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13.06.2025 à 10:10

Développement d’application en Flutter : retours d’expérience (2/2)

Framasoft

Au cours du développement de l’application PeerTube, nous avons acquis certaines expériences dans le choix des technologies employées et les freins que certaines décisions ont entraîné. Nous les partageons ici. Si vous ne l’avez pas déjà lu, nous vous conseillons … Lire la suite­­
Texte intégral (3109 mots)

Au cours du développement de l’application PeerTube, nous avons acquis certaines expériences dans le choix des technologies employées et les freins que certaines décisions ont entraîné. Nous les partageons ici.

Si vous ne l’avez pas déjà lu, nous vous conseillons de commencer par l’article précédent.

Publication sur les magasins d’application

Publier une application de streaming vidéo issue du fediverse sur les différents magasins d’applications a été un vrai parcours du combattant.

Entre les politiques parfois très strictes des stores, et la sensibilité autour des contenus vidéo — notamment ceux générés ou diffusés par des tiers — il a fallu redoubler de prudence. Apple et Google considèrent en effet qu’en tant qu’éditeur de l’application nous serions responsables de tout le contenu auquel l’application permet d’accéder, et sont particulièrement virulents sur la question dans le cas des formats vidéos (bien davantage que pour une application de podcasts ou même un navigateur internet, assez curieusement). Voici donc un retour sur les différentes étapes, de la toute première soumission à la mise en production.

Les précautions prises

Pour maximiser nos chances d’être acceptés sur les stores, nous avons pris plusieurs précautions dès le départ.

Filtrage des plateformes accessibles

Première mesure : restreindre l’accès aux plateformes via un système de filtrage utilisant des identifiants spécifiques à chaque magasin. Cet identifiant permet de maintenir une liste d’autorisation (allowlist) de plateformes de confiance adaptée à chaque store :

  • Sur le Play Store (Android), seule une allowlist restreinte de plateformes est accessible afin de répondre aux exigences de Google.
  • Sur l’App Store (iOS), l’allowlist est encore plus limitée, Apple imposant des critères de validation particulièrement élevés.
  • Sur F-Droid, en revanche, toutes les plateformes listées dans notre index (qui est modéré) sont accessibles sans filtrage supplémentaire.

L’avantage de ce système basé sur des tags, c’est qu’il est entièrement déporté côté serveur. Autrement dit, si nous devons retirer une plateforme problématique ou en ajouter une nouvelle, cela peut être fait sans mettre à jour l’application elle-même. Ce fonctionnement offre une grande souplesse et réactivité en cas de besoin.

Pas d’ajout manuel de plateformes au début

Pour garantir une validation rapide lors de la première soumission, nous avons volontairement désactivé la possibilité d’ajouter manuellement une plateforme dans l’application. Ainsi, seuls les serveurs autorisés par notre filtre, dont le nombre était très réduit, étaient disponibles.

Une fois l’application validée et disponible sur le Play Store, nous avons réactivé cette fonctionnalité manuelle côté Android, en observant attentivement si cela posait problème. Après plusieurs mois sans retour négatif, nous avons ensuite ouvert cette possibilité sur iOS également.

Présentation et stratégie de déploiement

Par ailleurs, pour mettre toutes les chances de notre côté, un soin particulier a été apporté à l’interface utilisateur de l’application ainsi qu’aux fiches des stores (miniatures, descriptions, mots-clés, captures d’écran, etc.), les stores étant également très sensibles à l’apparence, à la qualité perçue et au respect des bonnes pratiques UX/UI.

Nous avons décidé d’y aller étape par étape :

  1. D’abord le Play Store, plus rapide et souple.
  2. Puis l’App Store, plus exigeant mais incontournable.
  3. Et enfin F-Droid, qui demande une approche différente essentielle pour le public libriste.

Google Play Store, une validation sans accroc

Pour la publication sur le Google Play Store, la documentation officielle Flutter a été suivie : https://docs.flutter.dev/deployment/android

Le Play Store permet plusieurs types de déploiement, utiles pour tester différentes étapes de l’application :

  • Test interne : permet de distribuer l’application à un petit groupe de testeurs internes (jusqu’à 100).
  • Test fermé : permet de cibler un groupe restreint plus large via une liste d’adresses email ou un groupe Google.
  • Test ouvert : permet à n’importe quel utilisateur de rejoindre le programme de test via un lien public.
  • Production : c’est la version stable, publiée pour tous les utilisateurs sur le Play Store.

Les étapes de validation

Chaque type de déploiement est validé automatiquement par Google, avec des délais très courts :

  • Les tests internes et fermés sont généralement disponibles en moins d’une heure.
  • Les tests ouverts et la mise en production peuvent prendre quelques heures, rarement plus.

Google a toujours accepté l’application dès la première soumission, sans demander de modifications ou poser de questions. Aucun échange, aucun retour de leur part : uniquement la validation après envoi et un changelog bien rédigé.
À croire que les précautions mises en place en amont ont été suffisantes… voire qu’on aurait pu être un peu plus détendus !

Apple App Store, les complications…

Une fois l’étape Google franchie haut la main, direction Apple — réputé pour être nettement plus exigeant.

Comme pour Android, j’ai suivi la documentation officielle Flutter pour le déploiement iOS :
👉 Flutter iOS Deployment

Sur iOS, les applications peuvent être distribuées via deux canaux principaux :

  • TestFlight : pour partager des versions bêta avec un groupe de testeurs (jusqu’à 10 000). Le processus est plus souple que pour la production, mais reste soumis à validation.
  • Production : la version stable et publique de l’app, visible sur l’App Store.

Les étapes de validation

L’avertissement de Gabe

Avant de soumettre PeerTube sur iOS, nous avons échangé avec Gabe, développeur du projet OwnCast, qui avait essuyé plusieurs refus de la part d’Apple. Il nous a transmis ses précieux retours et stratégies pour répondre aux fameuses App Store Guidelines. Voici un résumé :

  • Guideline 1.2 – Safety – User Generated Content
    Solution : intégrer un système de signalement côté client, qui envoie un email à un modérateur capable de retirer une instance si besoin.
  • Guideline 5.2.3 – Legal
    ➤ Problème : Apple considère que l’app pourrait donner accès à des contenus vidéo ou audio tiers sans autorisation, ce qui pose un risque légal.
    Solution : fournir un document PDF listant chaque serveur vidéo préconfiguré dans l’app, avec la mention “Authorized” pour chacun. Apple ne se satisfait pas d’une simple déclaration : ils veulent des preuves tangibles.
  • Guideline 3.1.1 – Business – Payments – In-App Purchase
    Problème : l’app permettait de faire des dons via des liens comme PayPal, OpenCollective, KoFi, etc.
    Solution : supprimer toute interaction liée au paiement dans l’app. Tous les liens renvoyant vers des dons doivent ouvrir une page dans un navigateur externe (Safari, Chrome…). Aucun lien de paiement ne doit être affiché dans une WebView interne.
  • Guideline 5.2.3 – Legal (bis)
    Solution : fournir un maximum de documents, liens et preuves que les catalogues et services de découverte intégrés sont bien opérés par nous, et non une tierce partie non autorisée.

Merci encore à Gabe pour ces conseils précieux !

On se lance… et ça coince.

Notre plan était pourtant sans accros !

Malgré l’application rigoureuse des conseils de Gabe, Apple n’a pas fait de cadeau.

Entre Lokas et PeerTube, les deux apps que nous tentions de publier fin 2024, nous avons essuyé 8 refus pour Lokas avant d’obtenir la validation, et 3 refus pour PeerTube.

Dès qu’un reviewer Apple trouvait un souci (même mineur), la demande était rejetée, et il fallait corriger point par point avant de pouvoir espérer passer à l’étape suivante.

Voici les principales guidelines qui nous ont posées problème :

Guideline 5.2.3 – Legal

Votre application contient du contenu ou des fonctionnalités susceptibles de porter atteinte aux droits d’un ou plusieurs tiers. Plus précisément, votre application fournit un accès potentiellement non autorisé à des services tiers de streaming audio ou vidéo, à des catalogues et à des services de découverte.

Malgré l’envoi d’un document listant les plateformes autorisées dans l’app iOS, cela n’a pas suffi à convaincre Apple. Nous avons donc répondu :

Les plateformes répertoriées dans l’application PeerTube ont accordé à l’application PeerTube le droit de répertorier et d’accéder à leur contenu vidéo.

Ces autorisations sont répertoriées dans le document « Plateformes autorisées pour l’application PeerTube ».

Pouvez-vous expliquer quel type de preuve nous devons fournir pour démontrer que nous avons le droit d’accéder à ce contenu ?

Le document joint était rigoureusement le même que celui soumis lors du dépôt de l’application.

Guideline 3.1.1 – Business – Payments – In-App Purchase

Apple nous a signalé un lien vers le site joinpeertube.org dans l’app, qui contient… un bouton de don. Ce simple lien externe a suffi à justifier un rejet.

Nous avons alors tenté une première réponse, en expliquant que tous les liens de dons ouvraient désormais une page externe dans le navigateur, et qu’aucune collecte n’était réalisée dans l’application elle-même. Nous avons souligné que cette approche respectait les guidelines de l’App Store, puisque le processus de don était totalement séparé des fonctionnalités de l’app. Malgré cette clarification, Apple n’a pas été convaincu.

En replongeant dans les App Store Guidelines, j’ai repéré un paragraphe en notre faveur :

Section 3.2.2 (iv) : Les applications qui ne sont pas approuvées en tant qu’organisations à but non lucratif ou autrement autorisées en vertu de la section 3.2.1 (vi) peuvent collecter des dons caritatifs en dehors de l’application, par exemple via Safari ou SMS.

J’ai donc renvoyé un message à l’équipe de validation, en expliquant que l’application ne collecte aucun don en interne : tous les liens de soutien ouvrent une page externe dans le navigateur (Safari), conformément à la section 3.2.2 (iv) des App Store Guidelines qui autorise ce fonctionnement pour les apps non caritatives. J’ai ainsi demandé une réévaluation de la décision ou des précisions si d’autres points posaient problème.

🎉 Résultat : l’application PeerTube a officiellement été publiée sur iOS !

Depuis, j’ai soumis 5 mises à jour successives de PeerTube, toutes validées sans accroc — y compris celle qui introduisait la fonctionnalité de connexion.
Chaque mise à jour a été validée en quelques heures, au plus sous 24h.

L’App Store, ce n’est jamais simple… mais avec de la patience et une bonne lecture des guidelines, ça passe.

F-Droid, une autre aventure

Une fois l’étape Apple validée, je me suis attaqué à la soumission sur F-Droid.
Ici, ce n’est pas un problème de guidelines, mais plutôt de processus.

La documentation officielle est plutôt éparse, et j’ai eu du mal à trouver une ressource exhaustive pour un projet Flutter. Je me suis donc appuyé sur :

S’adapter au fonctionnement de F-Droid

F-Droid a des exigences particulières :

  • Le build doit être reproductible et entièrement libre.
  • Toute dépendance externe doit pouvoir être vérifiée ou supprimée.
  • Il faut déclarer les anti-features, c’est-à-dire des limitations qui ne correspondent pas aux idéaux du libre.

Exemple : TetheredNet

L’application PeerTube utilise par défaut deux services maintenus par Framasoft :

Ces services ne sont pas configurables par l’utilisateur, ce qui a été considéré comme une “anti-feature” du type TetheredNet (connexion à un service centralisé sans possibilité de le changer).

Cette mention a donc été ajoutée lors de la soumission initiale.
Bonne nouvelle : depuis, cette anti-feature a été retirée, car nous avons rendu ces services personnalisables dans l’app.

Dépasser le blocage d’une dépendance obsolète

Avant de parvenir à la validation, nous avons rencontré un obstacle lié à une dépendance utilisée pour la gestion de la base de données locale. Cette bibliothèque, pourtant populaire au moment du choix initial, n’était plus maintenue et ne proposait pas de version compatible avec la dernière version de Flutter requise par F-Droid pour garantir la reproductibilité des builds. Ce blocage a empêché la compilation de l’application sur l’infrastructure F-Droid, rendant impossible sa publication.

Après analyse, il est apparu que la meilleure solution, pour des raisons de pérennité et de sécurité, était de remplacer cette dépendance obsolète par une alternative maintenue et compatible avec les exigences de F-Droid. Ce changement a nécessité une réécriture partielle de la gestion des données locales, mais a permis de débloquer la situation et d’assurer la stabilité du projet sur le long terme.

Le merge request de soumission

Après plusieurs itérations, nous avons enfin pu soumettre notre app sur F-Droid.
Vous pouvez consulter la MR ici : https://gitlab.com/fdroid/fdroiddata/-/merge_requests/17235

Et pour voir la configuration finale de l’application PeerTube sur F-Droid (fichier metadata/*.yml) : https://gitlab.com/fdroid/fdroiddata/-/blob/master/metadata/org.framasoft.peertube.yml

F-Droid demande rigueur et patience, mais l’expérience permet aussi de mieux comprendre les enjeux du libre et de la décentralisation.

C’était un vrai défi, mais on est fier·es de faire partie du catalogue officiel.

 

Nous en profitons pour vous rappeler que le financement participatif pour le développement de l’application PeerTube est en cours jusqu’au 17 juin 2025 !

PDF

11.06.2025 à 16:48

FramIActu n°5 — La revue mensuelle sur l’actualité de l’IA

Framasoft

Alors que les chaleurs estivales arrivent, l'actualité de l'Intelligence Artificielle s'est elle aussi réchauffée ce dernier mois avec des avancées techniques majeures. Préparez votre boisson préférée et installez-vous confortablement : c'est l'heure de la FramIActu !
Texte intégral (4292 mots)

Alors que les chaleurs estivales arrivent, l’actualité de l’Intelligence Artificielle s’est elle aussi réchauffée ce dernier mois avec des avancées techniques majeures.

Préparez votre boisson préférée et installez-vous confortablement : c’est l’heure de la FramIActu !

Le dessin d'un perroquet Ara, avec un remonteur mécanique dans son dos, comme pour les jouets ou les montres. Celui si est assis et semble parler.

Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Pourquoi est-ce que Grok se met à parler de « génocide blanc » ?

Le 14 mai dernier, Grok, l’IA générative de xAI (société mère de X, ex-Twitter), a été détournée par un individu afin d’orienter les réponses de l’IA.
Celle-ci a, pendant plusieurs heures, parlé d’un génocide anti-blanc fictif qui aurait eu lieu en Afrique du Sud.
Outre le fait que l’événement ait surpris les utilisateurices de l’outil d’Elon Musk (patron de l’entreprise), celui-ci démontre qu’il est aujourd’hui possible d’orienter et d’influencer massivement les réponses des IA génératives.
Pour ce faire, la personne mal-intentionnée a exploité un outil fréquent des systèmes d’IA générative : le prompt système.

Plutôt que de ré-entraîner les IA génératives sur des éléments spécifiques ajoutés au fil de l’eau, les entreprises d’IA générative indiquent des instructions à l’Intelligence Artificielle au moment où l’utilisateurice fait sa propre demande. Cette instruction permet, par exemple, d’indiquer des règles de modération de contenu et de les adapter au fil de l’eau, en fonction des besoins.
Or, ces instructions ne sont pas communiquées publiquement. Nous ne savons jamais quand elles changent ni leur contenu exact.
C’est ce point qui a permis à l’attaquant·e de pouvoir modifier le prompt système discrètement.

xAI s’est engagé à publier les prompts systèmes sur la forge logicielle Github afin que tout le monde puisse consulter ceux-ci. Cela devrait aider à limiter une éventuelle récidive… même si rien ne peut le garantir.
Aussi, rien n’indique que la concurrence suivra ce mouvement et publiera aussi ses prompts systèmes.

Enfin, nous voyons encore une fois que les systèmes d’IA génératives sont plus complexes qu’ils n’y paraissent pour l’utilisateurice et manquent de transparence. Même si les prompts systèmes sont publiés, les données d’entraînement des IA génératives sont très opaques et nous manquons toujours énormément d’informations pour comprendre réellement ce qu’il se passe quand nous envoyons une instruction à une IA.

Est-ce que Google vient d’enterrer la recherche sur le web ?

Le 20 mai dernier, à l’occasion de la conférence Google I/O, Google a annoncé l’arrivée de nouvelles innovations biberonnées à l’Intelligence Artificielle.

Parmi celles-ci, vous avez peut-être déjà entendu parler de Veo 3, le nouveau générateur de vidéos ultra-réaliste de l’entreprise. Si, deux ans en arrière, nous pouvions nous moquer des images générées par IA, car nous pouvions facilement compter les 7 doigts présents sur les mains des personnes générées artificiellement, nous ne pouvons presque plus faire la différence entre un contenu réel et fictif aujourd’hui… et pas seulement pour les images mais pour les vidéos aussi.
Certain·es artistes s’amusent même à surfer sur la vague de popularité des vidéos générées par Veo 3 en indiquant que leurs propres clips vidéos, réalisés entièrement sans IA, seraient générés à l’aide de l’outil de Google.

Mais Veo 3 n’est pas la seule prouesse technique présentée par Google lors de l’événement. L’entreprise a dévoilé différentes nouveautés pour faire évoluer leur moteur de recherche et la manière dont les utilisateurices explorent (ou consomment) le Web.
Parmi les évolutions, et celle-ci est déjà accessible et utilisée par de nombreuses personnes, l’AI Overview, la fonctionnalité du moteur de recherche pour résumer l’essentiel d’un site web ou apporter une réponse à votre question… directement dans le moteur de recherche. Nous n’avons (ou n’aurons bientôt) plus besoin de sortir de Google pour obtenir réponse à nos questions.

Dans son article, Numerama rappelle :

Reste que Google n’a pas évoqué, encore, comment il compte rémunérer les contenus parcourus par son IA et répondre à la question que tout le monde se pose : à partir de quelles données l’IA répondra-t-elle quand aucun humain ne pourra être rémunéré pour les produire ?

Autre évolution importante et uniquement disponible aux états-unis pour le moment, les achats par IA.
Cette fonctionnalité nous permet de demander à l’IA de chiner pour nous sur les sites d’achats en fonction de critères choisis puis nous permet d’automatiser entièrement le processus d’achat via Google Pay.
Cette fonctionnalité, nommée « Buy for me » (« Achète pour moi » en français), permet de définir le prix auquel nous souhaitons acheter un article et le fera automatiquement dès que celui-ci sera trouvé.

Enfin, la dernière nouveauté rapportée dans l’article de Numerama n’est pas des moindres : celle-ci s’appelle sobrement AI Mode.
L’outil AI Mode permet, entre autres, de faire des « recherches profondes ».
Dans l’exemple présenté par Google, l’utilisateurice demande à l’
AI Mode de trouver deux billets pour un match de baseball avec des places situées vers le bas. L’outil essaye différents mots-clés pour sa recherche, puis compare 15 sites afin de trouver les places souhaitées. Les options trouvées sont alors triées du moins cher au plus cher avec une description de la vue obtenue sur le terrain à partir des sièges…

En quelques secondes, l’outil explore pour nous des dizaines de sites et en extrait les éléments qui pourraient nous intéresser. C’est (techniquement) absolument bluffant.
Pour réaliser toutes ces opérations, nous pouvons aujourd’hui imaginer
(bien que de manière extrêmement floue) la quantité d’énergie nécessaire à avoir la qualité de ces résultats de recherche.

Google détient ~90 % du marché mondial de la recherche en ligne. Cela représente 5 billions (5 000 000 000 000) de requêtes annuelles soit ~14 milliards de requêtes journalières.
Si Google décide de banaliser l’AI Mode et de l’intégrer directement dans son moteur de recherche, quelle quantité d’énergie sera nécessaire pour permettre ces 14 millions de requêtes ? Et même si grâce à cette nouvelle manière de rechercher celles-ci étaient réduites à (un chiffre totalement au pif) 5 millions de requêtes journalières, l’énergie requise semble rester totalement démesurée.

Aussi, nous en parlions dans une précédente FramIActu, mais le Web subit déjà aujourd’hui une pression monstre liée au « pillage » permanent de son contenu par les robots indexeurs des IA. Quels efforts les petits sites vont-ils encore devoir réaliser pour faire face à une augmentation drastique du trafic automatisé sur leur infrastructure ? Pourront-ils seulement y parvenir ?

Ici encore, nous observons un des mouvements récents de Google : le lancement d’une application mobile pour tester des modèles d’IA fonctionnant uniquement sur le téléphone de l’utilisateurice.

Si cela peut sembler anodin, il nous a semblé important de faire le lien avec la news citée plus haut.
Il paraît évident que Google a besoin de mettre en place des solutions pour réduire largement les coûts de l’inférence (en gros, le coût lié à l’utilisation de l’IA).

Un des moyens de réduire ces coûts est de déporter le travail de l’inférence vers la machine de l’utilisateurice, ici le smartphone.

Ainsi, en proposant une application permettant aux utilisateurices de tester les différents modèles d’IA, Google peut collecter de nombreuses données sur les capacités des smartphones actuels à faire tourner des modèles d’IA plus ou moins puissants.

Bien sûr, rien ne prouve que Google ira dans ce sens, cependant, il ne nous paraît pas totalement farfelu d’imaginer Google reproduire, dans un futur plus ou moins proche, une stratégie similaire à celle de Microsoft avec Windows 11 : forcer les utilisateurices à acheter du matériel neuf pour faire tourner l’IA dessus, accélérant de fait l’obsolescence des périphériques incompatibles.

Finalement, ces deux articles traitant des avancées de Google dans le domaine soulignent que Google tend à inverser le rapport de force avec OpenAI (l’entreprise derrière ChatGPT, la plus en vogue actuellement). Les futurs changements que Google apporteront seront sans doute déterminants dans l’évolution de nos usages.

Mème : un homme tagué « #LesGENS » regarde d'un œil intéressé une femme taguée « Google », pendant que sa compagne taguée « OpenAI » lui lance un regard noir.

Le rapport de force entre OpenAI et Google.
Généré avec https://framamemes.org – CC-0

OpenAI rachète l’entreprise de matériel de Jony Ivy

En mai dernier, nous apprenions que OpenAI a racheté l’entreprise io, spécialisée dans la conception de matériel informatique fondée par l’ancien designer en chef d’Apple, Jony Ive.
Ive ne rejoindra pas OpenAI et sa compagnie spécialisée dans le design, LoveFrom, restera indépendant, mais elle prendra désormais en charge l’ensemble de la conception des designs pour OpenAI, dont ses logiciels.

À travers l’article de The Verge, nous découvrons que le travail sur de nouveaux appareils, dédiés à l’IA, sont en phase de conception. Plusieurs pistes ont été considérées, comme des écouteurs ou des appareils disposant de caméras, mais ce ne sera pas des lunettes type Google Glass.
L’appareil rentrerait dans une poche, « tiendrait compte du contexte » et ne posséderait pas d’écran.

Nous nous questionnons particulièrement sur la notion de « tenir compte du contexte ». Qu’est-ce que cela signifiera concrètement ? Serait-ce encore un dispositif qui « écoutera » ou « observera » en permanence, sous prétexte de pouvoir nous répondre immédiatement quel temps il fera demain quand nous poserons la question à nos proches ?
Pour le moment, nous n’en savons trop rien.

Il est difficile de dire si le pari (à 6.5 milliards de dollars, tout de même) de OpenAI portera ses fruits, cependant, si OpenAI affirme que l’objectif n’est pas de remplacer le smartphone, il semble y avoir une réelle volonté à suivre la piste de celui-ci : construire un appareil ergonomique qui s’impose comme un nouveau besoin pour la société. Et dans le même temps, imposer toujours plus l’IA dans nos quotidiens.

Le dessin d'un perroquet Ara, avec un remonteur mécanique dans son dos, comme pour les jouets ou les montres. Accroché à son aile gauche, un ballon de baudruche.

Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

C’est tout pour cette FramIActu ! Nous espérons que vous l’avez appréciée !

Vous pouvez poursuivre votre lecture sur le sujet en consultant les articles de notre site de curation dédié au sujet, mais aussi et surtout FramamIA, notre site partageant des clés de compréhension sur l’IA !

Si nous pouvons vous proposer cette nouvelle revue mensuelle, c’est grâce à vos dons, Framasoft vivant presque exclusivement grâce à eux !
Pour nous soutenir et si vous en avez les moyens, vous pouvez nous faire un don via le formulaire dédié  !

Enfin, notez que le rythme de parution de la FramIActu risque de changer dans les prochains mois. Nous constatons en effet une diminution du rythme de parutions d’informations « intéressante pour le grand public » sur l’IA. Il y a certes des avancées techniques, et toujours énormément de recherches sur le sujet… mais nous percevons tout de même une forme de baisse de régime. Attendez-vous donc à d’éventuels changements autour de la FramIActu pour refléter tout ça !

À bientôt ! 👋

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