30.10.2025 à 19:02
zabrahams
Jean-Luc Mélenchon est intervenu après le vote à l’Assemblée nationale de la résolution « visant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968 » du Rassemblement national, le 30 octobre 2025.
29.10.2025 à 13:14
zabrahams
Alerte ! 22 % des Français survivent à partir du 16 du mois (des fois moins…) uniquement à l’aide de « découvert autorisé » par leur banque. Ce n’est pas gratuit. Mais ça fonctionne comme une autorisation automatique. Mais être à découvert sera bientôt quasiment interdit ! Les clients d’une banque devront demander une autorisation à chaque fois qu’ils en ont besoin. Et le banquier décidera pour chaque personne. Une violence digne de l’ère de maltraitance dans laquelle nous vivons. À la clef, une infantilisation insupportable des rapports humains avec ceux qui vérifieront le bien-fondé des dépenses. Encore une fois, ce sont les travailleurs pauvres et les mamans solo populaires qui sont touchés.
Cette nouvelle privation a été imposée par l’Europe. Macron s’est couché. Car la directive européenne a d’abord été « transposée » dans le droit français par le Conseil des ministres le 3 septembre 2025 par le gouvernement Bayrou. C’était par une ordonnance sur le crédit à la consommation. Mais tout ce nouvel arsenal anti-populaire n’est pas arrivé par surprise. Ça s’est décidé le 2 avril 2025. La décision est venue sous la forme d’un projet de loi du gouvernement « portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne en matière économique et financière, de transport de santé et de circulation des personnes ». Il a fallu d’abord une de ces séances humiliantes au Parlement français où l’on vote des dizaines de « transpositions » d’un seul coup, dans une ambiance où chacun agit par réflexe quand ça lui est possible. Ici ont levé la main « pour » une masse confuse d’européistes béats et toujours contents de tout comme le PS et les macronistes. Ils viennent d’ailleurs de refuser de voter la censure contre la présidente de la Commission européenne présentée par le groupe que préside Manon Aubry. Et aussi les amis du fric et de ceux qui en ont. La droite traditionnelle. Mais ce jour-là, tout un petit monde a laissé faire. Ainsi, le RN et le PS se sont abstenus. Voilà ce que les « oppositions » bidons vont coûter à des millions de gens. Seuls les insoumis avaient présenté un amendement contre cette disposition ! Attention tout cela entrera en vigueur le 20 novembre de l’année prochaine. Donc, maintenant, il faut se mobiliser et se battre pour obtenir l’abrogation de cette chiennerie !
Mais pourquoi diable l’Union européenne se met-elle à la chasse aux découverts bancaires des petits revenus ? Parce que ça fait beaucoup d’argent au total. La dette privée en France et dans le monde est largement au-dessus de la dette de l’État. Et que, dans la sphère financière, on a déjà vu comment en 2008 tout le système mondial s’est effondré à cause d’un client qui ne pouvait plus payer ses traites pour son logement. Évidemment, pour qu’on en arrive là, il faut que le système soit déjà bien fragilisé. Justement, c’est le cas. Ça craint.
Notre économie-monde ne sera jamais un long fleuve tranquille tant qu’il sera envahi par la marée financière que les USA ont créée avec les dollars qu’ils continuent d’émettre à grands flots et sans contrepartie matérielle garantie. Car ces flots passent par des zones de plus en plus instables à mesure que leur sol s’en gorge. Et parce qu’ont été multipliées les occasions de les faire passer par des tuyauteries dangereuses. Le risque d’une crise financière généralisée réapparaît et la menace d’un krach plus violent que celui de 2008. Qui se souvient des lendemains de la crise de 2008 ? Sarkozy avait alors été le porte-parole des consciences comprenant que le système avait franchi un seuil dangereux. Je ne résiste pas au plaisir de republier ses propos de l’époque. Ils décrivent si bien la situation à laquelle nous voici revenus ! « Une certaine idée de la mondialisation s’achève, disait-il, avec la fin d’un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir. L’idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. L’idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle. Pendant plusieurs décennies on a créé les conditions dans lesquelles l’industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme. On a caché les risques toujours plus grands qu’on était obligé de prendre pour obtenir des rendements de plus en plus exorbitants. (…) On a financé le spéculateur plutôt que l’entrepreneur. On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs. (…) On a soumis les banques à des règles comptables qui ne fournissent aucune garantie sur la bonne gestion des risques mais qui, en cas de crise, contribuent à aggraver la situation au lieu d’amortir le choc. C’était une folie dont le prix se paie aujourd’hui ! Ce système où celui qui est responsable d’un désastre peut partir avec un parachute doré, où un trader peut faire perdre cinq milliards d’euros à sa banque sans que personne s’en aperçoive, où l’on exige des entreprises des rendements trois ou quatre fois plus élevés que la croissance de l’économie réelle, ce système a creusé les inégalités, il a démoralisé les classes moyennes et alimenté la spéculation sur les marchés de l’immobilier, des matières premières et des produits agricoles. »
La sphère financière englobe toute l’économie capitaliste dans le même circuit numérique globalisé. Un tel système est toujours à la limite de l’équilibre. Il est donc à la merci de n’importe quel incident local. Comme je l’ai dit, en 2008, ce fut une affaire de vente à crédit de maison à des gens ayant de très faibles ressources. Ils pouvaient acheter à crédit leur logement au prix d’une prime d’assurance plus forte. L’écroulement local se propagea à tous les compartiments de l’économie mondiale puisque tous comportaient une part de ce qui s’écroulait dans les marchés financiers.
Tous les traits de la situation de 2008 se retrouvent aujourd’hui. Des niveaux de cotations boursières sans rapport avec la situation économique environnante. Des bulles hyper-gonflées concernant des activités n’ayant pas encore réalisé de bénéfices, mais bénéficiant d’un fort préjugé favorable. Et à côté de la finance officielle, passant par des banques et des compagnies financières plus ou moins contrôlées, il y a de nouveau un circuit de prêt privé entre entreprises, sans aucun contrôle de solidité. Là-dessus, on a réussi à faire pire qu’avant 2008. L’Europe a été une des premières à remettre en place un système irresponsable de ce type. Là, les entreprises sont autorisées à transformer en titres financiers en vente libre des montages contenant leurs dettes. Quand on considère la masse de la dette privée dans le monde et dans chacun de nos pays, on mesure l’effet de contagion foudroyante que tout cela contient. Pourtant Sarkozy avait promis : « L’autorégulation pour régler tous les problèmes, c’est fini. Le laissez-faire, c’est fini. Le marché qui a toujours raison, c’est fini. Il faut tirer les leçons de la crise pour qu’elle ne se reproduise pas. Nous venons de passer à deux doigts de la catastrophe, on ne peut pas prendre le risque de recommencer. » Si, on peut. C’est fait.
Un choc local va de nouveau tout faire basculer. Par exemple, il est certain que le choc assené à l’économie-monde par le surgissement des droits de douane américains n’a pas encore produit son plein effet. Il est pourtant certain. Car c’est beaucoup d’inflation importée aux États-Unis ! Cela ralentit la consommation et donc la croissance. Et donc les chiffres d’affaires qui vont avec. Le ralentissement va être fort. Mais pas seulement. Le choc douanier, c’est surtout la source possible de panne d’approvisionnements pour des entreprises déjà fragilisées ou bien elles-mêmes surendettées par exemple. Autre cas sous les yeux de tous : le niveau de la capitalisation boursière comparé au niveau de l’activité productive « réelle » quand on voit partout des signaux de ralentissement net. En Europe où la première économie du continent (l’Allemagne) est en récession depuis trois ans et où la seconde économie (la France) connaît un refroidissement polaire de sa croissance à cause d’un budget de restrictions et coupes. Pourtant, malgré cela les bourses s’envolent. Celle de Paris atteint un record rare vu à 8 000 points, comme si la France pétaradait d’activités. Le décalage est pire aux USA sur-endettés. La Bourse de New York, centre du monde financier, capitalise une valeur double de celle de la production du pays.
Ce n’est pas tout. Il y a la fin de la dollarisation de l’économie-monde. Petit à petit, d’abord la Russie, puis la Chine plus lentement, puis un à un tous les pays du groupe des BRICS et leurs proches se mettent à renoncer à commercer en dollar au profit d’échanges en monnaie nationale. Rien de pire pour déséquilibrer la circulation du système sanguin mondial ! La priorité que Trump donne aux crypto-monnaies sera sans doute un détonateur. La production d’argent privé accumulant ou affaissant en « montagnes russes » des fortunes incontrôlables est tout à fait propice à déclencher l’ouragan qui s’accumule. Tout va dans le même sens. Tout en ce moment fait augmenter l’instabilité du système global. Et comme ses oscillations se voient déjà on ne court pas grand risque à dire que cela devrait bientôt mal finir.
En attendant les petits revenus sont priés d’adapter leur dépense à leurs recettes. C’est-à-dire d’accepter sous le contrôle de son banquier la misère et ses conséquences.
Comment faire payer sept milliards aux cancéreux et aux autres malades en traitement de longue durée ? Sans découverts bancaires bien sûr, Lecornu a trouvé. C’est dans le projet de loi de finance de la sécurité sociale (PLFSS). Il y est prévu un traitement de choc plus violent que celui prévu par le plan Bayrou. Souvenons-nous que Bayrou avait pu présenter ce mauvais projet grâce au PS qui avait refusé de le censurer à l’époque. Devant le nouveau plan de saccage, l’ordre des médecins, qui n’est vraiment pas une organisation Insoumise, a protesté solennellement, faisant valoir que « l’exigence comptable l’emportait sur l’obligation de soin ». C’est tout dire. Pire, en plein milieu de la révélation de l’épidémie de cancer qui frappe la France plus durement que partout ailleurs en Europe. Il apparaît que, par exemple, le reste à charge d’une personne atteinte du cancer du sein étant déjà de plus de 1 400 euros, le doublement de la franchise médicale va rendre le coût final hors de portée. Les alertes se multiplient donc. « Le renoncement aux soins déjà en recrudescence va s’aggraver » en général, dit-on du côté de la présidence du syndicat de médecins généralistes.
Une autre comptabilité était possible. Combien rapporterait une bonne politique de prévention des maladies les plus coûteuses et les plus liées à des problèmes de malbouffe comme le diabète ou l’obésité ? Comment mener une politique d’éradication des cancers dont l’origine est liée à l’environnement malsain surchargé en glyphosate par exemple ou de la nourriture traitée au nitrite ? Pas une seconde de réflexion sur le sujet, pas une proposition. Une politique inhumaine inventée et appliquée par des gens sans empathie, ni conscience sociale ou morale.
27.10.2025 à 12:49
zabrahams
Merci monsieur Villeroy de Galhau ! Je me réjouis de voir le banquier central français contredire publiquement l’idée selon laquelle la France serait menacée de faillite. C’était dans le journal « La Croix ». Car je lis aussi ce journal où le « mélenchonisme » (?) est considéré comme « une hérésie chrétienne ». La campagne lamentable sur la France en faillite avait été lancée par monsieur Bayrou alors Premier ministre. Elle a fait des dégâts considérables sur la scène internationale. On peut dire que le patriotisme n’étouffait pas Bayrou. Il s’agissait pourtant seulement pour lui de mettre la pression avant un vote de confiance perdu d’avance. Tout lui semblait bon pour atteindre son petit objectif personnel. Mais comme le diagnostic venait du Premier ministre français lui-même, d’accord ou non, les agences de notation ne pouvaient l’ignorer. Et à leur suite, et par la même obligation, tous ceux qui ont à faire avec les finances de la France. Les Insoumis seront aussi encore d’accord avec le banquier central français pour dire que notre pays est plutôt « menacé d’étouffement ». Je dirai pourquoi dans quelques lignes.
Mais Villeroy impute le poids de la dépense publique et sociale. Bien sûr, nous ne le suivrons pas. D’abord parce qu’il existe une différence de nature fondamentale entre les deux. Sans parler de la dépense publique déjà traitée ici et à chaque occasion par les parlementaires LFI. La dépense sociale chez nous est payée par des cotisations. Elles constituent un régime d’assurance affecté aux risques de la vie. C’est une anomalie absolue de les compter dans les dépenses publiques obligatoires du pays. Compte-t-on les assurances automobiles ? L’abonnement à l’électricité ? À l’eau ? Celle des enfants à l’école ? Celle du domicile ? Non ! On dit alors qu’elles sont des « dépenses contraintes ». La différence ? La loi oblige tout le monde à y souscrire. Mais tout ce qui est assuré par le secteur privé est censé être un acte volontaire guidé par le choix personnel. Ce n’est jamais le cas pour beaucoup. Car la différence entre dépenses contraintes et obligatoires est souvent bien mince, voire inexistante, en tout cas pour les milieux populaires à petit ou très petit salaire ou revenus. Mais cette interpellation me permet de poser un autre problème de comparaison des comptes. Dans nombre de pays, les régimes d’assurances sociales sont ou bien inexistants sur le mode obligatoire français, ou bien assurés majoritairement par des dépenses privées vers des assurances privées. Elles n’entrent donc pas en ligne de compte dans la comparaison des comptes publics. La formule « le pays le plus taxé d’Europe » n’a donc aucun sens et ses utilisateurs à droite et au centre le savent. Enfin, les comptes de la Sécurité sociale française sont à l’équilibre global et dans chaque compartiment si l’État rend les exonérations de cotisations dont il décide ou s’il accepte d’augmenter les cotisations d’un quart de point.
L’étouffement est bien en vue. Mais la cause selon nous est ailleurs. C’est la baisse de la croissance liée à un budget fait de coupes et de déficit sans objet fécond comme l’investissement ni direct ni indirect comme la santé ou l’éducation. Les recettes de l’État vont donc baisser au pire moment. Le pays a besoin de voir son économie relancée. La relance écologique et sociale est la solution planifiable. Le contraire va se passer. La croissance va ralentir encore. Les destructions d’emplois vont s’amplifier. Le capitalisme français gorgé de privilèges va continuer sa grève des investissements pour continuer à nourrir les seuls dividendes. Pendant ce temps, l’Allemagne investit par milliards pour construire la « première force militaire conventionnelle du continent » et passe ses accords pour produire bientôt des voitures électriques avec la Chine. La Chine prend dix longueurs d’avance dans tous les domaines de l’innovation. Au lieu de coopérer, les Français se limitent à des commentaires aigres-doux. Bientôt va venir la crise financière mondiale que l’on voit murir sous nos yeux. Quelle sera la capacité d’encaissement de la France, déjà mal relevée de la crise COVID ? L’étouffement, c’est donc le budget en cours. C’est ce que nous combattons en proposant de financer à 160 milliards d’euros la relance écologique et sociale. On est loin dans cette discussion avec le banquier central des invectives caricaturales et stupides des fantassins médiatiques de la macronie.
Ainsi, quand animée par la haine des pauvres et sa volonté de les faire payer l’impôt, madame Cornudet, du journal « Les Échos », écrit à propos du vote de LFI et de LR sur un amendement pour indexer le barème de l’impôt sur l’inflation. Comment explique-t-elle ce vote. Lisez : « Les députés LFI se joignent à LR pour repousser le gel du barème de l’impôt sur le revenu. (..) . Que faut-il comprendre ? Le premier par haine du PS et goût du chaos. Le second pour obtenir une dissolution au plus vite. » Haine du PS qui n’est pourtant pas concerné par cet amendement. Le chaos ? Proposer de reconduire une mesure générale qui se pratique tous les ans pour éviter l’entrée dans l’impôt de 200 000 personnes au SMIC, c’est le chaos ? La volonté de diffamer conduit à l’absurde. Car la mesure décidée dans le sens annuel le plus traditionnel conduit le journal Les Échos à regretter que la tranche supérieure de l’impôt soit elle aussi ajustée sur l’inflation. La haine des pauvres est un fanatisme comme les autres : il aveugle au moment où il croit discerner. Les hauts revenus persécutés par « Les Échos » : on aura tout vu. Mais ici, la haine de LFI joue surtout dans cette caricature de bourgeoisie effrayée. Une fois lancée sur cette pente, la suite ne vaut pas mieux. Lisez encore : « L’entrée du pays dans la culture du compromis est d’autant plus difficile qu’elle a ses saboteurs. LFI et le RN font tout pour empêcher le Parlement d’aboutir à un compromis sur le budget. Ce sont les saboteurs ». Saboteurs ceux qui proposent des amendements et discutent la loi. Madame Cornudet hait donc aussi le Parlement. Elle préfère les députés qui se taisent et obéissent sans discuter, comme dans toute dictature, dirais-je, si je m’abaissais au niveau de la rédactrice pour psychologiser la politique. Car tel est le sens de la « culture du compromis » de celle qui l’exige des autres avec des injures. Je regrette qu’un journal aussi sérieux comme « Les Échos » s’abaisse à ce genre de manipulation de ses lecteurs. Il devrait plutôt respecter leur intelligence et leur culture du budget de l’État. Il lui faudrait se poser la question : à partir de quel moment la caricature devient-elle une diffamation ? À partir de quel moment la psychologisation de l’action politique devient-elle de l’abrutissement ? Être de droite oblige-t-il à mépriser les petits revenus ? Un Insoumis peut-il lire « Les Échos » sans s’y faire traiter de saboteur de son pays ?
Lecornu a fait de l’indépendance le refrain de son discours pour ouvrir le débat sur le budget. Mais il n’en resta rien dans la discussion ni dans les médias. Il est vrai que le centre de gravité du moment était ailleurs avec le nid d’intrigues autour du budget de l’État et de la Sécurité sociale. L’indépendance du pays, voilà pourtant un sujet à sortir absolument du jeu des discours d’enfumage. Je ne veux pas laisser passer cette occasion sans appeler mes lecteurs à réfléchir sur la signification de ce thème dans notre vocabulaire et la pensée qui va avec.
La puissance militaire ne résume pas l’indépendance d’un pays. D’ailleurs, le concept de puissance lui-même doit être interrogé. Que signifie-t-il pour nous ? Il s’identifie au concept de souveraineté. La puissance, c’est le pouvoir d’agir sans entrave. C’est-à-dire d’agir librement. L’indépendance de la Nation, c’est donc son pouvoir d’agir sans entrave de l’étranger. Se libérer des entraves ne se limite d’ailleurs pas à celles que l’étranger pourrait opposer. Il en va de même concernant bien des firmes transnationales par exemple. On peut étendre le cas encore à des capacités techniques ou intellectuelles qui seraient devenues impossibles chez nous. Il s’agit donc en général de se libérer des dépendances quand elles donnent à un tiers le pouvoir de vous empêcher de décider et de faire. Mais le pouvoir de décider qu’il faut sauvegarder à tout prix, qui le détient ? Celui que Macron a nié : le peuple décidant dans les élections. Pourtant, pour nous, nation démocratique, l’indépendance est une des conditions essentielles de la souveraineté populaire. Rien de moins. Car l’indépendance du peuple, c’est sa liberté de décider et de mettre en œuvre sans autorisation ni contrôle d’une autre nation, d’un autre peuple. Dès lors, la volonté d’indépendance est faite de la lutte effective contre les dépendances. L’indépendance est en cause quand on se laisse dépouiller d’un pouvoir d’agir ou quand on renonce à en conquérir un qui s’avère devenu indispensable pour décider de soi.
La macronie a lourdement agi en sens contraire du nécessaire sur ce sujet. Je laisse de côté la question des fournitures et productions militaires. J’épargne aussi à mes lecteurs la liste des rappels qui sont sans doute déjà présents à son esprit concernant les entreprises au cœur de la souveraineté nationale bradées au capital étranger sans opposition du pouvoir politique qui en a pourtant la possibilité. Les seuls États-Unis en ont acquis 1 800 dans la période récente en France ! On se souvient aussi que la France de Macron se soumet aux décisions des États-Unis quand ils décident d’interdire la vente de telle chose qui contient des composants d’entreprises étasuniennes ? Et que la France de Macron accepte que les entreprises étasuniennes à l’étranger remontent sur les centrales de sécurité de leur pays toutes les informations qu’elles possèdent sur le pays d’accueil ou les productions dont elles peuvent avoir connaissance. Aucun n’oubliera non plus l’origine des capitaux investis directement en France. Car les investissements directs de l’étranger (IDE) sentent parfois assez fort la combine. Ce n’est pas pour rien que l’amendement insoumis sur l’imposition des multinationales est mis en discussion à chaque budget. En vain il y a encore moins d’une semaine. Il s’agit de faire payer à chacune la part qu’elle doit aux Français sur la base de son activité en France. Car un autre mécanisme est à l’œuvre quand une firme multinationale remonte vers le paradis fiscal de son choix, par exemple le Luxembourg, les « loyers » qu’elle prélève sur une entreprise soit pour ses locaux, soit pour l’utilisation de son logo ou ce que l’on voudra. Ces sommes ont pour résultat de les siphonner jusqu’à les mettre en déficit. Puis l’argent revient parfois (mais pas toujours bien sûr) en France sous la forme de l’« investissement direct de l’étranger » (IDE) qui fait la joie des statisticiens du dimanche. 20 % de l’IDE est considéré comme relevant de ce registre ! Et personne n’oubliera non plus les accords entre entreprises pour former des « champions sur le marché international » qui se finissent en absorption de leur part française par la part de l’étranger. Jamais autant d’entreprises n’ont été phagocytées de cette façon que sous Macron. Non, décidément, comment Lecornu peut-il parler d’indépendance comme objectif ? Lui qui a fait partie de tous les gouvernements de l’ère Macron, pendant lesquels le pillage de notre pays a été à son comble et la destruction de ses capacités productives portées jusqu’au point où nous en sommes ! Mais sommes-nous un peuple libre depuis que Macron a décidé de nier le résultat des élections générales législatives qu’il a lui-même provoquées ? Alors comment pourrions-nous penser pouvoir être indépendants si nous ne sommes plus souverains ?
25.10.2025 à 08:02
zabrahams
À peine publiée, la partie de mon dernier post concernant le PS est rattrapée par l’actualité qui la confirme. Cela m’oblige à consacrer ces lignes à l’évènement qui vient, hélas, d’avoir lieu. Ce vendredi-là, c’était une rencontre « secrète » du PS avec les présidents de groupe MoDem et Renaissance pour organiser des aménagements dans le budget Lecornu. Elle est vite devenue une réunion secrète publique. La veille avait été démasquée la supercherie de la « suspension de la réforme des retraites » bramée par le PS. On peut faire le pari de l’amateurisme absolu des négociateurs PS de l’accord avec Lecornu. Ou bien croire, comme le suggère une caricature parue dans le « Canard enchainé », qu’Olivier Faure jubile à occuper la scène médiatique à coups de « main tendue » suivie de menaces de censure mélodramatiques. Pour ma part je n’aime guère les analyses psychologisantes de la politique. Tout cela est peut-être vrai. Mais l’essentiel est ailleurs. Deux points font une ligne. Ici est à l’œuvre surtout un véritable plan politique. Après sa rupture avec le NFP, le PS vient de franchir une étape dans sa nouvelle stratégie. Il avance sans pause en direction d’une grande coalition avec le « bloc central » et la droite, comme les social-démocraties de toute l’Europe. La « réunion secrète » publique de ce vendredi 24 est un coming out : elle trace le périmètre de la nouvelle coalition en cours de formation.
Gabriel Attal est ici le personnage le plus central pour le sens de l’opération. Dans la réunion il a d’ailleurs redit sa singularité : « pour le budget, allez voir Lecornu ». Pourtant la rencontre a continué. Ancien socialiste, ancien macroniste dont il préside désormais le parti et le groupe parlementaire, en mise à distance du président fondateur, Gabriel Attal a des raisons de croire qu’il puisse profiter de ce nouveau cadre de concertation offert par le PS. Dans cette optique, la présence du MoDem de Bayrou à cette réunion est également un événement très important. Cette réunion n’est donc pas anecdotique. Au contraire !
Pour le PS c’est une étape et un seuil franchi dans une suite de décisions et prises de position allant à grands pas dans le même sens pour construire une nouvelle alliance politique de centre gauche. Les jalons de cette volte-face politique ont été sans cesse relativisés par les commentateurs, ignorant les ondes longues de l’histoire politique des partis en France. L’essentiel échappait donc à leur regard. Cette construction politique est depuis trente ans le rêve permanent de la droite du PS qui le dirige dorénavant. À présent, il se résume en une question : qui prendra la tête du « bloc central » le moment venu, c’est-à-dire pour 2027 après le départ de Macron ? Olivier Faure et Gabriel Attal ont alors un intérêt commun. Et un concurrent commun. D’abord, il faut que ce bloc existe. Leur jonction en conditionne la crédibilité électorale. Alors il leur serait possible, se disent-ils, de rattraper et dépasser Raphaël Glucksmann. Pour cela, il a fallu d’abord créer l’ambiance. Il y a donc eu la série des six censures refusées contre Bayrou. L’échec total de cet accord de non-censure fut sidérant. On pouvait croire à de la naïveté tant l’amateurisme des négociateurs est désormais devenu visible. Mais si l’accord de sauvetage avec Lecornu a confirmé cette défaillance, on a vu ensuite que le projet reprenait aussitôt le dessus. En quelques semaines, depuis le congrès du PS, le tournant a été pris et fermement maintenu à travers des épisodes très clivants. Il y a eu la candidature d’Olivier Faure au poste de Premier ministre. Cette proposition avait déjà bloqué pendant cinq jours la discussion du NFP après la victoire aux législatives de 2024. Il y a eu les accords électoraux piétinés dans les élections partielles. Avec en prime le refus par Carole Delga du report de soutien à gauche au second tour d’une élection législative partielle sur une candidate NFP LFI face à la droite macroniste. Il y a eu l’annonce de la fin de la référence au programme du NFP, suivie logiquement du contre-budget d’austérité socialiste. Ensuite ce fut la décision proclamée par Olivier Faure de présenter à l’avenir aux législatives des candidatures partout dès le premier tour, y compris contre des députés sortants LFI. Tout cela forme une orientation permettant de comprendre comment le PS pense pouvoir contourner le prix électoral de ses manœuvres : en changeant d’électorat.
Les chefs de file de la coalition majoritaire du congrès PS assument ardemment cette nouvelle stratégie dans les médias. Les minoritaires ainsi dépouillés de leur raison d’être font de la figuration maussade. Mais il ne faut pas se tromper sur l’origine de tout cela. Elle reste purement interne. Actuellement l’obsession du barrage à Glucksmann occupe ceux-là mêmes qui l’avaient enrôlé pour subir à leur place aux européennes les échecs électoraux annoncés. Glucksmann en est ressorti non seulement vivant mais plus fort qu’eux. Et le voici candidat déclaré candidat en 2027 avec ou sans leur investiture. À la peur de l’enfermement avec LFI est donc rajoutée la peur de la dissolution par Macron et le dépassement par Glucksmann et son parti Place Publique. Rien d’autre. Car en effet ce dépassement est devenu largement imparable dans les conditions actuelles. Et ce serait la fin du PS.
Cette équipe au PS n’a aucun programme gouvernemental propre. Ni aucun discours idéologique spécifique. La pérennité du parti est donc leur seul enjeu. D’ailleurs, à supposer que la primaire pour les présidentielles puisse avoir lieu, aucun d’entre eux n’en respectera le résultat si le socialiste Olivier Faure ne la gagne pas. Le sabotage du NFP par le PS est d’abord motivé par la volonté de cornériser Glucksmann en usurpant son orientation.
Les conséquences concrètes négatives de cette ligne absurde n’ont pas été intégrées un instant par ces grands stratèges. C’est toujours le cas dans ce type d’obsession interne. Car naturellement ils n’ont aucune chance d’y parvenir. Il ne suffit pas de refuser de censurer le macronisme pour être séduisant en macronie et au MoDem. Pourquoi ceux-ci accepteraient-ils d’être représentés par le PS ? Qu’apporte-t-il ? Il n’a toujours pas compris pourquoi Hidalgo a fait 1,75% à la présidentielle de 2022. Il est pourtant fini le temps où les milieux populaires privés de représentation se joignaient à eux ou bien s’abstenaient. Cette époque est terminée. Mais ils n’arrivent pas à s’y faire. Le phénomène LFI est l’angle mort de leur pensée. Ils n’en comprennent ni la nature, ni l’enracinement. Quoi qu’il en soit, tout cela se brise sur des réalités concrètes très têtues.
Libre à eux de croire que leur nouvelle coalition aura un socialiste pour tête d’affiche. Ou que cette orientation va rencontrer un électorat pour les porter plus haut que le score d’Anne Hidalgo à la présidentielle de 2022. Libre à eux de croire qu’il suffira d’additionner l’appareil Vert, celui du PCF et de la coalition des « purgés » pour compenser les votes LFI qu’ils n’auront plus. Et pour le second tour, libre à eux de croire au report des électeurs à gauche pourtant déjà écœurés par tous leurs mauvais coups contre LFI et leurs incessants trafics avec la macronie. Mais si la réalité ne se conforme pas à leurs rêves, le résultat négatif de leurs manœuvres est hélas bien là.
C’est la situation dont rêvait Macron au moment où il décida la dissolution de 2024. Déjà, il comptait sur la division insurmontable de la gauche. Car il avait bien vu le refus de Marine Tondelier de la liste commune NUPES aux européennes et les pilonnages anti-LFI du PS à propos des révoltes urbaines et surtout de Gaza. À conditions égales, la gauche sera éliminée de cent circonscriptions au second tour. Et là où elle sera présente, elle sera affaiblie par les refus de vote à gauche, par méfiance mutuelle. Méfiance propagée tous azimuts par la ligne anti-LFI (révoltes urbaines + Gaza + police). Et cela autant dans les secteurs petits bourgeois de l’électorat PS que dans les secteurs populaires et jeunes. Car ceux-là assimilent déjà le PS aux autres dégoûtants opportunistes de la scène publique.
Quant au fond, la campagne anti-LFI du PS et de ses satellites EELV et PCF, elle, n’a qu’un seul résultat : elle alimente la posture qui sert de dénominateur commun pour l’alliance politique du « bloc bourgeois » de LR au RN. Pour eux ce sera « tout sauf LFI puisque tout le monde est d’accord même « la gauche » » ! Cette droite voit LFI comme un « ennemi utile ». La naïveté du PS qui croit y trouver son compte vient d’éclater aux yeux de tous dans l’élection partielle du Tarn-et-Garonne. Le PS avait oublié les leçons de l’histoire : ce qui vaut contre l’un vaut contre chacun des autres ensuite. La preuve sur le terrain. Dans l’ancienne circonscription de la présidente du groupe PS, Valérie Rabault, au second tour, la droite appelait à voter pour le RN… plutôt qu’en « front républicain » pour le PS. Le PS se leurre : un candidat PS n’est désirable pour les électeurs de droite seulement dans le cas où sa candidature est opposée à LFI. C’est de cette façon que nous furent reprises les deux circonscriptions insoumises de l’Ariège. Et l’un des deux élus PS est à présent… ministre dans le gouvernement Lecornu ! L’autre a rejoint le groupe PS à l’Assemblée en compagnie de deux anciens macronistes… Dans ce type de façon d’agir, la gauche ne gagne rien dans son ensemble, ni aucune de ses composantes.
Le problème posé par la volte-face socialiste est grave. Tout l’enjeu du NFP était d’une part d’additionner des électorats distincts. Ce qui n’était pas acquis d’avance quant au contenu des programmes. Puis d’autre part, il fallait gagner au NFP des secteurs sociaux que chacun ne pourrait gagner seul. À ces conditions se crée une dynamique. L’histoire de l’alliance PCF-PS des années 70 et 80 a montré que ce genre de jonction demande du temps, de la constance et de la volonté d’avancer. LFI a proposé et obtenu un événement sans précédent dans l’histoire de la gauche : les candidatures communes au premier tour des législatives. Elle a pu y parvenir parce que ceux qui l’auraient refusé auraient été instantanément rayés de la carte électorale, compte tenu de leur résultat à l’élection présidentielle comparé à celui de LFI. Ce choix a été fait à LFI parce que l’idée restait celle du Front de gauche de 2012 : créer une structure fédérative de toute la gauche. Le résultat à chacune des deux échéances de 2022 et 2024 a été extraordinaire : l’arrivée en tête au premier tour en 2022 et au second en 2024. Dans les deux cas, RN d’un côté et gauche unie de l’autre étaient à quasi-égalité. C’est cela que le PS fait couler en brisant l’« union populaire ». Mais c’est ce résultat qu’il faut continuer à viser en reconstruisant l’unité du peuple sans les appareils qui disent parler en son nom pour obtenir des soi-disant « victoires populaires » comme celle sur le décalage de la réforme des retraites au prix du maintien du pire budget anti-social.