29.09.2025 à 15:53
dev
De cités leurs mains et leurs fourrures
aiguilles lovées contre l'immense ciel
l'éclair avalé pour laver l'odeur de terre
l'odeur des mouches leur goût amer
soleil invisible chandelle mains héréditaires
avide la toute-brûlure faim de goudron faim de rites
Naissance nucléaire
poison des générations
tête évaporée ventre ouvert
hurlements fleurissant le champ du dicible
et les étoiles se souviennent du sang refusé
Lumière ô sale excroissance
patron de boue fétiche d'eau rance
cultivée sur des épaules des vertèbres tordues
avides arborescences rêvées
les bourgeons brûlent de chair
Mère
Pour qui ces serpents
ces yeux pourris ces cent puis ces mille morts
Tessure de sourire zébrure dans la nuit
fleurissent les sirènes les tanières
odeur de bouche goût de viscères
Mère
Ce jardin a des dents
j'entends ton amour tomber sur moi
ton odeur abandon racines dévotion
mes paupières te crachent mauvaise sève
mes paupières dorment sous la terre
Feu souterrain bonheur inhumé
qui parle les mots sans dents sans gorge
laisse m'être canicule de mensonge
ensemble plus terribles que soleil
Étoile en guise de bouche
seconde nuit sous la nuit
oubliée
ô faillite sabots de cauchemars
citadelles chandelles doigts de cire
ces feux sans offenses le rire transi
sourire où vas-tu chez nos ennemis
Des dents mon arbre généalogique nouveau
hémorragie onirique possession fragmentée
miettes d'extase aux commissures des lèvres
ouvre la chair
vierge
des anges
branches routes vernaculaires
résidence de toutes les ascensions
Membrane
ombre brûlée de nos ressentiments
voix anéchoïques coulant loin dans la discorde
non écrites les mémoires de la guerre portée
des hardes d'acier charnier sous les voûtes du crâne
(guerre) des mouches dans des cheveux propres
(guerre) des mouches dans des cheveux d'enfants
Chante enfant l'anonymat la viande
les mouches les ronces
récitent l'animal dans ta bouche
les livres les aiguilles plein
les yeux plein
la gueule
Sacrée ! Sacrée ! Sacrée !
loin dans les tanières les coutelas
la foi sauvage lavée au feu
l'autel disparaît
Zèle ! Zèle ! Zèle !
milles phalanges défigurant le trône
la fourrure de la nuit
souffle les bougies du rite
Mère
Les temps qui m'ont sculptés
ont perdu de leur tranchant
le soleil qui fait longues les ombres
est passé par-dessus nous
Ne restent que le lait rance
des pierres tendres caresses fossiles
qui courent acharnées
sur nos yeux sans racines
sur la langue
odeur de mouches goût de terre
paupières de cendres
goût amer
Hiram Loriant
29.09.2025 à 15:26
dev
Dans ce second volet de Focus Blocus, Arthémis Johnson met en perspective le discours d'Emmanuel Macron à l'ONU à l'occasion de la reconnaissance d'un État palestinien par la France et la politique d'accueil des réfugiés palestiniens qui tentent de fuir la mort depuis des mois.
Personne n'a eu le courage ou l'envie d'écouter le discours du président M. Le discours prononcé le lundi 22 septembre 2025 à la tribune de l'onu. Son discours qui justifie la reconnaissance de l'État de Palestine. Même pas le premier mot. Sauf les journalistes bien sûr. Je n'ai pas fait exception à la règle (je suis pas maso) mais une circonstance amicale a fait que je me suis penchée quand même sur un moment de ce discours. Une amie horrifiée m'a envoyé un extrait vidéo de la tribune au cours duquel le président M. se glorifie d'avoir accueilli des jeunes Gazaouis dans notre pays. Dans son discours, le président M. cite en exemple le nom et le prénom d'une jeune fille qui existe vraiment. Dans le discours, il dit qu'il l'a rencontrée. Cette jeune fille est la fille d'un dessinateur gazaoui. Toute cette famille a été évacuée vers la France, c'est vrai. Le président M. ne ment pas. Il apporte même une preuve sous la forme d'un nom propre de jeune fille pour prouver qu'il a fait preuve d'humanité. Une jeune fille qui a sans doute très médiocrement apprécié d'avoir son identité jetée en pâture à une audience télévisée mondiale.
Le président M. ne ment pas mais en fait il ment quand même. Il ment de ce type de mensonge très particulier : le mensonge par omission. Ne pas dire ce qui est ou alors seulement le dire partiellement. Rien de plus détestable en politique mais aussi dans les relations humaines que cette manière de dire/faire. Je déteste ça.
Ce moment du discours, il me reste en travers de la gorge.
Depuis le mois d'août 2025, le 1er aout, les évacuations des Gazaouis vers la France sont suspendues. Les jeunes, les moins jeunes, les enfants malades, les artistes, les enseignants, les chercheurs, les étudiants, etc., tout le monde reste bloqué dans les ruines sous les bombes, sans bouffe, sans flotte, avec, en plus la poussière des bombardements des tours d'immeubles depuis l'invasion de Gaza city, l'exode subi, forcé, les coupures d'internet etc. En cause : des propos jugés antisémites sur des réseaux sociaux écrits par une jeune évacuée. La jeune évacuée a été depuis foutue à la porte en raison de ces propos. Elle a été accueillie au Qatar. Le président M. n'est pas allé jusqu'à la renvoyer dans Gaza. Je rappelle ces faits pour mémoire. Pour mémoire, ça veut dire « pour plus tard ». Pour celles et ceux qui liront plus tard ces feuillets sur le blocus, quand seront oubliées une à une toutes ces péripéties innommables par lesquelles nous passons depuis octobre 2023 quand il est question de Gaza. « Memento-Blocus », donc.
Dans son discours, le président M. omet de mentionner l'arrêt des évacuations. Il omet aussi de mentionner toutes les tribunes qui s'égosillent depuis août pour réclamer dans ce pays que les évacuations reprennent. Des universitaires. Des journalistes. Des Gazaouis francophones, … J'ai recensé pas moins de 7 tribunes qui hurlent, soit pour accélérer les évacuations (avant août 2025), soit pour la reprise des évacuations (après août 2025). Alors même que le nombre d'évacuations organisées par la France a été microscopique. Des évacuations fondées sur des principes tout à fait discutables. J'aimerais bien qu'on me décrive en toute objectivité les critères d'évaluation d'un projet de recherche ou d'un projet d'écriture quand il est question d'évacuer une personne qui survit en territoire de mort, de famine et de persécution. Cette manière de faire, qui consiste à autoriser que seule une humanité qui sait écrire soit en mesure d'être « évacuée » de la mort, c'est intrigant. Ça pose un monde. Si je suis analphabète et/ou illettré, alors je ne peux pas écrire de projet pour être sélectionné, donc ? … etc…
On a même appris un jour grâce à une tribune qu'un « dossier » sélectionné pour l'évacuation en France est mort à Gaza avant d'être évacué. Un « dossier », c'est une » personne ». Ahmed Shamia, 42 ans. Je peux écrire ici que toutes celles et ceux qui se sont démenés, qui se démènent toujours pour organiser ces évacuations s'étranglent depuis août de rage, de désespoir, d'angoisse. Ils s'étranglent que les évacuations soient gelées. Les dossiers sont prêts. Les hébergements ont été trouvés. Les financements acceptés. Mais non, rien. Rien de rien. « Tout est bloqué ». « Toutes les évacuations sont bloquées ». Des voix éperdues demandent même de faire « profil bas » pour que le président M. ne persiste pas dans ce « gel » inique des évacuations. Traduction : faut pas attirer l'attention, faut rester discret. Parce qu'en plus, une meute médiatique fascistoïde guette . Les mêmes qui ont donné autrefois à la cagnotte pour soutenir le policier qui a tué à bout touchant Nahel sont là pour vociférer contre cet État qui fait entrer sur le territoire des réfugiés de Gaza. En off de off , on nous dit aussi que les évacuations vont peut-être reprendre, peut-être, peut-être pas, on nous dit que si on veut qu'elles reprennent, il faut qu'on continue de mobiliser l'opinion publique dans le bon sens. Oui, c'est la seule solution, sinon ça ne marchera pas, sinon le président M. ne bougera pas.
Arthémis Johnson, 23 septembre 2025.
Tribune du collectif des « Universitaires avec Gaza », 10 août 2025
29.09.2025 à 15:22
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Le 23 mai 2025, Sudfa Media était invité par la Coordination Régionale Anti-Armements et Militarisme (région AURA) à venir discuter de la situation au Soudan et en République Démocratique du Congo avec Génération Lumière, une association d'écologie décoloniale et de solidarité internationale fondée par des jeunes Congolais
es à Lyon. Si nous sommes très peu informés des guerres au Congo et au Soudan, cette discussion a permis de faire émerger autant les spécificités que les similitudes des deux conflits, ainsi que d'identifier la logique impériale transnationale à l'œuvre dans ces deux conflits. Quelques extraits.Hamad (Sudfa) : Bonsoir tout le monde. Peut-être avez-vous entendu parler d'une guerre qui a commencé au Soudan il y a deux ans à peu près, qui témoigne de la fragilité de notre monde aujourd'hui. On est en train d'assister à une des catastrophes les plus graves au monde, dans un silence total. On parle de 80% des hôpitaux qui sont hors de service. On parle de 20 millions de Soudanais, soit la moitié de la population soudanaise, qui sont partis de leur foyer, soit à l'étranger, soit déplacées à l'intérieur du pays. On parle de 90% des Soudanais qui souffrent de la faim aujourd'hui dans les zones de guerre. On parle de 15 millions d'enfants qui n'ont pas pu être scolarisés depuis 2023. Donc voilà, on assiste à l'une des catastrophes les plus graves au monde : mais ce qui n'est pas normal dans tout ça, c'est le silence du monde entier.
Jordi (Génération Lumière) : Contrairement au Soudan, ce qui est assez particulier avec le cas du Congo, c'est que c'est un conflit très documenté. Ça fait plus de 30 ans qu'un groupe d'experts des Nations Unies, qui a 1 milliard de dollars de financement annuel, documente, chaque année, l'évolution du conflit... C'est dire un peu le caractère ubuesque de cette situation. Ça fait plus de 30 ans qu'ils le font, alors qu'au fond, la question congolaise est assez simple à comprendre. C'est purement une question de ressources, en fait. Ce qui se passe au Congo, c'est lié à ce qu'on appelle l'extractivisme. Les penseurs, les militants d'Amérique latine ont proposé ce concept pour expliquer que la fin des empires coloniaux n'a jamais mis fin à la logique impériale qui existait. Qu'est-ce que ça a été, fondamentalement, la logique impériale ? C'est d'avoir des pays-ressources, des pays greniers, qu'on va puiser jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien, pour bénéficier à un marché qui est totalement extérieur. En fait, l'extractivisme, c'est aller récupérer une ressource sur un territoire colonisé et en tirer de la valeur pour viser un marché extérieur. On va avoir des pays que l'on va enchaîner d'une certaine manière dans un marché international et à qui on va assigner des rôles, tout simplement.
Hamad (Sudfa) : Les guerres au Soudan comme au Congo témoignent de la manière dont les richesses naturelles d'un pays alimentent l'instabilité, au lieu que la population locale profite de cette richesse. Quand on parle de richesses au Soudan, on parle de l'or, on parle du pétrole, on parle des terres agricoles… C'est un pays stratégique, qui était frontalier avec 9 pays jusqu'en 2011, et qui a une ouverture vers la mer Rouge, qui est une zone très stratégique en termes militaires. Donc voilà, le conflit actuel n'est pas lié qu'aux raisons qu'on présente le plus souvent, quand on dit que c'est une guerre autour du pouvoir entre deux généraux. Cette guerre trouve ses racines dans l'époque coloniale, qui a largement participé à la division de la population soudanaise, à la stigmatisation de certaines parties de la population, et à la division raciale, ethnique et tribale du pays.
Les Anglais, qui ont colonisé le Soudan, ont adopté un système de ségrégation : ils ont divisé la population soudanaise, qui est multiculturelle, en deux catégories. La première, c'est ceux qui ont bien profité du système colonial et qui ont été considérés comme des alliés, qui ont profité de toutes les richesses du pays et des systèmes qui ont été mis en œuvre, et de l'autre côté il y a ceux qui ont été marginalisés. En accédant à l'indépendance du pays, on a constaté qu'il y avait deux sociétés qui étaient séparées l'une de l'autre. C'est pour ça que dès l'indépendance du Soudan en 1956, la guerre a éclaté dans le Sud, parce que des groupes ont pris les armes pour revendiquer la place des Soudanais du Sud au sein de l'Etat, pour dénoncer leur marginalisation et l'injustice. Et cette guerre-là, au fur et à mesure, a éclaté dans les quatre coins du pays, notamment le Darfour, la région du Nil-Bleu, des Montagnes Nouba et du Kordofan. Et ce type de guerre est toujours alimenté par d'autres raisons locales, et notamment écologiques. Dans le sens où il y a un groupe armé qui se forme quelque part au pays et qui essaie prendre le contrôle d'une terre et de ses ressources, mais toujours en lien avec un autre groupe ou un autre pays qui vient en aide de l'extérieur, cherchant à profiter de cette richesse-là.
Jordi (Génération Lumière) : Au Congo, la guerre s'est vraiment beaucoup centrée à l'est de la RDC, au moment où il y a eu ce qu'on appelle le « boom du coltan ». Le coltan, c'est l'un des minerais « clés » pour la production des matériels numériques. Sans coltan, on ne peut pas faire de cartes et de processeurs, on ne peut pas faire d'ordinateur, de téléphone, etc. Vers la fin des années 1990, c'est le boom d'Internet, le boom de toute une nouvelle génération de produits qui a besoin de cette ressource. Et le Congo possède près de 60 à 80% des réserves mondiales du coltan. Or, ce boom est arrivé au moment d'une transition politique en RDC. Pendant près de 32 ans, on avait Mobutu, celui qu'on appelait « l'ami des occidentaux », au pouvoir. A sa mort, on s'est posé la question de quel dirigeant politique allait récupérer ce marché énorme que représente le coltan et arbitrer les intérêts stratégiques du pays. Et c'est à ce moment-là que vont intervenir de nouveaux acteurs, essentiellement le Rwanda et l'Ouganda, qui sont les pays frontaliers à l'est du Congo. Dans cette région, les frontières sont poreuses, les populations ont l'habitude de circuler, et c'est assez simple de financer la possibilité pour des groupes d'entrer au Congo, et de récupérer les minerais qui y sont situés. Or le conflit permet de maintenir les prix de la ressource au plus bas, pour financer un marché qui est en train d'exploser.
C'est à ce moment-là que va éclater ce qu'on a appelé la seconde guerre du Congo. La première, c'est la « guerre de libération », comme on l'appelle, c'est-à-dire la guerre qui va chasser Mobutu au pouvoir et qui va mettre Kabila à sa place. Puis la seconde guerre, ce qu'on appelle aussi la « première guerre mondiale africaine », c'est-à-dire une guerre entre des États frontaliers sur le territoire congolais pour des ressources congolaises, avec un bloc proche du gouvernement congolais, et un bloc proche des pays frontaliers. Ce qui va plus ou moins marcher, parce que Kabila va quand même résister. Puis à son assassinat, va se poser la question du maintien de cette partie-là de la RDC dans le giron de ces États frontaliers. Il faut donc trouver des explications qui vont paraître les plus légitimes, qui vont brouiller le conflit, c'est-à-dire mettre en avant la question ethnique pour expliquer qu'il existe des ethnies au Congo, au Rwanda et en Ouganda qui sont systématiquement discriminées, systématiquement écartées de l'appareil de l'État, qui sont même tuées, voire cannibalisées... on va pousser ce discours jusqu'à très loin, pour justifier le fait que ces États-là s'intéressent à ce qui se passe chez les voisins et peuvent ainsi intervenir pour protéger les intérêts de ces ethnies. Il faut se rappeler le contexte des années 1990, c'est une décennie qui a vu un très grand génocide, le génocide des Tutsis au Rwanda, et donc forcément sur la scène internationale, l'État rwandais qui proclame défendre l'intérêt de ceux qui ont été victimes, forcément, est légitime dans son intervention dans un pays voisin.
Et entre temps, ce qui s'est passé, c'est qu'on a eu une extrême militarisation du conflit, avec des bandes armées qui massacrent partout. Jusqu'à maintenant, on a eu plus ou moins 6 millions de morts en 30 ans sur cette région. A l'époque des années 1990, il y avait 5 ou 6 bandes armées ; aujourd'hui, on en a plus de 200. Pourquoi ? Dans cette région frontalière, il y a énormément de mines d'or, de coltan, d'étain, etc. Et une partie de ces milices, de ces chefs seigneurs de guerre, vont au Congo parce que c'est plus facile de récupérer les minerais. Ça ne demande pas d'efforts industriels, il ne faut pas forer, il ne faut pas passer par des grandes entreprises, pour pouvoir s'enrichir. Le coltan est récolté de manière artisanale, à la pelle. Donc l'essentiel de l'activité du coltan n'est pas du tout dans les mains de l'État, c'est fait de manière clandestine.
En 2020, on a découvert que le Congo n'était plus le premier producteur du coltan mondial, il venait d'être dépassé de quelques milliers de tonnes de plus. Le Rwanda est devenu, du jour au lendemain, le premier producteur de coltan mondial, en produisant près de 4 000 à 5 000 tonnes par an. Et donc la question est apparue : est-ce que ce n'est pas la contrebande des minerais congolais qui explique cette exploitation-là ? On s'est alors rendu compte que parmi les États internationaux, c'était un secret de polichinelle. Tout le monde savait, en réalité, que le Rwanda était devenu une plaque tournante de minerais récupérés au Congo. Ça va même plus loin. C'est-à-dire qu'en fait, jusqu'à aujourd'hui, il n'y a aucune entreprise du numérique qui peut certifier, vraiment preuve à l'appui, que ces minerais de coltan qu'il y a dans les produits ne proviennent pas de ces zones de guerre. C'est dramatique.
Hamad (Sudfa) : Au Soudan, les divisions créées à l'époque coloniale, ça a créé un État qui est très faible depuis l'indépendance et qui a ouvert grand la porte pour que les puissances impérialistes puissent intervenir dans les affaires soudanaises. Souvent, ça se fait à travers des alliances qui ont pour objectif de soutenir le gouvernement en place afin qu'il puisse faire profiter à d'autres des richesses naturelles du pays. Ou alors, les pays extérieurs poussent des groupes locaux à prendre les armes et créer un conflit armé en leur promettant de contrôler cette région-là un jour, pour pourvoir profiter richesses de cette région-là.
Quand on parle des puissances impérialistes qui interviennent au Soudan et qui créent l'instabilité, on parle des puissances classiques, l'Allemagne, la France et tous les pays occidentaux, qui fabriquent des composants militaires retrouvés dans les armes utilisées par les miliciens des Forces de Soutien Rapides (FSR). Mais dans le cas du Soudan, il y a d'autres puissances impérialistes qui sont beaucoup plus discrètes et silencieuses, mais qui interviennent de manière très brutale. Et notamment les pays du Golfe, qui ont tout un tas d'intérêts au Soudan, que ce soit pour des raisons géopolitiques, économiques ou sécuritaires. Les Emirats Arabes Unis, qui sont le premier soutien financier et fournisseur d'armes des FSR, cherchent à s'accaparer les terres agricoles et le bétail du Soudan car ils manquent de terres arables et veulent garantir leur autonomie alimentaire dans le contexte du réchauffement climatique. Ils profitent également, avec l'Egypte et la Russie, de la contrebande de l'or en provenance des mines d'or contrôlés par les FSR au Darfour. Il y a tous ceux qui vendent des armes à l'armée soudanaise ou aux milices (du matériel russe, chinois, turc, ukrainien), ou encore des mercenaires colombiens qui ont été recrutés par les Emirats Arabes Unis pour combattre parmi les FSR. Toutes ces puissances-là cherchent depuis toujours à imposer leur agenda, contrôler le pays, profiter de ces richesses naturelles et en même temps intervenir dans les affaires soudanaises.
La guerre qui a éclaté en avril 2023 n'est pas une guerre des Soudanais entre eux. C'est une guerre par procuration entre ces différentes puissances. Par exemple, entre l'Egypte et l'Ethiopie, qui sont en conflit autour du barrage de la Renaissance sur le Nil : au lieu de s'affronter directement, chacun soutient l'une des deux armées qui s'affrontent au Soudan.
Jordi (Génération Lumière) : Un autre ressort de la logique impériale de l'extractivisme, c'est, au niveau politique, de bloquer l'appareil de l'État. L'objectif de l'économie extractiviste, c'est que l'essentiel de la richesse dépende d'un seul secteur d'activité. On va donc avoir une forme de militarisation de l'économie. Au Congo, par exemple, les zones où les ressources sont exploitées sont des zones auxquelles même les populations locales ne peuvent pas avoir accès. C'est barricadé, c'est militarisé, ou alors en proie aux conflits armés. Et malheureusement, le danger de l'extractivisme et la logique impériale, c'est qu'elle est très rarement démocratique. Elle finit par se limiter à des logiques d'alliance et de pouvoir. Donc, ce qui se passe avec le Soudan, c'est exactement ce qui se passe au Congo. Plus on a besoin d'un État pour ses ressources uniquement, moins il y aura de démocratie. On le voit notamment avec les pays pétroliers. Et même ici en France, on le voit : plus il y a des projets qui sont liés avec une industrie d'extractivisme, moins il y a de consultations publiques. Plus il y a des manigances, moins il y a de démocratie. Et ces logiques-là sont simplement plus opaques ailleurs, parce qu'il y a une question de racialisation. On explique qu'au fond, ces populations-là, si elles meurent, si elles souffrent, ce n'est pas si grave que ça. C'est cette racialisation qui va permettre de faire beaucoup plus de choses de manière beaucoup plus libérée, et presque sauvage. C'est-à-dire du travail forcé, faire travailler des mineurs, des viols de masse, financer des groupes armés, etc.
Hamad (Sudfa) : Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de demande de démocratie par les populations locales. En 2018, il y a une mobilisation révolutionnaire qui a éclaté au Soudan. Cette mobilisation a apporté un grand espoir pour les Soudanais, pour mettre fin au régime qui est resté au pouvoir pendant 30 ans. Cette mobilisation a été extraordinaire en termes de revendications et d'organisation. Mais elle a fait face à beaucoup de défis : on a hérité d'un système où l'appareil d'État ne fonctionne plus, d'un système économique très fragile et d'une société divisée et en guerre dans les quatre coins du pays. Même si elle a pu mettre fin au régime d'Omar El-Béchir, la mobilisation n'a pas pu atteindre son objectif de départ, qui était : « Paix, Justice et Liberté ».
Parce que l'ancien dictateur a créé un système militaire qui avait pour objectif de servir les intérêts du régime. Ainsi, l'armée n'est pas indépendante de l'Etat : elle intervient de manière très brutale dans le système politique, dans le système économique, et l'armée contrôle l'ensemble du pays, avec tous ses aspects politiques, économiques etc. Ensuite, c'est une armée qui est composée de plusieurs unités, dont des groupes paramilitaires comme Forces de Soutien Rapide (les FSR). La milice des FSR a été créée à l'époque de la guerre au Darfour en 2003 pour faire le travail que l'armée soudanaise n'a pas envie de faire : le massacre, nettoyage ethnique et le déplacement massif de la population du Darfour. Les FSR ont pu faire ce travail-là avec le soutien de certains pays étrangers, et notamment de l'Union Européenne, à travers le processus de Khartoum. Il s'agit d'un accord qui a été signé en 2014 entre le gouvernement soudanais et l'Union Européenne pour contrôler l'immigration vers l'Europe, à la frontière entre le Soudan et le Libye. Le contrôle de la frontière a été délégué par l'armée soudanaise aux FSR, qui ont pu profiter du soutien technologique et financier de l'Union Européenne. Et c'est une des raisons pour laquelle les FSR ont pu devenir une force ou une puissance militaire bien plus forte que l'armée soudanaise, si bien qu'en 2023 ils se sont retournés contre l'armée pour prendre le pouvoir à sa place. Donc voilà, ça c'est ça c'est une des raisons actuelles de la guerre, qui est une guerre autour du pouvoir, entre deux généraux, qui se battent pour leurs intérêts personnels, mais aussi les intérêts des différents pays qui les soutiennent.
Jordi (Génération Lumière) : Les Etats européens sont aussi impliqués dans le conflit à l'Est du Congo, par le soutien militaire dispensés à l'armée rwandaise. L'État français a des accords de coopération avec l'Etat rwandais, ce qui fait qu'une partie des militaires font leur formation en France.
Aujourd'hui, par rapport à ce qui se passe au Congo, la difficulté de ce conflit, c'est que même la « transition verte » a été repensée pour nous expliquer que cette transition écologique ne doit se penser qu'à travers un progrès numérique. On nous dit que l'extrême numérisation est la seule condition pour connaître une vraie sortie des énergies fossiles. C'est une justification directe d'un élargissement du conflit à l'Est du Congo. Pourquoi je dis ça ? Parce qu'au final, vu que cette demande en minerais est importante, l'argent qui est en jeu est énorme. Donc il faut faire une forme de solution finale, c'est-à-dire trouver une manière de s'installer définitivement sur le territoire qui en possède près de 60 à 80% des réserves. Ça semble logique. Et depuis février 2024, on a des groupes armés, deux essentiellement, qui sont directement financés par l'État rwandais, qui se sont mis à prendre des territoires avec pour objectif de s'installer définitivement et de chasser l'État congolais de toute la région du Kivu.
C'est un conflit qui doit nous interpeller, car en réalité, ce n'est pas possible d'imaginer, au niveau international, un monde qui prônerait la fin des énergies fossiles et une transition écologique, sans que ce qui se passe au Congo soit résolu. C'est pour ça que la situation congolaise est particulière, parce qu'elle démontre vraiment les dégâts de l'extractivisme comme modèle économique et comme modèle géostratégique, mais aussi parce qu'elle nous engage tous. C'est au profit d'un certain marché, d'un certain confort qu'on va essayer de maintenir cette situation. Mais c'est aussi en raison du maintien de cette situation qu'ici aussi, en Europe, on aura du mal à sortir d'un monde, d'un modèle que l'on dénonce de plus en plus. (…)
Ces extraits que nous avons choisi de publier de la discussion discussion croisée sur les conflits actuels au Congo et au Soudan mettent en lumière l'interdépendance de l'économie mondiale avec celle de l'extractivisme, une activité qui repose sur l'exploitation des ressources et des populations. C'est l'héritage d'un ordre colonial et racial qui justifie l'intervention étrangères dans ces zones, ainsi que l'opacité et la violence des actions perpétrées pour maintenir cette économie. Pour nous à Sudfa, il est important de penser les enjeux locaux tout en gardant un regard international qui permet de mettre en lumière les logiques globalisées du capitalisme colonial, ainsi que les voies de solidarités entre les peuples.
29.09.2025 à 14:42
dev
« Tu regardais : une pierre se détacha, sans que main d'homme y soit pour rien, et elle frappa la statue, ses pieds de fer et d'argile, et les réduisit en morceaux. Alors furent pulvérisés ensemble le fer, l'argile, le bronze, l'argent et l'or ; ils devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été : le vent les emporta et l'on n'en trouva plus trace. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle devint une grande montagne qui emplit toute la terre. »
(Daniel 2, 34-35, TOB)
La deuxième année de son règne, Nabuchodonosor eut un songe qui lui ôta le sommeil. Babylone était alors la puissance du monde, une cité entourée de murailles, de temples, de richesses et d'invincibilité. Sur le trône siégeait le plus redouté des rois, craint dans tout le Moyen-Orient. Il avait écrasé Jérusalem, conduit son peuple en exil et bâti un empire qu'il croyait éternel. Mais même le plus puissant des souverains portait l'inquiétude dans son cœur.
Une nuit, il fut terrassé par une image venue de l'intérieur. Dans sa crainte, il fit quelque chose d'inhabituel : il refusa de raconter son rêve à ses sages. Il exigea qu'ils devinent à la fois ce qu'il avait vu et qu'ils en donnent le sens. Non par caprice, mais parce qu'il savait combien il est facile aux hommes du pouvoir de vêtir la vérité de flatteries. Il demanda l'impossible – une preuve de véritable clairvoyance. Mais magiciens, devins et astrologues se révélèrent impuissants. Finalement, ils avouèrent : « Il n'est point d'homme sur la terre qui puisse accomplir cela. Seuls les dieux le peuvent, et ils n'habitent pas parmi les hommes. »
Alors le roi s'emporta, furieux, et ordonna que tous les sages de Babylone fussent mis à mort. Si personne ne pouvait lui donner la réponse, tous devaient périr. Un décret fut promulgué : l'ensemble de l'intelligentsia babylonienne devait être exterminée.
Au milieu du chaos se tient Daniel : jeune et sans statut, étranger juif fait prisonnier de guerre – un lettré parmi les exilés, formé au service de l'empire, mais privé de patrie, de temple et de sécurité. Pourtant, il est le sage en exil qui conserve la vérité et trouve un sens lorsque tout s'effondre. Son cœur n'est pas attaché à la puissance de Babylone, car il sait que la connaissance sans vérité e”st vide ; sa force est le silence, son humilité une paix qui repose en quelque chose de plus grand que lui-même.
Lorsqu'il apprend que la sentence est tombée, il se retire, réunit ses trois amis, et se tourne vers l'intérieur, dans la prière. Et durant la nuit, survient la révélation : ce qui demeurait caché aux savants.
« Toi, ô roi, tu regardais : une grande statue ! Cette statue, immense et d'un éclat extraordinaire, se dressait devant toi, et son aspect était terrible. La tête de la statue était d'or pur, sa poitrine et ses bras d'argent, son ventre et ses cuisses de bronze, ses jambes de fer, ses pieds en partie de fer et en partie d'argile. Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha, sans que main d'homme y soit pour rien ; elle frappa la statue, ses pieds de fer et d'argile, et les réduisit en morceaux. Alors furent pulvérisés ensemble le fer, l'argile, le bronze, l'argent et l'or ; ils devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été : le vent les emporta et l'on n'en trouva plus trace. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle devint une grande montagne qui emplit toute la terre. »
(Daniel 2, 31-35, TOB)
Dans le songe de Nabuchodonosor, nous voyons un colosse qui paraît invincible : or, argent, bronze, fer – mais avec des pieds d'argile. Il semble puissant, mais il repose sur un fondement fragile. Ainsi en est-il de l'Europe aujourd'hui. Nos institutions et nos économies sont impressionnantes, mais en dessous se trouvent la fragmentation, la vulnérabilité, un manque de force unificatrice.
Or, le rôle de Daniel est précisément de montrer au-delà des récits du pouvoir. Il apporte une histoire qui n'est pas taillée par les outils anciens, une pierre « non taillée par la main de l'homme » – quelque chose qui donne but et sens lorsque tout le reste se révèle poussière au vent.
Un grand récit (grand narrative) est une histoire cohérente qui donne une direction : d'où venons-nous ? Où allons-nous ? Quel est notre but commun ? Le christianisme répondait par le salut, le marxisme par la libération de l'oppression de classe, le nationalisme par le peuple et la patrie. Ces récits mobilisaient parce qu'ils donnaient à la fois une identité et un but.
Aujourd'hui, l'Europe se tient comme le colosse de Nabuchodonosor : une statue splendide, mais aux pieds d'argile. Ce qui nous manque, ce ne sont pas les experts ou les chiffres – mais un récit qui nous porte, qui nous rassemble, et qui montre que nous sommes plus que l'homo economicus, plus que l'homme du confort, plus que de simples consommateurs.
Dans le capitalisme libéral, il n'existe plus de grand récit qui nous relie. À la place, nous recevons de petits récits : Le récit du consommateur : « Tu es libre de choisir ce que tu veux acheter. Ta vie est la somme des choix du marché. » Le récit de l'auto-optimisation : « Travaille sur toi-même, deviens plus sain, plus heureux, plus efficace. » Le récit de la carrière : « Construis ton CV, grimpe dans la hiérarchie, accumule statut et salaire. » Le récit des loisirs : « Voyage, découvre, profite, accumule des souvenirs. »
Ces récits offrent une satisfaction immédiate, mais aucune histoire. Le résultat est la fragmentation et l'errance : nous partageons le marché, mais pas un destin.
Voilà le malaise du capitalisme libéral : nous avons la sécurité et la liberté, mais aucun horizon. Et politiquement, c'est dangereux. Quand la gauche n'offre que des ajustements mineurs – un peu plus d'impôts, un peu plus de protection sociale – elle apparaît aussi anémique que le centre. La droite populiste, en revanche, propose un grand récit : « nous allons restaurer la nation », « nous allons reprendre le contrôle ». Elle donne du sens, non parce que les gens partagent forcément ses valeurs, mais parce qu'ils aspirent à une histoire dans laquelle vivre.
Ainsi, la gauche a subi une double mort : d'abord comme communisme totalitaire à l'Est ; puis à nouveau comme social-démocratie modérée à l'Ouest, progressivement absorbée par le centre et par les partis conservateurs qui reprirent eux-mêmes certains éléments de l'État-providence, de la tolérance et des thèmes de gauche. Ce qu'il en reste, c'est une politique édulcorée, privée de sa force propre.
Autrefois, la politique était structurée par un axe clair – gauche contre droite, social-démocratie contre conservatisme. Aujourd'hui, cet axe s'est dissous. Nous faisons face à un nouveau conflit : d'un côté un centre technocratique qui administre sans vision ; de l'autre des forces populistes qui monopolisent la passion et le récit.
Nabuchodonosor dort mal. L'inquiétude du roi se change en fureur, car aucun de ses sages ne peut lui donner ce qu'il désire vraiment : un récit qui rassemble tout, qui donne un sens au chaos. Les magiciens et les astrologues livrent des données, des tableaux, des calculs – mais tout cela n'est qu'un langage vide lorsque le sens manque. Ainsi en est-il de l'Europe aujourd'hui. Nous avons nos technocrates, nos experts, nos administrateurs post-politiques. Ils livrent des faits et des prévisions, ajustent les budgets, conçoivent des coalitions de plus en plus complexes. Mais ils ne peuvent apaiser l'inquiétude plus profonde. Car ce qui manque, ce ne sont pas des chiffres ou des solutions techniques, mais un récit qui pointe au-delà du marché et de l'administration.
Or, dans ce vide, c'est la droite qui a capté le récit – non pas comme un projet pour une Europe plus forte, mais comme un axe dangereux et anti-européen. Poutine soutient Le Pen en France, Salvini en Italie, le séparatisme en Catalogne, et il a applaudi le Brexit. Ces forces se drapent dans le langage de la « nation » et de la « liberté », mais leur résultat donne à l'Europe des pieds d'argile.
Le résultat, ce sont des pieds d'argile. L'économie peut sembler solide, mais les coalitions sont fragiles, les guerres culturelles de plus en plus toxiques, et les identités fragmentées. Nous obtenons la sécurité et la prospérité, mais le prix en est le vide. Freud l'appelait le malaise dans la civilisation : un système qui nous donne tout ce dont nous avons besoin, mais rien pour lequel vivre. Nietzsche voyait la même chose dans son image du « dernier homme » : des êtres confortables mais vides, sans passion ni vision, qui clignent de l'œil et disent : « Nous avons inventé le bonheur. » Le pain et les jeux n'ont jamais été aussi vrais : de l'extérieur, il peut sembler que les gens se contentent d'un salaire et de Netflix, et au-delà, d'aucune vision.
« Tu es libre tant que tu consommes. » Telle fut la nouvelle illusion, construite par des économistes comme Hayek et Friedman, diffusée par les médias et la publicité, consolidée par la dissolution académique des grands récits. Dans l'ombre de la guerre froide et après la chute de l'Union soviétique, le capitalisme s'imposa comme la dernière et unique vision de l'histoire. L'anthropologie classique – zoon politikon, l'être communautaire doté de dignité et de sens – fut déclarée obsolète, voire dangereuse, car elle pouvait nourrir une résistance collective. Nous fûmes ainsi réduits à l'homo economicus : des petits animaux du confort, maniables et prévisibles. La brutalité fut totale : le récit collectif qui nous portait nous fut retiré, et nous restâmes avec un mensonge fragmenté – la liberté réduite à la consommation, l'homme réduit au « dernier homme » de Nietzsche. Au milieu de la sécurité, beaucoup doivent périr… mais sans main humaine, il sera brisé.
Mais vous, vides et glacés, gardiens du colosse – vous sans récit, sans rêves. Vous vous êtes trompés. Nous sommes la pierre qu'aucune main humaine n'a taillée. La pierre qui renverse le colosse et s'élève en montagne lorsqu'il tombe. Comme le songe de Daniel dans la nuit : ce que vous avez méprisé, tenu pour insignifiant et faible, grandira en montagne et balaiera la splendeur de l'empire comme la paille au vent.
« Ils devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été : le vent les emporta et l'on n'en trouva plus trace. »
(Daniel 2, 35, TOB)/
Sara Tetzchner
29.09.2025 à 12:48
dev
« Leurs résistances, c'est de continuer de vivre »
- 29 septembre / Terreur, Avec une grosse photo en haut, 2Alors que le gouvernement israélien continue d'interdire l'accès des journalistes étrangers à la bande de Gaza et qu'il cible les rares journalistes locaux encore sur place, nos confrères de La Grappe ont rencontré et se sont entretenus avec un médecin urgentiste français volontaire afin qu'il raconte ce qu'il y a vu et vécu à l'occasion des quatre missions qu'il a effectué là-bas.
29.09.2025 à 12:30
dev
La thérapie de conversion de Mark Fortier [lundisoir]
- 29 septembre / Avec une grosse photo en haut, lundisoir, 2, PositionsOn glose beaucoup, y compris dans lundimatin, sur la « fascisation » en cours de nombreux régimes considérés jusque là comme des démocraties libérales. Tropisme français, on commence toujours par penser les mutations sociales à partir des évolutions du pouvoir ; accaparés et obsédés que nous sommes par les institutions. Dans ce revigorant Devenir fasciste, une thérapie de conversion Mark Fortier explore ce que cela implique de devenir soi-même fasciste. Quels rapports au monde, aux autres et à la pensée sont requis pour accéder à cette forme bien particulière de la petitesse éthique.
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Pouvoir et puissance, ou pourquoi refuser de parvenir - Sébastien Charbonnier
10 septembre : un débrief avec Ritchy Thibault et Cultures en lutte
Intelligence artificielle et Techno-fascisme - Frédéric Neyrat
De la résurrection à l'insurrection - Collectif Anastasis
Déborder Bolloré - Amzat Boukari-Yabara, Valentine Robert Gilabert & Théo Pall
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Comme tout un chacune, notre rédaction passe beaucoup trop de temps à glaner des vidéos plus ou moins intelligentes sur les internets. Aussi c'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous avons décidé de nous jeter dans cette nouvelle arène. D'exaltations de comptoirs en propos magistraux, fourbis des semaines à l'avance ou improvisés dans la joie et l'ivresse, en tête à tête ou en bande organisée, il sera facile pour ce nouveau show hebdomadaire de tenir toutes ses promesses : il en fait très peu. Sinon de vous proposer ce que nous aimerions regarder et ce qui nous semble manquer. Grâce à lundisoir, lundimatin vous suivra jusqu'au crépuscule. « Action ! », comme on dit dans le milieu.