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Olivier ERTZSCHEID
Maître de conférences en sciences de l'information
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▸ les 10 dernières parutions

21.01.2025 à 09:18

Les dingues et les deux paumes.

Olivier Ertzscheid

Texte intégral (846 mots)

Il y a la paume de Trump. Au-dessus de la Bible. Prêtant serment. Il y a la paume de Musk. Au bout de son bras tendu. Répétant par deux fois un salut nazi.

Deux paumes tendues ou dressées. Et toute une partie de l’humanité, qui les regarde, totalement paumée.

La chorégraphie signant YMCA a bien changée … 

 

Ces deux paumes se font écho. L’une précédant l’autre. L’autre juste un peu au-dessus de la première. Mais à la fin les deux paumes se rencontrent. Toujours.

Et puis il y a cet aréopage, cette « nouvelle internationale réactionnaire« , Farage, Meloni, Milei, Zemmour … Et que dire des autres, directement issus d’une version 4K remastérisée d’Idiocracy. Les dingues et les paumés.

Il aura donc fallu moins de quelques heures après l’investiture de Trump pour que l’un des hommes ayant le plus contribué à la faire advenir se fende d’un salut Nazi. Par deux fois.

Il est tout à fait fou d’entendre et le lire la presse ce matin. Qui « s’interroge ». Sur ce geste qui « ressemble » à un salut Nazi. Qui « fait penser » à un salut Nazi. Qui « serait » un salut Nazi. Qui représente un salut « Nazi » entre guillemets. Tous ces titres de presse et ces traitement médiatiques existent, sans même parler des différentes « fan base » qui viralisent l’ensemble. Pourtant rien, absolument rien n’est plus clair, codifié, lisible, ancré dans la mémoire de l’humanité qu’un salut Nazi. Ce salut Nazi c’est « le geste le plus politiquement connoté du 20ème siècle » comme l’écrit Olivier Tesquet.

Et il n’y a absolument aucune forme de doute ou d’interrogation à avoir. Musk est au moins autant mentalement instable qu’il est ivre de pouvoir et de richesse. Et Musk est fondamentalement raciste. Musk n’est pas le porte-voix d’une internationale réactionnaire mais d’une internationale d’extrême-droite. Ce salut Nazi n’a rien d’inattendu de la part d’un homme qui a rétabli les pires comptes antisémites sur sa plateforme, qui soutient ouvertement toutes les extrêmes-droites les plus radicales dont encore récemment l’AFD.

C’est très exactement ici, dans ce geste que tout le monde a vu, que se mesure probablement l’essentiel et l’ampleur de son triomphe et de celui de Trump. Non pas par ce que dit ce geste : la racisme, l’antisémitisme, la haine à l’état brut, une haine prévisible, documentée, qui a valeur de projet. Mais par l’incapacité de décrire ce geste pour ce qu’il est. Par le « débat » qui s’installe sur l’évidence d’une monstrueuse monstration. Il ne s’agit pourtant pas d’un « Deep Fake » ; il n’est pourtant besoin de nul recours à une IA pour l’encoder ; ce n’est pourtant pas un « fait alternatif ». C’est juste un putain de salut nazi répété par deux fois. Un putain de salut Nazi qui n’est plus discuté dans le champ social pour ce qu’il est mais pour la possibilité qu’il puisse être autre chose : un moment « d’égarement », un « enthousiasme mal contrôlé » (sic).

A l’heure où les derniers survivants centenaires des camps s’éteignent, il va nous falloir faire de la politique. Ou ils emporteront tout. Absolument tout. Et se souvenir que oui, « It is OK to punch nazis« .

19.01.2025 à 18:26

Quitter X ? Du dedans de nos cages de langage : exaspérer la vulnérabilité.

Olivier Ertzscheid

Texte intégral (1875 mots)

Lundi. Investiture de Donald Trump. Et la place d’Elon Musk dans cette accession. Et peut-être aussi dans une forme de succession. Et l’initiative HelloQuitX qui invite et prépare une migration numérique tout à fait inédite dans son ampleur, dans sa coordination et dans sa couverture médiatique. Mais il est vrai que le simple fait de mentionner « X », ou « Musk », ou « Trump » est une parole à elle seule performative qui mobilise tout un monde d’affects.

On parle donc beaucoup, depuis quelques temps, de « quitter ». De (se) déplacer. De déménager. De cesser de ménager aussi ces environnements dont chacun dit qu’ils sont toxiques et délétères mais où chacun à ses ponts, ses connexions, ses habitudes, ses interactions sans friction. Et puis comment quitter une forêt lorsque l’on est un arbre ?

 

« Quitter X. » Allégorie. (Source inconnue)

Quitter X ? C’est demain pour certains, mais seul demain est certain. Et après ? Pour les mêmes motifs et les mêmes affects et les mêmes habitudes : quitter Facebook ? Et quitter Instagram ? Et quitter LinkedIn ? Et aller où ? Sur Bluesky ? Sur Mastodon ? Pour une future destination possible qui serait à l’abri des Big Tech Bro’s comme se présente « Free Our Feeds » ? A l’abri des milliardaires ? Qui se construirait sur la base d’une fondation à but non-lucratif basée en Europe et financée par des dons comme vient de l’annoncer Mastodon ?

Quitter X. On parle trop de déplacements à l’échelle de ces plateformes qui pour leurs propriétaires ne sont plus que des placements. La mobilité est intégrée à leur capital ; elle est une de leur clés spéculatives : il faut que cela bouge, et tout le temps. Il faut que nous bougions. Alors nous bougeons et bougerons encore. D’un château l’autre et d’une plateforme la suivante. La question n’est pas tant de savoir où aller. La question est d’y savoir quoi dire. Et qui nous y attend. Car nous ne sommes pas tant que cela à parler vraiment. Du dedans de nos cages de langage. Que toujours nous tentons de quitter dès que nous nous mettons à y réfléchir comme autant de cages.

Sédentaires ou nomades, on ne déménage pas, on ne se déplace pas pour le pur plaisir de bouger. On cherche toujours l’endroit d’où à nouveau nous pourrons dire que nous sommes vivants et existants. Nous ne cherchons pas d’autres discours ou d’autres endroits mais d’autres approbations. Celles et ceux qui restent continuent d’être rassasiés d’approuver. Cela ne les rend ni condamnables ni enviables. C’est une part palpable du corps social qui se nourrit à grands coups de Feed. « To Feed » c’est nourrir. Le « Feed » c’est aussi ce fil d’actualité qui nous nourrit. Et souvent littéralement nous gave.

Quitter X. Nous réfléchissons beaucoup aux lieux, aux endroits, que nous quittons, que nous traversons, ou dans lesquels nous choisissons de continuer d’être, mais nous ne pensons pas assez aux espaces. Or si la question de rester ou de partir se pose, elle se résout entièrement dans le sentiment que nous éprouvons « dans » et « depuis » ces espaces. Car pour certains, qui les quittent et même à contre coeur, ces espaces sont saturés : saturés de bêtise, saurés de haine, saturés de bruit, saturés de discours qui ne nous parlent plus et qui ne nous concernent pas. Et pour d’autres ces mêmes espaces sont pleins. Pleins de ces mêmes choses mais qui emplissent celles et ceux qui ne disent pas, qui ne disent plus, qui sont celles et ceux que Christian Salmon désigne comme les « sans-récit ». Du dedans de leurs cages de langage. Dans lesquelles tous les mots ne sont que des échos, dans lesquelles toutes les phrases ne sont que paraphrases, dans lesquelles tous les discours ne sont que des appels aux secours.

Les sans-récit sont épuisés et cherchent la lumière. Les tout-récit sont épuisants, et leurs propos souvent délétères. D’où que nous partions, et où que nous allions, nous partageons toutes et tous cet épuisement. Un épuisement des « sols » de la langue, de ce qui la rend sociale et féconde et partagée et qui en fait un levier. De mouvement, justement. Mais la langue de ces espaces que certains fuiront dès lundi ou plus tard, la langue de ces espaces est épuisée, saturée de faux-semblants, à grands coups d’IA, essorée de la mécanique spéculative d’un capitalisme hier déjà linguistique et aujourd’hui complètement sémiotique et total.

Cet épuisement, cette saturation, cette fatigue, ces discours vides qui tiennent lieu de récits portent des noms comme d’autres des croix : un web synthétique, des contenus « zombies », « Slop AI« , « emmerdification » des usages et de « l’expérience utilisateur », surpondération des discours partisans et violents, et masculinité toxique à tous les étages dans le peu d’interactions réelles qui restent encore visibles. Dans la dernière livraison de sa newsletter « Dans les algorithmes » Hubert Guillaud évoque et rassemble des articles et travaux autour « d’un internet plein de vide » citant notamment Eryk Salvaggio :

« L’un des aspects de l’IA en tant qu’idéologie est donc la stérilisation scientifique de la variété et de l’imprévisibilité au nom de comportements fiables et prévisibles. L’IA, pour cette raison, offre peu et nuit beaucoup au dynamisme des systèmes socioculturels. »

 

L’un des cadres explicatifs les plus puissants de nos comportements sociaux dans des environnements numériques, l’origine de nos routines les plus puissantes c’est le concept de FOMO (Fear Of Missing Out), la « peur de manquer quelque chose » ; cette peur qui nous conduit à vérifier / recharger / faire défiler sans cesse. Mais à y regarder de près, et précisément du fait de ce web de plus en plus synthétique, de ces contenus « zombis », de ces « Slop AI » et de cette « emmerdification » globale, cette peur de manquer quelque chose est devenue principalement un Vague Espoir qu’il se produise enfin Quelque chose d’Intéressant (VEQI) … Mais l’on pourrait aussi parler de HSIH (Hope Something Interesting is Hapening) … ou d’une Forte Occupation Mobilisant des Ombres (FOMO), ou encore d’une Fausse Objectivation de nos Multiples Obfuscations (FOMO).

« Exaspérer la vulnérabilité. » C’est une expression que j’emprunte au géographe Michel Lussault qui à propos des méga-feux qui dévorent la planète (à Los Angeles par exemple) explique qu’ils sont le résultat de choix urbanistiques et politiques qui convergent pour exaspérer la vulnérabilité, celle des sols et des parcelles en l’occurence. Il a cette phrase qui résonne, je trouve, particulièrement avec l’évolution du paysage numérique ces dix dernières années et qui a conduit à son emmerdification totale :

« Le 21ème siècle va être celui de l’exaspération de la vulnérabilité. »

Voilà où nous en sommes à la veille de quitter X ou d’y rester. Voilà ce que nous partageons encore : l’exaspération de nos vulnérabilités. Vulnérabilités sociales, affectives, amicales, comportementales, mais aussi économiques, politiques. Toutes nos vulnérabilités exaspérées. Alors. Alors certains partent et d’autres restent. Certains tendent la main et d’autres coupent des têtes.

Le numérique est un écosystème et les plateformes sociales sont autant de biotopes différents qui le composent. Et à l’exacte image des décisions qui ont amené à l’exaspération des vulnérabilités des sols qui s’embrasent en Californie et partout sur la planète, l’ensemble des décisions prises depuis 10 ans par ces plateformes (et réaffirmées ces derniers temps) font que leurs sols d’interactions sont tellement appauvris, arasés, épuisés, surexploités, qu’il ne reste plus en surface que cette exaspération de la vulnérabilité. De nos vulnérabilités comme des leurs.

Alors ces plateformes tout aussi littéralement s’embrasent dans des formes de viralités devenues incontrôlables ; alors les feux qui y prennent s’étendent au-delà même de leurs murs et carbonisent nos démocraties ; alors elles nous laissent abasourdis en train de contempler les dégâts qui ont emporté nos souvenirs, nos bibelots conversationnels, nos mobiliers affectifs, nos voisinages sociaux.

Alors nous n’avons plus de choix que de déménager, ou d’habiter et de reconstruire sur une terre brûlée.

Il nous faudra faire le deuil de ces espaces. Faire le deuil de modalités d’habitats numériques qui ne conduiront qu’à de nouvelles catastrophes, à de nouveaux brasiers. Voilà peut-être le récit de cette trajectoire, ou comment le programme de ces plateformes d’une systématique exploitation de nos vulnérabilités a fini par aboutir à une double exaspération : celle de nos vulnérabilités certes, mais également celle des leurs.

Du dedans de nos cages de langage, nous parlons aujourd’hui et partirons un jour. Pour aller dire ailleurs, que nous sommes arrivés ; au point exact d’où nous repartirons.

18.01.2025 à 14:24

TikTok … Boum ?

Olivier Ertzscheid

Texte intégral (1946 mots)

17 Janvier 2025, la Cour Suprême des Etats-Unis a approuvé à l’unanimité l’interdiction de Tiktok aux USA à partir de demain, dimanche 19 Janvier.

Tic Tac Tic Tac Tic Tac …

20 Janvier 2025, investiture de Donald Trump pour un second mandat à la tête des USA. Et la place d’Elon Musk dans tout cela.

Tic Tac Tic Tac Tic Tac …

A ce stade il vous faut aller lire le très bon papier de Luc Chagnon pour France Télévisions qui résume très bien l’ensemble des scénarii possibles ou probables. Je vous les rappelle ci-dessous mais allez lire les éléments de contexte qu’il apporte pour chacun d’entre eux :

  • Scénario 1 : TikTok disparaît des magasins d’applications aux Etats-Unis (possible)
  • Scénario 2 : Donald Trump n’applique pas la loi (probable)
  • Scénario 3 : l’entreprise ByteDance cède une partie de ses activités aux Etats-Unis (envisageable)
  • Scénario 4 : ByteDance vend intégralement TikTok (peu probable)

Tic Tac Tic Tac Tic Tac …

Mon avis c’est qu’en effet tout va se jouer dans un mix entre le scénario 2 et le scénario 3. Cette affaire menant à la décision d’interdire la plateforme TikTok aux USA va servir de révélateur à différents points qui concernent autant la politique économique que de la doctrine géo-stratégique des Etats-Unis. Et voici pourquoi ce sera passionnant à observer et probablement déterminant pour nos futurs politiques.

Tic Tac Tic Tac Tic Tac …

« Business First« . Trump l’a rappelé et présenté ainsi lors de plusieurs de ses meetings de campagne, Elon Musk est « le plus grand capitaliste de l’histoire de l’Amérique. » Or l’un des coeurs du capitaine d’industrie Musk bat en Chine. C’est en effet de la giga factory de Shangaï que sort en production la moitié de sa flotte mondiale de Tesla. Et la place de Musk étant ce qu’elle est dans l’accession de Trump au pouvoir, entre les intérêts de la nation (et le jugement de la Cour Suprême) et les intérêts particuliers de Musk (continuer de pouvoir travailler en Chine) il faudra voir lesquels seront privilégiés. Mais j’ai déjà une idée …

Tic Tac Tic Tac Tic Tac …

« Freedom of Speech« . Les dernières semaines ont été marquées par la mise en avant et la défense (côté USA) d’une liberté d’expression « totale » accompagnée d’une condamnation de toute forme de régulation, ciblant tout particulièrement d’Europe, avec notamment le revirement spectaculaire de Zuckerberg sur la question de la modération en ligne, venant ainsi s’aligner sur l’allégeance à Trump de l’ensemble des patrons de la Tech américaine, de Jeff Bezos à Tim Cook. Dans ce contexte, il est tout particulièrement complexe de mettre en place des mesures qui s’apparenteraient à une régulation forte à l’Européenne : aller au bout de l’interdiction de TikTok impliquerait de contraindre les grands magasins d’application (Apple, Google, etc.) à ne plus permettre de diffuser TikTok au motif d’un risque sur des « données personnelles » ou de « possibles inférences et influences », deux sujets qui sont précisément dans l’opinion américaine (et dans la tête de Trump et de son premier cercle) des constituants premiers du type de « liberté d’expression » qu’il défend, dont il se prévaut, et qui précisément lui a permis d’accéder une première puis une deuxième fois au pouvoir. Sans parler d’un partie significative de l’opinion américaine qui serait prompte à lui rappeler cette étrange contradiction.

Tic Tac Tic Tac Tic Tac …

« Brothers in Arms« . Difficile d’entrer dans la psyché de Trump mais son comportement politique fait valoir qu’il traite moins avec des nations qu’avec des individus. Sa manière de traiter des questions de géo-politique est de les résumer aux échanges d’un Boys Club toxique. Si la Chine est, sur un plan économique et géopolitique historique « l’ennemi » des USA, Trump est capable du jour au lendemain de traiter Xi Jinping comme un allié de premier plan après l’avoir moqué quelques semaines ou mois auparavant, ainsi que ceux qui, je cite, passaient leur temps à lui « lécher le cul« . On ne compte plus les grands écarts de Trump dans ses déclarations à l’encontre de la plupart des dirigeants de la planète, qu’ils s’agisse de démocraties, de régimes autoritaires ou de dictatures. Il n’est d’ailleurs pas tout à fait exclu qu’il s’agisse d’une stratégie calculée visant à asseoir sa réputation de négociateur totalement instable, imprévisible, donc dangereux, donc redoutablement puissant.

Tic Tac Tic Tac Tic Tac …

« You are the my media ». Trump est la configuration chimiquement pure d’un homme politique qui sait qu’il doit toute son accession au pouvoir a la relation (chaotique) qu’il a entretenu avec le corps électoral par la presqu’unique médiation des grandes plateformes sociales et de l’écosystème médiatique qui leur sert de relai dans l’opinion (avec la toute puissance de Fox News en tête). Il sait également à quel point partout dans le monde d’autres que lui ont également compris et intégré, presque « métabolisé » cette stratégie (dernier épisode en date, la présidentielle en Roumanie) et que presque chaque fois cette stratégie a été gagnante. Il le dit donc clairement : pourquoi voudrait-il interdire une plateforme dans laquelle sa surface virale est déjà aussi constituée et aussi massive ?

(image postée par Trump sur « son » réseau Truth Social)

 

Tic Tac Tic Tac Tic Tac …

« (la) Sociologie e(s)t politique« . L’évolution, ces dernières années, du paysage des réseaux et médias sociaux indique que s’approche la fin des « grands réseaux sociaux généralistes » qui continueront peut-être de rassembler d’immenses communautés mais dans lesquels les interactions interpersonnelles seront de plus en plus faibles. Et que nous nous dirigeons plutôt soit vers vers une balkanisation, une floraison de réseaux et médias sociaux « intermédiaires », moins atteints de gigantisme mais plus « concentrés » en termes d’interaction, soit, les deux n’étant d’ailleurs pas totalement incompatibles, vers des réseaux et médias sociaux entièrement rééditorialisés pour se conformer à une ligne idéologique et politique (exactement comme l’a fait Musk dès qu’il a racheté Twitter). Ce faisant et dans ces deux scenarii, la sociologie de ces médias sociaux va bouger. On en a un formidable aperçu en France actuellement avec l’opération HelloQuitX prévue pour ce lundi (à l’occasion de l’investiture de Trump) et où l’essentiel des partants sont des gens, des médias et des institutions qui soient revendiquent un ancrage à gauche soit condamnent les dérives d’extrême-droite de X et de son propriétaire. Du point de vue de Trump et de Musk, d’aussi loin en tout cas que l’on puisse le dessiner au travers de leurs postures et déclarations, cette segmentation se décline de deux manières : il faut pouvoir disposer de plateformes qui défendent idéologiquement leurs points de vue et leurs valeurs, et il faut aussi pouvoir installer ces points de vue et ces valeurs dans des réseaux et médias sociaux qui traversent tous les âges de nos sociabilités et donc de nos constructions politiques et idéologiques. TikTok est un média social qui touche un segment sociologique très jeune qu’absolument aucune autre plateforme n’est à ce jour en capacité de capter avec une telle régularité d’usage et une telle influence. C’est donc un formidable levier pour tenter d’y faire prévaloir certaines approches politiques auprès d’un public en pleine construction sociale et donc politique, l’occasion de déployer une stratégie de conditionnement politique et idéologique « de la maternelle à l’université » comme je l’évoquais dans un entretien avec la RTS.

Tik Tok … BOUM ?

A ce stade il n’y a plus de « bon » ou de « mauvais » scénario. Le plus probable est que TikTok continue d’exister aux USA, a minima le temps d’obtenir des garanties sur d’autres enjeux et aspects économiques et politiques liés aux réseaux et intérêts Trumpistes.

Dans un contexte très Français où l’opération HelloQuitX atteindra son apogée ce même Lundi 20 Janvier à l’occasion de l’investiture de Trump, cette histoire est également un rappel que par-delà le rôle des actions individuelles et la possibilité de les coordonner dans des formes de militantisme numérique, il n’est d’impuissance ou de renoncement politique à la régulation qui ne puisse être levé.

[Mise à jour du Dimanche 19 Janvier]
Nous y sommes.

 

Mais comme attendu, CNN signale ce même dimanche soir soir que « Trump annonce qu’il émettra un décret lundi pour retarder l’interdiction de TikTok – et propose que les États-Unis deviennent partiellement propriétaires de l’application.« 

09.01.2025 à 16:44

La performativité selon la tech : quand faire c’est se dédire.

Olivier Ertzscheid

Texte intégral (3636 mots)

« Qui réalise une action par le fait même de son énonciation. » Voilà la définition de ce que la théorie linguistique nomme « performativité ».

« Je vous déclare unis par les liens du mariage. » En voilà un exemple.

Ces derniers jours ont été occupés par un enchaînement de déclarations et de prises de position de Donald Trump et Elon Musk qui s’apparenteraient à une forme paroxystique de burlesque si le monde qu’elles inaugurent n’avaient pas tous les atours du tragique.

Dire pour défaire. Et faire pour se dédire.

Ces gens parlent, parlent beaucoup, parlent sans cesse, ils performent. Chacune de leur prise de parole en tant qu’acte de discours est à elle seule une performance. Et ces performances visent à la performativité par la répétition de l’excès, par l’ininterrompue succession de litanies qui doivent alternativement autant à la litote qu’à l’hyperbole. Qu’ils soient sous le feu des armes ou sous celui du ridicule, ils performent, sans cesse.

Leurs mots sont des mots mites qui bouffent le tissu social ; leurs phrases sont des phrases capricornes qui grignotent la charpente qui nous abrite et nous tient ensemble. Et tout en espérant dire pour faire, ils font constamment pour se dédire.

Mark Zuckerberg vient d’annoncer le mardi 7 Janvier 2025 un changement pour le moins radical dans la politique de modération de toutes les plateformes du groupe Méta (Facebook, Instagram et Threads).

Traduction : « je vais foutre un bordel vous avez même pas idée. Moi non plus d’ailleurs.« 

Dans une vidéo de 5 minutes postée (notamment) sur sa page Facebook il annonce :

  1. remplacer systèmes (et partenaires) de Fact-checking par des notes de communauté (community notes), « comme sur X »
  2. simplifier les « content policies » notamment sur le sujets de l’immigration et du genre (sic)
  3. une nouvelle approche pour les infractions qui consistera à être moins réactif (voir pas réactif du tout) sur les infractions « peu graves »  (infractions aux « content policies » restantes) et à se concentrer sur la surveillance et les sanctions pour des infractions « très graves » (« illegal and high severity violations« ). Il n’y aura plus de détection a priori des infractions, la plateforme attendra que de nombreux signalements se manifestent avant – hypothétiquement – de se décider à agir. Il explique aussi qu’ils vont « baisser la sensibilité » de leurs « filtres de modération » pour qu’ils … modèrent moins de contenus. Yolo. Il explique encore qu’il s’agit d’un « compromis » via lequel certes beaucoup plus de contenus problématiques risquent d’être visibles mais que beaucoup moins de contenus et comptes modérés abusivement ne le seront plus. Hahaha.
  4. rétablir le contenu civique (« bringing back civic content« ) : par « civique » il faut en fait entendre et comprendre « politique » car Zuckerberg explique qu’ils ont compris (sic) que les gens voulaient aujourd’hui voir davantage de contenus politiques, des contenus dont Méta avait initialement baissé la visibilité et qu’ils vont donc massivement remettre à la une dans Facebook, Instagram et Threads. Ça va être l’ambiance d’une boucherie chevaline un jour de course hippique.
  5. leurs équipes de modérateurs basées (pour les USA) en Californie (état démocrate et globalement progressiste) vont déménager … au Texas (état qui se rapproche dangereusement du niveau de sociabilité et d’émancipation ressenti au moyen-âge). OK Cow-Boy.

Et d’ajouter qu’il allait bosser avec le Président Trump (son nouveau meilleur ami) pour (accrochez-vous) « protéger la liberté d’expression à l’échelle du monde. » Voilà voilà voilà.

Et cerise sur le gâteau, il dit également que les USA ont « les plus fortes garanties constitutionnelles pour protéger la liberté d’expression » là où l’Europe « produit toujours de nouvelles lois qui institutionnalisent la censure et rendent l’innovation impossible. » Terminant sa prise de parole par un tacle appuyé au gouvernement Biden avec qui il dit n’avoir pas pu travailler et qui n’aurait fait qu’augmenter la censure (comprendre : tenté de pousser quelques maigres et totalement infructueuses tentatives de régulation).

Ce revirement éclaire aussi l’influence de Joel Kaplan, qui avait intégré Facebook en 2011 en provenance de la frange la plus conservatrice de l’administration Bush, et qui vient de prendre du galon avec une récente promotion qui fait de lui le « Chief Policy » et le « Chief of Global Affairs » du groupe Meta et fait le lien entre Zuckerberg et l’administration Trump. Joel Kaplan, que la presse qualifie souvent de « Trumpian bulldog » et de « conservative champion » pique ainsi la place de Nick Clegg (qui avait intégré le groupe Méta juste après avoir été l’un des hommes politiques britannique à l’origine du funeste Brexit).

Facebook en Facepalm. Zuckerberg fait carpette.

Pour quelqu’un qui, comme c’est mon cas, suit depuis plus de 25 ans (putain c’est long) l’évolution des outils et plateformes numériques, cette déclaration de 5 minutes m’a fait l’effet d’un Zuckerberg passé en une soirée à Mar-A-Lago du mode Cyborg au mode Yolo et en train de foutre un énorme coup de pied dans le pourtant très fragile château de carte qu’il avait fini par bâtir sous la contrainte à force d’errer de scandales en procès et de faire absolument n’importe quoi sur ces plateformes dans l’ombre de régulations qui n’existaient qu’à peine.

Car oui depuis le début de son histoire et de sa bascule du « réseau social » au « média social » circa 2006 avec l’invention et l’imposition du NewsFeed (cf citation ci-dessous), Facebook et Zuckerberg ont pour l’essentiel toujours fait à peu près n’importe quoi et surtout exactement ce qu’il ne fallait pas faire pour produire un environnement discursif aussi massif un peu fréquentable et supportable.

« Le news feed marque le passage de l’Internet de la visite à celui de la notification. On ne « visite » plus la page de ses amis, elle s’impose à nous, son contenu nous est notifié. Le web passe alors du modèle de la bibliothèque universelle — celui de Google et Wikipedia — à un nouveau modèle, celui du flux, qui va la faire se rapprocher de plus en plus de la télévision. Le web devient un média aussi actif que passif. » Vincent Glad.

 

A tel point qu’à force d’évidences il avait lui-même fini par reconnaître (en 2017) qu’il avait principalement fait de la merde (notamment sur les sujets de modération et de mise en avant de discours polarisants, clivants, délétères). Sa déclaration d’hier est un virage à 180 degrés par rapport à l’ensemble de ses déclarations programmatiques et repentantes de 2017.

Mais il est vrai que depuis 2017 il y a eu … Trump, et puis l’invasion du Capitole, et puis la déplateformisation de Trump, et la guerre ouverte entre lui et Zuckerberg jusqu’à encore récemment avec la promesse (de Trump) de le mettre (Zuckerberg) en prison. Et puis le retour aussi tonitruant qu’improbable de Trump. Et l’évolution morpho-communicationnelle de Zuckerberg, et puis donc les gages qu’il donne aujourd’hui avec la force de conviction d’un tapis de bain de chez Wish et la sincérité d’une commode Louis XV en placoplâtre.

Alors oui bien sûr Zuckerberg a changé. Zuck le cyborg est devenu Zuck le cool. Aujourd’hui il a des muscles, des bouclettes, une tocante à un million d’euros au poignet, des ceintures du Jui-Jitsu, et la dignité d’Eric Ciotti. Chemise (presque) ouverte, chaîne en or qui brille.

Zuckerberg version 1.

Zuckerberg version 2.

Les 5 minutes de la vidéo de Zuckerberg peuvent être résumées à une seule formule prononcée en Septembre 2024 par Musk lors d’une interview : « Moderation is a propaganda word for censorship. » Je répète :

« Moderation is a propaganda word for censorship. » 

Tout est là. Toute la doctrine US autour de le liberté d’expression version Trump et Musk réside dans cette seule formule. Et même si le DSA (Digital Service Act) semble pour l’instant nous en protéger en Europe, cette protection demeure très théorique car elle n’est rien sans la volonté politique de l’appliquer. Et à regarder ce qui s’est passé autour du départ de Thierry Breton, autour des atermoiements et silences coupables d’Ursula von ver Layen, autour des confluences géopolitiques qui entourent toute forme de décision à l’encontre des plateformes technologiques qui sont tout sauf « seulement numériques » et de leurs propriétaires et garants, on peut hélas plus que raisonnablement douter que cette volonté politique s’affirme. Mais à tout le moins nous disposons d’un cadre réglementaire et de sanctions dont on saura questionner l’absence totale de mise en oeuvre si elle se confirme.

Sur la question par exemple de l’efficacité des « notes de communauté » en termes de modération, la commission européenne avait ouvert il y plus d’un an une procédure visant à analyser  « l’efficacité des mesures prises pour lutter contre la manipulation de l’information sur la plateforme, notamment l’efficacité du système dit des «notes de la communauté» de X dans l’UE et l’efficacité des politiques connexes visant à atténuer les risques pour le discours civique et les processus électoraux. »

Du côté de la littérature scientifique sur le sujet (que l’on ignore trop souvent alors que bon bah on a quand même des gens brillants dont c’est le métier et qui font le taff …) il n’y a guère de doute sur le fait qu’au mieux (et vraiment au mieux), les notes de communauté peuvent intervenir en complément de processus classiques et journalistiques de modération. Cette même littérature souligne par ailleurs que les notes de communauté ne s’attaquent pas nécessairement aux mêmes contenus que les processus de fact-checking et de modération professionnels et qu’elles se manifestent souvent trop tard même si, auprès des usagers des plateformes, le taux de confiance accordé à ces notes de communauté est souvent assez élevé à partir du moment où les informations contextuelles apportées sont jugées suffisantes (car à la différence des sites de fact-checking à qui ils font globalement confiance, les usagers sont très méfiants sur les énonciateurs desdites notes de communauté).

Parmi tant d’autres on pourra notamment se référer à l’article de Chuai Yuwei (et al.) qui indique :

« Rather, our findings suggest that Community Notes might be too slow to effectively reduce engagement with misinformation in the early (and most viral) stage of diffusion. Our work emphasizes the importance of evaluating fact-checking interventions in the field and offers important implications to enhance crowdsourced fact-checking strategies on social media. »
Chuai, Yuwei, et al. : « Did the Roll-Out of Community Notes Reduce Engagement With Misinformation on X/Twitter? » Proceedings of the ACM on Human-Computer Interaction, vol. 8, no CSCW2, novembre 2024, p. 1‑52. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1145/3686967.

 

Derrière ces notes de communauté se retrouve un très vieux débat à l’échelle du web (et au-delà) en lien avec la supposée « sagesse des foules », qu’un ouvrage de James Surowiecki (« Wisdom Of Crowds« ) avait mis sur le devant de la scène numérique en 2004 c’est à dire en plein apogée du web 2.0 et à la naissance de Facebook. Les thuriféraires actuels de l’approche par les « notes de communauté » s’y réfèrent d’ailleurs souvent mais oublient que pour que cette « sagesse de foules » puisse effectivement s’appliquer (y compris pour sur des questions de modération) elle nécessite un certain nombre de préalables que Surowiecki résumait ainsi :

  1. « Collectivement les gens en savent plus que ce que les gens en haut croient.
  2. Un groupe avec un QI moyen plus faible sera meilleur pour résoudre un problème qu’un groupe de gens avec un profil homogènes et un QI moyen plus élevé, grâce à leur diversité (origine, expérience, âge, formation…).
  3. Avec un groupe homogène, plus les membres parlent, plus il devient stupide.
  4. Il faut encourager les désaccords et les opinions dissonantes.
  5. Les leaders doivent diminuer lors propre influence dans un processus de résolution de problèmes et éviter de s’entourer de gens qui pensent comme eux,
  6. La diversité est la clé d’une foule intelligente, la diversité à deux niveaux tout particulièrement :
    • Perspective (la façon de percevoir un problème)
    • Heuristique (la façon de régler un problème)
  7. Les groupes sont plus intelligents quand les gens agissent individuellement. »

Et l’on voit bien que l’architecture technique des plateformes, leurs grandes mécaniques de viralité algorithmique, mais aussi leurs sociologies propres, rendent plusieurs de ces conditions largement inopérantes (notamment sur le point 3, 4, 5 et 7).

Au commencement était le verbe la réverb.

Mais si vous savez, comme disent les musiciens, la réverbération, ce phénomène acoustique de sons que l’on continue d’entendre y compris lorsque la source a cessé d’émettre. Les discours, déclarations, prises de positions de Trump (sur le Canada, l’Alaska et le reste), de Musk (sur le gouvernement du Royaume-Uni ou l’extrême-droite allemande pour ne citer que ses dernières sorties de route), et maintenant ces déclarations de Zuckerberg, tout cela produit une cacophonie étrange, tonitruante jusqu’à l’improbable, jusqu’au doute du possible, jusqu’à la question de la limite qu’il est possible de poser à ces discours ; discours délirants qu’ils ancrent à toute force dans un spectre de rationalité qui ne tient qu’à la puissance de résonance et de propagation de leur parole, au moyen d’outils et de plateformes qu’ils administrent à leur seul et entier bénéfice.

Partir un jour ?

Alors que le mouvement « HelloQuitX » appelant à quitter la plateforme de Musk à date du 20 Janvier (prise de pouvoir de Trump) prend de l’ampleur dans certaines sphères médiatiques, le virage de Zuckerberg annonce a minima des jours sombres pour les plateformes Facebook, Instagram et Threads. J’avoue ne même plus savoir s’il faut les quitter tant j’ai déjà l’impression de ne plus les fréquenter que de manière spectrale (et pour le reste je vous renvoie à mon article « comment quitter une forêt lorsque l’on est un arbre« ).

Une phrase m’accompagne depuis longtemps dans mes pérégrinations et analyses numériques : « La valeur d’un réseau social n’est pas seulement définie par ceux qui sont dedans mais par ceux qui en sont exclus. » Paul Saffo. Dans ces nouvelles imprécations numériques délirantes où là encore Trump, Musk et tant d’autres mais ces deux là au commencement, parlent au mieux de détruire Wikipédia et au pire de stigmatiser des populations entières en raison de leurs orientations sexuelles, politiques ou religieuses, l’ouverture des vannes décrétée par Zuckerberg va produire des effets délétères à une échelle jamais encore atteinte. De manière très concrète et comme le rappelle par exemple Wired, « Meta autorise désormais les utilisateurs à accuser les personnes transgenres ou homosexuelles d’être atteintes de troubles mentaux. » Alors que la même semaine (le 7 Janvier) Instagram reconnaissait avoir invisibilité « par erreur » des contenus LGBTQ+ … Concrètement, les nouveaux « standards de communauté » de Meta stipulent par exemple et parmi d’autres monstruosités :

« Nous autorisons les allégations de maladie mentale ou d’anormalité lorsqu’elles sont fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle. »

 

On peut désormais écrire librement les choses suivantes parmi tant d’autres :

  • « Les immigrés sont des saloperies de merde »
  • « Les personnes transgenres sont des malades mentaux »
  • « Les gays sont des monstres »

Quand dire c’est détruire.

Asma Mhalla expliquait récemment au micro de France Inter que « Trump a le pouvoir, Musk a la puissance. » Et Zuckerberg de quoi dispose-t-il ? Zuckerberg est un patron d’industrie chimiquement pur à l’échelle du numérique, là où Trump et Musk sont venus au numérique au croisement de premiers intérêts politiques, affairistes et industriels. En se concentrant uniquement sur la surface numérique de ces 3 « power users » toxiques, on note que Trump possède un réseau « Truth Social » qui représente péniblement 5 millions de comptes actifs (essentiellement d’extrême-droite). Twitter devenu X c’est autour de 350 à 400 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Et puis il y a Zuckerberg. Zuckerberg avec Facebook : 3 milliards d’utilisateurs actifs mensuels. Zuckerberg avec Instagram : 2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels. Zuckerberg avec Whatsapp : 2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels. Avec des recouvrements, bien sûr, mais même si les 3 ne s’additionnent pas littéralement et dans une humanité de 8 milliards d’individus dont seulement 5,3 milliards ont un accès à Internet, il dispose d’un média d’entrée direct et quasi quotidien avec les 3/4 de cette humanité connectée.

Trump est une mèche. Musk une étincelle. Zuckerberg un baril de poudre. Tic tac tic tac tic tac. Il sera difficile d’éviter le Boum.

Je laisse le dernier mot à danah boyd : « Fuck You Facebook« .

 

08.01.2025 à 23:05

Le dessous des images : Grok et l’IA (en roue libre)

Olivier Ertzscheid

Lire la suite (344 mots)

[Autopromo]

J’ai la chance de figurer dans l’un des derniers numéros de la série « Le dessous des images », sur Arte, présenté par Sonia Devillers.

J’y parle (pas tout seul) des enjeux derrière « Grok », l’IA développée par Elon Musk à son image.

Un très grand merci à Jean-Marie Pottier pour l’échange et la discussion qui a donné lieu à ce sujet.

 

Et si ces 10 courtes mais passionnantes minutes ont éveillé votre intérêt, je vous rappelle que ce que j’y raconte est développé dans un merveilleux livre sur les IA génératives (autres que Grok) publié en Juin 2024 chez C&F Editions : « Les IA à l’assaut du cyberespace. Vers un web synthétique », un livre toujours en vente libre sur le site de l’éditeur et en commande dans toutes les bonnes librairies indépendantes 🙂

19.12.2024 à 12:12

Cherchez la culture

Olivier Ertzscheid

Texte intégral (526 mots)

Cherchez la musique, et vous trouverez la poésie. Elle est derrière.
Cherchez la littérature, et vous trouverez la scène. Elle est devant.
Cherchez la culture et vous trouverez des arts vivants. Ils sont en elle.
Cherchez des spectacles et vous trouverez des gens.
Assis, debout, vivants. Des grands et des petits. Adultes et enfants.
Cherchez le monde, la jeunesse, le lien, le tissu et le sel de ce qui fait société, et vous trouverez la culture.
Cherchez Michaux, cherchez Artaud, cherchez Gracq, cherchez philippe, zaho, et dominique et tous les autres et vous trouverez le monde.
Cherchez des récits de vos vies, et ils sont là. Devant vous. En musique et sur scène et en mots.
Cherchez dans vos souvenirs des échos de ces mots, de ces musiques, de ces images d’autres que vous et qui pourtant vous ont appartenu, et qui pourtant vous ont construit. Ils en sont pleins et vous font encore plus vivants et vivantes que sans eux.
Cherchez dans vos bibliothèques, sur vos étagères, dans vos chambres, dans vos salons comme dans vos voitures. Elle est là. Encore. La culture.
Cherchez dans vos applis et dans vos quotidiens. Elle est là. Toujours. La culture.
Cherchez aussi l’ouvrière, la salariée, la régisseuse, le technicien, l’intermittent, le projectionniste. Et vous trouverez vos pères, vos mères, vos enfants, vos amies, vos collègues. Ils sont toutes celles et ceux-là.
Cherchez comment faire face au monde, aux crises, aux douleurs, aux peines, aux transitions, aux joies, aux questionnements, aux enthousiasmes, au quotidien, au présent, au passé, au futur et vous la trouverez encore. La culture.
Et maintenant allez chercher ailleurs.
Parce qu’en Pays de La Loire, ce jeudi 19 Décembre 2024, Christelle Morançais va faire voter 73% de coupes budgétaires sèches dans la culture pour la région. Cherchez Desproges et « La culture c’est comme la confiture, moins on en a plus on l’étale. »
Cherchez votre souffle. Cherchez des braises. Soufflez dessus. Votre colère. Vos lendemains. Essayez l’ignorance. Et puis revenez.
Cherchez, cherchez sans cesse et sans relâche, cherchez avec vos mots, avec vos votes, avec vos autres.
N’arrêtez jamais. Le culte et l’inculte sont les choix de Christelle Morançais, ils ne sont pas les vôtres.
Cherchez l’évasion, l’émancipation, l’horizon. Cherchez la tête droite et haute et fière. Cherchez le monde et trouvez-vous, autres.

 

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