06.02.2023 à 19:00
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Mathieu Yon, après avoir mené une quête existentielle et mystique d’inspiration chrétienne, mais qui l’a aussi bien conduit en Inde, est devenu, à la trentaine, un paysan maraîcher qui cultive de manière autonome un hectare. Il est par ailleurs impliqué dans la vie syndicale du monde paysan, puisqu’il est membre de la Confédération paysanne. Dans un livre intitulé Notre lien quotidien. Le besoin d’une spiritualité de la terre (Nouvelle cité), il raconte son parcours existentiel, évoque son expérience du travail de la terre et esquisse une vision de la société fondée sur le « temps vécu ».
Contre l’arraisonnement de l’agriculture par le grand capital, il milite notamment pour une alliance de la paysannerie et des classes populaires. Et plus singulièrement, plus intimement, il travaille aussi à retrouver le sens de certains mots : « Mon métier est fait d’imprévus et de petits riens, de ces moments qui tendent à disparaître, dans le monde de contrôle incontrôlé que nous avons édifié. Dans mon champ à l’aube, il y avait une gelée blanche sur l’herbe. Je ne l’avais pas anticipée, me fiant aux prévisions météorologiques. J’avais oublié la présence de la rivière en bordure de la parcelle. En voyant mes courges marquées par le gel, je me suis senti comme un écolier qui apprend à lire et bute sur un mot : ’’Rivière’’. Un mot simple, dont j’avais oublié le sens paysan ». Nous avons profité de l’un de ses passages à Paris, dans le cadre de ses activités syndicales, pour nous entretenir avec lui.
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30.01.2023 à 19:00
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Elon Musk et Jeff Bezos aujourd’hui, Steve Jobs et Bill Gates hier, Thomas Edison et Andrew Carnegie un siècle plus tôt… De nombreuses célébrités entrepreneuriales peuplent nos imaginaires. Ces grands hommes seraient des créateurs partis de rien, des visionnaires capables d’imaginer des innovations révolutionnaires, des génies aux capacités hors du commun. C’est cette mythologie que vient démolir Anthony Galluzzo dans son excellent Le Mythe de l’entrepreneur, défaire l’imaginaire de la Silicon Valley qui vient de paraître aux éditions Zones. Car ce que recouvre toujours la figure sympathique de l’entrepreneur, c’est la brutalité du monde de l’économie et l’antagonisme fondamental qui le traverse.
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23.01.2023 à 18:00
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S’il y a bien un sujet dont il est difficile de parler en France, c’est l’école. On en bavarde évidemment, on s’en plaint même beaucoup mais toujours et presque immédiatement on se retrouve face à une contradiction qui apparaît insoluble . L’école, quand on n’y est pas ou plus, c’est la possibilité d’apprendre, de se former ; cette mythologie républicaine, méritocratique, imparfaite mais pleine de bons sentiments. Lorsqu’on y est, qu’on y est soumis ou qu’on y travaille, c’est à une toute autre réalité que l’on doit se confronter : l’école comme institution qui discipline les corps, calibre les subjectivités, trie, ordonne, sélectionne et parfois broie la vie, les « compétences » et les aspirations de millions d’enfants. On se retrouve alors tiraillé entre la nécessité d’y croire pour y survivre et l’impossibilité d’y échapper faute de dehors. Si l’on peut reconnaître un seul mérite à l’opacité du dispositif Parcoursup, c’est d’avoir rendu transparent ce processus de sélection. Dans ce lundisoir, nous essayons de comprendre plus précisément ce qui se joue dans l’expérience de cette plateforme. Comment les logiques d’auto-management imprègnent désormais chaque lycéen, comment les professeurs deviennent petit à petit les supplétifs de la sélection algorithmique, comment l’angoisse continue de l’évaluation devient une norme à laquelle on ne peut plus échapper. Pour en discuter, nous accueillons Aïda N’Diaye, professeur de philosophie et autrice de Ai-je vraiment du mérite ? (Gallimard), Johan Farber qui vient de publier Parlez-vous le Parcoursup ? (Seuil) et Camille, lycéen auteur d’un article très remarqué sur lundimatin : Rejeter l’école, le quotidien de la génération Parcoursup.
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16.01.2023 à 19:00
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Ce lundisoir, nous allons parler de sabotage. Le sabotage comme pratique politique au fil de l’histoire, comme technique asymétrique contre l’ordre des choses, comme tactique voire comme stratégie contre le pouvoir. Pour cela nous accueillons Victor Cachard qui vient de publier deux livres importants aux éditions Libre : Emile Pouget et la révolution par le sabotage ainsi que le premier tome d’une Histoire du sabotage, des traines-savates aux briseurs de machines.
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09.01.2023 à 19:00
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Depuis quelques années, nous voyons éclorent des salles de musculation à tous les coins de rue. Leur succès repose toujours sur la même promesse. Dans l’ambiance moite et surpeuplée des salles, il est possible de se faire un corps puissant, performant et transformé. Une industrie de la rationalisation et du perfectionnement du corps (complément alimentaire, coaching, etc.) accompagne l’injonction de se faire un corps débarrassé de ses lourdeurs pour être en capacité d’assumer la brutalité de la vie ordinaire.
La fabrique du muscle a rarement été investie politiquement. Au mieux, cette pratique serait le symptôme du désespéré qui, à mesure qu’il expérimente son impuissance, se tourne vers la seule chose appropriable dans un monde inappropriable : son corps. Au pire, elle n’est que l’affaire de quelques activistes virilistes qui, aux côtés des agents de sécurité, des néo-fascistes et des petits policiers, gonflent le torse et se cherchent une certaine allure dont la visée n’est autre que d’apparaître. Plutôt que de disqualifier d’emblée une pratique qui s’est popularisée, Guillaume Vallet se propose de réfléchir la fabrique du muscle. Qu’est-ce que la généralisation de cette pratique dit de notre société ? Comment ressaisir politiquement la fabrique du muscle pour en faire autre chose qu’un corps dressé et conforme à l’ordre social ?
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08.01.2023 à 09:00
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Les passants se sont immobilisés devant le coucher de soleil. Sans un mot. Tous regardent. Cette jeune femme aux cheveux rouges. Cet homme âgé en chemise à carreaux qui tient un sac de toile usé. Ces employés en costume-cravate qui sortent juste de la banque. Pause générale ! Plus de garagiste à appeler « pour voir où ça en est avec la voiture ». Plus de relation conjugale au bord de l'explosion. Plus de pizzas à partager ce soir avec les copains. Plus de « je dois faire ceci ou cela ». Peut-être même plus de « je suis un tel ou une telle ».Nous habitons une même expérience et ce partage est bouleversant.Réalisation : Nicolas Zurstrassen
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