyance vraie justifiée. La méthode scientifique était le moyen pour distinguer la bonne science de la mauvaise, la vérité du mensonge. Mais cette approche suppose souvent qu’il n’y aurait qu’une seule bonne réponse que nous pourrions connaître si nous adoptons les bonnes méthodes et les bons outils. C’est oublier pourtant que la connaissance ne sont pas toujours indépendantes de l’expérience. Ludwig Wittgenstein a utilisé la figure du canard-lapin pour montrer comment des personnes rationnelles pouvaient en venir à avoir des points de vue irréconciliablement différents sur une même réalité. Les épistémologues se sont appuyés sur cette idée pour montrer que les personnes, selon leurs positions sociales, ont des expériences différentes de la réalité et que la connaissance objective ne pouvait naître que de la cartographie de ces multiples positions. Les sociologues de la connaissance, eux, examinent comment différents groupes sociaux en viennent à légitimer différentes manières de comprendre, souvent à l’exclusion des autres. Cela permet de comprendre comment différents faits sociaux circulent, s’affrontent ou se font concurrence, et pourquoi, dans les luttes pour la vérité, ceux qui détiennent le pouvoir l’emportent si souvent… Imposant leurs vérités sur les autres.
Mais ces questions ne faisaient pas partie des préoccupations de ceux qui ont construit internet, ni des systèmes d’IA générative qui s’en nourrissent. Depuis l’origine, internet traite toutes les informations de manière égale. Le réseau ne consiste qu’à acheminer des paquets d’informations parfaitement égaux entre eux, rappelle la sociologue. À cette neutralité de l’information s’est ajoutée une autre métaphore : celle du marché des idées, où chaque idée se dispute à égalité notre attention. Comme dans le mythe du libre marché, on a pu penser naïvement que les meilleures idées l’emporteraient. Mais ce régime épistémique a surtout été le reflet des croyances de l’Amérique contemporaine : un système de connaissance gouverné par une main invisible du marché et entretenue par des conservateurs pour leur permettre de générer une marge bénéficiaire.
« Pourtant, la connaissance n’est pas une marchandise. La « croyance vraie justifiée » ne résulte pas non plus d’une fonction d’optimisation. La connaissance peut être affinée par le questionnement ou la falsification, mais elle ne s’améliore pas en entrant en compétition avec la non-connaissance intentionnelle. Au contraire, face à la non-connaissance, la connaissance perd. » L’interrogation du monde par des mécanismes organisés, méthodiques et significatifs – comme la méthode scientifique – peut également tomber dans le piège des modes de connaissance fantômes et des impostures méthodologiques. « Lorsque toute information est plate – technologiquement et épistémologiquement – il n’y a aucun moyen d’interroger sa profondeur, ses contours ou leur absence ». En fait, « au lieu d’être organisé autour de l’information, l’Internet contemporain est organisé autour du contenu : des paquets échangeables, non pondérés par la véracité de leur substance. Contrairement à la connaissance, tout contenu est plat. Aucun n’est plus ou moins justifié pour déterminer la vraie croyance. Rien de tout cela, au fond, n’est de l’information. »
« En conséquence, nos vies sont consumées par la consommation de contenu, mais nous ne reconnaissons plus la vérité lorsque nous la voyons. Et lorsque nous ne savons pas comment peser différentes vérités, ou coordonner différentes expériences du monde réel pour regarder derrière le voile, il y a soit une cacophonie, soit un seul vainqueur : la voix la plus forte qui l’emporte. »
Contrairement à Wikipédia, encore relativement organisé, le reste du Web est devenu la proie de l’optimisation des moteurs de recherche, des technologies de classement et de l’amplification algorithmique, qui n’ont fait que promouvoir le plus promouvable, le plus rentable, le plus scandaleux. « Mais aucun de ces superlatifs n’est synonyme de connaissance ». Les systèmes qui nous fournissent nos informations ne peuvent ni mesurer ni optimiser ce qui est vrai. Ils ne s’intéressent qu’à ce sur quoi nous cliquons. Et le clou dans le cercueil est enfoncé par l’intelligence artificielle qui « inonde Internet de contenu automatisé plus rapidement que l’on ne peut licencier une rédaction ». Dans ce paysage sous stéroïdes, aucun système n’est capable de distinguer la désinformation de l’information. Les deux sont réduits à des paquets de même poids cherchant leur optimisation sur le marché libre des idées. Et les deux sont ingérés par une grande machinerie statistique qui ne pèse que notre incapacité à les distinguer.
Aucun système fondé sur ces hypothèses ne peut espérer distinguer la « désinformation » de « l’information » : les deux sont réduites à des paquets de contenu de même valeur, cherchant simplement une fonction d’optimisation dans un marché libre des idées. Et les deux sont également ingérées dans une grande machinerie statistique, qui ne pèse que notre incapacité à les discerner. Le résultat ne promet rien d’autre qu’un torrent indistinct et sans fin, « où la connaissance n’a jamais été un facteur et d’où la connaissance ne peut donc jamais émerger légitimement ». « Sans topologie de l’information, nous sommes à la dérive dans le contenu, essayant en vain de naviguer dans une cascade d’absurdités sans boussole ».
« Il est grand temps de revenir à ces méthodes et à ces questions, aux milliers d’années de gestion de l’information et d’échange de connaissances qui ont transmis non seulement des faits ou du contenu, mais aussi une appréciation de ce qu’il faut pour faire émerger des vérités », plaide Vertesi. « Il n’est pas nécessaire que ce soit un projet colonial ou réductionniste. Les connaissances d’aujourd’hui sont plurielles, distribuées, issues de nombreux lieux et peuples, chacun avec des méthodes et des forces d’ancrage uniques. Cela ne signifie pas non plus que tout est permis. Le défi consiste à s’écouter les uns les autres et à intégrer des perspectives conflictuelles avec grâce et attention, et non à crier plus fort que les autres ».
« Alors que nos vies sont de plus en plus infectées par des systèmes d’IA maladroits et pilleurs et leurs flux hallucinatoires, nous devons apprendre à évaluer plutôt qu’à accepter, à synthétiser plutôt qu’à résumer, à apprécier plutôt qu’à accepter, à considérer plutôt qu’à consommer ».
« Notre paysage technologique contemporain exige de toute urgence que nous revenions à une autre des plus anciennes questions de toutes : « Qu’est-ce qui est vraiment réel ? » »
29.04.2025 à 07:42
Framatophe
L’illusion du progrès numérique masque une réalité brutale : celle d’un monde où chaque geste alimente des systèmes de contrôle, de surveillance et d’exploitation. Ce n’est pas seulement l’intelligence artificielle, mais tout un modèle technologique, celui des plateformes, de la capture de l’attention, de l’extractivisme numérique, qu’il faut interroger. Ce texte n’invite ni à fuir ni à consentir : il appelle à politiser nos usages et à réarmer nos pratiques.
Vers la vingt-deuxième minute de cet entretien matinal sur France Inter, le 09 avril 2025, la journaliste Léa Salamé faisait dire à F. Ruffin qu’il n’y a pas d’alternatives aux GAFAM. « Vous utilisez Google Docs, vous ? ». Tout le monde utilise les outils des GAFAM, on ne peut pas faire autrement…
En écoutant ces quelques secondes, et en repassant mentalement les quelques vingt dernières années passées à militer pour le logiciel libre avec les collègues de Framasoft, je me disais que décidément, le refrain sans cesse ânonné du there is no alternative concernant les outils numériques, n’est pas un argument défaitiste, ce n’est pas non plus un constat et encore moins une lamentation, c’est un sophisme. « Vu que tout le monde les utilise, on ne peut pas faire autrement que d’utiliser soi-même les logiciels des GAFAM » est une phrase qui a une valeur contraignante : elle situe celui ou celle qui la prononce en figure de sachant et exclut la possibilité du contre-argument du logiciel libre et des formats ouverts. Elle positionne l’interlocuteur en situation de renoncement car mentionner les logiciels libres et les formats ouverts suppose un argumentaire pseudo-technique dont le coût cognitif de l’explication l’emporte sur les bénéfices potentiels de l’argument. Face aux sophismes, on est souvent démuni. Ici, il s’agit de l’argumentum ad populum : tout le monde accepte l’affirmation parce qu’un nombre suffisamment important de la population est censé la considérer comme vraie. Et il est clair que dans le bus ou entre le café et la tartine du petit déjeuner, à l’heure de l’interview dont nous parlons ici, beaucoup de personnes ont dû se sentir légitimées et ont abordé leur journée comme ces pauvres prisonniers au fond de la caverne, dans un état de cécité intellectuelle heureuse (mais quand même un peu coupable).
20 ans (et même un peu plus) ! 20 ans que Framasoft démontre, littéralement par A+B que non seulement les alternatives aux outils des GAFAM existent, mais en plus sont utilisables, fiables, souvent conviviales. Depuis que nous avons annoncé que nous n’irions plus prendre le thé à l’Éducation Nationale, nous avons vu passer des pseudo politiques publiques qui tendent vers un semblant de lueur d’espoir : de la confiance dans l’économie numérique, des directives pour les formats ouverts, des débats parlementaires où pointe parfois la question du logiciel libre dans une vague conception de la souveraineté… auxquelles répondent, tout aussi inlassablement des contrats open bar Microsoft dans les fonctions publiques (1, 2, 3), quand il ne s’agit pas carrément du pantouflage de nos ex-élus politiques chez les GAFAM. Comme on dit de l’autre côté du Rhin : Einen Esel, der keinen Durst hat, kann man nicht zum Trinken bringen, que l’Alsacien par chez moi raccourcit ainsi : « on ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif », autre version de l’historique « laisse béton ». Le salut ne viendra pas des élus. Il ne viendra pas de l’économie libérale, celle-là même qui veut nous faire croire que l’échec tient surtout de nos motivations personnelles, d’un manque de performance, d’un manque de proposition.
Si le logiciel libre n’était pas performant, il ne serait pas présent absolument partout. Il suffit d’ouvrir de temps en temps le capot. Mais comme je l’ai écrit l’année dernière, c’est une situation tout aussi confortable que délétère que de pouvoir compter sur les communs sans y contribuer, ou au contraire d’y contribuer activement comme le font les multinationales pour s’octroyer des bénéfices privés sur le dos des communs. En quelques années, les transformations du monde numérique n’ont pas permis au grand public de s’approprier les outils numériques que de nouvelles frontières, floutées, sont apparues. L’une des raisons principales de l’adoption des logiciels libres dans le domaine de la bureautique personnelle consistait à tenter de s’émanciper de la logique hégémonique des grandes entreprises mondialisées qui imposent leurs pratiques au détriment des besoins réels pour se gaver des données personnelles. Or, l’intégration des services numériques et la puissance de calcul mobilisée, aux dépends de l’environnement naturel comme de nos libertés, ont crée une attraction telle que la question stratégique des pratiques personnelles est passée au second plan. Ce qui importe maintenant, ce n’est plus seulement de savoir ce que deviennent nos données personnelles ou si les logiciels nous émancipent, mais de savoir comment s’extraire du cauchemar de la production frénétique de contenus assistée par IA. Nous perdons pied.
Die Zeit Online. 21/01/2025. Capture d’écran. Source.
Cette logique productiviste numérique est au sommet de la logique formelle du capital. Elle a une histoire dont la prise de conscience collective date des années 1980, contemporaine de celle du logiciel libre. C’est Detlef Hartmann (il y a bien d’autres auteurs) qui nous en livre l’une des formulations que je trouve assez simple à comprendre. Dans Die Alternative : Leben als Sabotage (1981), D. Hartmann procède à une critique de l’idéologie capitaliste en montrant comment celle-ci tend à subsumer l’ensemble des rapports sociaux sous une logique instrumentale, formelle, qui nie les subjectivités concrètes. C’est un processus d’aliénation généralisée : ce que le capitalisme fait au travailleur dans l’atelier taylorisé, il le reproduit à l’échelle de toute la société à travers l’expansion de technologies façonnées par les intérêts du capital. La taylorisation, qu’on peut résumer en une intensification de la séparation entre conception et exécution, devient paradigmatique d’un mode de domination : elle dépouille les individus de leur autonomie, les rendant étrangers à leur propre activité. À partir des années 1970-1980, cette logique d’aliénation se déplace du seul domaine de la production industrielle vers celui de la production symbolique et intellectuelle, via l’informatisation des tâches, toujours au service du contrôle et de la rationalisation capitalistes. Dans cette perspective, ce que Hartmann appelle la « violence technologique » s’inscrit dans le prolongement de la violence structurelle du capital : elle consiste à tenter de formater les dimensions qualitatives de l’existence humaine (l’intuition, l’émotion, l’imaginaire) selon les exigences d’un ordre rationnel formel, celui du capital abstrait. Cette normalisation est une violence parce que, au profit d’une logique d’accumulation et de contrôle, elle nie la richesse des facultés humaines, elle réduit les besoins humains à des catégories qui ne représentent pas l’ensemble des possibilités humaines1. Ce faisant, elle entrave les pratiques d’émancipation, c’est-à-dire la capacité collective à transformer consciemment le monde.
La violence technologique capitaliste s’incarne à la perfection dans la broligarchie qui a contaminé notre monde numérique. Ce monde que, par excès d’universalisme autant que de positivisme, nous pensions qu’il allait réussir à connecter les peuples. Cette broligarchie joue désormais le jeu de la domination anti-démocratique. Elle foule même au pied la démocratie libérale dont pourtant nous avions compris les limites tant en termes d’inégalités que d’assujettissement des gouvernements aux intérêts économiques de quelques uns. Pour ces techbros, le combat est le même que le gouvernement chinois ou russe : le contrôle et les systèmes de contrôle ne sont pas des sujets démocratiques, il n’y a pas plus de contrat social et les choix politiques se réduisent à des choix techniques. Et il n’y a aucune raison que nous soyons exemptés dans notre start-up nation française.
Quelles sont les manifestations concrètes de ce productivisme dans nos vies ? il y a d’abord les algorithmes de contrôle qui relèvent du vieux rêve de l’automatisation généralisée dont je parlais déjà dans mon livre. Comme le montre H. Guillaud, ces systèmes décisionnels automatisés influencent les services publics, tout comme les banques ou les assurances avec une efficacité si mauvaise, entraînant des injustices, que l’erreur loin d’être corrigée devient partie intégrante du système. Le droit au recours, la nécessité démocratique du contrôle de ces systèmes, tout cela est nié parce que ces systèmes automatisés sont considérés comme des solutions, et non des problèmes. L’IA arrive alors comme le Graal tant attendu, surfant sur le boom du développement des IA génératives, les projets d’emmerdification maximale des services publics deviennent des projets d’avenir : si les caisses sont vides pour entretenir des services publics performants, utilisez l’IA pour les rendre plus productifs ! Comme l’écrit H. Guillaud :
Dans l’administration publique, l’IA est donc clairement un outil pour supprimer des emplois, constate le syndicat. L’État est devenu un simple prestataire de services publics qui doit produire des services plus efficaces, c’est-à-dire rentables et moins chers. Le numérique est le moteur de cette réduction de coût, ce qui explique qu’il soit devenu omniprésent dans l’administration, transformant à la fois les missions des agents et la relation de l’usager à l’administration. Il s’impose comme un « enjeu de croissance », c’est-à-dire le moyen de réaliser des gains de productivité.
Outre la question antédiluvienne du contrôle, cela fait bien longtemps que nous avons intériorisé l’idée que nous ne sommes pas seulement des usagers, mais surtout des produits. Ce constat ne relève plus de la révélation. Comme le montre David Lyon, c’est un choix culturel, une absorption sociale. En acceptant sans sourciller l’économie des plateformes, nous avons scellé un pacte implicite avec le capitalisme de surveillance, troquant nos données personnelles contre des services dont la pertinence est souvent discutable, dans des contrats où la vie privée se monnaie à vil prix. Ce choix, pour beaucoup, s’est imposé comme une fatalité, tant l’alternative semble absente ou inaccessible : renoncer à ces services reviendrait à se marginaliser et se priver de certains bienfaits structurels.
Pire : nous avons également intégré, souvent sans résistance, le modèle économique des plateformes parasites dont la logique repose sur l’intermédiation. Ces plateformes ne produisent rien : elles captent, organisent, et exploitent la relation entre des prestataires précaires et des clients captifs. Elles génèrent du profit non pas en créant de la valeur, mais en prélevant leur dîme sur chaque interaction. Et pourtant nous continuons à alimenter ces circuits toxiques : d’un côté, une généralisation du travail sous contrainte algorithmique, mal payé, pressurisé, et de l’autre, un mode de consommation séduisant qui reconduit en fait une exploitation des travailleurs qu’on croyait enterrée avec le siècle d’Émile Zola.
Dans sa conception classique, le logiciel libre se proposait d’effacer autant que faire se peut la distinction entre producteur et consommateur. Programmer n’est pas seulement une réponse à une demande industrielle, mais un moyen puissant d’expression personnelle et de possibilités créatives. Utiliser des programmes libres est tout autant créatif car cela renforce l’idée que l’utilisateur ne partage pas seulement un programme mais des savoirs, des rapports complexes avec les machines, au sein d’une communauté d’utilisateurs, dont font aussi partie les programmeurs.
L’efficacité et la durabilité de cette approche obéissent à une logique de « pratique réflexive ». La qualité d’un logiciel libre émerge d’une forme de « dogfooding », c’est-à-dire de la consommation directe du produit par son propre producteur, un processus d’amélioration continue. Cette pratique assure une dynamique auto-correctrice. Au sein de la communauté, la qualité du logiciel est d’autant plus renforcée par un feedback interne, où l’utilisateur se transforme en agent critique, capable d’identifier et de rectifier les dysfonctionnements de manière autonome. Il en résulte une production plus cohérente, car motivée par des intérêts personnels et collectifs qui orientent la création. Le code n’est pas seulement un produit technique, mais aussi un produit socialement inscrit dans une logique de désirs et de partage.
Code is law
Privacy is power
C’est beau, non ? Dans ces principes, oui. Mais les barrières sont de plus en plus efficaces, soit pour élever le ticket d’entrée dans les communautés d’utilisateur-ices de logiciels libres, soit pour conserver la dynamique libriste au sein même de la production de logiciels « communautaires ».
Pour le ticket d’entrée, il suffit de se mettre à la place des utilisateurs. Là où il était encore assez facile, il y a une dizaine d’années, de promouvoir l’utilisation de logiciels libres dans la bureautique personnelle, le cadre a radicalement changé : l’essentiel de nos communications et de nos productions numériques passe aujourd’hui par des services en ligne. Cela pose la question du maintien des infrastructures techniques qui sous-tendent ces services. Il y a dix ans, Nadia Eghbal constatait que, au fil du temps, le secteur de l’open source a une tendance à l’épuisement par une attitude productiviste :
Cette dernière génération de développeurs novices emprunte du code libre pour écrire ce dont elle a besoin, mais elle est rarement capable, en retour, d’apporter des contributions substantielles aux projets. Beaucoup sont également habitués à se considérer comme des « utilisateurs » de projets open source, davantage que comme les membres d’une communauté.
Aujourd’hui, cette attitude s’est radicalisée avec les outils à base d’IA générative qui se sont largement gavés de code open source. Mais en plus de cela, cela a conduit les utilisateurs à s’éloigner de plus en plus des pratiques réflexives que je mentionnais plus haut, car il est devenu aujourd’hui quasi impossible de partager des connaissances tant l’usage des services s’est personnalisé : les services d’hébergement de cloud computing, l’intégration toujours plus forte des services à base d’IA dans les smartphones, l’appel toujours plus contraignant à produire et utiliser des contenus sur des plateformes, tout cela fait que les logiciels qu’on installe habituellement sur une machine deviennent superflus. Ils existent toujours mais sont rendus invisibles sur ces plateformes. Ces dernières vivent de ces communs numériques. Elles y contribuent juste ce qu’il faut, créent au besoin des fondations ou les subventionnent fortement, mais de communautés il n’y a plus, ou alors à la marge : celleux qui installent encore des distributions GNU/Linux sur des ordinateurs personnels, celleux qui veulent encore maîtriser l’envoi et la réception de leurs courriels… Dans les usages personnels (hors cadre professionnel), tout est fait pour que l’ordinateur personnel devienne superflu. Trop subversif, sans doute. Et ainsi s’envolent les rêves d’émancipation numérique.
Même les logiciels dont on pouvait penser qu’il participaient activement à une certaine convivialité d’Internet commencent à emmerdifier les utilisateurs. Par exemple : qui a convaincu la fondation Mozilla que ce dont avaient besoin des utilisateurs de Firefox c’est d’un outil de prévisualisation des liens dont le contenu est résumé par IA ? Que ce soit utile, efficace ou pas, n’est pas vraiment la question. La question est de savoir si les surcoûts énergétiques, environnementaux et cognitifs en valent la peine. Et la réponse est non. Dans un tel cas de figure, où est la communauté d’utilisateurs ? où sont les principes libristes ?
Il faut re-former des communautés d’utilisateurs, en particulier pour des services en ligne, mais pas uniquement. Avec son projet Frama.space, basé sur Nextcloud, Framasoft a annoncé haut et fort vouloir œuvrer pour « renforcer le pouvoir d’agir des associations ». L’idée mentionnée dans le billet qui était alors consacré portait essentiellement sur la capacité des associations et autres collectifs à faire face aux attaques contre les libertés associatives, la mise en concurrence des associations, les logiques de dépolitisation et de ringardisation. Avoir un espace de cloud partagé pour ne pas dépendre des plateformes n’est pas seulement une méthode pour échapper à l’hégémonie de quelques multinationales, c’est une méthode qui permet d’échapper justement aux logiques formelles qui nous obligent à la productivité, nous contraignent aux systèmes de contrôle, et nous empêchent d’utiliser des outils communs. Nextcloud n’est pas qu’un logiciel libre dont nous pourrions nous contenter d’encourager l’installation. C’est un logiciel dont le mode de partage que nous avons adopté, en mettant à disposition des serveurs payés par des donateurs, consiste justement à outiller une communauté d’utilisateurs. Et nous pouvons le faire dans une logique libriste et émancipatrice. Les communs qui peuvent s’y greffer sont par exemple des logiciels tels l’outil de supervision Argos Panoptès ou Intros, une application spécialement dédié à la prise en main de Frama.space. Ce que Framasoft encourage, ce n’est pas seulement des outils : cela reviendrait à verser dans une forme de solutionnisme infructueux. C’est l’« encapacitation » des utilisateurs.
Mais j’ai aussi écrit plus haut qu’il ne s’agissait pas seulement de services en ligne. Pourquoi avons-nous avancé quelques pions en produisant un logiciel qui utilise de l’IA comme Lokas ? Ce logiciel n’a rien de révolutionnaire. Il tourne avec une IA spécialisée, déjà entraînée, et il existe d’autres logiciels qui font la même chose. Qu’espérons-nous ? Constituer une communauté critique et autonome autour de la question de l’IA. Lokas n’est qu’un exemple : que souhaitons-nous en faire ? Si des modèles d’IA existent, quel avenir voulons nous avec eux ou à côté d’eux ? L’enjeu consiste à construire les conditions d’émancipation numérique face à l’envahissement des pratiques qui nous contraignent à produire des contenus sans en maîtriser la cognition.
J’ai affirmé ci-dessus la raison pour laquelle nous sommes embarqués de force dans un monde où les IA génératives connaissent un tel succès, quasiment sans aucune perspective critique : elles sont considérées comme les outils ultimes de la mise en production des subjectivités, leur dés-autonomisation. Les possibilités sont tellement alléchantes dans une perspective capitaliste que tout argument limitatif comme les questions énergétiques, climatiques, sociales, politiques, éthiques sont sacrifiées d’emblée sur l’autel de la rentabilité start-upeuse au profit de l’impérialisme fascisant des techbros les plus en vue. Ce que nous souhaitons opposer à cela, tout comme Framasoft avait opposé des outils alternatifs pour « dégoogliser Internet », c’est de voir si une alternative à l’« IA über alles » est possible. La question n’est pas de savoir si nous apporterons une réponse à la pertinence de chaque outil basé sur de l’IA générative ou spécialisée. La question que nous soulevons est de savoir quelles sont nos capacités critiques et notre degré d’autonomie stratégique et collective face à des groupes d’intérêts qui nous imposent leurs propres outils de contrôle, en particulier avec des IA.
Capital (poing dans une flaque rouge), Fac. des Sciences. BNF. Collection [Mai 1968]. Affiche. Source.
Il y a vingt ans déjà, nous avions compris que culpabiliser les utilisateurs de Windows constituait non seulement une stratégie inefficace, mais surtout contre-productive, dans la mesure où elle nuisait directement à la promotion et à la légitimation des logiciels libres. Cette attitude moralisatrice présupposait une liberté de choix que la réalité technologique, sociale et économique ne garantit pas à tous. L’environnement numérique est souvent imposé par défaut, par des logiques industrielles, éducatives ou institutionnelles. La posture libriste ne peut être qu’une posture située, consciente des rapports de force et des contraintes concrètes qui pèsent sur les individus.
À l’heure de l’IA générative omniprésente, le rapport de force s’est accentué et l’enfermement technologique est aggravé. Les systèmes d’exploitation en deviennent eux-mêmes les vecteurs, comme le montre la prochaine version de Windows, où la mise à jour n’est plus un choix mais une obligation, dissimulant des logiques de captation des usages et des données.
Dans ce contexte, proposer des alternatives « sans » IA devient de plus en plus difficile – et pourrait s’avérer, à terme, irréaliste. Dans la mesure où l’environnement numérique est colonisé par les intérêts d’acteurs surpuissants, il ne s’agit plus de rejeter globalement l’IA, mais de re-politiser son usage : distinguer entre les instruments de domination et les instruments d’émancipation.
Il serait malhonnête de nier en bloc toute forme d’utilité aux systèmes d’IA. Automatiser certaines tâches, c’est un vieux rêve de l’informatique, bien antérieur à l’essor actuel de l’IA générative. Il arrive que des IA fassent ce qu’on attend d’elles, surtout dans des environnements et des rôles restreints. Lorsqu’on regarde l’histoire des techniques numériques dans l’entreprise dans la seconde moitié du XXe siècle, on constate autant de victoires que de défaites, sociales ou économiques. Mais les usages supposément vertueux sont devenus l’argument marketing préféré des entreprises de l’IA d’aujourd’hui : une vitrine bien propre, bien lisse, pour faire oublier les ravages sociaux, environnementaux et politiques que ces technologies engendrent ailleurs. Comme si quelques cas d’usage médical, par exemple en médecine personnalisée, pouvaient suffire à justifier l’opacité des systèmes, la dépendance aux infrastructures privées, la capture des données sensibles et l’accroissement des inégalités. Ce n’est pas parce qu’une technologie peut parfois servir qu’elle sert le bien commun2.
De même que la promotion des logiciels libres n’avait pas vocation à se cristalliser dans un antagonisme stérile entre Windows (ou Mac) et GNU Linux, la question d’une informatique émancipatrice ne peut aujourd’hui se réduire à un débat binaire « pour ou contre l’IA ». Il faut reconnaître la diversité des IA – génératives, prescriptives, symboliques, décisionnelles, etc. – et la pluralité de leurs usages. L’enjeu est de comprendre leur place dans les systèmes techniques, reflets des rapports socio-économiques, et des visions du monde. Les IA nouvelles, notamment génératives, connaîtront un cycle d’adoption : après l’euphorie initiale et les sur-promesses, viendra probablement une phase de décantation, une redescente vers un usage plus mesuré, plus intégré, moins spectaculaire. Selon moi, cette marche forcée prendra fin. Mais ce qui restera – les infrastructures, les dépendances, les cultures d’usage – dépendra largement de ce que nous aurons su construire en parallèle : des communautés numériques solidaires, résilientes, capables de reprendre la main sur leurs outils et de refuser les logiques de dépossession. Quelle résilience pouvons-nous opposer à la violence technologique que nous subissons ? Il ne s’agit pas d’imaginer un monde d’après, neutre ou apaisé, mais de préparer les conditions de notre autonomie dans un monde où la violence technologique est déjà notre quotidien.
— Christophe Masutti
J’emprunte cette formulation à Agnès Heller, La théorie des besoins chez Marx, Paris, Les Éditions sociales, 2024, p.51.↩︎
Pour continuer avec l’exemple de la médecine, souvent employé par les thuriféraires de l’IA-partout, on voit poindre régulièrement les mêmes problèmes que soulève depuis longtemps la surveillance algorithmique. Ainsi ce récent article dans Science relate de graves biais relatifs aux groupes sociaux (femmes et personnes noires, essentiellement) dans la recherche diagnostique lorsqu’on utilise une aide à l’analyse d’imagerie assistée par IA. ↩︎
28.04.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Suite à l’attaque meurtrière de mardi au Cachemire, des échanges de tirs ont eu lieu durant la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 avril entre troupes pakistanaises et indiennes le long de la ligne de contrôle (LOC), la frontière entre les deux pays. L’ONU appelle à la « retenue maximale ».
La projection en mars 2025 à Paris d’un cycle intitulé « Cinéma soudanais : défis et résiliences » a offert une occasion rare de présenter et discuter des films d’une grande richesse. La mise en valeur de ces créations alors que la société soudanaise est déchirée par la guerre, trop souvent négligée, est un moyen pour lutter contre l’oubli et les raccourcis.
Depuis plusieurs jours, un climat de terreur règne dans les campements de migrants disséminés dans la région de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. La Garde nationale mène une opération de grande ampleur visant à démanteler les milliers de logements de fortune érigés dans les champs d’oliviers, sur la route qui mène de Sfax à El-Amra. Selon les estimations des autorités, environ 20 000 migrants vivent dans cette zone, en attendant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Italie.
That billionaires would fly private jets to luxury yachts, then board helicopters to chase the last snow-covered peaks in Europe—while attempting to silence Indigenous voices—is being seen as a microcosm of global environmental inequality.
Une dizaine d’universités et de hautes écoles suisses, parmi lesquelles l’EPFL, l’EPFZ ou les universités de Berne et de Genève, bénéficient de subventions du gouvernement américain.
Des polluants éternels en forte dose dans nos verres de vin. C’est ce qu’a découvert le réseau d’associations Pesticide Action Network (PAN) Europe, qui a analysé une cinquantaine de bouteilles, révèle Le Monde. Tous les millésimes récents contiennent des concentrations élevées d’acide trifluoroacétique (TFA). Cette contamination s’est accrue à un rythme effréné. Absent des vignes les plus anciennes, le TFA est présent dans tous les vins testés mis en bouteille après 1988, y compris ceux issus de l’agriculture biologique.
A surveillance tool meant to keep tabs on employees is leaking millions of real-time screenshots onto the open web.
“Nous entrons dans une période où le système économique mondial que nous connaissons depuis 80 ans est réinitialisé”, a averti le chef-économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas
Donald Trump a aussi assuré mardi qu’il ne comptait pas limoger le chef de la Fed, Jerome Powell, malgré ses virulentes critiques contre lui, contribuant à soulager en partie les marchés mondiaux effrayés par ses politiques agressives. Les Bourses ont ainsi rebondi en Asie ce mercredi, de Tokyo à Hong Kong
Voir aussi Trump says China tariffs will drop ‘substantially – but it won’t be zero’ (theguardian.com)
Le président états-unien, Donald Trump, a signé un décret pour accélérer l’exploration et l’exploitation des minerais contenus dans les fonds marins, y compris dans les eaux internationales.
Voir aussi Donald Trump livre les océans à l’exploitation minière (reporterre.net)
Donald Trump a signé un décret autorisant l’exploitation minière des fonds marins. Une décision à rebours des accords internationaux, qui sera mortifère pour la vie et la biodiversité des océans.
Researchers left at US climate agency say drastic cuts could leave air ‘not breathable’ and water ‘not drinkable’
The US military launched a long-range hypersonic missile Friday morning from Cape Canaveral Space Force Station in Florida on a test flight that, if successful, could pave the way for the weapon’s operational deployment later this year.
Trump appointee Ed Martin accuses the online encyclopedia of “allowing foreign actors to manipulate information and spread propaganda to the American public.”
The goal is to create a massive repository of data pulled from various agencies, according to sources familiar with the project who spoke on the condition of anonymity because they aren’t authorized to talk about it. The administration has previously sought to centralize information from a number of agencies, including the Internal Revenue Service, the Social Security Administration and Health and Human Services, among others. Palantir, a Silicon Valley data-analytics company co-founded by a Musk ally that has been used by immigration officials before for criminal investigations, is involved in building out the database.
Voir aussi Trump s’appuie sur Palantir, l’entreprise de Peter Thiel, pour déporter des migrant·es et assister le DOGE d’Elon Musk (legrandcontinent.eu)
DOGE has tapped into some of the most sensitive and valuable data in the world. Now it’s starting to put it to work.
The suit claims that the government’s demands for input on Harvard’s hiring and admissions violate the university’s First Amendment rights, and that the funding freeze hasn’t followed the procedures laid out in federal law.
A letter signed by more than 400 university heads offers a sharp rebuke to the bully-in-chief.
Voir aussi Universities (finally) band together, fight “unprecedented government overreach” (arstechnica.com)
Une descendante de survivants de la Shoah : ce que lui ont raconté ses parents de la montée du nazisme « est en train de se passer ici »
AI-powered assistants are becoming a popular business and consumer tool. The EU says “no thanks” for now.
Hallucinations algorithmiques, discriminations exacerbées, atteintes à la vie privée, dépendance des professionnel.les de santé, ou encore obstacles dans l’accès aux droits de remboursement, on ne compte plus les exemples où des IA défaillantes ont affecté la santé et les droits des premiers concernés : les patient·es.
Recall se présente sous la forme d’une frise chronologique listant des captures d’écran réalisées à intervalles réguliers. Ces captures sont interprétées par une technologie de reconnaissance d’écriture, des informations qui sont ensuite moulinées par de l’IA.
“That’s kind of one of the other reasons we wanted to build a browser, is we want to get data even outside the app to better understand you,” Srinivas said. “Because some of the prompts that people do in these AIs is purely work-related. It’s not like that’s personal.” And work-related queries won’t help the AI company build an accurate-enough dossier.
Les robots utilisés par les grands modèles de langage (LLM) pour indexer le web ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Une étude portant sur le trafic web des clients d’une entreprise de cybersécurité proposant des services de lutte contre les bots avance que 37 % émanerait en effet de « robots malveillants » (contre 19 % il y a 10 ans), contre 14 % pour les robots légitimes, et 49 % pour les internautes humains (contre plus de 60 % il y a encore 5 ans).
L’absence de transparence sur le fonctionnement de certains outils d’intelligence artificielle inquiète. « Nous ne pouvons pas accepter de travailler uniquement avec une boîte noire […] Nous sommes une infrastructure cruciale, nous devons comprendre ce qui se passe et le contrôler. »
Being polite to your AI might make you feel warm and fuzzy, but it’s also burning through millions in electricity – literally.
Google’s AI Overviews feature credible-sounding explanations for completely made-up idioms.
With Llama 4, Meta fudged benchmarks to appear as though its new AI model is better than the competition.
Intel has tried to position itself at the forefront of the AI PC revolution, but based on the company’s latest financial report, it looks like that revolution isn’t happening yet. Despite offering dozens of AI-enabled PCs packing a Meteor Lake, Lunar Lake, or even more recently, Arrow Lake, CPU, Intel says that its older generations are seeing “much greater demand”
Big LLM is purposefully obfuscating the cost of running LLMs, because if the people actually knew the cost, they’d riot. Well, they wouldn’t riot. But they definitely stop believing all the hype surrounding AI and LLMs and especially open-source models.
In fact, I’m willing to go a step further and say you can’t actually run them.
Après deux mois de trêve, Israël a repris le 18 mars ses bombardements aériens suivis d’une offensive terrestre dans la bande de Gaza.
« L’incapacité à tenir l’engagement d’accueillir 50 enfants palestiniens en sept mois est symbolique ; elle accompagne, à mon sens, notre attentisme face à un génocide qui se poursuit »
Le gouvernement justifie ce revirement par l’engagement de l’Espagne envers le peuple palestinien.
“The federal government reaching out to our personal cellphones to identify who is Jewish is incredibly sinister,” said Barnard associate professor Debbie Becher, who is Jewish and received the text. “They are clearly targeting what most of the United States, I hope and I think, defines as freedom of speech, but only in the case of anti-Israeli speech.”
A magician who tricked her way into the Magic Circle is finally being granted membership – 34 years after she was kicked out.Sophie Lloyd says she disguised herself as a man to fool examiners into letting her join the elite society in 1991, at a time female magicians were not allowed to be members.
Other Epstein victims credited Giuffre with giving them the courage to speak out.
Le souverain pontife a succombé à un accident vasculaire cérébral qui a provoqué un coma, d’après son certificat de décès.
J. D. Vance et son entourage théologico-politique sont descendus sur Rome avec une proposition et une menace.
Le Pape François a marqué son pontificat par un changement de discours sur des questions cruciales comme l’immigration et la crise climatique, ainsi qu’une ouverture relative sur les questions morales. Il est mort à l’âge de 88 ans ce lundi 21 avril.
Deux propositions de loi ont été déposées, des syndicats de policiers s’élèvent contre le cadre légal flou, et en 2024, un nombre record de personnes a été tué par les balles policières. Mais ce jeudi, devant les experts du Comité contre la torture de l’ONU, la France a continué de faire la sourde oreille.
Malgré l’échec de son projet d’implantation au sein même du campus de Polytechnique, TotalEnergies reste omniprésent sur le plateau de Saclay et – plus généralement – dans l’écosystème de la recherche et de l’enseignement supérieur français. Mais la contestation ne faiblit pas.
Le tribunal administratif de Lille a décidé ce mercredi d’annuler la résiliation du contrat d’association avec l’État de l’établissement privé musulman de Lille, décidée par un ancien préfet en décembre 2023. […] « Sur le fond, c’est simple, tout ce qu’a dit le préfet était faux » […] C’est un camouflet pour le préfet Georges-François Leclerc, désormais en poste à Marseille, et pour le président du Conseil régional, Xavier Bertrand. Depuis l’année scolaire 2020-21, ce dernier refuse de verser le forfait d’externat au lycée même si à chaque fois, le Conseil d’État le contraint à payer. […] un éventuel appel ne serait pas suspensif. Averroès, revenu dans le giron de l’Éducation nationale avec rétroactivité à la rentrée de septembre, est en droit de réclamer des dommages économiques et moraux.
Les usages se développent, comme la consommation d’énergie et les émissions des acteurs des télécoms et des datacenters d’après l’édition 2025 de l’enquête de l’Arcep sur le numérique.
Plus de 500 000 hectares. C’est l’ampleur de la déforestation menée par Casino au Brésil selon un rapport publié le 23 avril par l’Instituto Centro de Vida (ICV), une ONG spécialisée dans l’analyse des dégâts éco-environnementaux des chaînes d’approvisionnement en viande et en soja. Un chiffre a minima : les coupes pourraient s’étendre jusqu’à 50 fois la taille de la capitale française.
Depuis son arrivée en France en 2013, l’enseigne Primark a connu un succès fulgurant. Mais au sein de la multinationale irlandaise de la fast-fashion, les salarié·es sont au bout du rouleau. Ils et elles ont fait grève en mars.
À l’hôpital, les internes doivent assumer d’importantes responsabilités dans des conditions très difficiles, avec des horaires à rallonge pouvant mener au burn-out et la dépression
Dans une interview à « Paris Match », Hélène Perlant, ancienne élève de Notre-Dame-de-Bétharram, décrit par ailleurs un établissement scolaire « organisé comme une secte ou un régime totalitaire » pour que les élèves « se taisent ».
Voir aussi Affaire Bétharram : la fille de François Bayrou met à mal la défense du Premier ministre (huffingtonpost.fr)
Hélène Perlant assure que son père s’est rendu au domicile du juge Christian Mirande pour parler de l’affaire, ce que François Bayrou avait toujours nié.
C’est la première fois que la chanteuse de 34 ans évoque publiquement son agression. À ses côtés dans le clip mis en ligne, la comédienne Charlotte Arnould, qui accuse Gérard Depardieu de viols, ou Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot.
Dans un rapport publié en partenariat avec Attac, l’Observatoire des multinationales propose une radiographie sans concession du groupe Bolloré et alerte sur les risques démocratiques à continuer à le considérer comme un groupe « comme les autres ».
Dans un rapport, Attac et l’Observatoire des multinationales décortiquent le « système Bolloré », expliquant comment le milliardaire, dans l’indifférence, voire avec le soutien des pouvoirs publics, a acquis son empire médiatique. Et s’inquiètent d’une trésorerie largement positive qui laisse craindre le pire.
Les filiales Lagardère Media et Hachette Livre sont visées par un redressement fiscal de près de 200 millions d’euros […] Bercy leur a respectivement adressé 189,9 millions et 6,5 millions d’euros de rectification pour l’année 2024. Une annonce à rebours de la communication du groupe, qui a loué une année record.
Dans la galaxie des médias d’extrême droite, Frontières occupe une place centrale. Le jeune média identitaire peut compter sur le soutien de l’écosystème pour diffuser ses idées réactionnaires, parfois aux frais du contribuable.
Quand on dit que la dépense publique c’est 57 % du PIB, la plupart des gens imagine que l’on prélève plus de la moitié de la richesse créée par le privé, qui serait le seul secteur productif, pour payer les fonctionnaires. Tout est faux dans cette phrase.
Lors de la séance du 24 avril, les partenaires sociaux présents (Medef, CPME, CFDT, CFE-CGC) ont fait un pas de côté, en effleurant le sujet d’une dose de retraite par capitalisation, en sus du système par répartition, sans parvenir à une proposition commune concrète. Ils n’excluent pas de lancer une négociation distincte incluant les quatre organisations absentes (U2P, FO, CGT et CFTC).
Voir aussi Retraite par capitalisation : le retour d’un débat explosif (lessentieldeleco.fr)
La retraite par capitalisation revient dans le débat public, sur fond de réforme des retraites et de tensions démographiques croissantes.
Et Retraites : 68 % des Français·es favorables à un référendum, 73 % des salarié·es pour l’abrogation de la réforme à 64 ans (humanite.fr)
« Attention aux publicités mensongères : dans plusieurs pays où les retraites ont été capitalisées, c’est-à-dire jouées en Bourse pour les intérêts des fonds de pension ou des banques, tout a été perdu lors des différentes crises financières […] Avec la capitalisation, on sait ce qu’on verse mais pas ce qu’on reçoit une fois retraité. Avec le salaire socialisé, on est protégé, avec la capitalisation, on risque de perdre sa pension. »
L’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi, créée il y a quatre ans à l’initiative du gouvernement, devait favoriser le dialogue social entre les plateformes comme Uber et les travailleureuses. Mais c’est toujours la précarité qui règne.
Alors que deux centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) doivent fermer en Haute-Loire, des bénévoles et habitants se mobilisent, malgré un climat local et national parfois hostile et une justification budgétaire contestée.
« Le lycéen, les gens le connaissaient comme dépressif, il disait qu’il adorait Hitler. Il a envoyé un mail de 13 pages à tout le monde pour expliquer tous ses problèmes à midi » […] Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a estimé que l’attaque au couteau n’était « pas un fait divers » mais « un fait de société ». « Je pense que ce n’est pas un fait divers ce drame, cette tragédie, c’est un fait de société. Nous sommes dans une société qui a encouragé le laxisme, qui a voulu déconstruire les interdits, l’autorité, l’ordre, les hiérarchies et qui a accouché finalement de toute cette violence »
Dominique Sopo déplore le manque de réaction “de certains responsables politiques”, notamment du ministre de l’Intérieur, après l’assassinat, vendredi, d’un homme dans une mosquée du Gard. [Il] reproche au ministre de l’Intérieur de s’être “précipité à Nantes” après l’attaque dans le lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides […]“pour raconter à peu près n’importe quoi”. “Là, il a su s’exprimer, se déplacer, se prendre pendant quelques instants pour le ministre de l’EN mais, en tant que ministre des cultes, lorsque l’information que ce crime est au moins en partie motivé par la haine envers les musulmans, il y a un silence pour le moins assourdissant”
Au sein de la Ligue ligérienne, Stanislas Laugier fricote avec des néofascistes violents et racistes. Un fiston encombrant pour son père, Louis Laugier, directeur général de la police nationale depuis octobre 2024, nommé par Bruno Retailleau.
L’empire philanthropique du milliardaire Pierre-Édouard Stérin
« les gens le connaissaient comme dépressif ». « Il disait qu’il adorait Hitler » […] il était « réservé » et « partageait des idées bizarres, des idées nazies ».
« Le but n’est pas de nous mettre en cellule mais de nous fatiguer. » Trois antinucléaires sont repassés au tribunal pour des faits remontants à 2017. Une épopée judiciaire épuisante qui pourrait bien se terminer par une relaxe.
Pierre Nicodème, mathématicien-informaticien retraité au CNRS, rend la médaille d’honneur du CNRS, qu’il avait reçue en 2013, en réponse aux pressions du ministère de l’Enseignement supérieur sur l’IEP de Strasbourg pour maintenir le partenariat avec l’Université Reichman de Herzliya en Israël.
Des militant·es de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) et de la CGT se sont mobilisé·es jeudi 24 avril devant la Salle Pleyel à Paris, en marge de l’assemblée générale du groupe AXA. Iels accusent l’assureur d’investir dans des entreprises d’armements liées au génocide perpétré par Israël à Gaza.
Ce 26 avril, des centaines de personnes se sont donné rendez-vous place de la Nation à Paris pour célébrer la journée de visibilité lesbienne. Une manifestation sous le prisme de la lutte contre l’extrême droite.
« Nous, on n’est pas anti-État. C’est plutôt l’État qui est anti-nous »
Les président·es d’associations de solidarité du collectif Alerte ont adressé le 18 mars au Premier ministre un recours gracieux pour lui rappeler ses obligations légales en matière de réduction de la pauvreté. En ce sens, il lui a été demandé de définir un objectif quantifié de la pauvreté pour les 5 ans à venir et de reprendre la remise au Parlement d’un rapport annuel sur le sujet. Il s’agit en effet d’une obligation prévue dans la loi du 1er décembre 2008 généralisant le revenu de solidarité active (RSA). […] Le silence du gouvernement est considéré comme un refus au bout de deux mois selon la loi. Aujourd’hui, à un peu plus d’un mois de l’échéance, une vingtaine de parlementaires déposent une question écrite au gouvernement lui demandant de respecter cette obligation légale.
Pour développer un élevage capable de fournir en singes les laboratoires français, le CNRS veut tripler la capacité d’accueil de la station de primatologie de Rousset, dans les Bouches-du-Rhône. Selon ce projet, elle deviendrait d’ici à 2030 le centre national de primatologie et fournirait une part bien plus important qu’aujourd’hui des primates non-humains dont dit avoir besoin la recherche biomédicale. […] Opposée à l’expérimentation animale en général et à celle sur les primates en particulier, l’association One Voice […] dénonce un projet « qui transforme un lieu principalement dédié à l’observation de colonies de babouins en un élevage pour de l’expérimentation animale invasive » […] Aujourd’hui, la station de Rousset accueille en majorité des babouins à des fins de recherche en éthologie, l’étude du comportement animal.
The European Commission has shown some teeth with the EU’s digital rulebook by slamming tech giants Apple and Meta with fines, and an order to stop the infringing behaviour. While we commend the strong stance, we’re concerned about whether the low fines will actually lead to change of behaviour from the tech giants.
Chrome will keep third-party cookies, a win for web giant’s ad rivals
The company is also pulling Nest thermostats out of Europe entirely, citing “unique” heating challenges.
Data on 4.7 million members was captured over almost four years from a misconfiguration that sent Google Analytics data to Google Ads.
Meta is facing a second set of lawsuits in Africa over the psychological distress experienced by content moderators […] Moderators working for Majorel in Accra claim they have suffered from depression, anxiety, insomnia and substance abuse as a direct consequence of the work they do checking extreme content.
Multiple countries in Europe are critically dependent on services provided by Microsoft. Querying mail-servers teaches that in some countries, over 70 % of all public services rely on this American provider. Europe needs to build its own infrastructure, and open source is the most robust solution.
Lorsque la France annonce la reprise des essais nucléaires en Polynésie en 1995, Tahiti s’enflamme et le monde se mobilise. Quelques mois plus tard, c’est la fin… sauf pour les victimes des retombées atomiques des 193 bombes explosées dans l’archipel. Hinamoeura Morgant-Cross est l’une d’elles.
I speak of the near-constant refrain that devious men will enter these spaces and pretend to be trans women, in order to spy on, or assault, their occupants. It obviously appals me that our trans friends are constantly cited as monsters, ubiquitously mentioned in the same breath as cisgendered male predators. […] Perhaps my conception of feminism has been mis-calibrated all this time, and true freedom for women is mandating that they carry their birth certificates around with them all day, so they can be checked by citizen genital inspectors, male and female, encouraged to presume you’re a predator first, and work backwards from there. […] The only way any of the absurdities of this ruling make sense, is if its aims are exactly what they appear to be : A punitive attack on the rights and dignity of trans people divorced from any real-world concern about safety or women’s rights, designed to demoralise and punish them simply for the crime of existing.
One way or another, we are inside a process of fundamentally changing the world. If we don’t want their plan to be the only one on offer, we have to similarly give ourselves the right to dream big, to act boldly, and make clear that it’s our vision against theirs.
Une traduction de ce texte est proposée ici : Monstruosité constitutionnelle et escroquerie monarchiste (lundi.am)
La théorie du complot qui permet de comprendre le second mandat Trump
By seeking to “liberate” Germans from a globalized world order, the Nazi government sent the national economy careening backwards.
last night the story broke of three children ages 2, 4 and 7—all U.S. citizens—being taken out of the country without due process […] the “rapid early-morning deportation” involved two mothers (one who is pregnant) and their children, including a two-year-old who suffers from a rare form of metastatic cancer and was removed without needed medication.
The Trump administration wants to make us too afraid to look out for one another. Don’t let them.One of the more pernicious effects of authoritarianism is to make the everyday participation in civic life we take for granted feel subversive. The goal isn’t to police all behavior at all times. It’s to make us fearful to the point that we police our own behavior. […] There was no video. “That’s when I learned why my VPN had gone down. It wasn’t the VPN. Someone had shut off my Wifi.” About 15 minutes after the interaction at his front door, Jackson’s Wifi was up and running again.“So there was about a 30-minute period where my Wifi was down, and it happened to be the period where these officers came to my door, which prevented my Ring camera from recording them […] I guess it could be a coincidence. But that’s a big coincidence” […] [Intimidating lawyers has become a key component of the Trump administration’s overall strategy, and this is especially true with respect to mass deportations. Immigrants detained for lacking documentation are more than 10 times more likely to get a favorable outcome if they have an attorney than if they don’t.
De passage en France pour effectuer des recherches sur son prochain livre, l’historienne, écrivaine et professeure à Yale Alice Kaplan s’inquiète des attaques menées par Donald Trump contre les universités américaines et le langage. Elle revient sur son parcours et ses travaux sur la période de l’Occupation en France et sur l’Algérie.
Claudia Jones (1915-1964) fut une grande militante du Parti Communiste états-unien et une féministe, qui a très tôt théorisé la triple oppression des femmes (de race, de classe et de genre). Après une présentation de son parcours par Carole Boyce Davies, nous publions un de ses textes les plus célèbres, rédigé en 1949.
Cette question insolite oppose deux historiens britanniques. Christopher Monk dit avoir repéré un « pénis manqué » sur la broderie médiévale, ce que conteste George Garnett qui avait réalisé un premier comptage il y a six ans.
Les canards font partie des 3 % d’oiseaux seulement dotés de pénis externes (les autres, comme les coqs ont des cloaques ), organes qu’ils ne développent qu’au printemps, avant que celui-ci ne dégénère totalement, puis repousse à la saison des amours suivante. […] En 2011, Patricia Brennan avait déjà montré que les canards se livraient une véritable guerre des sexes dans une course évolutive effrayante : l’anatomie interne des femelles évolue en effet pour empêcher l’accès aux indésirables qui forcent la copulation et leurs cloaques forment même des culs-de-sacs où vont se perdre leurs spermatozoïdes. De leur côté, les mâles développent des sexes de plus en plus longs en forme de tire-bouchon hérissés de crochets de kératine pour augmenter leur chances […] Les accouplements se font dans la majorité des cas par la coercition. Et ils ne durent que quelques secondes
Alors que l’interruption volontaire de grossesse est autorisée depuis la loi Veil du 17 janvier 1975, des femmes rencontrent encore des obstacles pour faire valoir ce droit. On leur fait la morale, on leur reproche de mal prendre leur contraceptif, on les bouscule psychologiquement. Trois expériences d’interruption volontaire de grossesse (IVG) à la limite du déni de droit.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
27.04.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 19 novembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Sommes-nous en passe d’entrer dans un État artificiel, c’est-à-dire un moment où la vie civique n’est plus produite que par le calcul au risque de nous dessaisir de toute action collective ?
Le philosophe Rob Horning rapporte que des chercheurs de Google ont publié un article décrivant un projet de « Machines d’Habermas » – hommage au philosophe et à sa théorie de l’espace public – décrivant des machines permettant de faciliter la délibération démocratique. L’idée consiste à utiliser des IA génératives pour générer des déclarations de groupes à partir d’opinions individuelles, en maximisant l’approbation collective par itération successive. Le but : trouver des terrains d’entente sur des sujets clivants, avec une IA qui fonctionne comme un médiateur.
Dans leur expérimentation, les chercheurs rapportent que les participants ont préféré les déclarations générées par les IA à celle des humains. Pour Horning, cela signifie peut-être que les gens « sont plus susceptibles d’être d’accord avec une position lorsqu’il semble que personne ne la défende vraiment qu’avec une position articulée par une autre personne ». Effectivement, peut-être que le fait qu’elles soient artificielles et désincarnées peut aider, mais peut-être parce que formulées par la puissance des LLM, ces propositions peuvent sembler plus claires et neutres, comme le sont souvent les productions de l’IA générative, donc plus compréhensibles et séduisantes. Les chercheurs mettent en avant l’efficacité et la rapidité de leur solution, par rapport aux délibérations humaines, lentes et inefficaces – mais reconnaissent que les propositions et les synthèses faites par les outils nécessiteraient d’être vérifiées. 404 media rapportait il y a peu le développement d’une IA pour manipuler les réseaux sociaux permettant de cibler les messages selon les discours politiques des publics. Pas sûr effectivement qu’il y ait beaucoup de différence entre les machines d’Habermas de Google et ces outils de manipulation de l’opinion.
Ces efforts à automatiser la sphère publique rappellent à Horning le livre de Hiroki Azuma, General Will 2.0 (2011) qui défendait justement l’utilisation de la surveillance à grande échelle pour calculer mathématiquement la volonté générale de la population et se passer de délibération. « Nous vivons à une époque où tout le monde est constamment dérangé par des « autres » avec lesquels il est impossible de trouver un compromis », expliquait Azuma, en boomer avant l’heure. Il suffit donc d’abandonner la présomption d’Habermas et d’Arendt selon laquelle la politique nécessite la construction d’un consensus par le biais de discussions… pour évacuer à la fois le compromis et les autres. D’où l’idée d’automatiser la politique en agrégeant les données, les comportements et en les transformant directement en décisions politiques.
Rob Horning voit dans cette expérimentation un moyen de limiter la conflictualité et de lisser les opinions divergentes. Comme on le constate déjà avec les réseaux sociaux, l’idée est de remplacer une sphère publique par une architecture logicielle, et la communication interpersonnelle par un traitement de l’information déguisé en langage naturel, explique-t-il avec acuité. « Libérer l’homme de l’ordre des hommes (la communication) afin de lui permettre de vivre sur la base de l’ordre des choses (la volonté générale) seule », comme le prophétise Azuma, correspond parfaitement à l’idéologie ultra rationaliste de nombre de projets d’IA qui voient la communication comme un inconvénient et les rencontres interpersonnelles comme autant de désagréments à éviter. « Le fantasme est d’éliminer l’ordre des humains et de le remplacer par un ordre des choses » permettant de produire la gouvernance directement depuis les données. Les intentions doivent être extraites et les LLM – qui n’auraient aucune intentionnalité (ce qui n’est pas si sûr) – serviraient de format ou de langage permettant d’éviter l’intersubjectivité, de transformer et consolider les volontés, plus que de recueillir la volonté de chacun. Pour Horning, le risque est grand de ne considérer la conscience de chacun que comme un épiphénomène au profit de celle de la machine qui à terme pourrait seule produire la conscience de tous. Dans cette vision du monde, les données ne visent qu’à produire le contrôle social, qu’à produire une illusion d’action collective pour des personnes de plus en plus isolées les unes des autres, dépossédées de la conflictualité et de l’action collective.
Mais les données ne parlent pas pour elles-mêmes, nous disait déjà Danah Boyd, qui dénonçait déjà le risque de leur politisation. La perspective que dessinent les ingénieurs de Google consiste à court-circuiter le processus démocratique lui-même. Leur proposition vise à réduire la politique en un simple processus d’optimisation et de résolution de problèmes. La médiation par la machine vise clairement à évacuer la conflictualité, au cœur de la politique. Elle permet d’améliorer le contrôle social, au détriment de l’action collective ou de l’engagement, puisque ceux-ci sont de fait évacués par le rejet du conflit. Une politique sans passion ni conviction, où les citoyens eux-mêmes sont finalement évacués. Seule la rétroaction attentionnelle vient forger les communautés politiques, consistant à soumettre ceux qui sont en désaccord aux opinions validées par les autres. La démocratie est réduite à une simple mécanique de décisions, sans plus aucune participation active. Pour les ingénieurs de Google, la délibération politique pourrait devenir une question où chacun prêche ses opinions dans une application et attend qu’un calculateur d’opinion décide de l’état de la sphère publique. Et le téléphone, à son tour, pourrait bombarder les utilisateurs de déclarations optimisées pour modérer et normaliser leurs opinions afin de lisser les dissensions à grande échelle. Bref, une sorte de délibération démocratique sous tutelle algorithmique. Un peu comme si notre avenir politique consistait à produire un Twitter sous LLM qui vous exposerait à ce que vous devez penser, sans même s’interroger sur toutes les défaillances et manipulations des amplifications qui y auraient cours. Une vision de la politique parfaitement glaçante et qui minimise toutes les manipulations possibles, comme nous ne cessons de les minimiser sur la façon dont les réseaux sociaux organisent le débat public.
Dans le New Yorker, l’historienne Jill Lepore dresse un constat similaire sur la manière dont nos communications sont déjà façonnées par des procédures qui nous échappent. Depuis les années 60, la confiance dans les autorités n’a cessé de s’effondrer, explique-t-elle en se demandant en quoi cette chute de la confiance a été accélérée par les recommandations automatisées qui ont produit à la fois un électorat aliéné, polarisé et méfiant et des élus paralysés. Les campagnes politiques sont désormais entièrement produites depuis des éléments de marketing politique numérique.
En septembre, le Stanford Digital Economy Lab a publié les Digitalist papers, une collection d’essais d’universitaires et surtout de dirigeants de la Tech qui avancent que l’IA pourrait sauver la démocratie américaine, rien de moins ! Heureusement, d’autres auteurs soutiennent l’exact inverse. Dans son livre Algorithms and the End of Politics (Bristol University Press, 2021), l’économiste Scott Timcke explique que la datafication favorise le néolibéralisme et renforce les inégalités. Dans Théorie politique de l’ère numérique (Cambridge University Press, 2023), le philosophe Mathias Risse explique que la démocratie nécessitera de faire des choix difficiles en matière de technologie. Or, pour l’instant, ces choix sont uniquement ceux d’entreprises. Pour Lepore, nous vivons désormais dans un « État artificiel », c’est-à-dire « une infrastructure de communication numérique utilisée par les stratèges politiques et les entreprises privées pour organiser et automatiser le discours politique ».
La politique se réduit à la manipulation numérique d’algorithmes d’exploration de l’attention, la confiance dans le gouvernement à une architecture numérique appartenant aux entreprises et la citoyenneté à des engagements en ligne soigneusement testés et ciblés. « Au sein de l’État artificiel, presque tous les éléments de la vie démocratique américaine – la société civile, le gouvernement représentatif, la presse libre, la liberté d’expression et la foi dans les élections – sont vulnérables à la subversion », prévient Lepore. Au lieu de prendre des décisions par délibération démocratique, l’État artificiel propose des prédictions par le calcul, la capture de la sphère publique par le commerce basé sur les données et le remplacement des décisions des humains par celles des machines. Le problème, c’est qu’alors que les États démocratiques créent des citoyens, l’État artificiel crée des trolls, formule, cinglante, l’historienne en décrivant la lente montée des techniques de marketing numérique dans la politique comme dans le journalisme.
À chaque étape de l’émergence de l’État artificiel, les leaders technologiques ont promis que les derniers outils seraient bons pour la démocratie… mais ce n’est pas ce qui s’est passé, notamment parce qu’aucun de ces outils n’est démocratique. Au contraire, le principal pouvoir de ces outils, de Facebook à X, est d’abord d’offrir aux entreprises un contrôle sans précédent de la parole, leur permettant de moduler tout ce à quoi l’usager accède. Dans l’État artificiel, l’essentiel des discours politiques sont le fait de bots. Et X semble notamment en avoir plus que jamais, malgré la promesse de Musk d’en débarrasser la plateforme. « L’État artificiel est l’élevage industriel de la vie publique, le tri et la segmentation, l’isolement et l’aliénation, la destruction de la communauté humaine. » Dans sa Théorie politique de l’ère numérique, Risse décrit et dénonce une démocratie qui fonctionnerait à l’échelle de la machine : les juges seraient remplacés par des algorithmes sophistiqués, les législateurs par des « systèmes de choix collectifs pilotés par l’IA ». Autant de perspectives qui répandent une forme de grande utopie démocratique de l’IA portée par des technoprophètes, complètement déconnectée des réalités démocratiques. Les Digitalist Papers reproduisent la même utopie, en prônant une démocratie des machines plutôt que le financement de l’éducation publique ou des instances de représentations. Dans les Digitalists Papers, seul le juriste Lawrence Lessig semble émettre une mise en garde, en annonçant que l’IA risque surtout d’aggraver un système politique déjà défaillant.
La grande difficulté devant nous va consister à démanteler ces croyances conclut Lepore. D’autant que, comme le montre plusieurs années de problèmes politiques liés au numérique, le risque n’est pas que nous soyons submergés par le faux et la désinformation, mais que nous soyons rendus toujours plus impuissants. « L’objectif principal de la désinformation n’est pas de nous persuader que des choses fausses sont vraies. Elle vise à nous faire nous sentir impuissants », disait déjà Ethan Zuckerman. Dans une vie civique artificielle, la politique devient la seule affaire de ceux qui produisent l’artifice.
21.04.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Le rapport sur l’état du climat européen en 2024, publié conjointement par le Service Copernicus et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ce mardi 15 avril, décrit un Vieux Continent scindé par les extrêmes climatiques.
« Comme il y a 80 ans, Moscou et Washington sont unis dans la lutte contre un ennemi commun : ‘l’eurofascisme’ ».
l’assistance américaine à l’Ukraine n’a représenté que 480 millions d’euros depuis le début de l’année, contre 6,92 milliards pour les pays européens. Depuis le début de la guerre, l’Europe a ainsi alloué 137 milliards d’euros pour son assistance à l’Ukraine depuis 2022, contre 115 milliards pour les États-Unis.
Amendment also enshrines recognition of only two sexes, providing basis for denying gender identities
Pour la somme de 200 millions d’euros, le Danemark, un des pays les plus riches d’Europe, a conclu un accord avec le Kosovo – un des Etats les plus pauvres du continent.
Selon la Commission européenne, la loi Omnibus vise à réduire de 25 % les obligations des entreprises en matière de rapports et de 35 % celles des petites et moyennes entreprises […] Les huit ONG y voient plutôt un moyen « d’édulcorer de manière significative les lois européennes clés sur le développement durable qui ont été récemment adoptées ».
Lors de la visite de la cheffe de gouvernement d’extrême droite Giorgia Meloni, jeudi 17 avril, à Washington, le président des États-Unis a célébré leurs convergences idéologiques
Jerome Powell, le patron de la puissante Fed, a dit ce mercredi 16 avril craindre des perspectives d’inflation durable aux Etats-Unis à cause de l’offensive douanière de Donald Trump. De quoi faire repartir les marchés dans le rouge.
Cette décision, justifiée par la nécessité de « défendre la liberté d’expression des Américain·es », survient au moment où des expert·es alertent sur les risques de désinformation venus de Chine et de Russie.
If you don’t see all of this as one of the darkest days in American history, in which the President is openly embracing disappearing people without due process in the name of “liberty,” you are a part of the problem. Fascism has risen in America, and it is being aided by a foreign dictator whom Trump admires.
The self-described “coolest dictator” has big secrets to hide, according to one journalist who spoke to Al Letson.
Des influenceurs MAGA ont fait la pub de l’appli ICERAID qui veut transformer les citoyens en délateurs. Mais tout semble indiquer que le projet est une vaste arnaque.
When Secretary of State Marco Rubio announced on March 27 that 300 student visas have been revoked as a result of students participating in campus protests, 300 was the discernable number. Now the number of foreign-born students who have had their visas revoked or changed has grown to around 1,200 people — and the number continues to grow.
Dr. Lisa Anderson, 58, was born in Pennsylvania and is a U.S. citizen.
Dans un courrier très ferme signé par deux avocats de l’université et adressé à l’administration républicaine, Harvard, classée régulièrement parmi les meilleurs établissements dans le monde, avait assuré qu’elle « n’abdiquera(it) pas son indépendance ni ses droits garantis par la Constitution ».
Currently, about 70 % of Americans approve of legally recognizing the marriages of same-sex couples, a 10-percentage-point bump from 2015.
Depuis New York ou Washington, à l’Est, jusqu’à San Francisco, à l’Ouest, en passant par le Texas, au Sud, les manifestant·es ont également dénoncé la politique anti-immigration du président américain.
Analysis finds Amazon, Meta, Alphabet, Netflix, Apple and Microsoft averaged 18.8 %, compared with 29.7 % US average
Près de 1,4 milliard de personnes dans le monde vivent dans des régions où les sols agricoles sont contaminés par des métaux toxiques, alertent sept scientifiques.
Quelle est l’origine des deux satellites de Mars ? Après qu’une sonde a livré en mars des images inédites de Deimos et observé de loin Phobos, une mission spatiale japonaise impliquant la France va tenter, en octobre 2026, de résoudre ce mystère. Objectif de MMX : être la première à ramener des échantillons du système martien.
What happens when you combine Palantir — the not-at-all evil AI company named after the spying orbs from “The Lord of the Rings” — with an immigration agency that’s disappearing US residents to a South American internment camp ? The makings of one hell of a surveillance state, that’s what.
The company says it will notify users and give them a chance to opt out.
Voir aussi Meta va de nouveau entrainer ses IA sur les données des utilisateurices européen·nes (next.ink)
We need the energy in all forms, renewable, non-renewable, whatever.
Generative AI systems have a few unusual properties that make them very distinct from traditional digital services.
LG TVs will soon leverage an AI model built for showing advertisements that more closely align with viewers’ personal beliefs and emotions
There’s a somewhat concerning new trend going viral : People are using ChatGPT to figure out the location shown in pictures.
Selon Upguard, plusieurs plateformes, bricolées à partir d’un outil open-source appelé llama.cpp, ont commencé à fuir. Littéralement. Leurs serveurs ont laissé échapper près de 1 000 conversations intimes en l’espace de 24 heures, dont certaines d’une rare violence. Cinq d’entre elles décrivaient des scénarios pédocriminels détaillés
What is happening is, quite simply, annihilation. Yet our politicians keep funding it and media outlets normalize it
Les Palestinien·ne·s subissent une violence coloniale qui détruit non seulement leurs corps et leurs maisons, mais aussi leur psychisme. Génocide, déplacements forcés, blocus, humiliations quotidiennes constituent autant de traumatismes individuels et collectifs. Il est urgent de repolitiser la santé mentale pour en faire un enjeu de justice.
Depuis 70 ans, le concours annuel de photographies reconnaît les plus grandes œuvres produites l’année précédente. Cette année le cliché lauréat a été capturé par la photographe palestinienne Samar Abu Elouf pour le « New York Times ».
Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza ont tué plus de deux cents journalistes palestiniens en dix-huit mois. Un collectif d’organisations professionnelles françaises, dont Orient XXI fait partie, a dénoncé, dans une tribune, cette hécatombe et le black-out médiatique qu’Israël organise sciemment.
La photojournaliste palestinienne, héroïne d’un documentaire sélectionné à Cannes en mai prochain, a été tuée le mercredi 16 avril dans le bombardement de sa maison familiale à Gaza.
Couronnes de fleurs sur la tête, grain de beauté sur la joue, seins nus et poing levé : Oksana Chatchko avait fait de son corps son arme. La co-créatrice ukrainienne des Femen s’est donné la mort à 31 ans le 23 juillet 2018 en France, où elle était réfugiée politique. Sept ans plus tard, la réalisatrice Charlène Favier lui rend hommage dans Oxana, au cinéma depuis mercredi 16 avril.
L’icône de l’art contemporain a organisé sa vie et son œuvre pour favoriser son emprise sur ses victimes. Le témoignage de six hommes, aujourd’hui âgés de 35 à 60 ans, doit aider à libérer la parole dans ce milieu hermétique.
Trois membres du gouvernement sont mis en cause pour « homicides involontaires », révèlent France Inter et « le Monde » ce lundi 14 avril. L’objectif est de « briser l’omerta » face à une « épidémie de suicides à l’hôpital public ».
Plusieurs établissements pénitentiaires ont été visés par des attaques entre dimanche et mardi.
La ferme laitière de la famille Maris a été déclarée, à tort, contaminée à la tuberculose bovine et a dû cesser son activité. L’État se défausse de toute responsabilité. L’exploitation qui fait vivre 17 personnes se retrouve en grande difficulté.
Près de deux décennies durant lesquelles Christian Cervantes, décédé en 2012 des suites d’un double cancer du pharynx et du plancher buccal, puis ses proches ont patiemment attendu que l’injustice dont ils ont été victimes soit reconnue.
Atteint de deux cancers liés aux pesticides, Christian Jouault est décédé jeudi 10 avril, à 70 ans. Cet ancien agriculteur était un pilier du collectif de soutien aux victimes de ces produits.
« L’Abbé Pierre, la fabrique d’un saint », livre à paraître ce jeudi, démontre que le Saint Siège avait connaissance depuis des décennies de « la dangerosité » de l’homme d’Église français accusé d’agressions sexuelles.
Écarté en novembre 2023 de l’antenne de NRJ après les plaintes de plusieurs femmes, l’animateur fera son retour le 28 avril sur la station qui a récemment débarqué Benjamin Castaldi à cause de ses mauvaises audiences.
Sur son site internet, le quotidien national a interrogé l’agresseur sexuel d’un adolescent, qui s’est suicidé en apprenant sa libération et son installation à 3 kilomètres de son domicile.
« Die-in », multiples prises de parole de la part de syndicats, associations et journalistes… Rien de cette mobilisation de plus d’une heure et demie n’aura percé, en direct, les écrans des quatre principales chaînes d’information en continu. Seules TV5Monde et France 24 s’y sont intéressées
La France a renvoyé à son tour, ce mardi 15 avril, douze agents algériens et rappelé son ambassadeur, en réponse au renvoi de douze fonctionnaires français en poste à Alger. Une première mesure qui avait été prise en réponse à l’arrestation en France d’un agent consulaire algérien. Les perspectives d’une normalisation s’éloignent.
« Aucun ordre du jour détaillé ou document de travail n’a été fourni aux organismes convoqués »
La nouvelle organisation, voulue par Emmanuel Macron et concrétisée par François Bayrou, vise à répondre à la crise de vocation et aux difficultés de recrutement.
Alors que les besoins sont croissants et que les rapports accablants s’accumulent, le gouvernement annonce un plan de refondation de l’aide sociale à l’enfance, mais pas de crédits supplémentaires.
Supprimer des financements à des associations environnementales pour les punir de leur indépendance, c’est le choix du président LR du département du Rhône. […] Il reproche à ces trois associations d’avoir co-signé un courrier critiquant le projet de port fluvial du Bordelan, à Anse, situé en bord de Saône, au nord de Lyon.
Il devait prendre fin le 15 avril. Le seuil de revente à perte majoré a finalement été prolongé de trois ans. Or, il augmente les prix pour les consommateurices, et pas les revenus des agriculteurices.
Depuis l’insurrection qui a embrasé la Nouvelle-Calédonie en mai 2024, des dizaines de détenus à la prison de Nouméa ont été transférées vers des prisons de l’Hexagone. Qualifiés de « déportations » par plusieurs associations, qui y voient l’expression d’une justice post-coloniale, ces transferts ont eu lieu dans la plus grande opacité, sans que les personnes concernées aient été prévenues.
Depuis les émeutes survenues en Nouvelle-Calédonie, plus aucun rassemblement n’est autorisé dans Nouméa et son agglomération. Pourtant, au premier jour de la visite de Manuel Valls, des partisans de la France ont pu librement chahuter le ministre des Outre-mer et l’accueillir avec des pancartes outrageantes, au motif qu’il s’agissait de cérémonies patriotiques.
les coulisses d’une campagne publicitaire de l’Agence bio. Mis en images par l’entreprise de communication The Good Company, le spot télévisé — prévu pour être diffusé à partir du 22 mai — devait vanter une France diverse et métissée, rassemblée autour de produits gourmands et sans pesticides de synthèse.[…] Le 7 avril, veille du tournage, le cabinet de la ministre a exigé des modifications déroutantes via des courriels consultés par Libération. Parmi elles, figurait la demande de « choisir un casting caucasien » en remplacement de l’acteur métis initialement sélectionné. Quant à la séquence principale du repas de famille, le personnel d’Annie Genevard désirait « remplacer » le « couscous » par du « cassoulet avec canard »
Dans le Lot-et-Garonne (47), deux travailleurs marocains auraient porté plainte pour traite d’êtres humains chez un producteur de pommes, élu du syndicat agricole proche de l’extrême droite.
Dans le contexte de l’offensive fasciste générale menée partout dans le monde, nous devons riposter, et notre détermination se porte aujourd’hui sur un milliardaire qui incarne cette internationale d’extrême droite en France : Pierre-Édouard Stérin, et ses « Nuits du Bien Commun », contre lesquelles nous appelons à une mobilisation d’ampleur.
Voir aussi À Lyon, Les Nuits du Bien Commun n’auront pas lieu ! (rebellyon.info)
« Nous dépensons trop (…) Comme si chaque Français devait 50 000 euros à la banque », a déclaré ce 15 avril François Bayrou, lors d’une conférence de presse portant sur le budget 2026.[…] Le déficit public est avant tout un problème de recettes. […] On pense bien sûr à la suppression de l’ISF, du prélèvement forfaitaire unique, à la baisse de l’impôt sur les sociétés…
À La Hague, le collectif Piscine Nucléaire Stop a obtenu l’annulation de la vente de deux parcelles à Orano. L’industriel souhaite y installer un nouveau bâtiment pour son site de retraitement des déchets nucléaires.
Nouvelle victoire sur la carte des luttes. Le 14 avril, le géant de la gestion des déchets Veolia a déclaré renoncer à son projet de stockage de déchets dangereux à Hersin-Coupigny (Pas-de-Calais). Raison invoquée : le « mur de défiance local » infranchissable […] la mobilisation de 600 à 700 habitant·es opposé·es au projet a fini par faire plier la multinationale française.
Alors que les partis et syndicats de travailleurs ont déserté les campagnes et que la droite s’y engouffre, la Confédération paysanne persévère. Levier antifasciste ?
David Maenda Kihtoko est cofondateur et président de l’association Génération Lumière. Né en 1995 à la frontière entre le Burundi et le Congo, il est aujourd’hui réfugié en France. Créée en 2017, l’association agit à la fois en France et en République démocratique du Congo (RDC). Elle milite pour une réduction de la consommation des minerais, la fin des accords commerciaux néo-coloniaux et la justice environnementale.
Des associations ont adressé via leurs avocats un courrier de mise en demeure au musée parisien. Ils lui reprochent “d’effacer le nom Tibet de la nomenclature utilisée”, sur fond de pressions de la Chine.
Voir aussi Tribune collective » Le musée Guimet efface le mot Tibet » publiée dans Libération (ldh-france.org)
Usager·es et élu·es manifesteront mardi 15 avril leur mécontentement pour dénoncer le manque de moyens accordés aux lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse et Paris-Clermont-Ferrand.
Civil society organisations Bits of Freedom, Convocation Design + Research, European Digital Rights (EDRi), and Gesellschaft für Freiheitsrechte (GFF) are filing a complaint against Meta for violating the Digital Services Act (DSA).
Un discours aujourd’hui dominant dans la Silicon Valley a servi d’inspiration à J. D. Vance pour son discours de Munich : l’Europe ne devrait pas « étouffer la parole des innovateurs les plus provocants — même s’ils paraissent fous ou dangereux. Le risque pour le continent serait de se faire humilier dans la guerre de l’IA. Son auteur le plus éminent est Alex Karp, PDG de Palantir. Son livre « The Technological Republic », encore trop peu connu en Europe, est une pièce essentielle dans l’idéologie des entrepreneurs de la tech qui ont posé leurs valises à Washington.
Avec sa politique erratique de droits de douanes jamais vue depuis des décennies, le président des États-Unis veut redéfinir la mondialisation à l’avantage de son pays.
The removal of the four dams on the Klamath, which were owned by the power utility PacifiCorp, represents the first real attempt at the kind of river restoration that Indigenous nations and environmentalists have long demanded. It is the result of an improbable campaign that spanned close to half a century, roped in thousands of people, and came within an inch of collapse several times.
Derrière le mythe d’une Afrique sauvage et fascinante se cache une histoire méconnue : celle de la mise sous cloche de la nature au mépris des populations, orchestrée par des experts occidentaux.
Voir aussi Colonialisme vert, une vérité qui dérange (theconversation.com)
“The only ancient culture to develop a word for blue was the Egyptians — and as it happens, they were also the only culture that had a way to produce a blue dye.” Color is not only cultural, it is also technological. But first, perhaps, it could be a linguistic phenomenon.
Depuis 8 ans, Noëlie, victime du porno hardcore, se bat pour faire retirer les vidéos de viols en réunion qu’elle a subis : 242 pénétrations en trois jours. Avec elle, Hélène Devynck et Alice Géraud, nous avons parlé de ce qu’il faut appeler la porno-criminalité. Conditions de « tournage », effets de dissociation, recrutement sur des mensonges, fric monstre pour les uns, humiliations totales pour les autres, mort sociale, droit à l’oubli, responsabilité des consommateurs
Au congrès de la SFIO en 1906, Madeleine Pelletier monte à la tribune, habillée en homme, les cheveux courts, et harangue les militants socialistes. Elle refuse l’idée que les femmes et les hommes soient assignés à des rôles. “La femme, dit-elle, doit devenir un individu avant d’être un sexe”.
Alors qu’en France le financement des retraites par capitalisation semble intéresser de plus en plus, le Chili, un des premiers pays à adopter ce modèle, essaye d’aller vers un système de sécurité sociale.
It’s a coup.[…] we can’t fight it if we can’t see it.And we can’t see it if we don’t name it.The Russian and American presidents are now speaking the same words.They are telling the same lies.We are watching the collapse of the international order in real time.And this is just the start.[…] Some people are calling this oligarchy,but it’s actually bigger than that.These are global platforms.It’s broligarchy.
Alors que l’Islande avait ré-autorisé la chasse à la baleine jusqu’en 2029, les géants de mer seront finalement tranquilles cette année. La raison : cette chasse n’est pas rentable pour le le seul baleinier actif d’Islande, Hvalur.Le gouvernement islandais avait donné l’autorisation aux baleiniers de tuer 209 rorquals communs et de 217 baleines de Minke et ce chaque année jusqu’en 2029. Cette décision va donc épargner plus de 400 baleines !51 % des Islandais étaient contre la chasse à la baleine en 2023, une hausse de neuf points sur quatre ans, selon une enquête.
En Bolivie, l’agronome Trijidia Jimenez milite depuis 25 ans pour réhabiliter la cañahua, un grain andin plus nutritif et résistant au changement climatique que son cousin le quinoa et dont la culture avait quasiment disparu.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
20.04.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 03 décembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Plus une caractéristique culturelle est inhabituelle, moins elle a de chances d’être mise en évidence dans la représentation de la culture par un grand modèle de langage. L’IA saura-t-elle nous aider à identifier ce qui est nouveau ?
Dans sa newsletter, Programmable Mutter, le politiste Henry Farrell – qui a publié l’année dernière avec Abraham Newman, Underground Empire (qui vient d’être traduit chez Odile Jacob sous le titre L’Empire souterrain) un livre sur le rôle géopolitique de l’infrastructure techno-économique mise en place par les Etats-Unis – estime que le risque de l’IA est qu’elle produise un monde de similitude, un monde unique et moyen.
Comme le disait la professeure de psychologie, Alison Gopnick, dans une tribune pour le Wall Street Journal, les LLM sont assez bons pour reproduire la culture, mais pas pour introduire des variations culturelles. Ces modèles sont « centripètes plutôt que centrifuges », explique Farrell : « ils créent des représentations qui tirent vers les masses denses du centre de la culture plutôt que vers la frange clairsemée de bizarreries et de surprises dispersées à la périphérie ».
Farrell se livre alors à une expérience en générant un podcast en utilisant NotebookLM de Google. Mais le bavardage généré n’arrive pas à saisir les arguments à discuter. Au final, le système génère des conversations creuses, en utilisant des arguments surprenants pour les tirer vers la banalité. Pour Farrell, cela montre que ces systèmes savent bien plus être efficaces pour évoquer ce qui est courant que ce qui est rare.
« Cela a des implications importantes, si l’on associe cela à la thèse de Gopnik selon laquelle les grands modèles de langues sont des moteurs de plus en plus importants de la reproduction culturelle. De tels modèles ne soumettront probablement pas la culture humaine à la « malédiction de la récursivité », dans laquelle le bruit se nourrit du bruit. Au contraire, ils analyseront la culture humaine avec une perte qui la biaise, de sorte que les aspects centraux de cette culture seront accentués et que les aspects plus épars disparaîtront lors de la traduction ». Une forme de moyennisation problématique, une stéréotypisation dont nous aurons du mal à nous extraire. « Le problème avec les grands modèles est qu’ils ont tendance à sélectionner les caractéristiques qui sont communes et à s’opposer à celles qui sont contraires, originales, épurées, étranges. Avec leur généralisation, le risque est qu’ils fassent disparaître certains aspects de notre culture plus rapidement que d’autres ».
C’est déjà l’idée qu’il défendait avec la sociologue Marion Fourcadedans une tribune pour The Economist. Les deux chercheurs y expliquaient que l’IA générative est une machine pour « accomplir nos rituels sociaux à notre place ». Ce qui n’est pas sans conséquence sur la sincérité que nous accordons à nos actions et sur les connaissances que ces rituels sociaux permettent de construire. A l’heure où l’IA rédige nos CV, nos devoirs et nos rapports à notre place, nous n’apprendrons plus à les accomplir. Mais cela va avoir bien d’autres impacts, explique encore Farrell, par exemple sur l’évaluation de la recherche. Des tests ont montré que l’évaluation par l’IA ne ferait pas pire que celle par les humains… Mais si l’IA peut aussi bien que les humains introduire des remarques génériques, est-elle capable d’identifier et d’évaluer ce qui est original ou nouveau ? Certainement bien moins que les humains. Pour Farrell, il y a là une caractéristique problématique de l’IA : « plus une caractéristique culturelle est inhabituelle, moins elle a de chances d’être mise en évidence dans la représentation de la culture par un grand modèle ». Pour Farrell, ce constat contredit les grands discours sur la capacité d’innovation distribuée de l’IA. Au contraire, l’IA nous conduit à un aplatissement, effaçant les particularités qui nous distinguent, comme si nous devenions tous un John Malkovitch parmi des John Malkovitch, comme dans le film Dans la peau de John Malkovitch de Spike Jonze. Les LLM encouragent la conformité. Plus nous allons nous reposer sur l’IA, plus la culture humaine et scientifique sera aplanie, moyennisée, centralisée.
14.04.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Since the 2022 election, Facebook and Instagram, two of Australia’s most popular platforms, have gone dark. Their parent company, Meta, decided in 2024 to get rid of a tool called CrowdTangle, which helped journalists, researchers and watchdog organisations track what was happening across the services. In 2023, X, formerly Twitter, got rid of a free way to access its data — used to track the spread of posts across its platforms — and started charging exorbitant amounts that priced out journalists and researchers. Reddit, too, started charging for access to this data (and now restricts search engines other than Google from indexing its content). TikTok has never really granted much access ever.
Initialement interdit par un moratoire datant de 2022, le commerce des crédits carbone forestiers sera bientôt de nouveau opérationnel dans les forêts tropicales humides de l’État du Pacifique.
Le coup d’envoi de l’Expo 2025 a été donné ce dimanche 13 avril dans la grande ville portuaire japonaise. Cette édition, qui se déroulera jusqu’au 13 octobre, est placée sous le signe des technologies d’avenir.
Le sol sous la mer d’Aral, dont le volume a diminué de 93 % depuis 1960, est revenu à l’emplacement qu’il occupait avant l’existence du lac et continue même de s’élever« Il semble que l’humanité ait perturbé la tectonique des plaques juste pour améliorer les rendements de coton ! »
Selon le Programme alimentaire mondial, les Etats-Unis ont décidé de réduire – aussi – leur aide alimentaire d’urgence à 14 pays, dont l’Afghanistan, pourtant officiellement selon l’ONU la deuxième plus grande crise humanitaire mondiale derrière le Soudan en guerre.
Le 18 février 2025, la Zambie a été frappée par une catastrophe environnementale de grande ampleur. L’effondrement d’une digue à résidus acides, appartenant à une entreprise minière chinoise, a entraîné le déversement de millions de litres de déchets toxiques dans un affluent de la rivière Kafue, l’un des plus important cours d’eau du pays.
Agitant des drapeaux gris, dont des drapeaux arc-en-ciel en noir et blanc appelant à une « Gray Pride », plus de 10 000 personnes se sont jointes à la manifestation de la capitale hongroise.
Longtemps bloqué au Sénat, le projet de « loi sécurité » du gouvernement italien vient d’être passé en force par décret, le 4 avril. La loi liberticide vise en particulier les activistes écologistes.
Twenty years after Concorde was grounded, a new wave of ‘quiet’ supersonic aircraft are in development – but not everyone welcomes the return of this costly, carbon-intensive technology
The ‘freedom city’ is the latest effort to create stateless cities with minimal corporate regulation.
For tech companies, trying to keep up with Trump’s social media posts regarding tariffs has been a struggle, as markets react within minutes.
Les États-Unis ont reçu l’autorisation, par le gouvernement panaméen, de déployer des troupes autour du canal du Panama, où transite près de 6 % du commerce mondial. Cet accord bilatéral, dévoilé jeudi 10 avril, marque une étape majeure, pour la Maison Blanche, dans sa guerre d’influence avec la Chine.
The Israeli spyware maker, still on the US Commerce Department’s “blacklist,” has hired a new lobbying firm with direct ties to the Trump administration
La veille, la Cour suprême avait, à l’unanimité, ordonné à l’exécutif de « faciliter » le retour de Kilmar Abrego Garcia aux Etats-Unis, d’où il n’aurait jamais dû être expulsé. La juge Paula Xinis a donc demandé à l’administration de se conformer à ce jugement mais celle-ci cherche à gagner du temps.
L’administration américaine a décidé de priver plus de 6 000 migrant·es résidant aux Etats-Unis de toute prestation sociale en les déplaçant dans une base de données normalement réservée aux « personnes décédées », selon des informations parues dans la presse américaine jeudi 10 avril.
With billions in grants put on hold, targeted universities will see research crippled.
Elon Musk’s DOGE goons crashed the Social Security Administration website Monday when an apparent “anti-fraud upgrade” went badly wrong.
Donald Trump says he is not joking about a third term. His attorney has reportedly studied legal loopholes for how he might pull it off. Conservative think tanks like Heritage have provided blueprints for an administrative coup. Media allies float the idea like it’s cocktail-party fodder. A large portion of the party base is not only unbothered, but thrilled. Let that sink in. The 22nd Amendment is clear. It is as clear as law gets : two terms and out. This is not a gray area. And yet, the GOP treats this not as a red line, but a red carpet.
Navarro was the first former White House official to go to prison following a contempt of Congress conviction, but not the last. Steve Bannon, a Trump ally who served as White House chief strategist, is currently serving a four-month sentence at a federal prison in Connecticut for also refusing to comply with a subpoena from the House select committee.
Déjà plombés par des cours déprimés, les agriculteurs américains craignent de voir leurs exportations chuter après l’instauration de nouveaux droits de douane par Donald Trump, pour qui ils ont massivement voté l’an dernier.
a voice claiming to be Zuckerberg says that “it’s normal to feel uncomfortable or even violated as we forcefully insert AI into every facet of your conscious experience. And I just want to assure you, you don’t need to worry because there’s absolutely nothing you can do to stop it.” […] a voice claiming to be Musk says that he would “like to personally welcome you to Palo Alto.” “You know, people keep saying cancer is bad, but have you tried being a cancer ? It’s f—— awesome,” the voice goes on to say.
Dans cinq ans, la demande d’électricité des « data centers » – indispensables à l’IA – devrait atteindre la consommation totale d’électricité du Japon aujourd’hui, selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE).
Voir aussi La consommation d’électricité des centres de données qui alimentent l’IA devrait tripler d’ici 2035 (legrandcontinent.eu)
Once the United States beats China to develop superintelligence, Schmidt said, AI will solve the climate crisis. And if it doesn’t, he went on, China will become the world’s sole superpower.
New aerial surveillance footage obtained by the Southern Environmental Law Center has found that Musk’s artificial intelligence company, xAI, is using 35 methane gas generators to power its “Colossus” supercomputer facility, the backbone of its flagship Grok. That’s 20 more generators than the 15 xAI filed permits for, and 35 more than it was approved to use.
Without clear protocols to catch errors, artificial intelligence’s growing role in science could do more harm than good.
All that’s required is to create a malicious software package under a hallucinated package name and then upload the bad package to a package registry or index like PyPI or npm for distribution. Thereafter, when an AI code assistant re-hallucinates the co-opted name, the process of installing dependencies and executing the code will run the malware.
Servo has shown that we can build a browser with a modern, parallel layout engine in a fraction of the cost of the big incumbents, thanks to our powerful tooling, our strong community, and our thorough documentation. But we can, and should, build Servo without generative AI tools like GitHub Copilot.
WordPress.com has launched a new AI-powered site builder in early access that can construct your WordPress webpage, including fully written text, layout, generated images, and more.The builder makes a functional WordPress site “in minutes.”
Snapshotting and AI processing a screen every 3 seconds. What could possibly go wrong ?
Depuis le 3 mars, le quotidien américain a mis en place une intelligence artificielle censée rendre les articles éditoriaux plus « neutres ». Le résultat est à la hauteur des critiques : catastrophique.
Thousands of newly obtained documents show that Clearview AI’s founders always intended to target immigrants and the political left. Now their digital dragnet is in the hands of the Trump administration.
A sweeping crackdown on posts on Instagram and Facebook that are critical of Israel—or even vaguely supportive of Palestinians—was directly orchestrated by the government of Israel […] The data show that Meta has complied with 94 % of takedown requests issued by Israel since October 7, 2023. Israel is the biggest originator of takedown requests globally by far, and Meta has followed suit—widening the net of posts it automatically removes, and creating what can be called the largest mass censorship operation in modern history.
Depuis le 7 octobre, colons et gouvernement israélien redoublent d’intensité pour faire partir les familles qui vivent à Jimba, village palestinien de Cisjordanie occupée. Face aux attaques armées et aux démolitions de leurs maisons, les familles de ce village de la vallée de Masafer Yatta comptent bien rester sur leurs terres.
« En tant que puissance occupante, Israël a des obligations sans équivoque en vertu du droit international, y compris le droit humanitaire international et le droit international sur les droits humains […] Rien de cela ne se passe aujourd’hui ».
Ce samedi 12 avril, le gouvernement de Benyamin Netanyahou a annoncé une nouvelle intensification des opérations militaires dans l’enclave palestinienne. Deux tiers de la bande de Gaza sont inaccessibles à la population, à nouveau poussée à évacuer, sans échappatoire. La guerre génocidaire menée par l’armée israélienne ne connaît plus de limites.
L’armée israélienne a frappé l’un des rares hôpitaux encore en fonction dans la bande de Gaza ce dimanche 13 avril, expliquant avoir ciblé un « centre de commandement » du Hamas.
L’ Albanais est accusé par la Hongrie, comme une dizaine d’autres personnes, d’avoir « brutalement attaqué des néonazis » à Budapest en février 2023 alors qu’une commémoration était organisée par des néonazis dans la capitale hongroise.
Gérard B., 76 ans, a menacé la présidente du tribunal qui a prononcé la peine d’inéligibilité contre Marine Le Pen en publiant en ligne une photo de guillotine. Il a aussi écopé d’une amende de 3 000 euros.
Les élu·es ont entériné dans la nuit de vendredi à samedi 12 avril un amendement accordant à la personne qui souhaite recourir à l’aide à mourir la liberté de choisir entre auto-administration du produit létal et administration par un·e médecin·e ou un·e infirmier·e.
Lundi 7 avril au soir, le centre de tri des déchets du XVIIe arrondissement de Paris s’est embrasé, provoquant la stupeur des riverains. Le feu, maîtrisé durant la nuit grâce à l’intervention de 180 pompiers, n’a fait aucun blessé parmi les 31 salariés présents, l’alarme incendie s’étant déclenchée immédiatement. Si aucune toxicité n’a pour l’heure été détectée dans le panache de fumée émanant du site, l’incident a eu des conséquences pour les habitants : une portion du périphérique a dû être fermée à la circulation et un confinement a été décrété pour les zones à proximité. Le bâtiment, géré par le Syctom (le syndicat des déchets d’Île-de-France), s’est finalement effondré dans la matinée du mardi 8 avril.
La France se réchauffe plus vite que la moyenne globale. Dans le scénario retenu par le gouvernement français, l’Hexagone se prépare à une hausse du thermomètre de 2 °C en 2030, par rapport aux valeurs de l’ère préindustrielle, de +2,7 °C en 2050 et +4 °C en 2100, compte tenu des politiques et stratégies climatiques actuelles mises en œuvre par les différents pays.
411 espèces de champignons sont menacées d’extinction mais ce chiffre et largement sous-estimé. Et, malgré la perte de 90 % des champignons des prairies et pelouses en 70 ans, ils ne bénéficient d’aucune protection.
Depuis 2011, le taux d’enfants qui meurent avant d’atteindre l’âge de 1 an a progressé de 0,6 point, selon une étude de l’Institut national de la statistique publiée jeudi 10 avril.
Deux femmes intérimaires à la SNCF témoignent du harcèlement sexuel subi de la part d’un même agent. Malgré un signalement, ce dernier n’a pas été sanctionné. Le délégué syndical qui a relayé l‘alerte risque en revanche une mesure disciplinaire.
Au terme de cinq mois de travail, la commission d’enquête parlementaire sur les violences commises dans la culture présidée par Sandrine Rousseau présente son rapport ce mercredi au Palais-Bourbon.
Le parquet de Bordeaux a confirmé vendredi 11 avril que quatre hommes avaient été mis en examen et écroués dans une enquête pour viols avec actes de torture et de barbarie sur cinq victimes. Les faits se sont déroulés entre 2011 et 2024, notamment dans les clubs libertins de la métropole bordelaise.
Alors que des femmes victimes de violences de l’industrie pornographique témoignent dans un livre qui paraît vendredi 11 avril, 19 hommes ont été mis en examen dans les deux dossiers au parcours judiciaire à l’avancement contrasté. […] Pour la première circonstance aggravante, la cour d’appel de Paris a estimé que les victimes avaient « accompli une démarche initiale volontaire pour participer à des tournages », que les actes sexuels pouvaient être « douloureux », mais que « les souffrances ne pouvaient être considérées comme exceptionnellement aiguës et prolongées ». Certains « tournages » pouvaient durer 24h […] Malgré les pleurs, les suppliques, les saignements visibles sur les vidéos, la chambre de l’instruction a estimé qu’il n’y avait pas de « blessure distincte délibérément infligée ». Quant aux insultes racistes et sexistes – « vide-couilles », « massacrez-la, la beurette » – elles n’ont pas été retenues au motif que les actes commis sur ces femmes participent « de la réalisation d’œuvres de l’esprit »
Quinze femmes témoignent dans un livre qui paraît vendredi des viols subis lors de tournages de films pornographiques extrêmes. Parmi elles, « Emilie », l’une des 42 plaignantes de l’affaire French Bukkake, décrit des méthodes de « cartel » et raconte sa difficile reconstruction.
Tandis que la gauche n’en finit pas d’essuyer les calomnies, diabolisée à flux continu, l’extrême droite et ses relais capitalisent sur la complaisance des plateaux prétendument « respectables ». Énième démonstration du service public, où de dépolitisation en médiocrité, le confusionnisme va bon train, favorisé par l’entre-soi.
Les chaînes d’information ont relayé les images filmées par le parti d’extrême droite d’une foule dense venue en soutien à Marine Le Pen, dimanche 6 avril. Un cadrage flatteur qui interroge la diffusion de ces vidéos maîtrisées par les politiques.
Les trois organisations non gouvernementales (ONG) Quota Climat, Data for Good et Science Feedback, dévoilent, jeudi 10 avril, une note qui démontre une hausse de la désinformation sur le dérèglement climatique dans l’audiovisuel français. Depuis trois mois, « une dizaine de cas par semaine » ont été recensés.
Bercy se refuse à toute hausse d’impôt sur les classes moyennes et sur les entreprises, préférant miser sur des économies budgétaires et le retour de la croissance.
Le projet de loi de « simplification de la vie économique » est débattu à l’Assemblée à partir de ce mardi 8 avril 2025. Censé augmenter la compétitivité des entreprises, il revient sur de nombreux acquis au détriment des salariés.
Voir aussi Projet de loi de « simplification » : avec la suppression de nombreuses instances consultatives, la démocratie en danger ? (humanite.fr)
« C’est un texte fourre-tout qui mélange plein de sujets, avec pour présupposé idéologique que moins d’État, moins de régulation conduirait à plus d’efficacité, résume le député communiste Emmanuel Maurel. En réalité c’est la continuité de la politique de l’offre pour la Macronie, avec la bénédiction du Medef. »
« Il n’y a aucun nouvel élément » et « j’ai donné sur cette affaire tous les éléments », avait déclaré le Premier ministre le mois dernier, d’un ton visiblement excédé. Il ne peut pourtant être aussi excédé que les victimes qui cherchent vainement à faire éclater un scandale étouffé depuis si longtemps.
La DINUM (Direction Interministérielle du Numérique) vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour identifier des solutions d’IAG destinées au secteur public.
Parmi les cultures où le recours aux aéronefs est rendu possible figurent les parcelles escarpées dont la pente est supérieure à 20 %, celles des vignes mères de porte-greffes – une certaine variété de vignes -, « notamment dans le Beaujolais, l’Alsace ou les Pyrénées-Orientales » mais aussi de l’ensemble des bananeraies, situées principalement en Guadeloupe et en Martinique, explique le quotidien. […] le texte est passé outre quitte à risquer d’exposer encore davantage les riverains aux dangers des pesticides, notamment aux Antilles déjà empoisonnées par le chlordécone.
La possibilité de nouvelles sanctions pour les allocataires du RSA, et la menace de les faire sombrer encore davantage dans la pauvreté, suscite la consternation. Associations et syndicats tentent de mobiliser « des deux côtés du guichet ».
Contrôlés à répétition, des jeunes accumulent plus de 30 000 euros de dettes d’amendes. Aline Daillère et Magda Boutros ont publié un rapport sur la manière dont des adolescents racisés des classes populaires sont harcelés par des policiers.
Après les avocat·es en droit des étrangers, la revue d’extrême droite “Frontières” s’en prend désormais aux collaborateurices des député·es LFI qu’il attaque nommément pour certain·es. Les syndicats dénoncent “une manœuvre d’intimidation”. […] Frontières met également en ligne une vaste « cartographie de l’extrême gauche », répertoriant 500 noms et entités (jusqu’à la Croix rouge et MSF), « sur le modèle de Wikipedia » (ils espèrent en compiler mille). Ici aussi, les adversaires sont rangés par familles, des « anti-flics » aux « sans-frontiéristes » en passant par les « écolos radicaux ».
Devant une foule éparse, la cheffe de file du Rassemblement national, condamnée à cinq ans d’inéligibilité, a continué ses attaques contre la « République des juges ».
À partir d’un retour sur l’histoire de l’UNI et d’enquêtes sur plusieurs sections locales de cette organisation étudiante, voici le bilan réalisé par 10 groupes antifascistes.
Astrid, aide-soignante à la Villa d’Avril, un Ehpad de Saint-Avold (Moselle), dit subir un « harcèlement moral » de la part de la direction de l’établissement, qu’elle accuse de vouloir la faire taire alors qu’elle alertait sur un sous-effectif chronique.
En novembre 2023, 3 335 placements n’avaient pas été exécutés en France […] Un constat confirmé l’an passé par le Cese, qui évoque une crise systémique, ou, en janvier 2025, par la Défenseure des droits, Claire Hédon. D’après l’institution, 6 000 à 7 000 enfants étaient encore en attente de l’exécution d’une décision.
De gigantesques data centers pourraient bientôt se multiplier sur le sol français, en vertu de la loi « simplification de la vie économique » visant à faciliter leur implantation.
Alors que, depuis le 20 janvier 2025, aux États-Unis, Donald Trump s’applique à défaire les droits des minorités sexuelles et raciales, comment organiser la résistance ? Dans cet entretien exclusif, Kimberlé W. Crenshaw, la juriste qui a popularisé le concept d’intersectionnalité, nous livre les clefs du combat.
a former Facebook employee, Sarah Wynn-Williams, will testify to Congress that Meta executives “repeatedly” sought to “undermine US national security and betray American values” in “secret” efforts to “win favor with Beijing and build an $18 billion dollar business in China.”
On Monday, Microsoft reportedly terminated the roles of two software engineers, Ibtihal Aboussad and Vaniya Agrawal, who protested the company’s reported dealings with the Israeli military during Microsoft’s Copilot and 50th anniversary event last week.
Microsoft a récemment arrêté ou reporté certains projets de construction de data centers en Indonésie, au Royaume-Uni, en Australie, aux États-Unis et en France. Alors qu’il y a encore quelques mois, la mode était à la construction d’énorme centres pour l’IA, le géant du numérique planifiait déjà de freiner ses projets.
Voir aussi Confirmed : Microsoft stops new data centres worldwide (pivot-to-ai.com)
What do you call it when an economic bubble stops growing ?
Ce qui est en jeu avec les droits de douane de Trump, même s’il vient d’en réduire sacrément la voilure pour tous les pays excepté la Chine, ce ne sont pas seulement les échanges commerciaux, c’est une promesse de justice. L’idée selon laquelle les ouvriers peu qualifiés, sacrifiés par la mondialisation, pourraient enfin être les gagnants d’une revanche protectionniste.
Le président américain fait basculer le monde. Pour y répondre, il faut être à la hauteur. Opposition ou vassalisation ? France ou Union européenne ? Protectionnisme ou néolibéralisme ?
We need to talk about the data. Crap data. We’re destroying our environment to create and store trillions of blurred images, half-baked videos, rip-off AI ‘songs’, rip-off AI animations, videos and images, emails with mega attachments, never-to-be-watched-again presentations, never-to-be-read-again reports, files and drawings from cancelled projects, drafts of drafts of drafts, out of date, inaccurate and plain wrong information, and gigabytes and gigabytes of poorly written, meandering content.
Il est curieux que dans un monde éducatif qui se montre, heureusement, capable de s’opposer – au moins dans les programmes officiels et valeurs revendiquées – au monde tel qu’il semble aller de soi, inégalitaire, violent, machiste etc, on renonce à toute ambition émancipatrice dès qu’il s’agit d’évolutions technologiques.
Depuis l’amorce du processus de libéralisation de l’avortement dans les années 1970, l’accès à ce droit fait l’objet d’une lutte permanente des deux côtés de l’Atlantique.
À propos de : Nancy Rose Hunt, Un État nerveux. Violence, remèdes et rêverie au Congo colonial, Éditions de l’EHESS
Une nouvelle découverte archéologique à Kach Kouch au Maroc remet en question l’idée longtemps admise selon laquelle le Maghreb (nord-ouest de l’Afrique) était une terre vide avant l’arrivée des Phéniciens du Moyen-Orient vers 800 avant notre ère. Cette trouvaille révèle une histoire beaucoup plus riche et complexe qu’on ne le pensait jusqu’à présent.
The CCC declares representing racism and fascism, as well as trivialising historical and current violence, to be incompatible with a membership in our ranks.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
13.04.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 13 novembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
L’IA dans les services publics, on en parle plus qu’on ne la voit, regrette le syndicat Solidaires Finances Publiques qui tente de faire le point de ses déploiements au Trésor Public. Les représentants du personnel dénoncent des déploiements opaques pour les usagers comme pour les personnels et regrettent que les agents soient si peu associés aux projets. Ce qui n’est pas sans conséquence sur leur travail et sur la capacité même des agents des impôts à accomplir leur mission. C’est la force de leurs réflexions : faire remonter les difficultés que le déploiement de l’IA génère et nous rappeler que l’enjeu de l’IA n’a rien de technique.
Les publications syndicales sur l’IA sont nombreuses. Souvent, elles sont assez généralistes… et peu spécifiques. C’est-à-dire qu’elles interrogent la place des technologies dans les transformations à venir, font des recommandations pour améliorer les modalités de gouvernance, mais ne regardent pas toujours ses déploiements concrets, préférant poser un cadre général pour en comprendre les effets, comme le montrait, parmi les plus récents, le Plaidoyer pour un dialogue social technologique de FO, les réflexions de la CGT sur le sujet ou celles de la CFE-CGC (voir également le manifeste commun de plusieurs organisations syndicales qui défend un dialogue social technologique ainsi que le tout récent site dédié DIAL-IA).
C’est un peu l’inverse que propose Solidaires Finances Publiques dans le court livre que le syndicat publie aux éditions Syllepse, L’IA aux impôts. Les syndicalistes y évoquent d’abord ce que le déploiement de l’intelligence artificielle change pour les agents et les usagers à la Direction générale des finances publiques (DGFIP), l’une des administrations françaises pionnières dans le développement des outils numériques et de l’IA.
L’IA y est déployée depuis 2014 notamment pour évaluer les risques et les schémas de fraude en modélisant les fraudes passées. Solidaires rappelle d’ailleurs les limites de ces schémas, qui peinent à détecter les fraudes atypiques et ses nouvelles modalités. Mais l’IA à la DGFIP, c’est d’abord de très nombreux projets que le syndicat lui-même ne parvient pas à recenser.
Ce sont d’abord des outils pour détecter la fraude des entreprises et des particuliers, notamment en repérant des anomalies ou des incohérences déclaratives depuis les déclarations de revenus, les comptes bancaires, les données patrimoniales et les informations provenant d’autres administrations, via le projet CFVR (« Ciblage de la fraude et valorisation des requêtes »). C’est également le projet Signaux faibles, pour détecter et identifier les entreprises en difficulté qui produit un score de risque depuis des données financières économiques et sociales des entreprises provenant de plusieurs services publics, afin d’évaluer leur rentabilité, leur endettement, leur niveau d’emploi, leurs difficultés à régler leurs cotisations sociales. C’est aussi un projet pour prédire les difficultés financières des collectivités locales à partir d’indicateurs comme l’endettement des communes. Un autre projet encore vise à estimer la valeur vénale et locative des biens immobiliers exploitant les données de transaction immobilières pour produire de meilleures estimations. Le projet Foncier innovant, lui, vise à détecter depuis des images aériennes, les piscines et bâtiments non déclarés par les contribuables (voir la très bonne synthèse sur ce programme réalisé par le projet Shaping AI). Le projet TAAP (« Traitement d’analyse auto prédictive ») vise à contrôler les dépenses à risques que l’Etat doit payer à ses fournisseurs afin d’accélérer ses règlements. Enfin, on trouve là aussi un voire des projets de chatbot pour répondre aux demandes simples des usagers sur impots.gouv.fr… (l’administration fiscale reçoit chaque année 12 millions de demandes par mail des contribuables, cependant une première expérimentation de réponses automatisées sur les biens immobiliers a produit 70 % de réponses erronées ou fausses).
La liste n’est pourtant pas exhaustive. De nombreux autres projets sont en phase d’expérimentations, même si leur documentation fait bien souvent défaut, à l’image de l’utilisation des réseaux sociaux pour lutter contre la fraude (que beaucoup affublent du doux nom de Big Brother Bercy), dont le bilan est très limité, mais qui a pourtant été accéléré, comme l’évoquait Le Monde. Lors d’une récente cartographie des systèmes d’intelligence artificielle en cours de déploiement au ministère des finances, les premiers échanges auraient révélé que l’administration avait du mal à recenser tous les projets.
Même sur les principaux projets qu’on vient d’énumérer, l’information disponible est très lacunaire, non seulement au grand public mais également aux agents eux-mêmes. L’IA publique se déploie d’abord et avant tout dans la plus grande opacité.
Pour Solidaires, cette opacité est entretenue. L’omerta a une composante politique, nous expliquent les représentants du personnel. Elle permet de désorganiser les luttes des personnels. Les nouveaux agents, qu’ils soient contractuels ou statutaires, sont privés de la connaissance de leurs missions, ils ont moins de compréhension de la chaîne de travail, ils ne savent pas pourquoi ils font ce qu’on leur dit de faire. « Le travail automatique empêche la conscientisation du service public, comme du travail. Il place les agents dans une routine qui les noie sous des canaux informatiques de dossier à traiter », nous expliquent-ils. L’IA permet de faire le job, sans avoir de connaissance métier. Il suffit de traiter les listes d’erreurs, de valider des informations. « Le risque, c’est de ne plus avoir d’agents qualifiés, mais interchangeables, d’un service l’autre ». Mis en difficultés par les objectifs de productivité, par des formations très courtes quand elles ne sont pas inexistantes, ils ne peuvent comprendre ni résister au travail prescrit.
Le développement de l’IA à la DGFIP « part rarement d’un besoin « terrain » », constatent les syndicalistes, c’est-à-dire que les agents sont rarement associés à l’expression des besoins comme à la réalisation des projets. Ceux-ci sont surtout portés par une commande politique et reposent quasi systématiquement sur des prestataires externes. Pour lancer ces projets, la DGFIP mobilise le Fonds pour la transformation de l’action publique (FTAP), lancé en 2017, qui est le catalyseur du financement des projets d’IA dans l’administration. Pour y prétendre, les projets doivent toujours justifier d’économies prévisionnelles, c’est-à-dire prédire les suppressions de postes que la numérisation doit produire. Dans l’administration publique, l’IA est donc clairement un outil pour supprimer des emplois, constate le syndicat. L’État est devenu un simple prestataire de services publics qui doit produire des services plus efficaces, c’est-à-dire rentables et moins chers. Le numérique est le moteur de cette réduction de coût, ce qui explique qu’il soit devenu omniprésent dans l’administration, transformant à la fois les missions des agents et la relation de l’usager à l’administration. Il s’impose comme un « enjeu de croissance », c’est-à-dire le moyen de réaliser des gains de productivité.
Pour Solidaires, ces transformations modifient les missions des personnels, transforment l’organisation comme les conditions de travail des personnels, changent « la façon de servir le public ». Le déploiement de l’IA dans le secteur public n’est pas capacitante. « L’introduction de l’IA émane de choix centralisés » de la seule direction, sans aucune concertation avec les personnels ou ses représentants. Les personnels (comme les publics d’ailleurs) ne reçoivent pas d’information en amont. La formation est rare. Et la transformation des métiers que produit l’intégration numérique consiste surtout en une intensification et une déqualification, en adéquation avec ce que répètent les sociologues du numérique. Ainsi par exemple, les agents du contrôle des dépenses de l’État sont désormais assignés à leurs écrans qui leur assènent les cadences. Les nouvelles dépenses à contrôler passent au rouge si elles ne sont pas vérifiées dans les 5 jours ! Les agents procèdent de moins en moins à leurs propres enquêtes, mais doivent valider les instructions des machines. Ainsi, les agents valident les dépenses, sans plus contrôler les « conditions de passation de marché public ». Même constat au contrôle fiscal, rapportent les représentants du personnel : les agents doivent accomplir les procédures répétitives et peu intéressantes que leur soumettent les machines. Les personnels sont dessaisis de la connaissance du tissu fiscal local. Ils ne peuvent même plus repérer de nouveaux types de fraudes. « On détecte en masse des fraudes simples, mais on délaisse les investigations sur la fraude complexe ». Les erreurs demandent des vérifications chronophages, puisque nul ne sait plus où elles ont lieu. Le risque, prévient Solidaires, c’est de construire un « service public artificiel », ou la modernisation conduit à la perte de compétences et à la dégradation du service. Où l’administration est réduite à une machine statistique. Le risque, comme s’en prévenait le Conseil d’Etat, c’est que la capacité à détecter les erreurs soit anesthésiée.
Cette déqualification ne touche pas que les agents, elle touche aussi les administrations dans leur capacité même à mener les projets. Les investissements sont transférés au privé, à l’image du Foncier innovant, confié à Capgemini et Google. Les projets d’IA sont largement externalisés et les administrations perdent leurs capacités de maîtrise, comme le notaient très bien les journalistes Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre dans leur livre, Les infiltrés. Certains projets informatiques ont un taux d’externalisation supérieur à 80 % explique Solidaires – quand la Dinum estime qu’un taux supérieur à 70 % constitue déjà un risque de défaillance majeur.
Enfin, la numérisation éloigne les administrés de l’administration, comme le pointait la sociologue Clara Deville. Les agents estiment que les risques d’inexactitudes augmentent avec le remplissage automatique des déclarations de revenus. Avant, quand les agents recevaient les déclarations remplies par les usagers, ils pouvaient parfois détecter des erreurs manifestes, par exemple le fait de mettre des enfants mineurs en occupant de propriétés générant une taxe d’habitation à leur destination. Désormais, les données ne sont plus vérifiées. Les contribuables ne sont plus en obligation de reremplir leur déclaration s’il n’y a pas eu de changement de revenus ou de situation. Si le contribuable ne renvoie rien, on reprend les éléments fournis automatiquement. Le risque c’est de ne plus voir les défaillances de déclaration ou les difficultés que peuvent avoir certains publics, sans revenir vers eux. L’automatisation peut devenir un piège pour certains usagers.
Mais surtout, répètent les militants de Solidaires, les personnels sont confrontés à une opacité totale des projets. L’absence d’information sur les projets est d’abord le signe d’un dialogue social inexistant, particulièrement problématique. Mais l’opacité à d’autres conséquences, notamment une déqualification des agents. Les dépenses à contrôler sont désormais sélectionnées par la machine, mais les agents ignorent sur quels critères. « Pourquoi certaines dépenses insignifiantes qui n’étaient jamais contrôlées auparavant, le sont à présent, alors que d’autres sont validées en masse quand elles étaient scrupuleusement regardées avant l’IA. »
« Le TAAP a pour but d’améliorer les délais de paiement de l’Etat, un objectif louable. Il vise à alléger la sélection des dépenses à contrôler », nous expliquent en entretien les responsables de Solidaires Finances Publiques. Le problème, c’est que le critère n’est plus l’importance, mais le risque. Alors que les agents avaient toute latitude pour contrôler les dépenses qu’ils jugeaient problématiques ou prioritaires, le système leur impose désormais de regarder certaines dépenses plutôt que d’autres. C’est ainsi que des agents se sont vus par exemple devoir contrôler les dépenses d’essence des ambassades qui étaient jusqu’à présent des dépenses à faibles enjeux. La détermination des contrôles par les algorithmes est désormais organisée par en haut. Les data scientists en centrale fournissent aux agents des « listes Data Mining », c’est-à-dire des fichiers avec des listes d’entreprises ou des contribuables à contrôler et vérifier selon des axes de recherche, par exemple des listes d’entreprises soupçonnées de minorer leur TVA ou des listes de particuliers soupçonnés de faire une déclaration de valeur immobilière qui n’est pas au niveau du marché… Le risque, c’est qu’on pourrait dévoyer ces listes pour contrôler certaines catégories de populations ou d’entreprises, préviennent les syndicalistes, qui mettent en garde contre l’absence de garde-fous que produit cette centralisation du contrôle, qui pourrait demain devenir plus politique qu’elle n’est.
Les listes Data Mining sont générées par les data scientist du service central depuis des croisements de données. Ce sont des listes d’entreprises ou de particuliers à regarder. Ces listes doivent d’abord être apurées par les agents… Quand ils reçoivent des listes d’entreprises qui feraient trop de provisions par exemple (ce qui pourrait être un moyen de faire baisser leurs bénéfices), ils doivent les trier, par exemple sortir les compagnies d’assurances, qui, par nature, sont des entreprises qui font plus de provisions que d’autres. Dans ces listes, les anomalies détectées ne sont pas toutes compréhensibles aux agents chargés du contrôle et parfois le critère de recherche détecté par l’IA ne donne rien. Mais si l’agent trouve un autre axe de recherche de fraude, le dossier est statistiquement compté comme relevant d’une réussite du data mining. Ce qui a pour but d’augmenter les résultats que produit la recherche de fraude automatisée, alors qu’elle demeure bien souvent le résultat d’un travail spécifique des agents plutôt que le produit d’une liste fournie par les machines.
Le contrôle fiscal automatisé représente aujourd’hui 50 % du contrôle, mais les résultats notifiés (et non pas recouvrés) eux n’ont pas beaucoup progressé depuis l’expansion de l’automatisation. Ils stagnent à 13-14 %, c’est-à-dire environ 2 milliards d’euros, quand le contrôle fiscal atteint environ 13 milliards. Réaliser 50 % de contrôle automatisé est devenu un objectif, nous expliquent les syndicalistes. Si un service n’arrive pas à l’atteindre, les agents doivent prioriser le traitement des listes Data mining plutôt que de réaliser des contrôles d’initiatives. La vérification de ces listes produit surtout un travail fastidieux et chronophage, que les agents jugent souvent bien peu intéressant et qui ne produit pas beaucoup de résultats.
Le grand problème, estime encore Solidaires, c’est que le contrôle automatisé n’est pas très efficace sur la fraude complexe. A la direction de l’international qui s’occupe des fraudes les plus difficiles, il y a très peu d’utilisation de l’IA par exemple. Pour parvenir à mieux détecter les fraudes les plus évoluées, il faudrait que les agents de terrain qui en sont souvent les meilleurs observateurs, soient mieux associés aux orientations du contrôle centralisé des data-scientists. Ce n’est pas le cas. Alors que les outils pourraient venir aider les agents à faire leur travail, trop souvent, ils proposent surtout de le faire à leur place.
La DGFIP soutient qu’elle n’aurait pas mis en place de score de risque sur le contrôle fiscal… mais « certains agents rapportent que le traitement de listes Data mining fait ressortir régulièrement certains types de contribuables ». On peut malgré tout douter de cette absence de scoring, puisque le fait de lister des contribuables ou des entreprises selon des critères consiste bien à produire des listes classées selon un score.
Les personnels de la DGFIP sont inquiets, rapporte Solidaires. Pour eux, les outils d’IA ne sont pas aussi fiables qu’annoncés. Les contrôles engagés suite à des problèmes détectés « automatiquement » ne sont pas si automatiques : il faut des humains pour les vérifier et les traiter. Bien souvent, c’est l’enrichissement de ces dossiers par les services qui va permettre de donner lieu à une notification ou à un recouvrement. Enfin, le taux de recouvrement lié à l’automatisation est bien faible. L’IA peut s’avérer probante pour des fraudes ou des erreurs assez simples, mais ne sait pas retracer les fraudes élaborées.
Dans la surveillance des finances communales, les indicateurs remplacent les relations avec les personnels de mairie. Solidaires dénonce une industrialisation des procédés et une centralisation massive des procédures. L’IA change la nature du travail et génère des tâches plus répétitives. La DGFiP a perdu plus de 30 000 emplois depuis sa création, dénonce le syndicat. L’IA amplifie les dysfonctionnements à l’œuvre et prolonge la dégradation des conditions de travail. Quant au rapport coût/bénéfice des innovations à base d’IA, le syndicat pose la question d’une innovation pour elle-même. Dans le cadre du projet Foncier Innovant, la mise en oeuvre à coûté 33 millions. La maintenance s’élève à quelques 2 millions par an… Alors que le projet aurait rapporté 40 millions de recettes fiscales. Le rapport coût bénéfice est bien souvent insuffisamment documenté.
Pour Solidaires, ces constats invitent à réinventer le syndicalisme. Le syndicat estime qu’il est difficile de discuter des techniques mobilisées, des choix opérés. Solidaires constate que l’administration « s’exonère » de la communication minimale qu’elle devrait avoir sur les projets qu’elle déploie : coûts, bilans des expérimentations, communication sur les marchés publics passés, points d’étapes, documentation, rapports d’impacts… Pour Solidaires, l’omerta a bien une composante politique. Faire valoir le dialogue social technologique est une lutte constante, rapporte Solidaires. Trouver de l’information sur les projets en cours nécessite de mobiliser bien des méthodes, comme de surveiller le FTAP, les profils Linkedin des responsables des administrations, leurs interventions… mais également à mobiliser la CADA (commission d’accès aux documents administratifs) pour obtenir des informations que les représentants des personnels ne parviennent pas à obtenir autrement.
Ce patient travail de documentation passe aussi par le travail avec d’autres organisations syndicales et militantes, pour comprendre à quoi elles sont confrontées. Pour Solidaires, l’omerta volontaire de l’administration sur ses projets organise « l’obsolescence programmée du dialogue social » qui semble avoir pour but d’exclure les organisations syndicales du débat pour mieux externaliser et dégrader les services publics.
Pourtant, les personnels de terrains sont les mieux à même de juger de l’efficacité des dispositifs algorithmiques, insiste Solidaires. La difficulté à nouveau consiste à obtenir l’information et à mobiliser les personnels. Et Solidaires de s’inquiéter par exemple de l’expérimentation Sicardi, un outil RH qui vise à proposer une liste de candidats pour des postes à pourvoir, automatiquement, au risque de rendre fonctionnel des critères discriminatoires. Solidaires observe comme nombres d’autres organisations les dysfonctionnements à l’œuvre dans l’administration publique et au-delà. « Aujourd’hui, Solidaires Finances Publiques n’a aucun moyen pour confirmer ou infirmer que les algorithmes auto-apprenants utilisés dans le contrôle fiscal sont vierges de tout biais. À notre connaissance, aucun mécanisme n’a été institué en amont ou en aval pour vérifier que les listes de data mining ne comportaient aucun biais ».
Avec le déploiement de l’IA, on introduit un principe de rentabilité du contrôle fiscal, estiment les représentants du personnel. Ce souci de rentabilité du contrôle est dangereux, car il remet en cause l’égalité de tous devant l’impôt, qui est le principal gage de son acceptation.
Solidaires conclut en rappelant que le syndicat n’est pas contre le progrès. Nul ne souhaite revenir au papier carbone. Reste que la modernisation est toujours problématique car elle vient toujours avec des objectifs de réduction massive des moyens humains. Dans l’administration publique, l’IA est d’abord un prétexte, non pour améliorer les missions et accompagner les agents, mais pour réduire les personnels. Le risque est que cela ne soit pas un moyen mais un but. Faire que l’essentiel du contrôle fiscal, demain, soit automatisé.
« L’apparente complexité de ces outils ne saurait les faire échapper au débat démocratique ». En tout cas, ce petit livre montre, à l’image du travail réalisé par Changer de Cap auprès des usagers de la CAF, plus que jamais, l’importance de faire remonter les difficultés que les personnes rencontrent avec ces systèmes.
Bien souvent, quand on mobilise la transformation numérique, celle-ci ne se contente pas d’être une transformation technique, elle est aussi organisationnelle, managériale. A lire le petit livre de Solidaires Finances Publiques, on a l’impression de voir se déployer une innovation à l’ancienne, top down, peu impliquante, qui ne mobilise pas les savoir-faire internes, mais au contraire, les dévitalise. Les syndicalistes aussi ne comprennent pas pourquoi le terrain n’est pas mieux mobilisé pour concevoir ces outils. Certes, la fonction publique est structurée par des hiérarchies fortes. Reste que les transformations en cours ne considèrent pas l’expertise et les connaissances des agents. Les décideurs publics semblent répondre à des commandes politiques, sans toujours connaître les administrations qu’ils pilotent. Dans le discours officiel, ils disent qu’il faut associer les personnels, les former. Dans un sondage réalisé auprès des personnels, le syndicat a constaté que 85 % des agents qui utilisent l’IA au quotidien n’ont pas reçu de formation.
Le sujet de l’IA vient d’en haut plutôt que d’être pensé avec les équipes, pour les aider à faire leur métier. Ces exemples nous rappellent que le déploiement de l’IA dans les organisations n’est pas qu’un enjeu de calcul, c’est d’abord un enjeu social et de collaboration, qui risque d’écarter les personnels et les citoyens des décisions et des orientations prises.
10.04.2025 à 16:01
Framasoft
We (Framasoft) are proud to present the 2025 roadmap for the project ! PeerTube is improving thanks to (only) two developers, the financial support of donors, the support of the NLnet foundation, and external contributions, whether in the form of code, design (hi La Coopérative des Internets), or user feedback from hundreds of people ! Thanks to all of you !
Before we list future improvements to PeerTube, we can already tell you what we’ve done at the beginning of the year.
Broadly speaking (since you can get the detailed version of what’s new in version 7.1 here), you’ll find the redesign of the « About » page, your PeerTube content as podcasts and improved playback comfort thanks to the update of the p2p-media-loader, the library that allows PeerTube to use P2P in the video player !
As for the released late 2024 app (available on F-Droid, the Play Store and the App Store), it allows you to watch videos (pretty handy for a video-viewing app, isn’t it ?), have a local account so you can add videos to a « to watch later » list, explore platforms, channels and so on, all while avoiding the dark patterns of applications developed by the GAFAMs (like doom scrolling, ubiquitous notifications, etc.).
Version 0.6.0 (released end of January) now allows you to see comments under videos !
Illustration : David Revoy – Licence : CC-By 4.0
This year will see the arrival of a much requested feature : the ability to transfer ownership of a channel to another account ! Currently, a channel is linked to the PeerTube account that created it. It will soon be possible for the account associated with the channel (or the admin of the instance) to transfer the ownership of this channel and propagate this change throughout the federation (as is already the case when changing the ownership of a video).
This feature goes hand in hand with the development of another much-requested feature : shared administration of a channel (see… below 👀).
For many instance administrators, it is important to be able to customise their platform as they see fit (in their own image, in the image of the institution they represent, etc.). That’s why we’re working on making it easier to make changes such as the general colours of the interface, the ability to add a logo, customise the video player, allow or disallow the integration of videos according to an allowlist/blocklist, and much more… This extensive customisation of the interface will be accessible to admins directly from the PeerTube web interface.
PeerTube is designed for a wide range of audiences : institutions, non-profits, media, companies, etc. In order to simplify the configuration of a platform, we are going to develop a graphical configuration wizard that will allow, after the installation of PeerTube, to apply and display several recommended configuration rules according to the desired profile of the platform (with the installation of plugins depending on the use case : adding chat if lives are authorised, LDAP/OpenID, etc.).
Illustration : David Revoy (CC-By)
Once the work on transferring channel ownership is complete, we’ll finally be able to offer the multi-user channel management ! To the public, the channel will belong to a main account, but can be managed by several other users in the same instance. These co-manager accounts will have the same rights (upload videos, create and manage playlists, customise the channel, etc.) but will not be able to :
These changes will be accompanied by a number of design and database changes, which is a lot of work !
This year will also see an improved warning system for sensitive content and « quality of life » features for the management and moderation of instances, allowing institutions, associations, media, administrations, etc. to use PeerTube more serenely. This will be done via shared lists of instances or accounts to be banned and also via auto-tags preventing video publication that contain specific keywords. We’re also planning to add batch action capabilities on videos, so you can update the licence of multiple videos in a single action, for example.
The mobile application is an excellent way to facilitate the adoption of PeerTube by a wide audience. We now want to expand the audience to also include tablet and TV users.
We’ll also allow you to connect to your PeerTube account, giving you access to all your subscriptions, likes, comments, history, notifications, settings and playlists.
By the end of the year, you’ll be able to play your videos in the background, stream them from your phone to your « smart » TV (initially Android ; Apple TVs will take a bit more work) and receive notifications. The video player will also be improved.
For content creators, it will be possible to upload and manage your videos, start a live broadcast and manage your channels directly from the application !
It’s thanks to the trust you’ve placed in us over the years, your financial (and/or moral) support, the help of la Coopérative des Internets and the funding of the NLnet Foundation that we can offer you this roadmap.
We hope you like it enough to continue to help us !