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11.12.2025 à 12:12

Friedrich Merz à Donald Trump : « Alors faites au moins de l’Allemagne votre partenaire »

la Rédaction

La newsletter du 11 décembre 📨
Texte intégral (1822 mots)

La newsletter du 11 décembre 📨

par Catherine Tricot

L’Europe n’a pas qu’un ennemi : le chancelier allemand ouvre la boîte de Pandore du chacun-pour-soi face aux États-Unis… Alors que le projet européen, englué dans le néolibéralisme, a besoin d’une refondation radicale.

La publication de la nouvelle défense stratégique produit par l’administration Trump est un document politique, dense et extrêmement clair. Il s’appuie sur deux piliers : d’une part la défense des intérêts économiques américains, nationaux et entreprises privées confondus, avec affirmation d’un droit de préemption en particulier en Amérique latine ; d’autre part, un engagement politique tous azimuts en faveurs des « valeurs traditionnelles », contre le wokisme et contre l’immigration. Pour ce qui concerne les Européens, Donald Trump a fait une explication de texte dans un entretien publié par Politico. En parlant des dirigeants européens, il déclare : « Je pense qu’ils sont faibles […] Ils ne savent pas quoi faire », ajoute-t-il. Et il annonce « l’effacement civilisationnel » du vieux continent.

Depuis vendredi, jour de la publication de la stratégie américaine, le silence des chefs d’États et dirigeants de l’Union européenne semble lui donner raison. Ils ne savent pas quoi faire et hésitent sur l’attitude à adopter. Les réactions oscillent entre dédain et déni. Pour les uns, ce document ne serait pas digne des hautes qualités de l’administration américaine, ce ne serait qu’un « tract politique » ; pour les autres, dont la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, il ne faut pas trop s’en faire, les États-Unis restent notre « plus grand allié »

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, lui, a réagi… en deux temps. S’il juge « inacceptables certains aspects » du texte américain, il y voit aussi un confirmation de son « évaluation selon laquelle nous, en Europe, et donc aussi en Allemagne, devons devenir beaucoup plus indépendants des États-Unis en matière de politique de sécurité ». Selon lui, les États-Unis ont « aussi besoin de partenaires dans le monde, et l’Europe peut être l’un de ces partenaires »… La fin de la phrase ne se retrouve pas dans les journaux français alors qu’elle est abondamment commentée dans la presse allemande : « L’Europe peut être l’un de ces partenaires ; si vous ne savez rien faire avec l’Europe, alors faites au moins de l’Allemagne votre partenaire ».

On peut continuer de faire l’autruche, ne pas voir que l’Europe est profondément, structurellement déstabilisée. Le chacun pour soi pourrait devenir la règle et renoncer à un espace qui permet d’agir sur les grands enjeux de notre époque : réchauffement climatique, recherche, numérique, luttes contre les inégalités, grand banditisme… Les esprits chagrins feront remarquer que les intérêts de l’Allemagne tels que la CDU les envisage sont déjà la principale boussole de l’UE. La politique de rigueur, la priorité aux exportations en sont des traductions concrètes. L’Europe est au pied du mur. Pour ne pas se désagréger, elle doit se refonder de fond en comble. Imaginer qu’une politique autonome de sécurité en serait le premier pilier est un gag. D’abord parce que cela n’en prend pas du tout la direction : Ursula von der Leyen a consenti cet été à acheter des armes américaines pour des centaines de milliers de dollars. Ces armes resteront sous contrôle américain. Ensuite parce que notre faiblesse tient à la mise en œuvre radicale et sans nuance des préceptes néolibéraux : concurrence généralisée, abaissement des coûts. Il s’en est suivi une désindustrialisation catastrophique et une souffrance qui donnent des ailes aux extrêmes droites partout en Europe. 

La menace n’est pas pour demain. Évidemment, si la France passait sous la direction du RN, ce serait un tournant. Mais d’ores et déjà avec l’alliance droite/extrême droite, l’Europe met en œuvre une politique Omnibus qui défait tous les engagements environnementaux. L’État français l’initie bien souvent puis le soutient et l’encourage. Les obsessions trumpiennes gagnent du terrain. Les députés européens s’apprêtent à voter l’expulsion des « étrangers indésirables » vers des pays tiers, comme l’Angleterre l’a imaginée avec le Rwanda. 

Faut-il encore se référer aux origines du projet européen ? Il est vrai que les discours sur les valeurs européennes (démocratie, État de droit, droits de la personne…) font parfois l’effet de masque devant la réalité des politiques. Mais ces valeurs, comme celles de notre République, sont encore des carburants pour refuser la guerre de tous contre tous – qu’elle soit chaude ou hybride, civilisationnelle ou commerciale. Il y a une urgence à proposer aux Européens cette refondation du projet. Il devra avoir la même ambition que celle qui posa les premières pierres. Qui va commencer ?

Catherine Tricot

🔴 VENTE DU JOUR

Vendre ou ne pas vendre : le Parc des Princes s’invite dans les municipales parisiennes

Les actionnaires du PSG veulent racheter le Parc des Princes pour moderniser le stade et lui permettre d’accueillir davantage de monde. Sûrement aussi pour ne plus avoir subir quelque pression que ce soit de la part du propriétaire, la Ville de Paris, quant à la politique tarifaire par exemple ou autre naming publicitaire de l’enceinte. Du coup, ils menacent de partir pour Massy où ils posséderaient leur propre enceinte dont ils seraient maîtres de tout. Anne Hidalgo était catégorique : on ne vend pas le Parc. Mais son ancien poulain, devenu candidat à sa succession, Emmanuel Grégoire, change de ligne et propose une vente encadrée du stade au PSG qui, dès lors, pourrait rester à Paris. Il rejoint la position qu’avait exprimée Rachida Dati il y a quelques mois : comme d’autres bâtiments emblématiques avant lui comme la Bourse du Commerce devenue salle d’exposition pour Pinault, le Parc des Princes sortirait du domaine public. Chez les écologistes, David Belliard refuse, lui, toute cession et veut trancher par une consultation citoyenne offrant trois options, du maintien public à une gouvernance partagée avec supporters et club. Le communiste Ian Brossat propose d’associer les supporteurs via une forme d’actionnariat populaire inspirée des « socios », pour ancrer le stade dans le patrimoine commun. Quant à Sophia Chikirou, elle souhaite que le PSG reste à Paris… sans plus de précision à ce stade. Derrière ces lignes de fracture, c’est le statut d’un équipement populaire, bien commun à protéger ou actif à négocier, qui cristallise l’affrontement.

P.P.-V.

ON VOUS RECOMMANDE…

« Disunited Nations – Proche-Orient : l’ONU dans la tourmente », sur Arte. Rapporteuse spéciale de l’ONU pour la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese dénonçait dès mars 2024 un génocide à Gaza. Dans les pas de cette dernière, une plongée au cœur de la crise de l’institution, confrontée à son impuissance à empêcher le massacre de populations civiles.

C’EST CADEAU 🎁🎁🎁

@maketheride

il a déja tous compris bebeia bebe chantier paysagiste rondpoint #ai

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10.12.2025 à 19:15

« Les écologistes n’ont pas à être les psychothérapeutes du couple LFI-PS »

Pablo Pillaud-Vivien

Yannick Jadot, sénatrice écologiste de Paris, auteur de Climat : la drôle de guerre aux éditions Denoël, est l’invité de #LaMidinale.
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Yannick Jadot, sénatrice écologiste de Paris, auteur de Climat : la drôle de guerre aux éditions Denoël, est l’invité de #LaMidinale.

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10.12.2025 à 13:16

LR se trouve un destin : être l’extrême droite des beaux quartiers

Pablo Pillaud-Vivien

La droite glisse vers l’extrême droite. Son nouveau pivot idéologique : les idées de Reconquête. Réussir là où Éric Zemmour a défriché. Hier soir, 18 députés LR ont soutenu Sébastien Lecornu ; 28 se sont abstenus. Seuls trois ont voté contre le projet de budget de la Sécurité sociale. Bruno Retailleau, qui avait publiquement appelé…
Texte intégral (727 mots)

La droite glisse vers l’extrême droite. Son nouveau pivot idéologique : les idées de Reconquête. Réussir là où Éric Zemmour a défriché.

Hier soir, 18 députés LR ont soutenu Sébastien Lecornu ; 28 se sont abstenus. Seuls trois ont voté contre le projet de budget de la Sécurité sociale. Bruno Retailleau, qui avait publiquement appelé à voter contre, est plus isolé que jamais parmi les députés LR. Ce vote en ordre dispersé est une nouvelle manifestation d’un parti qui se délite. Derrière les hésitations visibles et les guéguerres entre chefs de la droite, c’est pourtant bien un nuage de trajectoires qui convergent : une droite qui cherche à se réinventer en flirtant avec le RN, sans pour autant se livrer complètement.

On mesure le chemin parcouru depuis le « cordon sanitaire » de Jacques Chirac. Déjà en 2007, Nicolas Sarkozy avait changé son fusil d’épaule en siphonnant les voix de l’extrême droite, bricolant de facto une première fusion des imaginaires. Depuis, la droite zigzague : soutien à Emmanuel Macron pour éviter le gouffre, puis signaux en direction du RN. Les jalons sont connus : candidature de François Fillon en 2017 appuyée par la matrice catholique-conservatrice de la Manif pour tous ; Bruno Retailleau en était le porte-parole. Puis élection de Laurent Wauquiez, puis d’Éric Ciotti, puis de Bruno Retailleau à la direction des LR. De congrès en crises internes, la droite institutionnelle se déporte vers un bloc réactionnaire composite.

Pourtant, LR reste dans une position paradoxale. Malgré leur faiblesse, ceux qui rêvent d’une alliance des droites n’ont pas renoncé à la conduire. Si la mue culturelle est largement achevée, sa transposition dans l’espace politique reste à faire. Et l’affaire n’est pas simple.

Bruno Retailleau comme Marine Le Pen imagine une union par les électeurs : les deux camps ne veulent pas se compromettre ensemble. LR redoute de devenir supplétif d’un parti trop populaire ; le RN craint de se dissoudre dans une bourgeoisie réactionnaire. Jean-Marie Le Pen les avait mis en garde :« Ne pas devenir un parti de droite comme un autre ».

Laurent Wauquiez a des plans d’ores et plus précis. Il projette une grande primaire allant de Gérald Darmanin à Sarah Knafo, mais n’incluant pas le RN. LR veut aujourd’hui être ce que le candidat Reconquête n’a pas réussi à incarner : respectable, bourgeoise, lettrée, catholique, autoritaire et libérale, bref une extrême droite de salon, débarrassée de ce que le RN a de trop populaire et de trop social. Les évolutions du patronat accompagnent ce glissement : il entend bien obtenir une nouvelle radicalisation des politiques sociales et économiques. Eric Zemmour avait proposé cette synthèse : la droite bourgeoise, mais en plus dur. LR s’y installe désormais, avec plus d’habileté, parce qu’elle parle le langage des élites économiques. Avec le LR nouveau, le patronat trouve un bon cheval, bien qu’encore très faible.

Marine Le Pen n’a jamais voulu d’alliance avec Éric Zemmour. Sa stratégie est une alliance par le bas qu’elle a déjà largement gagnée. La confrontation avec LR est donc autant une concurrence électorale qu’une bataille sociologique. Jordan Bardella veut faire le pont, tout sourire sur TikTok et à l’aise dans les congrès du Medef.

Le RN avance. Sa banalisation est achevée, sa base populaire consolidée, sa ligne lisible. Ce n’est pas lui qui dérive vers la droite, c’est la droite qui s’y reformate. Après la dissolution par le macronisme, LR trouve sa place : être la droite radicale qu’Éric Zemmour n’a pas su devenir, être la respectabilité que Marine Le Pen n’endosse pas. Devenir l’extrême droite des beaux quartiers, celle qui réconcilie patrimoine et autorité. C’est un projet mais ça ne fait toujours pas beaucoup d’électeurs.

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