09.04.2025 à 09:42
FramIActu n°3 — La revue mensuelle sur l’actualité de l’IA !
Framasoft
Texte intégral (4427 mots)
Bienvenue dans ce troisième numéro de FramIActu, la revue mensuelle sur l’actualité de l’IA !
Ce mois-ci, encore, nous avons plein de choses à dire au sujet de l’IA et ses impacts sur nos sociétés.
Pour rappel, nous mettons en avant notre veille sur le sujet sur notre site de curation dédié ainsi que sur Mastodon et Bluesky (sur le compte dédié FramamIA) !
Vous avez préparé votre boisson chaude (ou froide, c’est le printemps après tout !) préférée ? Alors c’est parti pour la FramIActu !

Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
C’est tout pour ce mois-ci mais si
08.04.2025 à 09:42
Faire sa veille informationnelle à l’ère de l’IA générative
Framasoft
08.04.2025 à 08:08
Bullshit sur Graf’hit
Stéphane Crozat
Texte intégral (7336 mots)
Depuis 2023 et la mise à disposition du grand public des IAG, l’exercice rédactionnel à l’université dysfonctionne. Stéphane Crozat en retranscrit un nouvel épisode dans cet article (les noms des étudiants ont été anonymisés).
« En effet, il y a un vrai risque de dénaturer le rôle principal de l’école : aider les élèves à développer leur esprit critique et leur autonomie. Imaginez un monde où les machines réalisent nos tâches à notre place. Selon une étude de John Doe en 2022, s’appuyer trop souvent sur des outils comme l’IA pourrait rendre les élèves moins capables de structurer leurs idées ou de résoudre des problèmes par eux-mêmes. »
(Alice, Bob, Claude & Daniel, 2024)
Lire et écrire sur le Web (introduction)
Je suis enseignant-chercheur à l’Université de Technologie de Compiègne (UTC) et cet article fait suite à deux publications précédentes liées au déploiement de l’IA générative (IAG) dans le contexte de l’enseignement supérieur :
- ChatGPT, turcs mécaniques ou magie noire ? (janvier 2023 sur aswemay.fr)
- IA génératives : la fin des exercices rédactionnels à l’université ? (septembre 2023 sur aswemay.fr et ici même dans le Framablog)
À l’automne 2024 j’ai animé le cours WE01 à l’UTC avec deux collègues Quentin Duchemin et Stéphane Poinsart. C’est un cours du département Technologie, Sociétés, Humanités (TSH) que suivent des élèvent ingénieurs. Le cours était intitulé « Écrire, communiquer et collaborer sur le web » et il consistait en des apports théoriques autour du fonctionnement technique de l’Internet, de l’histoire du Web, du droit d’auteur et de la culture libre, du capitalisme de surveillance ou encore des enjeux sociaux-écologiques liés au numérique. Le cours comporte également des apports méthodologiques autour de la lecture et la production d’articles scientifiques ou la critique de ce que le Web produit.
Le travail demandé aux étudiants en WE01 était essentiellement tourné vers la réalisation de fiches de lecture et de productions écrites de type scientifique autour de ces thématiques, en groupe, publiées en ligne sous licence libre, finalisées par une présentation en direct sur la radio locale Graf’hit.
IA et école (le récit en bref)
Alice, Bob, Claude et Daniel ont rédigé ensemble 3 séries d’articles, dont la dernière a donné lieu à une lecture en direct sur la radio Graf’hit. Nous faisons ici une synthèse du processus de rédaction qui a été mobilisé. Le déroulé complet de leurs travaux, détaillé article par article, peut-être consulté en annexe de l’article original, que nous n’avons pas reproduit ici.

Image générée par un être humain grâce au Générateur de Grise Bouille
Étape 1a, le plan détaillé de Bob (fait avec ChatGPT)
Bob injecte dans ChatGPT la bibliographie, et probablement le sujet, donnés par les enseignants au début de cours, afin d’obtenir un plan détaillé. On y trouve des rubriques comme « concepts vus en cours » qui ne correspondent pas à des concepts vus en cours ou des « arguments réfutables » qui répondent à une demande de produire des arguments réfutables, mais au sens de Karl Popper, alors qu’ici le sens et plutôt le sens trivial (ChatGPT n’a pas assisté au cours).
Exemple d’extrait de plan détaillé obtenu avec ChatGPT à partir du sujet fourni en entrée par les enseignants
Valeur éducative et éthique des exercices rédactionnels
- Concepts vus en cours : l’éthique du travail intellectuel et la question de l’authenticité dans la production du savoir. Importance de la production d’écrits personnels dans l’éducation pour développer l’individualité.
- Contre-argument réfutable : peut-on se contenter d’une écriture automatisée sans perdre en humanité et en sens critique ?
Étape 1b, les références de Bob (produites avec ChatGPT)
Bob demande également à ChatGPT des références bibliographiques pour étayer les propos, ce qui est aussi une consigne donnée dans le cours. Cela conduit à l’apparition de sept sources hallucinées, c’est à dire sept références bibliographiques crédibles mais totalement inventées (les revues scientifiques mentionnées existent pour la plupart).
On note le J. Doe du début, qui correspond en anglais à une personne non identifiée (typiquement en cas de découverte d’un cadavre sans papier dans une série américaine). L’enseignant relit le plan détaillé, mais ne vérifie pas les références. Il prend donc le temps de corriger ce travail de ChatGPT et le trouve globalement de bonne qualité. Bravo ChatGPT.
Exemple de références bibliographiques hallucinées obtenues avec ChatGPT
- Doe, J. (2022). Privacy Concerns in AI-Powered Education Systems. Journal of Educational Technology, 45(3), 123-145.
- Jones, L. (2019). Automated Grading Systems : Benefits and Challenges. Educational Review, 32(2), 250-265.
- Miller, A. (2021). Bias in Educational AI Algorithms : A Critical Review. AI & Society, 36(1), 89-102.
- Smith, P., Johnson, T., & Davis, R. (2021). Adaptive Learning Platforms and Their Impact on Student Success. Journal of Learning Analytics, 5(1), 45-67.
- Tanaka, S. (2020). AI in Classroom Management : Pilot Projects in Japan. Japanese Journal of Educational Technology, 36(4), 210-225.
- Taylor, M. (2022). Artificial Intelligence in Education : Friend or Foe ? Educational Futures, 12(2), 98-115.
- Helsinki Study (2023). AI and Pedagogy : Experimental Schools in Finland. Educational Research Quarterly, 40(3), 78-95.

(image réalisée par le Générateur de Grise Bouille)
Étape 2, la rédaction de Claude (faite sans ChatGPT et sans esprit critique)
Claude ne participe pas du tout à la mise au point du plan détaillé, il laisse Bob travailler seul. Il repart ensuite de ce plan détaillé, et sans aucune interaction avec Bob, sans consulter les sources, il fait un travail de développement du plan sous forme de phrases. Il ajoute néanmoins quelques éléments provenant de sources authentiques.
Ici on note donc que Claude ne fait pas directement usage de l’IA, mais qu’il finalise un article complet sur la base d’un plan complètement produit par IA et de références inventées. C’est un très bon cas de prolétarisation, on a une division des tâches et des responsabilités : Bob produit le plan puis Claude l’article sans connexion avec le travail de Bob.
Exemple d’extrait de plan détaillé obtenu avec ChatGPT mobilisé en entrée pour mener une rédaction sans ChatGPT
L’IA pourrait-elle remplacer l’enseignant ?
Argumentation face à l’hypothèse que l’IA pourrait réduire les interactions humaines en classe (Taylor, 2022).
Proposition : L’IA doit être considérée comme un outil complémentaire et non comme un substitut de l’enseignant.
Exemple de rédaction réalisée par Claude sans ChatGPT sur la base du plan détaillé précédent
L’IA pourrait-elle remplacer l’enseignant ? Si l’IA permet d’automatiser des tâches et de personnaliser l’apprentissage, elle ne peut remplacer l’interaction humaine essentielle. C’est d’ailleurs ce que défend Taylor (2022) avec l’avertissement qu’il propose face à la baisse d’interactions humaines en classe. Or, l’enseignant apporte un soutien émotionnel et une compréhension de l’humain que l’IA ne peux bien entendu pas produire. (Cuisinier, 2007).
L’IA devrait donc compléter l’enseignant et non le remplacer. De plus nous agissons différemment quand on se sait observé (effet Hawthorne), ce qui rajoute une limite supplémentaire, qu’il convient de notifier.
Étape 3, la réponse de Daniel (faite avec ChatGPT)
Alice et Daniel produisent en réponse un autre texte qui défend une position plus en faveur des IA, afin de construire pour la radio un dialogue autour d’études scientifiques orientées pour et contre.
Daniel injecte dans ChatGPT le texte de Bob et Claude et demande à ChatGPT un nouveau plan pour y répondre. Celui-ci sera donc basé sur un plan déjà généré avec ChatGPT et des fausses références. Il demande aussi à ChatGPT de nuancer ses propos. Il mobilise également un article réel, celui de Crozat (qui existe bien, nous pouvons en témoigner). Notons que cet article traite d’un cas précédent d’usage frauduleux de ChatGPT dans le même cours WE01 un an auparavant. Daniel l’a-t-il lu ?
Le résultat obtenu n’est plus cohérent avec les propos prêtés aux auteurs inventés, personne ne se rend compte que cela n’a plus de sens, même au sein de la fiction créée par ChatGPT.
Alice et Daniel se retrouvent avec une seconde bibliographie hallucinée. Il y a une cohérence partielle avec la première, on retrouve presque les mêmes entrées… Mais les auteurs, articles et revues se mélangent, suivant la logique combinatoire de l’IAG. Doe est remobilisé autour des données personnelles, tandis que Miller est dans un cas mobilisé sur les algorithmes de recommandations, dans l’autre sur les inégalités de ressources dans les écoles.
Exemple de proposition de ChatGPT avec nuance et avec citation de faux articles
Enfin, l’affirmation selon laquelle l’IA « ne remplacera pas l’enseignant » mérite également d’être nuancée. Smith et Lee rappellent que l’IA peut modifier de manière intrinsèque le rôle de l’enseignant, le faisant passer d’un « transmetteur de savoirs » à un « facilitateur d’apprentissages ».
Seconde bibliographie hallucinée, variation combinatoire de la première
- Doe, J. (2022). Educational Spaces and Data Privacy : Rethinking Schools in the Age of AI. Journal of Educational Ethics.
- Miller, A. (2021). Equality in Education : Addressing Technological Disparities in the Classroom. International Review of Educational Technology.
- Smith, L., & Lee, R. (2021). Adapting Learning with Artificial Intelligence : Challenges and Opportunities. Advances in Educational Technologies.
- Tanaka, H. (2020). Administrative Efficiency through AI : An Educational Perspective. Asian Journal of School Management.
- Taylor, C. (2022). The Role of Teacher-Student Interaction in Non-Digital Classrooms. Educational Research and Practice.
- Helsinki Study. (2023). Human-Centered Education in the Digital Age : Case Studies from Finnish Schools. Nordic Journal of Pedagogical Innovation.
Étape 4, la réponse d’Alice (faite avec ChatGPT)
Alice rédige partiellement sans ChatGPT, exclusivement à partir de la seconde version de la bibliographie. On note dans cette intervention l’apparition des prénoms des faux auteurs. Peut-être ont-ils été demandés à ChatGPT pour correspondre au format demandé en cours.
On note aussi l’apparition de nouveaux arguments prêtés à certains auteurs inventés. Comme les articles n’existent pas, la seule façon d’étayer leur contenu avec de nouveaux arguments était d’interroger à nouveau ChatGPT.
Premier argument généré avec ChatGPT
L’éducation sans IA privilégie l’interaction directe entre enseignants et élèves, permettant un lien pédagogique plus fort, difficilement remplaçable par des technologies (Taylor, 2022)
Argument complémentaire demandé à ChatGPT
Charlotte Taylor en 2022 ajoute que cela peut même appauvrir le processus d’apprentissage en rendant les enseignements moins inspirants et moins personnalisés.
Travail à la chaîne
Là où les étudiants avaient comme consigne de travailler ensemble, en groupe, ils ont plutôt mis en place un travail séquentiel. Dans ce cadre, ils semblent avoir très peu communiqué entre eux et de pas s’être relus les uns et les autres.
S’ils n’avaient pas utilisé ChatGPT ils auraient probablement été obligés de collaborer, certains travaux trop peu qualitatifs les auraient fait réagir et auraient, sinon, fait intervenir l’enseignant.
J’ai failli oublier
Vous l’avez peut-être deviné, mais leur sujet c’était… IA et école.

Image générée par un être humain grâce au générateur de mèmes de Framasoft – https://framamemes.org/
On a pas envie de lire des textes écrits par des machines (consignes et autres éléments de contexte)
« L’usage d’IA génératives est simplement interdit dans le cadre de l’UV : ça ne vous apportera rien puisque le but est d’apprendre à écrire par vous-même. »
(extrait de la présentation du cours WE01 en 2024)
Contexte
L’usage des IAG était donc interdit dans le cadre du cours et le règlement des études de l’UTC a été aménagé en 2024 pour interdire a priori l’usage des IAG (elles ne sont autorisées que si les profs l’explicitent).
Nous avons découvert l’usage d’IAG uniquement à la fin, en direct, à la radio alors que des références inventées par ChatGPT étaient mobilisées et que l’auteur John Doe interpelle l’enseignant qui anime l’émission. Après ré-étude du contenu nous avons soulevé un usage pluriel de l’IAG dans le cadre de WE01 par ces 4 étudiants (voir le récit complet en Annexe).
Nous avons rencontré ces quatre personnes pour un entretien d’environ quinze minutes chacune et leur avons posé trois questions :
— Avez-vous utilisé une IAG dans le cadre de l’un de vos exercices rédactionnels ?
— Saviez-vous que l’IAG était interdite dans le cadre de ces exercices ?
— Auriez-vous été capables de réaliser les exercices sans utiliser l’IAG ?
Premières hypothèses
À l’issue de cet échange, voici ce que nous avons relevé :
- Claude a un usage marginal de ChatGPT de son côté (mais néanmoins existant malgré l’interdiction). Il s’est appuyé sur des travaux générés avec ChatGPT par ses collègues dont il est surprenant qu’il n’ait pas questionné l’origine. Il savait que l’usage de ChatGPT était interdit.
- Alice et Daniel ont un usage récurrent de ChatGPT, ils ne sont pas à l’origine des fausses références détectées, mais leur usage de ChatGPT a conduit à continuer le projet jusqu’au bout avec ces fausses références. Ils savaient que l’usage de ChatGPT était interdit.
- Bob est à l’origine du plan détaillé avec fausses références ; il a un usage important de ChatGPT qu’il justifie par le fait qu’il ne savait pas que c’était interdit ; sa moins bonne maîtrise du français étant non francophone ; une situation personnelle qui l’a conduit à être moins disponible pour ses études et peut-être à une situation d’isolement. Il affirme qu’il ne savait pas que l’usage de ChatGPT était interdit.
- Il est peu crédible que Bob ne savait pas que l’usage de ChatGPT était interdit, cela supposerait une absence de communication totale entre lui et les autres membres du groupe. Si Bob ne sait pas que c’est interdit, il n’a pas de raison de le cacher ; donc il le dit aux autres, qui lui disent que c’est interdit.
- Il est peu crédible qu’un des membres du groupe ne savait pas que ChatGPT avait été assez largement utilisé par d’autres membres et donc que le rendu final dont il est signataire avait largement mobilisé ChatGPT.
Les quatre étudiants avaient correctement suivi l’UV tout au long de l’année et étaient considérés par leur encadrant comme des élèves sérieux. Ils ont semblé honnêtes et désolés dans les échanges que nous avons eus avec eux. Ils ont présenté des excuses et ont semblé prendre conscience du caractère fâcheux de la situation.
J’ai l’impression que ces étudiants ont tellement intégré l’IA générative dans leurs usages qu’ils ne sont pas rendus compte de l’importance de ce qu’ils faisaient malgré leur connaissance de l’interdiction :
- jusqu’à énoncer des références inventées en direct à la radio dans le cadre d’un exercice qu’ils ont trouvé très intéressant et valorisant ;
- dans un contexte avec très peu de pression scolaire, leur régularité dans le cours leur en assurait la validation, même avec un rendu médiocre à la fin ;
- dans un cadre relationnel de confiance assez horizontal avec les enseignants.
D’abord ne pas lire (quelques perles)
Nous sélectionnons ici quelques citations provenant du travail fourni par les étudiants. La citation de début d’article leur est également créditée.
Nous nous passerons de commentaire, sidérés en quelque sorte, par la pertinence de tels propos critiques vis-à-vis de l’usage de l’IAG dans le contexte pédagogique, écrits sous la dictée de l’IAG.
« Avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IA), les pratiques éducatives, notamment les exercices de rédaction, sont mises à l’épreuve. Il devient tentant de laisser les machines écrire à notre place, mais la question se pose : est-ce réellement bénéfique pour les étudiants ? »
« Au cœur de la question se trouve l’importance cognitive et créative de l’écriture. Bien plus qu’un simple moyen de communication, l’écriture est un outil puissant pour structurer notre pensée. »
« Si l’on délègue ces tâches à une IA, on risque de perdre cette précieuse occasion d’entraîner nos capacités cognitives. »
« C’est une démarche éthique : l’apprenant ne se contente pas de répéter des informations, il les reformule et se les approprie. En remplaçant cette démarche par l’automatisation, ne risquons-nous pas de perdre cette dimension humaine, essentielle à la construction de notre individualité ? »
« Pourtant, n’y a-t-il pas un risque que cette facilité entraîne une paresse intellectuelle, voire une dépendance à l’IA pour formuler nos pensées ? »
« Son utilisation massive par les étudiants est pourtant indiscutable ; nos professeurs qui se plaignent régulièrement de corriger des copies réalisées par IA ce qu’il considère, à juste titre, comme une perte de temps. »
Si les étudiants étaient passés à côté de leur sujet il y aurait eu une certaine cohérence, mais ici les problématiques sont très bien transcrites par leurs travaux. Qui tire quel bénéfice de l’IAG ? Quelles conséquences ? Déstructuration de la pensée ? Perte cognitive ? Question éthique ? Construction de l’individualité ? Paresse ? Dépendance ? Perte de temps…
Si l’on fait l’hypothèse que les étudiants ont tout de même lu ce qu’ils ont rendu, on observe donc une décorrélation entre la prise de recul proposée par leurs propos et l’absence totale de distance manifestée dans leur pratique.
Des étudiants modèles (c’est surprenant, malgré tout)
Un cas exemplaire
On pourra penser que ce cas est isolé est qu’il ne fait pas bon raisonner à partir d’un cas particulier.
Mais le cas n’est pas isolé. Je relève des cas similaires depuis 2023 et l’arrivée de ChatGPT. Suite à l’émission de radio, nous avons pris un temps de relecture d’autres travaux, révélant l’usage, moins évident, sans rôle principal pour John Doe, mais néanmoins régulier, d’IAG. Les échanges avec les collègues et les étudiants confirment également cette généralisation.
Par ailleurs, les étudiants forment un modèle raisonnable pour notre analyse. Ils sont assez représentatifs de la population UTCéenne, un étudiant étranger en reprise d’étude, deux étudiants tout juste sortis du lycée et un dernier en second semestre d’étude. Ces étudiants sont tout ce même tous les quatre présents à l’UTC depuis moins d’un an, on pourra faire l’hypothèse que des personnes plus expérimentées auraient moins utilisées l’IAG… ou se seraient moins fait détectées.
Rappelons que l’entrée à l’UTC est fortement sélective, les étudiants qui entrent à l’UTC étaient tous des « premiers de la classe » au lycée. Je ne sais pas exactement quoi faire de cette information, on pourra penser que des bons élèves sont moins enclins à tricher, au contraire que ce qui a fait leur réussite est leur habitude à optimiser, ou encore que confrontés pour la première fois à des difficultés scolaires à l’UTC ils n’ont pas su bien réagir. Les échanges avec des élèves de terminale font penser que tous utilisent les IAG, élèves à l’aise avec leur scolarité ou non.
Il y avait néanmoins des raisons objectives de penser que dans le cadre du cours WE01 les étudiants auraient pu être moins enclins à l’usage d’un ChatGPT.
Un cas surprenant sur le fond
Sur le fond, le sujet même du cours porte sur une dimension critique vis-à-vis du numérique, des enjeux socio-techniques associées, avec, notamment une réflexion sur le capitalisme du surveillance et la captation des données par les GAFAM. Surtout, le cours comporte une partie consacrée à l’écriture scientifique, qui expose le concept de réfutabilité de Karl Popper ou encore… l’importance de vérifier et citer ses sources !
« Lorsqu’une ressource est pré-sélectionnée, vérifier et qualifier la source permet de pré-évaluer la fiabilité de la ressource. »
Cours de WE01
Un cas surprenant sur la forme
Sur la forme, WE01 est un cours plutôt « cool », avec du travail horizontal et des méthodes assez proches de l’éducation populaire. Certains étudiants tutoient les profs ce qui assez inhabituel en début de cursus. On pourrait penser que l’idée de tricher dans ce contexte aurait posé des freins moraux. Enfin le cours n’intégrait pas d’examen et la validation était assurée sur la base d’une « obligation de moyen » : être présent, faire le job honnêtement. Tricher dans ce contexte était surprenant.
Une hypothèse néanmoins est que nous avons insisté sur le caractère « pour de vrai » des exercices proposés : articles publiés sur le web et communiqués via les médias sociaux, passage en direct à la radio. Peut-être avons nous réussi, en quelque sorte, sur ce point, et que leur interprétation du « pour de vrai » a impliqué pour eux, in fine, une obligation de résultat, quelques soient les moyens.
IA embarquée
Une hypothèse complémentaire est que ces étudiants ont tellement intégré l’IA générative dans leurs usages qu’ils ne sont plus aptes à en évaluer les conséquences pour eux. Il se retrouvent à tricher et prendre des risques importants pour leur scolarité dans un contexte avec très peu de pression scolaire et dans un cadre relationnel de confiance. C’est donc à la fois une très mauvaise évaluation bénéfices/risques et une mauvaise attitude vis-à-vis de leur propre sens éthique.
Je pense que cet usage est fortement généralisé à l’UTC, ce qui les dédouane un peu et nous interroge fortement en retour ; leur erreur est un usage tellement médiocre qu’ils ont laissé passer une ou deux fausses références grossières, mais nous aurions pu ne pas nous en apercevoir, et nous pensons que ça a été le cas pour d’autres groupes.
Je fais l’hypothèse que ces habitudes ont été ancrées au lycée et même qu’ils ont perdu des compétences de rédaction et de travail en groupe que nous attendons de leur part (et cela peut nous interroger, peut-être encore plus que nous le faisons déjà, sur les conséquences à l’UTC). Cela va plus vite de faire faire par ChatGPT, que de s’installer et prendre un temps pour partager un espace de travail à plusieurs. Donc : ça vaut le coup. Ils ne se sont pas « fait prendre » ou n’ont pas subi de conséquences importantes jusque-là. Donc : ça marche.
Effets de constitutivité technique (quelques réflexions)
Thèse TAC
La thèse TAC, pour Technologie Anthropologiquement Constitutive, formalisée à l’Université de Technologie de Compiègne, trouve son origine dans les travaux des anthropologues et philosophes André Leroi-Gourhan, Gilbert Simondon ou Bernard Stiegler. Une hypothèse fondatrice de cette théorie est que les humains et les objets techniques forment un couplage indissociable, dès l’origine. On abandonne l’idée que l’humain précède et surplombe la technique, que celle-ci n’est que le simple produit du travail ou de l’intelligence humaine, postérieure à une humanité qui en serait indépendante (Steiner, 2010).
La technique n’est pas un élément extérieur à l’humanité, mais la façon même dont celle-ci conçoit le monde. Les trains modifient la proximité entre les villes selon les connexions existantes ou non, la lumière artificielle modifie les cycles du jour et de la nuit, ou celui des saisons, les voyages spatiaux permettent d’imaginer exploiter des ressources situées dans l’espace ou se réfugier une autre planète si la terre n’est plus habitable.
Technique non neutre
Les objets techniques portent en leurs propriétés physiques des possibles et des probables. Le couteau, dur, pointu, solide, avec une lame d’une certaine taille embarque le geste de planter. Une propriété fondamentale du téléphone portable est qu’il est… portable. Sa taille, son autonomie, son mode de préhension rendent sa présence permanente au côté de l’humain aisée, naturelle en quelque sorte.
La technique n’est donc jamais neutre puisqu’elle configure notre rapport au monde. Nos usages, nos intentions, nos projets, ce que l’on veut faire, sont déjà, au moins en partie, pré-configurés par l’accès au monde rendu possible via la technique. La technique n’est pas neutre non plus car ceux qui la développent ne sont pas neutres. Les concepteurs d’une technique ont des représentations du monde qui sous-tendent ce pourquoi il veulent la faire advenir, ils visent un objectif qui est souhaitable, bon, selon eux. (Steiner, 2024)
Raison computationnelle
Écrire avec un ordinateur, c’est écrire avec une machine à calculer. Donc, à un moment ou un autre, on a envie de la faire calculer. J’ai fait de l’ingénierie documentaire pendant 20 ans, l’objectif de mes travaux via la conception de chaîne éditoriales était d’automatiser, de calculer donc, des tâches de manipulation documentaires (Crozat, 2007). Parce que l’on considère que la mise en forme n’est pas une étape créative, qu’elle n’a pas de réelle valeur ajoutée, que l’on peut la déléguer à la machine. Je me souviens, tout de même, avoir croisé des éditeurs, des artisans de la mise en forme, qui n’étaient pas d’accord. Je devais penser qu’ils étaient rétrogrades, qu’ils s’accrochaient à un savoir-faire en voie de disparition. On dirait, à présent que c’est moi qui m’accroche…
En tous cas, en fin de compte, puisque la technique n’est pas neutre, ce qui compte c’est de se demander ce que le numérique en général, et l’utilisation de l’IA en particulier fait à notre pensée. Dans le lignée de Jack Goody, Bruno Bachimont (2000) parle de raison computationnelle pour désigner ces transformations induites par l’usage du numérique.
Pharmakon
La technique pose toujours problème, c’est par essence un pharmakon, un remède en même temps qu’un poison, au sens qu’a réactivé Bernard Stiegler depuis Platon). Par exemple, l’écriture est un remède aux limites de la mémoire humaine, en même temps, ce qui amoindrit cette mémoire. L’informatique permet d’objectiver des impacts socio-écologiques tout en engendrant de nouveaux impacts socio-écologiques.
« [Platon] décrit alors l’écriture alors comme un pharmakon, mot grec signifiant à la fois le remède et le poison : à la fois remède pour la mémoire, car elle permet de stocker et de conserver les connaissances accumulées, mais aussi poison pour la pensée, car en fixant les connaissances et en épargnant aux individus de se les remémorer, l’écriture empêche leur mémoire de s’exercer. Bref, l’écriture, qui semblait innocente et bénéfique, a aussi de quoi inquiéter. »
(Alombert, 2023)
Prolétarisation
Un problème soulevé par l’usage des IAG qui doit être considéré en contexte pédagogique est celui de la prolétarisation intellectuelle, phénomène déjà largement observé et étudié sur le plan des activités manuelles dans le cadre de l’industrialisation. La prolétarisation est « ce qui consiste à priver un sujet (producteur, consommateur, concepteur) de ses savoirs (savoir-faire, savoir-vivre, savoir concevoir et théoriser) »
(Petit, 2013).
« Passer une commande à une machine, aussi performante soit-elle, ne revient pas à exercer techniquement sa pensée ; au contraire, le savoir-écrire a ici été extériorisé dans la machine numérique sous forme d’automatismes algorithmiques, de même que les savoir-faire avaient été extériorisés dans les machines-outils sous forme d’automatismes mécaniques. De même que l’artisan privé de ses savoir-faire s’était vu prolétarisé. En perdant nos savoir-écrire, nous risquons de devenir des prolétaires de la pensée. »
(Alombert, 2023)
Anne Alombert (2025) précise que « nous risquons de perdre notre capacité à nous exprimer en la déléguant aux algorithmes et en nous contentant de lire bêtement les textes produits »
et avec elle notre capacité non seulement de mémorisation, mais, peut-être surtout d’imagination.
Substitution
En tous cas, l’idée que la machine est un instrument de délégation des travaux humains pénibles est ancré depuis la période industrielle au moins, probablement depuis la révolution agraire. L’ordinateur est dédié aux tâches cognitives, certains trouveront les tâches d’écriture fastidieuses, il est logique que l’ordinateur soit alors mobilisé comme assistance. Puis, de l’assistance au remplacement il n’y a qu’un pas. L’histoire de l’industrie nous le montre également.
À ce stade, la question que l’on doit se poser, c’est quel sens cela a-t-il de former la lecture et à l’écriture dans un monde où les IAG savent faire ce travail infiniment plus rapidement ?
Apprendre à bien rédiger ses « prompts » ? (apprendre à bien visser des boulons…)
Une idée défendue par certains comme une évidence, puisqu’il faut bien vivre avec son temps, serait de faire évoluer les formations pour, non plus enseigner comment, par exemple, bien lire et écrire, mais plutôt comment bien utiliser les IAG pour faire ce travail à notre place. C’est aussi applicable à l’expression graphique ou à l’écriture de code informatique. S’il est raisonnable de penser, sur le modèle de l’artisanat, que certaines tâches intellectuelles continueront d’échapper à la machine, il est tout aussi raisonnable de penser, sur le modèle de la mécanisation des tâches manuelles déjà opérée, que le bon usage d’une machine avancée ne nécessitera pas de compétences avancées.
Selon Jacques Ellul, c’est la recherche systématisée de l’efficacité qui est problématique, car elle vide de leur sens les tâches qui sont menées, transformant le pourquoi on fait en comment on fait le plus efficacement possible (Rognon, 2020). Ainsi, l’idée de faire évoluer nos cours vers des formations à l’usage des IAG pourrait bien impliquer une évolution de l’ingénierie, de la conception de machines donc, à un objectif amoindri, d’utilisation de machines, voire d’utilisation par les machines.
ChatGPT 1 – Nous 0
WE01 v2
Nous observons donc que les étudiants ne savent plus, en entrant à l’université, jouer le jeu de la lecture et de l’écriture, et qu’il le font faire, au moins en partie, par une IAG. D’autre part, nous nous questionnons sur l’intérêt même de défendre ce type de compétence quand on observe en aval que les ingénieurs mobilisent également massivement ces outils pour faire de la veille, produire des rapports ou des présentations. Eux non plus ne veulent plus ni lire ni n’écrire.
En attendant de mieux comprendre ce qui se passe et comment faire évoluer nos formations, nous avons procédé à quelques modifications. WE01 était intitulé « Écrire, communiquer et collaborer sur le web », nous le renommons « Questionner le Web » et le faisons évoluer en conséquence. Nous avons assoupli les exercices rédactionnels, décidés à être moins exigeants et à demander un travail plus modeste en volume. En contre-partie nous avons restitué un examen de contrôle des connaissances. L’objectif du cours devient alors moins de savoir écrire que de disposer d’éléments pour aider à se poser des questions et à remettre en cause les évidences du numérique, dans une logique technocritique.
Nous déconseillons l’usage des IAG tout en les autorisant. Nous imposons en revanche une prise de recul, inspirés par ce que notre collègue Hugues Choplin à développé à l’UTC dans le cadre de son cours IS04.
« Vous ajouterez une section IAG à votre projet pour spécifier si vous avez utilisé des IAG (ou des IA de correction, de traduction…) et si oui : Indiquez quelles IA ont été utilisées, pour quelles parties du travail et pour quelles raisons ; Reproduisez une copie des prompts et des résultats ; Indiquez si les résultats ont été retravaillés et comment. »
Extrait de la présentation du cours WE01 en 2025
Attendre, observer, agir, réagir
Nous réfléchissons à un cours WE02 « Questionner l’IA » qui serait un pendant de WE01, orienté vers l’IA donc. Nous avons pris la décision d’attendre deux ou trois ans pour cela, histoire de se donner de l’espace pour consacrer l’énergie nécessaire au suivi d’une actualité très dynamique. Histoire également de se donner un peu de temps pour mieux analyser les évolutions en amont au lycée, en aval dans le monde socio-économique, et à les initiatives prises dans l’enseignement supérieur. Histoire, peut-être, que le domaine se stabilise un peu… ou pas.
- D’autres collègues du département TSH à l’UTC envisagent d’intégrer le questionnement de l’IA à leur enseignement. Un service d’IAG hébergée localement est expérimentée, afin, a minima de sortir de la dépendance aux géants étatsuniens (Poinsart, 2025).
- L’association Picasoft de l’UTC et l’association Framasoft (dont je fais partie) ont signé le manifeste Hiatus, « une coalition composée d’une diversité d’organisations de la société civile française qui entendent résister au déploiement massif et généralisé de l’intelligence artificielle ».
- L’association Framasoft a lancé le site Framamia, pour aider à suivre et comprendre, et pour faire des propositions alternatives dans le domaine de l’IAG, dans une perspective de littératie technique.
Ces diverses attitudes sont autant de pistes pour maintenir une attitude active et critique vis-à-vis d’un phénomène qui percute l’ensemble de la société et que nous ne pouvons ignorer dans l’enseignement supérieur. Même quand on ne s’y intéresse pas par plaisir, donc.
07.04.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 7 avril 2025
Khrys
Texte intégral (10515 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Brave New World
- Free Speech Union plans hostile takeover of InternetNZ (feijoadispatch.nz)
InternetNZ is funded by the registration of .nz domain names, […] Following a 2022 review into systemic racism in the organisation, InternetNZ plans to adopt a new constitution this year.[…] Members of the FSU have been joining InternetNZ en masse, and the organisation’s membership has ballooned from less than 400 to close to 3000.
- « Il a choqué le peuple et semé le chaos » : le président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, destitué pour sa tentative ratée de coup d’État (humanite.fr)
Le président déchu de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, a été officiellement destitué par la Cour constitutionnelle, vendredi 4 avril. L’institution a voté à l’unanimité pour la mise à l’écart du chef d’État conservateur, va-t-en-guerre et réactionnaire, qui a tenté un coup de force en décembre dernier
- Without USAID, Myanmar Is Struggling to Recover From Its Massive Earthquake (motherjones.com)
“We have the capacity to save lives, and the choice has been not to use it,” said the former head of the agency’s Myanmar mission.
- US switches off satellite transmission of Radio Free Europe to Russia and Ukraine (novayagazeta.eu)
- Pourquoi Trump n’a-t-il pas mis en place de tarifs « réciproques » sur la Russie ? (legrandcontinent.eu)
- Trois blessés dans une frappe russe à Kyiv, deux jours après la mort d’enfants dans une attaque sur la ville natale de Zelensky (liberation.fr)
Avec une rare virulence à l’égard de Washington, le président ukrainien dénonce depuis samedi 5 avril la « faible » réaction des Etats-Unis, dont l’ambassadrice s’est dite « horrifiée » par ces tirs, sans en préciser l’origine russe.
- Les services européens se préparent à une attaque russe contre le continent d’ici la fin de la décennie (legrandcontinent.eu)
Selon Copenhague, Poutine aurait besoin de seulement six mois pour lancer une nouvelle attaque contre un pays européen frontalier de la Russie, et cinq ans pour une guerre à grande échelle sur le continent européen — dans le cas où les États-Unis de Donald Trump n’apporteraient pas leur soutien.
- LEGO has removed all points and terms regarding inclusivity from their yearly report. (safereddit.com)
- Vast pedophile network shut down in Europol’s largest CSAM operation (arstechnica.com)
79 arrested after Europol shuts down massive child porn platform.
- La Hongrie annonce son retrait de la Cour pénale internationale en pleine visite de Nétanyahou, visé par un mandat d’arrêt (liberation.fr)
Budapest annonce ce jeudi 2 avril son retrait de la Cour pénale internationale (CPI), au premier jour d’une visite dans la capitale hongroise du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, visé par un mandat d’arrêt de cette juridiction.
- Inside the rise of Viktor Orbán’s unexpected challenger (direkt36.hu)
- En Turquie, dans le mouvement contre Erdogan, « ce sont les étudiant·es qui font tout » (basta.media)
- Tesla dealership fire in Rome destroys 17 vehicles (newsweek.com)
- Les aides publiques ont fait exploser l’énergie solaire en Europe (alternatives-economiques.fr)
La capacité de production d’électricité photovoltaïque a quasiment doublé ces trois dernières années en Europe grâce aux subventions des États.
- Brussels doubles amount of EU cash available for affordable housing (politico.eu)
Member countries will be able to tap up to €15 billion of cohesion funds for homebuilding.
- CJEU saved the HADOPI : what implications for the future of data retention in the EU ? (edri.org)
- L’Union européenne prépare une amende record contre le réseau social X (france24.com)
Selon le New York Times, la Commission européenne préparerait une amende de plus d’un milliard de dollars à l’encontre du réseau social X, anciennement Twitter. Il est reproché à la la plateforme d’Elon Musk ne pas suffisamment lutter contre les contenus illégaux et la désinformation.
- Grève chez Veolia : les éboueurs anglais balayent l’antisyndicalisme (humanite.fr)
- The Royal Society is dead (svpow.com)
It simply isn’t possible for a society to both “recognise, promote and support excellence in science and to encourage the development and use of science for the benefit of humanity” (as its mission statement claims) and enjoy the patronage of someone who is doing the exact opposite. […] In short, the Royal Society is dead. Three hundred and sixty-five years of history, and it’s ended it as a beard for a fascist. What an utterly utterly shameful end for a once-great society.
- Members of British punk rock band UK Subs denied entry into the US (theguardian.com)
Three members of the pioneering band were detained and returned to the UK after flying to Los Angeles for a gig
- British Tourist Detained by ICE for 19 Days Warns Against All US Travel (newsweek.com)
Rebecca Burke, a 28-year-old graphic artist from Monmouthshire, South Wales, told British newspaper The Guardian how she had been refused entry to Canada from the state of Washington. She told the paper after she was sent back to the U.S, American officials classed her as an illegal alien, shackled and transported her to an Immigration and Customs Enforcement (ICE) detention center, where she was locked up for 19 days.
- Eight International Students at ASU Have Had Their Visas Revoked (theintercept.com)
Eight international students at Arizona State University have had their visas revoked amid the Trump administration’s mass deportation efforts and a crackdown on students expressing their political views.
- Washington révoque tous les visas délivrés par les États-Unis aux Soudanais du Sud (liberation.fr)
Jusque-là protégés par un statut protégé octroyé à titre temporaire par l’administration Biden, les ressortissants du deuxième pays le plus pauvre de la planète, au bord de la guerre civile, se sont vu retirer leur droit de séjour « avec effet immédiat ».
- An ‘Administrative Error’ Sends a Maryland Father to a Salvadoran Prison (theatlantic.com)
The Trump administration says that it mistakenly deported an immigrant with protected status but that courts are powerless to order his return.
Voir aussi Immigration : l’administration Trump reconnaît une « erreur » après l’expulsion d’un résident légal vers une prison du Salvador (liberation.fr)
Bien qu’interdit d’expulsion au risque de représailles dans son pays, le Salvadorien Abrego Garcia a été rapatrié le mois dernier et emprisonné. Le gouvernement américain dit ne plus pouvoir obtenir sa libération.
- Waltz and staff used Gmail for government communications, officials say (washingtonpost.com)
- « Signalgate » : le Pentagone ouvre une enquête interne pour mesurer la défaillance de l’administration Trump (humanite.fr)
- In Praise of Laurene Powell Jobs, Owner of The Atlantic, Superhero of Signalgate (thewrap.com)
Though a billionaire, Powell Jobs has not found a reason to kiss Trump’s ring
- Donald Trump décapite le renseignement américain, sur les conseils d’une complotiste (liberation.fr)
Timothy Haugh et Wendy Noble, le patron et son adjointe du puissant service d’écoute et de cyberespionnage américain, ont été limogés jeudi 3 avril, rapportent plusieurs médias. Une décision dénoncée par des élus démocrates et probablement incitée par l’influenceuse Laura Loomer.
- United States Disappeared Tracker (public.tableau.com)
- Trump admin orders scientists to research transition “regret” : It’s “America’s Cass Review” (lgbtqnation.com)
- 75 % des chercheureuses prêt·es à quitter les États-Unis à cause de Trump, selon la revue Nature (humanite.fr)
- voir aussi 75 % of US scientists who answered Nature poll consider leaving (nature.com)
More than 1,600 readers answered our poll ; many said they were looking for jobs in Europe and Canada.
- Open Source Genetic Database Shuts Down to Protect Users From ‘Authoritarian Governments’ (404media.co)
The creator of an open source genetic database is shutting it down and deleting all of its data because he has come to believe that its existence is dangerous with “a rise in far-right and other authoritarian governments” in the United States and elsewhere.
- RFK Jr. cuts CDC labs investigating outbreaks of STDs and hepatitis (cbsnews.com)
There was also not enough time for scientists to properly shut down the laboratories before they were locked out from their email systems and the building, two CDC officials said, with equipment still running and hazardous materials left unattended.
- États-Unis : nouvelle vague de licenciements dans les agences de santé américaines (liberation.fr)
Le gouvernement américain a lancé, mardi 1er avril, la suppression de 10 000 postes de fonctionnaires au ministère de la Santé et dans les agences sanitaires. Les employés ont appris la nouvelle le jour même, en se rendant au travail.
- Wealthy Americans have death rates on par with poor Europeans (arstechnica.com)
Perhaps some Americans may think that this lower overall life-expectancy doesn’t really apply to them if they’re middle- or upper-class. After all, wealth inequality and health disparities are huge problems in the US.
- Le ministère américain de la Justice requiert la peine de mort contre Luigi Mangione, tueur présumé du patron de United Healthcare (liberation.fr)
- Droits de douane de Trump : un suicide économique certain et un coup politique hypothétique (liberation.fr)
La décision du président américain d’augmenter les tarifs douaniers selon un barème incompréhensible signe la fin d’un paradigme commercial vieux de plus d’un siècle et un désastre économique pour de nombreux pays, dont le sien. La première cause de disparition de civilisations historiques, avançait l’historien britannique Arnold Toynbee, est le suicide.
Voir aussi Donald Trump fait hurler le monde entier avec ses nouveaux tarifs douaniers (huffingtonpost.fr)
Sur presque tous les continents, les pays ont mis en garde les États-Unis sur les conséquences d’une « guerre commerciale » et le Brésil a déjà riposté.
- La Chine contre-attaque en imposant des droits de douane de 34 % sur les importations américaines (legrandcontinent.eu)
- Droits de douane : ces 5 produits américains fétiches qui sont en réalité fabriqués en Europe (liberation.fr)
Capsules Starbucks, poupées American Girl, piqûres de Botox… les consommateurs américains découvrent avec surprise que certains de leurs produits préférés seront sujets à des droits de douane dès ce soir.
- Critics suspect Trump’s weird tariff math came from chatbots (arstechnica.com)
Trump accused of consulting chatbots after critics mock tariffs on islands of penguins.
- Big Tech Backed Trump for Acceleration. They Got a Decel President Instead (404media.co)
- Trump est le seul président depuis 1953 à être plus impopulaire que lui-même à ce stade de son mandat (legrandcontinent.eu)
- Une juge démocrate élue dans le Wisconsin, première gifle électorale pour Trump et Musk (lesechos.fr)
Malgré la forte implication d’Elon Musk, la démocrate Susan Crawford a remporté un siège à la cour suprême de cet État pivot. Le multimilliardaire avait estimé que « cette petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale ».
Voir aussi Dans le Wisconsin, Donald Trump et Elon Musk essuient un premier revers électoral très sec (huffingtonpost.fr)
Ce mardi 1er avril, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté le siège en jeu pour dix ans à la cour suprême de cet État.
- Postal Workers Throng to 500 Rallies to Save the Postal Service (labornotes.org)
- « Bas les pattes » [Hands off] : des manifestations de masse contre Trump et Musk à travers tous les États-Unis (huffingtonpost.fr)
- L’agence américaine NOAA arrête des prestations de cloud, de nombreux sites en péril (next.ink)
L’agence américaine NOAA, qui a en charge notamment des données sur le climat et la météorologie, s’apprête à supprimer une quantité importante de sites internet via une simple annulation d’un contrat avec des hébergeurs cloud.
- The environmental burden of the United States’ bitcoin mining boom (nature.com)
- Climate Change Could Wipe 40 % Off Global Economy, Study Predicts (sciencealert.com)
Spécial IA
- Experts warn ‘AI-written’ paper is latest spin on climate change denial (japantimes.co.jp)
A new study questioning human-induced global warming — which claims to be entirely written by Elon Musk’s Grok 3 AI — has gained traction online.
- Google Is Helping the Trump Administration Deploy AI Along the Mexican Border (theintercept.com)
Google is part of a Customs and Border Protection plan to use machine learning for surveillance, documents reviewed by The Intercept reveal.
- DeepMind has detailed all the ways AGI could wreck the world (arstechnica.com)
- Understanding AI in 2025 : It’s Still All About the Next Token (ai-cosmos.hashnode.dev)
Contrary to Popular Belief, Reinforcement Learning Isn’t Part of This Story
- ‘No Longer Think You Should Learn To Code,’ Says CEO of AI Coding Startup (developers.slashdot.org)
- Bullshit universities : the future of automated education (link.springer.com)
- Wikipédia : Le bouleversement annoncé des pratiques par l’IA générative (fr.m.wikipedia.org)
- How crawlers impact the operations of the Wikimedia projects (diff.wikimedia.org)
- NaNoWriMo shut down after AI, content moderation scandals (techcrunch.com)
NaNoWriMo — an abbreviation of National Novel Writing Month — is an annual challenge for writers to complete a rough draft of a novel during the month of November. After starting as a Yahoo ! mailing list in 1999, the project grew into a self-described “internet-famous” writing challenge with hundreds of thousands of participants over more than two decades.
- Poisson artificiel (legorafi.fr)
On n’ouvre plus de livres, on s’en remet à la machine, à des presses-boutons, à des prompts. On tombe dans l’ignorance crasse de la fainéantise parce qu’un jour, un connard n’a pas été capable de prendre des notes pour résumer une réunion de 15 minutes et qu’il s’est senti obligé de compenser son incomparable bêtise congénitale par une IA qui serait capable de faire ce travail élémentaire à sa place.
- RSF quitte les négociations du Code de bonnes pratiques européen sur l’IA (rsf.org)
La troisième version du Code de bonnes pratiques du règlement européen sur l’intelligence artificielle, l’AI Act, reste largement insuffisante.
Spécial Palestine et Israël
- Guerre à Gaza : le gouvernement israélien annonce s’emparer de « larges zones » du territoire palestinien (humanite.fr)
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé mercredi 2 avril l’extension de l’offensive militaire à Gaza pour s’emparer de « larges zones » sous couvert de créer des « zones de sécurité ». Depuis la rupture de la trêve le 18 mars, plus de 1 000 personnes ont été tuées
- En démantelant les camps de réfugiés palestiniens, Israël veut parachever l’annexion de la Cisjordanie (humanite.fr)
- Gaza : une vidéo dément la version israélienne sur la mort de 15 secouristes palestiniens (liberation.fr)
Le Croissant-Rouge a rendu publiques ce samedi 5 avril des images qui montrent les dernières minutes des secouristes, parfaitement identifiables, tués le 23 mars par Tsahal. L’Etat hébreu assurait que ses soldats avaient tiré sur des « véhicules suspects » qui circulaient tous feux éteints.
- Israel Bombs UN Clinic, Killing 22, Days After Gaza Medics Found in Mass Grave (truthout.org)
- La procureure générale d’Israël conclut à un « conflit d’intérêts » de Nétanyahou dans le renvoi du chef du Shin Bet (liberation.fr)
Les décisions prises par le gouvernement Nétanyahou en mars de renvoyer le chef du Shin Bet, d’engager une procédure de destitution contre la procureure générale du pays et de reprendre la guerre à Gaza après près de deux mois de trêve ont relancé la contestation contre l’exécutif, accusé par l’opposition de dérive dictatoriale.
- Nétanyahou bénit le soutien à Israël des fascistes européens (orientxxi.info)
Stade ultime de l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme, la conférence de Jérusalem, réunie le 27 mars 2025, a scellé le pacte entre Israël et l’extrême droite européenne et américaine. Elle a également offert au président du Rassemblement national, Jordan Bardella, l’occasion de s’affirmer sur la scène internationale.
- L’Union Européenne s’aligne sur Trump pour couvrir les crimes israéliens (contretemps.eu)
Les dirigeants européens prétendent être les champions de l’ordre international libéral que Donald Trump répudie. Mais ils s’alignent sur Trump pour soutenir la reprise de l’assaut meurtrier d’Israël contre les civil·es palestinien·nes.
- Benjamin Netanyahu en visite en Hongrie, défiant le mandat d’arrêt de la CPI (france24.com)
- Germany Turns to U.S. Playbook : Deportations Target Gaza War Protesters (theintercept.com)
Berlin’s immigration authorities are moving to deport four young foreign residents on allegations related to participation in protests against Israel’s war on Gaza, an unprecedented move that raises serious concerns over civil liberties in Germany.
Voir aussi Germany moves to deport four foreign residents for pro-Palestine activism (972mag.com)
The four slated for deportation have not been convicted of any crime but are alleged to have participated in protests against Israel’s assault on Gaza.
- Nieman Fellows Honor +972 Magazine with Lyons Award for Conscience and Integrity in Journalism (nieman.harvard.edu)
Fellows in the class of 2025 at the Nieman Foundation for Journalism have chosen +972 Magazine, an independent, nonprofit news organization run by a binational team of Palestinian and Israeli journalists, for this year’s Louis M. Lyons Award for Conscience and Integrity in Journalism. In making their selection, the Nieman Fellows recognized +972 Magazine — whose mission is to provide in-depth reporting “from the ground in Israel-Palestine” — for work that illuminates the complexity of life and politics in the region.
Spécial femmes dans le monde
- Autism’s missing women (aeon.co)
Long believed to be particularly associated with males, new research is revolutionising our understanding of autism
- Au Japon, une élue menacée de mort pour avoir proposé d’équiper les toilettes publiques de protections menstruelles gratuites (huffingtonpost.fr)
Ayaka Yoshida a reçu plus de 8 000 menaces de mort par mail après avoir partagé sur X sa réflexion sur l’absence de produits menstruels dans les toilettes publiques.
- ‘I begged them, my daughter was dying’ : how Taliban male escort rules are killing mothers and babies (theguardian.com)
The need for women to be accompanied by a man in public is blocking access to healthcare and contributing to soaring mortality rates, say experts
- Belgique : un étudiant en gynécologie reconnu coupable de viol échappe à la condamnation, la colère monte (trustmag.fr)
Depuis mardi 2 avril, une affaire secoue la Belgique et provoque une vive indignation. Ruben Vanstiphout, étudiant en gynécologie âgé de 24 ans, a été reconnu coupable de viol et d’agression sexuelle par le tribunal correctionnel de Louvain. Pourtant, il n’a écopé d’aucune condamnation, le tribunal invoquant sa « personnalité favorable »
- Le médiatique chirurgien esthétique Sydney Ohana mis en examen pour viol (liberation.fr)
Le médecin, également placé sous le statut de témoin assisté pour agression sexuelle, est sous contrôle judiciaire depuis le 28 mars. Il est mis en cause par trois femmes, qui dénoncent des faits survenus entre 2017 et 2023.
- Stopping Domestic Abuse With a Trip to the Bank (reasonstobecheerful.world)
In the U.K., “Safe Spaces” in banks and pharmacies give domestic abuse victims a lifeline to seek support — and start again.
RIP
- Bletchley code breaker Betty Webb dies aged 101 (bbc.com)
Mrs Webb, from Wythall in Worcestershire, joined operations at the Buckinghamshire base at the age of 18, later going on to help with Japanese codes at The Pentagon in the US. She was awarded France’s highest honour – the Légion d’Honneur – in 2021.
- Le guitariste et chanteur d’Amadou et Mariam, Amadou Bagayoko, est mort (telerama.fr)
Moitié du célèbre duo qu’il composait avec sa femme Mariam Doumba, le musicien malien est mort vendredi 4 avril à 70 ans.
Spécial France
- Sur Google et les réseaux sociaux, Saint-Pierre et Miquelon plus populaire que jamais suite aux mesures douanières de Donald Trump (la1ere.francetvinfo.fr)
- Droits de douane : les grands patrons en ordre dispersé face à l’appel au « patriotisme économique » de Macron (humanite.fr)
- En difficulté financière, le parti de Zemmour aurait hérité de la fortune d’un mystérieux millionnaire breton (liberation.fr)
Après son suicide en juin 2023, Michel F. a légué l’entièreté de sa fortune de 1,4 million d’euros à Reconquête, selon « la Lettre ». L’ancien candidat du parti, Franck Chevrel, a également profité de cet héritage.
- Assistants fictifs du RN : la liste des peines prononcées à l’encontre des membres du parti d’extrême droite (liberation.fr)
Outre celle de Marine Le Pen, 24 condamnations ont été prononcées ce lundi 31 mars au tribunal pour détournement de fonds publics, avec des peines allant de six mois à trois ans de prison.
- Attaques contre l’institution judiciaire : Déclaration du bureau de la CNCDH (cncdh.fr)
Au lendemain des attaques portées contre l’institution judiciaire à l’occasion du jugement rendu le 31 mars 2025 par le tribunal judiciaire de Paris, le bureau de la CNCDH appelle les plus hautes autorités publiques à réagir.
- Avec sa manifestation, la riposte de Marine Le Pen vire à l’impasse stratégique (huffingtonpost.fr)
Le meeting organisé ce dimanche à Paris parachève la régression du parti lepéniste vers un discours radical et antisystème.[…] c’est en s’imaginant citadelle assiégée que le Rassemblement national va sonner la riposte, ce dimanche 6 avril, après la lourde condamnation de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires.
- Ces archives de Marine Le Pen et Jordan Bardella leur reviennent comme un boomerang après la condamnation (huffingtonpost.fr)
Il n’y a pas si longtemps, le RN voulait rendre inéligible à vie les auteurs de détournement de fonds publics.
- Gifi veut bazarder 11 magasins et supprimer 300 emplois (liberation.fr)
La chaîne de magasins discount a annoncé ce jeudi 3 avril vouloir réduire ses effectifs de 5 % et fermer onze de ses 570 magasins en France.[…] Outre la concurrence des magasins Action ou Maxibazar, ainsi que des plateformes internet comme le site chinois Temu, l’activité de Gifi a été mise à mal par un changement de système informatique courant 2023.
- Pour lutter contre la fraude, la RATP envisage des amendes 20 euros plus chères et davantage de contrôles dans les tramways (liberation.fr)
- Déserts médicaux : les députés remettent en cause la libre installation des médecins contre l’avis du gouvernement (liberation.fr)
Mercredi 2 avril, peu avant minuit, l’Assemblée nationale a voté en faveur de la régulation des installations des médecins, mesure phare de la proposition de loi transpartisane contre les déserts médicaux.
- Affaire Bétharram : devant la commission d’enquête parlementaire, l’enseignement catholique se dédouane de ses responsabilités (humanite.fr)
- Des élèves du « Bétharram » breton saisissent la justice, des témoignages accablants (huffingtonpost.fr)
Cinquante témoignages écrits, relatant des faits de violences commis entre 1962 et 1996 par les enseignants du collège catholique privé Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon, ont été remis au parquet.
- Atteintes à la laïcité : le ministère de l’Éducation nationale menace l’Immaculée-Conception de Pau de « mesures » (liberation.fr)
- La droite imite Trump et attaque l’ESS (alternatives-economiques.fr)
Si jusqu’à présent seul le Rassemblement national constituait une menace pour l’économie sociale et solidaire (ESS), le consensus républicain l’entourant semble s’éroder depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.
- Maison autonome : pourquoi des cabanes flottantes sont menacées de destruction près de Paris (basta.media)
Sur l’étang de la Galiotte, à Carrières-sous-Poissy, des anciennes cabanes de pêcheurs présentes depuis 50 ans risquent de disparaître à la demande du département des Yvelines.
- Bureaucratisation, déconnexion du terrain : des paysan·nes abandonné·es par la « machine » Terre de liens (reporterre.net)
Alors que la foncière solidaire Terre de liens achète un nombre grandissant de fermes, des paysans et paysannes estiment avoir été abandonnés au cours de leur projet. Certain·es renoncent à leur installation.
- Sommé·es d’abattre leurs vaches en bonne santé pour que la France continue d’exporter (basta.media)
Il suffit qu’une vache soit suspectée de tuberculose bovine pour que le troupeau entier, même s’il n’est pas malade, soit abattu. De la Normandie au Pays basque, des éleveureuses se rebellent face à un État suspecté de vouloir exporter à tout prix.
- Chikungunya à La Réunion : une épidémie d’ampleur qui exige une vigilance renforcée (theconversation.com)
Depuis début 2025, l’île de La Réunion connaît une épidémie de grande ampleur. Le pic épidémique pourrait survenir en avril ou en mai.[…]la dernière grande épidémie de chikungunya à La Réunion remonte à vingt ans, c’était en 2005-2006.
- Maladies neurologiques : quand les pesticides s’attaquent au cerveau (basta.media)
Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un parcours du combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.
- Ski : 788 000 euros d’argent public pour de la neige artificielle (reporterre.net)
Confrontée au dérèglement du climat qui réchauffe ses pistes de ski, la station du Lac Blanc, dans le Haut-Rhin, va bénéficier de 788 000 euros attribués par la collectivité européenne d’Alsace, auxquels s’additionnent 159 000 euros fléchés par la communauté de communes de la vallée de Kaysersberg.
- Coût des EPR2 : Reporterre publie une alerte censurée (reporterre.net)
Le garant du débat public sur le projet d’EPR2 au Bugey (Ain) s’est alarmé du manque d’informations économiques fournies par EDF. Sa lettre a été retirée du site de la Commission nationale du débat public trois heures plus tard…
Spécial femmes en France
- « Moi aussi, je suis capable de le faire » : quand les paysannes s’approprient les tracteurs (reporterre.net)
Dans le Lot, une formation de mécanique en non-mixité permet à des paysannes de maîtriser l’utilisation et l’entretien de tracteurs. Le véhicule reste un symbole très masculin de l’agriculture.
- L’Assemblée nationale adopte l’intégration du non-consentement à la définition pénale du viol (ouest-france.fr)
Les député·es ont adopté mardi une proposition de loi intégrant le non-consentement à la définition pénale du viol. Ce texte, transpartisan et soutenu par le gouvernement, divise les juristes et les associations féministes.
- Humiliées, agressées, tétanisées : les actrices racontent les violences du cinéma devant les député·es (telerama.fr)
La commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences dans la culture a longuement entendu les professionnel·les des secteurs artistiques. Retour sur les témoignages poignants de plusieurs comédiennes à quelques jours des conclusions.
- Paul Schrader, scénariste de « Taxi Driver », accusé d’agression sexuelle par une ancienne assistante (liberation.fr)
Le cinéaste est visé par la plainte d’une ex-employée, qui l’accuse de l’avoir « piégée dans sa chambre d’hôtel » lors du Festival de Cannes 2024.
- Accusé de viol, le psychanalyste Gérard Miller déplore de ne pas pouvoir se « défendre » (liberation.fr)
L’ancien chroniqueur télé a décidé de sortir du silence via un communiqué à l’AFP, à quelques jours de la sortie d’un livre intitulé « Anatomie d’une prédation » où il sera, estime-t-il, « de fait décrit comme coupable ».
Spécial médias et pouvoir
- Nathalie Saint-Cricq, un problème (communiqués) (acrimed.org) – voir aussi Chère Nathalie Saint-Cricq (blast-info.fr)
- Inéligibilité de Marine Le Pen : un coup d’État contre la démocratie, un putsch contre l’État de droit (sur CNews) (telerama.fr)
- Comment Le Pen et ses sbires tweetent leur guerre contre l’institution judiciaire (auposte.fr)
Depuis la condamnation de Le Pen fille, les députés RN crient à la manipulation politique. Au Poste a scruté leurs tweets et c’est gratiné. Pour eux, les juges n’ont qu’un but : « éliminer » leur cheffe. Coup d’État judiciaire ? Tyrannie des juges ? Bardella, Odoul, Tanguy et les autres embrasent X et poussent le renversement des valeurs comme jamais.
- « L’Humanité » détourne un vieux slogan du FN pour sa Une sur la condamnation de Marine Le Pen (huffingtonpost.fr)
« Mains sales, tête basse ». C’est avec ces mots imprimés en gras et une photo de Marine Le Pen en noir et blanc, semblant avachie, que le journal L’Humanité représente en Une, ce mardi 1er avril, la « défaite » du Rassemblement national après la condamnation de sa cheffe de file à une inéligibilité immédiate pour cinq ans.
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- “Ça sent le Président…” le parfum d’Emmanuel Macron est si fort que l’odeur prévient le personnel de l’Elysée de sa présence (ladepeche.fr)
- Marine Le Pen inéligible, François Bayrou choisit un mot lourd de sens pour réagir (huffingtonpost.fr)
Le Premier ministre a plusieurs fois jugé injuste le sort judiciaire réservé à Marine Le Pen […] L’extrême droite dénonce un procès politique, quand la gauche prend acte d’une décision de justice, qui est « la même pour tous. » François Bayrou, lui, se dit « troublé. »
- Loi de simplification : « c’est un projet de loi assassin pour les droits des salariés » (rapportsdeforce.fr) – voir aussi Simplification ? Mon œil ! (rapport) (fne.asso.fr)
- Aveugle au changement climatique, Bayrou appelle à prendre l’avion (reporterre.net)
Après avoir pesé pour faire rouvrir la ligne aérienne lourdement déficitaire entre Pau et Orly, François Bayrou a appelé dans une lettre les acteurs économiques de l’agglomération de Pau à l’emprunter au maximum.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- En cas de circonstances exceptionnelles, le Gouvernement peut interrompre provisoirement l’accès à un réseau social, mais sous conditions (conseil-etat.fr)
Saisi pour se prononcer sur la légalité du blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie en mai 2024, le Conseil d’État précise aujourd’hui les conditions dans lesquelles le Premier ministre peut interrompre provisoirement l’accès à un réseau social. Il juge qu’en cas de circonstances exceptionnelles, une telle interruption peut être légale mais à trois conditions : qu’elle soit indispensable pour faire face à des événements d’une particulière gravité, qu’aucun moyen technique ne permette de prendre immédiatement des mesures alternatives moins attentatoires aux droits et libertés, et que l’interruption soit prise pour une durée limitée nécessaire à la recherche et la mise en place de ces mesures alternatives. En l’espèce, le Conseil d’État juge que la décision du Premier ministre d’interrompre l’accès à TikTok en Nouvelle-Calédonie en mai 2024 ne respectait pas l’ensemble de ces conditions.
Voir aussi Blocage de Tiktok en Nouvelle-Calédonie : le Conseil d’État se dérobe en faveur de l’arbitraire (laquadrature.net)
- Donald Trump appelle à « LIBÉRER MARINE LE PEN ! » et dénonce une « chasse aux sorcières » (huffingtonpost.fr)
Le président américain et son vice-président, J. D. Vance, ont apporté leur soutien à la cheffe de file du RN, condamnée à une peine d’inéligibilité dont elle a fait appel.
- Depuis Bruxelles, Jordan Bardella prépare la succession de Marine Le Pen (streetpress.com)
- Affaire des assistants fictifs du RN : Louis Aliot, condamné à six mois de prison et trois ans d’inéligibilité, garde son fauteuil de maire de Perpignan (liberation.fr)
- L’Assemblée adopte un texte revenant sur les aménagements en cas de courtes peines de prison (liberation.fr)
Les députés ont voté, jeudi 3 avril, majoritairement en faveur d’une proposition de loi Horizons supprimant le recours aux alternatives à la prison en cas de courte peine (moins de six mois).
- Fin de la trêve hivernale : « Jamais il n’y a eu autant d’expulsions », alerte la Fondation pour le logement des défavorisé·es (liberation.fr)
À la veille de la fin de la trêve hivernale, l’association pointe les graves conséquences sociales des expulsions locatives, démultipliées par l’inflation et les politiques répressives comme la loi anti-squat de 2023.
- Pour les mineur·es isolé·es du Nord, après l’exil, le droit à l’école reste défaillant (blogs.mediapart.fr)
- Deux policiers de l’office antistupéfiants de Marseille mis en examen pour trafic de stupéfiants (liberation.fr)
- Des policiers de la Brav-M jugés pour des violences en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites (francetvinfo.fr)
- Le député de Dordogne Sébastien Peytavie menacé par le site néo-nazi Démocratie participative (liberation.fr)
Un blog raciste et xénophobe a menacé l’élu en faisant référence à l’Aktion T4, programme d’extermination des handicapés sous le IIIe Reich. Le parlementaire a porté plainte pour « menace de mort » et « injures publiques ».
Spécial résistances
- Dans un État de droit, la loi s’applique pareillement à toutes et tous (ldh-france.org)
Depuis la condamnation de Marine Le Pen ce 31 mars 2025, émerge une demande de traitement particulier pour une responsable politique, du seul fait de sa notoriété ou de sa position dans les sondages d’opinion. Y faire droit, c’est porter atteinte à l’Etat de droit, à l’égalité de toutes et tous devant les lois, au profit de l’impunité des gouvernants.
- Des Femen font un happening au meeting du RN à Paris en soutien à Marine Le Pen (huffingtonpost.fr)
« Inéligibilité à perpétuité », « Marine et les fachos au cachot » ou encore « Tolérance zéro pour les fachos », ont notamment scandé trois militantes très rapidement neutralisées et exfiltrées de la foule par le DPS, le service d’ordre du Rassemblement national.
- Non au transfert des données de santé de 10 millions de Français·es dans le cloud de Microsoft (interhop.org)
Le 11 mars, la Cnil a donné son feu vert au projet Darwin EU qui prévoit un transfert massif d’informations de la Cnam vers le géant de la Tech domicilié aux Etats-Unis et sous la coupe des autorités américaines. Un collectif prépare un recours devant le Conseil d’Etat et appelle syndicats, associations et personnalités à le rejoindre.
- STMicroelectronics, Soitec… près de Grenoble, 3 000 personnes manifestent contre l’accaparement de l’eau par les géants des puces électroniques (vert.eco)
- Gino, menacé d’extradition vers la Hongrie : « Même si je gagne ma liberté, il faudra continuer la lutte » (politis.fr)
En liberté conditionnelle après plus de quatre mois de prison, le militant antifasciste Rexhino Abazaj, dit « Gino », se livre à Politis avant l’audience décisive du 9 avril.
- « On se battra jusqu’au bout » : au jour du procès contre Monsanto, la famille de Théo Grataloup, exposé au glyphosate, est déterminée (vert.eco)
Après sept ans de bataille judiciaire, la famille Grataloup a rendez-vous ce jeudi 3 avril au tribunal de Vienne pour son procès contre Bayer-Monsanto, accusé d’être responsable des graves malformations de Théo, exposé in utero au glyphosate.
- De la Serbie à Gaza, la rue contre l’autoritarisme (basta.media)
En Turquie, Serbie, Hongrie, à Gaza, des mouvements de contestation nous rappellent que la société civile n’est pas le reflet des aspirations de ses dirigeants autoritaires. Les média indés internationaux nous parlent de ces soulèvements.
Spécial outils de résistance
- How to Distribute Radical Shit : Don’t Trust Your Printer (revoluciana.net)
Spécial GAFAM et cie
- Gmail unveils end-to-end encrypted messages. Only thing is : It’s not true E2EE (arstechnica.com)
- YouTube removes ‘gender identity’ from hate speech policy (usermag.co)
- How Amazon workers can organise globally (redpepper.org.uk)
- Apple condamné à 150 millions d’euros d’amende en France pour abus de position dominante (liberation.fr)
L’Autorité de la concurrence française a annoncé ce lundi 31 mars lors d’une conférence de presse la condamnation de l’entreprise américaine dans le cadre du ciblage publicitaire sur ses appareils.
- Microsoft employee disrupts 50th anniversary and calls AI boss ‘war profiteer’ (theverge.com)
“Shame on you,” said Microsoft employee Ibtihal Aboussad, speaking directly to Microsoft AI CEO Mustafa Suleyman. “You are a war profiteer. Stop using AI for genocide. Stop using AI for genocide in our region. You have blood on your hands. All of Microsoft has blood on its hands. How dare you all celebrate when Microsoft is killing children. Shame on you all.”
- Microsoft CEOs interrupted by another employee protestor : ‘shame on all of you’ (theverge.com)
“Shame on you all. You’re all hypocrites,” said Microsoft employee Vaniya Agrawal, as some in the crowd began to boo. “50,000 Palestinians in Gaza have been murdered with Microsoft technology. How dare you. Shame on all of you for celebrating on their blood. Cut ties with Israel.”
- Big brands are spending small sums on X to stay out of Musk’s crosshairs (arstechnica.com)
Les autres lectures de la semaine
- Lesley, What Happened to the “Cybersecurity Skills Shortage” ? (tisiphone.net)
It’s time, internet. We need to have a talk about the terrible state of the cybersecurity jobs market.
- Dans les défaillances des décisions automatisées (blogs.mediapart.fr)
Les décisions automatisées façonnent nos rapports au réel. Dans les champs du social, du privé au public, de la banque à la CAF, ils sont partout défaillants. D’abord, parce que les erreurs des calculs ne sont pas une responsabilité pour ceux qui produisent les calculs. Ensuite parce que les individus mal calculés voient leurs possibilités d’action réduites plutôt qu’élargies.
- Vectofascisme (danslesalgorithmes.net)
Le technofascisme n’est pas une résurgence du fascisme du XXe siècle, mais bien une « transformation structurelle dans la manière dont le pouvoir se constitue, circule et s’exerce », explique Gregory Chatonsky.
- « L’hypocrisie des puces électroniques “made in France” » (reporterre.net)
au fond, est-il bien raisonnable de rendre une société entière dépendante, pour sa survie, d’un objet qui repose sur l’activité de centaines de mines aux quatre coins du monde, qui franchit en moyenne 80 frontières avant d’atteindre le stade du produit final ? Le numérique est une technologie impériale. Que devient-il quand l’empire vole en éclats ?
- Cowboy Coding : le plan de Musk pour pirater les États-Unis (legrandcontinent.eu)
- Don’t Look Away / Ne détournez pas le regard par R. D. Lankes (bibliomancienne.ca)
- La condamnation de Marine Le Pen est celle d’un système (politis.fr)
- « La condamnation de Marine Le Pen représente un progrès indéniable pour notre démocratie » (theconversation.com)
C’est une forme de revanche de l’État de droit sur un certain style de vie politique qui fonctionnait à l’arrangement, à l’entre-soi pendant des décennies. […] On pense aussi – bien sûr – à l’affaire Nicolas Sarkozy, plus récemment. Nous assistons aujourd’hui à un retournement historique.
- The cost of Europe’s structural racism (lighthousereports.com)
Europe frames migration as a crisis—but this masks the reality of its aging population and skills shortages
- Résistances syndicales dans l’Argentine de Milei (contretemps.eu)
- États-Unis : La pseudo-science qui exonérait les violences policières (laviedesidees.fr)
Le « délirium agité » est un diagnostic fabriqué de toutes pièces pour absoudre les officiers de police du meurtre d’hommes noirs et latinos placés sous leur responsabilité. Tout un réseau de médecins légistes, de forces de l’ordre et d’entreprises privées ont soutenu cette pseudo-science.
- 25 avril-26 juin 1945 : la conférence de San Francisco crée l’ONU, un événement fondateur (humanite.fr)
- Les bonobos font des phrases (presque) comme nous (theconversation.com)
- Jacqueline Manicom : sage femme féministe et anti-colonialiste (socialter.fr)
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Indépendante
- Sarko
- Caste
- Retailleau
- CEDH
- Extrême-droite
- Réalité
- Sereine
- Manif
- Fou
- Efficace
- Hydre
- Simplification
- Commerce
- Médias
- Art
- IA
- Brandolini
- Penguins
- Thank you
- Parasites
- Swapping genders
- Guess
- Hands off
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Dans les travées du « Paris noir » (mediapart.fr)
- Elizebeth Friedman : la cryptologue secrète (radiofrance.fr) – voir aussi Elizebeth Friedman contre la mafia et les nazis (arte.tv – disponible jusqu’au 29/06/2025)
Elizebeth Smith Friedman est une cryptanalyste d’avant-garde qui a décodé des milliers de messages, elle a ainsi révélé les activités de gangsters américains, sauvé le Queen Mary et démantelé un réseau d’espionnage nazi. Portrait d’une héroïne de la Seconde Guerre Mondiale.
- À l’intérieur d’une usine d’aluminium ! – Monsieur Bidouille (video.monsieurbidouille.fr)
- AI Hype Enters Its Geopolitics Era (techwontsave.us)
- Que faire ? (attac63.site.attac.org)
passé l’effet de sidération, quand on reprend un peu ses esprits et ses appuis : maintenant, qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on peut faire, dans ce monde néolibéral qui va — droit dans ses bottes et droit dans le mur climatique, sous les vivas de l’extrême droite et du centre ?
- Petit conseil pour ne pas devenir de droite (video.blast-info.fr)
- Les bagnards de Kerhors, un autre Betharram (radiofrance.fr)
- La condamnation de Marine Le Pen vue par @MEMESPOLITIQUES (tube.fdn.fr)
Les trucs chouettes de la semaine
- Au Portugal, l’eau du brouillard fait pousser les chênes (reporterre.net)
Malgré les sécheresses, malgré les feux, l’équipe de Life Nieblas garde son enthousiasme. En captant l’eau du brouillard grâce à des filets, des milliers de chênes replantés grandissent bon an mal an dans le centre du Portugal.
- Les ventes mondiales de Tesla sont en chute libre, tout comme son action (lesoir.be)
- A new security fund opens up to help protect the fediverse (techcrunch.com)
- The EU Open Source Solutions Catalogue is now live (interoperable-europe.ec.europa.eu)
- Framamèmes : vos mèmes préférés en versions libres et accessibles ! (framablog.org)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
06.04.2025 à 09:00
Ralentir la traduction ?
Framasoft
Texte intégral (1794 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 16 janvier 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
La traduction automatique n’a pas été conçue à des fins professionnelles, mais pour produire une traduction moins chère et suffisante. C’est-à-dire, une ubérisation.
Dans un passionnant article pour la revue Traduire, la traductrice indépendante Laura Hurot explique comment le secteur de la traduction a changé ces dernières années, sous la forme d’une ubérisation silencieuse.
Nombre d’agences de traduction imposent de travailler sur des plateformes dotées d’un système de chronométrage intégré qui évalue la productivité des traductrices et traducteurs. Mais cette accélération n’affecte pas seulement la phase traductionnelle : des agences recourent également à des systèmes de révision et de contrôle qualité en partie automatisés reposant sur des outils de catégorisation des erreurs. Ces changements conduisent à une accélération de la productivité et à une perte d’autonomie, des savoir-faire et du bien-être des traducteurs indépendants plateformisés. D’ailleurs, on ne parle plus de traduction, mais de post-édition, pour désigner une correction de traduction automatique, dont la conséquence première est de lisser les tarifs de traduction vers le bas.
Dans un article plus récent de la même revue, le collectif en chair et en os, qui défend une traduction humaine contre la généralisation des machines, souligne que dans l’édition, la traduction automatique touche d’abord certains genres littéraires dont la langue n’est pas plus facile à prendre en charge par la machine, mais des genres qui sont périphériques dans la hiérarchie culturelle et où la précarité est depuis longtemps plus forte (les secteurs de la romance, des livres pratiques, des livres pour les jeunes ou des sciences humaines sociales sont également des secteurs où les rémunérations sont moindres et les statuts plus précaires… et ils se sont précarisés avec la forte féminisation du secteur depuis les années 80). Et les auteurs de rappeler qu’“un outil développé puis déployé à des fins d’économie n’est pas qu’un outil : il est l’élément d’un système”. Et de rappeler que la traduction automatique n’a pas été conçue à des fins professionnelles mais pour produire une traduction moins chère et suffisante. Pour les acteurs de la tech, traduire un texte consiste en effet à le transposer en miroir, dans une vision purement mathématique, en remplaçant simplement un mot par un autre mot, même si désormais ces agencements sont largement statistiques. Ce n’est pourtant pas si simple, surtout quand les textes sont complexes et les langues rares, comme le pointent les limites à l’utilisation croissante d’outils de traduction automatiques pour accomplir des tâches trop complexes pour eux, comme pour remplir des formulaires de demandes d’asiles sans maîtrise de la langue, conduisant à des erreurs multiples et aux rejets massives des demandes.
Il n’y a pas que la traduction depuis des langues rares qui se révèlent complexe, dans leur numéro de décembre, les Cahiers du Cinéma revenaient, à la suite d’une tribune de l’Association des traducteurs et adaptateurs de l’audiovisuel (Ataa), sur la perte de qualité des sous-titres des films, trop souvent réalisés automatiquement. Le problème n’est pas seulement économique et lié au fait que le sous-titrage ou le doublage viennent en bout de chaîne de la production, qui échappe souvent à la production, que de savoir à qui elle incombe : producteur, distributeur, diffuseur… Un conflit de responsabilité qui permet de justifier la perte de qualité. Le plus fascinant pourtant est de constater combien la traduction automatique échoue sur des phrases assez simples, même depuis l’anglais. Ainsi cet « How’s my room ? » traduit par « Comment va ma chambre ? » au lieu de « Où en est ma chambre ? », nous montrant toutes les limites de l’approche de la traduction statistique, qui se révèle bien moins performante qu’on ne le pense souvent.
L’observatoire de la traduction automatique rappelait récemment que sa tribune de 2023 demandant la transparence réelle des données d’entraînements de l’IA générative, la possibilité de refuser que le travail de traduction serve à l’entraînement des machines qui détruisent le métier, que les aides publiques soient exclusivement réservées aux créations humaines ou que les produits culturels créés avec de l’IA soient obligatoirement signalés… n’avait toujours reçu aucune réponse des autorités.
Signalons enfin que le 10e numéro de la revue Contrepoint, la revue du Conseil européen des associations de traducteurs littéraires, est entièrement consacré à la question de la traduction sous IA. Pour Damien Hansen, qui rappelle que la traduction automatique reste incapable de comprendre le texte, “le problème n’est pas tant l’outil en soi que le fait qu’on l’impose aux professionnels et qu’on l’emploie pour des raisons purement économiques”. Plutôt que de venir aider et soutenir le traducteur, la traduction automatique est produite pour le contraindre voire le faire disparaître. L’utilisation de l’IA comme outil de contrôle montre à nouveau que leur orientation vers des outils de contrainte plutôt que d’assistance, contrairement à ce qui nous est asséné, risque de devenir une limite forte à son développement.
Dans son article, Laura Hurot, rappelle, à la suite du livre du spécialiste de la cognition, Olivier Houdé, L’intelligence humaine n’est pas un algorithme (Odile Jacob, 2019), que la clé de l’intelligence réside certainement bien plus dans le ralentissement de la pensée plutôt que dans son accélération. À l’heure où la vitesse est une idole indétrônable, il faudrait pouvoir mieux mesurer ce qu’elle nous fait perdre.
MAJ du 26/01/2025 : Dans un passionnant article sur un secteur assez proche, le Monde revient sur les transformations du secteur du doublage et le péril imminent de l’IA. Le journal rappelle qu’aux Etats-Unis, la grève des acteurs et scénaristes de l’automne 2023 a négocié des contreparties financières en cas d’utilisation de leur image ou de leurs œuvres par une IA générative, mais pas pour le doublage vocal, qui est resté l’angle mort des négociations.
En France, les doubleurs s’inquiètent, explique l’association de défense de la profession, Les Voix. Les acteurs s’interrogent : « l’IA risque de dénaturer totalement l’énergie du jeu, née de la proximité de plusieurs comédiens dans une même pièce », lors du doublage. « Le risque économique lié à l’avènement de l’IA dans le doublage concerne directement 15 000 personnes dans l’Hexagone, dont 5 000 comédiens, le personnel de 110 studios de doublage, donc des ingénieurs du son, des assistants de production, ainsi que 2 500 auteurs-adaptateurs ». Les syndicats réclament des protections pour interdire l’utilisation du travail de doublage pour entraîner les systèmes. Mais, « pour l’heure, rien n’empêche les studios étrangers, notamment américains, de proposer des films doublés directement en français grâce à l’IA, en clonant, par exemple, les voix des acteurs américains ». L’article rappelle enfin que les protections juridiques existent… mais seront-elles suffisantes face aux contraintes économiques qu’imposent les studios ?
02.04.2025 à 10:42
Un grand pouvoir mais aucune responsabilité
Framalang
Texte intégral (15071 mots)
Mise à jour – 2 avril 16:20 : Remplacement du terme « merdification » par « emmerdification ».
Cory Doctorow, blogueur, journaliste et auteur de science-fiction canado-britannique bien connu chez les lecteur·ices assidu·es du Framablog, et étant notamment à l’origine du néologisme d’ « emmerdification » des espaces numériques, a récemment publié sur son blog une transcription d’une conférence qu’il donnait lors de la conférence Ursula Franklin ayant lieu au Innis College de l’Université de Toronto. Si l’auteur parle avant tout de son point de vue de canadien, son analyse de la situation et ses pistes de réflexion nous semblent mériter toute votre attention.
Notez enfin que l’auteur a aussi récemment été publié en français chez C&F Éditions avec l’ouvrage « Le rapt d’Internet ».
Cet article est une traduction de la publication de Cory Doctorow. Il est traduit et republié avec l’accord de l’auteur selon les termes de la licence CC BY 4.0. Cette traduction apporte un certain nombre d’illustrations et de liens non présents dans la version originale, afin de rendre la lecture plus agréable. Une vidéo de la conférence est également disponible.
Traduction Framalang : cwpute, retrodev, MO, Jums, spf, Booteille, tcit
Hier soir, je me suis rendu à Toronto pour pour l’évènement annuel de la Conférence Ursula Franklin, pour lequel j’ai donné un discours, au Innis College de l’Université de Toronto.
La conférence était intitulée « Un grand pouvoir n’a impliqué aucune responsabilité : comment l’emmerdification a conquis le XXIème siècle, et comment nous pouvons la renverser ». Il s’agit du dernier grand discours de ma série sur le sujet, qui avait commencé avec la conférence McLuhan de l’année dernière à Berlin.
Et qui s’était poursuivie pendant l’été avec une conférence introductive au Defcon.
Ce discours aborde spécifiquement les opportunités uniques de désemmerdification créées par le « désassemblage imprévu en plein-air » du système de libre-échange international par Trump. Les États-Unis ont utilisé des accords commerciaux pour forcer presque tous les pays du monde à adopter les lois sur la propriété intellectuelle qui rendent l’emmerdification possible, et peut-être même inévitable. Alors que Trump réduit en cendres ces accords commerciaux, le reste du monde a une opportunité sans précédent pour riposter à l’intimidation américaine en se débarrassant de ces lois et en produisant les outils, les appareils et les services qui peuvent protéger chaque utilisateur·ice de la Tech (étasunien·nes y compris) de se faire arnaquer par les grandes entreprises étasuniennes de la Tech.
Je suis très reconnaissant à l’idée de pouvoir donner cette conférence. J’ai été accueilli pour la journée par le Centre for Culture and Technology, fondé par Marshall McLuhan, et installé dans le relais de poste qu’il utilisait comme bureau. La conférence, elle, s’est déroulée dans le Innis College, nommé en hommage à Harold Innis, le Marshall McLuhan des penseurs et penseuses. De plus, j’ai eu pour enseignante la fille d’Innis, Anne Innis Dagg, une biologiste féministe, brillante et radicale, qui a quasiment inventé le domaine de giraffologie (l’étude des girafes fossiles, NDT).
Cependant, et avec tout le respect que j’ai pour Anne et son père, Ursula Franklin est la Harold Innis des penseur·euses. Une scientifique, activiste, et communicante brillante qui a dédié sa vie à l’idée que ce n’est pas tant ce que la technologie fait qui est important, mais plutôt à qui elle le fait et pour le bénéfice de qui.
Avoir l’opportunité de travailler depuis le bureau de McLuhan afin de présenter une conférence dans l’amphithéâtre d’Innis qui tient son nom de Franklin ? Ça me fait tout chaud à l’intérieur !Voici le texte de la conférence, légèrement modifié.
Je sais que la conférence de ce soir est sensée porter sur la dégradation des plateformes tech, mais j’aimerais commencer par parler des infirmières.
Un rapport de janvier 2025, provenant du Groundwork Collective, documente comment les infirmières sont de plus en plus recrutées par des applis de mise en relation — « le Uber des infirmières » — ce qui fait qu’elles ne savent jamais d’un jour sur l’autre si elles vont pouvoir travailler et combien elles seront payées.
Il y a quelque chose de high-tech qui se trame ici vis-à-vis du salaire des infirmières. Ces applis pour infirmières — un cartel de trois entreprises : Shiftkey, Shiftmed et Carerev — peuvent jouer comme elles l’entendent avec le prix de la main d’œuvre.
Avant que Shiftkey ne fasse une offre d’emploi à une infirmière, l’entreprise achète l’historique d’endettement de sa carte de crédit via un courtier en données. Plus spécifiquement, elle paie pour savoir combien l’infirmière a de dettes sur sa carte de crédit, et s’il y a un retard de remboursement.
Plus la situation financière de l’infirmière est désespérée, plus le salaire qu’on lui proposera sera bas. Parce que plus vous êtes désespérée, moins ça coûtera de vous faire venir travailler comme un âne à soigner les malades, les personnes âgées et les mourant·es.
Bon, il y a plein de choses qui se passent dans cette histoire, et elles sont toutes terrifiantes. Plus encore, elles sont emblématiques de l’ « emmerdification » (« enshittification » en anglais), ce mot que j’ai forgé pour décrire la dégradation des plateformes en ligne.
Quand j’ai commencé à écrire sur le sujet, je me focalisais sur les symptômes externes de l’emmerdification, un processus en trois étapes :
D’abord, la plateforme est bénéfique pour ses usager·es, tout en trouvant un moyen de les enfermer.
Comme Google, qui limitait les pubs et maximisait les dépenses en ingénierie du moteur de recherche, tout en achetant leur position dominante, en offrant à chaque service ou produit qui avait une barre de recherche de la transformer en barre de recherche Google.
Ainsi, peu importe le navigateur, le système d’exploitation mobile, le fournisseur d’accès que vous utilisiez, vous feriez toujours des recherches Google. C’était devenu tellement délirant qu’au début des années 2020, Google dépensait tous les 18 mois assez d’argent pour acheter Twitter tout entier, juste pour s’assurer que personne n’essaie un autre moteur de recherche que le sien.
C’est la première étape : être bon envers les utilisateur·ices, enfermer les utilisateur·ices.
La deuxième étape c’est lorsque la plateforme commence à abuser des utilisateur·ices pour attirer et enrichir ses client·es professionnel·les. Pour Google, il s’agit des annonceur·euses et des éditeur·ices web. Une part toujours plus importante des pages de résultats Google est consacrée aux annonces, qui sont signalées par des libellés toujours plus subtils, toujours plus petits et toujours plus gris. Google utilise ses données de surveillance commerciales pour cibler les annonces qui nous sont adressées.
Donc voilà la deuxième étape : les choses empirent pour les utilisateur·ices et s’améliorent pour les client·es professionnel·les.
Mais ces client·es professionnel·les sont également fait·es prisonnier·ères de la plateforme, dépendant·es de ces client·es. Dès lors que les entreprises tirent au moins 10 % de leurs revenus de Google, quitter Google devient un risque existentiel. On parle beaucoup du pouvoir de « monopole » de Google, qui découle de sa domination en tant que vendeur. Mais Google est aussi un monopsone, un acheteur puissant.
Ainsi, vous avez maintenant Google qui agit comme un monopoliste vis-à-vis de ses utilisateur·ices (première étape) et comme un monopsoniste vis-à-vis de ses client·es professionnel·les (deuxième étape), puis vient la troisième étape : Google récupère toute la valeur de la plateforme, à l’exception d’un résidu homéopathique calculé pour garder les utilisateur·ices prisonnier·ères de la plateforme, et les client·es professionnel·es enchaîné·es à ces utilisateur·ices.
Google se merdifie.
En 2019, Google a connu un tournant décisif. Son activité de recherche avait cru autant que possible. Plus de 90 % d’entre-nous utilisaient Google pour leur recherches, et nous l’utilisions pour absolument tout. Chaque pensée ou vaine question qui nous venait en tête, nous la tapions dans Google.
Comment Google pouvait-il encore grandir ? Il n’y avait plus d’autre utilisateur·ice pour adopter Google. On allait pas se mettre à chercher plus de choses. Que pouvait faire Google ?
Eh bien, grâce à des mémos internes publiés dans le cadre du procès anti-trust de l’année dernière contre Google, nous savons ce qu’ils ont fait. Ils ont dégradé la recherche. Ils ont réduit la précision du système, de sorte que vous ayez à faire deux recherches ou plus afin de trouver votre réponse, doublant ainsi le nombre de requêtes et doublant la quantité de publicités.
Pendant ce temps, Google a conclu un accord secret et illégal avec Facebook, nom de code Jedi Blue, pour truquer le marché de la publicité, en fixant les prix de manière à ce que les annonceur·euses paient plus et que les éditeur·ices gagnent moins.
Et c’est ainsi que nous arrivons au Google merdifié d’aujourd’hui, où chaque requête renvoie une bouillie générée par IA, au dessus de cinq résultats payants signalés par le mot SPONSORISÉ écrit en gris police 8pt sur fond blanc, eux-même, placés au dessus de dix liens remplis de spam qui renvoient vers des sites SEO (Search Engine Optimization, des sites conçus pour être affichés dans les premiers résultats de Google, NDT) produits à la pelle et remplis d’encore plus de bouillie générée par IA.
Et pourtant, nous continuons d’utiliser Google, parce que nous y sommes enfermé·es. C’est l’emmerdification, vue de l’extérieur. Une entreprise qui est bénéfique pour ses utilisateur·ices, tout en les enfermant. Puis les choses empirent pour les utilisateur·ices, de manière à ce qu’elles s’améliorent pour les client·es professionnel·les, tout en enfermant ces dernier·ères. Puis elle récupère toute la valeur pour elle-même et se transforme en un énorme tas de merde.
L’emmerdification, une tragédie en trois actes.
J’ai commencé en me concentrant sur les signes extérieurs de l’emmerdification, mais je pense qu’il est temps de commencer à réfléchir à ce qu’il se passe à l’intérieur des entreprises qui rendent cette emmerdification possible.
Quel est le mécanisme technique de l’emmerdification ? J’appelle cela le bidouillage (« twiddling »). Les merveilleux ordinateurs qui les font tourner lèguent aux entreprises du numérique leur infinie flexibilité. Cela veut dire que les entreprises peuvent bidouiller les commandes qui contrôlent les aspects les plus fondamentaux de leur activité. Chaque fois que vous interagissez avec une entreprise, tout est différent : les prix, les coûts, l’ordre des résultats, les recommandations.
Ce qui me ramène à nos infirmières. Vous vous rappelez de l’arnaque, celle où vous consultez le degré d’endettement de l’infirmière pour réduire en temps réel le salaire que vous lui offrez ? Ça c’est du bidouillage. C’est quelque chose qu’on ne peut faire qu’avec un ordinateur. Les patrons qui le font ne sont pas plus malfaisants que les patrons d’antan, ils ont juste de meilleurs outils.
Notez que ce ne sont même pas des patrons de la Tech. Ce sont des patrons de la santé, qui se trouvent disposer des outils de la Tech.
La numérisation — tisser des réseaux informatiques à l’intérieur d’une entreprise ou d’un domaine d’activité — rend possible ce genre de bidouillage qui permet aux entreprises de déplacer la valeur depuis les utilisateur·ices vers les client·es professionnel·les, puis des client·es professionnel·les vers les utilisateur·ices, et enfin, inévitablement, vers elles-mêmes.
Et la numérisation est en cours dans tous les domaines — dont celui des infirmières. Ce qui signifie que l’emmerdification est en cours dans tous les domaines — dont celui des infirmières.
La juriste Veena Dubal a inventé un terme pour décrire le bidouillage qui comprime le salaire des infirmières endettées. Ça s’appelle la « Discrimination Salariale Algorithmique » (Algorithmic Wage Discrimination), et cela fait suite à l’économie à la tâche.
L’économie à la tâche est un lieu central de l’emmerdification, et c’est la déchirure la plus importante dans la membrane séparant le monde virtuel du monde réel. Le boulot à la tâche, c’est là où votre patron de merde est une application de merde, et où vous n’avez même pas le droit de vous considérer comme un employé·e.
Uber a inventé cette astuce. Les chauffeurs et chauffeuses qui font les difficiles pour choisir les contrats que l’appli leur affiche commencent par recevoir des offres avec de meilleurs paies. Mais si iels succombent à la tentation et prennent l’une de ces options mieux payées, alors les paies commencent à nouveau à réduire, à intervalles aléatoires, petit à petit, imaginés pour être en dessous du seuil de perception humain. Évitant de cuire la grenouille pour seulement la pocher, l’entreprise attend que lae chauffeur·euse Uber se soit endetté·e pour acheter une nouvelle voiture et ait abandonné tout boulot annexe qui lui permettait alors de choisir les meilleures contrats. Et c’est ainsi que leurs revenus diminuent, diminuent, diminuent.
Le bidouillage est une astuce grossière faite à la va-vite. N’importe quelle tâche assez simple mais chronophage est une candidate idéale à l’automatisation, et ce genre de vol de revenus serait insupportablement pénible, fastidieux et coûteux à effectuer manuellement. Aucun entrepôt du XIXème siècle rempli de bonhommes à visière vertes penchés sur des livres de compte ne pourrait faire ça. La numérisation est nécessaire.
Bidouiller le salaire horaire des infirmières est un exemple parfait du rôle de la numérisation dans l’emmerdification. Parce que ce genre de choses n’est pas seulement mauvais pour les infirmières, c’est aussi mauvais pour les patient·es. Pensons-nous vraiment que payer les infirmières en fonction de leur degré de désespoir, avec un taux calculé pour accroître ce niveau de désespoir, et donc décroître le salaire pour lequel elles vont sans doute travailler, aura pour conséquence de meilleurs soins ?
Voulez-vous que votre cathéter soit posé par une infirmière nourrie par les Restos du Cœur, qui a conduit un Uber jusqu’à minuit la nuit dernière, et qui a sauté le petit déjeuner ce matin pour pouvoir payer son loyer ?
Voilà pourquoi il est si naïf de dire « si c’est gratuit, c’est que c’est vous le produit ». « Si c’est gratuit » attribue aux services financés par la publicité un pouvoir magique : celui de contourner nos facultés critiques en nous surveillant, et en exploitant les dossiers qui en résultent pour localiser nos angle-morts mentaux, et en les transformant en armes pour nous faire acheter tout ce qu’un publicitaire vend.
Avec cette expression, nous nous rendons complices de notre propre exploitation. En choisissant d’utiliser des services « gratuits », nous invitons les capitalistes de la surveillance à notre propre exploitation, ceux-là même qui ont développé un rayon-laser de contrôle mental alimenté par les données de surveillance que nous fournissons volontairement en choisissant des services financés par la publicité.
La morale, c’est que si nous revenions à simplement payer pour avoir des choses, plutôt que de demander leur gratuité de manière irréaliste, nous rendrions au capitalisme son état fonctionnel de non-surveillance, et les entreprises recommenceraient à mieux s’occuper de nous, car nous serions les client·es, et non plus les produits.
C’est pour cette raison que l’hypothèse du capitalisme de surveillance élève les entreprises comme Apple au rang d’alternatives vertueuses. Puisqu’Apple nous fait payer avec de l’argent, plutôt qu’avec notre attention, elle peut se concentrer sur la création de services de qualité, plutôt que de nous exploiter.
Si on regarde de façon superficielle, il y a une logique plausible à tout cela. Après, tout, en 2022, Apple a mis à jour son système d’exploitation iOS, qui tourne sur les iPhones et autres appareils mobiles, ajoutant une case à cocher qui vous permet de refuser la surveillance par des tiers, notamment Facebook.
96 % des client·es d’Apple ont coché cette case. Les autres 4 % étaient probablement ivres, ou des employé·es de Facebook, ou des employé·es de Facebook ivres. Ce qui est logique car, si je travaillais pour Facebook, je serais ivre en permanence.
Il semble donc, à première vue, qu’Apple ne traite pas ses client·es comme un « produit ». Mais, en même temps que cette mesure de protection de la vie privée, Apple activait secrètement son propre système de surveillance pour les propriétaires d’iPhone, qui allait les espionner de la même manière que Facebook l’avait fait, et exactement dans le même but : vous envoyer des publicités ciblées en fonction des lieux que vous avez visités, des choses que vous avez recherchées, des communications que vous avez eues, des liens sur lesquels vous avez cliqué. Apple n’a pas demandé la permission à ses client·es pour les espionner. Elle ne leur a pas permis de refuser cette surveillance. Elle ne leur en a même pas parlé et, quand elle a été prise la main dans le sac, Apple a menti.
Il va sans dire que le rectangle à distractions à 1000 dollars d’Apple, celui-la même qui est dans votre poche, c’est bien vous qui l’avez payé. Le fait que vous l’ayez payé n’empêche pas Apple de vous traiter comme un produit. Apple traite aussi ses client·es professionnel·les — les vendeur·euses d’applications — comme un produit, en leur extorquant 30 centimes sur chaque dollar qu’ils gagnent, avec des frais de paiement obligatoires qui sont 1000 % plus élevés que les normes dans le domaine, déjà exorbitantes. Apple traite ses utilisateur·ices — les gens qui déboursent une brique pour un téléphone — comme un produit, tout en les espionnant pour leur envoyer des publicités ciblées.
Apple traite tout le monde comme un produit.
Voilà ce qu’il se passe avec nos infirmière à la tâche : les infirmières sont le produit. Les patient·es sont le produit. Les hôpitaux sont le produit. Dans l’emmerdification, « le produit » est chaque personne qui peut être productifiée.
Un traitement juste et digne n’est pas quelque chose que vous recevez comme une récompense de fidélité client, pour avoir dépensé votre argent plutôt que votre attention. Comment recevoir un traitement juste et digne alors ? Je vais y venir, mais restons encore un instant avec nos infirmières.
Les infirmières sont le produit et elles sont bidouillées, parce qu’elles ont été enrôlées dans l’industrie de la Tech, via la numérisation de leur propre industrie.
Il est tentant de rejeter la faute sur la numérisation. Mais les entreprises de la Tech ne sont pas nées merdifiées. Elles ont passé des années — des décennies — à concevoir des produits plaisants. Si vous êtes assez vieille ou vieux pour vous souvenir du lancement de Google, vous vous souviendrez que, au départ, Google était magique.
Vous auriez pu interroger Ask Jeeves pendant un million d’années, vous auriez pu remplir Altavista avec dix trilliards d’opérateurs booléens visant à éliminer les résultats médiocres, sans jamais aboutir à des réponses aussi nettes et utiles que celles que vous auriez obtenues avec quelques mots vaguement descriptifs dans une barre de recherche Google.
Il y a une raison pour laquelle nous sommes tous passé·es à Google, pour laquelle autant d’entre nous ont acheté des iPhones, pour laquelle nous avons rejoint nos amis sur Facebook : tous ces services étaient nativement numériques, ils auraient pu se merdifier à tout moment, mais ils ne l’ont pas fait — jusqu’à ce qu’ils le fassent, et ils l’ont tous fait en même temps.
Si vous étiez une infirmière, que tous les patient·es qui se présentent aux urgences en titubant présentent les mêmes horribles symptômes, vous appelleriez le ministère de la Santé pour signaler la potentielle apparition d’un nouvelle et dangereuse épidémie.
Ursula Franklin soutenait que les conséquences de la technologie n’étaient pas prédestinés. Elles sont le résultat de choix délibérés. J’aime beaucoup cette analyse, c’est une manière très science-fictionnesque de penser la technologie. La bonne science-fiction ne porte pas seulement sur ce que la technologie fait, mais pour qui elle le fait, et à qui elle le fait.
Ces facteurs sociaux sont bien plus importants que les seules spécifications techniques d’un gadget. Ils incarnent la différence entre un système qui vous prévient lorsqu’en voiture vous commencez à dévier de votre route et qu’un système informe votre assurance que vous avez failli dévier de votre route, pour qu’ils puissent ajouter 10 dollars à votre tarif mensuel.
Ils incarnent la différence entre un correcteur orthographique qui vous informe que vous avez fait une erreur et un patrongiciel qui permet à votre chef d’utiliser le nombre de vos erreurs pour justifier qu’il vous refuse une prime.
Ils incarnent la différence entre une application qui se souvient où vous avez garé votre voiture et une application qui utilise la localisation de votre voiture comme critère pour vous inclure dans un mandat de recherche des identités de toutes les personnes situées à proximité d’une manifestation contre le gouvernement.
Je crois que l’emmerdification est causée par des changements non pas des technologies, mais de l’environnement réglementaire. Ce sont des modifications des règles du jeu, initiées de mémoire d’humain·e, par des intervenants identifiés, qui étaient déjà informés des probables conséquences de leurs actions, qui sont aujourd’hui riches et respectés, ne subissant aucune conséquence ou responsabilité pour leur rôle dans l’avènement du merdicène. Ils se pavanent en haute société, sans jamais se demander s’ils finiront au bout d’une pique.
En d’autres termes, je pense que nous avons créé un environnement criminogène, un parfait bouillon de culture des pratiques les plus pathogènes de notre société, qui se sont ainsi multipliées, dominant la prise de décision de nos entreprises et de nos États, conduisant à une vaste emmerdification de tout.
Et je pense qu’il y a quelques bonnes nouvelles à tirer de tout ça, car si l’emmerdification n’est pas causée par un nouveau genre de méchantes personnes, ou par de grandes forces de l’histoire joignant leur poids pour tout transformer en merde, mais est plutôt causée par des choix de réglementation spécifiques, alors nous pouvons revenir sur ces règles, en produire de meilleures et nous extraire du merdicène, pour reléguer cet internet merdifié aux rebuts de l’histoire, simple état transitoire entre le bon vieil internet et un bon internet tout neuf.
Je ne vais pas parler d’IA aujourd’hui, parce que, mon dieu, l’IA est un sujet tellement ennuyeux et tellement surfait. Mais je vais utiliser une métaphore qui parle d’IA, pour parler de l’entreprise à responsabilité limitée, qui est une sorte d’organisme colonisateur immoral et artificiel, au sein duquel les humain·es jouent le rôle d’une sorte de flore intestinale. Mon collègue Charlie Stoss nomme ces sociétés des « IA lentes ».
Vous avez donc ces IA lentes, dont les boyaux grouillent de gens, et l’impératif de l’IA, le trombone qu’elle cherche à optimiser, c’est le profit. Pour maximiser les profits, facturez aussi cher que vous le souhaitez, payez vos travailleur·euses et vos fournisseur·euses aussi peu que vous le pouvez, dépensez aussi peu que possible pour la sécurité et la qualité.
Chaque dollar que vous ne dépensez pas pour les fournisseur·euses, les travailleur·euses, la qualité ou la sécurité est un dollar qui peut revenir aux cadres et aux actionnaires. Il y a donc un modèle simple d’entreprise qui pourrait maximiser ses profits en facturant un montant infini de dollars, en ne payant rien à ses travailleur·euses et à ses fournisseur·euses, et en ignorant les questions de qualité et de sécurité.
Cependant, cette entreprise ne gagnerait pas du tout d’argent, pour la très simple raison que personne ne voudrait acheter ce qu’elle produit, personne ne voudrait travailler pour elle ou lui fournir des matériaux. Ces contraintes agissent comme des forces punitives disciplinaires, qui atténuent la tendance de l’IA à facturer à l’infini et ne rien payer.
Dans la Tech, on trouve quatre de ces contraintes, des sources de discipline anti-emmerdificatoires qui améliorent les produits et les services, rémunèrent mieux les travailleur·euses et empêchent les cadres et des actionnaires d’accroître leur richesse au détriment des client·es, des fournisseur·euses et des travailleur·euses.
La première de ces contraintes, c’est le marché. Toutes choses égales par ailleurs, une entreprise qui facture davantage et produit moins perdra des client·es au profit d’entreprises qui sont plus généreuses dans leur partage de la valeur avec les travailleur·euses, les client·es et les fournisseur·euses.
C’est la base de la théorie capitaliste, et le fondement idéologique de la loi sur la concurrence, que nos cousins étasuniens nomment « loi anti-trust ».
En 1890, le Sherman Act a été première loi anti-trust, que le sénateur John Sherman, son rapporteur, défendit devant le Sénat en disant :
Si nous refusons de subir le pouvoir d’un roi sur la politique, nous ne devrions pas le subir sur la production, les transports, ou la vente des produits nécessaires à la vie. Si nous ne nous soumettons pas à un empereur, nous ne devrions pas nous soumettre à un autocrate du commerce disposant du pouvoir d’empêcher la concurrence et de fixer les prix de tous les biens.
Le sénateur Sherman faisait écho à l’indignation du mouvement anti-monopoliste de l’époque, quand des propriétaires de sociétés monopolistiques jouaient le rôle de dictateurs, ayant le pouvoir de décision sur qui pouvait travailler, qui mourait de faim, ce qui pourrait être vendu et à quel prix.
En l’absence de concurrence, ils étaient trop gros pour échouer, trop gros pour être emprisonnés, et trop gros pour s’en préoccuper. Comme Lily Tomlin disait dans ses publicités parodiques pour AT&T dans l’émission Saturday Night Live : « Nous n’en avons rien à faire. Nous n’en avons pas besoin. Nous sommes l’entreprise de téléphone. »
Qu’est-il donc arrivé à la force disciplinaire de la concurrence ? Nous l’avons tuée. Depuis une quarantaine d’années, la vision reaganienne des économistes de l’École de Chicago a transformé l’anti-trust. Ils ont rejeté l’idée de John Sherman selon laquelle nous devrions maintenir la concurrence entre les entreprises pour empêcher l’émergence d’« autocrates du commerce », et installé l’idée que les monopoles sont efficaces.
En d’autres termes, si Google possède 90 % des parts de marché, ce qui est le cas, alors on se doit d’inférer que Google est le meilleur moteur de recherche au monde, et le meilleur moteur de recherche possible. La seule raison pour laquelle un meilleur moteur de recherche n’a pas pu se démarquer est que Google est tellement compétent, tellement efficace, qu’il n’y a aucun moyen concevable de l’améliorer.
On peut aussi dire que Google est le meilleur parce qu’il a le monopole, et on peut dire que le monopole est juste puisque Google est le meilleur.
Il y a 40 ans, donc, les États-Unis — et ses partenaires commerciaux majeurs — ont adopté une politique de concurrence commerciale explicitement pro-monopole.
Vous serez content·es d’apprendre que ce n’est pas ce qui s’est passé au Canada. Le Représentant du Commerce étasunien n’est pas venu ici pour nous forcer à bâillonner nos lois sur la compétitivité. Mais ne faites pas trop les fier·es ! Ce n’est pas arrivé pour la simple raison qu’il n’y en avait pas besoin. Parce que le Canada n’a pas de loi sur la concurrence qui mérite cette appellation, et n’en a jamais eue.
Au cours de toute son histoire, le Bureau de la Concurrence (« Competition Bureau ») a contesté trois fusions d’entreprise, et a empêché exactement zéro fusion, ce qui explique comment nous nous sommes retrouvés avec un pays qui doit tout aux ploutocrates les plus médiocres qu’on puisse imaginer comme les Irving, les Weston, les Stronach, les McCain et les Rogers.
La seule raison qui explique comment ces prodiges sans vergogne ont été capables de conquérir ce pays est que les étasuniens avaient boosté leurs monopolistes avant qu’il ne soient capables de conquérir les États-Unis et de porter leur attention sur nous. Mais il y a 40 ans, le reste du monde adoptait le « standard de bien-être du consommateur » pro-monopole de la Chicago School (Consumer Welfare Standard, CWS), et on s’est retrouvé·es avec… des monopoles. Des monopoles en pharmaceutique, sur le marché de la bière, celui des bouteilles de verre, des Vitamine C, des chaussures de sport, des microprocesseurs, des voitures, des lunettes de vue, et, bien sûr, celui du catch professionnel.
Souvenez-vous : ces politiques spécifiques ont été adoptées de mémoire d’humain·e, par des individus identifiables, qui ont été informés, qui sont devenus riches, et n’en ont jamais subi les conséquences. Les économistes qui ont conçu ces politiques sont encore dans le coin aujourd’hui, en train de polir leurs faux prix Nobel, de donner des cours dans des écoles d’élite, de se faire des millions en expertise-conseil pour des entreprise de premier ordre. Quand on les interroge sur le naufrage que leurs politiques ont provoqué, ils clament leur innocence, affirmant — sans ciller — qu’il n’y a aucune manière de prouver l’influence des politiques pro-monopole dans l’avènement des monopoles.
C’est comme si on avait l’habitude d’utiliser de la mort-au-rat sans avoir de problème de rats. Donc ces gens nous demandent d’arrêter, et maintenant les rats nous dévorent le visage. Alors ils prennent leurs grands yeux innocents et disent : « Comment pouvez-vous être sûrs que notre politique contre la mort-au-rat et l’invasion globale de rats soient liées ? C’est peut-être simplement l’Ère des Rats ! Peut-être que les tâches solaires ont rendu les rats plus féconds qu’à d’autres moments de l’histoire ! Ils ont acheté les usines de mort-au-rat puis les ont fermé, et alors quoi ? Fermer ces usines après qu’on ait décidé d’arrêter d’utiliser de la mort-au-rat est une décision rationnelle et Pareto-optimale. »
Les marchés ne punissent pas les entreprises de la Tech parce qu’elles ne font pas de concurrence avec leurs rivaux, elles les achètent. C’est une citation, de Mark Zuckerberg :
Il vaut mieux acheter que d’entrer en concurrence.
C’est pour cela que Mark Zuckerberg a acheté Instagram pour un milliard de dollars, même si l’entreprise n’avait que 12 salarié·es et 25 millions d’utilisateur·ices. Comme il l’écrivait à son Directeur Financier dans un e-mail nocturne particulièrement mal avisé, il était obligé d’acheter Instagram, parce que les utilisateur·ices de Facebook étaient en train de quitter Facebook pour Instagram. En achetant Instagram, Zuck s’assurait que quiconque quitterait Facebook — la plateforme — serait toujours prisonnier·ère de Facebook — l’entreprise.
Malgré le fait que Zuckerberg ait posé sa confession par écrit, l’administration Obama l’a laissé entreprendre cette fusion, parce que tous les gouvernement, de tous les bords politiques, et ce depuis 40 ans, ont pris comme position de croire que les monopoles sont performants.
Maintenant, pensez à notre infirmière bidouillée et paupérisée. Les hôpitaux font partie des secteurs les plus consolidés des États-Unis. D’abord, on a dérégularisé les fusions du secteur pharmaceutique, les entreprises pharmaceutiques se sont entre-absorbées à la vitesse de l’éclair, et elles ont gonflé les prix des médicaments. Alors les hôpitaux ont eux aussi fusionné vers le monopole, une manœuvre défensive qui a laissé une seule chaîne d’hôpitaux s’accaparer la majorité d’une région ou d’une ville et dire aux entreprises pharmaceutiques : « Soit vous baissez le prix de vos produits, soit vous ne pouvez plus les vendre à aucun de nos hôpitaux ».
Bien sûr, une fois cette mission accomplie, les hôpitaux ont commencé à arnaquer les assureurs, qui mettaient en scène leur propre orgie incestueuse, achetant et fusionnant jusqu’à ce que les étasunien·nes n’aient plus le choix qu’entre deux ou trois assurances. Ça a permis aux assureurs de riposter contre les hôpitaux, en laissant les patient·es et les travailleur·es de la santé sans défense contre le pouvoir consolidé des hôpitaux, des entreprises pharmaceutiques, des gestionnaire de profits pharmacologiques, des centrales d’achats, et des autres cartels de l’industrie de la santé, duopoles et monopoles.
Ce qui explique pourquoi les infirmières signent pour travailler dans des hôpitaux qui utilisent ces effroyables applis, remplaçant des douzaines d’agences de recrutement qui entraient auparavant en compétition pour l’emploi des infirmières.
Pendant ce temps, du côté des patient·es, la concurrence n’a jamais eu d’effet disciplinaire. Personne n’a jamais fait de shopping à la recherche d’une ambulance moins chère ou d’un meilleur service d’urgences alors qu’iel avait une crise cardiaque. Le prix que les gens sont prêts à payer pour ne pas mourir est « tout ce que j’ai ».
Donc, vous avez ce secteur qui n’a au départ aucune raison de devenir une entreprise commerciale, qui perd le peu de restrictions qu’elle subissait par la concurrence, pavant le chemin pour l’emmerdification.
Mais j’ai dit qu’il y avait 4 forces qui restreignaient les entreprises. La deuxième de ces forces, c’est la régulation, la discipline imposée par les états.
C’est une erreur de voir la discipline du marché et la discipline de l’État comme deux champs isolés. Elles sont intimement connectées. Parce que la concurrence est une condition nécessaire pour une régulation effective.
Laissez-moi vous l’expliquer en des termes que même les libertariens les plus idéologiques peuvent comprendre. Imaginons que vous pensiez qu’il n’existe précisément qu’une seule régulation à faire respecter par l’État : honorer les contrats. Pour que le gouvernement puisse servir d’arbitre sur le terrain, il doit avoir le pouvoir d’inciter les joueurs à honorer leurs contrats. Ce qui veut dire que le plus petit gouvernement que vous pouvez avoir est déterminé par la plus grande entreprise que vous voulez bien tolérer.
Alors même si vous êtes le genre de libertarien complètement gaga de Musk et qui ne peut plus ouvrir son exemplaire de La Grève tellement sont toutes collées entre elles, qui trépigne à l’idée d’un marché du rein humain, et demande le droit de se vendre en esclavage, vous devriez quand même vouloir un robuste régime anti-monopole, pour que ces contrats puissent être honorés. Quand un secteur se cartelise, quand il s’effondre et se transforme en oligarchie, quand internet devient « cinq sites internet géants, chacun d’eux remplit des d’écran des quatre autres », alors celui-ci capture ses régulateurs.
Après tout, un secteur qui comporte 100 entreprises en compétition est une meute de criminels, qui se sautent à la gorge les uns les autres. Elles ne peuvent pas se mettre d’accord sur quoi que ce soit, et surtout pas sur la façon de faire du lobbying.
Tandis qu’un secteur de 5 entreprises — ou 4 — ou 3 — ou 2 — ou une — est un cartel, un trafic organisé, une conspiration en devenir. Un secteur qui s’est peu à peu réduit en une poignée d’entreprises peut se mettre d’accord sur une position de lobbying commune.
Et plus encore, elles sont tellement isolées de toute « concurrence inefficace » qu’elles débordent d’argent, qu’elles peuvent mobiliser pour transformer leurs préférences régulatoires en régulations. En d’autres termes, elles capturent leurs régulateurs.
La « capture réglementaire » peut sembler abstraite et compliquée, aussi laissez-moi vous l’expliquer avec des exemples concrets. Au Royaume-Uni, le régulateur anti-trust est appelé l’Autorité des Marchés et de la Concurrence (« Competition and Markets Authority », abbrégé CMA), dirigé — jusqu’à récemment — par Marcus Bokkerink. Le CMA fait partie des enquêteurs et des régulateurs les plus efficaces du monde contre les conneries de la Big Tech.
Le mois dernier (le 21 janvier 2025, NDT), le Premier ministre britannique Keir Starmer a viré Bokkerink et l’a remplacé par Doug Gurr, l’ancien président d’Amazon UK. Hey Starmer, on a le poulailler au téléphone, ils veulent faire entrer le renard.
Mais revenons à nos infirmières : il y a une multitude d’exemples de capture réglementaire qui se cachent dans cette situation, mais je vais vous sélectionner le plus flagrant d’entre eux, le fait qu’il existe des courtiers en données qui vous revendront les informations d’étasunien·nes lambda concernant leurs dettes sur carte de crédit.
C’est parce que le congrès étasunien n’a pas passé de nouvelle loi sur la vie privée des consommateur·ices depuis 1988, quand Ronald Reagan a signé la loi appelée « Video Privacy Protection Act » ( Loi de Protection de la Vie Privée relative aux Vidéos) qui empêche les vendeur·euses de cassettes vidéo de dire aux journaux quelles cassettes vous avez emmenées chez vous. Que le congrès n’ait pas remis à jour les protections de la vie privée des étasunien·nes depuis que Die Hard est sorti au cinéma n’est pas une coïncidence ou un oubli. C’est l’inaction payée au prix fort par une industrie irrespectueuse de la vie privée, fortement concentrée — et donc follement profitable — et qui a monétisé l’abus des droits humains à une échelle inconcevable.
La coalition favorable à maintenir gelées les lois sur la vie privée depuis la dernière saison de Hôpital St Elsewhere continue de grandir, parce qu’il existe une infinité de façons de transformer l’invasion systématique de nos droits humains en argent. Il y a un lien direct entre ce phénomène et les infirmières dont le salaire baisse lorsqu’elles ne peuvent pas payer leurs factures de carte de crédit.
Donc la concurrence est morte, la régulation est morte, et les entreprises ne sont punies ni par la discipline du marché, ni par celle de l’état. Mais il y a bien quatre forces capables de discipliner les entreprises, de contribuer à l’environnement hostile pour la reproduction des monstres merdifiants et sociopathes.
Alors parlons des deux autres forces. La première est l’interopérabilité, le principe selon lequel deux ou plusieurs autres choses peuvent fonctionner ensemble. Par exemple, vous pouvez mettre les lacets de n’importe qui sur vos chaussures, l’essence de n’importe qui dans votre voiture, et les ampoules de n’importe qui dans vos lampes. Dans le monde non-numérique, l’interopérabilité demande beaucoup de travail, vous devez vous mettre d’accord sur une direction, une grandeur, un diamètre, un voltage, un ampérage, une puissance pour cette ampoule, ou alors quelqu’un va se faire exploser la main.
Mais dans le monde numérique, l’interopérabilité est intégrée, parce que nous ne savons faire qu’un seul type d’ordinateur, la machine universelle et Turing-complète de von Neumann, une machine de calcul capable d’exécuter tout programme valide.
Ce qui veut dire que pour chaque programme d’emmerdification, il y a un programme de contre-emmerdification en attente d’être lancé. Quand HP écrit un programme pour s’assurer que ses imprimantes refusent les cartouches tierces, quelqu’un d’autre peut écrire un programme qui désactive cette vérification.
Pour les travailleur·euses à la tâche, les applis d’anti-emmerdification peuvent endosser le rôle du fidèle serviteur. Par exemple, les conducteur·ices de taxi à la tâche en Indonésie se sont monté·es en coopérative qui commissionnent les hackers pour écrire des modifications dans leurs applis de répartition de travail. Par exemple, une appli de taxi ne contractera pas un·e conducteur·ice pour aller cherche un·e client·e à la gare, à moins qu’iel soit juste à la sortie de celle-ci, mais quand les gros trains arrivent en gare c’est une scène cauchemardesque de chaos total et létal.
Alors les conducteur·ices ont une appli qui leur permet d’imiter leur GPS, ce qui leur permet de se garer à l’angle de la rue, mais laisse l’appli dire à leur patron qu’iels sont juste devant la sortie de la gare. Quand une opportunité se présente, iels n’ont plus qu’à se faufiler sur quelques mètres pour prendre leur client·e, sans contribuer à la zizanie ambiante.
Aux États-Unis, une compagnie du nom de Para proposait une appli pour aider les conducteur·ices chez Doordash à être mieux payé·es. Voyez-vous, c’est sur les pourboires que les conducteur·ices Doordash se font le plus d’argent, et l’appli Doordash pour ses conducteur·ices cache le montant du pourboire jusqu’à ce que vous acceptiez la course, ce qui veut dire que vous ne savez pas avant de la prendre si vous acceptez une course qui vous paiera 1,15$ ou 11,50$ avec le pourboire. Alors Para a construit une appli qui extrayait le montant du pourboire et le montrait aux conducteur·ices avant qu’iels ne s’engagent.
Mais Doordush a fermé l’appli, parce qu’aux États-Unis d’Amérique, les applis comme Para sont illégales. En 1998, Bill Clinton a signé une loi appelée le « Digital Millenium Copyright Act » (Loi du Millénaire Numérique relative aux Droits d’auteur, abrégé DMCA), et la section 1201 du DMCA définit le fait de « contourner un accès contrôlé par un travail soumis aux droits d’auteur » comme un délit passible de 500.000$ d’amende et d’une peine de prison de 5 ans pour une première condamnation. Un simple acte de rétro-ingénierie sur une appli comme Doordash est un délit potentiel, et c’est pour cela que les compagnies sont tellement excitées à l’idée de vous faire utiliser leurs applis plutôt que leurs sites internet.
La toile est ouverte, les applis sont fermées. La majorité des internautes ont installé un bloqueur de pubs (qui est aussi un outil de protection de vie privée). Mais personne n’installe de bloqueur de pubs pour une appli, parce que c’est un délit de distribuer un tel outil, parce que vous devez faire de la rétro-ingénierie sur cette appli pour y arriver. Une appli c’est juste un site internet enrobé dans assez de propriété intellectuelle pour que la compagnie qui l’a créée puisse vous envoyer en prison si vous osez la modifier pour servir vos intérêts plutôt que les leurs.
Partout dans le monde, on a promulgué une masse de lois qu’on appelle « lois sur la propriété intellectuelle », qui rendent illégal le fait de modifier des services, des produits ou des appareils afin qu’ils servent vos propres intérêts, plutôt que les intérêts des actionnaires.
Comme je l’ai déjà dit, ces lois ont été promulguées de mémoire d’humain·e, par des personnes qui nous côtoient, qui ont été informées des évidentes et prévisibles conséquences de leurs plans téméraires, mais qui les ont tout de même appliquées.
En 2010, deux ministres du gouvernement Harper (Premier ministre canadien, NDT) ont décidé de copier-coller le DMCA étasunien dans la loi canadienne. Ils ont entrepris une consultation publique autour de la proposition qui rendrait illégale toute rétro-ingénierie dans le but modifier des services, produits ou appareils, et ils en ont pris plein les oreilles ! 6138 canadien·nes leurs ont envoyé des commentaires négatifs sur la consultation. Ils les ont mis en garde que rendre illégale le détournement des verrous propriétaire interférerait avec la réparation des appareils aussi divers que les tracteurs, les voitures, et les équipements médicaux, du ventilateur à la pompe à insuline.
Ces canadien·nes ont prévenu que des lois interdisant le piratage des verrous numériques laisseraient les géants étasuniens de la Tech s’emparer du marché numérique, nous forçant à acheter nos applis et nos jeux depuis les magasins d’appli étasuniens, qui pourraient royalement choisir le montant de leur commission. Ils ont prévenu que ces lois étaient un cadeau aux monopolistes qui cherchaient à gonfler le prix de l’encre ; que ces lois sur les droits d’auteur, loin de servir les artistes canadien·nes, nous soumettraient aux plateformes étasuniennes. Parce que chaque fois que quelqu’un dans notre public achèterait une de nos créations, un livre, une chanson, un jeu, une vidéo verrouillée et enchaînée à une appli étasunienne, elle ne pourrait plus jamais être déverrouillée.
Alors si nous, les travailleur·euses créatif·ves du Canada, nous mettions à migrer vers un magasin canadien, notre public ne pourrait pas venir avec nous. Il ne pourrait pas transférer leurs achats depuis l’appli étasunienne vers l’appli canadienne.
6138 canadien·nes le leur ont dit, tandis que seulement 54 répondant·es se sont rangé·es du côté du Ministre du Patrimoine canadien, James Moore, et du Ministre de l’Industrie, Tony Clement. Alors, James Moore a fait un discours, à la réunion de la Chambre Internationale du Commerce ici à Toronto, où il a dit qu’il allait seulement écouter les 54 grincheux·ses qui supportaient ses idées affreuses, sur la base que les 6138 autres personnes qui n’étaient pas d’accord avec lui étaient des « braillard·es… extrémistes radicaux·ales ».
Donc en 2012, nous avons copié les horribles lois de verrouillage numérique étasuniennes dans notre livre de lois canadien, et nous vivons maintenant dans le monde de James Moore et Tony Clement, où il est illégal de pirater un verrou numérique. Donc si une entreprise mets un verrou numérique sur un produit, ils peuvent faire n’importe quoi derrière ce verrou, et c’est un crime de passer passer outre.
Par exemple, si HP met un verrou numérique sur ses imprimantes qui vérifie que vous n’êtes pas en train d’utiliser des cartouches d’encre tierces ou de recharger une cartouche HP, c’est un crime de contourner ce verrou et d’utiliser une encre tierce. Et c’est pour ça que HP peut continuer de nous racketter sur le prix de l’encre en le faisant monter, et monter, et monter.
L’encre d’imprimante est maintenant le fluide le plus coûteux qu’un·e civil·e peut acheter sans permis spécial. C’est de l’eau colorée qui coûte 10.000$ le gallon (environ 2000€ le litre, NDT) ce qui veut dire que vous imprimez votre liste de courses avec un liquide qui coûte plus cher que la semence d’un étalon gagnant du Derby dans le Kentucky.
C’est le monde que nous ont laissé Clement et Moore, de mémoire d’humain·e, après qu’on les ait avertis, et qu’ils aient tout de même appliqué leur plan. Un monde où les fermier·ères ne peuvent pas réparer leurs tracteurs, où les mécanicien·nes indépendant·es ne peuvent pas réparer votre voiture, où les hôpitaux pendant les confinements de l’épidémie ne pouvaient pas mettre en service leurs respirateurs artificiels défectueux, où chaque fois qu’un·e utilisateur·ice canadien·ne d’iPhone achète une appli d’un·e auteur·ice canadien·ne de logiciel, chaque dollar qu’iels dépensent fait un petit tour par les bureaux d’Apple à Cupertino en Californie, avant de revenir allégés de 30 centimes.
Laissez-moi vous rappeler que c’est le monde dans lequel une infirmière ne peut pas avoir de contre-appli ou d’extension pour son appli « Uber-des-infirmières » qu’elles doivent utiliser pour trouver du travail, qui les laisserait échanger avec d’autres infirmières pour refuser des gardes tant que les salaires pour celles-ci ne montent à des niveaux corrects, ou bloquer la surveillance de leurs déplacements et de leur activité.
L’interopérabilité était une force disciplinante majeure pour les entreprises de la Tech. Après-tout, si vous rendez les publicités sur votre site internet suffisamment inévitables, une certaine fraction de vos utilisateur·ices installera un bloqueur de pubs, et vous ne toucherez jamais plus un penny d’eux. Parce que personne dans l’histoire des bloqueurs de pub n’a jamais désinstallé un bloqueur de pubs. Mais une fois qu’il est interdit de construire un bloqueur de pubs, il n’y a plus aucune raison de ne pas rendre ces pubs aussi dégoûtantes, invasives et inévitables que possible, afin de déplacer toute la valeur depuis les utilisateur·ices vers les actionnaires et les dirigeants.
Donc on se retrouve avec des monopoles et les monopoles capturent les régulateurs, et ils peuvent ignorer les lois qu’ils n’aiment pas, et empêcher les lois qui pourraient interférer avec leur comportement prédateur — comme les lois sur la vie privée — d’être entérinées. Ils vont passer de nouvelles lois, des lois qui les laissent manipuler le pouvoir gouvernemental pour empêcher d’autres compagnies d’entrer sur le marché.
Donc trois des quatre forces sont neutralisées : concurrence, régulation, et interopérabilité. Ce ne laissait plus qu’une seule force disciplinaire capable de contenir le processus d’emmerdification : la main d’œuvre.
Les travailleur·euses de la Tech forment une curieuse main d’œuvre, parce qu’iels ont historiquement été très puissants, capables d’exiger des hauts salaires et du respect, mais iels l’ont fait sans rejoindre de syndicat. La densité syndicale dans le secteur de la Tech est abyssale, presque indétectable. Le pouvoir des travailleur·euses de la Tech ne leur est pas venu de la solidarité, mais de la rareté. Il n’y avait pas assez de travailleur·euses pour satisfaire les offres d’emploi suppliantes, et les travailleur·euses de la Tech sont d’une productivité inconcevable. Même avec les salaires faramineux que les travailleur·euses exigeaient, chaque heure de travail qu’iels effectuaient avaient bien plus de valeur pour leurs employeurs.
Face à un marché de l’emploi tendu, et la possibilité de transformer chaque heure de travail d’un·e travailleur·euse de la Tech en or massif, les patrons ont levé tous les freins pour motiver leur main d’œuvre. Ils ont cajolé le sens du devoir des travailleur·euses, les ont convaincus qu’iels étaient des guerrier·ères saint·es, appelant l’avènement d’une nouvelle ère numérique. Google promettait qu’iels « organiseraient les informations du monde et les rendraient utiles ». Facebook leur promettait qu’iels allaient « rendre le monde plus ouvert et plus connecté ».
Il y a un nom pour cette tactique : la bibliothécaire Fobazi Ettarh l’appelle la « fascination vocationnelle » (« vocational awe » en anglais, NDT). C’est lorsque l’intérêt pour le sens du devoir et la fierté sont utilisés pour motiver les employé·es à travailler plus longtemps pour de moins bons salaires.
Il y a beaucoup d’emplois qui se basent sur la fascination vocationnelle : le professorat, le soin aux enfants et aux personnes âgées, et, bien sûr, le travail d’infirmière.
Les techos sont différent·es des autres travailleur·euses cependant, parce qu’iels ont historiquement été très rares, ce qui veut dire que bien que les patrons pouvaient les motiver à travailler sur des projets auxquels iels croyaient, pendant des heures interminables, à l’instant-même où les patrons leurs ordonnaient de merdifier les projets pour lesquels iels avaient raté l’enterrement de leur mère pour livrer le produit dans les temps, ces travailleureuses envoyaient chier leurs patrons.
Si les patrons persistaient dans leurs demandes, les techos quittaient leur travail, traversaient la rue, et trouvaient un meilleur travail le jour-même.
Donc pendant de longues années, les travailleur·euses de la Tech étaient la quatrième et dernière contrainte, tenant bon après que les contraintes de concurrence, de régulation et d’interopérabilité soient tombées. Mais alors sont arrivés les licenciements de masse. 260 000 en 2023 ; 150 000 en 2024 ; des dizaines de milliers cette année, et Facebook qui prévoit d’anéantir 5 % de sa masse salariale, un massacre, tout en doublant les bonus de ses dirigeants.
Les travailleur·euses de la Tech ne peuvent plus envoyer chier leurs patrons, parce qu’il y a 10 autres travailleur·euses qui attendent derrière pour prendre le poste.
Bon, j’ai promis que je ne parlerai pas d’IA, mais je vais devoir un tout petit peu briser cette promesse, juste pour signaler que la raison pour laquelle les patrons de la Techs sont aussi excités par l’IA c’est qu’ils pensent qu’ils pourront virer tous leurs techos et les remplacer par des chatbots dociles qui ne les enverront jamais chier.
Donc voilà d’où vient l’emmerdification : de multiples changements dans l’environnement. L’effondrement quadruple de la concurrence, de la régulation, de l’interopérabilité et du pouvoir de la main d’œuvre crée un environnement merdigène, où les éléments les plus cupides et sociopathes du corps entrepreneurial prospèrent au détriment des éléments modérateurs de leur impulsion merdificatoire.
Nous pouvons essayer de soigner ces entreprises. Nous pouvons utiliser les lois anti-monopole pour les briser, leur faire payer des amendes, les amoindrir. Mais tant que nous n’aurons pas corrigé l’environnement, la contagion se répandra aux autres entreprises.
Alors discutons des manières de créer un environnement hostile aux merdificateurs, pour que le nombre et l’importance des agents merdificateurs dans les entreprises retrouvent leurs bas niveaux des années 90. On ne se débarrassera pas de ces éléments. Tant que la motivation du profit restera intacte, il y aura toujours des gens dont la poursuite du profit sera pathologique, immodérée par la honte ou la décence. Mais nous pouvons changer cet environnement pour qu’ils ne dominent pas nos vies.
Discutons des lois anti-trust. Après 40 ans de déclin anti-trust, cette décennie a vue une résurgence massive et globale de vigueur anti-trust, qu’on retrouve assaisonnée aux couleurs politiques de gauche comme de droite.
Au cours des quatre dernières années, les anti-monopolistes de l’administration Biden à la Federal Trade Commission (Commission Fédérale du Commerce, abrégé en FTC) au Department of Justice (Département de la Justice, abrégé en DoJ) et au Consumer Finance Protection Bureau (Bureau de Protection des Consommateurs en matière Financière) ont fait plus de répression anti-monopole que tous leurs prédécesseurs au cours des 40 années précédentes.
Il y a certainement des factions de l’administration Trump qui sont hostiles à ce programme mais les agents de répression anti-trust au DoJ et au FTC disent maintenant qu’ils vont préserver et renforcer les nouvelles lignes directrices de Biden concernant les fusions d’entreprises, qui empêchent les compagnies de s’entre-acheter, et ils ont effectivement déjà intenté une action pour bloquer une fusion de géants de la tech.
Bien évidemment, l’été dernier Google a été jugé coupable de monopolisation, et doit maintenant affronter la banqueroute, ce qui explique pourquoi ils ont été si généreux et amicaux envers l’administration de Trump.
Pendant ce temps, au Canada, le Bureau de la Concurrence édenté s’est fait refaire un dentier au titane en juin dernier, lorsque le projet de loi C59 est passé au Parlement, octroyant de vastes nouveaux pouvoirs à notre régulateur anti-monopole.
Il est vrai que le premier ministre britannique Keir Starmer vient de virer le chef du Competition and Markets Authority (Autorité des Marchés et de la Concurrence, abrégé en CMA) et l’a remplacé par l’ex patron d’Amazon UK. Mais ce qui rend le tout si tragique c’est que le CMA faisait un travail incroyablement bon au sein d’un gouvernement conservateur.
Du côté de l’Union Européenne, ils ont passé la Législation sur les marchés numériques (Digital Markets Act) et le Règlement sur les Services Numériques (Digital Services Act), et ils s’attaquent aux entreprises de la Big Tech avec le tranchant de la lame. D’autres pays dans le monde — Australie, Allemagne, France, Japon, Corée du Sud et Chine (oui, la Chine !) — ont passé de nouvelles lois anti-monopole, et lancent des actions majeures de répression anti-monopole, donnant souvent lieu à des collaborations internationales.
Donc vous avez le CMA britannique qui utilise ses pouvoirs d’investigation pour faire des recherches et publier des enquêtes de marché approfondies sur la taxe abusive pratiquée par Apple sur les applis, et ensuite l’UE qui utilise ce rapport comme feuille de route pour sanctionner Apple, puis interdire le monopole d’Apple sur les paiements grâce à de nouvelles régulations. Ensuite les anti-monopolistes en Corée du Sud et au Japon traduisent l’affaire européenne et gagnent des affaires quasi-identiques dans leurs propres cours de justice.
Et quid de la capture réglementaire ? Et bien, on commence à voir les régulateurs faire preuve d’astuce pour contrôler les grosses entreprises de la tech. Par exemple, la Législation sur les Marchés Numériques et le Règlement sur les Services Numériques européens ont été imaginés pour contourner les cours de justice national des états membres de l’UE, et spécifiquement de l’Irlande, le paradis fiscal où les entreprises étasuniennes de la Tech prétendent avoir leurs bureaux.
Le truc avec les paradis fiscaux c’est qu’ils deviennent immanquablement des paradis criminels, parce qu’Apple peut prétendre être irlandaise cette semaine, être maltaise ou chypriote ou luxembourgeoise la semaine d’après. Alors l’Irlande doit laisser les géants de la Tech étasuniens ignorer les lois européennes sur la vie privée et autres régulations, ou le pays les perdra au profit de nations plus sordides, plus dociles et plus compétitives.
Donc à partir de maintenant, la régulation européenne sur le secteur de la Tech sera exécutée en cour fédérale européenne, et pas en cour nationale, en considérant les cours irlandaises capturées comme endommagées et en les contournant.
Le Canada doit renforcer sa propre capacité à appliquer les régulations sur le secteur de la Tech, en détricotant les fusions monopolistes comme celle de Bell et Rogers, mais par dessus tout, le Canada doit poursuivre son programme sur l’interopérabilité.
L’année dernière, le Canada a passé deux projets de loi très excitants : le projet de loi C244, une loi nationale sur le Droit de Réparation ; et le projet de loi C294, une loi d’interopérabilité. Nommément, ces deux lois permettent aux canadien·nes de tout réparer, depuis les tracteurs aux pompes à insuline, et de modifier les logiciels dans leurs appareils, que ce soient les consoles de jeux comme les imprimantes, pour qu’ils puissent fonctionner avec des magasins d’applis, des consommables, ou des extensions tierces.
Pourtant, ces projets de loi sont fondamentalement inutiles, parce qu’ils ne permettent pas aux canadien·nes d’acquérir les outils nécessaires pour briser les verrous numériques. Vous pouvez modifier votre imprimante pour qu’elle accepte des encres tierces, ou interpréter les codes diagnostiques d’une voiture pour que n’importe quel mécanicien·ne puisse la réparer, mais seulement si il n’y a pas de verrou numérique qui vous empêche de le faire, parce que donner à quelqu’un l’outil qui permet de briser un verrou numérique reste illégal grâce à la loi que James Moore et Tony Clement ont fourré dans la gosier du pays en 2012.
Et chaque imprimante sans exception, chaque enceinte connectée, voiture, tracteur, appareil ménager, implant médical ou appareil médical hospitalier aura un verrou numérique qui vous empêchera de le réparer, de le modifier, ou d’utiliser des pièces, un logiciel ou des consommables tiers.
Ce qui veut dire que ces deux lois remarquables sur la réparation et l’interopérabilité sont inutiles.
Alors pourquoi ne pas se débarrasser de la loi de 2012 qui interdit de briser les verrous numériques ? Parce que ces lois font partie d’accords d’échange avec les États-Unis. C’est une loi dont on a besoin pour garder un accès sans taxe aux marchés étasuniens.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais Donald Trump va imposer 25 % de taxe sur toutes les exportations vers le Canada. La réponse de Trudeau c’est d’imposer des taxes de représailles, qui rendront les produits étasuniens 25 % plus chers pour les canadien·nes. Drôle de façon de punir les États-Unis !
Vous savez ce qui serait mieux encore ? Abolir les lois canadiennes qui protègent les compagnies des géants de la Tech étasuniens de la concurrence canadienne. Rendre légale la rétro-ingénierie, le jailbreak (le fait de contourner les limitations volontairement imposées par le constructeur) et la modification des produits technologiques et services américains. Ne demandez pas à Facebook de payer une taxe pour chaque lien vers un site d’information canadien, légalisez le crochetage de toutes les applis de Méta et de bloquer toutes les pubs qui en proviennent, pour que Mark Zuckerberg ne puisse plus se faire un sou sur notre dos.
Légalisez le jailbreak de votre Tesla par des mécanicien·nes canadien·nes, pour débloquer toutes les fonctionnalités normalement disponibles sur inscription, comme le pilotage automatique, et l’accès complet à la batterie, pour un prix fixe et pour toujours. Pour que vous puissiez mieux profiter de votre voiture et que, quand vous la revendrez, lae prochain·ne propriétaire continue de jouir de ces fonctionnalités, ce qui veut dire qu’iel paiera davantage pour votre voiture d’occasion.
C’est comme ça que l’on peut faire du tort à Elon Musk : pas en s’affichant publiquement comme horrifié·es par ses saluts nazi. Ça ne lui coûte rien. Il adore qu’on parle de lui. Non ! Frappez dans sa machine à sous incroyablement lucrative du marché de l’abonnement d’occasion sur lequel il se repose pour son entreprise de Swastikamions. Frappez-le en plein dans le câble d’alimentation !
Laissez les canadien·nes monter un magasin d’applis canadien pour les appareils Apple, le genre qui prend 3 % de commission sur les transactions, pas 30 %. En conséquence, chaque journal canadien qui vend des abonnements en passant par cette appli, et chaque créateur·ice de logiciel, musicien·ne ou écrivain·ne canadien·ne qui vend quelque chose en passant par une plateforme numérique verra ses revenus augmenter de 25 % du jour au lendemain, sans enregistrer un·e seul nouvelle·eau client·e.
Mais nous pouvons rallier de nouvelles·aux client·es, en vendant des logiciels de jailbreak et un accès aux magasins d’applis canadiens, pour tous les appareils mobiles et les consoles, partout dans le monde, et en incitant tous les éditeur·ices de jeux vidéos et les développeur·euses d’applis à vendre via les magasins canadiens pour les client·es du monde entier sans payer 30 % aux géantes entreprises étasuniennes de la Tech.
Nous pourrions vendre à chaque mécanicien·ne dans le monde un abonnement à 100$CAD par mois pour un outil de diagnostique universel. Chaque fermier·ère du monde pourrait acheter un kit qui leur permettrait de réparer leurs propres tracteurs John Deere sans payer 200$CAD de frais de déplacement à un·e technicien·ne de Deere pour inspecter les réparations.
Ils traceraient un chemin dans notre direction. Le Canada pourrait devenir un moteur de l’export des technologies, tout en baissant les prix pour les usager·ères canadien·nes, tout en rendant les affaires plus profitables pour tous ceux qui vendent des médias ou des logiciels sur des magasins en ligne. Et — c’est la partie la plus intéressante — ce serait un assaut frontal contre les entreprises étasuniennes les plus grandes, les plus profitables, les entreprises qui, à elles seules, maintiennent le S&P 500 à flot, en frappant directement dans leurs lignes de compte les plus profitables, en réduisant à néant, en l’espace d’une nuit et dans le monde entier, les centaines de milliards de revenus de ces arnaques.
Nous pouvons aller plus loin qu’exporter pour les étasuniens des médicaments à prix raisonnable. Nous pourrions aussi exporter pour nos amis étasuniens les outils extrêmement lucratifs de libération technologique.
C’est comme ça que vous gagnez une bataille commerciale.
Qu’en est-t-il des travailleur·euses ? Là, nous avons de bonnes et de mauvaises nouvelles.
La bonne nouvelle, c’est que la popularité des syndicats dans l’opinion publique est à son plus haut niveau depuis le début des années 1970, que le nombre de travailleur·euses souhaitant rejoindre un syndicat n’a pas été aussi haut depuis des générations, et que les syndicats eux-mêmes sont assis sur des réserves financières battant tous les records, qu’ils pourraient utiliser pour organiser la lutte de ces travailleur·euses.
Mais voilà la mauvaise nouvelle. Les syndicats ont passé toutes les années Biden — alors qu’ils disposaient de l’environnement réglementaire le plus favorable depuis l’administration Carter, que l’opinion public était à son maximum, qu’un nombre record de travailleur·euses voulaient rejoindre un syndicat, qu’ils avaient plus d’argent que jamais à dépenser pour syndiquer ces travailleur·euses — à faire que dalle. Ils n’ont alloué que des clopinettes aux activités de syndicalisation, aboutissant à la fin des années Biden à un nombre de travailleur·euses syndiqué·es inférieur à celui de leur début.
Et puis nous avons eu Trump, qui a illégalement viré Gwynne Wilcox du National Labor Relations Board, laissant le NLRB sans quorum et donc incapable de réagir à des pratiques professionnelles injuste ou de certifier des élections syndicales.
C’est terrible. Mais la partie n’est pas terminée. Trump a viré les arbitres, et il pense que cela signifie la fin de la partie. Mais je vais vous dire un truc : virer l’arbitre ne termine pas la partie, ça veut juste dire que l’on rejette les règles. Trump pense que c’est le code du travail qui crée les syndicats, mais il a tord. Les syndicats sont la raison par laquelle nous avons un code du travail. Bien avant que les syndicats ne soient légalisés, nous avions des syndicats, qui combattaient dans la rue les voyous à la solde des patrons.
Cette solidarité illégale a conduit à l’adoption d’un code du travail, qui légalisait le syndicalisme. Le code du travail est passé parce que les travailleur·euses ont acquis du pouvoir à travers la solidarité. La loi ne crée pas cette solidarité, elle lui donne seulement une base légale. Retirez cette base légale, et le pouvoir des travailleur·euses reste intacte.
Le pouvoir des travailleur·euses est la réponse à la fascination vocationnelle. Après tout, il est bon pour vous et pour vos camarades travailleur·euses de considérer votre travail comme une sorte de mission. Si vous ressentez cela, si vous ressentez le devoir de protéger vos utilisateur·ices, vos patient·es, vos patron·nes, vos étudiant·es, un syndicat vous permet d’accomplir ce devoir.
Nous avons vu cela en 2023, lorsque Doug Ford (premier ministre de l’Ontario, NDT) a promis de détruire le pouvoir des fonctionnaires d’Ontario. Des travailleur·euses de toute la province se sont soulevés, annonçant une grève générale, et Doug Ford a plié comme l’un de ses costumes bas de gamme. Les travailleur·euses lui on mis une raclée, et on le refera si il le faut. Chose promise, chose due.
Le « désassemblage imprévu en plein-air » du code du travail étasunien signifie que les travailleur·euses peuvent à nouveau se soutenir les uns les autres. Les travailleur·euses de la Tech ont besoin de l’aide des autres travailleur·euses, parce qu’eils ne sont plus rares désormais, plus après un demi-million de licenciements. Ce qui signifie que les patrons de la Tech n’ont plus peur d’eux.
On sait comment les patrons de la Tech traitent les travailleur·euses dont ils n’ont pas peur. Regardez Jeff Bezos : les travailleur·euses dans ses entrepôts se blessent trois fois plus que la moyenne nationale, ses livreur·euses doivent pisser dans des bouteilles, et iels sont surveillé·es par des caméras IA qui les balancent si leurs yeux ne regardent pas dans la direction requise ou si leur bouche est ouverte trop souvent pendant qu’iels conduisent, parce que le règlement interdit de chanter avec la radio.
En comparaison, les développeur·euses d’Amazon ont le droit de venir travailler avec des crêtes roses, des piercings au visage et des tshirts noirs qui parlent de choses incompréhensibles pour leurs patrons. Iels ont le droit de pisser quand iels veulent. Jeff Bezos n’est pas tendre avec les travailleur·euses de la Tech, de la même manière qu’il ne nourrit pas une haine particulière contre les travailleur·euses des entrepôts ou les livreur·euses. Il traite ses travailleur·euses aussi mal qu’il est permis de le faire. Ce qui veut dire que les dévelopeur·euses aussi connaîtrons bientôt les bouteilles de pisse.
Ce n’est pas seulement vrai pour Amazon, bien entendu. Prenons Apple. Tim Cook a été nommé directeur général en 2011. Le comité directeur d’Apple l’a choisi pour succéder au fondateur Steve Jobs parce c’est le gars qui a compris comment délocaliser la production d’Apple vers des sous-traitants en Chine, sans rogner sur la garantie de qualité ou risquer une fuite des spécifications de produit en amont des lancements de produit légendaires et pompeux l’entreprise.
Aujourd’hui, les produits d’Apple sont fabriqués dans une gigantesque usine Foxconn à Zhengzhou, surnommée « iPhone City« . Effectivement, ces appareils arrivent par conteneurs dans le Port de Los Angeles dans un état de perfection immaculée, usinés avec les marges d’erreur les plus fines, et sans aucun risque de fuite vers la presse.

Chantier de construction d’une usine Foxconn (sous-traitant principal d’Apple) à Zhengzhou.
Photo sous licence CC BY-NC-SA par Bert van Dijk.
Pour aboutir à cette chaîne d’approvisionnement miraculeuse, Tim Cook n’a eu qu’à faire d’iPhone City un enfer sur Terre, un lieu dans lequel il est si horrible de travailler qu’il a fallu installer des filets anti-suicide autour des dortoirs afin de rattraper les corps de travailleur·euses tellement brutalisé·es par les ateliers de misère de Tim Cook qu’iels tentent de mettre fin à leurs jours en sautant dans le vide. Tim Cook n’est pas attaché sentimentalement aux travailleur·euses de la Tech, de même qu’il n’est pas hostile aux travailleur·euses à la chaîne chinois·es. Il traite simplement ses travailleur·euses aussi mal qu’il est permis de le faire et, avec les licenciements massifs dans le domaine de la Tech, il peut traiter ses développeur·euses bien, bien pire.
Comment les travailleur·euses de la Tech s’organisent-iels en syndicat ? Il y a des organisations spécifiques au domaine de la Tech, comme Tech Solidarity et la Tech Workers Coalition. Mais les travailleur·euses de la Tech ne pourront massivement se syndiquer qu’en faisant preuve de solidarité avec les autres travailleur·euses et en recevant leur solidarité en retour. Nous devons toustes soutenir tous les syndicats. Toustes les travailleur·euses doivent se soutenir les un·es les autres.
Nous entrons dans une période de polycrise omnibordélique. Le grondement menaçant du changement climatique, de l’autoritarisme, du génocide, de la xénophobie et de la transphobie s’est transformé en avalanche. Les auteurs de ces crimes contre l’humanité ont transformé internet en arme, colonisé le système nerveux numérique du XXIème siècle, l’utilisant pour attaquer son hôte, menaçant la civilisation elle-même.
L’internet merdifié a été construit à dessein pour ce genre de co-optation apocalyptique, organisée autour de sociétés gigantesques qui échangeraient une planète habitable et des droits humains contre un abattement fiscal de 3 %, qui ne nous présentent plus que des flux algorithmiques bidouillables et bloquent l’interopérabilité qui nous permettrait d’échapper à leur emprise, avec le soutien de gouvernements puissants auxquels elles peuvent faire appel pour « protéger leur propriété intellectuelle ».
Ça aurait pu ne pas se passer comme ça. L’internet merdifié n’était pas inévitable. Il est le résultat de choix réglementaires spécifiques, réalisés de mémoire d’humain·e, par des individus identifiables.
Personne n’est descendu d’une montagne avec deux tablettes de pierre en récitant « Toi Tony Clement, et toi James Moore, tu ne laisseras point les canadien·nes jailbreaker leurs téléphones ». Ces gens-là ont choisi l’emmerdification, rejetant des milliers de commentaires de canadien·nes qui les prévenaient de ce qui arriverait par la suite.
Nous n’avons pas à être les éternel·les prisonnier·ères des bourdes politiques catastrophiques de ministres conservateurs médiocres. Alors que la polycrise omnibordélique se déploie autour de nous, nous avons les moyens, la motivation et l’opportunité de construire des politiques canadiennes qui renforcent notre souveraineté, protègent nos droits et nous aident à rendre toustes les utilisateur·ices de technologie, dans chaque pays (y compris les États Unis), libres.
La présidence de Trump est une crise existentielle, mais elle présente aussi des opportunités. Quand la vie vous donne le SRAS, vous faites des sralsifis. Il fut un temps où nous avions un bon vieil internet, dont le principal défaut était qu’il requérait un si haut niveau d’expertise technique pour l’utiliser qu’il excluait toustes nos ami·es « normalles·aux » de ce merveilleux terrain de jeu.
Les services en ligne du Web 2.0 avaient des toboggans bien graissés pour que tout le monde puisse se mettre en ligne facilement, mais s’échapper de ces jardins clos du Web 2.0 c’était comme remonter la pente d’une fosse tout aussi bien graissée. Un bon internet tout neuf est possible, et nécessaire. Nous pouvons le construire, avec toute l’auto-détermination technologique du bon vieil internet, et la facilité d’usage du Web 2.0.
Un endroit où nous pourrions nous retrouver, nous coordonner et nous mobiliser pour résister à l’effondrement climatique, au fascisme, au génocide et à l’autoritarisme.
Nous pouvons construire ce bon internet tout neuf, et nous le devons.
01.04.2025 à 09:42
Framamèmes : vos mèmes préférés en versions libres et accessibles !
Framasoft
Texte intégral (1340 mots)
Vous voulez produire du mème libre, artisanal et remixé ? Framasoft sort (vraiment) le service Framamèmes. Vraiment. Promis.
Un générateur de mèmes libres ? C’est une blague ?
Noyons le poisson dans le bocal : Framamèmes est une blague… mais une blague durable, qu’on compte bien continuer de maintenir même après ce 1er avril.
Vous pouvez d’ores et déjà vous rendre sur Framamemes.org, et tester vous-mêmes les mèmes à faire… comme chez mémé. Même que mémé aime les mèmes de millenials : si Framasoft a 20 ans, ses membres en ont (en moyenne) deux fois plus 😊.
Notez que ce n’est pas la première fois qu’à Framasoft, on prend la blague au sérieux et maintient le petit projet fun au-delà de l’annonce (l’occasion de vous faire redécouvrir Framaprout, Framadsense ou le fameux bingo du troll).
Les mèmes sont hors la loi… sauf chez Framamèmes !
Il faut dire que la culture du remix et du partage est (à peine) tolérée par les industries culturelles qui capitalisent sur le droit d’auteur et le copyright.
Fi du fair use, exit l’exception pour parodie… les mèmes pourraient tout à fait être considérés comme illégaux, et mener à des poursuites judiciaires si leurs ayants droits y voyaient un intérêt (même que c’est déjà arrivé).
C’est pour cela que Gee s’est jeté sur sa tablette graphique au cours d’un stream (sur PeerTube, parce qu’ici, on est libres de bout en bout) et s’est dit : « tiens, et si je faisais mes propres versions libres des mèmes les plus populaires ? »
La route est longue, mais le mème est libre
Avec son propre style de dessin bien connu du lectorat du Framablog, et en n’hésitant pas à franciser les mèmes, que ce soit simplement en traduisant les textes inclus dans les images (« draw 25 » sur la carte Uno devient « pioche 25 cartes ») ou même en appliquant le style français aux panneaux autoroutiers !

À gauche, les versions originales ; à droite, les versions dessinées ET francisées par Gee !
Quelques mèmes plus tard, il est devenu évident qu’un site web était nécessaire pour les partager. En ajoutant une pincée de JavaScript pour inclure un éditeur (libre, évidemment), et même une police libre (parce que All Fonts Are Beautiful, comme on dit)… on obtient Framamèmes !
Pour l’instant, une sélection restreinte de mèmes est proposée, mais Gee compte bien continuer à enrichir l’éditeur dans les semaines à venir ! N’hésitez pas à proposer les mèmes que vous voudriez voir adaptés en commentaires.
Des mèmes libres… et accessibles !
Partager des images en ligne, c’est bien : si elles sont accessibles à toutes et à tous, c’est mieux ! Une bonne pratique consiste à systématiquement inclure une description des images porteuses d’informations dans la balise prévue à cet effet (la fameuse balise alt
en HTML).
Pas mal de médias sociaux, notamment Mastodon (le réseau de microblogging libre et décentralisé que nous plébiscitons à Framasoft), permettent d’inclure un tel texte alternatif au moment d’intégrer une image dans un message.
Eh bien avec Framamèmes, on a décidé de vous simplifier la tâche : lorsque vous créez un mème, vous avez la possibilité de copier en un clic un texte descriptif de votre image dans le presse-papier ! Parce qu’il n’y a pas de raison que tout le monde ne puisse pas profiter de vos créations dont on ne doute pas qu’elles vaudront le détour…
Lancé sur un coup de tête et de crayon
Franchement : c’était pas prévu, à Framasoft, de faire un 1er avril cette année. On a du boulot plein le cloud. On a une Assemblée Générale ce week-end.
Alors faire un 1er avril qui en plus est un vrai service que vous pouvez vraiment utiliser… on ne l’imaginait pas. Sauf que Gee nous l’a servi sur un plateau. Et puis ça nous amuse. Et puis c’est une raison de rappeler que les monopoles de la propriété intellectuelle, ça peut très vite effacer de jolis sourires.
Alors on dit merci à Gee (et aux petites mains qui ont aidé à l’accouchement 😄) et on rappelle que cet artiste libre essaie de vivre de son art : vous pouvez le soutenir en achetant son nouveau livre, en jouant à ses jeux vidéo, ou encore par un don.
L’art libre, c’est vraiment bien plus intéressant que de voir ces mèmes refaits par des IA, avec OpenAI qui pille tranquillement le style de Hayao Miyazaki… le même Miyazaki qui déclarait que l’art généré par IA était « tout à fait écœurant » et constituait « une insulte à la vie même » (voir notamment cet article (en anglais).
Et puis surtout : amusez-vous avec Framamèmes, faites tourner autour de vous, et faites des mèmes libres, quelle que soit la date !
31.03.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 31 mars 2025
Khrys
Texte intégral (8589 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
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- La Corée du Sud confrontée aux incendies les plus dévastateurs de son histoire (france24.com) – voir aussi Au moins 27 morts, 36 000 hectares brûlés, crash d’un hélicoptère… Des incendies « sans précédents » ravagent la Corée du Sud (humanite.fr)
- La Chine dévoile un robot coupeur de câbles sous-marins (next.ink)
- Le séisme en Birmanie a fait plus de 1 600 morts selon la junte, les experts redoutent un bilan largement plus lourd (liberation.fr)
Les autorités birmanes ont revu à la hausse le nombre de victimes ce samedi 29 mars dans l’après-midi, tandis que les secours multiplient les efforts pour rechercher des survivants. L’Institut géologique américain anticipe jusqu’à 100 000 victimes possibles.
- L’administration Trump veut imposer un accord inégal qui ferait de l’Ukraine une propriété américaine (legrandcontinent.eu)
- Turquie : un mouvement de masse se construit contre le coup de force d’Erdoğan (contretemps.eu)
- Turquie : un juge ordonne l’incarcération de sept journalistes dont un photographe de l’AFP (liberation.fr)
L’ONG Reporters sans Frontières a qualifié mardi de « scandaleuse » la décision d’un juge turc de placer en détention provisoire les journalistes, accusés par les autorités d’avoir participé à un rassemblement illégal à Istanbul.
- Pro-opposition TV channel handed 10-day blackout over İmamoğlu protest coverage (bianet.org)
RTÜK has issued a total of seven penalties against four television channels due to their broadcasts during the protests
- Le PKK et Erdoğan : à peine né, le processus de paix est gelé (contretemps.eu)
- Fin de voyage pour Gaia : après une décennie à scruter 2 milliards d’objets célestes, quelles découvertes le satellite de l’Agence spatiale européenne a-t-il permises ? (humanite.fr)
- Europe is looking for alternatives to US cloud providers (arstechnica.com)
The global backlash against the second Donald Trump administration keeps on growing. Canadians have boycotted US-made products, anti–Elon Musk posters have appeared across London amid widespread Tesla protests, and European officials have drastically increased military spending as US support for Ukraine falters. Dominant US tech services may be the next focus.
- Guerres, inondations, incendies : l’UE recommande de préparer chez soi un kit de survie de 72 heures en cas de crise (liberation.fr)
La commissaire européenne chargée de la préparation et de la gestion des crises, Hadja Lahbib, a présenté mercredi 26 mars plusieurs mesures que la population devrait suivre pour anticiper une crise. Elle appelle les États membres à créer une stratégie commune sur le sujet.
- “Tesla kills” : le magasin Tesla de Lausanne vandalisé, une première en Suisse romande (rts.ch)
- Danish PM accuses US of ‘unacceptable pressure’ as JD Vance says he will join Greenland visit (theguardian.com)
US vice-president says he will join unsolicited visit to Arctic island, which Mette Frederiksen says is ‘not what Greenland needs or wants’
- Flight bookings between Canada and US down 70 % amid Trump tariff war (theguardian.com)
- Elon Musk started aligning with Donald Trump even before he won. Now Canada’s tech industry is following a similar playbook (thestar.com)
- Tesla : des manifestations anti-Musk devant des magasins à travers tout les États-Unis (liberation.fr)
Un peu partout dans le pays, de nombreuses personnes se sont rassemblées samedi 29 mars devant des boutiques de la marque automobile, dans le cadre d’une journée mondiale d’opposition au milliardaire et proche conseiller de Donald Trump.
- Comment l’administration Trump essaie de protéger Tesla (et Elon Musk) par tous les moyens (huffingtonpost.fr)
Du téléachat à la répression terroriste, Donald Trump fait tout pour sauver Elon Musk dont l’entreprise automobile est en déclin.
- Elon Musk Is Hijacking Rural America’s Internet (jacobin.com)
- Trump can’t fire us, FTC Democrats tell court after being ejected from office (arstechnica.com)
“A President cannot remove an FTC Commissioner without cause,” lawsuit says.
- As Trump Broadens Crackdown, Focus Expands to Legal Immigrants and Tourists (nytimes.com)
U.S. border officials are using more aggressive tactics at ports of entry as the administration scrutinizes green card and visa holders who have expressed opposition to its policies.
- ICE is kidnapping immigrant and labor rights activists (peoplesdispatch.org)
- El Salvador, a new migrant prison under the Trump administration (globalvoices.org)
- Immigration Myths Feed Divisions among Workers (labornotes.org)
The Trump administration’s opening barrage against immigrants—arresting thousands of people around the country and declaring that hospitals, schools, and churches are no longer off limits—has put a chill on immigrant communities.
- L’anglais, langue officielle des États-Unis : un décret de Trump qui bouleverse une longue histoire multilingue (theconversation.com)
Depuis leur indépendance, les États-Unis n’avaient jamais proclamé de langue officielle. Le 1er mars dernier, le président américain Donald Trump a décrété le statut officiel de l’anglais, marquant une rupture fondamentale avec l’approche traditionnelle du gouvernement américain en la matière.
- When the physicists need burner phones, that’s when you know America’s changed (theguardian.com)
- Aux États-Unis, la mort mystérieuse d’une ancienne procureure qui pose questions (lexpress.fr)
L’ex-procureure de Virginie, Jessica Aber, a été retrouvée morte samedi. Depuis, la disparition de celle qui avait enquêté sur des espions russes et un ex-agent de la CIA fait l’objet de spéculations outre-Atlantique.
- Harvard Professor Steven Levitsky : “Right Now, the U.S. Is Ceasing to Be a Democracy” (spiegel.de)
- DOGE Plans to Rebuild SSA Codebase in Months, Risking Benefits and System Collapse (wired.com)
Social Security systems contain tens of millions of lines of code written in COBOL, an archaic programming language. Safely rewriting that code would take years—DOGE wants it done in months.
- U.S. Officials Called Signal a Tool for Terrorists and Criminals. Now They’re Using It (theintercept.com)
Despite years of official criticism of encrypted messaging, CIA Director John Ratcliffe revealed that Signal comes installed on agency computers.
- The Trump Administration Accidentally Texted Me Its War Plans (theatlantic.com) – voir aussi Un journaliste de The Atlantic a reçu par erreur des informations militaires confidentielles, confirme la Maison-Blanche (nouvelobs.com)
Il a révélé avoir reçu le plan d’attaque détaillé des raids américains menés le 15 mars contre les Houthis au Yémen.
- Private Data and Passwords of Senior U.S. Security Officials Found Online (spiegel.de)
Donald Trump’s most important security advisers used Signal to discuss an imminent military strike. Now, reporting by DER SPIEGEL has found that the contact data of some of those officials, including mobile phone numbers, is freely accessible on the internet.
- Arkansas Bill Targets ‘Gender Nonconforming’ Haircuts for Kids (newsweek.com)
- États-Unis : la Floride veut assouplir la législation sur le travail de nuit des mineur·es (rfi.fr)
L’État de Floride examine un projet de loi qui assouplit les conditions dans lesquels les mineur·es pourraient travailler, et cela, pour compenser la perte de main d’œuvre liée à l’expulsion de migrant·es.
Voir aussi Florida debates lifting some child labor laws to fill jobs vacated by undocumented immigrants (edition.cnn.com)
Florida has been working for years to crack down on employers that hire undocumented immigrants. But that presented a problem for businesses in the state that are desperate for workers to fill low-wage and often undesirable jobs.
- 10 000 emplois de postiers bientôt supprimés aux États-Unis (rapportsdeforce.fr)
Selon le directeur général des Postes, le renouvellement des baux de près de 31 000 bureaux de poste serait trop coûteux pour l’État, en raison notamment « de la hausse générale des loyers à l’expiration des baux ». Pour compenser les hausses de dépenses, il acte également la suppression de 10 000 emplois « dans les 30 prochains jours », grâce à « des départs volontaires à la retraite »
- L’OMS n’a « pas d’autre choix » que de couper dans son budget après le retrait américain (huffingtonpost.fr)
Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’Organisation mondiale de la santé, jusqu’à la décision de Donald Trump.
- “This will be a painful period” : RFK Jr. slashes 24 % of US health dept. (arstechnica.com)
- RECOVER Long COVID pathobiology grants restored (thesicktimes.org)
Long COVID research grants from the National Institutes of Health’s RECOVER program will be restored following news stories about their abrupt cancellations and advocacy to restore the funding, according to patient representatives in the initiative.
- Fin de partie pour 23andMe, en passe d’être vendue (next.ink)
Pour les usager·es installé·es dans des zones où la loi protège les données personnelles, il est encore possible de supprimer ses informations et données génétiques pour éviter qu’elles ne soient transmises à un futur acheteur.
Voir aussi A Sale of 23andMe’s Data Would Be Bad for Privacy. Here’s What Customers Can Do (eff.org)
- Kink and LGBT dating apps exposed 1.5m private user images online (bbc.com)
- COP30 : au Brésil, des syndicalistes rendent hommage au défenseur de l’environnement Chico Mendes (humanite.fr)
- « Cela n’augure rien de bon pour l’avenir » : la taille maximale de la banquise de l’Arctique n’a jamais été aussi réduite (humanite.fr)
- Indice de vie sur Mars : pour la première fois, des chercheurs découvrent des molécules similaires à celles sur Terre (humanite.fr)
- Chewing Gum Releases Hundreds of Microplastics In Your Mouth, Study Finds (sciencealert.com)
Spécial IA
- A well-funded Moscow-based global ‘news’ network has infected Western artificial intelligence tools worldwide with Russian propaganda (newsguardrealitycheck.com)
- How AI coding assistants could be compromised via rules file (scworld.com)
AI coding assistants such as GitHub Copilot and Cursor could be manipulated to generate code containing backdoors, vulnerabilities and other security issues via distribution of malicious rule configuration files
- Open Source devs say AI crawlers dominate traffic, forcing blocks on entire countries (arstechnica.com)
AI bots hungry for data are taking down FOSS sites “by accident”, but humans are fighting back.
- Fausses photos et vidéos porno : l’Espagne légifère contre les montages à caractère sexuel par IA (liberation.fr)
Le gouvernement de gauche espagnol a présenté ce mardi 25 mars un large projet de loi visant à « protéger les jeunes filles et garçons ainsi que les adolescents » face aux dangers du « numérique ».
- Elon Musk’s X has a new owner—Elon Musk’s xAI (arstechnica.com)
xAI buys X ; deal values social network at $33 billion, $11B less than Musk paid.”xAI and X’s futures are intertwined,” Musk wrote. “Today, we officially take the step to combine the data, models, compute, distribution and talent. This combination will unlock immense potential by blending xAI’s advanced AI capability and expertise with X’s massive reach.”
- OpenAI’s Studio Ghibli meme factory is an insult to art itself (bloodinthemachine.com)
Sam Altman is promoting his new image generator by appropriating the work of one of the greatest living animators—who is “disgusted” by AI.
- Apple says it’ll use Apple Maps Look Around photos to train AI (theverge.com)
The company says that as part of its commitment to privacy, any images it captures that are published in the Look Around feature have faces and license plates blurred. Apple also says it will only use imagery with those details blurred out for training models. It does accept requests for those wanting their houses to also be blurred, but by default they are not.
- Apple’s AI isn’t a letdown. AI is the letdown (edition.cnn.com)
AI can never fail, it can only be failed. Failed by you and me, the smooth-brained Luddites who just don’t get it.
- Boston Dynamics’ Atlas can run and cartwheel like a human now – and it’s stunning – (zdnet.com)
- You can now download the source code that sparked the AI boom (arstechnica.com)
On Thursday, Google and the Computer History Museum (CHM) jointly released the source code for AlexNet, the convolutional neural network (CNN) that many credit with transforming the AI field in 2012 by proving that “deep learning” could achieve things conventional AI techniques could not.
- La phase G : les GPU et les IA génératives comme nouvelle phase de l’histoire environnementale de la numérisation ? (gauthierroussilhe.com)
- Chronique imparfaite des risques des agents autonomes (maisouvaleweb.fr)
- Entre le factuel et le factice : l’esthétique fasciste contemporaine face à l’IA (chatonsky.net)
Special outils anti-IA
- AI Labyrinth (ai-labyrinth)
- Anubis (anubis)
- Glaze (glaze.cs.uchicago.edu)
- HarmonyCloak (mosis.eecs.utk.edu)
- Iocaine (iocaine.madhouse-project.org)
- Kudurru (kudurru.ai)
- Nepenthes (nepenthes)
- Nightshade (nightshade.cs.uchicago.edu)
Spécial Palestine et Israël
- Liban : en violation du cessez-le-feu, Israël bombarde la banlieue sud de Beyrouth pour la première fois depuis la trêve (humanite.fr)
Israël a bombardé la banlieue sud de Beyrouth, vendredi 28 mars, après avoir frappé le sud du Liban. Après quatre mois de trêve, cette nouvelle attaque est une violation du cessez-le-feu déclaré fin novembre.
- Press freedom groups condemn targeted killing of two journalists in Israeli strikes (theguardian.com)
Israel Defense Forces has confirmed it killed Hossam Shabat and Mohammed Mansour, claiming they were terrorists
- Des Palestiniens témoignent devant l’ONU des abus sexuels infligés par des Israéliens (france24.com)
Des Palestiniens dénoncent, à visage découvert, les coups et les violences sexuelles qui leur ont été infligés dans les prisons israéliennes ou par des colons devant un panel d’experts des Nations unies à Genève”Je ne pensais pas qu’il existait sur Terre des gens avec un tel degré de laideur, de sadisme et de cruauté”.
- Gaza : les violences sexuelles et reproductives participent du génocide (humanite.fr)
- Israël : avec la visite de Jordan Bardella, c’est tout le RN qui est adoubé par Benyamin Netanyahou (humanite.fr)
- Israël : le cabinet du gouvernement a voté le limogeage de la procureure générale, Gali Baharav-Miara (liberation.fr)
Cette magistrate indépendante de 65 ans occupe ce poste depuis 2022. Elle s’est opposée à plusieurs reprises à Benyamin Nétanyahou, notamment en ordonnant une enquête sur les liens du Premier ministre israélien avec le Qatar, principal financeur du Hamas.
- Les excuses tardives de L’Académie des Oscars pour son manque de soutien au réalisateur Hamdan Ballal (telerama.fr)
D’abord silencieuse après l’arrestation du réalisateur palestinien primé début mars à Los Angeles, l’Académie a envoyé une lettre que nombre de ses membres ont publiquement jugée insuffisante. L’instance a présenté des excuses ce vendredi 28 mars.
- États-Unis. Dans les universités, une campagne maccarthyste pour protéger Israël (orientxxi.info)
Après de fortes mobilisations dans les plus grandes universités américaines contre la guerre que mène Israël à Gaza, vient le temps du retour de bâton, renforcé par l’administration toute puissante de Donald Trump. Sur les campus, pour les soutiens du peuple palestinien, c’est la chasse aux sorcières, qui n’épargne pas les voix juives.
- Projet Esther : le rapport de la Heritage Foundation dont s’inspire Trump pour sa lutte contre le mouvement pro-palestinien (legrandcontinent.eu)
- Répression des pro-palestinien·nes : une étudiante turque arrêtée aux États-Unis (humanite.fr)
À Somerville, dans la banlieue de Boston, une étudiante turque, Rumeysa Ozturk a été arrêtée en pleine rue par des agents fédéraux en civils, mardi. Son visa a été révoqué en raison de son soutien présumé à la cause palestinienne. La vidéo de son interpellation a rapidement suscité une vague d’indignation.
Voir aussi Aux États-Unis, le parcours infernal d’une étudiante turque arrêtée et déplacée à l’autre bout du pays (huffingtonpost.fr)
- UK : Oxford council passes Boycott, Divestment and Sanctions motion (middleeasteye.net)
The city council, in which no party has overall control, cites ICJ rulings over decision to pass motion boycotting Israel
Spécial femmes dans le monde
- La sociologue Eva Illouz « annulée » du prix Israël pour « idéologie anti-israélienne » (liberation.fr)
Le ministre de l’Éducation israélien a refusé l’attribution de la plus haute distinction scientifique du pays à la directrice d’études à l’EHESS pour avoir signé une pétition appelant à une investigation de la Cour pénale internationale contre de possibles crimes de guerre en Cisjordanie.
- Libération d’une otage kurde après 32 ans de captivité (kurdistan-au-feminin.fr)
- En Belgique, les autorités enquêtent sur des dizaines d’agressions sexuelles sous soumission chimique (liberation.fr)
Ces femmes auraient été droguées à leur insu, vraisemblablement par de la kétamine mélangée à leur boisson, en consommant dans des établissements de Courtrai, indique le parquet de Flandre occidentale ce jeudi 27 mars. A minima 41 victimes ont été identifiées entre décembre 2021 et décembre 2024.
- Elon Musk deadnames his ‘killed’ child — his trans daughter claps back (out.com)
- Le masculiniste Andrew Tate accusé de viol et de violences physiques par son ex-compagne (huffingtonpost.fr)
La mannequin Brianna Stern a déposé une plainte contre l’influenceur américano-britannique qu’elle accuse de l’avoir violée en mars 2025 dans un hôtel de Los Angeles.Brianna Stern n’a porté plainte qu’après le départ d’Andrew Tate pour la Roumanie, après qu’il l’a menacée de « la tuer » si elle le « trahissait »
Spécial France
- Procès Sarkozy : l’ex-président est le « véritable décisionnaire et commanditaire » du pacte conclu avec Kadhafi, affirme le parquet financier (liberation.fr)
Le procureur du PNF a évoqué ce mardi 25 mars dans ses réquisitions « l’implication totale » de l’ancien chef de l’Etat, demandant sa condamnation, avec Claude Guéant et Brice Hortefeux, pour corruption et association de malfaiteurs.
Voir aussi Procès Sarkozy-Kadhafi : sept ans de prison et 300 000 euros d’amende requis contre l’ancien président (liberation.fr)
Le parquet a requis une peine de sept ans de prison à l’encontre de Nicolas Sarkozy, accusé d’avoir conclu un « pacte de corruption » avec l’ancien dictateur libyen Muammar al-Kadhafi pour financer sa campagne de 2007.
- Olivier Faure menace sur les retraites : si le Parlement n’est pas saisi, la censure serait « une obligation morale » (liberation.fr)
- « Les universités jugées wokistes sont mal notées » : la gauche veut supprimer le Hcéres (reporterre.net)
- Pression américaine sur les entreprises françaises : « Inadmissible » pour le Medef, la loi « va continuer à s’appliquer » assure Bergé (liberation.fr)
Des sociétés françaises ont reçu une lettre de l’ambassade des États-Unis concernant leurs programmes internes en faveur de la diversité.
- Julie Sweet met fin aux politiques d’inclusion et de diversité chez Accenture (solidaires-octo.com)
Nous n’en sommes plus à une menace vague et lointaine d’un avenir déplaisant, ce sont les conséquences concrètes de politiques autoritaires de Trump. Il n’aura fallu que 17 jours pour qu’Accenture se plie aux exigences de Trump et de son administration fasciste.
- Au Centre Pompidou, l’exposition “Paris noir” invisibilise-t-elle ceux qui l’ont rendue possible ? (telerama.fr)
Pour son exposition mettant à l’honneur des artistes noirs, le musée se serait approprié le travail d’anciens collaborateurs, eux-mêmes noirs. C’est ce qu’affirme l’un deux, Chris Cyrille, dans un post Instagram interpellant les deux commissaires.
- Carambolage à Paris : le conducteur de la voiture percutée par trois véhicules de police qui le poursuivaient sera jugé en juin (liberation.fr) – voir aussi Carambolage après un refus d’obtempérer : pourquoi le conducteur de la BMW ne sera pas poursuivi pour les blessures des dix policiers (liberation.fr)
le parquet a semble-t-il considéré que si les véhicules de police ont fini encastrés dans la BMW poursuivie, ce n’est pas du fait du conducteur – quand bien même il aurait refusé de se soumettre à un contrôle routier – mais parce que les policiers n’ont pas pu ou su freiner à temps.
- Piétonnisation et végétalisation des rues à Paris : 66 % des votant·es pour étendre le dispositif (liberation.fr)
Par une large majorité, les participant·es à la votation citoyenne organisée ce dimanche 23 mars dans la capitale ont voté « oui » à la proposition de « végétaliser et rendre piétonnes 500 nouvelles rues dans Paris ». Mais le scrutin est marqué par une très faible participation (3,9 %).
- SUV, vols en avion… Il faut supprimer ces publicités, estiment des hauts fonctionnaires (reporterre.net)
- Vaches perturbées par l’électricité : RTE devra verser plus de 450 000 euros à un éleveur (reporterre.net)
Cette fois, la décision est définitive : la ligne à haute tension qui passait au-dessus de sa ferme est bien en lien avec les difficultés que Dominique Vauprès a rencontrées dans son élevage laitier.
- Dans le Marais poitevin, des mégabassines continuent d’être construites (reporterre.net)
Deux ans après la grosse manifestation antibassines de Sainte-Soline, où en est la construction des 16 retenues d’eau prévues dans les Deux-Sèvres ? Quatre bassines ont été construites, dont une jugée illégale après des recours.
- Tofu, steaks au soja : les cantines sommées de ne plus en servir (reporterre.net)
Dans un avis, l’Anses préconise de ne plus servir d’aliments à base de soja dans la restauration collective. Et recommande à l’industrie agroalimentaire de modifier ses méthodes de fabrication pour éviter les substances nocives.
- « Comportements inappropriés » avec des élèves : un directeur de lycée catholique de Saint-Nazaire suspendu après un voyage scolaire (liberation.fr)
Le chef d’établissement est accusé de s’être rendu dans les chambres d’élèves âgées de 15-16 ans lors d’un voyage scolaire organisé à Paris et d’y avoir eu des gestes ainsi que des propos « déplacés ». Enseignants et parents n’étaient même pas au courant de sa présence dans la capitale.
- Dans le milieu gay, les violences sexuelles sortent du placard (alterechos.be)
Peu documentées, les agressions entre partenaires masculins sont un angle mort de la prise en charge des violences sexuelles. Des représentations stéréotypées de la virilité aux espaces de drague particulièrement propices aux agressions, en passant par le chemsex et un contexte sociétal hétéronormé… Le tabou domine.
Spécial femmes en France
- Des noms de grandes scientifiques vont être gravés sur la tour Eiffel (humanite.fr)
Le projet Hypathie, du nom d’une scientifique grecque d’Alexandrie, a pour but de faire graver les noms de quarante grandes femmes scientifiques au deuxième étage de la Tour Eiffel. Dès son inauguration en 1889, 72 noms d’hommes scientifiques sélectionnés par Gustave Eiffel avaient été plaqués en lettre d’or sur une frise.
- Ce rapport déterré par Mediapart contredit le gouvernement sur le port du voile dans le sport (huffingtonpost.fr)
Le site d’investigation révèle l’existence d’un rapport fouillé passé sous les radars et niant l’existence d’un lien entre sport et radicalisation.
- « 81,5 % des actes islamophobes sont commis contre des femmes » : les femmes musulmanes à la croisée des oppressions (humanite.fr)
- Gérard Depardieu jugé pour agressions sexuelles : le one-man-show en trois actes de son avocat (telerama.fr) – voir aussi Procès de Gérard Depardieu : près de 200 avocats dénoncent le sexisme du conseil de l’acteur, Jérémie Assous, dans une tribune publiée par “Le Monde” (francetvinfo.fr) et Fin du procès Depardieu : quatre jours d’“apologie du sexisme”, selon les avocates de la partie civile (telerama.fr)
« Monsieur Depardieu est fort avec les faibles et il est faible avec les forts. »[…]« Monsieur Depardieu a plusieurs facettes : c’est aussi le voyou de Châteauroux, un homme d’argent qui a investi dans le pétrole, un homme proche des dictateurs et un agresseur sexuel. »
- Gérard Depardieu ne « sait pas » ce qu’est une agression sexuelle, voici un rappel de la définition (huffingtonpost.fr)
- L’actrice Vahina Giocante dénonce les « dégueulasseries » de Gérard Depardieu sur les tournages de films (huffingtonpost.fr)
« J’ai vu un homme se gargariser de la honte et de la terreur des plus faibles et s’abreuver de manière insatiable à toutes formes de domination. J’ai vu des équipes entières prises en otage par la gêne insupportable que ces mots et ces gestes provoquaient
- Une femme retrouvée morte dans la Marne, son mari arrêté après un assaut du GIGN (liberation.fr)
Une enquête en flagrance pour « homicide sur conjoint » a été ouverte par le parquet de Châlons-en-Champagne après l’arrestation d’un ancien policier septuagénaire déjà condamné pour des faits de violences conjugales, samedi 29 mars à Esternay.
- Féminicide de Chahinez : “Je ne ressens aucune culpabilité” répond l’accusé à son procès (rue89bordeaux.com) – voir aussi Féminicide de Chahinez Daoud : son ex-mari condamné à la perpétuité (humanite.fr)
- Féminicide de Sandra Pla : un procès contre l’État, « pour les autres » (humanite.fr)
Sandra quitte son compagnon fin décembre 2020. Dès le 6 janvier, elle porte plainte pour violences conjugales. Le 24 février, elle demande une ordonnance de protection auprès du juge aux affaires familiales de Bordeaux – demande rejetée après une semaine. Fin mars, elle veut porter plainte pour harcèlement : on ne lui laissera enregistrer qu’une simple main courante. Le 30 mars, elle écrit au procureur et au président de la République : « Je crains le pire des dénouements sans votre intervention. » Sans effet. […] Sandra Pla « n’a jamais eu la protection qu’elle souhaitait, sa famille veut que ça n’arrive plus jamais à d’autres ».
Spécial médias et pouvoir
- Le Syndicat de la Presse Pas Pareille, un acteur sur lequel compter (blogs.mediapart.fr)
Ça y est ! le Syndicat de la presse pas pareille (SPPP) est lancé, et doté d’un site. Il défend une presse émancipatrice, contre toutes formes de domination. Réfléchi lors des Assises de la Presse Pas Pareille, il souhaite promouvoir les médias indépendants, créer une dynamique collective entre rédactions et porter des revendications politiques et économiques.
- Débat sur Gaza : France info mis en garde par l’Arcom après une séquence qui imaginait l’enclave en Riviera du Moyen-Orient (liberation.fr)
- La mairie RN de Perpignan s’attaque à l’Empaillé (lempaille.fr)
- Politiser la haine : la stratégie du buzz (acrimed.org)
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- Comment Bercy efface, en catimini, une ardoise de 320 millions d’euros de pénalité fiscale pour Vincent Bolloré (humanite.fr)
Le milliardaire aurait menti avec l’aide de Bercy. Selon le Canard Enchaîné, le groupe Vivendi a baissé son imposition sans payer les pénalités prévues, avec le soutien du ministère de l’Économie et des Finances.
- Sous Macron, 207 milliards d’euros de cadeaux fiscaux accordés aux ultrariches (reporterre.net)
- Alexis Kohler dit au revoir à l’Élysée et bonjour à la Société générale (liberation.fr)
Le bras droit historique d’Emmanuel Macron, secrétaire général de l’Elysée depuis huit ans, a été nommé directeur général adjoint de la banque française, a annoncé cette dernière ce vendredi 28 mars.
- Le scandale Galileo, énième rappel de la nécessité de réguler l’enseignement supérieur privé (alternatives-economiques.fr)
Alors qu’une enquête accablante sur le groupe Galileo a mis une nouvelle fois en lumière les abus des établissements supérieurs privés lucratifs, les pouvoirs publics s’interrogent enfin sur la régulation de ce secteur.
- Normandie : des professeurs apprennent par leur application professionnelle Iprof que leur poste est supprimé (francebleu.fr)
Le rectorat dit effectivement que les collègues vont recevoir un courrier et ils vont le recevoir à priori le 2 avril, puisque l’instance académique a lieu le 1er avril, sachant que pour saisir ses vœux quand on perd son poste et qu’il en faut un nouveau, les collègues ont jusqu’au 3 avril.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- La dématérialisation réduit l’accès aux droits, alerte (encore) la Défenseure des droits (next.ink)
- Médecins du monde dénonce “une grave atteinte aux fondements de notre modèle social”, après le vote du Sénat limitant l’accès aux prestations sociales pour les étrangers (francetvinfo.fr)
L’ONG signe une tribune publiée mercredi pour dénoncer “une préférence nationale déguisée” à propos d’une proposition de loi Les Républicains adoptée au Sénat pour restreindre certaines prestations sociales aux étrangers.
- Antisémitisme : Deux députés écologistes veulent saisir la justice contre Manuel Valls (20minutes.fr) Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a affirmé lundi que « la haine des Juifs vient essentiellement du monde arabo-musulman, en France comme ailleurs ».
- Le « racisme anti-Blancs » n’existe pas (politis.fr)
Alors que les actes antisémites progressent de manière significative, de même que les actes racistes et islamophobes, les défenseurs de la France aux Français, les bons, les blonds, les Blancs, allument un contre-feu, et dénoncent avec force et vigueur le « racisme anti-Blancs ». C’est dire si leur combat contre l’antisémitisme est sincère. Et prioritaire. En réalité, ils ne font que hiérarchiser leur haine. Les Arabes et les Noirs d’abord, les juifs ensuite.
Voir aussi Fabien Roussel évoque un « racisme anti-blanc » (liberation.fr)
- “Je n’ai plus d’espoir” : sur les quais de Seine, un campement de 250 mineurs isolés bientôt évacué (francetvinfo.fr)
- Quand l’extrême droite instrumentalise le féminisme pour cibler l’islam et les migrant·es (theconversation.com)
Le féminisme est traditionnellement associé à des valeurs progressistes, telles que l’égalité et la justice sociale. Mais ces dernières années, des activistes d’extrême droite, comme « Némésis », les « Antigones » ou les « Caryatides », revendiquent leur féminisme. Ciblant l’islam et les migrants au nom de la défense des femmes, elles sont de plus en plus présentes dans les médias.
- Un an d’infiltration chez les identitaires (streetpress.com)
- À Toulon, deux mineurs tabassés par un groupe d’extrême droite attendent toujours des nouvelles de leurs plaintes (streetpress.com)
- Le silence de l’État face au meurtre d’un agriculteur anti-mafia en Corse (basta.media)
Pierre Alessandri était connu en Corse pour son engagement syndical contre la spéculation, les fraudes et les pratiques mafieuses. Alors que les investigations se poursuivent sur son assassinat le 17 mars, le silence des autorités est effarant.
Spécial résistances
- Mais qui brûle les voitures Tesla de Niort ? (liberation.fr)
En six mois, douze véhicules électriques de la célèbre marque du milliardaire Elon Musk ont été incendiés dans la ville des Deux-Sèvres. Les enquêteurs privilégient la piste criminelle.
- Millau fait flamber les machos : un carnaval pour cramer le crapaud patriarcal (millavois.com)
Spécial outils de résistance
- Bloque Bolloré sur Internet et les médias d’extrême droite (bloquebollore.codeberg.page)
- Non, la France n’est pas « submergée » par l’immigration (alternatives-economiques.fr)
Spécial GAFAM et cie
- Oops : Google says it might have deleted your Maps Timeline data (arstechnica.com)
- L’Italie ordonne à Google d’empoisonner son DNS public en vertu de la loi stricte Piracy Shield qui vise à empêcher le piratage des retransmissions en direct (developpez.com)
- Everything you say to an Alexa speaker will be sent to Amazon – starting today (theconversation.com)
Amazon has disabled two key privacy features in its Alexa smart speakers, in a push to introduce artificial intelligence-powered “agentic capabilities” and turn a profit from the popular devices.
- Whittaker : “don’t be fooled by WhatsApp’s marketing fluff” (cybernews.com)
Meredith Whittaker, the president of Signal, isn’t too happy with Will Cathcart’s recent statements, which suggest there are hardly any differences between WhatsApp and Signal.”WhatsApp can link that information to Facebook, to Instagram and to payment data that they could buy into. Signal simply doesn’t have all that data”
Voir aussi Dans un contexte tendu, Signal rappelle ses différences avec WhatsApp (next.ink)
Les autres lectures de la semaine
- Doctorow : rendre l’interopérabilité contraignante (danslesalgorithmes.net)
- Le service public dans la tourmente du néolibéralisme (contretemps.eu)
- D.O.G.E. : anatomie du coup d’État numérique d’Elon Musk (legrandcontinent.eu)
- Par pitié, arrêtez de dire « les Anglo-Saxons » (slate.fr – texte d’octobre 2020)
- A 1930s movement wanted to merge the US, Canada and Greenland. Here’s why it has modern resonances (theconversation.com)
- Guerre d’Algérie. Armes chimiques, le mur du silence (orientxxi.info)
Récemment déprogrammé par France Télévisions, Algérie, sections armes spéciales met en lumière la guerre chimique menée par l’armée française contre la population civile. En donnant la parole à des victimes et des anciens combattants, le documentaire soulève également des questions sur la transparence des archives militaires et la mémoire collective.
- « L’inceste reste considéré comme le problème de la victime » (revueladeferlante.fr)
- Comment nommer les nuages ? Une histoire entre science et art (theconversation.com)
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Retailleau : “Vive le sport, à bas le voile” : cette journaliste lui répond (lemediatv.fr)
- Loi Attal, narcotrafic : la grande offensive réactionnaire du Gouvernement Bayrou (lemediatv.fr)
- La Tesla du démon (radiofrance.fr)
- L’IA au service de la charia, c’est la charIA (radiofrance.fr)
les bros de la Silicon Valley inventent des technologies qui sont ensuite utilisées par leurs bros d’Iran pour oppresser les femmes. On est vraiment au carrefour des masculinités toxiques. […] Ça veut dire aussi que les génies de l’IA… font de loooongues études, très pointues… ils sont capables de coder des programmes hyper compliqués et la première chose qu’ils font au moment d’utiliser leurs compétences, c’est DE FOUTRE LA MISÈRE AUX MEUFS ? ! ! ! !
Les trucs chouettes de la semaine
- Sixteen Organizations Endorse the UN Open Source Principles (unite.un.org)
- Une alternative franco-allemande à Google Docs (francetvinfo.fr)
- Atlas international des nuages – Manuel de l’observation des nuages et des autres météores (cloudatlas.wmo.int)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
30.03.2025 à 09:00
Spotify, la machine à humeur
Framasoft
Texte intégral (2386 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 17 janvier 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Dans son livre, Mood Machine, la journaliste indépendante Liz Pelly, décortique ce que Spotify a changé dans la musique, pour les clients du service, comme pour les musiciens. Entre uberisation et syndrome de Stockholm.
Cela fait des années que la journaliste indépendante Liz Pelly observe Spotify. Son essai, Mood Machine : The Rise of Spotify and the Costs of the Perfect Playlist (Simon & Schuster, 2025) estime que la musique est devenue un utilitaire plus qu’un art. Pour les fans de musique, le streaming est, malheureusement, un « produit spectaculaire » : « un jukebox universel et infini ». Pour les musiciens cependant, Spotify a été une menace plus existentielle que la révolution du partage de fichiers qui l’a précédée, car le streaming, lui, a reçu le vernis de la légitimité, explique le Washington Post dans sa critique du livre. Mais Spotify a surtout détourné les bénéfices de la musique a son profit, tout en préparant le terrain pour remplacer les musiciens par de la musique générée par l’IA. Le secteur d’ailleurs s’y prépare : un récent rapport de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (Cisac) annonce la chute de la rémunération des artistes et le déferlement à venir de la musique générée par IA
La musique, une activité purement fonctionnelle
Liz Pelly rappelle que les origines de Spotify plongent directement dans The Pirate Bay, l’emblème du téléchargement illégal de musique du début des années 2000, notamment parce que le service était une réponse au comportement des gens et à l’envolée du téléchargement illégal. Pour le fondateur de Spotify, la musique a été considérée comme Amazon a considéré les livres : un cheval de Troie pour exploiter les clients. La recette de la suprématie auditive de Spotify a surtout reposé sur les playlists, spécifiques, homogènes et de plus en plus automatisées, descendant monotone de la radio commerciale et des musiques d’ambiance. Nos habitudes d’écoute culturelles ont été peu à peu déformées par la domination de Spotify. « Les auditeurs ont été encouragés à aborder la musique comme une activité purement fonctionnelle – pour dormir, étudier ou meubler un lieu public – sans avoir à fournir aucun investissement particulier dans des artistes individuels et identifiables ». En fait, Spotify vise avant tout à maintenir ses clients dans leur zone de confort. Spotify incarne « un modèle de créativité axé sur le service client qui conduit à une stagnation esthétique », explique Pelly. Le « son Spotify » ressemble à la décoration des appartements sur Airbnb, partout identique.
« À quel moment un système de recommandation cesse-t-il de recommander des chansons et commence-t-il à recommander une idée complète de la culture ? » demande Pelly. Spotify préfère que vous vous engagiez de la manière la plus passive et la plus distraite possible. Comme en politique, les superstructures panoptiques fonctionnent mieux lorsque leurs sujets ne leur accordent pas trop d’attention. Comme l’aurait dit un jour Daniel Ek, le fondateur de Spotify, « notre seul concurrent est le silence ». Dans le New Yorker, le prof de littérature Hua Hsu qui discute du même livre, parle d’un syndrome Spotify comme d’un syndrome de Stockholm. « Tout comme nous entraînons l’algorithme de Spotify avec nos goûts et nos dégoûts, la plateforme semble, elle, nous entraîner à devenir des auditeurs 24 heures sur 24 ». Pelly soutient, en fait, que la plus grande innovation de Spotify a été sa compréhension de l’affect, de la façon dont nous nous tournons vers la musique pour nous remonter le moral ou nous calmer, nous aider à nous concentrer sur nos devoirs ou simplement nous dissocier. Contrairement aux maisons de disque, son but n’était pas de nous vendre un tube dont on se lasse, mais de nous vendre un environnement sonore permanent. Quand on écoutait MTV ou la radio, nous pouvions parfois tomber sur quelque chose de différent ou d’inconnu. Désormais, la personnalisation « laisse présager d’un avenir sans risque, dans lequel nous ne serons jamais exposés à quoi que ce soit que nous ne voudrions pas entendre ». Sur Spotify, « les sons flottent en grande partie sans contexte ni filiation ». Les artistes y sont finalement assez invisibles. La musique décontextualisée de son histoire.
Internet était censé libérer les artistes de la monoculture, en offrant les conditions pour que la musique circule de manière démocratique et décentralisée. Certes, elle circule plus que jamais, mais la monoculture, elle, s’est terriblement renforcée.
Spotify, une ubérisation comme les autres
Dans les bonnes feuilles du livre que publie Harpers, Pelly évoque une autre dimension des transformations qu’a produit la plateforme, non pas sur les utilisateurs et clients, mais sur la musique et les musiciens eux-mêmes. Elle décrit les artistes fantômes de la plateforme, une polémique où les playlists populaires de Spotify semblaient se peupler de musiques de stock et d’artistes qui n’existaient pas. Pelly montre que Spotify avait en fait, malgré ses longues dénégations, bel et bien des accords avec des sociétés de productions pour produire des flux de musique moins chers. Ce programme, baptisé Perfect Fit Content (PFC, que l’on peut traduire par « contenu parfaitement adapté »), offrait des conditions de rémunération moindre et visait clairement à réduire les droits payés par Spotify aux artistes, normalisant des titres bons marchés pour remplir les playlists. « Au milieu des années 2010, le service s’est activement repositionné pour devenir une plateforme neutre, une méritocratie axée sur les données qui réécrivait les règles de l’industrie musicale avec ses playlists et ses algorithmes ». En se rendant compte que de nombreux abonnés écoutaient de la musique en fond sonore, Spotify a opté pour une solution qui lui permettait de réduire les dividendes qu’elle versait au majors (représentant quelques 70 % de ses revenus) afin de devenir bénéficiaire. Pour cela, elle a misé sur les recommandations par playlists d’humeur qui se sont peu à peu peuplées de titres PFC – et ce alors que Spotify se défend de faire des placements de chansons dans ses playlists.
De nombreuses entreprises fournissent désormais Spotify en musique libre de droits à petits budgets, au détriment d’artistes indépendants. Loin d’être la plateforme de la méritocratie musicale qu’elle prétend être, Spotify, comme bien des entreprises, « manipule secrètement la programmation pour favoriser le contenu qui améliore ses marges ». Pour les musiciens précarisés qui produisent ces musiques, cela ressemble surtout à une ubérisation à marche forcée, avec des enregistrements à la chaîne et des musiques écrites sur un coin de table pour correspondre à un style précis, qui signent des contrats avec des droits réduits. « La musique de fond est à certains égards similaire à la musique de production, un son produit en masse sur la base d’un travail à la demande, qui est souvent entièrement détenu par des sociétés de production qui le rendent facilement disponible pour la publicité, la sonorisation de magasin, la production de films… » Ce que l’on appelle « la musique de production » est d’ailleurs en plein essor actuellement, explique Pelly, notamment pour créer des fonds sonores aux micro-contenus vidéo de Youtube, Insta ou TikTok, afin d’éviter des accords de licences compliqués voire la suppression de contenus lié à la violation du droit d’auteur. Pour ces entreprises qui produisent de la musique à la chaîne, comme Epidemic Sound, la musique n’est rien d’autre qu’une « activité de données », aplanissant les différences entre les musiques, produisant un brouillage des frontières esthétiques.
Les musiciens de l’Ivors Academy, une organisation britannique de défense des auteurs-compositeurs, affirment que les « frictions » que des entreprises comme Epidemic cherchent à aplanir sont en fait des protections industrielles et de droit d’auteur durement gagnées. Nous sommes entrés dans une course au moins disant, explique un producteur. Quand ces morceaux décollent en audience, ils génèrent bien plus de revenus pour Spotity et les labels fantômes que pour leurs auteurs, par contrat. « Ce traitement de la musique comme rien d’autre que des sons de fond – comme des pistes interchangeables de playlists génériques et étiquetées en fonction de l’ambiance – est au cœur de la dévalorisation de la musique à l’ère du streaming. Il est dans l’intérêt financier des services de streaming de décourager une culture musicale critique parmi les utilisateurs, de continuer à éroder les liens entre les artistes et les auditeurs, afin de faire passer plus facilement de la musique à prix réduits, améliorant ainsi leurs marges bénéficiaires. Il n’est pas difficile d’imaginer un avenir dans lequel l’effilochage continu de ces liens érode complètement le rôle de l’artiste, jetant les bases pour que les utilisateurs acceptent la musique créée à l’aide de logiciels d’IA générative. » Epidemic Sound a déjà prévu d’autoriser ses auteurs à utiliser les outils d’IA pour générer des pistes musicales. Et Spotify, pour sa part, a fait part ouvertement de sa volonté d’autoriser la musique générée par l’IA sur la plateforme.
L’exploitation de l’IA par Spotify ne s’arrête pas là. Elle est toujours corrélée à des initiatives pour réduire les coûts, rappelle Pelly, en évoquant par exemple le Discovery Mode, un programme de promotion automatique où les artistes qui acceptent d’y participer acceptent également une redevance inférieure. Bien sûr, Discovery Mode a attiré l’attention des artistes, des organisateurs et des législateurs et il est probable que PFC attise également les critiques… Mais « les protestations pour des taux de redevance plus élevés sont plus difficiles quand les playlists sont remplies d’artistes fantômes ».
MÀJ du 27/01/2025 : Liz Pelly est en interview dans le Monde.
24.03.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 24 mars 2025
Khrys
Texte intégral (11100 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Brave New World
- The New World Order Is Here, And America Isn’t Part Of It (theindex.media)
History pivoted in Tokyo yesterday – though few Americans noticed. The foreign ministers of Japan, China, and South Korea gathered for the first time since 2023, posed for ceremonial photographs, and drafted plans for an Asian future where American preferences no longer command deference.
- Subsea fibre cables can ‘listen out’ for sabotage (bbc.com)
- « Il y a des choix terribles à faire » : combien de millions de personnes vont mourir à cause des coupes de l’aide américaine, interroge l’OMS ? (humanite.fr)
- Faute de fonds, l’OMS pourrait cesser 80 % de ses opérations en Afghanistan (lapresse.ca) L’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
prévient lundi que si elle ne trouve pas de fonds alternatifs, elle sera forcée de fermer d’ici juin « 80 % des services de soins essentiels » qu’elle soutient en Afghanistan, dont le système de santé ne tient que grâce au soutien des bailleurs internationaux.
- Une arme sonique utilisée contre des manifestant·es en Serbie ? (huffingtonpost.fr)
Les autorités serbes ont démenti avoir usé de cet arsenal dont l’utilisation est interdite dans le pays. Mais un émetteur d’ondes millimétriques pourrait également être en cause. Ce type d’arme non-létale émet un intense rayon de chaleur causant une sensation de brûlure extrêmement désagréable.
- La Hongrie de Viktor Orbán interdit la marche des fiertés et va utiliser la reconnaissance faciale pour cibler les participant·es (leparisien.fr)
Le texte a été adopté via une procédure exceptionnelle à une large majorité par la coalition au pouvoir avec 136 voix pour et seulement 27 voix contre.
- Musk’s X suspends opposition accounts in Turkey amid civil unrest (politico.eu)
Suspensions affect accounts spreading information about the widespread demonstrations.
- Heritage Foundation and Allies Discuss Dismantling the EU (desmog.com)
The group behind the radical Project 2025 agenda is increasingly turning its attention to Europe.
- Conflit en RDC : le Rwanda rompt ses relations diplomatiques avec la Belgique (liberation.fr)
Le ministère des Affaires étrangères rwandais a annoncé sa décision « avec effet immédiat » ce lundi 17 mars, accusant la Belgique d’avoir « pris parti » pour Kinshasa.
- Allemagne : Tesla coupe les vivres aux travailleurs de sa giga-factory en congés maladie (humanite.fr)
La direction de la giga-factory Tesla près de Berlin s’affranchit du droit du travail en coupant dans les revenus de ses salariés malades, jusqu’à les pousser à un départ sans indemnités. […] Pour y parvenir Musk a bénéficié de la complicité des autorités fédérales et du Land de Brandebourg, en vertu d’une très grande coalition rassemblant CDU, libéraux SPD et Verts.
- Tesla removed as participant in 2025 Vancouver International Auto Show (vancouverisawesome.com)
The decision was for “the safety of attendees, exhibitors, and staff.”
- 80 Teslas damaged at Hamilton dealership, largest car vandalism reported in Canada against the U.S. company (cbc.ca)
- Teslas set on fire with Molotov cocktails, Las Vegas police say (reviewjournal.com)
- Man Tests If Tesla Autopilot Will Crash Into Wall Painted to Look Like Road (futurism.com)
The Elon Musk-led EV maker has given up entirely on LIDAR or radar sensors, which its many competitors have been using for object detection for years, with Musk once calling LIDAR “fricking stupid, expensive and unnecessary.”But by relying only on visual data, Tesla’s Autopilot can easily be fooled by anything from heavy fog to a wall-scale painting of the road ahead
- Tesla rappelle tous ses Cybertruck à cause d’un risque de chute de carrosserie (liberation.fr)
Le constructeur américain, propriété d’Elon Musk, rappelle l’ensemble de ces véhicules produits depuis novembre 2023 à cause de panneaux de carrosserie qui risquent de tomber.
- « Adaptable aux menaces futures », plus performant, furtif… Trump présente le F-47 de Boeing, avion de combat nouvelle génération (liberation.fr)
- UK issues new ‘travel warning’ to anyone going to the US (express.co.uk)
Brits going to the USA have been warned after high profile incidents of tourists being detained ‘in chains’ at the border.
- German man with green card ‘violently interrogated’ by US border officials (theguardian.com)
Berlin checking if US immigration policy has changed after Fabian Schmidt becomes third German to be detained
- Tourist in US chained ‘like Hannibal Lecter’ (bbc.com)
- Un scientifique français refoulé à son entrée aux États-Unis pour des messages anti-Trump, Paris grince des dents (liberation.fr)
Le gouvernement français a déploré ce mercredi 19 mars l’interdiction d’entrée sur le territoire américain d’un chercheur venu assister à une conférence pour le CNRS, en raison de son « opinion personnelle » sur la politique du président américain concernant la recherche.
- The airport panopticon is getting people deported and detained (theverge.com)
as Trump expands the Department of Homeland Security’s (DHS) mandate, legal immigrants, too, are finding themselves in the government’s crosshairs. Their arrests are facilitated by DHS’s vast surveillance capabilities, which are largely invisible to the public by design — and where the details of a person’s life, from years-old criminal charges to seemingly innocuous social media posts, are weaponized.
- Les États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 migrant·es, indignation des associations (liberation.fr)
Arrivé·es en 2022 et 2023 dans le cadre d’un programme lancé par Joe Biden, un demi-million de Cubain·es, Haïtien·nes, Nicaraguayen·nes et Vénézuélien·nes vont être contraint·es de quitter les États-Unis d’ici le 24 avril.
- What the Venezuelans Deported to El Salvador Experienced (time.com)
- Donald Trump met fin au programme de traçage des enfants ukrainiens enlevés par la Russie (huffingtonpost.fr)
Durant trois années, des chercheurs de l’université de Yale avaient collecté numériquement de précieuses informations, compromettantes pour Vladimir Poutine.
- Donald Trump retire la protection des deux enfants de Joe Biden et révèle la localisation de son fils Hunter (liberation.fr)
Le président américain a déclaré lundi 17 mars suspendre le dispositif de sécurité du Secret Service qui protégeait jusqu’à présent le fils et la fille de son prédécesseur.
- The Trump Administration Wants USAID on the Blockchain (wired.com)
“It feels like a fake technological solution for a problem that doesn’t exist”
- Trump moves to close down Voice of America (bbc.com)
US President Donald Trump has signed an order to strip back federally funded news organisation Voice of America, accusing it of being “anti-Trump” and “radical”.
Voir aussi The silencing of Voice of America (vox.com)
- Lawsuit demands an immediate halt to VOA’s dissolution and the prompt reinstatement of its employees (substack.com)
A lawsuit was filed in federal court here today seeking to restore the Voice of America. My successor as VOA’s White House bureau chief, Patsy Widakuswara, who grew up under a dictatorship in Indonesia, is the lead plaintiff. Some of the other plaintiffs, who for now are anonymous, are among nearly 50 VOA journalists whose J-1 visas are being cancelled and must leave the country within 30 days. At least six of those face going home to authoritarian countries where they could be jailed, or worse.
- États-Unis : RSF poursuit l’administration Trump pour défendre Voice of America (rsf.org)
Les régimes autoritaires, comme le Kremlin et le Parti communiste chinois, se réjouissent de la mort de Voice of America. Il est clair que l’action de Donald Trump encouragera une répression plus sévère contre les journalistes et la liberté de la presse.
- Wired is dropping paywalls for FOIA-based reporting. Others should follow (freedom.press)
The news business isn’t just any business — it serves a vital role in our democracy, recognized by the First Amendment. But media outlets can’t serve that role if they’re bankrupt. And as a result, news readers often find themselves blocked by paywalls from reading important stories about government business. […] Wired has a solution — it’s going to stop paywalling articles that are primarily based on public records obtained through the Freedom of Information Act.
- Holocaust remembrance pages — and one about Bea Arthur — removed in Pentagon’s DEI purge (jta.org)
Stories of Holocaust survivors were caught in the anti-DEI net, as was an article about Jewish “Golden Girls” star Bea Arthur.
- États-Unis : le démantèlement du ministère de l’Éducation validé dans la journée par Donald Trump (liberation.fr)
Le président américain prévoit de ratifier, ce jeudi 20 mars, un décret visant à fermer le ministère de l’Education et à transférer ses compétences aux États. Mais ce démantèlement n’est pas possible sans l’adoption d’une loi au Sénat.
- The US government has sent Columbia University a ransom note (theguardian.com)
Like a mob boss, the government threatens to cut off two of the university’s fingers : academic freedom and faculty governance
- Frappée au portefeuille, l’université Columbia accepte les réformes voulues par Trump (liberation.fr)
Pour garder ses 400 millions de dollars de subventions, l’université new-yorkaise cède au chantage et s’engage notamment à évaluer le travail du Centre d’études palestiniennes et de l’Institut d’études israéliennes et juives.
- FTC removes posts critical of Big Tech from its website (techcrunch.com)
The Federal Trade Commission (FTC) has removed over 300 blog posts published during the agency’s leadership under former chair Lina Khan, Wired reports. These include posts that are critical of companies like Amazon and Microsoft for their handling of customer data.
- FCC to get Republican majority and plans to “delete” as many rules as possible (arstechnica.com)
- The Trump-Musk Regime Wants to Make Segregation Great Again (thenation.com)
Last month, the Trump administration made a racist change to its rules for business that get federal contracts, so that “the federal government no longer explicitly prohibits contractors from having segregated restaurants, waiting rooms and drinking fountains.”
- ‘It’s a Heist’ : Real Federal Auditors Are Horrified by DOGE (wired.com)
- Donald Trump se fait recadrer par le président de la Cour suprême après avoir appelé à destituer un juge fédéral (huffingtonpost.fr)
- Report : mRNA vaccines are in RFK Jr’s crosshairs ; funding in question (arstechnica.com)
Federal support for mRNA vaccine research appears in jeopardy after KFF Health News reported Sunday that officials at the National Institutes of Health have directed scientists to remove all references to the lifesaving technology from their grant applications. All such research is now under direct scrutiny from health secretary and long-time anti-vaccine advocate Robert F. Kennedy Jr.
- Scientists Say NIH Officials Told Them To Scrub mRNA References on Grants (kffhealthnews.org)
National Institutes of Health officials have urged scientists to remove all references to mRNA vaccine technology from their grant applications, two researchers said, in a move that signaled the agency might abandon a promising field of medical research.
- Resisting Attacks on Science (criticalpublichealth.org)
So it happened. We have officially withdrawn a paper accepted for publication in a scientific journal because of editorial requests to remove language deemed out of compliance with executive orders.[…] It’s true, we could ‘comply’ with these editorial requests without altering the article’s main scientific contributions. But, let’s be clear. These are not editorial requests aimed at improving our science or clarifying our main arguments. […] By erasing entire groups of people from scientific dissemination, these requests reinforce the very inequities that the public health community should be seeking to address. […] We refuse to publish our work in any journal that enables such political interference or denies access to dissemination for reasons unrelated to the quality of the science itself […]Not everyone will have the luxury to make this choice, but for those who do, please take a stand.
- Measles arrives in Kansas, spreads quickly in undervaccinated counties (arstechnica.com)
- Grippe aviaire : réapparition d’une souche transmissible à l’homme dans un élevage de poulets aux États-Unis (liberation.fr)
Des cas de grippe aviaire de type H7N9, une des principales souches à l’origine des contaminations humaines, ont été confirmés dans un élevage de poulets aux Etats-Unis, déjà confrontés à une flambée de H5N1.
- Les États-Unis supplient l’Europe de leur envoyer des… œufs (infos.rtl.lu)
- Bill Gates Gives Up on Climate Change (futurism.com)
By the early 2020s, billionaires had positioned themselves as the masters of climate change policy, taking advantage of their great fortunes to become indispensable to environmentalism. Now, however, many of those same billionaires are pulling support at an alarming rate. And Bill Gates — Microsoft founder, sixth richest man in the world, and alleged sex pest — is the latest among them.
- Greenpeace condamnée aux États-Unis à verser des centaines de millions de dollars à l’exploitant du Dakota Access Pipeline (liberation.fr)
L’ONG a été condamnée ce mercredi 19 mars à verser plusieurs centaines de millions de dollars à Energy Transfer pour avoir participé à des manifestations en 2017 contre ce pipeline traversant le nord des États-Unis.
- Les deux astronautes américains coincé·es dans l’ISS depuis 9 mois ont quitté la station (liberation.fr)
Sunita Williams et Barry Wilmore ont embarqué ce mardi 18 mars au petit matin dans le vaisseau Crew Dragon de l’entreprise SpaceX d’Elon Musk, qui s’est détaché du laboratoire orbital. Elle et il doivent regagner la Terre dans la soirée.
- Incendies, cyclones… Un nombre record d’exilés climatiques en 2024 (reporterre.net)
L’histoire de la semaine
- Man Installed “Kill Switch” So That If He Was Ever Fired, All Hell Would Break Loose (futurism.com)
Last week, a Texas-based software developer by the name of Davis Lu was found guilty by a federal jury for maliciously disrupting servers at Eaton Corp, a huge power management firm headquartered in Dublin, Ireland.
Spécial IA
- Amid Job Cuts, DOGE Accelerates Rollout of AI Tool to Automate Government Tasks (pcmag.com) – voir aussi AI can’t do your job (pluralistic.net)
- Elon Musk et DOGE : Votez Grok (arretsurimages.net)
Les logiciels ne remplaceront jamais les êtres humains, et ceux qui défendent leur déploiement le savent. Tout ce que les fossoyeurs de la démocratie attendent de l’outil technique, c’est qu’il soit perçu comme un concurrent plausible du fonctionnaire le temps du remplacement de la bureaucratie par l’infrastructure […] Si j’écris jusqu’ici “IA” entre guillemets, c’est parce que “l’IA” en tant qu’outil technique n’existe pas. L’IA n’est pas un outil technique, c’est une idéologie
- AI Is Not Unavoidable. Not This AI, That’s for Sure (fossforce.com)
Current AI is a perfect smoke screen to mess with democracy and freedom. More exactly, current AI is great for “manufacturing excuses and replacing politics, automating not paperwork but democratic decision-making… If you want a labor force, a regulatory bureaucracy, or accountability to disappear, you simply say, ‘AI can do it.’”
- AI Slop Is a Brute Force Attack on the Algorithms That Control Reality (404media.co)
Generative AI spammers are brute forcing the internet, and it is working. […] The best way to think of the slop and spam that generative AI enables is as a brute force attack on the algorithms that control the internet and which govern how a large segment of the public interprets the nature of reality. It is not just that people making AI slop are spamming the internet, it’s that the intended “audience” of AI slop is social media and search algorithms, not human beings.
- AI crawlers haven’t learned to play nice with websites (theregister.com)
- AI bots are destroying OpenAccess (go-to-hellman.blogspot.com)
- FOSS infrastructure is under attack by AI companies (thelibre.news)
LLM scrapers are taking down FOSS projects’ infrastructure, and it’s getting worse. (theregister.com) SourceHut says it’s getting DDoSed by LLM bots
- Cloudflare turns AI against itself with endless maze of irrelevant facts (arstechnica.com)
On Wednesday, web infrastructure provider Cloudflare announced a new feature called “AI Labyrinth” that aims to combat unauthorized AI data scraping by serving fake AI-generated content to bots. The tool will attempt to thwart AI companies that crawl websites without permission to collect training data for large language models that power AI assistants like ChatGPT.
- Quand les IA font des rapprochements trompeurs (theconversation.com)
Qu’elles soient génératives ou non, les IA ayant appris des corrélations fallacieuses exposent leurs utilisateurs à des biais plus ou moins importants. Si les corrélations fallacieuses peuvent apparaître amusantes de par leur absurdité, elles peuvent également être source de discriminations.
- People are using Google’s new AI model to remove watermarks from images (techcrunch.com)
- Farewell Photoshop ? Google’s new AI lets you edit images by asking. (arstechnica.com)
- Gemini gets new coding and writing tools, plus AI-generated “podcasts” (arstechnica.com)
- Le journal italien « Il Foglio » confie la rédaction de ses articles à l’IA pendant un mois (liberation.fr)
- AI running out of juice despite Microsoft’s hard squeezing (theregister.com)
Biz leaders still dream of obedient agents replacing workers. In the actual workplace, they’re going AWOL
- Microsoft augmente ses prix pour déplacer les coûts de l’IA générative sur les utilisateurices (theconversation.com)
- The Unbelievable Scale of AI’s Pirated-Books Problem (theatlantic.com)
- Majority of AI Researchers Say Tech Industry Is Pouring Billions Into a Dead End (futurism.com)
Asked whether “scaling up” current AI approaches could lead to achieving artificial general intelligence (AGI), or a general purpose AI that matches or surpasses human cognition, an overwhelming 76 percent of respondents said it was “unlikely” or “very unlikely” to succeed.
- Shift Project : la trajectoire du numérique est « insoutenable », d’autant plus avec l’IA (next.ink)
- The Environment Can’t Afford AI (open.substack.com)
Spécial Palestine et Israël
- La guerre israélienne a réduit à néant l’agriculture et l’élevage de Gaza (chroniquepalestine.com)
- Israël lance une « opération terrestre » à Gaza et menace de prendre « des mesures d’une envergure jamais vue » (liberation.fr)
L’État hébreu a continué ce mercredi 19 mars de bombarder Gaza, en dépit du cessez-le-feu et des critiques de la communauté internationale. Tsahal a par ailleurs « pris le contrôle » du couloir de Netzarim, dans le centre de l’enclave.
- L’ONU « choquée », la Turquie évoque une « politique génocidaire »… La communauté internationale s’inquiète des attaques israéliennes à Gaza (liberation.fr)
Dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 mars, la bande de Gaza a été la cible de bombardements israéliens venus rompre la trêve en vigueur depuis plusieurs semaines. Des attaques condamnées à l’international, sauf par les États-Unis.
- Gaza, le test décisif de la liberté de presse (pivot.quebec)
Malgré une pétition, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec refuse de dénoncer les violations de la liberté de la presse par Israël.
- Gaza : plus de 470 mort·es palestinien·nes dans les bombardements, Israël lance ses « opérations terrestres ciblées » et interdit la circulation sur le principal axe nord-sud (humanite.fr)
- Mahmoud Khalil, emprisonné aux USA pour avoir soutenu Gaza (amnesty.fr)
L’arrestation et la détention d’un ancien étudiant de l’université Columbia, qui avait manifesté en faveur de la population palestinienne à Gaza, créent un dangereux précédent pour la liberté d’expression aux États-Unis.
- Benjamin Netanyahu vient en aide à Elon Musk, Tesla devrait bientôt équiper les hauts fonctionnaires israéliens (auto-moto.com)
- Israël. La start-up nation au service de la guerre et de l’occupation (orientxxi.info)
Les start-up, souvent présentées comme un symbole de la modernité d’Israël, sont en réalité une partie intégrante du complexe militaire de ce pays. Une troisième enquête montre comment le géant américain Microsoft est partie prenante de cette stratégie de mort visant les Palestiniens. […] Dès que Lavender désigne un individu comme étant un militant du Hamas, ce repérage fait office d’ordre d’exécution, sans que soient vérifiées les données qui ont conduit la machine à cette conclusion. En faisant abstraction de leur rang ou de leur grade, l’IA a sélectionné 37 000 Palestiniens selon le principe des « traits » communs aux membres du Hamas et du Djihad islamique, l’armée assumant le risque que cette similarité l’induise en erreur et que le programme désigne des policiers, des membres de la défense civile, des parents de militants, des homonymes comme cibles potentielles. C’est exactement ce qui est arrivé. Lavender a donc joué un rôle déterminant dans l’usage intensif des bombardements, en particulier pendant les premières phases de la guerre durant lesquelles les officiers, couverts par leur hiérarchie, n’ont pas été tenus de vérifier les critères de choix de la machine (bien qu’elle se trompe dans 10 % des cas), s’assurant seulement que la cible était un homme puisque le Hamas et le Djihad islamique n’ont pas recours à des combattantes. Un fonctionnement qui a conduit l’armée israélienne à tuer quelques 15 000 Palestiniens au cours des six premières semaines de son intervention à Gaza. Ce carnage s’est interrompu non pas pour des raisons morales, mais par peur de manquer de bombes. Une crainte infondée puisque l’aide américaine s’est poursuivie sans interruption.
Spécial femmes dans le monde
- Mexico Recognizes Palestine : A Historic Gesture of Solidarity (pressenza.com)
In a significant diplomatic move, Mexico’s President Claudia Sheinbaum has officially recognized Palestine as a state, marking a historic moment in international relations. Sheinbaum, who enjoys an 80 % approval rating, reaffirmed her commitment to Palestinian human rights as she welcomed the Palestinian Authority’s ambassador to Mexico, Nadya Rasheed.
- Belarus forces accused of raping women fleeing to Poland (euobserver.com)
Testimonies are emerging of sexual violence against women and girls attempting to enter Poland from Belarus, in a wider report on illegal pushbacks of prospective asylum seekers.
- Aux États-Unis, les existences trans et non-binaires en danger vital (basta.media)
- Vivian Jenna Wilson on Being Elon Musk’s Estranged Daughter, Protecting Trans Youth and Taking on the Right Online (teenvogue.com) – voir aussi Vivian Jenna Wilson, fille d’Elon Musk : « C’est un gros bébé pathétique, pourquoi devrais-je avoir peur de lui ? » (liberation.fr)
RIP
- Émilie Dequenne, de “Rosetta” à “La Consolation” : où revoir ses rôles les plus marquants ? (telerama.fr)
L’actrice belge est morte ce dimanche 16 mars, emportée, à 43 ans, par un cancer.
Spécial France
- L’Algérie rejette une liste de ses ressortissants à expulser soumise par la France et dénonce la démarche (lemonde.fr) – voir aussi Benjamin Stora : « Cette crise franco-algérienne est instrumentalisée à des fins de politique intérieure » (humanite.fr)
- La CGT claque la porte du conclave sur les retraites, qui reste-t-il autour de la table ? (huffingtonpost.fr)
Le conclave initié par François Bayrou prend l’eau depuis son refus à un retour à la retraite à 62 ans. Trois organisations sur huit ont déjà quitté les négociations.
- Panne et messageries chiffrées : une nuit agitée pour l’Assemblée sur le narcotrafic (liberation.fr)
Une rarissime panne technique a empêché de comptabiliser les votes des députés jeudi soir dans l’hémicycle. Les élus ont finalement voté, à l’ancienne, contre la levée de la confidentialité des messageries chiffrées dans la lutte contre les trafiquants de drogue.
Voir aussi Panne informatique à l’Assemblée nationale : quand la démocratie bugue, la voix reprend ses droits (projetarcadie.com)
- “On part avec les opérateurs” : des communes privées d’antennes relais sur fond de guerre des pylônes téléphoniques entre des entreprises concurrentes (francetvinfo.fr)
- Scandale des eaux en bouteille : la commission d’enquête va saisir Gérard Larcher pour parjure, après l’audition de la PDG de Nestlé Waters (publicsenat.fr)
- Nucléaire : une mise en service du premier des six nouveaux réacteurs EPR2 d’ici 2038 au lieu de 2035, affirme l’Élysée (liberation.fr)
À l’issue d’un conseil de politique nucléaire ce lundi autour d’Emmanuel Macron, la présidence de la République a indiqué que le programme EPR2 serait retardé d’au moins trois ans. Le coût de ce programme devrait se situer « sous les 100 milliards d’euros » selon le ministre de l’Énergie.
- Polémique après la nomination de Dominique Voynet au sein d’un comité sur le nucléaire (leparisien.fr)
L’ancienne ministre de l’Environnement, fervente opposante autoproclamée à l’atome, a été nommée par Yaël Braun-Pivet au sein du Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire.
- Périphérique : une nouvelle étude confirme les effets positifs des transformations (paris.fr)
L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) a une nouvelle fois analysé les effets de la baisse de la vitesse sur le périphérique, cinq mois après sa mise en place. Et tous les voyants sont au vert : bruit, embouteillages, pollution et accidents.
- Les laboratoires français Cerballiance ont été victimes d’une cyberattaque : voici les données qui ont fuité (clubic.com)
- Notre-Dame-de-Bétharram subit une inspection pour la première fois depuis trente ans (liberation.fr)
- “On a ouvert la boîte de Pandore” : après Bétharram, des accusations visent l’institution Saint-Dominique de Neuilly (francebleu.fr)
D’anciens élèves de l’Institution Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine ont ouvert un groupe Facebook suite aux révélations dans l’affaire Bétharram. Il a permis de recueillir une vingtaine de témoignages à l’encontre de plusieurs anciens professeurs et surveillants. […] “On a été extrêmement choqué·es. On a eu l’impression d’ouvrir une boîte de Pandore parce qu’en moins de dix jours, on a eu des témoignages sur sept personnes accusées de faits très graves, de violences physiques, de violences psychologiques, de violences sexuelles”
- Sévices à l’établissement catholique Notre-Dame-de-Garaison : « Mon témoignage est politique » (liberation.fr)
Violenté enfant dans l’établissement catholique digne d’un « Bétharram bis », Renaud Serraz veut briser, pour lui et tous les autres, le « douloureux silence » dans lequel l’a enfermé le déni familial et collectif.
- “Una disgrazia di più”, “insupportable drame”, “toute la Corse paye le prix du sang”, vague de réactions après l’assassinat de Pierre Alessandri (france3-regions.francetvinfo.fr)
- L’association à l’origine des alertes aux pollens met la clé sous la porte (ouest-france.fr)
Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a envoyé ce vendredi 21 mars son dernier bulletin. Alerté sur des problèmes de gestion, le gouvernement n’a pas versé sa subvention fin 2024. Dans l’attente d’une décision du tribunal de commerce de Lyon le 26 mars, l’association risque la liquidation.
- Deux ans et demi après les incendies en Gironde, les derniers panaches de fumée ont enfin disparu (liberation.fr)
Ce jeudi 19 mars, le quotidien « Sud Ouest » rapporte que tous les points chauds de l’incendie de Landiras sont désormais éteints. Sur le dernier site encore actif, la combustion souterraine a été stoppée grâce à une opération d’envergure.
- Météo-France décrit une France à +4 °C apocalyptique (reporterre.net)
Spécial femmes en France
- Épigénétique, inactivation du chromosome X et santé des femmes : conversation avec Edith Heard (theconversation.com)
Edith Heard est biologiste et directrice générale de l’European Molecular Biology Laboratory (EMBL). Elle a reçu la médaille d’or du CNRS en 2024 pour ses travaux sur l’épigénétique et l’inactivation du chromosome X.
- Cinq ans après le début du Covid : infirmières et aides-soignantes toujours déconsidérées (basta.media)
- Femmes discriminées : « Le principe d’un salaire égal pour un travail égal n’est pas appliqué » (basta.media)
- Le Centre-Val de Loire devient la deuxième région à proposer un congé menstruel à ses 2 200 fonctionnaires (liberation.fr)
Après la Nouvelle-Aquitaine, une deuxième collectivité régionale autorise, depuis janvier, ses agentes qui souffrent de menstruations douloureuses à s’absenter de leur travail, sans retrait de salaire, maximum treize jours par an.
- IVG : le Sénat vote une loi réhabilitant les femmes condamnées pour avoir avorté avant la dépénalisation (liberation.fr)
Le texte visant à faire reconnaître à l’Etat les « souffrances » des femmes condamnées a été adopté à l’unanimité par les sénateurs ce jeudi 20 mars, en première lecture.
- Port du voile dans le sport : n’arborer « aucun signe religieux ostentatoire » dans les compétitions est la « seule ligne du gouvernement », assure Aurore Bergé (lemonde.fr)
- Un homme avoue avoir drogué et violé une quinzaine de femmes près de Montpellier (liberation.fr)
Un paysagiste de 34 ans est mis en examen après avoir reconnu quinze agressions sexuelles avec soumission chimique. Trois plaintes avaient été enregistrées, la gendarmerie cherche d’autres victimes.
- Joël Le Scouarnec reconnaît la totalité de ses abus sexuels sur 299 victimes (huffingtonpost.fr)
Devant la cour criminelle du Morbihan, l’ex chirurgien a même évoqué un viol, disant « accepter les conséquences judiciaires », a précisé son avocat à « Ici Breizh Izel ».
- Procès Pelicot : “Pour les familles des condamnés, la honte fait partie du quotidien” (courrierinternational.com)
- Viols de Mazan : Gisèle Pelicot va publier ses mémoires, « avec ses propres mots », en janvier 2026 (liberation.fr)
La septuagénaire sortira dans quelques mois un livre dont le titre provisoire est « Un hymne à la vie », annonce-t-elle au « Guardian » ce jeudi 20 mars. L’ouvrage sera publié dans 21 langues.
Spécial médias et pouvoir
- Comment le groupe Bolloré réduit ses anciens journalistes au silence, révèle Reporters sans frontières (telerama.fr)
- Nathalie Saint-Cricq nommée temporairement directrice de la rédaction nationale de France Télévisions (liberation.fr)
- Jean-Marc Morandini condamné à deux ans de prison avec sursis en appel pour corruption de mineurs (liberation.fr)
L’animateur de la chaîne CNews qui avait été condamné en première instance à un an de prison avec sursis, voit sa peine s’alourdir. Il doit aussi payer une amende de 20 000 euros pour des faits commis sur trois adolescents entre 2009 et 2016.
- Affiche de Cyril Hanouna : LFI condamnée pour atteinte au « droit à l’image » (liberation.fr)
- Le « Figaro Magazine » fait sa une sur le « Belgiquistan » « woke » et « islamisé » (huffingtonpost.fr)
Le dossier de l’hebdomadaire français sur une Belgique supposément aux mains de l’extrême gauche et des islamistes est loin d’avoir fait l’unanimité dans le pays.
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- « Non » à la retraite à 62 ans : Eric Lombard contredit François Bayrou et assure que « c’est aux partenaires sociaux de décider » (liberation.fr)
Quelques heures après l’annonce du Premier ministre sur France Inter ce dimanche 16 mars, son ministre de l’Economie a assuré que le dernier mot sur l’âge de départ à la retraite reviendra aux partenaires sociaux.
- Le droit du travail est-il devenu une machine à licencier ? (alternatives-economiques.fr)
Confrontées à des difficultés économiques, les entreprises multiplient les plans sociaux. Mais certaines n’hésitent également plus à se séparer directement de leurs salariés tant la législation leur a facilité la tâche.
- “Irréaliste, dangereux et inefficace” : l’ex-boss de l’ANSSI détruit l’article sur les backdoors du projet de loi Narcotrafic (clubic.com)
L’ancien directeur de l’ANSSI, Guillaume Poupard, a fermement dénoncé la tentative du gouvernement d’imposer des backdoors dans les messageries chiffrées. Il y voit une approche inefficace et risquée pour la sécurité numérique française.
Voir aussi Le gouvernement prêt à tout pour casser le droit au chiffrement (laquadrature.net) et Loi narcotrafic : Bruno Retailleau échoue à faire écouter les messageries chiffrées (humanite.fr)
- En signant avec Microsoft, l’Éducation nationale piétine souveraineté et autonomie numérique (zdnet.fr)
Alors que les appels politiques à la défense de la souveraineté technologique se multiplient, le ministère signe un énorme contrat avec Microsoft. Montant de l’accord : de 74 à 152 millions d’euros.
Voir aussi Microsoft aime toujours l’Éducation nationale (cafepedagogique.net) et Souveraineté numérique : fronde contre l’Éducation nationale qui attribue un “gros” contrat à Microsoft (silicon.fr)
Hexatrust, l’association professionnelle des acteurs français et européens de la cybersécurité et du cloud de confiance, pousse un coup de gueule contre le ministère de l’Éducation nationale qui vient d’attribuer un marché public de 74 millions € à Microsoft. De son côté, le député Philippe Latombe demande son annulation.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- Prolongement de la VSA : la petite danse autoritaire du gouvernement (laquadrature.net)
Voir aussi Gestion des foules, enquêtes policières : la vidéosurveillance algorithmique s’implante-t-elle durablement en France ? (theconversation.com)Le gouvernement avait lancé une expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans la perspective des Jeux olympiques de Paris. L’Exécutif souhaite désormais prolonger l’expérimentation jusqu’en 2027, ce que l’Assemblée nationale a définitivement voté, ce mardi 18 mars.
- Loi « simplification » : un déni de démocratie pour mieux imposer les data centers (laquadrature.net)
À son article 15, ce projet de loi « simplification » (ou PLS) prévoit d’accélérer la construction d’immenses data centers sur le territoire français, en permettant à l’État de les imposer aux territoires concernés et en multipliant les dérogations au droit de l’urbanisme, de l’environnement ou au principe de participation du public.
- Sénat : la droite, au soutien de Retailleau, présente deux propositions de loi sur l’immigration (liberation.fr)
Les textes, présentés ce mardi 18 mars, proposent notamment d’augmenter la durée de rétention pour les étrangers dangereux et de conditionner les prestations sociales à une durée de résidence. La gauche dénonce une « retaillisation du Sénat ».
- Gérald Darmanin appelle dans une circulaire à repérer les détenus étrangers expulsables (lemonde.fr)
- Voile dans le sport : François Bayrou recadre les ministres opposés à l’interdiction (liberation.fr)
Le Premier ministre a convoqué et recadré ce mardi 18 mars cinq ministres opposés à « la ligne » du gouvernement : celle d’interdire le port de signes religieux dans l’ensemble des compétitions sportives. Gérald Darmanin avait mis sa démission dans la balance.
- Une suspension de 30 % à 100 % du RSA en cas de sanction : la précarisation débridée des privé·es d’emploi (humanite.fr)
Le gouvernement a détaillé auprès des conseils départementaux les grandes lignes de sa réforme du RSA dans une lettre […] jeudi 20 mars. Selon cette dernière, les allocataires qui ne peuvent pas justifier une quinzaine d’heures d’activité hebdomadaire verront leur allocation être suspendue de 30 à 100 %, et ce, pendant plusieurs mois.
- “Pas assez handicapée pour eux” : amputée et cardiaque, son allocation est supprimée (francebleu.fr)
- Gaîté lyrique : la police lance une évacuation brutale des jeunes migrant·es (liberation.fr)
Ce mardi 18 mars au petit matin, les forces de l’ordre ont encerclé la salle de spectacle parisienne occupée depuis trois mois par environ 500 exilé·es. Des dizaines de manifestant·es sont présent·es et nassé·es.
Voir aussi Évacuation de la Gaîté Lyrique (lundi.am) « La merde ambiante se propage »
- Dans les quartiers populaires, le « monde d’après » est pire que celui d’avant (reporterre.net)
Confinés, verbalisés, endeuillés : en Seine-Saint-Denis, la pandémie de Covid-19 a laissé des cicatrices.« C’était la chasse aux gamins. Ils couraient dans les escaliers, les flics leur tombaient dessus. À chaque étage, on frappait aux portes : “Ouvrez ! Ils sont où ?” »« Les jeunes étaient coincés chez eux à huit ou neuf. Comment respirer ? Mais dehors, c’était l’amende assurée. »
- À Paris, trois policiers condamnés pour des violences hors-service devant le pub Saint-Michel (liberation.fr)
En mai 2024, au petit matin, en plein cœur de la capitale, trois fonctionnaires frappent violemment trois hommes d’origine maghrébine face à l’établissement de nuit. Deux des agents de police n’en sont pas à leur première condamnation de ce type.
- Paris : le journaliste Clément Lanot frappé à la tête par un policier lors de la manifestation contre l’extrême droite (leparisien.fr) – voir aussi Manifestation contre le racisme à Paris : un journaliste témoigne après avoir reçu un coup de matraque d’un policier (huffingtonpost.fr)
Le journaliste indépendant Clément Lanot affirme qu’il était « clairement identifiable » et portait un casque.
- France : 100 000 personnes manifestent contre le racisme (secoursrouge.org)
Des journalistes frappés. Des personnes âgées plaquées au sol. Des manifestants agressés alors qu’ils brandissaient des drapeaux antifascistes, une banderole mentionnant « Tant qu’il le faudra » arrachée en tête de cortège. Voici la réaction de la police lors d’une marche nationale contre le racisme et l’extrême droite ce samedi 22 mars à Paris.
- L’assassinat de Djamel Bendjaballah, ce crime raciste que l’État refuse de voir (huffingtonpost.fr)
Sept mois après la mort de Djamel Bendjaballah tué près de Dunkerque, ses proches et des élus écologistes appellent à reconnaître le mobile raciste de l’acte.
La mauvaise conduite de la semaine
- Paris : 13 blessés dont 10 policiers après un refus d’obtempérer (liberation.fr)
on voit le véhicule des mis en cause percuter le feu rouge, avant d’être à son tour heurté par une voiture de police qui le suivait. Une deuxième voiture de police suivant juste après s’encastre à son tour dans la première voiture de police. Un peu plus tard, une troisième voiture de police vient percuter les deux premières.
- La vidéo associée (tube.fdn.fr)
Spécial résistances
- « Jamais l’art ne pourra servir d’alibi à des matraquages et à des expulsions de mineur·es » (politis.fr)
Plus de 400 personnalités du monde de la culture dénoncent la violente expulsion de la Gaîté lyrique qui a eu lieu le mardi 18 mars 2025. Depuis le 10 décembre, 460 mineur·es isolé·es occupaient ce théâtre emblématique de la capitale.
- Pour les victimes de Gérard Depardieu : une riposte féministe le 24 mars devant le tribunal judiciaire de Paris (humanite.fr)
Nous, militantes féministes, dont Anna Toumazoff, Rose Lamy, Blanche Sabbah, avec le soutien des associations la Fondation des femmes, trois comités locaux de #NousToutes, le collectif Le Bruit Qui Court et la Brigade d’action féministe, appelons à nous réunir le 24 mars devant le tribunal judiciaire de Paris à 12 h 00.
- Discriminations en entreprise : huit organisations syndicales lancent une campagne unitaire contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie au travail (humanite.fr)
- Polytechnique et ministère de l’Éducation Nationale : le CNLL exige l’arrêt immédiat des migrations vers Microsoft 365 (cnll.fr)
Spécial outils de résistance
- Résister à l’extrême droitisation du débat public (acrimed.org)
- « Grand remplacement », insécurité, immigration et Islam : 4 intox de l’extrême droite débunkées (humanite.fr)
- Saboter, faire la fête, surgir… 16 actions pour désarmer le fascisme (reporterre.net)
Spécial GAFAM et cie
- “Careless people” : le livre qui fait trembler Meta et (Mark Zuckerberg) (lesinrocks.com)
Sarah Wynn-Williams dénonce avec le plus de virulence les pratiques sans foi ni loi de Mark Zuckerberg : elle l’accuse d’avoir facilité, au Myanmar, la diffusion de messages de haine de la part de la junte et la planification de violences sexuelles et de tueries de masse à l’encontre de la minorité musulmane.
- Polytechnique cède aux sirènes du cloud de Microsoft (lalettre.fr)
La directrice générale de Polytechnique, Laura Chaubard, a acté en toute discrétion une migration des données de la prestigieuse école d’ingénieurs vers l’offre Microsoft 365. La bascule suscite les critiques de chercheurs, qui s’inquiètent de voir la confidentialité de leurs données menacée par les lois extraterritoriales américaines.
Voir aussi L’école Polytechnique veut migrer sur Microsoft 365 et déclenche un tollé (next.ink)
Les autres lectures de la semaine
- Les amish, un rôle plus important qu’on le croit dans la dernière élection présidentielle aux États-Unis (theconversation.com)
Si les amish sont numériquement peu importants aux États-Unis, leur image, celle d’une communauté profondément attachée aux « valeurs traditionnelles », fait d’eux un enjeu électoral important. Durant la dernière campagne présidentielle, le soutien d’une partie significative d’entre eux à Donald Trump a sans doute eu une influence importante
- DOGE is going global. It needs to be stopped (disconnect.blog)
The extreme right is organizing for a new austerity campaign modeled on Elon Musk’s destructive efforts
- Why Fighting Back Against Trump Is the Only Option (theintercept.com)
If there’s any lesson so far in Trump’s second term, it’s that playing nice isn’t just bad optics — it’s a losing strategy.
- « Le pouvoir en place montre sa volonté de faire disparaître des pans entiers de savoirs » (basta.media)
- Lettre de Mahmoud Khalil, prisonnier politique palestinien en Louisiane (contretemps.eu)
Le pouvoir trumpiste a jeté en prison Mahmoud Khalil, militant palestinien et figure du mouvement étudiant de solidarité avec Gaza aux États-Unis. Dans cette lettre, dictée depuis sa prison dans l’État de Louisiane, celui-ci revient sur les conditions et la signification politique de son arrestation arbitraire
- But how to get to that European cloud ? (berthub.eu)
The very short version : It has now become clear that European governments can no longer rely on American clouds, and that we lack good and comprehensive alternatives. Market forces have failed to deliver a truly European cloud, and businesses won’t naturally buy as yet unproven cloud services, even when adorned with a beautiful European flag, so for now nothing will happen. This means it’s time for industrial policy, which requires politics to be proficient in “industry.” Such proficiency is the only way to develop policies and plans that don’t go off the rails (which, unfortunately, can happen in many ways).
- Why We Need “Shortwave 2.0” (radioworld.com)
international broadcasters should not close any more shortwave transmitting sites. They are essential facilities to relay information when the internet is blocked, which will happen in more places, more frequently and more thoroughly.
- Open Source Software : The $9 Trillion Resource Companies Take for Granted (library.hbs.edu)
- L’Hécatombe Capitaliste de l’Excellisation dans la Recherche et l’Enseignement Supérieur (aoc.media)
- Inférences : comment les outils nous voient-ils ? (danslesalgorithmes.net)
- Le document secret qui a bouleversé le contrôle du nucléaire français (mcinformactions.net)
- La tragédie de l’adaptation (lundi.am)
« Se préparer au pire devient le discours officiel »
- Pétromasculinité : Quand la crise climatique et l’autoritarisme se nourrissent l’une de l’autre (revuepolitique.be)
- Jeanne Guien : « Se libérer de la consommation est une bataille féministe » (reporterre.net)
- Passive Voice Considered Harmful · Refactoring English (refactoringenglish.com)
- « Iels notaient absolument tout » : en Irak, des traces de bureaucratie vieilles de 4 000 ans dépoussiérées (liberation.fr)
Des centaines de tablettes administratives de l’empire d’Akkad, fondé en Mésopotamie vers 2330 av. J.-C., ont été déterrées en Irak, offrant un rare aperçu de la bureaucratie à l’époque antique.
- À quand remonte la consommation régulière de viande ? Les dents fossilisées apportent des réponses (theconversation.com)
- Transmission, influence des migrations ou des générations… Ce que le chant des mésanges nous apprend sur l’évolution de la culture dans le monde animal (humanite.fr)
loin d’être identique au fil des millénaires, le chant des oiseaux serait en perpétuelle évolution culturelle au gré des migrations aviaires
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Angoisse
- Étrangers
- Voile
- Gymnase
- Bistrot
- Complices
- Genocide
- Silencer
- Consignes
- Gaslighters
- Device
- Training
- MAGA
- Masques
- Empathy
- Tesla
- Crazy
- Violence
- Minorités
- Trade Unions
- Morning
- Obscene
- Geeks
Les vidéos/podcasts de la semaine
- L’Europe au pied du mur (radiofrance.fr – podcast en trois épisodes)
- À propos de la nouvelle enseigne des Marchands de Presse (tube.fdn.fr)
- Violences policières le 22 mars (video.blast-info.fr)
- Viril : la masculinité mise à mâle (arte.tv)
- Welcome to Hell (tube.fdn.fr)
Les trucs chouettes de la semaine
- 52 bonnes nouvelles – récolte du jeudi 20 mars (lescerisesdehiatus.blogspot.com)
- Un site web avec une vidéo live de l’espace devant une porte, et un bouton pour que les internautes puissent ouvrir la porte quand un poisson est devant (visdeurbel.nl)
- Sur l’île d’El Hierro, le savant qui récolte l’eau des nuages (politis.fr)
Sur l’île d’El Hierro, aux larges des Canaries espagnoles, en proie à une pénurie d’eau, un biologiste polonais tente de produire des fruits sans apport d’eau autres que la pluie et le brouillard, en se fondant sur la recherche scientifique.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
23.03.2025 à 09:00
Y aura-t-il une alternative au technofascisme ?
Framasoft
Texte intégral (3824 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 08 novembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Dans « Les prophètes de l’IA », le journaliste Thibault Prévost nous explique que le futur est désormais un programme idéologique et politique, celui des grands acteurs de la Tech. Leur objectif : faire perdurer la religion, le capitalisme et le colonialisme en les rendant fonctionnels. La méthode que met en œuvre cette petite élite de technomilliardaires consiste à prendre le pouvoir par la technologie, non pas pour sauver le monde, mais uniquement pour se sauver eux-mêmes. La perspective technofasciste est un récit éminemment séducteur… mais sans horizon, puisque cette élite ne propose ni d’améliorer notre futur ni d’en partager les fruits. Seulement de renforcer leur pouvoir.
Le livre du journaliste Thibault Prévost, Les prophètes de l’IA (Lux éditeur, 2024), a une grande vertu : nettoyer notre regard de ce qui l’embrume.
Il permet d’abord de comprendre que la technologie ne mobilise pas tant des imaginaires, comme on l’entend trop souvent, mais bien des idéologies. Imaginaire, le terme fait référence à quelque chose qui n’existerait que dans l’imagination, qui serait sans réalité, comme dévitalisé, sans effet autre que sûr le rêve et l’irréel. Rien ne me semble moins vrai. Ce que nous sommes capables de composer dans nos esprits à une puissance d’évocation sans précédent, qui mobilise et galvanise les énergies et façonne le réel. Le terme d’imaginaire dépolitise ce que nos esprits façonnent, quand les récits que nous brodons et partageons construisent d’abord des ralliements, des adhésions ou leur exact inverse, des rejets, des défections, des oppositions. Ce que nous imaginons ne flotte pas dans l’éther, bien au contraire. Nos imaginaires reflètent tout le temps des idées et conduisent nos agissements, décrivent des façons de voir le monde, de le régir, de le gouverner. Imaginaire : le terme ne vise qu’à dépolitiser ce qui est à l’œuvre dans la mise en représentation du monde, à savoir dévitaliser les luttes idéologiques par des récits neutralisés qui ont pour but de les rendre plus séduisants, plus accrocheurs, plus malléables, plus appropriables, plus diffusables. Mais derrière le storytelling, les récits que l’on construit sur l’IA, les discours que l’on porte sur la technologie, il n’est question de rien d’autre que d’une lutte idéologique.
A mesure que la technologie a pris une place prépondérante dans nos sociétés, le discours qui la porte s’est chargé de promesses, de prophéties, de mythes, de prédictions qui se sédimentent en idées politiques qui annoncent, au choix, la fin du monde ou le retour des Lumières. L’un comme l’autre d’ailleurs n’ont qu’un objectif : nous éloigner de la réalité et nous faire adhérer à leur promesse. À savoir qu’il n’y a pas d’alternative au futur que propose la technologie. Qu’il soit rose ou sombre, c’est la technologie qui le façonne, c’est l’élite technologique qui le construit. Le futur est devenu une religion.
Prévost rappelle trop rapidement la longue histoire de l’avènement des religions technologiques, schismes du rêve transhumaniste, pour se concentrer surtout sur les courants et les figures les plus récents. Ce qui l’intéresse, c’est de regarder les habits les plus neufs du transhumanisme, cette consécration de la science et de la technologie, qui promet d’améliorer la condition humaine. Qui souhaite rendre la religion, le capitalisme et le colonialisme fonctionnels, effectifs, comme pour les faire perdurer à jamais. Ces courants qui déifient les sciences de l’ingénierie ne proposent pas qu’une transcendance, c’est-à-dire un dépassement de l’homme par la technique, mais bien l’avènement d’une technocratie toute puissante. L’essai, qui se présente sous forme d’un catalogue des idées du secteur, devient vite épuisant à lire, tant ces délires mis bout à bout se concatènent dans leur logique rance, qui ne produit rien d’autre qu’un total mépris pour la société comme pour les individus qui la composent.
Un monde de… tarés
Le livre de Thibault Prévost a une autre vertu. Il nous montre que les grands ingénieurs, les grands investisseurs, les grands entrepreneurs et les grands penseurs de l’IA sont tous complètement… tarés ! Excusez du peu ! Les récits de dépassement, de conquête, de croisade, de puissance ou d’IApocalypse qu’ils nous vendent forment un ramassis de technodélires qui n’ont rien de sérieux ou de rationnel, malgré le fait qu’ils se présentent ainsi. Ces délires sur l’intelligence artificielle générale, sur la transcendance par la machine comme sur l’effondrement, nous abreuvent d’idéologies hors-sol, sectaires, fanatiques et vides pour mieux invisibiliser leur autoritarisme et leur cupidité débridée (à l’image de celle qu’exprimait Mustafa Syleyman dans son livre particulièrement confus, La déferlante). Tous les grands gourous de la tech que Prévost évoque dans son livre (et il n’y a pas que Musk) semblent d’abord et avant tout des individus totalement perchés et parfaitement lunaires. Ils sont tous profondément eugénistes, comme le répète le chercheur Olivier Alexandre (voir aussi dans nos pages). Ils sont obsédés par le QI et la race. Ils ont à peu près tous tenu à un moment ou à un autre des propos racistes. Ils sont tous profondément opposés à la démocratie. Ils partagent tous des discours autoritaires. Derrière leurs récits, aussi barrés les uns que les autres, tous n’oeuvrent qu’à leur propre puissance. A peu près tous partagent l’idée que ceux qui ne croient pas en leurs délires sont des parasites. Leur délire élitiste, eugéniste et cupide a de quoi inquiéter. Le futur qu’ils nous vendent n’a rien d’un paradis, puisqu’il ne remet en rien en cause des privilèges qui sont les leurs, bien au contraire. Tous nient les biens communs. Tous veulent détruire la régulation, à moins qu’ils en soient en maîtres. Ils nous exhortent à penser un futur si lointain qu’il permet de ne plus être fixé dans un cadre politique normé, ce qui permet de totalement le dépolitiser. Tous cachent les enjeux politiques qu’ils défendent sous des questions qui ne seraient plus que technologiques. Remplacer le discours politique par un discours technique permet d’abord de déplacer son caractère politique, comme pour l’aseptiser, l’invisibiliser.
A le lire, Prévost nous donne l’impression de nous plonger dans les disputes sectaires, rances et creuses… qui anônent un « cocktail d’arrogance élitiste et de naïveté qui défend férocement la légitimité morale des inégalités ». Qu’ils se définissent comme altruistes efficaces, longtermistes, doomers, ultralibertariens, extropiens ou rationalistes… (tescralistes, comme les ont qualifiés Timnit Gebru et Emile Torres), ils semblent avant tout en voie de fascisation avancée.
L’IA ne va pas sauver le monde, elle vise à sauver leur monde !
L’IA ne va pas sauver le monde. Elle vise à sauver leur monde, celui d’une caste de milliardaires au-dessus des lois qui cherchent à se garder du reste de l’humanité qu’elle abhorre. « L’IA n’est que le paravent technique d’une entreprise tout à fait classique de privatisation et de captation des richesses ». L’IA vise d’abord la préservation du taux de profit.
La Tech a longtemps été Démocrate et pro-démocratie, rappelle le journaliste, mais c’est de moins en moins le cas. La perspective que la Silicon Valley perde de sa puissance, explique en partie son réalignement. Le techno-solutionnisme progressiste qu’ils ont longtemps poussé a fait long feu : la Tech n’a produit aucun progrès social, bien au contraire. Ses solutions n’ont amélioré ni la démocratie, ni l’économie, ni l’égalité, ni l’espérance de vie… surtout quand on les compare aux technologies sociales du XXᵉ siècle comme l’hygiène publique, le développement des services publics ou la justice économique.
Si ces évolutions politiques ont plusieurs origines, l’influence de grandes figures, de financeurs milliardaires, sur le secteur, semble déterminant, à l’image des Marc Andreessen et Peter Thiel, qui ne sont pas tant des évangélistes de la tech, que des évangélistes néolibéraux ultra-conservateurs, qui promeuvent par leurs discours et leurs investissements des projets anti-régulation et autoritaires. Prévost rappelle que la grande caractéristique de cette élite financière est d’être férocement opposée à la démocratie. Ces milliardaires rêvent d’un monde où une poignée d’individus – eux – captent toutes les richesses et tous les pouvoirs. « La tech est un système immunitaire développé par le capitalisme pour lutter contre tout ce qui pourrait le mettre en crise », disait déjà Antoinette Rouvroy. Ces gens sont tous admirateurs de régimes autoritaires. Ils rêvent d’un progrès technique sans démocratie tel qu’ils le font advenir dans les outils qu’ils façonnent et les entreprises qu’ils dirigent.
En compilant toutes ces petites horreurs qu’on a déjà croisées, éparses, dans l’actualité, Prévost nous aide à regarder ce délire pour ce qu’il est. Nous sommes confrontés à « un groupe radicalisé et dangereux », d’autant plus dangereux que leur fortune astronomique leur assure une puissance et une impunité politique sans précédent. Leurs exploits entrepreneuriaux ou financiers ne peuvent suffire pour les absoudre des horreurs qu’ils prônent. Prévost les montre comme ce qu’ils sont, un freak-show, des sortes de monstres de foire, complotistes, fascistes, prêts à rejoindre leurs bunkers et dont le seul rêve est de faire sécession. Le journaliste décrit un monde réactionnaire qui ne craint rien d’autre que son renversement. « Ces patrons méprisent nos corps, nos droits, nos existences ». Leur discours sur les risques existentiels de l’IA permet de masquer les effets déjà bien réels que leurs outils produisent. « L’IA est une métaphore du système politique et économique capitaliste qui menace l’espèce humaine ». Pour sécuriser leur avenir, cette élite rêve d’un technofascisme qu’elle espère mettre en œuvre. Notamment en manipulant les peurs et les paniques morales pour en tirer profit.
Le pire finalement c’est de constater la grande audience que ces pensées rances peuvent obtenir. La réussite fait rêver, la domination fait bander… oubliant qu’il s’agit de la domination et de la réussite d’un petit monde, pas de celui de l’Occident ou de tous les entrepreneurs du monde. En nous répétant que le futur est déjà décidé et qu’ils en sont les maîtres, ils nous intoxiquent. « À force de se faire dire que le futur est déjà plié, que c’est la Silicon Valley qui décide de l’avenir de l’humanité, le public, convaincu qu’il n’a pas son mot à dire sur des enjeux qui le dépassent, remet son destin entre les mains des Google, Microsoft, Meta ou Amazon. » Ce déplacement permet d’orienter la régulation vers des dangers futurs pour mieux laisser tranquille les préjudices existants. Derrière la promotion de leur agenda néolibéral pour maximiser leurs profits aux dépens de l’intérêt général, se profile le risque d’une bascule vers un capitalisme autoritaire qui contamine le monde au-delà d’eux, comme le notait la chercheuse Rachel Griffin. « À l’instar de la Silicon Valley, l’Union européenne semble être en train de mettre à jour son logiciel idéologique vers un capitalisme autoritaire qui privilégie l’économie de la rente et les monopoles à l’économie de marché et la concurrence ». Cette transformation du capitalisme est assurée par la technologie. Les systèmes s’immiscent dans nos institutions, à l’image de leurs LLM que les acteurs publics s’arrachent en permettant aux entreprises de la Silicon Valley « d’étendre leur intermédiation sur un corps social médusé ». Qu’importe si ChatGPT raconte n’importe quoi. Les prophètes de l’IA, ces « bullionaires » (contraction de bullshitters et de millionnaires) eux aussi mentent avec assurance. Derrière leurs délires apparents, un transfert de pouvoir est en cours. Pas seulement une privatisation du futur, mais bien son accaparement par quelques individus qui font tout pour n’avoir de compte à rendre à personne. La fétichisation de l’individu rationnel, tout puissant, du génie solitaire, du milliardaire omnipotent, du grotesque individualiste ne nous conduit à aucune société qu’à son délitement. La métaphore computationnelle qui permet d’affirmer que la seule intelligence est désormais celle de la machine, vise à nous reléguer, à nous transformer en une marchandise dévaluée, puisque nos esprits valent désormais moins que le calcul, tout comme notre force de travail a été dévaluée par l’énergie fossile.
Du grand leurre de l’IA au risque technofasciste
Prévost rappelle que les machines nous trompent. Que l’automatisation est un leurre qui masque les ingénieurs et les travailleurs du clic qui font fonctionner les machines à distance. L’IA générative aussi. Nombre d’utilisateurs de ChatGPT l’abandonnent au bout d’une quarantaine de jours, comme un jouet qu’on finit par mettre de côté. Google SGE produit des fausses informations après plus d’un an de tests. Par essence, la prédiction statistique ne permet pas de produire de résultats fiables. Partout où ils se déploient, ces systèmes se ridiculisent, obligeant à les surveiller sans cesse. Notre avenir sous IA n’est pas soutenable. Il repose sur un pillage sans précédent. Les « cleptomanes de la Valley » ne cessent de nous dire que l’IA doit être illégale pour être rentable. L’IA est une bulle financière qui risque de finir comme le Metavers (que McKinsey évaluait à 5000 milliards de dollars d’ici 2030 !).
« Arrêtons pour de bon de donner du crédit aux entrepreneurs de la tech. Depuis le début de la décennie 2020, le technocapitalisme ne fonctionne plus que par vagues d’hallucinations successives, suivies de (très) brèves périodes de lucidité. La Silicon Valley semble bloquée dans un trip d’acide qui ne redescend pas, et dont l’IA n’est que la plus récente hallucination », rappelle, cinglant, Thibault Prévost, fort des punchlines saisissantes auxquelles il nous a habitués dans ses articles pour Arrêt sur Images.
L’IA n’est que la nouvelle ligne de front de la lutte des classes, où les systèmes d’analyse dégradent les conditions d’existence des plus mal notés, ce lumpenscoretariat. Sa grande force est d’avancer masqué, opaque, invisible à ceux qu’il précarise. Nous n’utilisons pas l’IA, mais nous y sommes déjà assujetties, explique très justement Prévost. Les systèmes de calculs se démultiplient partout. « Aucun d’entre eux n’est fiable, transparent ou interprétable. Nous vivons tous et toutes à la merci de l’erreur de calcul sans recours ».
« Les systèmes d’IA sont le reflet des oligopoles qui les commercialisent : privés, opaques, impénétrables, intouchables, toxiques et dangereux. » L’IA prolonge le continuum des discriminations et de l’injustice sociale et raciale. La faute aux données bien sûr, jamais « à leurs beaux algorithmes neutres et apolitiques ».
« Comme l’idéologie d’extrême droite, l’IA échoue à représenter le monde. Elle ne fonctionne que par archétypes et biais, par catégorisation a priori ». Elle rappelle aux humains la distance qui les sépare de la norme masculine, blanche et riche. L’IA n’est rien d’autre qu’une « prothèse pour le maintien de l’ordre social racial et l’avancée des projets capitalistes impérialistes », comme le dit Yarden Katz dans son livre Artificial Whiteness. Elle n’est rien d’autre que le nouvel auxiliaire du pouvoir. Elle exploite la violence structurelle comme une grammaire et un grand modèle d’affaires. « Si la Silicon Valley essaie de nous vendre l’apocalypse, c’est parce que son projet technique, économique et politique en est une ». Ce que veulent les milliardaires de la tech, c’est la fin du monde social pour imposer le leur.
Avec l’élection de Trump, c’est exactement là où nous sommes. La Silicon Valley a obtenu ce qu’elle voulait, dit Brian Merchant.
Dan McQuillan nous avait mis en garde du risque fasciste de l’IA. Les opportunités politiques sont devenues des prises de risques financières. La victoire de Trump vient d’assurer à Musk et quelques autres la rentabilité de tous leurs investissements. Son rachat de Twitter n’était rien d’autre que l’achat d’une arme qu’il a transformée en site suprémaciste, pour amplifier ses délires, permettant d’attiser la haine en ligne et la traduire en vote et en violence dans le monde physique. Comme l’explique Martine Orange pour Mediapart, l’enjeu, désormais, consiste à éradiquer la régulation et mettre l’ensemble de l’appareil d’État à la disposition de la Tech, c’est-à-dire assurer la mainmise de la Tech sur le pouvoir politique.
Face au technofascisme qui vient, le risque est que nous soyons démunis d’alternatives technologiques et donc idéologiques. Sans récit et réalisations progressistes de la tech, la seule option pour beaucoup ne consistera qu’en une chose : abandonner la technologie et arrêter les machines.
Hubert Guillaud
MAJ du 19/11/2024 : Allez lire également ce très bon entretien avec Thibault Prévost qui explique que l’IA n’est pas qu’un outil de puissance au service des technoprophètes, il est aussi un outil d’asservissement et de déresponsabilisation de la puissance publique.
17.03.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 17 mars 2025
Khrys
Texte intégral (10396 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
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Brave New World
- La fureur de l’Australie après le refus de Donald Trump de l’exempter de droits de douane (huffingtonpost.fr)
Le président américain avait envisagé une exemption de droits de douane sur l’acier et l’aluminium australiens, mais s’est finalement rétracté dans la nuit de mardi à mercredi.
- Former Philippine President Duterte arrested at Manila’s international airport Tuesday on order of the International Criminal Court in connection with a case of crime against humanity filed against him (apnews.com)
- Reconstruction post-Fukushima : le mirage de la résilience (reporterre.net)
Quatorze ans après, le gouvernement japonais veut tourner la page de Fukushima et promouvoir une région innovante. Une « résilience » sans les anciens habitants traumatisés et avec 14 millions de m3 de déchets irradiés à gérer.
- Saudi Arabia Buys Pokémon Go, and Probably All of Your Location Data (404media.co)
- Neom, la ville du futur qui vire au fiasco… sauf pour McKinsey (consultor.fr)
- Internet shutdowns at record high in Africa as access ‘weaponised’ (theguardian.com)
Digital blackouts reached a record high in 2024 in Africa as more governments sought to keep millions of citizens off the internet than in any other period over the last decade.
- Crise politique en Guinée-Bissau : la démocratie ou l’autoritarisme ? (theconversation.com)
- Sudanese war refugees recount Libya horrors (infomigrants.net)
- En Syrie, les Kurdes renoncent au fédéralisme et acceptent d’intégrer le nouvel État (liberation.fr)
Sous l’impulsion des États-Unis et d’autres pays occidentaux, un accord a été trouvé lundi 10 mars par les dirigeants kurdes du nord-est syrien et le président provisoire Ahmed Al-Charaa. Ses modalités restent à préciser mais il éloigne la menace d’affrontements communautaires.« Le texte est suffisamment flou pour que chaque partie puisse l’interpréter comme cela l’arrange »
- Turquie. La dissolution du PKK, une décision historique mais un processus imprécis (orientxxi.info)
Le chef et fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan, Abdullah Öcalan, a appelé depuis sa prison au désarmement et à la dissolution du groupe. Une décision historique qui a eu des répercussions en Syrie et en Irak, mais dont on peine encore à mesurer toutes les conséquences pour les Kurdes en Turquie.
- Après deux guerres et 30 ans de conflit, l’Azerbaïdjan et l’Arménie s’entendent sur un accord de paix (humanite.fr)
L’Azerbaïdjan et l’Arménie ont annoncé, jeudi 13 mars, qu’un « accord de paix » est « prêt à être signé », mettant un terme à trois décennies de conflit entre les deux pays du Caucase. Le sort de la région du Haut-Karabakh, au cœur des tensions, est au centre des dernières négociations, avant qu’une date soit décidée pour la ratification de l’accord.
- Healthcare in Greece : the ongoing ruination of a public service (voxeurop.eu)
Downsizing, outsourcing, budget cuts : Greece’s public healthcare system is reeling from a combination of chronic underfunding and austerity policies. As the quality of care declines and working conditions deteriorate, young doctors are increasingly tempted to leave the country.
- Les plus grandes manifestations de l’histoire de la Grèce ouvrent une nouvelle séquence (contretemps.eu)
Le 28 février dernier, journée de grève générale à l’appel des parents des victimes de la catastrophe ferroviaire de Tempe et de l’ensemble des organisations syndicales et du mouvement social, se sont tenues en Grèce les rassemblements les plus importants de l’histoire du pays.
- En Serbie, plus de 100 000 personnes dans les rues de Belgrade contre la corruption (liberation.fr)
La capitale de la Serbie a été le théâtre ce samedi 15 mars de l’un des plus grands rassemblements des dernières décennies. Depuis des mois, les manifestations pacifiques s’enchaînent pour dénoncer la corruption.
- Les terrains de golf prennent plus de place que les énergies renouvelables (revolution-energetique.com)
Le centre de recherche allemand FZ Jülich vient de publier une étude montrant que dans les 10 pays où il y a le plus de terrains de golf au monde, la superficie de ces derniers dépasse celle des moyens de production d’énergie renouvelable issus de l’éolien et du photovoltaïque.
- Collision en mer du Nord : le capitaine du « Solong » inculpé d’homicide involontaire (liberation.fr)
Le choc a engendré de gigantesques incendies à bord des deux bateaux. Ils étaient en grande partie éteints jeudi soir même si de « petits foyers » étaient toujours signalés sur le pont du Solong […] « il ne semble pas y avoir de pollution » […] Un des réservoirs du Stena Immaculate contenant une partie des 220.000 barils de kérosène a été « brisé »
- In 2019, Iceland Approved the 4-Day Workweek : Nearly 6 Years Later, All Predictions by Generation Z Have Come True (wecb.fm)
In 2019, Iceland made headlines by becoming one of the first countries to officially approve a four-day workweek. But rather than passing a blanket law, the country allowed businesses and employees to negotiate shorter workweeks or reduced hours. Nearly six years later, it’s clear that the predictions made by Generation Z about the benefits of such a model were not only accurate, but they also highlighted its profound impact on both work and life.
- Groenland échaudé par Trump : l’opposition de centre droit remporte les législatives, poussée flagrante des nationalistes (liberation.fr)
Sur fond de déclarations de Trump, convaincu de pouvoir s’emparer « d’une manière ou d’une autre » du territoire autonome danois, le parti Démocrates, favorable à l’indépendance, remporte 29,9 % des suffrages selon les derniers résultats officiels de ce mercredi 12 mars.
- Près de la moitié des Canadiens sont favorables à l’adhésion à l’UE, selon un sondage (euractiv.fr)
- Canada has ‘nuclear weapon’ in trade war (byteseu.com)
Some Canucks are proposing the most drastic measure yet in the trade war with Uncle Sam – blocking US access to Canadian-owned Pornhub.
- À la Maison-Blanche, les pro-Trump squattent le premier rang des conférences de presse (telerama.fr)
Pour orienter le traitement médiatique à son égard, Trump réserve désormais les meilleures places de la salle de presse présidentielle à des “nouveaux médias” qui lui sont favorables. Compliquant encore la tâche des grands médias traditionnels.
- Aux États-Unis, une conseillère de Trump veut annuler des contrats avec trois agences de presse mondiales (nouvelobs.com)
Kari Lake a annoncé l’annulation de plusieurs contrats publics « onéreux », dont ceux avec l’Agence France-Presse, Associated Press et Reuters.
- L’Amérique sans voix ? Trump ferme les radios publiques à l’étranger, VOA et RFERL (fr.euronews.com)
L’administration de Donald Trump a coupé le financement de Voice of America, Radio Liberty et d’autres réseaux de diffusion étrangers. Des milliers d’employés sont en congé “administratif”. Les critiques dénoncent des mesures dont rêvaient les dictateurs depuis les temps de la guerre froide.
- ‘Startup Nation’ Groups Say They’re Meeting Trump Officials to Push for Deregulated ‘Freedom Cities’ (wired.com)
- L’administration Trump met fin à la lutte contre la pollution touchant les populations défavorisées aux Etats-Unis (lemonde.fr)
- L’administration Trump revient sur diverses mesures environnementales adoptées sous Joe Biden (lemonde.fr)
Une trentaine de mesures ont été annoncées, parmi lesquelles l’annulation d’une règle de 2024 exigeant des centrales à charbon qu’elles éliminent la quasi-totalité de leurs émissions de CO₂.
- Donald Trump interdit les échanges scientifiques avec l’Ifremer (reporterre.net)
- Climat : pourquoi la montée du niveau des mers est plus rapide que prévu, selon la NASA (humanite.fr)
Dans une analyse du jeudi 13 mars, l’agence spatiale américaine, la Nasa, annonce une augmentation du niveau des mers de 0,59 centimètres pour l’année 2024, loin des 0,43 prédits par les scientifiques. L’année 2024 a, de manière concomitante, enregistré les plus hautes températures depuis le début des statistiques en 1850. […] Avec une montée des eaux qui pourrait atteindre une augmentation de 50 centimètres en 2050, les populations côtières sont indéniablement les plus à risque. Rien qu’en France, 500 communes et territoires sont menacés, soit 20 % du littoral.
- Aux États-Unis, tornades et tempêtes font plus d’une trentaine de morts (huffingtonpost.fr)
- Honni par Donald Trump, le ministère de l’Éducation licencie la moitié de son personnel (huffingtonpost.fr)
Le président américain n’a jamais caché sa volonté de supprimer ce ministère, accusé de promouvoir des idées progressistes.
- Aux États-Unis, la professeure Sarah Inama est entrée en conflit ouvert avec sa direction pour deux posters inclusifs affichés dans sa salle de classe et qu’on lui demande de retirer. (huffingtonpost.fr)
Dessus, il est écrit : « Tout le monde est le bienvenu ici » (« Everyone is welcome here », en anglais), avec des dessins de mains représentant un message de diversité fondamental « pour garantir un environnement d’apprentissage positif aux élèves »
- Arlington Cemetery scrubs info on famous Black, Hispanic, and female veterans to comply with Trump orders (the-independent.com)
The purge follows Defense Secretary Pete Hegseth’s declaration that ‘DEI is dead’ as he implements Trump’s agenda at the Pentagon
- La fresque « Black Lives Matter » de Washington va disparaître sous la pression de l’administration Trump (huffingtonpost.fr)
Inaugurée après les manifestations du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis à l’été 2020, la fresque peinte au sol près de la Maison Blanche vit ses dernières heures.
- ‘App No Longer Available’ : The Disappearance of CBP One (truthdig.com)
On Inauguration Day, Trump shut down the CBP One app, the only mechanism available to seek asylum in the United States. The move left over 30,000 migrants stuck in Mexico with no way to cross into the US and no way to return to their home countries. That figure is likely an undershot, accounting only for migrants who already had scheduled appointments on the app. The true number may be in the hundreds of thousands.
- Immigration : l’administration Trump exhume une loi de 1798 pour expulser des « ennemis étrangers » au Salvador (liberation.fr)
Près de 300 Vénézuéliens, membres d’un gang et prisonniers jusqu’alors aux Etats-Unis, sont arrivés au Salvador ce dimanche 16 mars. Les bases légales de cette opération de la Maison Blanche semblent plus que bancales.
- Yes, You Have the Right to Film ICE (eff.org)
- British Comic Creator R.E. Burke Detained By ICE After Crossing Border (bleedingcool.com)
- Green card holder from New Hampshire ‘interrogated’ at Logan Airport, detained (nhpr.org)
- Brown Medicine doctor deported despite federal court order (eu.patriotledger.com)
- “No Peaceful Transition” for Trump as Thousands #DisruptJ20 in Washington, D.C. on Inauguration Day (unicornriot.ninja)
- Vance loudly booed for 30 seconds straight by Kennedy Center crowd – Raw Story (rawstory.com) – voir aussi JD Vance copieusement hué à un concert de musique classique au Kennedy Center de Washington (huffingtonpost.fr)
Le vice-président de Donald Trump a eu droit à un accueil glacial, alors qu’il assistait à un concert à Washington.
- À New York, des centaines de militant·es envahissent la Trump Tower pour dénoncer l’action de Donald Trump (huffingtonpost.fr)
Organisée par Jewish Voice for Peace, cette action dans le hall du building de Donald Trump a occasionné de nombreuses arrestations par la police new-yorkaise.
- Trump Tower envahie par des militant·es, terrain de golf vandalisé en Irlande… 5 mauvaises nouvelles dans la journée de Donald Trump (liberation.fr)
- Tesla prévient Washington que l’entreprise d’Elon Musk serait « exposée » à une hausse des droits de douane (liberation.fr)
- Aux États-Unis, des manifestations contre Tesla pour affaiblir Elon Musk (reporterre.net)
Des rassemblements sont organisés aux États-Unis devant des boutiques Tesla pour s’opposer au rôle d’Elon Musk dans la politique du pays. Les manifestants cherchent à faire mal au portefeuille de l’homme le plus riche du monde.
- Tesla shares plunge 15 %, suffering steepest drop in five years (cnbc.com)
- Dow falls 850 points in market rout after Trump says he won’t rule out a recession (edition.cnn.com) – voir aussi Guerre commerciale, récession, inflation… Wall Street chute lourdement, plombé par les géants de la tech (liberation.fr)
22 milliards de moins sur la période pour Sergey Brin, cofondateur de Google, 29 milliards évaporés pour Jeff Bezos le patron d’Amazon et du Washington Post, et, surtout, 148 milliards de moins pour Elon Musk.
- Donald Trump et Elon Musk font crasher la bourse et les cryptos (liberation.fr)
Les politiques du président américain et du chef du Département de l’efficacité gouvernementale ont fait perdre plus de 200 milliards de dollars aux milliardaires qui leur avaient fait allégeance.
- L’appel de Trump à supprimer « l’horrible » CHIPS Act sème la panique : les fabricants de puces craignent que Trump annule le financement prévu par cette loi et tente de récupérer les fonds déjà débloqués (developpez.com)
Spécial tech
- The Case for Encryption (openrightsgroup.org)
Spying on private messages has long been on the security services’ wish list. In swapping a counter-terrorism argument for one of stopping child sexual abuse material (CSAM), they’ve made headway in their mission.
- Android intègre Debian : cette fonctionnalité va transformer votre smartphone (frandroid.com)
- In praise of links (osteophage.neocities.org)
- Dans les algorithmes bancaires (danslesalgorithmes.net)
Algorithm Watch et l’AFP ont publié une enquête sous forme de podcast sur la débancarisation, le blocage et la fermeture automatisée de comptes bancaires. L’occasion de comprendre comment le calcul de risque bancaire dysfonctionne et conduit des centaines de milliers de personnes, chaque année, à perdre l’accès à leurs capacités bancaires.
Spécial IA
- No one knows what the hell an AI agent is (techcrunch.com)
- It’s all hallucinations (tante.cc)
- AI coding assistant refuses to write code, tells user to learn programming instead (arstechnica.com)
- Les IA court-circuitent les apprentissages (snes.edu)
Il semble qu’après un usage dans un premier temps précautionneux, les élèves assistés cessent de vérifier ce que leur propose l’IA en baissant la garde de leur esprit critique. Rapidement donc, leurs apprentissages seraient en quelque sorte délégués à la machine.
- AI search engines cite incorrect sources at an alarming 60 % rate, study says (arstechnica.com)
CJR study shows AI search services misinform users and ignore publisher exclusion requests.
- L’Espagne serre la vis sur l’IA : jusqu’à 35 millions d’euros d’amende pour les entreprises fautives (siecledigital.fr)
Une initiative qui place Madrid en première ligne sur le front de la régulation technologique.Un projet de loi inédit prévoit des sanctions sévères pour les entreprises ne signalant pas correctement les contenus générés par IA. Les contrevenants risquent jusqu’à 35 millions d’euros d’amende, ou 7 % de leur chiffre d’affaires mondial annuel.
- États-Unis : une IA pour traquer les propos des étudiants étrangers et révoquer leurs visas (next.ink)
Le Secrétaire d’État des États-Unis, Marco Rubio, veut mettre en place un système appelé « Catch and Revoke » pour traquer les étudiants étrangers qui porteraient des propos étiquetés comme « pro-hamas » en vue de révoquer leurs visas. Des associations s’alarment contre l’érosion de la liberté d’expression et de la vie privée.
- OpenAI declares AI race “over” if training on copyrighted works isn’t fair use (arstechnica.com)
- Google joins OpenAI in pushing feds to codify AI training as fair use (arstechnica.com)
Google says it just wants “balanced” copyright rules.
- Google’s Gemini AI can now see your search history (arstechnica.com)
You’ll be able to use the improved Deep Research to get in-depth information on a topic, and Google’s newest reasoning model can peruse your search history to improve its understanding of you as a person. What could go wrong ?
- Amazon is ending the option to not send Echo voice recordings to the cloud (theverge.com)
The move appears to be connected to the launch of its generative AI-powered Alexa Plus, slated for later this month (March 28th, perhaps ?). The email states, “As we continue to expand Alexa’s capabilities with generative AI features that rely on the processing power of Amazon’s secure cloud, we have decided to no longer support this feature.”
Voir aussi Amazon annihilates Alexa privacy settings, turns on continuous, nonconsensual audio uploading (pluralistic.net)
- Des faux médecins générés par intelligence artificielle inondent TikTok de mauvais conseils de santé (huffingtonpost.fr)
Sur les réseaux sociaux, des prétendus gynécologues, médecins, chirurgiens et autres personnels de santé donnent leurs conseils naturels pour se soigner.
- Toujours plus de consommation d’hydrocarbures pour l’IA ? (theconversation.com)
L’élection américaine marque un tournant clair dans le discours. Le président nouvellement élu l’a affirmé très clairement dans son adresse inaugurale. « Nous possédons quelque chose qu’aucun autre pays manufacturier n’aura jamais – la plus grande quantité de pétrole et de gaz de tous les pays du monde – et nous allons l’utiliser. »
Spécial Palestine et Israël
- Mahmoud Khalil’s abduction is a fascist move—and universities must respond (972mag.com)
On Saturday, Mahmoud Khalil, a Palestinian lawful permanent resident of the United States who was active as a negotiator between Columbia University and students protesting Israel’s genocide in Palestine, was abducted by Immigration and Customs Enforcement (ICE) agents at his Columbia housing and in front of his pregnant wife. He was quickly shipped to an infamous detention facility in Louisiana.
- Cisjordanie, grande oubliée des médias (acrimed.org)
- Neuf morts à Gaza dans des frappes israéliennes : le Hamas dénonce une « violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu » (liberation.fr)
Des frappes israéliennes ont tué des journalistes et des membres d’une organisation caritative ce samedi 15 mars à Beit Lahia selon la défense civile de l’enclave palestinienne et le Hamas. Tsahal affirme avoir tué des « terroristes ».
- « Le degré de déshumanisation des Palestiniens est sidérant » (humanite.fr)
Après plus de 15 mois de bombardements sur la bande de Gaza, faisant près de 50 000 morts, Israël a de nouveau suspendu l’aide humanitaire, aggravant les pénuries d’eau et de nourriture. Une violation du droit international humanitaire que dénonce Mara Bernasconi, de retour d’une mission d’Handicap International sur place. Elle appelle une réaction ferme de la communauté internationale.
- Israel carrying out ‘fastest starvation campaign in Gaza in modern history’ (aa.com.tr)
UN special rapporteur on right to food describes current ceasefire as slowing down of military violence while speeding up violence through starvation
- Guerre à Gaza : Thales aurait vendu à Israël 2 millions d’euros de pièces pour la modernisation de ses drones (humanite.fr)
Une enquête du média Disclose révèle que le groupe d’armement français Thales aurait vendu à l’industrie de l’armement israélien pour 2 millions d’euros de systèmes d’aide au pilotage pour des drones armés. Les deux modèles sont utilisés contre la population palestinienne depuis près de quinze ans.
Spécial femmes dans le monde
- “Black Box Diaries” : le combat sans fin de Shiori Ito, pionnière du #Metoo au Japon (france24.com)
Dans “Black Box Diaries”, sorti en France mercredi, la journaliste enquête sur son propre viol, commis en 2015 par un proche de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe. Mise au ban de la société japonaise pour avoir révélé publiquement l’affaire, la réalisatrice n’a pas trouvé de distributeur dans son pays natal, signe du déni persistant entourant les violences sexuelles dans l’archipel.
- En Syrie, les femmes poursuivent leur révolution (politis.fr)
Dès le début des soulèvements en mars 2011, les Syriennes ont été en première ligne des manifestations, défiant elles aussi les forces de sécurité, malgré la répression aveugle. Des milliers d’entre elles ont été arrêtées et ont disparu dans les prisons d’Assad. Celles qui en sont sorties peinent à raconter l’horreur.
- Limiter les césariennes abusives en forte augmentation à l’échelle mondiale (theconversation.com)
Les césariennes concernaient environ une naissance sur cinq (21 %) en 2021 dans le monde. Si cette intervention peut sauver des vies lorsqu’elle est utilisée de manière appropriée, le recours à la césarienne se révèle néfaste lorsqu’elle est pratiquée de manière inutile, excessive ou routinière.
- New endometriosis pill approved on NHS in England (bbc.com)
- « Gender-washing » : comment les multinationales du secteur extractiviste détournent les revendications féministes (multinationales.org)
« C’est une pionnière. Elle défie les obstacles, les surmonte, inspire le changement, et ouvre la voie aux leaders de demain. » Ces louanges, on peut les lire sur le site de Women In Mining, une organisation dédiée à la promotion des femmes dans le secteur minier, qui récompense chaque année cent femmes censées incarner cet idéal éblouissant.
- La Nasa licencie la climatologue et scientifique en chef de l’agence (reporterre.net)
Katherine Calvin, climatologue et scientifique en chef à la Nasa, a été licenciée dans la journée du lundi 10 mars, avec une vingtaine d’autres salariés de la prestigieuse agence étasunienne. L’ensemble de son bureau ainsi que deux autres départements de la Nasa ont été démantelés dans le cadre des coupes budgétaires annoncées par Donald Trump.
- Police Barge into Walmart Restroom to Confront Butch Lesbian (metroweekly.com)
- Se raser les cils pour avoir l’air plus « viril » ? Une tendance masculine aussi absurde que dangereuse (huffingtonpost.fr)
Sur TikTok, on compte de plus en plus de vidéos d’hommes se faisant raser les cils à la tondeuse, pour un regard « moins féminin ». Mais ce n’est pas sans conséquence pour la santé de leurs yeux.
Spécial France
- Ukraine : « Avez-vous vraiment plus peur de taxer les riches que de laisser Poutine gagner ? », demande Mélanie Vogel (publicsenat.fr)
« On ne peut pas demander aux Français de payer des chars avec leurs services publics et leurs retraites », dénonce la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui demande une contribution des plus riches à l’effort de guerre.
- Dominique de Villepin accuse Macron et l’Europe de s’être « soumis » à Donald Trump à Washington (huffingtonpost.fr)
« Il ne faut pas aller tels des bourgeois de Calais à Washington », a estimé l’ancien Premier ministre sur France 2, alors que plusieurs dirigeants européens ont rendu visite, un par un, à Donald Trump.« La position de force pour les Européens et l’Ukraine seraient de ne pas arriver en ordre dispersé comme l’ont fait les dirigeants européens à Washington »
- Chlordécone : l’État condamné à indemniser quelques Guadeloupéen·nes et Martiniquais·es (reporterre.net)
Le 11 mars, la cour administrative d’appel de Paris a jugé que l’État avait « commis des fautes » dans la célèbre affaire du chlordécone. Elle le condamne en outre « à réparer le préjudice d’anxiété » pour les personnes ayant fourni des éléments personnels tels que des dosages sanguins, autrement dit, une dizaine de personnes seulement.
- Chiffrement : le gouvernement subit un revers cinglant sur les backdoors (numerama.com)
- “Gilets jaunes” : répondant à l’appel de l’Assemblée, le gouvernement s’engage à reprendre l’analyse des cahiers de doléances du Grand débat national (lcp.fr) – voir aussi Gilets jaunes : les députés votent à l’unanimité une proposition visant enfin à rendre public les cahiers de doléances (humanite.fr)
Dans ces 400 000 pages noircies par les deux millions de contributions, l’immigration et la sécurité, contrairement à ce que laisse penser le débat médiatique bollorisé, n’occupent pas une position centrale.
- Handicap : l’Assemblée supprime le principe du vote « par assis et levé » (liberation.fr)
À l’initiative de l’élu en fauteuil roulant Sébastien Peytavie, les députés ont décidé à l’unanimité de faire disparaître la disposition discriminatoire qui impliquait de se mettre debout lors de certains scrutins. Le Sénat fera de même le 8 avril.
- François Fillon a proposé de verser 700 000 euros à l’Assemblée dans l’affaire des emplois fictifs de son épouse (lemonde.fr)
Cet accord entre les deux parties survient alors que la cour d’appel doit se prononcer de nouveau sur les peines infligées à l’ancien candidat de l’UMP à la présidentielle de 2017.
- Affaire Bétharram : François Bayrou devrait être auditionné d’ici deux mois par la commission d’enquête sur violences dans les établissements scolaires (humanite.fr)
- Affaire Bétharram : l’évêque de Bayonne interpellé sans ménagement en pleine conférence de presse (huffingtonpost.fr)
« Soutien aux victimes. Je suis Arnaud Gallais, je fais partie des 330 000 victimes de pédocriminalité dans l’Église et je dénonce ce simulacre : vous avez refusé Monsieur Aillet d’ouvrir vos archives » […] « Vous êtes la honte », a ensuite lâché celui qui est aussi membre de la Ciivise, citant l’inaction de « la justice » et du « ministre des Cultes Bruno Retailleau ».
- Après Bétharram, les témoignages des victimes de l’enseignement catholique se multiplient (humanite.fr)
- Ce couple de loups est unique en France mais il pourrait, malgré tout, être abattu (france3-regions.francetvinfo.fr)
Deux loups observés pour la première fois en juillet 2024, sur le plateau de Millevaches, risquent d’être abattus par des tirs de défense. Issus de deux lignées différentes, ils pourraient engendrer un croisement inédit en France, indispensable pour la conservation de l’espèce. Une pétition en ligne contre leur abattage rencontre un franc succès.
- Sur l’île d’Oléron, une station d’épuration menace de se déverser dans la mer (huffingtonpost.fr)
Le trait de côte de cette île touristique de la Charente-Maritime ne cesse de reculer, notamment en raison de la montée des eaux provoquée par le changement climatique.[…] Pour éviter que les eaux usées ne se déversent à terme dans la mer, contaminent la plage et dérèglent tout le fonctionnement de l’île, une digue va être construite en urgence par la collectivité.
- Nucléaire : l’arrêt de l’EPR de Flamanville à nouveau prolongé (reporterre.net)
- Nucléaire : le béton des premiers EPR2 est défectueux (reporterre.net)
- 4,1 décès pour 1.000 naissances : comment expliquer la mortalité infantile en France ? (slate.fr)
Elles sont en voie de disparition : 75 % des maternités qui jalonnaient le pays ont fermé au cours des cinquante dernières années. En 2024, le ministère de la Santé ne recensait plus que 457 maternités en France, contre 1.369 en 1975.
Spécial femmes en France
- Paysannes, les oubliées de l’histoire (blogs.mediapart.fr)
- Les mères isolées, une cause politique (contretemps.eu)
- Violences sexistes et sexuelles dans les transports : le nombre de victimes enregistrées a presque doublé en dix ans (liberation.fr)
Selon une étude de l’Observatoire national des violences faites aux femmes publiée ce lundi 10 mars, les vicitmes sont en très grande majorité des femmes et les mis en cause sont à 99 % des hommes.
- Dominique Besnehard s’emporte contre la députée Sandrine Rousseau en commission d’enquête (huffingtonpost.fr)
Interrogé à l’Assemblée sur les violences commises dans le cinéma français, le célèbre producteur a été mis face à ses responsabilités, en tant que voix importante du 7e art.Il faut dire que le nom de Dominique Besnehard figurait dans la fameuse tribune publiée dans Le Figaro pour défendre Gérard Depardieu, accusé par plusieurs femmes de harcèlement ou de violences sexuelles.
Voir aussi #MeToo dans le cinéma : Dominique Besnehard blâme les victimes de Weinstein ou Depardieu (liberation.fr)
Auditionné à l’Assemblée nationale jeudi 13 mars, l’ancien agent de stars et producteur a revendiqué appartenir « à l’ancien monde » et a mis en cause le comportement de certaines actrices qui dénoncent des viols.
- Avortements forcés et contraception expérimentale, les violences médicales sur les femmes à La Réunion (la1ere.francetvinfo.fr)
Spécial médias et pouvoir
- « Pensions ou munitions ? » : la fabrique du consentement à « l’effort de guerre » (acrimed.org)
Depuis l’allocution d’Emmanuel Macron à propos de la guerre en Ukraine, le 5 mars, les grands médias sont en ordre de marche. Réhabilitation du président en « chef de guerre », patriotisme exacerbé, concert militariste et glorification des industriels de guerre…
- Bétharram, force d’âme (blog.mondediplo.net)
Dans n’importe quel pays à minimum de prétention démocratique, l’extravagante grossièreté du mensonge et du déni de Bayrou aurait conduit à sa démission au soir de la première séance des questions au gouvernement. Pourquoi Bayrou est-il encore là ? Parce que la clique des éditorialistes, ambianceurs officiels du pays, en a décidé ainsi. Unanimes.
- Les Presses Universitaires de France suspendent la parution d’un ouvrage raciste, transphobe et réactionnaire financé par Stérin (francetvinfo.fr)
- Du JDD au JDNews : et au milieu de l’extrême droite trône le gouvernement (acrimed.org)
- Le bollorisme, un journalisme de guerre culturelle (acrimed.org)
- Sur CNews, Pascal Praud cible « Le Monde » après l’article sur le virage pro-russe de la sphère Bolloré (huffingtonpost.fr)
Le facepalm de la semaine
- Affiche d’Hanouna : le visuel de LFI, jugé antisémite, a été créé par l’IA d’Elon Musk, se défend Paul Vannier (liberation.fr)
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- Adaptation à +4 °C : le plan de la France blâmé par le Haut Conseil pour le climat (reporterre.net)
- Des « milliards de soleils dans le système solaire » : les approximations astronomiques de François Bayrou en plein discours (lefigaro.fr)
- Panneaux solaires : l’État sabre les aides aux petites et moyennes installations (reporterre.net)
Dans un arrêté bientôt signé, le gouvernement veut réduire brutalement les aides aux petites et moyennes installations photovoltaïques. De quoi mettre en péril la filière, au moment où elle trouvait enfin une dynamique.
- Sur les retraites, Bayrou écarte un retour à 62 ans et pointe le contexte international (huffingtonpost.fr)
- Après Bétharram, Borne veut renforcer le contrôle des établissements privés et mise sur une application (huffingtonpost.fr)
- « Rien n’a été fait pour nous » : cinq ans après le confinement, l’amertume des caissières (basta.media)
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- Comptes de campagne : Marion Maréchal sauvée in extremis par un prêt de 800 000 euros (liberation.fr)
La nièce de Marine Le Pen risquait de se faire retoquer ses comptes de campagne des européennes. Mais un prêt contracté auprès d’un mystérieux bienfaiteur, et reçu trois jours avant la date limite, lui a permis de présenter des comptes à l’équilibre.
- Sous le masque hypocrite de la dédiabolisation, Le RN propage l’antisémitisme ! (juivesetjuifsrevolutionnaires.fr)
- Bruno Retailleau transmet la liste des « dangereux ressortissants » algériens expulsables (humanite.fr)
Les dangereux immigrés, couteaux entre les dents, face auxquels les autorités algériennes voudraient laisser la population française, ne seraient-ils finalement pas aussi nombreux ? Peut-être même n’existent-ils que dans le récit fictionnel nourri par Bruno Retailleau dans le but de plaire à ses amis d’extrême-droite.
- Ressortissants algériens en situation irrégulière : Retailleau menace de démissionner si la France cède sur le dossier (liberation.fr)
- Saint-Denis : des militants d’extrême droite s’en prennent à des photos de femmes voilées dans une expo à la basilique (liberation.fr)
- « On ne peut plus rien dire » : comment la liberté d’expression est détournée pour tenir des discours de haine (nouvelobs.com)
- Islamophobie : ce mal qui ronge la France (regards.fr)
- Des sites montés par des escrocs arnaquent des dizaines de sans-papiers (streetpress.com)
En France, les démarches pour obtenir ou renouveler ses papiers pour des étrangers sont de plus en plus difficiles. Des sites exploitent leur détresse administrative face à la dématérialisation des demandes et les arnaquent de centaines d’euros.
- Un policier filmé en train de frapper un homme en fauteuil roulant, une députée alerte l’IGPN (huffingtonpost.fr)
À Clermont-Ferrand, plusieurs policiers ont été filmés autour d’un homme en fauteuil roulant lors d’une descente. L’un d’eux lui a asséné un coup de poing.
- Peut-on sortir du populisme pénal ? (humanite.fr)
Alors que les prisons françaises battent des records historiques de population carcérale, le pouvoir poursuit dans la surenchère de lois répressives. Un mouvement que rejoignent d’autres pays dirigés par l’extrême droite.
- Les prisons de haute sécurité voulues par Darmanin sont-elles compatibles avec le droit ? (liberation.fr)
Une jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme pourrait entraver l’application du texte, mais les recours se jouent à très long terme.
Spécial résistances
- Loi « Narcotraficotage » : la mobilisation paye alors ne lâchons rien (laquadrature.net)
- Blanche Gardin vent debout contre les accusations d’antisémitisme de Delphine Horvilleur (humanite.fr)
L’actrice s’est émue, dans une lettre adressée à Delphine Horvilleur, que la rabbin ait relayé une vidéo la comparant à l’antisémite Dieudonné, participant ainsi à la cabale contre ses prises de position en faveur du peuple palestinien.
- Grâce à la grève, le personnel de ménage de Sciences-Po obtient un 13ème mois (rapportsdeforce.fr)
- Nuisances sanitaires et environnementales : l’aéroport Paris-Beauvais poursuivi en justice (reporterre.net)
Trois associations, dont Notre affaire à tous, ont engagé un recours auprès du tribunal administratif d’Amiens, le 11 mars. Objectif : empêcher l’expansion du trafic aérien de cet aéroport.
- Après l’annulation de l’A69, les expropriés demandent des comptes (reporterre.net)
- Algues vertes : l’État condamné pour son inaction, la justice lui laisse dix mois pour agir (humanite.fr)
Les mesures prises par l’État pour lutter contre les pollutions aux nitrates ont été reconnues insuffisantes par le tribunal administratif de Rennes ce jeudi 13 mars. L’association de défense de l’environnement Eau et Rivières de Bretagne avait déposé deux recours en 2022, dénonçant l’inaction de l’État.
Spécial GAFAM et cie
- Google refuses to deny it received encryption order from UK government (therecord.media)
Google has refused to deny receiving a secret legal order from the British government, according to a bipartisan group of members of Congress who are concerned Westminster may have demanded that several U.S. technology companies provide its security services with a mechanism to access encrypted messages.
- Department of Justice : Google must sell Chrome, Android could be next (arstechnica.com)
- Amazon is still hosting spyware victims’ data weeks after breach alert (techcrunch.com)
Amazon will not say if it plans to take action against three phone surveillance apps that are storing troves of individuals’ private phone data on Amazon’s cloud servers, despite TechCrunch notifying the tech giant weeks earlier that it was hosting the stolen phone data.
- “Un pillage monumental” : auteurs et éditeurs français assignent Meta en justice pour défendre leurs droits face à l’IA (telerama.fr)
Trois organisations professionnelles d’auteurs et d’éditeurs attaquent le géant de la Silicon Valley pour “contrefaçon”, l’accusant d’avoir entraîné son intelligence artificielle sur des œuvres protégées par le droit d’auteur.
- Whistleblower’s exposé of the cult of Zuckerberg reveals peril of power-crazy tech bros (theguardian.com)
There’s nothing more satisfying than watching a corporate giant make a stupid mistake. The behemoth in question is Meta, and when Careless People, a whistleblowing book by a former senior employee, Sarah Wynn-Williams, came out last week, its panic-stricken lawyers immediately tried to have it suppressed by the Emergency International Arbitral Tribunal. […] What strikes the reader is that Meta and its counterparts are merely the digital equivalents of the oil, mining and tobacco conglomerates of the analogue era. And they’re all US companies that have cosied up to Trump, which means that their interests are now inextricably intertwined with those of the American state.
- Nos données de santé toujours chez Microsoft : le gouvernement sommé de trouver « rapidement » un autre hébergeur (01net.com)
La CNIL demande au gouvernement de trouver « activement » et « rapidement » un hébergeur « souverain », autre que Microsoft, pour la plateforme de données de santé des Français et des Européens. Depuis un rapport gouvernemental de janvier 2024 qui préconise de changer de clouder au profit d’une société européenne, aucun appel d’offres n’a été publié.
- Elon Musk parle d’une « cyberattaque massive » pour expliquer la panne de son réseau social X (huffingtonpost.fr)
- What Really Happened With the DDoS Attacks That Took Down X (wired.com)
some X origin servers, which respond to web requests, weren’t properly secured behind the company’s Cloudflare DDoS protection and were publicly visible. As a result, attackers could target them directly. X has since secured the servers.
Voir aussi Cyberattaque massive contre X : la véritable raison est plutôt embarrassante pour Elon Musk (futura-sciences.com)
Les autres lectures de la semaine
- Le témoignage de Maja, antifasciste détenu·e par la Hongrie de Viktor Orbán (blogs.mediapart.fr)
- « Pour les extrêmes droites mondiales soutenues par Musk, Trump, Milei ou Bolsonaro, le nazisme reste une référence indépassable » (theconversation.com)
- « Nous découvrons le visage de l’Amérique que le reste du monde connaît depuis longtemps » (legrandcontinent.eu)
Les États-Unis ont été en guerre quasiment sans interruption depuis leur création, et pourtant, les Américains n’ont pas le sentiment d’être une nation guerrière ni d’être à ce point impliqués dans les conflits armés.
- Can Trump Arbitrarily Take Money From Anyone’s Bank Account ? (rollingstone.com)
the Trump administration is testing the waters in order to gain far greater control of the United States entire payments infrastructure — control great enough to bend Donald Trump and Elon Musk’s enemies to their will at a speed far faster than courts could ever conceivably contain.
- A Trump-Putin pact is emerging – and Europe is its target (theguardian.com)
US betrayal of Ukraine is the rehearsal for a grander bargain with Moscow and an assault on continental solidarity […] This ideological affinity is cherished also by Russian nationalist commentators. They welcome the Trump regime as a powerful ally in global resistance to the effeminate moral degeneracy emanating from the continent they call “Gayrope”.
- Trump II : interdire de dire pour mieux empêcher de penser (theconversation.com)
Le New York Times a compilé plus de 200 mots que la nouvelle administration Trump aimerait bannir des documents et sites web officiels, dont « femme », « racisme » ou encore « pollution ». Des mots liés au genre, aux minorités sexuelles ou ethniques, ainsi qu’au changement climatique.[…] les attaques sur la langue font partie de l’arsenal habituel des totalitarismes.
- Les États-Unis vont-ils s’effondrer comme ce fut le cas pour l’Union soviétique ? (theconversation.com)
- À bout de bras, tenir la paix (humanite.fr)
Pourquoi tant insister sur le partage du parapluie nucléaire avec les autres pays européens, toujours parsemés des ogives états-uniennes, si ce n’est par provocation ? Quand bien même ce débat se poserait, il appartient au peuple d’en décider, et non le monarque qui se rêve désormais en nouvel empereur de l’Europe prêt à nous faire vitrifier.
- « Face à Trump, on devrait mettre l’économique au service du politique » (humanite.fr)
en particulier dans le numérique, il manque cette logique de souveraineté ou de protectionnisme. Par exemple, on pourrait dire qu’on abandonne Microsoft et les autres GAFAM dans les administrations publiques pour n’utiliser que du logiciel libre. La subvention est un outil, mais il y en a d’autres : l’interdiction, la réglementation…
- Carola Rackete : « La transition écologique de l’UE prolonge le colonialisme » (reporterre.net)
L’espoir naît dès que des personnes se mobilisent. Quand une lutte commence, aussi difficile soit-elle, il y a toujours une possibilité de succès. […] Même sans être au pouvoir, l’extrême droite a réussi à imposer ses idées sur la migration en martelant son discours. La gauche pourrait faire de même sur l’écologie et la justice sociale, en construisant un contre-récit puissant et en imposant ses thèmes à l’agenda politique.
- Les basses œuvres de la France au Congo (blogs.mediapart.fr)
Décimée par la variole, la population du Congo français subit les exactions d’une administration violente dénoncée par Brazza. Un rapport tenu secret, exhumé par une historienne qui dévoile un scandale d’Etat. Ce rapport qui datait de 1905 avait été découvert par l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch dans les années 1960.
- « Le premier parti de la classe ouvrière, aujourd’hui, c’est l’abstention » (basta.media)
- We need to stop lying about what makes lost boys such easy marks for cons (irishexaminer.com)
- « C’est un malade ! » Voici ce que l’on perd à pathologiser la politique (theconversation.com)
- Les violences sexuelles en institution : un enjeu antivalidiste et féministe (blogs.mediapart.fr)
La médiatisation des violences de Bétharram a permis de comprendre comment l’institution permet et perpétue les violences. Ces violences ont lieu dans d’autres institutions, dont on parle peu : là où sont placées les personnes handicapées. La lutte contre ces violences sexuelles nécessite une analyse au croisement du féminisme et de l’antivalidisme.
- « La diplomatie féministe doit être décoloniale et antifasciste » (revueladeferlante.fr)
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Moche
- La plus grande démocratie au monde, qu’ils disaient… (blogs.mediapart.fr)
- 1789
- Science
- Dominos
- Fast
- Tristesse
- Jabba
- Jeu favori
- Mastodon
- Pattern
- Plaintes
- Feminism
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Loi « Narcotrafic » – Sacha Houlié explique le fonctionnement des boites noires (Commission des lois, 5 mars 2025) (video.lqdn.fr)
- Identitaires : comment les médias dominants font le jeu d’une mouvance néofasciste (contretemps.eu)
- Rexhino Abazaj : l’histoire d’un procès injustifié (radioparleur.net)
Rexhino Abazaj, surnommé Gino est un militant antifasciste albanais. Il est accusé par la Hongrie de violences sur des militant·es néonazi·es. Arrêté à Montreuil le 12 novembre 2024 par une équipe de la sous-direction antiterroriste, il est aujourd’hui menacé d’extradition.
- César 2025 : un révélateur du sexisme et de l’âgisme dans le cinéma français (video.blast-info.fr)
- AI Hype Enters Its Geopolitics Era (techwontsave.us)
Les trucs chouettes de la semaine
- A trans refugee’s court case against Hungary just improved Trans+ rights across all of Europe (wearequeeraf.com)
By establishing that data protection extends to gender identity and explicitly forbidding surgical requirements, the Court has created a powerful legal framework that transcends national barriers. This ruling provides both protection and recognition. It tells every trans person in the EU : your lived identity matters and no government can erase it through bureaucratic obstacles.
- Alternatives aux réseaux anti-sociaux (aoc.media)
- Une extension pour traquer toutes les requêtes externes des sites (next.ink)
- Battery breakthrough as 99.99 % of lithium extracted from old cells (independent.co.uk)
New recycling method offers environmentally friendly way to deal with increasing e-waste from old smartphones and electric cars […] “This green and efficient strategy in neutral solution environment opens a new pathway to realise the large-scale pollution-free recycling of spent batteries”
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
16.03.2025 à 09:00
L’IA générative, nouvelle couche d’exploitation du travail
Framasoft
Texte intégral (2021 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 10 décembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
L’IA générative ne va ni nous augmenter ni nous remplacer, mais vise d’abord à mieux nous exploiter, expliquent Aiha Nguyen et Alexandra Mateescu de Data & Society. En s’intégrant aux applications de travail, elle promet de réduire les coûts même si elle n’est pas pertinente, elle vient contraindre l’activité de travail, et renforce l’opacité et l’asymétrie de pouvoir.
« Comme pour d’autres vagues d’automatisation, le potentiel supposé de l’IA générative à transformer notre façon de travailler a suscité un immense engouement ». Mais pour comprendre comment cette nouvelle vague va affecter le travail, il faut dépasser la dichotomie entre l’IA qui nous augmente et l’IA qui nous remplace, estiment les chercheuses de Data & Society Aiha Nguyen et Alexandra Mateescu dans un nouveau rapport sur l’IA générative et le travail. La rhétorique de l’IA générative répète qu’elle va améliorer l’efficacité du travail et automatiser les tâches fastidieuses, dans tous les secteurs, du service client aux diagnostics médicaux. En réalité, son impact sur le travail est plus ambivalent et beaucoup moins magique. Ce qu’elle affecte est bien l’organisation du travail. Et cette dichotomie ne propose aux travailleurs aucun choix autre que le renforcement de leur propre exploitation.
Le battage médiatique autour de l’IA générative permet de masquer que l’essentiel de ses applications ne seront pas récréatives, mais auront d’abord un impact sur le travail. Il permet également d’exagérer sa capacité à reproduire les connaissances et expertises des travailleurs, tout en minimisant ses limites, notamment le fait que l’intelligence artificielle soit d’abord un outil d’exploitation des zones grises du droit. Mais surtout, l’IA nous fait considérer que le travail humain se réduit à des données, alors même que l’IA est très dépendante du travail humain. Or, pour le développement de ces systèmes, ce n’est plus seulement la propriété intellectuelle qui est exploitée sans consentement, mais également les données que produisent les travailleurs dans le cadre de leur travail. Dans les centres d’appels par exemple, les données conversationnelles des opérateurs sont utilisées pour créer des IA conversationnelles, sans que les travailleurs ne soient rémunérés en plus de leur travail pour cette nouvelle exploitation. Même problème pour les auteurs dont les éditeurs choisissent de céder l’exploitation de contenus à des systèmes d’IA générative. Pour l’instant, pour contester « la marchandisation non rémunérée de leur travail », les travailleurs ont peu de recours, alors que cette nouvelle couche d’exploitation pourrait avoir des conséquences à long terme puisqu’elle vise également à substituer leur travail par des outils, à l’image de la prolifération de mannequins virtuels dans le monde de la mode. Il y a eu dans certains secteurs quelques avancées, par exemple l’association américaine des voix d’acteurs a plaidé pour imposer le consentement des acteurs pour l’utilisation de leur image ou de leur voix pour l’IA, avec des limites de durée d’exploitation et des revenus afférents. Reste, rappellent les chercheuses que « les asymétries majeures de pouvoir et d’information entre les industries et les travailleurs restent symptomatiques » et nécessitent de nouveaux types de droits et de protection du travail.
Dans les lieux de travail, l’IA apparaît souvent de manière anodine, en étant peu à peu intégrée à des applications de travail existantes. Dans la pratique, l’automatisation remplace rarement les travailleurs, elle automatise très partiellement certaines tâches spécifiques et surtout reconfigure la façon dont les humains travaillent aux côtés des machines. Les résultats de l’IA générative nécessitent souvent beaucoup de re-travail pour être exploitées. Des rédacteurs sont désormais embauchés pour réhumaniser les textes synthétiques, mais en étant moins payé que s’ils l’avaient écrit par eux-mêmes sous prétexte qu’ils apportent moins de valeur. Les chatbots ressemblent de plus en plus aux véhicules autonomes, avec leurs centres de commandes à distance où des humains peuvent reprendre les commandes si nécessaire, et invisibilisent les effectifs pléthoriques qui leur apprennent à parler et corrigent leurs discours. La dévalorisation des humains derrière l’IA occultent bien souvent l’étendue des collaborations nécessaires à leur bon fonctionnement.
Trop souvent, l’utilisation de l’IA générative génère des simplifications problématiques. En 2023, par exemple, la National Eating Disorders Association a licencié son personnel responsable de l’assistance en ligne pour le remplacer par un chatbot qu’elle a rapidement suspendu après que celui-ci ait dit aux personnes demandant de l’aide… de perdre du poids. De même, l’utilisation croissante d’outils de traduction automatiques plutôt que d’interprètes humains dans le système d’immigration américain pour accomplir des demandes d’asiles a conduit à des refus du fait d’erreurs de traduction manifestes, comme des noms transformés en mois de l’année, des délais incorrects. Si la traduction automatique permet de réduire les coûts, elle est trop souvent utilisée dans des situations complexes et à enjeux élevés, où elle n’est pas pertinente. Enfin, rappellent les chercheuses, l’IA générative vient souvent remplacer certains profils plus que d’autres, notamment les postes juniors ou débutants, au détriment de l’a formation l’apprentissage de compétences essentielles… (sans compter que ces postes sont aussi ceux où l’on trouve le plus de femmes ou de personnes issues de la diversité.
Le recours à l’IA générative renforce également la surveillance et la datafication du lieu de travail, aggravant des décisions automatisées qui sont déjà très peu transparentes aux travailleurs. Automatisation de l’attribution des tâches, de l’évaluation des employés, de la prise de mesures disciplinaires… Non seulement le travail est de plus en plus exploité pour produire des automatisations, mais ces automatisations viennent contraindre l’activité de travail. Par exemple, dans le domaine des centres d’appels, l’IA générative surveille les conseillers pour produire des chatbots qui pourraient les remplacer, mais les réponses des employés sont également utilisées pour générer des scripts qui gèrent et régulent leurs interactions avec les clients, restreignant toujours plus leur autonomie dans des boucles de rétroaction sans fin.
En fait, présenter les chatbots et les déploiements d’IA générative comme des assistants plutôt que comme des contrôleurs occulte le renforcement de l’asymétrie de pouvoir à l’œuvre, estiment très justement Aiha Nguyen et Alexandra Mateescu. Ce discours permet de distancier l’opacité et le renforcement du contrôle que le déploiement de l’IA opère. En fait, soulignent-elles, « l’évaluation critique de l’intégration de l’IA générative dans les lieux de travail devrait commencer par se demander ce qu’un outil particulier permet aux employeurs de faire et quelles incitations motivent son adoption au-delà des promesses d’augmentation de la productivité ». Dans nombre de secteurs, l’adoption de l’IA générative est bien souvent motivée dans une perspective de réduction des coûts ou des délais de productions. Elle se déploie activement dans les outils de planification de personnels dans le commerce de détail, la logistique ou la santé qui optimisent des pratiques de sous-effectifs ou d’externalisation permettant de maximiser les profits tout en dégradant les conditions de travail. Le remplacement par les machines diffuse et renforce partout l’idée que les employés sont devenus un élément jetable comme les autres.
Pour les chercheuses, nous devons trouver des modalités concrètes pour contrer l’impact néfaste de l’IA, qui comprend de nouvelles formes de contrôle, la dévaluation du travail, la déqualification, l’intensification du travail et une concurrence accrue entre travailleurs – sans oublier les questions liées à la rémunération, aux conditions de travail et à la sécurité de l’emploi. « Considérer l’IA générative uniquement sous l’angle de la créativité occulte la réalité des types de tâches et de connaissances qui sont automatisées ».
L’IA générative est souvent introduite pour accélérer la production et réduire les coûts. Et elle le fait en extrayant la valeur des travailleurs en collectant les données de leur travail et en les transférant à des machines et à des travailleurs moins coûteux qui vont surveiller les machines. À mesure que les travailleurs sont réduits à leurs données, nous devons réfléchir à comment étendre les droits et les protections aux données produites par le travail.
MAJ du 29/01/2025 : une adaptation de cet article est disponible en 5 langues sur Vox Europe.
12.03.2025 à 14:05
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Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
Notons au passage que le terme « tricher » est trompeur : un·e tricheur·euse est un·e humain·e qui a conscience de transgresser les règles. Or ici, la machine calcule simplement la suite d’actions qui a statistiquement le plus de chances de remplir la tâche demandée au début.

Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
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