06.06.2025 à 13:22
la Rédaction
Pierre Jouvet, député européen et secrétaire général du Parti socialiste, est l’invité de #LaMidinale.
06.06.2025 à 13:17
Lucas Sarafian
Le résultat du congrès des socialistes dessine un parti scindé en deux camps. De ce fait, les opposants internes n’envisagent pas de quitter la « vieille maison ». Ils pourraient disposer d’une importante minorité de blocage dans les instances internes.
Ils juraient qu’ils allaient gagner. A les entendre, c’était leur moment, ils allaient prendre la direction du Parti socialiste (PS). Encore râté. Le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a échoué une deuxième fois. L’agrégat d’opposants internes qui le soutenaient, du très médiatique maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) Karim Bouamrane à la présidente de la région Occitanie Carole Delga en passant par le député de l’Eure Philippe Brun, la maire de Vaulx-en-Velin (Rhône) Hélène Geoffroy, la sénatrice Laurence Rossignol ou le député de l’Essonne Jérôme Guedj, n’aura pas suffi. « NMR » recueille 49,1 % des suffrages. Si près d’Olivier Faure (50,9 %), le premier secrétaire du parti réélu. Quelques centaines de voix seulement séparent les deux hommes.
Mais ces opposants sont loin de s’avouer vaincus. Dans la nuit du 5 au 6 juin, alors que les résultats remontent fédération par fédération, Hélène Geoffroy et David Assouline convoquent la presse. Selon eux, les résultats provisoires, plaçant déjà l’édile de Rouen en deuxième position, seraient une semi-victoire. « La direction d’Olivier Faure a été mise en minorité au premier tour. Et maintenant, nous sommes au coude-à-coude », estime Geoffroy qui rappelle que le premier des roses n’a obtenu que 42,21 % des voix le 27 mai.
Les résultats de ce congrès dessinent un PS scindé en deux blocs. Si la ligne « unitaire » l’a emporté d’une courte tête, la ligne politique reste des plus floues, ce qui pourrait condamner le parti à chercher d’éternelles synthèses. De ce fait, les opposants à Olivier Faure pourraient tout-à-fait continuer de peser en interne et infléchir la stratégie du parti pour les municipales et la prochaine présidentielle. En effet, le premier tour du congrès a placé Olivier Faure en minorité relative au sein du conseil national, son score correspondant à 86 sièges. Quant à la motion défendue par « NMR », elle se hisse à 40 %, équivalent à 83 sièges. Une minorité de blocage existe donc. Et le premier secrétaire ne pourra l’ignorer. « C’est le seul premier secrétaire sortant qui fait moins de 50 %, c’est la première fois dans l’histoire du PS », prédisait un sénateur socialiste il y a plusieurs semaines. Il faudra aussi prendre en compte le courant de Boris Vallaud qui, dans l’espoir de s’autonomiser, pourrait être l’orientation pivot en interne.
« Cela fait trois congrès que la ligne d’Olivier ne cesse de s’effriter. Aujourd’hui, elle est minoritaire. C’est une inversion des courbes : celle d’Olivier Faure diminue quand la nôtre progresse », calculait Hélène Geoffroy juste après le premier tour du congrès. Les pronostics se vérifient dans les faits. Et la courbe pourrait même s’inverser. L’élection, le 19 et le 27 juin, des premiers fédéraux qui composeront le dernier tiers du conseil national, pourrait renverser le match. Dans le camp de l’édile de Rouen, on espère qu’une participation plus forte dans cette seconde phase du congrès donnera à son courant un second souffle. Mayer-Rossignol pourrait également compter sur de nouveaux soutiens au sein des instances puisqu’une partie non négligeable de signataires du texte d’orientation défendu par Boris Vallaud pourrait se ranger derrière les décisions de ce dernier.
En interne, le pouvoir de nuisance des opposants n’a donc jamais été aussi grand. « Nous avons déjà eu des victoires : on a réussi à gagner sur la liste autonome aux européennes en 2024, on a défendu le principe de non-censure avec le gouvernement pour ne pas participer au bruit et à la fureur des insoumis… On continuera », annonce Baptiste Ménard, membre du bureau national sortant, proche de Hélène Geoffroy et membre de La Convention, le micro-mouvement de Bernard Cazeneuve. Mais pour peser, encore faut-il que cette coalition tienne la route sur le long-terme. « Ils nous vendent une convergence depuis le congrès de Blois, ils ont eu le temps de faire quelque chose entre-temps et ils n’ont rien fait », raillait un soutien d’Olivier Faure au moment où la coalition d’opposants peinait à s’entendre sur leur candidat pour renverser le premier secrétaire.
Néanmoins, le risque d’implosion du parti existe. « Les partis sont mortels, il ne faut pas l’oublier », admet Nicolas Mayer-Rossignol dans le Parisien. Si Olivier Faure n’arrive pas à composer une direction collégiale intégrant tous les courants, les opposants internes voudront-ils savoir si l’herbe est plus verte ailleurs ? Dès mars dans Ouest-France, Carole Delga avait promis de claquer la porte du parti si Olivier Faure était réélu. « Le clanisme du parti est une meurtrissure. Je suis au bout de ce que je peux supporter », avait-elle lâché. Les soutiens de « NMR » pourraient-ils prendre le même chemin ? Après tout, les chefs de file de cette alliance anti-Faure ont tous lancé leur petite écurie : Karim Bouamrane a « La France humaine et forte », Philippe Brun « La ligne populaire », Carole Delga « La République en commun »…
« Si Olivier Faure est réélu, la moitié du parti partira chez Glucksmann », redoutait-on dans l’entourage de Boris Vallaud en mars. Durant ce congrès, Nicolas Mayer-Rossignol n’a cessé d’insister sur ses contacts avec l’eurodéputé social-démocrate. Certains imaginent donc les anti-Faure poser leurs valises dans les locaux de Place publique, dans le 9e arrondissement de Paris, le petit parti de l’eurodéputé qui revendiquait plus de 10 000 adhérents lors de son dernier congrès en mars. « Le résultat du congrès PS ne change rien pour nous. Place publique garde une relation spéciale avec le PS et nous continuerons de travailler ensemble en vue des prochains rendez-vous électoraux, dit-on au sein de la communication de Place publique. Il est structurel que des militants passent d’un parti à l’autre, notamment à gauche, en fonction de l’actualité politique. Si Place publique représente une alternative attractive pour ceux qui ne se retrouvent plus dans le leur, c’est une bonne chose. »
Grande transhumance à venir ? Rien n’est moins sûr. Si les opposants sont repeints, par les soutiens d’Olivier Faure, en partisans du retour au hollandisme, ils rappellent qu’ils n’ont jamais cédé aux sirènes du macronisme et soulignent qu’ils se sont tous opposés à la déchéance de nationalité, portée en 2016 par Manuel Valls, alors Premier ministre. « Ils racontent ces histoires mais ce n’est pas vrai. Personne ne veut le retour aux années Hollande. C’est Olivier Faure qui instrumentalise cette question, mais le “moi ou Hollande” est un faux débat », considérait le sénateur du Val-d’Oise Rachid Temal il y a quelques mois.
Pour beaucoup, il n’est donc pas question de quitter cette « vieille maison » après une nouvelle défaite. Certains y sont trop attachés. C’est le cas d’Hélène Geoffroy. Le 22 avril, alors qu’elle fait le point sur les grandes manœuvres du congrès devant quelques journalistes dans un café proche de l’Assemblée, elle s’arrête un instant et glisse : « Avec Olivier, on est divergents sur la ligne, mais on s’entend bien. On restera dans le même parti. » Baptiste Ménard abonde : « Nous avons toujours dit qu’il y avait plus de socialistes à l’extérieur du PS qu’à l’intérieur, que nous souhaitions le grand rassemblement de ces socialistes au sein d’un grand PS. J’ai connu un parti qui rassemblait en son sein Gérard Collomb et Gérard Filoche, ce parti est aujourd’hui rétréci… Néanmoins, nous participons à un vote, il faut donc en accepter le résultat. Une fois que la démocratie parle, il faut la respecter. Nous ne partirons pas comme ça. »
Certains se souviennent des mots rugueux d’Olivier Faure lors d’un bureau national à la fin du mois d’avril 2022 alors que le premier secrétaire plaidait pour un accord aux législatives avec les insoumis. « Si vous pensez que le PS est mort, qu’il n’y a plus rien à faire, que vous n’appartenez plus à la gauche, alors partez ! Rejoignez La République en marche (ex-Renaissance, ndlr). Sinon restez et battez-vous avec nous. Ça nous changera », avait froidement lancé le premier des roses. Un membre du bureau national s’en rappelle bien : « Quand on nous a invités à partir, nous n’avons pas pris la porte. Le PS, c’est aussi nous. » Les prochains conciliabules socialistes s’annoncent sportifs.
06.06.2025 à 13:17
Loïc Le Clerc
Les gauches sont bien à la peine à l’échelle mondiale. Trop radicales, elles perdent. Les moins radicales sont diabolisées. Toutes sont emportées dans un même mouvement. Pourtant, dans un monde où les vents de l’extrême droite soufflent fort, la social-démocratie n’a pas encore perdu la partie.
Comme si l’histoire voulait marquer le pas, le 1er mars, Yamandú Orsi est investi à la présidence de l’Uruguay. Il est l’héritier politique révendiqué José Mujica, dit Pepe, mort le 13 mai dernier. L’ancien guérillero a dirigé l’Uruguay de 2010 à 2015, mené moultes réformes progressistes, et il était surtout une figure aimée et respectée bien au-delà des frontières uruguayennes.
Des 20 pays d’Amérique latine, neuf sont dirigés par la gauche : la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Honduras, le Mexique, le Pérou, la République dominicaine et l’Uruguay. Ce n’est pas rien. Le Figaro, inquiet, parlait en 2022 d’un retour aux « heures glorieuses de la gauche sud-américaine » puis, citant Carlos Quenan, estimait « qu’il n’y a pas d’adhésion à la gauche comme on a pu le voir dans les années 2000. Et cela va compliquer l’exercice du pouvoir. » Même analyse dans les colonnes du Monde : « Il s’agit davantage d’une vague de mécontentement et une victoire des oppositions qu’une vague de gauche ».
Et il est vrai qu’un changement notable est à souligner. La radicalité d’un Lula premier mandat, d’un Correa en Équateur, d’un Morales en Bolivie ou même d’une Kirchner en Argentine a été suivie d’un backlash sans précédent. Quand la droite revient aux affaires, elle le fait par sa frange la plus radicale, démantèle les acquis sociaux et les droits à la machette.
Les exemples argentins et brésiliens sont parlants. Ils viennent de vivre alternance sur alternance, passant d’un Lula au fasciste Bolsonaro pour revenir à Lula. Le grand voisin est lui passé de l’ambigu péronisme à la folie Milei.
En somme, une radicalité de droite répond à une radicalité de gauche. Mais au passage, c’est toute la gauche qui est diabolisée. Désormais, ce n’est plus seulement Chavez le grand méchant rouge. D’où le choix d’un Yamandú Orsi qui se veut plus centriste et modérée que l’héritage de Pepe.
Les attentes populaires, elles, n’ont pas tellement changé. Dans les années 2000 comme aujourd’hui, ce sont des crises économiques et des scandales politiques qui font vaciller les présidents. Le dégagisme frappe à tout-va. Mais la « vague rose » s’est décolorée, comme avec l’élection de Gustavo Petro en Colombie. Le symbole est fort : il est le premier président de gauche du pays, avance des ambitions sociales, féministes et écologistes mais célèbre sa victoire en 2022 d’un clair et tonitruant: « Nous allons consolider le capitalisme ».
Mais à affaiblir l’espoir au nom du « réalisme », le risque d’un énième retour de bâton est fort… Après Lula, le chaos ?
En Europe, on vit une séquence qui ressemble à ce retour de bâton. De gouvernements de gauche (au sens le plus large du terme), il n’en reste que neuf : l’Albanie, l’Espagne, le Danemark, l’Islande, le Kosovo, la Norvège, le Royaume-Uni, la Slovénie et la Lituanie. C’est deux fois moins qu’en 2000…
Le Danemark est une référence souvent sollicitée. Les sociaux-démocrates danois ont opté pour un virage radical à droite-toute afin de conserver le pouvoir. Immigration, sécurité… Ils ont préféré devenir la droite pour que la droite ne gagne pas les élections, en voilà une idée qu’elle est bonne. Tellement bonne qu’elle fait des émules.
En Islande, la sociale-démocrate Kristrún Frostadóttir a fait alliance avec le Parti du peuple réputé pour ses positions xénophobes et anti-immigrés. Au Royaume-Uni, le travailliste Keir Starmer a annoncé des « mesures radicales » pour réduire l’immigration, espérant endiguer la montée de l’extrême droite. Il attaque les déficits en réduisant les allocations des handicapés. Très gauche tout ça. En Albanie, le premier ministre Edi Rama est considéré plus à droite que ses prédécesseurs de droite…
A contrario, quand les sociaux-democrates restent dans leur couloir, ils sont souvent balayés dès que l’occasion se présente. Le social-démocrate allemand Olaf Scholz n’a fait qu’un passage éclair au pouvoir, incapable de tenir une majorité avec les écologistes et les libéraux. Une défaite d’autant plus amère en mars dernier qu’elle a vu l’extrême droite faire une percée à 20% des voix. Après huit ans de mandat du socialiste António Costa, les Portugais ont élu un premier ministre de centre-droit en 2024 (Luís Montenegro). Le 18 mai dernier, lors de législatives anticipées, la gauche s’est effondrée au profit de l’extrême droite. En Autriche, la droite a choisi de se tourner vers l’extrême droite pour ses négociations gouvernementales plutôt que vers les sociaux-démocrates.
Cette tendance se retrouve un peu partout en Europe. Une inversion de la diabolisation que la revue américaine de gauche radicale Jacobin (traduit par Le Vent se lève) analyse comme suit : « La situation est telle que nous ne pouvons plus parler uniquement de la levée de ces barrières. En effet, le fameux cordon sanitaire se dresse désormais activement contre la gauche. […] Ainsi, même le centre-gauche traditionnel est plus diabolisé que les post-nazis. Le soi-disant centre-droit cherche maintenant un accord avec l’extrême-droite au nom de la poursuite d’un programme favorable aux entreprises sans éléments perturbateurs ».
La Grèce, la Belgique, l’Italie, la Finlande, la Suède… toutes les démocraties européennes basculent à droite. Que reste-t-il ? La Norvège ? Elle a beaucoup fait parler d’elle en reconnaissant l’État palestinien en mai 2024. La Slovénie ? Une bonne dose de libéralisme… L’Espagne ? La coalition socialistes/héritiers du communisme tient le bon bout depuis 2018, mais chaque élection intermédiaire sonne comme une alerte rouge. Comme l’écrit Slate : « L’Espagne s’est trouvée submergée par une marée conservatrice le 28 mai 2023, lors des élections locales. Sur les dix plus grandes villes, les socialistes n’en dirigent plus qu’une, après avoir perdu – entre autres – Séville, Valence, Valladolid. Ainsi que six des dix régions qu’ils détenaient. La gauche radicale de Podemos est, elle, balayée, passant sous les 5% à Madrid et à Valence. »
Il n’empêche que la gauche espagnole paraît être le dernier phare dans la nuit.. Elle ne bascule ni dans un libéralisme autoritaire, ni dans une xénophobie populiste. Cahin-Caha elle continue de porter des réformes progressistes (salaires et temps de travail réduit). À l’heure où chaque pays semble chercher son Trump national, sera-t-elle, la dernière à tenir tête à l’extrême droite ? Hauts les cœurs !
05.06.2025 à 18:27
Arnaud Viviant
lUn matin, il y a quelques années, j’étais au lit en train de travailler, enfin je crois, quand le téléphone a sonné. Un 06 inconnu s’est affiché. Naïvement, j’ai cru que c’était un/une nouvelle analysant, qui voulait entamer un travail. C’était Philippe Labro. Qui voulait me remercier d’avoir rappelé au Masque et la plume qu’il faisait partie, avec William Styron et Clément Rosset (le remarquable Route de nuit, publié par Sollers à l’Infini) des écrivains qui ont écrit l’un des plus beaux livres sur la dépression : Tomber sept fois, se relever huit (Gallimard). Trois livres importants en ce qu’ils décrivent la dépression, non pas comme une maladie (ils ne se déclarent pas « malades mentaux ») mais comme un mal.
Nous nous ne connaissions pas, Labro et moi. Sans spoiler, c’est la première et dernière fois que nous allions nous parler. J’étais flatté. Nous avons discuté un moment, il avait cette voix exceptionnelle, mielleuse au bon sens du terme, comme si chacun de ses mots contenaient du sucre. Comme je devais me plaindre un peu, à mon habitude, il m’avait raconté cette histoire. Lui le dépressif qui réussissait dans tous les domaines (journalisme, littérature, chansons, cinéma, quoi qu’on en pense) s’était retrouvé un jour sans boulot. Il s’était alors mis à écrire un livre pour les enfants « Les cornichons au chocolat », tout un programme anal bien compris, qui connut un énorme succès. Il l’avait publié sous le pseudonyme de Stéphanie. Quand il a raccroché, j’ai enregistré son numéro. Puis je l’ai perdu comme un con. Je ne vivais pas encore dans un nuage…
La semaine dernière, j’ai envoyé un mail à son attachée de presse chez Gallimard pour lui demander de dire à Labro que j’aimerais lui parler à propos du bouquin que je suis en train d’écrire, et de lui donner mon 06. Elle me répondit promptement qu’elle allait le faire mais qu’il était souffrant. Et puis voilà. Le talent de Labro, qui a longtemps été d’être le plus américain des Français, le passeur d’une culture américaine en France, au temps où ces deux pays entretenaient un lien particulier qui n’est pas complètement défait, mais bon, qui ne tient précisément encore que sur la culture, a très vite été repéré. Notamment par Gérard Lebovici de l’agence Artmédia qui le prit sous son aile, le fera travailler sur des scénarios avant qu’il ne les réalise lui-même avec grand succès. Ce mail, cela faisait des mois que je me disais de l’envoyer. Et puis voilà.
05.06.2025 à 11:01
Loïc Le Clerc
Cette histoire va-t-elle finir en tragédie ou en épopée ? Le choix revient à Israël qui, par le passé, avait réagi par la force à ce genre de « provocation ».
Le 1er juin, le navire humanitaire Madleen a pris le large depuis la Sicile, direction Gaza. À son bord, douze personnes et pas des moindres : la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, l’eurodéputée LFI Rima Hassan – on a même vu l’acteur Liam Cunningham de la série « Game of Thrones » venir les soutenir lors de leur départ.
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Cette action, à l’initiative de la Coalition de la flottille pour la liberté, a pour objectif d’acheminer « des quantités limitées » d’aide humanitaire à Gaza, de « dénoncer le blocus et le génocide en cours ». Mais sa portée est 1000 fois plus symbolique.
Cette embarcation fait parler d’elle par les passagers qu’elle transporte. Les médias y projettent leur lumière… Enfin, les médias, c’est beaucoup dire : en France, c’est surtout grâce à leur propre force de frappe sur les réseaux sociaux que Rima Hassan et Greta Thunberg font exister leur voyage. Comme pour toute lutte, l’incarnation est un facteur qui fait la différence et, dans ce cas précis, l’impact est à la hauteur de la résonance internationale que l’équipage porte en lui.
Au fond, que nous dit le Madleen ? On peut y voir un acte héroïque, aussi courageux que romantique, tout comme on y perçoit un désespoir profond. Ce bateau en dit long sur l’inaction du monde, alors que tout Gaza se meurt.
Il va sans dire que si Israël devait agir avec la même furie qui est la sienne depuis plusieurs mois, un drame pourrait se jouer en direct à la télévision. Comme une sorte de petite allégorie du génocide des Gazaouis.
La réaction d’Israël va elle aussi être porteuse de symboles. En mai dernier, un autre navire humanitaire de la même organisation était la cible de tirs de drones israéliens, provoquant un incendie et une brèche dans la coque. Plus loin dans le temps, en 2010, Israël avait pris d’assaut une autre « flottille de la liberté », tuant neuf personnes et causant 28 blessés, comme le rappelle Dominique Vidal dans #LaMidinale de Regards.
Et là, déjà, Israël a commencé l’intimidation, tout d’abord par une déclaration de la marine leur demandant de « se préparer » car elle est « prête à un large éventail de scénarios, qu’elle appliquera selon les instructions des dirigeants politiques ». Des mots suivis d’actes avec le survol du navire par deux drones. La démonstration humanitaire n’est pas sans risque, ce à quoi répond Rima Hassan : « Quel que soit le danger de cette mission, il est loin d’être aussi dangereux que le silence du monde entier face à un génocide retransmis en direct ».
Il va sans dire que si Israël devait agir avec la même furie qui est la sienne depuis plusieurs mois, un drame pourrait se jouer en direct à la télévision. Comme une sorte de petite allégorie du génocide des Gazaouis. L’impunité dénoncée est brandie comme un étendard, lorsque le sénateur républicain Lindsey Graham, proche de Donald Trump, ironise « J’espère que Greta et ses amis savent nager ».
Le reste du monde, l’Europe, la France, resteront-ils muets jusqu’à la fin des temps ? Quelle tuerie sera la ligne rouge de l’Histoire ? Le Madleen a pour objectif d’atteindre les côtes palestiniennes d’ici une dizaine de jours. Tout un horizon…
05.06.2025 à 10:59
la Rédaction
Deux ans qu’Emmanuel Macron a passé en force sa réforme des retraites, usant de tous les outils à sa disposition afin d’éviter tout vote des parlementaires. Sauf que nos chers députés NFP ont fait un serment : ne pas lâcher l’affaire. Aussi, ce jeudi 5 juin, par la voie de leur niche parlementaire, le groupe GDR (communistes et ultramarins) a présenté une résolution demandant l’abrogation du report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, ainsi que l’extension du nombre d’années de cotisation de 42 à 43 ans. Résultat du scrutin : 198 votes « pour » et 35 « contre ». Quand bien même une résolution n’est pas contraignante, l’objectif, c’était le symbole ; le symbole, c’est le vote. Un vote qui vaut très cher tant la Macronie ne supporte cette démocratie. Parallèlement, 165 manifestations sont prévues un peu partout en France, à l’appel de la CGT. Que ce jour reste comme celui où Emmanuel Macron et son petit monde n’oublient pas que leur politique est rejetée.
05.06.2025 à 10:34
la Rédaction
par Loïc Le Clerc
Le 1er juin, le navire humanitaire Madleen a pris le large depuis la Sicile, direction Gaza. À son bord, douze personnes et pas des moindres : la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, l’eurodéputée LFI Rima Hassan – on a même vu l’acteur Liam Cunningham de la série « Game of Thrones » venir les soutenir lors de leur départ.
Cette action, à l’initiative de la Coalition de la flottille pour la liberté, a pour objectif d’acheminer « des quantités limitées » d’aide humanitaire à Gaza, de « dénoncer le blocus et le génocide en cours ». Mais sa portée est 1000 fois plus symbolique.
Cette embarcation fait parler d’elle par les passagers qu’elle transporte. Les médias y projettent leur lumière… Enfin, les médias, c’est beaucoup dire : en France, c’est surtout grâce à leur propre force de frappe sur les réseaux sociaux que Rima Hassan et Greta Thunberg font exister leur voyage. Comme pour toute lutte, l’incarnation est un facteur qui fait la différence et, dans ce cas précis, l’impact est à la hauteur de la résonance internationale que l’équipage porte en lui.
Au fond, que nous dit le Madleen ? On peut y voir un acte héroïque, aussi courageux que romantique, tout comme on y perçoit un désespoir profond. Ce bateau en dit long sur l’inaction du monde, alors que tout Gaza se meurt.
La réaction d’Israël va elle aussi être porteuse de symboles. En mai dernier, un autre navire humanitaire de la même organisation était la cible de tirs de drones israéliens, provoquant un incendie et une brèche dans la coque. Plus loin dans le temps, en 2010, Israël avait pris d’assaut une autre « flottille de la liberté », tuant neuf personnes et causant 28 blessés, comme le rappelle Dominique Vidal dans #LaMidinale de Regards.
Et là, déjà, Israël a commencé l’intimidation, tout d’abord par une déclaration de la marine leur demandant de « se préparer » car elle est « prête à un large éventail de scénarios, qu’elle appliquera selon les instructions des dirigeants politiques ». Des mots suivis d’actes avec le survol du navire par deux drones. La démonstration humanitaire n’est pas sans risque, ce à quoi répond Rima Hassan : « Quel que soit le danger de cette mission, il est loin d’être aussi dangereux que le silence du monde entier face à un génocide retransmis en direct ».
Il va sans dire que si Israël devait agir avec la même furie qui est la sienne depuis plusieurs mois, un drame pourrait se jouer en direct à la télévision. Comme une sorte de petite allégorie du génocide des Gazaouis. L’impunité dénoncée est brandie comme un étendard, lorsque le sénateur républicain Lindsey Graham, proche de Donald Trump, ironise « J’espère que Greta et ses amis savent nager ».
Le reste du monde, l’Europe, la France, resteront-ils muets jusqu’à la fin des temps ? Quelle tuerie sera la ligne rouge de l’Histoire ? Le Madleen a pour objectif d’atteindre les côtes palestiniennes d’ici une dizaine de jours. Tout un horizon…
Deux ans qu’Emmanuel Macron a passé en force sa réforme des retraites, usant de tous les outils à sa disposition afin d’éviter tout vote des parlementaires. La démocratie enjambée… jusqu’à cette année où François Bayrou nous sort de son chapeau un « conclave » qui touche à sa fin – le 17 juin, en principe. Sauf que nos chers députés NFP ont fait un serment : ne pas lâcher l’affaire. Aussi, ce jeudi 5 juin, par la voie de leur niche parlementaire, le groupe GDR (communistes et ultramarins) a présenté une résolution demandant l’abrogation du report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, ainsi que l’extension du nombre d’années de cotisation de 42 à 43 ans. Résultat du scrutin : 198 votes « pour » et 35 « contre ». Ils sont malins, les communistes, de déposer une « résolution » et non une « proposition de loi ». En novembre dernier, les insoumis avaient déposé une proposition de loi (PPL) sur le même sujet, noyée d’amendements par la droite rendant impossible un vote dans le temps imparti pour une niche parlementaire, 24 heures. Quand bien même une résolution n’est pas contraignante, elle ne peut non plus être amendée. L’objectif, c’était le symbole ; le symbole, c’est le vote. Un vote qui vaut très cher tant la Macronie ne supporte cette démocratie. Parallèlement, 165 manifestations sont prévues un peu partout en France, à l’appel de la CGT. Que ce jour reste comme celui où Emmanuel Macron et son petit monde n’oublient pas que leur politique est rejetée.
L.L.C.
Annie Ernaux dans l’émission « La Grande Librairie » de ce mercredi 5 juin. Bien plus qu’un cri du cœur, le prix Nobel de littérature livre une argumentation d’artiste et d’intellectuelle. À Gaza, c’est l’humanité tout entière qui sombre. Il n’est pas seulement question de morts, de vies humaines et d’enfances décimées, mais de « l’anéantissement de la civilisation palestinienne ». À Gaza, c’est toute une culture et une histoire qui sont détruites, jour après jour, tout un patrimoine qui meurt sous les bombes israéliennes. Annie Ernaux exige le cessez-le-feu, il va sans dire, mais elle demande aussi que l’on « interroge l’imaginaire raciste à l’égard des Arabes qui est au cœur de l’acceptation du martyre de Gaza ».
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04.06.2025 à 16:30
Pablo Pillaud-Vivien
Dominique Vidal, journaliste et historien, auteur de Palestine-Israël, une histoire visuelle aux éditions du Seuil, est l’invité de #LaMidinale.