26.11.2025 à 21:00
nfoiry
« Il y a quelques jours, j’ai signé un NDA. Un non-disclosure agreement. Bref, en français, un “accord de non-divulgation”, de confidentialité.
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Je me suis évidemment emporté : je ne peux absolument pas vous en dire davantage, du moins quant à l’objet de cet accord. Le simple fait de dire que je suis dépositaire d’un secret, n’est-ce pas déjà un peu le divulguer ? Peut-être, dans certains cas.
La foire aux vanitésPourquoi évoqué-je, alors, cette petite aventure contractuelle ? Il y a, je suppose, une évidente vanité, dans cette manière de dire sans dire. L’on se sent privilégié d’appartenir à un petit cercle d’initiés en possession d’une information qui pourrait en intéresser quelques autres. L’information elle-même n’a rien d’un scoop, mais le simple fait qu’elle relève d’un régime restrictif, exclusif, lui confère une certaine aura, qui nourrit cette jouissance mesquine propre à l’asymétrie affichée du savoir – le plaisir vétilleux d’être envié. Le contenu du secret doit demeurer insu, pour conserver sa valeur ; en revanche, l’existence du secret, l’“il y a un secret”, sera proférée sans vergogne.
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D’un autre côté, une part de moi désire ardemment ébruiter ce contenu que l’on me commande de garder pour moi. La transgression a un attrait délicieux. L’envie de désobéir à l’injonction de garder le silence est, bien souvent, tempérée par les conséquences douloureuses qu’occasionnerait la trahison de l’engagement de se taire sur la personne qui s’est confiée. En l’occurrence, dévoiler ce dont je me retrouve le gardien ne léserait guère qui que ce soit, sinon moi-même – cause convaincante, assurément, pour rester mutique, qui ne supprime pas pour autant, voire rehausse le désir de dire.
Le paradoxe du dévoilementEn général, je ne suis pas très bon pour garder des secrets. Je divulgue fréquemment, malgré moi, les informations dont j’ai du mal à comprendre pourquoi elles devraient rester dans l’ombre. L’exhortation à me taire n’y change rien, au contraire. Je préserve d’autant mieux une confidence que l’on ne m’intime pas de la dissimuler. Il va de soi que certains aveux doivent demeurer dans le royaume du silence. La précision impérieuse de “ne pas partager” est, en général, superflue. Elle me semble souvent constituer une invitation paradoxale au dévoilement. Si une part du confessé rechigne à s’épancher, une autre le pousse irrésistiblement à se livrer. La révélation à un petit groupe d’intimes évite surtout la pénible annonce publique. Le secret, de bouche à oreille, essaimera lentement. L’information déliée de la personne dont elle émane, nimbée d’un halo d’ambiguïté qui la maintient en vérité et rumeur, sera sue, mais furtivement. Sa clandestinité interdit d’en faire en sujet de discussion.
Divulguant mes propres secrets, j’ai bien conscience qu’ils échapperont à la clôture élective dans laquelle j’ai voulu les installer. Le secret communiqué, ne serait-ce qu’à une personne, n’est plus qu’un demi-secret. Si je voulais vraiment qu’un événement, un sentiment, une épreuve restent ignorés, je ne les emprisonnerais pas entre les murs infrangibles de ma conscience – dans ce coi “dialogue entre moi et moi-même”, ce “deux-en-un” de la solitude, comme le dit Hannah Arendt. Les secrets ne finissent-ils pas pourtant, un jour, par s’évader – avec notre bénédiction – de ce domaine privé ? Ainsi que l’écrit Vladimir Jankélévitch dans L’Ironie ou la Bonne Conscience (1950), “un secret qu’on est vraiment seul à détenir, un tel secret rendrait malades les plus robustes, et on peut même se demander s’il existe une conscience assez intrépide pour supporter ce tête-à-tête, sans en mourir”.
Confidence pour confidenceJe ne peux pas parler pour tout le monde, évidemment ; mais, en ce qui me concerne, je ne suis pas avare de confidences. Si je garde des choses pour moi, ce n’est pas que je craigne qu’elles ne s’éventent, mais parce qu’elles me semblent insignifiantes, sans intérêt. Je conserve pour moi mes hésitations, mes états d’âme incertains, dont je me voudrais d’accabler autrui. Cependant, pour le reste, je suis assez transparent. Je dis l’essentiel – même si je ne dis pas tout à tout le monde. J’aurais bien du mal à vivre une expérience significative sans la réinscrire dans le tissu discursif, la trame de l’échange qui donne sens aux choses.
Partagerais-je, alors, ce secret que j’ai contractuellement accepté de respecter ? Sans doute pas. Je ne tiens vraiment pas à finir devant les tribunaux. J’attendrai patiemment que l’exigence de confidentialité tombe d’elle-même dans les limbes de la caducité. Il n’y a pas d’urgence à partager ses petits secrets. Certaines révélations libératrices sont d’autant plus exquises qu’elles ont été longtemps réprimées. »
novembre 202526.11.2025 à 17:00
hschlegel
Les études sont catégoriques : nous sommes de plus en plus agacés. L’agacement, affect pourtant discret, ne serait-il pas en train de nous ronger de l’intérieur ? Peut-on le contrer voire l’abolir ?
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Les réseaux sociaux : une machine à énerverNos nerfs sont de plus en plus à vifs. C’est en tout cas ce que les chiffres tendent à montrer. 43% des Français estiment que leur niveau de stress a augmenté ces trois dernières années, et 33% affirment ressentir au quotidien de la nervosité, selon un sondage OpinionWay réalisé pour la Fondation Ramsay Santé, en 2025.
En cause notamment, l’intensification exponentielle de l’usage des réseaux sociaux. Une autre étude publiée cette année montre que les usagers quotidiens de TikTok voient leur irritation augmenter significativement : de 1,69 point sur 30 sur TikTok ; 1,40 pour Facebook ; 0,69 pour Instagram ; et 0,67 pour Twitter. Bref : les réseaux sociaux nous irritent, nous agacent – nous font tourner en bourrique.
Un affect “de surface”Comme le montrent les critères d’analyse de l’irritabilité, l’agacement ne crée pas forcément de grande éruption de colère, ni de crise de nerfs. Ce sentiment est peu étudié car il est plutôt discret. Il est un état de nervosité latent : un genre de « pré-colère » qui bouillonne, voire macère, mais n’explose pas vraiment. Sartre évoque ce bouillonnement discret dans La Nausée (1938), à travers le personnage de Roquentin qui raconte comment un simple « poulet froid » le met en rogne :
“J’aurais, pour un rien, roué de coups […] la serveuse. […] Mais je ne serais pas entré tout entier dans le jeu. Ma rage se démenait à la surface et pendant un moment, j’eus l’impression pénible d’être un bloc de glace enveloppé de feu, une omelette-surprise”
Jean-Paul Sartre, La Nausée (1938)
Cette rage absurde et démesurée est typique du fonctionnement de l’agacement, qui tend à se focaliser sur des détails apparemment infimes : un bruit de bouche ou de mastication (un dégoût qui porte le nom de misophonie), la lenteur d’un piéton sur le trottoir peuvent parfois nous mettre dans tous nos états. Sachant que le motif est dérisoire, on garde cette colère en soi. C’est de cette retenue que naît l’agacement, qui s’apparente, en somme, à la politesse du colérique.
Retrouvez Clara Degiovanni jeudi 27 novembre à 10h dans l'émission Avec philosophie sur France Culture, dont Philosophie magazine est partenaire ! Notre hors-série vous attend également en kiosque.
L’agacement a donc des vertus. Il est cette pudeur, ce respect, qui nous oblige à ne pas nous laisser aller à la rage pour un oui ou pour un non. Au lieu de proférer une insulte, l’agacé lève les yeux au ciel. À défaut de crier, il émet un discret claquement de langue. En un sens, l’agacement est un rempart à la violence, une planche de salut. En créant un genre de statu quo certes hostile mais non violent, il nous permet d’éviter le chaos d’une guerre de tous contre tous. Il ne nous rend pas sympathique, mais permet à tout le moins de maintenir un semblant de civilité dans l’espace public comme dans la vie privée.
Un acide corrosifMais cette retenue coûte. Comme le précise Sartre dans son Esquisse d’une théorie des émotions (1939), la colère bruyamment exprimée a une fonction : elle permet de « se satisfaire symboliquement », de « rompre un état de tension insupportable ». Or, lors de l’agacement, la tension se maintient. Il n’y a pas d’évasion possible. Tout en ayant l’air de perdre patience, l’agacé tient bon. Mais petit à petit, cet état de tension anime l’intégralité de son rapport au monde.
“L’agacement est cette pudeur, ce respect, qui nous oblige à ne pas nous laisser aller à la rage pour un oui ou pour un non”
Il suffit d’avoir été agacé une première fois pour avoir l’impression que le monde entier conspire à nous nuire. On se lève le matin avec une machine à café défaillante avant de pester dans les embouteillages, jusqu’à manquer de perdre ses nerfs face à la montagne de soucis qui s’accumule au travail. L’univers entier se trouve en quelque sorte coloré par l’agacement. « Si [le sujet qui cherche la solution d’un problème] échoue dans ses essais, s’il irrite, son irritation même est encore une façon dont le monde lui apparaît », explique Sartre. Cette façon de percevoir le monde est, de plus, contagieuse. Une personne agacée est souvent agaçante ! Il suffit d’arriver dans une rame de métro en heure de pointe, de se retrouver face aux mines renfrognées et aux airs excédés pour se sentir soi-même agacé.
L’agacement, peut-être plus que la colère, fonctionne comme un poison. Le mot lui-même vient du latin acidare, qui renvoie à l’acidité. Celui qui s’agace s’acidifie lui-même. Il se ronge littéralement de l’intérieur. La colère est rentrée, tournée vers soi-même. Un état de nervosité dirigée contre soi qui n’est pas sans conséquence : l’irritabilité crée de nombreux problèmes de santé, à commencer par des difficultés liées au sommeil, qui concernent 59% des Français, selon l’Observatoire du stress.
Un affect citadin ?L’agacement est d’autant plus dangereux qu’il peut passer inaperçu. Incrusté dans notre vie quotidienne, dans nos routines, il est tellement partout qu’on y prête plus attention. L’agacement est devenu un mode de vie, qui caractérise notamment la vie urbaine dans la grande métropole aux rythmes frénétiques. Bouchons, rythmes effrénés, promiscuité des voisins de terrasses : la grande ville est nerveusement épuisante. C’est déjà ce qu’affirmait le sociologue Georg Simmel (1858-1918), qui pointait la difficulté de vivre dans un environnement marqué par une perpétuelle « intensification de la stimulation nerveuse » dans Les Grandes Villes et la vie de l’esprit (ouvrage reprenant une conférence tenue en 1902). Ces stimulations sont d’autant plus difficiles à vivre qu’elles se répètent à l’identique, tous les jours. Le citadin réagit en s’agaçant. Il crispe la mâchoire et rentre les épaules : cet affect devient son costume, sa barrière protectrice.
“Il n’y a peut-être pas de manifestation psychique aussi inconditionnellement réservée à la grande ville que l’attitude blasée” Georg Simmel
L’irritation permanente va de pair avec un autre affect éminemment urbain : l’indifférence. Comme le précise Simmel, « il n’y a peut-être pas de manifestation psychique aussi inconditionnellement réservée à la grande ville que l’attitude blasée ». Les stimulations nerveuses auxquelles le citadin s’expose sont si constantes qu’il n’y prête plus attention. Ainsi se retrouve-t-il à ignorer du regard les SDF qui font la mendicité sur le trottoir ou dans le métro, ou à baisser les yeux quand une personne se fait agresser.
L’insoutenable irritabilité de l’êtreS’il permet l’explosion de colère, l’agacement peut devenir aussi une forme de violence symbolique. À force d’être excédé par tout ce qui nous entoure, on devient aigri, désagréable, incapable d’accepter la vie telle qu’elle va, avec son bruit, ses tourments et ses soubresauts. Habitués à ce que tout aille vite, on ne supporte plus la lenteur. On s’impatience en face d’une personne âgée qui peine à avancer sur le trottoir, et on rabroue les enfants trop bruyants dans le train.
Mais alors, peut-on vraiment vaincre l’agacement ? À bien des égards, la tentative semble vaine. Les enfants continueront d’être des enfants, et il y aura toujours une personne pour marcher trop lentement devant nous. Aucune technique, aussi élaborée soit-elle, ne pourra abolir l’irritation. Si l’agacement est si difficile à combattre, c’est peut-être parce qu’il fait partie de notre condition humaine. Cet affect est le symptôme de notre fragilité, de notre vulnérabilité, mais aussi de notre ouverture au monde. Nous sommes des êtres traversés par le dehors. Loin d’être de purs esprits, nous avons un corps qui nous rend littéralement « à fleur de peau » – et parfois au bord de la crise de nerfs.
novembre 202526.11.2025 à 13:30
nfoiry
Dans notre nouveau numéro à retrouver chez votre marchand de journaux, six penseurs exposent ce que signifie pour eux se « préparer à la mort ». Nous vous proposons de découvrir le témoignage de la philosophe Nathalie Sarthou-Lajus, autrice, entre autres, de Sauver nos vies (Albin Michel, 2016) et de Vertige de la dépendance (Bayard, 2021).
novembre 202526.11.2025 à 11:06
nfoiry
« Que faire de nos vices ? » L'émission Avec philosophie sur France Culture est en partenariat avec Philosophie magazine, toute la semaine ! Quatre volets présentés par Géraldine Muhlmann, du lundi au jeudi, à l'occasion de la parution de notre hors-série : « Petit traité des vices à l'usage des honnêtes gens ». Pour l’occasion, la journaliste et productrice s’est livrée face à notre caméra. Elle évoque l’émission de jeudi sur l’agacement et l’hypocrisie, et nous dit aussi quel est son vice préféré...
novembre 202525.11.2025 à 21:00
nfoiry
« “Non, je ne me tairai pas. Je dirai la violence du narcotrafic.” Le combat d’Amine Kessaci contre les violences liées au trafic de drogue a bouleversé la France et suscité une prise de conscience inédite. Il a aussi donné lieu à des débats houleux sur les moyens pour engager cette lutte. J’aimerais revenir ici sur une dimension qui me semble avoir été un peu négligée : la responsabilité des consommateurs.
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Je dois d’abord faire une confession, pour expliquer d’où je parle. Oui, comme des millions de Français, j’ai déjà pris de la drogue : du cannabis à l’adolescence et de la cocaïne dans ma vingtaine (pour tester). Dans mon entourage, je ne dirais pas que tout le monde en prend, mais pas loin. Ecstasy, MDMA, champis… Toutes les semaines, quelqu’un me raconte une soirée sous influence. J’écoute, curieuse et amusée, tant les récits sont bon enfant et égaient un quotidien déprimant – l’époque va mal. Si je reste spectatrice, c’est que j’ai la “chance” d’aimer l’alcool et de ne pas ressentir le besoin de passer à autre chose. Surtout, la drogue me fait peur. Je crains qu’elle ne me fasse perdre les pédales comme elle l’a fait chez tant de gens : apprendre que le premier chanteur des Pink Floyd, Syd Barrett, n’était jamais redescendu d’un trip m’a sans doute immunisée.
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Régulièrement, j’éprouve quand même un malaise. Je sens que certains sujets sont compliqués à aborder. Et le livreur de 17 ans que tu as contacté via WhatsApp, tu ne penses pas que tu ruines un peu son avenir ? Et la dernière fois que tu as “pris une trace” et que, le même jour, deux hommes ont été fusillés à Marseille, tu ne t’es pas dit qu’il y avait un petit lien ? Et tu ne crois pas que tu prends de la drogue parce que tu aimes le frisson de l’interdit et que, du coup, tu participes d’un système qui ne peut que mal tourner ? Évoquer la responsabilité des consommateurs dans la violence générée par le narcotrafic paraît tabou. Même quand j’ai proposé un article dessus, en conférence de rédaction, j’ai vite été soupçonnée de vouloir faire la morale aux gens.
Dissonance cognitive dans la brumeLes consommateurs de drogue ont-ils du sang sur les mains ? La question – certes provocatrice – a de quoi déranger, mais il me semble important de pouvoir la poser. Non pas pour défendre illico une société du “tout répressif” (spoiler : ce n’est pas ma position) mais pour tenter de comprendre pourquoi, précisément, les débats sur la drogue semblent viciés. C’est comme si, soudain, la chaîne de causalité entre la production d’un objet et sa consommation disparaissait. J’entends les objections : “Ce n’est pas mon problème, l’État n’a qu’à réussir sa mission… Et puis d’abord, qui te dit que c’est ce gramme-là de coke qui est responsable de la fusillade à Marseille ?” En effet, impossible de le savoir. Mais impossible de l’ignorer non plus.
Dressons un parallèle avec Shein, autre grand débat du moment. Lorsque la marque de vêtements s’est installée au BHV, la question de la responsabilité des consommateurs s’est posée. À ce moment-là, tout le monde paraissait d’accord : il ne fallait pas alimenter le succès d’une entreprise qui employait des enfants et dont des employés mouraient au travail. Là aussi, les informations ne permettaient pas d’établir un lien absolu entre létalité de la production et responsabilité de la consommation. Mais ce flou artistique n’était pas considéré comme un argument recevable pour justifier de soutenir Shein. Alors, pourquoi serait-ce différent avec la drogue ? Je crois que cette dissonance cognitive est l’une des composantes du problème – pas la seule évidemment, les logiques internes au marché de la drogue demeurant essentielles.
Liberté et responsabilitéQue faire de notre responsabilité ? Philosophiquement, cette notion est liée à celle de liberté. Je suis libre car je suis responsable de mes choix, et je dois en rendre compte quand ils nuisent à autrui. Or, aujourd’hui, concernant la drogue, on constate un double malentendu. D’un côté, les personnes qui revendiquent la liberté de consommer de la drogue nient en même temps leur responsabilité personnelle dans les ravages causés par le narcotrafic. D’un autre côté, la droite, attachée à l’idée de liberté lorsqu’il s’agit de défendre le monde de l’entreprise ou la liberté d’expression, semble d’un coup se méfier comme de la peste de cette notion. Emmanuel Macron a lui-même plongé dans cette contradiction : alors qu’en 2016, il vantait les mérites de la légalisation du cannabis, il se fait aujourd’hui le héraut de la “tolérance zéro” – abandonnant la cohérence libérale au profit d’un calcul électoral bien facile.
Dire à quelqu’un : “tu es responsable” ne devrait pas être considéré comme une insulte. Oui, les consommateurs de drogue sont en partie responsables de la violence du narcotrafic. Ils ne sont pas les premiers responsables, ni les seuls, ni les pires, et ce ne sont pas d’horribles personnes pour autant. Surtout, si l’on croit que les humains sont capables de faire des choix éclairés qu’ils jugent bons pour eux-mêmes, et même si l’on désapprouve moralement ces choix, alors il faut avoir le courage de croire à la liberté jusqu’au bout. Et donc d’examiner sérieusement l’idée d’une dépénalisation des drogues dont a minima, ni la production, ni la consommation ne nuiraient à autrui. Quelles seraient de telles drogues ? Sous quelles conditions pourraient-elles être fabriquées et consommées en France ? Ce sont des questions importantes, trop peu évoquées dans le débat public, qui ne sauraient être éludées par les responsables politiques authentiquement attachés à la liberté. »
novembre 202525.11.2025 à 17:00
hschlegel
Les revirements de Donald Trump sur les « Epstein files » ont semé la zizanie chez ses partisans, très impliqués sur le sujet. Le président américain aurait-il quelque chose à cacher ? Retour sur des mois de polémiques et ce qu’elle dit du rapport à la vérité chez les partisans de Trump.
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Du pain bénit pour les complotistesL’affaire Epstein obsède depuis des années l’opinion publique américaine. Elle est rapidement entrée en résonance avec certaines théories du complot véhiculées dans le camp républicain. Au sein du mouvement QAnon, très proche de la nébuleuse « Maga », beaucoup sont en effet convaincus de l’existence d’un réseau mondial d’élites s’adonnant sans vergogne à la pédophilie, récoltant l’adrénochrome – substance prétendument rajeunissante – à partir de sang d’enfants. L’homme d’affaires et célèbre criminel sexuel américain Jeffrey Epstein, mort en prison en 2019, est présenté comme un maillon central de ce réseau.
“Donald Trump figure dans les dossiers Epstein. C’est pour ça qu’ils n’ont pas été rendus publics” Elon Musk
En promettant de rendre publics les « Epstein files », le « dossier Epstein », pendant la campagne présidentielle de 2024, Donald Trump est devenu le héraut de ces complotistes en guerre contre ce qu’ils pensent être une cabale pédophile et sataniste. Pour l’« influenceur » QAnon Mama Wolf, certains « message secrets codés » de Trump indiquaient sa volonté de démanteler ce grand système. Au début du second mandat de Trump, Peter Thiel, magnat de la Silicon Valley, allait jusqu’à annoncer une apocalypse – une grande « révélation », au sens étymologique : « Le retour de Trump à la Maison-Blanche augure l’apokálypsis des secrets de l’ancien régime. »
Une “révélation” qui se fait attendre…Sauf que le grand dévoilement n’a pas lieu. En mai 2025, Pam Bondi, ministre fédérale de la Justice, informe le président que son nom figure dans le dossier Epstein – l’information sera publiquement confirmée le 23 juillet. Elon Musk, brouillé avec le chef d’État, en profite pour l’attaquer sur X, mobilisant à nouveau une rhétorique complotiste : « Donald Trump figure dans les dossiers Epstein. C’est la véritable raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics. Bonne journée, Donald Trump ! »
“Je connais Jeff depuis quinze ans. C’est un type formidable, qui aime les belles femmes autant que moi” Donald Trump
Trump est pris à son propre piège. Face au refus réitéré de l’administration de publier le dossier, le camp républicain se divise. En juillet, 36% des soutiens du parti dénoncent la gestion de ce scandale, selon un sondage réalisé par l’université de Quinnipac, quand 40% l’approuvent. Des déclarations passées de Donald Trump refont surface : « Je connais Jeff depuis quinze ans. C’est un type formidable. C’est un plaisir de le fréquenter. On dit même qu’il aime les belles femmes autant que moi, et beaucoup d’entre elles sont plus jeunes. » La mort d’Epstein en prison pendant le premier mandat de Trump, classée comme un suicide, refait l’objet de thèses conspirationnistes.
… et un véritable panier de crabesÀ la fin de l’été, une proposition de loi imposant la publication du dossier est lancée, le Epstein Files Transparency Act. Trump demande dans un premier temps aux Républicains de ne pas la voter. Il dénonce, à qui veut l’entendre, un « canular démocrate ». Dans la dernière ligne droite, une partie des documents incriminant le président fuitent. « Bien sûr, [Trump] était au courant pour les filles », écrit Epstein, qui glisse encore : « J’ai rencontré des gens très mauvais. Aucun ne l’était autant que Trump. Il n’y a pas une seule cellule décente dans son corps. » Dans un autre e-mail, Epstein le qualifie de « chien qui n’a pas aboyé ». La base électorale de Trump se déchire un peu plus. Mi-novembre, la représentante Marjorie Taylor Greene, figure importante du mouvement Maga, rompt avec le président, dénonçant de manière véhémente son manque de transparence sur l’affaire.
“J’ai rencontré des gens très mauvais. Aucun ne l’était autant que Trump. Il n’y a pas une seule cellule décente dans son corps” Jeffrey Epstein
Face aux pressions, Trump fait finalement volte-face. Le 16 novembre, il appelle les républicains de la Chambre à voter en faveur de la divulgation des dossiers, et il promulgue la loi, tout en annonçant une enquête fédérale sur les liens entre le prédateur sexuel et des démocrates, dont Bill Clinton. Pour Alexander Hinton, professeur en anthropologie cité dans The Conversation :
“Trump a probablement joué un coup stratégique brillant, en déclarant soudainement : ‘Je suis tout à fait favorable à sa divulgation. Ce sont en réalité les démocrates qui sont ces élites maléfiques, et maintenant nous allons enquêter sur Bill Clinton et les autres.’ Il reprend le contrôle du récit, il sait parfaitement comment faire, et c’est intentionnel”
Alexander Hinton
Menteur, menteurLe retournement n’en apparaît pas moins, pour beaucoup, comme la décision d’un homme acculé. À bien des égards, l’affaire Epstein ébranle certains fondamentaux qui fédérèrent le mouvement Maga. Selon Alex Hinton, ce dernier se structure autour de cinq piliers : l’Amérique ; les frontières à sécuriser ; le rejet du mondialisme ; la liberté d’expression ; la fin des guerres à l’étranger. « J’ajouterais l’insistance sur “Nous, le peuple”, opposé aux élites, précise l’universitaire dans l’article précité. Chacun de ces piliers est étroitement lié à une dynamique clé du mouvement Maga, à savoir la théorie du complot. Et ces théories du complot sont en général anti-élites et opposant “Nous, le peuple” à ces dernières. »
“Ni le statut de milliardaire ni celui de chef d’État n’ont suffi à convaincre ses soutiens que Trump appartient à cette élite qu’il dénonce”
Tant que Trump parvenait à maintenir l’image d’un président défendant les intérêts du peuple contre des élites supposément perverses, ses partisans lui passaient sans trop de problèmes ses innombrables mensonges, ses frasques, ses adultères, ses condamnations pour agression sexuelle. L’ensemble de ces accusations, plutôt que de discréditer Trump, ont pu être perçues par ses supporters comme une tentative de museler un « parrhésiaste » comme le dit Michel Foucault : celui qui dit vrai, parle franchement. La nébuleuse Maga a souvent été galvanisée par ces accusations lancées contre un homme qui dérangeait l’establishment corrompu du soi-disant « État profond ». Un homme qui, assurément, n’était pas parfait, mais dont les travers étaient facilement excusés. Ni le statut de milliardaire ni celui de chef d’État n’ont suffi à convaincre ses soutiens que Trump appartient à cette élite qu’il dénonce.
Trump a-t-il encore des cartes en main ?Tout change en revanche dès lors que ses mensonges apparaissent au grand jour. Le parrhésiaste peut certes mentir, tant que son mensonge ne concerne pas l’objet même au sujet duquel on attend de lui qu’il dise, non pas « le vrai », mais « vrai ». Il n’a de force que par la conviction qu’il exprime, peu importe que son discours soit objectivement vrai ou faux. Le franc-parler de Trump qui ne ménage d’ordinaire personne, en dépit de son caractère souvent délirant, séduit une grande partie des Américains par cet engagement intime, viscéral. Sur l’affaire Epstein, ses atermoiements marquent une rupture avec la parrêsia foucaldienne. Trump se débat, essaie de se tirer d’affaire, là où le parrhésiaste ne transige pas et dit le fond de son cœur sans se préoccuper des conséquences, au péril parfois de sa vie.
Le camp républicain sera-t-il indéfiniment fracturé ? Difficile à dire. Sans doute faudra-t-il attendre le dévoilement du dossier et l’analyse de son contenu (d’ici un mois environ) pour voir une tendance à long terme se dessiner. Pour Alex Hinton, l’affaire aura sans doute un effet plus limité qu’on ne le pense :
“Beaucoup de membres de Maga ont compris qu’il fallait rester fidèle à Trump […] La rupture que nous observons est celle de Trump avec l’une de ses principales partisanes du Maga, l’élue républicaine de Géorgie Marjorie Taylor Greene, et non celle de la base partisane du Maga avec Trump”
Alexander Hinton
Certaines franges de l’électorat trumpien pourraient être plus affectées : « Il existe une réelle inquiétude, notamment parmi les chrétiens fervents du mouvement Maga, pour qui le trafic sexuel est un sujet central. » Mais à en croire Hinton, le trumpisme a encore de beaux jours devant lui.
novembre 202525.11.2025 à 12:00
nfoiry
À l'heure de l'enthousiasme généralisé pour les intelligences artificielles, il n'est sans doute pas inutile de se replonger dans l'œuvre du philosophe Henri Bergson qui, il y a près d’un siècle, pointait déjà les limites du technicisme béat. Une démonstration salutaire à retrouver dans le nouveau numéro spécial de nos confrères de Philonomist.
novembre 202525.11.2025 à 06:00
nfoiry
« Parfois on fait une blague pour faire rire, mais on blesse quelqu’un. » Est-on méchant pour autant ? Dans notre nouveau numéro, nous vous proposons de découvrir les réponses surprenantes et profondes d'enfants à ces questions. Puis, Chiara Pastorini, spécialiste de philosophie avec les enfants, vous donne les clés pour aborder le sujet avec eux.
novembre 202524.11.2025 à 21:00
hschlegel
« Alors que Trump et Poutine s’apprêtent à sceller le sort de l’Ukraine – et demain peut-être de l’Europe – par-dessus le dos des intéressés, ici même, dans le confort de la paix et de la sécurité, certains refusent l’idée que nous devrions nous préparer à défendre nos frontières et nos libertés, au prix de la vie. Oubliant ainsi la grande leçon qu’un Marc Bloch ou un Merleau-Ponty avaient tirée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
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“Nous ne sommes pas prêts”“Ce qu’il nous manque c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est. Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, de souffrir économiquement, parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque.” Sans doute maladroit (le terme “d’enfant” dans le vocabulaire militaire désigne les soldats et non les mineurs, pensons à l’entame de La Marseillaise !), l’avertissement lancé par le chef d’état-major des armées Fabien Mandon, lors du congrès des maires de France la semaine dernière, était destiné à alerter sur la menace d’une attaque russe contre l’Europe et la nécessité de se préparer à un tel affrontement.
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Les réactions : un étrange renoncement anticipéTombés quelques jours avant l’annonce du plan en forme de capitulation de Donald Trump pour l’Ukraine, ces propos ont provoqué une vague de réactions… négatives. Depuis Jean-Luc Mélenchon faisant part de son “désaccord total” vis-à-vis de “préparations guerrières décidées par personne” jusqu’au RN, où l’on dénonçait une “faute”, en passant par Philippe De Villiers, qui faisait part de sa “honte” et appelait à “se concentrer sur la France, ses frontières et sa souveraineté” où “nos enfants se font déjà tuer dans nos banlieues”… Même la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a cru utile de recadrer Fabien Mandon, rappelant que la France dispose d’une armée de métier et qu’en conséquence, “nos enfants, au sens où on l’entend, ne vont pas aller combattre et mourir en Ukraine”. Autrement dit : ne vous projetez pas dans la possibilité de la guerre, elle concerne les Ukrainiens en Ukraine, et si affrontement il devait y avoir sur le sol européen et même français, il ne concernerait que nos soldats… qui ne sont pas nos enfants. Étrange renoncement anticipé, me suis-je dit, en entendant ces réactions en chaîne et alors que l’on découvrait l’ampleur des concessions que Donald Trump s’apprête à faire à Vladimir Poutine avec son plan de paix en 28 points (mais qui est, apparemment, quand même en cours de réécriture) et la pression qu’il exerce sur les Ukrainiens et les Européens pour qu’ils battent en retraite. Et si la défaite, que le chef d’état-major des armées redoute pour l’avenir, avait en réalité déjà eu lieu ?
Entre aveuglement et mémoire courte ?“Nous avions secrètement résolu d’ignorer la violence et le malheur comme éléments de l’histoire, parce que nous vivions dans un pays trop heureux et trop faible pour les envisager.” Voilà le constat que faisait Maurice Merleau-Ponty en juin 1945 dans l’éditorial du premier numéro des Temps modernes, la revue qu’il fondait alors avec Sartre et Beauvoir, au nom de la responsabilité retrouvée. Intitulé “La guerre a eu lieu”, ce texte revient sur les illusions pacifistes dont s’étaient bercés une majorité de Français et d’intellectuels qui n’avaient pas voulu voir venir l’hitlérisme et la guerre à la fin des années 30. “Nous habitions un certain lieu de paix, d’expérience et de liberté, formé par une réunion de circonstances exceptionnelles, et nous ne savions pas que ce fut là un sol à défendre, nous pensions que c’était le lot naturel des hommes… Habitués depuis notre enfance à manier la liberté et à vivre une vie personnelle, comment aurions-nous su que c’étaient là des acquisitions difficiles, comment aurions-nous appris à engager notre liberté pour la conserver ? Nous étions des consciences nues en face du monde. Comment aurions-nous su que cet individualisme et cet universalisme avaient leur place sur la carte ?” Et Merleau-Ponty d’inviter à tirer des cinq années de guerre et d’occupation plus qu’une piqûre de rappel réaliste, une leçon philosophique : “On n’est pas libre seul.”
Une défaite avant tout intellectuelleEn 1946, quelques mois après l’éditorial de Merleau-Ponty, paraissait à titre posthume L’Étrange Défaite, le testament de l’historien-résistant Marc Bloch, torturé et fusillé par la Gestapo en juin 44 après s’être engagé dans la résistance et avoir combattu dans la drôle de guerre. Dans ce “procès-verbal de l’an 40”, rédigé entre juillet et septembre de la même année, Bloch prend acte, lui aussi, du renoncement à combattre qui a précédé la capitulation française. C’est selon lui la cause première, intellectuelle et morale, et pas seulement politique et militaire, du désastre. “Le triomphe des Allemands fut, essentiellement, une victoire intellectuelle et c’est peut-être là ce qu’il y a eu en lui de plus grave.” Ou encore : “Ce fut la marée montante d’un désespoir qui, au lieu d’aiguillonner à l’action, semblait chercher son refuge dans une sorte de paresse somnolente.” Un découragement collectif et pas seulement une carence de ressources : “Au fond de leur cœur, ils étaient prêts, d’avance, à désespérer du pays même qu’ils avaient à défendre et du peuple qui leur fournissait leurs soldats.” Et d’enfoncer le clou : “Quelque chose a manqué de l’implacable héroïsme de la patrie en danger.” Pour Merleau-Ponty, c’est la croyance naïve et dangereuse que la liberté et la paix sont des acquis universels et non “un sol à défendre” qui a précipité la défaite. Pour Bloch, c’est, outre la fragmentation de la société en classes antagonistes, une forme de désespérance collective. En entendant la sortie du chef d’état-major Fabien Mandon et le rejet quasi unanime dont elle a fait l’objet, alors que la guerre en Europe menace, j’ai eu le sentiment que le spectre de la défaite anticipée faisait lui aussi retour. »
novembre 202524.11.2025 à 17:00
hschlegel
La guerre des idées continue de faire rage au sein des universités, plus fracturées politiquement que jamais. Entre dénonciations militantes, accusations de politiquement correct, censures réelles et annulations d’événements, le milieu universitaire semble être devenu une foire d’empoigne… au point où l’État français s’en mêle. Avec pour principale victime : la liberté académique ?
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Israël-Palestine : un conflit polarisant jusqu’à l’ingérence ?Le 9 novembre, une secousse du conflit israélo-palestinien a ébranlé le monde académique. Organisé par le Collège de France, un colloque sur la Palestine a été annulé, puis reprogrammé ailleurs. Spécifiant à l’Agence France-Presse ne pas avoir « demandé l’annulation », le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste a qualifié cette décision de « responsable » sur le réseau social X. Dans une tribune, un collectif de professeurs du Collège de France rappelle que la liberté académique « protège un bien, non seulement public, mais aussi commun ».
“La liberté académique protège un bien, non seulement public, mais aussi commun” Tribune de membres du Collège de France
Loin d’être le privilège corporatiste d’une caste universitaire, la liberté académique rend possible, via la déontologie scientifique, la constitution de savoirs communs, essentielle pour la bonne tenue du débat démocratique. Coïncidence des polémiques, le 15 octobre dernier, Stéphanie Balme, directrice du Centre de recherches internationales à Sciences Po, remet un rapport pointant les menaces qui pèsent sur cette liberté. Au premier chef, sa définition floue et la quasi-absence de protections juridiques. Dans une note de 1810, le philosophe Wilhelm von Humboldt établit le premier que « l’indépendance et la liberté sont les principes » d’universités autonomes au sein desquelles des enseignants-chercheurs exercent leur profession à l’aide d’un triptyque de trois libertés (d’enseignement, de la recherche et d’expression). Les ingérences du politique ou du religieux risquent en effet d’entacher la recherche de la « science dans sa pureté ».
La nécessaire indépendance des institutions vis-à-vis du politiqueJustement : les interventions politiques extérieures se multiplient, pointe le rapport. Un exemple parmi d’autres, en 2022, Laurent Wauquiez a ainsi conditionné les subventions aux universités de la région Auvergne-Rhône-Alpes à la signature préalable, de la part des institutions, d’une « Charte républicaine ».
“La liberté académique est mal définie et n’est quasiment pas protégée juridiquement”
Face à cette « forme de maccarthysme contemporain 2.0 », le rapport préconise un panel d’actions visant à défendre cette liberté : sa constitutionnalisation pour le volet juridique, mais aussi la promotion d’une « véritable culture de la liberté académique » auprès du grand public. Reste ouverte la question de sa délimitation. À l’heure des coupes budgétaires, quid du financement privé de la recherche ? Ne risque-t-il pas d’exposer les chercheurs à des pressions venant des entreprises ?
novembre 2025