29.05.2025 à 08:39
Dmytro Chepurnyi
Hommage à Marharyta Polovinko, artiste tuée au front. L’auteur, lui-même mobilisé, rappelle que l’Ukraine sacrifie ses meilleurs pour offrir du temps à l’Europe.
<p>Cet article Une nouvelle génération d’artistes perdue ? a été publié par desk russie.</p>
La créativité de la jeune artiste Marharyta Polovinko, tuée au front, s’exprimait sous une forme tourmentée à travers son expérience de soldate sur la ligne de front ukrainienne. Les mots d’un camarade récemment mobilisé, lui aussi artiste et jeune père de famille, rappellent crûment que l’armée ukrainienne sacrifie ses meilleurs fils et filles pour donner du temps aux Européens.
La guerre recèle de nombreuses histoires – celle-ci en est une. Le 5 avril 2025, l’artiste et soldate Marharyta Polovinko fut tuée alors qu’elle servait sur la ligne de front de la guerre totale menée par la Russie contre l’Ukraine. Elle avait 31 ans. Sa mort s’ajoute aux centaines de milliers dont la Russie porte la responsabilité. Et pourtant, pour la communauté culturelle ukrainienne – dans laquelle je suis actif depuis dix ans en tant que commissaire d’exposition en art contemporain –, c’est une perte à la fois profondément personnelle et tragiquement symbolique.
Je ne connaissais pas bien Marharyta. Nous nous croisions de temps à autre lors de vernissages, où nous échangions quelques mots cordiaux, et nous nous suivions sur les réseaux sociaux. Pourtant, sa mort a eu l’effet d’un miroir brisé – une violence intime. En la pleurant, j’ai appris que nous étions nés le même jour, en 1994.
Il y a une proximité terrifiante dans cette coïncidence. J’ai appris sa mort alors que je servais moi-même dans l’armée ukrainienne, ayant été mobilisé un mois auparavant. Être appelé sous les drapeaux suscite des sentiments complexes. Je suis un homme de 31 ans, citoyen d’un pays en guerre. Je suis originaire de Louhansk, une ville de l’est de l’Ukraine occupée par la Russie depuis 2014. Ma famille a fui lorsque les troupes russes ont pris le contrôle de la ville. À l’époque, j’étudiais à Kyïv, et je n’ai pas eu l’occasion de rentrer chez moi depuis.
Après trois ans de guerre à grande échelle, j’ai toujours été prêt à rejoindre l’armée. Pourtant, je ne me suis pas porté volontaire pour le service militaire. Avec ma femme, nous élevons ensemble notre petit enfant. J’ai souvent assumé le rôle de parent au foyer, afin de soutenir sa carrière. Mais l’État a décidé qu’il avait besoin de moi, et j’accepte cette décision – même si cela me fait souffrir d’être éloigné de ma famille. J’espère pouvoir m’acquitter de ma dette envers des personnes comme Marharyta, qui nous ont offert ce temps.
Avant la guerre, Marharyta Polovinko peignait sa ville natale, Kryvyï Rih, et les figures fragiles de la société post-industrielle. Diplômée de l’Académie nationale des beaux-arts et d’architecture de Kyïv, elle créait des portraits réfléchis, souvent bruts, de la vie en périphérie. Sa peinture de 2019 Trois Grâces de l’urbanisation, réalisée à partir de gouache, de charbon, de pierres et de papier, ne représentait pas une muse idéalisée, mais la beauté accablée de la vie parmi les terrils, les cliniques psychiatriques et le béton en ruine. Dans l’une de ses œuvres les plus saisissantes, Habitants de Kryvyï Rih près du refuge de nuit, elle révélait non seulement l’esthétique de ceux qui sont à la marge, mais aussi leur dignité.
Comme l’œuvre d’autres artistes ukrainiens, l’art de Polovinko a muté en 2022. Elle a commencé à dessiner compulsivement. Ses matériaux sont devenus symboliques : dessins réalisés avec des stylos à sec, voire avec du sang, pour transmettre la douleur brute et non filtrée de sa génération. « L’art est venu à moi là où c’était le plus insupportable sans lui », disait-elle dans une interview en 2023. Mais elle reconnaissait aussi que ses dessins de guerre semblaient impossibles à partager : « C’est du sang, c’est de la douleur, c’est de la souffrance. C’est une matière qui n’a pas sa place. Je ne veux pas qu’elle existe. »
Pourtant, elle a continué à dessiner – même après s’être portée volontaire pour évacuer des soldats blessés à bord de véhicules médicaux sur la ligne de front. Elle dessinait pendant les pauses entre les missions à Mykolaïv et Kherson. Son œuvre a commencé à refléter non seulement l’horreur collective véhiculée par les nouvelles, mais aussi des souvenirs profondément personnels, des portraits de camarades, de la mort, de la survie.
Au moment de sa mort, Polovinko avait rejoint l’armée ukrainienne en tant que soldate. Ses camarades se souviennent d’elle comme d’une personne courageuse, honnête et déterminée – quelqu’un qui « faisait plus que ce qu’on lui demandait ». Elle a été tuée lors d’une mission de combat, arme à la main – avec dignité. Elle a été enterrée le 11 avril dans sa ville natale, Kryvyï Rih, dans l’Allée de la Gloire.
Dans un essai précédent, où j’évoquais la possibilité de retourner dans ma ville natale de Louhansk, j’écrivais : « La violence en Ukraine est une logique totale, importée dans notre pays par la Russie. Avant de parler de reconstruction, nous devons comprendre que le retour vers nos territoires sera mené par les soldats, les partisans, ceux qui seront les premiers à le reconquérir. » Cette déclaration avait été faite depuis une position de distance théorique. Aujourd’hui, je la réécris de l’intérieur même de cette logique – et depuis le deuil qu’elle engendre.
Même avant ma mobilisation, je percevais un nouveau sentiment au sein de ma génération. Nous avons grandi dans les années 1990 avec l’idée que la liberté était déjà acquise. Mais au cours de la dernière décennie, à mesure que nous devenions adultes, nous avons dû apprendre ce que signifie lutter pour la dignité. Aujourd’hui, alors que nos villes brûlent et que nos proches tombent, nous comprenons que cette lutte est loin d’être terminée. Cette prise de conscience s’accompagne non seulement d’un deuil, mais aussi d’une profonde douleur générationnelle. Une douleur née du fait de voir ses pairs mourir – non pas dans un accident ou à cause d’une maladie, mais sous les missiles et les balles.
Ma génération d’acteurs culturels est en train d’être transformée par la perte. À l’image de ceux qui ont résisté à l’oppression soviétique et payé de leur vie pour avoir écrit en langue ukrainienne ou porté l’idée nationale, nous apprenons à inscrire notre volonté et notre défi dans l’histoire. Cette guerre est en train de nous forger – sa souffrance brute, qui laisse en soi une trace indélébile, se transforme en une urgence de dire et de se souvenir.
À travers cette guerre, la production culturelle en Ukraine se poursuit, en témoignage de la valeur durable de l’art face à la destruction. Les artistes, écrivains et penseurs ukrainiens poursuivent leur travail, même si la guerre rend leur pratique de plus en plus précaire. Nous apprenons à nous souvenir, à résister, à parler dans une langue qui porte à la fois le poids du passé et l’urgence du présent.
C’est dans ce contexte que l’exposition Concernant la fourmilière avant la pluie, que j’ai récemment co-organisée avec ma femme Oleksandra Pogrebnyak au musée The Stein Studio à Kyïv, raconte des histoires autour de la possibilité fragile de se préserver au milieu de bouleversements historiques profonds. Elle explore la relation complexe entre la modernisation et l’expérience du déplacement, révélant comment les grands projets géopolitiques et d’infrastructure non seulement transforment les paysages, mais déstabilisent aussi le sentiment d’agir et la subjectivité.
Nous avons ouvert l’exposition par une minute de silence. J’ai rédigé mes mots d’introduction depuis le camp d’entraînement, et Oleksandra les a lus au public en mon nom.
La mort de Polovinko est plus qu’une tragédie personnelle. C’est un réquisitoire. C’est un miroir tendu au monde occidental, qui s’est habitué à détourner le regard. Un monde où la complexité géopolitique éclipse trop souvent la clarté morale. Pour les Ukrainiens, ce n’est pas une option. La clarté morale se vit. Elle est enterrée dans les cimetières de Kryvyï Rih, peinte avec du sang et de l’encre bleue sur la ligne de front.
Ne détournez pas le regard du visage souriant de Marharyta. Sa mort ne doit pas devenir une note de bas de page. Elle ne doit pas non plus finir comme un simple nom de plus dans les archives de la guerre ou comme un « talent perdu » dans quelque future exposition consacrée à une autre génération sacrifiée de l’art ukrainien [allusion à la « Renaissance fusillée », la génération d’artistes et d’écrivains ukrainiens décimée sur ordre de Staline dans les années trente, NDLR]. Nous ne sommes pas encore une génération perdue. Mais nous sommes en danger. Honorez Marharyta. Honorez l’Ukraine.
Nous remercions la rédaction d’Eurozine de nous autoriser de publier ce texte.
Traduit de l’anglais par Desk Russie
Lire la version originale
<p>Cet article Une nouvelle génération d’artistes perdue ? a été publié par desk russie.</p>
29.05.2025 à 08:39
Galia Ackerman
L’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra et le cimetière de Caucade ont été attribués à l’État russe par la justice française.
<p>Cet article Comment Moscou s’empare de l’héritage des Russes blancs de Nice a été publié par desk russie.</p>
L’Association cultuelle orthodoxe russe de Nice (ACOR), créée en 1923 pour assurer la continuité du culte, a perdu sa deuxième bataille : après la cathédrale de Nice, c’est l’église orthodoxe Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra, ainsi que le cimetière de Caucade, qui ont été attribués à l’État russe par la justice française. Desk Russie a interviewé, ensemble, trois responsables de l’ACOR, Alexis Obolensky, président et marguillier, son épouse Joëlle, secrétaire adjointe, et Tatiana Chirinsky Abolin, trésorière.
Pouvez-vous résumer pourquoi et comment votre Église est passée sous la coupe du Patriarcat de Moscou ?
Commençons par l’histoire. L’église orthodoxe Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra, dans la rue de Longchamp à Nice, a été construite à l’époque d’Alexandre II et inaugurée en 1859. L’Église n’a pas été achetée sur les deniers de la couronne, mais par une souscription qui a été lancée auprès des résidents russes de Nice. La première à inscrire son nom dans la liste des souscripteurs a été l’impératrice Alexandra Fiodorovna, la veuve de Nicolas Ier, en tant que personne privée.
L’Église n’appartenait donc pas à la Russie. Le moyen que les autorités russes trouvent, soi-disant juridiquement, pour mettre la main sur notre église, c’est que tout ce qui avait trait à l’Église orthodoxe russe, où que ce soit, dépendait à l’époque du Saint-Synode. Et le chef de l’Église était l’empereur régnant. D’où leur conclusion que notre église doit appartenir à l’État russe, ce qui est historiquement discutable. En effet, pour ouvrir une Église à l’étranger, il fallait l’aval du Saint-Synode. Évidemment, les Russes de Nice, qui étaient de fidèles sujets, se sont adressés à l’autorité de tutelle religieuse, qui était le Saint-Synode. Aussi, la paroisse a ouvert un compte en banque à la Société Générale. Pour avoir le droit d’ouvrir un compte en banque, il leur fallait l’autorisation du Saint-Synode. Et chaque fois qu’ils faisaient un chèque ou qu’ils avaient une dépense importante à faire, ils se référaient au Saint-Synode qui donnait son aval. C’était tout simplement comme un tuteur ! Tel était le système de fonctionnement de l’Église.
En tout cas, notre avocat ne s’est pas lancé, pour notre défense, dans l’histoire de l’Église, ni dans l’histoire de la Russie, mais s’est appuyé uniquement sur des questions patrimoniales, selon la loi française. Et selon la loi française, si l’Église a été construite sur des deniers personnels, elle appartient en quelque sorte aux ouailles, aux paroissiens.
D’un autre côté, la Russie a été proclamée héritière de l’URSS, mais l’URSS n’a pas été l’héritière de l’Empire tsariste. Comment est-ce que cette difficulté a été contournée ?
La Russie, officiellement, ne peut pas être héritière de l’Empire des Romanov. Mais le régime russe a contourné la difficulté en disant que l’État russe actuel, ainsi qu’apparemment l’Union soviétique, préservait la continuité de l’Église russe. Tel est le terme qu’ils ont employé!
La Russie, en règle générale, depuis plusieurs années, essaie de s’accaparer de toutes les églises orthodoxes russes dans le monde, à Jérusalem, par exemple. Mais est-ce que vous, en tant que communauté de fidèles, vous aviez la possibilité de rester sous la juridiction de Constantinople ?
L’histoire de la tutelle de Constantinople est différente de l’histoire de notre procès. En 2019, il y a eu, de la part du Patriarche de Constantinople, un ultimatum qui était adressé notamment aux paroisses de notre archevêché, celui des Églises orthodoxes russes en Europe occidentale du patriarcat œcuménique de Constantinople. Cet ultimatum préconisait aux paroisses de rejoindre les métropoles grecques locales. Car l’archevêché avait obtenu, dans les années 1930, une autonomie particulière et un statut particulier. C’était la fin de cette autonomie, la fin de ce statut, et il fallait se fondre dans les métropoles grecques locales : les Français dans la métropole de France, les Anglais dans la métropole d’Angleterre, etc.
À ce moment-là, il y a eu une très forte propagande du patriarcat de Moscou auprès de nombreux représentants des églises de l’archevêché. Et cette propagande a fait qu’à peu près deux tiers des paroisses, enfin les prêtres des paroisses concernées, ont décidé de ne pas se fondre dans les métropoles grecques, mais de rejoindre le Patriarcat de Moscou.
Est-ce que c’était l’unique alternative ?
Non, il y avait d’autres possibilités, à savoir, se choisir une autre tutelle, c’est ce que nous avons fait. Il y a deux paroisses, une en Belgique et la nôtre, qui ont rejoint le patriarcat de Roumanie, du moins la métropole roumaine en Europe occidentale et méridionale. En fait, le choix de la métropole roumaine était dicté en grande partie par la rupture de la communion entre Moscou et Constantinople.
En quoi cette rupture était-elle gênante pour vous ?
Les personnes qui rejoignaient le patriarcat de Constantinople n’avaient plus leur place dans une église qui dépendait de Moscou. Par contre, la métropole roumaine était neutre et donc nous pouvions aller dans n’importe quelle église orthodoxe et n’importe quel fidèle orthodoxe, de quelque juridiction qu’il soit, pouvait venir chez nous sans aucun problème. C’était l’une des raisons de ce choix pour nous.
Pouvez-vous prier encore dans votre église qui, formellement, appartient à l’État russe ?
Nous avons reçu l’arrêt de la cour d’appel de Saint-Provence, mais nous n’avons pas été encore signifiés. Il y a une procédure formelle qui oblige à nous envoyer le même arrêté, mais par huissier, et le président de l’association doit signer. Tant que cela n’a pas été fait, ils ne peuvent rien faire, rien changer.
Dès que la signature aura été apposée, nous devenons des occupants sans droits ni titres dans une église où nous et nos prédécesseurs avons prié depuis près de 160 ans maintenant.
Donc, pour l’instant, vous allez dans cette église. Et le prêtre, est-ce qu’il a été changé ?
Pas pour l’instant. Mais il risque de se passer à tout moment ce qui s’est passé à la cathédrale Saint-Nicolas, lorsque l’État russe a gagné le procès contre celle-ci. Le Patriarcat a fait semblant qu’on pouvait trouver une entente. Et puis, un beau jour, ils ont changé les serrures. La cathédrale de Saint-Nicolas fait désormais partie du diocèse orthodoxe russe de Chersonèse du Patriarcat de Moscou. Et, bien entendu, le nouveau recteur fut nommé par ce diocèse.
Qu’est-ce qui s’est passé exactement avec la cathédrale de Nice ? Je sais qu’elle est passée sous la juridiction de Moscou. Mais là aussi, il y avait quand même pas mal de paroissiens qui ne le souhaitaient pas.
Ce n’était pas tout à fait la même histoire, bien que les intentions de la Russie soient strictement les mêmes. Mais il se trouve que le terrain sur lequel la cathédrale Saint-Nicolas a été bâtie appartenait à Nicolas II personnellement. Il l’avait hérité de son grand-père, Alexandre II, qui l’avait acheté parce que sur ce terrain se trouvait la résidence dans laquelle le Tsarévitch était mort, en 1865, à l’âge de vingt ans. Et il a acheté le terrain pour y construire une chapelle en hommage à son fils.
Lorsque la quantité de Russes dans la ville de Nice étant devenue trop grande pour être contenue dans une salle de la petite église que nous occupons aujourd’hui, ils ont eu l’idée de construire une église plus grande. C’est à ce moment-là que l’impératrice douairière, la mère de Nicolas II, a été sollicitée. Elle venait régulièrement à Nice et les paroissiens de l’époque lui ont demandé d’obtenir de son fils Nicolas II l’autorisation de réaliser ce projet sur le terrain du mausolée. Il a donné son accord.
La construction a commencé en 1903. Ça a piétiné. Il fallait beaucoup d’argent. La guerre russo-japonaise a fortement freiné le financement.
Finalement, l’empereur Nicolas II a chargé son cabinet de signer un bail de 99 ans avec les représentants de la communauté orthodoxe russe de Nice. C’est-à-dire qu’au lieu de tout simplement autoriser la construction sur son terrain, son administration a voulu sécuriser cette opération.
D’où la différence très forte entre les deux cas. Dans le cas de la cathédrale, les tribunaux français n’ont tenu compte que du bail. Là, la partie historique a été sans doute volontairement ignorée. En fait, le signataire du bail et tous ses héritiers avaient été assassinés par les bolcheviks. Il n’y avait plus ni l’entité à l’époque de la signature, ni l’empereur, ni ses descendants, tout cela avait été balayé par l’histoire.
Que s’est-il passé avec les paroissiens de la cathédrale?
Les paroissiens se sont scindés en deux. La majorité des personnes que nous connaissions nous a suivis. À l’époque, nous avions une possibilité de repli vers la vieille église, qui se trouvait en réfection. Cette même église que nous venons de perdre actuellement.
Tous ces faits s’inscrivent dans la politique de contrôle du monde russe. Est-ce que vous pouvez expliquer quand a commencé cette politique ? Est-ce que c’était encore sous Eltsine ou c’était Poutine ?
C’était encore sous Eltsine que les premières hirondelles sont venues pour inspecter les biens russes à Nice. Des mouvements de rattachement à la Russie, pas entièrement publics, existaient depuis longtemps. Les descendants de l’émigration blanche étaient travaillés à l’intérieur des paroisses. En 2019, l’Archevêque-Exarque de l’Exarchat des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale, Jean Renneteau, a établi la communion de l’Archevêché avec l’Église russe du patriarcat de Moscou. C’était cela, le coup de maître, quand toutes les églises, par exemple à Paris, presque tous les lieux historiques ont passé à Moscou, à travers notre archevêché.
L’État russe a également œuvré pour fusionner l’Église hors-frontières, fondée en 1922 par des prêtres qui ont fui le régime bolchévique, avec le Patriarcat de Moscou, directement sur proposition de Vladimir Poutine. Cela s’est soldé par la signature solennelle à Moscou, en présence du président russe, d’un Acte d’union canonique et eucharistique le 17 mai 2007. Il me semble que cela fait partie de la même logique qui préside la prise de contrôle des paroisses de Nice, à savoir s’emparer des biens de différents temples à travers le monde et promouvoir le discours de Moscou au sein de l’émigration russe – ancienne et récente.
En effet, en France, un certain nombre de paroisses faisaient partie de cette église hors-frontières, comme l’église de Cannes ou celle de Montauban. Il y avait une énorme célébration à Moscou pour ce rattachement. Mais le siège principal de l’Église hors-frontière se trouvait en Amérique, ainsi que la majorité des paroisses qui y étaient rattachées, alors que notre archevêché couvrait l’Europe occidentale, et Nice était restée dans l’archevêché.
Ceci dit, cette fusion a provoqué une espèce de schisme dans l’église hors-frontière, parce que toute l’église, dans son ensemble, n’a pas accepté le passage à Moscou.
À Nice, il y a beaucoup de Russes, mais aussi beaucoup d’Ukrainiens. Où est-ce qu’ils prient ?
Il y a une église qui s’appelle l’église Saint-Jeanne d’Arc, à Nice, qui accueille les Ukrainiens gréco-catholiques, c’est-à-dire des catholiques de rite oriental. C’est une paroisse assez active.
Beaucoup d’Ukrainiens viennent chez nous, mais il ne faut pas se cacher, il y a beaucoup d’Ukrainiens qui vont aussi à la cathédrale. En fait, si vous voulez, l’attitude du prêtre de notre paroisse, c’est de ne pas demander aux personnes qui viennent à notre église de s’identifier. L’église reste l’église, c’est-à-dire qu’elle accueille tout le monde. Notre prêtre est lui-même d’origine ukrainienne. Les Ukrainiens réclamaient au début que la liturgie soit en ukrainien, et il a toujours répondu qu’à Dieu, ça Lui est bien égal dans quelle langue on s’adresse à Lui. Cette église est de tradition russe, donc il fait la liturgie en russe, d’autant plus que tout le monde parle russe parfaitement.
Quelle est votre prochaine action ? Est-ce que vous espérez encore récupérer votre église ?
Récupérer, enfin… On ne sait pas. En tout cas, nous irons jusqu’au bout des possibilités que nous offre le tribunal français. Après la cassation, il y a la Cour européenne de justice.
Entre-temps, on sera de toute manière partis si on nous chasse. Et après on verra, est-ce qu’on forme une autre communauté quelque part et qu’on trouve un lieu de culte. On ira à l’église grecque, on ira à l’église roumaine ou encore ailleurs. Certains paroissiens resteront peut-être fidèles à cette belle église, même si ce n’est plus la même paroisse.
Est-ce que vous pouvez récupérer les objets de culte qui sont actuellement dans l’église ?
Normalement, les biens de l’église orthodoxe russe à Nice ont été transférés à l’association par Mgr Euloge en 1927. Et selon notre avocat, tout ce qui a été acquis depuis 1927, nous pouvons l’emporter. Ce qui représente évidemment énormément d’objets. Mais c’est extrêmement compliqué à faire.
Également, au sous-sol de l’église, il y a une très belle et importante bibliothèque en langue russe, qui a été créée en 1860 en même temps que l’église. Elle compte 13 000 volumes. Dans l’arrêté du tribunal d’appel d’Aix-en-Provence, il n’est question que du terrain et des bâtiments. Et la bibliothèque est dans l’acte d’attribution dont nous nous revendiquons. Dans la mesure de nos forces, de nos possibilités, nous souhaitons garder ce qui est à nous pour que l’histoire de l’immigration ne disparaisse pas.
Nous n’avons pas encore parlé du cimetière de Caucade qui a été « donné » à l’État russe par la même décision de justice que votre église.
Le tribunal de première instance nous avait accordé en février 1921 la propriété de l’église et du cimetière. Car nous avions droit à la prescription acquisitive. C’est-à-dire qu’en France, celui qui possède ouvertement, en toute quiétude et honnêtement un bien pendant plus de 30 ans en devient le propriétaire. L’avocat plaidait que l’acte d’attribution par Mgr Euloge est un vrai acte d’attribution, le terme attribution étant le terme employé dans la loi de 1905, lorsque des établissements publics de culte transféraient la propriété des biens aux associations culturelles. Ça fait partie de la loi de 1905, un aspect que tout le monde ignore, la structure administrative des églises. Hélas, le tribunal de la cour d’appel a cassé cette décision. Il l’a inversée, de manière tout à fait incompréhensible, en suivant l’argumentation russe, à savoir que Mgr Euloge n’avait pas le droit de donner ce qui ne lui appartenait pas.
Quant au cimetière, c’est quelque chose de très important. Il est possible que, dans la récupération par la Russie, le cimetière soit en première place. Parce que ce régime veut effacer l’histoire, d’une certaine manière. Et il prétend que les seuls représentants fiables de l’histoire russe, c’est la Russie actuelle…
<p>Cet article Comment Moscou s’empare de l’héritage des Russes blancs de Nice a été publié par desk russie.</p>
29.05.2025 à 08:39
Desk Russie
L’écrivaine a remporté le nouveau prix littéraire Dar, mais a refusé de l’accepter.
<p>Cet article Maria Galina : « Le rejet de la langue de Moscou est le prix le plus modeste à payer pour la liberté » a été publié par desk russie.</p>
Maria Galina est une romancière et poétesse de langue russe. Elle a été déclarée lauréate du prix littéraire Dar (Le Don) fondé en 2024 à l’initiative de l’écrivain Mikhaïl Chichkine, afin de soutenir une nouvelle littérature indépendante en langue russe. Après l’annonce du prix attribué à Galina pour son livre À côté de la guerre. Odessa. Février 2022 – février 2023, Chichkine a expliqué la démarche du jury. Néanmoins, l’écrivaine, qui a quitté Moscou pour retourner en Ukraine après le début de l’invasion russe, a refusé le prix. Desk Russie publie le texte de Chichkine et la lettre ouverte de Galina.
[…] Nous sommes tous, au sens propre ou figuré, à côté de la guerre. Le livre qui a remporté le prix est né de la guerre, imprégné de douleur face à la perte de l’humain dans un pays qui avait offert au monde une « grande culture russe ». Pourtant, ce livre résiste à la déshumanisation.
À côté de la guerre se déroule une autre guerre – une guerre pour la sauvegarde de la dignité. Ce livre ne parle pas seulement de la catastrophe de la culture, ni de celle de notre langue ; il parle avant tout du dépassement. La force de la voix de l’autrice réside dans l’espoir, dans la foi en la culture humaine, dans la victoire sur le mal qui émane du pays-agresseur. Ce livre contamine le lecteur avec sa foi dans le bien, dans la lumière, dans un monde qui viendra – si l’on tient bon et que l’on ne cède pas. […]
Il ne s’agit pas ici de culture russe ni de littérature russe. Ces notions font désormais partie du lexique de l’histoire. La langue russe n’appartient ni à la plus grande zone carcérale du globe, ni à la vermine tchékiste sur le trône, ni à une mère-patrie à la bouche pleine de cadavres. Ceux qui vivent et écrivent en russe en Ukraine, en Lituanie, en Israël, au Bélarus, en Amérique ou ailleurs – ce ne sont pas des écrivains russes, et ce qu’ils font n’est pas de la littérature russe. Ils vivent dans leurs pays, et font leur propre littérature.
C’est ainsi que cela doit être dans un monde régi non par le « don de l’obéissance », mais par le « don de la compréhension ».
La littérature russe est restée dans les manuels. Nous sommes dans un nouvel espace culturel et historique de la littérature en langue russe. Cet espace, qui fait partie de notre culture mondiale, je le partage avec des Juifs, des Ukrainiens, des Géorgiens, des Polonais, des Américains, avec tous les êtres humains sur la planète Terre pour qui cette langue – ma langue – est une forme de vie.
C’est dans cet espace de création libre en langue russe que se trouve notre avenir. Notre langue est un dialecte russe de la dignité humaine.
Traduit du russe par Desk Russie
Lire la version originale
Commençons, comme toujours, par remercier mes éditeurs, les experts, ainsi que ceux qui m’ont nominée, sans oublier, bien sûr, tous ceux qui ont participé au vote des lecteurs. En réalité, je considère les résultats de ce vote davantage comme un geste de soutien à une autrice qui se trouve actuellement à Odessa sous les missiles russes (comparé à d’autres villes d’Ukraine, nous avons été plus ou moins épargnés ces dernières années, mais au moment où j’écris ces lignes, la Russie vient de frapper la ville). Je voudrais dire quelques mots à ce sujet.
J’écris ce texte en anglais et en ukrainien. Au cours des trois années de guerre, j’ai très peu écrit en russe, à l’exception de ce livre, que j’ai terminé à la fin de la première année de l’invasion. Il m’est désormais plus facile d’écrire des textes publics en ukrainien et, franchement, cela m’est plus agréable. Mais dans la vie de tous les jours, je parle assez souvent russe. Je pense que dans les régions qui étaient majoritairement russophones à l’époque soviétique, la langue écrite restera pendant un certain temps très différente de la langue parlée, ce qui constituera une situation intéressante pour les futurs chercheurs. Mais cela n’a rien à voir avec le sujet qui nous occupe.
À vrai dire, j’ai hésité à accepter de participer à un prix russophone, même s’il est financé par des fonds suisses. Finalement, j’ai accepté, et ma motivation est très simple. Je veux que le journal de la première année de l’invasion, écrit par un témoin de la catastrophe qui a brisé la vie de nombreuses personnes, soit lu par le plus grand nombre possible, et en premier lieu par ceux qui ne lisent pas l’ukrainien. Car, franchement, mon peuple sait déjà tout cela. J’ai écrit ce livre (comme je l’indique dans la préface de la réédition) spécialement pour vous. Cela vaut également pour les membres du jury, parmi lesquels figurent de nombreuses personnalités des médias. Peut-être n’aimeront-ils pas le texte. Mais au moins, ils le liront. Je considère donc ma participation ici comme une occasion de dire ce que je considère comme important, à autant de personnes que possible, dans autant de langues que possible. Et pour cette opportunité, je suis sincèrement reconnaissante au prix et à ses organisateurs.
Autrement dit, si un livre condamnant l’invasion de la Russie et la Russie telle qu’elle est reçoit une certaine attention médiatique grâce à un prix censé soutenir la littérature en langue russe, ce sera bien sûr une ironie amère, mais c’est ainsi.
À titre personnel, je ne pense pas que la littérature russophone ait besoin d’être soutenue. Certains écrivains en ont probablement besoin. Mais depuis l’époque soviétique, la littérature russe, tout comme la langue russe, est un instrument de soft power qui a contribué à façonner une image attrayante de la Russie dans certains cercles, ce qui a probablement influencé la motivation de la communauté internationale lorsque le sort de l’Ukraine a été décidé. D’une manière générale, je pense que le rôle mondial de la littérature russe est un peu exagéré. Je ne sais pas d’où proviennent les fonds qui financent les nombreux départements d’études russes dans les universités occidentales, ni grâce à quoi il était plus populaire de s’intéresser à Tolstoï et Dostoïevski qu’à Du Fu ou Balzac, par exemple. Peut-être que, lorsque tous les financements provenant de Russie seront enfin coupés, la littérature russe finira par occuper la place qui lui revient parmi les autres littératures du monde, ni plus, ni moins. Et seulement après qu’elle aura purgé sa peine pour ses crimes d’État. Certes, je connais des gens de lettres qui ne se taisent pas, même en Russie. Mais j’en connais aussi qui se taisent, même dans la diaspora, et ceux-là sont majoritaires. Je sais qu’ils sont contre. Mais aucune déclaration publique, rien.
Un écrivain est une créature vulnérable, car le langage est son outil, un moyen d’identification, d’affirmation de soi, une source de revenus. C’est incomparablement plus facile pour un artiste ou un compositeur. C’est peut-être pour cela que l’on voit tant de compromis et de décisions douteuses parmi les écrivains russes. Je peux le comprendre, sans plus. J’ai moi-même fait des compromis, je sais donc de quoi il s’agit.
Quel destin attend la littérature russe ? Je ne sais pas, cela ne m’intéresse pas. Je ne peux que deviner. Bien sûr, si un écrivain veut conserver son public, il doit être publié dans la métropole, car c’est là que se trouvent les lecteurs. Certains auteurs russophones le font.
Pour moi, c’est une option inacceptable, mais c’est leur choix – et avec ce choix viennent certaines restrictions en matière de thèmes et d’intrigues. Mais si un auteur n’est pas publié dans la métropole, il y a d’autres restrictions : son cercle se limite aux lecteurs de ses œuvres sur les réseaux sociaux ou aux maisons d’édition dont les publications ne sont pas disponibles dans la métropole et sont donc inaccessibles aux critiques et aux débats publics… Ainsi, c’est la littérature russe qui paie aujourd’hui le prix fort de l’agression russe : en raison de son conformisme général, elle est, à mon avis, presque réduite à néant, a perdu son intégrité, et comme d’habitude, ce sont les meilleurs qui en souffrent.
Bien sûr, la littérature de la diaspora peut devenir quelque chose d’intéressant avec le temps, mais il n’est pas certain qu’elle deviendra LA littérature russe. Ce sera la littérature russophone des cultures de l’exil. Ainsi, je ne considère pas Nabokov comme un écrivain russe.
Aurons-nous alors, dans dix ou vingt ans, des œuvres puissantes d’auteurs russophones ? Probablement oui, car la littérature se nourrit généralement de la souffrance et peut donc naître de la nostalgie, du sentiment de culpabilité et de défaite, comme l’ont montré des exemples historiques.
Mais ce que je souhaiterais personnellement pour la littérature russe, même dans la diaspora, c’est qu’elle s’éloigne un peu de l’espace médiatique. Car je vois l’intention de construire l’image d’une soi-disant Grande littérature russe, mais qui soit la « bonne » littérature. Je ne suis pas sûr que ce soit une tendance utile. Le phénomène de la littérature russe ne peut exister que si cette littérature est liée à la métropole, même en confrontation… sinon, ce n’est pas de la littérature russe, mais, comme je l’ai dit, de la littérature en langue russe d’autres pays. Pour ma part, je ne veux rien avoir à faire avec cette métropole.
À strictement parler, je n’aime pas les projets qui intègrent des textes russophones ukrainiens dans le processus littéraire russophone commun. Ils visent à prouver qu’il existe un espace russophone commun – et que les russophones de l’ancienne zone d’influence russe ou soviétique en font partie. C’est une notion dangereuse, car la Russie revendique des territoires précisément en se basant sur la présence de populations russophones.
Maintenant, quelques mots sur moi. Je suis une écrivaine de langue russe d’origine ukrainienne, autrice de plusieurs livres de poésie et de prose. J’ai longtemps vécu à Moscou, mais j’ai finalement quitté la Russie avant la guerre, car la guerre était toute proche et je voulais la vivre chez moi, avec mes amis et ma famille. Mes livres, mes poèmes et mes textes en prose ont été traduits en plusieurs langues, ce pour quoi je remercie sincèrement les éditeurs et les traducteurs – ukrainiens, anglais, français, américains, polonais et estoniens (j’en oublie probablement). Mais je n’écrirai probablement plus de livres. Parce que la langue dans laquelle je travaillais m’a été enlevée par la Russie. J’ai entendu des slogans : nous ne céderons pas notre langue à Poutine, etc. Malheureusement, comme nous le voyons, tout est beaucoup plus compliqué. Si je continue à écrire, ce seront probablement des livres complètement différents, peut-être dans une autre langue. La prose chimérique [à rapprocher du réalisme magique, NDLR], autant que la science-fiction et l’horreur, c’est-à-dire le domaine dans lequel je travaillais, ont désormais perdu leur charme, car la réalité est plus bizarre, plus fanatique et plus terrible. Le livre qui a été primé est un journal documentaire, mon histoire. C’est une tentative d’analyser comment la guerre est perçue par une personne purement civile qui a vécu à Moscou pendant de nombreuses années, qui y était une écrivaine plus ou moins connue, et puis Moscou a commencé à bombarder sa ville natale.
Au cours de ces trois années de guerre totale, j’ai publié deux livres en russe – celui dont je parle ici et un recueil de poèmes, qui est aussi une sorte de journal de guerre –, tous deux dans de bonnes maisons d’édition, mais en dehors de l’Ukraine. Je fais partie de ceux qui ne soutiennent pas la langue russe en Ukraine. Car c’est la langue russe dans certaines régions qui les a rendues vulnérables à l’agression russe – ce sont elles que Moscou revendique, ce sont elles qui ont le plus souffert et qui continuent de souffrir. Je ne veux pas d’un tel sort pour Kharkiv, où vivaient mon arrière-grand-mère et mon arrière-grand-père Roudnytski, où, d’ailleurs, mon grand-père juif a été arrêté en tant que « médecin-meurtrier », je ne veux pas d’un tel sort pour Kyïv, où j’ai grandi, ni pour Odessa, où je vis aujourd’hui.
Et la langue de Moscou, ou plutôt le rejet de la langue de Moscou, est à mes yeux le prix le plus modeste à payer pour la liberté. Le prix le plus élevé est la vie, et beaucoup l’ont déjà payé.
Quand j’entends parler ukrainien, je me sens chez moi. Le reste n’a aucune importance.
Traduit de l’ukrainien par Desk Russie
Lire la version originale en ukrainien et en anglais
Maria Galina a grandi en Ukraine, notamment à Kyïv et Odessa. Elle a étudié la biologie marine à l’Université d’Odessa, se spécialisant en hydrobiologie. Elle a soutenu une thèse et participé à plusieurs expéditions scientifiques avant de se tourner vers la littérature dans les années 1990, publiant d’abord sous le pseudonyme de Maxime Golitsyne. Depuis 1995, elle publie sous son propre nom. Son œuvre, mêlant réalisme et fantastique, comprend des romans, des nouvelles et de la poésie. Elle est également traductrice, ayant notamment traduit en russe des auteurs comme Stephen King, Clive Barker et Jack Vance. Galina a longtemps vécu à Moscou où elle a notamment travaillé en tant que critique littéraire à Literatournaïa Gazeta et à Novy mir. Elle a également fait partie de jurys de plusieurs prix littéraires. En 2021, Maria Galina s’est installée à Odessa avec son époux, le poète Arkadi Chtypel. Elle a souhaité « être du côté de la lumière lorsque la guerre éclaterait ».
Plusieurs de ses œuvres ont été traduites en français : les romans L’Organisation (Agullo Éditions, 2017) et Autochtones (Agullo Éditions, 2020) et le recueil de poèmes L’invisible est lumineux (Agullo Éditions, 2023).
<p>Cet article Maria Galina : « Le rejet de la langue de Moscou est le prix le plus modeste à payer pour la liberté » a été publié par desk russie.</p>