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06.12.2025 à 10:26

Meta – Du rachat de Limitless à la conquête de l’information en temps réel

Romain Leclaire

Le géant de la technologie ne cache plus ses ambitions. Dans une démarche visant à dominer l’écosystème de l’intelligence artificielle, Meta vient d’annoncer l’acquisition de la startup Limitless, créatrice d’un pendentif connecté dopé à l’IA. Mais ce rachat n’est qu’une pièce du puzzle. Parallèlement à cette expansion matérielle, la firme de Mark Zuckerberg modifie la […]
Texte intégral (2128 mots)
Logo de Meta sur un fond bleu avec des motifs géométriques.

Le géant de la technologie ne cache plus ses ambitions. Dans une démarche visant à dominer l’écosystème de l’intelligence artificielle, Meta vient d’annoncer l’acquisition de la startup Limitless, créatrice d’un pendentif connecté dopé à l’IA. Mais ce rachat n’est qu’une pièce du puzzle. Parallèlement à cette expansion matérielle, la firme de Mark Zuckerberg modifie la manière dont nous consommons l’actualité via ses chatbots, soulevant de nouvelles questions sur l’avenir de l’information et de nos données personnelles.


Jusqu’à présent, la stratégie matérielle de Meta reposait essentiellement sur deux piliers, les casques de réalité virtuelle Quest et les lunettes connectées Ray-Ban. L’acquisition de Limitless montre une volonté de diversification. L’entreprise, anciennement connue sous le nom de Rewind, s’était fait connaître avec un logiciel de productivité capable d’enregistrer tout ce qui se passait sur un écran d’ordinateur pour le rendre consultable via un chatbot. Elle a ensuite pivoté vers le matériel avec le « Pendant », un clip microphone Bluetooth conçu pour enregistrer, transcrire et résumer les conversations du quotidien. Dan Siroker, son PDG, a justifié cette fusion en évoquant une vision commune avec Meta, apporter une « superintelligence personnelle » à tous. En rejoignant la division Reality Labs, l’équipe de Limitless ne continuera pas nécessairement à développer son pendentif, mais intégrera son expertise dans la conception des futurs « wearables » (technologies portables) du groupe.

Pour les utilisateurs actuels du pendentif (principalement américains), la nouvelle est en demi-teinte. Si l’entreprise promet de maintenir le support pendant au moins un an, la commercialisation du produit cesse immédiatement. En guise de compensation, les abonnements payants sont supprimés, offrant un accès gratuit aux fonctionnalités premium pour la durée restante du support. Consciente des enjeux de confidentialité, la société permet désormais aux utilisateurs d’exporter ou de supprimer totalement leurs données s’ils ne souhaitent pas suivre l’aventure chez Meta.

Au-delà des lunettes: la guerre des wearables audio

Ce rachat n’est pas anodin. Il confirme que l’industrie tech cherche le facteur de forme idéal pour l’IA, au-delà du smartphone. Les lunettes connectées ne conviennent pas à tout le monde, et le format badge ou pendentif émerge comme une alternative crédible pour l’enregistrement audio passif. L’audio est en effet le terrain de jeu où les modèles d’IA actuels excellent le plus avec la transcription précise et le résumé contextuel. En intégrant la technologie de Limitless, et en s’appuyant sur des recrutements stratégiques comme celui d’Alan Dye, ancien responsable du design chez Apple, Meta prépare le terrain pour une nouvelle gamme d’appareils.

Une rangée de pendentifs connectés de différentes couleurs, présentés sur un fond noir.

On peut imaginer un futur où les Ray-Ban Meta seraient complétées par des accessoires plus discrets, capables de capturer le contexte sonore de notre vie pour alimenter un assistant personnel omniscient. Meta n’est pourtant pas seul sur ce créneau. Amazon a récemment acquis Bee, une autre startup spécialisée dans les wearables IA et d’autres acteurs tentent de percer, comme le pendentif « Friend ». Mais avec la puissance de frappe de Meta, la compétition devient féroce pour les petits acteurs. Comme le souligne Siroker, le monde a changé. Ce qui semblait être une idée marginale il y a cinq ans est devenu une course inévitable vers le futur.


L’IA pour s’informer – Le pacte avec les médias

Si Meta renforce ses oreilles avec Limitless, l’entreprise soigne aussi son cerveau. L’autre volet important de l’actualité récente du groupe concerne sa gestion de l’information. Après avoir longtemps entretenu des relations tumultueuses avec la presse, elle propose une nouvelle approche, délivrer les actualités de dernière minute directement via son chatbot, Meta AI. Elle a annoncé des partenariats avec plusieurs grandes organisations médiatiques, dont CNN, Fox News, Reuters, et le groupe Le Monde. L’objectif est de permettre à l’IA de fournir des résumés d’événements récents en temps réel, en puisant dans des sources plus diversifiées. La liste des partenaires inclut un spectre large, allant de publications lifestyle comme People à des médias politiquement marqués comme The Daily Caller, reflétant peut-être les affinités de la direction actuelle. Sur le papier, la promesse est séduisante, demander à son assistant IA ce qui se passe dans le monde et obtenir une réponse synthétique et sourcée. Mais l’histoire de Meta avec l’information incite à la prudence.

Le spectre du passé et les risques futurs

Il est difficile d’oublier les précédents échecs de Facebook dans le domaine de l’actualité. De la controverse du module « Trending News » en 2016, accusé de biais humains puis remplacé par un algorithme propageant la désinformation, jusqu’au désastreux pivot vers la vidéo qui a mis à genoux de nombreux éditeurs, le bilan est lourd. Les changements d’algorithmes opaques ont souvent détruit des audiences construites sur plusieurs années, laissant les médias exsangues.

Illustration d'un cercle central relié à divers éléments d'information, symbolisant l'intégration de données et de vérification dans un écosystème numérique.

Aujourd’hui, la crainte est que ce nouveau modèle basé sur l’IA ne cannibalise encore davantage le trafic des sites d’information. À l’image des « AI Overviews » de Google, si le chatbot fournit la réponse complète, l’utilisateur n’a plus besoin de cliquer sur le lien source. Pour les éditeurs, c’est le risque de voir leurs contenus ingérés par la boîte noire de l’IA sans retombées économiques directes, hormis le montant du chèque signé pour le partenariat initial.

Visuel numérique représentant le logo de Metal avec des connexions vers des médias comme CNN et Fox, sur un fond futuriste avec des motifs en onde et des éclairages néon.

De plus, confier la synthèse de l’actualité à une IA générative comporte des risques d’hallucinations ou de biais contextuels. Si l’outil est censé offrir quelque chose pour tout le monde, la frontière entre information factuelle et contenu partisan risque de devenir floue, surtout avec un panel de sources aussi hétéroclite.

Un écosystème fermé en construction

En mettant en perspective le rachat de Limitless et les nouveaux partenariats médiatiques, la stratégie de Meta apparaît clairement. L’objectif est de créer un écosystème fermé et autosuffisant. D’un côté, le matériel (lunettes, pendentifs) capture votre réalité immédiate et vos conversations. De l’autre, le logiciel (Meta AI) ingère l’actualité mondiale pour vous la restituer à la demande. Meta ne cherche plus seulement à connecter les gens entre eux, mais à devenir l’interface principale entre l’utilisateur et le monde, qu’il s’agisse de se souvenir d’une conversation privée ou de comprendre un événement géopolitique. Reste à savoir si les utilisateurs accepteront de confier autant de pouvoir, et autant de données, à une seule entité.

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05.12.2025 à 16:48

Le mystère des radiations d’Uranus enfin résolu

Romain Leclaire

L’histoire de l’exploration spatiale est pavée de triomphes techniques et de découvertes fascinantes, mais elle est aussi faite de silences, d’énigmes et, parfois, de malentendus qui perdurent pendant des dizaines d’années. Lorsque la sonde Voyager 2 de la NASA a réalisé son survol historique d’Uranus en 1986, elle a transmis vers la Terre les données […]
Texte intégral (2311 mots)
Représentation d'Uranus, la planète géante de glace, entourée de ses anneaux, dans un fond spatial coloré.

L’histoire de l’exploration spatiale est pavée de triomphes techniques et de découvertes fascinantes, mais elle est aussi faite de silences, d’énigmes et, parfois, de malentendus qui perdurent pendant des dizaines d’années. Lorsque la sonde Voyager 2 de la NASA a réalisé son survol historique d’Uranus en 1986, elle a transmis vers la Terre les données les plus précises et les plus précieuses que l’humanité ait jamais collectées sur cette lointaine géante de glace.

Ces informations sont devenues la référence absolue, la bible des données uraniennes pour des générations d’astronomes. Pourtant, à mesure que les scientifiques perfectionnent leurs outils d’analyse et leur compréhension des signaux cosmiques, ils commencent à exhumer des erreurs du passé en revisitant ces archives. Une nouvelle étude vient justement de mettre en lumière une méprise vieille de près de quarante ans, suggérant que notre perception d’Uranus est, depuis tout ce temps, fondée sur une anomalie.

Pendant trente-neuf ans, une question a taraudé la communauté scientifique, pourquoi les niveaux de radiation d’Uranus étaient-ils si étranges ? Les astronomes du Southwest Research Institute proposent aujourd’hui une réponse fascinante. Il semblerait que les niveaux d’énergie absolument hors normes observés dans les ceintures de radiation électronique de la planète (ces zones en forme de beignet remplies d’électrons énergétiques qui l’entourent) n’étaient pas le reflet de l’état naturel de l’astre. Ils étaient plus vraisemblablement le produit d’une tempête de vent solaire intense. En d’autres termes, les niveaux de radiation naturels d’Uranus n’étaient probablement pas en cause. Il s’avère simplement que Voyager 2 a eu la malchance, ou peut-être la chance scientifique, de visiter la planète lors d’une journée particulièrement tumultueuse, faussant ainsi notre compréhension globale de cet environnement pendant des décennies.

Vue de la planète Uranus, avec ses anneaux et un fond d'espace étoilé.

Il est fascinant de constater à quel point le hasard peut influencer la science. Les chercheurs avaient supposé par erreur que les conditions mesurées par la sonde étaient typiques, alors même qu’ils peinaient à expliquer physiquement comment de telles conditions pouvaient être possibles de manière permanente. Comme le suggère cette nouvelle analyse, Uranus passait simplement une très mauvaise journée sur le plan météorologique spatial. Robert Allen, l’auteur principal de l’étude, a souligné à quel point cette situation est unique. Bien que la planète possède une magnétosphère dynamique et singulière, notre compréhension de celle-ci reste tragiquement limitée à ce seul et unique survol effectué par Voyager 2. C’est comme essayer de comprendre le climat complet de la Terre en ne disposant que d’une seule mesure prise lors d’un ouragan exceptionnel.

Vue artistique d'Uranus, montrant des nuages et une atmosphère tumultueuse, avec un fond étoilé.

Pour comprendre ce phénomène, il faut regarder notre propre environnement. La Terre traverse actuellement une période d’activité solaire intense, notre étoile étant dans sa phase active. Le champ magnétique de notre planète en ressent les effets de plein fouet. Des éclats de plasma intenses et des vents solaires violents peuvent déformer gravement la stabilité des niveaux de radiation et des champs magnétiques d’une planète. Nous sommes naturellement plus familiers avec la manière dont l’activité solaire affecte la Terre, car nous l’observons en temps réel. Il est pourtant évident que la Terre n’est pas le seul corps céleste en orbite autour du Soleil. Toutes les planètes, les astéroïdes et les objets interstellaires sont soumis aux caprices de notre étoile.

L’équipe de recherche admet volontiers que les seules données directes dont nous disposons sur l’environnement radiatif d’Uranus proviennent de Voyager 2. Néanmoins, ils insistent sur le fait que si des questions restent en suspens concernant d’anciens jeux de données, il est impératif de les réexaminer avec un œil neuf. La science a fait des progrès considérables depuis le survol de 1986 et nos modèles théoriques sont aujourd’hui bien plus robustes.

Cette nouvelle analyse s’inspire en partie d’une autre étude récente qui avançait déjà l’hypothèse que Voyager 2 était passé près d’Uranus au moment précis où sa magnétosphère était comprimée et déformée par des particules solaires énergétiques. En suivant ce raisonnement, les chercheurs se sont demandé si la prise en compte de ces événements météorologiques spatiaux extrêmes pouvait rendre les données de Voyager 2 plus cohérentes avec les structures de radiation observées autour d’autres planètes du système solaire. L’étude adopte ainsi une approche comparative entre les données historiques et des observations terrestres modernes. Cette méthode permet aux scientifiques de mieux comprendre Uranus, mais aussi d’approfondir les aspects fondamentaux de la physique des plasmas.

Image de deux représentations d'Uranus montrant des variations de température, avec une hémisphère plus jaune à gauche et une hémisphère plus rouge à droite.

Pour étayer leur thèse, Robert Allen et ses collègues ont rassemblé des données provenant d’un événement survenu sur Terre en 2019. Durant cette période, les ceintures de radiation de notre planète ont connu un pic d’énergie causé par de vastes tempêtes de vent solaire. Lorsqu’ils ont comparé les graphiques montrant les impacts de cette météo spatiale sur la Terre en 2019 avec ceux d’Uranus en 1986, les similitudes se sont révélées troublantes. Selon Sarah Vines, co-auteure de l’étude, si un mécanisme similaire a interagi avec le système uranien, cela expliquerait parfaitement pourquoi Voyager 2 a détecté toute cette énergie supplémentaire inattendue. Ce n’était pas la planète qui était bizarre, c’était le contexte solaire qui l’était.

Modèle de la sonde spatiale Voyager 2, avec son antenne parabole et ses instruments, flottant dans l'espace.

Cette analyse soulève peut-être au final plus de questions qu’elle n’apporte de réponses définitives. Si, comme le démontrent ces relectures successives des données, il y a eu tant de mauvaises interprétations des informations transmises par Voyager 2, à quel point notre compréhension actuelle d’Uranus est-elle erronée ? Que comprenons-nous de travers et que nous reste-t-il à découvrir ? Ces interrogations remettent en perspective l’ensemble de nos connaissances sur les géantes de glace.

Uranus reste un environnement planétaire incroyable, ne ressemblant à rien d’autre dans notre système solaire. Robert Allen conclut en rappelant que si ces réanalyses récentes ont permis de construire une meilleure compréhension du système uranien à partir des archives, elles mettent surtout en évidence une nécessité absolue, le besoin de nouvelles observations directes. Pour percer véritablement les mystères d’Uranus et dépasser les spéculations basées sur un survol vieux de quarante ans, l’humanité devra y retourner. Seule une nouvelle mission, capable de se mettre en orbite et d’observer la planète sur la durée, pourra nous dire si le « mauvais temps » de 1986 était vraiment une exception ou la norme de ce monde lointain et glacé.

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05.12.2025 à 14:05

Bruxelles frappe fort – X écope d’une amende historique de 120 millions d’euros pour ses pratiques trompeuses

Romain Leclaire

C’est un jour important pour la régulation du numérique à l’échelle mondiale. L’Union Européenne vient de signifier la fin de la récréation pour les géants de la tech qui pensaient pouvoir opérer au-dessus des lois. Ce vendredi, la commission européenne a infligé une amende de 120 millions d’euros au réseau social X, propriété d’Elon Musk. […]
Texte intégral (1710 mots)
Logo de la plateforme X présenté en gros plan, avec un arrière-plan sombre flou.

C’est un jour important pour la régulation du numérique à l’échelle mondiale. L’Union Européenne vient de signifier la fin de la récréation pour les géants de la tech qui pensaient pouvoir opérer au-dessus des lois. Ce vendredi, la commission européenne a infligé une amende de 120 millions d’euros au réseau social X, propriété d’Elon Musk. Cette sanction financière marque une première historique, jamais auparavant une entreprise n’avait été mise à l’amende en vertu du Digital Services Act (DSA), ce règlement européen emblématique conçu pour assainir l’espace numérique et nous protéger contre les manipulations et les contenus illicites.

Cette décision, attendue de longue date mais retardée par des négociations commerciales délicates entre Bruxelles et Washington, vient conclure une enquête multifacette lancée en décembre 2023. Elle met en lumière un désaccord fondamental entre la vision européenne d’un internet régulé et la conception libertarienne, voire anarchique, prônée par Elon Musk. Au cœur de cette sanction se trouve l’accusation de conception trompeuse, ou dark patterns, concernant notamment le fameux système de certification par coche bleue.

En juillet 2024, l’UE avait déjà averti la plateforme qu’elle ne respectait pas ses obligations. Le point de friction principal réside dans la refonte du système de vérification. Autrefois gage d’authenticité réservé aux personnalités publiques et aux institutions, la coche bleue est devenue, sous l’ère Musk, un simple produit d’abonnement payant. Pour la commission, cette transformation induit les utilisateurs en erreur en leur faisant croire que les comptes payants sont vérifiés, rendant ainsi la distinction entre sources fiables et usurpateurs d’identité particulièrement ardue. Henna Virkkunen, la vice-présidente exécutive de la commission chargée de la souveraineté technologique, a été très claire dans sa déclaration officielle, affirmant que tromper les utilisateurs avec des badges de certification et obscurcir les informations publicitaires n’a pas sa place en Europe. Elle souligne qu’avec cette première décision de non-conformité, l’UE tient X pour responsable de l’érosion de leurs droits.

Au-delà de la coche bleue, les régulateurs ont épinglé X pour son manque de transparence flagrant. La plateforme a échoué à mettre en place un registre public adéquat permettant de savoir qui se cache derrière les publicités diffusées sur le site, une exigence pourtant déterminante pour lutter contre la désinformation et les ingérences étrangères. De plus, X a été sanctionné pour avoir bloqué l’accès aux données publiques aux chercheurs indépendants. Cette obstruction empêche la communauté scientifique d’analyser des phénomènes sociétaux majeurs tels que la polarisation politique ou la propagation de la haine en ligne, privant ainsi le public d’une compréhension claire de la manipulation des réseaux sociaux.

Elon Musk pensif sur scène, affichant une expression sérieuse, lors d'un événement.

Le contexte géopolitique de cette annonce est particulièrement explosif. Cette sanction intervient alors que les relations entre l’Union Européenne et l’administration américaine du président Donald Trump sont déjà tendues. Le gouvernement américain perçoit le DSA comme une attaque déguisée contre les entreprises technologiques américaines et une atteinte à la liberté d’expression. Le vice-président JD Vance n’a pas mâché ses mots, déclarant sur X peu avant l’annonce que l’UE devrait soutenir la liberté d’expression plutôt que d’attaquer les entreprises américaines pour des broutilles, un message immédiatement salué par Elon Musk. Les régulateurs européens ont dû peser le risque de représailles commerciales avant de prononcer cette amende, d’autant plus que Musk joue un rôle croissant dans la politique européenne, soutenant ouvertement des partis d’extrême droite en Allemagne et au Royaume-Uni.

Sur le plan financier, l’amende de 120 millions d’euros peut sembler dérisoire au regard de la fortune personnelle du milliardaire, estimée à plus de 450 milliards de dollars. Le montant reste malgré tout important pour une entreprise dont la valorisation a chuté. Achetée pour 44 milliards de dollars en octobre 2022, la plateforme a été acquise en mars 2025 par xAI, la société d’intelligence artificielle de Musk, pour une valorisation révisée à 33 milliards. Si le DSA permet théoriquement des amendes allant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial, le statut de société privée de X et l’opacité de ses revenus rendent l’évaluation du plafond maximal complexe.

L’affaire est loin d’être close. X dispose désormais de 60 jours ouvrables pour informer l’UE des mesures correctives concernant les coches bleues et de 90 jours pour les autres violations, sous peine de pénalités supplémentaires. Elon Musk peut également faire appel de la décision, ce qui pourrait engager un bras de fer juridique de plusieurs années. Mais le plus grand danger pour X réside peut-être ailleurs. Une seconde enquête, encore plus vaste, est toujours en cours concernant la modération des contenus illégaux et haineux sur la plateforme.

Logo de la plateforme X sur un fond sombre, entouré de petites icônes portant le même logo.

Pour des organisations comme HateAid, qui lutte contre la haine en ligne, cette amende est un premier pas nécessaire mais insuffisant. Sa directrice, Josephine Ballon, appelle l’UE à ne pas céder aux pressions géopolitiques américaines. En sanctionnant X, l’Europe envoie un message universel, dans l’espace numérique comme dans le monde physique, la transparence et la protection des citoyens ne sont pas négociables, quel que soit le pouvoir ou l’influence des propriétaires de plateformes.

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