14.08.2025 à 11:57
En Alaska, le début cruel d’un nouvel ordre du monde
zabrahams
Texte intégral (1076 mots)
La rencontre de Trump avec Poutine est évidemment un évènement. Les deux personnages cumulent assez de pouvoirs sur la planète pour que ce le soit. Surtout dans un moment de dislocation géopolitique comme celui-ci. C’est aussi une humiliation de plus pour les vassaux européens et les commensaux de l’OTAN qui tiendront la bougie chez eux pendant que les dominants se passent d’eux pour décider de l’avenir de leur continent. Le contre sens de la politique suivie par les européens à propos de la Russie depuis trente ans s’étale sous leurs yeux. Car la Russie est une composante de l’Europe. Davantage que la Turquie avec qui pourtant les négociations en vue de son adhésion à l’UE sont pourtant censées continuer. Les dirigeants de l’Union européenne ont accepté le scénario conclu en 2008 à Budapest en faveur de l’annexion par l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie, véritable déclaration de guerre à la Russie. Sur ce blog même j’en avais fait l’analyse et l’alerte. Je n’ai pas été le seul. Il est donc impossible de dire que cela ne se savait pas. De leur côté, les USA ont joué une partie trop compliquée. La Chine ou la Russie, il leur fallait choisir quel était le véritable « adversaire systémique ». Les atermoiements, hésitations et les allers-retours ont embrouillé leur action. Trop tard maintenant. Poutine a gagné la guerre parce que l’Ukraine ne peut la gagner sans un engagement des USA d’une ampleur qui n’est plus à l’ordre du jour. Pour cause de Chine. Les USA ne peuvent donc pas se tirer d’affaires en vainqueurs. Ils devront accepter qu’une nouvelle carte de l’Europe soit dessinée. Pour finir, l’Europe politique y aura donc laissé sa peau. Elle a prouvé qu’elle n’existe pas et n’en a ni la volonté ni les moyens. Plus que jamais ce sera l’Europe allemande. C’est-à-dire le néant.
L’Ukraine pensait pouvoir compter sur les USA surtout et sur les européens aussi pour garantir son indépendance contre l’invasion dont elle fait l’objet. Elle sait à quoi s’en tenir. Elle ne peut plus gagner. Non seulement pour les raisons militaires évoquées. Mais surtout parce que son système politique tient à un fil. Tout concourt à l’effondrement : avoir interdit les syndicats et les partis d’opposition, avoir maintenu Zelenski en place alors que son mandat présidentiel est fini, avoir tenté de sauver les corrompus qui pillent l’effort de guerre, les désertions massives, tout cela a brisé le lien unissant le système Zelenski à son peuple en guerre. Les bonimenteurs sur l’alliance OTAN comme garantie de défense vont manger leur chapeau. La petite gôche atlantiste aussi. Au demeurant, compte tenu de la nature des liens qui unissent les USA et Netanyahu, il est peu probable que le divorce entre atlantistes ait lieu.
Pour nous plus que jamais, compter sur qui que ce soit d’autre que soi-même pour se défendre est une naïveté qui se paiera toujours très cher. USA, Russes, Allemands et d’autres vont tirer chacun leur jus de cette nouvelle distribution des cartes de la puissance. Sauf la France, faute de politique réaliste et faute d’ambitions, faute de compréhension du moment.
Les frontières de l’Ukraine seront donc discutées en dehors de la présence des Ukrainiens. Le départ de Zelenski est la condition de l’accord. Tout simplement parce que son mandat est fini et que je ne crois pas la Russie capable de signer quoique ce soit avec quelqu’un bientôt remplacé par un autre qui pourrait tout remettre en cause. Si Trump et Poutine s’entendent sur un dépeçage accepté jusqu’où cela ira-t-il ? Serons-nous contemporains d’un nouveau Yalta, cet accord de partage du monde entre les USA et l’URSS ? Peut-être d’aucuns le voudraient-ils. Mais en l’absence de la Chine aucun arrangement n’a de valeur stable. Et Poutine ne lâchera pas son alliance chinoise contre les promesses des paltoquets de la fin d’empire US et de leur ribambelle de marionnettes confuses en Europe. Il aura raison. Une telle étape porte en elle d’autres orages. Je note pour mémoire à cette occasion : sur cette base les appétits de bouts d’Ukraine en Pologne et en Hongrie seront rallumés. Dès lors, d’une façon ou d’une autre, la question des frontières va revenir plus forte que jamais. Nous avions proposé une conférence des frontières sous l’égide de l’OSCE en 2016. On me fit le procès stupide de m’accuser de vouloir les changer. J’argumentais qu’elles le feraient sans nous. Et que mieux valait prendre les devant en organisant la discussion que de subir les guerres que ce genre de situation déclenche. On a vu depuis comment l’Ecosse, la Catalogne, la Flandre aujourd’hui belge ont posé un problème. Encore ne fais-je ici que nommer ce que tout le monde sait puisque les intéressés se chargent de le faire savoir. Mais encore une fois, souvenons-nous que les frontières de l’ancien bloc soviétique n’ont jamais été stabilisées comme je l’ai rappelé à l’instant à propos de la Pologne et de la Hongrie. Bref, la rencontre de Trump avec Poutine sur le détroit de Behring peut être un énorme franchissement de seuil. Seul les USA assument un risque dans cette affaire. Celui de revenir sans aucune décision validée. Quant aux européens, ils n’ont aucun moyen de tirer si peu que ce soit quelque avantage que ce soit… Tel est le bilan réel de tous les bavards qui nous ont saoulé depuis 2005 avec leur coup de menton, leur insupportable arrogance atlantiste et leurs ritournelles à l’eau tiède sur l’avenir merveilleux de leurs plans. Leur temps est épuisé comme leur projet. Un gouvernement insoumis aura les mains libres pour engager tout autre chose, tout autrement pour que la France puisse déployer son offre de non-alignement altermondialiste. Une tout autre Europe peut être en vue.
09.08.2025 à 15:57
Gaza : Netanyahu contre le reste du monde
zabrahams
08.08.2025 à 09:50
Incendies, Duplomb, Algérie : les nuls nous fatiguent
zabrahams
Texte intégral (2612 mots)
Les incendies monstrueux dans l’Aude après ceux de Marseille sont le résultat prévisible du refus et du mépris des gouvernements pour toutes les alertes écologiques et budgétaires depuis plusieurs années. En particulier celles des députés et militants insoumis. Je renvoie à ce sujet au rapport présenté par le député insoumis Damien Maudet qui est on ne peut plus clair sur le sujet. Son intervention sur RTL résume bien la situation et les responsabilités.
Les dégâts matériels, les blessures innombrables de la biodiversité, les milliers de personnes et de professionnels exposés aux risques de la lutte contre l’incendie, rien de tout cela ne tient à la fatalité. Tout est politique. Ce sont des choix politiques persistant au niveau global, on le sait, qui sont à l’origine du changement climatique. Mais dans le cas concret, la désinvolture dans la prévention et dans la préparation des moyens de lutte sont toutes liées directement aux choix politiques des gouvernements qui ont ruiné la France, détruit l’Etat dans le but de permettre au marché d’occuper la place tenue hier par les services publics. Naturellement cela n’a pas eu lieu. Le capitalisme français est globalement parasitaire : il prend, ne donne que très peu et n’investit quasiment pas. Mais l’intention est là. Comme aux USA en Californie, le changement climatique et la peur des incendies, ce sont d’abord des opportunités de bonnes affaires : celles des compagnies d’assurance, des sociétés privées de prévention des risques et des marchands d’eau. Mais comme le désastre californien l’a prouvé, ce type d’économie du malheur ne peut pas vraiment fonctionner. Quand l’eau devient plus chère quand on a besoin alors celle qui ne peut être achetée parce que soit trop chère soit déjà monopolisée alors tout brûle à loisir et les coups financiers ne sont pas compensés par les primes d’assurances. Et ainsi de suite. L’œuvre nocive de l’Union européenne doit aussi être mentionnée. Elle veut mettre un terme au système français du volontariat des pompiers. Ce serait de la concurrence déloyale à l’égard des sociétés privées qu’elle voudrait voir exister en France à leur place. Dans la confusion actuelle, ne perdez jamais de vue que la guerre de la finance contre les droits des peuples est permanente et universelle. La France réelle et concrète façonnée par l’histoire de ses luttes et conquêtes est détruite méthodiquement par une politique qui méprise les exigences du vivant dans la nouvelle ère climatique. Le prochain projet de budget de Bayrou va encore aggraver la précarité des moyens dans ce domaine aussi. Ce ne sera ni un hasard ni une erreur de calcul mais la volonté maintenue et acharnée de continuer le plan de marche des néolibéraux. Et maintenant tout le monde a compris que ce plan ne marche pas, qu’il ne conduit qu’à l’enrichissement de poignées de gens au détriment de tous et de la société humaine dans son ensemble. Ce plan a dorénavant un visage celui de Von der Leyen et de la vassalisation acceptée. Il ne faut pas perdre de vue cette composante du moment politique :la faillite économique, morale, intellectuelle du système dans l’esprit du très grand nombre. C’est un atout décisif dans la maturation de la révolution citoyenne qui mûrit si vite en ce moment.
La censure de la loi Duplomb est une étape cruciale où l’activité populaire se renforce par sa mobilisation et la combinaison de cette activité avec celle de la gauche radicale institutionnelle. Les insoumis ont été à l’initiative d’un recours au Conseil Constitutionnel qui a rallié des signatures de toute la gauche parlementaire. Quand le recours fut déposé, peu de commentateurs croyaient à la victoire finalement obtenue. Entre-temps a eu lieu la mobilisation spontanée avec la pétition qui a reçu très vite ses renforts militants naturels. De plus, une mobilisation argumentée s’est déployée à l’initiative des sociétés savantes et d’autorités scientifiques indépendantes. On aura noté le silence complice des ARS qu’aucune politique de prévention de la santé n’intéresse, toutes occupées qu’elles sont par le rabattage de clientèle de malades vers le secteur privé. Ici c’est une première grande victoire contre la loi pesticide et son univers. Surtout par la convergence qu’elle a permise dans ce front uni par l’intérêt général humain ! L’autre victoire est que désormais la question agricole revient en discussion sur une nouvelle base, la seule qui vaille, celle qui peut unir les Français sur une nouvelle base : la santé publique et la souveraineté alimentaire. Cet axe, c’est celui que poursuivent conjointement les insoumis et d’amples secteurs de professionnels de l’agriculture. A partir de là, une nouvelle fois une conjonction de masse est possible. Les deux millions de signatures sur la pétition représentent cinq fois la population active agricole totale. Sans oublier que nombre de professionnels de l’agriculture ont eux-mêmes soutenu et activement participé à cette mobilisation comme j’ai pu le constater en participants au rassemblement syndical au invalides en juillet.
La loi Duplomb a été soutenue fortement par le gouvernement et votée au début de l’été par l’extrême droite, la droite et une majorité du « bloc central ». Chacun savait pourtant sans l’ombre d’un doute à quoi s’en tenir sur le lien entre l’épidémie des cancers et maladies neurodégénératives et les pesticides. Les sociétés savantes, les autorités scientifiques et professionnelles qui ont présenté leurs observations en appui au recours devant le conseil constitutionnel ont été parfaitement claires. Elles ont déclaré être « confrontés au quotidien à l’augmentation des cancers, dont l’incidence a doublé en 30 ans. Une partie de cette augmentation est explicable par le vieillissement de la population, mais ce phénomène n’explique pas l’augmentation des cancers de l’enfant (de 26% entre 1980 et 2000 ou des cancers des adultes jeunes (de 80% en 30 ans). Aussi, l’INC a estime que près de la moitié (47%) du doublement des cas incidents de cancers chez les femmes depuis 1990 s’explique non pas par des facteurs démographiques, mais par une augmentation des expositions aux cancérogènes. Au regard du lien reconnu par l’Inserm entre l’exposition aux pesticides et l’occurrence de certains cancers (prostate, lymphomes, myélome, leucémies et tumeurs cérébrales de l’enfant), il ne fait pas de doute qu’une partie de cette « épidémie » de cancers est liée à l’utilisation de ces produits. Au-delà des cancers, les pesticides sont associés aux maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson ou la maladie d’Alzheimer, dont la fréquence augmente également, à la bronchopneumopathie chronique obstructive, etc. »
Le but désormais est d’élargir et d’étendre le combat sur ces nouvelles bases déjà jusqu’à l’abrogation complète de la loi. C’est le seul moyen d’éviter de reproduire les erreurs du passé, responsables de catastrophes sanitaires majeures comme celles de l’amiante ou du chlordécone. Nous voulons surtout une deuxième délibération du texte de loi. Le combat gagnant est possible et nécessaire. Car de leur côté les amis de l’industrie des pesticides expriment une rage révélatrice. Ainsi quand Laurent Wauquiez, président du groupe parlementaire LR gémit : « Difficile (…) de trouver normal que le Conseil constitutionnel décide à la place des élus d’interdire ce qui était autorisé il y a 5 ans. Le niveau d’ingérence des juges constitutionnels devient un vrai problème pour notre démocratie. » Ou que l’auteur de la loi du lobby de l’agriculture chimique, le sénateur Laurent Duplomb, LR pleure : « La censure sur la réintroduction de ce pesticide va conduire inexorablement à encore plus d’importations avec de l’acétamipride et de moins en moins de productions françaises victimes d’impasses techniques ». N’oublions pas les nouveaux amis des pesticides au RN comme Sébastien Chenu : « Adieu la betterave et le sucre Français, Adieu la filière noisette française… Adieu l’agriculture française, bonjour les importations. Encore un secteur saccagé. » Plus direct et violent, la FNSEA qui s’est aventurée dans un soutien sans faille à cette loi de provocation maintient sa stratégie de combat frontal en faveur des pesticides. Pour Jérôme Despey, FNSEA, la censure est : « un choc, inacceptable et incompréhensible (…) C’est inacceptable que le Conseil constitutionnel continue à permettre des surtranspositions » du droit européen qui autorise l’acétamipride jusqu’en 2033 dans l’Union européenne. Seule la Confédération Paysanne est restée dans le camp de l’intérêt général de la santé publique. Elle montre que cette censure partielle ne règle pas tout pour autant. : « Cette décision n’est qu’une victoire en demi-teinte. Bien qu’il s’agisse d’une bonne nouvelle pour notre santé, pour la filière apicole et pour la biodiversité de manière générale (…) les articles restants annoncent la fin d’une agriculture indépendante, familiale et transmissible. » Les insoumis pensent de même. Et de son côté la Ligue contre le cancer a exprimé une satisfaction vigilante et elle témoigne ainsi de la nouvelle conjonction de forces sur la ligne de la prévention au service de la santé publique : « La vigilance demeure », « l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) établit depuis 2013 un lien entre l’exposition aux pesticides et certains cancers. » Dans le même registre les victimes des pesticides comme Fleur Breteau de « Cancer colère » s’affirment : « Pour nous, la loi Duplomb dans son entièreté aurait dû être abrogée, c’est une loi complètement archaïque qui défend un modèle d’agriculture qui est très dommageable, qui nous fait du mal, qui nous empoisonne. (…) Ça montre une chose, ça montre que le rapport de force fonctionne. » Nous pensons exactement cela. Nouveau front, nouvelle conjonction de forces, nouveau rapport de force, la question agricole change de siècle et de priorités !
Les coups de menton contre l’Algérie montrent qu’il n’en va pas de même dans des domaines où les brûlures de l’Histoires devraient avoir engendré plus d’expérience et de leçons qu’on ne le voit. L’agressivité des gouvernants français affligent, inquiètent et désespèrent : il va falloir encore subir deux ans de ce gâchis permanent qu’est la politique internationale de la Macronie. Maintenant que la survie du gouvernement macroniste vit de la ronde où se tiennent par les barbichettes la droite extrême et de l’extrême droite n’importe quelle pantalonnade désastreuse est devenue possible. Le désastre algerien est servi. Après avoir fait expulser la France de presque toute l’Afrique, Macron a décidé d’accompagner les provocations de son ministre de l’Intérieur contre l’Algérie au moment où celui-ci fait la danse du ventre aux nostalgiques de la colonisation et aux arabophobes. Le chemin pris est un tissu d’absurdités mutuellement désastreuses pour les deux pays et les deux peuples. L’Algérie est le mirage mortel des rêves de puissance des impuissances politiques des dirigeants français depuis 1830 et l’invasion de l’Algérie. La monarchie restaurée des bourbons voulait renouer avec la gloire de l’Empire en passant par une porte ou elle ne déclencherait pas une nouvelle mobilisation de toute l’Europe féodale contre la France. L’échec fut immédiat, total et durable. La résistance des Algériens commença sitôt l’invasion. Et sous une forme ou sous une autre elle ne se relâcha jamais jusqu’à l’indépendance de 1962. Elle fut nourrie et attisée par la cupidité des grands colons, l’acharnement du lobby colonial qui tirait les ficelles de toutes les combinaisons politiciennes gouvernementales. La politique de peuplement fut un échec aussi total compensée par un véritable ratissage des pauvres de toute l’Europe du sud dont mes ancêtres qui y moururent aussi pauvres qu’ils étaient arrivés. Et bien sûr et avant tout par le refus continuel du seul principe qui aurait pu changer la donne : l’égalité des droits. Lisez Camus sur le sujet avec son enquête dans les Aurès et vous aurez une bonne vision de ce que qu’était la situation à ce sujet. Cette règle reste, dans une nouvelle donne, le seul principe qui vaille. L’âge des colonies et de la suprématie européenne est fini, bien fini et tant mieux. La stratégie du choc avec le gouvernement algérien ne mène nulle part. Elle renouvelle les mirages lamentables du passé. D’ailleurs aucun dirigeant français ne serait capable de dire ce qu’il veut réellement obtenir. Ah si j’ai lu : « le respect ». Je me crois assez liée au Maghreb pour pouvoir dire que ce n’est pas de cette façon grossière qu’il se gagne dans la relation avec les peuples du Maghreb. A l’heure ou de son côté le roi du Maroc tend la main pour trouver une issue pacifique et mutuellement consentie avec son voisin, les Français sont donc les seuls à maintenir un vocabulaire de combat de coq. En poussant les Français au divorce avec le Maghreb, la Macronie commet une faute dont notre pays ne se relèvera pas aussi facilement que le croient ses élites gouvernementales obtuses et les divers lobbys à l’œuvre chacun pour leur petite cuisine. Comme je l’ai dit à Marseille devant des milliers de gens en 2016 : il n’y a pas d’avenir durable pour la France sans ou contre le Maghreb et ses peuples. Car si les indépendances ont mis fin aux divers avatars de la colonisation, fort heureusement il n’a pas mis un terme à l’appétit que les peuples ont pour la fraternité mutuelle. Que cela plaise ou pas aux recroquevillés et rabougris de toutes les variétés politiques françaises, nos peuples sont familialement, culturellement, économiquement et spirituellement intriqués. Sur chacun de ces points la politique de Retailleau à laquelle Macron s’est soumis est une violence insupportable. Elle ne mène nulle part sinon à de nouvelles déroutes et blessures. Et surtout à de profondes et inutiles déchirures dans notre peuple tel qu’il est, dans la France telle qu’elle est comme « Nouvelle France » qui doit travailler avant tout à son unité et à maîtriser son déploiement vers le monde.
30.07.2025 à 19:25
Les grands retournements
zabrahams
Texte intégral (2815 mots)
L’été va à son pas. Mais ça pique chaque jour comme dans une veillée d’armes. Et sur chaque front d’actions engagé depuis plusieurs mois s’observent des retournements d’opinion majeurs. Et cela conforte la valeur de l’implication et de la ténacité militante dans l’arène politique.
L’abordage du Handala et le kidnapping de ses équipiers a produit son choc. Les aboyeurs qui répétaient les éléments de langage du CRIF à l’occasion du Madleen et de Rima Hassan ont disparu. Fini leurs grasses accroches « la croisière s’amuse ». En revanche, eux ne s’amusent plus c’est clair. Le retournement complet de l’opinion est palpable dans tous les milieux. Dans une saison peu propice, l’intérêt apporté à l’action du Handala a été une contribution forte à la mobilisation. Et finalement elle ne se sera jamais interrompue dans notre pays. Elles sont formidables ces centaines de personnes qui se sont rassemblées et qui ont maintenu la pression partout, aggravant chaque fois l’isolement des amis de Netanyahu. La vérité est que personne n’a pu vraiment passer des vacances l’esprit libre tant l’horreur du crime de Gaza est devenu un sujet commun de pensées et d’échanges. En Israël aussi, dit-on, s’affirme une résistance morale et politique concrète à mesure que se comptent les morts dans les rangs de son armée. Et sans doute également à mesure que se constatent les ravages psychologiques et moraux des ordres reçus et mis en œuvre ou refusés par les jeunes conscrits israéliens. Une génération d’assassins a été éduquée à la barbarie. Mais nombreux sont celles et ceux qui refusent d’en être. Rien n’est plus rassurant sur la condition humaine que de faire ce constat : chacun reste libre de ses choix moraux personnels en toutes circonstances. L’humanisme philosophique y a sa racine. La dure morale de la responsabilité que nous enseignons y puise sa raison d’être. Tant qu’il y aura des soldat.es déserteurs, des refuzniks qui se suicident nous saurons qu’une équation mortelle est en échec : ni les Israéliens, ni les juifs ne sont ce qu’en dit Netanyahu ni ce qu’il voudrait qu’ils soient. Les criminels sont seuls responsables de leurs crimes. À l’évidence, le moment venu il faudra réparer les dégâts. Car le seul résultat de la campagne odieuse qui a conduit à qualifier d’antisémite toute critique de la politique du gouvernement d’Israël et de son colonialisme meurtrier est que des milliers de gens confondent désormais de bonne foi pour notre malheur commun, juifs, Israël et Netanyahu. C’est à cette pente aussi qu’il faut s’opposer chaque fois que nécessaire. Le but est le discernement individuel des responsabilités. Car la cause politique de ces horreurs n’effacera jamais la responsabilité que chacun doit prendre même dans le devoir d’obéissance des militaires. Dans le combat que nous menons, refuser le système de la responsabilité collective c’est se donner le moyen de construire l’isolement politique de l’ennemi et sa défaite. L’ennemi c’est le camp des racistes israéliens, de leurs suprématistes et de ceux qui partagent leur idéologie et leurs plans. C’est le fameux « socle » de complices que félicitait la députée macroniste Yadan. Et pour ce qui nous concerne, l’objectif politique est l’unité éclairée et consciente politiquement de notre peuple contre tous les suprématistes et les racistes qui veulent le voir se déchirer.
Les députées insoumises, Gabrielle Cathala et Emma Fourreau sont de retour à Paris depuis mardi soir. Tant que tous les équipiers de la flottille n’auront pas été libérés, on doit se tenir prêts à l’action dans toutes ses formes. Et l’action continue parce que l’abomination sadique du génocide de Gaza continue. Des propositions de largages humanitaires ont été faites de nombreux côtés. Netanyahu a dû prétendre vouloir en faire aussi ! On en comprend la manœuvre. Dès lors, « Médecins sans frontières », par exemple, a raison de dire qu’en réalité les vivres sont déjà sur place dans les camions. Le seul obstacle est politique : c’est celui du refus de Netanyahu de les laisser passer. Le déblocage est dans le champ d’action des gouvernements de l’union européenne. Mais le sommet avec Trump a montré la conversion de fait de cette union en colonie des USA. Et il est tout à fait improbable que ces messieurs dames fassent quoi que ce soit d’autre à ce sujet que la volonté de leur maître. Mais à l’inverse les largages en forme de pont aérien proposés par plusieurs pays seraient utiles, on ne peut le négliger, car la famine est une stratégie génocidaire assumée méthodiquement. Mais la réaction du gouvernement Netanyahu face à cette situation sera aussi un déclencheur politique de première importance.
En tous cas dans le monde entier et dans tous les milieux s’exprime une indignation toujours plus large et un dégoût accablant pour le gouvernement Netanyahu. Mais aussi pour son « halo » c’est-à-dire ses agents médiatiques. À présent, la défaite morale et pratique de ses soutiens est consommée. En témoigne cet aveu de la député macroniste Yadan quand elle l’a reconnue devant une caméra en citant un ami député français qui lui refusait désormais son soutien public. Maladroitement elle s’est pourtant félicitée de l’action du « socle » (selon son expression) des journalistes et des intellectuels qui l’ont soutenue pour maintenir la pression contre l’opinion anti-génocide désormais dominante et contre « nos pires ennemis : LFI ». Elle a même rappelé son heure de gloire quand elle a obtenu en direct de la direction du service public des excuses et un rectificatif contre la formulation d’une information diffusée alors. C’est sans doute une invention de sa part. Mais désormais, une bonne partie du « socle » est en vacances. C’est bien commode pour lui servir de prétexte au silence. Car le temps des plateaux délirant du « soutien inconditionnel » touche à sa fin. Le voilà loin de la lumière médiatique qui l’a éclairé avec tant de bienveillance jusque là. En France, oui, l’isolement a changé de camp et la défaite de nos adversaires politiques est à la mesure des moyens qu’ils ont déployés pour faire taire tout le monde depuis tant de mois. Mais nous sommes désormais servis par cette étape d’arrogance. Elle les aura poussées aux pires excès verbaux et imprécations les plus insupportables. Jusque dans les cérémonies officielles ils ont donné le sentiment de vouloir exercer à toute occasion une sorte de police sur les esprits répandant une indignation contre eux aussi large que possible.
Pourtant personne n’a l’intention d’en rester là à ce qu’on voit. Cent quatorze avocats ont lancé une procédure contre les responsables politiques français impliqués dans la protection des crimes de guerre contre lesquels ils ont refusé explicitement d’agir. D’autres procédures sont engagées dans divers pays comme en France contre les soldats de l’armée de la honte qui ont participé aux massacres. On peut penser qu’il s’agit là du début d’une vague qui n’épargnera aucune variété de complices des criminels.
La date du 10 septembre engendre une agitation remarquée sur les réseaux sociaux comme rendez-vous de mobilisation pour « tout bloquer » à la rentrée. Cette sensibilité exprime un état nouveau de l’opinion en plein été. La résignation ne prime plus seulement. Et cela commence par un retournement de température sociale. De nombreux insoumis y participent comme j’en ai été saisi. Mais cette initiative, comme celle des gilets jaunes en son temps, se construit en dehors de tout cadre politique ou syndical. Si elle trouve une dynamique ce sera par elle-même. Et comme pour les gilets jaunes, si je dois donner mon avis je dirai que je me reconnais dans les motifs de cette action. Mais je n’en dirai pas davantage par respect pour l’indépendance et l’autonomie de ce mouvement dont les motivations sont pleinement justifiées. J’y insiste. L’indépendance et l’autonomie d’un mouvement social de cette nature ne sont pas des inconvénients mais la condition de son succès. Parce qu’en évitant de mettre en scène les divergences liées aux affiliations politiques elle oblige à se concentrer sur des mots d’ordres concrets immédiat qui fasse l’unanimité. La dynamique de telles situations est considérable. Dans le passé récent on a vu en France et ailleurs, comment très vite des assemblées de base apparaissent et fonctionnent comme des « assemblées citoyennes ». Comme le firent les gilets jaunes quand ils se sont installés sur les ronds points. C’était un symbole qui se révéla très efficace. Dans le livre « Faites mieux » je décris dans le détail les formes et les étapes que ce type de mouvement a franchi partout dans le monde à partir de ces méthodes. J’analyse le processus de « transcroissance » qui le conduit à s’affirmer progressivement sur des positions et dans des formes désormais assez connues. La première de ces étapes est le moment où le mouvement s’auto désigne comme « le peuple » refusant toute étiquette particulière. Puis il passe à une étape destituante que l’on nomme « dégagiste » selon le mot désormais inscrit au dictionnaire. Avec un mot d’ordre comme : « tout bloquer » on comprend qu’est déjà affirmé une certaine volonté et direction d’action à l’œuvre. L’unique objectif sur le terrain pour nous dans de telles situations est de se mettre au service de l’action, de son élargissement, de sa cohésion. Dans tous ses aspects. Donc de son autonomie qui est la condition de son enracinement. La phase « destituante » d’un tel mouvement peut parfaitement fonctionner et aboutir si le gouvernement est pris en tenaille entre ce mouvement et la motion de censure que nous avons proposé de déposer à l’Assemblée. Cette fois-ci, le syndicalisme salarial voudra sans doute appuyer ce mouvement social s’il a lieu. En déposant un préavis de grève de longue portée à partir de septembre Force ouvrière a donné un signal d’implication dans la rentrée sociale assez vigoureux. Mais là encore l’autonomie doit rester la règle si cette action s’engage. La nôtre aussi comme mouvement politique, cela doit s’entendre.
Les deux millions de signatures recueillies contre la loi Duplomb sont un événement, tout le monde en est d’accord. Ils montrent aussi combien la rentrée de septembre est ouverte sur de nombreuses possibilités de rendez-vous déclencheurs dans de nombreux domaines où l’exaspération est à son comble. Mais ici, on peut parler d’un point de bascule enfin atteint dans la conscience publique collective. Oui, ce niveau de mobilisation est une première. Non seulement par le nombre des signatures dont l’écart avec la collecte avec celle des syndicats souligne l’intensité. Mais il l’est peut-être surtout par le changement qu’il introduit dans le débat public. Pour la première fois la question agricole devient un sujet de masse sous l’angle de la sécurité et salubrité alimentaire. Là se trouve la motivation essentielle dans les consciences. L’échec pour la FNSEA est complet. Dans la bataille pour une agriculture saine, utile à l’environnement et pour finir efficace pour le retour à la souveraineté alimentaire, nous avions absolument besoin de cette bascule. Car il faut d’abord qu’une autre agriculture soit possible pour qu’une autre classe paysanne puisse s’affirmer, celle qui depuis des années alerte, change les méthodes de production, conteste les critères de préférence dans les priorités du financement public. Depuis des décades, sous prétexte de modernité, le seul objectif avoué dans les lieux où se prennent les décisions a été la mutation pour accéder et occuper des positions sur le marché mondial. Et cela ne pouvait se faire autrement qu’au prix d’une concentration et d’un mode de production lourdement financiarisé. La destruction des sols, la pollution des rivières et l’usage intense de produits désormais suspectés sont désormais aussi accusés d’avoir lourdement affecté la santé humaine en général. Mais on ne doit pas non plus oublier l’impasse dans laquelle a été enfermée toute une population active. Il ne reste plus que quatre cent mille paysans en France. Les maladies professionnelles, le surendettement, la misère du grand nombre ont creusé de terribles saignées dans cette catégorie sociale. La plus grande difficulté pour changer le modèle agricole sera pour nous de trouver les professionnels en nombre suffisant pour le faire. Le marché mondial ne peut être le seul horizon. Pas à ce prix. Cet incendie ne s’éteindra pas avec quelques ruses communicationnelles macronistes ni par des compromis pourris d’arrière-salle. Des millions de gens s’inquiètent à juste titre pour la santé des uns et des autres. Les alertes scientifiques sont à présent aussi nombreuses, documentées et déterminées que l’étaient à l’origine celles qui ont conduit à la formation du GIEC. C’est d’ailleurs d’un tel organisme d’information fédérateur dont nous aurions besoin pour être correctement piloté dans nos informations. Ici, nous devrons tous faire preuve du plus grand sérieux. Il faut que nous sachions réellement à quoi nous en tenir si l’on veut commencer à prévenir et à réparer sérieusement. C’est pourquoi nous avons besoin de nous rapprocher étroitement des milieux compétents pour faire cette évaluation. Les responsables insoumis ont commencé ce travail. Les Amfis vont sans doute permettre de faire progresser la formation générale des participants. C’est la cause de notre temps.
Le duo Trump Von der Leyen marque le début du retournement du rapport à l’Union européenne dans les milieux qui en étaient pourtant de fermes soutiens. Ainsi de Bayrou qualifié par « l’opinion » « d’insoumis » à Trump. Car tout à été cédé à Trump. Et d’abord le droit de changer les règles du jeu établies en 75 ans de relations bilatérales. Droits de douane, obligation d’achats, taxe de 5% sur le PIB : le libéralisme, la concurrence libre et non faussée et autres règles du traité de Lisbonne sont une mauvaise blague. Ni fleurs ni couronnes. Il faut donc marquer solennellement le moment. La Commission doit être censurée. Car après avoir sacrifié l’agriculture européenne sur l’autel du libre-échange avec le Mercosur et proposé un budget 2028-2034 centré sur l’économie de guerre et la casse des politiques de cohésion, Ursula von der Leyen franchi une nouvelle étape dans la vassalisation de l’Union européenne face aux USA. Sous prétexte « d’éviter une guerre commerciale », la Commission vient d’accepter la capitulation sans combat. Washington impose à l’Union des droits de douane à 15 % sans la moindre réciprocité, contraint l’Europe à dépenser 750 milliards de dollars pour acheter son énergie polluante et siphonne 600 milliards de dollars d’investissements européens. Tout est cédé à Trump, sans contrepartie tangible, au mépris de l’intérêt des Européens et de la prétendue « souveraineté » que Bruxelles brandit à chaque discours. Dans ce contexte, la délégation France insoumise propose à l’ensemble des groupes de gauche au Parlement européen de porter conjointement une motion de censure contre la Commission d’Ursula von der Leyen. Le choix de l’insoumission à l’Empire et le non-alignement sont la seule alternative disponible. LFI le propose et l’a préparé pendant toutes ces années. Là encore clairvoyance et ténacité prouvent leur efficacité pour le bien commun.
25.07.2025 à 09:56
Gaza : décider à moitié, c’est creuser un tombeau
zabrahams
Texte intégral (2158 mots)
Décider à moitié contre le génocide sur Gaza, c’est creuser le tombeau des Palestiniens et de leurs enfants une nouvelle fois. La décision annoncée par le président Macron sur la reconnaissance par la France en septembre prochain de l’État Palestinien est presque un non-évènement. Bien sûr, il confirme la victoire morale dont nous avions besoin après tant de mois, tant de pilonnages, tant d’insultes, tant de mépris, tant d’invisibilisations, tant de refus de regarder en face l’abominable agonie du peuple palestinien et de ses enfants, tant de démonstration d’arrogance de l’extrême droite de la communauté juive de France. Mais on ne doit perdre de vue à aucun moment, l’enjeu, même de la lutte conduite pendant tant de mois, contre vents et marées par toute partie très diverse dans sa composition politique de la société française. Il ne s’agit pas d’une bataille politique comme une autre qui se joue à coups de mots d’ordre, d’avancée ou de recul, selon les rapports de force, des uns ou des autres. Il s’agit de vie ou de mort pour des dizaines de milliers d’êtres humains tout de suite. Et tout un ordre de vie commune sur cette planète pour ses huit milliards d’occupants.
La reconnaissance de l’État de Palestine par la France eût été un coup de tonnerre, déchirant le ciel, ouvrant une alternative, changeant l’ordre des possibles, si la décision avait été prise il y a quelques mois. Si entre-temps, la France de Macron, la macronie ne s’était pas engagée jusqu’aux épaules dans les décisions, prises par l’Union européenne contre toute mise en cause de l’accord de coopération de l’Union européenne avec Israël, contre tout décret d’embargo sur les armes, contre toute tentative de se saisir de la personne du premier ministre Netanyahu, quand il survolait notre territoire, avec le refus de lui donner des garanties de sauf-conduit si son avion avait dû se poser. Et ainsi de suite jusqu’à la nausée.
À présent, le poids de la parole française est tombé en dessous de zéro. Macron peut décider ce qu’il veut, personne n’y croit en toute hypothèse. Le simple fait d’avoir reporté au mois de septembre prochain, une décision qu’il pourrait prendre tout de suite est un signal de faiblesse, un délai de permis de tuer encore deux mois. Ce n’est plus suffisant même si c’est toujours aussi nécessaire. À cette heure, au moment de l’extermination définitive des Palestiniens de Gaza, il faut un signal fort, beaucoup plus fort pour montrer que la France comprend la gravité de la situation à Gaza, que la France comprend que c’est un combat de vie ou de mort. La France par exemple peut soutenir les flottilles qui tentent de débloquer symboliquement le siège de Gaza. Les navires de la marine nationale pourraient les escorter jusqu’à l’entrée des eaux territoriales gazaouies. Il y a bien d’autres idées par exemple. Comme celle qu’ont évoqué il y a quinze jours Bastien Lachaud et Aurélien Saintoul, deux députés insoumis de la commission de la défense quand ils suggèrent une intervention matérielle directe pour approvisionner la zone de Gaza, mettant ainsi au défi, le gouvernement de monsieur Netanyahu, de s’en prendre militairement, non pas des gens désarmés, affamés, assoiffés, tués par la maladie et les bombardements incessants, mais à une des grandes puissances mondiales qui dispose des moyens de se défendre et de se faire respecter.
Je tiens ici à l’évoquer pour montrer comment à cette heure-ci ce dont on a besoin, ce n’est pas d’une victoire politique purement symbolique et morale même si elle est essentielle puisqu’elle valide notre comportement depuis vingt mois et celui des centaines de groupes et associations et simples citoyens. Elle est bienvenue parce qu’elle désavoue les injonctions arrogantes du CRIF sur le sujet et les accusations d’antisémitismes qui y sont attachées. Mais surtout parce qu’elle pose la question de faire respecter la décision prise conformément aux décisions de l’ONU. Mais par-dessus tout parce qu’elle ouvre la question des moyens pour obtenir l’essentiel à cette heure : la fin du génocide à Gaza à quoi cette décision est censée vouloir se justifier, l’évacuation militaire de ce territoire, l’accès enfin libéré aux moyens humanitaires de masse. Tout le reste serait vaines paroles, tout le reste ne fait que soulever le dégoût généralisé dans tous les pays, et notamment dans toute la jeune génération, qui sait que les propos tenus et soutenus par les aînés au pouvoir sont des mensonges, des faux semblant, des prétextes.
Ainsi un grand changement est en train de s’opérer dans tous les esprits, le suicide moral de l’État d’Israël, sous la conduite de Monsieur Netanyahu est consommé. Les gesticulations du CRIF et des autres appendices, semi-religieux de l’extrême droite dans notre pays, n’ont aucun impact sur la masse des Français, soulevés de dégoût. Ce dégoût traverse toutes les familles politiques. Il est au-delà de la politique. Il vient de principes auxquels on peut être parfaitement attaché que l’on soit de droite ou de gauche. Même si l’on est absolument divergent sur la manière de les faire vivre, il s’agit tout simplement d’une prise de conscience du fait que nous sommes un seul et même peuple humain, organisé en Nations, bien sûr, avec des droits respectifs, bien sûr avec des langues différentes et des religions différentes, bien sûr, mais en seul et unique peuple humain ! Et cette prise de conscience, que le changement climatique stimule chaque jour, est prise à revers par l’agression et l’assassinat de la population palestinienne. C’est ce que tout le monde sait. Et il n’y a pas besoin pour cela d’avoir ni une appartenance philosophique, un parti, ni une idéologie politique construite de A jusqu’à Z pour ressentir une solidarité inconditionnelle avec les malheureux assassinés de Gaza. C’est tout cela qu’une nouvelle fois, par son inconstance, ses manières de toujours donner le sentiment qu’il va être plus malin que tout le monde en différant les décisions qui s’imposent que monsieur Macron vient une nouvelle fois d’abaisser notre pays aux yeux du monde. Reporter de deux mois, un des moyens d’arrêt d’un génocide veut dire reconnaître un État palestinien réduit à être un cimetière. C’est bien l’impression que donne cet homme qui semble n’avoir n’a qu’une chose présente à l’esprit : se tirer d’affaire d’une manière communicationnelle. Son sujet, ce n’est pas la réalité, c’est sa propre perception de lui-même, les démonstrations qu’il donne et ce qu’il croit qu’il fait croire aux autres.
Mais personne n’est dupe, ni en France ni dans le monde. Nous savons tous que le régime macroniste a amené notre pays à un état d’abaissement matériel économique, moral, absolument inouï et comparable avec aucune autre catastrophe de notre histoire nationale.
Nous voulons que la reconnaissance de l’État de Palestine se fasse tout de suite en même temps que la signature de la déclaration de Bogota où l’Insoumise Rima Hassan observait à l’invitation de la Colombie. Nous voulons que la France présente cette déclaration devant l’Union Européenne et fasse campagne pour réunir une majorité d’États. Nous voulons la victoire sur Netanyahu tout de suite, c’est-à-dire la fin du génocide et la punition des criminels de guerre et leurs complices.
Car la victoire ici sera celle de l’intérêt général humain. Ce qui est en jeu, c’est tout l’ensemble de principes fondamentaux, organisateurs du droit international et même de la possibilité d’existence d’un tel droit. Ce qui se joue va bien au-delà du moment. C’est la vie et la mort de l’ordre international dont l’ONU et l’Unesco sont les symboles. Ce qui se joue c’est la vie ou la mort des peuples qui sont mis en danger par le fait que si la loi du plus fort est admise à Gaza, alors la démonstration est faite qu’ils seront tous « gazaïfiés ». C’est-à-dire détruits jusqu’au dernier être humain. La guerre de Netanyahu contre les Palestiniens est bien un défi qui ne concerne pas seulement les problèmes que soulève la colonisation israélienne sur le territoire de la Palestine, qui ne concerne pas seulement la possibilité que nous avons ou non d’appliquer tout de suite et de manière efficace les décisions de l’ONU concernant la création de deux états. La question qu’il pose est de savoir si oui ou non un protagoniste a le droit d’éradiquer par le génocide les adversaires qu’il rencontre ! Si le plus fort peut se référer au précédent de Gaza pour faire subir le même sort aux peuples ou aux ethnies qui le dérange dans ses frontières ou aux alentours. S’il peut s’y référer pour entrer chez le voisin pour y faire autant d’Oradour sur Glane et de Gaza qu’il lui parait possible.
Pour l’instant devant les crimes impunis de Netanyahu et des suprématistes racistes qui composent son gouvernement. Il est prouvé que chacun peut faire comme il l’entend si cela convient aux Etats-Unis. Plus que jamais « la communauté internationale » toujours évoquée plutôt que sa forme réelle et organisée par l’ONU c’est celle qui obéit aux maîtres de l’OTAN, les États-Unis d’Amérique. La « communauté internationale » c’est la communauté des acheteurs de F35 dont les différentes composantes sont autant de bras, plus ou moins armés, de marionnettes politiques plus ou moins efficaces.
Le gouvernement de M Netanyahu, le génocide, rien de tout cela ne serait possible si les États-Unis d’Amérique ne l’avaient pas prévu et organisé dans le plan du « nouveau moyen-Orient » dont le gouvernement d’Israël est désigné pour être l’agent actif rémunéré.
Il y avait bien sûr une alternative. C’est celle qu’annonçait vouloir être l’Union Européenne. Mais le traité de Lisbonne de 2007 après le rejet de la constitution de 2005, il est devenu clair que ce projet politique avait un contenu politique, exclusif, l’imposition du néolibéralisme à tout le monde dans et hors de ses frontières continentales. Mais ce système fonctionne en pyramide de puissance. Le capitalisme de notre époque n’est pas un ordre auto régulé. Il nécessite une structure de pouvoir politique qui le garantisse. À présent, avec la soumission de toute l’Union européenne au tribut militaire de 5% de sa richesse produite, l’ordre de l’empire est reconstitué. Tout a été remis de nouveau dans la main des États-Unis, d’Amérique, comme cela fut le cas la première fois, lorsqu’après la guerre et les accords de Bretton Woods, il a été accepté le 15 août 1971, que les États-Unis d’Amérique puissent battre monnaie sans jamais avoir à se justifier de sa valeur réelle ou de son rapport avec les productions et les performances de l’économie des USA. Ce privilège de vivre à crédit sur le reste du monde a fondé l’Empire nord-américain contemporain sur les bases politiques qui sont les siennes aujourd’hui. Il ne répond de rien devant personne puisqu’il peut tout s’offrir sans contrôle, c’est-à-dire la terre entière. Jusqu’au moment où le mot stop prendra un sens concret. Le trouble dans l’Histoire introduit par Trump, Netanyahu, Smotrich et Ben Gvir ouvre une brèche par où un nouvel ordre international peut passer.
21.07.2025 à 10:54
L’été Duplomb-Handala
zabrahams
Texte intégral (2216 mots)
Symptôme caractéristique des périodes de chambardements, cet été n’arrive pas à ouvrir le temps de pause politique. Déjà l’annonce du plan Bayrou a explosé le paysage du cycle du budget tel qu’il s’amorce chaque année à cette époque. Sidération générale. La violence sociale que Bayrou se propose de déchainer ne peut être assumée par aucune des forces politiques qui gravitent dans l’espace des pactes de non-censure qui ont déjà sauvé le Premier ministre à huit reprises. Du coup l’ambiance des coulisses est à se préparer à la chute du gouvernement. Cela ouvrira ouvrant une série de scénarios majeurs aussi divers que sans précèdent. Dès à présent, dans les milieux officiels que cela concerne de près, l’ambiance tient davantage de la débandade que de la préparation des tranchées.
Pour notre mouvement c’est un moment de branle-bas mobilisateur, nonobstant toutes les difficultés que ce rythme soulève. Ce n’est certes pas comme il y a un an où nous n’avons eu que douze jours de pause entre le bouclage de la fin des élections législatives anticipées et la reprise du combat avec la décision de demander la destitution de Macron puis nos amfis d’été. Mais la préparation des amfis d’été du mouvement et les caravanes qui cheminent dans le pays sont des démultiplicateurs de volonté d’agir qui vont compter dans la préparation de la rentrée. Un travail de fond se mène avec la prise de conscience du caractère « de classe » du plan Bayrou dans la profondeur populaire. En quelques semaines, Bayrou aura nourri une conscience collective de l’antagonisme entre « eux et nous » particulièrement efficace. Les pilonnages médiatiques pour faire peur et affoler sont, eux aussi, très utiles pour travailler à leur discrédit. Nos intervenants y travaillent bien… Ils produisent aussi surtout une demande de réplique qui s’exprime de tous côtés sur le terrain. La saison des chiffres et des démonstrations commence tôt cette année. L’espoir du pouvoir macroniste est de passer en force sans rencontre de réplique populaire. Il compte sur les syndicats qui lui demandent de « mieux les utiliser ». Il se dit qu’ils savent retenir tout le monde le temps des palabres démobilisatrices comme le fut ce « Conclave » sur les retraites offert au PS contre son refus de censure. Les insoumis et leurs alliés GDR et EELV à l’Assemblée barrent la route des arrangements comme ils l’ont fait à chaque motion de censure. Le point nodal est le choix que feront les membres du pacte de non-censure que sont le RN et Le PS. Notre pari est qu’ils ne peuvent recommencer la danse du ventre de « la négociation ». Ils en paieraient un prix qu’ils ne peuvent plus encaisser sans casse sévère dans l’opinion. Et que nous nous chargerions de leur faire assumer sur le terrain. La chute de Bayrou est donc la perspective la plus probable avant la fin de l’année.
Le succès de la pétition contre la loi Duplomb dans cette ambiance est une incroyable bonne nouvelle. Les milliers de réseaux petits et grands qui l’ont relayée ont atteint leur but. Plus d’un million de signatures. Cela signifie que le procès de sa mise en œuvre fonctionnera comme une agression spécialement brutale et mobilisatrice si le pouvoir macroniste s’accroche à son accord avec les sénateurs LR dont vient cette loi. Pourtant, on a en mémoire comment la macronie s’était dévouée sans compter, avec l’appui énergique du RN et de LR, pour faire passer le texte en force. La méthode était incroyable : tous ensemble, ils avaient voté le rejet de leur propre texte pour abréger la procédure parlementaire ! Nous avions parlé alors de « 49.3 parlementaire ». Pour être honnête, disons aussi que la loi ne souleva guère de passion au-delà de milieux directement impliqués. L’acharnement de nos parlementaires se senti bien mal payé. Je me souviens de l’ambiance du rassemblement place des Invalides à l’initiative de la confédération paysanne. On se comptait un peu. Mais tout le monde avait une certitude alarmée totale. Rien n’y fit. Les parlementaires insoumis avaient choisi une tactique d’explication détaillée article par article plutôt qu’une simple protestation d’obstruction. On dispose donc d’un bon fond d’arguments auxquels tout le monde peut se référer en cliquant vers le journal officiel des débats ou vers les replays de l’Assemblée nationale. Il est extrêmement profitable que la politique écologique agricole revienne en débat par ce texte et cette action populaire de masse. Car le contenu de la loi est une telle agression contre la santé publique ! Cela paraissait d’abord très difficile à faire partager. Ici s’opposent le modèle de l’agriculture chimique et hyper productiviste à la vision d’une agriculture paysanne tournée vers la souveraineté alimentaire plutôt que sur l’export à n’importe quelles conditions. Nous allons avoir l’espace pour soutenir un modèle agricole prenant toute sa place dans la prévention des épidémies de cancers et des pollutions de masse qui sont aujourd’hui la signature du modèle dominant. Une deuxième lecture à l’Assemblée est la voie de la dignité en tel cas. Sinon quoi ? Le bon plaisir du monarque présidentiel qui ne promulguerait pas la loi après avoir tout fait pour qu’elle soit adoptée ?
À ce moment, nous les insoumis sommes déployés sur tous les fronts. Nous vivons un été très actif. C’est le suivi de Rima Hassan au sommet de Bogota contre le génocide. Et celui Marina Mesure à Panama en pleine crise de répression syndicale dans un pays clef pour le commerce mondial. Ou la présence de Manon Aubry au Brésil contre le Mercosur. Je sais que j’oublie de mentionner les nombreuses actions de terrain qui me sont signalées. Mais mon intention n’est pas ici de faire un compte rendu d’activité, mais de mettre en scène une ambiance. Le propos est de construire une organisation tournée vers l’action et l’engagement plutôt que dans les bavardages, blabla « stratégique », querelles de personnes et autre perte de temps et d’énergie au moment où il faut engager toutes ses forces au combat.
La veille et l’accompagnement militant de la flottille vers Gaza à laquelle participent deux députées insoumises Emma Fourreau et Gabrielle Cathala concentrent notre énergie. L’enjeu ici est le danger que font peser les méthodes de Netanyahu. Chacun devine que la décision prise par nos deux camarades est aussi personnelle que réfléchie. Impossible de ne pas s’inquiéter pourtant. Du coup ce sont elles qui nous rassurent. « Je sais que le mouvement insoumis sera à nos côtés à chaque instant. Le plus dur est d’assister impuissante au génocide. Je suis sereine avec mon choix d’embarquer. À très vite ! » écrit Emma. À bord, il y a six français. Ange Sahuquet (ingénieur), Justine Kempf (infirmière), Franck Romano (avocat franco-américain à la retraite, ancien avocat du peuple Palestinien auprès de la CPI) Chloé Ludden, ancienne salariée du GIEC et du secrétariat général des Nations Unies (elle vient de démissionner) et nos deux députées insoumises. Et il y a aussi un résident titulaire d’un passeport talent depuis 2014 : Mohamed El Bakkali, journaliste d’AJ qui a une carte de presse du quai d’Orsay. Je manquerais au devoir si je ne donnais pas la liste de la suite de l’équipage. Chris Smalls – USA, Jacob Berger – USA, Robert Martin – Australie, Antonio Lapiccirella – Italie, Bob Subeiri – Israël / USA, Braedon Peluso – USA, Huwaida Arraf – Palestine / USA, Tania Safi – Australie, Hatem Aouini – Tunisie, Santiago Gonzalez – Espagne, Vidgis Bjorvand – Norvège, Sergio Toribio Sanchez – Espagne, Antonio Mazzeo – Italie, Waad Aal Musa – USA.
L’espérance de pouvoir percer le blocus est forte. Ce serait symbolique bien sûr. Mais tellement décisif dans un moment où seule la complicité des gouvernements permet la prolongation de l’extermination méthodique du massacre. En effet, le moment est marqué par l’insurrection de secteurs de plus en plus larges engagés contre le permis d’assassiner accordé jusque-là à Netanyahu. Même le roi des Belges s’y met ! Le sommet de Bogota est un signal de première importance. En effet, un retournement du monde international s’y exprime sans faux semblant. Ce sont des pays du « sud global » qui se portent garants du droit international contre le reniement du « nord global » et ses leçons de morale désormais inécoutables. Le suicide moral provoqué par Netanyahu étend ses effets par contamination. L’option d’un nouveau rapport de force politique mondial et l’opportunité pour une politique de non-alignement s’ouvre un espace qui n’existait pas avant le génocide impuni. En toute hypothèse, nous disposons désormais d’un document gouvernemental là où nous n’avions que des déclarations et prises de positions séparées ou simplement militantes. Dans ce document de Bogota, les insoumis retrouvent la totalité de leurs positions et leurs mots d’ordre.
Tout le contexte pousse à cette réorganisation générale. Voyez comment l’agression de Trump contre le Brésil pour soutenir l’ex-président délinquant Jair Bolsonaro a crispé toute la société brésilienne dans sa profondeur. C’est une règle générale. En effet Trump a l’immense mérite à nos yeux de s’attaquer aux nations alignées sur les USA. Il le fait d’une manière si violente et grossière qu’elle provoque de tous côtés un ébranlement des attaches fondamentales, sans parler des conséquences économiques. Ainsi les droits de douane vont-ils sans doute, comme l’affirme la banque centrale allemande, provoquer une troisième année de récession en Allemagne. L’effet domino prend alors des chemins imprévus. Même exemple : pour surmonter l’obstacle, l’Allemagne veut foncer dans la direction de l’économie d’armement qu’elle s’apprête à alimenter avec une force sans précédent. Tant que gouvernent dans notre pays des gens sans horizon historique, cela se passe sans discussion. Mais dans le débat de 2027, il est certain que la question de savoir pourquoi faire et contre qui l’Allemagne prétend se doter de l’armée conventionnelle la plus efficace d’Europe sera posée. Et aussi de savoir quand avons-nous accepté un tel réarmement de notre voisin ? Et quand aurions-nous accepté qu’il dispose de l’arme nucléaire comme l’a évoqué le président du Sénat allemand ? Une après l’autre, les façades de l’après-guerre froide et de ses automatismes tombent. Dans tous les domaines.
Désormais, de nombreuses voix juives s’élèvent de tous les horizons politiques des communautés dans tous les pays pour refuser que le massacre de Gaza soit « mené en leur nom ». Le temps des suprématistes juifs et des opportunistes à gage semble toucher à sa fin. Peut-être peut-on espérer une émission de radio J sans la question « Mélenchon antisémite ça vous parle » qui est posée à chaque invité. Ces prises de position insoumises au discours dominant de l’officialité est un signal extrêmement positif. D’abord parce qu’il annule le droit à l’infamie attribué à ceux dont l’unique activité dans leur pays respectif consiste à insulter et à diffamer pour obtenir le silence contre le génocide. Les juifs opposés à la politique de Netanyahu sont les premiers désormais à refuser l’étiquette d’antisémite pour toute critique du gouvernement d’Israël. L’intérêt principal de cette situation est évidemment le facteur d’unité populaire qu’elle rend possible. Évidemment les dégâts provoqués par la phase précédente seront longs à réparer. La confusion organisée et propagée entre sionisme et judaïsme dans le contexte du génocide est une faute absolue dévastatrice. Personne ne pourra l’effacer en continuant à redoubler d’insultes et d’agressions comme le font encore les émetteurs de Netanyahu en France. Mais de nouveau, il y a un point d’appui et il faut le noter, l’encourager, le faire connaître. C’est aujourd’hui la forme la plus concrète de lutte contre l’antisémitisme.
12.07.2025 à 08:58
« Insoumission » – Interview de Jean-Luc Mélenchon avec Tariq Ali
zabrahams
Texte intégral (5057 mots)
Interview publiée le 11 juillet 2025 sur Newleftreview
Illustration : Nicolas de Staël, Méditerranée, Le Lavandou, 1952, Mitchell-Innes & Nash, New York
TA : Commençons immédiatement par Gaza. Nous sommes dans ce que l’on espère être la phase finale de cette guerre israélienne. Le bilan humain va atteindre plusieurs centaines de milliers de morts, peut-être près d’un demi-million. Aucun pays occidental n’a entrepris de tentative sérieuse pour l’arrêter. Le mois dernier, Trump a ordonné aux Israéliens de signer l’accord de cessez-le-feu avec l’Iran et, lorsque Israël l’a violé, il était furieux. Pour reprendre ses mots éternels : « They don’t know what the fuck they’re doing. » Mais cela m’amène à poser la question : pensez-vous que les Américains savent ce qu’ils foutent ?
JLM : Nous devons essayer de comprendre la logique de ces États occidentaux. Il ne s’agit pas simplement de dire que Trump est fou ou que les Européens sont des lâches ; peut-être le sont-ils, mais ce qu’ils font repose néanmoins sur un plan à long terme, un plan qui a échoué dans le passé, mais qui est en train de se réaliser. Ce plan consiste, d’abord, à réorganiser tout le Moyen‑Orient pour sécuriser l’accès au pétrole pour les pays du Nord global ; et, ensuite, à créer les conditions pour une guerre avec la Chine.
Le premier objectif remonte à la guerre Iran‑Irak, lorsque les États‑Unis ont utilisé le régime de Saddam Hussein comme instrument d’endiguement de la révolution iranienne. Après la chute de l’URSS, ils ont lancé la guerre du Golfe et Bush père a proclamé un « nouvel ordre mondial ». Depuis le début, j’ai estimé que c’était une tentative de contrôle des oléoducs et gazoducs et de protection de l’indépendance énergétique américaine en maintenant les prix suffisamment élevés, au seuil de rentabilité de l’extraction par fracturation hydraulique qu’ils pratiquent. Quand on saisit cette ambition principale de l’Empire, on comprend mieux d’autres événements. Par exemple, qu’ont fait les États‑Unis en Afghanistan après l’invasion de 2001 ? Ils ont empêché le passage d’un oléoduc via l’Iran. La guerre contre Daesh en Syrie était aussi, à bien des égards, une lutte pour une route d’oléoduc.
Voilà donc : une ligne de raisonnement assez cohérente. Un empire n’en est un que s’il peut maintenir le contrôle de certaines ressources, et c’est exactement ce qui se joue aujourd’hui. Les États‑Unis ont décidé de redessiner la carte du Moyen‑Orient, utilisant Israël comme instrument et allié. Ils savent qu’ils doivent récompenser Israël pour ce travail. C’est fait, sous la forme d’un soutien au projet politique du « Grand Israël », où la population palestinienne de Gaza et d’ailleurs doit disparaître. Si l’Europe et les États‑Unis avaient voulu arrêter cette guerre, elle aurait été limitée à trois ou quatre jours de représailles israéliennes après le 7 octobre. Au lieu de cela, elle dure depuis plus de vingt mois. Alors personne ne peut dire que les Américains ignorent ce qu’ils font comme certains le disaient. Ce qui se passe dans la région est intentionnel, planifié, organisé conjointement par les USA et Netanyahu.
TA : Vous avez mentionné que la seconde partie du plan américain est un conflit avec la Chine. Beaucoup de libéraux et de gauches-libérales estiment aujourd’hui que les événements au Moyen‑Orient sont atroces et que notre véritable cible devrait être la Chine. Mais ils ne réalisent pas que la Chine est la vraie cible, car, comme vous le dites, si les États‑Unis contrôlent tout le pétrole de la région – comme ce serait le cas si l’Iran tombait – ils contrôleraient le flux de cette ressource fondamentale. Ils pourraient forcer Pékin à supplier pour l’obtenir, ce qui contribuerait à la maintenir en laisse. Ainsi, de l’extérieur, la stratégie américaine au Moyen‑Orient peut sembler absolument folle – et elle l’est à divers niveaux – mais elle obéit aussi à une logique profonde : il vaut mieux affronter la Chine ainsi que lui faire la guerre. Cela commence déjà à créer d’énormes problèmes dans tout l’Est. J’ai remarqué que ni le Japon ni la Corée du Sud, qui comptent d’importantes bases militaires américaines, n’ont assisté au sommet de l’OTAN fin juin – ce qui n’est jamais arrivé auparavant.
JLM : Le conflit entre les États‑Unis et la Chine porte sur le commerce et les réseaux de ressources, et à certains égards les Chinois ont déjà gagné, car ils produisent presque tout ce que le monde consomme. Ils n’ont aucun intérêt à une guerre parce qu’ils sont déjà satisfaits de leur influence mondiale. Pourtant, c’est à la fois une force et une faiblesse. Quand 90 % du pétrole iranien va vers la Chine, par exemple, fermer le détroit d’Ormuz couperait des chaînes d’approvisionnement vitales et bloquerait beaucoup de la production chinoise. La Chine aussi est donc vulnérable. Vous avez raison de dire que certains en Occident préfèreraient une guerre froide à une guerre chaude, un encerclement et un endiguement plutôt qu’un conflit direct. Mais ce sont des nuances, et en réalité il est facile de passer de l’un à l’autre. Le premier conseiller économique et commercial de Biden avait déclaré qu’il n’existait pas de « solution commerciale » au problème de la concurrence avec la Chine, ce qui signifie : il ne peut y avoir qu’une solution militaire.
Le point concernant le Japon et la Corée est également significatif. Non seulement eux, mais aussi beaucoup d’autres puissances de la région renforcent désormais leurs liens avec la Chine. Le Vietnam était censé appartenir au bloc américain, mais il a signé des accords avec les Chinois. Il en va de même pour l’Inde, malgré les tensions entre les deux pays. Le contexte ici est qu’à travers une grande partie de l’Asie, le capitalisme est encore défini par des forces dynamiques de commerce et de production, tandis qu’aux États‑Unis il a pris un caractère prédateur et tributaire. C’est-à-dire que Washington essaie désormais d’utiliser son pouvoir pour faire payer le reste du monde, comme cela s’est vu lors de la réunion de l’OTAN que vous évoquiez, où il a été décidé que chaque État européen devrait consacrer 5 % de son PIB à la défense. Cet argent ne servira évidemment pas à construire des avions ou des sous-marins en Europe, mais plutôt à les acheter aux Américains.
J’ai eu un jour une conversation intéressante avec un dirigeant chinois. Lorsque je lui ai dit que la Chine inondait le marché européen de sa surproduction de voitures électriques, il m’a répondu : « Monsieur Mélenchon, croyez‑vous qu’il y a trop de voitures électriques dans le monde ? » Evidemment j’ai dû dire non. Puis il m’a dit : « Nous ne vous obligeons pas à acheter nos produits ; c’est à vous de décider si vous voulez les acquérir. » C’était le coup de grâce ! Voilà un Communiste qui m’expliquait les bienfaits du libre-échange. Cela m’a rappelé que, quand il s’agit des États‑Unis et de la Chine, ce que nous avons est une confrontation entre deux formes différentes d’accumulation capitaliste – même s’il est réducteur de décrire le modèle économique chinois comme simplement capitaliste. Quand je l’ai interrogé sur le rapport de force militaire, il a ajouté que la Chine était dans une position favorable sur le plan militaire parce que, comme il l’a dit, « notre front, c’est la mer de Chine. Le front américain, c’est le monde entier. »
Donc, la bataille des USA avec la Chine est déjà en cours, et nous sommes également toujours dans une phase préparatoire. En ce moment, des navires de guerre nord-américains et des armes sont déployés aux quatre coins du globe, que Washington devra concentrer en vue de toute attaque. Il nous reste donc encore quelques années, une fenêtre d’opportunité. La France reste un pays disposant des ressources militaires et matérielles pour intervenir dans l’équilibre mondial du pouvoir. Je crois fermement qu’un jour nous aurons un gouvernement insoumis capable d’affirmer sa souveraineté sur notre propre production intérieure et notre politique étrangère : un gouvernement qui reconnaît que, même si la Chine représente une menace systémique pour l’Empire, elle ne l’est pas pour nous. C’est ce pour quoi je milite.
Quant à l’Allemagne, c’est une autre affaire. Vous savez, en France nous disons souvent « nos amis allemands ». Eh bien, les Allemands ne sont les amis de personne. Ils sont dans un souci constant d’intérêt national. Ils rompent des accords avec nous tout le temps. Aujourd’hui, ils sont prêts à investir 46 milliards de dollars dans leur économie de guerre parce qu’ils ont perdu la bataille de l’industrie automobile il y a plus de quinze ans. Pourtant, même les Allemands ont reçu une leçon sévère de la part des États‑Unis. Ils ont fini par dépendre de Gazprom pour leur énergie. M. Schröder est allé travailler pour la compagnie et a obtenu un bon accord avec les Russes. Puis les Américains ont dit « Stop » et Nord Stream a été détruit. Vous voyez, l’empire frappe quiconque lui désobéit.
TA : Comment, selon vous, sera le monde à la fin du siècle ?
JLM : La seule chose que nous pouvons savoir avec certitude est que soit la civilisation humaine trouvera un moyen de s’unir contre le changement climatique, soit elle s’effondrera. Il y aura toujours des êtres humains qui survivront aux tempêtes, aux sécheresses, aux inondations. Mais les technocrates ne pourront pas maintenir la société dans son ensemble. En France, nous avons certains des meilleurs technocrates du monde, mais ils sont assez stupides pour croire que tout restera fondamentalement pareil. Ils planifient la construction de nouvelles centrales nucléaires dans leur stratégie climatique ; mais on ne peut pas faire fonctionner des centrales nucléaires sans les refroidir, et les refroidissements nécessitent de l’eau froide, qui devient de plus en plus rare. Nous avons déjà dû commencer à arrêter des centrales nucléaires parce que la chaleur est devenue trop intense. Ce n’est là qu’un exemple, mais il y en a des dizaines d’autres où des décisions politiques sont prises comme si le monde allait rester tel qu’il est aujourd’hui. En tant que matérialistes, nous devons envisager l’action politique dans les paramètres d’un écosystème menacé de destruction. Tant que nous ne partons pas de ce postulat, nos arguments ne vaudront rien.
Nous pouvons aussi aborder la question en termes géopolitiques. Aujourd’hui, 90 % des échanges mondiaux se font par voie maritime. Mais ce n’est pas la façon la plus simple de transporter les marchandises. Plusieurs études montrent déjà que le transport ferroviaire est plus sûr, plus rapide et souvent moins coûteux. On peut donc imaginer que, à mesure que le climat se détériore, les Chinois exploreront des routes alternatives pour leurs produits. La route Pékin–Berlin sera fondamentale pour leur liaison avec l’Europe ; souvenez-vous que la Chine avait autrefois choisi l’Allemagne comme étape terminale de l’une des routes de la soie. L’autre route majeure passe par Téhéran et entre en Europe du Sud. La Chine aura un avantage mondial dans le développement de ces nouveaux canaux commerciaux parce qu’elle est la puissance dominante en termes d’efficacité technique : un atout essentiel en capitalisme « traditionnel ». Les États‑Unis, en revanche, n’ont plus cette capacité d’expertise technique. Les Américains sont incapables de même entretenir la station spatiale internationale en orbite autour de la Terre, tandis que les Chinois remplacent l’équipage de leur station tous les six mois. Les Américains parviennent à peine à envoyer quelque chose dans l’espace, tandis que les Chinois ont récemment posé un robot sur la face cachée de la lune. Les « Occidentaux » – je mets le terme entre guillemets car je ne l’aime pas ; je ne me considère pas comme occidental – sont si pleins d’eux-mêmes, si arrogants, si prétentieux, qu’ils ne peuvent admettre ce déséquilibre.
En bref, si le capitalisme continue de dominer, avec les néolibéraux au pouvoir, alors l’humanité est perdue, pour la simple raison que le capitalisme est un système suicidaire qui profite des catastrophes qu’il provoque. Tout système antérieur a été contraint de s’arrêter lorsqu’il a généré trop de désordre. Pas celui‑ci. S’il pleut beaucoup, il vous vend un parapluie. S’il fait trop chaud, il vous vend une glace ou une climatisation . Au cours des prochaines décennies, des régimes collectivistes démontreront que le collectivisme est une perspective plus satisfaisante pour les êtres humains que la concurrence libérale.
Sur un plan très personnel je veux risquer un pronostic. Je pense aussi qu’avant la fin du siècle, peut-être même plus tôt, les États‑Unis d’Amérique n’existeront plus. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas une nation, et que c’est un pays qui est en guerre avec tous ses voisins depuis sa fondation. Samuel Huntington l’a décrit comme une structure fondamentalement instable et a prédit que la langue qui finirait par devenir dominante serait l’espagnol. Environ la moitié de la population américaine parle maintenant espagnol à la maison, et cette partie est majoritairement catholique, en contraste avec les Protestants éclairés qui ont fondé le pays. Ces dynamiques linguistiques et culturelles sont très importantes. Les gens tiennent profondément à leur langue maternelle : celle que leur mère utilisait pour les bercer , celle qu’ils utilisent pour dire « je t’aime » à leur partenaire. En Californie – un État qui a été arraché au Mexique en 1822, avec une économie dont le PIB est le sixième au monde – l’espagnol y est parlé partout, plus que l’anglais. Il n’est donc pas surprenant que la campagne pour l’indépendance californienne gagne en ampleur, avec un référendum qui pourrait être organisé dès l’année prochaine. Je ne sais pas si cela fonctionnera, mais il est frappant qu’un État majeur de la puissance dominante envisage déjà la sécession. Nous allons assister à davantage que cela. Et l’idéologie dominante du pays – « chacun pour soi » – ne va pas permettre de le maintenir uni.
TA : Vous écrivez dans votre récent livre que le peuple français peut exploser à tout moment comme un volcan, qu’il y a quelque chose qui bouillonne constamment sous la surface de la société française. La dernière personne que j’ai entendue faire une remarque similaire, c’est Nicolas Sarkozy. Quand il était président, un journaliste flatteur lui a dit : « Vous êtes si populaire, M. Sarkozy, vos cotes sont si élevées, vous avez une si belle épouse », etc. Et la réponse de Sarkozy, à ma surprise, fut que ceux qui posent ce genre de questions ne comprennent pas la France, parce qu’en France ceux qui vous louent aujourd’hui seront capables d’entrer dans votre chambre pour vous tuer demain.
JLM : Cet aspect de la société française découle, tout d’abord, de l’histoire du pays. Deux empires et trois monarchies en moins d’un siècle. Ajoutons y cinq républiques en deux siècles et bien sûr trois révolutions. Cela a produit une culture collective de l’insoumission. J’ai choisi ce mot pour le nom du mouvement parce que c’est exactement l’esprit que nous voulons incarner : un instinct rebelle, une capacité toujours présente de rejeter l’ordre imposé. Si nous voulons développer une stratégie révolutionnaire, nous devons nous appuyer sur ces fondations culturelles. On disait autrefois, à voix basse, « je suis communiste » ou « je suis socialiste ». Maintenant ils disent « je suis insoumis ».
Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi des changements démographiques, le brassage des populations. Pour se soumettre à l’ordre établi, il faut y être intégré, plus ou moins profondément. Le serviteur doit apprendre à accepter sa position de serviteur, car son père l’était, son grand-père l’était, et ainsi de suite. Mais si vous venez d’arriver en France, si vous avez risqué votre vie pour venir et êtes plein d’enthousiasme pour la vie, alors vous voulez réussir plutôt que vous soumettre. Vous voulez que vos enfants réussissent aussi, qu’ils reçoivent une bonne éducation. Et cela crée une dynamique interne au sein de ces populations que les classes dominantes, avec leur arrogance habituelle, ne peuvent pas comprendre. Mitterrand a été élu en mai 1981 parce que le Parti communiste organisait la classe ouvrière traditionnelle et le Parti socialiste, les classes sociales montantes. Mais aujourd’hui, il n’existe plus de classes sociales montantes en France, à part dans les communautés immigrées.
Nous, à La France insoumise, nous n’avons jamais pensé que les Français étaient devenus racistes, fermés, égoïstes. Certes, il y a cela. Mais il y a aussi des forces opposées, nombreuses et fortes. Voilà pourquoi nous nous concentrons sur les quartiers populaires – y compris ceux peuplés d’immigrés – et les jeunes, parce que ces deux secteurs ont intérêt à ouvrir la société plutôt qu’à la refermer. Nous ne sommes pas un peuple comme les Anglo-Saxons, très orientés vers les affaires. C’est le seul pays où, lorsqu’on veut critiquer quelqu’un, on emploie une expression populaire comme « heureusement que tout le monde ne fait pas comme vous ». Autrement dit, ce qui est bien, c’est ce que tout le monde fait. Il y a un collectivisme égalitaire spontané en France qui s’observe jusque dans notre langage quotidien.
C’est une nation construite par des révolutions, organisée autour de l’État et des services publics. Toutes nos réalisations – techniques, matérielles, intellectuelles – viennent de la puissance de l’État. Dès lors, en détruisant l’État, le néolibéralisme détruit la nation française elle-même. Vous voulez un catalogue de la destruction ? Une école ferme chaque jour ; une maternité tous les trois mois ; 9 000 km de voies ferrées déclassées ; dix raffineries disparues. La guerre de l’oligarchie contre la société signifie la destruction du bien public au profit du bien privé. Et pourtant, ces appauvrissements de l’État ont entraîné l’effondrement de l’investissement privé. Tout l’argent s’est rué dans la sphère financière. Les riches ne créent pas d’emplois. Ils n’achètent pas de machines pour produire. Ils profitent en ne faisant rien d’autre que de manier la machinerie de la spéculation financière.
Notre stratégie politique s’appuie sur la combinaison de ce diagnostic matériel et d’une analyse culturelle. Socioculturellement, il y a d’autres pays où on pourrait dire « Oui, c’est parfaitement normal ; c’est leur argent, ils peuvent en faire ce qu’ils veulent. » La France est différente. Chez nous , il faut justifier ce que l’on fait. On est responsable envers le collectif. Ce n’est pas un nationalisme abstrait. Je ne pense pas que les Français soient meilleurs que les autres ; ils peuvent bien sûr être poussés à la compétition. Mais cet élan collectif profond me rend optimiste quand je vois les fascistes essayer d’imposer leur vision sombre de l’existence. Ils n’ont aucune ambition pour la société, aucune proposition pour l’avenir. Tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils n’aiment ni les Arabes ni les Noirs.
Il est très facile de provoquer les fascistes. Vous agitez un drapeau rouge et soudain ils accourent. J’ai récemment affirmé que la langue française n’appartient pas aux Français mais à ceux qui la parlent. Cela a provoqué une énorme controverse. « Le français appartient aux Français ! », ont-ils crié. Eh bien, en réalité, 29 pays ont le français comme langue officielle. En reconnaissant cela, on peut commencer à discuter de la langue comme bien commun. Lorsque vous dites à un fasciste qu’il y a 100 millions de Congolais qui parlent français, ils s’évanouissent. Quand vous leur dites qu’en moyenne les Sénégalais sont plus instruits que les Français, ils ne peuvent pas l’admettre. Encore pire à leurs yeux : les Musulmans d’Afrique du Nord ont tendance à mieux réussir à l’école. Je pense que face aux fascistes nous devons déclencher une guerre culturelle frontale en même temps qu’un combat économique. Nous ne devons pas avoir peur. Évidemment, cela peut être désagréable, mais c’est ainsi que les gens en viennent à comprendre la réalité humaine le plus profondément. Nous pouvons être des travailleurs, mais nous sommes aussi des amoureux, des poètes, des musiciens – et ces identités ont aussi leur place en politique. Je ne sais pas si cela vous paraît trop romantique ?
TA : La France n’a pas été épargnée par la montée mondiale de l’extrême droite. L’intelligentsia libérale et gauche‑libérale traditionnelle a été incapable de lutter, car c’est le système qu’elle soutient qui a permis à ces forces réactionnaires de croître si vite. Pensez‑vous qu’un parti dirigé par une figure comme Le Pen ou Éric Zemmour pourrait gagner seul et former un gouvernement majoritaire en France ?
JLM : La montée de l’extrême droite a été une catastrophe intellectuelle. Une partie de la raison de sa force tient au fait que nous avons perdu des repères cohérents de pensée critique. Les sociaux-démocrates n’ont aucun intérêt pour ce type de réflexion : au lieu d’offrir des explications globales, ils répètent simplement quelques principes économiques éculés que vous et moi avons entendus depuis quarante ans. Cela ne suffit pas, notamment pour les jeunes ou ceux qui ont vécu des vies difficiles : qui ont travaillé dur, payé des impôts, contribué, et veulent comprendre pourquoi ils vivent dans un monde si pourri. L’extrême droite leur fournit un arsenal entier de certitudes : les hommes sont des hommes, les femmes sont des femmes, les Blancs sont supérieurs. La plupart des gens sont vigilants face à cette propagande, mais bien d’autres y adhèrent, ce qui signifie que nous faisons face à une situation où – en effet – l’extrême droite est capable de gagner seule en absorbant toute la droite .
Stefano Palombarini écrit qu’il existe trois blocs en France : la gauche, la droite et l’extrême droite. À cela, nous ajouterions une quatrième catégorie : pas un bloc, pas un acteur homogène, mais une masse de personnes désillusionnées par tout. Ils sont des millions, et nous nous battons pour les ramener dans la famille politique collectiviste. Mais l’extrême droite a un travail beaucoup plus facile. Cela s’explique en partie par le déclin de la droite, y compris des macronistes. Ils commencent à réaliser qu’ils ne peuvent plus convaincre les gens. Alors ils embrassent l’idéologie, la rhétorique, la culture de l’extrême droite.
Le ministre de l’Intérieur a récemment ordonné une journée de rafles d’immigrés dans les gares pour épingler les personnes sans papiers. C’était insupportable ! J’ai dit à mes camarades que nous devons nous préparer à une lutte bien plus intense contre ces rafles à l’avenir. À mesure que la droite et l’extrême droite convergent, ce type de racisme devient la norme. Si vous travaillez en France depuis dix ans et que la préfecture ne vous envoie pas vos papiers de renouvellement, vous pouvez maintenant être interpellé en pleine rue et expulsé. Toute votre vie peut être anéantie en quelques instants. Non, non, on ne peut pas accepter ça. C’est insupportable.
Donc, en plus de jouer un rôle de premier plan dans les luttes sociales, nous devons également mener ce combat intellectuel. C’est pourquoi nous avons créé une fondation, l’Institut La Boétie, pour relier les intellectuels à la société. Nous avons organisé des conférences, des tables rondes, publié des livres. La plupart des intervenants viennent de France, mais d’autres viennent de l’étranger. David Harvey est venu parler de la géographie critique ; Nancy Fraser a exposé sa vision du féminisme matérialiste et de la reproduction sociale. L’objectif n’est pas de « recruter » des intellectuels, mais de diffuser leurs idées, qui rejoignent soudain des milliers de personnes. Nous avons reçu des demandes de réunions « intellectuelles » spécifiques dans tout le pays ; il y en a eu plus de quatre‑vingts jusqu’à présent, pour présenter le livre collectif des intellectuels sur l’extrême droite.
TA : Une coalition de la droite et de l’extrême droite en France serait-elle différente dans sa nature du gouvernement de Meloni en Italie ?
JLM : En France, la rhétorique raciste est devenue extraordinairement intense et la violence est de plus en plus tolérée. Il y a quelques semaines seulement, un policier qui a tiré et tué une jeune femme, passagère dans une voiture, a vu l’affaire classée sans suite. Classement. Aucune poursuite. Il y a des scandales de brutalité policière presque chaque semaine. La police est dominée par ces éléments. En conséquence, un régime d’extrême droite en France serait encore plus violent, encore plus agressif, qu’en Italie.
L’extrême droite pense qu’elle vit dans la France du début du XXᵉ siècle, où les immigrés devaient se taire. Elle ne réalise pas que nos populations se sont mêlées. Il y a 3,5 millions de personnes ayant la double nationalité franco-algérienne : des gens profondément liés à la France et dont les parents viennent de là-bas. Et il y a 6 millions de Français musulmans. Mais l’extrême droite refuse de l’admettre. Elle voit les musulmans comme des envahisseurs à cause de leur religion et tente d’oublier que ce pays a vécu trois siècles de guerre civile religieuse entre catholiques et protestants.
Toute la machine politique et intellectuelle de la classe dirigeante française se dirige désormais dans cette direction. Cela inclut la misérable petite gauche dirigée par le Parti socialiste, qui nous aboie dessus du matin au soir. Ils ne se rendent pas compte qu’ils participent à une stratégie plus large de l’establishment : agissant comme auxiliaire de gauche de la droite. Ils vivent dans un monde de rêve, voulant une France comme l’Allemagne, avec une grande coalition du centre : les sociaux‑démocrates indistinguables des libéraux, les Verts toujours en demande de guerre. Ces gens travaillent chaque jour à nous diviser tout en prétendant prôner l’unité.
C’est très tordu, très vicieux, mais bon, c’est la lutte. Je ne veux pas donner l’impression que l’extrême droite a gagné. C’est dur ? Et alors ? Quand était-ce simple ? Je dis souvent à mes jeunes camarades : vous ne connaissez pas la France d’autrefois, quand la majorité des gens dans les villages allaient à la messe chaque semaine et que le curé leur disait de ne rien avoir à faire avec les communistes ou les socialistes. J’allais frapper aux portes quand j’étais jeune dans les années 1980 et les gens disaient : « Vous êtes allié aux communistes ? Ils sont contre Dieu. Et on ne peut pas voter contre Dieu. » J’essayais d’expliquer que Dieu n’y était pour rien dans les élections en France. Souvent en vain !
Il s’agit du monde auquel tu veux appartenir. Si tu n’en sais rien, tu finiras soit avec les libéraux, soit avec les fascistes. Les libéraux disent « chacun pour soi » et les fascistes disent « tous contre les Arabes ». Ils ont leurs visions du monde, et nous devons offrir une autre façon de voir le monde : « tous ensemble ce sera plus efficace et plus vivable ! » . C’est ce que nous essayons de faire. C’est pourquoi parfois on me dit que je suis lyrique et romantique. Oui, je le suis, et il n’y a aucune honte à cela.
— Traduction de Rym Khadhraoui.
09.07.2025 à 21:55
Conférence de Jean-Luc Mélenchon sur le moment politique
zabrahams
Texte intégral (5057 mots)
Jean-Luc Mélenchon est intervenu à l’occasion d’une conférence sur le moment politique, le 9 juillet 2025.
07.07.2025 à 10:24
La gauche radicale gagne du terrain !
zabrahams
Texte intégral (2847 mots)
New York. Comme on le sait, Zohran Mamdani a gagné la primaire du Parti Démocrate pour la mairie de New York. Il a donc effacé les… trente (30) points de retard qui le séparaient de Andrew Cuomo… dans les sondages. Ces 30 (trente) points tout bidon sont mon délice du moment. L’industrie sondagière américaine a l’air aussi efficace que la nôtre dès qu’il s’agit d’évaluer la Gauche radicale ! Mamdani a gagné ! Pourtant selon les normes françaises il est un « vrai boulet » bien « trop clivant ». Voyez plutôt ! Il milite de longues mains pour la cause palestinienne. Il est même un soutien actif du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) d’Israël. Bien sûr, il avait dû subir une campagne de diffamation du type de celles subies en France sous tous les motifs. Zohran Mamdani est un cas d’école de tous les points de vue. Il est né en Ouganda (pas aux USA) et il est d’origine indienne. Sa mère est une célèbre réalisatrice Mira Nair, titulaire de la caméra d’or au Festival de Cannes en 1988. Son père est un chercheur spécialiste du postcolonialisme. Lui-même est titulaire d’une licence d’études afro-américaines ! Par-dessus le marché, il est musulman pratiquant ! Et aussi élu du comté de Queens considéré comme une place forte du « wokisme islamo gauchiste ». Il est soutenu par l’organisation des « socialistes démocrates d’Amérique » (DSA). Celle-là même qui nous a reçu et organisé avec nous une réunion publique à New York quand j’y ai présenté mon livre traduit en anglais. Il défend le « déploiement de travailleurs sociaux dédiés dans cent stations de métro» et le renforcement de «programmes de santé mentale ». Il propose pour ce faire d’augmenter les impôts sur les sociétés et ceux des New-Yorkais gagnant plus d’un million de dollars annuels. Il a axé son programme sur la réduction des coûts qui « écrasent les travailleurs ». Ainsi, il plaide pour le gel des loyers pour les locataires bénéficiant déjà d’un loyer encadré, de la gratuité des bus urbains ou de la mise en place de services publics de gardes d’enfants de moins de 6 ans. Il soutient la revendication d’une augmentation du salaire minimum à 30 dollars de l’heure d’ici à 2030. Sa victoire s’explique aussi en partie par son activité intense sur les réseaux sociaux. Contre l’influence de l’argent-roi en politique aux USA, il a financé sa campagne exclusivement grâce à de petits donateurs.
On devine donc la stupeur chez tous les commentateurs de l’officialité et des aigles des entreprises de sondage : comment l’ancien gouverneur pendant dix ans, l’immense Andrew Cuomo, a-t-il pu perdre cette primaire pour la mairie de New York ? Il s’était pourtant érigé publiquement et bruyamment en fervent défenseur de la cause Netanyahu ! Il a voulu faire de « l’antisémitisme » (version Netanyahu) « la question la plus importante » de la primaire. Comme c’est un ancien avocat, il a aussi rejoint en novembre l’équipe chargée de défendre Benyamin Netanyahu contre les accusations de crimes de guerre et de crime contre l’humanité portées par la Cour pénale internationale.
Zohran Mamdani est donc devenu le prototype de tête à claques pour les fachos trumpistes et les aristocrates du « parti démocrate ». Son ascendance, sa religion, sa formation et son parcours politique lui valent déjà d’être presque aussi maltraité médiatiquement que moi, non seulement par ses adversaires à droite, mais tout autant par l’officialité « social-démocrate » aussi venimeuse là-bas qu’ici. Il devrait donc s’opposer en novembre prochain à l’actuel maire de New York, Eric Adams. C’est un démocrate déjà. Il l’avait pourtant choisi et fait élire à l’époque. Il a été exclu pour avoir bénéficié de voyages gratuits et de financements divers du gouvernement turc. Mais aussi et peut-être surtout pour s’être rallié à Donald Trump sur le sujet de la chasse aux immigrés. En cas de victoire, Mamdani pourrait donc devenir le plus jeune maire de New York, un élu central dans le monde pour le compte de la gauche radicale matérialisant le commencement de la fin de la gauche social libérale et des années Clinton. Il serait à la tête d’une administration gigantesque, armée d’un budget annuel de 100 milliards de dollars et employant 300 000 agents.
Mais bien sûr, le battu de la primaire a déjà décidé d’être candidat quand même à l’élection. Mais en sous main, un plan se négocie où le maire actuel serait finalement le candidat des Républicains, et des Démocrates officiels. La grande coalition à New York avec comme dénominateur commun la haine de la gauche radicale. Tiens tiens, ça nous rappelle quelque chose de bien français…
J’exprime donc tout mon soutien à Zohran Mamdani et ses camarades de DSA notamment parce qu’il a déclenché cette semaine un tollé aux USA en déclarant : « il ne devrait pas y avoir de milliardaires ». Une polémique très proche de celle que nous avons eue en février contre ma déclaration « être milliardaire est immoral ».
Pour compléter le tableau du sursaut par la gauche radicale, donnons des nouvelles de Corbyn. On se souvient peut-être comment Jeremy Corbyn fut mis à terre par la première campagne de pilonnage en Europe contre le soi-disant « antisémitisme » de la gauche radicale. Il avait néanmoins perdu en rassemblant cependant plus de voix que le Premier ministre actuel. Évidemment, le système électoral anglais donne le siège de député qui a le plus de voix au premier et unique tour. Cela rend compliqué le travail d’indépendance de la gauche radicale. Encore fallait-il au moins que celle-ci existe de façon séparée. C’est chose faite désormais. Comme me l’avait dit Jeremy Corbyn quand je l’ai rencontré à Londres il y a quinze jours, un parti indépendant va être créé à la rentrée. Zarah Sultana, actuelle députée britannique a déclaré « Aujourd’hui, après 14 ans, je démissionne du Parti travailliste » a-t-elle décidé ! « Jeremy Corbyn et moi-même allons codiriger la création d’un nouveau parti, avec d’autres députés indépendants, des militants de tout le pays. (…) Cinquante familles seulement possèdent aujourd’hui plus de richesses que la moitié de la population britannique. (…) Et dans tout l’establishment politique, de Farage à Starmer, les gens de conscience qui tentent d’arrêter un génocide à Gaza sont traités de terroristes. Mais la vérité est claire : ce gouvernement participe activement au génocide. Et le peuple britannique s’y oppose. (…) Nous avons besoin que notre argent soit consacré aux services publics, et non à des guerres éternelles. En 2029, le choix sera clair : socialisme ou barbarie. (…) Rejoignez-nous. Le moment est venu. » À l’issue de ma rencontre conférence à Londres, Corbyn est venu bavarder avec moi dans ma loge. Il était accompagné par Faiza Shaheen, candidate indépendante battue d’une poignée de voix par le candidat travailliste dans une circonscription de gauche. Elle participe à la fondation du nouveau parti. Personne ne sait ce que cela donnera, mais ce dont je veux témoigner c’est de la disparition de la peur ou de la gêne face aux campagnes de calomnies de l’officialité travailliste anglaise. Il y a plusieurs mois de cela, on n’en était pas là du tout.
CRIF. La 39ème édition du banquet du communautarisme Juif officiel a été un exercice d’autodestruction. Yonathan Arfi a réussi l’exploit de se mettre bien du monde à dos par un de ses exercices d’arrogance boursouflée qui déchaîne tous les dégoûts à la fois. Après avoir déjà promis à la une du « Parisien » de « rendre résiduel LFI » il a promis ce soir-là de faire de la lutte « contre LFI un objectif prioritaire ». Mais nous n’étions pas les seuls visés ce soir-là. En s’en prenant à Dominique de Villepin, Jonathan Arfi a isolé encore davantage ceux qu’il prétend représenter.
J’ai été, bien sûr, lourdement mis en cause au cours de ces bombances. Je n’y vois pourtant plus d’inconvénients. Je sais à quoi m’en tenir. Le CRIF ou le RN sont désormais dans une idéologie et des pratiques communes. Et ils se soutiennent mutuellement. Être maltraité par de tels comices est une excellente recommandation dans la sphère laïque du pays que ces extrémismes alliés révulsent. Rien d’étonnant à cela. De fait, l’extrême droite est la même, qu’il s’agisse d’ethnicistes comme Le Pen et Bardella ou de suprémacistes comme Jonathan Arfi et ses commensaux. J’aurais honte de mériter les compliments d’une telle compagnie !
Cependant, la « loi contre le séparatisme » interdit à ce type de communautaristes agressifs de telles campagnes politiques, je crois bien ! De même la déduction des impôts des participants de 60 % du prix du dîner (900 euros) ne me parait pas du tout justifiée. Cela ne me paraît pas davantage justifié que ne le sont ces déductions d’impôt dans le cas des dîners de soutien à l’armée israélienne. Il s’en célèbre en effet de-ci de-là au motif que des binationaux participent à ses combats. Mais je trouve cependant clairement inacceptable la jubilation de monsieur Arfi selon laquelle il faudrait « démelenchoniser la gauche en France comme on a decorbynisé l’Angleterre. » « On » ?
L’arrogance communautariste de ces agapes exprime le seul point de vue de milieux mondains extrémisés. Je le sais. De fait, la communauté juive participe et vote très peu dans les élections internes de cette association au nom prétentieux. Car trop c’est trop. D’ailleurs le plus remarquable était sans doute le nombre et la qualité des non-participants pourtant habitués à cette soirée selon des témoignages bien informés. Mais quand on en est à plastronner avec BHL et Sophia Aram, c’est que le tiroir est vide …. En fait, se montrer à ce banquet est devenu une marque d’allégeance peu valorisante compte tenu des tapages récupérateurs de l’équipe de Yonathan Arfi. Qui en a envie ? Et c’est surtout s’exposer à devoir assumer ses saillies déshonorantes. Car les propos de fin de banquet y ont souvent l’haleine chargée. Exemple : « les LFI souhaitent le génocide pour mieux pouvoir nuire à Israël… » Un jour ou l’autre la communauté osera parler sans peur contre ces prétendus représentants. Le plus tôt sera le mieux car ce genre de ripailles, à l’heure des famines organisées à Gaza alimentent une désapprobation silencieuse mais massive dans notre peuple. Nombreux sont ceux qui expriment leur répulsion et leur solidarité directement auprès de moi ou de mes amis. Elle finira par trouver ses mots. C’est en cours.
Ainsi quand Dominique de Villepin a répondu. « Le CRIF devrait se rappeler qu’il n’est ni une institution d’État, ni un ministère des Affaires étrangères israélien. En France, on a encore le droit de critiquer un État, même Israël, sans être accusé d’antisémitisme. Le vrai danger, c’est cet amalgame systématique que vous faites entre juif et israélien, entre critique politique et haine raciale. Vous croyez défendre une communauté ? En réalité, vous la mettez en danger. Vous étouffez la liberté d’expression. Vous divisez le pays. La France n’est pas une extension du Likoud. Et vous n’êtes pas l’arbitre de ce qui peut être dit ou pensé ici. » Nous ne sommes plus seuls.
Il a évoqué l’ambiance de « chasse à l’homme » que les propos de Yonathan Arfi déchainent sans que celui-ci puisse l’ignorer. Villepin évoque les menaces de mort contre des membres de sa famille. Les insoumis connaissent bien ça…
Personne ne peut oublier de quoi il est question. Oui, il s‘agit de lutter contre le déroulement méthodique d’un génocide à Gaza. Se taire c’est être complice. Beaucoup de monde l’admet à présent. Comme par exemple devant l’assassinat de ces pauvres gens, enfants compris, quand ils font la queue pour recevoir de l’aide contre la famine. Les ventres pleins du dîner du CRIF n’en avaient cure. Tant mieux, sinon il aurait sans doute répété les propos odieux de BHL selon lequel « il n’y a pas de famine à Gaza ». Ou peut-être ceux de Netanyahu à propos des voix de l’indignation sur le sujet. Car évidemment pour celui-ci l’ONU « s’aligne sur le Hamas. » En effet, à New York, le secrétaire général de l’ONU avait protesté : « Les gens sont tués simplement en essayant de nourrir leurs familles et eux-mêmes. Aller chercher de la nourriture ne doit jamais être une condamnation à mort ». De son côté MSF, présent à Gaza, avait réclamé plus tôt le démantèlement de la « fondation GHF » chargée de ces distributions, l’accusant d’être « un simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne ». Désormais on dispose de témoignages directs des « soldats » qui refusent de faire cette lâche besogne de meurtriers. L’agence Associated Press a produit une enquête glaçante sur le sujet. Alors même que les journalistes n’ont pas le droit de se rendre sur les sites de distribution, « France Info » a rendu compte de la situation. Un soldat y a parlé au nom de trois cents réservistes qui refusent aussi le « nettoyage ethnique de Gaza. 500 personnes ont été abattues de cette manière et 3 000 blessées au cours des distributions alimentaires.
En Israël aussi, le retournement se voit clairement. Des manifestants israéliens ont porté des photos des enfants palestiniens assassinés à Gaza. La même scène sur les bancs insoumis de l’Assemblée nationale française avait provoqué un hourvari unanime de médias et des « soutiens inconditionnels » dans l’hémicycle. Pour ne rien dire des douillets pourquoi l’initiative était « maladroite ». Le journal israélien « Haaretz », pourtant bien modéré, a affirmé que des soldats auraient bien reçu l’ordre de tirer sur des civils désarmés attendant de recevoir l’aide humanitaire. L’emballage propagandiste reste. C’est le thème de « la guerre contre le Hamas ». « Mais quelle « guerre » ? Où sont les armées ? Ici il y a de lâches assassins qui tuent des gens désarmés et affamés ou bien qui résistent avec des pierres et des bâtons » a dit un commentateur aux USA dans une vidéo virale. Le niveau d’horreurs, de crimes et de massacres sadiques est dorénavant connu de trop de monde pour pouvoir être étouffé par un banquet mondain subventionné.
Alors le retournement d’opinion se répand. Ainsi à propos des jumelages avec des villes israéliennes. Dans ce cas, même les édiles du PS en rabattent. Il s’agit moins de faire plaisir aux uns que de ne plus vouloir être considérés comme des « soutiens inconditionnels » des autres. On ne compte plus les cas. Apothéose quand le Conseil de Paris lui-même finit par accepter de rendre hommage aux milliers de victimes palestiniennes assassinées à Gaza. Cette décision est spectaculaire. Elle prévoit l’extinction de la tour Eiffel et l’attribution de la citoyenneté d’honneur aux Gazaouis. L’idée même aurait été inécoutable il y a six mois quand la maire Anne Hidalgo recevait pour la féliciter l’association « Nous vivrons » qui agressait physiquement Rima Hassan et nos réunions. Yonathan Arfi est notre épouvantail utile.
03.07.2025 à 07:59
Chaud à la tête, froid dans le dos
zabrahams
Texte intégral (2353 mots)
La canicule vit sa vie comme une malédiction. Il ne suffit pas d’elle, il faut encore supporter les commentaires qu’elle suscite. Quand des réactions fusent dans les sphères autorisées, la stupidité des responsables du désastre devient aussi insupportable que ses conséquences climatiques. Voyez : le gouvernement vient de faire voter la loi Duplomb anti-écologique ? Il n’a rien fait pour régler le terrible problème des bouilloires thermiques, ni celui de l’isolation des écoles ? Peu importe : il a donc trouvé une autre idée : contre la chaleur, il recommande …. la fraîcheur. Et boire de l’eau ! Sinon c’est de « l’écologie punitive » dit madame Le Pen. Ces brillantes trouvailles font chaud à la tête. Ils ne sont donc décidément bons à rien ! Nous les insoumis, nous avons pris le problème par un autre bout : l’action politique. Nous avons présenté un plan anti-canicule à notre conférence de presse hebdomadaire du groupe parlementaire. Cinq propositions de lois. Elles devraient être inscrites à l’ordre du jour de la session extraordinaire si la vie politique s’inscrivait dans la réalité de l’existence du pays.
Le sommet de l’OTAN a été une humiliation. Tous les participants ont accepté la capitulation sans condition exigée par Trump : 5 % du PIB sera consacré à acheter des armes américaines. Seule l’Espagne a résisté. Le tyran a aussitôt répliqué : « on va vous taxer à mort ». La pauvre Von der Leyen, cette marionnette atlantiste, a dû sentir ses poumons devenir liquides. Demain, elle va aller capituler à son tour : 10 % de droits de douane à l’entrée du territoire USA. L’Europe puissance, l’Europe souveraine, le contre-modèle aux USA, est juste une pitoyable arrière-cour de l’empire. Mais les agenouillés ne sont pas tous égaux. L’Allemagne va investir plus de cent milliards par an dans l’économie d’armement. Son chef, le droitier Mertz, veut, avec le soutien du PS allemand, construire « la première armée conventionnelle du continent » s’extasie Le Monde. Cette vieille admiration pour nos « amis allemands » ratisse large en France depuis toujours et en toutes circonstances. Qui se risquerait à part moi (mais oui) à demander : « pourquoi faire la première armée conventionnelle d’Europe » ? Je ne suis pas d’accord pour ce plan de réarmement conventionnel. Donc cent milliards par an. Et la France ? Rien à cause des dettes paraît-il. Nous allons être dominés de toutes les façons possibles dans notre chère bonne vieille Europe qui n’est plus ni celle de la paix ni celle du progrès social ni aucune des balivernes qui lui ont servi d’argument pour nous ruiner depuis trente ans. Le « rêve européen » continue. En uniforme. Ça fait froid dans le dos.
La fin du macronisme est désormais un sentier encombré de débris. Les grandes illusions périssent d’être muettes. Qu’est-ce que le macronisme ? Qui se pose même la question ? La macronie des palais erre donc entre frustrations et récriminations. Une troupe indisciplinée, bavarde et complotiste. Ses bancs restent vides à l’Assemblée et ils ont tout simplement disparu sur le terrain. Même leurs journalistes à gage ne savent plus quoi dire, ni quoi défendre. Et dire du mal de LFI ou me rendre responsable de tous les maux du monde ne compense plus. Toute cette déprime aide à la débandade qui gagne dans ce camp. Elle nous sert, car la macronie s’use toute seule et avec énergie. On l’a vu dans le débat sur la motion de censure quand le PS se rachetait de leur absurde pacte de non-censure avec Bayrou. Mais la forfaiture de Macron refusant de reconnaître le résultat des élections reste sans problème dans la bonne conscience de ces députés accrochés au pouvoir. Ce viol de la démocratie est pourtant voué à être payé comme l’a été celui de 2005 et la négation des 55 % de vote du « non » au traité constitutionnel européen. Cette certitude anime nos plans et stratégie à moyen terme, inclut l’élection présidentielle de 2027. Elle aura lieu en effet dans un temps fort de crise économique, géopolitique et climatique. Les demi-teintes y feront de la figuration.
Ce jour de censure à l’Assemblée était une comédie. Il faut dire qu’avec un Hollande annonçant qu’il votait cette censure parce qu’elle n’avait aucune chance d’être adoptée, le décor en carton-pâte monté par le PS avait en effet du mal à convaincre. Mais quand chaque séance de ce type et d’autre est pour nous une école de formation de nos orateurs et de notre capacité de travail, c’est le néant autour de nous. Pas un orateur pour se réclamer de l’œuvre magnifique du macronisme à la tribune. Juste un défilé inepte de bavards faisant semblant de prôner le sacrifice et les efforts dans des postures churchilliennes en pâte à modeler. Sans toucher au portefeuille des riches, évidemment. Ceux qui ont accumulé les dettes publiques inutiles, appauvri l’État, abîmé la Sécurité sociale, gavé les oligarques se donnent de grands airs de gestionnaires responsables. Bayrou accrochera même les gouvernements qui « depuis quarante ans ont ruiné le pays ». Les premiers ministres macronistes et LR ont dû apprécier ! La mule du pape rue ! Dans une ambiance déjà suffocante de politiciens calamiteux, Marine Le Pen a battu des records. « Le RN ne votera pas la motion de censure contre Bayrou car « elle n’apporte rien aux Français » déclare-t-elle la main sur le cœur. Tandis que le maintien de Bayrou leur apportera quoi, madame Le Pen ? Précision : Macron veut dissoudre l’Assemblée nationale si Bayrou est censuré. Dans ce cas, Marine Le Pen ne pourrait pas se présenter à des législatives, puisqu’elle a été condamnée à 5 ans d’inéligibilité, condamnation immédiatement exécutoire. La poubelle de l’histoire s’est donc remplie doucement avec les pelletées énergiques d’un Premier ministre, sauvé une fois de plus par l’abstention du RN. Tel est le vrai état du macronisme : Bayrou au balcon, Le Pen aux tisons. Ce bric-à-brac politique se fédère petit à petit sur un programme en deux points : un, la lutte contre les immigrés et leur descendance et deux la haine de LFI. Le Monde a décrit assez bien comment la haine de LFI constituait une ligne commune capable de fédérer toutes les droites. Il rapproche cette situation de la haine anti-communiste des lendemains de la guerre. Nous serions alors « l’ennemi utile » de ce petit monde puisque nous permettons qu’il se fédère contre nous. Évidemment les tireurs dans le dos du centre gôche complètent ce travail. Mais se rendent-ils compte qu’ils creusent leur propre tombe ? Car, bien sûr, tous ceux qu’ils veulent séduire en diffamant LFI ne vont certainement pas voter pour eux non plus. Et ceux qui votent LFI non plus.
La primaire de la « gôche » a déjà un contre modèle. À New York, le mistigri des primaires de division s’est étalé au grand jour. Un cas d’école. À peine élu candidat commun dans une primaire démocrate, Zohran Mamdani le démocrate est déjà repeint en « ultra-gauche, antisémite, wokiste »… et tutti quanti par ses propres « camarades » démocrates. Il a donc le malheur de voir son concurrent battu décider de se présenter quand même à l’élection. Comme l’avaient fait en France Valls après son échec devant Benoît Hamon, et aussi De Rugy et compagnie aux primaires présidentielles françaises de la gôche en 2016. Les « unionistes », « unitaires » et autres émouvants clubs mondains de la gôche nous convoquaient en espérant notre absence. Grosse ficelle bien identifiée par les observateurs. Du coup cela n’intéresse personne. Ni les millions d’électeurs insoumis pris pour des nigauds par cette gôche, ni ceux qui adhèrent à la ligne Glucksmann que cette équipée rêve de lui subtiliser. Tout le monde semble se moquer de cet épisode : Ainsi l’appel de Lucie Castets la veille de cet événement provoque 23 retweets. Cette primaire est une manœuvre dont Jadot a reconnu l’avoir tenté en son temps à la présidentielle de 2017 « pour faire porter le mistigri de la division à LFI » a-t-il reconnu « Mais ça n’a pas marché » a-t-il rappelé. Maintenant il craint plutôt que cela ne crée une illusion dangereuse : ce serait l’idée que LFI puisse faire partie de cette coalition. Et même pire ; que LFI puisse gagner la primaire et avoir le candidat commun à son issue. Supposons que ce soit le cas. Quelqu’un peut-il croire que Jadot, Meyer Rossignol, Carole Delga, Jerôme Guedj et toute la droite du PS et des Verts se rangeraient derrière la candidature LFI ? Bien sûr que non. Aussitôt tous ces gens s’enfuiraient avec mille mauvaises paroles et la campagne serait immédiatement ruinée pour la malheureuse candidature commune. Ces gens font tout cela dans l’unique but de contourner LFI et les engagements programmatiques que cela implique. Leur dénominateur commun : « pas de LFI ». La preuve avec la nomination de Lucie Castets. À peine étions-nous vainqueurs de la législative de 2024, Olivier Faure klaxonnait : « pas Mélenchon ». Pourquoi ? Pas d’explication de l’homme qui avait pourtant annoncé : « le premier ministre viendra du groupe le plus nombreux à l’Assemblée ». Et quand LFI proposa quatre autres noms, ce fut…. le refus d’en parler. Le PS nous saoula et bloqua la discussion cinq jours avec la candidature de Faure présentée et défendue par Faure, puis Tondelier après son refus d’Huguette Bello sortit du chapeau celui de Cécile Duflot. La proposition de Lucie Castets fut arrachée en dernière minute sur une liste proposée par Olivier Faure. Personne ne la connaissait ni ne l’avait rencontré avant cela dans le groupe qui devait décider. Il s’agissait de débloquer la situation avant que Macron ne parle au 20h pour lui couper la possibilité de nous rendre responsable de l’enlisement politique. Les LFI serrèrent les dents et jouèrent le jeu. On voit ce que cela a donné. Même sketch sectaire au moment de proposer un nom de candidat pour la présidence de l’assemblée nationale. Et ainsi de suite. De nouveau aujourd’hui c’est : n’importe qui tout sauf LFI. Ainsi Tondelier a commencé immédiatement avec son rejet public de ma candidature (que je ne propose pas) « la pire au second tour » répète-t-elle, forte de son immense expérience des campagnes présidentielles et de ses scores à 5 %. La presse Bolloré et consort s’est empressée de diffuser.
Certes cette « unitaire » a réussi à faire oublier son refus de la liste commune aux européennes. C’était notre décision de le laisser croire. La « hype » médiatique dont elle a disposé ensuite fit nos affaires : une amnistie générale donnant au NFP un air soudé. Mais à présent, ce n’est plus le cas. Elle et ses chers amis du PS devront d’abord revoir leur copie. Ils avaient beaucoup brodé sur un thème commun « aux municipales, pas de LFI ni au premier ni au deuxième tour ». C’était le refrain d’Emmanuel Grégoire, l’actuel candidat du PS aux municipales à Paris. À présent, les gesticulations de l’arrogance butte sur la réalité : à ce prix-là, comment comptent-ils voir une mairie de gauche ? La question est posée à Paris (17 % LFI sondage) , à Lyon (15 % LFI), à Marseille (20 % LFI), et ainsi de suite ? Oui comment ? Mettez les patins avant d’entrer dans la salle d’attente, chers amis !
L’unité à « géométrie variable » de Faure et Tondelier selon les caprices et les plans de carrière n’en est pas une. C’est juste une nouvelle fois un « coup de com » comme l’a dit Jadot. Et une opportunité pour exister dans la cour des grands pour diverses personnes très égotiques. Le huis clos entre eux va être passionnant. Surtout quand la solennelle « discussion sur le programme » commence par effacer les deux programmes que PS et Verts avaient signé avec LFI. Tout le monde connaît la suite. Le programme de cette équipe, s’il y en a un et si la primaire a lieu, sera une copie diminuée de « l’Avenir en commun » comme à chaque fois. Pour le reste, la liste des pré-candidats à cette primaire fait autant envie que la guerre des « TO » au congrès du PS. Le décor n’est même pas planté encore, mais nous avons déjà foule pour y jouer un rôle. Trois candidatures EELV, l’officielle plus Rousseau et Piolle, à quoi il faut ajouter Olivier Faure, Jérôme Guedj, Autain, Ruffin et Ségolène Royal (la seule qui sache de quoi il s’agit). C’est un secret de polichinelle que la droite de la gôche finira en rangs serrés derrière Glucksmann si un seul de ces noms l’emporte. Que restera-t-il alors de ce cortège ? Ce qu’il en resta dans le passé après les deux « bing bang de la gauche » déjà organisés par Clémentine Autain dans le passé, des assises des comités antilibéraux et de son candidat José Bové en 2007, de la primaire populaire et de sa candidature Taubira. La vie est ailleurs.
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