Journaliste indépendant spécialisé sur les thématiques liées à la défense, aux relations internationales et aux conflits armés
18.01.2021 à 19:26
Comparer Bagdad et Washington, une belle idée de merde
Romain Mielcarek
Texte intégral (2158 mots)
« Ca me rappelle Bagdad, Mossoul ou Falloujah. » Rien que ça. Dans un tweet le 15 janvier dernier, le journaliste vedette de CNN Wolf Blitzer décrivait ainsi son ressenti alors qu’il croisait dans une rue de Washington un groupe de gardes nationaux en faction, suite à la crise de l’invasion du Capitole. 1,6 millions de ses abonnés ont ainsi pu avoir le sentiment qu’il était pertinent de comparer la situation de la capitale états-unienne à celle de ces villes irakiennes qui ont vécu des combats d’une rare violence ces dernières années.
Certains observateurs de la vie politique états-unienne justifient cette comparaison du fait du volume considérable de militaires déployés, plus de 20 000 selon le Pentagone. Ou encore du fait du terme employé dans certaines communications internes ou externes des institutions sécuritaires qui évoquent une « green zone », ultra-protégée, qui fait écho aux green zone de Kaboul ou Bagdad. Il s’agit ici d’une zone verte dans laquelle seuls les résidents auront le droit de se garer le jour J. Pas d’une zone verte en dehors de laquelle on risque de se faire kidnapper et égorger à tous les coins de rue. Un détail qui peut avoir de l’importance, mais cela n’engage que moi. A noter d’ailleurs qu’il n’y a jamais vraiment eu de green zones à Mossoul ou à Falloujah mais, encore une fois, je pinaille.
Et encore, à Washington, il y a une « red zone » à l’intérieur de la « green zone ». La première étant la plus sensible et voyant toute circulation interdite. La « red zone » de Bagdad, c’est justement tout le contraire : c’est là où vivent les dix millions d’Irakiens qui ont le plus de chance de se manger un kamikaze dans des rues et des quartiers bondés. Bref, il y a du vert et du rouge mais c’est aussi comparable qu’une pomme et un poivron. Libre à vous de mettre des pommes sur votre barbecue, mais je reste convaincu que c’est une idée de merde.
Pour les daltoniens qui auraient difficultés, c’est facile. A Washington, on met le président Biden dans la red zone pour le protéger. A Bagdad, on met le président Biden dans la green zone.
A Falloujah ou à Mossoul, on ne croise pas le président Biden.
Si la situation que traverse actuellement les Etats-Unis est exceptionnelle, dangereuse et meurtrière (cinq personnes ont été tuées lors des événements du 6 janvier), son niveau de létalité n’a pas grand-chose à voir avec les comparaisons faites plus haut. Falloujah, par exemple, est connue notamment pour la (seconde) bataille qui s’y est déroulée entre novembre et décembre 2004, au cours de laquelle les forces irakiennes et états-uniennes ont affronté plusieurs groupes armés. On parle ici de combats de très haute intensité en pleine rue, avec mines et artillerie à gogo. Nous parlons ici de centaines de blessés chez les marines, de milliers de tués chez les insurgés. Nous parlons ici de civils morts par milliers.
Nous parlons en Irak de dizaines de milliers de personnes tuées en près de deux décennies de violences systématiques et permanentes.
Alors ok, la prise du capitole était violente. Mais Falloujah ça ressemblait à ça :
Je n’ai jamais vécu, personnellement, des situations aussi dangereuses. Alors peut-être que certains me diront, du fait de leur vécu à eux, que ce qui s’est passé au Capitole était comparable à ça… Mais je suis sceptique.
Nous connaissons, en France, une forte présence militaire dans nos rues depuis les attentats. Certains, peut-être, ont vécu plusieurs de ces derniers, notamment les attaques de Paris, comme une situation qui pouvait s’apparenter à une guerre. Mais pour quiconque a mis les pieds dans des zones où les affrontements font rage dans la durée et où l’on risque de marcher à longueur de journées sur des mines, c’est difficilement comparable. Laisser croire que ces situations sont similaires n’aide à comprendre aucune des deux.
Wolf Blitzer, en donnant l’impression que ce que traversent les habitants de Washington aujourd’hui est comparable à ce que traversent les Irakiens depuis 17 ans (mais nous pourrions penser aux Afghans, aux Somaliens, à une bonne partie des Sahéliens, aux Congolais, aux Syriens… pour ne citer qu’eux), est d’une malhonnête absolue. Au mieux, il s’agit d’incompétence ou d’inconscience. Au pire, il s’agit de sensationnalisme. C’est manquer de respect aux Etats-Uniens et aux habitants de Washington. C’est manquer de respect aux Irakiens. A ces deux communautés, on dit de cette manière que leur situation est autre chose que ce qu’elle est réellement.
C’est manquer de respect à tous ceux qui sont morts ou ont souffert dans l’ensemble de ces crises.
Non, le Sahel n’est pas l’Afghanistan
Cette tendance à comparer tout et n’importe quoi n’est d’ailleurs pas propre à la crise qui frappe actuellement les Etats-Unis. Nous l’avons, je l’ai déjà dit plus haut, largement observée lors des attentats en France. Aussi violente ait pu être période et aussi préoccupant soit cet enjeu sécuritaire, le comparer benoitement à la première guerre qui vous traverse l’esprit est tout sauf pertinent. Ces temps-ci, on observe une autre comparaison abusive récurrente : l’intervention militaire au Sahel, présentée comme « l’Afghanistan de la France ».
Une comparaison qui atteint très rapidement ses limites. Les Etats-Unis sont intervenus en Afghanistan pour riposter contre les groupes armés terroristes qui les avaient attaqués le 11 septembre 2001 et contre le gouvernement qui les soutenait. La France est intervenue au Mali pour éviter la progression de groupes armés qui visaient à faire s’effondrer le gouvernement de ce pays. En Afghanistan, les Etats-Unis ont entrainé leurs alliés, principalement de l’Otan. Au Sahel, la France opère en parallèle d’opérations de l’Union européenne, des Etats-Unis et des Nations Unies. Il y a deux fois plus de casques bleus au Mali que de soldats français. Les groupes armés qui opèrent au Sahel défendent souvent des intérêts locaux, qu’ils ont commencé à porter bien avant l’intervention de la France. Ceux qui opèrent en Afghanistan étaient maîtres du pays avant l’arrivée des Etats-Unis et se sont construit dans une mythologie de résistance face à l’envahisseur par la suite.
Tout est différent : les enjeux, les acteurs, les territoires, les perceptions.
Alors d’accord, dans les deux cas il y a des gars qui hurlent régulièrement Allah Akbar. Mais n’importe qui d’un peu plus rigoureux intellectuellement que le naufragé André Bercoff est capable de pousser l’analyse un cran plus loin.
Evidemment, il peut être intéressant de comparer deux conflits pour nourrir la réflexion. On peut comparer ‘la’ guerre en Afghanistan et la guerre au Sahel pour s’interroger sur l’efficacité de certaines opérations militaires, de l’aide au développement, de la lutte contre la corruption, des modes opératoires terroristes… Comme on peut comparer LES guerres en Afghanistan. Mais la moindre des choses est de se monter très mesuré et nuancé, en commençant par exemple par préciser les limites, nombreuses, d’un tel exercice intellectuel.
Mais dire ainsi que le Sahel est l’Afghanistan des Français, c’est surtout une manière pseudo-éclairée de dire que la France est dans un bourbier dont elle ne peut se dépêtrer. C’est du niveau d’un Michel Onfray s’improvisant expert en géopolitique en nous disant que les terroristes, sauvages incultes en djellaba, sont tous les mêmes d’un pays sous-développé à l’autre. C’est surtout voir le monde par le tout petit bout d’une lorgnette française : le Sahel n’est pas une guerre de la France. C’est d’abord une guerre des Maliens, des Nigériens, des Burkinabés et c’est aussi des guerres de tous ceux qui les aident sur place, qu’ils soient nord-américains, européens, africains ou asiatiques.
Pourquoi c’est dangereux ?
Il s’agit ici de stéréotypes. On réduit une crise, un conflit ou une guerre à un minimum compréhensible dénué de toutes ses particularités. Le professeur de littérature Michel Otten présente les stéréotypes comme des garants de stabilité du sens, qui permettent une lecture de reconnaissance. En recourant à un stéréotype, on s’assure que notre lecteur ou notre interlocuteur comprenne aisément le message que l’on essaie de lui transmettre.
Un stéréotype peut s’avérer précieux en littérature, en poésie ou au cinéma pour gagner du temps. Il permet d’éviter de passer des pages ou des minutes à expliquer au public ce que sont la gastronomie et l’art de la table à la Française, ou à l’Anglaise. Il y a le bon et le mal, tels qu’on suppose qu’ils sont perçus par notre interlocuteur. De vrai ou de faux, point. Ça reste plus que discutable intellectuellement, mais cela peut s’avérer amusant d’un point de vue créatif. A condition d’aimer miser sur la méconnaissance populaire. C’est un choix.
Dans tous les cas, le stéréotype n’aide pas à informer et à partager la connaissance.
Que transmet-on ici ? Que toutes les guerres, les crises et les conflits sont une seule et même chose, aussi anarchique qu’incompréhensible et insolvable ? Rien ne justifie de dépouiller les différentes crises politiques et les différents conflits armés de leurs particularités. Sinon à brouiller la compréhension de sujets complexes, qui méritent qu’on se penche un instant sur leurs spécificités.
De telles manipulations, qu’elles soient le fait de facilités médiatiques (sensationnalisme) ou d’approximations complètes (incompétence), sont dangereuses. En démocratie, c’est le peuple qui décide. Indirectement, certes, mais c’est bien lui qui, en élisant ses représentants, autorise ou non une intervention militaire. Que cette intervention ait lieu à Washington ou à Bagdad. En laissant croire que ces deux interventions seraient similaires parce que dans les deux cas, il y a des types en treillis avec des flingues, c’est démunir le décideur populaire des connaissances dont il a besoin pour se forger un avis éclairé.
S’autoriser de telles facilités intellectuelles, lorsque l’on est journaliste ou chercheur, c’est lâcher un chassé dans la gueule de démocraties qui souffrent déjà de multiples attaques.
08.07.2019 à 11:51
Nouveau : testez la newsletter Guerres et Influences
Romain Mielcarek
Lire la suite (257 mots)
J’ai décidé de faire évoluer mon format de veille en testant une formule de weekly brief. Le blog demande un effort et un temps de rédaction que je peine à trouver désormais. Ce format de newsletter hebdomadaire pourrait être une solution pour poursuivre les recherches sur les problématiques qui m’intéressent, tout en partageant mes réflexions avec vous. N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette première tournée de beta.
Téléchargez le premier numéro de la nouvelle newsletter Guerres et influence en cliquant ici.
Quelques infos :
- A priori, elle sera hebdomadaire.
- On attaque pour de vrai en septembre.
- Je vais faire quelques tests au cours de l’été, pour récolter des avis.
- Diffusion par mail et/ou en ligne ?
- Les sujets abordés restent les mêmes : stratégies d’influence dans les conflits, opérations psychologiques, stratégies d’information, de communication et de désinformation…
- Une longueur raisonnable pour une lecture rapide : quatre à cinq pages avec les liens vers les sources.
Encore une fois, laissez vos avis et envies en commentaires, pour que je puisse me faire une idée. N’hésitez pas non plus à m’envoyer un mail et à faire tourner pour élargir l’échange.
Bonne lecture.
02.07.2019 à 17:16
Le cyberespace au Sahara : un mirage
Romain Mielcarek
Texte intégral (555 mots)
Dans son livre « L’Afrique, nouvelle frontière du djihad », le chercheur Marc-Antoine Pérouse de Montclos démonte un certain nombre d’idées reçues à propos de la lutte armée islamiste sur ce continent. Il s’inquiète de voir se multiplier les biais chez des décideurs politiques et militaires occidentaux qui se basent sur leur réalité à eux, plutôt que sur celles des publics concernés.
Dans son ouvrage, Marc-Antoine Pérouse de Montclos revient aux fondamentaux en étudiant les réalités sociologiques et politiques des individus engagés dans le djihad en Afrique subsaharienne. Il commence par démontrer que historiquement, différents courants de l’islam ont eu recours aux armes sur ce continent, parfois même en opposition avec les communautés du Moyen-Orient. Pour lui, la thèse d’une « internationale djihadiste » relève du fantasme. Sans nier des échanges de compétences ici et là, il note que les combats sont avant tout locaux.
De même, la propagande numérique mobilisée pour le recrutement reste selon lui négligeable en Afrique subsaharienne : « Au Sud du Sahara, les réseaux sociaux sur Internet n’ont pas joué le rôle qu’ils ont pu avoir dans les métropoles occidentales.«
Il note ainsi qu’en dehors du Mali et de la Mauritanie, la plupart des pays durement touchés par le djihadisme ne sont pas des pays fortement connectés : Nigeria, Niger, Tchad, Soudan, Ethiopie ou encore Somalie. Surtout dans les régions où les combattants se mobilisent.
Citant plusieurs sondages réalisés auprès de captifs nigérians ou somaliens, il remarque que les combattants ne citent pas Internet comme un élément de leur quotidien susceptible de les mobiliser. Eux fonctionnent selon des dynamiques locales : défense d’une cause politique face au gouvernement, ralliement à des proches convaincants ou vengeance de parents disparus, par exemple.
Si Internet joue un rôle, c’est en permettant à des candidats au djihad de la diaspora de communiquer entre eux à travers le monde. Mais ce ne sont pas eux qui construisent l’ossature de groupes comme les Shebab ou Boko Haram.
Il est important de bien comprendre ces logiques car pour obtenir des effets sur ces individus, il faut utiliser les bons vecteurs de communication. S’ils sont plus sensible au prêche dans la mosquée du coin qu’à des vidéos en ligne, il n’y a aucun intérêt à préparer des campagnes d’influence qui leur soit destinées sur la toile. De même, l’auteur note que des campagnes militaires qui ne traitent pas des causes réelles du conflit (inégalités, tensions politiques, pauvreté, corruption…) n’ont que peu de chances de venir à bout de ces mouvements.
29.03.2019 à 10:00
« Le Roman vrai de la manipulation », Fédorovski et l’analyse au doigt mouillé
Romain Mielcarek
Texte intégral (891 mots)
Ancien diplomate soviétique, Vladimir Fédorovski nous livre ici un ouvrage sur la manipulation, dans la lignée de toute une série d’opus sur les services de renseignement et de la Russie, pour lesquels il se montre particulièrement prolixe. Si les novices découvriront probablement quelques histoires croustillantes, nous regretterons une franche maladresse méthodologique sur les affaires plus contemporaines.
Ce livre relève plus de l’essai que du roman, contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser. L’auteur, qui parle pour sa part en conclusion d’« analyse », y exprime clairement une nostalgie sur le ton du « c’était mieux avant » :
« Ce qui m’inquiète le plus dans la phase que nous traversons est que les actions n’y sont plus calculées. La manipulation est pratiquée au naturel, à l’inspiration […]. Durant la Guerre Froide existait une distinction entre la politique réelle, la propagande et la manipulation. Les règles étaient établies. Dans le contexte actuel, on fait face à des sursauts imprévisibles, à des improvisations, des approximations dans la politique étrangère. »
Attaquant son propos au temps des tsars, il égraine de nombreuses affaires de manipulations, menées principalement par des Russes, même s’il évoque aussi des cas américains au moment de la Guerre Froide. L’auteur échoue à définir ce qu’est la manipulation, notamment dans ses nuances : sont présentés ici en vrac des cas de propagande, de désinformation, de subversion d’agents par des officiers de renseignement ou encore d’intoxication.
Vladimir Fédorovski formule un intéressant rappel historique qui fait écho aujourd’hui : « L’URSS a longtemps hurlé à la désinformation comme une « agression propre au monde capitaliste ». » Remarque toujours aussi vraie dans le contexte actuel de la guerre hybride, que les Occidentaux attribuent en boucle à une Russie… Qui y voit pour sa part une création des pays de l’Otan, chacun se renvoyant la responsabilité de cette nouvelle (?) forme d’agressivité.
Les spéculations qui vont trop loin
A force d’exemples, Vladimir Fédorovski démontre donc bien à quel point la Guerre Froide a été une période riche en manipulations, réussies ou non, de la part des deux camps. Témoin direct de cette époque, il cite certains des acteurs qu’il a connus et montre bien comment ils ont parfois pu travailler à éviter les drames.
Cependant, il devient particulièrement maladroit lorsqu’il aborde des cas plus contemporains. Sur l’affaire des déclarations mensongères de Colin Powell en 2003, par exemple, au sujet des armes de destruction massive irakiennes. Survolant ce dossier, il n’aide pas à comprendre de quoi il s’est agit et de qui a manipulé qui : la CIA et la Maison Blanche auraient-elles manipulé l’ancien secrétaire d’Etat ? Certains services américains ont-ils manipulés leurs collègues ? Sur ordre de qui ? La littérature sur le sujet est pourtant abondante.
Plus ennuyeux, il se lance dans une analyse de l’affaire Skripal qui repose sur des réflexions au coin du feu des plus légères. Notant que les accusations britanniques et américaines ne sont pas étayées, selon lui, par des preuves concrètes, c’est qu’il s’agirait probablement d’une manipulation et que puisque la culpabilité russe n’est pas indiscutable… C’est que Moscou n’a probablement rien à se reprocher. Peut-être aurait-il préféré que Theresa May brandisse une fiole devant les écrans de télévision ?
Ignorant la présence encore non justifiée d’officiers du GRU russe à proximité du site (voir notamment les travaux de Bellingcat et de The Insider), l’auteur préfère ironiser sur la mort des animaux de compagnie de Skripal, que personne n’a pensé à nourrir. Lui même résumant parfaitement la légèreté de son raisonnement par un bon vieux « à qui profite le crime ? » (page 248 : « A défaut de déterminer le véritable coupable, on se demandera à qui profite le crime »).
A défaut de preuves, d’autres préféreront éviter les spéculations en l’air pour admettre plus clairement leur ignorance. Ce qui aurait éviter à l’auteur de conclure par un brutal et lapidaire : la Russie est l’alliée naturelle de l’Europe contre l’islamisme qui conquiert le continent. Nous nous demandons franchement ce que ça vient faire là et les plus courageux s’attaqueront peut-être à l’imposante bibliographie de Vladimir Fédorovski s’ils veulent en savoir plus sur sa pensée.
FEDOROVSKI, V. (2018), « Le Roman vrai de la manipulation », Paris : Flammarion, 255p.
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