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La Lettre de Philosophie Magazine

▸ les 10 dernières parutions

12.10.2025 à 08:00

Un philosophe chrétien face à “quatre mousquetaires” : Denis Moreau a lu le “Manifeste pour un nouvel athéisme”

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Un philosophe chrétien face à “quatre mousquetaires” : Denis Moreau a lu le “Manifeste pour un nouvel athéisme” nfoiry dim 12/10/2025 - 08:00

Denis Moreau était en retraite dans un monastère quand nous lui avons adressé ce Manifeste pour un nouvel athéisme de quatre esprits brillants et polémiques qui mettent à l’index le renoncement des croyants à argumenter. Dans notre nouveau numéro, le philosophe chrétien, qui publie en cette rentrée Tous hérétiques ?, a accepté de les lire et de se faire l’avocat… de Dieu.  

octobre 2025
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11.10.2025 à 07:00

Clotilde Leguil : “Il faut comprendre ce qui dans l’amour peut mener à l’emprise”

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Clotilde Leguil : “Il faut comprendre ce qui dans l’amour peut mener à l’emprise” nfoiry sam 11/10/2025 - 07:00

Comment s’ouvrir à l’autre, se risquer à aimer, s’engager dans l’action sans s’y abîmer ? Avec son nouvel essai La Déprise, Clotilde Leguil prend ces questions à bras-le-corps. Dans notre dernier numéro à retrouver également chez votre marchand de journaux, elle nous expose sa démarche, au croisement de la littérature, du cinéma, de la philosophie et de la psychanalyse.

octobre 2025
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10.10.2025 à 17:42

“Nouvelle Vague” : le mythe de la jeunesse

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“Nouvelle Vague” : le mythe de la jeunesse hschlegel ven 10/10/2025 - 17:42

Nouvelle Vague, le dernier film de Richard Linklater à l’affiche en ce moment, ne trompe pas son monde avec un tel titre. Il y est bien question de Godard, Seberg, Belmondo… et de toute la bande, en retraçant la genèse d’une petite révolution au cinéma : le tournage d’À bout de souffle. Pour Ariane Nicolas, le cinéaste réussit à proposer une mise en scène joueuse et rythmée, qui évoque la patte Godard sans tomber dans le pastiche.

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Ce texte est extrait de notre newsletter hebdomadaire « Par ici la sortie » : trois recommandations culturelles, éclairées au prisme de la philosophie, chaque vendredi soir. Abonnez-vous, elle est gratuite !

 

« Ah, la jeunesse ! La grande affaire de Richard Linklater. Le réalisateur de Dazed and Confused, de la trilogie des Before (Sunrise, Midnight, Sunset) et de Everybody Wants Some filme à nouveau une bande de jeunes avec Nouvelle Vague, présenté au dernier Festival de Cannes. Et pas n’importe quelle bande : celle qui a tourné À bout de souffle, le premier long-métrage de Jean-Luc Godard (incarné ici par le remarquable Guillaume Marbeck). En 1959, Godard n’a que 28 ans mais se sent déjà vieux : “C’est trop tard”, se lamente-t-il devant la troupe des Cahiers du cinéma. Ses acolytes Truffaut, Rohmer ou Chabrol ont déjà sorti leurs premières œuvres. Lui, plus exigeant et crâne, attend son moment. Gauguin, qu’il cite, disait : “L’art, c’est soit du plagiat, soit la révolution.” Godard trouve un producteur, pique une idée dans le Nouveau Détective et fait enfin sa révolution. Vingt jours de tournage avec Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo, pas de scénario ni de prise de son directe, des acteurs déboussolés par un cinéaste parlant en aphorismes et qui fait ce qu’il veut. L’improvisation, seule méthode pour “saisir la réalité au hasard” ? Godard, qui filme un voleur en cavale, est lui-même un petit filou. S’il prétend rechercher la “spontanéité” et “l’inattendu”, son film fonce en sens inverse : les dialogues ont l’air artificiels, le son est rajouté en post-production, le montage est saccadé. Il veut incarner un nouveau présent mais vise surtout “l’immortalité”... Le titre choisi témoigne de ces paradoxes : jeune, son personnage est déjà à bout de souffle ! “Prouvons que le génie n’est pas un don mais l’issue qu’on invente dans les cas désespérés”, disait Sartre – cité aussi. Dans Nouvelle Vague, la jeunesse apparaît pour ce qu’elle est : un mythe élaboré en temps réel. Toute jeunesse s’invente et se déploie en fonction du mythe qu’elle entend (plus ou moins consciemment) devenir. Comme tout mythe, montre Linklater, la jeunesse est un mensonge. Mais un mensonge qui dit vrai. »

 

Nouvelle Vague, de Richard Linklater, avec Guillaume Marbeck, Zoey Deutch et Aubry Dullin. En salles.

octobre 2025
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10.10.2025 à 15:22

María Corina Machado : prix néolibérale de la paix

hschlegel

María Corina Machado : prix néolibérale de la paix hschlegel ven 10/10/2025 - 15:22

Trump espérait le recevoir, mais c’est finalement la Vénézuélienne María Corina Machado qui s’est vu décerner le prestigieux prix Nobel de la paix pour son combat « en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ». Portrait d’une dissidente qui bouscule les repères de la politique… et du Nobel. 

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Selon le président du comité Nobel norvégien Jørgen Watne Frydnes, « María Corina Machado est l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps ». Née en 1967, fille d’un riche homme d’affaires à la tête d’une grande compagnie d’électricité et d’entreprises sidérurgiques, María Corina Machado est devenue, au fil des années, une opposante acharnée au régime de Nicolás Maduro. Elle « a été une figure clé de l’unité au sein d’une opposition politique autrefois profondément divisée ». En 2002, elle participe à la tentative de coup d'État contre Hugo Chavez. En octobre 2023, elle remportait la primaire de l’opposition en vue de l’élection présidentielle, avant que sa candidature ne soit interdite. Dès lors, « Madame Machado a été contrainte de vivre dans la clandestinité. Malgré les graves menaces qui pèsent sur sa vie, elle est restée dans son pays, un choix qui a inspiré des millions de personnes ».

L’héritage ambigu de Bolivar

Elle est depuis surnommée la libertadora (« libératrice »), en référence au libertador Simón Bolívar, le père de l’indépendance des nations sud-américaines. Si l’héritage de ce dernier est également revendiqué par le camp adverse, qui voit en lui un symbole de la lutte contre l’impérialisme étranger, les convictions politiques de Bolívar se rapprochent davantage de celles de Machado que des politiques socialistes de Maduro et de son prédécesseur Hugo Chavez. Influencé par la philosophie des Lumières, Bolívar était un partisan du libéralisme, critique du dirigisme économique. S’il fut tout particulièrement lecteur de Rousseau - parfois considéré comme un précurseur du socialisme -, il en retint surtout le « pouvoir des lois, plus puissant que celui du tyran, parce que plus inflexible », mais il se défiera des idées de participation directe du peuple au pouvoir politique. Du point de vue de Machado, le régime de Maduro emprunte à Bolívar ce qu’il y a de plus contestable et en rejette ce qu’il y a de meilleur : alors qu’il se présente comme un démocrate, Maduro n’a aucun respect pour la souveraineté populaire ; à la force de la loi, son régime autoritaire et policier a substitué le règne de l’arbitraire.

Une opposante néolibérale

À ce régime défaillant, qu’elle accuse d’avoir ruiné le pays, María Corina Machado oppose une « philosophie [qui] met l’accent sur la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la presse libre et la protection des libertés civiles », écrit Alex Pierceman dans Maria Corina Machado and The Struggle for Democracy in Venezuela (« María Corina Machado et le combat pour la démocratie au Vénézuela »). Présentée comme une défenseur de la démocratie et de l’État de droit – elle avait déjà été récompensée du prix des droits de l’homme Václav-Havel en 2024 en tant que porte-voix des « aspirations claires du peuple vénézuélien à des élections libres et équitables, au respect des droits civils et politiques et à l’État de droit » –, Machado est avant tout une libérale ou, selon certains observateurs, une néolibérale. On ne s’en étonnera pas : l’Amérique du Sud a été l’un des premiers espaces d’expérimentation du néolibéralisme, sous la houlette des Chicago Boys. La philosophie de Machado « est enracinée dans les principes du capitalisme de libre marché, qu’elle considère comme le moyen le plus efficace de restaurer l’économie ébranlée du Vénézuela et d’améliorer la qualifie de vie de ses citoyens », résume Alex Pierceman. « Sa philosophie est fondée sur la croyance que les marchés, quand on leur permet de fonctionner librement, sont le mécanisme le plus efficace pour l’allocation des ressources et la génération de richesses. »

Admiratrice de Javier Milei… et proche de partis d’extrême droite

Plus qu’à Bolívar, c’est à l’ultra-libérale Margaret Thatcher, la « dame de fer » britannique, Première ministre de 1979 à 1990, qu’on la compare le plus souvent. Machado lui rendait hommage dans un tweet de 2013 : « Margaret Thatcher a eu le courage de défendre ses valeurs toute sa vie contre tous ceux qui s’opposaient à elle. » Elle ne cache pas son affection pour les autres grandes figures du néolibéralisme : la philosophe Ayn Rand et les économistes Ludwig von Mises et Milton Friedman. Dans un post hommage de 2019, elle écrivait : « Aujourd’hui, nous nous souvenons du lauréat du prix Nobel d’économie Milton Friedman à l’occasion de son 107e anniversaire, pour sa grande contribution à la liberté économique et à ses idées qui fonctionnent ! Il suffit de regarder ce qu’elles ont accompli au Royaume-Uni, au Chili et aux États-Unis, en créant de la richesse au bénéfice de la société dans son ensemble. » Autant de figures partageant à différents degrés un rejet de l’interventionnisme étatique et la promotion d’une liberté économique qui, si elle trouve à se coupler à la défense de la liberté politique dans certains contextes autoritaires dirigistes, finit souvent par buter à l’exigence démocratique. La poursuite des intérêts particuliers, dans son individualisme, se heurte aux contraintes de l’intérêt collectif. Le droit, garantie de la libre entreprise soustraite à l’emprise de l’État, peut vite devenir un « problème » dès lors que la loi, enracinée dans la souveraineté populaire, entend réguler, réglementer.

Parmi ses contemporains, María Corina Machado a également salué la victoire de Javier Milei, et en août dernier, a remercié le président libertarien d’Argentine pour son « ferme soutien » pour « la liberté et la démocratie ». Que les deux trouvent à s’entendre face à un ennemi commun – le « régime narco-terroriste » de Maduro – ne fait évidemment pas de Machado une libertarienne sans concession. Mais sa philosophie s’inscrit, assurément, dans cette constellation de pensées plus ou moins radicales qui défendent d’abord, au nom de la liberté et de la démocratie, une libéralisation de l’économie. Comme Milei, Machado soutient le parti Vox, qui entend fédérer les droites radicales d’Espagne et d’Amérique latine – elle a été, en 2020, signataire de la charte de Madrid initiée par la formation politique. Bref, si Trump n’a pas remporté le Nobel de la paix, le prix a échu à une femme politique qui partage à certains égards sa vision du monde. Dans un contexte international tendu, Machado soutient d'ailleurs une intervention américaine pour renverser le régime de Maduro.

octobre 2025
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10.10.2025 à 12:00

“Keep calm and carry cash” : pourquoi faut-il toujours avoir 70€ en liquide à portée de main ?

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“Keep calm and carry cash” : pourquoi faut-il toujours avoir 70€ en liquide à portée de main ? hschlegel ven 10/10/2025 - 12:00

Dans sa dernière note, la Banque centrale européenne recommande à tous les citoyens européens d’avoir toujours “entre 70 et 100 euros” en espèces chez eux, de sorte à pouvoir faire face à une crise imprévue. À suivre La Philosophie de l’argent de Georg Simmel, ce conseil témoigne d’un recul de la confiance dans l’État.

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« Keep calm and carry cash » (« Restez calme et conservez du liquide sur vous ») : un titre aux allures de western pour la dernière note de la Banque centrale européenne (BCE), publiée le 23 septembre 2025. Le texte incite les ménages à mettre de côté suffisamment d’argent liquide pour couvrir leurs besoins élémentaires pendant 48 à 72 heures en cas de force majeure, soit entre 70 et 100 €. Francesca Faella et Alejandro Zamora-Pérez, les deux économistes derrière ce rapport, tirent des leçons de quatre crises majeures qui ont émaillé le XXIe siècle en Europe : la crise grecque de 2015, la pandémie en 2020, la guerre en Ukraine en 2022 et le blackout qui a privé une partie de l’Espagne d’électricité en avril dernier. À chaque fois, le recours systématique et massif aux liquidités s’est avéré un levier individuel pour faire face à l’incertitude, ainsi qu’un formidable tampon pour ménager les échanges à l’échelle locale. Ils vont jusqu’à parler de l’argent en espèces comme d’une « roue de secours monétaire » : inutile dans la plupart des cas, mais essentielle en cas de choc systémique – cyberattaque, panne, crise bancaire. Bizarre, quand on sait que le refuge dans le cash est généralement un symptôme de défiance envers les institutions.

Du métal précieux au bout de papier : une question de confiance

Le philosophe allemand Georg Simmel (1858-1918) montre dans sa Philosophie de l’argent (1900) que le passage de l’argent-substance à l’argent-signe n’a pu s’effectuer que lorsque s’était établi un certain lien de confiance naturelle entre l’individu et la société. Lorsque l’État central n’était pas constitué et qu’aucune autorité ne garantissait la stabilité de la monnaie, les fonctions monétaires étaient remplies par un support qui avait en soi de la valeur (par exemple, de l’or ou un métal précieux). Cela limitait la création monétaire, tout en étant un gage de stabilité. Si les institutions étatiques font leur travail, nul besoin de se réfugier dans la matérialité – on peut se contenter de passer à la caisse les yeux fermés, puisque l’État garantit silencieusement tous mes achats. Pour Simmel, cette oscillation de l’abstraction vers la matière est significative : « L’argent ne devient véritablement tel que dans la mesure où la substance recule. » Autrement dit, la valeur monétaire s’établit quand l’attachement à la substance (le métal, la matérialité) s’efface ; mais revenir à insister sur la substance (au cash) révèle-il un retour de la défiance face à l’abstraction du crédit et aux promesses sociales de stabilité ?

Pas de conclusion hâtive !

Que la BCE conseille aux citoyens de stocker quelques espèces revient donc à réintroduire discrètement de la matérialité, là où la confiance devait suffire. Pas sûr, cependant, que la BCE ait préparé un scénario de fin du monde. Elle s’est d’ailleurs engagée depuis quelques années à développer un euro numérique, qui assurerait la transition vers l’ère digitale tout en préservant la souveraineté stratégique de l’Europe. La prudence monétaire est ici une stratégie de robustesse low tech plutôt qu’un coup de tonnerre alarmant.

octobre 2025
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10.10.2025 à 10:14

László Krasznahorkai, un Nobel qui met l’apocalypse en question

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László Krasznahorkai, un Nobel qui met l’apocalypse en question hschlegel ven 10/10/2025 - 10:14

L’écrivain hongrois László Krasznahorkai a été couronné par l’académie Nobel le 9 octobre 2025, à 71 ans, pour son « son œuvre fascinante et visionnaire qui, au milieu de la terreur apocalyptique, réaffirme le pouvoir de l’art ». Philippe Garnier nous introduit à son écriture qui, dans la veine de Kafka et de Thomas Bernhardt, se saisit des menaces en mode interrogatif. 

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Qu’est-ce qu’une apocalypse ? Dans la langue courante, il s’agit d’une fin du monde violente, mais ce mot, dans son sens littéral, signifie aussi « dévoilement » ou « révélation ». Cette ambivalence, l’œuvre de László Krasznahorkai – couronné par le prix Nobel de littérature 2025 – la porte à son paroxysme. Dans La Mélancolie de la résistance, son deuxième roman publié en 1989, un malaise indéfinissable règne sur une petite ville de province hongroise. Chaos visible ou désintégration sournoise ? Dans le sillage de Franz Kafka et de Thomas Bernhardt, la menace, vécue par différents personnages, n’est jamais nommée, mais elle prend figure dans une baleine empaillée, exhibée par un cirque. Susan Sontag avait alors qualifié l’auteur de « maître de l’apocalypse ». Depuis, l’œuvre de Krasznahorkai n’a cessé de faire surgir des voix d’imprécateurs, de prophètes à la vie souvent insignifiante, annonçant quelque chose qui relève de la fin du sens plutôt que de la fin matérielle du monde. Cette noirceur, cet effacement de tout horizon, cette description asphyxiante de la « non-vie », atteignent sans doute leur point culminant avec Le baron Wenckheim est de retour, publié en français en 2023.

“L’œuvre de Krasznahorkai est emplie d’imprécateurs, de prophètes à la vie souvent insignifiante, annonçant quelque chose qui relève de la fin du sens plutôt que de la fin matérielle du monde” Philippe Garnier

 

Mais à ce fil « apocalyptique » – au sens de la langue courante – se noue un autre fil, attentif au dévoilement, à la révélation. Ainsi, Seiobo est descendue sur terre, recueil de nouvelles paru en français en 2018, met en scène des guetteurs de sens, déçus mais obstinés. Un gardien du Louvre s’y sent inexplicablement lié à la Vénus de Milo. Il essuie les railleries de ses collègues et contemple toute sa vie cette œuvre issue d’un monde ancien, disloqué, effacé. Un restaurateur de sculptures japonais médite sur une statue du Bouddha endommagée et se demande comment lui rendre sa mystérieuse aura. Très longues mais scandées, se chargeant de souffle au lieu de s’épuiser en chemin, les phrases de Krasznahorkai portent à la perfection la recherche inlassable d’un sens non pas transcendant mais immanent au monde, qui ne se laisse entrevoir que pour mieux se dérober.

C’est aussi de l’histoire – celle de la Hongrie, son pays natal où il est né en 1954, et au-delà, l’histoire de l’Europe – que se nourrit la pensée de l’écrivain. Dans un entretien avec Damien Marguet, publié par la revue Passés Futurs en 2020, l’écrivain compare la vérité des historiens à celle de l’art et de la religion. Il dit :

“Ces trois approches intellectuelles parlent de ce combat, et non de la vérité. Vis-à-vis de ces trois formes d’expression, nous n’avons qu’une seule attitude à adopter : faire passer leurs messages du mode affirmatif au mode interrogatif. Pour chaque phrase de Bouddha, de Dante et d’Hérodote, nous devons remplacer le point final par un point d’interrogation”

László Krasznahorkai, entretien avec Damien Marguet, à lire en intégralité sur le site de recherches en sciences sociales Politika.io (2020)

Tel serait l’un des sens de cette œuvre à plusieurs visages : exorciser les cauchemars légués par l’histoire humaine, en déblayer les scories, pour faire place nette à une question – sans réponse, certes, mais rendue à sa pureté.

octobre 2025
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10.10.2025 à 08:00

Vladimir Poutine et Xi Jinping, deux quêtes d'éternité : la chronique de Michel Eltchaninoff

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Vladimir Poutine et Xi Jinping, deux quêtes d'éternité : la chronique de Michel Eltchaninoff nfoiry ven 10/10/2025 - 08:00

Lors d’un défilé militaire organisé à Pékin début septembre, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont exprimé leur espoir de vivre jusqu’à 150 ans, voire d’atteindre l’immortalité. Rêve de dictateurs ? Pas seulement, répond Michel Eltchaninoff dans sa chronique « Jeux de stratégie » issue de notre nouveau numéro, car les philosophies chinoise et russe sont obsédées par cette question… mais dans des styles différents.

octobre 2025
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09.10.2025 à 18:44

Les deux nez du pouvoir

hschlegel

Les deux nez du pouvoir hschlegel jeu 09/10/2025 - 18:44

« Depuis dix jours, c’est l’hécatombe à la rédaction : nous sommes tous tombés malades, un à un. Les gorges se raclent, les morves dégoulinent, les éternuements tonitruent… et bien sûr, les nez se bouchent. Mais quel(s) nez ?

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En étudiant la question, j’ai découvert la bipolarité des narines – une curiosité méconnue qui, me semble-t-il, pourrait nous aider à comprendre la congestion politique actuelle.

“Nous ne possédons pas un, mais deux nez.” J’avoue avoir vécu une sorte d’épiphanie en lisant cette phrase dans un article du magazine The Atlantic, intitulé “Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le nez bouché”, alors que j’effectuais des recherches Google pour vérifier l’efficacité des pschitt d’eau de mer et autres placebos sur mes sinus encombrés. En effet, trop de gens ignorent que nos deux narines forment des organes indépendants, à l’instar des yeux ou des oreilles, arguait l’autrice de l’article. Nos deux “nez”, séparés par une cloison, ouvrent chacun sur un réseau de sinus, ces cavités nasales qui s’étendent des joues au front. Une indépendance qui vise sans doute à limiter les infections : nos narines ayant pour fonction de filtrer et d’humidifier l’air, elles ont intérêt à ne pas se contaminer l’une l’autre.

Cette mise au point m’a permis de préciser ma petite phénoménologie du rhume. Contrairement à ce que l’on croit, nous n’avons pas “le nez bouché”. D’abord parce que nous avons deux nez, mais aussi parce que ce ne sont pas nos sécrétions qui bouchent cet organe imaginaire, mais le gonflement des muqueuses nasales. Celles-ci fonctionnent comme les tissus érectiles du pénis : elles gonflent et dégonflent régulièrement, en fonction de l’afflux de sang. Et – génie du corps humain – sachez que nos narines gonflent en alternance. Vous constaterez que lorsque vous êtes enrhumé, vous avez toujours une narine davantage bouchée que l’autre ; ce phénomène n’a rien à voir avec la quantité de mucus que vous croyez exhumer de votre appendice en vous mouchant frénétiquement, mais avec ce gonflement interne, accru par les allergies et infections, qui induit la sensation de nez bouché. C’est pourquoi il est inutile de gaspiller vos mouchoirs : expulser la morve ne résout en rien le problème.

Ce n’est pas tout : ces jumeaux de “nez” travaillent toujours en alternance. Même en l’absence de rhume, nos narines communiquent pour se répartir le boulot et semblent fonctionner selon un cycle régulier. Tandis que l’une respire à pleins poumons, l’autre se gonfle, et ainsi de suite, toute la sainte journée. Pourquoi cette dualité ? Après tout, l’odorat n’a pas besoin de multiplier les points d’entrée de ses organes. Nous avons deux yeux pour faire la mise au point, deux oreilles pour entendre en stéréo… Certes, la nature adore la symétrie. Mais quel est l’intérêt d’avoir deux nez ? D’après les chercheurs, il semblerait que ce rythme favorise la régénération de chaque réseau, en stimulant son système immunitaire. À chaque fois que les tissus désenflent, les cavités libèrent des anticorps, ce qui leur permettrait d’assurer convenablement leur mission pendant que leurs confrères de l’autre côté se reposent.

Étourdie par ces découvertes, le cerveau embué par le rhume, je me suis surprise à méditer sur ces mystères de la nature et à me demander quelle leçon nous pourrions bien tirer de ce système d’alternance d’érections nasales. S’il y a bien une chose qui frappe dans la situation politique actuelle, c’est l’échec cuisant de l’abolition du bipartisme dont avait rêvé le macronisme. À vouloir prétendre qu’on pouvait tout faire “en même temps”, en mobilisant simultanément les énergies de droite comme de gauche, n’a-t-on pas fini par épuiser les ressources et les capacités de régénération de nos forces politiques ? Il est facile de dénoncer le système des partis, ses oppositions frontales et son étanchéité maladive. Or peut-être avons-nous précisément besoin de cette bipolarité pour faire respirer notre corps politique. Certes, la France doit présenter un visage uni, trancher dans le vif, se donner un cap, notamment en matière de politique extérieure. Mais nous aurions tort de croire qu’il suffit d’un président pour avoir du nez, surtout lorsqu’une majorité de citoyens l’ont dans le pif. Lorsqu’on néglige la spécificité des deux camps, c’est l’ensemble du régime qui se congestionne. À quand le retour du bipartisme ? »

octobre 2025
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09.10.2025 à 15:00

“Une vie égale une vie” : un principe mis à mal au Proche-Orient

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“Une vie égale une vie” : un principe mis à mal au Proche-Orient hschlegel jeu 09/10/2025 - 15:00

C’est une asymétrie qui est au centre de l’accord de cessez-le-feu venant d’être conclu entre le Hamas et Israël, sous l’égide de Donald Trump : les 47 otages israéliens restant vont être échangés contre près de 2 000 prisonniers palestiniens. Faut-il donc penser qu’une vie ne vaut pas une vie ? Tentative d’explication avec Judith Butler, George Orwell et Francis Wolff. 

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Lors de son discours de reconnaissance de l’État palestinien, qui s’est tenu dans l’enceinte des Nations unies le lundi 22 septembre, Emmanuel Macron en appelait à conjurer « la possibilité d’un double standard », terme qui désignait en l’occurrence la façon dont les États occidentaux auraient tendance à traiter les morts civils différemment, selon leur nationalité, israélienne ou palestinienne, russe ou ukrainienne. Il répondait donc par cette formule de prime abord limpide – « une vie égale une vie ». Que signifie cette phrase, au fond ? Que veut-on dire, quand on place le signe « égal », entre deux « vies » ? Voici des pistes d’interprétation possibles.

Une vie = une vie

La formule « une vie égale une vie » peut d’abord vouloir dire « une vie = une vie ». Le mot « égal » employé dans cette phrase est alors considéré comme un terme strictement arithmétique. Si l’on considère que toutes les vies sont égales sur un plan mathématique, on doit compter les vies pour agir moralement. En suivant cette option éthique, on aura par exemple tendance à estimer qu’il vaut mieux tuer une personne, si cela nous permet d’en sauver cinq (en réponse au célèbre dilemme du tramway). Autrement dit, une vie ne peut valoir qu’une seule vie – jamais cinq. Cette interprétation de la formule se fonde sur une éthique dite conséquentialiste. Elle se focalise sur les conséquences des actions, non sur les actions elles-mêmes. Ce qui compte, dans le dilemme du tramway, ce n’est pas l’acte d’avoir tué quelqu’un, mais sa conséquence : avoir sauvé cinq autres personnes.

L’égalité mathématique implique notamment de penser l’éventualité des « dommages collatéraux ». Dans son essai L’Influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine (2011), le philosophe Ruwen Ogien explique que ce cas correspond à ce que l’on appelle « la doctrine du double effet ». Si l’on en croit cette doctrine, les dommages collatéraux sont « moralement permis » dans la mesure où ils ne sont pas visés en premier lieu par les belligérants. Autrement dit, on peut tuer, si notre but était d’éliminer quelqu’un qui risquait de tuer encore plus de gens. Comme le souligne le philosophe, la doctrine du double effet nous oblige à trancher d’autres questions : par exemple, l’action de causer la mort vise-t-elle uniquement à « détourner une menace » ou en crée-t-elle une nouvelle ? Cette action est-elle « impersonnelle » (elle ne vise pas d’individus particuliers) ou « personnelle » ? Et enfin, la mort de ces personnes est-elle la conséquence tragique de la volonté de sauver plus de gens ou est-elle un moyen pour atteindre un autre objectif ?

“Si la ‘valeur’ d’un prisonnier est inférieure à celle d’un otage, c’est que la prise d’otage met directement au défi l’État dans sa fonction de protection de ses ressortissants”

 

La notion même de « dommage collatéral » nous place aux limites de l’expression « une vie égale une vie ». D’un côté, elle confère un primat absolu à la question d’égalité. Dans un monde où il faut préserver chaque vie sur le plan numérique, il faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver le plus de vies possibles, qu’importent les moyens et les sacrifices que cela implique. D’un autre côté, « une vie égale une vie », formule (trop ?) simple peut dans certains contextes effacer toute nuance. En insistant sur l’égalité, on met l’accent sur une forme de réciprocité qui peut se rapprocher de la loi du talion (« œil pour œil, dent pour dent »). Si une vie « de mon camp » a été éliminée, je dois éliminer une vie de l’autre camp. L’égalité des vies annoncée comme but risque alors d’impliquer un « rééquilibrage numérique » sous forme de vengeance, qui ne va pas sans une forme de violence archaïque. Dans un conflit ancestral comme celui qui dévaste le Proche-Orient, l’usage de l’expression n’est pas hasardeux. Il nous renvoie à un monde ancien, à des règles ancestrales qui peuvent sembler paradoxalement contradictoires avec toute volonté pacifiste.

Le risque de calculer les vies

« Une vie égale une vie » peut ainsi devenir un moteur de guerre et se renverser en son contraire, légitimant les pires actes de barbarie. Le terme de « dommage collatéral » illustre l’idée selon laquelle les morts ne se valent jamais, ni dans les faits, ni dans les mentalités. En plus de réifier une personne (de la renvoyer à l’état d’objet), il réduit certains morts à des « maux nécessaires ». Comme l’explique Judith Butler dans son essai Ce qui fait une vie (La Découverte, 2010) :

“Ceux que nous tuons ne sont ni tout à fait humains, ni tout à fait vivants, ce qui veut dire que nous ne ressentons ni la même horreur ni la même indignation devant la perte de leurs vies que devant la perte des vies qui entretenaient une similitude nationale ou religieuse avec la nôtre”

Judith Butler, op. cit.

Dans le monde présent – et particulièrement en temps de guerre – les vies ne se valent jamais. La guerre contribue à créer des « cadres » interprétatifs qui impliquent que certaines vies valent cher, et que d’autres ne valent rien, comme l’écrit encore Butler.

“La guerre ou plutôt les guerres actuelles s’appuient tout en la perpétuant sur une manière de diviser les vies entre celles qui valent d’être défendues, valorisées et pleurées lorsqu’elles sont perdues, et celles qui ne sont pas tout à fait des vies, pas tout à fait valables, reconnaissables ou même ‘pleurables’”

Judith Butler, ibid.

Cette inégalité entre les vies s’observe ces derniers temps de façon très concrète : dans l’accord de cessez-le-feu qui vient d’être conclu entre le Hamas et Israël sous l’égide de Donald Trump, il est convenu d’échanger les 48 otages israéliens détenus par le Hamas (dont vingt seraient encore en vie) contre la libération de 250 prisonniers palestiniens purgeant des peines de réclusion à perpétuité, ainsi que 1 700 Gazaouis arrêtés après le 7 octobre 2023. Les chiffres sont éloquents : si l’on en croit cet accord présenté par le président des États-Unis, une vie d’Israélien vaut presque… deux mille vies de Palestiniens. Derrière cette dissymétrie arithmétique, il y a une différence de nationalité mais aussi de condition : en général, la vie ou la survie d’un otage captif de terroristes est censée être plus précaire et plus menacée – et donc objet d’une plus grande sollicitude – que celle des prisonniers d’un État, quels que soient les manquements dont celui-ci peut faire preuve à l’endroit de ceux-là. C’est que la prise d’otage met directement au défi l’État dans sa fonction de protection de ses ressortissants. Par conséquent, le statut – et donc la valeur – d’un otage pour un État n’est pas équivalent à celui d’un prisonnier, qui plus est si ce prisonnier est considéré comme étranger.

“Si l’on considère que nous avons tous besoin les uns des autres, parce qu’une vie isolée est foncièrement précaire, alors en sauvant mon voisin, je sauve aussi ma propre vie. Nos vies sont égales, car identiques et interdépendantes”

 

Mais il existe d’autre manières de creuser des disparités objectives entre les existences, comme le critère de l’âge. Pour une compagnie d’assurances par exemple, un jeune en bonne santé sera considéré comme beaucoup plus rentable qu’une personne âgée à la santé fragile, qui devra donc payer plus cher. De même, si un médecin doit choisir entre le sauvetage d’une personne âgée ou celle d’un individu plus jeune, il aura tendance à choisir le second. Aux États-Unis, et comme le rappelle Mathias Delori dans son livre Ce que vaut une vie, l’inégalité concrète entre la valeur des vies s’est observée sur le plan économique au moment des attentats du 11-Septembre. Certaines familles ont reçu de la part de l’État américain des dédommagements financiers beaucoup plus importants que d’autres. Leur vie n’était pas chiffrée de la même manière. 

Nos vies sont les mêmes

Pour sortir de cette logique comptable parfois délétère et dangereuse, on peut donner un autre sens au mot « égal » : ne plus y voir un rapport d’égalité mathématique entre les vies, mais un rapport d’identité. Certes, nous n’avons pas la même vie. Nous vivons des choses différentes en des lieux variés. Mais le fait d’être en vie, et de se maintenir en vie : ce fait simple, brut, immédiat, est le même pour tous les êtres. Nous avons en commun la possession d’une vie. Et ce point commun nous rend particulièrement vulnérable. Nos vies, explique Butler, ont pour point commun d’être « précaires ». Autrement, une vie seule ne fait pas long feu. La vie qui se maintient en vie, c’est-à-dire la vie vivable, a besoin de tout un panel de conditions pour se maintenir. Et ces conditions ne peuvent être atteintes sans une intime solidarité. Nos vies sont précaires, vulnérables, sans cesse menacées. Tel est leur point commun, leur essence.

Ce passage de l’égalité à l’identité entre les vies change notre manière de percevoir notre semblable. Je ne me contente pas de dire que ma vie a le même prix que celle d’un autre, j’affirme qu’elle est identique à celle de cet autre. Cela signifie que nous sommes dans le même bateau. Parce que ma vie est aussi précaire que celle de mon voisin, j’ai besoin de lui. Si je le sauve, ce n’est pas pour sauver « une vie », mais pour sauver la même vie que la mienne. En maintenant la possibilité de l’existence d’autres vies, je maintiens ma propre vie. Je suis intimement lié aux autres.

Ce lien par lequel on s’identifie à autrui s’éprouve au quotidien, mais aussi à travers certaines expériences fondatrices. Dans son article « Réflexions sur la guerre d’Espagne » (1942), Georges Orwell raconte comment il a soudainement renoncé à tirer sur un ennemi de l’armée adverse, dans le cadre de la guerre civile espagnole (1936-1939), à laquelle il avait participé comme soldat. « [Cet] homme, se souvient Orwell, devait probablement porter un message à un officier, jaillit de la tranchée et se mit à courir, complètement exposé, sur le sommet du parapet. Il était à moitié habillé et, tout en courant, retenait son pantalon avec ses mains. » Et l’auteur d’en conclure : « Je m’abstins de tirer sur lui […] si je n’ai pas tiré, c’est en partie à cause de ce petit détail du pantalon. […] Un homme qui retient son pantalon à deux mains n’est pas un “fasciste” : c’est manifestement un semblable, un frère, sur lequel on n’a pas le cœur de tirer. » La vulnérabilité soudainement dévoilée d’un autre homme – devenu alter ego – crée une identification. Parce que le soldat prend conscience de la proximité qu’il entretient avec cet autre : il renonce à le tuer.

Nous avons l’humanité en partage

La formule « une vie égale une vie » se concentre sur la vie en elle-même, plus précisément le fait d’être en vie. Mais ce n’est pas seulement la vie qui nous relie entre nous, mais la possibilité de parler, de communiquer cette vie, et donc de permettre à autrui de se mettre à notre place. Là où Butler prend le critère très large de la vie en général, le philosophe Francis Wolff défend la valeur de la vie en ceci qu’elle est humaine. C’est selon lui notre humanité qui nous permet d’envisager l’autre non comme une altérité radicale, mais comme un autre soi-même. Notre valeur humaine provient selon Wolff de notre faculté de raisonner. Cette raison n’est pas la raison sèche, individuelle, mais la raison « dialogique », à savoir la raison qui nous permet de nous adresser à quelqu’un, de parler avec lui – de le comprendre et d’accéder à son point de vue. « Dans le monde de la raison dialogique, tout être humain vaut tout être humain », affirme ainsi le philosophe dans son essai La vie a-t-elle une valeur ? (Philosophie magazine Éditeur, 2025).

“Dans le monde de la raison dialogique, tout être humain vaut tout être humain” Francis Wolff

 

Non seulement nous sommes égaux en tant qu’êtres humains, mais nous sommes capables d’expérimenter cette égalité, d’en avoir conscience. C’est ce que Wolff appelle « le principe de réciprocité », qui nous invite « à nous mettre à la place de tous ceux à qui nous pourrions nous adresser ». Cette faculté de projection nous permet de contrôler nos propres actions. Quand nous agissons mal, quand nous blessons quelqu’un, nous sommes capables de nous en rendre compte en adoptant « sur notre propre action “le point de vue de toute part” », écrit Wolff.

« Une vie égale une vie » est donc aussi une maxime dont nous avons tous universellement conscience, en ceci même que nous sommes humains. Wolff en conclut :

“C’est cela l’humanité. Ce n’est pas un sentiment exceptionnel. Non. C’est l’humanité sise en tous les êtres humains. La communauté virtuelle des personnes vivantes ou à venir est bien une communauté morale, et c’est la seule possible”

Francis Wolff, La vie a-t-elle une valeur ? (2025)

Si l’on revient à la formule d’Emmanuel Macron lors de la reconnaissance de l’État palestinien par la France dans l’enceinte de l’ONU à New York, on peut donc estimer qu’elle contribue à amorcer la reconnaissance de cette « humanité sise en tous les êtres humains », peu importe son lieu de vie ou sa nationalité. Encore reste-t-il à faire en sorte que cette expression « une vie égale une vie » ne soit plus seulement un vœu pieux mais une réalité concrète.

octobre 2025
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09.10.2025 à 08:00

“Toutes les vies”, de Rebeka Warrior : l’histoire de l’amour et de la mort

nfoiry

“Toutes les vies”, de Rebeka Warrior : l’histoire de l’amour et de la mort nfoiry jeu 09/10/2025 - 08:00

La perte de l'être aimée et comment « s’habituer à l’odeur de la mort », c'est ce voyage au bout de la douleur que raconte Rebeka Warrior dans Toutes les vies. Un livre qui a séduit notre chroniqueur Arthur Dreyfus dans notre nouveau numéro.

octobre 2025
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