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29.08.2025 à 16:10

Les présidents français et l’Europe : du plan Marshall au général de Gaulle (1948-1969) 

Vincent Lequeux

En 1948, alors que les alliances de la Seconde Guerre mondiale ont vécu, un nouvel ordre mondial marqué par la confrontation implicite des deux superpuissances américaine et soviétique se met en place. En pleine reconstruction, l’Europe est alors un continent convoité par les deux protagonistes qui cherchent à y imposer leur doctrine. Les États-Unis, conscients […]

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Texte intégral (3798 mots)
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont accéléré le rapprochement entre la France et l'Allemagne dans les années 1950
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont accéléré le rapprochement entre la France et l'Allemagne dans les années 1950 - Crédits : Bundesarchiv, B 145 Bild-F015892-0010 / Ludwig Wegmann / Wikicommons CC-BY-SA 3.0

En 1948, alors que les alliances de la Seconde Guerre mondiale ont vécu, un nouvel ordre mondial marqué par la confrontation implicite des deux superpuissances américaine et soviétique se met en place. En pleine reconstruction, l’Europe est alors un continent convoité par les deux protagonistes qui cherchent à y imposer leur doctrine. Les États-Unis, conscients que le communisme pourrait s’étendre et gagner l’ouest de l’Europe, théorisent dès 1947 la doctrine du "containment". Or endiguer l’expansion du communisme nécessite d’intervenir sur le continent européen de manière financière et militaire.

En avril 1948, les États-Unis décident donc d’aider massivement les États européens à se reconstruire grâce à un vaste programme de dons et de prêts financiers : le plan Marshall. Pour en faciliter la gestion tout en conservant un contrôle via l’Economic Cooperation Administration américaine, ils amènent les États européens à créer l’Organisation européenne de coopération économique (OECE). Cette institution internationale sera chargée de gérer et de distribuer les 13 milliards de dollars distribués entre 1948 et 1951. Important jalon vers une relative unification du continent, elle permet un accord sur la libéralisation des échanges entre les pays membres. L'OECE restera toutefois une stricte organisation internationale de coopération gouvernementale, alors même que le gouvernement français est favorable à une structure supranationale plus puissante.

Sur le plan militaire, dans le contexte de la Guerre froide naissante, des premiers essais nucléaires soviétiques et du partage de Berlin, les Américains souhaitent renforcer leur présence en Europe de l'Ouest. Pour ce faire, le traité de l’Atlantique nord est signé le 4 avril 1949 et entre en vigueur en août de la même année. Il pose les bases de l'Otan, qui ne prend véritablement forme comme organisation structurée qu’à partir de 1950.

La Guerre froide, tant sur le plan économique que militaire, façonne donc les relations des pays de l’Ouest européen. La France, comme ses futurs partenaires européens, intègre ces premières institutions internationales dont la création est imputable aux États-Unis, qui voient d’un bon œil l’unification du bloc de l’Ouest.

Dès mai 1949, 10 États européens décident d’approfondir leurs relations en signant le traité de Londres qui institue le Conseil de l’Europe, dont l’objectif est la défense des valeurs communes : droits de l’homme, démocratie libérale et état de droit. Pour la première fois, une structure institutionnelle est mise en place avec une Assemblée consultative, un Comité des ministres des Affaires étrangères et un secrétariat général. La Cour européenne des droits de l’homme suivra plus tard avec la Convention européenne des droits de l’homme de 1950 (entrée en vigueur en 1953 et institution judiciaire en 1959). Selon Winston Churchill, ce Conseil devait constituer le berceau des "États-Unis d’Europe". Cependant, du fait de son caractère purement consultatif, le Conseil de l'Europe sera par la suite largement supplanté par de nouvelles formes d'intégration européenne.

Années 1950 : les premières institutions européennes

Sous l’impulsion de Jean Monnet, Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères français, décide de lancer en 1950 une nouvelle forme d’intégration. La Déclaration Schuman du 9 mai 1950 marque le début de l’unification de l’Europe par le biais d’un projet économique. La Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) est composée d’une Haute Autorité supranationale, d’une Assemblée commune, d’une Cour de justice et d’un Conseil des ministres. Ce dispositif s’inspire de certaines idées débattues au Conseil de l’Europe (assemblée, coopération juridique) mais innove radicalement par le rôle supranational donné à la Haute Autorité.

Fondé sur la méthode fonctionnaliste imaginée par Jean Monnet, l’objectif est d’unifier les productions européennes de charbon et d’acier. Il s’agit en premier lieu de créer une "Union de fait" entre la France et l’Allemagne afin d’apaiser les tensions qui pourraient naître entre ces deux pays. Politiquement, la CECA vise à stabiliser les relations franco-allemandes en plaçant des secteurs stratégiques sous autorité commune, dans l’espoir de rendre toute guerre économiquement impossible. Deuxièmement, la CECA vise à moderniser les infrastructures de production afin d’augmenter les capacités productives de l’Europe et de participer au redressement économique des six pays fondateurs. Initiative française, la communauté convainc l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l'Italie. Le traité de Paris l’instituant est signé le 18 avril 1951 et elle entre en vigueur le 23 juillet 1952.

En parallèle de la CECA, le contexte international amène la France à réfléchir à un projet d’union militaire. En effet, à la suite de la signature du traité de l’Atlantique nord, les Allemands envisagent leur réarmement à partir de 1949. Soutenue par les États-Unis, cette initiative est vue d’un mauvais œil par le gouvernement français. Sous l’influence de Jean Monnet mais surtout à travers le plan Pleven présenté en octobre 1950, la France propose la création d’une Communauté européenne de défense (CED). Ce projet sera toutefois un échec. Alors que le gouvernement signe le traité, l’Assemblée nationale le rejette en 1954, une majorité transpartisane (gaullistes, communistes, mais aussi une partie des radicaux et socialistes) refusant une perte de souveraineté militaire. Cet échec marque un sérieux revers pour l’intégration européenne.

Néanmoins, les Six reprennent l’initiative dix ans après la fin de la guerre à la conférence de Messine (1955), où ils envisagent d’autres formes de coopération économique. Paul-Henri Spaak et Johan Willem, ministres des Affaires étrangères belge et néerlandais, y ouvrent la voie vers le traité de Rome. Une résolution commune aux six membres de la CECA est signée pour la création d'un marché commun. Le 25 mars 1957, l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas deviennent "l'Europe des Six" en signant les traités de Rome instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom).

Entre Messine et Rome, de 1955 à 1957, un long chemin a été parcouru entre les partenaires européens, particulièrement afin d'élaborer le futur marché commun. En parallèle, Jean Monnet fonde le 13 octobre 1955 le Comité d’action pour les États-Unis d’Europe, un réseau de responsables politiques et syndicaux européens qui jouera un rôle déterminant dans la promotion du projet d’intégration. Signés le 25 mars 1957, les traités de Rome entrent en vigueur le 1er janvier 1958, après des ratifications relativement rapides dans les six États membres. En France, la majorité approuvant le texte est courte : 342 voix contre 239. Parmi les groupes s'opposant à l'extension de l'intégration européenne, les gaullistes font office de leaders. Plus généralement, en raison de la Guerre d'Algérie, qui débute en 1954, et de l'instabilité gouvernementale, qui caractérise la IVe République, le rôle jusqu'ici moteur de la France dans la construction européenne est réduit.

Les fondateurs de la CECA
Les fondateurs de la CECA

Les Pères fondateurs

Konrad Adenauer (1876-1967) est un avocat et homme politique allemand. Exerçant la fonction de maire de Cologne avant la guerre, il est fait prisonnier à deux reprises par la Gestapo sous le régime nazi. Après la guerre, il fonde le Parti chrétien-démocrate (CDU) puis participe à concevoir la Constitution de la RFA dont il devient le premier chancelier en 1949. Favorable à l’unification des nations composant le continent, il défend une Europe de la défense, projet qui échouera en 1954. Le 7 mai 1950, il donne son accord à Robert Schuman sur le projet de la CECA et signe le traité de Paris le 18 avril 1951. En 1963, il démissionne de la fonction de chancelier après avoir signé le traité de l’Élysée actant la réconciliation franco-allemande et le succès de ce qui sera considéré comme le premier "couple franco-allemand" avec le général de Gaulle.

Alcide de Gasperi (1881-1954) est un homme politique italien originaire de la région du Trentin. Docteur en philosophie et emprisonné durant le régime fasciste, il devient président du Conseil italien en 1945 et occupe ce poste jusqu’en 1953. Il œuvre notamment à la mise en place de la nouvelle Constitution italienne votée en 1948 et ancre l’Italie dans la Communauté européenne. Fédéraliste convaincu, il répond à l’appel de Robert Schuman et signe le traité de Paris instituant la CECA. Il milite pour la création d'une communauté politique européenne.

Jean Monnet (1888-1979) est un haut-fonctionnaire français originaire de la région de Cognac. Il s'engage dans le service public lors de la Première Guerre mondiale, en tant que gestionnaire des ressources alliées. Expatrié en Chine et aux États-Unis dans l'entre-deux-guerres, où il négociera un programme de construction d'armes à destination des forces alliées, il se trouve à Londres lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Jean Monnet participera alors au plan visant à fusionner la Grande-Bretagne et la France dans la lutte contre le régime nazi. Nommé commissaire au Plan après-guerre, il proposera le projet de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) à Robert Schuman. Jean Monnet (1888-1979) est un haut-fonctionnaire français originaire de la région de Cognac. Il s'engage dans le service public lors de la Première Guerre mondiale, en tant que gestionnaire des ressources alliées. Expatrié en Chine et aux États-Unis dans l'entre-deux-guerres, où il négociera un programme de construction d'armes à destination des forces alliées, il se trouve à Londres lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Jean Monnet participera alors au plan visant à fusionner la Grande-Bretagne et la France dans la lutte contre le régime nazi. Nommé commissaire au Plan après-guerre, il proposera le projet de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) à Robert Schuman. Il en devient le premier président en 1952 et conserve cette fonction jusqu’en 1955, date à laquelle il fonde le Comité d’action pour les États-Unis d’Europe.

Robert Schuman (1886-1963) est un avocat et homme politique français, né à Luxembourg. En 1919, il entame une carrière politique en devenant député de Moselle. Il poursuit sa carrière jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et exerce les fonctions de sous-secrétaire d’État jusqu’à son arrestation par la Gestapo en septembre 1940. En 1945, il réintègre les bancs de l’Assemblée nationale comme député puis devient ministre des Finances en 1947. En 1948, il est nommé ministre des Affaires étrangères et conserve ce poste jusqu’en 1952. Créateur de la CECA sous les conseils de Jean Monnet, le titre de "Père de l’Europe" lui est décerné par l’Assemblée européenne de Strasbourg en 1960 alors qu’il quitte la présidence de cette Assemblée qu’il occupait depuis 1958.

Paul-Henri Spaak (1899-1972) est un homme politique belge. Il débute sa carrière politique comme député en 1932 et devient ministre durant la Seconde Guerre mondiale. En 1944, il est l'un des instigateurs du Benelux, l'union économique liant la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Premier ministre puis ministre des Affaires étrangères, il occupe les fonctions de président de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe de 1949 à 1951. Président du comité d’expert lors de la conférence de Messine en 1954, qui donnera le coup d'envoi de la création de la Communauté économique européenne (CEE), il joue un rôle de premier plan dans la signature du traité de Rome et dans l’édification de la CEE en 1957. Profondément européiste, il combat la vision européenne confédérale de De Gaulle en se faisant l’avocat du supranationalisme. Paul-Henri Spaak a également été le premier président de l’Assemblée commune de la CECA (1952-1954), ancêtre du Parlement européen, et secrétaire général de l'Otan (1957-1961).

Charles de Gaulle, entre souverainisme et pragmatisme

Appelé pour prendre la tête du gouvernement le 13 mai 1958 alors que la Guerre d'Algérie s'intensifie, le général de Gaulle obtient les pleins pouvoirs de l'Assemblée nationale le 1er juin suivant. Douze jours plus tard, sous la direction de Michel Debré, l'élaboration de la future Ve République démarre. Soumise aux Français dès le 28 septembre 1958, la nouvelle Constitution est adoptée par référendum, asseyant le retour triomphal du général de Gaulle à la tête du pays.

Parmi les multiples implications de ce tournant dans l'histoire de la France, la politique étrangère et européenne passe dans le giron de l’Élysée. Renforcé par l'élection du président de la République au suffrage universel direct en 1962, le présidentialisme à la française fait, entre autres, passer la politique étrangère et européenne dans le "domaine réservé" du chef de l’État. Une répartition des compétences encore en vigueur aujourd'hui et plutôt inhabituelle au sein de l'Union européenne, largement composée de régimes parlementaires.

S'agissant de la vision européenne du général de Gaulle, deux courants de pensée se distinguent. Le premier voit en le premier président de la Ve République un pourfendeur de l'Europe, au nom de la nation. Quand le second décrit le général de Gaulle comme un pragmatique converti à l'idée européenne.

Certains historiens comparent son attitude à ce qu’on appelle aujourd’hui "euroscepticisme", même si le terme n’existait pas à l’époque et qu’il ne correspond pas exactement à sa position. Bien que réfutant toute idée de pouvoir supranational, le général de Gaulle n'était pas antieuropéen. Selon lui, la France est libre sur la scène internationale et seule la souveraineté nationale doit trancher les conflits politiques. Défendant le rôle spécifique et le message universel de la France dans le monde, le président de la République s'emploiera à se distinguer des blocs américain et soviétique durant la Guerre froide. Tandis que sur la scène européenne, de Gaulle adoptera une vision confédérale ou intergouvernementale, largement à rebours donc de celle des Pères fondateurs.

Cette orientation confédérale du général de Gaulle est principalement symbolisée par son attachement indéfectible à la règle de l'unanimité dans la prise de décision au niveau européen. Une position en contradiction avec les traités de Rome, puisque ces derniers prévoyaient un passage progressif à des votes à la majorité. La crise de la Chaise vide de juillet 1965 à février 1966 sera justement le fruit de la confrontation de ces deux conceptions de l'Europe. Le président français étant parfaitement opposé à l'idée de perdre son droit de veto sur l'élaboration de la Politique agricole commune, il se retira de la table du Conseil en signe de protestation. S'en suivit une absence de six mois du gouvernement français, qui s’achève par le compromis de Luxembourg (janvier 1966). Ce dernier réaffirme la règle de l’unanimité quand un État invoque un "intérêt vital", consacrant une entorse durable au principe de majorité prévu par le traité de Rome. Désormais, si cet intérêt est en jeu, un État pourra demander la poursuite des négociations jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé avant de procéder au vote.

De Gaulle sort renforcé de cette confrontation. Il reste un partenaire difficile mais engagé : jamais l’idée de quitter la CEE n’est envisagée, car il y voit un moyen pour la France de peser davantage, notamment en s’appuyant sur le couple franco-allemand. Tant sur le plan économique – les premières années de la construction européenne constituent représentent à cet égard un grand succès – que sur le plan politique – l'Europe donne la possibilité à la France se conserver sa grandeur – le général de Gaulle n'a vu l'intérêt de quitter le navire européen.

La défense des intérêts français se manifesta aussi lors des deux tentatives d’adhésion du Royaume-Uni dans les années 1960. Ne souhaitant pas prendre part à l’aventure européenne en 1951 puis en 1957, les Britanniques ont, dès le début des années 1960, désiré intégrer les communautés. En 1961 puis en 1967, les Britanniques échouent pour la même raison : de Gaulle s’y oppose, en avançant l’incompatibilité des orientations économiques. Mais il redoutait aussi que le Royaume-Uni serve de relais privilégié aux États-Unis dans les institutions européennes, ce qui risquait de diminuer l’autonomie du bloc européen. Le Royaume-Uni est, selon lui, lourdement endetté alors que les pays membres de la CEE affichent une bonne solidité financière. En outre, Londres refuse le principe de la Politique agricole commune.

Mais pour une partie des experts, le général de Gaulle a mené, y compris au niveau européen, avant tout une politique pragmatique, qui prenait en comptes les contraintes et les possibilités du moment. En matière européenne, le général de Gaulle a considéré que l'intérêt de la France était d'y participer dès les premières années afin de peser au maximum, avec l'Allemagne, dans sa conception.

Ne remettant pas en cause l'appartenance de la France au projet européen, mais défendant néanmoins une vision très intergouvernementale de l'Europe, le général de Gaulle s'est régulièrement présenté à ses homologues comme un interlocuteur exigeant, voire difficile. Refusant à deux reprises l'intégration du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne, de Gaulle s'est également élevé contre la remise en cause du principe de l'unanimité dans la prise de décision au niveau européen.

Chronologie de la construction européenne sous de Gaulle

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29.08.2025 à 13:54

Comment le Premier ministre et le gouvernement français sont-ils choisis ?

Vincent Lequeux

L'Assemblée nationale française, issue des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024, est fortement fragmentée. Loin de réunir les 289 élus nécessaires pour former une majorité absolue, aucune des différentes formations politiques n'est en mesure de gouverner à elle seule. Une situation quasi-inédite sous la Ve République, les élections législatives de 2022 […]

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Texte intégral (2328 mots)
Paris : Hotel de Matignon entrance
L'entrée de l'hôtel de Matignon, résidence du Premier ministre français - Crédits : iStock / legna69

L'Assemblée nationale française, issue des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024, est fortement fragmentée. Loin de réunir les 289 élus nécessaires pour former une majorité absolue, aucune des différentes formations politiques n'est en mesure de gouverner à elle seule. Une situation quasi-inédite sous la Ve République, les élections législatives de 2022 n'ayant déjà donné qu'une majorité relative au camp présidentiel.

En juillet 2024, trois principaux blocs ont émergé des urnes : à gauche, le Nouveau Front populaire et ses plus de 190 sièges, au centre les quelque 160 membres du camp présidentiel, et à l'extrême droite les près de 140 élus du Rassemblement National et de ses alliés. En l'absence d'une majorité absolue sur les bancs de l'Assemblée nationale, quelles sont les options possibles pour gouverner ?

Qui nomme le Premier ministre et le gouvernement français ? 

La Constitution française, dans son article 8, confère au président de la République le pouvoir de nommer le Premier ministre. Il s'agit d'un choix discrétionnaire du chef de l’État, sans conditions particulières.

Une fois le Premier ministre nommé, c'est à lui de constituer son gouvernement. L'usage veut que le président de la République s'y implique plus ou moins fortement, notamment au sujet des postes-clés que sont par exemple les ministères des Affaires étrangères ou de la Défense.

Le gouvernement doit cependant être soutenu par un nombre suffisamment large de députés. Une condition indispensable pour que les projets de loi et de budget puissent être adoptés. Dans le cas contraire, il peut être poussé à démissionner, notamment après le vote d'une motion de censure ou le rejet d'un vote de confiance.

Dans quelles circonstances le président de la République doit-il nommer un nouveau Premier ministre ? 

Le gouvernement peut démissionner à tout moment, sur décision du Premier ministre. Le président de la République doit alors nommer un nouveau Premier ministre. En pratique, le chef de l'État prend souvent l'initiative de cette démission. Il peut aussi refuser la démission du Premier ministre ou la différer.

Les élections législatives conduisent aussi généralement à la démission du gouvernement, y compris lorsqu'une majorité est reconduite à l'Assemblée nationale. Il s'agit toutefois d'un usage républicain, la Constitution ne l’imposant pas explicitement. Les scrutins législatifs ont lieu tous les cinq ans ou après dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président de la République (article 12 de la Constitution), dans la limite d'une fois par an.

La démission du gouvernement est en revanche obligatoire dans deux cas : le rejet d'un vote de confiance après une déclaration de politique générale (article 49 alinéa 1 de la Constitution) et le vote d'une motion de censure (article 49 alinéa 2). Le Premier ministre peut également solliciter la confiance de l'Assemblée nationale à tout moment après une délibération du Conseil des ministres : dans ce dernier cas, la Constitution n'impose pas explicitement au gouvernement de démissionner en cas de vote négatif, même si là encore l'usage le préconise.

Dans tous les cas, la Constitution française n'impose aucun délai particulier pour la nomination d'un nouveau Premier ministre. Après les élections législatives de juillet 2024, Gabriel Attal a par exemple continué de gérer les affaires courantes jusqu'au 5 septembre.

Comment fonctionne un vote de confiance ?

Le vote de confiance est une procédure par laquelle le Premier ministre engage la responsabilité de son gouvernement devant l'Assemblée nationale, notamment après une déclaration de politique générale. Cette démarche commence par un débat organisé à l'Assemblée, suivi d'un scrutin public. Il s'agit d'un moyen pour le gouvernement de vérifier qu’il dispose du soutien majoritaire nécessaire pour gouverner.

Dans la pratique, cette demande de vote de confiance est souvent liée à la situation politique. Lorsque le Premier ministre dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée, son intérêt est de solliciter la confiance à l'issue d’une déclaration de politique générale afin de conforter sa légitimité. Dans le cas d'une majorité relative en revanche, ce choix peut apparaître risqué.

Depuis la création de la Ve République en 1958, le vote de confiance a été utilisé à 41 reprises par 22 Premiers ministres différents. Aucun gouvernement n'est jamais tombé suite à un vote de confiance rejeté, tous ayant obtenu la confiance de l'Assemblée nationale. Le dernier Premier ministre ayant demandé un vote de confiance après une déclaration de politique générale fut Jean Castex, en juillet 2020.

Si la motion de censure exige une majorité absolue des membres composant l'Assemblée nationale, le vote de confiance ne requiert quant à lui que la majorité des suffrages exprimés.

Comment fonctionne une motion de censure ?

À travers le vote d'une motion de censure, les députés français peuvent mettre en cause la responsabilité du gouvernement. Celle-ci doit être signée par au moins un dixième des députés pour être recevable, puis adoptée par la majorité absolue des membres de l'Assemblée (et non des seuls députés présents lors du vote) pour être adoptée. Le gouvernement est alors renversé et doit démissionner.

Dans une Assemblée nationale fragmentée sans majorité absolue, tout gouvernement est à la merci d'une motion de censure, compliquant sa formation et sa stabilité. À elles seules, les voix combinées des députés de l'opposition atteignent généralement le seuil requis pour l'adoption d'une telle motion. Ce qui contraint le gouvernement à chercher des compromis et des soutiens ponctuels pour éviter d'être renversé.

Bien que les gouvernements d’Élisabeth Borne et de Gabriel Attal n'aient pas obtenu de majorité absolue sous la précédente législature (2022-2024), les motions de censure déposées à leur encontre (31 et 3 respectivement) n'ont jamais atteint le nombre suffisant de voix pour être adoptées. Le Premier ministre Michel Barnier a en revanche subi le vote d'une motion de censure le 4 décembre 2024, près de trois mois après avoir été nommé.

La France peut-elle être gouvernée sans majorité absolue ?

Lorsqu'un parti ou une alliance obtient la majorité absolue des députés à l'Assemblée nationale (au moins 289 sièges sur 577), le Premier ministre est traditionnellement issu de ses rangs. Un choix qui confère une stabilité à son gouvernement, peu susceptible de tomber à la suite du vote d'une motion de censure. À l'exception des gouvernements Cresson (1991-1992) et Bérégovoy (1992-1993), tous les gouvernements français de la Ve République avant 2022 ont été soutenus par une majorité absolue de députés à l'Assemblée nationale, quitte à former des coalitions pour en assurer la stabilité.

En cas de majorité relative en revanche, il est plus difficile pour un gouvernement d'exercer ses prérogatives. Depuis 2022, la France est gouvernée par des exécutifs minoritaires, aucune formation politique ni coalition n’ayant obtenu de majorité absolue lors des législatives de 2022 et de 2024.

De 2022 à 2024, Élisabeth Borne et Gabriel Attal ont gouverné avec un socle commun d'environ 250 députés du centre (Renaissance, MoDem, Horizons…), en négociant le soutien de certains partis ou députés pour chaque projet de loi. Une situation qui implique des compromis constants et une certaine imprévisibilité. L'exécutif a également utilisé l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter certains textes sans majorité absolue, au risque de motions de censure. Enfin, le pouvoir réglementaire du gouvernement permet d’agir dans un certain nombre de domaines, par exemple l'éducation, sans passer par la loi.

Annoncé le 21 septembre 2024 après les élections anticipées de juillet, le gouvernement de Michel Barnier a pris la forme d'une coalition encore plus réduite entre le centre (Renaissance, MoDem, Horizons) et la droite, principalement composée des Républicains. Avec un peu plus de 200 députés, il a été renversé le 4 décembre par une motion de censure votée par le Nouveau Front populaire (193 élus) et le Rassemblement national (126 élus). Nommé le 13 décembre et s'appuyant sur la même majorité relative, son successeur François Bayrou a de son côté survécu à huit motions de censure. Aucune n'a recueilli la majorité des suffrages, en l'absence notamment des voix du Rassemblement national.

Face à la crise politique résultant du scrutin de 2024, d'autres options ont été discutées. Une coalition gouvernementale plus large, recouvrant notamment une partie de la gauche, pourrait par exemple rassembler plus de la moitié des députés derrière un candidat consensuel et un programme gouvernemental commun. Une coalition qui, dans le cas présent, devrait inclure des députés de divers horizons politiques, du Parti communiste à l'UDI (un gouvernement associant LFI et le camp présidentiel ayant été exclue par les deux camps). Autre alternative : un gouvernement technique composé de ministres sans affiliation partisane. Celui-ci gèrerait les affaires courantes avec le soutien ponctuel des différentes forces politiques de l'Assemblée. Une solution généralement transitoire, en attendant un consensus plus stable, et qui serait toutefois inédite sous la Ve République.

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29.08.2025 à 09:00

Infographie : la Pologne en un clin d'œil

Eve Bachler

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28.08.2025 à 16:52

Qu'est-ce que le discours sur l'état de l'Union ?

Valentin Ledroit

Instauré en 2010, par le Traité de Lisbonne, le discours sur l'état de l'Union européenne ou SOTEU ("State of the European Union"), est devenu en quelques années un événement politique majeur de la rentrée européenne. Il est prononcé dans l'hémicycle à Strasbourg, devant les eurodéputés. Quels sont les objectifs du discours sur l'état de l'Union […]

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Texte intégral (2416 mots)
Le 13 septembre 2023, pour le 4e discours de sa première mandature, Ursula von der Leyen a évoqué l'avenir de l'Europe et la lutte contre le changement climatique devant le Parlement européen - Crédits : Christophe Licoppe / Commission européenne 2023
Le 13 septembre 2023, pour le 4e discours de sa première mandature, Ursula von der Leyen a évoqué l'avenir de l'Europe et la lutte contre le changement climatique devant le Parlement européen à Strasbourg - Crédits : Christophe Licoppe / Commission européenne

Instauré en 2010, par le Traité de Lisbonne, le discours sur l'état de l'Union européenne ou SOTEU ("State of the European Union"), est devenu en quelques années un événement politique majeur de la rentrée européenne. Il est prononcé dans l'hémicycle à Strasbourg, devant les eurodéputés.

Quels sont les objectifs du discours sur l'état de l'Union ?

Chaque année au mois de septembre, les eurodéputés font leur rentrée parlementaire et se rendent à Strasbourg pour une première session plénière après la pause estivale. À cette occasion, ils reçoivent dans l'hémicycle depuis 2010 le président ou la présidente de la Commission européenne pour le désormais traditionnel discours sur l'état de l'Union.

L'objectif de cet événement de rentrée est double. Il permet d'abord de dresser le bilan de l'année qui vient de s'écouler. Dans un second temps, il donne les grandes lignes des principaux chantiers prioritaires pour les mois à venir.

Au terme d'un discours d'une heure environ en moyenne, place au débat avec les eurodéputés. Chaque groupe politique peut ainsi questionner la présidente de la Commission européenne sur son bilan et sur ses ambitions pour l’agenda politique à venir. Cette dernière répond ensuite aux sollicitations des eurodéputés.

Les modalités de ce discours et du débat sont précisées dans l'accord-cadre signé en 2010 entre le Parlement et l'exécutif européens. "Le président de la Commission précisera parallèlement par écrit au Parlement les éléments clés présidant à l'élaboration du programme de travail de la Commission pour l'année suivante", explique ainsi le document.

Pour la première fois de son second mandat, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen prononcera son discours sur l'état de l'Union le 10 septembre 2025, devant le Parlement européen réuni à Strasbourg.

Cet exercice politique n’a pas eu lieu en septembre 2024, période de transition et de renouvellement des institutions suites aux élections européennes de juin 2024. La cheffe de l'exécutif européen s'était néanmoins présentée à la tribune du Parlement européen le 18 juillet pour exposer ses priorités et être réélue présidente de la Commission par les députés européens.

Le débat en plénière avec les députés qui suivra son allocution le 10 septembre prochain abordera l'avenir d'une Europe "plus forte, plus sûre et plus prospère", comme annoncé à l'occasion des 100 premiers jours de son second mandat. Ce temps fort s'inscrit dans un contexte international particulièrement tendu, avec une guerre en Ukraine qui perdure, mettant à rude épreuve la stabilité régionale et mondiale.

Quels ont été les discours sur l'état de l'Union marquants ?

Ce discours, instauré par le traité de Lisbonne est prononcé pour la première fois en 2010. Trois présidents se sont depuis prêtés à l'exercice : José Manuel Barroso à 5 reprises (de 2010 à 2014), Jean-Claude Juncker à 4 occasions (de 2015 à 2018) et Ursula von der Leyen qui prononcera son quatrième discours le 13 septembre prochain. Certaines allocutions ont eu plus d'écho que d'autres, principalement en raison de leur contexte.

Les deux premiers discours de José Manuel Barroso sont ainsi marqués par la crise grecque. Attendu en 2011 sur une éventuelle annonce en faveur d'un gouvernement de la zone euro, le Portugais répond : "La Commission est le gouvernement économique de l’Union, pour cela nous n’avons assurément pas besoin de davantage d’institutions".

En 2015, Jean-Claude Juncker se présente devant l'hémicycle dans un contexte difficile également. L'Union européenne est en effet confrontée à un afflux record de réfugiés sur son sol. "Nous, Européens, devrions savoir, et ne jamais oublier, la raison pour laquelle il est si important d’accueillir les réfugiés et de respecter ce droit fondamental qu’est le droit d’asile", déclare-t-il alors. Avant d'annoncer la relocalisation de 120 000 réfugiés à travers l'Europe pour soulager l'Italie et la Grèce. Un chiffre finalement très loin d'avoir été atteint.

L'année suivante, c'est un tout autre défi qui se présente au Luxembourgeois. Trois mois après le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, il tente de donner un nouveau cap et explique que "l’Union européenne n’est pas menacée dans son existence". Il propose notamment de doubler la durée et la capacité du Plan Juncker, visant à relancer l’investissement dans les pays de l’Union européenne. Ainsi que la mise en place d'un Corps européen de solidarité.

C'est dans des conditions très particulières qu'Ursula von der Leyen est amenée à prononcer son premier discours en septembre 2020, un peu moins d'un an après sa prise de fonction. A Bruxelles, et devant un hémicycle à moitié rempli pour des raisons sanitaires, la présidente de la Commission annonce ses intentions de rehausser les ambitions de son Pacte vert, pilier de son mandat. Elle appelle également de ses vœux la création d'une véritable "Europe de la santé" pour tenir compte des conséquences de la pandémie de Covid-19.

De retour à Strasbourg un an plus tard, l'Allemande revient principalement sur la gestion de la pandémie, soulignant le "succès" de la vaccination dans l'UE, alors que la barre des 70 % d'adultes vaccinés a été franchie quelques semaines plus tôt. Parmi les autres sujets abordés par la présidente de l'institution en septembre 2021 figurent le plan européen de relance économique, le numérique ou encore les questions de défense à quelques mois du début de la présidence française du Conseil de l’UE (PFUE). 

En 2022, le troisième discours d'Ursula von der Leyen était sans doute le plus attendu de son mandat. La présidente de la Commission européenne est ainsi revenue sur les conséquences de la crise ukrainienne. Après avoir réitéré le soutien de l'Union européenne à Kiev devant la première dame ukrainienne Olena Zelenska, elle a notamment annoncé de nouvelles mesures sur le marché de l'énergie ainsi que des dispositifs pour lutter contre les conséquences d'une inflation record.

Enfin, en 2023, l'Allemande a salué l'Union géopolitique qu'est l'UE avec le soutien à l'Ukraine face à la guerre menée par la Russie. Elle a également appelé les eurodéputés et les États membres à faire aboutir la réforme de la politique migratoire, et soutenu les ambitions climatiques et industrielles de l'UE.

Le discours sur l'état de l'Union est-il une spécificité européenne ?

Aux États-Unis également, un discours sur l'état de l'Union (en anglais State of the Union Address) est prononcé chaque année par le président américain. Si la pratique est relativement nouvelle au niveau européen, son origine outre-Atlantique est bien plus ancienne. En effet c'est en 1790 que le premier président des États-Unis George Washington inaugure cette tradition. Malgré une mise entre parenthèses de 1801 à 1913, ce discours énoncé à Washington devant le Congrès (réunissant la Chambre des représentants et le Sénat) est un événement majeur de la politique américaine durant lequel le chef d’État présente son programme pour l'année en cours.

Dans l'Union, c'est au Luxembourg que l'on trouve une pratique similaire. Chaque année, le Premier ministre tient son traditionnel discours sur l'état de la Nation devant les députés. Comme au niveau européen, ce rendez-vous est l'occasion de faire un état des lieux sur l'année écoulée et de se projeter sur celle à venir à travers quelques annonces.

Autre tradition similaire, le discours du Trône, que l'on retrouve dans plusieurs monarchies. Ainsi aux Pays-Bas, c'est le roi qui se livre au mois de septembre à cet exercice de présentation des grandes priorités politiques de l'année. Un discours rédigé par le Premier ministre. Tout comme au Royaume-Uni qui partage cette pratique. Ainsi en décembre 2019, la reine Elizabeth II avait détaillé, dans son 66e discours, les mesures pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.


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28.08.2025 à 14:32

Guerre en Ukraine : les bureaux de l'UE à Kiev endommagés, les dirigeants européens dénoncent la "terreur" de la Russie

Florian Chaaban

L'Ukraine plongée en plein chaos. Après qu'une attaque nocturne massive de la Russie sur Kiev a déjà causé la mort de quinze personnes, dont quatre enfants, et endommagé les bureaux de l'Union européenne dans la capitale, les dirigeants du Vieux continent n'ont pas tardé à réagir. L’Union européenne a convoqué l’ambassadeur de Russie à Bruxelles, a […]

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"Il s'agit là d'un sinistre rappel des enjeux. Cette attaque démontre que le Kremlin ne reculera devant rien", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen - Crédits : Dati Bendo / Commission européenne

L'Ukraine plongée en plein chaos. Après qu'une attaque nocturne massive de la Russie sur Kiev a déjà causé la mort de quinze personnes, dont quatre enfants, et endommagé les bureaux de l'Union européenne dans la capitale, les dirigeants du Vieux continent n'ont pas tardé à réagir.

L’Union européenne a convoqué l’ambassadeur de Russie à Bruxelles, a annoncé la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, sur le réseau social X. "Aucune mission diplomatique ne devrait être une cible", a-t-elle déclaré après ces bombardements russes. Cette convocation doit avoir lieu dans la journée, a précisé une porte-parole du service diplomatique de l’UE, Anitta Hipper.

Le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Andriy Sybiga, voit dans ces frappes qui ont visé des diplomates "une violation directe de la Convention de Vienne". "Cela exige une condamnation non seulement de l'UE, mais aussi du monde entier […]. Nous exprimons notre solidarité avec nos collègues de l'UE et sommes prêts à leur apporter notre aide".

La Russie "ne recule devant rien"

Ces nouvelles frappes montrent que la Russie "ne recule devant rien" pour "terroriser" l’Ukraine, a de son côté réagi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. "Il s’agit de l’attaque de drones et de missiles la plus meurtrière contre la capitale (ukrainienne) depuis juillet", a-t-elle déploré devant la presse. "C’était aussi une attaque contre notre délégation", a-t-elle ajouté, et "c’est pourquoi nous allons maintenir une pression maximum sur la Russie".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a quant à lui accusé le président russe Vladimir Poutine de "saboter les espoirs de paix", tandis que le chef d’État français, Emmanuel Macron, a dénoncé la "terreur" et la "barbarie" de la Russie, condamnant "avec la plus grande fermeté ces attaques insensées d'une grande cruauté".

Moscou vraiment prêt à négocier la paix ?

Ces événements ne font que retarder le processus de paix, après une lueur d'espoir entrevue lors du sommet de Washington du 18 août, qui réunissait dirigeants européens et américains. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé les autorités russes de préférer "continuer à tuer" plutôt que de négocier une paix. Lui qui, il y a encore quelques jours, jugeait réaliste un entretien avec son homologue russe, à condition qu’un accord préalable sur les garanties de sécurité pour Kiev soit signé.

Pour sa part, la Russie affirme n’avoir atteint que des cibles militaires. "Les forces armées russes accomplissent leur mission. Elles continuent de frapper des cibles militaires et para-militaires", a indiqué à des journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. "Dans le même temps, la Russie reste intéressée par la poursuite du processus de négociation, afin d'atteindre les objectifs qui sont fixés par des moyens politiques et diplomatiques", a-t-il ajouté.

Côté européen, Ursula von der Leyen a également fait savoir que l'UE allait bientôt présenter un 19e train de sanctions contre la Russie et que celles-ci seraient "draconiennes". "Parallèlement, nous poursuivons les travaux sur les avoirs russes gelés dans la perspective de les mettre à contribution pour la défense et la reconstruction de l'Ukraine. Et bien sûr, nous apportons un soutien ferme et sans faille à l'Ukraine, notre voisine, notre partenaire et notre amie, futur membre de notre Union", a-t-elle martelé.

La cheffe de l'exécutif européen se rendra dès vendredi dans plusieurs pays de l’Union situés à proximité du Bélarus et de la Russie afin d’exprimer la "pleine solidarité" de l’UE. Son déplacement commencera en Lettonie et en Finlande, avant qu'elle ne rejoigne l’Estonie samedi. Dimanche, Ursula von der Leyen sera en Pologne puis en Bulgarie, et terminera lundi son voyage par la Lituanie et la Roumanie.

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28.08.2025 à 11:25

Emmanuel Macron et Friedrich Merz à Brégançon pour donner un nouvel élan au tandem franco-allemand

Florian Chaaban

Au lendemain de leur déplacement en Moldavie aux côtés du Premier ministre polonais Donald Tusk, Emmanuel Macron et Friedrich Merz se retrouvent ce jeudi à Brégançon pour revitaliser la relation franco-allemande et discuter de l'avenir de l'Europe. Après Helmut Kohl en 1985 et Angela Merkel en 2000, Friedrich Merz est le troisième chancelier allemand à […]

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Friedrich Merz est le troisième chancelier allemand à être reçu par un président français à Brégançon - Crédits : Number 10 / Wikimedia Commons CC BY 2.0
Friedrich Merz est le troisième chancelier allemand à être reçu par un président français à Brégançon - Crédits : Number 10 / Wikimedia Commons CC BY 2.0

Au lendemain de leur déplacement en Moldavie aux côtés du Premier ministre polonais Donald Tusk, Emmanuel Macron et Friedrich Merz se retrouvent ce jeudi à Brégançon pour revitaliser la relation franco-allemande et discuter de l'avenir de l'Europe.

Après Helmut Kohl en 1985 et Angela Merkel en 2000, Friedrich Merz est le troisième chancelier allemand à être reçu par un président français dans sa résidence d'été du Var. "C’est un honneur qui est fait, une marque d’attention particulière du président de la République pour son homologue allemand", précise l’Élysée.

Dans la foulée d'un échange en équipe restreinte, les deux hommes échangeront en tête-à-tête, avant un Conseil des ministres franco-allemand et un Conseil franco-allemand de défense et de sécurité le lendemain, à Toulon.

Impulser une nouvelle dynamique

Le rendez-vous s'inscrit dans un climat particulier alors que, sur le plan intérieur, le gouvernement de François Bayrou est sur la sellette. À plus grande échelle aussi, la situation est instable, avec une guerre en Ukraine toujours dans l'impasse et un allié américain qui souffle le chaud et le froid. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier, qui malmène ses alliés européens et tend à se rapprocher de la Russie, "il y a une déception vis-à-vis des États-Unis en Allemagne qui provoque vraiment un aiguillon pour se rapprocher de la France", observe la spécialiste des relations franco-allemandes Hélène Miard-Delacroix.

Venu dès son investiture à Paris, Friedrich Merz a depuis reçu Emmanuel Macron à Berlin en juillet. Tous deux ont aussi effectué plusieurs déplacements conjoints, à Kiev en juin, puis à Washington le 18 août. À Brégançon, les deux dirigeants devraient évoquer les grands sujets diplomatiques du moment, aussi bien les garanties de sécurité à fournir à l'Ukraine dans le cadre d'un éventuel accord de paix avec la Russie, que les épineux sujets du nucléaire iranien et de Gaza. La compétitivité européenne, la convergence des réformes économiques et sociales des deux pays, mais aussi les enjeux de défense et sécurité seront débattus au Conseil des ministres.

L'avion du futur au cœur des discussions

Le chef d’État français et le chancelier allemand cherchent depuis plusieurs mois à concrétiser leurs velléités d'améliorer la compétitivité et la défense de l'Europe via des initiatives ou des agendas communs. Un objectif perturbé par l'instabilité politique en France qui résulte des législatives de 2024, ainsi que par sa situation budgétaire qui complique le financement d'investissements communs. Dans le même temps, Friedrich Merz, déterminé à renforcer le poids de l’Allemagne sur la scène internationale, est lui aussi confronté à de premières turbulences au sein de sa coalition avec les sociaux-démocrates.

Au cœur des discussions, ce sont surtout les questions de défense qui devraient retenir l’attention. Le programme franco-allemand du Système de combat aérien du futur (SCAF) connaît actuellement des turbulences, après que Dassault a proposé de revoir son organisation et de désigner un maître d’œuvre. Dans un document révélé par Reuters et adressé à la commission budgétaire du Parlement, le ministère allemand de la Défense met en garde contre les conséquences d’éventuelles concessions, tant sur les capacités de l’avion que sur l’implication de l’industrie allemande.

Selon Friedrich Merz, aucune avancée majeure n’est attendue cette semaine, mais le sujet restera incontournable. "J’espère que nous parviendrons à un accord, car l’Europe doit se doter d’un nouvel avion de combat", a-t-il déclaré, en visant une issue d’ici la fin de l’année. Déjà fin juillet, le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, avait reconnu que le programme se trouvait "dans un moment de vérité", à l’approche du lancement de la phase 2, qui prévoit la construction d’un prototype d’avion de combat.

Au-delà des sujets de défense, le commerce international demeure une autre source de tensions. Face aux droits de douane américains, Berlin pousse l’Europe à diversifier ses partenariats via de nouveaux accords de libre-échange. Mais Paris continue de rejeter le texte signé avec les pays latino-américains du Mercosur.

Les discussions avec Washington cet été sur les droits de douane ont mis en lumière les divergences franco-allemandes, chaque pays défendant séparément ses intérêts industriels auprès de la Maison-Blanche. Entre stratégie raisonnée de rapprochement et sujets sensibles, ce rendez-vous devrait quoi qu'il arrive marquer un moment important dans les relations entre deux pays moteurs du continent.

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28.08.2025 à 11:09

Rentrée européenne : une fin d’année 2025 à l'agenda chargé

Florian Chaaban

L'heure de la rentrée a sonné et avec elle, un nouveau chapitre s'ouvre pour l'Union européenne. De New York à Belém, en passant par Copenhague et Luanda, l’agenda européen de l’automne 2025 s’annonce chargé. Entre grands rendez-vous diplomatiques, échéances électorales cruciales et sommets économiques et environnementaux, l’Union européenne devra affirmer sa voix sur la scène […]

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Le 10 septembre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, donnera le coup d'envoi d'une fin d'année riche en temps forts, avec son discours sur l'état de l'Union - Crédits : Commission européenne | shaadjutt / iStock | Montage Toute l'Europe
Le 10 septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, donnera le coup d'envoi d'une fin d'année riche en temps forts, avec son discours sur l'état de l'Union - Crédits : Commission européenne | shaadjutt / iStock | Montage Toute l'Europe

L'heure de la rentrée a sonné et avec elle, un nouveau chapitre s'ouvre pour l'Union européenne. De New York à Belém, en passant par Copenhague et Luanda, l’agenda européen de l’automne 2025 s’annonce chargé. Entre grands rendez-vous diplomatiques, échéances électorales cruciales et sommets économiques et environnementaux, l’Union européenne devra affirmer sa voix sur la scène mondiale, tout en gérant des tensions politiques internes.

"Nous avons une chance unique de construire une Europe plus forte, plus sûre et plus prospère. Saisissons ce moment car il est décisif pour l’Europe", avait déclaré Ursula von der Leyen lors de la conférence de presse marquant ses 100 premiers jours de second mandat, le 11 mars dernier. Si la présidente de la Commission européenne a déjà commencé à traduire ces paroles en actes, le 10 septembre doit lui permettre de redonner une vision d’ensemble, d’affirmer ses priorités pour les cinq années à venir et de rallier le soutien du Parlement autour de son agenda.

De nouvelles orientations pour l’avenir de l’Union

Ce jour là, la cheffe de l'exécutif européen prononcera le très attendu discours sur l'état de l'Union. Instauré en 2010 après l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le discours sur l'état de l'Union européenne ou SOTEU ("State of the European Union") est devenu en quelques années un événement politique majeur de la rentrée européenne. Il est prononcé dans l'hémicycle à Strasbourg, devant les eurodéputés. 

L'objectif de cet événement de rentrée est double. Il permet d'abord de dresser le bilan de l'année qui vient de s'écouler. Dans un second temps, Il donne le ton et les grandes lignes des principaux chantiers prioritaires pour les mois à venir. Au terme d'un discours d'une heure environ en moyenne, place au débat avec les eurodéputés. Chaque groupe politique peut ainsi questionner la présidente de la Commission européenne sur son bilan et sur ses ambitions pour l’agenda politique à venir. Cette dernière répond ensuite aux sollicitations des eurodéputés.

Le 10 septembre, Ursula von der Leyen prendra la parole pour la cinquième fois dans le cadre de cet exercice. Un exercice politique qui n’a pas eu lieu en septembre 2024, puisque les élections européennes venaient tout juste de se dérouler en juin, entraînant une période de transition et de renouvellement des institutions. L'Allemande s'était néanmoins présentée à la tribune du Parlement européen le 18 juillet pour exposer ses priorités et être réélue présidente de la Commission européenne par les députés européens.

Faire entendre la voix de l'Europe dans le concert mondial

Le temps fort du 10 septembre s'inscrit dans un contexte international particulièrement tendu, avec une guerre en Ukraine qui perdure, mettant à rude épreuve la stabilité régionale et mondiale. La présidente de la Commission devrait notamment rappeler l’engagement constant de l’Union européenne dans ce conflit, soulignant le soutien politique, militaire et humanitaire apporté à Kiev, symbole d’une Europe unie dans ses valeurs et sa détermination.

En dépit des discussions "constructives" - selon les mots de Donald Trump - menées à Washington entre dirigeants européens et américains le 18 août, il reste difficile de voir la paix se profiler. La perspective d’une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky semble aussi s'être éloignée. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a accusé vendredi 22 août le président ukrainien de bloquer l’organisation d’une éventuelle réunion avec son homologue russe, au lendemain de critiques similaires du dirigeant ukrainien envers Moscou. Dans le même temps, la situation ne s’améliore pas sur le terrain, tandis qu'un 19e train de sanctions européennes contre la Russie est prévu pour début septembre.

Depuis près de deux ans, un autre conflit retient l’attention des Européens. En représailles aux massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas en Israël, l’État hébreu a intensifié ses bombardements sur la bande de Gaza. Une guerre qui a déjà provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes. La situation s’est encore aggravée le 20 août, lorsque le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a approuvé un plan de conquête de la ville de Gaza. Les Vingt-Sept ont appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu ainsi qu’à la libération complète des otages détenus par le Hamas, sans succès jusqu’ici. Toujours en discussion, le réexamen de l’accord d’association liant l’UE à Israël continue par ailleurs de diviser les États membres.

Sur le plan économique aussi, les enjeux à venir sont importants, alors que l'horizon semble s'être dégagé depuis la conclusion d'un accord commercial entre l'UE et les États-Unis le 27 juillet. Un accord finalisé le 21 août dans une déclaration conjointe. Depuis le 7 août 2025, les États-Unis appliquent des droits de douane supplémentaires sur des produits en provenance de plusieurs pays à travers le monde. Les exportations européennes, elles, sont majoritairement taxées à hauteur de 15 %.

Les nouvelles ambitions européennes de la rentrée devront enfin composer avec la problématique urgente du changement climatique et les nombreux enjeux liés à l'énergie, à la défense ou au numérique, dans un monde où les grandes puissances s'opposent plus qu'elles ne s'unissent.

Une succession de rendez-vous stratégiques

À la rentrée, les grands sommets internationaux vont s'enchaîner, à commencer par la 80e Assemblée générale des Nations unies, du 9 au 23 septembre à New-York. Principal organe de délibération de l’organisation, cette assemblée réunit chaque année les représentants des États membres. Ce rendez-vous annuel est "une opportunité unique de discussion multilatérale sur l’ensemble des défis mondiaux", avance l'ONU. Chacun des 193 États membres des Nations unies y dispose d’un vote égal, contrairement au Conseil de sécurité de l'ONU. Il y sera notamment question de la reconnaissance de la Palestine, qu'une dizaine de pays dont la France et trois autres membres de l'UE se sont engagés à reconnaître à cette occasion. Le 30 juillet, quinze pays occidentaux avaient lancé "l'appel de New York" pour une solution à deux États entre Israël et la Palestine.

Le 2 octobre, ce sera au tour de la Communauté politique européenne de se retrouver. L'organisation, lancée en 2022 pour renforcer les liens entre l'ensemble des pays du continent qui partagent les valeurs de l'Union européenne, réunira ses membres au Danemark. Au cœur de l'actualité européenne, le royaume assure d'ailleurs depuis le 1er juillet la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. La présidence suivante sera assurée par Chypre, à partir du 1er janvier 2026.

La Conférence des Nations unies sur le climat (COP) en est quant à elle à sa 30e édition. La COP30 aura lieu cette année à Belém (Brésil) du 10 au 21 novembre 2025. Berceau des conventions des Nations unies sur l’environnement, le géant sud-américain est réputé pour son expérience en matière de négociations climatiques et de multilatéralisme, comme en témoigne le célèbre sommet de Rio en 1992. Mais avec la menace de défections diplomatiques, l’événement suscite autant d’espoirs que de critiques. D'autant qu'il se déroule quelques mois après l’annonce par les États-Unis de leur retrait de l'Accord de Paris.

Plusieurs dirigeants européens se rendront également à Johannesburg les 22 et 23 novembre. La ville sud-africaine accueillera le sommet du G20, un groupe informel qui a pour but de favoriser la concertation internationale entre les économies les plus développées. L'Allemagne, la France et l'Italie en sont membres, de même que l'Union européenne en tant qu'organisation, tandis que l'Espagne bénéficie du statut d'invité permanent.

Enfin, les 24 et 25 novembre, les dirigeants des États membres de l'Union européenne et des pays de l'Union africaine (UA) se réuniront à Luanda, en Angola, pour le septième sommet UE-Union africaine. Ce rendez-vous multilatéral sera coprésidé par le président de l'Angola, João Lourenço, et le président du Conseil européen, António Costa. L'UE sera également représentée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le sommet, tenu à l'occasion du 25e anniversaire du partenariat entre l'UE et l'UA, abordera les questions du renforcement de la coopération dans des domaines clés tels que la paix et la sécurité, l'intégration économique, le commerce, le multilatéralisme, le développement écologique, la transition numérique ou encore les migrations. "Notre objectif pour ce sommet historique est la poursuite d'un partenariat entre l'UE et l'Afrique robuste, équilibré et tourné vers l'avenir", a déclaré António Costa.

Le regard tourné vers les urnes

L’automne 2025 s’annonce aussi déterminant avec plusieurs scrutins susceptibles de redessiner les équilibres politiques à l’intérieur de l’Union.

Les 3 et 4 octobre, la République tchèque organisera ses élections législatives, afin de renouveler les 200 sièges de la Chambre des députés. Le scrutin mettra aux prises le mouvement populiste ANO d’Andrej Babiš et l’extrême droite du SPD, menée par Tomio Okamura, sur fond de débats nourris autour de l’avenir européen du pays.

Le 29 octobre aux Pays-Bas, les élections législatives anticipées ouvriront une nouvelle page de la vie politique du pays, à la suite de la chute du gouvernement le 3 juin 2025, précipitée par le départ de l’extrême droite de la coalition au pouvoir. Le scrutin dans la cinquième économie de l’Union européenne sera suivi de près en Europe.

D'ici le 11 novembre, l’Irlande élira un nouveau président pour un mandat de sept ans. Cette élection marque la fin des 14 années de mandat de Michael D. Higgins, symbole de continuité, qui ne peut se représenter car ayant déjà effectué les deux mandats maximum autorisés par la Constitution.

Au-delà des frontières de l’Union, certains pays européens non membres vivront également des échéances politiques majeures à l’automne. Le 8 septembre, la Norvège organisera ses élections législatives pour élire les 169 sièges du Storting.

Le 28 septembre, la Moldavie tiendra également des élections législatives importantes, dans un contexte de forte instabilité politique et de campagnes de désinformation massives menées par la Russie. En juillet 2021, le Parti action et solidarité (PAS) de Maia Sandu, alors présidente depuis seulement six mois, avait obtenu 63 sièges au Parlement à l’issue d’une campagne centrée sur la lutte contre la corruption et la réforme de la justice. Quatre ans plus tard, l’évolution du contexte géopolitique a transformé ses priorités : le PAS s’affiche désormais comme une force politique anti-Kremlin, résolument pro-Ukraine et favorable à l’intégration européenne de la Moldavie, candidate à l’UE depuis 2022. À l’automne 2024, les électeurs moldaves ont confirmé ce cap en réélisant Maia Sandu et en soutenant l’adhésion à l’Union européenne lors d’un référendum.

Notons enfin la situation particulière de la France, où le vote de confiance prévu le 8 septembre pour le gouvernement de François Bayrou s’annonce très incertain, dans un climat politique tendu. En cas de rejet, une crise gouvernementale pourrait s’ouvrir, ouvrant la porte à un possible changement d’exécutif.

Les prochains mois s'annoncent ainsi comme une période charnière pour l’Europe : confrontée aux tensions internationales, à des défis environnementaux globaux et à des bouleversements politiques internes, l’Union européenne devra affirmer sa cohésion, sa souveraineté et son rôle diplomatique afin de se projeter sereinement vers l’avenir.

L'agenda institutionnel de la fin d'année

Réunions du Conseil européen

  • 23 et 24 octobre
  • 18 et 19 décembre

Le calendrier complet du Conseil européen.

Sessions plénières du Parlement européen

  • 8 au 11 septembre
  • 6 au 9 octobre
  • 20 au 23 octobre
  • 12 et 13 novembre (mini-plénière à Bruxelles)
  • 24 au 27 novembre
  • 15 au 18 décembre

Le calendrier complet du Parlement européen

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28.08.2025 à 10:13

Assemblée nationale : quelle est la répartition des sièges par parti politique ?

Valentin Ledroit

Le 9 juin 2024 au soir, peu après l'annonce des résultats des élections européennes en France et la large victoire du Rassemblement national dans les urnes, le chef de l'État, Emmanuel Macron, a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale, provoquant la tenue d'élections législatives anticipées. Les dimanches 30 juin et 7 juillet 2024, les citoyens […]

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Texte intégral (2468 mots)

Le 9 juin 2024 au soir, peu après l'annonce des résultats des élections européennes en France et la large victoire du Rassemblement national dans les urnes, le chef de l'État, Emmanuel Macron, a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale, provoquant la tenue d'élections législatives anticipées. Les dimanches 30 juin et 7 juillet 2024, les citoyens français se sont de nouveau rendus aux urnes pour élire leurs 577 députés.

A l'issue du second tour, la composition du nouvel hémicycle s'est dessinée. Trois grands blocs ont émergé : le Nouveau Front populaire, coalition de partis de gauche héritière de la Nupes ; Ensemble, qui regroupe les membres de l'ancienne majorité présidentielle en soutien au chef de l'Etat Emmanuel Macron ; et l'alliance entre le Rassemblement national et une partie des Républicains réunis derrière leur président de l'époque, Eric Ciotti. Toutefois, aucun de ces trois camps n'est parvenu à obtenir une majorité absolue de députés, fixée à 289 sièges.

À noter : la répartition des sièges a évolué à la marge depuis juillet 2024, certains députés ayant changé de groupe, d'autres ayant été élus lors d'élections législatives partielles.

Le Nouveau Front populaire, premier bloc de l'Assemblée nationale

Les résultats ont réservé leur lot de surprises par rapport aux projections réalisées par les différents instituts de sondage en amont du scrutin. A commencer par le bloc arrivé en tête. Le Nouveau Front populaire, formé notamment par La France insoumise, le Parti socialiste, Les Écologistes et le Parti communiste français, a ainsi devancé les autres forces politiques.

Les quatre groupes de gauche comptent au total 192 élus, ce qui en fait le premier bloc politique au sein de l'hémicycle. Avant la dissolution de la chambre basse, l'ancêtre du NFP, la Nupes (alliance des mêmes forces de gauche constituée pour les élections législatives de 2022) comptait 149 députés au palais Bourbon.

La France insoumise demeure le premier groupe politique de gauche à l'Assemblée nationale avec 71 membres (4 de moins qu'à la fin de la précédente mandature). Elle est désormais talonnée par le Parti socialiste, qui compte 66 députés au sein de son groupe, soit 35 de plus qu'avant la dissolution. Le groupe des écologistes est composé de 38 élus (+17 par rapport à la fin de la dernière législature), tandis que le groupe des communistes en compte désormais 17 (-5 députés).

Lors des élections européennes du 9 juin 2024, les quatre formations de gauche avaient présenté des listes séparées.

Celle du Parti socialiste et de Place publique, emmenée par Raphaël Glucksmann, avait fait le meilleur score parmi les quatre, récoltant 13,8 % des suffrages et terminant en 3e position de ce scrutin, derrière le Rassemblement national et l'ancienne majorité présidentielle.

La liste de La France insoumise, pilotée par Manon Aubry, avait recueilli 9,9 % des voix, contre 5,5 % pour celle de Marie Toussaint et des Ecologistes. Le Parti communiste français, emmené par Léon Deffontaines, n'avait quant à lui récolté que 2,35 % des suffrages exprimés. Un score insuffisant pour espérer envoyer des élus au Parlement européen, le seuil qualificatif étant à 5 %.

L'ancienne majorité présidentielle en forte baisse

La majorité présidentielle sortante (composée de Renaissance, du MoDem ou encore d'Horizons) n'est pas parvenue à éviter une forte baisse de son contingent de députés. Avant la dissolution, les trois partis centristes comptaient 250 élus à l'Assemblée nationale. Entretemps, ils en ont perdu 89, avec 161 députés désormais. Cela en fait tout de même le deuxième bloc le plus important au sein du nouvel hémicycle, derrière la coalition de gauche, mais devant l'extrême droite, ce que les différentes études d'opinion pré-électorales ne laissaient pas envisager.

Le parti présidentiel, Renaissance, connaît la plus forte chute de nombre de sièges parmi les alliés de l'ancienne majorité présidentielle, avec 91 élus désormais contre 169 avant la dissolution (-78). Le MoDem de François Bayrou perd lui aussi bon nombre de députés (-14), en comptant 36 aujourd'hui, tandis qu'Horizons se stabilise (34 sièges, trois de plus qu'avant la dissolution).

Renaissance et ses alliés étaient déjà arrivés en deuxième position lors des élections européennes du 9 juin 2024. La liste menée par Valérie Hayer avait recueilli 14,6 % des voix. De quoi lui assurer 13 sièges au Parlement européen.

Certains candidats du Nouveau Front populaire, d'Ensemble et des Républicains (voir plus bas) ont bénéficié au second tour des législatives de désistements de nombreux candidats du "camp républicain" pour faire barrage à ceux du Rassemblement national (RN).

Après le premier tour, de très nombreuses circonscriptions faisaient face à une situation de "triangulaire", lorsque trois candidats sont susceptibles de se maintenir au second tour. Afin d'éviter que cette situation ne profite aux candidats du RN, 224 candidats se sont désistés, dont 134 du NFP et 82 d'Ensemble, afin que les reports de voix profitent aux adversaires les mieux placés face aux candidats d'extrême droite.

Le Rassemblement national progresse, mais moins que prévu

Autre surprise du scrutin : le Rassemblement national réalise une percée, mais beaucoup moins forte qu'attendue. Le parti d'extrême droite passe de 88 sièges avant la dissolution (ce qui constituait déjà un record) à 123 sous la nouvelle législature. À cela, il faut ajouter les 15 députés du groupe de l'Union des droites pour la République (UDR), le nouveau parti créé par Eric Ciotti. Ce dernier, alors président des Républicains, avait acté une alliance avec le RN en vue des législatives, majoritairement rejetée par sa famille politique (lire plus bas). Il a depuis quitté LR.

La formation de Jordan Bardella et de Marine Le Pen ne se classe donc qu'en troisième position en nombre de députés, alors que les projections pré-électorales réalisées par les différents instituts de sondage la plaçaient en tête, voire proche d'obtenir une majorité absolue de sièges au sein du nouvel hémicycle et, ainsi, d'accéder au pouvoir.

Quelques semaines avant les législatives, le Rassemblement national était arrivé en tête des élections européennes en France, en recueillant 31,4 % des voix et en faisant élire 30 députés européens.

Les Républicains limitent les dégâts, zéro pointé pour Reconquête

Malgré une campagne mouvementée, Les Républicains limitent les dégâts. Le groupe de la Droite républicaine compte 49 élus, réunis autour de leur nouveau leader, Laurent Wauquiez, contre 61 à la fin de la dernière mandature (-12). Pour ces élections législatives, LR était pourtant parti divisé. Contre l'avis des autres dirigeants de sa formation politique, le président des Républicains, Eric Ciotti, avait annoncé un accord avec le Rassemblement national dans certaines circonscriptions. 15 candidats issus de cet accord ont été élus, formant un nouveau groupe, l'Union des droites pour la République, proche de celui du Rassemblement national.

Le groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), qui rassemble des élus de divers bords, se stabilise avec 23 députés (+1). L'Assemblée nationale compte enfin 11 députés non inscrits, qui ont décidé de n'être affiliés à aucun des 11 groupes politiques qui y siègent.

Quant au parti Reconquête, il n'obtient aucun député, n'étant déjà pas parvenu à qualifier de candidat pour le second tour. Lors des élections européennes le 9 juin dernier, le parti d'Eric Zemmour avait bénéficié du système proportionnel de ce scrutin pour faire élire ses cinq premiers candidats au Parlement européen. Entretemps, quatre d'entre eux ont quitté le parti, dont la tête de liste, Marion Maréchal.

A quoi ressemblait l'Assemblée nationale avant la dissolution ?

Et au lendemain des élections législatives en juillet 2024 ?

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28.08.2025 à 09:00

Infographie : la Lituanie en un clin d'œil

Eve Bachler

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Infographie : Fiche pays Lituanie
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