05.12.2025 à 10:31
Romain Leclaire

Selon des informations rapportées par Bloomberg, le géant du streaming Netflix est entré en négociations exclusives pour acquérir les studios de cinéma et de télévision de Warner Bros Discovery, ainsi que sa plateforme de streaming HBO Max. Si cette opération venait à se concrétiser, elle marquerait non seulement la plus importante acquisition de l’histoire de Netflix, mais elle redessinerait intégralement la carte de l’industrie du divertissement mondial. Cette transaction potentielle suggère que la firme de Los Gatos a soumis une offre bien supérieure à celles de ses concurrents, laissant sur le carreau des géants comme Comcast, propriétaire de NBCUniversal, et surtout Paramount Skydance Corp.
Contrairement aux offres concurrentes qui visaient la totalité du groupe, le deal négocié par Netflix opère une chirurgie stratégique au sein de Warner Bros Discovery. En effet, les chaînes câblées linéaires du groupe, incluant des piliers historiques comme CNN, TBS et TNT, ne feraient pas partie de l’équation. Ces actifs, pourtant valorisés à plus de 60 milliards de dollars, seraient séparés de la maison mère et mis en bourse indépendamment avant la clôture de la vente. Netflix, fidèle à son ADN numérique, se concentre exclusivement sur la crème de la crème, le réseau HBO, les célèbres studios de Burbank et, surtout, une archive monumentale de contenus.

L’enjeu principal pour Netflix est de mettre la main sur un trésor de guerre inestimable. En signant ce chèque, la plateforme deviendrait propriétaire de l’une des bibliothèques les plus prestigieuses au monde. Nous parlons ici de la maison mère de séries cultes comme Les Soprano ou Game of Thrones, mais aussi d’un catalogue phénoménal comprenant 12 500 longs métrages et 2 400 séries télévisées. Des franchises culturelles majeures telles que Batman, Le Seigneur des Anneaux ou encore l’indétrônable sitcom Friends passeraient sous son giron. Pour une entreprise qui a longtemps privilégié la croissance organique et la production interne, ce virage vers une acquisition massive démontre une volonté féroce de consolider sa position de leader absolu face à une concurrence qui s’effrite.
La route vers la signature définitive reste semée d’embûches et Netflix en est parfaitement conscient. Pour prouver son sérieux et apaiser les craintes des vendeurs, le géant du streaming a mis sur la table un argument de poids, une indemnité de rupture de 5 milliards de dollars. Cette somme serait versée à la Warner si l’accord venait à être bloqué par les régulateurs. C’est un risque considérable, car l’opération sera scrutée à la loupe, non seulement par la FCC aux États-Unis, mais aussi par les autorités de la concurrence du monde entier, compte tenu de l’empreinte globale des deux entités. Le contexte politique américain ajoute une couche d’incertitude supplémentaire. Le président américain, qui entretient des liens étroits avec Larry Ellison, le propriétaire de Paramount Skydance évincé des négociations, pourrait voir cette consolidation d’un mauvais œil.

L’ambiance en coulisses est d’ailleurs électrique. Le processus de vente, initié en octobre par le PDG de Warner Bros, David Zaslav, a suscité de vives tensions. Paramount n’a pas hésité à exprimer son mécontentement, ses avocats qualifiant la procédure de myope et accusant la direction de WBD d’avoir orchestré un processus dont l’issue était prédéterminée en faveur de Netflix. Paramount soutenait notamment que son offre, qui englobait l’ensemble des actifs, aurait été plus facile à faire valider par les régulateurs internationaux. Mais le camp de Zaslav a maintenu sa position, expliquant qu’une scission des actifs câblés et une vente par appartements généreraient une meilleure valeur pour les actionnaires. Avec une offre avoisinant les 28 dollars par action pour la partie studio et streaming, alors que le titre avait chuté jusqu’à 7,50 dollars plus tôt cette année, l’argument financier de Netflix semble avoir été imparable.
L’impact potentiel de cette fusion sur les consommateurs et l’industrie cinématographique est vertigineux et soulève de nombreuses questions. La plus pressante concerne l’avenir de la distribution en salles. Warner Bros est historiquement un studio qui chérit la sortie cinéma et entretient des relations privilégiées avec les réalisateurs. Or, Ted Sarandos, le co-PDG de Netflix, a par le passé qualifié les cinémas de concept dépassé. Si Netflix venait à prendre le contrôle, assisterions-nous à la fin des grandes sorties mondiales pour les franchises DC Comics ou Le Seigneur des Anneaux au profit d’une mise en ligne directe ? De même, l’avenir de la plateforme HBO Max reste incertain. Netflix choisira-t-il d’absorber le catalogue dans son interface existante, créant ainsi une application monstre, ou continuera-t-il d’opérer HBO comme un service distinct et premium ?
Si cet accord est validé dans les jours à venir, il marquera la fin d’une période pour les studios traditionnels et le couronnement définitif du modèle du streaming. Netflix ne se contenterait plus d’être un perturbateur technologique, mais deviendrait le gardien du temple de l’histoire d’Hollywood. Pour l’heure, tous les regards sont tournés vers les régulateurs et les concurrents éconduits, car si la poignée de main semble proche, la bataille juridique et politique, elle, ne fait sans doute que commencer.
05.12.2025 à 09:49
Romain Leclaire

Attendez une seconde. Regardez bien la lumière rouge… Flash. Bon, maintenant que vous avez oublié les dernières années cinématographiques un peu chaotiques de la franchise, parlons de choses sérieuses. Vous sentez cette perturbation dans la Force ? Ou plutôt, ce petit frisson cosmique qui parcourt l’échine de tout fan de science-fiction qui se respecte ? Ce n’est pas un cafard géant qui essaie d’enfiler la peau d’un fermier, non. C’est une rumeur, une grosse, une juteuse, les Men in Black pourraient revenir et pas n’importe comment.
Accrochez vos ceintures (et mettez vos lunettes Ray-Ban), car il semblerait que l’Agence soit prête à rouvrir ses portes, avec un certain Agent J potentiellement de retour au vestiaire. On ne va pas se mentir, l’idée d’un nouveau Men in Black provoque généralement deux réactions: une excitation nostalgique immédiate suivie d’une peur viscérale du navet. Mais là, il y a un détail technique qui fait toute la différence et qui permet à notre hype-o-mètre de s’affoler. La seule chose concrète que nous savons pour l’instant, c’est que le scénario est en cours d’écriture par Chris Bremner. « C’est qui ce gars ? » demandez-vous en ajustant votre tricot de geek. Eh bien, c’est le sauveur inattendu qui a co-écrit Bad Boys for Life en 2020 et le récent Bad Boys: Ride or Die.

Pourquoi c’est important ? Parce que ces films ont réussi l’impossible, ressusciter une franchise culte des années 90, la moderniser sans la trahir, et surtout, cartonner au box-office. Et qui était la star de ces films ? Je vous le donne en mille, Will Smith. L’équation est simple: scénariste validé par Will Smith + franchise culte + Will Smith = potentiel explosif. C’est comme donner le Criquet Infernal à un pro de la gâchette, ça risque de faire des étincelles (et beaucoup de dégâts).
Faisons un petit retour en arrière, avant que le continuum espace-temps ne s’effondre. La franchise Men in Black, c’est un peu les montagnes russes émotionnelles pour nous, les fans. Il y a eu le premier film en 1997. Un chef-d’œuvre absolu. L’équilibre parfait entre la comédie de « buddy cop », les gadgets improbables et cette ambiance conspirationniste décalée. Tommy Lee Jones en Agent K, c’était le visage de marbre le plus drôle de l’histoire du cinéma et Will Smith était au sommet de son art en rookie insolent.

Ensuite, 2002. La suite. C’était… sympa ? On a sauvé le monde, encore. C’était le DLC du premier film, plus de la même chose, mais avec moins de saveur. Puis, surprise en 2012 avec Men in Black 3. Contre toute attente, l’ajout du voyage dans le temps et surtout la performance hallucinante de Josh Brolin (qui imitait Tommy Lee Jones mieux que Tommy Lee Jones lui-même) ont donné une conclusion touchante à la trilogie. Et enfin… le drame. 2019. Men in Black: International. Sur le papier, mettre Thor et Valkyrie (Chris Hemsworth et Tessa Thompson) dans des costumes noirs, c’était du génie. À l’écran ? C’était comme manger un burger sans sauce, ça nourrit, mais on s’ennuie ferme. Le film a prouvé une chose, l’univers MIB ne suffit pas, il faut l’âme des personnages originaux.
C’est là que les informations de Deadline deviennent croustillantes. Selon leurs sources infiltrées (probablement des extraterrestres déguisés en journalistes), le plan de Sony est limpide, laisser Chris Bremner finir son script et l’envoyer directement par coursier sécurisé à Will Smith. L’objectif n’est pas caché, ils veulent que l’Agent J reprenne du service.

Mais sous quelle forme ? C’est là que ça devient intéressant pour nous, les théoriciens du scénario. Est-ce qu’on parle d’un rôle principal où il court après des céphalopodes de l’espace dans les rues de New York ? Ou est-ce qu’on se dirige vers une approche à la Creed ou à la SOS Fantômes: L’Héritage
? Imaginez un Agent J devenu le nouveau Z (le chef de l’agence), grisonnant, sage (ou pas), passant le flambeau à une nouvelle génération tout en gardant les meilleures vannes pour lui. Ce genre de rôle « mentor/passage de témoin » pourrait être la clé pour revigorer la franchise sans donner l’impression de voir « Papy fait de la résistance contre les Aliens ».
Cependant, calmez vos ardeurs et ne sortez pas encore le champagne romulien. Les sources sont formelles, Will Smith n’a encore rien signé. L’acteur, qui est devenu notoirement sélectif (et on le comprend), ne s’engagera pas tant qu’il n’aura pas lu le script. Il ne va pas dire « oui » juste pour la nostalgie ou pour s’acheter une nouvelle villa sur Mars. Et honnêtement ? C’est la meilleure nouvelle de cet article. Cela signifie que si le projet se fait, ce sera parce que l’histoire tient la route. Ça veut dire que l’Agent J ne reviendra que si le retour en vaut la peine. Après le succès critique et commercial des derniers Bad Boys, l’acteur sait qu’il peut revisiter ses rôles iconiques avec succès, à condition que la qualité soit au rendez-vous.
Alors, que nous reste-t-il à faire en attendant ? Pas grand-chose, à part spéculer sur Reddit et revoir la trilogie originale. Mais l’espoir est là. L’idée de retrouver cet univers loufoque, où la galaxie tient sur le collier d’un chat et où Sylvester Stallone est un alien sous surveillance, est terriblement séduisante. On croise les doigts (et les tentacules) pour que Chris Bremner nous ponde une pépite. On veut des gadgets chromés, on veut des aliens gluants, on veut de l’action, mais surtout, on veut retrouver cette alchimie unique. Et par pitié, si quelqu’un chez Sony me lit, ramenez Frank le Carlin. Ce chien a plus de charisme dans sa patte gauche que la moitié du casting du spin-off de 2019. Allez, gardez les yeux ouverts vers le ciel et si vous voyez un flash lumineux… vous saurez que c’est déjà trop tard.
05.12.2025 à 09:08
Romain Leclaire

Il y a quelque chose de profondément cinématographique dans l’œuvre de Melody Prochet. La multi-instrumentiste française possède ce don rare de créer une musique si atmosphérique qu’elle pourrait transformer le moment le plus banal du quotidien (attendre un bus sous la pluie ou regarder la poussière danser dans un rayon de soleil) en une scène tirée d’un film sur une jeunesse condamnée. Depuis ses débuts, Melody’s Echo Chamber scintille comme une toile d’araignée dans la lumière, des paysages oniriques de dream-rock, des explosions feutrées de basse saturée et des percussions spiralées, le tout enveloppé dans des guitares résonnantes.
Cette lueur sépia devient encore plus rêveuse, voire insaisissable, sur Unclouded. Il s’agit techniquement de son quatrième album (ou du cinquième, si l’on inclut à juste titre l’album Unfold). Ici, l’artiste joue sur ses points forts, laissant la musique se déployer dans une psychédélique pop-rock diaphane qui menace à tout moment de s’envoler. Le disque évoque un morceau de tissu magnifique et brillant accroché à une branche d’arbre, dansant dans la brise, mais courant constamment le danger d’être déchiqueté en confettis de paillettes par une rafale trop violente.

Les accords et arpèges délicats, dont Melody prétendait s’être lassée avant d’écrire le disque éponyme qui l’a fait connaître, dominent pourtant Unclouded. Le cœur de « Memory’s Underground », avec sa marche downtempo, finit par exploser en une tempête de cordes et de réverbération. De même, le titre « Daisy », assisté par El Michels Affair, ressemble à du soleil mis en bouteille, distillé par une guitare électrique pincée et une ligne de batterie répétitive que l’on retrouve sur presque toutes les chansons du disque.
Sa voix a toujours été un fil ténu reliant ses arrangements plus substantiels et c’est encore le cas ici. Elle chante principalement en anglais. C’est un choix acceptable, bien que l’élément bilingue ait toujours ajouté une couche supplémentaire de mystère et de charme à son œuvre. Ses chansons en français possédaient une qualité plus grande que nature, chantées avec une autorité qui la suggérait comme l’héritière apparente des pionniers de l’électro-rock français comme Air. C’est beau, indéniablement.

Dès les premières mesures de la piste d’ouverture « The House That Doesn’t Exist », la douce ne perd absolument pas de temps pour installer son étal. Avec des sons dream pop espacés, des voix aériennes teintées d’hélium, un groove traînant et un accompagnement orchestral, c’est sans aucun doute un accompagnement magnifique pour dériver vers la stratosphère lointaine.

Comme pour ses sorties précédentes, Unclouded bénéficie d’une équipe impressionnante de collaborateurs, allant de Reine Fiske de Dungen et Malcolm Catto des Heliocentrics au coproducteur et compositeur Sven Wunder. Les rythmes de batterie peuvent glisser d’un groove trip-hop à quelque chose d’un peu plus influencé par le jazz, ou un peu de couleur supplémentaire peut provenir d’un solo de flûte ou de cordes frottées. Le tout donne un ensemble efficace qui nous pousse à explorer nos pensées les plus profondes ou revoir des souvenirs dans notre tête. Et au final, c’est à ce moment que la magie prend place.