LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie Blogs REVUES Médias
Souscrire à ce flux
Regards a pour objet la diffusion d’informations et d’idées. Il contribue au débat démocratique. Il n’a aucun caractère commercial.

▸ Les 10 dernières parutions

10.12.2025 à 13:15

LR se trouve un destin : être l’extrême droite des beaux quartiers

la Rédaction

La newsletter du 10 décembre 📨
Texte intégral (1397 mots)

La newsletter du 10 décembre 📨

par Pablo Pillaud-Vivien

La droite glisse vers l’extrême droite. Son nouveau pivot idéologique : les idées de Reconquête. Réussir là où Éric Zemmour a défriché.

Hier soir, 18 députés LR ont soutenu Sébastien Lecornu ; 28 se sont abstenus. Seuls trois ont voté contre le projet de budget de la Sécurité sociale. Bruno Retailleau, qui avait publiquement appelé à voter contre, est plus isolé que jamais parmi les députés LR. Ce vote en ordre dispersé est une nouvelle manifestation d’un parti qui se délite. Derrière les hésitations visibles et les guéguerres entre chefs de la droite, c’est pourtant bien un nuage de trajectoires qui convergent : une droite qui cherche à se réinventer en flirtant avec le RN, sans pour autant se livrer complètement.

On mesure le chemin parcouru depuis le « cordon sanitaire » de Jacques Chirac. Déjà en 2007, Nicolas Sarkozy avait changé son fusil d’épaule en siphonnant les voix de l’extrême droite, bricolant de facto une première fusion des imaginaires. Depuis, la droite zigzague : soutien à Emmanuel Macron pour éviter le gouffre, puis signaux en direction du RN. Les jalons sont connus : candidature de François Fillon en 2017 appuyée par la matrice catholique-conservatrice de la Manif pour tous ; Bruno Retailleau en était le porte-parole. Puis élection de Laurent Wauquiez, puis d’Éric Ciotti, puis de Bruno Retailleau à la direction des LR. De congrès en crises internes, la droite institutionnelle se déporte vers un bloc réactionnaire composite.

Pourtant, LR reste dans une position paradoxale. Malgré leur faiblesse, ceux qui rêvent d’une alliance des droites n’ont pas renoncé à la conduire. Si la mue culturelle est largement achevée, sa transposition dans l’espace politique reste à faire. Et l’affaire n’est pas simple.

Bruno Retailleau comme Marine Le Pen imagine une union par les électeurs : les deux camps ne veulent pas se compromettre ensemble. LR redoute de devenir supplétif d’un parti trop populaire ; le RN craint de se dissoudre dans une bourgeoisie réactionnaire. Jean-Marie Le Pen les avait mis en garde :« Ne pas devenir un parti de droite comme un autre ».

Laurent Wauquiez a des plans d’ores et plus précis. Il projette une grande primaire allant de Gérald Darmanin à Sarah Knafo, mais n’incluant pas le RN. LR veut aujourd’hui être ce que le candidat Reconquête n’a pas réussi à incarner : respectable, bourgeoise, lettrée, catholique, autoritaire et libérale, bref une extrême droite de salon, débarrassée de ce que le RN a de trop populaire et de trop social. Les évolutions du patronat accompagnent ce glissement : il entend bien obtenir une nouvelle radicalisation des politiques sociales et économiques. Eric Zemmour avait proposé cette synthèse : la droite bourgeoise, mais en plus dur. LR s’y installe désormais, avec plus d’habileté, parce qu’elle parle le langage des élites économiques. Avec le LR nouveau, le patronat trouve un bon cheval, bien qu’encore très faible.

Marine Le Pen n’a jamais voulu d’alliance avec Éric Zemmour. Sa stratégie est une alliance par le bas qu’elle a déjà largement gagnée. La confrontation avec LR est donc autant une concurrence électorale qu’une bataille sociologique. Jordan Bardella veut faire le pont, tout sourire sur TikTok et à l’aise dans les congrès du Medef.

Le RN avance. Sa banalisation est achevée, sa base populaire consolidée, sa ligne lisible. Ce n’est pas lui qui dérive vers la droite, c’est la droite qui s’y reformate. Après la dissolution par le macronisme, LR trouve sa place : être la droite radicale qu’Éric Zemmour n’a pas su devenir, être la respectabilité que Marine Le Pen n’endosse pas. Devenir l’extrême droite des beaux quartiers, celle qui réconcilie patrimoine et autorité. C’est un projet mais ça ne fait toujours pas beaucoup d’électeurs.

Pablo Pillaud-Vivien

🔴 RETOUR DU JOUR

Christian Tein, retour en Kanaky et ligne de fracture

De retour en Nouvelle-Calédonie après un an de détention provisoire à 17 000 kilomètres des siens, Christian Tein n’a pas choisi l’esbroufe, mais le durcissement assumé. A peine rentré dans l’archipel, le président du FLNKS a repris la main sur un mouvement profondément fracturé. Au congrès de son parti ce week-end, il a rappelé l’objectif central de pleine souveraineté et a fixé l’horizon d’une indépendance avant 2027, tout en brandissant la possibilité d’un recours unilatéral au droit à l’autodétermination en cas d’échec du dialogue avec l’État. Pour une part décisive du camp indépendantiste, la séquence ouverte par l’accord de Bougival est d’ores et déjà refermée. La France ne devrait pas sous-estimer la profondeur de la demande de décolonisation.

P.P.-V.

ON VOUS RECOMMANDE…

« Avant la catastrophe : la naissance de la dictature nazie 1933 – 1936 », sur LCP. Un documentaire passionnant sur la presse étrangère en Allemagne dans les premiers temps du pouvoir hitlérien… Il raconte l’aveuglement d’une grande partie des médias devant les succès économiques ou industriels du dictateur. Toutes choses étant égales par ailleurs, c’est bien dans cet aveuglement que sombrent nombre de correspondants aujourd’hui à Rome.

C’EST CADEAU 🎁🎁🎁

Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !

PDF

09.12.2025 à 12:22

Une nouvelle stratégie qui pourrait coûter cher au PS

Pablo Pillaud-Vivien

Au-delà du vote attendu ce soir sur le budget de la Sécurité sociale, le PS est-il en train d’opérer un changement de stratégie ? Depuis la nomination de François Bayrou, il multiplie les votes et les initiatives pour éviter la crise institutionnelle. Mais ce choix pourrait lui coûter cher dans une gauche déjà échaudée. Le…
Texte intégral (837 mots)

Au-delà du vote attendu ce soir sur le budget de la Sécurité sociale, le PS est-il en train d’opérer un changement de stratégie ? Depuis la nomination de François Bayrou, il multiplie les votes et les initiatives pour éviter la crise institutionnelle. Mais ce choix pourrait lui coûter cher dans une gauche déjà échaudée.

Le budget de la Sécurité sociale va être mis aux votes des députés aujourd’hui. Le secrétaire national du PS Olivier Faure ainsi que le président du groupe à l’Assemblée nationale Boris Vallaud plaident pour un vote en sa faveur. Les socialistes se félicitent d’avoir obtenu le retrait des pires horreurs du budget initial.

Dans un entretien au Monde, Boris Vallaud fait la liste : « Il n’est plus question de la suppression des deux jours fériés, de la réforme de l’assurance-chômage, de la suppression du gel des minima sociaux, des pensions de retraite et du barème de la CSG, du doublement des franchises médicales, du coup de rabot sur les titres-restaurant, des augmentations de cotisations sur les apprentis. »

À en croire le chef des députés socialistes, ce budget serait donc acceptable, presque un budget de gauche, puisque les députés LR et Horizons n’en veulent pas. Dès lors, la gauche – disons le PS – sera rendu responsable de ce budget et des difficultés maintenues ou aggravées pour les assurés sociaux. Les propos de l’économiste Thomas Piketty sur France Inter sont inquiétants et éclairants.

Ce choix des socialistes à l’Assemblée a tout d’une inflexion voire d’un revirement stratégique. François Hollande et Carole Delga ont-ils partie gagnée ?

Les deux dirigeants socialistes ont choisi la recherche d’un compromis pour incarner une « opposition utile ». Dans une Assemblée sans majorité, face au risque d’instabilité et d’accès au pouvoir du RN, face à l’inquiétude des Français de voir le pays sans budget, le PS se sent la responsabilité de garantir le fonctionnement minimal de l’État, quitte à soutenir un budget conçu par un gouvernement qui poursuit une politique néolibérale. Ils veulent croire que ce vote sera un pas vers la restauration de leur influence perdue.

Dans le même temps, ils font un pas en arrière vis-à-vis de leur engagement en faveur d’une primaire de la gauche. La conférence de presse qui devait avoir lieu lundi 15 décembre pour acter les dates et les formes de la primaire est reportée sine die de leur seule initiative. Ont-ils tourné la page du Front populaire 2027 et des rencontres de Bagneux auquel ils participaient ?

Ce choix des socialistes à l’Assemblée a tout d’une inflexion voire d’un revirement stratégique. François Hollande et Carole Delga ont-ils partie gagnée ? Olivier Faure et Boris Vallaud se posent en garants de la stabilité de l’Etat et de l’unité des socialistes. Mais après ?

Après, il y a la compréhension politique que les Français se feront de cette séquence. Le Parti socialiste apparaît comme le soutien indispensable au maintien d’un pouvoir à bout de souffle. Que sont devenues les réformes qui permettraient au pays de sortir de cette descente lente mais certaine vers l’enfer de la paupérisation et des rancœurs profondes ? Cette remise des ambitions transformatrices a coûté très cher au PS entre 2012 et 2017. En 2022, elle s’est traduite par le score calamiteux de Anne Hidalgo, 1,7%. Que ne voient-ils que le peuple de gauche associe le macronisme à la casse sociale, au mépris démocratique et à l’autoritarisme rampant ? 

Le PS est divisé, souvent au bord de la rupture. Sa direction en est convaincue : sans compromis avec le gouvernement, c’est l’explosion. Alors le parti à la rose a privilégié ce qui permet à chacun de rester dans la maison.

Mais une autre réalité s’impose : le macronisme est aujourd’hui l’espace politique le plus rejeté du pays. S’y allier ou simplement s’y accoler est une prise de risque majeure. La note pourrait être salée. Les élections municipales arrivent dans quelques semaines. Les urnes rendront leur verdict… Le PS devra-t-il une nouvelle fois ouvrir un cycle d’aggiornamento ? Il sera encore temps, comme toujours.

PDF

09.12.2025 à 12:14

Une nouvelle stratégie qui pourrait coûter cher au PS

la Rédaction

La newsletter du 9 décembre 📨
Texte intégral (1709 mots)

La newsletter du 9 décembre 📨

par Pablo Pillaud-Vivien

Au-delà du vote attendu ce soir sur le budget de la Sécurité sociale, le PS est-il en train d’opérer un changement de stratégie ? Depuis la nomination de François Bayrou, il multiplie les votes et les initiatives pour éviter la crise institutionnelle. Mais ce choix pourrait lui coûter cher dans une gauche déjà échaudée.

Le budget de la Sécurité sociale va être mis aux votes des députés aujourd’hui. Le secrétaire national du PS Olivier Faure ainsi que le président du groupe à l’Assemblée nationale Boris Vallaud plaident pour un vote en sa faveur. Les socialistes se félicitent d’avoir obtenu le retrait des pires horreurs du budget initial.

Dans un entretien au Monde, Boris Vallaud fait la liste : « Il n’est plus question de la suppression des deux jours fériés, de la réforme de l’assurance-chômage, de la suppression du gel des minima sociaux, des pensions de retraite et du barème de la CSG, du doublement des franchises médicales, du coup de rabot sur les titres-restaurant, des augmentations de cotisations sur les apprentis. »

À en croire le chef des députés socialistes, ce budget serait donc acceptable, presque un budget de gauche, puisque les députés LR et Horizons n’en veulent pas. Dès lors, la gauche – disons le PS – sera rendu responsable de ce budget et des difficultés maintenues ou aggravées pour les assurés sociaux. Les propos de l’économiste Thomas Piketty sur France Inter sont inquiétants et éclairants.

Les deux dirigeants socialistes ont choisi la recherche d’un compromis pour incarner une « opposition utile ». Dans une Assemblée sans majorité, face au risque d’instabilité et d’accès au pouvoir du RN, face à l’inquiétude des Français de voir le pays sans budget, le PS se sent la responsabilité de garantir le fonctionnement minimal de l’État, quitte à soutenir un budget conçu par un gouvernement qui poursuit une politique néolibérale. Ils veulent croire que ce vote sera un pas vers la restauration de leur influence perdue.

Dans le même temps, ils font un pas en arrière vis-à-vis de leur engagement en faveur d’une primaire de la gauche. La conférence de presse qui devait avoir lieu lundi 15 décembre pour acter les dates et les formes de la primaire est reportée sine die de leur seule initiative. Ont-ils tourné la page du Front populaire 2027 et des rencontres de Bagneux auquel ils participaient ?

Ce choix des socialistes à l’Assemblée a tout d’une inflexion voire d’un revirement stratégique. François Hollande et Carole Delga ont-ils partie gagnée ? Olivier Faure et Boris Vallaud se posent en garants de la stabilité de l’Etat et de l’unité des socialistes. Mais après ?

Après, il y a la compréhension politique que les Français se feront de cette séquence. Le Parti socialiste apparaît comme le soutien indispensable au maintien d’un pouvoir à bout de souffle. Que sont devenues les réformes qui permettraient au pays de sortir de cette descente lente mais certaine vers l’enfer de la paupérisation et des rancœurs profondes ? Cette remise des ambitions transformatrices a coûté très cher au PS entre 2012 et 2017. En 2022, elle s’est traduite par le score calamiteux de Anne Hidalgo, 1,7%. Que ne voient-ils que le peuple de gauche associe le macronisme à la casse sociale, au mépris démocratique et à l’autoritarisme rampant ? 

Le PS est divisé, souvent au bord de la rupture. Sa direction en est convaincue : sans compromis avec le gouvernement, c’est l’explosion. Alors le parti à la rose a privilégié ce qui permet à chacun de rester dans la maison.

Mais une autre réalité s’impose : le macronisme est aujourd’hui l’espace politique le plus rejeté du pays. S’y allier ou simplement s’y accoler est une prise de risque majeure. La note pourrait être salée. Les élections municipales arrivent dans quelques semaines. Les urnes rendront leur verdict… Le PS devra-t-il une nouvelle fois ouvrir un cycle d’aggiornamento ? Il sera encore temps, comme toujours.

Pablo Pillaud-Vivien

🔴 INSULTE DU JOUR

Brigitte Macron persiste et signe : les féministes sont des « sales connes »

Brigitte Macron, la femme du président qui discute « entre hommes » avec ses ministres accusés d’agressions sexuelles et qui a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes la grande cause de son quinquennat, a déclenché une vive polémique en qualifiant de « sales connes » les militantes de #NousToutes qui avaient interrompu la veille le spectacle d’Ary Abittan. Cet humoriste était visé en 2021 par une accusation de viol ayant abouti à un non-lieu. Assister à son spectacle qui faisait polémique était déjà un signe de soutien très discutable. Traiter des militantes féministes de “sales connes” relève sans ambiguïté du sexisme : historiquement, ce type d’insulte vise d’abord les féministes pour les renvoyer au silence. En s’y prêtant, Brigitte Macron s’inscrit dans une longue tradition de dénigrement portée par la droite, l’extrême droite et son président de mari. Insupportable. Mais au fond, qui est surpris ?

P.P.-V.

ON VOUS RECOMMANDE…

À l’occasion de l’anniversaire de la loi de 1905, retour sur l’intervention lumineuse de Rokhaya Diallo dans un débat sur France Culture : elle y dévoile l’angle mort du débat français sur la laïcité, en montrant que ce n’est pas tant le voile qui dérange que la transgression des places sociales assignées (une femme de ménage voilée = tolérée ; des femmes voilées dans les tribunes de l’Assemblée = scandale) révélant ainsi comment l’universalisme proclamé continue de servir de paravent à un ordre social implicite, où le signe religieux ne devient problématique que lorsqu’il accompagne une montée en visibilité et en pouvoir.

C’EST CADEAU 🎁🎁🎁

ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR

Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !

PDF
10 / 10
  GÉNÉRALISTES
Ballast
Fakir
Interstices
Issues
Korii
Lava
La revue des médias
Mouais
Multitudes
Positivr
Regards
Slate
Smolny
Socialter
UPMagazine
Le Zéphyr
 
  Idées ‧ Politique ‧ A à F
Accattone
À Contretemps
Alter-éditions
Contre-Attaque
Contretemps
CQFD
Comptoir (Le)
Déferlante (La)
Esprit
Frustration
 
  Idées ‧ Politique ‧ i à z
L'Intimiste
Jef Klak
Lignes de Crêtes
NonFiction
Nouveaux Cahiers du Socialisme
Période
 
  ARTS
Villa Albertine
 
  THINK-TANKS
Fondation Copernic
Institut La Boétie
Institut Rousseau
 
  TECH
Dans les algorithmes
Framablog
Gigawatts.fr
Goodtech.info
Quadrature du Net
 
  INTERNATIONAL
Alencontre
Alterinfos
CETRI
ESSF
Inprecor
Journal des Alternatives
Guitinews
 
  MULTILINGUES
Kedistan
Quatrième Internationale
Viewpoint Magazine
+972 mag
 
  PODCASTS
Arrêt sur Images
Le Diplo
LSD
Thinkerview
🌓