23.02.2025 à 09:00
IA : les machines du doute
Framasoft
Texte intégral (1360 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 21 mai 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Il va nous falloir apprendre à travailler avec l’instabilité des machines.
Quand on fait réaliser un calcul par une machine, aussi complexe soit-il, la plupart du temps, ce qui est garanti, c’est l’assurance du résultat, sa stabilité, sa performance. C’est le principe d’une calculatrice ou d’un logiciel : on a au bout le résultat et les fonctions prévues. Dans un système de calcul comme les impôts, on prend des données et des règles de calcul – qui peuvent être perfectibles, certes – et on obtient des résultats sans ambiguïtés, pour autant que les données et les règles de calcul n’en comportent pas – ce qui n’est déjà pas si évident à réussir ! Dans un jeu vidéo, les personnages non joueurs suivent des scripts dont ils ne peuvent pas sortir, ce qui limite certes considérablement l’interaction, mais la borne et rend le jeu possible. Le monde de l’informatique est longtemps resté celui de la maîtrise de bout en bout des processus.
Les choses ont changé avec les systèmes d’IA. Avec certaines fonctionnalités, nous avons pris l’habitude d’un taux de performance. Pour la reconnaissance d’objets par exemple, le résultat n’est pas automatique comme avec les calculatrices. Le niveau de fiabilité n’est pas optimal, mais nous sommes capables de composer avec le fait que les machines soient capables de reconnaître tels types d’objets à 95 ou 98 %. Ce n’est pas une performance absolue, mais elle permet malgré tout d’optimiser un processus en connaissant par avance son taux d’erreur, de l’accepter ou le refuser. Et donc de décider en fonction. On peut créer une chaîne de tri d’objets en sachant que ce tri va fonctionner à 95 % et accepter ou pas la déperdition qui en résulte.
L’IA générative est plus instable encore. Les résultats qu’elle produit ne sont pas reproductibles. Un même prompt ne produira pas exactement le même résultat ou la performance pourra dépendre de la complexité que la machine doit adresser. Extraire des données d’un document, comme les noms des personnes ou leurs liens de filiation peut dépendre à la fois de la lisibilité des documents et de la complexité des relations entre ces personnes. Si le système peut être performant, reste à identifier les cas où il dysfonctionne et savoir si ces erreurs sont acceptables ou rédhibitoires et si l’on peut clairement séparer les cas où la performance est forte, de ceux où elle ne l’est pas. L’enjeu à évaluer l’incertitude des réponses apportées est une question centrale.
Cette perspective d’une fiabilité différentielle dessine un nouveau rapport aux machines. D’un coup, notre assurance dans leurs résultats doit être mise en doute. Ce qui explique qu’il soit difficile d’automatiser certaines tâches avec l’IA. Là où l’on pouvait se fier aux calculs, désormais, le doute est légitime. Alors qu’un robot était capable de remplacer une personne pour une tâche spécifique sur une chaîne d’assemblage, le chatbot conversationnel qui répond à un administré ou à un joueur va devoir être surveillé. Certaines de leurs performances sont excellentes bien sûr, mais parfois elles sont capables de sous-performances dramatiques. Comme le dit le sociologue Yann Ferguson, « Jusqu’à maintenant, l’introduction des machines a apporté de la sécurité et de la stabilité. Leur force résidait dans leur prévisibilité ». Ce n’est plus le cas. Désormais, les résultats doivent être accompagnés, surveillés, contrôlés et c’est là un nouveau défi pour ceux qui cherchent à intégrer l’IA générative à leurs procédures.
Mais, au-delà de l’IA générative, ce que dessine ce changement de paradigme, c’est un autre rapport aux machines : voilà qu’on ne peut plus leur faire entièrement confiance. Non seulement, il faut se défier des biais des données, des règles de calculs utilisées, mais désormais de leurs résultats mêmes. Et la grande difficulté consiste à savoir là où on peut leur faire confiance et là où on ne doit pas leur faire confiance.

Exemple d’un imagier pour enfant sur les animaux de la ferme conçu par chatGPT…
… qui n’est pas sans poser problèmes. Tweet de Tristan Mendès France.
Les technologies ont toujours eu pour ambition de nous faire gagner en productivité, avec pour enjeu de pouvoir remplacer des hommes par des procédures avec un niveau de confiance très élevé. On est en train de passer d’une technique qui produit une certaine forme de rationalité qu’on était capable d’évaluer simplement à une technique qui n’en produit plus ou pas nécessairement ou pas principalement et sans qu’on soit toujours capable d’évaluer sa fiabilité. C’est un changement de paradigme important qui nous oblige à ne plus être certain de la réponse produite par la machine, de ne plus pouvoir lui faire entièrement confiance. L’IA nous demande désormais de composer avec le doute, de remettre en question nos assurances. Nous avons un nouveau rapport aux machines à imaginer et il nous invite à douter d’elles.
C’est une très bonne nouvelle, vous ne trouvez pas ?
19.02.2025 à 14:50
Un nouvel ouvrage sur les communs de proximité
Framasoft
Texte intégral (4342 mots)
Voici près d’un an, une douzaine d’auteurices, réunis par la Coop des communs, ont donné naissance à « Les communs de proximité. Origines, caractérisation, perspectives ». Plusieurs d’entre eux ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.
Bonjour, vous avez sorti, en mars dernier, un ouvrage collectif traitant des communs, nous avons eu envie d’en savoir plus. Mais avant cela, pouvez-vous vous présenter pour le Framablog ?
Justine Loizeau : Cet ouvrage est le résultat d’un travail collectif au sein du groupe « Services de Proximité » de La Coop des Communs. Cette dernière est une association fondée en 2016 dont le but est de confronter l’expérience acquise entre praticien·nes et chercheur·es des communs d’un coté, et de l’économie sociale et solidaire (ESS) de l’autre. L’ambition est de favoriser une revitalisation de l’ESS à partir de la philosophie et des pratiques qui animent les communs tout en permettant aux communs de tirer partie de la longue expérience organisationnelle et institutionnelle de l’ESS. De manière plus concrète, la Coop des Communs se penche sur des thématiques précises (ex : les plateformes, la forêt, la comptabilité…) par groupes de travail.
Le groupe « Services de Proximité » a rassemblé de 2020 à 2023 une trentaine de membres dont une quinzaine active sur le terrain. Seule une partie a pris la plume : 11 auteur·ices. J’ai participé à la coordination de l’ouvrage avec Nicole Alix et Benjamin Coriat.
Votre livre fait la lumière sur diverses expériences de communs de proximité, par le biais de plusieurs articles. Pourriez-vous nous donner une définition de ce qu’est un commun, et ce que vous désignez par « Communs de proximité » ?
Justine : C’est Benjamin Coriat qui propose une définition dans son chapitre. En se référant à Ostrom, on peut définir les communs selon le triptyque : ressource – communauté – règles. Un commun correspond à une forme d’organisation sociale selon laquelle une communauté humaine gère une ressource selon des règles qu’elle a auto-produite. On parle aussi d’auto-gouvernance.
Selon Benjamin Coriat, les communs de proximité correspondent à un type particulier de commun qu’il définit ainsi : « toute entité ancrée sur un territoire (sa population, sa géophysique…), d’initiative citoyenne et régie par des règles élaborées en commun, dont la visée est le service de l’intérêt général et du bien commun au sens où les services proposés sont conçus pour contribuer à la reproduction conjointe des écosystèmes et des communautés qui constituent le territoire considéré. » Le trait constitutif de ce type de commun est de répondre avant tout à l’intérêt général, et non à l’intérêt collectif. Quelle différence ? L’intérêt collectif, c’est quand une organisation, ici un commun, répond à l’intérêt de ses membres (et uniquement de ses membres). Pour répondre à l’intérêt général, il faut au moins que les bénéficiaires du commun dépasse le cercle de ses membres.
Dans la définition que vous explicitez d’un commun de proximité, une précondition est que le service proposé le soit sur la base d’une initiative citoyenne « auto organisée ». Aucun service public ne pourrait donc prétendre à être un commun de proximité ?
Justine : Dans notre groupe, nous avons beaucoup réfléchi à la notion de service public. J’ai appris que tous les pays ne donnaient pas autant d’importance à cette notion que la France. Jean-Claude Boual montre par exemple dans son chapitre, qu’au niveau européen, on utilise plutôt l’expression de « service d’intérêt économique général » qui est teintée d’une certaine vision politique, notamment que ces services seront plus efficaces s’ils sont régis par le principe de concurrence. Cette vision va à l’encontre de monopoles d’État pour fournir les services d’électricité, d’eau, de transport.
Et si la notion de service public est très présente dans le débat public français, c’est finalement très difficile d’en formuler une définition simple. On a donc choisi d’admettre au début de notre ouvrage, la simplification de qualifier le service public comme ce qui renvoie à une activité d’intérêt général (enseignement, police, justice) gouverné par l’administration publique qui les norme. L’administration ne les opère pas forcément directement. En effet, le service public peut être délégué au secteur privé marchand (ex : gestion des déchets ou de l’eau). Mais dans ce second cas, elle donne des obligations au gestionnaire. De plus, le service public répond en théorie à des grands principes : continuité (par exemple, en cas de grève, il est possible de procéder à une réquisition), égalité des usagèr·e·s devant le service public et adaptabilité aux évolutions. Enfin, dans la tradition française, les services publics ont la particularité d’être conçus comme des services universels. On observe même une tendance à l’universalisation d’un usager type. L’attention est alors plus faible aux spécificités de chaque personne.
En bref, on voit que la particularité des services publics en France c’est d’être régis par le haut. Or les communs sont des dynamiques par le bas. On part des besoins et des capacités des personnes, mais aussi des spécificités des territoires. Donc, les services produits par ces initiatives correspondent à des choses que le service public ne fait pas ou ne fera jamais. Par exemple, dans son chapitre, Julie Lequin évoque un projet de maison de l’alimentation dans le Pays Foyen (33). C’est un projet tellement construit sur les besoins spécifiques du territoire, qu’il n’aurait jamais pu être entièrement conçu par une administration publique. Pour preuve, ce projet a des difficultés à entrer dans les « cases administratives » pour obtenir des financements !
En France les Communs sont parfois menacés par les pouvoirs publics, en partie de façon délibérée, par exemple pour transférer des communs existants vers le privé, et parfois sans l’avoir vraiment conscientisé, en raison de la frontière très forte entre service public et usagers, d’une méfiance envers les projets collectifs, ou d’une croyance en l’incompétence des citoyen⋅es. Comment arriver à faire coexister les deux selon vous ? Quels secteurs / services publics sont les plus ouverts aux Communs, et au contraire les plus fermés ?
Nicole Alix : les « services publics » et les « communs » sont deux concepts difficiles à appréhender, aussi leurs rapports sont forcément compliqués ! Dans les chapitres 6 et 7, on précise : il ne faut pas confondre avec « le service public » ni avec les services rendus par les pouvoirs publics car certains sont délégués au « privé » comme mentionné dans la question ; et le privé peut être lucratif -transports, énergie..- ou privé non lucratif -service public hospitalier, par exemple, auquel participent de nombreuses associations et, désormais le « service public de la petite enfance). Et il ne faut pas non plus confondre service public et service d’intérêt général !
Ce que nous pensons, c’est que les communs peuvent, en insufflant des modes de gouvernance définis et mis en œuvre par les personnes participantes, être un élément de dynamisation et d’imagination dans la gouvernance des services publics parce qu’ils partent d’initiatives de proximité et de besoins concrets des populations.
La forme associative est choisie par beaucoup de personnes concernées par un besoin pour s’organiser entre elles, afin de bien le définir, en contrôler en permanence et dans le temps les modalités de fabrication de la
réponse et de la façon dont cette réponse aux besoins est délivrée. Chaque mot compte dans cette phrase un peu longue, comme expliqué dans le chapitre sur les liens entre associations et communs.
Et n’oublions pas qu’il existe des « secteurs » dans lesquels il n’y a jamais de définition de « service public » (le numérique par exemple ?) et que, donc, les forces citoyennes organisées pour servir l’intérêt général sont d’autant plus précieuses !
Vous rappelez qu’il y a eu une volonté politique, dans les années 1980 de séparer le pouvoir économique et le pouvoir citoyen des associations. Pouvez-vous nous expliquer l’intérêt de posséder ces deux pouvoirs pour les associations ?
Nicole : Jusqu’aux années 80, personne n’avait conscience de la puissance économique que représentaient les associations, qui géraient par exemple des activités sociales, d’éducation populaire, sportive, culturelles.. C’est à l’occasion de l’arrivée de la gauche au pouvoir qu’on l’a identifiée et, du coup, la gauche a pensé qu’il fallait faire un tri entre les associations « gestionnaires » et celles qui ne feraient que de la défense de droits et différencier les modèles et les règles applicables. Mais tout le milieu associatif a protesté, au motif que différencier l’objectif politique de la méthode pour y parvenir aboutit à priver de moyens d’action ! Si je fais de l’éducation populaire, je fais de la gestion aussi bien que de la recherche d’émancipation ! Donc les associations ont eu dès les années 80, de bonnes raisons de négocier la possibilité de garder des activités économiques sous chapeau associatif (cf chapitre 6) : c’est la garantie d’un rôle de contre-pouvoir. Une organisation qui cumule un pouvoir citoyen (politique donc), ET un pouvoir économique (c’est-à-dire la possibilité de répondre aux besoins des personnes qu’elles veulent défendre, promouvoir) est éminemment subversif. L’histoire montre que, lorsque des mouvements sociaux acquièrent un pouvoir économique, ils deviennent dangereux, car ils peuvent contrebalancer les forces de marché ou l’ordre public administré. L’État est alors tenté de les priver de leurs ressources financières : par exemple, il a enlevé aux syndicats ouvriers la gestion des œuvres sociales que ceux-ci avaient créées au sein des entreprises au 19ème siècle et les a confiées à des comités d’entreprise sans personnalité juridique, présidés par le chef d’entreprise.

Couverture du libre « Les Communs de proximité » publié aux Éditions Science et bien commun
Vous évoquez les réactions de l’état face à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ou encore à Sainte-Soline, comment pourrait-on redéfinir la notion de commun foncier du XXIe siècle ?
Nicole : C’est une bonne question sur laquelle La Coop des Communs continue ses travaux, notamment avec la Chaire Valcom. Les communs fonciers ancestraux représentent une forme de vitalisation des espaces ruraux qui peuvent servir au-delà de ce pour quoi ils ont été conçus dans l’histoire. Peut-être pour un prochain livre ?
Le livre présente l’expérience de commun alimentaire par les habitant·e·s du Pays Foyen. Quels sont les éléments essentiels pour mettre en place une telle initiative ? Quels en sont les enjeux ?
Julie Lequin : Il me semble qu’on ne devrait pas poser la question de cette façon, notamment parce qu’elle masque l’essentiel : la question du QUI met en place (et pour qui) – surtout que cela permet de conduire ensuite à la question du pourquoi.
Ainsi, le point de départ d’une telle initiative, c’est un/des besoins d’habitants. Besoins qui n’arrivent pas toujours à s’exprimer, et qu’il faut donc parfois accompagner dans leur émergence et leur expression – a minima sans les dévoyer, si possible sans (trop) les transformer – c’est-à-dire sans y plaquer ses propres intentions. Dans le cas du Pays Foyen, on retrouve certaines populations éloignées cognitivement, géographiquement ou culturellement des espaces où se discutent une partie des enjeux sociétaux, politiques, etc. Il y a donc un enjeu, dans de telles initiatives, d’avoir une attention particulière à aller chercher cette parole.
Et ensuite, le chemin doit se construire AVEC les personnes – à la mesure de comment elles peuvent, elles-mêmes, s’impliquer dans ce type d’initiative. Bien souvent, de façon hétérogène et cette diversité doit être accueillie de façon à proposer, en retour, différentes modalités de participation. Dans le coin du Pays Foyen, c’est aussi bien participer à cultiver la parcelle collective du jardin partagé, qu’organiser un ciné-débat sur l’alimentation, que d’être bénévole aux Restos du Cœur, que de donner un coup de main sur des ateliers de cuisine de rue, etc. « Faire avec » demande du temps, de l’attention et de l’entretien de la part de la communauté et cela reste un des enjeux majeurs du commun alimentaire.
Un article traite d’un exemple de Communs en Italie. En quoi le traitement des pouvoirs publics envers les Communs est différent d’avec la France ?
Nicole : Dans leur chapitre, Daniela Ciaffi, Emanuela Saporito et Ianira Vassallo expliquent que la Constitution Italienne consacre le principe de subsidiarité « horizontal » : « L’État, les Régions, les Villes Métropolitaines, les Provinces et les Municipalités favorisent l’initiative autonome des citoyens, particuliers et associations, pour la réalisation d’activités d’intérêt général, sur la base du principe de subsidiarité ». Le principe de subsidiarité est également présent dans la loi sociale allemande, sous une autre forme. Dans ces traditions, il renvoie à une forme d’aide qui encourage et autorise l’autonomie des échelons « de base » avec le secours de l’échelon « supérieur ». Dans les Traités européens la subsidiarité signifie au contraire que l’UE n’intervient que « si et dans la mesure où les objectifs de l’action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres ». En tout état de cause, non seulement ce principe n’existe pas en droit français, mais la façon dont nous avons construit l’État français s’y oppose souvent. D’où l’opinion que notre Etan français serait jacobin et l’idée qui en découle que tous les « services au public » devraient être réalisés par des fonctionnaires dans un service public.

Exemple de mise en œuvre en Italie avec un événement organisé avec le quartier dans le cadre des activités d’un Pacte de collaboration. Source : Marcella Iannuzzi.
Dans le chapitre 8, vous soulignez le risque que le service public s’accapare les communs. N’est-il pas paradoxal de s’appuyer sur deux études de cas qui sont déjà des services publics (Freinet et les lycées auto-gérés) ?
Nicole : Le chapitre de Thomas Perroud éclaire justement la situation française spécifique où le service public défini comme un service rendu par des fonctionnaires de la fonction publique s’oppose aux initiatives de participation et de contribution comme on le souhaiterait dans les communs. On aurait aussi pu connaître une situation similaire dans l’action sociale, mais, à la différence du monde de l’éducation, dans ce secteur de l’action sociale l’énorme majorité (90 % dans le secteur du handicap) était organisée sous forme associative. Ces associations se sont fédérées pour négocier avec les pouvoirs publics, en tentant de garder leur autonomie d’action (cf fin du chapitre 6).
Sans divulgâcher tout le contenu du livre, pourriez-vous nous expliquer en quelques mots les points communs et les différences entre l’ESS et les communs de proximité ?
Nicole : Nous le disons dans la conclusion notamment : l’ESS a été le lieu de la formation d’une série remarquable d’innovations institutionnelles visant à brider le pouvoir du capital (et à accroître le pouvoir des personnes concernées sur les services et solidarités qui leur sont nécessaires ainsi que le pouvoir des salarié·e·s sur leurs conditions de vie et de travail. Mais l’ESS est née avec l’industrialisation au 19ème siècle. Les communs se sont constitués dans l’histoire longue et se déploient désormais dans tout un autre âge, spécialement celui des limites écologiques atteintes et désormais franchies par cet industrialisme et l’extractivisme sur lequel il est bâti. L’ époque de l’Anthropocène oblige à un nouveau souci central, celui d’assumer le défi tout à la fois de l’accès à toutes et tous aux ressources essentielles à leur subsistance et de préserver l’intégrité des écosystèmes pour le présent mais aussi pour les générations futures. C’est ainsi que le commun comprend dans sa constitution même l’idée que lorsque les règles de « prélèvement » des ressources, conçues pour assurer la reproduction des communauté humaines, menacent la biodiversité ou l’écosystème, celles-ci doivent être modifiées pour assurer la préservation des écosystèmes menacés. Cette dernière idée n’est pas dans les gènes des formes institutionnelles de l’ESS. Dans la conclusion nous écrivons : « Ainsi et au total, il s’agit pour les communs d’une manière d’habiter le monde en rupture avec l’industrialisme et l’extractivisme qui en est le principe moteur. La question de l’écologie est au cœur des communs et en fonde le principe. Elle est ‘marginale’ ou sans objet pour l’ESS et ses entités qui peuvent décider – ou non – d’en faire un de ses objets. »
Vous dites qu’il reste quelques efforts à faire par les fablabs pour devenir de réels Communs. Il existe de nombreux fablab y compris dans les milieux ruraux, certains plus institutionnalisés que d’autres. Pour nos lecteurices agissant au sein de fablabs, qu’est-ce qui peut faire qu’un fablab devienne un commun, au niveau local / réseau des fablabs ?
Matei Gheorghiu : En deux mots, il faut de l’ouverture et de la structure.
Pour développer, il est capital que les fablabs et espaces du faire (lieux où se regroupent des « makers » ou « faiseurs » pour se réaliser et réaliser leurs projets et partager des solutions et des outils) au niveau local trouvent leur place dans l’écosystème de proximité (ce n’est pas uniquement, ou pas principalement de leur ressort, on sait bien que la plupart manque déjà de moyens pour subsister). Les fablabs doivent certes être ouverts (ce n’est pas toujours le cas) mais leurs différents partenaires doivent également engager de réelles ressources en contrepartie de ce qu’un outil tel que le fablab (équipé de machines mais surtout de compétences et « branché » sur un réseau mondial) peut leur apporter : une ressourcerie low-tech capable de développer des solutions techniques de manière frugale et dans un temps très court, une plateforme de formation et de partage, connectée aussi bien à des structures similaires qu’à d’autres de nature très différente (un fablab rural peut être en contact direct avec un fablab universitaire ou métropolitain, avec tout ce que ça implique de bénéfices croisés), une capacité d’action fulgurante en cas de crise, comme l’a démontré la mobilisation des makers lors du Covid-19, etc.
Les makers doivent donc soutenir le développement du fablab local et son articulation harmonieuse aux structures de l’environnement, et les responsables de ces structures (publiques et privées) doivent accepter de conférer aux fablabs une certaine autonomie et d’intégrer à leurs logiques de fonctionnement ce que leur nature (ouverture, fonctionnement en pair à pair et en réseau, primauté de l’expérimentation …) impose, et pas seulement les cantonner à un rôle de gadget de communication.
Les fablabs et leurs partenaires doivent aussi continuer leur travail de structuration en réseau, sans lequel ces caractéristiques avantageuses sont incertaines et précaires (elles ne reposent que sur une coïncidence et non sur une organisation qui veille à leur maintien et à son caractère équitable). Pour ce faire, la première obligation est de participer à la vie du réseau (passer une heure par semaine sur le forum, c’est augmenter les chances qu’un besoin ou une question soient pris en charge en mode pair à pair ; participer à la vie démocratique du réseau, c’est s’assurer qu’il maintient son caractère de commun).
Le rôle du niveau Réseau et de ses animateurs est de soutenir le développement de la communauté, de favoriser le brassage des lieux et des personnes, d’accompagner l’enrichissement d’un capital informationnel commun, dans le respect des principes directeurs qui le constituent : inclusion (soin accordé à l’accueil d’autrui et à l’ensemble de ses « différences »), subsidiarité (préférence initiale pour l’action de proximité et remontée si besoin au niveau supérieur), articulation systématique à l’intérêt général (attention à prendre en considération l’ensemble avant la partie), internationalisme (ne pas préférer par exemple une solution 100 % française quand il est plus évident et efficace de travailler avec le fablab de l’autre côté de la frontière, ou quand la solution vient, par la voie des ondes, de l’autre bout de la terre, mais aussi et surtout œuvrer en se rappelant que les fablabs et leur réseau sont d’abord et avant tout un outil de paix et de solidarité).
Quelles seraient les clés pour que les communs de proximité prennent de l’ampleur dans les prochaines années ?
Justine : Dans notre conclusion, nous proposons plusieurs pistes, qu’il est possible de consulter. Je retiens personnellement une chose : il est incontournable que les personnes se réapproprient la légitimé à s’organiser. Les personnes sont les premières expertes de leurs besoins et de leur territoire. Mais c’est très difficile de se sentir capable quand on assène que seules certaines entreprises, ou certaines institutions peuvent avoir la compétence de prendre les choses en charge, et à leur manière.
Un énorme merci aux différents auteurices pour le temps passé à répondre à nos questions !
17.02.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 17 février 2025
Khrys
Texte intégral (11879 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
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Brave New World
- Après une période d’essai de Copilot, le personnel du gouvernement australien a jugé l’IA de Microsoft moins utile que prévu (developpez.com)
- Au Japon, début du démantèlement des réservoirs d’eau traitée de la centrale nucléaire de Fukushima (lemonde.fr)
- Investir dans les énergies renouvelables tout en construisant des centrales à charbon : le paradoxe énergétique de la Chine (humanite.fr)
- L’ONU accuse le régime déchu du Bangladesh de possibles crimes contre l’humanité (liberation.fr)
Les Nations unies pointent du doigt ce mercredi 12 février les possibles agissements du pouvoir déchu bangladais durant la répression d’un mouvement de protestation en juillet 2024.
- L’arche de Tchernobyl touchée par un drone russe, pas de hausse des radiations, d’après Volodymyr Zelensky (liberation.fr)
Le président ukrainien a accusé, ce vendredi 14 février, la Russie d’avoir endommagé, avec un drone explosif, la structure de confinement de la centrale nucléaire accidentée. Il dénonce une « menace terroriste pour le monde entier » de la part de la Russie mais assure toutefois qu’aucune hausse des radiations n’a été constatée.
- En Géorgie, le mouvement de contestation à l’épreuve de la répression (humanite.fr)
Plusieurs milliers de Géorgien·nes se mobilisent quotidiennement depuis le 28 novembre. L’ampleur de ce mouvement inédit contre le Rêve géorgien, le parti au pouvoir, n’a pas fait vaciller le gouvernement. Au contraire, ce dernier multiplie les restrictions sur la société civile.
- Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky se dit prêt à un « échange » de territoires avec la Russie (liberation.fr)
Dans un entretien au « Guardian », le président ukrainien s’est dit ouvert ce mardi 11 février à des négociations avec Vladimir Poutine, affirmant par ailleurs que « les garanties de sécurité sans l’Amérique ne sont pas de vraies garanties de sécurité ».
Voir aussi Zelenskyy : Europe cannot guarantee Ukraine’s security without America (theguardian.com)
Ukraine’s president says he will offer US firms lucrative reconstruction contracts to try to get Trump onside[…]If Trump does manage to get Ukraine and Russia to the negotiating table, Zelenskyy said he planned to offer Russia a straight territory exchange, giving up land Kyiv has held in Russia’s Kursk region since the launch of a surprise offensive there six months ago.
Et Trump officials pitch Zelenskyy on U.S. owning 50 % of Ukraine’s rare earth minerals (nbcnews.com)
The Trump administration has suggested to Ukraine that the United States be granted 50 % ownership of the country’s rare earth minerals, and signaled an openness to deploying American troops there to guard them if there’s a deal with Russia to end the war, according to four U.S. officials.
- Travail forcé au Turkmenistan (lundi.am)
Le journaliste Khudayberdy Allashov est mort en août dernier, après avoir été persécuté une dizaine d’années durant par les autorités turkmènes. Elles lui reprochaient d’avoir osé écrire sur le travail forcé systématique dans les champs de coton du pays. Un secret de polichinelle, qui n’empêche pas certaines marques de textile européennes de se fournir encore au Turkménistan.
- « Le peuple syrien n’acceptera pas un retour à un régime autoritaire » (cqfd-journal.org)
Co-autrice du livre Burning country, au cœur de la révolution syrienne, l’activiste et écrivaine syro-britannique Leila al-Shami a toujours défendu les modes d’auto-organisation civile de la révolution syrienne. Elle livre ici son analyse sur les enjeux de cette nouvelle ère en Syrie.
- Three scenarios outline negotiations between Damascus Govt and SDF (english.enabbaladi.net)
- La dangereuse mainmise du Rwanda sur la région des Grands Lacs (alternatives-economiques.fr)
En trois semaines, l’architecture de l’État congolais dans sa partie orientale s’est effondrée.
- « À chaque innovation numérique, on constate une recrudescence des conflits au Congo » (basta.media)
- Libye : les corps de dizaines de migrant·es découverts dans des fosses communes (euronews.com)
- La Suisse refuse d’inscrire les limites planétaires dans sa Constitution (reporterre.net)
Le 9 février, les Suisses devaient voter par référendum pour ou contre « une économie responsable dans les limites de la planète », seuils qui nous approchent du point de non-retour. Avec plus de 70,5 %, le non l’a emporté dans les 26 cantons qui composent le pays, avec un taux de participation de 38 %.
- Malades de longue durée : 10 à 15 % des personnes atteintes de burn-out ne pourront jamais retravailler (rtbf.be)
C’est l’une des grandes mesures du gouvernement De Wever : remettre au travail les malades qui sont sous certificat médical depuis plus d’un an, en envisageant d’instaurer un plan global de prévention et de réinsertion. En Belgique, 485.435 personnes sont en invalidité dont un quart en raison d’une dépression ou d’un burn-out.
- L’Union européenne dévoile son méga plan à 200 milliards d’euros, pour construire des usines d’IA géantes (clubic.com)
Avec InvestAI, l’Union européenne a dévoilé un plan de 200 milliards d’euros pour développer son infrastructure d’intelligence artificielle et rivaliser avec les géants mondiaux de la tech, en construisant des gigafactories dédiées à l’IA.
Voir aussi L’UE promet d’investir 200 milliards de dollars dans le domaine de l’IA pour concurrencer les États-Unis et la Chine (developpez.com)
- Data centres could strain Europe’s power supply by 2030, report warns (euronews.com)
- The EU preaches sustainable fishing – but is emptying the Indian Ocean (ftm.eu)
Indian Ocean coastal states are increasingly concerned about dwindling stocks of overfished tuna species. Yet these nations say that negotiations to establish fairer catch allocations are being hampered by an actor located thousands of kilometres away : the EU.
- Nouvelles feuilles de route climat : les pays n’ont pas respecté la date limite de l’ONU, sauf rares exceptions (connaissancedesenergies.org)
- Vance’s week of waging war on EU tech law (politico.eu) The U.S. vice president attacked Europe’s regulations governing American Big Tech giants and online speech.
- Le Royaume-Uni abandonne sa stratégie de régulation stricte de l’IA au profit d’une collaboration avec Anthropic pour l’aider à transformer ses services publics (developpez.com)
- ‘When you’ve got nothing in your belly, you can’t concentrate’ : teachers on the food banks they run in schools (theconversation.com)
Across England, schools are running food banks to help the children and their families. Research suggests that 21 % of schools in England now offer some form of food charity.
- L’annexion du Canada détruirait-elle les États-Unis ? (theconversation.com)
Si Trump décidait un jour d’utiliser la force militaire pour annexer le Canada, le résultat ne serait pas déterminé par une confrontation militaire conventionnelle entre les armées canadienne et américaine. Une invasion militaire du Canada entraînerait plutôt une résistance violente qui pourrait durer des décennies et finir par détruire les États-Unis.
- EFF Sues DOGE and the Office of Personnel Management to Halt Ransacking of Federal Data (eff.org)
EFF and a coalition of privacy defenders have filed a lawsuit today asking a federal court to block Elon Musk’s Department of Government Efficiency (DOGE) from accessing the private information of millions of Americans that is stored by the Office of Personnel Management (OPM), and to delete any data that has been collected or removed from databases thus far.
Voir aussi “Largest data breach in US history” : Three more lawsuits try to stop DOGE (arstechnica.com)
Three new complaints seek court orders that would stop the data access and require the deletion of unlawfully accessed data. Two of the complaints also seek financial damages for individuals whose data was accessed.
- We stay strong against hate and hatred (blog.codeberg.org)
In the past days, several projects advocating tolerance and equal rights on Codeberg have been subject to hate attacks, such as massive spam of abusive messages in their issue trackers.
- ICE Wants to Know If You’re Posting Negative Things About It Online (theintercept.com)
ICE wants to hire contractors to monitor social media for threats. Those who criticize the agency could be pulled into the dragnet.
- Pour refuser d’appeler le Golfe du Mexique le « Golfe d’Amérique », Associated Press interdite d’accès au Bureau ovale et à Air Force One (liberation.fr)
La présidence des États-Unis a annoncé ce vendredi 14 février avoir banni indéfiniment l’agence de presse américaine du bureau et de l’avion de Donald Trump car elle a eu l’outrecuidance de souligner que le changement de nom du Golfe du Mexique n’avait d’autorité qu’aux États-Unis.
- Plus de 800 000 personnes ont perdu 2 milliards de dollars après l’effondrement de la valeur du memecoin de Donald Trump (developpez.com)
- Luigi Mangione Says He’s ‘Grateful’ for Support Shown in First Public Statement Since Alleged UnitedHealthcare CEO Murder (people.com)
Earlier this week, Mangione accepted $297,000 in donations to cover his legal bills from the December 4 Legal Committee, which is stewarding a fundraiser on GiveSendGo for his legal defense […]The committee — named after the death date of Thompson — said the donations were offered by over 10,000 individual supporters.
- Farmers ‘very worried’ as US pesticide firms push to bar cancer diagnoses lawsuits (theguardian.com)
Pesticide company efforts to push through ‘Cancer Gag Act’ laws that could block litigation against them is igniting battles in several US farm states and pitting some farm groups against each other.
- Sur fond de grippe aviaire, Donald Trump licencie la moitié des épidémiologistes d’un programme de pointe (letemps.ch)
« Nous sommes potentiellement au bord d’une nouvelle pandémie et nous virons des personnes qui ont probablement plus d’expertise que n’importe qui d’autre dans le pays »
- Georgia was about to retire coal plants. Then came the data centers. (grist.org)
Utilities nationwide are falling back on fossil fuels to meet huge energy demand.
- Après les incendies de Los Angeles, une forte tempête fait craindre des glissements de terrain (liberation.fr)
Les feux qui ont ravagé la ville le mois dernier ont fragilisé les sols ce qui peut créer des inondations et des coulées de boue.C’est le deuxième évènement climatique majeur qui touche Los Angeles en deux mois. La Californie se prépare à subir sa tempête la plus forte de l’hiver
- Trump administration wants to un-fire nuclear safety workers but can’t figure out how to reach them (nbcnews.com)
The workers, whose agency oversees the nation’s nuclear stockpile, had been fired on Thursday and lost access to their federal government email accounts.
- Elon Musk’s Team Decimates Education Department Arm That Tracks National School Performance (propublica.org)
The Trump administration canceled $900 million in contracts overseen by the Institute of Education Sciences, which partners with scientists and education companies to compile and make public data about schools each year.
- Trump State Department official has repeatedly called for mass sterilization of ‘low-IQ trash’ (independent.co.uk)
Secretary of State Marco Rubio has appointed Darren Beattie to be the acting undersecretary for public diplomacy and public affairs, a senior role that represents American foreign policy to the world. In May 2024, Beattie wrote on X : “Population control ? If only !” “Higher quality humans are subsidizing the fertility of lower quality humans,” he added
- Groundbreaking BBC research shows issues with over half the answers from Artificial Intelligence (AI) assistants (bbc.com)
- 51 % of all AI answers to questions about the news were judged to have significant issues of some form
- 19 % of AI answers which cited BBC content introduced factual errors – incorrect factual statements, numbers and dates
- 13 % of the quotes sourced from BBC articles were either altered or didn’t actually exist in that article.
The full research can be found on the BBC website.
- « C’est une absurdité totale » : des chercheurs en cybersécurité critiquent les méthodes actuelles de sécurisation des systèmes d’IA, affirmant qu’elles sont défectueuses et nécessitent une refonte complète (developpez.com)
La convention DEF CON a publié son rapport « Hackers’ Almanack », qui rassemble les résultats de l’édition 2024 de la conférence annuelle des chercheurs en sécurité.
- ChatGPT’s Political Views Are Shifting Right, a New Analysis Finds (gizmodo.com)
OpenAI’s models have shifted over time toward the right end of the political spectrum.
- Le PDG d’Anthropic, Dario Amodei, prédit que l’IA dépassera l’intelligence humaine et formera un “pays de génies” d’ici 2027 (developpez.com)
- Sam Altman, PDG d’OpenAI, prévoit que les avantages de l’IA ne seront peut-être pas largement répartis, et seront utilisés par les gouvernements pour contrôler leur population par la surveillance de masse (developpez.com)
- Elon Musk propose 97 milliards de dollars pour racheter OpenAI, Sam Altman estime qu’OpenAI n’est pas à vendre « à un concurrent qui fait moins bien que nous » et propose de racheter Twitter pour 9,7 milliards de dollars (developpez.com)
- Des manifestantes qualifiées de « terroristes », plus de 450 arrestations… La lourde répression au Panama des mobilisations contre la réforme des retraites (humanite.fr)
Le texte examiné par l’Assemblée nationale entend contraindre les travailleuses et travailleurs à exercer trois années de plus en relevant l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes.
- En Colombie, deux groupes armés imposent une guerre à la population (basta.media)
Le conflit armé a repris au nord-est de la Colombie, à la frontière avec le Venezuela. Des groupes armés se disputent un axe clé du narcotrafic. Plus de 50 000 personnes ont été déplacées.
- En Antarctique, des scientifiques espèrent lever les mystères du climat en forant des glaces vieilles de 1,2 million d’années (humanite.fr)
Le 9 janvier 2025, l’équipe du programme européen Beyond Epica, qui regroupe dix pays dont la France, a annoncé avoir réussi à forer la calotte antarctique jusqu’au socle rocheux pour en extraire 2 800 mètres de carottes glaciaires […] ces échantillons permettront de reconstituer l’histoire du climat et de l’atmosphère de la Terre sur les 1,2 million dernières années, là où le plus long enregistrement disponible était limité à 800 000 ans.
Spécial Palestine et Israël
- « From Ground Zero ». Gaza sous les bombes racontée par ses habitant·es (orientxxi.info)
- The day Israel came for the booksellers (972mag.com)
With a Palestinian coloring book as proof of ‘incitement,’ Israeli police raided East Jerusalem’s world-famous Educational Bookshop and arrested its owners.
- 2024 is deadliest year for journalists in CPJ history ; almost 70 % killed by Israel (cpj.org)
At least 124 journalists and media workers were killed last year, nearly two-thirds of them Palestinians killed by Israel.
- Palestine. Décentrer le regard occidental (orientxxi.info)
Massacres, torture, démolitions, expulsions, déplacement forcé, arrestations arbitraires : les crimes commis en Palestine et en Israël à l’encontre de la population palestinienne s’amoncellent et vont s’intensifiant ces dernières années, dans la totale impunité d’un État israélien qui se radicalise à l’extrême droite, et dont les dirigeant·es n’hésitent plus à appeler ouvertement au nettoyage ethnique des Palestinien·nes.
- « Nous allons posséder Gaza » : Donald Trump persiste et signe (humanite.fr)
Profitant de la visite à Washington du roi de Jordanie, Abdallah II, Donald Trump a confirmé mardi 11 février sa volonté de s’emparer purement et simplement de Gaza.[…]Abdallah II de Jordanie […] a exprimé sa « ferme opposition au déplacement de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie » occupée, soulignant qu’il s’agissait d’une « position arabe commune ». Le même jour, s’exprimant devant la Knesset, le Parlement israélien, Benyamin Netanyahou a lancé : « Vous vouliez le plan pour le jour d’après, le voici. » De manière de plus en plus claire, Donald Trump prépare le terrain pour que la coalition d’extrême droite au pouvoir puisse mener à bien son projet de grand Israël, avec comme première étape un Gaza sans Gazaouis.
Spécial femmes dans le monde
- The Pioneering Paralegals Helping Women Take Back Their Land (reasonstobecheerful.world)
In India, where land ownership offers a path to empowerment, legal clinics are helping women farmers to access their rights.
- Augmentation choquante du nombre de féminicides en Iran : 9 autres femmes tuées en 10 jours (wncri.org)
L’article 612 du code pénal du régime clérical, en particulier, protège souvent les délinquants, notamment les pères, les frères et les maris, de sanctions sévères, perpétuant ainsi un cycle d’injustice. […] L’incapacité persistante à mettre en œuvre des protections juridiques solides non seulement met en danger d’innombrables femmes, mais renforce également une culture où les crimes d’honneur et la violence domestique restent tragiquement incontrôlés.
- L’explosion de l’IA dans le monde du travail va creuser les inégalités entre les femmes et les hommes (huffingtonpost.fr)
- Devant et derrière la caméra, les femmes encore et toujours effacées du cinéma hollywoodien (liberation.fr)
Réalisatrices, monteuses, actrices ou cheffes op : partout, les femmes sont minoritaires dans l’industrie du cinéma américain, révèle une étude, qui souligne aussi la permanence des stéréotypes de genre dans la composition des personnages.
- L’inclusivité pas assez bankable ? Disney renonce à son programme de diversité (telerama.fr)
En abandonnant “Reimagine Tomorrow”, programme qui revalorisait les voix des minorités, les studios Walt Disney ont fait le choix de s’aligner sur les Gafam. Une décision pas anodine dans un pays dirigé par Donal Trump.
- ‘I don’t feel safe’ : Trans people are planning to flee the US (dazeddigital.com)
- « Femme », « climat »… Trump interdit des mots dans les articles scientifiques (reporterre.net)
Les scientifiques étasuniens doivent désormais bannir tout un lexique environnemental et social de leurs travaux, sous peine de risquer la perte de financements.
- Celebrating Solar Orbiter and the women behind the mission (esa.int)
Behind every successful ESA space mission, there is at least one woman. Behind the ESA/NASA Solar Orbiter mission, there are hundreds of them. With this mosaic, in light of the International Day of Women and Girls in Science, we are celebrating some of the women who have been working on this mission to explore and better understand our life-giving star.
Spécial France
- Un incendie qui sévit depuis mi-janvier sur l’île d’Amsterdam a ravagé 55 % de ce petit territoire dans le sud de l’océan Indien rattaché aux Terres australes et antarctiques françaises. (france24.com)
Ce sanctuaire de biodiversité abrite l’une des deux bases mondiales chargées de mesurer la pollution de fond de l’atmosphère. Des données précieuses dans l’étude du dérèglement climatique.
Voir aussi BBC : Half of French island in Indian Ocean burnt by wildfire (bbc.com)
- Le projet de loi d’urgence pour Mayotte définitivement adopté (projetarcadie.com)
- 65 ans après « Gerboise bleue » : La France toujours dans le déni (elwatan-dz.com)
Le 13 février 1960, l’Etat français expérimentait « Gerboise bleue », le premier de ses 17 essais nucléaires atmosphériques et souterrains jusqu’en 1966, à Reggane, dans le Sud algérien. Sujet tabou vis-à-vis de la société française et statu quo à l’égard des autorités algériennes qui n’ont eu de cesse réclamer à la France depuis des décennies réparation pour les graves dommages occasionnés à l’environnement et à la population locale exposée aux risques de contamination sur des générations. D’assumer ses responsabilités et de fournir documents et informations devant servir à la décontamination des sites. L’Etat français répond à cette demande légitime par le déni, arguant que les essais ont été « propres » et engendrant peu de dégâts.
- Pour le Conseil constitutionnel, Richard Ferrand choisi pour être président et succéder à Laurent Fabius, mais… (huffingtonpost.fr)
Tout comme la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et son homologue du Sénat, Gérard Larcher, qui ont décidé de nommer respectivement l’ex-juge Laurence Vichnievsky et le sénateur Philippe Bas, le président a le pouvoir de nommer un “Sage”.
- Les députées du groupe Écologiste et social, Eva Sas et Clémentine Autain sont autrices d’une proposition de loi instaurant un taux d’imposition minimal de 2 % sur le patrimoine des plus riches. (humanite.fr) – voir aussi Impôt sur la fortune des milliardaires : un pas vers plus de justice fiscale (france.attac.org)
- Alexis Kohler refuse une audition à l’Assemblée, Éric Coquerel veut saisir la justice (huffingtonpost.fr)
Éric Coquerel veut désormais avoir l’aval de la commission des Finances pour lancer un recours pénal contre le bras droit d’Emmanuel Macron.
- Jean Castex a été placé en garde à vue à Montpellier, dans le cadre d’une enquête préliminaire économique et financière ouverte par le parquet de Perpignan, à la suite d’un signalement d’Anticor (midilibre.fr)
- Surveillance excessive des salariés : sanction de 40 000 euros à l’encontre d’une entreprise du secteur immobilier (cnil.fr)
Le 19 décembre 2024, la CNIL a sanctionné une société d’une amende de 40 000 euros en raison d’une surveillance disproportionnée de l’activité de ses salariés, à travers un logiciel paramétré pour comptabiliser des périodes « d’inactivité » supposée et pour effectuer des captures d’écran régulières de leurs ordinateurs. En outre, les salariés étaient filmés en permanence.
- Chronopost victime d’une cyberattaque : le transporteur confirme le vol de données, dont les signatures des client·es (clubic.com)
- Chez Blablacar, la dégringolade après l’arrêt des primes covoiturage (reporterre.net)
Blablacar et TotalEnergies avaient gonflé les vertus du covoiturage pour profiter des « certificats d’économie d’énergie ». La suspension de ce filon ultralucratif, en juin, a fait dégringoler la valeur de l’entreprise
- Les musiciens obtiennent l’autorisation de voyager avec leur contrebasse dans le TGV (liberation.fr)
Considéré comme un « bagage encombrant », l’instrument n’était jusqu’à présent pas le bienvenu à bord du train. Mais le 13 février, après des années de négociation, le syndicat « Scène Ensemble » obtient enfin de la SNCF et du Ministère de la culture l’autorisation de voyager avec une contrebasse.
- Les salaires mirobolants des dirigeants de la FNSEA indignent le monde agricole (blogs.mediapart.fr)
Spécial femmes en France
- « Cette procédure est absolument exceptionnelle » : Kamel Daoud assigné en France par Saâda Arbane, qui l’accuse de vol de son histoire (liberation.fr)
L’écrivain a été assigné en justice, jeudi 13 février, pour non-respect de la vie privée par Saâda Arbane, une femme algérienne qui l’accuse d’avoir volé son histoire pour composer son roman « Houris », prix Goncourt 2024, ce que l’auteur réfute.
- Féminisation de la politique : des changements en trompe-l’œil (theconversation.com)
La féminisation de la politique française est notable, mais elle reste limitée. Elle est plus lente que celle à l’œuvre dans les métiers de la médecine, du barreau, de l’enseignement supérieur ou du journalisme.
- « Si on n’a pas un gros caractère, c’est compliqué » : le difficile quotidien des lycéennes en spécialité mathématiques (leparisien.fr)
- « 70 kilos et plus musclée qu’eux » : sur TikTok, elles se moquent de la grossophobie décomplexée (huffingtonpost.fr)
En se moquant de propos grossophobes sur TikTok, des centaines de femmes ont rappelé qu’elles n’avaient pas à répondre à des critères de poids pour se sentir bien dans leur peau.[…] Pour rappel, la grossophobie constitue une discrimination sur le fondement de l’apparence physique, et est donc passible de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amendes
- A69 : une opposante transgenre a passé quatre mois dans une prison pour hommes (liberation.fr)
Mise en examen dans le cadre de sa mobilisation contre l’autoroute Toulouse-Castres, Louna était incarcérée depuis octobre dans une prison pour hommes. Elle a été libérée sous contrôle judiciaire ce vendredi 14 février.
- Yann Moix et Gérard Depardieu, deux gros dégueulasses (liberation.fr)
« Libération » révèle, ce vendredi 14 février, de nouvelles images du voyage de Gérard Depardieu et Yann Moix en Corée du Nord, en 2018. La violence de leurs mots montre l’ampleur du chemin qu’il reste à parcourir dans la lutte contre le sexisme et la misogynie.
- « Le viol, c’est aussi toutes les fois où l’on n’a pas eu la possibilité de dire non » (revueladeferlante.fr)
- Soumission chimique dans le Doubs : un père de famille condamné à 15 ans de réclusion pour viols sur ses deux filles (liberation.fr)
Un homme de 42 ans a été condamné lundi 10 février par la cour criminelle du Doubs pour avoir violé ses jumelles à peine majeures, qu’il endormait grâce à des somnifères et des anxiolytiques.
- « On avait très peur de cette carabine » (mediavivant.fr)
Dans leur enquête « Des armes hors de contrôle », les journalistes Laurène Daycard et Fanny Marlier reviennent sur le meurtre de Cécile Piquet en 2020, qui avait pourtant alerté la gendarmerie. […] « La gendarmerie de Domont réduisait ses plaintes à une banale affaire de couple, de discorde conjugale comme on en voit beaucoup, donc banalisait complètement et sous-estimait la gravité des faits, ce qui explique la multiplicité des plaintes » […] Consciente du danger, Cécile Piquet avait déposé au total pas moins de 22 plaintes et mains courantes. En vain.
- Meurtre de Louise : quels sont les principes de la non-dénonciation de crime qui s’appliquent à la petite amie d’Owen L. ? (liberation.fr)
RIP
- Mort d’Yvonne Choquet-Bruhat, la première femme élue à l’Académie des sciences (humanite.fr)
Yvonne Choquet-Bruhat, la première femme élue en 1979 à l’Académie des sciences, est décédée le 11 février, à l’âge de 101 ans. Elle avait été accueillie à l’Académie pour sa « contribution fondamentale à la compréhension mathématique et physique de la théorie de la gravitation d’Einstein ». Ses travaux, situés à la frontière des mathématiques et de la physique, ont ouvert la voie à la compréhension des ondes gravitationnelles émises lors de l’effondrement et de la fusion de trous noirs. « Elle a été la première, en 1952, indique l’Institut, à apporter la preuve mathématique de l’existence de solutions à l’équation d’Einstein, notamment la première preuve rigoureuse qu’elles impliquent la propagation à la vitesse de la lumière d’ondes gravitationnelles ».
- Mort de Geneviève Page, grande comédienne de théâtre, trop ignorée du cinéma français (telerama.fr)
Repérée dans “Fanfan la Tulipe”, après-guerre, elle aura ensuite une grande carrière sur les planches. Au cinéma, les étrangers plus sensibles à son étrangeté, notamment Luis Buñuel, dans “Belle de jour”. Geneviève Page est décédée ce vendredi 14 février, à l’âge de 97 ans.
Spécial médias et pouvoir
- Franceinfo TV : après un débat télé sur Gaza, possible future « Côte d’Azur », la rédaction demande le départ de son directeur (liberation.fr)
La rédaction de la chaîne a demandé ce vendredi 14 février le départ « définitif » de Laurent Delpech. La motion de défiance a été votée quelques jours après la tenue d’un débat autour de la transformation de Gaza en « Côte d’Azur » voulue par Trump.
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- François Bayrou dit qu’il a « découvert » une partie de son budget… Après l’avoir fait passer aux forceps (huffingtonpost.fr)
- « L’IAE est un filet de sécurité » : face aux coupes budgétaires, les structures de l’insertion tirent la sonnette d’alarme (humanite.fr)
Les quatre milliards de coupes dans le budget du ministère du travail ont des conséquences sur l’insertion par l’activité économique (IAE). Huit fédérations alertent ce vendredi 14 février sur l’avenir des 300 000 personnes accompagnées par les 4 600 structures du secteur.
- Corruption : 26 ministres ou proches de Macron impliqués depuis 2017 (fakirpresse.info)
- Sommet de l’IA : pour finir, la France décide d’innover d’abord et de réfléchir ensuite (telerama.fr)
Les États-Unis et le Royaume-Uni ont boudé la signature de la déclaration finale du Sommet qui prône une intelligence artificielle “éthique, durable et inclusive”. Emmanuel Macron, lui, a joué les VRP de la France. « En France, ce n’est pas la peine de forer, ici c’est “plug, baby plug”. L’électricité est disponible, vous pouvez vous brancher ! »
- Intelligence artificielle : d’où viennent les 109 milliards d’investissement annoncés par Emmanuel Macron ? (huffingtonpost.fr)
Émirats arabes unis, Mistral AI, Amazon… Des investisseurs étrangers, mais pas que, ont déjà promis d’investir dans l’IA en France. Une enveloppe dont le détail a été dévoilé.
- Intelligence artificielle : le sommet du mélange des genres (multinationales.org)
Le Sommet international pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA) qui a lieu à Paris en ce mois de février 2025 tient à la fois de la foire commerciale et de la grande messe où les dirigeants de multinationales et de start-ups sont conviés à s’asseoir à la même table que les gouvernements […] Un entre-soi qui sert surtout à écarter les vraies questions.
- Exploitation des hydrocarbures en Guyane : “Il faut ouvrir le débat”, propose Manuel Valls (franceguyane.fr)
- Comment Total et consorts nous ont fait perdre un temps précieux dans la lutte contre le réchauffement (basta.media)
- Le secteur agroalimentaire, ses pollutions et sa malbouffe sous perfusion d’argent public (basta.media)
- RSA et prime d’activité : une simplification en forme d’enfumage (humanite.fr)
Catherine Vautrin a annoncé vendredi 14 février la généralisation de la déclaration de ressources simplifiée pour les allocataires du RSA et de la prime d’activité, à partir de mars […] la CGT dénonce « une opération de communication » visant à masquer la suppression des moyens humains d’accompagnement et les sanctions imposées par la loi plein-emploi.
- Déserts médicaux : abandonnés par l’État, des Bretons veulent faire venir des médecins cubains (basta.media)
La presse se fait régulièrement l’écho de femmes qui accouchent sur la route, dans leur voiture, car elles sont désormais trop éloignées de l’établissement qui peut les prendre en charge.
- Inclusion à l’école, enseignants en détresse : « l’enfant est en souffrance et moi, je participe à sa maltraitance » (rapportsdeforce.fr)
Vingt ans après la loi de 2005, qui consacre le principe de l’inclusion des enfants en situation de handicap dans le milieu scolaire dit ordinaire, des enseignant.es tirent la sonnette d’alarme. Si le nombre d’enfants en situation de handicap scolarisés a augmenté, les moyens donnés à leur accompagnement ne suivent pas.
- Écoles : les maires alertent contre les fermetures « brutales » de classes (humanite.fr)
L’association des maires de France (AMF) s’inquiète publiquement du nombre élevé de fermetures de classes décidé dans plusieurs départements pour la rentrée 2025, « sans concertation » avec les acteurs locaux. Et ce, alors que le gouvernement a renoncé à la suppression de 4 000 postes d’enseignant·es.
- Agressions sexuelles à Notre-Dame de Bétharram : François Bayrou prétend n’avoir « jamais été informé », un juge d’instruction de l’époque affirme le contraire (humanite.fr)
Si les informations de Mediapart, qui a toujours gagné ses procès en diffamation, étaient confirmées par l’enquête judiciaire, cela signifierait qu’un Premier ministre a menti devant la représentation nationale. Non pas une mais deux fois.
Voir aussi Violences au collège-lycée Bétharram : Bayrou dit n’avoir « jamais été informé » des dérives, « Mediapart » publie des documents qui démentent cette version (liberation.fr)
Mediapart a révélé ce mardi soir de nouveaux documents attestant selon le média d’investigation des mensonges du chef du gouvernement. « Le Premier ministre n’a pas reçu une mais au moins trois alertes »
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- Palpations, caméras-piétons, vidéosurveillance algorithmique… (liberation.fr)
Une nouvelle loi pour la sécurité dans les transportsLes députés ont voté mardi 11 février au soir un texte contenant plusieurs mesures répressives critiquées par la gauche. Déjà adopté par le Sénat, il va être débattu en commission mixte paritaire.
- De nouvelles caméras à l’IA scrutent votre visage chez les buralistes (presse-citron.net)
Le dispositif MyCheckr s’appuie sur l’intelligence artificielle pour estimer l’âge des clients. Son déploiement connaît une accélération notable : 200 bureaux de tabac français ont déjà franchi le pas.
- Occupation de la Gaîté Lyrique : la justice ordonne l’évacuation des jeunes majeurs d’ici un mois (liberation.fr)
Le tribunal administratif de Paris a ordonné ce jeudi 13 février l’évacuation des 300 jeunes migrants qui occupent le lieu culturel parisien depuis le mois de décembre.
- À Rouen, le maire insulté après le don de tickets de métro gratuits pour les exilé·es (liberation.fr)
Le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol a déclaré, mercredi 12 février, avoir été la cible de messages haineux sur les réseaux sociaux après sa décision censée faciliter l’intégration des étranger·es primo-arrivant·es en France.
- Le tribunal administratif de Melun victime de menaces après l’annulation de l’expulsion de l’influenceur algérien Doualemn (liberation.fr)
Après l’annulation de l’OQTF de l’influenceur « Doualemn », de son vrai nom Boualem N., par le tribunal de Melun le 6 février, ses magistrats ont été la cible de menaces sur les réseaux sociaux. Une situation que dénoncent plusieurs institutions judiciaires.
- Pierre-Édouard Stérin, saint patron de l’extrême droite française #18. « Multiplier les contentieux stratégiques » : comment Pierre-Édouard Stérin entend mener sa guérilla juridique (humanite.fr)
- Éric Zemmour jugé pour contestation de crime contre l’humanité : non, Pétain n’a pas sauvé les Juifs français (telerama.fr)
Le chroniqueur de CNews comparaît devant la cour d’appel de Paris pour avoir affirmé que le maréchal Pétain aurait aidé à sauver les Juifs français entre 1939 et 1945. Des propos calomnieux, une vraie fake news : la preuve par quatre.
Spécial résistances
- Intelligence Artificielle : faire front contre la puissance techno-réactionnaire (mouton-numerique.org)
le Mouton Numérique tient à faire entendre son bêlement pour pointer le danger qui se cache derrière cette grande messe diplomatique : celui de l’accaparement rhétorique, politique et économique d’une « technologie » par les classes dirigeantes afin de soutenir leurs projets capitalistes, autoritaires et impérialistes dans lesquels l’intérêt des citoyens·nes est complètement écarté.
- « Il n’y a pas d’écologie sans lutte contre le fascisme » : des activistes visent le siège de Tesla en France, propriété d’Elon Musk (vert.eco)
« Tesla est la première source de fortune d’Elon Musk et l’entreprise qui lui a permis de racheter Twitter et d’investir dans la campagne de Trump. C’est la pierre angulaire d’un empire qui finance la haine » – Léa Zaïdat, porte-parole d’Action justice climat (AJC).
- Accueille le printemps, crame une Tesla (trognon.info)
- À l’université de Bordeaux-Montaigne, une mobilisation étudiante contre les agressions de l’extrême droite (liberation.fr)
Pour protester contre les agressions de l’extrême droite sur le campus et montrer un front uni, des organisations étudiantes organisent un « village antifa », jeudi 13 février.
- PFAS dans l’eau à Paris : une plainte pour faire « payer les pollueurs » (reporterre.net)
Eau de Paris, la première entreprise publique de l’eau en France, a annoncé le 13 février au journal Le Monde qu’elle allait déposer plainte contre X dans les prochains jours. La régie parisienne dénonce plusieurs infractions pénales : pollution des réseaux d’adduction d’eau potable par déversement de substances, abandon de déchets et dégradation substantielle de l’environnement.
- Quatre associations tentent de renvoyer TotalEnergies devant la justice pour ses forages pétroliers « climaticides » en Ouganda et en Tanzanie (humanite.fr)
Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total ont porté plainte, auprès du parquet de Nanterre, contre le géant TotalEnergies, accusé de ne pas respecter « ses obligations légales de prévenir les violations des droits humains et les dommages environnementaux » en Tanzanie et en Ouganda.
- Le tribunal du Havre reconnaît l’état de nécessité pour les militant·es d’Extinction Rebellion et Scientifiques en rébellion (scientifiquesenrebellion.fr)
- A69 : pourquoi faut-il boycotter les produits Avène ? (rennes.alternatiba.eu)
Le projet d’autoroute A69 est un scandale démocratique, environnemental et social. Le groupe pharmaceutique Pierre Fabre a usé de toute son influence pour arracher l’autorisation de construction, nous userons de la nôtre pour stopper sa construction. Comment ? En boycottant sa plus célèbre marque, Avène.
- « Les personnes handicapées n’ont pas accès à leurs droits les plus élémentaires » (politis.fr)
Béatrice Pradillon est la cofondatrice du collectif handi et féministe, Les Dévalideuses. Elle revient sur la non-application de la loi pour l’égalité des droits et des chances de 2005 et appelle la gauche à s’imprégner des combats antivalidistes.
- Appel de syndicalistes pour un sursaut unitaire à gauche (humanite.fr)
Spécial outils de résistance
- The Technology of Computer Destruction (hans.gerwitz.com)
Techniques for destroying data files and computer installations quickly and permanently are described.This paper is for research purposes only, and is intended to add slightly to the sum total of human knowledge.
- How to stop Trump’s power grab (vox.com)
democracy’s defenders need to think of their jobs as buying time for the courts — blocking and delaying everything to prevent him from doing irrevocable harm to the constitutional order before he can be ordered to stop.
Spécial GAFAM et cie
- Google Chrome pourrait bientôt utiliser l’IA pour modifier automatiquement vos mots de passe compromis, mais à quel prix pour votre vie privée ? (developpez.com)
- Google will use machine learning to estimate a user’s age (theverge.com)
- Au Brésil, fausse alerte au tremblement de terre mais vraie erreur signée Google (liberation.fr)
Plusieurs propriétaires de téléphones Android ont reçu une fausse alerte au séisme dans la nuit de jeudi à vendredi au Brésil. Le géant a dû présenter ses excuses ce vendredi 14 février et annonce l’ouverture d’une enquête.
- Google Calendar removed events like Pride and BHM because its holiday list wasn’t ‘sustainable’ (theverge.com)
Some Google Calendar users are angrily calling the company out after noticing that certain events like Pride month are no longer highlighted by default. Black History Month, Indigenous People Month, Jewish Heritage, Holocaust Remembrance Day, and Hispanic Heritage have also been removed
- reCAPTCHA : 819 millions d’heures humaines perdues et des milliards de dollars de profits pour Google (developpez.com)
Depuis son acquisition par Google en 2009, le système reCAPTCHA est devenu un élément incontournable du web. Ce petit test, censé distinguer les humains des robots, est aujourd’hui présent sur des millions de sites. Pourtant, derrière son apparence anodine, se cache un immense gaspillage de temps humain et une manne financière colossale pour Google.
Voir aussi A 2023 study concluded CAPTCHAs are ‘a tracking cookie farm for profit masquerading as a security service’ that made us spend 819 million hours clicking on traffic lights to generate nearly $1 trillion for Google (pcgamer.com)
- I was a content moderator for Facebook. I saw the real cost of outsourcing digital labour (theguardian.com)
A mum of two young children, I was recruited from my native South Africa with the promise to join the growing tech sector in Kenya for a Facebook subcontractor, Sama, as a content moderator. For two years, I spent up to 10 hours a day staring at child abuse, human mutilation, racist attacks and the darkest parts of the internet so you did not have to.
- Lawsuit Accuses Meta Of Training AI On Torrented 82TB Dataset With Millions Of Pirated Books (hothardware.com)
- Apple, et son assistant vocal Siri, cibles d’une plainte pour collecte massive d’enregistrements (liberation.fr)
La Ligue des droits de l’Homme attaque le géant informatique en raison d’enregistrements de conversations à caractère privé par son assistant vocal.
- Aux États-Unis, le site nucléaire de la catastrophe de Three Mile Island redémarre pour alimenter l’intelligence artificielle de Microsoft (vert.eco)
- Une étude de Microsoft révèle que plus les gens utilisent l’IA dans leur travail, moins ils font preuve d’esprit critique. (developpez.com)
L’étude suggère que l’IA rend la cognition humaine « atrophiée et non préparée »
- Memecoin LIBRA : Milei vient-il de faire la promotion d’une arnaque crypto sur X ? (legrandcontinent.eu)
Les autres lectures de la semaine
- The problems in the European Digital Identity (EUDI) (news.dyne.org)
- Le pouvoir normatif de Big Tech – Comment quelques multinationales décident de ce qu’on a le droit de dire et d’entendre, d’écrire et de lire, de montrer et de voir — de ce qu’on a le droit de penser (blogz.zaclys.com)
- What We Talk About When We Talk About AI (emptywheel.net)
- AI scams have infiltrated the knitting and crochet world – why it matters for everyone (zdnet.com)
Did you know hand-made knitting and crochet crafts have something in common with smartphone apps and 3D printers ? That’s right : the short answer is they use programming code. Let’s deconstruct the relationships between crafting and coding – and then I’ll provide some important lessons for everyone on how to spot some AI-generated scams.
- De la difficulté à évaluer l’IA : (danslesalgorithmes.net)
- Les détecteurs d’images générées par IA sont-ils fiables ? (liberation.fr)
Le détecteur d’IA de référence pour le grand public, WinstonAi, affiche un taux de fiabilité de 99,98 %. Mais grâce à quelques techniques simples, CheckNews a pu « tromper » le logiciel.
- Le forcing de l’IA (limitesnumeriques.fr)
- ‘Please Stop Inviting AI Notetakers To Meetings’ (slashdot.org)
the technology raises troubling questions around etiquette and privacy and risks undercutting the very communication it’s meant to improve
- L’IA est-elle « l’arnaque du siècle » ? (usbeketrica.com)
- Pourquoi il est urgent de porter de l’attention aux conflits d’intérêt des « experts en IA (usbeketrica.com)
- Sommet de Paris sur l’IA : accélérer, quoi qu’il en coûte (laquadrature.net)
l’Europe engage une fuite en avant qui, dans le contexte actuel, risque de nous précipiter vers une sorte de techno-fascisme.
- « Sur l’IA, l’objectif européen ne doit pas être de copier les big tech américaines » (alternatives-economiques.fr)
plutôt que de concevoir des outils qui nous « remplacent », nous trient ou nous gèrent, pourquoi ne pas plutôt en bâtir qui nous redonnent du pouvoir ?
- L’intelligence artificielle peut-elle être collective ? (laviedesidees.fr)
Nous ne sommes pas confrontés à l’avènement d’une conscience algorithmique ou d’un esprit numérique, mais plutôt à une nouvelle révolution industrielle, qui ne procède plus seulement de l’automatisation du travail manuel ou des activités gestuelles ou physiques, mais aussi de l’automatisation du travail intellectuel ou des activités mentales ou psychiques
- AI drinks water just like us (thefulcrum.ca)
Hidden deep within the environmental sustainability reports from Google and Microsoft reveal the immense amount of freshwater used to cool their data centers. In 2022, Microsoft’s data centers consumed 6.4 billion litres of freshwater, and Google consumed a staggering 21 billion litres of water. Studies on ChatGPT’s generative AI suggest that GPT-3, their prior model, used 500ml of water for every 10-50 prompts, depending on the size of the response.
The popular, more data-intensive generative AI outlet, GPT-4 processes over 1 billion queries per day, with its user base expanding to 3.7 billion users as of October 2024. Additionally, the study by UC Riverside estimates that water withdrawal demand for global AI usage is projected to reach between 4.2 and 6.6 billion cubic meters by 2027, only two years away. - L’IA générative a le potentiel de détruire la planète (mais pas comme vous le pensez) (basta.media)
Le risque premier avec l’intelligence artificielle n’est pas qu’elle s’attaque aux humains comme dans un scénario de science-fiction. Mais plutôt qu’elle participe à détruire notre environnement en contribuant au réchauffement climatique.
- Anatomy of an AI Coup (techpolicy.press)
DOGE is gutting federal agencies to install AI across the government. Democracy is on the line […] Artificial intelligence (AI) is a technology for manufacturing excuses. While lacking clear definitions or tools for assessment, AI has nonetheless seized the imagination of politicians and managers across government, academia, and industry. But what AI is best at producing is justifications. If you want a labor force, a regulatory bureaucracy, or accountability to disappear, you simply say, “AI can do it.” Then, the conversation shifts from explaining why these things should or should not go away to questions about how AI would work in their place.
- “So this is how liberty dies…” Making sense of Trump’s first three weeks (christinapagel.substack.com)
- DOGE’s Race to the Bottom (wired.com)
Elon Musk’s takeover of US government agencies has happened at remarkable speeds. That’s the point.
- La résistance universitaire au trumpisme (mouvements.info)
Je pense que le secteur de l’éducation est trop crucial par rapport à l’esprit général du pays pour qu’ils le laissent tranquille. La Floride est le modèle de ce qu’ils veulent faire. Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, vient de prendre le contrôle de University of West Florida, après avoir pris le contrôle de New College il y a quelques mois. Il vient de nommer à sa tête un certain Scott Yenor. Dans un article du Guardian, ce type a déclaré que les femmes ne devraient pas recevoir d’éducation supérieure ou avoir un emploi, qu’elles feraient mieux de rester à la maison pour élever des enfants. C’est d’une misogynie inimaginable.
- La dette de l’Ukraine : un instrument de pression et de spoliation aux mains des créanciers (contretemps.eu)
- Olha Mukha : “Pendant longtemps, l’Occident a refusé de reconnaître le caractère colonial et impérial de la Russie” (voxeurop.eu)
La philosophe ukrainienne Olha Mukha partage ses réflexions sur la guerre en cours, la place de l’impérialisme russe dans les perceptions occidentales et sur l’importance de la mémoire nationale en Ukraine.
- Trust et antitrust : une guerre de cent ans toujours en cours (multinationales.org)
- Et si les milliardaires n’étaient pas aussi puissants qu’on le croit… (theconversation.com)
- So many unmarried men (aeon.co)
For Mary Midgley, the Western philosophical tradition is shaped by the fact that its greatest practitioners were bachelors. In the 1950s, the philosopher Mary Midgley […] dared to point out that almost all the canonical figures in philosophy’s history had been unmarried men.
- Vers un féminisme libertaire ? (contretemps.eu)
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Amnésie
- Pédo
- Grotesque
- Sarko
- Consensuel
- Dangers
- Urgences
- Problème
- Comment
- Dis-moi
- A69
- Les matériaux produits par l’homme pèsent plus lourd que l’ensemble du monde vivant (courrierinternational.com)
- Birth certificate
- Effacement
- MAGA
- Fuck off
- Tesla
- Trump-Musk
- Analogy
- Distraction
- Bretagne
- Gulf
- Future
- Capitalism
- Robotique
- Ethic
- Astéroid
Les vidéos/podcasts de la semaine
- « Les nazis n’ont pas pris le pouvoir, on leur a donné » (blast-info.fr)
- Waly Dia – Bayrou a inventé le centrisme d’extreme droite (peertube.stream)
- Bilan critique du courant anti-industriel (paris-luttes.info – podcast de 2022)
- Le stade final de l’impérialisme : Un avenir radicalement éco-féministe (audioblog.arteradio.com)
- FSF criteria for Free machine learning applications (video.fosdem.org)
Les trucs chouettes de la semaine
- Ils voulaient un barrage, les castors l’ont fait pour eux (reporterre.net)
En République tchèque, […] une colonie de huit castors ont construit en quelques jours un réseau de barrages à l’emplacement exact où un projet de barrage était en cours depuis sept ans. L’objectif de ce projet était de revitaliser ce tronçon de rivière qui servait autrefois de terrain militaire, en le transformant en zone humide. Mais à cause de lenteurs administrative, l’ouvrage était resté dans les cartons.
- Le prix Tyler, ce « Nobel de l’environnement », décerné pour la première fois à deux chercheureuses sud-américain·es (vert.eco) L’écologue argentine Sandra Díaz et l’anthropologue brésilo-américain Eduardo Brondízio sont récompensé·es pour leurs travaux qui relient l’humain à la nature
- Save the AI ! (savethe.ai)
Artificial Intelligence is facing a crisis : humans are consuming far too many precious resources that AI needs to thrive. Every sip of water you take and every light you turn on could be sustaining the AI systems that uphold your digital conveniences. […] The aim of this satirical campaign is to use humour to connect your personal needs for Earth’s resources with the evidence of just how much of these resources are now being claimed for the data centres running generative AI. And to make you smile.
- FluConf 2025 Retrospective (fluconf.online)
- Retours sur les ateliers Nextcloud menés par La Dérivation et l’Établi Numérique (framablog.org)
- Open Terms Archive : rendre transparentes les modifications de CGU (framablog.org)
- CryptPad Review : Replacing Google Docs (privacyguides.org)
- Tumblr to join the fediverse after WordPress migration completes (techcrunch.com)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
16.02.2025 à 09:00
Comprendre ce que l’IA sait faire et ce qu’elle ne peut pas faire
Framasoft
Texte intégral (8445 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 10 octobre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Comment distinguer le bon grain de l’ivraie de l’Intelligence artificielle ? C’est la promesse que font les chercheurs Arvind Narayanan et Sayash Kapoor dans leur nouveau livre, AI Snake Oil. S’ils n’y arrivent pas toujours, les deux spécialistes nous aident à comprendre les défaillances de l’IA dans un livre qui mobilise la science pour qu’elle nous aide à éclairer le chemin critique qu’il reste à accomplir.
Quand on parle d’Intelligence artificielle on mobilise un terme qui qualifie un ensemble de technologies vaguement reliées, expliquent les chercheurs Arvind Narayanan et Sayash Kapoor dans le livre qu’ils viennent de faire paraître, AI Snake Oil (Princeton University Press, 2024, non traduit).
Il y a peu de liens entre l’IA générative dont on entend tant parler et l’IA prédictive, certainement bien plus utilisée encore, mais où se concentrent les systèmes les plus défaillants qui soient. C’est là surtout que se concentre cette « huile de serpent » à laquelle font référence les deux chercheurs. Sous ce terme, qui qualifie des remèdes miraculeux mais inefficaces, comme tant de charlatans en vendaient dans tout l’Ouest américain, les deux chercheurs désignent une technologie qui ne fonctionne pas et ne peut pas fonctionner comme attendu, et qui ne fonctionnera probablement jamais. Toute la difficulté aujourd’hui, pour le grand public, consiste à être capable de distinguer l’IA qui ne fonctionne pas de celle qui fonctionne. C’est tout l’enjeu de leur livre.
IA générative vs IA prédictive
L’IA est désormais devenue un produit de consommation grand public. Le problème, c’est que son utilisation abusive s’est également généralisée. Les deux ingénieurs restent pourtant très confiants. L’IA générative est un outil amusant et utile défendent-ils. Elle peut même être un outil d’apprentissage passionnant, expliquent-ils un peu légèrement. Certes, l’IA générative comporte des risques et peut avoir un coût social élevé. Mais ce n’est rien comparé à l’IA prédictive. Dans leur livre, les deux chercheurs accumulent les exemples pour montrer que dès que nous tentons d’utiliser l’IA pour des prédictions, notamment dans le domaine du social, elle produit des discriminations. De l’emploi à la santé, en passant par le crime… partout ces modèles restent englués dans leurs biais. Mais surtout, leurs résultats ne sont bien souvent pas meilleurs qu’un résultat aléatoire. C’est, il me semble, la grande force de leur démonstration et le point le plus original du livre. Pour les chercheurs, l’une des raisons d’une si faible performance tient beaucoup au fait que très souvent, la donnée n’est ni disponible ni décisive. Le problème c’est que l’IA prédictive est très attirante parce qu’elle promet des décisions plus efficaces… Mais l’efficacité est bien plus relative qu’annoncée et surtout bien moins responsable.
L’IA n’a pas vraiment de définition fixe. Les deux chercheurs s’en amusent d’ailleurs et remarquent que ce qu’on qualifie comme IA correspond souvent à ce qui n’a pas été fait. Dès qu’une application fonctionne avec fiabilité, on ne parle plus d’IA, comme c’est le cas avec les aspirateurs autonomes, l’autopilote des avions, les filtres à Spam, ou l’autocomplétion. Autant d’exemples qui nous montrent d’ailleurs des formes d’IA qu’on souhaiterait plus souvent. Ces exemples doivent nous rappeler qu’elle n’est pas toujours problématique, loin de là. L’IA sait résoudre des problèmes difficiles. Mais elle ne sait pas prédire les comportements sociaux des gens et la prédiction du social n’est pas un problème technologique soluble.
Il y a aussi certains domaines du social où l’IA peut-être très forte, très précise et très efficace, mais qui posent des problèmes de société majeurs. C’est le cas notamment de la reconnaissance faciale. Le taux d’erreur de la reconnaissance faciale est devenu minuscule (0,08 % selon le Nist). Cela n’enlève rien au fait que ces erreurs soient très problématiques, notamment quand elles conduisent à des arrestations qui ne devraient pas avoir lieu. Mais dans le domaine de la reconnaissance faciale, le problème, désormais, n’est plus que la technologie soit défaillante. Ce sont les pratiques, les erreurs humaines, les échecs policiers et d’encadrement de son usage qui posent problèmes. « L’IA de reconnaissance faciale, si elle est utilisée correctement, a tendance à être précise, car il y a peu d’incertitude ou d’ambiguïté dans la tâche à accomplir ». Identifier si une personne sur une photo correspond à une autre personne sur une autre photo est assez simple, pour autant que les systèmes aient suffisamment d’images pour s’y entraîner et de moyens pour trouver les éléments qui permettent de distinguer un visage d’un autre. Cela ne signifie pas que l’analyse faciale puisse tout faire, précisent les deux chercheurs : identifier le genre où l’émotion depuis un visage n’est pas possible, car ni l’un ni l’autre n’est inscrit dans l’image. Désormais, « le plus grand danger de la reconnaissance faciale vient du fait qu’elle fonctionne très bien ». Ce ne sont plus ses défaillances techniques qui posent un problème de société, comme c’est le cas des systèmes de prédiction de risques. C’est l’usage qui peut en être fait… comme de pouvoir identifier n’importe qui n’importe où et pour n’importe quelle raison. Attention cependant, préviennent les chercheurs : la reconnaissance faciale peut-être très performante quand elle est utilisée correctement, mais peut très facilement échouer en pratique, comme le montre l’identification depuis des images de mauvaise qualité qui a tendance à produire de nombreux faux positifs. Elle n’est donc ni parfaite ni magique. Et surtout, elle pose un enjeu de société qui nécessite de cadrer son usage, pour trouver les moyens afin qu’elle ne soit pas utilisée de manière inappropriée – et ce n’est pas si simple – et pour que la société se dote de garde-fous et de garanties pour prévenir des abus ou d’utilisations inappropriées.
Nombre d’usages de l’IA demeurent problématiques avertissent les chercheurs. Nombre de ses utilisations relèvent ni plus ni moins de l’imposture. L’IA échoue d’abord et très souvent dès qu’on l’utilise pour produire des prédictions, comme l’a montré Google Flu, l’outil pour prédire la grippe de Google qui se basait sur l’évolution des recherches de symptômes sur le moteur de recherche et dont la précision a fini par s’effondrer sous les requêtes. Non seulement la prédiction est difficile, mais bien souvent son efficacité s’effondre dans le temps.
Les deux chercheurs nous invitent à intégrer une sirène d’alerte aux projets d’IA. Dès qu’ils abordent le social, dès qu’ils souhaitent prédire quelque chose, dès qu’ils utilisent une variable pour une autre (comme de vouloir reconnaître le genre depuis des images de visages), nous devons être vigilants.
Les défaillances de l’IA prédictive
Mais il y a d’autres motifs d’inquiétudes auxquels prêter attention. Le battage médiatique autour de l’IA fait que bien souvent ses qualités sont exagérées. Les capacités de prédiction de nouveaux services ou outils sont très souvent survendues. L’une des erreurs les plus courantes consiste à annoncer un taux de réussite particulièrement élevé, alors que très souvent, l’outil est évalué sur les mêmes données que celles sur lesquelles il a été entraîné. C’est un peu comme réviser les questions qui seront posées à un examen avant l’examen. L’étude des résultats de recherche dans nombre de secteurs de la recherche en machine learning a montré partout des résultats problématiques. Ce n’est pas nécessairement intentionnel ou malveillant, excusent un peu facilement les deux ingénieurs, le machine learning est une discipline délicate et il est facile de s’embrouiller. En tout cas, la qualité s’effondre très souvent avec le battage médiatique. Ainsi, des centaines d’études ont proclamé pouvoir détecter le Covid depuis des radiographies des poumons : une revue systématique de plus de 400 articles de recherche a montré qu’AUCUNE n’était fiable. Tant et si bien qu’une équipe de chercheurs a mis au point une check-list pour aider les développeurs et les chercheurs à minimiser les erreurs. Dans une étude sur l’usage de l’IA prédictive dans l’industrie et l’administration, Narayanan et Kapoor ont fait les mêmes constats et ont listé les principaux défauts de la prédiction :
- Un outil qui fait de bonnes prédictions ne signifie pas qu’il mènera à de bonnes décisions, notamment du fait de la rétroaction des décisions sur les prédictions (par exemple un montant de caution plus élevé basé sur une prédiction de récidive peut augmenter le taux de récidive… et d’ailleurs, les peines sévères ont tendance à augmenter la récidive) ;
- Pour prédire, on fait souvent appel à une variable-cible qui ne correspond pas exactement à ce que l’on souhaite prédire, comme d’utiliser la moyenne générale d’un étudiant pour prédire sa réussite l’année suivante.
- Lorsque la distribution des données sur lesquelles un modèle est formé n’est pas représentative de la distribution sur laquelle il sera déployé, les performances du modèle seront problématiques.
- Il y a toujours des limites à la prédiction. Les résultats sociaux ne sont pas prévisibles avec précision, même avec l’apprentissage.
- Les différences de performances entre différents groupes sociaux ne peuvent pas toujours être corrigées.
- Bien souvent les systèmes manquent de possibilité pour en contester les résultats alors que cette contestabilité est un levier important pour se rendre compte de ses erreurs.
- La prédiction oublie souvent de prendre en compte le comportement stratégique qui risque de la rendre moins efficace dans le temps.
Au XIXᵉ siècle, dans l’Ouest américain, d’innombrables colporteurs vendaient des médicaments miracles, inefficaces et inoffensifs, pour la plupart… mais pas tous. Certains de ces faux remèdes laisseront des morts derrière eux. En 1906, la Food and Drug Administration (FDA) est imaginée pour remédier au problème et rendre ces colporteurs responsables de leurs produits, comme l’explique le dernier rapport de l’AI Now Institute qui revient en détail sur la naissance de l’agence américaine et comment elle a changé le monde du médicament par la construction de mesures préalables à leur mise sur le marché – l’AI Now Institute invite d’ailleurs à s’inspirer de cette histoire pour rendre l’IA responsable en pointant qu’une « réglementation ex-ante solide, adaptée à un marché en évolution et à ses produits, peut créer des avantages significatifs à la fois pour l’industrie et pour le public ».
Si l’AI Snake Oil est une IA qui ne marche pas et qui ne peut pas marcher, souvenons-nous que même une IA qui fonctionne bien peut être nocive. Face aux produits d’IA, il faut pouvoir mesurer à la fois les préjudices qu’ils peuvent provoquer mais également la véracité qu’ils produisent.
Mais si l’IA défaillante est si omniprésente, c’est parce qu’elle offre des solutions rapides à n’importe quels problèmes. Oubliant que les solutions qui ne fonctionnent pas n’en sont pas, rappellent Kapoor et Narayanan. « Dans le sillage de la révolution industrielle, des millions d’emplois furent créés dans les usines et les mines, avec d’horribles conditions de travail. Il a fallu plusieurs décennies pour garantir les droits du travail et améliorer les salaires et la sécurité des travailleurs. » Nous devons imaginer et construire un mouvement similaire pour garantir la dignité humaine face à l’automatisation qui vient. Nous devons trouver les moyens d’éradiquer le déploiement de l’huile de serpent et construire les modalités pour bâtir une technologie responsable comme nous avons réussi à bâtir une médecine et une industrie agro-alimentaire (plutôt) responsable.
Pourquoi les prédictions échouent-elles ?
Dans leur livre, les deux auteurs mobilisent d’innombrables exemples de systèmes défaillants. Parmi ceux qu’ils classent comme les pires, il y a bien sûr les outils de prédiction qui prennent des décisions sur la vie des gens, dans le domaine de la santé, des soins ou de l’orientation notamment.
Un algorithme n’est qu’une liste d’étapes ou de règles pour prendre une décision, rappellent-ils. Très souvent, les règles sont manuelles mais sont appliquées automatiquement, comme quand on vous demande de ne pas percevoir au-delà d’un certain revenu pour bénéficier d’un droit. Le problème, c’est que de plus en plus, les règles se complexifient : elles sont désormais souvent apprises des données. Ce type d’algorithme est appelé modèle, c’est-à-dire qu’il découle d’un ensemble de nombres qui spécifient comment le système devrait se comporter. Ces modèles sont très utilisés pour allouer des ressources rares, comme des prêts ou des emplois, ouvrant ou fermant des possibilités. C’est typiquement ce qu’on appelle l’IA prédictive. C’est par exemple ainsi que fonctionne Compas, le système de calcul de risque de récidive utilisé par la justice américaine, entraîné depuis le comportement passé des justiciables. L’hypothèse de ces systèmes et de nombre de systèmes prédictifs consiste à dire que des gens avec les mêmes caractéristiques se comporteront de la même manière dans le futur. Ces systèmes prédictifs sont déployés dans de nombreux secteurs : la santé, l’emploi, l’assurance… Le problème, c’est que de petits changements dans la vie des gens peuvent avoir de grands effets. La plupart des entreprises qui développent des systèmes prédictifs assurent que ceux-ci sont performants et équitables. Pourtant, on ne peut pas garantir que les décisions qu’ils prennent soient sans biais ou équitables.
Une bonne prédiction ne signifie pas une bonne décision. L’IA peut faire de bonnes prédictions… si rien ne change, c’est-à-dire si elles ne sont pas utilisées pour modifier les comportements, expliquent les chercheurs en prenant l’exemple d’un système prédictif de la pneumonie qui montrait que les gens atteints d’asthme étaient à moindre risque, parce qu’ils recevaient des soins adaptés pour éviter les complications. Déployer un tel modèle, en fait, aurait signifié renvoyer les patients asthmatiques chez eux, sans soins. Corrélation n’est pas causalité, dit l’adage.
Ces erreurs de prédictions ont souvent pour origine le fait que les chercheurs s’appuient sur des données existantes plutôt que des données collectées spécifiquement pour leur produit. Trop souvent, parce que créer des données spécifiques ou faire des contrôles aléatoires est coûteux, les entreprises s’en abstiennent. Comprendre l’impact des outils de décision est également important et nécessite aussi de collecter des données et de faire des contrôles d’autant plus coûteux que ces vérifications, élémentaires, viennent souvent remettre en question l’efficacité proclamée. Techniquement, cela signifie qu’il faut toujours s’assurer de savoir si le système a évalué ses impacts sur de nouvelles données et pas seulement sur les données utilisées pour la modélisation.
Ces effets sont d’autant plus fréquents que le développement de systèmes conduit souvent les gens à y réagir, à se comporter stratégiquement. C’est le cas quand des candidats à l’embauche répondent aux outils d’analyse des CV en inondant leurs CV de mots clefs pour contourner leurs limites. Une étude a même montré que changer le format de son CV d’un PDF en texte brut, changeait les scores de personnalité que les systèmes produisent sur les candidatures. Quand les entreprises assurent que leurs outils fonctionnent, elles oublient souvent de tenir compte du comportement stratégique des individus. Or, « quand les résultats du modèle peuvent être facilement manipulés en utilisant des changements superficiels, on ne peut pas dire qu’ils sont efficaces ». C’est toute la limite de trop de modèles opaques que dénoncent les deux chercheurs avec constance.
Le risque, c’est que ces systèmes nous poussent à une sur-automatisation. La sur-automatisation, pour les chercheurs, c’est quand le système de prise de décision ne permet aucune voie de recours, comme l’ont connu les individus suspectés de fraude par l’algorithme de contrôle des aides sociales de Rotterdam. Pour éviter cela, les bonnes pratiques invitent à « conserver une supervision humaine ». Problème : tous les développeurs de systèmes assurent que c’est le cas, même si cette supervision ne conduit à aucune modification des décisions prises. En réalité, les développeurs d’IA vendent des IA prédictives « avec la promesse d’une automatisation complète. La suppression d’emplois et les économies d’argent constituent une grande partie de leur argumentaire ». La supervision n’a donc la plupart du temps pas lieu. Même quand elle existe, elle est bien souvent inappropriée. Et surtout, les résultats et suggestions génèrent une sur-confiance particulièrement pervasive, qui affecte tous les utilisateurs dans tous les secteurs. Dans des simulateurs de vol, quand les pilotes reçoivent un signal d’alarme incorrect, 75 % d’entre eux suivent les recommandations défaillantes. Quand ils ont recours à une checklist, ils ne sont plus que 25 % à se tromper.
Mais surtout, insistent les deux chercheurs, les prédictions sur les gens sont bien plus fluctuantes qu’on le pense. Un outil similaire à Compas développé en Ohio et utilisé en Illinois a produit des aberrations car les taux de criminalité n’étaient pas les mêmes entre les deux Etats. Trop souvent les prédictions se font sur les mauvaises personnes. C’était le cas de l’outil de calcul de risque de maltraitance des enfants de Pennsylvanie étudié par Virginia Eubanks, qui n’avait aucune donnée sur les familles qui avaient recours à des assurances privées et donc qui visait disproportionnellement les plus pauvres. « Les outils d’IA regardent ce qui est sous le lampadaire. Et très souvent, le lampadaire pointe les plus pauvres ». L’IA prédictive exacerbe les inégalités existantes. « Le coût d’une IA défectueuse n’est pas supporté de manière égale par tous. L’utilisation de l’IA prédictive nuit de manière disproportionnée à des groupes qui ont été systématiquement exclus et défavorisés par le passé. » Les outils de prédiction de risque de santé, déployés pour réduire les dépenses d’hospitalisation, ont surtout montré leurs biais à l’encontre des minorités. L’un de ces outils, Optum’s Impact Pro par exemple, écartait systématiquement les personnes noires, parce que le système ne prédisait pas tant le besoin de soins, que combien l’assurance allait dépenser en remboursement des soins de santé. L’entreprise a continué d’ailleurs à utiliser son outil défaillant, même après qu’il eut montré son inéquité. « Les intérêts des entreprises sont l’une des nombreuses raisons pour lesquelles l’IA prédictive augmente les inégalités. L’autre est la trop grande confiance des développeurs dans les données passées. »
Trop souvent, on utilise des proxies, des variables substitutives qui nous font croire qu’on peut mesurer une chose par une autre, comme les coûts de la santé plutôt que les soins. C’est le même problème pour Compas. Compas utilise des données sur qui a été arrêté pas sur les crimes. Compas dit prédire le crime alors qu’en fait il ne prédit que les gens qui ont été arrêtés. Ces confusions sur les données expliquent beaucoup pourquoi les systèmes d’IA prédictive nuisent d’abord aux minorités et aux plus démunis.
S’ils sont défaillants, alors peut-être faudrait-il faire le deuil des outils prédictifs, suggèrent les chercheurs. Ce serait effectivement dans bien des cas nécessaires, mais nos sociétés sont mal à l’aise avec l’imprévisibilité, rappellent-ils. Pourtant, trop souvent nous pensons que les choses sont plus prévisibles qu’elles ne sont. Nous avons tendance à voir des régularités là où elles n’existent pas et nous pensons bien souvent être en contrôle sur des choses qui sont en fait aléatoires. Rien n’est plus difficile pour nous que d’accepter que nous n’avons pas le contrôle. Cela explique certainement notre engouement pour l’IA prédictive malgré ses défaillances. Pourtant, expliquent les chercheurs, embaucher ou promouvoir des employés aléatoirement, plutôt que sur de mauvais critères de performances, pourrait peut-être être plus bénéfique qu’on le pense, par exemple en favorisant une plus grande diversité ou en favorisant un taux de promotion fixe. Accepter l’aléatoire et l’incertitude pourrait nous conduire à de meilleures décisions et de meilleures institutions. « Au lieu de considérer les gens comme des êtres déterminés, nous devons travailler à la construction d’institutions qui sont véritablement ouvertes au fait que le passé ne prédit pas l’avenir. »
Pourquoi l’IA ne peut pas prédire le futur ?
La météorologie est l’un des secteurs où la prédiction est la plus avancée. Pourtant, la météo est un système particulièrement chaotique. Des petits changements conduisent à de grandes erreurs. Plus la prédiction est éloignée dans le temps, plus l’erreur est grande. Les données, les équations, les ordinateurs ont pourtant permis d’incroyables progrès dans le domaine. Nos capacités de prédiction météo se sont améliorées d’un jour par décade : une prévision sur 5 jours d’il y a 10 ans est aussi précise qu’une prévision sur 6 jours aujourd’hui ! Ces améliorations ne viennent pas d’une révolution des méthodes, mais de petites améliorations constantes.
La prévision météo repose beaucoup sur la simulation. Les succès de prévision des phénomènes géophysiques a conduit beaucoup de chercheurs à penser qu’avec les bonnes données et la puissance de calcul, on pourrait prédire n’importe quel type d’évènements. Mais cela n’est pas toujours très bien marché. Le temps est bien plus observable que le social, certainement parce que les conditions géophysiques, contrairement à ce que l’on pourrait penser, sont plus limitées. La prévision météo repose sur des lois physiques calculables. Ce n’est pas le cas des calculs du social. « Cela n’a pas restreint pour autant le développement de prédictions dans le contexte social, même si bien souvent, nous avons assez peu de preuves de leur efficacité ». Le score de risque de défaillance de crédit, Fico, est né dans les années 50 et se déploie à la fin des années 80, en même temps que naissent les premiers scores de risque criminels… Mais c’est avec le développement du machine learning dans les années 2010 que les systèmes prédictifs vont exploser dans d’innombrables systèmes.
Toutes les prédictions ne sont pas difficiles. Le trafic, l’évolution de certaines maladies… sont assez faciles. Les prédictions individuelles, elles, sont toujours plus difficiles. Et cela pose la question de savoir ce qui définit une bonne prédiction. Est-ce qu’une prédiction météo est bonne si elle est au degré près ou si elle prédit bien la pluie indépendamment de la température ? Notre capacité à prédire les tremblements de terre est excellente, notamment les lieux où ils auront lieu, mais notre capacité à prédire la nécessité d’une évacuation est nulle, car prédire quand ils auront lieu avec suffisamment de précision est bien plus difficile. Bien souvent, la précision de la prédiction s’améliore quand on ajoute plus de données et de meilleurs modèles. Mais ce n’est pas nécessairement vrai. On ne peut prédire le résultat d’un jet de dé quel que soit le volume de données que l’on collecte !
Quand les choses sont difficiles à prédire, on a recours à d’autres critères, comme l’utilité, la légitimité morale ou l’irréductibilité des erreurs pour apprécier si la prédiction est possible. Et tout ce qui a rapport à l’individu est bien souvent difficile à prédire, ce qui n’empêche pas beaucoup d’acteurs de le faire, non pas tant pour prédire quelque chose que pour exercer un contrôle sur les individus.
Kapoor et Narayanan reviennent alors sur le Fragile Families Challenge qui a montré que les modèles d’IA prédictibles développés n’amélioraient pas notablement la prédiction par rapport à un simple modèle statistique. Pour les chercheurs, le défi a surtout montré les limites fondamentales à la prédiction du social. Dans le social, « on ne peut pas prédire très bien le futur, et nous ne connaissons pas les limites fondamentales de nos prédictions ». Les données du passé ne suffisent pas à construire ce type de prédictions, comme les données d’une précédente élection ne peuvent pas prédire la suivante. Améliorer la précision des prédictions du social relève du problème à 8 milliards de Matt Salganik : il n’y a pas assez de gens sur terre pour découvrir les modèles de leurs existences ! Cela n’empêche pas qu’il existe d’innombrables outils qui affirment pouvoir faire des prédictions à un niveau individuel.
En vérité, bien souvent, ces outils ne font guère mieux qu’une prédiction aléatoire. Compas par exemple ne fait que prédire la partialité de la police à l’encontre des minorités (et dans le cas de Compas, l’amélioration par rapport à un résultat aléatoire est assez marginale… et dans nombre d’autres exemples, l’amélioration du calcul se révèle bien souvent plus mauvaise qu’un résultat aléatoire). Utiliser seulement 2 données, l’âge et le nombre d’infractions antérieures, permet d’avoir un résultat aussi précis que celui que propose Compas en mobilisant plus d’une centaine de données. Dans le cas de la récidive, le modèle est assez simple : plus l’âge est bas et plus le nombre d’infractions antérieures est élevé, plus la personne sera à nouveau arrêtée. On pourrait d’ailleurs n’utiliser que le nombre d’infractions antérieures pour faire la prédiction sans que les résultats ne se dégradent vraiment (qui serait moralement plus acceptable car en tant que société, on pourrait vouloir traiter les plus jeunes avec plus d’indulgence qu’ils ne le sont). L’avantage d’une telle règle, c’est qu’elle serait aussi très compréhensible et transparente, bien plus que l’algorithme opaque de Compas.
Avec ces exemples, les deux chercheurs nous rappellent que la grande disponibilité des données et des possibilités de calculs nous font oublier que l’opacité et la complexité qu’ils génèrent produisent des améliorations marginales par rapport au problème démocratique que posent cette opacité et cette complexité. Nous n’avons pas besoin de meilleurs calculs – que leur complexification ne produit pas toujours –, que de calculs capables d’être redevables. C’est je pense le meilleur apport de leur essai.
Nous sommes obnubilés à l’idée de prédire un monde imprévisible
Prédire le succès est aussi difficile que prédire l’échec, rappellent-ils. Certainement parce que contrairement à ce que l’on pense, le premier ne repose pas tant sur les qualités des gens que le second ne repose sur les circonstances. Les deux reposent sur l’aléatoire. Et en fait, le succès repose plus encore sur l’aléatoire que l’échec ! Le succès est encore moins prévisible que l’échec, tant la chance, c’est-à-dire l’imprévisible, joue un rôle primordial, rappellent-ils. Le succès dans les études, le succès de produits… rien n’est plus difficile à prédire, rappellent les chercheurs en évoquant les nombreux rejets du manuscrit de Harry Potter. Matt Salganik avait ainsi créé une application de musique et recruté 14 000 participants pour évaluer des musiques de groupes inconnus avec des indicateurs sociaux qui variaient entre groupes de participants. Des chansons médiocres étaient appréciées et de très bonnes musiques négligées. Une même chanson pouvait performer dans un endroit où les métriques sociales étaient indisponibles et sous performer là où elles étaient disponibles. Mais l’expérience a surtout montré que le succès allait au succès. Dans l’environnement où personne ne voyait de métriques : il y avait bien moins d’inégalités entre les musiques.
Les médias sociaux reposent sur des principes d’accélération de la viralité d’une petite fraction des contenus. Mais la popularité est très variable, d’un contenu l’autre. Ce que font les plateformes, ce n’est pas tant de prédire l’imprévisible que de tenter d’amplifier les phénomènes. Sur YouTube, Charlie Bit My Finger fut l’une des premières vidéos virales de la plateforme. Malgré ses qualités, son succès n’avait rien d’évident. En fait, les médias sociaux sont « une loterie à mèmes géante ». Plus un mème est partagé, plus il a de la valeur et plus les gens vont avoir tendance à le partager. Mais il est impossible de prédire le succès d’une vidéo ou d’un tweet. Même la qualité ne suffit pas, même si les contenus de meilleure qualité ont plus de chance que les contenus médiocres. Par contre l’on sait que les contenus plus partisans, plus négatifs reçoivent plus d’engagements. Reste que la polarisation perçue est plus forte que la polarisation réelle – et il est probable que cette mauvaise perception la renforce.
D’une manière assez surprenante, nous prédisons très bien des effets agrégés et très mal ces mêmes effets individuellement. Les ordres de grandeur aident à prédire des effets, mais les experts eux-mêmes échouent bien souvent à prédire l’évidence. Aucun n’a prévu l’effondrement de l’URSS, rappelait Philip Tetlock. Et ce n’est pas une question de données ou de capacité d’analyse. Les limitations à la prédiction sont dues aux données indisponibles et au fait qu’elles sont parfois impossibles à obtenir. Mais la prédiction est également difficile à cause d’événements imprévisibles, mais plus encore à cause de boucles d’amplification complexes. Dans de nombreux cas, la prédiction ne peut pas s’améliorer, comme dans le cas de la prédiction du succès de produits culturels. Dans certains cas, on peut espérer des améliorations, mais pas de changements majeurs de notre capacité à prédire l’avenir. Pour Narayanan et Kapoor, notre obnubilation pour la prédiction est certainement le pire poison de l’IA.
L’IA générative, ce formidable bullshiter
Bien moins intéressants sont les 2 chapitres dédiés à l’IA générative, où les propos des deux chercheurs se révèlent assez convenus. S’il est difficile de prédire l’impact qu’elle va avoir sur l’économie et la culture, la technologie est puissante et les avancées réelles. Pour Narayanan et Kapoor, l’IA générative est déjà utile, expliquent-ils en évoquant par exemple Be My Eyes, une application qui connectait des aveugles à des volontaires voyants pour qu’ils les aident à décrire le monde auquel ils étaient confrontés en temps réel. L’application s’est greffée sur ChatGPT pour décrire les images avec un réel succès, permettant de remplacer les descriptions du monde réel des humains par celles des machines.
Si l’IA générative fonctionne plutôt très bien, ce n’est pas pour autant qu’elle ne puisse pas porter préjudices aux gens qui l’utilisent. Ses biais et ses erreurs sont nombreuses et problématiques. Sa capacité à nous convaincre est certainement plus problématique encore.
Les deux chercheurs bien sûr retracent l’histoire des améliorations de la discipline qui a surtout reposé sur des améliorations progressives, la disponibilité des données et l’amélioration des capacités de calcul. Tout l’enjeu de la technologie a été d’apprendre à classer les images ou les mots depuis les connexions entre eux en appliquant des poids sur les critères.
En 2011, à l’occasion d’une compétition ImageNet, visant à classifier les images, Hinton, Krizhevsky et Sutskever proposent un outil d’apprentissage profond qui se distingue par le fait qu’il ait bien plus de couches de traitements que les outils précédents : ce sera AlexNet. Tout l’enjeu ensuite, consistera à augmenter le nombre de couches de traitements en démultipliant les données… À mesure que les données deviennent plus massives, les contenus vont aussi avoir tendance à devenir plus problématiques, malgré les innombrables mesures de filtrages. Les problèmes vont y être enfouis plus que résolus, comme l’étiquetage de personnes noires sous le terme de Gorille. On va se mettre alors à mieux observer les données, mais la plupart des critères de référence ne mesurent pas dans quelle mesure les modèles reflètent les préjugés et les stéréotypes culturels. Le problème, c’est que dans le domaine de l’IA, les ingénieurs sont convaincus que découvrir les connaissances dans les données surpasse l’expertise, minimisant son importance.
« Alors que l’IA prédictive est dangereuse parce qu’elle ne fonctionne pas. L’IA pour la classification des images est dangereuse parce qu’elle fonctionne trop bien. »
Les systèmes de génération de texte fonctionnent sur le même principe que les systèmes de génération d’image. Jusqu’aux années 2010, il était difficile que les systèmes de traduction automatique gardent en tête le contexte. Ils fonctionnaient bien sur les courts extraits, mais avaient des problèmes avec des textes plus longs. En 2017, Google a trouvé la solution en proposant une matrice plus grande permettant de mieux relier les mots entre eux. C’est la technologie Transformer. L’IA générative textuelle n’est rien d’autre qu’un système d’autocomplétion qui fait de la prédiction du mot suivant.
La puissance de ces machines est à la fois leur force et leur faiblesse. « Pour générer un simple token – un bout de mot – ChatGPT doit accomplir environ un milliard de milliard d’opérations. Si vous demandez à générer un poème d’une centaine de tokens (une centaine de mots) cela nécessitera un quadrillion de calculs. Pour apprécier la magnitude de ce nombre, si tous les individus au monde participaient à ce calcul au taux d’un calcul par minute, 8 heures par jour, un quadrillion de calcul prendrait environ une année. Tout cela pour générer une simple réponse. » La capacité générative de ces outils repose sur une puissance sans limite. Une puissance dont les coûts énergétiques, matériels et économiques finissent par poser question. Avons-nous besoin d’une telle débauche de puissance ?
Pour que ces modèles répondent mieux et plus exactement, encore faut-il adapter les modèles à certaines tâches. Cette adaptation, le fine-tuning ou pré-entraînement, permet d’améliorer les résultats. Reste que ces adaptations, ces filtrages, peuvent finir par sembler être une cuillère pour écoper les problèmes de l’océan génératif…
Les chatbots peuvent avoir d’innombrables apports en interagissant avec l’utilisateur, mais le fait qu’ils dépendent profondément des statistiques et le manque de conscience de leurs propres limites, émousse leur utilité, soulignent les deux chercheurs. Jouer à Pierre-papier-ciseaux avec eux par exemple rappellent qu’ils ne comprennent pas l’enjeu de simultanéité.
Le problème de ces outils, c’est que la compréhension, n’est pas tout ou rien. Les chatbots ne comprennent rien, et leur regard sur un sujet est limité par leurs données. Mais ils sont configurés pour répondre avec confiance, comme un expert, alors qu’ils sont capables d’erreurs basiques qu’un enfant ne ferait pas. Cela signifie que ces outils ne sont pas sans écueils, rappellent les chercheurs. Ils produisent très facilement de la désinformation, des deepfakes, et permettent à ceux qui les déploient de concentrer un pouvoir très important. Les chatbots sont des bullshiters de première, des menteurs. « Ils sont entraînés pour produire des textes plausibles, pas des vérités ». Ils peuvent sembler très convaincants alors qu‘« il n’y a aucune source vérifiée durant leur entraînement ». Même si on était capable de ne leur fournir que des affirmations vraies, le modèle ne les mémoriserait pas, mais les remixerait pour générer du texte. Ils répondent souvent correctement, mais sont capables parfois de produire des choses sans aucun sens. Cela tient certainement au fait que « les affirmations vraies sont plus plausibles que les fausses ». Les erreurs, les plagiats sont consubstantiels à la technologie.
Les usages problématiques de ces technologies sont nombreux, notamment les deepfakes et toutes les tentatives pour tromper les gens que ces outils rendent possibles. Pour l’instant, les réponses à ces enjeux ne sont pas à la hauteur. Les chercheurs ne proposent que de mieux éduquer les utilisateurs aux contenus trompeurs et aux sources fiables. Pas sûr que ce soit une réponse suffisante.
Les chercheurs rappellent que la grande difficulté à venir va être d’améliorer l’IA générative, alors que ses limites sont au cœur de son modèle, puisqu’elle ne peut qu’imiter et amplifier les stéréotypes des données qui l’ont entraîné. Pour y parvenir, il faudrait parvenir à bien mieux labelliser les données, mais l’effort devient herculéen à mesure que les moissons sont plus massives. Pour l’instant, cette labellisation repose surtout sur des travailleurs du clic mal payés, chargés de faire une labellisation à minima. Pas sûr que cela suffise à améliorer les choses…
Malgré ces constats inquiétants, cela n’empêche pas les deux chercheurs de rester confiants. Pour eux, l’IA générative reste une technologie utile, notamment aux développeurs. Ils rappellent que ces dernières années, la question des biais a connu des progrès, grâce au fine-tuning. L’atténuation des bias est un secteur de recherche fructueux. Les chatbots progressent et deviennent aussi fiables que la recherche en ligne, notamment en étant capable de citer leurs sources. Pour les chercheurs, le plus gros problème demeure l’exploitation du travail d’autrui. Nous devons opter pour les entreprises qui ont des pratiques les plus éthiques, concluent-ils, et faire pression sur les autres pour qu’ils les améliorent. Oubliant qu’il n’est pas simple de connaître l’éthique des pratiques des entreprises…
Les deux ingénieurs terminent leur livre par un chapitre qui se demande si l’IA pose une menace existentielle. Un sujet sans grand intérêt face aux menaces déjà bien réelles que fait peser l’IA. Ils le balayent d’ailleurs d’un revers de main et rappellent que l’IA générale est encore bien loin. « La plupart des connaissances humaines sont tacites et ne peuvent pas être codifiées ». C’est comme apprendre à nager ou à faire du vélo à quelqu’un simplement en lui expliquant verbalement comment faire. Ça ne marche pas très bien. Le risque à venir n’est pas que l’IA devienne intelligente, nous en sommes bien loin. Le risque à venir repose bien plus sur les mauvais usages de l’IA, et ceux-ci sont déjà très largement parmi nous. Pour améliorer notre protection contre les menaces, contre la désinformation ou les deepfakes, nous devons renforcer nos institutions démocratiques avancent les auteurs. On ne saurait être plus en accord, surtout au moment où les avancées de l’IA construisent des empires techniques qui n’ont pas grand-chose de démocratique.
*
Malgré ses qualités et la richesse de ses exemples, le livre des deux chercheurs peine à rendre accessible ce qu’ils voudraient partager. Parvenir à distinguer ce que l’IA sait faire et ce qu’elle ne peut pas faire n’est pas évident pour ceux qui sont amenés à l’utiliser sans toujours comprendre sa complexité. Distinguer la bonne IA de la mauvaise n’est pas si simple. Le livre permet de comprendre que la prédiction fonctionne mal, mais sans nous aider à saisir où elle peut progresser et où elle est durablement coincée.
On a bien constaté que dès que ces outils agissent sur le social où l’individu, ils défaillent. On a bien compris que l’IA générative était puissante, mais les deux ingénieurs peinent à nous montrer là où elle va continuer à l’être et là où elle risque de produire ses méfaits. Les deux spécialistes, eux, savent très bien identifier les pièges que l’IA nous tend et que l’IA tend surtout aux ingénieurs eux-mêmes, et c’est en cela que la lecture d’AI Snake Oil est précieuse. Leur livre n’est pourtant pas le manuel qui permet de distinguer le poison du remède. Certainement parce que derrière les techniques de l’IA, le poison se distingue du remède d’abord et avant tout en regardant les domaines d’applications où elle agit. Un outil publicitaire défaillant n’a rien à voir avec un outil d’orientation défaillant… Gardons les bons côtés. Les ingénieurs ont enfin un livre critique sur leurs méthodes avec un regard qui leur parlera. Ce n’est pas un petit gain. Si le livre se révèle au final un peu décevant, cela n’empêche pas qu’Arvind Narayanan et Sayash Kapoor demeurent les chercheurs les plus pertinents du milieu. Leur grande force est d’être bien peu perméables au bullshit de la tech, comme le montre leur livre et leur excellente newsletter. Leur défense de la science sur l’ingénierie par exemple – « les essais contrôlés randomisés devraient être un standard dans tous les domaines de la prise de décision automatisée » – demeure une boussole que l’ingénierie devrait plus souvent écouter.
12.02.2025 à 17:59
Retours sur les ateliers Nextcloud menés par La Dérivation et l’Établi Numérique
Framasoft
Texte intégral (2245 mots)
En juin 2024, L’Établi Numérique et la Dérivation annonçaient vouloir organiser des ateliers d’appropriation de Nextcloud, logiciel libre de collaboration. Nextcloud est utilisé par des dizaines de millions de personnes de par le monde. Nous même, à Framasoft, l’utilisons pour Framagenda, Framadrive, et bien entendu Framaspace.
Or, il faut bien reconnaître que Nextcloud est un logiciel difficile à prendre en main, notamment pour les personnes qui le découvre.
Framasoft a donc fait le choix de participer financièrement et techniquement, en soutien à ces ateliers qui nous paraissaient forts utiles. En contrepartie, nous avons demandé aux animateur⋅ices de nous partager publiquement leur expérience. C’est donc ce retour, sous forme d’interview, que vous pouvez lire ci-dessous.
Tout d’abord, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Oui, bien sûr ! Nous sommes trois : Mélissa Richard chargée d’animation numérique pour ritimo, et Romain Renaud et Julie Brillet de la coopérative l’Établi Numérique. Au départ du projet, il y avait aussi Lunar, qui travaillait avec Mélissa au sein de la Dérivation. Tous·tes les quatre avons mobilisé les pratiques d’éducation populaire pour animer formations et ateliers autour des enjeux politiques du numérique et ce, depuis de nombreuses années.
Pourquoi avoir proposé des ateliers Nextcloud ?
Cela fait longtemps que nous militons pour un numérique émancipateur et que nous promouvons les logiciels libres comme un des moyens de sortir de l’emprise du capitalisme de surveillance. Nous utilisons Nextcloud dans un cadre professionnel et militant et avons individuellement développé une expertise sur cet outil, par exemple pour Mélissa en rédigeant la documentation pour Coopaname ou pour Romain en administrant plusieurs serveurs et en accompagnant les personnes utilisatrices.
Nous sommes convaincu·es de deux choses sur Nextcloud :
- C’est un outil puissant, vraiment adapté au travail collaboratif et qui constitue une alternative intéressante à Google Drive
- C’est un outil difficile à prendre en main pour une personne néophyte, et qui manque d’ergonomie et d’accessibilité.
Nous avons eu l’impression partagée en 2023 d’être à un moment de bascule. Alors que les problématiques liées aux géants du numérique sont de plus en plus connues, des initiatives réussie dans le champ associatif (Zourit ou Framaligue) et une dynamique poussée par Framasoft (Emancipasso, Framaspace) nous ont fait penser que nos compétences de formation et d’accompagnement seraient utiles.
Comment avez-vous construit ces ateliers ?
Nous avons mis un an à les réfléchir, puisque notre première réunion a eu lieu en visio en juin 2023, puis nous avons alterné des temps de travail en présentiel, en distanciel et en asynchrone pour aboutir à l’organisation de 4 ateliers en juin 2024.
Nous sommes parti·es d’une envie commune pour l’Établi Numérique et la Dérivation de proposer des formations et ateliers autour de Nextcloud, mais en mutualisant nos efforts plutôt qu’en se retrouvant en concurrence. On a commencé avec un partage de nos envies et disponibilités, mais aussi de nos appréhensions et contraintes et on s’est finalement mis d’accord sur la création d’ateliers centrés sur des fonctionnalités du logiciel, qui constitueraient une sorte de parcours de formation.
Lors d’une première journée de travail à Nantes, nous avons continué à travailler en se concentrant sur le public de nos futurs ateliers. Nous avons d’abord identifié différentes étapes de la mise en place d’un Nextcloud dans un collectif, en mettant en regard les besoins de formation ou d’accompagnement avec chaque étape. Nous avons également élaboré une typologie des collectifs concernés. Nous nous sommes concentré⋅es sur un public que nous avons appelé « les éclaireur·ses », c’est-à-dire ces personnes bénévoles ou salariées, convaincues du bien-fondé de l’utilisation de Nextcloud au sein de leur collectif, et qui veulent bien prendre un peu de temps pour se former, afin de pouvoir accompagner les autres bénévoles ou salarié·es. Nous avons plutôt visé des personnes non-informaticiennes, en se disant que des personnes techniques (par exemple administratrices de Nextcloud) auraient plus l’habitude d’être autonomes avec une documentation.
Nous avons ensuite imaginé les besoins de ces personnes éclaireuses, à partir de nos diverses expériences d’utilisation de Nextcloud :
- En priorité, les notions-clé, indispensables à comprendre : se repérer dans les différentes applications, le partage, les utilisateurices multiples ;
- Proposer des cas d’usages (« je veux travailler en commission « ) plutôt que des fonctionnalités (« l’application agenda ») ;
- Savoir comment ranger et comprendre l’arborescence des fichiers ;
- Comment utiliser Nextcloud sur plusieurs périphériques.
Nous avons également établi que ce public cible n’avait pas beaucoup de temps à accorder à la formation sur Nextcloud et avons décidé de partir sur un atelier de 2h en visio. En ce qui concerne le modèle économique, nous avons essayé de trouver un équilibre entre le peu de moyens financiers des public cibles et nos besoins de rémunération. Nous sommes parti·es sur l’idée qu’un atelier de ce type, animé par une personne seule pourrait être payé 250 € HT (300 € TTC) pour des jauges de 6 à 8 personnes. Cela demanderait donc aux collectifs de financer environ 40 € par personne participante. Nous avons par ailleurs réfléchi à comment faire financer ce type d’ateliers par des subventions ou du mécénat. De notre côté, ce tarif est en deçà de nos tarifs habituels, mais l’idée de pouvoir répéter ces ateliers nous permettait d’envisager une rentabilité sur un plus long terme.
Par la suite, nous avons travaillé par binôme sur des déroulés pédagogiques que nous avons ultérieurement mis en commun pour créer un premier prototype d’atelier de prise en main. En parallèle, Framasoft nous a soutenu financièrement à hauteur de 1000 €. Nous avons décidé de nous jeter à l’eau en proposant 4 ateliers gratuits pour tester grandeur nature notre premier déroulé (https://dérivation.fr/evenement/atelier-dappropriation-de-nextcloud/).
Comment avez-vous préparé ces ateliers ?
En amont, Framasoft nous a créé un espace Framaspace qui nous a servi de bac à sable pendant ces ateliers. Nous y avons créé des comptes pour chacune des personnes inscrites, en les groupant par atelier.
Nous avons aussi testé les différents outils de visio à notre disposition. Nous cherchions un outil libre qui ne nécessite pas d’installation de logiciel et qui permette de créer des sous-salles. Nous avons testé BigBlueButton et Jitsi. Nous avons privilégié ce dernier puisque la fonction des sous-salles, ajoutées dans les derniers versions du logiciel, génère moins de frictions côté utilisateur·ices que sur BigBlueButton (où il faut à chaque fois accorder l’autorisation au micro et à la caméra).
Nous avons assez facilement rempli les ateliers avec une communication ciblée dans nos réseaux. Nous avons bien rappelé les pré-requis : avoir déjà utilisé Nextcloud au moins une fois, rejoindre l’atelier depuis un ordinateur, être à l’aise pour utiliser un navigateur Web avec plusieurs onglets et avoir l’habitude de faire des visios (l’utilisation des caméras étant facultative).
Comment concrètement se passaient ces ateliers ?
Nous avons décidé d’animer en binôme chacun des ateliers, pour plus de confort mais aussi avoir des regards croisés sur chaque atelier. La jauge était de 8 personnes participantes, nous avons assez vite augmenté ce nombre car nous avions systématiquement quelques absent·es.
Chaque atelier durait deux heures et se déroulait de la façon suivante :
- 10 minutes pour accueillir les personnes, vérifier leur accès au framaspace, présenter les animateurices et l’atelier ;
- 15 minutes de transmission théorique que nous avons au fil du temps réduites à quelques minutes axées uniquement sur la fonction de partage des fichiers ;
- 40 minutes de jeu de piste pendant lequel les personnes doivent effectuer un certain nombre d’actions (renommer un fichier, ajouter une image dans un dossier, la partager…) listées dans un fichier texte. Chacun·e allait à son rythme et nous aidions en cas de difficulté, y compris en proposant à certain·e personnes d’aller dans une sous-salle de Jitsi avec un·e des animateur·ices en cas de besoin
- 30 minutes de jeu de rôle pendant lequel nous scindions le groupe en deux dans des sous-salles. Chaque sous-groupe devait organiser un événement pour un collectif imaginaire et utiliser Nextcloud pour ce faire.Le rôle de l’animateur·ice était alors de les guider sur quelques tâches à faire si jamais le groupe patinait un peu, mais en les laissant libres sur les modalités d’organisation.
- 15 minutes à nouveau avec tout le monde pour partager les réussites et difficultés du jeu de rôles.
- 10 minutes de bilan général de l’atelier
Quels ont été les retours ?
Nous avons eu beaucoup de plaisir à animer ces ateliers ! Les méthodes pédagogiques prévues ont fonctionné, les participant·es se sont vraiment pris au jeu et ont été surpris·es par la forme.
- C’est super que je puisse trifouiller sans risque !
- Je vais pouvoir encore plus dégoogliser mes pratiques.
- Aaaah, mais on peut faire ça avec Nextcloud !
(Retours de quelques participant·es)
Pour autant, tout n’était pas parfait. Nous avons par exemple découvert certaines limitations techniques que nous ne connaissions pas, il y a eu quelques bugs (mais qui n’en a pas en visio ?) et il est arrivé que la dénomination de certains éléments de Nextcloud prête à confusion.
Par ailleurs, nous nous sommes rendu⋅es compte qu’il serait compliqué d’animer un atelier avec ce déroulé sans co-animation, ce qui venait reposer la question de la rentabilité économique de ce type d’ateliers.
Et maintenant, comment on se forme à Nextcloud ?
Nous n’avons pas reproduit ces ateliers car leur but premier était de tester une méthode d’animation à réutiliser dans une formation plus longue. Notre expérimentation étant concluante, nous allons pouvoir la mettre en œuvre les 15 et 16 avril 2025, dans une formation « Travailler en équipe avec Nextcloud » organisée par ritimo et animée par Romain et Mélissa. Les inscriptions sont ouvertes !
Nous avons également produit d’autres dispositifs d’autoformation, déjà déployés (comme cette vidéo d’onboarding) ou à venir très bientôt sur Framaspace.
12.02.2025 à 09:00
FramIActu, la revue mensuelle sur l’actualité de l’IA !
Framasoft
Texte intégral (3791 mots)
S
, brièvement,

Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
Cette première FramIActu se termine !
En attendant la prochaine FramIActu, vous pouvez approfondir vos connaissances sur l’IA en jetant un coup d’œil à FramamIA, notre site conçu pour aider à mieux comprendre cette technique.
Vous pouvez aussi assister à toute notre veille (non-commentée) sur le sujet via notre site de curation dédié !
11.02.2025 à 08:54
Open Terms Archive : rendre transparentes les modifications de CGU
Framasoft
Texte intégral (2623 mots)
Les CGU (« Conditions Générales d’Utilisation »), c’est long, c’est en langage juridique… Bref, c’est chiant !
Du coup, quasiment personne ne les lit. Et c’est problématique. Car il s’agit du contrat qui vous lie à la plateforme.
Nous avions d’ailleurs fait l’expérience pour un premier avril il y a quelques années à Framasoft : nos CGU ont contenu, pendant quelques jours, une clause comme quoi tout⋅e utilisateur⋅ice de nos services acceptait de nous offrir son âme pour une période indéfinie. Autant vous dire qu’on les a toujours, ces plus de 50 000 âmes collectées, même si on ne sait plus trop où on les a rangées. 🤔 😅
Avec les consolidations des positions de Trump, d’Elon Musk et d’autres, la fascisation du web (en tout cas celle de ses grandes plateformes) se révèle au grand jour de manière de plus en plus décomplexée. Ainsi, début janvier 2025, c’est Meta (maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp) qui a réécrit la section « discours haineux » de ses standards de la communauté, élargissant ainsi considérablement le contenu autorisé sur ses plateformes Facebook, Instagram et Threads.
Bien entendu, la presse (et pas que) en a largement parlé. Mais pour bien en parler, il faut pouvoir objectiver ces changements : qu’est-ce qui a été supprimé ? Qu’est-ce qui a été ajouté ? Dans quel contrat ? À quelle date ?
Et là, souvent, ça devient compliqué à suivre.
Heureusement, l’initiative « Open Terms Archive » vise à rendre cela plus transparent, en traçant ces modifications de contrat de la même façon qu’on peut tracer les modifications de code d’un logiciel sur une forge.
L’équipe de ce projet (qui, en toute honnêteté, était demeuré en dehors de nos radars) a accepté de répondre à nos questions. Merci à elles et eux !
Framasoft : Commençons par le début : c’est quoi Open Terms Archive ?
Équipe Open Terms Archive : Open Terms Archive est un commun numérique dont l’objet est de rendre transparentes les conditions d’utilisation et autres politiques des services digitaux. Souvent, les grandes plateformes (réseau social, vente en ligne, rencontre…) profitent d’une grande opacité dans leurs conditions d’utilisation. Nous permettons aux régulateurs, aux associations d’utilisateurs, activistes, journalistes, organismes de recherche etc. de suivre facilement les évolutions de ces documents et ainsi repérer en temps réel les modifications importantes.
Open Terms Archive organise les services suivis en collections. Les collections sont créées et maintenues par des groupes ayant un intérêt commun pour suivre les conditions d’utilisation de services dans des industries, langues et juridictions spécifiques. Chaque collection rassemble plusieurs services, et au sein de chaque service on peut suivre plusieurs types de documents contractuels. Par exemple, la collection Platform Governance Archive s’intéresse aux principaux médias sociaux, comme Instagram ou X (ancien Twitter). Pour chaque service, plusieurs types de documents contractuels sont suivis, comme les standards de la communauté, les conditions générales d’utilisation et la notice de traitement des données personnelles, entre autres.
L’initiative Open Terms Archive n’est pas sans rappeler celle de « Terms of Service, Didn’t Read » – Vous connaissiez ce projet ? Quelles différences identifiez-vous entre les deux ?
Nous travaillons avec ToS;DR depuis le début d’Open Terms Archive ! ToS;DR est un outil à destination des utilisateurs finaux, qui a pour objectif de faire noter par la foule le respect des utilisateurs par les services en ligne. Les conditions d’utilisation et autres documents contractuels sont la source de ces notes. ToS;DR s’appuie depuis quelques mois sur Open Terms Archive pour collecter les documents qui sont ensuite notés. La bascule depuis le moteur historique vers Open Terms Archive a été financée par une bourse du fonds européen NGI Zero Entrust.
Qui est derrière OTA ? Comment fonctionnez-vous ?
Open Terms Archive est un commun numérique incubé au sein de l’incubateur de services numériques du ministère des affaires étrangères. Ce projet est notamment financé par la direction du numérique du ministère, et soutenu par l’ambassadeur pour le numérique. Il est en cours d’autonomisation pour s’établir en tant qu’organisation de la société civile en 2025, probablement sous la forme d’une association loi 1901. Open Terms Archive est également en partie financé par des fonds européens tels que NGI et des fondations comme Reset.tech. Tout notre budget est public et transparent.
De même, l’ensemble de l’équipe d’Open Terms Archive est présentée sur notre site web. Cette équipe construit et déploie le logiciel et accueille le travail des bénévoles et des partenaires qui créent et maintiennent les collections. Sans eux, Open Terms Archive ne collecterait pas grand-chose !
Récemment, OTA a pris une position claire concernant le fait que Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp) retirait un certain nombre de protections concernant les discours haineux sur ses réseaux. Pouvez vous nous en dire plus ?

Open Terms Archive fait apparaître les modifications des CGU de Meta. En rouge, les suppressions, en vert, les ajouts. On peut y lire « Nous autorisons les allégations de maladie mentale ou d’anormalité lorsqu’elles sont fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle, compte tenu du discours politique et religieux sur le transgendérisme et l’homosexualité (ligne 1346) ». Source : fichier git en ligne.
Open Terms Archive ne prend pas de position. Tous nos mémos sont uniquement des descriptions aussi neutres que possible des changements qui sont détectés, pour les rendre plus compréhensibles par le grand public. Ces mémos sont rédigés par des contributeurs tiers ou exceptionnellement par l’équipe elle-même, en suivant des règles de rédaction claires. Nous tenons à maintenir cette neutralité, car il est important pour nous de pouvoir collaborer avec l’industrie pour la standardisation des formats des documents contractuels.
La diffusion de ces mémos par les individus et partenaires peut ensuite s’accompagner d’un message plus orienté, qui leur revient. Dans le cas spécifique des changements des standards de la communauté de Meta, nous avons fait le choix de ne pas hésiter à laisser les membres de l’équipe diffuser eux-mêmes des messages non neutres, en raison de l’importance des changements et du contexte général de transformation très rapide des politiques des big tech depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis.
À moyen/long terme, comment envisagez-vous l’avenir de OTA ?
Avant tout, nous espérons que les données produites seront exploitées par les acteurs capables d’influencer les plateformes pour qu’elles respectent plus leurs utilisateurs : les régulateurs, les parlementaires, les associations de protection des consommateurs, et les journalistes. C’est ce que nous expliquons dans notre modèle d’impact.
Nous espérons bien évidemment couvrir un nombre croissant de services, de juridictions, de langues, et de types de documents contractuels, mais la collecte de ces données est d’abord un moyen de renforcer la capacité de ceux qui disposent d’un pouvoir réel face aux grands acteurs du numérique. Des projets qui s’appuieraient sur nos API seraient également très bienvenus à cette fin !
L’autonomisation d’Open Terms Archive, prévue cette année, constitue une étape clé dans le développement de notre organisation. Nous envisageons de nous établir en tant qu’association loi 1901 pour continuer à promouvoir la transparence des plateformes numériques et consolider nos actions en tant qu’acteur de l’intérêt général. Pour réussir cette transformation, nous nous appuyons sur nos partenaires actuels et souhaitons en développer de nouveaux.
Identifiez-vous des besoins (financiers, humains, autres) qui pourrait vous aider à atteindre votre objectif ? Peut-on vous aider (et si oui comment) ?
En premier lieu, nous cherchons toujours des personnes pour contribuer à l’amélioration du suivi des documents existants ou à l’ajout de nouveaux documents. Cela peut se faire facilement pour les personnes ayant des compétences techniques type développement web, ou même sans. De nombreuses collections pourraient bénéficier d’un peu d’aide, comme par exemple la collection des principaux services français, celle des applications de rencontre ou encore celle des services publics français. Nous organisons des rendez-vous mensuels en visio pour commencer à contribuer 🙂 Rejoignez notre communauté pour obtenir de l’aide !
Au-delà du suivi des documents, les analyser et produire des mémos pour traduire les changements détectés en des articles compréhensibles par le grand public est tout aussi important ! Là encore, notre documentation explique comment faire et rejoindre notre communauté vous aidera à démarrer 😃
Il est également possible et utile de contribuer financièrement à la maintenance de ces collections : les dons permettent de payer les serveurs et le travail d’un community manager technique qui prend en charge les relectures des contributions pour en garantir la qualité.
La question financière reste évidemment critique pour maintenir l’activité de l’équipe cœur et garantir ainsi la disponibilité et l’évolution du logiciel, le support, l’adoption et la valorisation des données pour faire évoluer la gouvernance des plateformes. Nous cherchons donc en permanence des partenaires et des financeurs. Si vous connaissez des organisations intéressées, faites-nous signe (contact@opentermsarchive.org) !
Dernière question, traditionnelle : y a-t-il une question que l’on ne vous a pas posée ou un élément que vous souhaiteriez ajouter ?
Open Terms Archive est reconnu comme Digital Public Good (« bien commun numérique ») par la DPGA, une initiative de l’ONU pour distinguer des logiciels libres avec une gouvernance ouverte qui participent à accomplir les objectifs de développement durable. On avait envie de partager cette initiative car elle est alignée avec nos valeurs, elle met en avant d’autres beaux outils, et qu’elle nous a bien aidé en nous permettant par exemple d’être distingué comme outil de lutte contre les manipulations de l’information lors du Sommet du Prix Nobel 2023 ! Si vous opérez des logiciels qui répondent à ces critères, on vous encourage à vous en rapprocher !
10.02.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 10 février 2025
Khrys
Texte intégral (12853 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Brave New World
- L’Australie interdit DeepSeek sur tous les appareils gouvernementaux en raison des risques de sécurité posés par la startup chinoise (developpez.com)
- L’Australie interdira les médias sociaux aux adolescents. Le Canada devrait-il faire de même ? (theconversation.com)
L’Australie est le premier pays au monde à décréter à l’échelle nationale une interdiction des médias sociaux pour les adolescents ; celle-ci entrera en vigueur dans un an. […] en Floride, il sera illégal pour les jeunes de moins de 14 ans d’avoir un compte de médias sociaux à partir du 1ᵉʳ janvier 2025.
- La Chine a lancé une enquête antitrust sur Google, en guise de mesures de rétorsion contre les États-Unis (developpez.com)
- China hits back at Trump with new tariffs on U.S. products (nbcnews.com)
Beijing announced tariffs of 10 % to 15 % on U.S. coal, liquefied natural gas, crude oil, pickup trucks and other products shortly after the U.S. tariff took effect.
- Le ministère taïwanais du Numérique a déclaré que les départements gouvernementaux ne devraient pas utiliser le service d’IA de la startup chinoise DeepSeek car il représente un risque pour la sécurité (developpez.com)
- L’Iran estime les nouvelles sanctions américaines « illégales », l’ayatollah Khamenei ne veut pas négocier (liberation.fr)
Dans le cadre de sa politique de « pression maximale » contre Téhéran, Donald Trump a annoncé jeudi 6 février des sanctions financières visant un réseau international facilitant l’expédition de millions de barils de pétrole iranien vers la Chine. Une décision « contraire aux règles internationales », d’après le chef de la diplomatie iranienne.
- L’actrice Melisa Sözen entendue pour « terrorisme » en Turquie en raison de son rôle dans « Le Bureau des légendes » (lemonde.fr)
La comédienne interprétait une combattante kurde en Syrie. L’enquête, ouverte plus de sept ans après le tournage, s’inscrit dans une série d’arrestations et de procès visant des journalistes, des avocats, des personnalités politiques et du monde artistique.
- Serbie : manifestations de masse contre un capitalisme de connivence (contretemps.eu)
Les manifestations qui ont éclaté en Serbie suite à l’effondrement de la canopée de la gare de Novi Sad, le 1er novembre dernier, ne cessent de prendre de l’ampleur. Elles ont déjà contraint à la démission le premier ministre, le maire de la Novi Sad, et ébranlent profondément le pouvoir du président Aleksandar Vučić.
- Slovakia in Crisis : Robert Fico Faces Mass Protests And a Government in Disarray (vsquare.org)
In recent weeks, Slovakia experienced two major cyberattacks on critical infrastructure and nationwide protests with over 100,000 protesters taking to the streets against Prime Minister Robert Fico’s increasingly pro-Russian agenda and diplomatic attacks on Ukraine.
- Exploring the aftermath of the annulment of Romanian election results – social media platforms, the democratic process, and the role of the DSA (edri.org)
- Chaos Computer Club supports hackers facing legal battle with railway manufacturer (edri.org)
Three ethical hackers were targeted by Polish railway manufacturer Newag after exposing anti-competitive practices. EDRi member Chaos Computer Club is backing the researchers to ensure they can continue their vital work without fear of legal retaliation.
Voir aussi leurs conférences aux 37C3 et 38C3 (media.ccc.de)
- En Allemagne, le spectre du nazisme nous oblige (frustrationmagazine.fr)
Ce week-end, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans toute l’Allemagne contre l’alliance entre le parti chrétien-démocrate (CDU) et le parti d’extrême-droite AFD autour d’un texte de loi pour durcir la législation anti-immigration.
- 11 hommes, 4 femmes : le gouvernement De Wever, un “boys club” qui inquiète pour les droits des femmes (rtbf.be) – voir aussi En Belgique, la droite nationaliste prend la tête du gouvernement (reporterre.net)
- Le gouvernement espagnol approuve un projet de loi pour réduire le temps de travail (euractiv.fr)
Mardi, le gouvernement espagnol a fait un premier pas législatif vers la réduction de la semaine de travail de 40 à 37,5 heures sans perte de salaire. Cela fait suite à un accord avec les syndicats, que les principales organisations patronales du pays n’ont pas soutenu.
- En Espagne, la droite tente d’empêcher la sortie du nucléaire (reporterre.net)
La première des cinq dernières centrales espagnoles doit être fermée. Malgré un consensus au sein de la population, l’industrie brandit le risque de coupure d’électricité et fait tout pour court-circuiter la sortie de l’atome.
- Cold War Radioactive Dust is Still Circulating in European Air, Alarming New Research Reveals (thedebrief.org)
While the study highlights the long-lasting environmental impact of nuclear testing, researchers found that the overall level of radioactivity in the dust remained low. When measured against European Union (EU) nuclear safety standards, the detected levels posed only a minimal public health risk.
- « Une large contamination au mercure et à d’autres polluants toxiques » : les lacs et cours d’eau européens sont dans un état sanitaire « critique » (humanite.fr)
Selon un rapport dévoilé ce mardi 4 février par la Commission européenne, une partie des masses d’eau de surface de l’Union européenne sont contaminées par « le mercure et d’autres polluants toxiques ».
- En Europe, l’agriculture intensive menace les aires protégées Natura 2000 et érode l’emploi dans les zones rurales (equaltimes.org)
- Sámi need better legal protections to save their homelands (grist.org)
Indigenous territories are sacrificed for global climate goals. A new report from Amnesty International says “green colonialism” — the appropriation of land and resources for environmental purposes — threatens indigenous Sámi culture in Sweden, Norway, and Finland.
- Climat : la droite, l’extrême droite et le patronat bien décidés à couler le pacte vert européen (humanite.fr)
Le paquet de mesures adopté par les Vingt-Sept pour lutter contre le réchauffement climatique est aujourd’hui dans le viseur du patronat et de l’extrême droite, biberonnés à la dérégulation plein gaz promise par Donald Trump aux États-Unis.
- Land seizure and South Africa’s new expropriation law : scholar weighs up the act (theconversation.com)
- Au Sénégal, des femmes tombent dans la pauvreté à cause de la farine de poisson (reporterre.net)
Au Sénégal, un métier exclusivement féminin lié à la pêche est en danger. Des usines de fabrication de farine et d’huile de poisson raflent désormais leur matière première.
- Chinese rival overtakes Tesla as Britain turns against Musk (uk.finance.yahoo.com)
Chinese electric car titan BYD has overtaken Tesla in British sales for the first time as public opinion sours towards Elon Musk.
- Why Ireland is the Achilles heel of the EU’s fightback against Big Tech (edri.org)
The recent controversies surrounding Big Tech moguls Elon Musk and Mark Zuckerberg — who are defying content moderation norms and accusing the EU of censorship — should come as no surprise to those following the tech industry closely.
- Les Canadien·nes boycottent les produits américains en réponse à l’augmentation des droits de douane (huffingtonpost.fr)
- Canada to divert aluminum to Europe in response to Trump tariffs (globalnews.ca)
- L’Ontario déchire son contrat avec Starlink, la compagnie d’Elon Musk, allié de Trump. (radio-canada.ca)
- Guerre commerciale : le Canada va contester les nouveaux droits de douane américains devant l’OMC (france24.com)
- Donald Trump menace l’UE de droits de douane pour « très bientôt » (huffingtonpost.fr)
- Donald Trump suspend les droits de douane avec le Mexique, après un appel avec Claudia Sheinbaum (huffingtonpost.fr)
Après un échange entre les deux président·es, les Etats-Unis reportent d’au moins un mois l’application de taxes à 25 % sur les importations vers les États-Unis.
Voir aussi Le Mexique contre Trump : Claudia Sheinbaum et l’art du rapport de force face aux tarifs (legrandcontinent.eu)
- Les États-Unis affirment être dispensés de péage de la part du canal de Panama, qui dément (liberation.fr)
Le département d’Etat américain se réjouissait déjà des millions de dollars d’économies réalisées sur ses navires militaires, mais le Panama a vite douché cette perspective. Pour le moment.
- Le premier vol destiné à envoyer des migrants vers Guantanamo a atterri (ici.radio-canada.ca)
- US Senate confirms fracking CEO Chris Wright to be Trump’s energy secretary (theguardian.com)
- Musk surveillera lui-même ses conflits d’intérêts avec le gouvernement américain (lepoint.fr)
- Les équipes du DOGE d’Elon Musk s’emparent des systèmes informatiques de l’État américain (next.ink) – voir aussi Un coup d’État libertarien ? Comment Elon Musk, appuyé par Trump, a mis la main sur le département du Trésor américain (legrandcontinent.eu) et Musk seizes U.S. Treasury and your Social Security : Follow the crime with this chart (thedemlabs.org)
- Musk’s Junta Establishes Him as Head of Government (doomsdayscenario.co)
Imagining how we’d cover overseas what’s happening to the U.S. right now
Voir aussi The Young, Inexperienced Engineers Aiding Elon Musk’s Government Takeover (wired.com)
Engineers between 19 and 24, most linked to Musk’s companies, are playing a key role as he seizes control of federal infrastructure. The engineers all hold nebulous job titles within DOGE, and at least one appears to be working as a volunteer.The engineers are Akash Bobba, Edward Coristine, Luke Farritor, Gautier Cole Killian, Gavin Kliger, and Ethan Shaotran.
- The Government’s Computing Experts Say They Are Terrified (theatlantic.com)
Four IT professionals lay out just how destructive Elon Musk’s incursion into the U.S. government could be. […]
“There’s this bizarre belief that being able to do things with computers means you have to be super smart about everything else.” Silicon Valley may have built the computational part of the modern world, but the rest of that world—the money, the airplanes, the roads, and the waterways—still exists. Knowing something, even a lot, about computers guarantees no knowledge about the world beyond them.
“I’d like to think that this is all so massive and complex that they won’t succeed in whatever it is they’re trying to do,” one of the experts told us. “But I wouldn’t want to wager that outcome against their egos.”
- Un juge bloque à Elon Musk le contrôle du système de paiements du Trésor américain (liberation.fr)
Un juge fédéral des Etats-Unis a émis samedi une ordonnance en urgence afin de bloquer le contrôle du système de paiements du Trésor américain par la commission à l’efficacité gouvernementale (Doge) dirigée par Elon Musk. […] Cet ordre temporaire, en vigueur jusqu’à une audience prévue le 14 février, stipule également que toute personne ayant accédé aux données des archives du ministère des Finances depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier doit « détruire immédiatement toutes les copies du matériel téléchargé ».
- Doge staffers enter National Oceanic and Atmospheric Administration (Noaa) headquarters and incite reports of cuts and threats (theguardian.com)
Members reportedly sought access to IT systems at agency that Project 2025 has called ‘harmful to US prosperity’
- États-Unis : la NCAA met en œuvre le décret de Donald Trump qui bannit les athlètes transgenres du sport universitaire (humanite.fr)
La NCAA, l’organisation qui représente 530 000 étudiants athlètes venant de plus d’un millier d’établissements de l’enseignement supérieur, a mis en œuvre sans délai le décret de Donald Trump.
- CIA : un email réclamé par la Maison Blanche provoque une fuite de données sensibles (liberation.fr)
Répondant à une exigence présidentielle, l’agence américaine de renseignement a livré l’identité de récentes recrues dans une communication non cryptée, selon des révélations du « New York Times », mercredi 5 février. Cet échange met en péril des années d’efforts stratégiques face à la Chine.
- Aux États-Unis, 8 000 pages internet publiques supprimées au nom de la croisade idéologique de Donald Trump (liberation.fr)
Les agences fédérales états-uniennes ont pris des mesures pour répondre à la volonté du président américain de supprimer les programmes qui promeuvent « l’idéologie de genre ». De précieuses données officielles, notamment de santé publique, sont désormais introuvables.
- Internet Archive played crucial role in tracking shady CDC data removals (arstechnica.com)
When thousands of pages started disappearing from the Centers for Disease Control and Prevention (CDC) website late last week, public health researchers quickly moved to archive deleted public health data.Soon, researchers discovered that the Internet Archive (IA) offers one of the most effective ways to both preserve online data and track changes on government websites.
- La fin annoncée de l’Usaid, l’Agence pour le développement international, liquidée par Elon Musk et l’administration Trump (lemonde.fr)
Le premier pourvoyeur d’aide humanitaire dans le monde va « fermer », a déclaré le multimilliardaire Elon Musk. La Maison Blanche a rappelé que ce dernier ne prenait pas de décision sans son accord. Des experts ont mis en cause la légalité de cette décision.
- USA : Trump’s foreign aid freeze throws journalism around the world into chaos (rsf.org)
President Donald Trump has frozen billions of dollars around the world in aid projects, including over $268 million allocated by Congress to support independent media and the free flow of information.
- Top AI Investor Says Goal Is to Crash Human Wages (futurism.com)
- Red Hat prévoit d’ajouter l’IA à Fedora et GNOME avec Granite, l’IA open-source d’IBM afin d’améliorer les outils de développement, tels que les EDI, et de créer un assistant de code alimenté par l’IA (developpez.com)
- AI Is Spamming Open Source Repos With Fake Issues (thenewstack.io)
A maintainer tracked down an AI company that said the spam was a mistake. But reports suggest the problem is more widespread and growing.
- Sites d’actus produites par IA : Wikipédia va faire du ménage dans ses sources (zdnet.fr)
Près de 150 sites de news générés par intelligence artificielle, repérés par une enquête de Next et Libération, figurent parmi les sources d’articles dans Wikipédia en français.
- OpenAI considering 16 states for data center campuses as part of Trump’s Stargate project (cnbc.com)
- OpenAI participe à l’enshitification de l’éducation avec son intention d’introduire ChatGPT auprès de 460 000 étudiant·es et des 63 000 professeur·es de l’université d’Etat de Californie sur 23 campus (developpez.com)
- La Caroline du Sud relance un projet nucléaire géant pour répondre à la demande sans cesse croissante de l’IA (developpez.com)
- OpenAI Strikes Deal With US Government to Use Its AI for Nuclear Weapon Security (futurism.com) – voir aussi OpenAI met ses IA au service du complexe militaro industriel américain (ladn.eu)
- La marine américaine interdit l’utilisation de l’IA DeepSeek pour des raisons de sécurité “à quelque titre que ce soit” (developpez.com)
- Un sénateur américain propose d’infliger une peine de 20 ans de prison pour l’utilisation de DeepSeek avec une amende d’un million de dollars pour les particuliers, et 100 millions pour les entreprises (developpez.com)
- El Salvador Abandons Bitcoin as Legal Tender After Failed Experiment (ticotimes.net)
- Réchauffement climatique : malgré la Niña, un nouveau record de température en janvier, selon Copernicus (humanite.fr)
Avec une température moyenne de 13,23 °C, « janvier 2025 a dépassé de 1,75 °C le niveau préindustriel », annonce l’observatoire européen Copernicus. Un nouveau record qui bat en brèche l’espoir des scientifiques de voir le phénomène la Niña ralentir le réchauffement de la planète. […] « C’est ce qui est un peu surprenant… on ne voit pas cet effet de refroidissement, ou du moins de frein temporaire, sur la température mondiale que l’on s’attendait à voir » […] L’observatoire relève même des signes « d’un ralentissement ou d’un arrêt de l’évolution vers des conditions La Niña », qui pourrait disparaître complètement d’ici mars
- Les virus font du bruit : étudier leurs sons pourrait révolutionner la médecine (korii.slate.fr)
À la clé, une nouvelle méthode d’étiquetage qui pourrait aussi fonctionner pour les cellules humaines et les bactéries.
L’étude en question : Nanoscopic acoustic vibrational dynamics of a single virus captured by ultrafast spectroscopy (pnas.org).
- Protection from COVID reinfections plummeted from 80 % to 5 % with omicron (arstechnica.com)
New study shows why annual COVID boosters are critical to controlling COVID.
- Measles outbreak erupts in one of Texas’ least vaccinated counties (arstechnica.com)
- New Radiation Belts Detected Around Earth After Epic Solar Storm (sciencealert.com)
Earth has two permanent radiation belts known as the Van Allen belts […] when the scientists investigated the effects of the solar storm of May 2024 […] sandwiched between the two Van Allen radiation belts, they found two new belts – one predominantly comprising electrons, as we’ve seen previously, and the other containing energetic protons, which has never been seen before.
- Don’t panic, but an asteroid has a 1.9 % chance of hitting Earth in 2032 (arstechnica.com)
Spécial Palestine et Israël
- Berlin interdit l’arabe en manif : répression et fakeNews (leperepeinard.com)
Les manifs pro-palestiniennes à Berlin subissent une nouvelle attaque : les slogans et chants en arabe sont désormais interdits. Sous prétexte de lutter contre l’antisémitisme, la police s’appuie sur une fake news du journal Bild pour serrer la vis.
- La France autorise le survol de son espace aérien par Netanyahu malgré le mandat d’arrêt de la CPI (lecourrierdelatlas.com)
- Donald Trump se venge en sanctionnant la CPI qui enquête sur les États-Unis et Israël (huffingtonpost.fr)
Concrètement, le texte, diffusé par la Maison Blanche, interdit l’entrée aux États-Unis aux dirigeants, employés et agents de la CPI ainsi qu’aux plus proches membres de leurs familles. Le décret prévoit aussi de geler tous les avoirs détenus aux États-Unis par ces mêmes personnes.
Voir aussi Donald Trump s’attaque à la Cour pénale internationale, le gouvernement israélien applaudit (humanite.fr)
« Je félicite vivement le président Trump », a déclaré ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar, vendredi sur le réseau social X, arguant que « la CPI poursuit de façon agressive les dirigeants élus d’Israël, la seule démocratie au Moyen-Orient ».
- « Prendre le contrôle de Gaza » : quels sont les obstacles au plan de Donald Trump ? (sudouest.fr)
Contrairement à ce qu’affirme Donald Trump, les États arabes s’opposent à ce projet. Et ce n’est pas le seul obstacle
- The Far-Right Group Building a List of Pro-Palestine Activists to Deport (theintercept.com)
Betar U.S. said it has shared with the Trump administration a list of the “names of hundreds of terror supporters.”
- Fact Check : No evidence US spent $50 million on condoms for Gaza (neuters.de)
White House press secretary Karoline Leavitt made the remarks at a Jan. 28 press briefing about President Donald Trump having temporarily suspended U.S. foreign aid pending reviews of existing development programs. Trump repeated the claim about $50 million on condoms for Gaza on Wednesday.
- Une IA conçue pour défendre le gouvernement israélien sur X se met à soutenir la Palestine (korii.slate.fr)
Le chatbot traite même les soldats de l’État hébreu de « colonisateurs blancs du régime d’apartheid israélien ».
Spécial femmes dans le monde
- Affaire du baiser forcé : début du procès de Luis Rubiales, ex-patron du football espagnol (france24.com)
Le procès de Luis Rubiales s’est ouvert lundi matin près de Madrid. L’ancien patron du football espagnol est jugé pour le baiser imposé devant le monde entier à l’internationale Jennifer Hermoso, en 2023, et les pressions exercées sur elle ensuite pour étouffer le scandale.
- Pourquoi des portraits de femmes et de personnes issues de minorités ethniques exposés dans un musée aux États-Unis ont-ils été dissimulés ? (liberation.fr)
Un musée du Maryland, géré par la NSA, a volontairement dissimulé des panneaux retraçant l’apport de femmes et de personnes racisées à la cryptographie. Après un tollé, l’établissement a évoqué une « erreur » commise dans la précipitation pour répondre aux récents décrets présidentiels.
- Purge numérique : GitHub révèle comment des ingénieurs logiciels modifient les bases de données fédérales pour supprimer les références à la diversité et à l’inclusion (developpez.com)
- Accenture scraps diversity and inclusion goals, memo says (neuters.de)
Accenture (ACN.N) has scrapped its global diversity and inclusion goals after an evaluation of the changing U.S. political landscape, according to an internal memo seen by Reuters on Friday.Big tech companies Meta, Alphabet and Amazon are among a series of firms that had scrapped their diversity, equity, and inclusion (DEI) goals leading up to and after Republican Donald Trump’s return to the U.S. presidency.
- L’Amérique MAWAMA (temoignagechretien.fr)
Trump, qui s’est fait élire sous la bannière MAGA (Make America Great Again), mène sans la moindre retenue une politique MAWAMA (Make America White and Male Again – Recréer une Amérique blanche et mâle). Prenons garde, ce virus est plus dangereux que le Covid et peut aisément traverser l’Atlantique.
- How AI imagery could be used to develop fake archaeology (theconversation.com)
Even before the use of AI, it was widely accepted within archaeology that visualisations of the past are highly fraught and should be treated with extreme caution. For example, archaeologist Stephanie Moser examined 550 reconstructions published in academic and popular texts on human evolution. Her review found highly biased depictions, such as only males hunting, making art and tools and performing rituals, while women were in more passive roles. A similar study by Diane Gifford-Gonzalez revealed that “not one of 231 depictions of prehistoric males shows a man touching a child, woman, or an older person of either sex … no child is ever shown doing useful work.” These reconstructions do not reflect scientists’ nuanced understanding of the past. We know humans organised themselves in an incredible array of variety, with a multitude of gender roles and self-expression. A recent DNA-based study, for example, showed that women were actually at the centre of societies in the iron age.
Spécial France
- Guadeloupe : Emmanuel Macron porte plainte après l’exposition d’une œuvre le représentant la tête coupée (liberation.fr)
Le chef de l’Etat a porté plainte contre X la semaine dernière en Guadeloupe, d’après la procureure de la République de Pointe-à-Pitre mercredi 6 février, à la suite de l’exposition d’une œuvre le représentant avec la tête coupée.
- Même les chiffres de Bercy plaident pour taxer les très riches (alternatives-economiques.fr)
- Ce que contient finalement le budget de l’État pour 2025 (lemonde.fr)
- Budget 2025 : le RN et LFI saisissent le Conseil constitutionnel (liberation.fr)
Saisi par les deux groupes, le Conseil constitutionnel doit se prononcer sur plusieurs articles de la loi de finance 2025, qui serait incompatible avec la Constitution. L’institution doit rendre sa décision le 13 février.
- Richard Ferrand à la tête du Conseil Constitutionnel ? Comment le camp présidentiel justifie ce choix de Macron (huffingtonpost.fr)
L’ancien président de l’Assemblée nationale et proche du chef de l’État devrait remplacer Laurent Fabius qui prend sa retraite à la tête des Sages.
- Le bracelet électronique de Nicolas Sarkozy a été posé (francetvinfo.fr)
L’ancien président a été définitivement condamné le 18 décembre à un an de prison ferme dans l’affaire des écoutes.
Voir aussi Nicolas Sarkozy annonce « renoncer à toute expression médiatique » et « mettre entre parenthèses » ses activités publiques d’ex-président (lemonde.fr)
- La France se dote d’un Institut national pour l’évaluation et la sécurité de l’intelligence artificielle (lemonde.fr)
- Les Français·es vont devoir apprendre à se passer de SHEIN et Temu (projetarcadie.com)
- La start-up française MistralAI lance son appli mobile concurrente de ChatGPT et DeepSeek (liberation.fr)
L’entreprise tricolore d’IA a rendu son agent conversationnel – « Le Chat » – disponible en version application mobile jeudi 6 février, sur Apple et Androïd.
- Intelligence artificielle : les Émirats arabes unis annoncent la construction en France d’un data center géant (lemonde.fr)
Ce data center d’une capacité de calcul pouvant aller jusqu’à 1 gigawatt fera partie d’un « campus » axé sur l’IA, le plus grand en Europe, selon l’Elysée. […] Ce « campus » sera développé par « un consortium de champions franco-émiratis », notamment par le fonds d’investissement MGX, adossé aux Emirats arabes unis. Sa localisation n’a pas été décidée.
- Sommet IA : le fonds canadien Brookfield va investir 20 milliards d’euros dans des data centers en France d’ici à 2030 (liberation.fr)
Les annonces d’investissements en France se multiplient à la veille de l’ouverture du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle ce lundi 10 février à Paris.
- Le Haut Conseil pour le climat publie son avis sur auto saisine sur le projet de troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3) mis en consultation par le gouvernement.
- Un trafiquant de compteur Linky passe en justice (zdnet.fr)
L’individu proposait à des particuliers de modifier le compteur Linky de leurs domiciles pour réduire les factures d’électricité. Une prestation rémunérée entre 200 et 400 euros […] en bricolant le compteur connecté, il faisait en sorte que celui-ci n’enregistre pas toute la consommation électrique du logement. De quoi réduire la facture de 50 à 70 %.
- 363,5 millions de bénéfices, 169 emplois au tas et une pollution en prime : Lubrizol annonce un plan social d’ampleur à Rouen (humanite.fr)
La colère des élus est d’autant plus vive que le gigantesque incendie qui s’était déclaré dans le site rouennais le 26 septembre 2019, avait vu près de 10 000 tonnes de produits chimiques brûler dans l’usine classée Seveso.
- Stupéfiants : Eric Piolle appelle à tester anonymement élu·es et ministres (liberation.fr)
Le maire écologiste de Grenoble propose des « tests salivaires, capillaires et d’urine à l’Assemblée et au Sénat, auprès des ministres, des élu·es et des personnels politiques » pour voir si les milieux de pouvoirs sont, eux aussi, concernés par l’augmentation de la consommation de drogues.
- Les fauteuils roulants intégralement remboursés à partir du 1er décembre 2025 (liberation.fr)
Spécial femmes en France
- Escalade : Éline Le Menestrel, la grimpeuse qui refuse de prendre l’avion (reporterre.net)
- « Restez à la niche ! », « antisémite notoire »… Les attaques indignes de la droite et de l’extrême droite contre des députées de la France Insoumise (humanite.fr)
un membre du groupe Les Républicains, Philippe Gosselin, ordonne en pleine séance à Mathilde Panot de rester « à la niche » […] Une insulte qui comme l’a relevé l’écologiste Sandrine Rousseau « arrive étrangement à l’endroit des femmes qui s’expriment. Systématiquement, c’est une femme qui prend »
- Christophe Ruggia condamné à deux ans de prison ferme pour agressions sexuelles sur Adèle Haenel (telerama.fr)
Le réalisateur français, accusé d’avoir agressé sexuellement l’actrice quand elle était mineure, a été condamné à quatre ans de prison dont deux ferme à effectuer sous bracelet électronique. Il fait appel du jugement.
Voir aussi Condamnation de Christophe Ruggia : Adèle Haenel dit à « Mediapart » qu’il faut se battre pour l’enfance « des autres enfants » (huffingtonpost.fr)
« Ça fait un effet très fort d’entendre ces mots prononcés, d’avoir un acte, qu’on pourrait dire officiel, qui lutte contre le déni que j’ai pu rencontrer depuis des dizaines d’années autour de cette histoire, qui acte la gravité des faits, qui acte les faits eux-mêmes »
- Affaire abbé Pierre : aucune enquête ne sera ouverte en raison de la prescription des faits (liberation.fr)
Le parquet de Paris a annoncé ce mardi 4 février qu’il n’y aura pas d’investigations concernant les faits imputés à Henri Grouès, dont les premiers remontent aux années 50.
Spécial médias et pouvoir
- France Info et « les otages palestiniens » : emballement sémantique et indignation sélective (acrimed.org)
- Jean-Marie Le Pen et Rima Hassan : calomnie et confusionnisme au Point (acrimed.org)
Depuis un an et demi, l’acharnement médiatique contre la députée européenne Rima Hassan (LFI) est constant. Dernier épisode en date ? Rien moins qu’un édito du directeur du Point en personne, le désormais inévitable Étienne Gernelle. Titré « Jean-Marie Le Pen est revenu, il s’appelle Rima Hassan »
- « C médiatique » (France 5) : Yves Calvi en majesté (acrimed.org)
Depuis fin 2022, France 5 diffuse chaque dimanche dans l’indifférence générale une émission consacrée aux médias, « C médiatique » […] Ce 2 février, l’animatrice Mélanie Taravant et ses chroniqueurs recevaient en plateau un certain Yves Calvi, journaliste au passif long comme le bras, chien de garde s’il en est. Bilan ? Complaisance et connivence à tous les étages
- France Info « déplore » et supprime une séquence qui imaginait Gaza en « petit paradis » touristique (liberation.fr)
Le responsable d’une organisation d’hôtellerie a été invité sur la chaîne du service public pour commenter l’hypothèse de transformer l’enclave palestinienne détruite en « French Riviera ».
Voir aussi « C’est profondément déplorable et totalement inexcusable » : comment franceinfo TV tente d’éteindre l’indignation provoquée par son débat sur la possibilité de faire de Gaza une « Riviera » (humanite.fr) et Mission « tourisme balnéaire » à Gaza, débâcle à Franceinfo (acrimed.org) - Garantir la fiabilité de l’information et préserver la démocratie à l’heure de l’IA générative (politis.fr)
- À nos lecteurices/Нашим читателям (lemonde.fr)
Pour la première fois depuis 1957, Le Monde est empêché de maintenir un correspondant en poste à Moscou. Notre journaliste, Benjamin Quénelle, après avoir vu son accréditation de presse suspendue il y a quatre mois, vient de se voir signifier par les autorités russes l’annulation de ce document, ce qui revient de fait à lui interdire de pouvoir exercer son métier de correspondant dans la capitale russe et dans l’ensemble du pays.
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- Macron : la fin de règne – Autopsie d’une lente agonie politique (off-investigation.fr)
« Il s’est placé devant la Joconde car c’est encore la seule qui peut lui sourire. »
- Multiples rencontres, notes et rapports ignorés… comment le gouvernement a aidé Nestlé à enterrer le scandale des eaux traitées illégalement (humanite.fr) – voir aussi Scandale des eaux en bouteille : de l’Élysée à Matignon, révélations sur le lobbying de Nestlé au sommet de l’Etat (francetvinfo.fr) et Scandale de l’eau en bouteille : l’Élysée a laissé Nestlé frauder (reporterre.net)
La multinationale et Emmanuel Macron ont par ailleurs des liens très anciens : lorsqu’il était banquier d’affaires, l’actuel président de la République a gagné 1 million d’euros en menant une négociation pour Nestlé et s’est vu proposé un poste à la direction française du groupe.
- Pêche destructrice dans les aires marines protégées : pourquoi la France est toujours à la traîne (humanite.fr)
Alors que la conférence des Nations unies sur les océans doit se tenir en juin à Nice, une coalition d’ONG lance une campagne pour interdire les méthodes destructrices de pêche dans les aires marines protégées. Et interpelle le président de la République.
- Adopté par 49.3, le budget 2025 est « un désastre pour l’écologie » (reporterre.net)
- IA : Emmanuel Macron annonce 109 milliards d’investissement en France “dans les prochaines années” (bfmtv.com)
- IA : formations pour les élèves, aide pour les profs, outil de gestion… Elisabeth Borne met à jour le logiciel de l’école (liberation.fr)
La ministre de l’Éducation nationale a annoncé ce jeudi 6 février plusieurs initiatives destinées à accroître le recours à l’intelligence artificielle dans les établissements scolaires.
Voir aussi Éducation nationale : THERE IS NO IA-LTERNATIVE ? (blogs.mediapart.fr)
- Paris : Les arrondissements populaires touchés de plein fouet par les fermetures de classe (20minutes.fr)
- Éducation sexuelle à l’école : la notion de « transphobie » disparaît du programme officiel (liberation.fr)
- Bétharram : François Bayrou frappé d’amnésie concernant des violences physiques et sexuelles dans une école catholique (humanite.fr)
D’après les révélations de Mediapart, le premier ministre savait l’ampleur des agressions au sein de l’établissement Notre-Dame de Bétharram de Pau, où ses enfants étaient scolarisés. Il avait pourtant affirmé le contraire.
- Protection de l’enfance : trois ans après la loi Taquet, les jeunes majeur·es de moins en moins bien accompagné·es (humanite.fr)
- Hôpital : le budget de Bayrou insuffisant face au « quotidien dévasté » des soignantEs (rapportsdeforce.fr)
- TVA des auto-entrepreneureuses : pourquoi le gouvernement s’est pris les pieds dans le tapis (humanite.fr)
Le tollé provoqué par les changements de TVA imposés aux autoentrepreneureuses par le budget de l’État 2025, adopté jeudi 6 février, a forcé le gouvernement à revenir sur ses pas. En quête de recettes pour les caisses de l’État, la loi de finances incluait une baisse du seuil d’exemption de la taxe sur la valeur, de 37 500 euros de chiffre d’affaires annuel à 25 000.
- « Toutes les facettes du mal-logement, en pire » : les personnes handicapées largement privées d’un domicile décent et adapté (liberation.fr)
Insalubrité, surpeuplement, précarité énergétique en plus du manque d’accessibilité : les personnes handicapées sont doublement discriminées dans l’accès au logement, alerte la Fondation pour le logement des défavorisé·es, dans son rapport annuel.
- Agriculture : le ruissellement des revenus vers les producteurs n’a pas eu lieu (reporterre.net)
Et à la fin… c’est Carrefour qui gagne. Dans une étude publiée le 4 février, l’UFC-Que choisir montre qu’une des mesures phares censées améliorer le revenu des agriculteurs n’a en fait « eu aucun impact », si ce n’est « un surplus d’inflation pour les consommateurs ».
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- VSA jusqu’en 2027 : quand le gouvernement ose tout (laquadrature.net)
L’expérimentation de vidéosurveillance algorithmique (VSA) prévue par la loi sur les Jeux Olympiques était censée se terminer dans moins de deux mois. Pourtant, le gouvernement a déposé hier un amendement pour tout simplement prolonger l’expérimentation… jusqu’à la fin de l’année 2027. Le tout en s’affranchissant totalement des promesses faites ou des règles constitutionnelles.
- « Faire battre l’extrême gauche » : le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau peut-il ainsi s’immiscer dans une élection ? (liberation.fr)
- « Casserolades » : le tribunal administratif de Montpellier juge illégal le périmètre d’interdiction décrété pour un déplacement d’Emmanuel Macron, en avril 2023 (liberation.fr)
Saisi par deux associations, le tribunal administratif de Montpellier a estimé ce mardi 4 février que l’arrêté pris par le préfet de l’Hérault le 19 avril 2023 était illégal et l’a annulé.
- Gare d’Austerlitz : des agents de la SNCF ouvrent le feu et font deux blessés, dont un homme qui taguait une croix gammée (lemonde.fr)
Lors d’un contrôle, explique une source policière, un homme, qui taguait une croix gammée, a sorti une arme, qui s’est révélée factice. Un équipage de la sûreté ferroviaire de la SNCF a alors fait usage d’une arme « à plusieurs reprises ».
- Comment le fabricant d’armes français Verney-Carron a armé, sans faire exprès, des néofascistes chasseurs (streetpress.com)
Des néofascistes de la Loire ont été pendant quatre ans ambassadeurs de Verney-Carron, fabricant d’armes français historique. Un partenariat qui permettait de tester des fusils à pompe et semi-automatiques avec leur association de chasse.
- « Parce qu’elle est une meuf trans, elle est mise à l’isolement » : la détention d’une militante anti-A69 prolongée (liberation.fr)
Louna, activiste contre le projet d’autoroute entre Toulouse et Castres, a vu lundi 3 février sa détention à l’isolement dans une prison pour hommes prolongée jusqu’au 15 juin. Elle est notamment mise en examen pour « destruction du bien d’autrui par moyen dangereux » et « association de malfaiteurs ».
- Racisme, plainte… Le calvaire d’un avocat dans une gendarmerie (streetpress.com)
Le 21 juillet dernier, l’avocat niçois Kada Sadouni visitait un client dans une gendarmerie locale. Il affirme avoir été enfermé dans un local, intimidé et injurié. Les gendarmes lui ont ensuite expliqué l’avoir confondu avec un gardé à vue. […] « Dans les commissariats, on me demande ce que je fais là, si je me suis échappé des écrous, ou si je suis convoqué pour une audition, ou alors si je viens porter plainte. Mais, pour eux, je ne suis jamais un avocat… »
- Aya Nakamura visée par des injures racistes avant les JO de Paris 2024 : 13 personnes liées à l’extrême droite jugées en juin (liberation.fr)
- « Ce sont des musulmans, ils sont noirs » : la surenchère raciste de Bruno Retailleau qui veut étendre la restriction du droit du sol (humanite.fr)
Jeudi 6 février au soir, le ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à tenir des propos ouvertement racistes sur LCI pour tenter de justifier sa proposition d’étendre à l’ensemble du territoire la restriction du droit du sol à Mayotte votée concomitamment à l’Assemblée nationale.
Spécial résistances
- Tout ce qu’on ne vous dira pas au Sommet mondial de l’IA (echap.eu.org)
À l’initiative de Féministes contre le cyberharcèlement, VoxPublic, Amnesty International France et la Ligue des Droits de l’Homme, une tribune signée par Echap et une centaine d’autres organisations appelle à adopter une approche de l’intelligence artificielle fondée sur les droits humains et la justice sociale et environnementale.
- Sommet de l’IA à Paris : Emmanuel Macron veut « accélérer », un collectif appelle à « résister » (liberation.fr)
Moins de deux ans après l’explosion du phénomène ChatGPT, le Résident considère que « c’est maintenant qu’on doit accélérer » quand une vingtaine d’associations autour de la Quadrature du Net lancent un mouvement pour « résister au déploiement massif et généralisé » de l’IA.
Voir aussi Lancement de la coalition Hiatus, pour résister à l’IA et son monde ! (laquadrature.net)
Ce texte est le manifeste fondateur de « Hiatus », une coalition composée d’une diversité d’organisations de la société civile française qui entendent résister au déploiement massif et généralisé de l’intelligence artificielle (IA). […] le lancement de Hiatus vise à dénoncer l’inféodation des politiques publiques aux intérêts de la tech, ainsi que les coûts humains et environnementaux de l’IA. […] La prolifération de l’IA a beau être présentée comme inéluctable, nous ne voulons pas nous résigner. Contre la stratégie du fait accompli, contre les multiples impensés qui imposent et légitiment son déploiement, nous exigeons une maîtrise démocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.
- Within Bounds : Limiting AI’s environmental impact (greenscreen.network)
Joint statement from civil society for the AI Action SummitSigned by over 100 organizations. If you share our concerns and demands that AI systems be made compatible with our planetary boundaries, and are a civil society organization, you can sign on here.
- Les basques s’opposent à la coupe de 14 000 ha de forêt pour faire voler des avions (lareleveetlapeste.fr)
Lundi 3 février, une leçon de démocratie a eu lieu lors d’une réunion publique sur le projet E-CHO, porté par la start-up lyonnaise Elyse Energy, qui vise à faire du biocarburant à partir de bois pour l’aéronautique. Les associations et riverains ont donné un carton rouge au projet, inquiets de son impact sur les forêts françaises.
- Procès des militantEs de la Confédération paysanne : devant le tribunal de Paris, leurs soutiens dénoncent des violences policières (vert.eco)
- La guerre de l’eau entre Suez et les élus franciliens s’intensifie (reporterre.net)
Des maires de communes franciliennes bataillent pour récupérer la maîtrise de l’eau. Attac a exhumé une archive qui pourrait desservir la multinationale Suez, accusée de surfacturer l’eau potable depuis des décennies.
- Libérons les trottoirs parisiens (antipub.org)
- Siham Touazi, l’infirmière qu’un Ehpad de luxe voulait faire taire (politis.fr)
Celle qui avait initié une grève inédite de 133 jours avec une dizaine de femmes dans un établissement cossu du Val d’Oise, est visée pour une plainte en diffamation par ses anciens employeurs. L’audience de cette « procédure bâillon » était fixée ce jeudi 6 février.
- Rennes 2, « La rouge, la juste » (lundi.am)
L’université s’écroule, les étudiantEs se lèvent
- Le Gwenn-ha-Du, ouvert et solidaire (expansive.info)
- Incendie aux Lentillères : la mairie tente d’en profiter. Faisons face ! (dijoncter.info)
Spécial outils de résistance
- Résister à Trump avec un manuel de sabotage des années 1940, un étonnant retour (france24.com)
L’ouvrage gratuit qui caracole en tête des téléchargements actuellement est le “Simple Sabotage Field Manual”, écrit en 1944 par l’ancêtre de la CIA. Un succès qui n’étonne pas les historiens des services de renseignements à l’heure où une certaine résistance s’organise face aux premières actions de Donald Trump et d’Elon Musk.
- Riot Medicine (riotmedicine.net)
- La fortune de Bernard (lafortunedebernard.fr)
Spécial GAFAM et cie
- Google removes pledge to not use AI for weapons from website (techcrunch.com)
Google removed a pledge to not build AI for weapons or surveillance from its website this week. The change was first spotted by Bloomberg. The company appears to have updated its public AI principles page, erasing a section titled “applications we will not pursue,” which was still included as recently as last week.
- L’Espagne interdit à Google l’accès à ses écoles en raison d’une collecte intrusive de données personnelles (mcinformactions.net)
- Why Mark Zuckerberg wants to redefine open source so badly (zdnet.com)
For these open source experts, it’s all about standards. For Meta, it’s all about the money.
- Meta torrented over 81.7TB of pirated books to train AI, authors say (arstechnica.com) – voir aussi Meta accusée d’avoir téléchargé plus de 81,7 To de livres piratés pour entraîner son IA. (developpez.com)
Des courriels montrent qu’elle a tenté de le dissimuler en évitant les serveurs de Facebook lors du téléchargement
- U.K. orders Apple to let it spy on users’ encrypted accounts (washingtonpost.com)
Secret order requires blanket access to protected cloud backups around the world, which if implemented would undermine Apple’s privacy pledge to its users.
- Microsoft supprime son VPN “gratuit” pour les abonnements Microsoft 365, quelques jours seulement après avoir augmenté les prix (developpez.com)
La fonction Microsoft VPN 365 dans Microsoft Defender sera retirée le 28 février
- Microsoft is cracking down on people upgrading to Windows 11 on unsupported hardware (xda-developers.com)
- L’algorithme de TikTok aurait fait preuve d’un parti pris pro-républicain durant la présidentielle 2024, selon une étude (developpez.com) – voir aussi TikTok’s recommendations skewed towards Republican content during the 2024 U.S. presidential race (arxiv.org)
- Le parquet de Paris ouvre une enquête sur le fonctionnement du réseau social X (francetvinfo.fr)
Les algorithmes sont “susceptibles d’avoir faussé le fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données”, indique le parquet de Paris.
L’histoire de la semaine
- How a New Hampshire libertarian utopia was foiled by bears (vox.com – article datant de décembre 2020)
Seriously, this happened. You should absolutely read about it.
Les autres lectures de la semaine
- L’héritage intellectuel et artistique de Pierre Boulez (humanite.fr)
Musicien parmi les plus importants du XXe siècle, le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez aurait eu 100 ans cette année. Disparu en 2016, il laisse un héritage intellectuel et artistique enraciné dans la culture actuelle.
- How Emmy Noether’s Theorem Revolutionized Physics (quantamagazine.org)
Noether was an assistant in name only. She was already a formidable mathematician when, in early 1915, Hilbert and Klein invited her to join them at the University of Göttingen. But other faculty members objected to hiring a woman, and Noether was blocked from joining the faculty. Regardless, she would spend the next three years prodding the fault line separating physics and mathematics, eventually setting off an earthquake that would shake the foundations of fundamental physics.
- Sommet de Paris sur l’IA : sous le bluff, les fonctions (humanite.fr)
Évidemment, « faiseur d’intelligence artificielle » c’est plus ronflant que « grossiste en fonctions à paramètres », mais les géants de la tech ont besoin de ce bluff pour étancher leur soif de domination
- Intelligence artificielle : « Nous devons combattre le fanatisme technologique » (reporterre.net)
ChatGPT n’est qu’une « machine à bullshit ». Il faut avoir profondément atomisé et humilié les individus pour qu’ils en viennent à le considérer comme un interlocuteur valable.
- Vivre dans l’utopie algorithmique (danslesalgorithmes.net)
- Fabien Granjon : « le tout numérique renforce les inégalités existantes » (journal-labreche.fr)
- Surveillance Pricing Is Ripping You Off. Here’s How to Fight It. (thecut.com)
What if the retailer that sold you both of these items had raised their prices slightly, just for you, based on your previous shopping habits ? […] This is known as surveillance pricing, and a recent study from the Federal Trade Commission suggests that it happens all the time.
- « Nous sommes incapables de maîtriser les conséquences de l’IA » (basta.media)
L’autre question stratégique importante est qu’il est vraiment crucial de faire comprendre aux gens qu’il existe des alternatives. Même si elles sont moins bonnes, il faut continuer à les utiliser. Sinon, ces alternatives vont disparaître et on va se retrouver dans une situation monopolistique
- As Internet enshittification marches on, here are some of the worst offenders (arstechnica.com)
- The mirage of EU techno-solutionism to the climate crisis (edri.org)
Technology, as shaped by today’s market-driven priorities, carries immense hidden environmental and social costs. The tech sector is one of the fastest-growing contributors to waste and energy consumption. In 2021, it was responsible for two-to-three percent of global carbon emissions — on par with aviation.
- La Constitution américaine devait protéger le « droit » des riches à exploiter les pauvres. La Déclaration des droits fut une concession accordée aux mouvements populaires (les-crises.fr)
- Trump renomme le golfe du Mexique : « Les cartes sont un dispositif d’écriture du monde » (reporterre.net)
Il faut partir de notre propre expérience de l’espace pour bâtir une contre-image du monde. Cela peut contribuer à recréer du commun, et à se le réapproprier.
- Le techno-féodalisme est un Léviathan de pacotille (contretemps.eu)
- The Network State Coup is Happening Right Now (thenerdreich.com)
Elon Musk’s attempt to destroy the United States government isn’t random chaos. It’s the methodical execution of the “network state” blueprint.
- Techno-droite et sécurité impériale : aux racines du Lebensraum algorithmique dans l’Amérique de Trump (legrandcontinent.eu)
L’ambition de l’Europe de devenir un régulateur universel et unilatéral, sous le poids de plus en plus lourd et complexe d’un cadre normatif qui comprend désormais le Digital Services Act (DSA), le Digital Markets Act (DMA), l’AI Act, et la modélisation d’un marché numérique européen unique qui finirait par être imperméable à l’entrée et à l’expansion de l’influence de la techno-droite, est désormais perçue par cette dernière comme une menace, une dérive hostile, une faille dans la construction de l’archipel fortifié de la sécurité impériale. Le soutien aux formations politiques eurosceptiques qui semblent promettre une redéfinition radicale du dispositif institutionnel de l’Union et les menaces de Trump sur les tarifs — qui épargneraient toutefois l’Italie de Giorgia Meloni — doivent être lus à travers ce prisme.
- You Can’t Post Your Way Out of Fascism (404media.co)
Authoritarians and tech CEOs now share the same goal : to keep us locked in an eternal doomscroll instead of organizing against them
- A few points for the left (jksteinberger.medium.com)
Let’s face facts : major industries, including the financial sector, no longer care about even greenwashing. We are witnessing a true masks-off moment, where they feel it is safe to stop even pretending they will do anything about the ecological and climate crises. This is not because they don’t know about them, or their risks, or are not convinced they are real. It is because they believe they have successfully vanquished the popular movements demanding change, via demoralisation and criminalisation, and even further, vanquished any capacity of democracies or governments to push for necessary changes. They believe they simply don’t have to worry about opposition any more, and right now, they are correct. […] We have gone from disaster capitalism and colonialism to cataclysmic capitalism, which cannot be good news.
Voir aussi cette traduction en français (bonpote.com) - Chape de plomb et flux vitaux, c’est l’Italie d’aujourd’hui (lundi.am)
- De quelle défaite Milei est-il le nom ? (contretemps.eu)
- Le rôle du syndicalisme dans la lutte contre le racisme et l’extrême droite (contretemps.eu)
Préface de la nouvelle édition (2024) de l’ouvrage collectif Le syndicalisme est politique. Questions stratégiques pour un renouveau syndical.
- Traité de guerre perpétuelle (lundi.am)
Le plus souvent, lorsque nous tentons de déchiffrer la fascisation en cours, nous convoquons le passé : qu’est-ce que le fascisme ? Qu’était le fascisme ? Quels sont les signes que nous décelons dans le présent qui pourraient nous permettre de prévoir une re-dite historique ? Si ce travail est aussi précieux que nécessaire, il peut néanmoins charrier son lot de biais et d’impensés. Le grand mérite du ticket Trump/Musk est de nous obliger à penser le fascisme depuis le futur, c’est-à-dire depuis ce que les évolutions socio-techniques permettent d’innovations et d’hybridations politiques comme subjectives du point de vue de la domination. Pour le dire plus simplement, se battre contre le présent implique d’examiner le passé tout en se donnant les moyens d’anticiper l’avenir.
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Mortalité infantile (1) et (2)
- Tax rates
- Distance
- Dunning-Kruger
- Faure
- Belle histoire
- Humoriste
- Inspiration
- Magie
- Poussez pas derrière
- Plan
- Plutobrats
- Nazisme
- Désert
- Fashion
- Inexcusable
- Resident Philosopher for AI Ethics (existentialcomics.com)
- Aaron
- Capitalismo
- We are here
Les vidéos/podcasts de la semaine
- L’Iran entre deux révolutions. Aux origines de la révolution iranienne de 1979 : podcast en 4 parties – Partie 1, Partie 2, Partie 3 et Partie 4 (spectremedia.org)
- Développer le care dans les milieux militants (spectremedia.org)
- Nos possibles ancêtres les Australopithèques ne mangeaient pas de viande (radiofrance.fr)
Une nouvelle étude isotopique des dents d’Australopithèque, parue dans Science, affirme que nos très probables ancêtres devaient avoir un régime alimentaire plutôt végétarien.
- Les Sacrifiés de l’IA – Bande annonce (peertube.datagueule.tv)
- Deux podcasts du Code a Changé fort intéressants en ce qui concerne l’“IA” (même si ce n’est pas dans le titre) : “Les courbes en folie” : faire de l’architecture avec les ordinateurs et C’est quoi un “chercheur augmenté” ? (radiofrance.fr)
- How Spotify Remade the Music Industry (techwontsave.us)
- Leaving Twitter for Mastodon (video.fedihost.co)
- Why is everything binary ? (briefs.video)
Les trucs chouettes de la semaine
- Ethiopia’s Utopian Experiment in Gender Equality (reasonstobecheerful.world)
Awra Amba was born in 1972.The community is governed by 15 democratically elected committees, which decide actions on everything from housing to education, conflict resolution, sanitation and village security, with elections held every three years.
- “Johanne Sacrebleu” défie “Emilia Pérez” (telerama.fr)
Le film de Jacques Audiard a été mal reçu au Mexique. En guise de riposte locale, un court métrage en ligne multiplie les clichés sur la France et connaît un succès grandissant.[…] Puisque le film d’Audiard n’a pas été tourné du tout au Mexique et en donne cependant une image que certains habitants du pays jugent caricaturale et offensante, Johanne Sacreblu en fait autant avec la France.
Voir aussi la page Wikipédia associée
- Plus de 40 bonnes nouvelles – récolte du 6 février (lescerisesdehiatus.blogspot.com)
- La Commission européenne à l’œuvre pour un catalogue du libre : l’ADULLACT apporte son expertise (adullact.org)
- Developer creates endless Wikipedia feed to fight algorithm addiction (arstechnica.com)
WikiTok cures boredom in spare moments with wholesome swipe-up Wikipedia article discovery.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
09.02.2025 à 09:00
Open Source, l’IA ?
Framasoft
Texte intégral (7401 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 04 juin 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
On parle beaucoup des données d’entraînements de l’IA générative, mais sans exactement comprendre ce que ces données d’entraînement recouvrent. Et pour cause : les grands modèles de l’IA générative ne communiquent pas sur les données d’entraînements qu’ils utilisent et, du fait de la taille de ces jeux de données, la compréhension de leurs failles et limites, est difficile à saisir. Cette semaine, on vous invite à saisir les limites de l’IA dite « open source » en regardant comment ces jeux de données sont utilisés et comment ils agissent.
Mettez votre casque de spéléologue et plongez dans une des grandes bases d’images qui façonnent l’IA, Laion 5B !
Les progrès ultrarapides de l’IA semblent de plus en plus reposer sur l’open source, c’est-à-dire sur le fait que des milliers de personnes participent à sa conception et que les progrès des uns puissent être rapidement assimilés pour renforcer le progrès des autres. L’open source semble même promettre de devenir la principale modalité de régulation des IA, produisant une gouvernance de facto, purement technique, comme s’en inquiétait le chercheur Bilel Benbouzid il y a quelques mois – au risque de dévitaliser toutes les autres modalités de gouvernance disponibles !
Le problème, c’est que cette approche par l’open source relève bien plus d’un mode de collaboration distribué que de la définition canonique de l’open source. Elle repose sur une définition mouvante, changeante, à géométrie variable, estime le journaliste scientifique Edd Gent pour la Technology Review. Chaque acteur semble pouvoir adapter le concept à ses propres besoins et, plus que permettre les contributions d’innombrables acteurs, l’open source semble de plus en plus consolider la domination des principaux acteurs du secteur. Le problème n’est pas les grands principes fondamentaux de l’open source, balisés depuis longtemps, que leurs applications pratiques. La plupart des grands acteurs de l’IA publient leurs modèles en open source, enfin, sur le papier… Car ces modèles sont-ils vraiment en open source ? Llama 2 de Meta et Gemini de Google, sont tous deux publiés avec des licences qui restreignent ce que les utilisateurs peuvent faire avec ces modèles, ce qui est un anathème vis-à-vis des principes de l’open source, qui interdit l’imposition de toute restriction basée sur les cas d’utilisation. Si les modèles sont accessibles et réutilisables, nombre d’informations sur leurs fonctionnements ne le sont pas, comme les données d’entraînements, les poids donnés à ces données ou encore les mesures prises pour atténuer leurs biais ou leurs réponses.
Le concept de l’open source a été conçu pour garantir que les développeurs puissent utiliser, étudier, modifier et partager des logiciels sans restrictions. Mais ces concepts clés ne se traduisent pas parfaitement du logiciel à l’IA, explique Stefano Maffulli de l’Open source initiative (OSI), notamment du fait de la très grande imbrication des systèmes entre eux. L’un des grands obstacles à la publication ouverte est lié aux grands nombres d’ingrédients qui entrent dans la composition des modèles d’IA actuels, qui peuvent aller du code source, à l’accès au modèle entraîné, à ses données d’entraînement, aux codes utilisés pour prétraiter ces données… et plus encore à des traitements provenant d’autres IA. C’est un peu « comme si on avait défini des libertés fondamentales, sans que les mécanismes qui permettent d’exercer ces droits ne soient clairs ». Pour l’instant, l’accès aux modèles d’IA générative alimente l’innovation, mais si les grandes entreprises changent de politique, elles pourraient refermer ces accès et impacter toutes les applications qui reposent sur ces modèles.
Ouvert, fermé, semi-ouvert… mais qu’attend-on de l’IA open source ?
Dans ces accès plus ou moins ouverts, toujours partiels, les données constituent de loin le plus gros point de friction. Toutes les grandes sociétés d’IA ont simplement publié des modèles pré-entraînés, sans donner accès aux ensembles de données sur lesquels ils avaient été formés. Ce qui restreint sérieusement les possibilités de modification et d’étude des modèles et les déqualifie pour être qualifié d’open source.
L’accès à des données de formation de haute qualité et ouvertes constitue à la fois le goulot d’étranglement de la recherche en IA et l’avantage concurrentiel de chaque modèle. Cette conception restrictive de l’open source assure à la fois une forme de bonne réputation et de l’autre, permet à ces entreprises d’économiser des milliards en coûts de développement tout en permettant d’améliorer la qualité de leurs systèmes en développant des écosystèmes puissants autour de leurs solutions, comme le pointaient récemment des économistes de Harvard, à l’image d’Android de Google qui a permis à l’entreprise d’obtenir une position dominante dans le domaine du smartphone. L’open source permet de standardiser très rapidement les développements et facilite l’intégration de nouvelles solutions.
Sarah Myers West, codirectrice de l’AI Now Institute, rappelle que la plupart des projets d’IA open source ne sont pas très ouverts, même si des barrières structurelles plus profondes, notamment en termes de puissance économique des acteurs, de quantité de données ou de puissance de calcul entrent également en compte. Pour la chercheuse, il y a également un manque de clarté sur ce qu’on attend de l’IA open source : est-ce de renforcer la sécurité ? La responsabilité ? De favoriser l’écosystème ? La concurrence ? Ou le monopole des plus grands acteurs ?…
Pour l’OSI, les questions sur l’utilisation ne doivent pas concerner la communauté open source. Pourtant, le débat est bien là. Penser que la technologie est neutre du moment qu’elle est open source alors que ses enjeux, comme l’éthique, sont hors de portée des principes de l’open source, tient du mythe explique Zuzanna Warso, responsable de la recherche à Open Future.
En 2022, des chercheurs ont introduit les licences d’IA responsables (RAIL) qui sont similaires aux licences open source, mais incluent des clauses pouvant restreindre des cas d’utilisation spécifique, explique Danish Contractor qui a œuvré à leur mise en place. 28 % des modèles d’IA open source utiliseraient les licences RAIL. La licence Google attachée à Gemmi énumère également des cas d’utilisation interdits. Le Allen Institute for AI a développé des licences ImpACT qui restreignent la redistribution des modèles et des données en fonction de leurs risques potentiels… Avec le danger que la multiplication de licences spécifiques génèrent des systèmes incompatibles entre eux et freinent l’ouverture actuelle…
Le débat n’est pas sans rappeler celui sur la démultiplication des licences libres qu’on avait évoquées il y a quelques années, qui interrogeait déjà l’éthique comme l’économie du libre.
Suite à un atelier sur la responsabilité des modèles ouverts, un récent travail d’un aréopage de chercheurs s’est penché sur l’impact social de l’ouverture des modèles de fondation. Selon ces chercheurs, les risques liés à l’utilisation de ces modèles proviennent principalement du fait que les développeurs abandonnent le contrôle sur qui peut les utiliser lorsqu’ils sont publiés en open source. Ils proposent de les analyser selon une grille des risques potentiels et invitent leurs développeurs à clarifier les responsabilités entre les développeurs et les utilisateurs de ces modèles et les régulateurs à accélérer sur l’évaluation des risques.
Le risque, à défaut de publier leurs données d’entraînements, c’est que les règles de fonctionnement se démultiplient selon les outils, selon des modalités plus translucides que transparentes, à l’image d’OpenAI, qui a dévoilé récemment certaines des règles de fonctionnement de son chatbot qui tiennent plus de règles de comportements pour ceux qui l’utilisent comme pour le chatbot… Par exemple, afin qu’il ne donne pas de solutions toutes faites, mais guide l’utilisateur pour l’inciter à les trouver lui-même. Bref, l’enjeu de l’open source se brouille à mesure que celle-ci devient de plus en plus une modalité de publication en clair-obscur qu’une assurance de transparence totale et entière.
Le nœud gordien des données d’entraînement
L’enjeu de l’ouverture des données d’entraînement semble rester au cœur du problème, car tant qu’on ne sait pas sur quoi s’entraînent les modèles, difficile de saisir leurs lacunes.
Si aucun modèle d’IA n’a pour l’instant listé précisément depuis quelles données leurs modèles sont formés, l’on sait qu’une importante ressource pour plusieurs d’entre eux (notamment pour Google et Meta) repose sur Common Crawl, un répertoire de données géant qui se présente comme « libre et ouvert ». Le problème, c’est que nombre de contenus de Common Crawl ne sont ni libres ni ouverts, mais scrappés, aspirés depuis l’internet sans avoir obtenu le consentement des acteurs qui les ont produits. Dans cet immense répertoire du web, on trouve à la fois Wikipédia, de grands sites de presse ou des livres piratés… Si le droit d’auteur n’y est pas respecté, c’est parce que sous couvert du « fair use » américain – cet usage raisonnable des contenus soumis au droit d’auteur – le droit d’auteur comporte des exceptions, comme celui de pouvoir utiliser des contenus sous droits pour en produire autre chose mais sans y donner accès… Ce qui laisse à penser que, pour l’instant, le droit d’auteur n’est pas vraiment un obstacle au déploiement l’IA. C’est cet « usage raisonnable » que les éditeurs d’IA mobilisent pour capter des contenus sur lesquels ils n’ont pas les droits, même si on constate désormais que pour se prémunir et s’assurer de résultats à jour, les acteurs de l’IA générative se mettent à proposer des compensations financières aux éditeurs de presse, notamment, pour accéder à des contenus à jour et de qualité, permettant d’améliorer les réponses de leurs IA.
Dans une enquête approfondie sur Common Crawl, la fondation Mozilla rappelle que ce scrapping d’internet est né en 2007 avec pour ambition de mettre à disposition un immense répertoire comme seules les grandes entreprises du net avaient alors accès. Le but de Common Crawl n’était pas de produire une IA responsable, mais simplement de fournir des données massives. Ainsi, Common Crawl ne supprime pas les discours de haine qu’il amasse, ni les contenus sous droits… Il moissonne sans aucune autre préoccupation. Common Crawl ne contient ni l’intégralité du web ni même un échantillon « représentatif » de celui-ci. Sa couverture linguistique est très anglophone et un nombre croissant de domaines refusent désormais leur indexation (comme Facebook ou le New York Times, même si on trouve des versions anciennes du New York Times dans Common Crawl). Si on cherche à l’utiliser comme source pour former une IA générative, Common Crawl doit être utilisé avec prudence et beaucoup utilisent des versions filtrées ou produisent des filtres – trop souvent simplistes… Pour Mozilla, Common Crawl devrait pourtant travailler à mieux mettre en évidence les limites et biais de sa base. Mozilla invite d’ailleurs les créateurs d’IA à travailler plus ouvertement sur les questions de filtrages de données qui se font trop souvent à la serpe.

« Des données d’entraînements pour le prix d’un sandwich », l’analyse de l’impact de Common Crawl par Mozilla.
Comme le montrent les limites de Common Crawl, l’enjeu à produire un répertoire de données d’entraînement libre et ouvert reste entier. Le lancement récent de Common Corpus, un corpus de textes pour l’IA relevant entièrement du domaine public, coordonné par la startup française Pleias, apporte enfin une base de données d’entraînement responsable, rapporte Wired. Certes, le modèle ne donne pas accès à des contenus récents puisque ses contenus de sources libres de droit, mais cela pourra être ajouté par des accords de gré à gré avec des éditeurs, voire des accords de gestion collective avec des représentants de la presse ou de l’édition.
La question de la transparence des données d’entraînement progresse donc… à petit pas, sans que le législateur ne se soit hélas saisi de cette demande récurrente pour l’imposer. Mais même en imposant la transparence des données d’entraînement, il faut comprendre que ce qu’elles représentent n’est pas si simple à faire parler.
Comprendre les limites des données d’entraînement : l’exemple de Laion-5B
Le programmeur et data journalist Christo Buschek et l’artiste Jer Thorp ont publié une analyse dans une forme très visuelle de l’un des jeux d’entraînement phare de l’IA générative : la base d’images Laion-5B. Laion-5B est un très grand ensemble (5B signifie 5 billions c’est-à-dire 5 milliards) open source d’images légendées de texte extraits d’Internet, conçu pour les grands modèles d’IA. Il a été publié en 2022 par Laion, une organisation allemande à but non lucratif. Midjourney et Stable Diffusion, deux des grands modèles de l’IA générative d’images, sont, par exemple, en partie entraînés sur Laion-5B (même si on ne connaît pas toutes les sources de leurs données d’entraînement) et les contenus qui forment Laion-5B sont en partie extraits de Common Crawl.
La base d’image de Laion-5B contient donc des images en provenance du web, mais certains sites web y sont plus représentés que d’autres. C’est le cas de Pinterest par exemple, qui propose 155 millions d’images (avec leurs légendes), soit environ 1/40e des contenus de la base. 140 millions d’images (2,4 %) viennent de Shopify, la plateforme pour créer des sites de commerce en ligne. 72 millions viennent de SlidePlayer, une plateforme de partage de présentations PowerPoint. Si ces sites sont très représentés dans Laion, c’est parce qu’ils hébergent beaucoup d’images et également parce que leurs images sont souvent décrites, via des légendes ou la balise ALT, une balise de description des images initiée pour améliorer l’accessibilité des sites web en permettant d’avoir une description de celles-ci pour ceux qui ne peuvent pas les voir. On estime que moins de 40 % des images sur le web ont cette balise renseignée, mais pour ces 3 sites, le pourcentage est bien plus élevé (SlidePlayer ajoute des balises ALT en utilisant les textes des présentations, Pinterest pousse ses utilisateurs à renseigner leurs images pour gérer leurs collections et sur Shopify, les vendeurs les renseignent pour améliorer leur référencement). Reste que ces descriptions n’en sont pas toujours, on le comprend avec l’exemple de SlidePlayer qui automatise une description d’image avec du texte qui ne lui correspond pas nécessairement. « La balise ALT décrit bien plus ce que le propriétaire du site veut que l’algorithme lise de son image que ce que les humains y voient », soulignent Buschek et Thorp. Par exemple, dans Shopify, la description d’une image de lunettes va avoir tendance à décrire le produit, plus que la personne qui les porte. Au final, ces descriptions contiennent peu d’informations sur la façon dont les humains voient le monde et bien plus sur la façon dont les moteurs de recherche voient le monde. Il s’agit d’ensembles de données fortement façonnés par les logiques commerciales.

Le texte de la balise ALT qui décrit l’image de gauche extraite d’un magasin de Shopify ne décrit pas vraiment l’image… Il balise uniquement le produit « Lunettes de soleil en forme de cœur, maillots de bain Chynna Dolls ». Image extraite de l’analyse de Laion par Christo Buschek et Jer Thorp.
Un élément clé de la construction de LAION-5B consiste à sélectionner des images et des légendes associées dans Common Crawl, ou l’attribut ALT correspondrait le plus au contenu de l’image. Pour cela, les développeurs de Laion ont utilisé un réseau neuronal d’OpenAI, CLIP, qui permet d’obtenir un score de similarité entre l’image et sa balise – ce score de similarité étant lui-même produit depuis une comparaison avec des images légendées d’ImageNet, un des projets fondateurs de l’IA.
Rappelons qu’ImageNet initié dès 2006 par celle devenue la responsable de l’IA à Stanford, la professeure Fei-Fei Li, a été la première grande base de données d’images labellisées par des travailleurs du clic grâce à l’utilisation du Mechanical Turk d’Amazon, selon des catégorisations réductionnistes et problématiques, comme le dénonçait la chercheuse Kate Crawfordmontrant que les descriptions d’images regorgeaient de stéréotypes et d’absurdités.
Buschek et Thorp ont alors regardé les images exclues et incluses par Laion. Visiblement la similarité est forte quand il y a un texte dans l’image qui correspond à la balise (comme pour l’image d’un panneau « stop » avec une balise de texte correspondant). Comme souvent dans les distributions, les scores de similarité sont très inégalement répartis et un petit changement dans la limite de similarité basse choisie par Laion pour incorporer ou non des images conduit à ajouter ou supprimer des centaines de millions d’images. Dans ce score de similarité entre le texte et l’image, l’essentiel des images ont en fait une assez mauvaise note. Très peu d’images obtiennent un score au-dessus de 0,5 (sur un score allant de -1 à 1) : cela n’arrive que pour 22 645 images sur 5,85 milliards ! Les taux de similarité retenus semblent surtout l’avoir été pour donner de l’ampleur à la base, plus que pour s’assurer de la qualité des descriptions. Laion reste un jeu de données purement construit pour l’IA générative, massif plus que de qualité. Les balises descriptives des images demeurent donc souvent de très mauvaise qualité, comme si l’important était surtout que la balise ALT contienne du texte.
Ce que montrent ces exemples en tout cas, c’est le rôle majeur de l’intrication des modèles entre eux : Laion est lui-même créé sur des modèles qui ne sont ni ouverts ni inspectables, comme le langage detector de Google (qui permet de détecter la langue d’un texte) ou le Clip d’OpenAI. « Les omissions, les biais et les angles morts de ces modèles et ensembles de formation empilés façonnent tous les nouveaux modèles et nouveaux ensembles de formation qui en résultent. » « Il y a des modèles au-dessus des modèles et des ensembles de formation au-dessus des ensembles de formations », expliquent les chercheurs. Les biais et défaillances de chacun s’y imbriquent en cascades.
Les deux chercheurs ont bien sûr observé les données de Laion-5B. Le problème, c’est que Laion-5B n’existe pas : c’est un gigantesque ensemble d’entraînement qui se décompose en plusieurs sous-ensembles. Il y a un sous-ensemble où le texte a été identifié algorithmiquement grâce au modèle de détection de la langue de Google comme de l’anglais, qui contient 2,3 milliards de paires images-textes. Un autre de 2,6 milliards qui contient du texte autre que l’anglais, et un dernier de 1,27 milliards d’images ou la langue n’a pas pu être détectée. Les images par langues sont donc peu représentatives de la population qui la parle. Mais quand on regarde des ensembles de données sur certaines langues, on se rend compte que l’étiquetage n’est pas toujours dans la langue spécifiée et que bien souvent, les textes sensés être dans une autre langue sont en fait en anglais… En fait, la détection de langue sur quelques mots peut avoir bien des ratés, et visiblement, les 3 grands ensembles de Laion-5B en regorgent. Bien souvent, les balises ALT ne sont en effet renseignées que de quelques mots que les systèmes de détection de langue peinent à classer.
Laion a créé d’autres sous-ensembles d’association images-textes spécifiques. C’est le cas de Laion-Aesthetics, un ensemble d’images dites de « haute qualité visuelle ». Midjourney et Stable Diffusion utilisent un résultat affiné de ce sous-ensemble pour générer une image. Ce modèle a été créé depuis 3 sources : 15 000 images de logos ainsi que 2 ensembles d’images jugées visuellement attrayantes par des humains. 238 000 images proviennent d’images de synthèses produites par des IA génératives et notées par des communautés d’utilisateurs qui les échangent sur Discord et rassemble les images les mieux notées. Un forum Discord où les utilisateurs sont majoritairement occidentaux, instruits et fortunés ce qui fait que leur appréciation n’est pas sans biais. Un dernier ensemble de données provient du site dpchallenge.com, un forum de concours de photos, où là aussi une poignée d’évaluateurs notent les images que les participants, surtout américains, s’échangent. A l’aide de ces images, les développeurs de Laion ont produit un modèle qui produit un score esthétique des images qui permet d’améliorer l’esthétique des images générées. Une autre vérité est ainsi révélée : « Les concepts de ce qui est et de ce qui n’est pas visuellement attrayant peuvent être influencés de manière démesurée par les goûts d’un très petit groupe d’individus et par les processus choisis par les créateurs d’ensembles de données pour organiser les ensembles de données ». « Le tout petit façonne le géant », résument les chercheurs, pour dire que l’avis d’une poignée de participants à un forum obscur joue un rôle majeur dans le développement esthétique de l’IA générative ! L’esthétique de l’IA générative dépend donc de trois ploucs du Midwest qui façonnent le design du futur !
Comme l’expliquent les chercheurs, les faiblesses de Laion qu’ils mettent à jour sont visibles parce que Laion publie ses données en open source. Non seulement les modèles comportent d’innombrables biais, mais, on le comprend, l’écosystème repose sur des biais structurels que la « curation statistique amplifie ». En décembre, des chercheurs de l’Observatoire internet de Stanford ont identifié plus de 3000 images sous la catégorie abus sexuel sur enfants dans Laion-5B. Depuis, Laion-5B n’est plus disponible au téléchargement et les développeurs disent travailler à résoudre le problème. Cela n’empêche pas que d’innombrables copies soient disponibles.
Cet exemple permet de saisir plusieurs limites et problèmes de l’IA. La forte intrication des biais des modèles qui s’alimentent les uns les autres. La très faible qualité des modèles, qui tient surtout de qualités statistiques globales, assez fragiles. Et enfin, le fait que l’open source ne garantit rien de particulier, si ce n’est la disponibilité des jeux de données. Le caractère open source de Laion-5B ne permet finalement que d’entrapercevoir les problèmes que tous les jeux d’entraînement non ouverts invisibilisent.
La qualité plutôt que la quantité ?
L’analyse de Buschek et Thorp entre dans le cadre du programme de recherche Knowing Machines, – piloté par Kate Crawford, l’auteure de l’excellent Contre-Atlas de l’intelligence artificielle – qui vise à développer des méthodologies et des outils critiques pour analyser les données d’entraînement et de formation des modèles de l’apprentissage automatique.
Parmi les très riches contributions qu’on trouve sur Knowing Machines, signalons par exemple une rapide étude qui s’est intéressée au droit d’auteur dans Laion en regardant le matériel copyrighté dans la base de données et montre que la question est très mal traitée, notamment parce que nombre d’images peuvent être labellisées par un copyright faussement attribué, comme quand le fournisseur d’une image numérique s’attribue une œuvre du domaine publique. « Il ne fait aucun doute que de nombreuses images de Laion sont protégées par le droit d’auteur. Mais répondre à la question de savoir exactement quelles images et dans quelle mesure leur utilisation constitue une violation s’avère plus compliqué, en particulier lorsque les informations de droit d’auteur sur les images sont manquantes, obsolètes ou erronées », ce qui est généralement et globalement le cas.
Dans Knowing Machines on trouve également une passionnante enquête sur les créateurs de jeux de données, une autre sur la constitution d’une base de données d’images très spécifique mais de haute qualité, celles résultantes de l’observation des oiseaux, où les bases de données se construisent en opposition à la logique extractiviste du Big data, proche des riches réflexions du Féminisme des données. On y trouve également un ensemble de réflexions sur les enjeux juridiques de l’IA.
Mais surtout, Kate Crawford y signe une très intéressante mise en perspective. Elle rappelle que ces dernières années, le déploiement de l’IA s’est construit sur des données de plus en plus massives. Les données de formation et d’entraînement des modèles sont passées d’une échelle relativement petite à des ensembles massifs, à peu près aveugles à toute curation. En 2003, la base Caltech 101 comptait moins de 10 000 images. En 2010, ImageNet approchait les 14 millions d’images. En 2022, Laion-5B compte plus de 5 milliards d’images récupérées sur le Web, avec leurs légendes de texte correspondantes. En avril 2023, CommonPool de Laion a été lancé avec 12,8 milliards de paires image-texte. Nous arrivons à un point où l’ensemble du territoire d’Internet est devenu la carte de l’IA.
« Il existe une idée fausse largement répandue selon laquelle tout cela fonctionne bien, et par conséquent, comprendre ce que contiennent les données d’entraînement n’a pas d’importance », rappelle Crawford. Et en effet, la puissance des outils de génération de textes ou d’images fait toujours l’impasse sur leurs lacunes et leurs défaillances, comme si elles tenaient du bug plutôt que de la fonctionnalité. Nous sommes dans un moment où, dans la course à la production, seule la taille compte. Toutes les autres considérations et problèmes liés aux données d’entraînement, ce qu’elles représentent et comment elles représentent le monde, sont passées sous silence.
Or, prévient Crawford, les données de formation comptent plus que jamais. « Elles déterminent les limites du connu et de l’inconnu ». « Elles codent les visions du monde ». Il est donc essentiel de comprendre comment les données sont utilisées dans ces systèmes. Or, l’accent mis sur l’échelle et l’inattention au contexte conduit à créer un « jeu d’ingénieurs », où l’enjeu ne consiste qu’à produire de nouveaux modèles sur la base du plus grand nombre de données possibles. Peu importe d’où elles proviennent, de quoi il s’agit ou qui les ont assemblés et pourquoi ! Les résultats de cette course conduisent à produire des stéréotypes raciaux, de genre ou de classe profondément inscrits dans ces machines, dont il n’est pas sûr qu’on puisse s’extraire.
Pourtant, malgré les exemples qui s’accumulent… tout le monde continue de détourner le regard, comme si ces biais n’étaient pas importants. Or, à mesure qu’elle est rendue productive, l’IA générative se révèle bien plus biaisée que nous le sommes. Elle accentue et déforme nos stéréotypes au risque d’entraver tout progrès dans les représentations, comme le pointait une enquête de Bloomberg qui montrait comment Stable Diffusion amplifiait les stéréotypes de race et de genre. Comme le pointait Algorithm Watch, si certains générateurs d’images produisent des stéréotypes plus problématiques que d’autres, tous échouent en matière de diversité. Une enquête du Washington Post de novembre, montrait quant à elle que quand ces systèmes sont invités par exemple à illustrer des bénéficiaires de services sociaux, ils représentent massivement des personnes de couleurs alors qu’en fait, aux États-Unis, 63 % des bénéficiaires des services sociaux sont blancs (contre seulement 27 % de noirs). Pire, comme le montrait une étude sur le classement des images dans les grands modèles de l’IA générative, plus les modèles augmentent en taille, plus l’essentialisation raciste est exacerbée.
Bien sûr, l’enjeu consiste alors à corriger ces effets, comme a tenté de le faire Google avec Gemini. Mais en insérant des correctifs invisibles aux prompts pour qu’ils introduisent de la diversité, Gemini s’est pris les pieds dans les polémiques, en étant accusé de produire des images de papes, de vikings ou de pères fondateurs de l’Amérique noirs. Les IA génératives sont par nature sujettes aux stéréotypes puisqu’elles doivent générer des images les plus communément associées à un mot, selon les représentations largement importées de données américaines et européennes.
Dans The Atlantic, Chris Gilliard estime que l’IA générative n’est pas conçue pour refléter la réalité. Il rappelle également que ces problèmes de déformations de la réalité ne datent pas des IA génératives, mais sont plus anciens. Safiya Noble dans son livre, Algorithms of Oppression avait déjà montré que les programmes de ciblages publicitaires avaient des effets à grande échelle sur certaines communautés plutôt que d’autres. Voilà longtemps que l’on a compris que les systèmes techniques reproduisaient et perpétuaient les préjugés racistes. Ces problèmes n’ont jamais été résolus, mais bien plutôt occultés, comme quand, en 2015, Google a ôté l’étiquette gorille de sa base d’image parce qu’elle avait étiqueté ainsi une photo de personnes de couleurs. Par précaution, près de 10 ans plus tard, on ne peut toujours pas chercher de gorilles sur Google Photo !
« Des représentations de nazis noirs et l’étiquetage raciste des personnes noires sont les deux faces d’une même médaille », explique Gillard. Les résultats racistes de l’IA sont le plus souvent attribués à de mauvaises données et au manque de données suffisamment diversifiées. De l’autre côté, l’extrême droite critique l’IA parce qu’elle serait trop corrigée, « lobotomisée », c’est-à-dire corrigée pour paraître plus universaliste qu’elle n’est. Pour Gillard, nous tourner vers l’IA générative pour obtenir une représentation est une illusion où s’immisce une machinerie qui écrase la réalité et la reconstitue sous des formes qui ne peuvent pas en être.
Mais le problème est assurément plus profond. Une récente étude menée par Valentin Hofmann montrait par exemple que selon la manière dont on leur parle, les grands modèles de langage ne font pas les mêmes réponses. Si on utilise des variantes d’anglais afro-américain par exemple, les réponses de l’IA générative sont bien plus négatives que si on utilise un anglais plus châtié ! Elles attribuent des emplois moins prestigieux à ces locuteurs, ou condamnent à des peines plus lourdes des personnes qui parlent l’afro-américain si les IA sont amenées à juger quelqu’un depuis les mots qu’ils prononcent. L’augmentation de la taille des modèles leur permet de mieux comprendre l’anglais afro-américain et d’être plus attentifs aux préjugés explicites, mais pas aux préjugés dialectaux. Au contraire, c’est comme si on exacerbait l’écart entre stéréotypes cachés et manifestes et qu’on apprenait aux LLM à dissimuler superficiellement le racisme qu’ils entretiennent à un niveau plus profond, comme l’a fait, visuellement, Gemini. Au final, les modèles linguistiques renforcent les préjugés des stéréotypes raciolinguistiques. Mais surtout, prévient le chercheur, les utilisateurs confondent la diminution des préjugés manifestes avec le signe que le racisme des LLM serait résolu. Il est probable que les préjugés dialectaux s’étendent à mesure que les modèles saisissent mieux les différences d’expressions. Cet effet est très bien mis en avant par un test récemment publié par Bloomberg utilisant ChatGPT. Le testing était particulièrement simple. Les journalistes ont demandé à ChatGPT de classer des CV dont le seul élément qui changeait était le nom des personnes. Sans surprise, les CV avec des noms à consonance afro-américaine étaient à chaque fois les plus mal classés !
Ces exemples nous permettent d’identifier une autre grande lacune du manque d’ouverture des modèles. Non seulement ils ne publient pas leurs données d’entrainements, mais ils ne documentent pas non plus les corrections qu’ils produisent et donc nous empêchent de comprendre les limites de ces corrections. En empêchant certaines commandes (les prompts !) ou en les corrigeant par devers l’action de l’utilisateur, comme l’a fait Gemini avec ses correctifs invisibles, ils rendent assurément l’amélioration des modèles plus difficile. Et ce d’autant que bien des corrections introduites sont très souvent frustres, comme l’expliquait la chercheuse Ksenia Ermoshina en observant le filtrage et la censure des IA génératives d’images russes. Bien souvent, ces mesures de corrections et de filtrages restent bricolées, très perfectibles, à l’image de la disparition du terme gorille de Google Photo. Et c’est un endroit où l’on aurait certainement un grand besoin de travaux communs et partagés.
Kate Crawford et Trevor Paglen avaient mis en place l’ImageNet Roulette (le projet n’est plus disponible) pour permettre aux gens de voir les problèmes que produisaient les logiques de classification, ces balises accolées aux images pour les décrire. Étudier les données pour saisir les idéologies qu’elles portent, leurs points de vue, les préjudices qu’elles incarnent et concentrent et que les systèmes d’IA reproduisent est devenu primordial. Pour Crawford, il faut développer de nouvelles méthodes d’enquêtes et de productions. C’est tout l’enjeu du programme Knowing Machines qu’elle a lancé.
Reste que la question de savoir quelles sont les données utilisées, comment sont-elles pondérées et filtrées – des enjeux rappelés par tous les chercheurs qui œuvrent à l’éthique des systèmes – doivent encore beaucoup progresser pour dépasser des modèles bien plus translucides que transparents et s’assurer de leur responsabilité. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas en mettant ces problèmes sous le tapis de l’efficacité des calculs qu’on résoudra les défaillances massives des machines à amplifier les biais que nous sommes en train de construire. Au contraire. La question de rendre disponible les données d’entraînements des modèles, de discuter des modalités de correction et de l’imbrication des calculs reste un enjeu majeur dont le régulateur devrait se saisir. Nous n’en sommes pas encore là, hélas.
07.02.2025 à 16:00
Framasoft rejoint HIATUS, la coalition critique de l’IA
Framasoft
Texte intégral (1949 mots)
Le sujet de l’intelligence artificielle est omniprésent dans les discours médiatiques et politiques. Et il serait difficile de nier que ses impacts sur nos vies n’ont, eux, rien d’artificiels. Qu’il s’agisse d’écologie, de surveillance, d’économie, de santé, d’éducation, de médias, de politique étrangère, ou bien évidemment d’informatique, l’IA percute de plein fouet tous ces sujets, au nom de… au nom de quoi, en fait ?
À Framasoft, nous sommes soucieuses et soucieux de ne pas réduire la « lutte contre l’IA » à une simple lutte contre une technologie. C’est pourquoi nous annoncions en décembre dernier à la fois le site Framamia afin de partager avec vous nos clés de compréhension critiques autour de l’IA, mais aussi le prototype d’une application smartphone, Lokas, avec pour objectif de ne pas camper une position exclusivement intellectuelle, et apporter une contribution « manipulable » afin d’élargir le champ des questions concrètes auxquelles les utilisateur⋅ices de l’IA peuvent se retrouver confrontées.
Car aucune technologie n’est neutre, évidemment. Et l’IA non seulement n’échappe pas à cette règle, mais sert souvent de bouc-émissaire technique, détournant notre regard du véritable problème : le mobile qui anime les entreprises et les gouvernements qui ont tout intérêt à nous imposer cette technologie.
Car au fond, ce n’est pas l’IA que nous détestons ici, c’est le capitalisme débridé qui l’anime, telle une marionnette.
C’est pourquoi Framasoft a participé à la rédaction du manifeste fondateur de « Hiatus », une coalition composée d’une diversité d’organisations de la société civile française qui entendent résister au déploiement massif et généralisé de l’intelligence artificielle.
« L’IA contre les droits humains, sociaux et environnementaux »
Tout concourt à ériger le déploiement massif de l’intelligence artificielle en priorité politique. Prolongeant les discours qui ont accompagné l’informatisation depuis plus d’un demi-siècle, les promesses abondent pour conférer à l’IA des vertus révolutionnaires et imposer l’idée que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nécessairement vecteur de progrès. C’est donc l’ensemble de la société qui est sommée de s’adapter pour se mettre à la page de ce nouveau mot d’ordre industriel et technocratique. Partout dans les services publics, l’IA est ainsi amenée à proliférer au prix d’une dépendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les managers appellent à recourir à l’IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commodité et d’une course insensée à la productivité, nous sommes poussés à l’adopter.
Pourtant, sans préjuger de certaines applications spécifiques et de la possibilité qu’elles puissent effectivement répondre à l’intérêt général, comment ignorer que ces innovations ont été rendues possible par une formidable accumulation de données, de capitaux et de ressources sous l’égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour être menées à bien, elles requièrent notamment de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de données, avec une intensification de l’extraction de matières premières, de l’usage des ressources en eau et en énergie ?
Comment ne pas voir qu’en tant que paradigme industriel, l’IA a d’ores et déjà des conséquences désastreuses ? Qu’en pratique, elle se traduit par l’intensification de l’exploitation des travailleurs et travailleuses qui participent au développement et à la maintenance de ses infrastructures, notamment dans les pays du Sud global où elle prolonge des dynamiques néo-coloniales ? Qu’en aval, elle est le plus souvent imposée sans réelle prise en compte de ses impacts délétères sur les droits humains et l’exacerbation des discriminations telles que celles fondées sur le genre, la classe ou la race ? Que de l’agriculture aux métiers artistiques en passant par bien d’autres secteurs professionnels, elle amplifie le processus de déqualification et de dépossession vis-à-vis de l’outil de travail, tout en renforçant le contrôle managérial ? Que dans l’action publique, elle agit en symbiose avec les politiques d’austérité qui sapent la justice socio-économique ? Que la délégation croissante de fonctions sociales cruciales à des systèmes d’IA, par exemple dans le domaine de la santé ou l’éducation, risque d’avoir des conséquences anthropologiques, sanitaires et sociales majeures sur lesquelles nous n’avons aujourd’hui aucun recul ?
Or, au lieu d’affronter ces problèmes, les politiques publiques menées aujourd’hui en France et en Europe semblent essentiellement conçues pour conforter la fuite en avant de l’intelligence artificielle. C’est notamment le cas de l’AI Act adopté par l’Union européenne et présenté comme une réglementation efficace alors qu’elle cherche en réalité à promouvoir un marché en plein essor. Pour justifier cet aveuglement et faire taire les critiques, c’est l’argument de la compétition géopolitique qui est le plus souvent mobilisé. À longueur de rapports, l’IA apparaît ainsi comme le marchepied d’un nouveau cycle d’expansion capitaliste, et l’on propose d’inonder le secteur d’argent public pour permettre à l’Europe de se maintenir dans la course face aux États-Unis et à la Chine.
Ces politiques sont absurdes, puisque tout laisse à penser que le retard de l’Europe dans ce domaine ne pourra pas être rattrapé, et que cette course est donc perdue d’avance. Surtout, elles sont dangereuses dans la mesure où, loin de constituer la technologie salvatrice souvent mise en avant, l’IA accélère au contraire le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs. Elle est de plus en plus ouvertement mise au service de projets autoritaires et impérialistes. Non seulement le paradigme actuel nous enferme dans une course technologique insoutenable, mais il nous empêche aussi d’inventer des politiques émancipatrices en phase avec les enjeux écologiques.
La prolifération de l’IA a beau être présentée comme inéluctable, nous ne voulons pas nous résigner. Contre la stratégie du fait accompli, contre les multiples impensés qui imposent et légitiment son déploiement, nous exigeons une maîtrise démocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.
Premiers signataires :
- Annick Hordille, membre du Nuage était sous nos pieds
- Baptiste Hicse, membre de Stop Micro
- Camille Dupuis-Morizeau, membre du conseil d’administration de Framasoft
- David Maenda Kithoko, président de Génération Lumière
- Denis Nicolier, co-animateur de Halte au contrôle numérique
- Emmanuel Charles, co-président de ritimo
- Éléonore Delatouche, fondatrice de Intérêt à agir
- Judith Allenbach, présidente du Syndicat de la Magistrature
- Judith Krivine, présidente du Syndicat des avocats de France (SAF)
- Julie Le Mazier, co-secrétaire nationale de l’Union syndicale Solidaires
- Julien Lefèvre, membre de Scientifiques en rébellion
- Marc Chénais, directeur de L’Atelier Paysan
- Nathalie Tehio, présidente de la LDH (Ligue des droits de l’Homme)
- Olivier Petitjean, co-fondateur de L’Observatoire des multinationales
- Raquel Radaut, porte-parole de La Quadrature du Net
- Sandra Cossart, directrice de Sherpa
- Soizic Pénicaud, membre de Féministes contre le cyberharcèlement
- Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES-FSU
- Stéphen Kerckhove, directeur général d’Agir pour l’environnement
- Thomas Thibault, président du Mouton Numérique
- Vincent Drezet, porte parole d’Attac France
- Yves Mary, cofondateur et délégué général de Lève les yeux
Liste complète des organisations premières signataires à retrouver sur : https://hiatus.ooo
03.02.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 3 février 2025
Khrys
Texte intégral (12469 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Brave New World
- Le plus grand iceberg du monde se rapproche de l’île de la Géorgie du Sud (reporterre.net)
- Le plus grand iceberg du monde s’est fracturé pour la première fois (huffingtonpost.fr)
Un fragment de près de 79 km² s’est détaché de l’iceberg géant A23a, qui dérive depuis l’Antarctique vers la Géorgie du Sud.
- En Nouvelle-Zélande, le mont Taranaki est officiellement considéré comme une personne (huffingtonpost.fr)
Le parlement de Nouvelle-Zélande a officiellement voté, jeudi 30 janvier, la reconnaissance du mont Tarakani comme une personne morale, lui redonnant par la même occasion son nom d’origine à la place de celui qui lui avait été attribué lors de la colonisation britannique. Un geste destiné à réparer les dommages causés à la population Maori.
- India vehicle scrapping policy falters—loopholes, car graveyards (theprint.in)
- Les grandes marques de prêt-à-porter enfoncent les ouvriers du Bangladesh dans la crise (multinationales.org)
Après un mouvement social massif il y a un an pour des augmentations de salaires, et après la révolte de l’été 2024 qui a conduit au départ de la Première ministre en place, l’industrie textile du Bangladesh sort difficilement de la crise. Quant aux ouvriers et aux ouvrières du secteur, ils ne voient pas leur condition s’améliorer et restent vulnérables à la répression
- Thailand makes hormone therapy free for trans people just after legalizing marriage equality (lgbtqnation.com)
- Chatbot DeepSeek : l’affront chinois au dogme américain (liberation.fr)
- Avec l’apprentissage par renforcement, le LLM open source DeepSeek-R1 correspondrait à o1 d’OpenAI pour 95 % moins cher. (developpez.com)
- DeepSeek just flipped the AI script in favor of open-source—and the irony for OpenAI and Anthropic is brutal (fortune.com)
- Is Deepseek the start of an assault on the whole of US capitalism ? (taxresearch.org.uk)
The US tech market is in shock and meltdown because a Chinese company called Deepseek has shown it can do what Silicon Valley does, only better, cheaper and on an open-source basis, which drives a stake through the protectionist heart of US capitalism. Are the Tech Bros’ days over ?
- DeepSeek : fuite de données massive et questionnements légaux (next.ink) – voir aussi DeepSeek’s chat histories and internal data were publicly exposed (arstechnica.com)
An analytical ClickHouse database tied to DeepSeek, “completely open and unauthenticated,” contained more than 1 million instances of “chat history, backend data, and sensitive information, including log streams, API secrets, and operational details”
- The questions the Chinese government doesn’t want DeepSeek AI to answer (arstechnica.com)
- Le géant chinois Alibaba affirme avoir développé sa propre IA, qui surpasserait ChatGPT et DeepSeek (korii.slate.fr)
- The people who live where nickel is mined (news-decoder.com)
In remote villages live some of the last nomadic tribes in Indonesia.[…] Indonesia’s nickel reserves now account for 42.3 % of the world’s total reserves. Nickel has become a valuable commodity as it is essential to the production of electric cars. But nickel ore in Indonesia is often found in shallow deposits, which can only be extracted when the existing forests have been cut down.
- En Russie, le web est-il en train de disparaître ? L’accès à plus de 400 000 sites a été bloqué en 2024 – soit cinq fois plus qu’en 2022 (legrandcontinent.eu)
- Tesla : après les propos d’Elon Musk sur le nazisme, la Pologne appelle à boycotter ses voitures (liberation.fr)
Lors d’un meeting de la formation d’extrême droite AfD ce week-end, l’homme le plus riche du monde a estimé que l’Allemagne devrait « dépasser » son histoire nazie. De quoi susciter la colère de Varsovie.
- Au Danemark, du vomi fossilisé retrouvé après 66 millions d’années (liberation.fr)
Un morceau de vomi fossilisé vieux de 66 millions d’années a été découvert au Danemark, a annoncé ce lundi 27 janvier le musée du Sjaelland oriental, au sud de Copenhague. Cette gerbe est un trésor paléontologique.
- Madagascar : des eurodéputé·es s’inquiètent que le FMI finance des projets « dévastateurs » pour l’environnement (rfi.fr)
- Les « minerais de sang » du numérique, clé de la guerre en RDC (reporterre.net)
Au Congo, le mouvement armé M23 soutenu par le Rwanda s’est emparé de la ville de Goma, capitale d’une province riche en minerais stratégiques. Indispensables aux smartphones, ils alimentent ce conflit meurtrier et écocidaire.
- La colère monte au Sénégal contre Eramet et ses activités minières (multinationales.org)
Le groupe français Eramet extrait du zircon et d’autres minéraux à usage industriel sur la côte du Sénégal, détruisant au passage des écosystèmes uniques et provoquant la colère des riverains […] Le zircon, en particulier, est hautement stratégique car il est utilisé dans la construction des réacteurs nucléaires ainsi que des sarcophages censés isoler les déchets radioactifs.
- La CNIL italienne vise DeepSeek (next.ink)
- Espagne : avec 27 degrés, la ville de Valence a battu son record de chaleur pour un mois de janvier (liberation.fr)
Peu avant 14 heures ce lundi 27 janvier, la température a grimpé jusqu’à 26,9 degrés dans la ville espagnole. Un record depuis 1869, date à laquelle les relevés ont débuté.
- Un conseil municipal britannique vend ses actifs pour financer un projet ERP Oracle de 40 millions de livres qui ne devait lui coûter à l’origine que 2,6 millions de livres (developpez.com)
- L’UE impose aux médias sociaux un test de résistance sur la désinformation : Microsoft LinkedIn, Facebook, Instagram, Google, Snap, TikTok et X seront testés sur le respect du règlement DSA (developpez.com)
- US Cloud soon illegal ? Trump punches first hole in EU-US Data Deal (noyb.eu)
Since the Snowden disclosures we know that the US engages in mass surveillance of EU users by scooping up personal data from US Big Tech. The “Privacy and Civil Liberties Oversight Board” (PCLOB) is the key US oversight authority for these laws. The New York Times now reports, that Democratic Members of the (officially “independent”) PCLOB, have received letters, demanding them to resign by Friday night
- « Trump est un cadeau tombé du ciel » : les souverainistes européens à la recherche d’une ligne commune (legrandcontinent.eu)
Hier, mardi 28 janvier, s’est ouvert à Bruxelles pour une durée de deux jours une conférence « Make Europe Great Again » organisée par les Conservateurs et réformistes européens (CRE), quatrième groupe au Parlement européen. Celle-ci sera suivie à Madrid la semaine prochaine, les 7 et 8 février, par un événement similaire organisé par les Patriotes pour l’Europe (PfE)
- Democrat teams up with movie industry to propose website-blocking law (arstechnica.com) Proposed US law slammed as “censorious” and an “Internet kill switch.”
- Les décrets présidentiels de Trump : florilège et analyse (lundi.am)
- The Madness of Robert F. Kennedy Jr. (motherjones.com)
The depth of his extremism has not been fully conveyed to the public.
- Aux États-Unis, des procureurs impliqués dans les poursuites contre Trump limogés (courrierinternational.com)
Cette mesure, annoncée lundi, vise une dizaine de responsables du ministère américain de la Justice qui avaient travaillé avec le procureur spécial Jack Smith sur deux procédures pénales fédérales contre Donald Trump. Des règles pourtant très strictes encadrent le limogeage des fonctionnaires, note la presse américaine.
- Donald Trump signe un décret pour bannir les personnes transgenres de l’armée (nouvelobs.com)
Le président républicain veut « débarrasser » l’armée américaine de « l’idéologie transgenre ». Par ailleurs, Donald Trump veut réintégrer les militaires écartés des forces armées à cause de la vaccination obligatoire contre le Covid-19.
- CDC orders mass retraction and revision of submitted research across all science and medicine journals. Banned terms must be scrubbed. (insidemedicine.substack.com)
In the order, CDC researchers were instructed to remove references to or mentions of a list of forbidden terms : “Gender, transgender, pregnant person, pregnant people, LGBT, transsexual, non-binary, nonbinary, assigned male at birth, assigned female at birth, biologically male, biologically female”
- Archivists Work To Identify and Save the Thousands of Datasets Disappearing From Data.gov (slashdot.org)
- Trump directs Guantanamo Bay to be prepared to host up to 30,000 migrants (edition.cnn.com)
- ‘Don’t share personal information’ : Labor Unions Ready Immigrant Workers for Trump Deportations 2.0 (documentedny.com)
With safety deportation plans and ‘Know Your Rights’ workshops, labor organizations and workers’ centers are offering critical resources to their immigrant members.
- Proton Mail Says It’s “Politically Neutral” While Praising Republican Party (theintercept.com) – voir aussi Proton Mail affirme sa neutralité politique tout en faisant l’éloge du parti républicain (developpez.com)
- Canada, Mexico steelmakers refuse new U.S. orders (financialpost.com)
Some steelmakers in Canada and Mexico are telling customers that they are refusing new orders to the United States on concerns that President Donald Trump soon will reimpose duties.
- Trump’s “Buyout” Offer for Federal Workers Is Already Backfiring (newrepublic.com)
Donald Trump’s ultimatum to federal workers seems to be having the opposite effect.
- 25 % sur le Mexique et le Canada, 10 % sur la Chine : Trump impose la plus importante vague de tarifs depuis son investiture et annonce des droits de douane à venir contre l’Union (legrandcontinent.eu)
- Le Canada et le Mexique ripostent face aux droits de douane imposés par Donald Trump (france24.com)
Face aux lourdes taxes imposées par Donald Trump, le Mexique et le Canada répliquent avec fermeté. Tandis qu’Ottawa annonce des représailles commerciales dès mardi avec droits de douane de 25 %, Mexico promet des “mesures tarifaires” de défense.
- La Californie va-t-elle devenir un pays indépendant ? (legrandcontinent.eu)
Le mouvement sécessionniste californien, le « Calexit », a obtenu la semaine dernière l’autorisation de lancer une pétition afin de soumettre l’indépendance de l’État à un vote qui aurait lieu en 2028. Si elle était indépendante, la Californie deviendrait la cinquième économie mondiale. Les États-Unis perdraient quant à eux 14 % de leur PIB.
- Un prêtre imite le salut polémique d’Elon Musk histoire de “plaisanter” : l’Église anglicane réagit et lui retire sa licence pour exercer (midilibre.fr)
- Hyperloop, la grande entourloupe d’Elon Musk (reporterre.net)
le « train du futur » s’est révélé un gouffre financier n’aboutissant qu’à des technologies inadaptées. Ses tubes requièrent une infrastructure linéaire pour conserver la vitesse promise. Ce qui impose d’artificialiser un tracé équivalent à une autoroute sur des centaines de kilomètres et à creuser des passages dans les zones dénivelées.[…] l’idée est née de sa haine pour le projet de train à grande vitesse californien
- Automation in Retail Is Even Worse Than You Thought (thenation.com)
“dynamic pricing” permits retailers to adjust prices based on their whims. Just as Uber raises prices during storms or rush hour, retailers like Kroger use ESLs to adjust prices based on factors like time of day or the weather. Supermarkets could conceivably mine a shopper’s personal data to set prices as high as possible.
- L’IA au Pentagone : la guerre de la nouvelle Silicon Valley (legrandcontinent.eu)
Sous la nouvelle administration Trump, le Pentagone et les géants de la tech – d’OpenAI en passant par Anduril, Palantir et Meta – accélèrent l’intégration de l’Intelligence artificielle dans les systèmes militaires américains.
- OpenAI teases “new era” of AI in US, deepens ties with government (arstechnica.com)
AI could help protect national security, detect diseases, and stabilize power grids, company says.
- Donald Trump accusé d’utiliser l’IA pour rédiger des décrets « glissants » avec des formulations « maladroites » et des erreurs typographiques, les expert·es s’inquiètent des implications légales potentielles (developpez.com)
- Face à l’essor des livres générés par IA, l’association d’écrivains Authors Guild lance la certification “Human Authored”, un label pour garantir qu’une œuvre est 100 % humaine (developpez.com)
Plutôt que de rejeter en bloc l’intelligence artificielle, certains auteurs envisagent une coexistence où l’IA serait utilisée comme un outil d’aide à l’écriture sans pour autant remplacer la créativité humaine.
- Copyright Office suggests AI copyright debate was settled in 1965 (arstechnica.com)
After doing some testing on whether the same exact prompt can generate widely varied outputs, even from the same AI tool, the Copyright Office further concluded that “prompts do not alone provide sufficient control” over outputs to allow creators to copyright purely AI-generated works based on highly intelligent or creative prompting
- Walgreens a remplacé les portes de ses réfrigérateurs par des écrans intelligents, c’est désormais un fiasco à 200 millions de dollars (developpez.com)
Ces écrans se sont bloqués, ont affiché un stock erroné ou même pris feu
- Les API sont devenues la principale surface d’attaque en 2024, l’IA étant le principal facteur de risque pour la sécurité des API (developpez.com)
- Nucléaire, climat, IA : le monde n’a jamais été aussi proche d’une catastrophe globale (legrandcontinent.eu)
Selon la dernière mise à jour de « l’horloge de la fin du monde » publiée mardi 28 janvier par la revue américaine Bulletin of the Atomic Scientists, l’humanité n’a jamais été aussi proche de « l’apocalypse ».
Spécial Palestine et Israël
- Un 27 janvier pas comme les autres : l’Allemagne, la mémoire d’Auschwitz et la guerre à Gaza (theconversation.com)
Le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz invite à se plonger dans huit décennies de politiques mémorielles relatives à la Shoah en Allemagne (de l’Ouest, mais aussi de l’Est) et dans le rapport très particulier du pays à Israël.
- L’Irlande du Nord et la Palestine, unies par la colonisation (orientxxi.info)
La solidarité nord-irlandaise avec les Palestiniens plonge ses racines dans une histoire commune d’occupation britannique, d’oppression, de lutte armée et de résistance.
- Israël-Palestine : les habits usés du colonialisme (blogs.mediapart.fr)
- Des milliers de Palestinien·nes déplacé·es retournent dans le nord de la bande de Gaza (liberation.fr)
- Breaking video : mass Israeli violence in West Bank, massive bombing in Gaza (skwawkbox.org)
10 civilians killed, child shot, gas storage detonated, refugees attacked and more in West Bank, while huge explosions result from attack during Gaza ‘ceasefire’
- Disease and illness are a hidden toll of the Gaza genocide (mondoweiss.net)
From hepatitis to scabies and food poisoning, the war has caused countless heartbreaking ailments with devastating and sometimes deadly consequences on the fragile health of Palestinians in Gaza.
- N’en déplaise à France info, 200 otages palestinien·nes retrouvent la liberté (frustrationmagazine.fr)
Dans le cadre du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, un échange d’otages a eu lieu : quatre soldates de l’armée coloniale israélienne (sur environ une centaine de prisonnier·es) ont été libérées contre deux cents prisonnier·es palestinien·nes (sur environ 9 700 prisonnier·es). Alors que les portraits des prisonnières israéliennes se multipliaient dans les médias, les visages et parcours de vie des prisonnier·es palestinien·nes étaient cruellement absents, participant à humaniser les premières tout en invisibilisant les second·es.
Spécial femmes dans le monde
- Rising Suicide Rate Among Women Lay Bare the Impact of Taliban’s Oppression (kabulnow.com)
Razma was only 22 years old, an engineering student who dreamed of building a brighter future. Her goal was to graduate, secure a job, and support her aging father, who had worked tirelessly to fund her education. But those aspirations were cruelly crushed when the Taliban banned women from universities. Overnight, her path to independence and success was erased.
- « Je n’abandonnerai jamais la lutte » : entretien exclusif avec Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix (elle.fr)
- Trans Women in Federal Custody Face the Terror of Being Transferred to Men’s Prisons (theintercept.com)
Last Friday afternoon, Kara Sternquist, a trans woman in custody at a federal women’s prison in Fort Worth, Texas, was taken from her unit. A guard told Sternquist that she had an unexpected psychiatric appointment in the chapel.“She was lied to,” said Deviant Ollam, a friend who speaks with her regularly by phone. “Once she was away from everyone else, they took her.” […] she is one of almost a dozen trans women who have been taken from the general population at FMC Carswell and moved into an administrative segregation unit that is typically used for inmates on suicide watch. […] The women were told they would be moved to a men’s prison […] Trans women who are forced to live in men’s prison facilities face disproportionate risk of sexual assault and violence, as the Bureau of Prisons’ manual on trans inmates, issued in 2022, acknowledges.
- Sexism linked to social ills for men and women, finds largest cross-cultural study of its kind (theconversation.com)
- ChatGPT d’OpenAI est utilisé à 85 % par des hommes sur mobile (developpez.com)
RIP
Spécial France
- Les revenus des ultra-riches ont plus que doublé en vingt ans, selon une étude de Bercy (liberation.fr)
Une note de la Direction générale des finances publiques révélée par « le Monde » montre que les revenus des 0,1 % des ménages français les plus aisés se sont envolés de 119 % entre 2003 et 2022. De quoi creuser encore un peu plus les inégalités.
- Même les chiffres de Bercy plaident pour taxer les très riches (alternatives-economiques.fr)
En plein débat budgétaire, une note de la direction générale des finances publiques, qui dépend du ministère de l’Economie, livre des données et des arguments clés en faveur d’une taxation accrue des plus riches.
- « Je n’ai bien entendu jamais dit que nous allions délocaliser LVMH » : Bernard Arnault éclaircit ses propos sur la surtaxe des grandes entreprises (liberation.fr)
Le patron de LVMH a assuré ce vendredi 31 janvier qu’il n’avait pas pour objectif de délocaliser le groupe face à la surtaxe d’impôt sur les sociétés prévue dans le budget 2025.
Voir aussi Bernard, casse-toi, on sera mieux sans toi (frustrationmagazine.fr)Après avoir célébré les Etats-Unis de Trump, où soufflerait un “vent d’optimisme”, Bernard Arnault, lors de la présentation des résultats annuels de son groupe LVMH, s’en est pris au gouvernement et à la fiscalité française. Il a appelé à “nommer quelqu’un pour slasher un peu la bureaucratie” comme Musk aux Etats-Unis, a menacé de délocaliser et a dit, au sujet des taxes, qu’il allait “agir tranquillement”
- La fermeture définitive du réseau cuivre débute cette semaine (next.ink)
- La startup française Mistral AI a publié Small 3, un nouveau modèle de langage publié sous licence Apache 2.0 qui égale les performances des modèles beaucoup plus grands de Meta et OpenAI (developpez.com)
- « Œufs de vache », « Pollux » président de la République : l’hasardeuse IA de conversation française débranchée (liberation.fr)
- Le tribunal administratif de Grenoble ordonne la fin de l’utilisation de « Briefcam », un logiciel de vidéosurveillance israélien, à Moirans dans l’Isère (liberation.fr)
La ville de Moirans (Isère) utilisait une technologie de vidéosurveillance algorithmique depuis 2018, en toute illégalité. Ce type de logiciels est exploité par de nombreuses communes, comme Brest ou Saint-Denis. La décision de ce vendredi 31 janvier pourrait faire jurisprudence.
Voir aussi La justice confirme enfin l’illégalité de Briefcam (technopolice.fr)
- Aides.org piraté : données personnelles et bancaires (IBAN) dans la nature (next.ink)
l’association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales envoie un message à ses membres pour leur annoncer une mauvaise nouvelle : « AIDES a été victime d’une attaque informatique qui a porté sur un serveur sécurisé de partage de fichiers hébergé et utilisé par AIDES […] Cette attaque pourrait avoir eu un impact sur la sécurité de vos données personnelles ».
- Pourquoi avoir attendu 80 ans pour compter les « Nomades » persécuté·es en France pendant la Seconde Guerre mondiale ? (theconversation.com)
Quatre-vingts ans après la libération du camp de concentration d’Auschwitz et la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne sait toujours pas combien de personnes catégorisées comme « Nomades » furent assignées à résidence, internées sur le territoire français ou assassinées. Pourtant, les listes établies par les autorités françaises et nazies sont librement consultables. La base de données collaborative NOMadeS, mise en ligne en décembre 2024, a pour but de compter, mais surtout de nommer les victimes de cette persécution.
- « Toutes les exploitations de l’île sont rasées » : un mois après le cyclone Chido à Mayotte, les terres agricoles ravagées (vert.eco)
- À Rennes inondée, on a « peur pour la suite » (reporterre.net)
Rennes a connu les 25 et 26 janvier ses pires inondations depuis quarante ans.
- Inondations, incendies… Où vaut-il mieux habiter en France pour être à l’abri des catastrophes naturelles ? (20minutes.fr)
Aucun endroit n’est à l’abri des catastrophes naturelles en France
- Des moules qu’on croyait disparues réapparaissent à Paris (reporterre.net)
- Des poêles vendues « sans PFAS » contiennent des polluants éternels (reporterre.net)
« Sans PFAS », « sans PFOA »… Ces allégations mises en avant par certains fabricants de poêles antiadhésives sont parfois trompeuses. C’est ce que révèle 60 Millions de consommateurs dans une nouvelle étude publiée le 30 janvier.
Spécial femmes en France
- La difficile naissance du musée des féminismes en France (revueladeferlante.fr)
Malgré les promesses d’hommes et de femmes politiques de gauche comme de droite depuis vingt-cinq ans, aucun musée de l’histoire des femmes n’a encore vu le jour en France. Une version recentrée sur les féminismes pourrait ouvrir à Angers, mais pas avant 2030. Pourquoi un tel retard ? Enquête sur presque trois décennies d’enlisement.
- Les femmes résistantes méconnues débarquent enfin sur Wikipédia (humanite.fr)
Après plusieurs rejets de la plateforme pour « manque de sources », le musée de la Résistance en Morvan organise des ateliers pour la rédaction de fiches Wikipédia sur les femmes méconnues de la Résistance.
- « Trompe-l’œil », « inefficace » : la politique d’égalité femmes-hommes en France étrillée par la Cour des comptes (liberation.fr)
Les magistrat·es déplorent la volonté politique insuffisante et le manque d’effets de la politique de l’État en faveur de l’égalité entre les sexes, dans un rapport publié ce lundi 27 janvier.
- À Angoulême, le festival de la BD s’ouvre dans un climat plus délétère que jamais (telerama.fr)
Angoulême s’apprête à accueillir la 52ᵉ édition du FIBD, du 30 janvier au 2 février. Si la programmation s’annonce très prometteuse, le contexte est pesant : les critiques pleuvent sur la direction, sur fond d’accusations de violences sexistes et sexuelles.
Voir aussi Au festival de la BD d’Angoulême, les revanches des autrices (france24.com)
Pour la deuxième année consécutive, c’est une autrice qui a été récompensée par le grand prix du célèbre festival de la BD d’Angoulême. Anouk Ricard, 54 ans, succède à la Britannique Posy Simmonds et vient ainsi mettre un terme à la chasse gardée masculine.La BD n’est plus un repaire masculin. À Angoulême en 2016, aucune autrice ne figurait dans la sélection du Grand prix de la BD.
- Judith Godrèche, Adèle Haenel : les médiatisations d’un cri (theconversation.com)
Le jugement dans le procès du réalisateur Christophe Ruggia, accusé d’avoir agressé sexuellement Adèle Haenel lorsqu’elle était mineure, est rendu ce lundi 3 février 2025 […] l’occasion de se rappeler que le traitement médiatique des mots de l’actrice a contrasté avec celui accordé à la parole de Judith Godrèche. Et de montrer qu’on impose toujours à la colère des femmes d’être policée pour être jugée acceptable
- À Avignon, deux caméras découvertes dans les toilettes des femmes du Petit Palais d’Avignon. Un gardien de nuit a reconnu les avoir placées là. (huffingtonpost.fr)
S’il n’y avait pas eu de travaux, elles seraient probablement encore là
- Transphobie : un gynécologue sanctionné pour avoir refusé une patiente, invoquant qu’il ne recevait que les « vraies femmes » (liberation.fr)
Un gynécologue exerçant à Pau avait refusé une patiente transgenre en août 2023. L’Ordre des médecins régional l’a interdit d’exercer pendant un mois, a-t-on appris ce jeudi 30 janvier.
- Violence conjugale : le contrôle coercitif désormais dans le droit français (france24.com)
Par l’adoption en première lecture, mardi, de la proposition de loi “visant à renforcer la lutte contre les violences sexuelles et sexistes”, les député·es français·es ont validé l’inscription dans le code pénal français de la notion de “contrôle coercitif”, au cœur des violences conjugales. Une notion qui concerne disproportionnellement les femmes et indissociablement les enfants.
Voir aussi “Il ne voulait pas que je porte de jupe” : le contrôle coercitif, un mécanisme au cœur des violences conjugales qui pourrait bientôt être puni par la loi (francetvinfo.fr)
- Face aux violeurs de Mazan (revueladeferlante.fr)
De septembre à décembre 2024, la chroniqueuse judiciaire et dessinatrice Marion Dubreuil a suivi le procès des violeurs de Mazan […] Pour La Déferlante, Marion Dubreuil reprend le fil de ces trois mois d’audience et raconte de l’intérieur les débats qui ont animé la cour criminelle du Vaucluse, et qui l’ont elle aussi bousculée comme journaliste et comme femme.
RIP
- Mort de Catherine Laborde, visage familier de la télévision et personnalité solaire (telerama.fr)
À la présentation de la météo de TF1 pendant près de trente ans, elle était l’une des personnalités de la télé les plus populaires. Catherine Laborde avait osé briser le silence sur la maladie neurodégénérative qui la frappait. Elle est morte ce mardi à 73 ans.
Spécial médias et pouvoir
- Harcèlement sexuel : Jean-Marc Morandini, condamné en appel à 18 mois de prison avec sursis, se pourvoit en cassation (liberation.fr)
L’animateur de la chaîne CNews a été reconnu coupable de « harcèlement sexuel » par la cour d’appel de Paris, ce lundi 27 janvier. Il a également écopé d’une amende de 50 000 euros pour « travail dissimulé ».
- Recrutement potentiel de Cyril Hanouna : après Karine Le Marchand, les rédactions de M6 et RTL montent au créneau (liberation.fr)
Les journalistes du groupe M6 ont voté à « une vaste majorité » contre la venue de l’animateur polémique, envisagé par leur direction pour des « émissions de divertissement, apolitiques, portant principalement sur l’actualité des médias » sur les chaînes W9 et Fun radio.
- Philippe Carli, patron du groupe de presse Ebra, démissionne après des “likes” sur des publications d’extrême droite (telerama.fr)
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- EPR, le « nouveau nucléaire » de Macron au pied du mur (lanticapitaliste.org)
Le 21 décembre, EDF annonçait que le réacteur EPR de Flamanville « produit ses premiers électrons sur le réseau électrique national ». Dans les faits, il consomme plus qu’il ne produit.
Voir aussi Sortir du nucléaire 2025 : clap de fin pour les EPR et EPR2 ? (ortirdunucleaire.org)
Problèmes techniques dont la résolution est constamment reportée ou tout simplement impossible, difficultés financières qui ne cessent de s’aggraver… Les nouvelles du fiasco de l’EPR de Flamanville et le récent rapport de la Cour des comptes sonnent comme un dur rappel à la réalité pour les tenants des réacteurs nucléaires EPR et EPR2, dits de troisième génération. En sonneront-ils aussi le glas ?
- L’inquiétante dérive des coûts du nouveau nucléaire (alternatives-economiques.fr)
- C’est quoi l’acétamipride, ce pesticide controversé que les sénateurs veulent réintroduire (huffingtonpost.fr)
Deux sénateurs ont fait voter une proposition de loi pour réautoriser ce pesticide de la famille des néonicotinoïdes, et qui est interdit en France depuis 2020.Je propose qu’on teste cette merde directement au Sénat et sur les propriétés des sénateurices.
- Comment une start-up écolo a fait faillite à cause de McDonald’s et l’État français (streetpress.com)
La boîte française Pyxo a fait le pari de l’écologie et du marché de la vaisselle réutilisable pour les restaurateurs, profitant d’une loi anti-gaspi de 2020. Leur plus gros client : McDonald’s. Mais tout capote quand l’État n’applique pas sa loi.
- Associations. Pas de nouveaux services civiques à partir du 1er février (tendanceouest.com)
C’est un coup dur pour les associations françaises. Il n’est plus possible de faire entrer des jeunes en service civique à partir du 1er février. Une décision du ministère des Comptes publics, en l’absence de budget.
- François Bayrou engagera son premier 49.3 dès lundi pour une « sortie de crise » sur les budgets (huffingtonpost.fr)
François Bayrou abrégera dès lundi les débats à l’Assemblée pour « passer à l’adoption » des budgets de l’État et, rapidement, de la Sécurité sociale.
- Aide médicale d’Etat : vers une baisse de 111 millions d’euros de crédits par rapport au projet initial (liberation.fr)
La commission mixte paritaire s’est accordée ce vendredi 31 janvier autour d’une coupe budgétaire pour l’AME : les crédits reviendraient au niveau de 2024 sans tenir compte de l’inflation. Cette aide destinée à soigner les immigrés en situation irrégulière est critiquée par la droite et l’extrême droite, tandis que la gauche bataille pour la maintenir en l’état.
- François Bayrou et ses propos sur la fin de vie choquent jusqu’en Belgique après son interview sur LCI (huffingtonpost.fr)
Elio Di Rupo ne décolère par contre « la contre-vérité choquante » de François Bayrou sur l’euthanasie en Belgique.« Ahurissants et déconnectés de la réalité »
- « Le travail ne doit pas être gratuit » : Bayrou écarte la piste des 7 heures non payées (liberation.fr)
- Depuis fin septembre 2024, la CNAM a imposé aux CPAM de La Loire Atlantique (44) et de Vendée (85) la mise en place, en phase de test, sur ces deux départements, d’un nouveau logiciel ARPEGE, qui ne fonctionne pas (nantes.indymedia.org) – voir aussi cet article qui date de novembre 2024 (francebleu.fr)
- Quand l’intelligence artificielle remplace les agent·es des impôts (basta.media)
La direction des Finances publiques utilise des outils d’intelligence artificielle depuis des années déjà. Le syndicat Solidaires a enquêté auprès des agent·es sur les effets de ces IA sur le travail : la très grande majorité les jugent négatifs.
- “Nos alertes sont restées lettre morte” : le personnel du Louvre dénonce la vétusté du musée (france24.com)
Emmanuel Macron s’y rend mardi pour évoquer le dossier. Les syndicats déplorent déjà un coup de communication.
- Le prix du billet d’entrée au Louvre va augmenter pour les visiteureuses étranger·es hors UE, annonce Macron (huffingtonpost.fr)
- Au Louvre, il faudra dorénavant un billet supplémentaire pour admirer « la Joconde » (liberation.fr)
La présidente du musée, Laurence des Cars, a indiqué ce dimanche 2 février sur France Inter que l’accès au portrait de « Monna Lisa » nécessitera l’acquisition d’un surticket. Une précision qui complète les mesures annoncées par Emmanuel Macron pour rénover le Louvre et sa tarification.
- Crèches : la ministre Aurore Bergé visée par une enquête pour faux témoignage (liberation.fr)
Sous serment, la ministre avait nié tout lien personnel avec une lobbyiste des crèches privées. Mais des informations dans le dernier livre de Victor Castanet pointent vers une collusion entre les deux femmes.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- Quand la loi « Narcotrafic » devient la loi « Roue libre » (laquadrature.net)
- « Submersion migratoire » : François Bayrou parle comme Marine Le Pen et se fait critiquer jusque dans son camp (liberation.fr)
- François Bayrou maintient le terme de « submersion migratoire » (huffingtonpost.fr)
Les explications fournies par François Bayrou ont provoqué, au contraire, les applaudissements de l’extrême droite.
- “Je n’aurais jamais tenu ces propos”, déclare la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet après le “sentiment de submersion” migratoire évoqué par François Bayrou (francetvinfo.fr)
“Je pense que les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu’ils ne dépassent pas une proportion”, a déclaré le Premier ministre sur LCI. “Dès l’instant que vous avez le sentiment d’une submersion, (…) dès cet instant-là, vous avez rejet”, a-t-il ajouté.
- Alger convoque l’ambassadeur de France pour dénoncer des « traitements dégradants » d’Algériens à Paris (liberation.fr)
L’Algérie a annoncé ce mardi 28 janvier avoir convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour dénoncer des « agissements inacceptables » auxquels auraient été confrontés des passagers algériens dans des aéroports parisiens.
- L’interpellation d’une élève dans son collège, « une erreur collective » pour le patron de la gendarmerie (liberation.fr)
Le directeur général de la gendarmerie nationale, Hubert Bonneau, a estimé ce jeudi que la « circulaire de 2013 » interdisant ce type d’intervention « aurait dû être respectée » et que la collégienne scolarisée en Moselle n’aurait pas dû être interpellée.
- La France condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme pour “absence de protection” d’un mineur isolé (infomigrants.net)
La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné la France pour “absence de protection” d’un mineur guinéen. Sa minorité avait été rejetée une première fois par les autorités françaises, pour finalement être reconnue un an plus tard. Durant ce laps de temps, le jeune migrant a été livré à lui-même, à la rue.
- Mathilde Panot annonce le classement sans suite de la procédure la visant pour « apologie du terrorisme » (liberation.fr)
Mathilde Panot (LFI) a fait savoir ce jeudi 30 janvier le classement sans suite de la procédure qui la ciblait pour « apologie du terrorisme » depuis le 7 octobre 2023 et les attaques du Hamas en Israël.
- La coordination rurale, ce syndicat agricole qui flirte avec l’extrême droite (basta.media)
- Des dizaines de sépultures profanées dans le Tata sénégalais de Chasselay (france3-regions.francetvinfo.fr)
- Béarn : à Pau, un skinhead d’extrême droite violente une personne à cause de son pin’s LGBT + (sudouest.fr)
Mardi 28 janvier, un jeune skinhead d’extrême droite s’en est pris violemment à une personne en centre-ville de Pau parce qu’elle portait un pin’s LGBT +. Il a été placé en garde à vue puis présenté à un magistrat pour une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC)
- Christophe Dettinger, boxeur martyrisé (off-investigation.fr)
- Deux policiers parisiens mis en examen après la mutilation d’un photographe lors d’une manifestation (liberation.fr)
Ciblés par une information judiciaire ouverte après l’émasculation d’un homme lors d’une manifestation contre la réforme des retraites en 2023, les deux agents sont actuellement interdits d’exercer sur la voie publique
- Affaire Michel Zecler : procès requis devant la cour criminelle pour trois policiers suspectés d’être impliqués dans l’agression raciste du producteur de musique (lemonde.fr)
Les trois policiers risquent un procès pour « faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique », et deux d’entre eux pour violences aggravées, notamment à caractère raciste.
- Paysan tué par un gendarme en 2017 : la justice bientôt faite ? (reporterre.net)
Le paysan Jérôme Laronze a été tué par un gendarme en 2017. Pour la première fois en 8 ans, une autorité officielle, la défenseure des droits, estime que ces tirs n’étaient pas « nécessaires » et contredit la version du gendarme.
Spécial résistances
- Salomé Saqué : « Nous pouvons éviter un trumpisme français » (reporterre.net)
« Nous nous sommes habitué·es à une nouvelle normalité, celle de la brutalité » […] Mais l’autrice de « Résister » y croit : il est encore temps de se battre pour ne pas basculer dans le fascisme.
- Proposition de loi Narcotrafic : les droits et libertés à nouveau victimes de l’addiction aux lois sécuritaires (globenet.org)
L’Observatoire des Libertés et du Numérique (OLN) souhaite alerter sur les dangers de ce texte qui, au prétexte d’une reprise en main d’une problématique sociétale pourtant loin d’être nouvelle et appelant d’autres solutions que le tout répressif – comme le rappelait récemment le Haut commissaire aux droits humains de l’ONU -, vise à introduire et renforcer des mesures dangereuses pour les libertés et dérogatoires au droit commun.
- « La nuit, difficile de ne pas y repenser » : ces bénévoles qui aident les personnes menacées d’expulsion (basta.media)
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau veut restreindre les conditions d’admission des personnes étrangères et plus d’OQTF. Les conséquences de ces orientations politiques, les bénévoles de la Cimade les voient tous les jours.
- Calais. « Des gens meurent sur vos plages » (orientxxi.info)
Au moins 89 personnes exilées sont mortes à la frontière franco-britannique en 2024. Un macabre record que des associations, syndicats et partis politiques ont décidé de dénoncer au cours d’une « grande marche pour la justice et la dignité ».
- « Il est hors de question pour nous de “trier” les malades » : plus de 5 000 médecins demandent à François Bayrou de ne pas toucher à l’AME (liberation.fr)
La commission mixte paritaire s’est accordée autour d’une diminution de crédits pour l’Aide médicale de l’Etat, ce vendredi 31 janvier. Un collectif de professionnels de la santé dénonce toute restriction à ce droit essentiel.
- Désarmer Bolloré – 5 journées d’actions (lundi.am) – voir aussi Occupations, désarmement, interventions en tout genre – retour sur les deux premières journées d’action contre l’empire Bolloré et suites (desarmerbollore.net)
- CNRS : les chercheureuses se rassemblent contre le projet « Key Labs », une mise en compétition des laboratoires pour masquer la baisse des moyens alloués à la recherche (humanite.fr) – voir aussi CNRS : le ministre Philippe Baptiste impose un moratoire sur les « key labs » (next.ink)
- 5 février, 13h30 : Rassemblement féministe devant le TJ de Paris en riposte à la procédure-bâillon qui vise l’AVFT (avft.org)
L’AVFT comparaît en justice pour atteinte à la vie privée de Benjamin Amar, ex-dirigeant syndical CGT, mis en cause par une femme pour des viols avec torture et actes de barbarie.
Spécial GAFAM et cie
- Google Maps in the US will change to Gulf of America and Mount McKinley. Google said it will follow the government’s lead. (theverge.com)
- “Just give me the f***ing links !”—Cursing disables Google’s AI overviews (arstechnica.com)
If you search Google for a way to turn off the company’s AI-powered search results, you may well get an AI Overview telling you that AI Overviews can’t be directly disabled in Google Search. But if you instead ask Google how to turn off “fucking Google AI results,” you’ll get a standard set of useful web suggestions without any AI Overview at the top.
- L’amende record de 4,5 milliards de dollars infligée par l’UE a porté préjudice à son innovation, chouine Google (developpez.com)
- Amazon condamné pour atteinte à la liberté d’expression après le licenciement d’un salarié (rapportsdeforce.fr)
En 2021, Amazon licenciait un salarié pour avoir critiqué son entreprise sur la messagerie interne de celle-ci. Une démarche qui entravait la syndicalisation dans un de ses entrepôts. En décembre 2024, la multinationale est finalement condamnée pour atteinte à la liberté d’expression.
- Meta aurait mis en place des « cellules de crise » composées d’ingénieurs pour comprendre comment l’IA de DeepSeek peut battre tous les autres avec une fraction du prix (developpez.com)
- Starting on January 19, 2025 Facebook’s internal policy makers decided that Linux is malware and labelled groups associated with Linux as being “cybersecurity threats”. (distrowatch.com)
Any posts mentioning DistroWatch and multiple groups associated with Linux and Linux discussions have either been shut down or had many of their posts removed.[…] The sad irony here is that Facebook runs much of its infrastructure on Linux and often posts job ads looking for Linux developers.
Voir aussi Meta blocked Distrowatch links on Facebook while running Linux servers (theregister.com)
Popular community site became unmentionable – the irony is thick enough to compile
- Chantre autoproclamé de la libre expression, Facebook a institué la censure en Asie du Sud-Est (courrierinternational.com)
Les récentes déclarations de Mark Zuckerberg sur le besoin de prioriser la libre expression sonnent particulièrement creux en Asie du Sud-Est, où les plateformes de Meta sont devenues les meilleures alliées des régimes de censure, rappelle le chercheur d’origine vietnamienne Dien Luong.
- WhatsApp says journalists and civil society members were targets of Israeli spyware (theguardian.com)
Nearly 100 journalists and other members of civil society using WhatsApp, the popular messaging app owned by Meta, were targeted by spyware owned by Paragon Solutions, an Israeli maker of hacking software, the company alleged on Friday.
- Meta to pay $25m to settle Trump lawsuit over ban (bbc.com)
- Meta offre jusqu’à 300 000 dollars aux créateurices de contenus TikTok pour les inciter à publier du contenu exclusif sur Instagram, profitant de l’incertitude concernant le futur de TikTok aux États-Unis (developpez.com)
- Apple s’associe à SpaceX pour offrir la connectivité satellite Starlink à l’iPhone (developpez.com) – voir aussi Direct-to-Device : les iPhone parlent avec Starlink, l’Europe veut entrer dans la danse (next.ink)
- Microsoft pourrait être l’un des repreneurs de TikTok, selon Donald Trump (liberation.fr)
- Leaked documents expose deep ties between Israeli army and Microsoft (972mag.com)
Since Oct. 7, the Israeli military has relied heavily on cloud and AI services from Microsoft and its partner OpenAI, while the tech giant’s staff embed with different units to support rollout, a joint investigation reveals.
- Copilot stops working on gender related subjects (github.com) Copilot purposely stops working on code that contains hardcoded banned words from Github, such as gender or sex
- NTSB forces reporters to get plane crash updates on X (thedesk.net)
The agency says it will no longer notify reporters about plane crash press briefings via email.
Les autres lectures de la semaine
- L’empreinte toxique du phosphate (lundi.am)
Enquête sur une industrie minière et chimique qui, depuis deux siècles, déplace ses activités selon les législations, laissant derrière elle une contamination souvent irréversible.
- Water-Guzzling Data Centers Spark Outrage Across Latin America (nearshoreamericas.com)
In Colón, a town in Mexico’s Querétaro state, frustration is boiling over. Residents are protesting the construction of new data centers, fearing these massive facilities will drain millions of liters of water—leaving little for their daily needs.
Voir aussi The supply chain capitalism of AI : a call to (re)think algorithmic harms and resistance through environmental lens (tandfonline.com)
- IA générative, vampire énergétique (synthmedia.fr)
- GenAI Art Is the Least Imaginative Use of AI Imaginable (hai.stanford.edu)
- Pourquoi je n’utilise pas ChatGPT (academia.hypotheses.org)
- “The Infrastructure of the Recording Industry Is About to Fail” (honest-broker.com)
The entire Hollywood ecosystem is tottering on the brinkI’m not just talking about wildfires or COVID or AI. It’s everything, all at once.They call it death by a thousand cuts—and most of them here are self-inflicted.
- DeepSeek impact : OpenAI complains DeepSeek stole the data that OpenAI stole first (pivot-to-ai.com)
- I agree with OpenAI : You shouldn’t use other peoples’ work without permission (arstechnica.com)
- L’affaire DeepSeek et le futur de l’IA, une conversation avec Gary Marcus (legrandcontinent.eu)
les LLM sont trop opaques, trop complexes et trop difficiles à déboguer et à vérifier.
- ‘Headed for technofascism’ : the rightwing roots of Silicon Valley (theguardian.com)
- Dark Gothic MAGA : Elon Musk, la néoréaction et l’esthétique du cyberfascisme (lundi.am)
- Au-delà de Musk : comment l’élite techno-césariste veut rebâtir l’Amérique (legrandcontinent.eu)
- « L’élection de Trump est la conclusion logique du coup d’État des grandes entreprises que nous racontons dans notre livre » (multinationales.org)
- Dans l’enfer de Białowieża (monde-diplomatique.fr – article de mars 2023)
À cheval entre la Biélorussie et la Pologne, Białowieża est la dernière grande forêt primaire d’Europe. Vaste étendue de végétation dense et inhospitalière, elle est le théâtre d’une chasse aux migrants orchestrée par le gouvernement de Varsovie. Un traitement implacable qui tranche avec l’hospitalité accordée aux réfugiés ukrainiens.
- Les menaces qui pèsent sur une Syrie démocratique et progressiste (contretemps.eu)
- « Le capitalisme c’est la guerre depuis son origine » – Entretien avec Mathieu Rigouste (frustrationmagazine.fr)
- « Les réformes néolibérales s’appuient sur un modèle économique au “masculin-neutre” » (revueladeferlante.fr)
- « Il est possible de résister à la présidence impériale de Trump », une conversation avec l’ancien président colombien Ernesto Samper (legrandcontinent.eu)
« Trump va obtenir quelque chose qu’il ne cherchait sûrement pas : l’unité de tous les pays qu’il veut fragmenter et dont il a besoin d’une manière ou d’une autre. »
- We need an international alliance against the US and its tech industry (disconnect.blog)
- Pour éviter le désastre : défendre le « travail vivant » et le bien commun. Un texte de Stephen Bouquin (contretemps.eu)
- It’s Safer in the Front (crimethinc.com)
Counterintuitive though it is, in a confusing situation, often the best, if not safest, place to be is the front lines, so you can get a clear visual grasp of what is going on around you
- Angela Davis : « Contre le fascisme, l’espoir est une exigence absolue » (revueladeferlante.fr)
- Combattre l’antiféminisme d’État en Argentine. Entretien avec Veronica Gago (contretemps.eu)
- Travailler, à la conquête de l’égalité (dossier) (revueladeferlante.fr)
C’est l’histoire d’une émancipation paradoxale. Pour les femmes, le travail est sans aucun doute le meilleur gage de leur autonomie. Pourtant, même si elles n’ont cessé de lutter pour obtenir autant de droits et la même rémunération que leurs homologues masculins, les inégalités persistent.
- Lesbian Avengers, allumer la mèche (revueladeferlante.fr)
Au milieu des années 1990, aux États-Unis, un groupe de lesbiennes « justicières » débarquent à New York, déchirant le ciel conservateur. Drôles, radicales, provocantes, les Lesbian Avengers révolutionnent l’activisme LGBT+. Retour sur l’histoire d’un groupe d’action avant-gardiste créé par et pour les lesbiennes.
- Grèves féministes : arrêtons tout ! (revueladeferlante.fr)
Depuis les années 2010, des grèves féministes massives ont eu lieu en Amérique latine, en Pologne, en Espagne ou encore en Suisse. Reliant la question des violences sexistes et sexuelles à d’autres types de violence, économique notamment, et mettant en évidence l’importance du travail domestique et de soin pour faire tenir la société, la grève féministe est une stratégie révolutionnaire.
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Assureurs
- Bernard
- Tombe
- Submersion
- Chez nous
- Honte
- Fachos
- Denmark
- Karte
- Tarifs
- Bluesky
- X
- Switch
- Lucie
- Stir
- DeepSeek
- Prudhommes
- Capitalism
- Mask
- Même
- Mémoire
- Enemy
- Punk
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Les Goguettes (en trio mais à quatre) T’as voulu voir Attal et on a vu Barnier (tube.fdn.fr)
- La Joconde : “Macron est chef d’État ou chef de chantier ?” (radiofrance.fr)
- Accusé de déstabiliser les démocraties européennes, Elon Musk reste invité au sommet de l’Intelligence artificielle à l’Élysée (francetvinfo.fr)
- Le Monde nazi. Comment les masses ont consenti au pire (lemediatv.fr) – voir aussi Les années 30 sont devant nous – Johann Chapoutot (video.lundi.am) ainsi que les causeries d’Au Poste avec Chapoutot (video.davduf.net)
- Le Corbusier, fasciste ! (radiofrance.fr)
En avril 2015, le Centre Georges-Pompidou lance une exposition consacrée à Le Corbusier, connu pour être « le plus grand architecte du XXe siècle ». Alors que les tickets d’entrée s’arrachent et que la presse est unanime pour saluer les vertus de son modernisme, trois livres paraissent… et provoquent le scandale. C’est à dire que tous trois reviennent en détail, et preuves à l’appui, sur la matrice de ses théories. Car si l’œuvre de Le Corbusier colle bien à l’idéal de son temps, elle est minée par deux obsessions : l’ordre et l’hygiène. Des idées fixes qui le poussent à frayer du côté de chez Mussolini, mais aussi à Vichy. D’après la designeuse Charlotte Perriand, qui longtemps a travaillé avec lui : « Il aurait pactisé avec le diable pour voir ses projets prendre forme »
- Les fonds vautours à l’assaut de la souveraineté des États (spectremedia.org)
Pourquoi des pays du Sud global, surendettés, soumis au déséquilibre structurel du commerce international paraissent-ils acculés au remboursement de leurs dettes au détriment, entre autres, de leur population, de leur marché intérieur et de programmes écologiques pourtant indispensables ?
- Manifestations en Argentine en réaction aux déclarations de Javier Milei à Davos (via Cerveaux non disponibles) (tube.fdn.fr)
Les trucs chouettes de la semaine
- PSES 2025 se tiendra du 27 au 29 juin à la médiathèque de Choisy le Roi. L’appel à participation (participer.passageenseine.fr) est ouvert à partir de ce jour et jusqu’au 30 mars 2025.
- European alternatives for digital products (european-alternatives.eu)
- Loin des grandes villes, ces familles qui se passent de voiture (reporterre.net)
- Declassified CIA Guide to Sabotaging Fascism Is Suddenly Viral (404media.co)
The World War II-era “Simple Sabotage Field Manual” is full of steps that office workers can take to resist leadership.
Voir aussi les cartes en français construites à partir du manuel (cartes.maiwann.net)
- Sabot in the Age of AI (algorithmic-sabotage.github.io)
This formulated list diligently records strategically offensive methodologies and purposefully orchestrated tactics intended to facilitate (algorithmic) sabotage, including the deliberate disruption of systems and processes, alongside the targeted poisoning or corruption of data within the operational workflows of artificial intelligence (AI) systems. These approaches seek to destabilize critical mechanisms, undermine foundational structures, and challenge the overall reliability, functionality, and integrity of AI-driven frameworks.
- « AI haters’’ build tarpits to trap and trick AI scrapers that ignore robots.txt (arstechnica.com) – voir aussi Quoted in Ars Technica’s article on tarpits for AI crawlers (tante.cc)
- How one YouTuber is trying to poison the AI bots stealing her content (arstechnica.com)
If you’ve been paying careful attention to YouTube recently, you may have noticed the rising trend of so-called “faceless YouTube channels” that never feature a visible human talking in the video frame. While some of these channels are simply authored by camera-shy humans, many more are fully automated through AI-powered tools to craft everything from the scripts and voiceovers to the imagery and music
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
02.02.2025 à 09:00
Se libérer du technocolonialisme
Framasoft
Texte intégral (5630 mots)
Chez Framasoft, nous travaillons activement à créer des clés de compréhension sur les enjeux du numérique.
Ces enjeux sont vastes, multiples, parfois complexes à saisir.
C’est d’autant plus vrai depuis la surmédiatisation de l’Intelligence Artificielle (IA) et la popularisation de services comme ChatGPT, Copilot ou Gemini.
Alors quand, au détour des internets, Hubert Guillaud, journaliste et spécialiste des systèmes techniques et numériques, décortique les ouvrages scientifiques qui traitent de l’IA, ça nous interpelle, ça nous fascine…
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur. Il a été publié en premier le 30 septembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Si les grandes entreprises de la tech sont devenues des empires, c’est bien que nous avons été colonisés par leurs déploiements techniques. Dans Data Grab, Ulises A. Mejias et Nick Couldry explorent ce que signifie le grand accaparement de nos données. Qu’est-ce que le technocolonialisme et comment faire advenir les luttes pour l’indépendance dont nous avons besoin ?
En cartographiant la logique profondément coloniale de nos technologies, avec Anatomy of AI et Calculating Empires, Kate Crawford et Vladan Joker ont attiré notre attention sur le caractère extractiviste sans précédent des technologies numériques, construites depuis « les logiques du capital, du maintien de l’ordre et de la militarisation » qui accélèrent les asymétries de pouvoir existantes. Dans leur nouveau livre, Data Grab : the new colonialism of Big Tech (and how to fight back) (Pillage de données : le nouveau colonialisme des Big Tech (et comment le combattre), WH Allen, 2024, non traduit), Ulises A. Mejias et Nick Couldry interrogent la métaphore technocoloniale. Peut-on dire que la technologie procède d’un colonialisme ? Et si c’est le cas, alors comment nous en libérer ?
Explorer, étendre, exploiter, exterminer : une continuité
A la fin de leur précédent livre, The costs of connection (Stanford University Press, 2019) Mejias et Couldry en appelaient déjà à « décoloniser internet » de l’emprise des multinationales qui le dominent. Mais derrière la formule qui fait florès, peut-on vraiment affirmer que le colonialisme technologique repose sur les mêmes caractéristiques que le colonialisme d’hier ?
Le colonialisme, historique, repose d’abord sur un accaparement sans précédent des terres, des biens, des ressources, des personnes, dont les effets, les conséquences et les répercussions continuent encore aujourd’hui. Il repose sur un quadriptyque, expliquent les chercheurs : « explorer, étendre, exploiter, exterminer ». Comparativement, l’accaparement des données semble bien anodin. Pourtant, estiment les chercheurs, ce technocolonialisme partage beaucoup de caractéristiques avec son ancêtre. D’abord, il est comme lui global et se déroule à très large et très vaste échelle. Mais surtout, il « prolonge et renouvelle cet héritage de dépossession et d’injustice » commencé avec la colonisation. En 1945, un habitant de la planète sur trois était dépendant de l’ordre colonial. Aujourd’hui, un habitant de la planète sur trois a un compte Facebook, comparent un peu rapidement les auteurs. Les contextes et impacts sont différents, mais l’échelle du déploiement de la domination des Big Tech rappelle nécessairement cette histoire, estiment-ils. Le pouvoir de Meta par exemple contribue à une diffusion étendue de la désinformation qui a conduit jusqu’à des violences génocidaires et des interférences politiques.
Le colonialisme s’est toujours justifié par sa mission civilisatrice, visant non seulement à contrôler les corps, mais également les esprits et les consciences, comme l’ont fait dans le passé l’Eglise et la Science. Et les Big Tech aussi se targuent d’une mission civilisatrice. La mission civilisatrice, les motifs économiques, l’exercice du pouvoir et l’introduction de technologies spécifiques façonnent l’histoire du colonialisme. Par le passé, la mission civilisatrice s’est toujours faite par le déploiement de nouvelles force de surveillance, de discrimination, d’exploitation. Et c’est également ce qu’on retrouve aujourd’hui avec l’extension de la surveillance au travail, la généralisation de la reconnaissance faciale, du scoring, ou l’exploitation des travailleurs du clic du monde entier. Comme le dit le philosophe Achille Mbembe dans Sortir de la grande nuit : Essai sur l’Afrique décolonisée (2010) : « Notre époque tente de remettre au goût du jour le vieux mythe selon lequel l’Occident seul a le monopole de l’avenir. »
Le colonialisme de données est « un ordre social dans lequel l’extraction continue de données génère des richesses massives et des inégalités à un niveau global ». Ce nouvel ordre social repose un nouveau contrat social où le progrès nécessite de remettre nos données aux entreprises, sans condition. Certes, les grandes entreprises de la tech ne nous proposent pas de nous réduire en esclavage et le fait de refuser leurs services ne conduit pas à l’extermination. Reste que le pillage de données n’est pas le fait de quelques entreprises malhonnêtes, mais se produit à tous les niveaux. L’exemple le plus éclairant est certainement l’IA générative qui a eu besoin de collecter toutes les données possibles pour alimenter ses moteurs. Une sorte de prédation généralisée motivée pour le bien de l’humanité. Pour Mejias et Couldry, chausser les lunettes du colonialisme pour regarder la prédation en cours permet surtout de faire apparaître les similarités entre le colonialisme historique et le technocolonialisme, qui reposent, l’un comme l’autre sur l’appropriation de ressources et qui se justifie toujours pour servir un but plus grand (le progrès économique). Ce pillage est toujours imposé par une alliance entre les Etats et les entreprises. Il a toujours des effets désastreux sur l’environnement et il renforce toujours les inégalités, entre des élites extractivistes et des populations exploitées. Enfin, cette prédation se justifie toujours par des alibis : un narratif civilisationnel.
La numérisation de nos existences implique un profond changement dans les relations de pouvoir dans lesquelles nous sommes pris. Le capitalisme ne peut pas être compris sans le rôle qu’a joué le colonialisme dans son expansion, rappellent les chercheurs. « Le capitalisme a une dimension coloniale, non pas par accident, mais par conception ». Et l’exploitation est une fonction des opérations routinières de nos outils numériques. Le colonialisme des données exploite nos existences mêmes. Comme le disait Achille Mbembe dans Brutalisme : « nous sommes le minerai que nos objets sont chargés d’extraire ».
Piller, c’est déposséder sans égard pour les droits de ceux qu’on dépossède
Ce pillage de données transforme déjà en profondeur tous les aspects de nos vies : l’éducation, la santé, les lieux de travail, la consommation, la production… La grande différence que l’on pourrait faire entre le colonialisme historique et ce nouveau colonialisme, c’est que la violence physique semble y être largement absente. En fait, estiment les chercheurs, la violence est devenue plus symbolique. Le pillage lui-même est devenu sans friction, puisqu’il suffit d’accepter les conditions d’utilisation pour qu’il se déploie. Cela ne signifie pas pour autant que toute violence ait disparu. L’enjeu colonial, d’extraction et de dépossession, lui, continue. Il signifie toujours déposséder l’autre sans égard pour ses droits. La justification est d’ailleurs toujours la même : « rendre ce qui est pillé plus productif », selon une définition de la productivité qui correspond aux intérêts du pilleur. Quant à l’exploitation du travail humain, elle n’a pas disparu, comme le rappellent les travailleurs du clic. Cette exploitation est toujours aussi intensive en technologie, nécessite toujours des outils très spécifiques et spécialisés et bénéficie d’abord à ceux à qui ils appartiennent, à l’image des plateformes d’IA qui bénéficient d’abord à ceux qui les proposent et les exploitent.
« L’exploitation des données est une continuation de la violence coloniale via d’autres moyens ». Elle produit toujours de la discrimination et de la perte d’opportunité pour ceux qui en sont les victimes, selon des logiques de classification sociales. Les distinctions de « classe, de genre, de race ont toujours été instrumentées pour créer le mythe que ces différences avaient besoin d’être gérées et organisées par la rationalité occidentale ». Le colonialisme des données renouvelle la mission historique du colonialisme via de nouveaux moyens que sont les systèmes de prise de décision automatisés, les plateformes… dont les effets « sont plus subtils et difficiles à tracer qu’avant ». La discrimination s’inscrit désormais dans nos outils numériques, comme le montrait Virginia Eubanks dans Automating Inequality, en inscrivant les inégalités dans des plateformes profondément asymétriques. L’extraction de données permet d’attacher les personnes à des catégories. Les systèmes de scoring déterminent des scores qui reflètent et amplifient les discriminations forgées par le colonialisme.
Les deux auteurs ont des mots assez durs sur la science occidentale, rappelant qu’elle naît en partie pour la gestion coloniale (la botanique, la zoologie, l’anthropologie…). Qu’elle invente des techniques et des outils (la carte, les rapports, les tableaux…) pas seulement au profit de la science, mais bien également en coordination avec l’expansion économique et militaire. Cette science a été très vite appliquée pour surveiller, contrôler et gérer les populations colonisées. La Big Science et les Big Techs aujourd’hui sont toujours au service de relations de pouvoir asymétriques. Or, rappellent les chercheurs, le colonialisme des données à besoin de nous. « Sans nos données, il ne fonctionne pas ». Nous participons à notre propre exploitation.
La donnée a une caractéristique particulière cependant. C’est un bien non-rival. Elle peut-être copiée et réutilisée sans fin. Cela n’empêche pas qu’elle soit exploitée dans des territoires de données très spécifiques que sont les plateformes, interreliées, qui imposent leurs propres lois depuis les codes qu’elles produisent. Ce nouveau monde de données dirige nos activités vers des canaux numériques qui sont entièrement sous le contrôle des entreprises qui les proposent. Si les données sont un bien non-rival, ce qu’elles capturent (nous !) est bien une ressource finie.
Pour les deux chercheurs, l’exploitation des données est née en 1994, quand Lou Montulli, employé de Netscape, invente le cookie. En 30 ans, les structures de pouvoir du net ont domestiqué la surveillance en avantage commercial via une machinerie numérique tentaculaire, comme le montrait Soshana Zuboff. Les ordinateurs ont été placés au cœur de toute transaction, comme l’expliquait Hal Varian, l’économiste en chef de Google dès 2013. Tout ce qui est personnel ou intime est devenu un terrain d’exploitation. Nous sommes au cœur de territoires de données où le monde des affaires écrit les contrats, en les présentant comme étant à notre bénéfice. Nous sommes cernés par des relations d’exploitation de données qui maximisent l’extraction d’une manière particulièrement asymétrique. Une forme d’hypernudge qui optimise nos comportements pour servir les objectifs des collecteurs. Ce colonialisme n’opère pas que dans le domaine de la publicité ciblée, rappellent les auteurs, elle s’étend aux finances personnelles, à l’agriculture de précision, à l’éducation, la santé, le travail… selon des logiques d’opacité (on ne sait pas exactement quelles données sont collectées), d’expansionnisme (les données d’un secteur servent à d’autres), d’irresponsabilité (sans rendre de comptes) et dans une conformité juridique très incertaine. La gestion des humains est devenue rien d’autre que la gestion d’une base de données, au risque d’y délaisser les plus vulnérables. Ces systèmes ravivent les inégalités du vieil ordre colonial.
La mission civilisatrice des données : produire notre acceptation
Dans un chapitre sur la mission civilisatrice des données, les deux chercheurs expliquent que celle-ci repose d’abord sur la commodité. Elle repose également sur une narration connectiviste, quasi religieuse, qui invisibilise la surveillance qu’elle active en suggérant que l’extraction de données est inévitable. Qu’elle doit être continue, profonde, totale. Ce narratif met de côté tous les problèmes que cette extraction génère, comme le fait qu’elle divise les gens, les épuise, les traumatise… On oublie que la connexion limite plus qu’elle augmente la diversité. « Les plateformes plus que les gens, décident quelles connexions sont plus avantageuses pour elles », à l’image des recommandations qu’elles produisent sans qu’on ait notre mot à dire, qu’importe la polarisation ou la radicalisation qu’elles produisent. La viralité est le modèle économique. Nous sommes le jeu auquel joue l’algorithme.
Ce storytelling impose également un autre discours, celui que l’IA serait plus intelligente que les humains. Comme le microscope a participé au succès de l’impérialisme (soulignant le lien entre la méthode scientifique et l’entreprise coloniale comme moyen de réduire et d’abstraire le monde naturel en objets capables d’être gérés), l’IA est l’outil pour rendre l’extraction de données inévitable. D’un outil pour comprendre le monde, la méthode scientifique est aussi devenue un processus pour éliminer l’opposition à la gestion coloniale. Couldry et Mejias rappellent pourtant que la science n’a pas servi qu’un sombre objectif colonial, mais que l’abstraction scientifique et le développement technologique qu’elle a produit a accompagné l’extractivisme colonial. Le narratif sur l’intelligence de l’IA, comme l’explique Dan McQuillan dans Resisting AI, sert à opacifier ses effets. Il nous pousse à croire que l’optimisation statistique serait le summum de la rationalité, qu’il permettrait justement d’éliminer nos biais quand il ne fait que les accélérer. Pour les deux chercheurs, l’IA discriminatoire et opaque par essence sert d’abord et avant tout à dissimuler les limites de la rationalité, à la parer de neutralité, à automatiser la violence et la discrimination qu’elle produit. L’IA n’est que la nouvelle étape d’une production coloniale de connaissance qui prend toutes les productions humaines pour générer une connaissance qui nous est présentée comme son apothéose, quand elle est avant tout un moyen de s’assurer la continuité de l’appropriation des ressources.
Si le discours civilisationnel fonctionne, c’est d’abord parce que ce narratif renforce la hiérarchie des pouvoirs et vise à verrouiller la position des dominés comme dominés. Il colonise l’imagination de ce que doit être le futur : un avenir connecté, un avenir que l’on doit accepter, un avenir normal et inaltérable. Ce que ce narratif vise à produire, c’est notre acceptation. Il n’y a pas d’alternative !
La nouvelle classe coloniale
La surveillance se porte bien, comme le pointent les chiffrages du site Big Tech sells War. La sécurité, la défense et la surveillance sont désormais largement aux mains des grandes entreprises de la tech. Le pire colonialisme d’hier ressemble à celui d’aujourd’hui. Et comme hier, il implique l’existence d’une véritable classe coloniale. Celle-ci ne porte plus le casque blanc. Elle opère à distance, dans les bureaux feutrés de quelques grandes entreprises. Mejias et Couldry rappellent qu’à la grande époque, la Compagnie britannique des Indes orientales était une entreprise commerciale de 250 000 employés gérés depuis Londres par une équipe de 35 à 159 employés seulement. Uber, avec 32 000 employés coordonne les opérations de 5 000 0000 de livreurs et chauffeurs pour quelque 131 millions d’utilisateurs.
La classe coloniale de la donnée naît dès le milieu des années 80 dans les entreprises qui proposent les premières cartes de crédit et qui se mettent à collecter des données sur les consommateurs pour cela. Leur but ? Distinguer les consommateurs afin de trouver les plus fidèles. Dans les années 90, ces conceptions commencent à essaimer dans les théories de gestion. Couplées aux data sciences, elles donneront naissance aux Big data, c’est-à-dire aux théories de l’exploitation des données qu’incarnent les plus grandes entreprises de la tech. Amazon incarne l’explorateur, celui qui conquiert de nouveaux territoires pour l’extraction depuis le commerce de détail. Google et Apple, les expansionnistes de la donnée qui dominent de vastes empires de services et d’infrastructures cherchant à pousser toujours plus loin leurs emprises. Facebook est l’exploiteur le plus systémique des données. Les deux auteurs dressent rapidement les évolutions extractivistes des grands acteurs de la tech et de bien d’autres. Nous sommes désormais cernés par une infrastructure d’extraction, dominée par une bureaucratie d’acteurs, qui n’est pas sans rappeler la bureaucratie de l’administration coloniale. Celle-ci est dominée par la figure du data scientist, miroir de l’administrateur colonial, qui œuvre dans tous les domaines d’activité. Qu’ils oeuvrent pour Palantir, Salesforce ou LexisNexis, ils façonnent l’Etat algorithmique, transforment la nature même du gouvernement par de nouvelles formes de connaissance et de contrôle, dans un rapprochement dont on peine à prendre la mesure – 6500 agences publiques américaines utilisent Amazon Cloud Services. Partout, la technologie est devenue la modalité d’action sur la société. Partout, la technologie est convoquée pour optimiser les financements publics et notamment réduire les dépenses par un profilage toujours plus intensif des administrés en y appliquant partout des calculs probabilistes pour améliorer leur rentabilité, changeant profondément la nature du bien public et la conception de l’Etat providence. Pour ces acteurs, tout ce qui peut être utilisé le sera, simplement parce qu’il est disponible. Toutes les données sont collectées et sont rendues productives du fait même de leur disponibilité. La précision, l’exactitude ou la justice sont sans conséquences, tant que les données produisent des résultats.
S’inspirer des résistances anticoloniales
La critique de l’extractivisme colonial est nourrie. Les données, par nature, sont des objets sans contexte. L’historien et politicien Eric Williams, auteur de Capitalisme et esclavage (1930), a pourtant rappelé que la révolution industrielle qui a survalorisé l’innovation occidentale n’aurait pas été possible sans les ressources tirées de la colonisation. Pour lui, le capitalisme n’aurait pas pu se développer sans le colonialisme et sans la sujétion au travail, notamment par l’esclavage. Le sociologue péruvien, Anibal Quijano a parlé lui de « colonialité » du pouvoir pour parler des liens entre capitalisme et racisme, qui ne se sont pas achevés avec la décolonisation, mais se sont prolongés bien au-delà. Pour résister à la colonialité, Quijano invite à développer une rationalité et une connaissance débarrassée des idées de hiérarchies et de discrimination. Pour lui, la connaissance par exemple se construit bien plus par la diversité des perspectives que par le rejet de la diversité sous un prétexte rationaliste. Pour Mejias et Couldry, la connaissance que produit le Big Data est une connaissance depuis le point de vue des institutions qui les produisent, pas des gens et encore moins des gens depuis leur grande diversité. En cela, elle perpétue les caractéristiques de la science occidentale et la rend profondément colonialiste.
Sylvia Wynter est une autre chercheuse que les auteurs convoquent pour nous aider à trouver un autre rapport à la connaissance, à la science et à la rationalité. Pour elle, nous devons résister à la vision dominante de la science occidentale pour promouvoir une vision plus inclusive. Pour elle, nous avons besoin d’un mode de pensée sur la donnée qui inclut plus de gens et de perspectives, à l’image de ce que répètent les data scientists les plus critiques des perspectives technologiques comme Safiya Noble, Timnit Gebru ou les sociologues Ruha Benjamin, Virginia Eubanks… C’est également les perspectives que défendent Catherine D’Ignazio et Lauren Klein depuis le féminisme de données. C’est le même point de vue qu’exprime le philosophe Achille Mbembe quand il dénonce la continuité du colonialisme par d’autres moyens et nous invite à ne plus voir dans l’occident le centre de gravité du monde, dénonçant l’expansion de l’IA, comme le devenir artificiel de l’humanité. C’est le même enjeu qu’exprime Naomi Klein quand elle dénonce le capitalisme du désastre, qui utilise celui-ci pour créer des opportunités pour exploiter les populations les plus vulnérables. Pour Klein, l’extractivisme est lié au colonialisme qui ne voit le monde que comme une terre de conquête, plutôt que notre maison commune. Un extractivisme qui s’étend dans la plus grande impunité.
Les deux chercheurs terminent leur essai par des exemples de résistance qui peuvent paraître, comme souvent, bien fragiles face au rouleau compresseur de l’extractivisme des données. Pour eux, « le colonialisme de données n’est pas un problème facile à réparer ». On ne peut pas l’effacer d’une loi ou d’une nouvelle technologie… Ils nous invitent cependant à apprendre des résistances anticoloniales passées et de celles qui continuent de se déployer aujourd’hui, comme des résistances locales contre le déploiement des technologies de reconnaissance faciale, comme le propose la coalition Reclaim your Face. Dans de nombreuses industries de la tech, les travailleurs tentent de se syndiquer, non sans difficultés. D’autres montent des mouvements pour résister à l’extractivisme, comme No Tech for ICE, le mouvement qui s’oppose à l’usage des technologies par les agences d’immigration américaines ou No Tech for Apartheid qui s’oppose aux technologies de surveillance des Palestiniens ou Our Data Bodies, qui s’oppose aux technologies de surveillance sur les communautés pauvres et racisées américaines. Quand les Big Tech sont partout, c’est à chacun d’entre nous de résister, expliquent-ils en invitant à boycotter les plateformes, à éteindre ou déposer nos téléphones, comme le propose le Luddite Club des adolescents newyorkais. Mais nous devons aussi radicalement réimaginer la façon dont on utilise les données, comme nous y invite la penseuse argentine Veronica Gago, auteure de La puissance féministe, qui invite à s’extraire des zones d’extractivisme ou encore Ivan Illich qui nous invitait à construire une société conviale, faite d’outils responsables par lesquels les humains contrôleraient les technologies qu’ils utilisent.
Ils nous invitent d’ailleurs à nous défaire des réponses technologiques. Les solutions sont également sociales, politiques, culturelles, éducatives et légales… Et elles doivent se connecter aux gens et aux luttes. Mejias et Couldry nous invitent à travailler ces systèmes en demandant des droits et des régulations, comme l’a fait le RGPD en Europe. Il nous faut protester contre les pratiques extractivistes, oeuvrer avec les autorités pour exiger des transformations concrètes, oeuvrer avec d’autres organisations pour changer l’allocation des financements, exiger des sanctions et des boycotts, mobiliser les citoyens sur ces enjeux, soutenir la taxation des entreprises de la tech, exiger des garanties pour protéger les citoyens, comme le proposent People vs Big Tech. Mais il faut aussi oeuvrer contre les systèmes et développer de nouveaux outils politiques permettant de refuser le colonialisme sur nos données en œuvrant pour le développement de plateformes plus locales que globales. Si choisir un colonisateur national plutôt qu’un service global ne règle pas la question, Mejias et Couldry nous invitent à trouver les moyens de rendre l’extractivisme des données inacceptable. A la suite de Ben Tarnoff, ils nous invitent à imaginer comment nationaliser l’internet et développer à la suite des travaux de Trebor Scholz, des plateformes coopératives. Ils nous invitent à renverser le discours dominant en relayant les critiques à l’égard des systèmes algorithmiques, à partager les histoires édifiantes des victimes des calculs, et à soutenir les organisations qui œuvrent en ce sens. Ils nous invitent à redéfinir la frontière entre ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. « La crise du colonialisme des données exige notre participation mais sans notre approbation consciente. Elle ne nous confronte pas à la disparition des glaciers ou des forêts tropicales (même si le colonialisme des données vient avec des coûts environnementaux très significatifs), mais à des environnements sociaux appauvris organisés dans un seul but : l’extraction de données et la poursuite du profit. Et c’est un problème, car résoudre la crise environnementale – et toutes les crises auxquelles nous sommes confrontés – nécessite une collaboration sociale renforcée. Si nos environnements sociaux sont contrôlés par les États et les entreprises, il y a un risque que nous soyons manipulés pour servir leurs intérêts plutôt que les nôtres, ce qui pourrait saper les politiques collectives dont nous avons réellement besoin ». C’est aux colonisés d’agir. Il n’y a rien à attendre des colonisateurs de données. « L’extraction de données est le dernier stade d’un projet qui vise à gouverner le monde dans l’intérêt des puissants. Il nous faut inventer un monde où la donnée est quelque chose que les communautés contrôlent pour les buts qu’elles ont elles-mêmes choisis ». L’IA ne nous sauvera pas. Elle n’est « qu’un mécanisme de plus pour continuer à faire de l’argent et pour transformer le monde en espaces impénétrables que nous ne comprenons pas et sur lesquels nous n’avons aucun contrôle » et qui agit sur nos chances d’accès à des ressources cruciales (prêts, éducation, santé, protection sociale, travail…). Les données discriminent. Les tisser dans des algorithmes et des systèmes toujours plus complexes qui amplifient les biais ne générera que des systèmes de pouvoir encore plus inégaux. Ces systèmes exigent notre transparence la plus totale alors qu’eux-mêmes sont de plus en plus opaques, comme le disaient Ryan Calo et Danielle Citron. Si nous ne démantelons pas ces structures de pouvoir, le colonialisme de données produira de nouvelles injustices, pas leur disparition.
*
Si les perspectives critiques que tirent Mejias et Couldry sont intéressantes, on reprochera néanmoins à leur essai d’être plus philosophique que pragmatique. Les deux chercheurs peinent à documenter concrètement la prédation dont nous sommes l’objet, alors que les exemples ne manquent pas. Leurs propositions conclusives donnent un peu l’impression qu’ils nous invitent à prolonger la lutte, sans documenter justement le coût de la connexion. Leurs recommandations s’inscrivent dans un dictionnaire des luttes bien établies sans parvenir à proposer des leviers sur lesquels celles-ci pourraient converger. Dans leur radicalité, on pourrait s’attendre à ce que leurs propositions le soient également, permettant de construire des objectifs plus ambitieux, comme l’interdiction de la collecte de données, l’interdiction de leurs croisements, l’interdiction des inférences et de la segmentation des publics… On aurait pu attendre d’un livre sur le pillage des données qu’il soit plus radical encore, qu’il nous invite à combattre « la traite » dont nous sommes l’objet par le rétablissement de nos droits, comme l’abolition de l’esclavage ou l’indépendance ont été les leviers décisifs permettant d’envisager de mettre fin au colonialisme. Mejias et Couldry nous offrent une métaphore qui ouvre des perspectives, mais qui semblent bien moins mobilisables qu’on l’attendait.
MAJ du 4/10/2024 : Sur Mais où va le web, Irénée Régnauld revient sur le livre de l’anthropologue Payal Arora, From pessimism to to promise, qui offre un contrepoint au technocolonialisme de Mejias et Couldry. « Pour beaucoup, la peur d’être anonyme et perdu est plus grande que celle d’être surveillé. »
28.01.2025 à 09:25
Des nouvelles d’Argos Panoptès, la solution de supervision de sites web simple et efficace
Luc
Texte intégral (2269 mots)
Cela fait déjà plus de 8 mois que nous avons annoncé la sortie de la première version d’Argos Panoptès, notre logiciel de supervision dédié aux sites web, sur le Framablog et il est temps de faire un petit point d’étape.
Testé sur le champ de bataille
Si nous avions fait développer Argos, c’était évidemment pour l’utiliser ! Dans le cadre de Framaspace, nous savions que nous allions devoir surveiller un grand nombre de sites web. En effet, outre nos services classiques, il fallait pouvoir vérifier le bon fonctionnement de toutes les instances Nextcloud déployées, et comme nous prévoyons d’en héberger 10 000, ça en fait des sites !
La bonne tenue du service
Nous sommes passés d’un peu plus de 1 000 espaces Framaspace en mai dernier à près de 1 700 aujourd’hui, sans compter nos quelques centaines d’autres sites à surveiller (entre les services, les sites vitrines, les services avec plusieurs instances comme les pads, les services en test sur Framalab). On peut se dire que ça ne fait pas une grosse différence, mais sachant que d’autres solutions de supervision (comme statping-ng et Uptime Kuma que nous avions testés) ne supportent pas quelques centaines de sites…
Et surtout, nous avons multiplié les sondes ! Vous le verrez plus bas, nous avons ajouté de nouvelles capacités de supervision à Argos, ce qui nous permet de surveiller plusieurs aspects d’un même site, là où les tests étaient plus basiques auparavant.
Ainsi, pour plus ou moins 700 sites en plus à surveiller, nous sommes passés de 1 986 tests en mai 2024 à 5 585 tests au 20 novembre de la même année, 11 654 tests au 25 novembre (5 jours plus tard !), 26 584 tests au 28 janvier 2025 ! Et ça tient formidablement bien ! Nous n’avons pas dû ajouter d’agent supplémentaire, la base de données ne couine pas, nous sommes alertés très rapidement en cas de défaillance d’un site… Bref, tout marche bien navette 🙂
Une configuration automatisable et automatisée
Un des points importants du cahier des charges d’Argos était d’avoir une configuration facilement lisible (et écrivable) pour un humain, mais surtout automatisable, à savoir pouvoir générer cette configuration par un script ou tout autre moyen informatique. Un des outils testé avant de partir sur un nouveau logiciel ne permettait, pour sa configuration, que l’usage d’une API HTTP (utilisable via une interface web, et qui ne convenait pas très bien pour automatiser complètement le processus de configuration), ce qui n’était pas bien pratique.
La configuration étant en YAML, c’était chose entendue. Un script Python, lisant les Pillars Salt où nous déclarons nos serveurs, les sites qu’ils hébergent et les instances Framaspace déployées, nous permet de générer la configuration d’Argos. Il nous a suffit de l’utiliser dans une recette Salt, elle-même appelée par Hermès, l’agent de manipulation des espaces Framaspace, après l’exécution de sa liste de travaux (ajout ou suppression d’espace, changement de suite office…) pour qu’Argos ait une liste de sites à superviser toujours à jour, sans aucune intervention de notre part.
Un flux de travail très satisfaisant
Ne parlons pas de la configuration d’Argos, ce sujet ayant été traité ci-dessus.
Qu’en est-il de l’utilisation d’Argos au quotidien ? Et bien celui-ci s’insère fort bien dans notre infrastructure de supervision existante :
- il utilise le mail et Gotify pour nous alerter des problèmes. Gotify est un service (libre, que nous hébergeons nous-même, cela va de soi) qui permet d’envoyer et recevoir des messages. Si on peut avoir un client Gotify sur son téléphone, c’est plutôt via son client web que nous l’utilisons. Lorsqu’Argos envoie un message au serveur Gotify, une notification s’affiche sur mon bureau, me permettant de voir les alertes (et les rétablissements) en temps réel ;
- n’étant pas devant mon écran 24 heures sur 24, je peux toujours consulter les mails ou les messages sur l’interface web de Gotify. Mais pour savoir que je dois consulter ces messages du passé, j’ai créé une commande pour servir de sonde Nagios, utilisée dans notre service de supervision généraliste (mais vieillissant), Shinken. Couplé à un petit gadget nommé BlinkStick strip et un script de mon cru, je peux observer l’état de la supervision simplement en jetant un œil en haut de mon écran.
En résumé : Argos est très malléable et peut s’insérer dans plus ou moins n’importe quel manière de travailler.
De nombreuses évolutions ces six derniers mois
Lors de notre article de mai, Argos était en version 0.1.1. Depuis, pas moins de 14 nouvelles versions sont sorties, dont 6 que l’on peut qualifier de majeures. Nous en sommes aujourd’hui à la version 0.7.3.
Parmi les améliorations notables, on peut noter :
- la génération d’un fichier d’exemple de configuration, pratique pour une première installation : il n’y a plus qu’à le modifier, et en plus il est auto-documenté ;
- un système d’authentification intégré (fini l’authentification HTTP), ainsi que l’usage possible d’un serveur LDAP ;
- la possibilité toutefois de laisser un accès anonyme à tout ou partie d’Argos si on le souhaite ;
- une commande pour être averti si aucun agent ne s’est connecté depuis longtemps (ce qui évite d’avoir un Argos qui dit que tout est OK avec des informations datant de Mathusalem) ;
- une commande pour tester l’envoi de mails, pour valider les paramètres de configuration mail du logiciel ;
- une commande pour tester l’envoi de messages Gotify ;
- une commande qui peut être utilisée pour une sonde Nagios ;
- l’ajout d’Apprise comme moyen d’envoyer des notifications. Apprise est un véritable couteau suisse de la communication, qui peut être utilisé pour envoyer des messages par mail, SMS, Mattermost, Mastodon et plein d’autres protocoles libres ou non ;
- l’ajout de nombreux nouveaux types de sondes, permettant aisément :
- de s’assurer de la correspondance partielle ou complète d’un fichier JSON avec ce qu’on attend de lui ;
- de s’assurer de la présence ou de la correspondance d’en-têtes HTTP attendues ;
- de s’assurer que le code de statut HTTP retourné par le site correspond à l’un des codes attendus (on ne pouvait auparavant que tester une correspondance avec un seul code de statut) ;
- d’utiliser des expressions rationnelles dans certains types de tests (sur du JSON, des en-têtes et le corps de la réponse du site) ;
- de s’assurer de la redirection de la version HTTP vers la version HTTPS du site (il fallait auparavant déclarer les deux versions du site dans le fichier de configuration d’Argos)
- une retentative immédiate de requête en cas d’erreur
httpx.ReadError
(pour éviter les hoquets du réseau) ; - la possibilité d’attendre plusieurs états non conformes à ce qui est attendu avant d’émettre une notification (pour éviter les hoquets de service et les problèmes temporaires) ;
- la possibilité de choisir une fréquence de sonde inférieure à la minute ;
- les sondes peuvent maintenant tester les sites en IPv4 ou en IPv6 (par défaut, sans configuration, Argos teste les deux) ;
- les requêtes identiques sont maintenant mutualisées : au lieu de faire deux requêtes pour tester le code de retour et le contenu HTML d’une même page, Argos n’en fera qu’une seule ;
- la possibilité d’envoyer des données dans les requêtes des sondes (pour tester une authentification, par exemple).
D’autres évolutions à venir…
Mais moins ! Argos en est à un point qui nous convient très bien. Des idées d’évolutions sont là, mais rien d’aussi nécessaire que les évolutions évoquées ci-dessus.
Bien évidemment, nous continuerons à chouchouter ce logiciel, et à le maintenir, mais Framasoft a un carnet de bal bien rempli pour l’année à venir, et nous devons placer nos points d’énergie là où nous en avons le plus besoin.
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27.01.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 27 janvier 2025
Khrys
Texte intégral (12065 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
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Brave New World
- En Australie, la composition des mystérieuses boules échouées sur les plages de Sydney se révèle peu à peu (huffingtonpost.fr)
Des acides gras saturés et des bactéries fécales ont notamment été retrouvés dans la composition de ces boules, dont la présence sur les plages australiennes inquiète.
- La Chine a développé une IA aussi performante que ChatGPT pour 7 % du coût (legrandcontinent.eu)
- Le « soleil artificiel » chinois établit un nouveau record en matière de fusion nucléaire avec un réacteur tokamak en fonctionnant pendant près de 18 minutes à plus de 100 millions de degrés Celsius (developpez.com)
- À Bangkok, 350 écoles fermées à cause de la pollution de l’air (reporterre.net)
Un épais brouillard toxique enveloppe Bangkok et, vendredi 24 janvier, la capitale thaïlandaise a ordonné la fermeture de 352 écoles, affectant des milliers d’élèves. En cause : un pic de pollution aux particules fines PM 2,5 — les plus dangereuses car elles se diffusent directement dans le sang — dépassant plus de sept fois le seuil toléré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
- Burkina Faso : une étude évalue l’impact de la décentralisation à partir de données satellitaires (theconversation.com)
- Licencié pour avoir refusé l’avion, ce chercheur gagne en justice (reporterre.net)
- Researchers say new attack could take down the European power grid (arstechnica.com)
Power grid in Central Europe uses unencrypted radio signals to add and shed loads.
- « Make Germany great again » : l’extrême droite allemande se convertit au trumpisme avec Elon Musk (liberation.fr)
À un mois des élections, l’extrême droite lance sa campagne sur le thème de la « remigration », de la relance du nucléaire et du charbon, avec une candidate dont la vie privée est en totale contraction avec ses valeurs identitaires.
- Manifestations contre l’extrême droite dans toute l’Allemagne ce samedi, dont “une mer de lumière pour la démocratie” à Berlin (rtbf.be)
- « Heil Tesla » : en Allemagne, le salut nazi d’Elon Musk projeté sur une usine Tesla (liberation.fr)
Des activistes allemands ont revendiqué, jeudi 23 janvier, la projection d’une image du salut nazi d’Elon Musk sur son usine de voitures électriques, près de Berlin, accompagnée de la mention « Heil ».
- Intelligence Artificielle : la France ouvre la voie à la surveillance de masse en Europe (disclose.ngo)
Reconnaissance faciale en temps réel, interprétation des émotions, catégorisation des pensées religieuses, sexuelles et politiques… La France a activement milité pour que ces pratiques soient permises par « l’AI Act », le règlement européen sur l’intelligence artificielle, révèlent Disclose et Investigate Europe, documents confidentiels à l’appui.
Voir aussi France spearheads member state campaign to dilute European AI regulation (nvestigate-europe.eu)
Governments successfully lobby for freedom to surveil citizens in public spaces, target border areas with AI systems and exploit predictive policing algorithms, internal documents obtained by Investigate Europe reveal.
- En Libye, un espionnage massif de fabrication française (humanite.fr)
La société Amesys n’ignorait pas que son « outil d’interception numérique », vendu aux services de renseignements libyens, pouvait servir à traquer des opposants au régime
- Invisible Walls : How AI Tech at Europe’s Borders Threatens People Seeking Refuge (wearesolomon.com)
With EU funding, more and more countries are using artificial intelligence (AI) systems, drones, and surveillance towers at their borders, and gaining access to the personal data of people seeking refuge in Europe.
- La directrice d’Europol déclare que les grandes entreprises de la tech ont la « responsabilité » de déverrouiller les messages chiffrés. (developpez.com)
- Federal Court (Finally) Rules Backdoor Searches of 702 Data Unconstitutional (eff.org)
Better late than never : last night a federal district court held that backdoor searches of databases full of Americans’ private communications collected under Section 702 ordinarily require a warrant.
- Joe Biden Grants Clemency To Leonard Peltier (huffpost.com)
The ailing Native American rights activist has been in prison for nearly 50 years after the U.S. government lied to put him there.
- « Choc et effroi » : Donald Trump et les 100 premières heures d’une « présidence impériale’’ (legrandcontinent.eu)
- Un Républicain au Congrès veut permettre à Trump d’exercer un troisième mandat en modifiant la Constitution (revueladeferlante.fr) – voir aussi New GOP bill would let Trump (but not Obama) run for a third term (msnbc.com)
- À l’investiture de Trump, Hillary Clinton prise d’un fou rire pendant le discours du nouveau président (huffingtonpost.fr)
La démocrate a éclaté de rire lorsque le désormais 47e président des États-Unis a encore évoqué son envie de renommer le golfe du Mexique en golfe de l’Amérique.
Voir aussi Le golfe du Mexique s’appelle déjà « golfe d’Amérique » pour l’administration Trump (huffingtonpost.fr)
Le secrétaire américain à l’Intérieur a pour ordre de supprimer toutes les références au golfe du Mexique dans le système d’information du gouvernement dans les 30 jours.
- États-Unis : l’ancien présentateur de Fox News Pete Hegseth confirmé de justesse à la tête du Pentagone (francetvinfo.fr)
Accusation d’agression sexuelle, consommation excessive d’alcool, manque d’expérience… Malgré les critiques, le choix de Donald Trump de nommer Pete Hegseth à la tête du Pentagone a été approuvé de justesse vendredi 24 janvier par le Sénat américain. Lors de ce vote particulièrement serré, le nouveau vice-président, J.D. Vance, a dû se rendre sur place pour apporter sa voix décisive et faire pencher la balance.
- Donald Trump mène une « purge en pleine nuit » et décapite les services chargés de contrôler son action (huffingtonpost.fr)
Au moins 12 inspecteurs généraux ont été renvoyés des départements de la Défense, de l’Intérieur et de l’Énergie. L’Agence de la protection de l’environnement est aussi ciblée.
- Donald Trump gracie presque tous les insurgés de Capitole (liberation.fr)
À peine installé dans le Bureau Ovale, le nouveau président a accordé son pardon ou commué la peine de l’ensemble des 1500 individus condamnés pour l’émeute du Capitole du 6 janvier 2021, y compris deux détenus pour les actes les plus violents
- Donald Trump confirme les pires craintes de la communauté LGBTQ avec cette décision sur les « deux sexes » (huffingtonpost.fr)
Juste après avoir prêté serment, le président américain a déclaré que les États-Unis ne reconnaîtront que « deux sexes, masculin et féminin ».
Voir aussi Dès son premier jour, Donald Trump revient sur les droits fondamentaux des personnes trans (toutesdesfemmes.fr)
Le 20 janvier 2025, dès le premier jour de son mandat, Donald Trump a signé un décret revenant au niveau fédéral sur les droits fondamentaux des personnes trans. Une décision terrible pour les États-Unis et partout où l’influence de l’extrême droite américaine s’étend dans le monde.
Et Trump Declares War on Transgender People (motherjones.com)
We are not going anywhere, and we will fight back against these harmful provisions with everything we’ve got.
- US Justice Department drops case against Texas doctor charged with leaking transgender care data (apnews.com)
- Investiture de Donald Trump : Elon Musk a fait deux saluts nazis dans un moment d’euphorie (liberation.fr) – voir aussi Elon Musk a fait un salut nazi, estime sa fille Vivian Jenna Wilson : « Appelons un chat un putain de chat » (huffingtonpost.fr)
- Elon Musk s’en prend à Wikipédia qui fait référence à son salut nazi dans sa page biographique (liberation.fr)
Considéré par ses détracteurs et des historiens comme un salut nazi, le geste du milliardaire lors de la cérémonie d’investiture de Trump aux Etats-Unis lundi a été repris par l’encyclopédie en ligne. Le fondateur de Wikipédia se défend de toute propagande.
- Spotify Hosts Trump Inauguration Brunch and Makes $150,000 Donation to Ceremony (pitchfork.com)
- Björk Says Spotify Is the “Worst Thing That Has Happened to Musicians” (consequence.net)
- From Brownshirts to Billionaires : The Second Trump Inauguration (motherjones.com)
Four years ago, violent extremists tried to help Trump retain power ; now tycoons legitimize him.
- Nearly $1 Trillion : The Staggering Combined Net Worth Cheering at Trump’s Inauguration (theintercept.com)
- La richesse des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars en 2024, soit trois fois plus vite qu’en 2023 (oxfamfrance.org)
- Donald Trump menace les patrons réunis à Davos de droits de douane s’ils n’investissent pas aux États-Unis (huffingtonpost.fr)
- Donald Trump devient milliardaire en cryptomonnaies grâce à son jeton controversé « $TRUMP » et qualifié d’escroquerie (developpez.com)
- Les traders perdent des millions sur un « faux » memecoin Barron qui n’a aucun lien avec le fils de Trump (developpez.com)
Il a atteint une capitalisation boursière de 460 millions de dollars avant de s’effondrer de 95 %
- Trump’s Immigration Threats Are Already Wrecking the Food Industry (newrepublic.com)
Immigrant farm workers are too scared to show up to work.
- Reports of Navajo people being detained in immigration sweeps sparks concern from tribal leaders (azmirror.com)
The DOJ argued in court that Indigenous people don’t have birthright citizenship under the 14th Amendment, so neither should children of noncitizens born in the US
- Donald Trump voit déjà sa remise en cause du droit du sol suspendue par la justice (liberation.fr)
Un juge américain a mis un coup d’arrêt temporaire au décret signé par le nouveau président républicain lundi, dans la foulée de son investiture, l’estimant « inconstitutionnel de manière flagrante ».
- Les États-Unis suspendent leur aide internationale : l’Égypte et Israël épargnés, l’Ukraine pas mentionnée (liberation.fr)
- « Horrible », « une douche froide »… L’appel incendiaire de Donald Trump à la Première ministre danoise pour acheter le Groenland (liberation.fr)
Le président américain se serait montré très agressif lors d’un appel à Mette Frederiksen, qui lui a répété que le territoire arctique n’était pas à vendre
- Trump retire les États-Unis de l’Accord de Paris et confirme qu’il n’a jamais été aussi climatosceptique (huffingtonpost.fr) – voir aussi Donald Trump détruit la politique environnementale de son pays : « le monde n’attendra pas les États-Unis pour poursuivre son action climatique » (vert.eco)
- Le milliardaire Michael Bloomberg veut prendre à sa charge un financement américain pour le climat (liberation.fr)
L’ancien maire de New York a décidé de supplanter le gouvernement et de contribuer lui-même aux politiques environnementales du pays, mises à mal par les décrets anti-écolo de Donald Trump.
- « L’organisme des enfants est particulièrement vulnérable » : Un élève sur sept dans le monde victime du dérèglement climatique en 2024, alerte l’Unicef (humanite.fr)
- Trump Revokes Biden Executive Order On Addressing AI Risks (yro.slashdot.org) – voir aussi Trump révoque le décret de Biden qui visait à atténuer les risques que fait peser l’IA sur les utilisateurices, les travailleureuses et la sécurité nationale, réduisant les exigences en matière de sécurité pour l’IA (developpez.com)
- Trump Signs Executive Order on Developing AI ‘Free From Ideological Bias’ (slashdot.org)
- Dominer la société avec l’IA : la face cachée du projet Stargate (legrandcontinent.eu)
Le deuxième homme le plus riche du monde a un plan. Installer un nouveau régime de surveillance et de domination : avec des capteurs vidéo à bas coût, des milliers de drones, une masse infinie de données analysées constamment par une IA aux mains de l’État.
- Llama 3.1 Community License is not a free software license (fsf.org)
The FSF has published its evaluation of the “Llama 3.1 Community License Agreement.” This is not a free software license and you should not use it, nor any software released under it.
- L’essor de l’IA donne naissance au « GPU-as-a-Service », une solution face à la pénurie de puissance mais non sans limites, avec des risques de dépendance aux géants du cloud (developpez.com)
- OpenAI launches Operator, an AI agent that can operate your computer (arstechnica.com)
- Canadian authors warn readers that AI dupes of their books are popping up on Amazon (cbc.ca)
- OpenAI’s ChatGPT crawler can be tricked into DDoSing sites, answering your queries (theregister.com)
The S in LLM stands for Security
- The Internet is (once again) awash with IoT botnets delivering record DDoSes (arstechnica.com)
We’re only three weeks into 2025, and it’s already shaping up to be the year of Internet of Things-driven DDoSes. Reports are rolling in of threat actors infecting thousands of home and office routers, web cameras, and other Internet-connected devices.
- GeoSpy, un outil d’IA surpuissant qui peut trouver où a été prise n’importe quelle photo (korii.slate.fr)
- Un espion dans votre poche : des milliers d’applications dévoilent votre localisation (rts.ch)
L’emplacement de millions de téléphones portables est à vendre. Une enquête de SRF le révèle : une application sur cinq transmet des données à des tiers.
- Millions of Subarus could be remotely unlocked, tracked due to security flaws (arstechnica.com)
You can retrieve at least a year’s worth of location history for the car, where it’s pinged precisely, sometimes multiple times a day, […] Whether somebody’s cheating on their wife or getting an abortion or part of some political group, there are a million scenarios where you could weaponize this against someone.
- Complexity physics finds crucial tipping points in chess games (arstechnica.com)
- Parker, la première sonde à frôler le Soleil pour répondre à deux grandes questions de la science (humanite.fr)
Jamais un engin scientifique expédié par l’humanité n’avait approché de si près notre étoile. Le mardi 24 décembre, à 12 h 53, heure de Paris, la sonde solaire Parker Solar Probe (PSP) de la Nasa est passée à 6,2 millions de kilomètres de la surface de l’astre, une petite distance à l’échelle de l’espace.
Spécial Palestine et Israël
- Palestine. En Cisjordanie, la brutalité des colons en roue libre (orientxxi.info)
Si Gaza reprend sa respiration au lendemain du cessez-le-feu, le cauchemar continue dans les campagnes et les bourgs de Cisjordanie : des centaines de morts, des milliers d’agressions, des pillages sévères. Le harcèlement de colons grisés par l’impunité est terrible.
- In the West Bank, Palestinian unemployment is now Israeli policy (972mag.com)
After October 7, Israel revoked the work permits of more than 150,000 Palestinians.
- Israël lance l’opération « Mur d’acier » en Cisjordanie occupée (huffingtonpost.fr)
Deux jours après le « cessez-le-feu » à Gaza, Israël a lancé une opération militaire d’envergure à Jénine, tuant au moins dix Palestinien·nes.
- De la difficulté de parler de la Palestine à la Sorbonne (blogs.mediapart.fr)
Spécial femmes dans le monde
- Persécution des femmes en Afghanistan : la CPI envisage des mandats d’arrêt contre des talibans (liberation.fr)
Le procureur de la Coup pénale internationale, Karim Khan, a annoncé ce jeudi 23 janvier qu’il comptait demander des mandats d’arrêt contre de hauts dirigeants talibans « pour le crime contre l’humanité de persécution liée au genre ».
- Espagne : un tribunal accorde un double congé parental à une mère solo par souci d’équité (huffingtonpost.fr)
La haute cour de Murcie a souligné que tous les bébés doivent être traités de la même manière, quelle que soit la composition de leur famille.
- Marilyn Manson accusé de violences sexuelles : la justice abandonne les poursuites en raison de la prescription (huffingtonpost.fr)
Evan Rachel Wood, ex-fiancée du rockeur, et Esmé Bianco, actrice de « Game of Thrones », font partie des femmes qui ont accusé Brian Warner de viols ou agressions sexuelles.
- After his executive order on sex, is Trump legally the first female president ? (theguardian.com)
The confusing and vague executive order underscores how complex sex is and why it’s hard to reduce it into a neat binary
- Trump reverses Biden actions intended to protect abortion access (washingtonpost.com)
- À Washington, la grand-messe des anti IVG (humanite.fr)
- Instagram et Facebook ont bloqué des publicités pour des pilules abortives, selon le New York Times (rtbf.be)
- New York’s First Guaranteed Income Program Is a Lifeline for Homeless Moms (reasonstobecheerful.world)
The simple act of cash distribution can alleviate poverty and improve health — including families’ health and early childhood development.
- Men Have Grown Twice As Much As Women Over Past Century, Study Shows (slashdot.org)
Spécial France
- Out of Africa (blog.mondediplo.net)
La plupart des bases militaires françaises en Afrique auront fermé à la fin du mois de janvier, à la demande expresse des pays concernés : c’est le terme d’un anachronisme, plus de soixante ans après la vague des indépendances
- “Personne n’est capable de donner un chiffre” : à Mayotte, le bilan humain du cyclone Chido fait toujours débat (francetvinfo.fr)
Combien de morts le cyclone Chido a-t-il laissés sur son passage ? Six semaines après la catastrophe qui a dévasté l’archipel, les autorités dénombrent seulement 40 morts à Mayotte ainsi qu’une “quarantaine de disparus”, selon les dernières déclarations du préfet François-Xavier Bieuville. […] “Plusieurs personnes me rapportent des enterrements d’enfants dès l’accalmie à Koungou et à La Vigie, mais il y a une anxiété dans la population, les gens ont peur de parler’’ […]”Pourquoi ces corps n’auraient pas le droit à une mémoire et à un enterrement digne ? Quelle société ne veut pas connaître le nombre de morts d’une catastrophe ? […] Tout le monde s’en fout de ces décès et des enterrements illégaux, parce qu’ils concernent surtout les clandestins.”
- Mayotte : l’Assemblée nationale adopte le projet de loi d’urgence pour la reconstruction de l’île (liberation.fr)
Cinq semaines après le passage du cyclone Chido, les députés ont voté ce mercredi 22 janvier en faveur du texte qui doit permettre des assouplissements aux règles d’urbanisme et des mesures sociales.
- Mort de Moussa au travail : la société Europ Net, prestataire de l’Assemblée nationale, condamnée pour homicide involontaire (humanite.fr)
La société prestataire de l’Assemblée nationale a été condamnée ce vendredi 24 janvier à une amende de 150 000 euros, deux ans et demi après le décès sur son lieu de travail d’un de ses agents, Moussa Sylla.
- Le Sénat supprime les avantages accordés aux anciens présidents de la République et Premiers ministres (publicsenat.fr)
Les sénateurices ont adopté un amendement au budget 2025, contre l’avis du gouvernement, afin de mettre fin aux avantages des anciens présidents de la République et anciens Premiers ministres : voiture personnelle avec chauffeur, collaborateurs ou encore secrétariat. […] « Dans l’ensemble, ils ne sont pas des grands nécessiteux de la République, ils ont tous un certain nombre de retraites et ont tous des postes de consultant. J’ai vérifié, personne n’est aux Restos du cœur », a justifié la sénatrice de l’Orne. […] Plusieurs orateurices ont rappelé que certain·es ancien·nes Premier·es ministres bénéficiaient de ces avantages depuis « plus de 30 ans ».
- Hôpital : adoption définitive de la proposition de loi pour un nombre minimal de soignant·es par patient·es (publicsenat.fr)
- Démission de Camille Chaize du porte-parolat du ministère de l’Intérieur après avoir publié un livre : « Une sortie de son devoir de réserve assez spectaculaire » (liberation.fr)
Après la sortie d’un ouvrage qui raconte ses années à la Place Beauvau, et dans lequel elle se fait peu amène envers le RN ou le syndicat Alliance, la commissaire Camille Chaize a démissionné de son poste ce mardi 21 janvier.
- Au CNRS, un label d’excellence fait polémique (reporterre.net)
Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) serait-il en train de se saborder ? Universités, laboratoires et syndicats font front commun contre l’initiative « Key Labs », portée unilatéralement par la direction du CNRS. Un projet qui vise à rediriger les moyens du Centre vers un quart des unités de recherche dites « stratégiques ». […] 75 % des groupes de recherche (54 % des personnels CNRS) seront donc délaissés au profit d’une poignée, sélectionnée « unilatéralement par la direction du CNRS dans la plus grande opacité », selon l’intersyndicale.
- Suicides chez France Telecom, l’ex-PDG définitivement condamné (zdnet.fr)
- Patron de la SNCF : « Le TGV n’est pas un service public » (bienpublic.com)
Après un bénéfice d’1,3 milliard d’euros enregistré en 2023, Jean-Pierre Farandou doit annoncer les résultats 2024 du groupe SNCF le 27 février prochain. « Les gens disent souvent que la SNCF perd de l’argent, mais c’est faux. Le groupe SNCF gagne de l’argent, assure-t-il
- Une explosion du nombre d’écrans publicitaires dans les gares en 2025 (reporterre.net)
- La construction en Moselle de la « plus grande » usine de panneaux solaires d’Europe validée par les autorités (liberation.fr)
Le préfet du département du Grand Est a signé ce vendredi 24 janvier l’autorisation environnementale et le permis de construire pour la sortie de terre, à partir de 2026, d’une usine qui devrait employer 1 900 personnes.
Voir aussi Énergie : L’un des derniers fabricants français de panneaux solaires va mettre la clé sous la porte (20minutes.fr)
Le fabricant français de panneaux solaires Photowatt fermera ses portes à Bourgoin-Jallieu (Isère). Un CSE se réunira le 4 février pour étudier les mesures d’accompagnement des employés
- « Un niveau d’obsolescence inquiétant » : la direction du Louvre alerte sur l’état du musée (ledauphine.com)
- La maire de Strasbourg appelle les propriétaires publics et privés de logements vacants à la solidarité. (rue89strasbourg.com)
En plein hiver, des centaines de personnes dont de nombreux enfants dorment dehors.
- Cancer du poumon : 20 000 fumeureuses et ex-fumeureuses entre 50 et 74 ans appelé·es à se faire dépister en France (liberation.fr)
L’Institut national du cancer a annoncé jeudi 23 janvier un projet pilote pour tester la mise en place en France d’un dépistage généralisé du cancer du poumon, à l’instar de ce qui existe déjà pour le sein, le colon et le col de l’utérus. Objectif : réduire de 20 à 25 % les risques de décès.
- Bébés nés sous X en France : un trafic d’ampleur longtemps passé sous silence (liberation.fr)
Spécial femmes en France
- Mort de Valérie André, première femme générale, à 102 ans, l’armée lui rend hommage (huffingtonpost.fr)
Valérie André, médecin militaire, parachutiste et pilote d’hélicoptère, a été la première femme à accéder au rang de général en France.
- Dans le Finistère l’adieu aux sardinières (revueladeferlante.fr)
Le 20 décembre 2024, la dernière usine du groupe Saupiquet, implantée à Quimper, a fermé ses portes. Avec elles s’éteint un pan de l’histoire ouvrière de la région, dont les travailleuses des conserveries de poisson ont été des figures essentielles.
- « Vous comptez retirer votre voile ? » (revueladeferlante.fr)
Marie-Cécile, 43 ans, est une femme noire, musulmane, qui porte le voile. Au cours d’une vie professionnelle riche mais semée d’embûches, elle a essuyé de nombreux refus de candidature, ainsi que des propos et des actes discriminants.
- La Fondation abbé Pierre change de nom et devient la « Fondation pour le Logement des Défavorisés » (huffingtonpost.fr)
- La préfecture de l’Isère demande l’annulation des congés menstruels : “Ma mâchoire est tombée quand j’ai lu le courrier” (france3-regions.francetvinfo.fr)
Depuis 2023, plusieurs collectivités iséroises ont adopté des congés en faveur de l’égalité hommes/femmes, comme le congé menstruel, le congé IVG ou l’allongement du congé deuxième parent. Des dispositions jugées irrégulières par la préfecture de l’Isère, qui demande leur abrogation.
- Des femmes plus féministes et des hommes plus masculinistes : le HCE souligne une « polarisation » chez les jeunes FrançaisEs (huffingtonpost.fr) – voir aussi Rapport 2025 sur l’état du sexisme en France – À l’heure de la polarisation (haut-conseil-egalite.gouv.fr)
- Entre le discours des pères et ce qu’ils font à la maison, il y a un décalage, montre cette étude (huffingtonpost.fr)
La plupart des pères estiment que la naissance de leur enfant a été l’occasion de réviser les priorités entre vie professionnelle et vie familiale, mais seulement en théorie.
- Divorce pour manquement au « devoir conjugal » : la France condamnée par la CEDH (liberation.fr)
Refuser des rapports sexuels ne peut pas être considéré par la justice comme une faute en cas de divorce, a tranché ce jeudi 23 janvier la justice européenne, saisie par une Française.
Voir aussi Vers la fin du « devoir conjugal » en France ? (theconversation.com)
Jeudi 23 janvier 2025, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu un arrêt important sanctionnant la France pour avoir condamné une femme qui refusait les relations sexuelles avec son mari. L’arrêt de la CEDH pourrait marquer un tournant dans l’évolution du droit relatif à la liberté sexuelle et à la vie privée.
- Des femmes prises à la gorge par les dettes de leur ex-mari (alternatives-economiques.fr)
- Ivanne Trippenbach, journaliste du Monde, porte plainte pour cyber-harcèlement après les obsèques de Le Pen (huffingtonpost.fr)
- Face aux violences sexistes et sexuelles, l’industrie de la musique évolue lentissimo (telerama.fr)
Ambiance de fête, précarité, frontières poreuses entre les vies professionnelle et privée : le secteur des musiques actuelles ne facilite pas la lutte contre les violences faites aux femmes. Associations de lutte et de prévention en témoignent.
- Les César suspendront dorénavant tout membre mis en cause par la justice pour des faits de violences sexuelles (lefigaro.fr)
Critiquée pour avoir longtemps fermé les yeux sur les affaires qui secouent le milieu, l’Académie des César avait connu une grave crise en 2020 en récompensant Roman Polanski.
- « Les Valseuses » de Bertrand Blier, de film culte à symbole de la culture du viol (huffingtonpost.fr)
C’était sans doute son film le plus connu. Bertrand Blier est mort ce mardi 21 janvier à l’âge de 85 ans.
- “Soumission chimique”, sur France 2 : “Les produits les plus utilisés par les violeurs sont parmi ceux prescrits tous les jours” (telerama.fr)
- Définition du viol : une proposition de loi déposée pour introduire le non-consentement dans le Code pénal (liberation.fr)
S’appuyant sur un rapport rendu public ce mardi 21 janvier, les députées Véronique Riotton et Marie-Charlotte Garin ont déposé un texte transpartisan préconisant d’intégrer cette notion, afin notamment de tenir compte de l’état de sidération des victimes. La proposition de loi devrait être débattue fin mars.
Spécial médias et pouvoir
- Louis de Raguenel, journaliste-communicant et maillon clé du système Bolloré (acrimed.org)
Avant, Louis de Raguenel travaillait au ministère de l’Intérieur. Aujourd’hui, c’est une pièce maîtresse des médias de Vincent Bolloré. Derrière ses airs de gendre idéal, se cache un personnage influent qui brouille information et désinformation.
- Cyril Hanouna négocie sa venue à M6, Karine Le Marchand menace de démissionner (humanite.fr)
« S’il vient, je m’en vais »« Il est hors de question que je sois dans le même groupe et sur la même photo qu’une personne qui me harcèle, me méprise et m’insulte sans arrêt depuis sept ans »
- Le PDG d’Ebra, plus grand groupe de presse locale, fan de Sarah Knafo et Marion Maréchal (streetpress.com)
Sur LinkedIn, Philippe Carli, PDG du groupe de presse locale Ebra (Le Dauphiné Libéré, Les DNA, L’Est Républicain…), propriété du Crédit Mutuel, like des dizaines de posts d’extrême droite souvent publiés par la galaxie Zemmour.
- « Mastodon, c’est un bien commun, surtout vu l’environnement médiatique et politique » (basta.media)
- Les contenus haineux et négatifs sont rentables pour les médias sociaux publicitaires (blogs.mediapart.fr)
- « HelloQuitteX » : partir ou ne pas céder le terrain à l’extrême droite, le débat qui divise la gauche (humanite.fr)
- Se battre sur le terrain des faits (lemonde.fr)
L’alliance entre Donald Trump et des patrons de plateforme sociale, tels Elon Musk ou Mark Zuckerberg, représente une menace à l’échelle mondiale sur le libre accès à une information fiable. « Le Monde » fait donc le choix d’interrompre le partage de ses contenus sur X et de redoubler de vigilance sur des plateformes comme TikTok et sur celles de Meta.
- Pourquoi “Arrêt sur images” ne quitte pas X (arretsurimages.net)
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- Mayotte. « Les bâches, on les attend toujours » (afriquexxi.info)
Un mois après le passage du cyclone Chido et malgré les promesses d’Emmanuel Macron et de son Premier ministre François Bayrou, inquiétude et incompréhension dominent dans l’archipel : face à une aide qui se fait attendre, les habitants sont incités à reconstruire dans l’urgence, tandis que l’État promet de reprendre la destruction des bidonvilles…
- Armées : Emmanuel Macron veut pouvoir « mobiliser » davantage de jeunes volontaires en « renfort » (liberation.fr)
Lors de ses vœux aux militaires français ce lundi 20 janvier, le Président a dit vouloir des propositions d’ici mai pour « permettre à une jeunesse volontaire d’apprendre avec les armées et d’en renforcer les rangs ».
- Sur le Budget 2025, la drôle de méthode de François Bayrou au Sénat, agace et surprend (huffingtonpost.fr)
Ce lundi, le Sénat a adopté un amendement déposé la veille par le gouvernement prévoyant 630 millions d’euros d’économies dans l’Enseignement supérieur.
- Éducation nationale : Mais pourquoi 92 % des enseignant·es dépensent 300 euros par an pour leur classe ? (20minutes.fr)
Selon une étude, 92,2 % des enseignant·es de primaire dépensent environ 300 euros par an sur leur budget personnel. Des frais nécessaires pour faire classe dans des bonnes conditions. Iels soulignent leur abandon par le ministère l’Éducation nationale.
- « Finalement, l’héritage des JO c’était du bluff ! », dénonce Philippe Sudre du RSCC Judo à Champigny (humanite.fr)
On attendait après les Jeux olympiques une sorte de continuité pour le sport français, or après l’annonce de la baisse du budget du sport, les clubs pourraient se retrouver dans la difficulté faute de moyens financiers.
- PLF2025 : un budget cadenassé, la démocratie bâillonnée (france.attac.org)
Le Sénat a adopté le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 après avoir intégré, à marche forcée, de nouvelles coupes budgétaires qui touchent notamment l’écologie. Ce nouveau budget s’annonce brutal et injuste, et les procédés mis en œuvre pour obtenir son adoption témoignent (une nouvelle fois) d’un mépris de l’exécutif pour le débat parlementaire et démocratique.
- Le Sénat et le gouvernement veulent supprimer l’Agence bio (reporterre.net)
Cette coupe budgétaire est insensée alors que l’agriculture biologique traverse une crise, dénoncent les acteurs de la filière.
- « On perd les glaciers comme on est en train de perdre la bataille du climat » (reporterre.net)
L’ONU a décidé de faire de 2025 « l’année de protection internationale des glaciers ». En France, « il y a une ambition nationale pour les protéger mais sans aucun moyen », résume le glaciologue Jean-Baptiste Bosson.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- Investiture de Trump : qu’ont vraiment fait Zemmour, Knafo, Maréchal et Aliot lors de leur week-end à Washington ? (liberation.fr)
- Bruno Retailleau affirme partager le « combat » de Némésis, un groupuscule xénophobe et identitaire (humanite.fr)
Lors d’une conférence sur la sécurité, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a apporté son soutien à Némésis, un mouvement identitaire qui se revendique féministe pour masquer sa xénophobie.
Voir aussi « Immense fierté » : Bruno Retailleau adoube le collectif d’extrême droite Némésis, dont il partage le « combat » (liberation.fr)
- Le coup de pouce de la mairie de Toulouse au collectif d’extrême droite Némésis (streetpress.com)
- Le recteur de la Grande mosquée de Paris dénonce « les amalgames, confusions, actes et discours antimusulmans » (liberation.fr)
Chems-Eddine Hafiz a déploré ce jeudi 23 janvier lors de sa cérémonie de vœux les attaques médiatiques visant la communauté musulmane en France, ainsi que sa personne et son institution.
- Travailleurs sans-papiers : Bruno Retailleau acte un durcissement des régularisations (liberation.fr)
Le ministre de l’Intérieur a envoyé ce jeudi 23 janvier une nouvelle circulaire aux préfets, qui remplace celle de Valls datant de 2012. La durée de résidence en France nécessaire pour une régularisation pourrait passer de trois à sept ans.
- Arrivé en France à 2 ans, il est menacé d’expulsion vers un pays qu’il ne connaît pas (basta.media)
Uwaïs, 28 ans, vit en France depuis tout petit. Il a passé sa vie de jeune adulte à se battre pour ne pas être envoyé dans un pays, les Comores, où il n’a ni souvenirs ni famille. Récit d’une vie sous la menace permanente de l’expulsion.
- Un « fléau » qui « nécrose Mayotte » : dans « Ouest-France », la violente charge de Manuel Valls contre l’immigration (liberation.fr)
- Gilets jaunes : le policier qui a éborgné Jérôme Rodrigues sera jugé par la cour criminelle (liberation.fr)
Deux juges d’instruction ont ordonné ce vendredi 24 janvier le renvoi de Brice C., 34 ans, devant la cour criminelle de Paris pour le tir de grenade de désencerclement qui a coûté son œil au gilet jaune, qui ne représentait pas une menace.
Spécial résistances
- Face au retour de Trump : « Dire la vérité plus fort que jamais » (basta.media)
- « Libérez Gino ! » (lundi.am)
Le 12 novembre 2024, Gino était interpelé en région parisienne par la Sous-direction anti-terroriste (SDAT). La fine fleur de la police française avait pour mission de faire appliquer un mandat d’arrêt international émis par la justice hongroise. Cette dernière accuse Gino d’avoir agressé des militants néo-nazis en marge de la manifestation pour la Journée de l’honneur en février 2023.
- Face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle, comment les travailleurs s’organisent pour protéger leurs emplois et redéfinir leur place dans un monde automatisé (developpez.com)
Ce sentiment, autrefois réservé à certains secteurs industriels, s’étend aujourd’hui à presque tous les domaines, du service client à la santé, en passant par le journalisme et l’éducation.
- Victoire pour les urgences de Villeneuve-Saint-Georges : la grève paie aussi à l’hôpital (frustrationmagazine.fr)
Grâce à leur détermination, iels ont obtenu satisfaction sur l’ensemble de leurs revendications. Cette victoire syndicale illustre avec force que, même dans un secteur aussi sensible que la santé, la solidarité et la persévérance permettent d’imposer des avancées concrètes.
- Explosion de friteuses, températures polaires aux Restos U de Brest : bataillons l’austérité le 29 janvier ! (revolutionpermanente.com)
Spécial outils de résistance
- Répondre aux préjugés sur les migrations (ritimo.org)
- Extrême droite : sonner l’alarme dans le monde agricole (contretemps.eu)
Alors que se déroulent jusqu’au 30 janvier les élections dans les chambres d’agriculture, qui désignent les représentants du monde agricole et paysan dans ces instances, Contretemps republie ici un dossier de Campagnes solidaires (n°405 – mai 2024), le mensuel de la Confédération paysanne à propos de l’extrême droite dans le monde agricole.
- The Cyber-Cleanse : Take Back Your Digital Footprint (optoutproject.net)
Spécial GAFAM et cie
- Les extensions Gemini de Google Home seraient en train d’être déployées pour tous les utilisateurs afin de leur permettre de gérer les appareils connectés à Google Home à l’aide de commandes en langage naturel (developpez.com)
- Amazon ferme TOUS ses entrepots au Québec en raison de la syndicalisation des employés d’entrepôts. (ici.radio-canada.ca)
- Quebecers are already boycotting Amazon as layoff count reaches 3,000 employees (mtlblog.com)
- Jeff Bezos deletes ‘LGBTQ+ rights’ and ‘equity for Black people’ from Amazon corporate policies (irishstar.com)
Amazon’s modifications mirror similar actions taken by other major companies after Trump’s election victory, including Meta, McDonald’s, and Walmart
- Mark Zuckerberg fait la guerre aux « woke » : il veut de « l’énergie masculine » et de « l’agressivité » au bureau, se plaignant que le monde a été « culturellement castré » (developpez.com)
- Meta admits some people can’t unfollow Donald Trump on Instagram (independent.co.uk) – voir aussi Meta nie avoir forcé des comptes Facebook et Instagram à suivre Donald Trump et assure que c’est un « bogue » qui a caché les hashtags démocrates (developpez.com)
- Meta veut récupérer les créateurices de TikTok avec jusqu’à 5 000 $ de bonus pour passer à Facebook et Instagram après que Mark Zuckerberg ait lancé sa propre application de montage vidéo (developpez.com)
- Threads is offically getting ads (theverge.com)
Meta is doing a ‘small test’ of ads in the US and Japan, Instagram boss Adam Mosseri says.
- Open letter to Mark Zuckerberg (pixelfed.social)
- Microsoft loses status as OpenAI’s exclusive cloud provider (cnbc.com)
The change in their relationship was disclosed as part of President Donald Trump’s announcement of the Stargate Project, a joint venture with OpenAI, Oracle and Softbank to invest billions of dollars in AI infrastructure in the U.S.
- LinkedIn sued for allegedly training AI models with private messages without consent (therecord.media)
Last August, LinkedIn “ostensibly” offered users the ability to enable a new privacy feature dictating whether their personal data could be shared, but turned permissions on by default […]The change was not communicated in the social media giant’s terms of service or privacy policy before it was made. Silicon Valley-based LinkedIn is owned by Microsoft.
- Réseau X : comment les géants américains du pétrole, du plastique et des pesticides utilisent leurs tweets pour retarder l’action climatique (liberation.fr)
Entre 2008 et 2023, les industriels américains des énergies fossiles, du plastique et de l’agrochimie, tous liés aux hydrocarbures, se sont coordonnés sur le réseau social pour nier le réchauffement et retarder les politiques permettant d’y remédier
- Le milliardaire de la Tech Elon Musk se plaint de l’interdiction de X par la Chine : “Quelque chose doit changer” (developpez.com)
- TikTok est de nouveau accessible aux États-Unis : Trump présenté comme le sauveur de l’application chinoise (legrandcontinent.eu)
- Rednote : le petit livre rouge best-seller aux États-Unis (frustrationmagazine.fr)
Et si la révolution sociale de notre siècle venait du prolétariat américain ? À l’heure où le président d’extrême droite, Donald Trump, prête serment sur la Bible sous la coupole du Capitole, reprenant les rênes d’un empire plus tendu que jamais, des millions d’américains traversent le rideau de fer virtuel du bannissement de TikTok et filent vers l’est, sur le réseau chinois Rednote et découvrent un autre empire, celui-ci vêtu de rouge et où les frais médicaux n’impliquent pas l’hypothèque de leur maison. Prolétaires de tous les pays, cyber-unissez-vous !
- Le mouvement technologique « Free our Feeds » veut exclure les milliardaires de la propriété des médias sociaux en levant des fonds pour construire un média social décentralisé sans influence des milliardaires (developpez.com)
Les autres lectures de la semaine
- The Open Weight Definition offers another take on the OSAID debate (zdnet.com)
The newly formed Open Source Alliance (OSA) has released its take on OSAID : the Open Weight Definition (OWD).
- Gender approaches to cybersecurity : integrating policy, research and technical standards discussions (apc.org)
- Éthique située et agents conversationnels : l’importance des contextes (maisouvaleweb.fr)
- AI is Creating a Generation of Illiterate Programmers (nmn.gl)
First, I stopped reading documentation. Why bother when AI could explain things instantly?Then, my debugging skills took the hit. Stack traces now feel unapproachable without AI. I don’t even read error messages anymore, I just copy and paste them.I’ve become a human clipboard, a mere intermediary between my code and an LLM. […] Every time we let AI solve a problem we could’ve solved ourselves, we’re trading long-term understanding for short-term productivity. We’re optimizing for today’s commit at the cost of tomorrow’s ability. […] The real question isn’t whether AI will replace programmers. It’s whether we’re replacing ourselves.
- L’IA est-elle compatible avec le Libre ? (khrys.eu.org)
- The Revolution Will Be Decentralized (joanwestenberg.com)
- On s’est incrusté·es dans la « ferme du futur » de Niel (revue21.fr)
- « Le plus efficace contre la délinquance, c’est l’État social » (off-investigation.fr)
- Billionaires Should Not Exist — Here’s Why (teenvogue.com)
- Comment les hommes « puissants » d’internet ont fait gagner Trump (reporterre.net)
- Trump, Musk : l’hypnocratie ou l’empire des fantasmes (legrandcontinent.eu)
Donald Trump et Elon Musk sont-ils en train d’hypnotiser le monde ? L’une des figures les plus brillantes de la philosophie contemporaine hongkongaise, Jianwei Xun, précise le cadre d’une intuition, en forgeant une nouvelle notion : « hypnocratie » — que pouvons-nous face à l’empire des fantasmes ?
- The Tech Oligarchy Arrives (theatlantic.com)
Donald Trump’s inauguration signaled a new alliance—for now—with some of the world’s wealthiest men.
- ‘Decentralized Social Media Is the Only Alternative To the Tech Oligarchy’ (slashdot.org)
- Le droit de battre shitcoin (lepavenumerique.substack.com)
- Trump, la répression anti-migratoire et les profits de la peur (contretemps.eu)
Selon le philosophe Alberto Toscano, auteur notamment de Late Fascism (« Le fascisme tardif », qui paraîtra bientôt en français aux éditions de la Tempête), les plans d’expulsion massive de Trump sont un racket raciste profondément enraciné dans l’histoire et le droit des États-Unis.
- Milei à Davos : le discours intégral (legrandcontinent.eu)
Après l’économie, Javier Milei se lance dans les guerres culturelles. Son projet ? « Rendre à l’Occident sa grandeur » en assumant de prendre la tête d’une internationale réactionnaire aux côtés de ses « camarades de lutte » : Trump, Musk, Meloni Orbán. Avec son dernier discours à Davos, le style Milei vient de connaître une inflexion majeure. Nous le traduisons et le commentons ligne à ligne.
- « La cybersurveillance est devenue un énorme marché » (humanite.fr)
Affaire Amesys, #Drahileaks, géopolitique des câbles… Sur son site Reflets.info, le journaliste Antoine Champagne dénonce l’emprise croissante de la surveillance numérique sur nos libertés et notre intimité.
- Why aren’t we talking about the real reason male college enrollment is dropping ? (celestemdavis.substack.com)
What has changed is an increase in girls. […] when large numbers of females enter a profession, group, hobby or industry—the men leave. That industry is then devalued.
- Face aux masculinismes, une énergie masculine moderne (humanite.fr)
Zuckerberg légitime une vision régressive et essentialiste de la masculinité, en la réduisant à des stéréotypes archaïques propres au « sexe masculin » : le dur, l’inflexible, l’agressif. Une vision qui ignore les multiples formes d’expression de la masculinité, celle qui inclut l’introspection, la vulnérabilité, l’empathie et la coopération.
- Les droites, la croisade anti-genre et l’offensive transphobe (contretemps.eu)
- Gardiennes de camps de concentration nazis : la véritable horreur, c’est qu’elles nous ressemblent (theconversation.com)
Entre 1939 et 1945, environ 10 % des gardiens de camps de concentration étaient des femmes, mais ces Aufseherinnen, comme on les appelait, apparaissent à peine dans l’histoire ou la littérature de l’Holocauste. Les rares fois où elles apparaissent, c’est le plus souvent sous la forme d’une femme sadique masculinisée, alors que la réalité était bien plus complexe.
- From Dream to Reality : The African National Congress Internet (e-flux.com) – voir aussi le documentaire The Vula Connection (videos.globenet.org)
- Hedy Lamarr, le génie scientifique éclipsé par la beauté (lejournal.cnrs.fr)
L’actrice Hedy Lamarr est décédée il y a 25 ans. Inventrice de génie, elle a conçu un système de codage des transmissions de données, utilisé notamment dans les télécommunications. Mais, durant des décennies, l’histoire n’a retenu que la star hollywoodienne.
- Si c’est ça la zététique, ce sera sans moi (monvoisin.xyz)
- Couper pour mieux sauter (blog.goud.so)
On explore la vasectomie avec une pointe d’humour, de la procédure à l’importance du partage des responsabilités.
- Pourquoi les faucons ont-ils des rayures sous les yeux ? La réponse est plus complexe qu’on ne le pensait (theconversation.com)
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- January
- Retailleau
- Linea
- Immigrés
- Remplaçant
- Best
- Wage
- Like
- Fired
- First
- Parfaits
- Logo
- X
- Nazi
- Mommy
- Romain
- Hamon
- Tesla
- Musk
- Cybercamp
- Antifa
- Guapo
- Decentralize
- Le communisme libertaire du futur (davidsnugblog.wordpress.com)
- You made it
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Le code a changé : “Les courbes en folie” : faire de l’architecture avec les ordinateurs (radiofrance.fr)
- L’histoire de Naomi Klein et son double maléfique (radiofrance.fr)
- Johann Chapoutot, historien spécialiste du nazisme, à propos du salut nazi d’Elon musk (tube.fdn.fr)
- L’Actu des Oublié.e.s • S V • EP 7 • Corée du Sud I : Loi Martiale (lagrappe.info)
L’Actu des Oublié.es commence l’année 2025 avec deux épisodes consacrés à la destitution du président coréen néo-fasciste, anti-féministe et complotiste.
- Racisme et néocolonialisme français [Podcast] (contretemps.eu)
- La journaliste Lavrilleux : la justice aux trousses (auposte.fr)
Ariane Lavrilleux, journaliste du site indépendant Disclose, qui a multiplié les enquêtes ces dernières années sur les ventes d’armes, les violations des droits humains et les questions environnementales revient au Poste après sa convocation jeudi dernier au tribunal de Paris par une juge d’instruction.
- Webinaire « Associations, c’est quoi le problème avec les services numériques des géants du web ? » (framatube.org)
Les trucs chouettes de la semaine
- L’appel à participation des Journées du Logiciel Libre 2025 est ouvert ! (pretalx.jdll.org)
Vous avez jusqu’au dimanche 16 mars 2025 pour déposer vos propositions de conférences, d’ateliers et de stands (ou autre, n’hésitez pas à faire preuve d’originalité, on verra ce qu’on peut faire) ! Les JdLL auront lieu le week-end du 24 et 25 mai 2025
- « On veut se réapproprier l’énergie » : près de Nantes, le premier fournisseur associatif d’électricité renouvelable turbine (vert.eco)
Électrique cité. Depuis mars 2024, Énergie de Nantes produit et fournit de l’électricité à près de 260 bâtiments grâce à un moulin à eau. Rencontre avec celles et ceux qui font vivre le seul fournisseur d’électricité associatif en France.
- Ctrl+Alt+Reclaim : Young lives are not worth Big Tech profits (blog.peoplevsbig.tech)
- HelloQuitteX devient OpenPortability (openportability.org)
- Ditching Meta ? Open source alternatives to Instagram, TikTok, and WhatsApp fundraise on Kickstarter (techcrunch.com)
The developer behind Pixelfed, Loops, and Sup, open source alternatives to Instagram, TikTok, and WhatsApp, respectively, is now raising funds on Kickstarter to fuel the apps’ further development.
- Un flux RSS Radio France pour toustes (radio-france-rss.aerion.workers.dev)
- Deezer ouvre les hostilités contre l’IA pour mieux rémunérer les artistes (liberation.fr)
La plateforme d’écoute française a annoncé, ce vendredi 24 janvier, la mise en place d’une technologie conçue en interne pour détecter les sons générés par l’intelligence artificielle. Les économies devraient bénéficier aux artistes.
- The FSFE launches ‘Ada & Zangemann’ movie in French as Open Educational Resource (fsfe.org)
Following the success of the illustrated book ‘Ada & Zangemann – Un conte sur les logiciels, le skateboard et la glace à la framboise’, the FSFE is now releasing the story as an animated movie in French, with the support of the French Ministry of Education.
- Le premier chatbot au monde, “ELIZA”, ressuscité à partir d’un code informatique vieux de 60 ans (developpez.com)
Des “archéologues du logiciel” redonnent vie au code en utilisant des archives du MIT
- Developer Creates Infinite Maze That Traps AI Training Bots (404media.co)
Nepenthes generates random links that always point back to itself – the crawler downloads those new links. Nepenthes happily just returns more and more lists of links pointing back to itself.
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