25.03.2025 à 05:00
Typhons, cyclones, inondations : miroirs d’un océan en surchauffe
Mr Mondialisation
Parue dans Nature Climate Change, une nouvelle étude révèle que les années 2023-2024 ont connu une augmentation sans précédent des jours de canicule marine, provoquant des phénomènes météorologiques extrêmes, le blanchissement des coraux et l’effondrement des pêcheries. Malgré les avertissements des scientifiques, les interventions préventives ont été limitées. Les auteurs alertent sur de nécessaires « stratégies […]
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Parue dans Nature Climate Change, une nouvelle étude révèle que les années 2023-2024 ont connu une augmentation sans précédent des jours de canicule marine, provoquant des phénomènes météorologiques extrêmes, le blanchissement des coraux et l’effondrement des pêcheries. Malgré les avertissements des scientifiques, les interventions préventives ont été limitées. Les auteurs alertent sur de nécessaires « stratégies proactives” pour faire face « aux événements futurs inévitables ».
Les océans du globe ont connu trois fois et demi plus de jours de vague de chaleur l’année dernière et en 2023 que toute autre année jamais enregistrée, selon une nouvelle étude parue dans la revue Nature Climate Change le 28 février 2025. Ce phénomène, qui se définit à l’instar des vagues de chaleur terrestres par une période de température supérieure à la normale sur une certaine période, a de multiples conséquences sur les écosystèmes marins et les communautés côtières.
Des vagues de chaleur records
« La hausse soutenue des températures des océans a coûté des millions de vies marines et causé des milliards de dollars de dégâts dus aux tempêtes, a augmenté les risques d’échouage des baleines et des dauphins, a porté préjudice à la pêche commerciale et a déclenché un blanchissement mondial des coraux », détaillent les chercheurs, atterrés par les résultats de leur recherche.
En cause ? Le changement climatique d’origine humaine, amplifié par le phénomène El Niño et une couverture nuageuse importante, qui ont provoqué des températures de surface de la mer (SST) records en 2023 et 2024. « Le nombre de jours de SST élevée en 2023-2024 a augmenté de 240 % par rapport à toute autre année enregistrée », expliquent les auteurs du rapport. Au total, 8,8 % de la surface totale des océans ont affiché les températures les plus élevées jamais enregistrées sur la même période.
Des impacts environnementaux et humains considérables
Ces conditions jamais vues ont donné lieu à des événements dramatiques dans le monde entier. En 2023, en Nouvelle-Zélande, une vague de chaleur marine a alimenté le cyclone Gabrielle, tuant 11 personnes et causant plus de 8 milliards de dollars de dégâts. Les échouages de baleines et de dauphins sur les côtes du pays se sont également multipliés.

Dans la région, les vagues de chaleur océaniques ont « radicalement transformé nos écosystèmes marins », estime Alex Sen Gupta, professeur associé à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie), auprès du média EnergyMix.
« La disparition définitive des forêts de varech sur des centaines de kilomètres de côtes d’Australie-Occidentale et l’état de dégradation extrême de la Grande Barrière de Corail, comparé à il y a quelques décennies seulement, en témoignent ».
En Amérique du Sud, les pics de températures océaniques ont éloigné les anchois péruviens de leurs eaux habituelles, entraînant la fermeture de nombreuses pêcheries en 2023 et 2024, avec des pertes estimées à 1,4 milliard de dollars. Les vagues de chaleur ont également provoqué des « morts massives de poissons » de plusieurs espèces.
Sur le continent africain, près de 6 000 personnes sont mortes en Libye en 2023 lorsque les fortes pluies de la tempête Daniel ont provoqué l’effondrement du barrage de Derna, « l’inondation la plus meurtrière jamais enregistrée en Afrique », note la Scottish Association for Marine Science.
« La tempête Daniel a été rendue plus intense et pluvieuse par la hausse des températures de la mer due au changement climatique ».
En outre, le typhon Doksuri a frappé la Chine, Taïwan, les Philippines et le Vietnam, affectant plus de deux millions de personnes et causant près de 200 décès. De même, le Japon a connu de graves inondations côtières dues à l’intensification des tempêtes. « Dans l’océan Indien, les vagues de chaleur marines ont probablement contribué à l’intensification des phénomènes cycloniques, augmentant le risque de déplacements et de pertes économiques dans les régions vulnérables », note The CarbonCopy,
L’Europe également touchée
En Europe, « les vagues de chaleur marines ont contribué à des températures terrestres record dans les îles britanniques, ont nui aux populations de poissons et ont failli provoquer l’extinction de la grande nacre en Méditerranée », détaille l’association de chercheurs. Au large de l’Espagne, les vagues de chaleur marines ont touché certaines sortes de coquillages, mettant à mal les moyens de subsistance des fermes qui les récoltent traditionnellement.
Plus au Nord du continent, les populations d’oiseaux marins d’Écosse ont été affectées par le déclin de leurs sources de nourriture, tandis que l’aquaculture a subi des pertes dues à la prolifération d’algues nuisibles. « Les espèces d’eaux chaudes se sont déplacées vers le nord, autour des îles britanniques, entraînant une augmentation du tourisme d’observation de la faune sauvage. Le réchauffement des océans a alimenté la tempête Daniel, qui a provoqué des inondations meurtrières en Grèce, en Bulgarie et en Turquie », complètent les scientifiques.
Action ou réaction ?
Aussi extrêmes et violents soient-ils, la plupart de ces évènements ont pu être anticipés par les chercheurs, qui ont alerté à de nombreuses reprises les gouvernements. Certains États ont agi en conséquence, mettant en œuvre des plans d’intervention nationaux, tandis que d’autres ont manqué d’interventions coordonnées.
À titre d’exemples, en Australie, un quart de la population de poissons-mains rouges, considéré comme l’espèce de poisson la plus rare au monde, a été placée dans des aquariums avant la vague de chaleur marine, puis relâchée lorsque les eaux se sont refroidies. Aux États-Unis, certains coraux et conques ont été déplacés vers des eaux plus profondes et plus fraîches afin d’éviter les effets mortifères des hausses de températures. Au Pérou, le gouvernement a versé des indemnités aux pêcheurs qui n’ont pas pu prendre la mer lorsqu’il a été contraint de suspendre la pêche à l’anchois.
« Si l’ampleur des vagues de chaleur marines est alarmante, certaines interventions préventives ont fait une réelle différence. L’Australie a connu un succès remarquable, où les prévisions de vagues de chaleur marines ont permis d’en réduire les impacts. Si davantage de régions avaient accès à ces prévisions et les mettaient en œuvre, nous pourrions mieux protéger la pêche, l’aquaculture et les communautés côtières contre des pertes dévastatrices », espère le Dr Alistair Hobday, directeur de recherche du programme Sustainable Marine Futures du CSIRO.
Malheureusement, certaines régions du monde ne disposent pas de moyens suffisants pour de tels dispositifs. Bien souvent, les défis et urgences socio-économiques prennent le pas sur la préservation de l’environnement ou l’anticipation. C’est le cas notamment en Asie, où la réponse aux canicules a été largement réactive plutôt que proactive, note l’étude. À l’échelle globale, les chercheurs estiment que la réduction des dégâts était en grande partie insuffisante, probablement en raison de ressources limitées, de déconnexions entre les organisations et d’une mauvaise communication.
Une seule « solution permanente »
Dans une optique préventive, les auteurs de l’étude suggèrent différentes stratégies potentielles, comme une surveillance renforcée des températures de surface de la mer, la mise en œuvre de projets de conservation des coraux et des mesures d’adaptation telles que la relocalisation des espèces vulnérables.
Face à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur marines, les scientifiques insistent sur la nécessité de revoir en profondeur nos modes de vie et en particulier sur la réduction majeure d’émissions de gaz à effet de serre liée à la consommation d’énergies fossiles. « En attendant, la préparation aux vagues de chaleur marines et les interventions visant à limiter la disparition des espèces ont connu quelques succès, mais il ne s’agit pas de solutions permanentes », conclut le Dr Kathryn Smith de l’Association de biologie marine du Royaume-Uni, dans les colonnes du Guardian.
– Lou Aendekerk
Photo de couverture : Le typhon Doksuri a déclenché des pluies torrentielles et une suspension des transports dans le Fujian, dans le sud-est de la Chine. 2023. Wikimedia.
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Les scientifiques français se mobilisent contre Trump
Mr Mondialisation
Face aux attaques répétées contre la recherche scientifique aux États-Unis – coupes budgétaires, censure idéologique et répression des chercheurs – la mobilisation s’intensifie. Alors que l’administration Trump renforce son offensive contre les sciences, la communauté académique française se lève en soutien à ses collègues américains à l’occasion de plusieurs manifestations Stand up for Science organisées […]
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Face aux attaques répétées contre la recherche scientifique aux États-Unis – coupes budgétaires, censure idéologique et répression des chercheurs – la mobilisation s’intensifie. Alors que l’administration Trump renforce son offensive contre les sciences, la communauté académique française se lève en soutien à ses collègues américains à l’occasion de plusieurs manifestations Stand up for Science organisées sur tout le territoire.
Le 7 mars, devant le campus Pierre-et-Marie-Curie de l’université de la Sorbonne à Paris, 2 500 personnes se sont rassemblées pour dénoncer l’offensive contre les sciences déclenchée par le président américain Donald Trump. Dans plusieurs autres villes de France, des chercheurs de toutes les disciplines se sont également réunis pour défendre la recherche à travers une vaste mobilisation, en soutien à leurs confrères et consoeurs d’outre-Atlantique. Au total, ils seraient plus de 8 000 à s’être mobilisés.

Un assaut frontal contre la recherche et la démocratie
Et pour cause, entre licenciements massifs, abandons de projets, suppressions de données, censures de certaines thématiques, pertes de budgets et isolement sur la scène internationale, les agressions envers la recherche sont brutales depuis le début du second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche.
« Par le passé, des scientifiques avaient été attaqués sur leurs opinions. Là, nous sommes visés sur la définition même de notre métier, et c’est sans précédent de ce point de vue-là. C’est une attaque massive contre la démocratie », s’exclame l’historien Patrick Boucheron lors de la conférence de presse qui a précédé la marche, couverte par les journalistes de Vert.
Des coupes budgétaires et une censure sans précédent
En quelques semaines, l’administration Trump et le Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) d’Elon Musk ont successivement retoqué les programmes d’aide à l’inclusion au sein des universités, réduit les financements de recherche et restreint l’accès à de nombreuses bases de données.
En outre, le Président s’est empressé de supprimer le programme de la NASA destiné à la surveillance de la Terre, qui évaluait les taux de gaz à effet de serre, mais aussi la pollution touchant la santé des populations. Cette décision dramatique a eu pour effet d’interrompre la continuité des observations, impactant profondément tous les pays qui basaient en partie leur recherche sur ces données.
Donald Trump s’est aussi attaqué à plusieurs agences fédérales, dont l’USDA en charge de l’agriculture, en leur interdisant de poursuivre des travaux sur certaines thématiques. « Il a ainsi fait supprimer des sites fédéraux au moins 8 000 pages web mentionnant des sujets désormais interdits, touchant au changement climatique, à l’environnement, à la biodiversité ou aux études de genre », relève l’Académie des sciences dans un communiqué.
L’institut français note aussi le démantèlement du plan fédéral de réformes écologiques et sociales pour la protection de l’environnement et le développement des énergies propres et renouvelables. A contrario, la Maison Blanche annonce un soutien massif à l’industrie des énergies fossiles.
Une offensive idéologique contre l’inclusion et la diversité
Pour justifier ces interventions, Donald Trump évoque une lutte contre la prétendue « idéologie woke » et assure défendre des valeurs réactionnaires qui redonneront sa grandeur à l’Amérique. Sous ce prétexte, l’administration s’attaque en réalité à toutes les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion. L’Académie des sciences conclut :
« Toute discrimination positive est désormais interdite : ceci s’applique tout aussi bien aux étudiants étrangers aux États-Unis qu’aux femmes et aux minorités dans les entreprises, les universités et les institutions académiques »
À ce titre, une liste d’une centaine de termes proscrits ou « à surveiller » est rapidement parvenus à la National Science Foundation, qui supervise la recherche scientifique américaine. Parmi eux figurent notamment « handicap », « femme », « racisme », « victime », « justice sociale », « personne noire » ou « latino/latina » et encore « discrimination ». Des termes génériques des sciences sociales, comme « historiquement », « politique », « socioculturel » et « socio-économique », apparaissent également dans la liste.
Qualifiée d’un « assaut lexical contre la recherche » par les analystes du Monde, cette guerre du vocabulaire vise sans détours à « combattre et modeler à la source le débat politique, au risque de la censure », assure le journal.

Entre exil et risque de représaille : des chercheurs en danger
Pour les scientifiques d’outre-Atlantique, la crainte des représailles est réelle. « Nous avons reçu de premières candidatures américaines », indique Patrick Boucheron à Vert, faisant référence au programme de recherche Pause, censé accueillir au sein des institutions françaises des scientifiques en exil, privés de leur liberté académique dans leur pays d’origine. Lancée en 2017, cette initiative était alors destinée à offrir une opportunité aux scientifiques menacés en Syrie, en Afghanistan, en Ukraine ou en Russie.
« L’Université et la recherche font aujourd’hui l’objet d’attaques d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale », expliquent Olivier Berné, astrophysicien, Patrick Lemaire, biologiste et Emmanuelle Perez-Tisserant, historienne, initiateurs de l’action Stand up for sciences en France. Basée sur le même modèle que son homologue américain, la mobilisation a atteint son objectif de visibilisation de la menace qui pèse sur la communauté scientifique.
L’Europe face aux mêmes dérives ?
Si l’offensive « est particulièrement alarmante aux États-Unis », où les institutions de recherche, les agences de régulation, les droits civiques et les fondements mêmes de la démocratie sont mis à mal par l’administration Trump, la solidarité internationale s’avère « indispensable », selon les trois chercheurs, alors que « de semblables menaces pèsent sur l’Europe ».
Institutions scientifiques ciblées, financements fragilisés, chercheurs accusés de « wokisme » : la recherche subit en France une offensive croissante, souvent menée par l’extrême droite. Au micro de Vert, Valérie Masson-Delmotte, climatologue et ancienne co-présidente de l’un des groupes de travail du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), questionne :
« Je vous invite à réfléchir sur les symboles quand, en France, on mure l’entrée de l’Office français de la biodiversité, de l’Anses, de l’Inrae. Qu’est-ce que ça veut dire : on veut intimider, on ne veut pas laisser parler ? »
« Nous ne sommes pas au même niveau d’attaques, mais il faut prendre soin de la science, qui est un bien commun » : C’est ce qu’a fermement défendu le mouvement Stand up for Science, aux Etats-Unis mais également dans l’Hexagone, le 7 mars dernier.
– Lou Aendekerk
Photo de couverture : Marche de mobilisation Stand up for Science, organisée à Nantes. – Crédits : Stand up for science
The post Les scientifiques français se mobilisent contre Trump first appeared on Mr Mondialisation.21.03.2025 à 13:08
États-Unis : 5 preuves que la résistance anti-Trump s’organise
Simon Verdiere
Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, de multiples décisions et prises de position constituent de graves menaces. Racisme, sexisme, impérialisme, obscurantisme, l’avenir du pays sombre dans une fascisation flagrante. Pourtant, face à cette perspective, de nombreux Américains sont déjà entrés en résistance. Pour son second mandat, Donald Trump paraît bien déterminé à passer […]
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Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, de multiples décisions et prises de position constituent de graves menaces. Racisme, sexisme, impérialisme, obscurantisme, l’avenir du pays sombre dans une fascisation flagrante. Pourtant, face à cette perspective, de nombreux Américains sont déjà entrés en résistance.
Pour son second mandat, Donald Trump paraît bien déterminé à passer la vitesse supérieure en matière de projets réactionnaires. En quelques semaines, une pluie de mesures ahurissantes s’est abattue sur les États-Unis et continue d’être alimentée.
Pour autant, après quelques mois de sidération, scientifiques, féministes, étudiants et politiciens se sont mis en ordre de bataille pour enrayer cette dynamique effrayante. Pour un peu d’espoir, Mr Mondialisation vous présente six exemples de résistance au néofascisme américain.
1 — Les scientifiques vent debout
Connu pour ses multiples dénis de réalité, Donald Trump s’est également largement employé à dénigrer les faits scientifiques afin de séduire son électorat complotiste. La première victime de cette conception du monde est sans aucun doute la planète.
Le nouveau président n’a d’ailleurs jamais caché son climatoscepticisme, notamment en quittant les accords de Paris pour la seconde fois. Mais d’autres domaines liés à la science ont aussi été massivement attaqués, comme la médecine, ou encore les universités et le milieu de la recherche qui ont subi des milliers de licenciements, des coupes budgétaires et des censures au nom de « la lutte contre le wokisme ».
Plusieurs habitants et organisations sont alors entrés en résistance, notamment au niveau judiciaire pour contester des renvois et faire annuler des décisions aberrantes du gouvernement.
Dans le même temps, un collectif nommé « Stand up for Science » s’est constitué dans tout le pays et au-delà des ses frontières. Vendredi 7 mars dernier, plusieurs milliers de citoyens et scientifiques se sont ainsi rassemblés dans le monde pour s’opposer aux positions du président américain.

2 — Bernie Sanders, l’indéfectible
Depuis la victoire de Donald Trump, le camp démocrate, et notamment son aile libérale, semble être restée paralysée. Toutefois, un homme paraît ne pas avoir abandonné la lutte contre la présidence d’extrême droite. Cet homme, c’est l’indépendant Bernie Sanders, bientôt 84 ans, et pourtant plus actif que jamais.
Lancé dans une tournée géante à travers l’Amérique « contre l’oligarchie », celui qui avait brigué par deux fois, sans succès, l’investiture démocrate aux présidentielles, continue de soulever les foules en défendant un projet réellement à gauche, à l’inverse de Kamala Harris ou Joe Biden dont les politiques néolibérales avaient déçu beaucoup d’électeurs.
THOUSANDS of people went out to see Bernie Sanders in Warren, MI yesterday as part of his “Fighting Oligarchy” tour
— REVOLUTION TELEVISED (@revolution-tv.bsky.social) 2025-03-09T22:06:08.349Z
S’il n’est pas candidat à la présidence en 2028, en raison de son âge, il tente malgré tout de canaliser la colère anti-Trump pour faire avancer des idées progressistes dans le pays.
Assurance maladie et université publiques et gratuites ou encore grand plan écologique font notamment partie de ses aspirations phares. Autour de ces mesures, il souhaite pouvoir céder le flambeau à une nouvelle génération qui continuera à porter ces idées et à s’opposer à Donald Trump. La jeune sénatrice Alexandria Ocasio-Cortez, qui a participé à cette tournée, pourrait bien représenter un espoir à l’avenir.

3 — Des centaines de manifestations
Dans tous les pays, les manifestations ne cessent de se multiplier, même si le choc semblait avoir dans un premier temps anesthésié les foules. Un grand rassemblement avait d’ailleurs déjà eu lieu juste avant l’investiture du président. Les cortèges en faveur de Gaza n’ont néanmoins jamais reculé, et se poursuivent d’autant plus aujourd’hui face aux idées ahurissantes de déportation massive de Donald Trump.
Mais les protestations ne se limitent pas à ce sujet puisque l’on a pu voir des gens réunis pour la science, pour les droits des femmes, des personnes transgenres, ou encore des personnes immigrées. Dans les parcs nationaux, durement frappés par les mesures économiques de l’administration américaine, plusieurs mouvements de résistance se sont aussi construits.
4 — La mobilisation des artistes
Pour faire correspondre le pays à sa vision du monde, Donald Trump s’en est également pris à la sphère de la culture, en confisquant par exemple le contrôle du centre Kennedy, une célèbre salle de représentation de Washington. Il n’a pas hésité à en exclure immédiatement un spectacle de Drag Queens et d’autres divertissements mettant en scène la communauté LGBT.
Dans le milieu du show-business, de multiples acteurs et actrices, chanteuses et chanteurs et musiciens musiciennes se sont, en outre, positionnés contre le président américain. De nombreuses stars ont ainsi marqué leur opposition au gouvernement, comme Jane Fonda, Bruce Springsteen, Sean Penn, Neil Young ou encore Lady Gaga.
5 — Désobéissance civile
Face aux lois iniques de Donald Trump, certains citoyens et entreprises ont tout bonnement décidé de désobéir pour entrer en résistance. Certaines villes ont par exemple rejeté l’idée de participer aux opérations de « chasse » contre les sans-papiers. Des associations ont d’ailleurs en ce sens fait suspendre juridiquement des décrets d’expulsion.
Certaines compagnies, comme Apple, ont, quant à elles, refusé d’appliquer les directives de suppressions des politiques d’inclusivité. Un manuel de sabotage des années 40 a, en outre, refait surface dans le pays de l’oncle Sam, marquant l’intérêt d’un nombre croissant d’Américains pour une certaine forme de résistance, comme l’incompétence volontaire.
Pour contrer les attaques d’extrême droite, de multiples citoyens ont par ailleurs mis en place une assistance juridique pour les plus défavorisés qui sont les plus touchés par la situation.
6 — Boycott contre les soutiens du gouvernement
Certains citoyens ont également décidé de boycotter les produits des sociétés qui auraient cédé aux injonctions du gouvernement ou qui le soutiendraient. La NAACP, association de défense des droits des noirs américains, a par exemple demandé à ses sympathisants d’orienter leurs achats vers des entreprises n’ayant pas abandonné les programmes de diversité, comme réclamé par Donald Trump.
Et ces appels, repris par d’autres organisations et même des pasteurs, n’ont pas été sans effet puisque selon le Guardian, un quart des Américains auraient délaissé leurs magasins préférés pour des raisons politiques.
Mais la compagnie la plus visée par les boycotts est sans aucun doute Tesla, la marque de voitures électriques appartenant au milliardaire d’extrême droite Elon Musk, soutien et membre du gouvernement Trump. Des boycotts qui traversent d’ailleurs les frontières : l’idée de se passer des produits américains commence à faire son chemin en France.
Même si la discrétion, voire la soumission de certains Américains à Donald Trump, a pu étonner et décevoir les observateurs internationaux, il faut donc noter que bon nombre d’entre eux n’ont pas cédé et cherchent à organiser la résistance. Et il y en aura bien besoin.
– Simon Verdière
Image article : Lincoln Memorial, 3/7/25 @Victoria Pickerin/Flickr
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20.03.2025 à 21:16
L’industrie des croisières : folie du tourisme de masse
Renard polaire
À l’heure où la raison nous exhorte à ralentir et à limiter notre empreinte écologique, le monde de la croisière incarne l’antithèse de la sobriété. Gigantisme et superflu définissent cette forme de tourisme de masse, plus que jamais prêt à tout écraser sur son passage. Piscines à vagues, cinémas, casinos, salles de sport… Les navires […]
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À l’heure où la raison nous exhorte à ralentir et à limiter notre empreinte écologique, le monde de la croisière incarne l’antithèse de la sobriété. Gigantisme et superflu définissent cette forme de tourisme de masse, plus que jamais prêt à tout écraser sur son passage.
Piscines à vagues, cinémas, casinos, salles de sport… Les navires de croisière, outre leurs dimensions démesurées, abritent aujourd’hui de véritables centres de commerce et de loisirs, conçus pour consommer. Une logique d’expansion constante qui met à mal les territoires marins comme terrestres, peu importe les mesures prises pour tenter de limiter l’impact de ces monstres des mers.

L’expansion constante d’un tourisme de consommation
Si la navigation de loisir remonte à plus d’un siècle, il faut attendre les années 1970 pour voir apparaître les premiers paquebots conçus pour le tourisme de masse. Des « fun ships » sur lesquels les voyageurs sont invités à rester à bord – même lors des escales – grâce à une large gamme de divertissements : piscines, spa, casinos, cinémas, patinoires, salles de sport, mini-golfs…
Ce qui aurait pu prendre la forme d’un tourisme lent – axé sur un transport moins gourmand que l’avion et partie intégrante du voyage -, s’est mué en un business destructeur, générateur de surtourisme et de surconsommation.
Car c’est bien d’un tourisme de la consommation dont il s’agit, s’inscrivant dans une logique inverse de celle du slow tourisme : les escales des navires de croisière dépassent rarement une nuit, se concentrant généralement sur une seule journée. À terre, les voyageurs se dépêchent « d’ingurgiter » l’escale du jour, ne bénéficiant que de quelques heures pour faire le tour d’une ville, achetant des souvenirs sans valeur et s’entassant autour des lieux les plus touristiques, au détriment de visites plus éloignées et authentiques.
Une ode au sur-tourisme qui écrase des villes comme Venise (qui a banni en 2021 l’accès des gros navires au centre-ville, dangereux pour la lagune), Kyoto ou Amsterdam, victimes de ce tourisme expéditif, et en cela malheureusement ancré dans une époque où tout se doit d’aller vite.
« Les voyageurs pourront ainsi dire qu’ils ont « fait » telle ou telle destination, cochant les lieux brièvement traversés comme on valide une liste de courses »
Les voyageurs pourront ainsi dire qu’ils ont « fait » telle ou telle destination, cochant les lieux brièvement traversés comme on valide une liste de courses, sans avoir eu le temps d’en visiter les recoins, d’y apprécier l’atmosphère ou d’échanger avec ses habitants.

Certaines villes escales servent d’ailleurs bien plus souvent de lieux de transit et non de destinations en elles-mêmes : les croisiéristes n’y font que passer, prenant trains ou cars pour se rendre dans une destination proche plus touristique.
C’est par exemple le cas de la vile du Havre, qui accueille chaque année environ 350.000 croisiéristes (370.000 en 2019) mais dont la très grande majorité fait de la ville un point de départ vers Paris, Rouen, Étretat ou encore Honfleur, comme le souligne l’Autorité Environnementale dans son Avis délibéré de 2023: « L’escale du Havre reste avant tout une escale de transit, pour 95 % des passagers. » Sans oublier ceux qui ne descendent pas du bateau pour profiter des attractions disponibles et conçues pour que les croisiéristes consomment avant tout… à bord !
Un tourisme de masse dévorant qui ne cesse de croître, dans une logique de rendement poussée à l’excès. Ainsi, les navires qui sortent des chantiers sont de plus en plus gros et de plus en plus lourds, avec l’objectif d’accueillir toujours plus de passagers. Une sorte de « course à l’armement » sans limite, hormis celle de l’Homme à construire encore plus grand.

En parallèle de cette industrie dévorante résiste toutefois une autre forme de croisière, plus éthique et axée sur la découverte. Nettement plus confidentielle mais également beaucoup plus chère, elle attire des voyageurs souvent aisés, désireux de réduire l’empreinte carbone de leurs voyages. Certaines de ces croisières sont à visée scientifique ou environnementale, quand d’autres proposent d’explorer les lieux visités durant une semaine, et non quelques heures.
Enfin, les navires, d’une taille bien plus raisonnable et parfois sans moteur – il existe des voiliers de croisière – accueillent généralement quelques dizaines de voyageurs. Une autre vision de la croisière, malheureusement souvent réservée aux plus privilégiés, mais qui démontre que ce mode de tourisme n’est pas uniquement celui des immeubles flottants.
Le coût environnemental réel d’une croisière
« 2023 a enregistré 31,7 millions de croisiéristes : un record absolu »
L’année 2023 a enregistré 31,7 millions de croisiéristes : un record absolu qui réjouit les spécialistes d’un secteur qui ne cesse de grossir. Nouveaux voyageurs, nouvelles agences, nouveaux navires… L’industrie de la croisière se porte à merveille, malgré des alertes de plus en plus audibles sur son atteinte au climat.
Les associations de protection de l’environnement sont mobilisées depuis des années contre l’expansion du secteur, à échelle mondiale comme locale où des groupes s’organisent pour tenter de faire entendre raison aux municipalités, à défaut d’avoir un impact sur les compagnies.
C’est ainsi qu’est né en 2022 à Marseille le collectif citoyen Stop Croisières qui, par le biais d’études, de chiffres et d’actions de terrain, tentent d’interpeller riverains, décideurs et croisiéristes sur l’impact de ce secteur touristique. Pollution atmosphérique et maritime, tourisme de masse, taille des navires, aménagements à bord… Stop Croisières lutte contre ces « ogres des mers et des côtes que sont les bateaux de croisière », développant un argumentaire documenté pour étayer ses propos.

Ainsi, le collectif rappelle que l’empreinte carbone d’un voyage en croisière de huit jours et quatre escales équivaut à un rejet de 2,2 tonnes d’équivalent CO2. Sachant qu’en 2022, la moyenne de l’empreinte carbone des Français était évaluée à 9,7 tonnes par personne et que les derniers Accords de Paris préconisait une empreinte n’excédant pas 2 tonnes, la « gourmandise » d’un tel voyage est notable.
Dans les faits, Stop Croisières liste tous les impacts du secteur de la croisière. Du côté de la pollution atmosphérique, les bateaux en mer comme à quai rejettent des taux très élevés de particules fines, d’oxydes de soufre et d’oxyde d’azote, particulièrement néfastes pour la santé.
La pollution marine n’est pas en reste avec des rejets d’eaux grises et usées ainsi que des hydrocarbures et de déchets solides en haute mer, sans oublier l’impact des sonars sur la faune marine, ou encore les risques de collision avec les cétacés. La consommation de ressources est également passée au crible, de la construction à la démolition en passant par l’usage de carburant ou d’électricité. Sans oublier l’implantation obscure de certaines compagnies, leur permettant de passer au-dessus des lois.
Résultat, il ne reste pas grand-chose de « propre » pour défendre la croisière.
L’exemple du Havre, qui s’apprête à accueillir encore plus de navires
« Les projets « zéro émissions » ne peuvent masquer l’objectif premier : le très lucratif « toujours plus ».
Plus de bateaux, plus grands, plus de voyageurs, donc, mathématiquement, un impact écologique démultiplié ».
Le Havre, port maritime ouvrant sur la Manche, possède une histoire forte avec la navigation. Le dernier vainqueur du Vendée Globe, Charlie Dalin, est Havrais. Les exemples ne manquent pas pour lier la cité avec celles et ceux qui incarnent son implantation maritime. C’est un des arguments avancés par la municipalité, sous l’égide d’Édouard Philippe, pour soutenir le projet de nouveau terminal croisière.
Électrification des quais, avitaillement en GNL (gaz naturel liquéfié), terminaux à énergie positive… La liste de nouveautés vantant un projet « zéro émissions » est valorisée sur les sites de la ville, mais elles ne peuvent masquer l’objectif premier : le très lucratif « toujours plus ».
Plus de bateaux, plus grands, plus de voyageurs, donc, mathématiquement, un impact écologique démultiplié. Pas sûr que l’équilibre final soit en faveur de la réduction des émissions carbones…

« 600.000 croisiéristes à l’horizon 2030, soit 250.000 de plus qu’à l’heure actuelle ».
Le Havre souhaite accueillir 600.000 croisiéristes à l’horizon 2030, soit 250.000 de plus qu’à l’heure actuelle. L’impact économique sur la ville se veut positif : c’est oublier que la très grande majorité des voyageurs ne restent pas au Havre ! Dans son « Business book 2025 », la ville est d’ailleurs en premier lieu présentée comme « une porte d’entrée vers Paris ». Le Havre reste un lieu de passage : les retombées économiques du secteur de la croisière y sont donc maigres.
Militante écologiste installée au Havre il y a quinze ans, Lydie voyait d’abord les navires de croisière d’un bon œil. C’est notamment suite à sa mobilisation contre un terminal méthanier porté par TotalEnergies que l’activiste a réalisé l’impact des croisières sur l’environnement.
« la croisière propre, ça n’existe pas ! »
Avec l’aide du groupe local d’Extinction Rébellion, elle a décidé de faire entendre la voix de l’écologie : lors de la présentation du projet par la mairie à la presse en 2022, le petit groupe, soutenu par Stop Croisières Marseille, s’installe devant l’Hôtel de Ville avec des banderoles rappelant l’impact désastreux des croisières sur l’environnement : « Le maire est venu contre-attaquer en nous demandant comment on pouvait être contre la croisière propre, se souvient Lydie. Sauf que la croisière propre, ça n’existe pas ! »
Malheureusement pour le groupe, le projet, prévu pour 2026, était déjà plié, malgré la réserve de l’Autorité Environnementale dont le rapport laisse beaucoup de points en suspens.
« Avec Stop Croisières Le Havre, nous continuons d’informer les gens, nous n’abandonnons pas, explique Lydie. Je me bats également au niveau national, je suis allée à Marseille l’an dernier, où nous avons demandé une enquête publique face au désir d’accueil de la municipalité de 13.500 croisiéristes par jour… »

Malgré les chiffres qui étayent parfaitement ses arguments en faveur de l’écologie, Lydie a conscience qu’elle fait face à « 15 ans de préparation de l’opinion publique. Les promesses faites aux commerçants, l’amour des Havrais pour les grands bateaux… Il est difficile de lutter dans ce contexte, faute de soutien. Nous sommes David contre Goliath. »
Nul doute toutefois qu’elle sera engagée, au Havre ou ailleurs, le samedi 7 juin prochain dans le cadre d’une grande Journée européenne anti-croisière.
– Renard Polaire
Source image d’en-tête : Seaq68 / Pixabay
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