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Humans Right Watch enquête sur les violations des droits humains commises à travers le monde

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05.09.2025 à 20:22

États-Unis : Sanctions contre trois organisations palestiniennes de défense des droits humains

Human Rights Watch

Click to expand Image Le siège de la Cour pénale internationale à La Haye, aux Pays-Bas, photographié le 15 juillet 2025. © 2025 Nicolas Economou/NurPhoto via AP Photo

(Washington) – Le 4 septembre, le gouvernement des États-Unis, faisant suite aux sanctions précédemment imposées à des responsables de la Cour pénale internationale (CPI), a annoncé l’imposition de sanctions à trois importantes organisations palestiniennes de défense des droits humains : Al-Haq, le Centre Al-Mezan pour les droits humains (Al-Mezan) et le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR).

Liz Evenson, directrice du programme Justice internationale à Human Rights Watch, a commenté ainsi cette décision :

« Les sanctions imposées par l’administration Trump à trois éminentes organisations palestiniennes de défense des droits humains constituent une tentative cruelle et vindicative de punir des activistes qui cherchent à défendre les victimes de crimes graves. Ces sanctions visent des défenseurs des droits humains qui demandent la reddition de comptes, dans des circonstances extrêmement difficiles, et font suite aux sanctions précédemment imposées par les Etats-Unis contre des juges et des procureurs de la CPI, ainsi que contre une experte des droits humains de l’ONU.

Les pays membres de la CPI devraient dénoncer les efforts croissants des États-Unis affaiblissant les principes de l’état de droit à l’échelle mondiale, et le travail des défenseurs des droits humains. Ces pays devraient soutenir l’adoption de statuts visant à bloquer de tels efforts, et prendre d’autres mesures afin de protéger la CPI, ainsi que les personnes qui comptent sur la Cour pour rendre justice pour les pires atrocités commises au monde. »

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05.09.2025 à 06:00

Avancée du projet d’un nouveau traité sur le droit à l’éducation

Human Rights Watch

Click to expand Image Une fillette ouzbèke coloriait une feuille dans une salle de classe d'une école maternelle à Tachkent, en Ouzbékistan, en 2021.  © 2021 Bede Sheppard/ Human Rights Watch

Une dynamique de plus en plus positive est perceptible en faveur d’un nouveau traité mondial assurant le droit de chaque enfant à une éducation gratuite. Cette semaine, de nombreux pays se sont réunis au siège des Nations Unies à Genève pour faire avancer les négociations sur un protocole additionnel à la Convention relative aux droits de l’enfant.

Le protocole proposé comblerait un vide dans le droit international. La Convention garantit un enseignement gratuit au niveau du primaire, mais ne demande pas aux gouvernements de fournir un accès gratuit pour tous à l’enseignement secondaire. En outre, la Convention n’évoque pas le droit à l’éducation de la petite enfance. Le protocole reconnaîtrait le droit de chaque enfant à une éducation dès la petite enfance, et assurerait un enseignement public gratuit de la maternelle jusqu’à la fin du cycle d’études secondaire.

Le niveau de participation a été impressionnant : 92 pays ont répondu présent. L’initiative est menée par la Sierra Leone, le Luxembourg et la République dominicaine, soutenus par une coalition inter-régionale. Cinq nouveaux pays ont annoncé leur soutien, faisant passer à 58 le nombre d’États publiquement favorables à la promotion de l’initiative. En clôturant la réunion, son président, le ministre de la Sierra Leone – pays à bas revenus qui garantit déjà 13 années d’éducation gratuite – a lancé un important nouveau cycle de consultations pour discuter des principes essentiels, et établir les fondations du nouveau traité. Tous ces pays prévoient de se réunir à nouveau en 2026.

Plusieurs pays ont présenté des réformes qu’ils ont adoptées et qui changent déjà la vie des enfants. L’Espagne et la France ont souligné l’impact décisif de l’enseignement de la petite enfance ; ces deux pays ont mis en place trois ans d’enseignement gratuit dans les écoles maternelles. Le Ghana a signalé une hausse spectaculaire des inscriptions après avoir augmenté le nombre d’années d’enseignement gratuit au niveau secondaire en 2017, en particulier parmi les élèves issus de familles à revenus modestes. La Zambie a fait part de son adoption en 2022 de la gratuité de l’enseignement secondaire, tandis que l’Équateur mettait en lumière sa garantie constitutionnelle d’un enseignement public gratuit, y compris à l’université. 

Ce qui rendrait ce nouveau traité unique est le rôle central tenu par des enfants dans son élaboration. Des enfants délégués venus de Croatie, d’Indonésie, du Libéria, du Mexique et du Royaume-Uni ont évoqué avec passion le fardeau que constituent les frais d’inscription et de scolarité pour les familles, et parlé de ce qui pourrait être accompli dans un monde où les enseignements pré-primaire et secondaire seraient réellement gratuits. Comme l’a dit Karen, une jeune Mexicaine de 16 ans : « Ce protocole aiderait des millions d’enfants à rester à l’école et serait un élément essentiel de réduction des inégalités. »

Le droit à une éducation gratuite est à portée de main, et les pays devraient maintenant faire de l’élaboration de ce traité une priorité. Roberto, 17 ans, du Libéria, l’a expliqué ainsi : « Ce qui le rend vraiment puissant est que nous, des enfants, avons participé au processus — nos voix devraient avoir un impact sur le produit final. »

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04.09.2025 à 16:40

Indonésie : Mettre fin à la répression et aux arrestations arbitraires de manifestants

Human Rights Watch

Click to expand Image Des manifestants brandissent des balais comme symboles de leurs appels au « nettoyage » de pratiques injustes et inégalitaires devant le siège du Parlement indonésien à Jakarta, le 3 septembre 2025. © 2025 Willy Kurniawan/Reuters

(Jakarta, 4 septembre 2025) – Les autorités indonésiennes ont arrêté plus de 3 000 personnes lors de la répression de manifestations antigouvernementales tenues à travers le pays depuis fin août, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les autorités devraient enquêter de manière impartiale sur les allégations de recours excessif à la force par les forces de sécurité, notamment l’usage généralisé de gaz lacrymogènes visant à étouffer la dissidence et à dissuader la tenue de futures manifestations.

Le 25 août, des manifestations ont éclaté à Jakarta contre des avantages sociaux récemment annoncés pour les députés, ainsi que contre la hausse du coût de la vie et du chômage, provoquant des affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants. Après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant un véhicule blindé de la police écrasant mortellement un chauffeur de taxi-moto, les manifestations se sont étendues à près de 50 villes du pays, dégénérant parfois en violences. Des activistes ont signalé au moins 10 morts, des centaines de blessés et 20 personnes « disparues ».

« Face aux manifestations contre les politiques gouvernementales, les autorités indonésiennes devraient s’abstenir de recourir à une force excessive et de détenir de manière abusive des manifestants », a déclaré Meenakshi Ganguly, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch. « Le président Prabowo devrait aussi reconnaître que dénoncer les motivations des manifestants ne fera qu'encourager les forces de sécurité à commettre des abus. »

Le 15 août, le gouvernement du président Prabowo Subianto a annoncé une allocation logement pour les législateurs, une mesure largement critiquée en raison des récentes mesures d'austérité gouvernementales, notamment des coupes budgétaires dans l'éducation, la santé et d'autres services. Des milliers d'étudiants, de lycéens et d'activistes se sont rassemblés devant le Parlement à Jakarta le 25 août.

Dans la soirée du 25 août, environ 1 500 policiers ont dispersé la manifestation à l'aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes, appliquant ainsi une pratique policière interdisant les manifestations publiques après 18 heures. Des affrontements ont éclaté entre les manifestants et la police, faisant plusieurs blessés. Un ambulancier a déclaré à Human Rights Watch avoir porté secours à des manifestants souffrant de coupures et de brûlures causées par des gaz lacrymogènes. « J'ai vu deux jeunes hommes, probablement des élèves, se faire tabasser à l'intérieur d'un fourgon de police », a-t-il déclaré.

Le 28 août, de nombreux syndicats et groupes étudiants ont organisé de grandes manifestations à Jakarta et dans d'autres villes, principalement concentrées autour des bâtiments du parlement régional, pour réclamer des augmentations de salaires. Un journaliste économique a vu des cars remplis d'étudiants arriver devant le bâtiment du parlement à Jakarta. La manifestation était au début pacifique, les leaders étudiants prononçant des discours, jusqu'à ce que certains jettent des pierres sur la police et utilisent des bâtons de bambou pour tenter de briser le barrage. La Brigade mobile, la branche paramilitaire de la police utilisée pour le maintien de l'ordre et la lutte antiterroriste, a ensuite été déployée pour disperser les manifestants.

Les manifestations se sont propagées à d'autres quartiers, entraînant de nouveaux jets de pierres en raison de l'intervention policière. Un fourgon blindé de la police a mortellement percuté et renversé Affan Kurniawan, un conducteur de taxi-moto de 21 ans, avant de prendre la fuite à toute vitesse. « J'étais à moto et la camionnette roulait à toute vitesse sur ma gauche », a déclaré un témoin. « De nombreux conducteurs de motos en veste verte ont tenté de la suivre et de l'arrêter. »

Une employée de nettoyage a filmé l'incident sur son téléphone et l'a publié, ce qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Cela a déclenché de nouvelles manifestations, notamment de milliers de livreurs qui ont organisé des manifestations dans tout le pays. Le chef de la police nationale, le général Listyo Sigit, a présenté ses excuses et arrêté sept agents pour violation du code de déontologie policière.

Les manifestations se sont intensifiées dans tout le pays, avec des émeutes et des incendies criminels. Le 29 août, des manifestants présumés, après des affrontements avec la police, ont incendié des bureaux du gouvernement régional à Makassar, dans la province de Sulawesi du Sud, et à Mataram, sur l'île de Lombok. À Makassar, trois fonctionnaires pris au piège dans l'incendie sont morts, et des manifestants présumés ont battu à mort un chauffeur de moto-taxi qu'ils accusaient d'être un espion de la police. À Solo, dans la province de Java central, un chauffeur de cyclo-pousse est mort, semble-t-il, des suites d'une exposition aux gaz lacrymogènes tirés par la police.

Le 30 août, à Yogyakarta, sur l'île de Java, un étudiant a été battu à mort. Le 31 août, une foule a attaqué les domiciles de plusieurs députés et du ministre des Finances Sri Mulyani. Ailleurs, des manifestants ont lancé des pétards, des pierres et des cocktails Molotov sur la police, des bâtiments gouvernementaux, des gares et des passerelles piétonnes.

Le 1er septembre, la police antiémeute a tiré des gaz lacrymogènes sur des centaines d'étudiants qui campaient la nuit à l'Université de Pasundan et à l'Université islamique de Bandung, à Bandung, dans l'ouest de Java, après avoir participé à des manifestations. Des dizaines d'entre eux auraient été blessés. Un étudiant a ensuite récupéré 47 grenades lacrymogènes sur le campus de Pasundan.

Le président Prabowo a appelé au calme et a annoncé la suppression de certains avantages octroyés aux députés. Mais il aussi dénoncé, de manière infondée, des actes de « trahison » et de « terrorisme » et a déployé l'armée face aux manifestations. Certains étudiants et groupes de la société civile ont suspendu leurs manifestations pour « éviter une escalade de la violence de la part des autorités », mais des manifestations pacifiques se sont poursuivies à Jakarta et ailleurs. De nombreux manifestants et organisateurs sont entrés dans la clandestinité, craignant d'être arrêtés pour trahison ou terrorisme.

La police aurait arrêté arbitrairement au moins trois organisateurs de manifestations. Khariq Anwar, étudiant à l'Université de Riau à Sumatra, utilisait Instagram pour informer les manifestants. Syahdan Husein publiait des posts sur X pour organiser des manifestations dans le quartier de Gejayan à Yogyakarta, où se trouvent de nombreux établissements d'enseignement supérieur. Delpredro Marhaen, directeur exécutif de la Fondation Lokataru, basée à Jakarta, qui a procédé à 600 arrestations et fournissait une assistance juridique aux lycéens, a également été arrêté.

Les forces de sécurité ne devraient pas recourir à une force inutile ou excessive contre les manifestants, a déclaré Human Rights Watch. Si certaines actions des manifestants peuvent justifier le recours à la force, les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu par les responsables de l'application des lois prévoient que toutes les forces de sécurité doivent, dans la mesure du possible, recourir à des moyens non violents avant de recourir à la force. Lorsqu'un recours légal à la force est inévitable, les autorités doivent faire preuve de retenue et agir proportionnellement à la gravité de l'infraction. Les responsables de l'application des lois ne devraient pas utiliser d'armes à feu contre des personnes, sauf en cas de menace imminente de mort ou de blessure grave.

Les Lignes directrices des Nations Unies sur l'utilisation des armes à létalité réduite dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre (2020) stipulent que les gaz lacrymogènes ne doivent être utilisés que lorsque cela est nécessaire pour prévenir de nouvelles atteintes à l'intégrité physique, et ne doivent pas être utilisés pour disperser des manifestations non violentes.

Les autorités indonésiennes devraient enquêter rapidement et de manière impartiale sur tout recours inutile ou excessif à la force par la police et les autres forces de sécurité, et sanctionner ou poursuivre les responsables de ces abus, a déclaré Human Rights Watch. Les manifestants arrêtés devraient être rapidement inculpés d'une infraction valable ou immédiatement libérés.

« Le gouvernement indonésien devrait veiller à ce que les forces de sécurité respectent les droits de réunion pacifique, la liberté d'expression et le respect d'une procédure régulière », a conclu Meenakshi Ganguly. « L'armée ne devrait pas être utilisée pour le maintien de l'ordre civil, car elle est encore plus susceptible de recourir à la force de manière abusive. »

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04.09.2025 à 06:00

Iran : Les tirs de missiles contre des civils israéliens étaient probablement des crimes de guerre

Human Rights Watch

Click to expand Image Des immeubles endommagés par un tir de missile iranien qui a tué neuf civils, dont trois enfants, dans la ville de Bat Yam, au sud de Tel Aviv en Israël, le 15 juin 2025. Photo prise le 1er juillet 2025.  © 2025 Human Rights Watch Au moins cinq missiles balistiques iraniens ont frappé des zones peuplées d’Israël au cours du conflit armé de juin 2025, violant les lois de la guerre. Ces violations devraient faire l’objet d’une enquête sur d’éventuels crimes de guerre.Les attaques de missiles balistiques iraniennes répondaient à une série d’attaques de la part d’Israël contre l’Iran, qui avait commencé le 13 juin et qui, avec l’implication directe des États-Unis, s’était poursuivie jusqu’au 25 juin. Les missiles ont atteint des domiciles civils distants de 1,5 à 9 kilomètres de sites militaires israéliens ; l’un d’eux a touché un hôpital.Les gouvernements ont l’obligation d’enquêter sur les allégations de crimes de guerre commis par des membres de leurs forces armées, ou sur leur propre territoire. Les individus responsables devraient être poursuivis de manière appropriée.

(Jérusalem, 4 septembre 2025) – Au moins cinq missiles balistiques iraniens ont frappé des zones peuplées d’Israël au cours du conflit armé de juin 2025, violant les lois de la guerre. Ces violations devraient faire l’objet d’une enquête sur d’éventuels crimes de guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces cinq missiles, qui ont tué vingt civils et endommagé un hôpital, faisaient partie d’une cinquantaine de missiles ayant touché Israël, sur les 550 lancés au total. 

Les attaques de missiles balistiques iraniens répondaient à une série d’attaques de la part d’Israël contre l’Iran, qui avait commencé le 13 juin et qui, avec l’implication directe des États-Unis, s’était poursuivie jusqu’au 25 juin. Human Rights Watch a documenté cinq frappes lors desquelles les missiles balistiques iraniens ont atteint des domiciles civils distants de 1,5 à 9 kilomètres de sites militaires israéliens. Quatre de ces tirs ont tué et blessé des civils dans les villes de Bat Yam, Tamra, Be’er Sheva et Petah Tikva ; le cinquième tir a frappé le Centre médical Soroka (Soroka Medical Center) à Be’er Sheva, y blessant des patients et des membres du personnel. 

« Même si relativement peu de missiles balistiques iraniens ont pu percer les systèmes de défense israéliens au cours de ce conflit de douze jours, ceux qui y sont parvenus ont souvent frappé des zones peuplées, sans cibles militaires évidentes », a déclaré Ida Sawyer, directrice de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « Les tirs contre les structures civiles sans objectif militaire sont des attaques indiscriminées et illégales. Les responsables sont passibles de poursuites pour crimes de guerre. » 

Human Rights Watch a, par ailleurs, précédemment publié des rapports sur les attaques israéliennes contre des zones peuplées d’Iran, en violation des lois de la guerre. 

L’armée israélienne a rapporté que les tirs iraniens, au cours des douze jours qu’ont duré les hostilités, ont tué en Israël trente civils et un soldat en permission, envoyé plus de 3 300 personnes à l’hôpital – dont 23 gravement blessées – et déplacé plus de 15 000 personnes. L’armée israélienne a déclaré que l’Iran avait lancé 550 missiles balistiques, dont 36 ont frappé des zones peuplées. Les missiles restants ont été interceptés, ont frappé des cibles militaires ou leurs environs, sont tombés loin des zones peuplées ou ont connu des défaillances sur leur trajet.

En juin et juillet 2025, une équipe de recherche de Human Rights Watch s’est rendue en huit lieux ayant subi des frappes, dont les cinq documentées, et s’est entretenue avec trente victimes et témoins. Les chercheurs ont également analysé des images satellitaires et vérifié des photographies et vidéos publiées sur les médias sociaux. Le 18 août, Human Rights Watch a écrit aux autorités iraniennes, avec des questions spécifiques concernant les tirs, mais n’a reçu aucune réponse. De même, Human Rights Watch a sollicité à plusieurs reprises le point de vue des autorités israéliennes, qui n’ont pas répondu.

Human Rights Watch a constaté que les attaques iraniennes avaient été effectuées à l’aide de missiles balistiques qui délivraient des ogives explosives ayant une masse comprise entre 500 et 1 000 kilogrammes. Contrairement à de nombreuses roquettes non guidées, les missiles balistiques ne sont pas considérés, en soi, comme des armes indiscriminées. La portée et l’ampleur des dégâts que les explosions ont infligés aux bâtiments endommagés – y compris les larges impacts de cratères et les ondes de choc qui en ont résulté – ne pouvaient être causés que par des ogives de cette taille, et non pas les systèmes de défense antimissile israéliens, a conclu Human Rights Watch.

Sites des cinq frappes de missiles iraniens en Israël, documentées par Human Rights Watch Click to expand Image Carte montrant les sites des cinq frappes de missiles iraniens en Israël, menées entre le 14 et 24 juin 2025, et documentées par Human Rights Watch.  © 2025 Human Rights Watch

À Tamra, dans le nord d’Israël, le soir du 14 juin, l’épouse, la belle-sœur et deux filles de Raja Khatib, un avocat palestinien de nationalité israélienne, ont été tuées par l’explosion d’un missile sur le toit de leur maison. « J’ai ressenti l’explosion », a-t-il témoigné. « L’électricité a été coupée. Le bruit était terrifiant. J’ai pensé que j’étais mort. »

À Bat Yam, une ville côtière au sud de Tel Aviv, un missile a frappé un immeuble de douze étages le 15 juin, tuant neuf civils, dont trois enfants. Elias Mughrabi, 44 ans, qui dormait au troisième étage, a déclaré qu’après la frappe, « trois appartements différents ne faisaient plus qu’un [...] car toutes les cloisons qui les séparaient avaient été détruites instantanément ». 

À Be’er Sheva, une ville du sud d’Israël, un missile iranien a frappé le Centre médical Soroka (Soroka Medical Center) le 19 juin. Puis le 24 juin, un autre missile iranien a frappé un bâtiment résidentiel dans cette ville, y tuant quatre civils.

Images vidéo filmées par un drone, montrant les dommages subis par un immeuble résidentiel de sept étages à Be'er Sheva, dans le sud d'Israël, suite à la frappe d’un missile iranien qui a tué quatre personnes le 24 juin 2025. © 2025 Elior Cohen Photography

Les autorités iraniennes n’ont émis aucun avertissement avant les cinq frappes documentées, ni rapporté publiquement quelles étaient les cibles de quatre d’entre elles. Le ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghchi, dans ses publications sur X, a indiqué que l’hôpital de Soroka n’était pas la cible visée, tout en suggérant sans aucun fondement que c’était une cible militaire légitime.

Le conflit entre Israël et Iran est considéré comme un conflit armé international, soumis aux lois de la guerre. Tous les belligérants ont l’obligation de faire la distinction entre combattants et civils et ils ne peuvent diriger leurs attaques que contre des objectifs militaires. Les attaques délibérées et sans discrimination contre les personnes et objets civils, ainsi que celles qui causent des atteintes disproportionnées aux civils, sont prohibées. Parmi les attaques sans discrimination, figurent celles qui ne sont pas dirigées vers un objectif militaire précis, qui emploient des armes ou des tactiques ne pouvant pas être dirigées contre un objectif militaire précis ou dont les effets ne peuvent pas être limités comme le droit l’exige.

Les belligérants doivent prendre toutes les précautions possibles pour garantir que les attaques ciblent des objectifs militaires et que les civils reçoivent des avertissements efficaces, à moins que les circonstances ne le permettent pas. 

Les individus qui ordonnent, commettent ou soutiennent de graves violations des lois de la guerre dans une intention criminelle – c’est-à-dire délibérément ou imprudemment – sont responsables de crimes de guerre.

Les cinq tirs de missiles iraniens documentés étaient indiscriminés à cause de l’absence de cible militaire, parce que les circonstances ne permettaient pas de diriger ces armes vers une cible militaire précise ou parce que les effets de l’arme n’ont pas pu être suffisamment limités.

Les gouvernements ont l’obligation d’enquêter sur les allégations de crimes de guerre commis par des membres de leurs forces armées, ou sur leur propre territoire. Les individus responsables devraient être poursuivis de manière appropriée.

L’emploi d’armes explosives de grande portée, telles que les missiles balistiques, dans des zones peuplées, représente une grave menace pour les civils, notamment en augmentent le risque d’attaques sans discrimination. Outre les dommages immédiats aux personnes et structures civiles, les dégâts causés aux infrastructures critiques comme les hôpitaux peuvent avoir des effets décuplés ou à long terme. Ni l’Iran ni Israël n’ont soutenu la Déclaration politique de 2022 s’engageant à adopter et appliquer des politiques et pratiques nationales visant à réduire les dommages civils en se gardant de se servir d’armes explosives dans les zones peuplées et en restreignant leur usage.

« Les tirs de missiles sans discrimination effectués par l’Iran en réponse aux attaques israéliennes ont tué et blessé des dizaines de civils dans plusieurs lieux d’Israël, et bouleversé la vie de personnes encore plus nombreuses », a conclu Ida Sawyer. « Les auteurs de ces attaques illégales commises par l’un ou l’autre belligérant devraient en être tenus responsables. »

Suite en anglais, comprenant des informations plus détaillées sur les cinq frappes iraniennes.

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LaLibre.be

04.09.2025 à 06:00

Le sommet afro-caribéen devrait aborder la question des réparations

Human Rights Watch

Click to expand Image Des centaines de personnes d'origine africaine participaient à Londres à une marche en faveur de réparations, lors de la Journée de l'émancipation africaine, le 1er août 2017. © 2017 Wiktor Szymanowicz/Shutterstock

(Nairobi) – Les États participant au sommet Afrique-CARICOM devraient œuvrer étroitement avec la société civile et les communautés affectées afin de mettre au point une approche des réparations fondée sur les droits humains, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Human Rights Watch a publié un document de questions et réponses résumant les principales normes internationales qui devraient guider les processus réparateurs des impacts durables de l’esclavage et des autres atrocités coloniales, ainsi que les raisons pour lesquelles les réparations de la part des anciennes puissances coloniales devraient être considérées comme une obligation internationale.

Le 7 septembre 2025, des États africains et caribéens se rencontreront dans la capitale de l’Éthiopie, Addis-Abeba, à l’occasion du deuxième sommet Afrique-CARICOM. En février, la Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, s’est exprimée devant des chefs d’État africains au sujet des liens historiques et culturels existant entre l’Afrique et les Caraïbes, lançant un appel à l’unité afin de faire progresser la justice réparatrice.

« Une approche unifiée des réparations pourrait bien changer la donne pour les communautés d’Afrique, des Caraïbes et de la diaspora qui se battent pour une justice réparatrice », a déclaré Almaz Teffera, chercheuse sur les questions de racisme en Europe à Human Rights Watch. « Les États du continent africain et de la CARICOM devraient travailler en étroite collaboration avec les communautés affectées et de la diaspora, ainsi qu’avec la société civile en Afrique, dans les Caraïbes, mais aussi en Europe, pour faire conjointement avancer le dossier des réparations, conformément aux textes et normes du droit international relatif aux droits humains. »

Le document « questions-réponses » de Human Rights Watch souligne que les normes internationales relatives aux droits humains, largement acceptées, traitant du droit de recours et du droit à réparation, s’appliquent bien aux impacts durables de l’esclavage et des autres crimes coloniaux. Les gouvernements européens ont réfuté que ces normes juridiques internationales soient applicables aux atrocités coloniales ou à leur rôle dans la traite des esclaves transatlantique, optant au mieux pour l’expression de « regrets » ou la présentation d’excuses formelles, sans endosser aucune responsabilité juridique qui donnerait droit à des réparations.

Le terme générique de « réparation », en droit relatif aux droits humains, englobe en fait de nombreuses formes de recours, notamment les excuses, la restitution, l’indemnisation, la réadaptation, la satisfaction et les garanties de non-répétition. Un terme plus vaste, « justice réparatrice », est également souvent employé par les mouvements mondiaux réclamant des réparations, qui demandent justice pour les causes premières des préjudices et des inégalités systémiques hérités de la colonisation, de l’asservissement et de la traite des esclaves.

En février 2025, l’UA a choisi de consacrer son thème phare de 2025 à « la Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations ». La société civile a été déterminante dans le choix de ce thème, appelant de ses vœux une position africaine commune sur les réparations et des cadres institutionnels renforcés permettant des avancées des réparations sur le continent.

En juillet, les dirigeants africains se sont engagés à consacrer la décennie à venir aux réparations. Cela fait suite au « Plan en dix points pour la justice réparatrice » élaboré en 2014 par la Communauté caribéenne – un cadre de réparations piloté par les États qui aspire à pallier les impacts durables de la colonisation et de l’esclavagisme dans les Caraïbes.

Cela fait des décennies, et même des siècles, que les communautés réclament des réparations. Human Rights Watch a mené des recherches pour soutenir les appels à réparation des communautés, notamment dans le cas des injustices coloniales persistantes à l’encontre du peuple chagossien, qui dans les années 1960 a été exilé de force de son archipel par le Royaume-Uni et les États-Unis afin de laisser place à une base militaire dans cette ultime colonie britannique d’Afrique. Un nouveau traité entre les gouvernements britannique et mauricien cherche à réglementer la souveraineté relative à l’archipel des Chagos, mais ne prévoit pas de véritables réparations pour les Chagossiens.

Cela fait longtemps que les États européens résistent aux appels réclamant des réparations. L’Allemagne, par exemple, a reconnu en 2021 que les crimes coloniaux allemands à l’encontre des peuples Ovaherero et Nama, dans ce qui est aujourd’hui la Namibie, constituaient un génocide, tout en soutenant que cela ne se traduisait pas par le devoir d’apporter des réparations, car le droit international qui s’appliquait à l’époque ne donnait pas droit à réparation. Le nouveau gouvernement allemand a récemment confirmé cette position en réponse à une question parlementaire.

Au cours de son mandat de Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition, Pablo de Greiff a clairement déclaré que les processus réparateurs qui excluaient, intentionnellement ou non, les communautés affectées, violaient les textes et normes du droit international relatif aux droits humains. Ni le gouvernement britannique ni le gouvernement allemand n’ont véritablement consulté les communautés affectées à travers des processus cherchant à tenir compte de l’histoire coloniale dans les Chagos ou en Namibie.

L’UA a compilé des directives politiques sur la justice transitionnelle qui reconnaissent les réparations comme moyen de traiter les injustices historiques, conformément au droit international et régional contraignant relatif aux droits humains. Ces directives réaffirment par ailleurs que les États africains ont l’obligation de veiller à ce que les processus réparateurs soient inclusifs, consultatifs et centrés sur les victimes, afin de garantir que ce soient les communautés les plus affectées qui déterminent leur aboutissement.

Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme et le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones ont tous insisté sur le fait que le droit à réparation s’appliquait aussi aux atrocités coloniales.

La plupart des États, y compris les gouvernements européens et les États-Unis, ont l’obligation, en tant qu’États parties, de respecter la Convention des Nations Unies sur l’élimination de la discrimination raciale ; cette Convention prévoit un droit à réparation pour les violations en lien avec le racisme systémique, notamment lorsque les abus sont ancrés dans la colonisation et l’esclavage.

« Les réparations sont cruciales pour guérir les traumatismes intergénérationnels et ouvrir la voie à un avenir équitable de dignité et de réhabilitation pour les sociétés européennes, africaines et caribéennes qui sont toujours affectées par l’héritage de l’esclavage et des autres atrocités coloniales », a conclu Almaz Teffera. « Les États africains et caribéens sont arrivés à un moment décisif pour envoyer un signal fort : la poursuite des réparations constitue une exigence mondiale ancrée dans le droit international, la mémoire collective et la responsabilité morale. »

03.09.2025 à 01:00

Iran : Vague de répression après les hostilités avec Israël

Human Rights Watch

Click to expand Image Un membre des forces de sécurité iraniennes, tenant son arme, surveillait les alentours sur la place Enqelab à Téhéran, le 24 juin 2025. © 2025 Vahid Salemi/AP Photo

(Beyrouth) – Les autorités iraniennes mènent une répression terrifiante sous prétexte de renforcer la sécurité nationale suite aux hostilités avec Israël en juin, ont déclaré aujourd'hui Amnesty International et Human Rights Watch. Cette crise croissante met en évidence la nécessité urgente pour la communauté internationale de prendre des mesures concrètes visant l’obligation de rendre des comptes pour diverses violations.

Depuis le 13 juin 2025, les autorités iraniennes ont arrêté plus de 20 000 personnes, dont des dissidents, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des utilisateurs des réseaux sociaux, des familles de victimes illégalement tuées lors de manifestations nationales et des ressortissants étrangers. Parmi les autres personnes ciblées figurent des Afghans, des membres des minorités ethniques baloutches et kurdes, ainsi que des membres des minorités religieuses bahaïe, chrétienne et juive.

« Alors que la population peine à se remettre des effets dévastateurs du conflit armé entre l'Iran et Israël, les autorités iraniennes se livrent à une répression terrifiante », a déclaré Sara Hashash, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International. « Le dispositif répressif des autorités dans le pays reste implacable ; elles intensifient une surveillance déjà oppressive et généralisée, les arrestations de masse, ainsi que l’incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence à l’égard des minorités. »

Les forces de sécurité ont tué des personnes aux points de contrôle de véhicules, dont une fillette de 3 ans. Des responsables et des médias affiliés à l'État ont appelé à des exécutions accélérées, prônant dans certains cas une répétition des massacres de 1988 dans des prisons, au cours desquels de hauts responsables avaient ordonné l'exécution sommaire et extrajudiciaire de milliers de prisonniers politiques. Au moins neuf hommes ont été exécutés pour des motifs politiques et/ou des accusations d'espionnage pour le compte d'Israël, et un projet de loi parlementaire visant à élargir encore le champ d’application de la peine de mort est en attente d’approbation définitive.

« Depuis juin, la situation des droits humains en Iran s'est aggravée, les autorités iraniennes désignant et ciblant les dissidents et les minorités comme boucs émissaires d'un conflit dans lequel ils n’ont joué aucun rôle », a déclaré Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « La répression brutale menée par les autorités iraniennes contre un peuple encore sous le choc de la guerre laisse présager une catastrophe imminente en matière de droits humains, en particulier pour les groupes les plus marginalisés et persécutés du pays. »

Les autorités iraniennes devraient immédiatement instaurer un moratoire sur les exécutions en vue d'abolir la peine de mort, libérer toutes les personnes détenues arbitrairement et veiller à ce que toutes les autres personnes détenues soient protégées contre les disparitions forcées, la torture et autres mauvais traitements. Les autres pays devraient enquêter sur les crimes de droit international commis par les autorités iraniennes et engager des poursuites en vertu du principe de compétence universelle, ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch.

Arrestations massives et appels alarmants à accélérer les procès et exécutions

Les services de renseignement et de sécurité iraniens ont commencé à procéder à des arrestations massives quelques jours après l'escalade des hostilités avec Israël, sous couvert de sécurité nationale.

Gholamhossein Mohseni Eje’i, le chef du pouvoir judiciaire, a annoncé le 22 juillet que de lourdes peines, y compris la peine de mort, seraient infligées aux personnes qui, selon lui, avaient « coopéré avec Israël ». Dans une déclaration du 12 août, Saeed Montazer Al-Mahdi, porte-parole de la police, a annoncé qu'environ 21 000 personnes avaient été arrêtées.

De hauts responsables ont réclamé des procès et des exécutions accélérés pour « soutien » ou « collaboration » avec des États hostiles. Les médias affiliés à l'État ont prôné la répétition des massacres de 1988 dans les prisons, notamment dans un article de Fars News, affirmant que « les éléments mercenaires… méritent des exécutions similaires à celles de 1988 ».

Les autorités judiciaires ont également annoncé la création de tribunaux spéciaux pour poursuivre « les traîtres et les mercenaires ». Le Parlement a accéléré l'adoption d'une législation d’exception, en attendant l'approbation finale du Conseil des gardiens, qui étendrait le recours à la peine de mort, y compris pour des accusations vagues liées à la sécurité nationale, telles que « coopération avec des gouvernements hostiles » et « espionnage ».

Les détenus sont exposés à un risque élevé de disparition forcée, de torture et d'autres mauvais traitements, de procès inéquitables et d'exécutions arbitraires, ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch.

Intensification de la répression contre les minorités ethniques

Les autorités ont également utilisé le climat d'après-conflit comme prétexte pour intensifier la répression contre les minorités ethniques opprimées.

Amnesty International a documenté que les forces de sécurité de la province du Sistan-Baloutchistan ont tué illégalement deux femmes appartenant à la minorité ethnique baloutche opprimée d'Iran lors d'un raid sur le village de Gounich le 1er juillet. Une source principale a indiqué à l'organisation que des agents avaient tiré des plombs métalliques et des balles réelles sur un groupe de femmes, tuant l'une d'elles, Khan Bibi Bamri, sur place, et blessant mortellement Lali Bamri, décédée plus tard à l'hôpital. Au moins dix autres femmes ont été blessées.

Les agents de forces de sécurité ont avancé des justifications contradictoires pour justifier le raid, invoquant la présence d'un « groupe terroriste », d'« Afghans » et « [d’agents d’] Israël ». Une vidéo de l'incident examinée par Amnesty International montre des agents en uniforme du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) pointant leurs armes à feu vers les femmes tandis que des coups de feu répétés retentissent.

Le 25 juin, les médias d'État ont annoncé l'arrestation de plus de 700 personnes à travers le pays pour collaboration présumée avec Israël. Les provinces de Kermanshah et du Khuzestan, où vivent des minorités ethniques, notamment des Kurdes et des Arabes ahwazis, figurent parmi celles ayant enregistré le plus grand nombre d'arrestations. Selon le Réseau des droits humains du Kurdistan, au 24 juillet, les autorités avaient arrêté au moins 330 personnes issues de la minorité ethnique kurde.

Les autorités ont également mené contre des personnes afghanes une campagne massive d'arrestations et d'expulsions, ainsi que de diffamation dans les médias d'État.

Répression contre les minorités bahaïe, chrétienne et juive

En outre, les autorités iraniennes ont exploité le climat sécuritaire tendu pour intensifier la répression à l'encontre des minorités religieuses.

Les membres de la minorité bahaïe ont été particulièrement ciblés par une campagne de propagande coordonnée de l'État, incitant à l'hostilité, à la violence, à la discrimination et à la désinformation, accusant à tort les bahaïs d'espions et de collaborateurs d'Israël. Dans un communiqué du 28 juillet, le ministère du Renseignement a qualifié la foi bahaïe de « secte sioniste ». Le 18 juin, Raja News, média affilié au CGRI, a accusé les bahaïs d'être « des mandataires et des espions d'Israël ».

L'enquête d'Amnesty International et de Human Rights Watch a révélé que les mesures prises contre les bahaïs comprennent des arrestations et des détentions arbitraires, des interrogatoires, des perquisitions à leur domicile, la confiscation de biens et la fermeture d'entreprises.

Dans un cas, une source bien informée a indiqué aux organisations que les autorités avaient arrêté Mehran Dastoornejad, 66 ans, lors d'une perquisition à son domicile à Marvdasht, dans la province de Fars, le 28 juin, après l'avoir battu et confisqué ses biens. Les autorités ont refusé à l'avocat désigné par sa famille tout accès à lui et toute information sur les accusations portées contre lui. Il a été libéré sous caution de la prison de Chiraz le 6 août. Une autre source a indiqué à Human Rights Watch que Noyan Hejazi et Leva Samimi, un couple marié, avaient été arrêtés dans la province de Mazandaran les 25 juin et 7 juillet respectivement, et privés de l'accès à un avocat jusqu'à leur libération sous caution le 3 août.

Fin juin, les autorités iraniennes ont convoqué et interrogé au moins 35 membres de la communauté juive de Chiraz et de Téhéran au sujet de leurs liens avec des proches en Israël et les ont mis en garde contre tout contact, selon Human Rights in Iran, une organisation basée hors d'Iran.

Malgré les démentis initiaux des médias d'État, fin juillet et début août, des publications sur la chaîne Telegram d'un député juif, Homayoun Sameyeh Najafabadi, ont confirmé que des membres de la communauté juive iranienne avaient été arrêtés dans trois provinces et que plusieurs d'entre eux avaient été jugés devant un tribunal révolutionnaire à Téhéran pour des chefs d'accusation non identifiés. Ces publications indiquaient que les personnes arrêtées à Téhéran étaient accusées d'espionnage, mais que ces accusations avaient été abandonnées.

Dans un communiqué du 28 juillet, le ministère iranien du Renseignement a accusé des secteurs de la communauté chrétienne d'être des « mercenaires du Mossad » ayant des liens avec Israël, et les médias d'État ont diffusé des « aveux » de chrétiens détenus le 17 août, suscitant de vives inquiétudes quant à leur extorsion sous la torture. Le 24 juillet, une association de défense des droits humains hors d'Iran a signalé l'arrestation d'au moins 54 chrétiens depuis le 24 juin.

Recours illégal à la force meurtrière aux points de contrôle de sécurité

Les points de contrôle de véhicules mis en place depuis le conflit de juin sont devenus un autre instrument de répression. Les autorités ont procédé à des fouilles intrusives de véhicules et de téléphones portables, arrêtant des personnes pour « collaboration » avec Israël, souvent sur la seule base de publications sur les réseaux sociaux, selon les médias d'État. Les points de contrôle ont également été utilisés pour arrêter des ressortissants « non autorisés », un terme discriminatoire utilisé par les autorités pour désigner les Afghans.

Le 1er juillet, les forces de sécurité de Tarik Darreh, dans la province de Hamedan, ont abattu deux personnes et en ont blessé une troisième sous prétexte qu'elles fuyaient les points de contrôle, selon les médias. Dans un communiqué du 2 juillet, Hemat Mohammadi, chef de l'Organisation judiciaire des forces armées de la province de Hamedan, a déclaré qu'une enquête était en cours, mais a affirmé que les forces de sécurité avaient tiré sur un véhicule qui tentait de fuir. Sur les réseaux sociaux, des activistes ont identifié les deux hommes tués comme étant Alireza Karbasi et Mehdi Abaei.

D'après les médias d'État et les déclarations officielles, le 17 juillet, les forces de sécurité de Khomein, dans la province de Markazi, ont également abattu quatre membres d'une famille voyageant à bord de deux voitures : Mohammad Hossein Sheikhi, Mahboubeh Sheikhi, Farzaneh Heydari et une fillette de 3 ans, Raha Sheikhi. Vahid Baratizadeh, le gouverneur de Khomein, a indiqué que les forces de sécurité avaient tiré sur deux voitures « suspectes ». Le 12 août, un porte-parole du gouvernement a annoncé, sans plus de précisions, l'arrestation de plusieurs agents impliqués dans la fusillade.

Selon les déclarations des autorités, rien ne prouve que les personnes tuées par balle lors de ces incidents représentaient une menace imminente de mort ou de blessure grave. En vertu du droit international, le recours à une force potentiellement létale à des fins de maintien de l'ordre est une mesure extrême, qui ne doit être utilisée qu'en cas de stricte nécessité pour protéger des vies ou prévenir des blessures graves dues à une menace imminente.

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02.09.2025 à 22:37

Indonésie : Les autorités devraient faire preuve de retenue face aux manifestants

Human Rights Watch

Click to expand Image Un policier anti-émeute indonésien tirait des gaz lacrymogènes sur des manifestants lors d'un rassemblement massif à Jakarta, en Indonésie, le 28 août 2025.  © 2025 Dicky Bisinglasi / SOPA Images/ Sipa USA via AP Photo

(Bangkok, le 2 septembre 2025) – En Indonésie, les affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité ont fait au moins sept morts et des dizaines de blessés dans 42 régions du pays depuis le 25 août. L'annonce par le gouvernement indonésien de nouvelles indemnités et d’autres avantages pour les parlementaires avait alors suscité des manifestations initialement pacifiques tenues en guise de protestation. La police a riposté avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau afin de disperser les manifestants ; la violence s'est intensifiée après qu'un véhicule blindé de la police a renversé et écrasé un chauffeur de taxi-moto à Jakarta le 28 août, le tuant. Dans plusieurs villes, des manifestants ont ensuite endommagé ou incendié des bâtiments gouvernementaux, faisant plusieurs morts.

Le 31 août, le président Prabowo Subianto a appelé au calme et a annoncé la suppression de certains avantages octroyés aux députés, mais a aussi déployé l'armée et a ordonné aux autorités de réprimer toute action constituant une forme de « trahison » ou de « terrorisme ». Le 30 août, le général Listyo Sigit Prabowo, chef de la police nationale, a ordonné à ses forces de « tirer sur quiconque » tenterait d’entrer « de manière anarchique » au siège de la police, précisant ensuite que les forces de sécurité devaient utiliser des balles en caoutchouc. La police a présenté ses excuses pour la mort du chauffeur de taxi-moto et a arrêté sept agents, pour violation du code de déontologie des forces de l’ordre.

Depuis, la police a arrêté plusieurs centaines de manifestants. Le 1er septembre, des étudiants et des groupes de la société civile ont annulé une grande manifestation qui était prévue à Jakarta afin d'« éviter une escalade de la violence de la part des autorités ». Cependant, les manifestations se poursuivent dans d'autres régions.

Meenakshi Ganguly, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch, a fait la déclaration suivante :

« Les autorités indonésiennes ont agi de manière irresponsable en traitant les manifestations comme s’il s’agissait d’actes de trahison ou de terrorisme, surtout lorsque l’on considère que dans le passé, les forces de sécurité ont souvent recouru de manière injustifiée à une force excessive contre des manifestants. Lors de manifestations, les forces de sécurité devraient répondre aux violences d’une manière conforme aux normes des Nations Unies, qui limitent le recours à la force au minimum nécessaire. Les autorités devraient non seulement aborder les questions économiques dont les enjeux ont une vaste portée, mais aussi mener des enquêtes impartiales et sanctionner de manière appropriée tous les individus responsables de violences. »

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Articles

France 24

27.08.2025 à 06:01

Mauritanie : Des années d’abus liés aux contrôles des migrations

Human Rights Watch

Click to expand Image Deux hommes près d’une pirogue, un bateau en bois traditionnellement utilisé pour la pêche en Mauritanie et en Afrique de l’Ouest, sur une plage de Nouakchott, en Mauritanie, le 28 juin 2022. Des pirogues sont fréquemment utilisées par des migrants cherchant à traverser l'océan Atlantique pour rejoindre les îles Canaries, qui font partie de l’Espagne. © 2022 Lauren Seibert / Human Rights Watch Les forces de sécurité mauritaniennes ont commis de graves violations des droits humains entre 2020 et début 2025 à l’encontre des migrants et des demandeurs d’asile.L’Union européenne, ainsi que l’Espagne de manière bilatérale, ont continué à externaliser la gestion des migrations vers la Mauritanie, malgré les violations des droits humains commises dans ce pays.Les mesures récentes prises par le gouvernement mauritanien pourraient améliorer la protection des migrants et de leurs droits. Elles devraient se poursuivre, et l’UE et l’Espagne devraient veiller à ce que leur coopération avec la Mauritanie en matière de migration donne la priorité aux droits et à la sauvegarde des vies humaines.

(Nairobi) – Les forces de sécurité mauritaniennes ont commis de graves violations des droits humains entre 2020 et début 2025 à l’encontre de migrants et de demandeurs d’asile originaires principalement d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, souvent lorsque ceux-ci tentaient de quitter le pays ou d’y transiter, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Cependant, les mesures et les engagements récents du gouvernement mauritanien pourraient améliorer la protection des migrants et le respect de leurs droits.

27 août 2025 « Ils m’ont accusé de tenter de rejoindre l’Europe »

Le rapport de 163 pages, intitulé « ‘Ils m’ont accusé de tenter de rejoindre l’Europe’ : Abus liés au contrôle des migrations en Mauritanie et à la politique d’externalisation de l’UE », documente des abus commis par la Police, la Garde Côtes, la Marine, la Gendarmerie et l’Armée mauritaniennes lors du contrôle des frontières et des migrations, notamment des actes de torture, des viols et d’autres violences ; du harcèlement sexuel ; des arrestations et détentions arbitraires ; des conditions de détention inhumaines ; des traitements à caractère raciste ; des cas d'extorsion et des vols ; et des expulsions sommaires et collectives. Les mesures répressives et les violations des droits ont été exacerbées par la continuation de la politique de l’Union européenne et l’Espagne d’externalisation de la gestion des migrations vers la Mauritanie, notamment en apportant pendant des années leur soutien aux autorités mauritaniennes chargées du contrôle des frontières et des migrations.

« Pendant des années, les autorités mauritaniennes ont mené une politique abusive en matière de contrôle des migrations – malheureusement courante en Afrique du Nord – en violant les droits des migrants africains originaires d’autres régions », a déclaré Lauren Seibert, chercheuse sur les droits des réfugiés et des migrants à Human Rights Watch. « Mais les récentes réformes mises en place par la Mauritanie montrent qu’une nouvelle approche est possible. Le gouvernement devrait continuer sur cette lancée, renforcer la surveillance des forces de sécurité et mettre fin aux expulsions collectives. »

Entre 2020 et mi-2025, Human Rights Watch a mené avec 223 personnes des entretiens par téléphone et en personne lors de visites en Mauritanie, au Mali, au Sénégal, et auprès des institutions européennes à Bruxelles. Outre des entretiens menés avec 102 migrants et demandeurs d’asile originaires du Sénégal, de Guinée, du Mali, du Cameroun, de Sierra Leone et du Libéria, Human Rights Watch a interviewé des représentants des gouvernements, des Nations Unies et de l’Union européenne ; des membres d’organisations non gouvernementales et de la société civile ; des proches de victimes d’abus ; des témoins ; des experts ; des avocats ; des membres des communautés locales ; et d’autres personnes.

Human Rights Watch a examiné des blessures résultant d’abus présumés ; recueilli des photos, des vidéos et des documents pour corroborer les témoignages ; et, en 2022 et 2023 en Mauritanie, a visité des centres de rétention pour migrants ainsi que la prison de Dar Naïm, où étaient détenues des personnes accusées de trafic de migrants.

Human Rights Watch a documenté des violations commises par les forces de sécurité mauritaniennes entre 2020 et 2025 à l’encontre de 77 migrants et demandeurs d’asile – hommes, femmes et enfants – ainsi qu’à l’encontre d’un homme mauritanien qui a déclaré avoir été torturé par la police lors d’interrogatoires liés au trafic de migrants en 2022.

Click to expand Image © 2025 Human Rights Watch

Entre 2020 et 2024, un nombre croissant de migrants et de demandeurs d’asile ont tenté d’emprunter la « Route Atlantique » en bateau depuis le nord-ouest de l’Afrique jusqu’aux îles Canaries espagnoles, dont un grand nombre depuis la Mauritanie. Certains ont fui les conflits ou les persécutions dans leur pays – notamment au Mali, où le conflit armé s’est aggravé parallèlement à la répression exercée par le gouvernement – tandis que d’autres cherchaient à échapper à la pauvreté et à trouver du travail. En 2024, un nombre record de 46 843 personnes sont arrivées par bateau aux Canaries. Environ 11 500 personnes sont arrivées entre janvier et juillet 2025.

La Mauritanie attire aussi depuis longtemps des personnes originaires de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale qui sont à la recherche d’un travail, et elle accueille quelque 176 000 demandeurs d’asile et réfugiés enregistrés, pour la plupart originaires du Mali. Certains migrants cherchent à transiter par la Mauritanie pour se rendre au Sahara occidental, occupé par le Maroc ; au Maroc même ; ou en Algérie.

En 2024, la Mauritanie a signé un nouveau partenariat en matière de migration avec l’UE en échange d’un financement de 210 millions d’euros destiné à réduire les flux de la migration irrégulière, un accord comparable à ceux conclus par l’UE avec la Tunisie et l’Égypte. Dans le même but, l’Espagne a renforcé son soutien bilatéral, tout en maintenant le déploiement de la police et des gardes civils (« Guardia Civil ») espagnols en Mauritanie pour aider les autorités avec le contrôle des migrations.

Click to expand Image Des hommes originaires du Sénégal et du Niger détenus au centre de rétention de migrants géré par la police dans le quartier du Ksar, à Nouakchott, en Mauritanie, le 2 septembre 2023. Plusieurs migrants d’Afrique de l'Ouest et d’Afrique centrale détenus au centre du Ksar entre 2020 et 2024 ont décrit des mauvais traitements, notamment une alimentation insuffisante, des conditions insalubres et le fait d'être obligés de dormir par terre.  © 2023 Lauren Seibert/Human Rights Watch

Des dizaines de personnes qui avaient été détenues dans des centres de rétention pour migrants gérés par la police mauritanienne ont décrit des conditions et des traitements inhumains, notamment le manque de nourriture, des mauvaises conditions sanitaires, parfois la détention d’adolescents avec des adultes sans lien de parenté avec eux, et certains cas de passages à tabac infligés par des gardiens.

Entre 2020 et mi-2025, la police mauritanienne a expulsé des dizaines de milliers d’étrangers africains de multiples nationalités – généralement sans appliquer de procédure légale formelle et sans leur donner la possibilité de contester leur expulsion – vers des zones reculées situées le long des frontières avec le Mali et le Sénégal, où l’aide limitée, conjuguée à la détérioration de la sécurité dans la région de Kayes au Mali, a exposé ces personnes aux risques. Au cours du premier semestre 2025, la Mauritanie a expulsé plus de 28 000 personnes, selon le gouvernement.

Marco Gibson, un homme libérien, a déclaré que l’armée mauritanienne l’avait arrêté avec un groupe de plus de 40 migrants près de la frontière nord de la Mauritanie en décembre 2024, alors qu’ils tentaient de rejoindre le Sahara occidental occupé par le Maroc : « Certains [agents de l’armée mauritanienne]... nous ont battus avec des bâtons... [et] un fouet en caoutchouc. … Je n’avais jamais rien vu une attitude aussi brutale. » Après sa détention, il a déclaré que la police l’avait expulsé avec une vingtaine d’autres personnes, dont plusieurs enfants, vers la ville frontalière malienne de Gogui, dans le cercle administratif de Nioro du Sahel dans la région de Kayes. Quelques jours plus tard, un groupe armé islamiste a attaqué Nioro.

Human Rights Watch a documenté l’usage prolongé ou douloureux de menottes par des policiers, le manque de nourriture et d’eau, et d’autres mauvais traitements pendant des expulsions, ainsi que des cas d’enfants, de demandeurs d’asile et de personnes ayant un statut d’immigration valide en Mauritanie figurant parmi les personnes expulsées.

Le rapport souligne aussi les effets négatifs des interceptions et renvois forcés de bateaux de migrants par la Mauritanie, avec le soutien de l’UE et de l’Espagne, alors que les opérations de recherche et de sauvetage dans l’Atlantique restent insuffisantes, ce qui contribue aux décès en mer qui se poursuivent.

En finançant et équipant les forces mauritaniennes, et en collaborant avec elles pendant des années dans le but de renforcer les contrôles des frontières et des migrations sans avoir assuré des garanties adéquates du respect des droits humains, l’UE et l’Espagne ont contribué à la répression contre les migrants et partagent la responsabilité des abus commis en Mauritanie, a déclaré Human Rights Watch. Dans certains cas, des forces espagnoles étaient présentes lors d’arrestations et de détentions abusives de migrants par des autorités mauritaniennes. L’UE a également financé la rénovation de deux anciens centres de rétention de migrants, qui devraient ouvrir cette année pour accueillir des migrants interceptés ou secourus en mer.

Dans une réponse aux questions de Human Rights Watch, le gouvernement mauritanien a déclaré qu’il « rejette catégoriquement les allégations de torture, de discrimination raciale ou de violations systématiques des droits des migrants ». Il a cité les mesures récentes prises pour améliorer le respect des droits, notamment l’« interdiction stricte des expulsions collectives » et les nouvelles Procédures Opérationnelles Standard (POS) adoptées en mai 2025 pour réglementer les débarquements et la « prise en charge » des migrants, avec des garanties solides en matière de droits et de protection.

Dans sa réponse à Human Rights Watch, la Commission européenne a déclaré que son partenariat avec la Mauritanie était « solidement ancré » dans le respect des droits et a cité le soutien de l’UE aux POS et à d’autres initiatives centrées sur les droits.

« Les mesures prises par le gouvernement mauritanien pour améliorer le respect des droits des migrants étaient vraiment nécessaires », a déclaré Lauren Seibert. « En allant plus loin pour mettre fin aux abus, la Mauritanie pourrait potentiellement montrer la voie vers une gestion des migrations respectueuse des droits en Afrique du Nord. De leur côté, l’UE et l’Espagne devraient veiller à ce que leur coopération avec la Mauritanie en matière de migration donne la priorité aux droits et à la sauvegarde des vies humaines, au lieu de soutenir des mesures répressives qui conduisent à des abus. »

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Comm. Min. (Maur.)

26.08.2025 à 06:00

Gaza : Les forces américaines risquent d’être poursuivies pour facilitation de crimes de guerre israéliens

Human Rights Watch

Click to expand Image Le président américain Donald Trump, à droite, s’exprimait lors d'une conférence de presse tenue conjointement avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche à Washington, le 4 février 2025. © 2025 Maison-Blanche/Facebook

(Washington, 26 août 2025) – Des membres du personnel militaire des États-Unis risquent d’être tenus responsables d’assistance aux forces israéliennes commettant des crimes de guerre à Gaza, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

La participation directe des forces américaines aux opérations militaires à Gaza depuis octobre 2023, notamment en fournissant des renseignements utilisés pour des frappes israéliennes et en soutenant de manière approfondie la coordination et planification de certaines opérations, signifie que les États-Unis sont devenus une partie au conflit entre Israël et les groupes armés palestiniens. En tant que partie belligérante, les forces américaines pourraient être tenues conjointement responsables de leur participation aux violations des lois de la guerre commises par les forces israéliennes, et des membres du personnel américain impliqués dans ces violations risquent d’être tenus individuellement responsables de crimes de guerre.

« La participation directe des États-Unis à des opérations militaires menées par les forces israéliennes à Gaza signifie qu'en vertu du droit international, les États-Unis sont devenus une partie à ce conflit armé, et continuent de l’être », a déclaré Sarah Yager, directrice du bureau de Washington de Human Rights Watch. « Le personnel militaire américain, les professionnels du renseignement et les sous-traitants qui aident les forces israéliennes à commettre des crimes de guerre risquent à l’avenir de faire l'objet de poursuites pénales pour des atrocités commises à Gaza. »

En vertu du droit international humanitaire, les hostilités en cours entre Israël et les groupes armés palestiniens à Gaza constituent un conflit armé non international. Le droit international ne définit pas de critères spécifiques pour déterminer à quel moment un pays qui aide un autre pays dans un conflit armé non international devient lui-même partie à ce conflit, mais la participation directe à des opérations de combat en est clairement un exemple.

Des responsables américains ont indiqué que depuis le début des hostilités entre les groupes armés palestiniens et Israël le 7 octobre 2023, les États-Unis ont transmis à Israël de nombreux renseignements qui ont ensuite été utilisés pour frapper des cibles à Gaza ; en particulier, les États-Unis ont participé de manière approfondie à la coordination et planification par les forces israéliennes, y compris par le biais de la collecte de renseignements, d’opérations ciblant des dirigeants du Hamas.

Le gouvernement américain, sous les administrations Biden et Trump, a publiquement indiqué que les États-Unis étaient impliqués dans les hostilités. Le 17 octobre 2024, Joe Biden, alors président, a déclaré avoir « ordonné au personnel des opérations spéciales et à nos professionnels du renseignement de travailler aux côtés de leurs homologues israéliens pour aider à localiser et traquer [Yahya] Sinwar et d'autres dirigeants du Hamas cachés à Gaza. Avec notre aide en matière de renseignement, les Forces de défense israéliennes ont poursuivi sans relâche les dirigeants du Hamas. » Le 18 mars 2025, suite à des frappes aériennes israéliennes menées à Gaza, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré aux médias que « l'administration Trump et la Maison Blanche ont été consultées par les Israéliens au sujet de leurs attaques à Gaza ce soir ». Selon le ministère de la Santé de Gaza, cité par l’ONU et par une ONG, plus de 400 personnes – principalement des enfants et des femmes – ont été tuées cette nuit-là.

En vertu du droit international humanitaire, chaque partie à un conflit armé a l'obligation de respecter les lois de la guerre, et d’assurer le respect de ces lois par ses forces armées et par d’autres forces agissant sous son commandement ou contrôle. Les gouvernements doivent exercer leur influence, dans la mesure du possible, pour mettre fin aux violations des lois de la guerre, enquêter sur les crimes de guerre présumés commis par leurs forces et poursuivre les responsables de manière appropriée.

Depuis le début des hostilités, les forces israéliennes ont commis à Gaza des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et des actes de génocide. Depuis l’entrée en fonction du président américain Donald Trump en janvier dernier, son administration s’est abstenue de faire pression sur Israël pour mettre fin aux violations des lois de la guerre ; au lieu de cela, elle a émis des déclarations soutenant des actes illégaux commis par les forces israéliennes, ou pris des mesures la rendant complice de tels actes.

S’exprimant au sujet de Gaza le 25 janvier, le président Trump avait proposé de « nettoyer tout cela » (« just clean out that whole thing »), cautionnant un projet de déportation forcée massive de la population palestinienne de Gaza [vers l’Égypte ou la Jordanie] ; toutefois, un tel déplacement constituerait un crime de guerre, un crime contre l'humanité et une forme de nettoyage ethnique.

L'administration Trump a pleinement soutenu la Fondation humanitaire pour Gaza (Gaza Humanitarian Foundation, GHF), dont les opérations de distribution d'aide ont toutefois fréquemment fait des victimes. La GHF est cogérée par deux entreprises privées américaines, engagées en tant que sous-traitants, et affirme mener ses opérations de manière indépendante vis-à-vis de tout gouvernement. Mais à plusieurs reprises, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des civils palestiniens cherchant de l'aide sur les sites de la GHF, faisant des centaines de victimes ; certains incidents ont constitué des crimes de guerre.

Outre leur participation au conflit, les États-Unis sont responsables, en vertu du droit international, de certains « faits internationalement illicites ». En 2001, la Commission du droit international (International Law Commission, ILC), un organe d'experts des Nations Unies chargé de promouvoir le développement du droit international, a adopté le Projet d'articles sur la responsabilité de l'État pour fait internationalement illicite (en anglais « Draft Articles on State Responsibility for Internationally Wrongful Acts »). Ce texte est largement reconnu comme reflétant le droit international coutumier ; selon l’Article 16 du Projet, un État qui « aide ou assiste un autre État dans la commission [d’un] fait internationalement illicite […] en connaissance des circonstances » est considéré comme « responsable » en vertu du droit international.

Les Commentaires de la Commission relatifs à l'Article 16 précisent que la responsabilité d’un État peut être engagée si son aide contribue « de façon significative » à la commission par un autre État d'un « fait internationalement illicite », notamment s’il fournit une « aidematérielle » utilisée par l’autre État pour commettre des violations des droits humains. La vente et la fourniture d'armes effectuées en « connaissance des circonstances du fait internationalement illicite » en sont un exemple, selon l'Article 16.

Or, les administrations Biden et Trump ont toutes deux autorisé des ventes d'armes à Israël et fourni diverses formes d'aide sécuritaire, à une échelle massive. Entre octobre 2023 et mai 2025, les États-Unis ont transféré à Israël des armes d’une valeur d’au moins 4,17 milliards de dollars, selon une étude du Security Assistance Monitor, publiée par le Centre de politique internationale (Center for International Policy), un centre de recherche indépendant. En avril 2025, selon des données du Département d'État américain citées par cette étude, 751 contrats de ventes d’armes ou d’équipement militaire à Israël, d’une valeur de 39,2 milliards de dollars, étaient répertoriés dans le cadre du programme Foreign Military Sales (FMS) géré par l’agence DSCA, qui fait partie du Département de la Défense. Ces contrats ont été approuvés en dépit de la publication d’informations sur les violations graves et répétées des lois de la guerre, dont des crimes de guerre, commises par les forces israéliennes,

En décembre 2023, le président Biden avait dénoncé certains « bombardements indiscriminés » menés par Israël, mais son administration a poursuivi son assistance militaire à ce pays ; en 2024, les États-Unis ont fourni à Israël une aide militaire évaluée à au moins 17,9 milliards de dollars. En mars 2024, les États-Unis ont approuvé plus de 100 ventes de matériel militaire à Israël, dont des milliers de bombes de petit diamètre, des munitions à guidage de précision, des bombes anti-bunker, ainsi que d'autres munitions et matériels. Début janvier 2025, peu avant la fin du mandat du président Biden, son administration a informé le Congrès de son projet de vendre à Israël des armes supplémentaires, d’une valeur estimée à 8 milliards de dollars.

L'administration Trump a renforcé ce soutien militaire à Israël, notamment en autorisant la livraison d'une cargaison de bombes de 900 kg que l’ex-président Biden avait temporairement suspendue. Le 1er mars 2025, le Secrétaire d'État américain Marco Rubio a confirmé que l'administration Trump avait approuvé les ventes d’armes d’une valeur de près de 12 milliards de dollars à Israël, et qu'il (Rubio) avait utilisé des « pouvoirs d’urgence » pour accélérer la livraison d’une première partie de cette aide militaire, évaluée à environ 4 milliards de dollars.

Précédemment, Human Rights Watch, Amnesty International, et divers médias dont le New York Times, le Washington Post, AFP, CNN (ou encore ici) et NPR ont identifié certaines armes américaines utilisées lors d’attaques israéliennes.

Le transfert d’armes par le gouvernement américain à Israël, qui a ensuite utilisé ces armes à plusieurs reprises pour commettre des crimes de guerre apparents, a rendu les États-Unis complices de leur utilisation illégale.

Human Rights Watch appelle depuis longtemps les États-Unis et d’autres gouvernements à faire davantage pour empêcher de nouvelles atrocités commises par le gouvernement israélien, notamment en mettant fin aux ventes d’armes et à l’assistance militaire fournies à ce pays, en imposant des sanctions ciblées aux responsables israéliens suspectés de violations, et en suspendant certains accords commerciaux préférentiels.

« Selon le droit international, un pays est considéré comme légalement complice lorsqu'il aide sciemment une autre nation à commettre de graves violations des lois de la guerre et d'autres abus », a conclu Sarah Yager. « Les citoyens américains devraient savoir que les armes américaines fournies à Israël facilitent directement les atrocités à Gaza, impliquant profondément les États-Unis dans les violations des lois de la guerre que Human Rights Watch et d'autres organisations documentent. »

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Articles

Le Monde

20.08.2025 à 20:32

Le Burkina Faso expulse une haute fonctionnaire de l'ONU à la suite d'un rapport critique

Human Rights Watch

Click to expand Image La coordinatrice résidente de l'ONU Carol Flore-Smereczniak. © United Nations

En début de semaine, la junte du Burkina Faso a expulsé la principale représentante des Nations Unies dans le pays, Carol Flore-Smereczniak, la déclarant « persona non grata » à la suite d'un nouveau rapport de l'ONU sur les abus commis à l'encontre des enfants dans ce pays.

Carol Flore-Smereczniak est la deuxième haute responsable de l'ONU à être expulsée par la junte après que Barbara Manzi a été déclarée persona non grata en 2022, mettant en évidence l'intolérance croissante de la junte à l'égard de toute forme de surveillance indépendante.

Le porte-parole de la junte a accusé Carol Flore-Smereczniak d'avoir participé à la rédaction du rapport d'avril, qui documente l'impact du conflit armé au Burkina Faso sur les enfants. La junte a rejeté les conclusions du rapport, qui mettent en cause les autorités burkinabè, les milices qui soutiennent la junte et les groupes armés islamistes antigouvernementaux.

Le rapport fait état de 2 483 violations graves commises à l'encontre de 2 255 enfants, notamment des meurtres, des enlèvements et le recrutement ou l'utilisation d'enfants par des groupes armés et des forces de sécurité entre juillet 2002 et juin 2024. Les groupes armés islamistes ont commis 65 pour cent des abus, les autres violations ayant été perpétrées par les forces de sécurité burkinabè et par les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), des auxiliaires civils qui assistent les forces armées.

Le rapport a également constaté une augmentation alarmante des attaques contre les écoles et a noté que « la détention d'enfants en raison de leur association présumée avec des groupes armés » était très préoccupante. Human Rights Watch a largement documenté les abus commis par toutes les parties au conflit contre les garçons et les filles depuis 2016, notamment les attaques contre les élèves, les enseignants et les écoles.

La junte a critiqué l'ONU à plusieurs reprises au cours des derniers mois. En mars, le ministre des Affaires étrangères a condamné l'utilisation « inappropriée » par l'ONU d'expressions telles que « ‘groupes armés non étatiques’ pour désigner les terroristes qui endeuillent nos braves populations », et le fait qu'elle qualifie les VDP de « milices ». En juillet, le ministre des Affaires étrangères a demandé aux Nations Unies un « recentrage » des interventions de l’ONU au Burkina Faso, afin de les aligner sur la « vision » du dirigeant du pays.

Depuis qu'elles ont pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État en 2022, les autorités militaires burkinabè ont systématiquement réprimé les médias, l'opposition politique et les dissidents. Plutôt que d'essayer de dissimuler les abus, la junte devrait collaborer avec les Nations Unies pour élaborer un plan visant à y mettre fin.

20.08.2025 à 15:30

Équateur : Les autorités ignorent les résultats du référendum sur la forêt amazonienne

Human Rights Watch

Click to expand Image La raffinerie de pétrole « Tiputini », gérée par l’entreprise publique équatorienne Petroecuador au sein du bloc ITT dans le Parc national de Yasuni (nord-est de l'Équateur), photographiée le 21 juin 2023, deux mois avant la tenue d’un referendum concernanant la cessation des opérations de forage dans cette zone. © 2023 by Rodrigo Buendia/AFP via Getty Images

Le gouvernement de l’Équateur devrait accélérer la fermeture des quelque 240 puits de pétrole dans le Parc national de Yasuni, situé dans la forêt amazonienne, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Lors d’un référendum tenu le 20 août 2023, les citoyens équatoriens avaient majoritairement voté en faveur de la cessation des opérations de forage pétrolier dans le bloc « Ishpingo - Tambococha – Tiputini » (bloc 43, ou bloc ITT) du Parc national Yasuni, l’une des zones les mieux préservées dans le bassin du fleuve Amazone. Ce référendum historiqueavait eu lieu après des décennies d’activités de plaidoyer organisées par une coalition de peuples autochtones, de jeunes et d’activistes de tout le pays. Toutefois, deux ans plus tard, l'extraction pétrolière se poursuit dans cette zone et seule une poignée des quelque 240 puits du bloc y ont été fermés.

« La décision du gouvernement équatorien de maintenir la production pétrolière dans le Parc national de Yasuni au cours des cinq prochaines années ignore le résultat du référendum de 2023, ce qui a un impact direct sur les droits des populations vivant dans le parc, ainsi que d’autres Équatoriens », a déclaré Richard Pearshouse, directeur de la division Environnement et droits humains à Human Rights Watch. « Le gouvernement devrait respecter la volonté du peuple équatorien, et mettre immédiatement fin à l'extraction pétrolière dans la zone devant être protégée selon le référendum. »

Le Parc national de Yasuni abrite des peuples autochtones, notamment les Waorani et les Kichwa, ainsi que les Tagaeri et les Taromenane, qui y vivent volontairement de manière relativement isolée. Human Rights Watch a documenté comment l’exploitation de combustibles fossiles, tout en contribuant au changement climatique dont certains effets sont catastrophiques, porte atteinte aux droits des communautés vivant près d’infrastructures liées aux énergies fossiles.

En mai 2023, trois mois avant la tenue du référendum, la Cour constitutionnelle équatorienne avait statué qu’en cas d’approbation par les électeurs de la proposition de cessation de forage dans le bloc ITT, le gouvernement devrait immédiatement y cesser l'extraction de pétrole, puis y fermer tous les puits avant le 31 août 2024. En septembre 2024, la Cour interaméricaine des droits de l'homme a conclu que la poursuite de l'exploitation du bloc pétrolier violait les droits des peuples Tagaeri et Taromenane, et a enjoint l'État équatorien de fermer le bloc avant mars 2026.

Seul un petit nombre de puits ont été fermés depuis la tenue du référendum. Les chiffres disponibles publiquement divergent un peu : le gouvernement affirme avoir fermé cinq puits en 2024, alors que certains médias ont rapporté qu'il a fermé dix puits en 2024, et prévoit d'en fermer 48 autres en 2025.

Cependant, la grande majorité des puits du bloc ITT continuent d’extraire du pétrole. Selon les données de l'État, au premier semestre 2025, environ 44 000 barils de pétrole y ont été extraits en moyenne quotidiennement. Les quelque 240 puits du bloc ITT représentent une petite partie du nombre total – environ 5 000 puits – en Équateur.

Un groupe d'économistes équatoriens a recommandé une série de mesures concrètes pour fermer le bloc sans nuire aux communautés, à l'environnement et à l'économie. Des dirigeants de la communauté autochtone Waorani ont par ailleurs proposé un ensemble de principes visant le respect des droits des communautés affectées.

Le gouvernement avait précédemment invoqué la crise sécuritaire du pays pour justifier une suspension de la cessation des activités de forage au moins jusqu'en août 2025 ; il a affirmé qu'il lui faudrait peut-être cinq ans pour fermer le bloc, bien au-delà des délais fixés par le tribunal.

En mai 2024, le président Daniel Noboa a créé un comité chargé de planifier la fermeture ; mais ce comité a été critiqué en raison de l’exclusion de représentants de la société civile et de communautés autochtones. Plus d'un an plus tard, le gouvernement n'a toujours pas élaboré de plan concret pour la fermeture des puits toujours opérationnels dans le bloc ITT.

La Cour interaméricaine des droits de l'homme a récemment confirmé que les gouvernements du continent doivent fixer des objectifs assortis de délais visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant de combustibles fossiles, et la protection de la forêt amazonienne.

L'Équateur devrait mettre fin à l'extraction de pétrole dans le bloc ITT, et adopter et mettre en œuvre un plan accéléré et respectueux des droits pour fermer les puits. Le gouvernement devrait également garantir la représentation et la participation des peuples autochtones au sein du comité créé pour planifier cette fermeture.

Les dirigeants régionaux se réuniront prochainement en Colombie, le 22 août, lors du 5ème Sommet de l'Organisation du Traité de coopération amazonienne (OTCA), afin de s'engager à renforcer la protection des forêts tropicales dans le cadre des négociations mondiales sur le climat. Les chefs d'État, dont le président équatorien, devraient s'engager à mettre en œuvre des mesures similaires dans toute l'Amazonie afin de protéger les peuples autochtones et les écosystèmes essentiels, contre les risques liés aux combustibles fossiles.

« L'Équateur a clairement l'obligation de commencer à éliminer progressivement les combustibles fossiles afin de respecter la volonté de ses citoyens, les décisions des tribunaux et les droits humains des communautés concernées », a conclu Richard Pearshouse. « Le gouvernement devrait enfin agir conformément aux résultats du référendum de 2023, en fermant les puits du bloc ITT. »

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20.08.2025 à 06:00

RD Congo : Le M23 a commis des massacres près du parc national des Virunga

Human Rights Watch

Click to expand Image Une photo aérienne de la rivière Rutshuru, qui passe dans le parc national des Virunga, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 1 avril 2022. © 2022 Alexis Huguet/AFP via Getty Images Le groupe armé M23, contrôlé par le Rwanda, a exécuté sommairement plus de 140 civils en juillet 2025, majoritairement des hutus, dans au moins 14 villages et petites communautés agricoles dans l’est de la République démocratique du Congo.Ces massacres semblent faire partie d’une campagne militaire contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé composé principalement de Hutus rwandais formé par des personnes ayant pris part au génocide de 1994 au Rwanda, et contre d’autres groupes armés rivaux.Le Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que les gouvernements devraient imposer de nouvelles sanctions aux responsables d’abus graves, veiller à ce que les commandants impliqués dans des crimes de guerre soient traduits en justice, et assurer que les enquêtes de l’ONU sur les atrocités se poursuivent.

(Nairobi) – Le groupe armé M23, contrôlé par le Rwanda, a exécuté sommairement plus de 140 civils, majoritairement hutus, dans au moins 14 villages et petites communautés agricoles en juillet 2025 près du parc national des Virunga, dans l’est de la République démocratique du Congo, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. D’après des informations crédibles, le nombre de personnes tuées sur le territoire de Rutshuru depuis juillet pourrait dépasser les 300 victimes, représentant une des pires atrocités commises par le M23 depuis sa résurgence fin 2021.

Entre le 10 et le 30 juillet, des combattants du M23 ont sommairement exécuté des habitants et des agriculteurs locaux, y compris des femmes et des enfants, dans leurs villages, leurs champs et près de la rivière Rutshuru dans le groupement de Binza au sein du territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu. Des témoignages, des sources militaires et l’ONU indiquent que l’armée rwandaise – les Forces rwandaises de défense (Rwanda Defence Force, RDF) – étaient aussi impliquées dans les opérations du M23.

« Le groupe armé M23, qui bénéficie de l’appui du gouvernement rwandais, a attaqué plus d’une dizaine de villages et de zones agricoles en juillet et a perpétré des dizaines d’exécutions sommaires de civils principalement hutus », a déclaré Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur la région des Grands Lacs à Human Rights Watch. « À moins que les responsables de ces crimes de guerre, y compris aux plus hauts niveaux, ne fassent l’objet d’enquêtes appropriées et soient sanctionnés, ces atrocités ne feront que s’intensifier. »

Entre la mi-juillet et la mi-août, Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques avec 36 personnes, dont 25 témoins, ainsi que des activistes locaux, des travailleurs médicaux, des sources militaires, du personnel des Nations Unies et d’autres sources informées. Human Rights Watch a analysé des vidéos et des photographies pertinentes, consulté des médecins légistes et corroboré les témoignages à l’aide de cartes et d’images satellite.

Human Rights Watch a établi une liste de 141 personnes qui ont été tuées ou qui sont portées disparues et dont il est à craindre qu’elles ne soient mortes. Le 6 août, le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a rapporté qu’« au moins 319 civils ont été tués par le M23, soutenu par des membres des [Forces rwandaises de défense], entre le 9 et le 21 juillet dans quatre villages de Rutshuru ». Ce chiffre confirme les informations que Human Rights Watch a reçues d’autres sources. Human Rights Watch a également reçu des informations selon lesquelles le M23 a exécuté 41 autres civils entre le 30 juillet et le 8 août dans le groupement de Binza, mais cela n’a pas pu être vérifié de manière indépendante.

Human Rights Watch a écrit aux autorités rwandaises le 7 août et à Bertrand Bisimwa, le chef du M23, le 8 août pour demander des informations sur les meurtres, mais n’a reçu aucune réponse. L’Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition politico-militaire qui inclut le M23, a rejeté le 7 août les allégations de l’ONU. Le 11 août, le gouvernement rwandais a nié les allégations de l’ONU selon lesquelles l’armée rwandaise était impliquée dans les opérations et a affirmé qu’un groupe armé rival du M23 avait perpétré les meurtres.

Human Rights Watch a documenté ou obtenu des informations crédibles sur des meurtres survenus en juillet dans les localités de Busesa, Kakoro, Kafuru, Kasave, Katanga, Katemba, Katwiguru, Kihito, Kiseguru, Kongo, Lubumbashi, Nyamilima, Nyabanira et Rubare. Ces zones étaient alors sous le contrôle du M23, et plusieurs commandants du M23 ont été identifiés dans certains lieux.

Click to expand Image Carte de la zone du territoire de Rutshuru, dans l’est de la République démocratique du Congo, où les massacres ont eu lieu. Graphique   © 2025 Human Rights Watch

Des témoins d’attaques ont expliqué que les combattants du M23 leur ont ordonné d’enterrer immédiatement les corps dans les champs ou de les laisser sans sépulture, privant les familles de la possibilité d’organiser des funérailles. Les combattants du M23 ont également jeté des corps, y compris de femmes et d’enfants, dans la rivière Rutshuru.

Ces massacres semblent faire partie d’une campagne militaire contre des groupes armés rivaux, en particulier les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé rwandais à majorité hutue, créé par des personnes ayant pris part au génocide de 1994 au Rwanda.

Dans les cas de meurtres signalés à Human Rights Watch, la plupart des victimes appartenaient à l’ethnie hutue et, dans une moindre mesure, à l’ethnie nande. Le fait que le M23 cible des civils hutus vivant à proximité des bastions des FDLR soulève de graves préoccupations de nettoyage ethnique dans le territoire de Rutshuru, a indiqué Human Rights Watch.

Les recherches de Human Rights Watch indiquent que les opérations militaires du M23 ont été menées par le 1er Bataillon de la 1re Brigade, commandé par le colonel Samuel Mushagara et le général de brigade Baudoin Ngaruye, respectivement. Le général Baudoin Ngaruye fait l’objet de sanctions de l’ONU pour son rôle dans les crimes de guerre commis par le M23. Les habitants ont également décrit la participation des forces militaires rwandaises dans l’opération du M23, identifiant les soldats rwandais grâce à leurs uniformes et leurs accents. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et des sources militaires ont confirmé l’implication de l’armée rwandaise dans les opérations.

Le gouvernement rwandais, qui contrôle de facto le territoire occupé par le M23, devrait permettre aux experts médico-légaux internationaux indépendants et de l’ONU de préserver et d’analyser les preuves de crimes de guerre, y compris le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et la Commission d’enquête indépendente sur la RD Congo, une fois que celle-ci sera opérationnelle.

Le Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union européenne et les gouvernements devraient condamner ces abus graves, imposer de nouvelles sanctions aux responsables d’abus et faire pression pour que les commandants impliqués dans des crimes de guerre soient arrêtés et traduits en justice. Les gouvernements bailleurs de fonds qui fournissent une assistance militaire au Rwanda devraient revoir de toute urgence leurs programmes pour s’assurer que leur aide ne soutient pas les violations.

Les meurtres dans le territoire de Rutshuru ont été commis quelques semaines après un accord préliminaire dans le cadre de l’accord de paix négocié par les États-Unis et signé le 27 juin entre la RD Congo et le Rwanda, qui exige que la RD Congo mette en œuvre un plan pour « neutraliser » les FDLR pendant que le Rwanda se retire du territoire congolais. Cet accord exige aussi des parties au conflit de protéger les civils, y compris en facilitant la liberté de mouvement de la mission de maintien de la paix de l’ONU, autrement connue sous le nom de MONUSCO. Le mécanisme conjoint de coordination de la sécurité de l’accord devrait veiller à ce que les crimes commis lors de toute opération menée contre les FDLR fassent l’objet d’enquêtes crédibles, a déclaré Human Rights Watch.

« Les massacres perpétrés par le M23, soutenu par le Rwanda, mettent en lumière les écarts qui existent entre la rhétorique sur la scène internationale et la réalité pour les civils dans l’est de la RD Congo », a conclu Clémentine de Montjoye. « Les gouvernements qui concluent des accords de paix restent soumis au droit de la guerre, et les personnes responsables de crimes de guerre devraient encore faire l’objet d’enquêtes approfondies et être traduites en justice. »

Témoignages et contexte du droit international

Allégations de massacres perpétrés par le M23

Les meurtres commis par le M23 qui ont débuté autour du 10 juillet auraient commencé dans des champs au nord et au sud de la route qui traverse Kiseguru et Katwiguru dans le territoire de Rutshuru. Des témoins et des habitants ont déclaré que des combattants du M23 ont encerclé et bloqué toutes les routes dans le secteur pour empêcher les personnes de partir. Après le 14 juillet, des témoins ont raconté que le M23 a exécuté sommairement des personnes à Nyamilima, à 25 kilomètres de Kiseguru. Human Rights Watch a documenté des exécutions perpétrées par le M23 jusqu’au 30 juillet à Nyabanira, ciblant notamment des personnes venues chercher ou enterrer leurs proches ou chercher de la nourriture dans leurs champs.

Human Rights Watch a analysé 21 photographies et vidéos envoyées directement aux chercheurs qui montraient les corps des victimes. En raison du manque de métadonnées dans les fichiers, Human Rights Watch n’a pas été en mesure de confirmer avec exactitude les lieux, dates ou heures d’enregistrement de ces images. L’identité de certaines victimes a cependant été confirmée par les récits de témoins.

Les images correspondent fortement à des exécutions à la machette et par balles, d’après le Groupe d’experts médico-légaux indépendants (Independent Forensic Expert Group, IFEG) du Conseil international de réhabilitation des victimes de torture (International Rehabilitation Council for Torture Victims).

Dans sa déclaration du 7 août, l’AFC/M23 a affirmé que certaines des localités où l’ONU a signalé des meurtres – certains corroborés par les recherches de Human Rights Watch – se trouvent principalement dans le parc national des Virunga où les terres agricoles « n’existent pas ». Cette tentative de discréditer les allégations de l’ONU concernant les meurtres d’agriculteurs par le M23 dans ces zones ne reflète pas les faits : les images satellite et les témoignages indiquent que ces zones sont utilisées comme terres agricoles depuis des années.

Click to expand Image Dans sa déclaration du 7 août 2025, l’AFC/M23 a affirmé que « Kanyakiri, Kigaligali, Dubai, Katanga, Lubumbashi, Kasave, Kakoro et Busesa se situent majoritairement à l’intérieur du parc national des Virunga, une aire protégée où toute activité agricole est strictement interdite. Comment des agriculteurs auraient-ils pu être massacrés dans des champs qui n’existent pas ? » Même si la plupart des villages se trouvent à l’intérieur du périmètre du parc, les images satellites du 2 juillet 2025 montrent que ces zones étaient cultivées à l’époque, la zone protégée et boisée ne commençant effectivement qu’à l’ouest de la rivière Rutshuru. Des images antérieures attestent la présence de champs depuis au moins 2015. Image  © 2025 Planet Labs PBC.

Récits de témoins

Trois agriculteurs ont indiqué que les attaques sur leurs champs et la forêt voisine ont commencé le 10 ou le 11 juillet. « Je suis parti pour cacher des outils, mais quand je suis revenu chercher ma famille, j’ai vu que le M23 était avec eux », a raconté un agriculteur qui vivait dans un champ près de Kiseguru. « Je pouvais les voir [les membres de sa famille] de loin … ils ont tous été abattus. » Sa femme et leurs trois enfants – âgés de 9 mois à 10 ans – ont été tués devant lui.

Un autre homme a raconté que cinq membres de sa famille ont été tués à Katanga, à environ 12 kilomètres au nord-ouest de Kiseguru. « Nous nous sommes réveillés le 11 juillet et [le M23] était là en grand nombre.... [I]ls étaient déjà à notre porte.… [I]ls ont tué des gens avec des fusils et des machettes. »

Des villageois ont décrit avoir retrouvé les corps d’un homme de 47 ans et de ses quatre enfants, âgés de 11 à 17 ans, dans un champ à environ 18 kilomètres de Kiseguru le 11 juillet. « Nous l’avons trouvé dans son champ avec la tête coupée », a déclaré un homme qui a découvert et enterré les corps. « Ils ont tous été tués avec des machettes. Ils avaient la gorge tranchée. »

Un homme dont la femme et les deux enfants, âgés de 14 et 21 ans, ont été tués a déclaré avoir vu le M23 emmener sa famille depuis leur champ à Katanga le 10 juillet avec deux autres femmes et un enfant. Un témoin lui a dit plus tard qu’il avait vu le M23 les exécuter au confluent des rivières Rutshuru (également appelée Kitchuru) et Ivi (également appelée Rive), à environ 10 kilomètres au nord.

Une femme qui a vu des combattants du M23 tuer son mari à la machette le 11 juillet a décrit que, ce jour-là, le M23 avait rassemblé les femmes et les enfants. « Vers 10 heures du matin, nous avons été forcés de marcher vers l’endroit où nos vies allaient se terminer », a-t-elle raconté. « Nous marchions en silence. Si un enfant se mettait à pleurer, ils menaçaient de le tuer. Ils tuaient avec des couteaux. » Elle a précisé que le groupe comptait environ 70 personnes, y compris des femmes et des filles : « Nous avons marché toute la journée jusqu’à ce que nous atteignions le confluent des rivières Kitchuru [Rutshuru] et Rive [Ivi] le soir.… Ils nous ont ordonné de nous asseoir au bord de la rivière, et ils ont commencé à nous tirer dessus. » Elle a indiqué que les exécutions ont eu lieu près de Kafuru, et a identifié 47 personnes, dont des enfants, qui ont été tués. Elle a pu s’échapper parce qu’elle est tombée dans la rivière sans être touchée par une balle. Human Rights Watch a reçu des informations indiquant que le M23 avait commis des massacres à proximité de la rivière Rutshuru pendant plusieurs jours.

Des habitants et des témoins ont déclaré que le M23 avait continué à exécuter des personnes au moins jusqu’au 30 juillet.

Une femme a affirmé qu’un de ses proches figurait parmi les morts sur une photographie, analysée par Human Rights Watch, qui montrait six cadavres :

« Il était de Nyabanira et a fui jusqu’ici à Kiwanja, mais comme la vie est difficile ici, nous devons retourner dans nos champs à Nyabanira pour trouver de la nourriture. Lorsqu’on a de la chance, on en revient, lorsqu’on n’a pas de chance, on tombe sur le M23 et c’est la fin, c’est la mort. Mon [proche] est allé chercher de la nourriture le 30 juillet et n’est jamais revenu.… Une personne qui a vu son corps est venue nous le dire et nous a donné son chapeau. Nous l’avons reconnu sur la photo avec cinq autres hommes. »

Human Rights Watch a confirmé de manière indépendante les identités de quatre hommes sur la photo. Le Groupe d’experts médico-légaux indépendants ont analysé la photo et a conclu que des liens visibles aux mains ont été utilisés sur trois des hommes, tandis qu’un quatrième avait très probablement les mains liées dans le dos. Le groupe a confirmé que tous avaient des blessures compatibles avec des plaies par balles.

Plusieurs civils, dont le nombre exact est indéterminé, ont également été blessés dans les attaques. Trois sources médicales ont indiqué que des blessés, dont un enfant de 22 mois, ont été emmenés dans des établissements médicaux à proximité pour y être soignés. Ils présentaient des blessures par balles ou par machette.

Opérations anti-FDLR

Le secteur où les opérations militaires du M23 ont eu lieu jouxte le parc national des Virunga et les zones où les FDLR opèrent depuis des décennies. Depuis des années, les civils sont pris entre au milieu du conflit du fait des combats entre les forces gouvernementales congolaises et des groupes armés tels que les FDLR.

De nombreux agriculteurs tués dans les opérations de juillet étaient soit des habitants locaux, soit des travailleurs migrants qui avaient quitté des villages et des villes plus éloignés, tels que Tongo et Kanyabayonga, pour travailler dans la vallée fertile en bordure du parc. Certains vivaient dans les champs, où ils travaillaient avec toute leur famille.

Human Rights Watch a été informé par des habitants et par une source indépendante que le M23 avait interdit par intermittence l’accès aux terres agricoles parce qu’ils y menaient des opérations anti-FDLR, y compris le 10 juillet, et avait ordonné à la population de se rendre dans des centres urbains. Trois habitants ont expliqué qu’en juin, un commandant du M23, le colonel Claude Imani, avait donné aux agriculteurs l’autorisation de travailler à nouveau dans les champs.

Les images satellite confirment que la zone était à nouveau cultivée après le début du mois de juin, car de nombreux nouveaux défrichements sont visibles dans des champs précédemment envahis par la végétation. Les agriculteurs interviewés ont affirmé qu’ils ont dû payer chacun une taxe unique de 10 USD au M23 pour être autorisés à travailler à nouveau dans les champs.

« Ils sont toujours dans nos champs, ils disent qu’ils poursuivent les FDLR », a raconté un homme dont la femme et les deux enfants ont été tués le 11 juillet. « C’est pourquoi ils ont laissé les corps des hommes dans les champs, mais ils ont emmené les femmes et les enfants pour les tuer près de la rivière. »

Human Rights Watch a reçu des informations crédibles indiquant qu’il y a eu des combats entre le M23, les FDLR et d’autres groupes armés dans le secteur avant et au moment des exécutions sommaires. Une faction dissidente des FDLR, le RUD-Urunana rwandais (Rassemblement pour l’Unité et la Démocratie), contrôle certaines zones limitrophes du parc national des Virunga, y compris au sein de la chefferie de Bwisha, qui inclue le groupement de Binza, et possède une base près du confluent des rivières Ivi et Rutshuru.

Le 11 août, le ministre rwandais des Affaires étrangères, dans un message publié sur X, a imputé les meurtres aux combattants du Collectif des mouvements pour le changement (CMC)-Nyatura, un groupe armé hutu opposé au M23. Cependant, des témoins et des habitants ont raconté à Human Rights Watch que les combattants des FDLR et du CMC-Nyatura étaient rarement vus dans les villages depuis que le M23 a pris le contrôle de la zone en août 2024, et toutes les personnes interviewées ont attribué les meurtres au M23.

Le 30 juillet, des responsables du M23 ont annoncé par haut-parleurs à Ishasha que ceux qui étaient récemment arrivés devaient se présenter à l’administration. Cela incluait les personnes qui avaient fui les massacres dans les zones voisines, selon deux sources locales. Des hommes de moins de 45 ans ont été arrêtés et transférés vers un bâtiment près de la frontière avec l’Ouganda, où ils auraient été battus, et, le lendemain, ont été chargés dans des camions. Une source faisant partie du groupe a déclaré que le M23 leur a dit qu’ils ne voulaient pas qu’ils fuient leurs villages pour venir à Ishasha et les accusait de soutenir les FDLR, l’armée congolaise ou la coalition de groupes armés Wazalendo soutenue par le gouvernement congolais.

Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le 1er août, que Human Rights Watch a géolocalisée et vérifiée, montre des dizaines d’hommes contraints de marcher le long de la route principale à Ishasha en direction de la partie nord de la ville où se trouve le poste frontalier. Quelques-uns de ces hommes au moins ont été libérés par la suite.

Le M23 accuse régulièrement des opposants présumés, souvent sans preuve, de collaborer avec les FDLR, d’autres groupes armés ou l’armée congolaise. Human Rights Watch a documenté l’exécution le 7 juillet à Katwiguru d’un pasteur par le M23, qui l’accusait de collaborer avec les Wazalendo.

En mai, le M23 a rassemblé et arrêté des personnes à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, et dans les zones environnantes, les accusant de soutenir les forces rivales. Le M23 a conduit certaines de ces personnes vers des lieux inconnus. Certaines des personnes arrêtées étaient originaires de Karenga, dans le territoire de Masisi, qui est également considéré comme un bastion des FDLR.

Droit international

Toutes les parties au conflit armé dans l’est de la RD Congo, y compris les groupes armés non étatiques, sont soumises au droit international humanitaire, qui interdit les attaques contre les civils, les exécutions sommaires, la torture, les déplacements forcés, le pillage et autres exactions.

Bien que le « nettoyage ethnique » ne soit pas formellement défini par le droit international, une commission d’experts des Nations Unies a défini le terme comme une « politique délibérée conçue par un groupe ethnique ou religieux visant à faire disparaître, par le recours à la violence et à la terreur, des populations civiles appartenant à une communauté ethnique ou religieuse distincte de certaines zones géographiques ».

Les individus qui commettent des violations graves du droit de la guerre avec une intention criminelle se rendent coupables de crimes de guerre. Les commandants qui avaient connaissance ou auraient dû avoir connaissance de violations graves commises par leurs forces et qui n’ont pas pris les mesures appropriées peuvent être poursuivis au titre de la responsabilité de commandement.

Les crimes de guerre et autres crimes d’atrocité relèvent de la compétence universelle, qui permet à d’autres pays de les juger indépendamment du lieu où les crimes ont été commis ou de la nationalité des victimes et des auteurs.

En octobre 2024, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé que son bureau allait réactiver ses enquêtes en RD Congo en accordant la priorité aux crimes commis dans la province du Nord-Kivu depuis janvier 2022. L’enquête de la CPI devrait inclure les exécutions sommaires de civils par le M23 et les autres abus graves commis dans l’est de la RD Congo, a déclaré Human Rights Watch.

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Articles

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Septembre 2025

TV5Monde 

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https://x.com/hrw_fr/status/1963599460359180599

18.08.2025 à 09:00

États-Unis : Recours excessif à la force contre des manifestants à Los Angeles

Human Rights Watch

Click to expand Image Des agents du département de police de Los Angeles tirent des projectiles à impact cinétique sur des manifestants devant l'hôtel de ville à Los Angeles, en Californie, le 8 juin 2025. © 2025 Apu Gomes/Getty Images Les forces de l’ordre ont répondu aux manifestations qui se sont déroulées entre le 6 et le 14 juin contre les raids d’immigrants à Los Angeles et dans ses environs en faisant usage d’une force excessive et d’une brutalité délibérée.La réponse agressive des forces de l’ordre aux niveaux local, étatique et fédéral à ces manifestations a été de violemment réprimer le droit du public à exprimer son indignation et celui des médias à informer en toute sécurité.Toutes les agences chargées du maintien de l’ordre qui ont été impliquées dans ces événements devraient respecter le droit de manifester et s’assurer que les responsables d’abus répondent de leurs actes.

(Los Angeles, 18 août 2025) – Les forces de l’ordre ont répondu aux manifestations qui se sont déroulées entre le 6 et le 14 juin 2025 contre les raids d’immigrants en Californie, à Los Angeles et dans ses environs, en faisant usage d’une force excessive et en faisant preuve d’une brutalité délibérée, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. 

Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes, des billes au poivre, des balles en mousse dure et des grenades assourdissantes directement sur des manifestants, journalistes et d’autres observateurs, souvent à bout portant et fréquemment sans avoir été provoqués, et sans donner d’avertissement suffisant. Des dizaines de personnes ont été blessées et souffrent de contusions et graves lacérations, de fractures, de commotions cérébrales, d’une amputation du doigt et de lésions oculaires graves.

« Les raids généralisés contre les immigrants ont terrorisé les communautés de Los Angeles et poussé des milliers de personnes à descendre dans les rues pour manifester », a déclaré Ida Sawyer, directrice de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « La réponse agressive des forces de l’ordre aux niveaux local, étatique et fédéral à ces manifestations a été de violemment réprimer le droit du public à exprimer son indignation et celui des médias à informer en toute sécurité. » 

Les manifestations ont été déclenchées par une escalade spectaculaire du nombre de raids contre les immigrants à Los Angeles et dans ses environs, après que l’administration Trump a ordonné à l’agence chargée de l’immigration et des douanes (Immigration and Customs Enforcement, ICE) d’augmenter le nombre d’arrestations quotidiennes d’immigrants sans papiers. Des agents fédéraux lourdement armés ont fait irruption dans des magasins, des entrepôts, des hôtels, des restaurants, des fermes, des stations de lavage de voitures, des stands de tacos et d’autres lieux de travail, et ont arrêté ceux qu’ils soupçonnaient d’être sans papiers dans le but de les expulser.

Human Rights Watch a observé les manifestations, s’est rendu sur les lieux des raids menés par l’ICE à Los Angeles et dans ses environs du 10 au 14 juin et a interrogé 39 personnes, parmi lesquels des manifestants, des journalistes, des observateurs spécialistes des questions juridiques, des secouristes bénévoles, des défenseurs des droits des immigrants et des organisateurs, ainsi que d’autres personnes touchées par ces raids. Les chercheurs ont analysé plusieurs poursuites judiciaires, des documents de la Los Angeles Press Club, des informations publiées dans les médias, ainsi que des photos et vidéos enregistrées pendant les manifestations et publiées sur les réseaux sociaux ou partagées directement avec les chercheurs. 

Human Rights Watch a recensé 65 cas dans lesquels les agents des forces de l’ordre de diverses unités locales, étatiques et fédérales ont blessé des manifestants, des journalistes et d’autres observateurs, bien que leur nombre réel soit probablement beaucoup plus élevé. Au cours des trois semaines qui ont suivi le 6 juin, plus de 280 personnes ont contacté l’American Civil Liberties Union (ACLU) de Californie du Sud, et ont pour la plupart signalé avoir été blessées par des agents des forces de l’ordre alors qu’elles participaient à des manifestations.

Les premières manifestations importantes ont commencé le 6 juin, quand des agents de l’ICE ont fait des descentes dans plusieurs endroits, dont deux usines d’Ambiance Apparel dans le Fashion District à Los Angeles. Le 7 juin, une altercation entre un groupe de manifestants et des agents fédéraux armés et des adjoints du département du shérif de Los Angeles (LASD) a eu lieu dans la banlieue de Paramount, en face d’un magasin Home Depot juste à côté d’un complexe de bureaux où une descente était prévue. 

Dans une directive publiée le 7 juin, le président américain Donald Trump a déclaré que les manifestations de Los Angeles « constituaient une forme de rébellion contre l’autorité du gouvernement des États-Unis », a fait appel à la Garde nationale et a autorisé le déploiement de « tout autre membre des forces armées régulières si nécessaire ». Le 9 juin, l’administration a mobilisé 700 marines en service actif qui ont rejoint plusieurs milliers de soldats de la Garde nationale, dont la mission principale est de garder les bâtiments fédéraux. Des responsables locaux et étatiques se sont opposés aux mesures prises par Trump, alors même que la police locale avait agi de manière agressive pour mettre fin aux manifestations. 

À partir du 6 juin et jusqu’au 14 juin au moins, les manifestants se sont rassemblés tous les jours devant le Metropolitan Detention Center, où des agents détenaient de nombreuses personnes sans papiers. Les manifestants ont également défilé devant d’autres bâtiments du gouvernement dans les environs du centre-ville de Los Angeles.

Human Rights Watch a maintes fois été témoin et documenté des cas où des agents des forces de l’ordre ont obligé des manifestants à quitter certaines zones, souvent sans justification apparente et sans donner d’ordres ou d’avertissements clairs et audibles. Des policiers ont fréquemment pointé et fait usage de dispositifs de lancement de projectiles « moins létaux » directement contre des manifestants, parfois à bout portant, notamment en tirant des gaz lacrymogènes, des billes au poivre, des balles en mousse dure et des grenades assourdissantes. Ces armes, bien que moins mortelles que les balles, peuvent causer des blessures graves et être parfois mortelles. 

Human Rights Watch a documenté 39 cas de journalistes blessés par les forces de l’ordre, dont la plupart tenaient des caméras et portaient des badges identifiant clairement leur appartenance à la presse. Plusieurs d’entre eux semblent avoir été délibérément pris pour cible. Le 8 juin, un policier a tiré un projectile à impact cinétique directement sur Lauren Tomasi, une journaliste australienne de 9News, alors qu'elle faisait un reportage en direct à la télévision depuis le centre-ville de Los Angeles, lui laissant une contusion à la jambe.

Nick Stern Click to expand Image Photojournalist Nick Stern’s wound and the canister that was lodged in his leg. © 2025 Nick Stern

A deputy from the Los Angeles Sheriff’s Department fired a flash-bang device directly at British photojournalist Nick Stern, as he was covering the protest in Paramount and neighboring Compton, on June 7, 2025. Doctors later performed surgery to remove a three-inch canister from Stern’s leg, which had left a gaping hole that exposed muscle tissue.

Ryanne Mena Click to expand Image © 2025 Ryanne Mena

Los Angeles Daily News reporter Ryanne Mena was hit with kinetic impact projectiles fired by Department of Homeland Security officers twice, first in her leg on June 6 in downtown Los Angeles, and then to her head in Paramount on June 7, giving her a concussion.

Jeremy Cuenca Click to expand Image © 2025 Jeremy Cuenca

Police officers fired kinetic impact projectiles at journalist Jeremy Cuenca in downtown Los Angeles in the early afternoon on June 8, at close range, nearly severing the top of his little finger, damaging his camera, and leaving a large bruise on his inner thigh. Cuenca was in surgery for four hours later that day, as doctors worked to reattach his finger

Marshall Woodruff Click to expand Image © 2025 Marshall Woodruff

On June 14 in downtown Los Angeles, police officers fired less lethal projectiles at Marshall Woodruff, a filmmaker and photographer documenting police conduct during the protests, hitting him in the face and arm. The injuries caused a fracture to his face, serious bruising on his arm, and severe eye damage. Two months later, Woodruff remains unable to see out of his right eye.

Lauren Tomasi

On June 8, a police officer fired a kinetic impact projectile directly at Lauren Tomasi, an Australian journalist from 9News, while she was reporting live on television from downtown Los Angeles, leaving a bruise on her leg. 

Le 9 juin, un policier du Département de la police de Los Angeles (LAPD) a tiré à bout portant sur trois personnes, toutes connues pour leur engagement dans la lutte contre l’impunité policière, à l’aide de projectiles à impact cinétique (en mousse dure), causant à chacune d’entre elles de graves douleurs pendant plusieurs jours, selon deux de ces activistes et des vidéos examinées par Human Rights Watch. Avant de tirer sur l’un d’entre eux à l’aine, le policier a déclaré : « Je vais te tirer dessus parce que tu m’empêches de me concentrer. » 

Un secouriste bénévole, qui a lui-même été hospitalisé après avoir été blessé par un projectile en mousse dure qui lui a causé une blessure profonde et béante, a déclaré avoir passé plusieurs heures dans le centre-ville de Los Angeles le 14 juin pour venir en aide à des personnes qui demandaient de l’aide. Parmi elles se trouvaient des manifestants touchés par des projectiles et saignant au niveau de la tête ou du visage, l’un d’entre eux avec une jambe cassée, et d’autres ayant des difficultés à voir ou à entendre à cause des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes. 

Quelques actes de violence contre la police, ainsi que des destructions de biens, ont été commis par des manifestants, principalement au début des manifestations. Human Rights Watch a constaté que la plupart des actes de violence perpétrés par des manifestants ont eu lieu à la suite d’actes de violence des forces de l’ordre, et que seule une minorité de manifestants s’était livrée à des actes de destruction. Dans la mesure où certains individus se sont livrés à des actes violents ou destructeurs, les forces de l’ordre n’ont pas limité leurs ripostes agressives à ces individus.

Human Rights Watch a établi que les forces de l’ordre avaient clairement violé le droit international relatif aux droits humains. Ces conclusions ont aussi des implications quant à la protection des droits civils garantie par la Constitution des États-Unis, ainsi qu’à deux lois récemment amendées de l’État de Californie, qui imposent des limites sévères quant aux circonstances et aux modalités dans lesquelles les forces de l’ordre peuvent recourir à la force pour disperser des manifestations et qui prévoient des mesures de protection pour les journalistes qui couvrent ces manifestations. 

Le 31 juillet, Human Rights Watch a écrit au département de la Sécurité intérieure (Department of Homeland Security, DHS), au LAPD et au LASD, mais n’a pas reçu de réponse. 

Dans une déclaration du 23 juin, le chef de la police de Los Angeles, Jim McDonnell, a déclaré que le LAPD procéderait à une « évaluation complète de chaque incident impliquant l’usage de la force » et prendrait des mesures à l’encontre de tout policier « qui n’aurait pas respecté » les normes établies du LAPD. Bien qu’il ait déclaré que les manifestations avaient « le plus souvent été marquées par des formes d’expression pacifiques », il a ajouté qu’elles avaient parfois été « détournées par des actes de violence, de vandalisme et d’agression criminelle » et que « les policiers étaient en droit de prendre des mesures rapides et mesurées pour prévenir d’autres dommages et rétablir la sécurité publique ».

Des journalistes, des manifestants et des observateurs spécialisés dans les question juridiques ont introduit plusieurs actions en justice contre la ville et le comté de Los Angeles et contre le DHS pour les dommages causés pendant ces manifestations. Plusieurs poursuites pour des abus commis par le passé par les forces de l’ordre lors de manifestations à Los Angeles ont coûté des millions de dollars de dommages et intérêts aux contribuables, mais n’ont abouti qu’à un nombre limité, voire à aucune condamnation établissant les responsabilités des agences et hauts responsables impliqués dans ces abus, pas plus qu’à des changements dans les méthodes utilisées par les forces de l’ordre.

« Les forces de l’ordre de Los Angeles ont fait usage d’une force brutale, excessive et inutile contre des personnes qui défendaient les droits humains et celles qui couvraient les manifestations pour les médias », a conclu Ida Sawyer. « Toutes les agences chargées du maintien de l’ordre impliquées dans ces événements devraient respecter le droit à la liberté d’expression et de manifestation, protéger les journalistes et veiller à ce que les responsables des abus rendent des comptes. » 

Suite détaillée en anglais : en ligne ici.

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Articles

Le Figaro  L’Humanité  Mediapart/AFP 

18.08.2025 à 06:00

Sénégal : Des familles déplacées à l’intérieur du pays par les inondations dans l’incertitude

Human Rights Watch

Click to expand Image Des pêcheurs travaillant à Saint-Louis, ville portuaire située à environ 250 kilomètres au nord de la capitale du Sénégal, Dakar, le 8 janvier 2025. © 2025 Andres Gutierrez/Anadolu via Getty Images  Depuis neuf ans, à Khar Yalla, les autorités ont abandonné de fait les familles sénégalaises déplacées à l’intérieur du pays par les inondations côtières depuis la péninsule de la Langue de Barbarie, violant ainsi leurs droits à un niveau de vie suffisant, à l’éducation, à la santé et de prendre part librement à la vie culturelle.Les autorités sénégalaises n’ont pas inclus ces familles dans un projet de réinstallation planifiée, financé par la Banque mondiale, pour d’autres familles des mêmes communautés touchées par les inondations côtières.Le Sénégal devrait relocaliser d’urgence les familles de Khar Yalla vers un site où leurs droits pourront être respectés, améliorer leurs conditions de vie dans l’intervalle, et élaborer une politique nationale visant à garantir les droits lors de futures réinstallations planifiées liées au climat.

(Johannesbourg, le 18 août 2025) – Des Sénégalais déplacés par les raz-de-marée que le changement climatique aggrave et rend plus fréquents subissent des violations continues de leurs droits humains, sans aucune solution durable en vue, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

18 août 2025 « En attendant Dieu »

Ce rapport de 77 pages, intitulé « ‘En attendant Dieu’ : Déplacements dus aux inondations et réinstallation planifiée de pêcheurs à Saint-Louis, au Sénégal » , concerne des familles qui ont tout perdu lorsque les inondations côtières ont frappé leurs communautés historiques de pêcheurs de la péninsule de la Langue de Barbarie en 2015 et 2016. Elles ont été déplacées vers un site appelé Khar Yalla, que les autorités sénégalaises reconnaissent comme impropre à l'habitation permanente. Par leur inaction, les autorités ont violé leurs droits économiques, sociaux et culturels, et les ont exclues d'une réinstallation planifiée liée au climat, qui a bénéficié à d'autres membres de leurs communautés.

« L'expérience de Khar Yalla montre qu'une planification inadéquate des réinstallations liées au climat peut entraîner des déplacements prolongés, au lieu de solutions durables », a déclaré Erica Bower, chercheuse sur les déplacements liés au changement climatique à Human Rights Watch. « Le Sénégal devrait remédier de toute urgence aux violations des droits à Khar Yalla et élaborer une politique qui garantisse que les futures communautés déplacées par le climat reçoivent un soutien adéquat, notamment une réinstallation planifiée respectueuse des droits. »

Human Rights Watch a mené des entretiens auprès de plus de 100 personnes, dont des personnes déplacées, des responsables gouvernementaux et des experts, et a analysé des images satellite, des publications universitaires ainsi que des documents du gouvernement sénégalais, de la Banque mondiale, d'agences des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales.

Les quelque 1 000 personnes qui vivent à Khar Yalla, à l'extérieur du centre-ville de Saint-Louis, sont issues de communautés centenaires de pêcheurs de la Langue de Barbarie, une zone fortement exposée aux conséquences de la crise climatique. Après avoir perdu leurs maisons lors des inondations côtières et avoir vécu plusieurs mois sous des tentes, les familles ont accepté le projet des autorités locales de les reloger temporairement à Khar Yalla, fin 2016.

Les autorités leur avaient assuré que ce serait une solution de courte durée et leur ont accordé des permis temporaires pour occuper des maisons construites pour un autre projet de relogement destiné à d'autres ménages exposés aux inondations, qui n’avait pas abouti.

Cependant, les familles déplacées sont toujours à Khar Yalla, privées de services essentiels et vivant dans des conditions qui violent leur droit à un logement convenable. Il y a une promiscuité extrême, pas d’électricité et pas de système de traitement des déchets. Le site est situé en zone inondable ; pendant la saison des pluies, les eaux usées pénètrent dans les maisons et contaminent l'approvisionnement en eau.

L'incapacité du gouvernement à fournir les services essentiels à Khar Yalla ou à le connecter aux services d'autres régions a violé les droits des populations à l'éducation et à la santé. On estime qu'un tiers des enfants ne sont pas scolarisés ; un grand nombre de personnes ont dû renoncer aux soins de santé.

Les familles y sont également confrontées à des violations constantes de leur droits à un niveau de vie suffisant et de prendre part librement à la vie culturelle. Les revenus de la plupart des ménages ont été réduits à des niveaux inférieurs au seuil de pauvreté international pour un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure comme le Sénégal, et les gens ont du mal à nourrir leur famille. Les autorités ont échoué à combler ces lacunes.

Les membres de la communauté peinent à maintenir leurs moyens de subsistance liés à la pêche dans la Langue de Barbarie, à cinq kilomètres de là, compte tenu de la distance et du coût élevé des taxis et des bus privés. La perte des moyens de subsistance liés à la pêche a également des conséquences culturelles négatives. La pêche « c'est toute notre vie », a déclaré un homme âgé de Khar Yalla.

Les autorités ont également contrecarré les tentatives des dirigeants de Khar Yalla de reconvertir les personnes dans de nouvelles professions. « Nous n’avons aucun soutien de la part des autorités, et lorsque nous avons essayé de trouver notre propre solution, ils nous ont empêché de le faire », a déclaré une femme à Khar Yalla.

De plus, le gouvernement n'a pas inclus les familles de Khar Yalla dans le projet de relocalisation permanente, lié au climat, de 15 000 pêcheurs de la Langue de Barbarie vers un site à l'intérieur des terres appelé Djougop, mis en œuvre dans le cadre du Projet de Relèvement d’urgence et de Résilience de Saint-Louis, financé par la Banque mondiale.

Parmi les bénéficiaires figurent plus de 200 familles qui ont également été déplacées de la Langue de Barbarie par les inondations côtières, en 2017 et 2018, puis hébergées temporairement dans des tentes à Khar Yalla. La Banque mondiale et le gouvernement ont réinstallé ces familles à Djougop, après avoir déterminé que Khar Yalla n'était pas un site de réinstallation permanent approprié. Mais les familles déplacées en 2015 et 2016 ont été laissées pour compte.

Une réinstallation planifiée peut faciliter la mise en place d’une solution durable pour les personnes déplacées par les catastrophes climatiques, à condition qu'elle inclue les personnes en situation de déplacement prolongé et que le processus de planification respecte les normes relatives aux droits humains, notamment une consultation significative des personnes affectées. Aucun processus de ce type n'a été mis en place pour les familles qui ont été déplacées en 2015 et 2016.

« Nous nous demandons parfois si les autorités nous considèrent comme des êtres humains », a déclaré Khady Gueye, une dirigeante de la communauté de Khar Yalla. Les responsables gouvernementaux interrogés ont fait preuve d'une méconnaissance de Khar Yalla. Certains ont même nié que les familles aient été déplacées par les inondations.

Le gouvernement sénégalais est tenu, en vertu du droit national et international, de respecter et de réaliser les droits économiques, sociaux et culturels des personnes et de les protéger des risques raisonnablement prévisibles pour leurs droits, notamment les impacts du changement climatique tels que l'élévation du niveau de la mer.

Le Sénégal a investi davantage que de nombreux pays pour soutenir les communautés déplacées par le climat, mais a injustement laissé les familles de Khar Yalla à l'écart de ces mesures. « Pour atteindre son objectif de devenir un leader mondial en matière d'adaptation au changement climatique, le Sénégal doit mettre fin aux violations des droits humains à Khar Yalla et planifier l'avenir », a déclaré Fatoumata Kine Mbodji de Lumière Synergie pour le Développement.

Le Sénégal devrait ratifier la Convention de Kampala pour protéger les droits des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Il devrait également élaborer une politique sur la réinstallation planifiée liée au climat, qui prévoie des mécanismes permettant aux communautés déplacées par le climat de demander un soutien, privilégie une consultation significative et établit des critères de sélection des sites de réinstallation afin de garantir le respect des droits des bénéficiaires tout au long de la réinstallation.

La Banque mondiale devrait également réformer ses politiques. Les politiques actuelles ont été conçues pour les réinstallations effectuées dans le cadre de projets de développement, qui sont fondamentalement différentes des réinstallations planifiées liées au climat. Les nouvelles politiques devraient exiger des pays bénéficiaires de ces projets qu'ils identifient les personnes déplacées pour les périodes les plus longues et qui ont besoin d'une solution durable.

« Il est urgent que le Sénégal et la Banque mondiale changent de politique car les réinstallations planifiées ne feront que se multiplier à mesure que la crise climatique s'intensifie », a conclu Erica Bower. « Les politiques devraient être axées sur les droits des personnes déplacées par la crise climatique, comme les familles de Khar Yalla. »

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Médias

France Info  France Inter

Afrik.com

14.08.2025 à 06:00

Iran : Des détenus maltraités et portés disparus après l’attaque israélienne contre la prison d’Evin

Human Rights Watch

Click to expand Image Une salle de la clinique médicale de la prison d'Evin présentant d'importants dégâts après les frappes israéliennes du 23 juin, ce qui soulève des inquiétudes quant à l'état de santé des centaines de prisonniers que les autorités ont renvoyés à Evin le 8 août. Photo prise le 1er juillet 2025. © 2025 Morteza Nikoubazl/NurPhoto via AP Les autorités iraniennes ont infligé des mauvais traitements et des violences aux détenus de la prison d’Evin, notamment à des défenseurs des droits humains et dissidents détenus arbitrairement, lors de leur transfert hors de la prison d’Evin après l’attaque israélienne, puis lors du retour de centaines d’entre eux à la prison 46 jours plus tard.Les autorités ont détenu les prisonniers d’Evin dans des établissements surpeuplés, insalubres et infestés par des insectes, et ont refusé de révéler le sort et le lieu où se trouvent certains d’entre eux, un traitement qui équivaut à des disparitions forcées et qui les expose à un risque de torture.Les États membres de l’ONU devraient faire pression sur le gouvernement iranien pour qu’il mette immédiatement fin à tout projet d’exécution de condamnés à mort, qu’il révèle le sort et le lieu de détention des détenus disparus de force, notamment celui du Dr Ahmadreza Djalali, un condamné à mort de nationalité suédoise et iranienne, et qu’il libère tous les prisonniers détenus arbitrairement

(Beyrouth) – Les autorités iraniennes ont maltraité et fait disparaître de force des détenus de la prison d’Evin qui avaient survécu à l’attaque menée par les forces israéliennes le 23 juin 2025, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Human Rights Watch a également conclu que les frappes israéliennes contre la prison constituaient un crime de guerre manifeste.

Malgré les appels et les demandes répétées des prisonniers et de leurs familles, les autorités iraniennes n’ont pris aucune mesure pour protéger la vie et la sécurité des détenus avant l’attaque. Après l’attaque, les autorités ont maltraité les survivants pendant leur transfert vers d’autres prisons, et lors de leur retour à Evin, et les ont détenus dans des conditions cruelles et dangereuses. Le traitement réservé aux prisonniers après l’attaque porte toutes les marques de la répression généralisée menée par les autorités iraniennes, en particulier en période de crise.

« La réponse des autorités iraniennes vis-à-vis des prisonniers traumatisés d’Evin qui venaient d’assister à la mort et aux blessures de certains de leurs codétenus lors de l’attaque israélienne du 23 juin a été de les maltraiter », a déclaré Michael Page, Directeur adjoint de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Les autorités iraniennes ont commis toute une série d’abus à l’encontre des prisonniers suite à cette attaque, notamment des passages à tabac, des insultes et des menaces lors des transferts, et ont détenu les prisonniers dans des conditions épouvantables qui ont mis en danger leur vie et leur santé. Les condamnés à mort et les personnes victimes de disparitions forcées courent désormais un risque accru d’être torturés ou exécutés. »

Entre le 24 juin et le 29 juillet, Human Rights Watch a interrogé et s’est entretenu avec 23 membres des familles de prisonniers, avec d’anciens défenseurs des droits humains ayant été détenus et avec d’autres sources bien informées au sujet de l’attaque israélienne du 23 juin contre la prison d’Evin et du traitement réservé aux prisonniers par les autorités iraniennes à la suite de cette attaque. Les chercheurs ont également passé en revue plusieurs témoignages sur le traitement des prisonniers, obtenus par le biais d’autres organisations de défense des droits humains et communiqués à Human Rights Watch, ainsi que des témoignages publics provenant de prisonniers et de leurs familles.

Human Rights Watch a écrit aux autorités iraniennes pour obtenir des informations sur le sort et le lieu de détention des prisonniers, en particulier ceux qui sont détenus dans des centres de détention gérés par le ministère du Renseignement et l’Organisation du renseignement du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Les autorités n’ont pas répondu à ces requêtes.

Selon les témoignages de plusieurs prisonniers, les forces de sécurité ont été déployées peu après l’attaque dans les quartiers de la prison d’Evin, notamment les quartiers 4 et 8, où sont détenus de nombreux prisonniers politiques de sexe masculin. Elles ont ordonné aux prisonniers de quitter les lieux en les menaçant avec des armes à feu et en leur laissant très peu de temps – voire pas du tout - pour rassembler leurs effets personnels. Les forces de sécurité ont menotté les prisonniers de sexe masculin deux par deux et les ont fait monter dans des bus pour leur faire faire un trajet de plusieurs heures, tout en les insultant et en les menaçant avec leurs armes.

Le transfert de centaines de prisonniers de sexe masculin vers la prison d’Evin aux premières heures de la journée du 8 août, 46 jours après l’attaque, a également été marqué par des violences. D’après les informations obtenues par Human Rights Watch, les forces de sécurité ont utilisé des matraques et des armes à décharge électrique pour passer à tabac plusieurs prisonniers politiques qui protestaient contre le fait d’être menottés et contre le transfert de condamnés à mort vers des centres de détention séparés.

Après l’attaque, les autorités ont transféré les prisonniers vers deux grands centres de détention de la province de Téhéran : la prison de Shahr-e Rey, connue sous le nom de prison de Qarchak, pour les femmes, et la grande prison centrale de Téhéran, connue sous le nom de prison de Fashafouyeh, pour les hommes. Les autorités n’ont pas donné d’informations sur le sort et le lieu de détention de certains prisonniers détenus par les services de sécurité et de renseignement, notamment des dissidents, des activistes des droits humains et des personnes possédant la double nationalité ou de nationalité étrangère. Pour certains d’entre eux, les autorités se sont contentées de les autoriser à passer un bref appel téléphonique à leur famille pour les informer qu’ils étaient détenus dans des cellules à l’isolement, parfois dans des lieux inconnus.

Le 23 juin, les autorités ont transféré Ahmadreza Djalali, un médecin de nationalité suédoise et iranienne détenu arbitrairement et qui risque d’être exécuté à tout moment, vers une destination inconnue. Au 9 août, les autorités avaient refusé, malgré les demandes qui leur avaient été adressées, de donner la moindre information sur son sort et le lieu où il se trouve, ce qui équivaut à une disparition forcée.

Les disparitions forcées constituent des crimes graves au regard du droit international et sont considérées comme étant toujours en cours tant que le sort des personnes disparues et leur lieu de détention restent inconnus.

Le refus des autorités de révéler le sort et le lieu de détention des détenus et de certains prisonniers a aussi renforcé les craintes concernant les prisonniers transgenres détenus dans la zone de quarantaine de la prison d’Evin. Une femme transgenre qui a été détenue en quarantaine à Evin par le passé a déclaré à Human Rights Watch que de nombreux prisonniers transgenres « n’ont personne » et qu’ils sont coupés de leur famille « qui les rejette ». Elle a fait part de ses inquiétudes dans ces termes : « même s’ils étaient blessés ou morts, personne ne le saurait, car leurs familles ne sauraient peut-être même pas qu’ils se trouvaient là-bas ».

Les craintes concernant l’imminence de certaines exécutions se sont par ailleurs accrues pour six autres condamnés à mort. Vahid Bani Amerian, Pouya Ghobadi, Akbar « Shahrokh » Daneshvarkar, Babak Alipour et Mohammad Taghavi Sangdehi ont été séparés des autres prisonniers lors du transfert du 8 août et auraient été emmenés à la prison de Ghezel Hesar, dans la province d’Alborz, où sont systématiquement transférés les condamnés à mort avant leur exécution. Un autre homme, Babak Shahbazi, a quant à lui été transféré à la prison de Ghezel Hesar plus tôt dans la semaine.

Les familles des prisonniers des prisons de Qarchak et de Fashafouyeh ont décrit à Human Rights Watch des conditions de détention épouvantables, caractérisées par des cellules mal ventilées, sales et surpeuplées, où de nombreux prisonniers sont contraints de dormir à même le sol, ainsi que par un manque d’accès à l’eau potable et à des installations adéquates pour le maintien d’une hygiène personnelle. Ces conditions mettent en danger la vie et la santé des détenus.

Les prisonniers politiques de la prison de Qarchak sont détenus dans la zone de quarantaine, où on leur a signifié qu’ils resteraient indéfiniment. Un défenseur des droits humains qui y a été détenu a déclaré à Human Rights Watch que la zone de quarantaine était le pire endroit de la prison, conçu pour la détention temporaire de nouveaux détenus, avec des murs maculés de vomi et d’excréments. Un autre défenseur des droits humains qui a été détenu dans cette prison a déclaré que les conditions y étaient « impropres, même pour des animaux ».

Un proche d’un défenseur des droits humains emprisonné a déclaré à Human Rights Watch que la prison de Fashafouyeh était infestée d’insectes et que son proche emprisonné avait attrapé six ou sept punaises de lit dans ses draps en une seule matinée. Un membre de la famille d’un autre prisonnier politique a déclaré que les prisonniers était couverts de piqûres d’insectes.

D’après les informations obtenues par Human Rights Watch, les autorités de la prison de Fashafouyeh ont également infligé aux familles des prisonniers des traitements inhumains, cruels et dégradants en procédant à des fouilles corporelles intrusives et humiliantes avant les visites. Une source bien informée a déclaré que dans certains cas, les proches des prisonniers, y compris des enfants, avaient été contraints de se déshabiller complètement pendant les fouilles, leur causant une détresse extrême.

Human Rights Watch est également profondément préoccupé par la situation des prisonniers qui ont été renvoyés dans les quartiers 7 et 8 de la prison d’Evin le 8 août, compte tenu des dommages importants subis par plusieurs installations pénitentiaires essentielles à la santé et au bien-être des prisonniers, notamment le dispensaire et la salle des visites. Ces préoccupations sont d’autant plus vives que les autorités ont depuis longtemps pour habitude de priver les prisonniers, en particulier les prisonniers politiques arbitrairement détenus, de soins médicaux adéquats.

L’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus, également connues sous le nom de Règles Nelson Mandela, fixent des normes minimales pour le traitement des détenus en matière de santé et la surface minimale au sol, et stipulent que chaque détenu doit disposer de ventilation et d’eau potable.

Les États membres de l’ONU devraient exhorter les autorités à libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement et à révéler le sort et le lieu de détention des prisonniers qu’elles ont fait disparaître de force.

« Les autorités iraniennes ne devraient pas profiter des frappes israéliennes contre la prison d’Evin pour infliger davantage de mauvais traitements aux prisonniers, en particulier à ceux qui n’auraient jamais dû être incarcérés », a déclaré Michael Page. « Les États membres de l’ONU devraient faire pression sur le gouvernement iranien pour qu’il suspende immédiatement toute exécution programmée, libère toutes les personnes détenues arbitrairement, garantisse des conditions de détention humaines et sûres, et mette fin à l’angoisse des familles des personnes disparues de force en révélant leur sort et leur lieu de détention. » 

Lire l'enquête complète en anglais ici.

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14.08.2025 à 06:00

Iran : L'attaque israélienne contre la prison d'Evin constitue un crime de guerre manifeste

Human Rights Watch

Click to expand Image Vue extérieure de la destruction des bâtiments dans l'enceinte nord de la prison d'Evin après les frappes israéliennes du 23 juin 2025 à Téhéran, en Iran. Photo prise le 1er juillet 2025. © 2025 Majid Saeedi/Getty Images Les forces israéliennes ont attaqué illégalement la prison d'Evin à Téhéran le 23 juin 2025, en l'absence de toute cible militaire évidente, tuant et blessant des dizaines de civils, dont des prisonniers, des membres de leur famille et du personnel pénitentiaire.Les frappes, commises pendant les heures de visite des prisonniers, ont considérablement endommagé plusieurs bâtiments, y compris dans des zones pénitentiaires connues pour abriter de nombreux activistes et dissidents.Les violations des lois de la guerre par les forces israéliennes et iraniennes au cours des 12 jours de conflit entre le 13 et le 25 juin doivent faire l’objet d’une enquête approfondie et les responsables de crimes de guerre doivent être tenus responsables de leurs actes.

(Beyrouth) – Les frappes aériennes israéliennes sur la prison iranienne d’Evin à Téhéran, le 23 juin 2025, étaient illégalement indiscriminées et constituent un crime de guerre manifeste, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les frappes ont touché plusieurs bâtiments du complexe et tué au moins 80 personnes, selon les déclarations officielles iraniennes, dont des prisonniers, des membres de leurs familles et du personnel pénitentiaire, en l'absence de toute cible militaire évidente.

Plus de 1 500 prisonniers auraient été détenus à la prison d'Evin au moment de l'attaque, dont de nombreux activistes et dissidents détenus par le gouvernement iranien en violation de leurs droits. Les frappes, menées pendant les heures de visite, ont considérablement endommagé le parloir, la cuisine centrale, la clinique médicale et les sections où étaient détenus des prisonniers, y compris des prisonniers politiques. 

« Les frappes israéliennes sur la prison d'Evin le 23 juin ont tué et blessé des dizaines de civils sans aucune cible militaire évidente, en violation des lois de la guerre et elles constituent un crime de guerre manifeste », a déclaré Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « L'attaque israélienne a mis en grave danger la vie déjà précaire des prisonniers d'Evin, dont beaucoup sont des dissidents et des activistes détenus à tort. »

Entre le 24 juin et le 29 juillet, Human Rights Watch a mené des entretiens auprès de 22 personnes au sujet de l'attaque, dont des proches de victimes et de prisonniers, d'anciens prisonniers d'Evin et d'autres personnes ayant une connaissance approfondie de la prison. Human Rights Watch a écrit aux autorités iraniennes et israéliennes les 2 et 7 juillet respectivement, pour demander des informations, mais n'a pas reçu de réponse. 

Human Rights Watch a également analysé et vérifié des vidéos et des photographies des frappes israéliennes publiées par les médias et sur les réseaux sociaux, ainsi que des documents partagés directement avec les chercheurs, et des images satellite prises avant et après les frappes. Human Rights Watch n'a pas pu se rendre sur place, l'Iran n'autorisant pas l'accès aux organisations indépendantes de défense des droits humains.

L'enquête sur l'attaque du 23 juin contre la prison d'Evin fait partie d'une enquête plus large de Human Rights Watch sur les hostilités du 13 au 25 juin entre Israël et l'Iran, y compris les attaques de missiles balistiques iraniens sur des zones peuplées en Israël.

Les forces israéliennes ont mené des frappes sur la prison d'Evin, un complexe de 43 hectares dans le district 1 de Téhéran, entre 11h17 et 12h18 le 23 juin. Aucun avertissement préalable ne semble avoir été donné. Des images satellite, des vidéos et des témoignages montrent des impacts de frappes endommageant des bâtiments distants de plusieurs centaines de mètres. 

Les frappes ont détruit l'entrée principale sud de la prison et une autre entrée au nord. Le bâtiment d'information des visiteurs, adjacent à l'entrée principale, a été entièrement détruit. Des proches de détenus et d'anciens détenus ont indiqué que de nombreuses familles fréquentent le bâtiment des visiteurs, notamment pour livrer des vêtements et des médicaments. Les frappes ont également touché le parloir, un complexe judiciaire abritant des procureurs adjoints, et ont gravement endommagé ou détruit plusieurs bâtiments du centre pénitentiaire, où se trouvent la clinique médicale et plusieurs services pénitentiaires. 

Deux prisonniers politiques dans le quartier central 4 de la prison, Abolfazl Ghadiani et Mehdi Mahmoudian, ont décrit dans un compte rendu accessible au public les « bruits d'explosions répétées » à midi près de leur quartier. Ils ont vu la clinique brûler et l'entrepôt de nourriture et d'hygiène détruit. À 14 heures, ont-ils déclaré, les prisonniers avaient exhumé 15 à 20 corps des décombres, dont ceux d'autres prisonniers, du personnel de la clinique, des employés de l'entrepôt, ainsi que des gardes et des responsables de la Section 209, un centre de détention géré par le ministère du Renseignement où les dissidents sont régulièrement détenus. 

Le Dr Saeedeh Makaremi, bénévole à la clinique, a publié sur Instagram qu'après les frappes, des prisonniers l'avaient sauvée des décombres. Elle a ensuite subi une intervention chirurgicale majeure, notamment une réimplantation de la main. Des médias d’État ont rapporté qu'un médecin a également été tué dans la clinique. 

Les frappes ont endommagé des bâtiments et des véhicules à l'extérieur des parties nord du complexe pénitentiaire, tuant et blessant des résidents, dont Mehrangiz Imenpour, un artiste de 61 ans. Des médias nationaux ont signalé qu'Ali Asghar Pazouki, un homme d'affaires de 69 ans, a été tué à l'extérieur du complexe. 

Human Rights Watch a constaté des dommages dans, ou à proximité, des sections de la prison utilisées pour détenir des personnes accusées d'atteintes à la sécurité nationale, notamment des activistes et des dissidents. Il s'agit des quartiers 4 et 8, des sections 209, 240, 241 et 2A, ainsi que du quartier des femmes. La principale section de quarantaine, où étaient détenues des personnes transgenres, a également été endommagée. Les autorités iraniennes n'ont pas communiqué sur l'état de santé ni sur le lieu de détention de nombreux prisonniers de ces sections, ce qui constitue des disparitions forcées en violation du droit international des droits humains. 

En vertu du droit international humanitaire, également appelé lois de la guerre, les prisons sont présumées être des biens civils. L'enquête de Human Rights Watch n'a trouvé aucune preuve de la présence de cibles militaires dans le complexe pénitentiaire d'Evin au moment des frappes israéliennes. Aucune des sources interrogées, dont les prisonniers récemment libérés, les membres de leurs familles et les avocats qui se sont rendus à plusieurs reprises à la prison, n'a déclaré avoir connaissance de la présence de personnel, d'armes ou de matériel militaires iraniens dans l'enceinte de la prison. 

Les déclarations des ministres israéliens immédiatement après l'attaque n'ont fait aucune mention de cibles militaires dans l'enceinte de la prison, mais ont présenté les frappes comme faisant partie des attaques d'Israël contre les institutions répressives de l'Iran. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a écrit immédiatement après l'attaque qu'Israël avait frappé la prison d'Evin en raison de ses fonctions comme « agence de répression gouvernementale ». Une publication du ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar sur X indiquait que la prison d’Evin avait été frappée en représailles aux attaques de l'Iran contre des civils en Israël.

Plusieurs heures après les frappes, l'armée israélienne a confirmé l'attaque, et un porte-parole militaire a affirmé, sans donner de preuves ni de détails, que l'Iran avait mené des « opérations de renseignement contre l'État d'Israël, y compris du contre-espionnage » dans la prison. Un porte-parole de l'armée israélienne a répété les mêmes allégations ce jour-là lors d'une interview avec les médias. La déclaration des Forces de défense israéliennes réitérait les déclarations précédentes du gouvernement selon lesquelles la prison d'Evin était un « symbole d'oppression pour le peuple iranien ». 

Les lois de la guerre applicables au conflit armé international entre Israël et l'Iran interdisent les attaques visant des civils et des biens civils, qui ne font pas de distinction entre civils et combattants, ou qui sont susceptibles de causer aux civils ou aux biens civils des dommages disproportionnés par rapport à l'avantage militaire attendu. Les attaques indiscriminées incluent celles qui ne visent pas une cible militaire spécifique. Même si certains individus de la prison d’Evin étaient des militaires iraniens, l’attaque à grande échelle aurait été illégalement disproportionnée.

Les violations graves des lois de la guerre commises par des individus avec une intention criminelle – c’est-à-dire délibérément ou par négligence – constituent des crimes de guerre. Les gouvernements sont tenus d'enquêter sur les crimes de guerre présumés commis par leurs forces ou sur leur territoire, et de poursuivre les responsables comme il se doit. Israël et l'Iran ont tous deux un historique d'impunité et de réticence à enquêter conformément au droit international, et encore moins à poursuivre les auteurs d'éventuels crimes de guerre commis par leurs forces. Tous les gouvernements ont l'obligation de coopérer, dans la mesure du possible, afin de faciliter les enquêtes et les poursuites appropriées sur les crimes de guerre présumés.

« L’attaque israélienne illégale contre la prison d’Evin met en évidence les conséquences de l'impunité dont jouissent depuis longtemps les auteurs de graves violations du droit de la guerre», a conclu Michael Page. « Pour aggraver les choses, les forces israéliennes ont mis en grand danger des prisonniers qui étaient déjà victimes de la répression brutale des autorités iraniennes. » 

Lire l'enquête complète en anglais ici.

13.08.2025 à 20:11

Pérou : Le projet de loi d'amnistie a été promulgué

Human Rights Watch

La présidente péruvienne Dina Boluarte s’exprimait lors d'une session ordinaire du Conseil national pour la sécurité citoyenne à Lima, au Pérou, le 18 mars 2025. © 2025 Bureau de la Présidence du Pérou

(Washington, 13 août 2025) – La présidente du Pérou, Dina Boluarte, a promulgué une loi d'amnistie garantissant l'impunité pour les crimes graves commis pendant le conflit armé interne qu’a connu ce pays, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Le Congrès péruvien a adopté cette loi le 9 juillet, et la présidente Boluarte l'a promulguée le 13 août. Cette loi accorde une amnistie générale aux membres des forces armées, de la police et des comités d'autodéfense accusés ou faisant l'objet d'une enquête pour des crimes présumés commis pendant le conflit armé interne qui a touché le Pérou entre 1980 et 2000. La loi prévoit également la remise en liberté des personnes précédemment condamnées pour des crimes commis lors de ce conflit armé, et actuellement âgées de plus de 70 ans.

« Cette loi est tout simplement une trahison envers les victimes péruviennes », a déclaré Juanita Goebertus, directrice de la division Amériques à Human Rights Watch. « La loi sape des décennies d'efforts pour garantir l'obligation de rendre des comptes pour les atrocités commises, et affaiblit davantage encore l'état de droit dans le pays. »

Le 24 juillet, la Cour interaméricaine des droits de l'homme avait enjoint au Pérou de s'abstenir d'appliquer le projet de loi jusqu'à ce qu'elle analyse la compatibilité de l'amnistie avec ses précédentes décisions concernant les abus commis pendant le conflit armé.

Le 31 juillet, cependant, lors d'une cérémonie de la police nationale à Lima, la présidente Boluarte avait déclaré que son gouvernement ferait avancer le projet de loi, quelle que soit la position de la Cour.

Pendant le conflit armé, les forces de sécurité péruviennes ont commis de graves abus, dont plusieurs crimes de guerre, tels que des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des actes de torture, des violences sexuelles et d'autres violations graves des droits humains. Selon la Commission nationale pour la vérité et la réconciliation, environ 70 000 personnes ont été tuées et plus de 20 000 ont disparu entre 1980 et 2000. Les tribunaux péruviens ont prononcé des condamnations définitives dans plus de 150 affaires, et plus de 600 autres sont toujours en instance, selon le Coordonnateur national des droits humains.

En vertu de la Convention américaine relative aux droits de l'homme, ainsi que du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), le Pérou a l'obligation légale d'enquêter sur les violations graves des droits humains, d’engager des poursuites et de sanctionner les auteurs de tels abus. Les lois d'amnistie qui empêchent l'obligation de rendre des comptes pour des crimes tels que les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et la torture violent cette obligation, et privent les victimes de leur droit à la justice.

Ces dernières années, l'administration Boluarte, le Congrès et d'autres autorités ont défié à plusieurs reprises les ordonnances de la Cour interaméricaine des droits de l'homme. En décembre 2023, le Tribunal constitutionnel péruvien, en violation des obligations de ce pays en tant qu’État partie à la Convention américaine relative aux droits de l'homme, a ordonné la libération de l'ancien président Alberto Fujimori, au pouvoir de 1990 à 2000, qui purgeait une peine de 25 ans de prison pour violations graves des droits humains. Malgré l'ordre de la Cour qui enjoignait au Pérou de ne pas libérer Fujimori dans l'attente de son évaluation des faits, le gouvernement Boluarte a procédé à sa libération.

Le 6 juin 2024, le Congrès péruvien avait déjà approuvé un précédent projet de loi établissant un délai de prescription pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis avant 2003. Le 1er juillet 2024, la Cour interaméricaine des droits de l'homme avait émis une ordonnance qui enjoignait à l’État péruvien de ne pas faire avancer ce projet de loi, en raison de son incompatibilité apparente avec le droit international des droits humains. Toutefois, la présidente Boluarte n'avait pas opposé son veto à ce projet de loi, qu’elle avait promulguée en tant que loi en août 2024.

« Le Pérou rejoint les rangs du Nicaragua, du Venezuela et d'autres pays qui défient la Cour interaméricaine des droits de l'homme et, ce faisant, bafouent les droits des victimes », a conclu Juanita Goebertus. « La loi d'amnistie n'aurait jamais dû être adoptée, et devrait être abrogée. »

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LaPresse.ca

12.08.2025 à 06:00

Tchad : 20 ans de prison pour un dirigeant de l'opposition

Human Rights Watch

Click to expand Image Des manifestants à Paris, en France, brandissent des drapeaux tchadiens lors d'une manifestation pour la liberation de Succès Masra le 31 mai 2025. © 2025 Umit Donmez / Anadolu via AFP

(Nairobi) – La condamnation et la peine de 20 ans d'emprisonnement prononcés le 9 août 2025 à l'encontre de Succès Masra, dirigeant du principal parti d'opposition tchadien, sont l'aboutissement d'un procès fondé sur des accusations à caractère politique, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.

Succès Masra, l’ancien Premier ministre, est un fervent détracteur du président Mahamat Idriss Déby. Le tribunal pénal de N'Djamena l’a reconnu coupable de « diffusion de message[s] à caractère haineux et xénophobe » et de « complicité de meurtre » lié à un conflit intercommunautaire.

« La peine infligée à Succès Masra envoie un message effrayant aux détracteurs du gouvernement et illustre l'intolérance du gouvernement tchadien à l'égard des critiques et des partis politiques d'opposition », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les tribunaux ne devraient pas être utilisés à de telles fins politiques. »

Succès Masra a été arrêté le 16 mai et accusé d'incitation à la haine et à la révolte à travers des publications sur les réseaux sociaux après que des affrontements intercommunautaires ont fait 42 morts le 14 mai à Mandakao, dans la province du Logone Occidental, située dans le sud-ouest du pays.

Human Rights Watch n'a pas encore pu voir le jugement du tribunal, mais s'est entretenu avec des personnes qui ont assisté au procès, notamment certains des avocats de l’opposant politique. Si les affrontements entre éleveurs et agriculteurs sont fréquents dans le sud du Tchad, les violences intercommunautaires se sont intensifiées ces dernières années, faisant de nombreux morts.

Succès Masra, qui a plaidé non coupable, a été jugé aux côtés de 74 autres personnes, tous accusés de collaboration dans les tueries de Mandakao. Au moins neuf des coaccusés ont été libérés, mais les autres ont également été condamnés à 20 ans de prison. Le tribunal a également infligé une amende d'un milliard de francs CFA (environ 1,8 million de dollars américains) à l’opposant politique et à ses coaccusés. Les avocats de Succès Masra et des autres accusés ont annoncé leur intention de faire appel devant la Cour suprême.

La condamnation de Succès Masra intervient dans un contexte de rétrécissement de l'espace politique au Tchad. Lui et les partisans de son parti d'opposition, Les Transformateurs, ont été victimes de menaces avant les élections présidentielles de mai 2024, lors desquelles il s'était présenté contre Mahamat Idriss Déby, alors président de la transition. La période précédant les élections a été marquée par des violences.

Le 28 février 2024, les forces de sécurité gouvernementales ont tué Yaya Dillo, le président du Parti socialiste sans frontières (PSF), lors d'une attaque contre le siège du parti à N'Djamena. Plus d'un an après, les autorités n'ont toujours pas clarifié les circonstances de sa mort.

La violence politique est en hausse depuis 2021, lorsque les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force, y compris en utilisant des balles réelles, et ont tiré sans discernement pour disperser les manifestations organisées par l'opposition dans tout le pays. Plusieurs manifestants ont été tués. Les autorités ont arrêté des activistes et des membres de partis d'opposition, et les forces de sécurité ont frappé des journalistes qui couvraient les manifestations. La violence a atteint son paroxysme le 20 octobre 2022, lorsque les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant et blessant des dizaines d'entre eux, et ont frappé et pourchassé des personnes jusque dans leurs maisons.

Les manifestations avaient été organisées pour marquer la date à laquelle l'administration militaire, au pouvoir depuis la mort du président Idriss Déby Itno – père de l’actuel président – le 20 avril 2021, avait initialement promis de restituer le pouvoir à un gouvernement civil. Des centaines d'hommes et de garçons ont été arrêtés, et beaucoup ont été emmenés à Koro Toro, une prison de haute sécurité située à 600 kilomètres de N'Djamena. Plusieurs détenus sont morts en route pour Koro Toro, où les manifestants ont subi d'autres abus.

Succès Masra a fui le pays après les violences d'octobre 2022, mais il est revenu après les efforts de paix régionaux déployés par le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, en sa qualité de facilitateur du processus de transition politique au Tchad pour la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC).

L'accord de Kinshasa qui en a résulté a suspendu le mandat d'arrêt contre Succès Masra et lui a garanti, ainsi qu'à ses partisans, un retour d’exil en toute sécurité. Il a également fourni des garanties juridiques au parti des Transformateurs pour mener librement leurs activités politiques. À son retour en janvier 2024, l’opposant politique a accepté le poste de premier ministre, mais a démissionné en mai 2024, affirmant que l'élection présidentielle avait été truquée.

Le président Félix Tshisekedi et la CEEAC devraient appeler au rétablissement des droits et garanties politiques et au respect intégral de l'accord de Kinshasa, a déclaré Human Rights Watch.

« La condamnation de Succès Masra a anéanti les espoirs d'une véritable opposition politique et d'un système judiciaire indépendant au Tchad », a déclaré Lewis Mudge. « Les partisans régionaux et internationaux du Tchad devraient dénoncer ce jugement motivé par des considérations politiques et exhorter les dirigeants du pays à tenir leur promesse de réforme démocratique. »

11.08.2025 à 23:59

La junte au Niger dissout des syndicats du secteur de la justice

Human Rights Watch

Click to expand Image Le général Mohamed Toumba, ministre de l'Intérieur, qui faisait parti des officiers ayant renversé le président nigérien Mohamed Bazoum en juillet 2023, s'addresse à ses militants à Niamey, au Niger, le 6 aout 2023. © 2023 AP Photo/Sam Mednick, File

Le 7 août, la junte militaire nigérienne a annoncé la dissolution de quatre principaux syndicats du secteur de la justice. Cette décision porte atteinte aux droits des travailleurs à la liberté d'association et à l'indépendance du système judiciaire.

Cette dissolution s'inscrit dans un schéma de répression de la junte militaire qui, depuis sa prise de pouvoir en juillet 2023, a intensifié ses attaques contre l'opposition politique, les médias, les syndicats et les groupes de la société civile, réduisant ainsi l'espace civique et politique du pays.

Le 7 août, le général Mohamed Toumba, ministre de l'Intérieur, a signé quatre décrets décrétant la dissolution du Syndicat autonome des magistrats (SANAM), de l'Union des magistrats du Niger (UNAM), du Syndicat national des agents de justice (SNAJ) et du Syndicat des cadres et des agents techniques du ministère de la Justice (SYNCAT).

Bien que les décrets n'aient fourni aucune explication pour les dissolutions, le 8 août, le ministre de la Justice, Alio Daouda, a déclaré que les syndicats avaient « dévié » de leurs rôles et privilégié des « intérêts personnels ». La dissolution des syndicats du secteur de la justice soulève aussi des inquiétudes concernant l'indépendance judiciaire dans le pays.

En réponse, l’Intersyndicale des travailleurs du Niger a décrit cette décision comme « une atteinte grave aux libertés fondamentales », et a appelé le gouvernement à revenir sur sa décision.

Les autorités militaires avaient déjà attaqué les syndicats dans le passé. En avril, la junte avait dissous trois syndicats représentant les forces paramilitaires du pays, qui participent aux opérations de contre-insurrection aux côtés de l'armée contre des groupes armés islamistes.

Les autorités militaires du Niger continuent également de détenir de manière arbitraire l'ancien président Mohamed Bazoum et sa femme à Niamey, la capitale, malgré une décision d'un tribunal régional ordonnant leur libération. Ils continuent également de détenir de manière arbitraire Moussa Tiangari, éminent activiste des droits humains et détracteur du gouvernement, depuis décembre 2024.

En février, le dirigeant de la junte, le général de brigade Abdourahmane Tiani, a prolongé le règne de la junte en repoussant les élections.

Les syndicats ont joué un rôle essentiel dans le renforcement de la démocratie au Niger. Le SANAM avait mis en garde plusieurs gouvernements au fil des années de ne pas s'ingérer dans les affaires judiciaires.

Les autorités nigériennes devraient permettre aux travailleurs de s'associer et de s'organiser librement, conformément à leurs obligations internationales, et non de fermer des organisations syndicales importantes. Elles devraient révoquer leur décision de dissoudre les quatre syndicats et protéger la liberté d'association ainsi que l'indépendance des tribunaux.

07.08.2025 à 06:00

Gaza : Les frappes israéliennes contre des écoles exacerbent le danger pour les civils

Human Rights Watch

Click to expand Image L'école Al-Zeitoun C dans la ville de Gaza, touchée par une frappe aérienne israélienne le 21 septembre 2024. Au moins 34 Palestiniens déplacés, dont au moins 21 enfants qui s'y étaient réfugiés, ont été tués. © 2024 Dawoud Abo Alkas/Anadolu via Getty Images Les attaques meurtrières des forces israéliennes contre des écoles abritant des civils palestiniens mettent en évidence l’absence de lieux sûrs pour les personnes déplacées, qui constituent la grande majorité de la population de Gaza.  Depuis octobre 2023, des centaines d’attaques israéliennes ont touché plus de 500 établissements scolaires, dont beaucoup servaient d’abris, tuant des centaines de civils et causant des dégâts importants à presque toutes les écoles de Gaza.  Les attaques israéliennes ont privé les civils d’un accès sûr à des abris et contribueront à perturber l’accès à l’éducation pendant de nombreuses années, dans la mesure où la réparation et la reconstruction des écoles peuvent nécessiter beaucoup de temps et la mobilisation de ressources importantes.

(Jérusalem, 7 août 2025) – Les attaques meurtrières menées par les forces israéliennes contre des écoles qui abritent des civils palestiniens mettent en évidence l’absence de lieux sûrs pour les personnes déplacées de Gaza, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Depuis octobre 2023, les autorités israéliennes ont mené des centaines de frappes contre des écoles qui abritaient des Palestiniens déplacés, notamment des attaques illégales et indiscriminées utilisant des munitions américaines qui ont tué des centaines de civils et endommagé ou détruit la quasi-totalité des écoles de Gaza.

Les récentes frappes israéliennes contre des écoles transformées en abris s’inscrivent dans le cadre de l’offensive militaire actuelle des forces israéliennes qui a détruit la plus grande partie des infrastructures civiles restantes à Gaza et a de nouveau déplacé des centaines de milliers de Palestiniens en aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse. Les gouvernements, notamment celui des États-Unis qui a fourni des armes utilisées dans certaines attaques illégales, devraient imposer un embargo sur les armes au gouvernement israélien et prendre d’autres mesures urgentes pour faire respecter la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (Convention sur le génocide).

« Les frappes israéliennes contre des écoles abritant des familles déplacées donnent un aperçu du carnage à grande échelle perpétré par les forces israéliennes à Gaza », a déclaré Gerry Simpson, Directeur adjoint à la division Crises, conflits et armement à Human Rights Watch. « Les gouvernements ne devraient pas tolérer cet horrible massacre de civils palestiniens qui ne cherchent qu’à se mettre à l’abri. »

Human Rights Watch a enquêté sur les attaques israéliennes qui ont frappé l’école pour filles Khadija à Deir al-Balah le 27 juillet 2024 et tué au moins 15 personnes, et l’école al-Zeitoun C dans le quartier al-Zeitoun de la ville de Gaza le 21 septembre 2024, qui a fait au moins 34 morts. Human Rights Watch n’a trouvé aucune preuve de la présence de cibles militaires dans l’une ou l’autre de ces écoles.

Click to expand Image Un garçon debout dans les décombres de l'école Khadija à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, touchée par une frappe aérienne israélienne le 27 juillet 2024. Au moins 15 Palestiniens déplacés ont été tués dans cette attaque. © 2024 Rizek Abdeljawad/Xinhua via Getty Images

Ces conclusions s’appuient sur l’analyse d’images satellites, de photos et de vidéos des attaques et de leurs conséquences, sur des contenus publiés sur les réseaux sociaux concernant des hommes dont on sait qu’ils ont péri lors des deux frappes, ainsi que sur des entretiens téléphoniques avec deux personnes qui ont été témoins des conséquences de la frappe contre l’école Khadija et une autre qui était présente au moment de l’attaque contre l’école al-Zeitoun C.

Les autorités israéliennes n’ont pas rendu publiques les informations relatives aux attaques documentées par Human Rights Watch, notamment les détails concernant la cible visée ou les précautions prises lors de ces attaques pour minimiser les dommages causés aux civils. Elles n’ont pas répondu à une lettre datée du 15 juillet qui résume les conclusions de Human Rights Watch concernant ces frappes et demande des informations spécifiques les concernant.

L’absence de cible militaire dans les frappes contre les écoles Khadija et al-Zeitoun rendrait ces attaques illégales et indiscriminées et constituerait une violation du droit international humanitaire. Les écoles et autres établissements d’enseignement sont des biens civils protégés contre les attaques. Ils perdent cette protection lorsqu’ils sont utilisés à des fins militaires ou occupés par des forces militaires. L’utilisation d’écoles pour héberger des civils ne modifie pas leur statut juridique.

Entre le 1er et le 10 juillet 2025, les forces israéliennes ont frappé au moins 10 écoles transformées en abris, dont certaines avaient déjà été endommagées, tuant 59 personnes et déplaçant de nouveau des dizaines de familles, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a indiqué qu’environ un million de personnes déplacées à Gaza s’étaient réfugiées dans des écoles pendant les hostilités et qu’au 18 juillet, au moins 836 personnes réfugiées dans des écoles avaient été tuées et qu’au moins 2 527 autres avaient été blessées.

La dernière évaluation en date du cluster Éducation dans les territoires palestiniens occupés d’OCHA a révélé que 97 % des établissements scolaires de Gaza (547 sur 564) ont subi des dégâts plus ou moins importants, y compris 462 (76%) qui ont été « directement touchés » et 518 (92%) qui nécessitent « une reconstruction complète ou d’importants travaux de réhabilitation pour redevenir fonctionnels ».

Les attaques israéliennes ont privé les civils d’un accès sûr à des abris et contribueront à perturber l’accès à l’éducation pendant de nombreuses années, dans la mesure où la réparation et la reconstruction des écoles peuvent nécessiter beaucoup de temps et la mobilisation de ressources importantes, avec un impact négatif significatif sur les enfants, les parents et les enseignants.

Une enquête publiée le 24 juillet par les médias israéliens +972Magazine et Local Call a fait état de la mise en place par l’armée israélienne d’« une cellule spéciale chargée d’identifier systématiquement les écoles, qualifiées de “centres de gravité” afin de les bombarder, affirmant que des membres du Hamas s’y cachaient parmi des centaines de civils ». Le rapport note que les double-frappes (« double tap » en anglais, qui désigne une deuxième frappe contre un même site dans le but de cibler les survivants de la première frappe, mais aussi les premiers secours) « sont devenues particulièrement courantes ces derniers mois dans les situations où Israël bombarde des écoles à Gaza ».

L’armée israélienne a affirmé, à propos de dizaines d’attaques contre des écoles, que le Hamas ou d’autres combattants palestiniens ou encore des centres de « commandement et de contrôle » étaient déployés dans ces écoles, sans toutefois fournir d’informations plus précises. Human Rights Watch n’a connaissance que de sept cas dans lesquels l’armée israélienne a publié les noms et photos de membres présumés de groupes armés palestiniens qui, selon elle, se trouvaient dans une école au moment de l’attaque.

Après l’attaque du 6 juin 2024 contre l’école al-Sardi, l’armée israélienne a révélé les noms de 17 combattants présumés. Cependant, après avoir examiné ces noms, Human Rights Watch a constaté que trois d’entre eux semblaient avoir été tués lors d’attaques précédentes.

La présence de groupes armés palestiniens dans l’une des écoles attaquées ne rendrait pas nécessairement les attaques légales. Les lois de la guerre interdisent les attaques contre des objectifs militaires si les dommages prévisibles pour les civils et biens civils sont disproportionnés par rapport au gain militaire escompté de l’attaque.

Les lois de la guerre imposent également aux parties belligérantes, sauf si les circonstances ne le permettent pas, de donner un « avertissement en temps utile et par des moyens efficaces » avant toute attaque susceptible d’affecter la population civile.

Le déploiement de groupes armés dans des écoles transformées en abris exposerait les civils à des risques inutiles. Les lois de la guerre obligent les parties belligérantes à prendre toutes les précautions possibles contre les effets de telles attaques et à éviter de placer des cibles militaires à proximité de zones densément peuplées.

Les violations graves des lois de la guerre commises par des individus ayant une intention criminelle, c’est-à-dire de manière délibérée ou par négligence, constituent des crimes de guerre. Les individus peuvent également être tenus pénalement responsables s’ils ont aidé, facilité, soutenu ou encouragé un crime de guerre. Tous les états parties à un conflit armé sont tenus d’enquêter sur les crimes de guerre présumés commis par les membres de leurs forces armées.

La Déclaration sur la sécurité dans les écoles, une déclaration politique internationale approuvée par 121 pays, vise à protéger l’éducation en temps de guerre en renforçant la prévention et la réponse aux attaques contre les élèves, les enseignants, les écoles et les universités, notamment en évitant l’utilisation des établissements scolaires à des fins militaires. Si Israël n’a pas signé cette déclaration, la Palestine y a adhéré en 2015.

Les gouvernements devraient suspendre les transferts d’armes vers Israël, compte tenu du risque évident que ces armes puissent être utilisées pour commettre ou faciliter des violations graves du droit international humanitaire. La fourniture par le gouvernement des États-Unis d’armes à Israël, qui ont été utilisées à plusieurs reprises pour frapper des écoles transformées en abris et commettre des crimes de guerre manifestes, rend les États-Unis complices de leur utilisation illégale.

Le 10 juin, la Commission d’enquête des Nations Unies sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël a déclaré que les autorités israéliennes avaient « détruit le système éducatif de Gaza » et que ses attaques contre des sites éducatifs, religieux et culturels dans le territoire palestinien occupé faisaient « partie d’une offensive généralisée et implacable contre le peuple palestinien, dans le cadre de laquelle les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre et le crime contre l’humanité d’extermination ».

« Après presque deux ans d’attaques répétées menées par Israël, tuant des civils dans des écoles et d’autres lieux protégés, les gouvernements qui fournissent un soutien militaire à Israël ne peuvent pas prétendre qu’ils n’étaient pas conscients des conséquences de leurs actes », a déclaré Gerry Simpson. « Les gouvernements devraient suspendre tous les transferts d’armes vers Israël et prendre d’autres mesures pour empêcher de nouvelles atrocités de masse. »

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