26.02.2024 à 19:00
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Faut-il en avoir quelque chose à cirer de Sylvain Tesson et du Printemps de la poésie ? Est-il encore imaginable qu’un poème déclenche une émeute ? Est-ce que l’extrême-droite peut tout écrabouiller par sa simple mais puissante bêtise ? Faut-il casser les phrases et les mots comme on casse des vitrines ? Si vous aussi vous vous posez ces questions, rendez-vous lundi 26 février à 19h dans lundisoir.
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19.02.2024 à 19:00
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La littérature peut-elle casser des vitres ou crâmer des voitures de police ? C’est tout ce que lui souhaite Mačko Dràgàn qui vient de publier un « Abrégé de littérature-molotov » aux jeunes édtions Terres de feu. Punk à chat prolétaire, journaliste vagabond, colérique et libertaire, Dràgàn s’immisce dans le grand débat sur « ce que la littérature peut » en partant de ce qu’elle ne devrait pas être : ennuyeuse. Il nous ouvre sur des lectures qui ont creusé le monde, dans ces livres « molotov » qui bouleversent intérieurement, désincarcèrent l’avenir, foutent le feu aux imaginaires. On ne pouvait que l’inviter à en discuter.
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18.02.2024 à 15:00
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Imaginons un monde où tout conspirerait à produire du néant. Dans ce monde-là, le front du vivant serait le premier menacé, virtuellement, de mise à mort. Bien sûr, on ne le verrait pas tout de suite. Il s'agirait d'une guerre d'attrition. D'un long long siège. On passerait discrètement, en quarante ans, d'un millions six à quatre cent mille travailleur·es de la terre. Appelons cette drôle de guerre : le grand déclin des géorgiques. Car dans ce drôle de monde, les paysans - cultivant les vivants - deviendraient peu à peu des ouvriers agricoles, puis des employés de l'Agroindustrie, puis, ironie du sort, de drôles d'hybrides, à la fois salariés du capital et fonctionnaires payés par les aides de la PAC. Le capital, avare vorace, substituant à son principe minimal de reproduction de la force de travail, l'aide généreuse venue des impôts de l'Europe, ne se soucierait même plus, au fond, de sa propre reproduction - le parasite se suicidant en suicidant son hôte. Dans ce monde-là, heureusement fort loin du nôtre, la logique de production des vivants qui servent à nous nourrir serait, intimement, réellement, à terme, une logique de destruction des producteurs, des vivants mêmes et de la terre. Heureusement, dans ce monde-là, un petit village, exalté, naïf, bourgeonnant depuis les bourgs vers les labours néo-ruraux, se propose de résister encore et toujours aux abstractions de la valeur Agroindustrielle : le village de la confédération paysanne, de l'Atelier Paysan, et de mille autres micro-tentatives d'inverser le procès par lequel le labour général, la dette, l'exploitation deviennent la guillotine du paysan. Réussira-t-il à inverser le cours des géorgiques ? Nous essayons de le savoir, ce Lundisoir.
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12.02.2024 à 19:00
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Nous poursuivons notre série de Lundisoirs sur la fascisation d’atmosphère qui, jour après jour, pulvérise la prétendue évidence du jamais plus. Après le portrait des droites radicales magistralement exécuté par Pablo Stéfanoni et Marc Saint Upéry, l’examen des linéaments de l’hypothèse écofasciste par Pierre Madelin et plusieurs heures de débats publics intitulés Fascisme ou révolution nous accueillons aujourd’hui l’historien Johann Chapoutot. Le problème que nous essayons de suivre avec lui, c’est celui qui pourrait être résumé par la question suivante : les années 30 sont-elles derrières ou devant nous ? Soit : Que faire du sentiment viscéral que nous vivons une « récidive » de l’entre-deux-guerres ? Gérard Granel prophétisait, avant de s’éteindre en 2000 : « Les années 30 sont devant nous. » Cette drôle de familiarité avec les spectres du siècle arrière, qui s’insinue partout au moment même où les archives audiovisuelles de ces années-là se voient désormais colorisées, rafraîchies et rajeunies, au moment même où la fin du noir et blanc abolit l’ancienne distance des temps entre eux et nous, cette familiarité exige que l’on y fasse, analytiquement, retour. Même si, en 2017, Johann Chapoutot disait lui-même que : « la comparaison est permanente sans être pertinente », la permanence même de la question fasciste n’est pas, en elle-même, anodine.
L’approfondissement impertinent de sa permanence nous pose question. Le néo-kantien de la revue Esprit, Michaël Foessel, dans son livre Récidive (2018), disait que le « spectre » de l’année 1938 hantait la France de 2018 : même « société qui, sans rien savoir de ce qui [l’attend], [a] déjà abdiqué sur l’essentiel », même « antiparlementarisme par le haut », même multiplication des décrets-lois ou des 49.3, des lois pénalisant l’entraide (décrets-lois de Daladier du 2 mai 1938 sur « la police des étrangers »), même accoutumance à la xénophonie, même contemption de la LDH, même sentiment général « que la fête est finie ». Et ce n’était qu’en 2018.
Six ans plus tard, en 2024, Macron a bien failli promulguer la préférence ethnoraciste du RN avec sa loi immigration (« Rassemblement national » tire bizarrement sa nouvelle appellation du parti de Marcel Déat, le Rassemblement national populaire de 1941). Début 2024, on apprend qu’en Allemagne, le parti d’extrême droite AfD planifie, en secret, en cas de victoire électorale, les premiers dispositifs de remigration d’une partie des citoyens allemands dits « non-assimilés ». Or, si l’on ne fait pas de l’histoire téléologique, pour les nazis, au départ, il ne s’agissait jamais « que » de cela : faire remigrer les juifs à Madagascar. Comme l’écrit James Q. Whitman : « L’extermination est venue plus tard. Dans la période qui nous intéresse ici, la priorité des nazis était l’émigration forcée. »
Alors on pourrait se dire que 2024, ce n’est rien.
Pourtant, c’est exactement aussi ce que pensaient les contemporains du nazisme : Léon Blum n’écrivait-il pas, en 1932 : « Les nazis sont exclus du pouvoir, ils sont même exclus de l’hypothèse même du pouvoir. » ? Ou encore, 29 jours avant la nomination d’Hitler à la Chancellerie, le 1er Janvier 1933, le quotidien social-démocrate Vorwärts ne saluait-il pas la nouvelle année en titrant : « Ascension et chute de Hitler » ? Jacques Madaule, de la revue Esprit, ne disait-il pas, en 1938, un an avant Vichy : « Un parti fasciste en F
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11.02.2024 à 20:00
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Le 9 Juillet 2022, le monde entier assistait à un spectacle plutôt rare : des dizaines de milliers de manifestants Sri Lankais, agriculteurs, étudiants, jeunes, travailleurs, mettaient en fuite le président Gotabaya Rajapaksa et prenait d’assaut son palais. Parvenus à l’intérieur du bâtiment, soit au cœur symbolique du pouvoir, les occupants décident alors de se réapproprier son luxe et sa démesure en poussant de la fonte dans la salle de sport présidentielle ou en organisant des concours de plongeons dans la piscine personnelle du chef de l’État. Si les images de cette mise en commun spontanée et populaire ont réjoui et amusé la planète entière, nous nous sommes entretenu avec une activiste Sri Lankaise active dans le mouvement afin qu’elle nous raconte les différentes étapes du soulèvement [1].
Au vu de la situation française, nous la mettons en ligne dans la précipitation, c’est-à-dire en anglais.
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22.01.2024 à 12:00
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Comment expliquer l'actuel « retour du monde magique » et de quoi est-il l’indice ? Résurgence de temps anciens, de croyances oubliées, lutte contre le désenchantement du monde ? A l’aide une boîte à outils conceptuelle nourrie entre autres d’Ernesto de Martino - à l’œuvre duquel le titre est un hommage -, de la démarche symétrique latourienne, des ontologies plurielles de Philippe Descola, et surtout d’une enquête de terrain de plusieurs années auprès de magnétiseurs et de leur patients, Fanny Charasse montre au contraire comment, loin de faire signe vers une anti-modernité ces pratiques et croyances participent au contraire activement à la modernité elle-même : « la remise en cause contemporaine des fondements de la société industrielle constitue moins un ‘retour en arrière’ qu’un pas supplémentaire dans l’accomplissement du projet moderne. » - en témoignent d’une part le discours que les magnétiseurs eux-mêmes tiennent sur leur propre pratique, mais également l’intégration au sein même des institutions de soin de certaines pratiques magico-traditionnelles. Moins qu’une opposition entre modernité et non-modernité, ce qui se joue là serait alors proprement un conflit de modernités, un conflit entre des manières différentes de faire modernité. Audacieuse hypothèse qui tout à la fois ôte peut-être à ces pratiques le caractère subversif dont elles se parent parfois, et qui exige en même temps de la part de qui en fait un objet de science de suspendre précisément son jugement immédiat quant à ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
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