11.07.2024 à 09:27
Tahiti fait du zèle
Un odieux connard
En 1914, dans les îles, on se dit que la guerre, c’est loin.
Qui, en Polynésie française par exemple, pourrait s’imaginer les Allemands débarquer ? C’est pourtant ce qui va se passer. Avec deux sites qui vont s’illustrer, mais pas pour les mêmes raisons : Bora-Bora et Tahiti. Je n’en dis pas plus : bon visionnage.
26.06.2024 à 09:33
Quinze années au compteur
Un odieux connard
Texte intégral (994 mots)
Ce 26 juin, ce blog fête ses 15 ans.
Sachant que les blogs, c’est déjà un truc de vieux, celui-ci est donc officiellement un Grand Ancien, et son nom est probablement écrit en lettres de sang dans des ouvrages au cuir suspect. De toute manière, mieux vaut ne mentionner la bête que lors de messes noires, puisque si vous dites « blog » de nos jours devant un jeune, lui et ses boutons seront pris de joyeuses secousses, avant de vous tancer d’un « Wallah, « blog », ça existe même pas comme mot ». Vous pourrez donc partagez son hilarité, lui taper dans le dos, puis profiter de cette position avantageuse pour le pousser par-dessus la rambarde du pont où vous dissertiez gaiement.
Cela étant dit, et comme le veut la tradition, faisons le point.
![On voit bien que ce n'est pas ma vraie cave, puisqu'on n'y aperçoit aucune cage à stagiaires.](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/06/52e31bc2-2615-41bc-a04e-9816163edb27.jpeg)
En 2024, les IA permettent de faire des photos de gâteaux entourés de pelles au fond de caves. Quel futur merveilleux que voilà.
Le blog approche doucement des 600 articles et 60 vidéos avec la chaîne, et continue d’être alimenté toutes les deux semaines. D’ailleurs, c’est pas tout ça, mais j’en connais un qui a une vidéo à faire, dites donc. À côté de cela, la production sur papier continue d’envahir vos libraires (qui n’en demandaient pas tant), puisqu’on peut y retrouver 4 tomes du Petit Théâtre des Opérations, deux hors-série (Toujours Prêtes et Les Guerres napoléoniennes), une bédé sur les anecdotes débiles du sport avec Plus Vite, plus haut, plus sport, qui n’a rien à voir avec du marketing honteux en 2024 (ce n’est pas mon genre, vous savez), un gros roman bien dense et moins rigolo Un Jour, nous avons été vivants, et d’autres trucs et bidules que je vous passe parce qu’on est là pour faire le point, et pas un catalogue publicitaire, sacrebleu.
En comme je sais que vous n’êtes là que pour ça, passons aux plus belles recherches qui ont mené à ce moyennement humble site cette année.
C’est un problème commun. En début d’année, la salle de classe d’un enseignant est propre. Et puis soudain, on la retrouve qui déborde de trucs dégueulasses : on appelle cela des « collégiens ». Si vous ignorez comment vous en débarrasser, n’oubliez pas les sages conseils de votre inspecteur d’académie : « Un élève, on ne peut pas le virer, par contre on peut le faire passer en classe supérieure. » Quelle sagesse.
quel sont les arguments les impressionants pour seduire une fille
Si tu dois les chercher jeune gourgandin, c’est qu’ils ne sont pas assez impressionnants.
Mon passage préféré, c’est quand il ouvre la mère en deux.
arrête de déconnecter la télécommande vocale regarde les conditions de connard
Dit-il à sa télécommande vocale qui l’envoya sur ce site web.
Parce que s’ils étaient déjà riches, ils n’auraient pas besoin de monter une secte.
Google autorise donc les pléonasmes.
Bref.
En attendant, et pour rappel pour suivre ce blog une année de plus : la page Facebook est ICI, le compte Twitter, LÀ, la FAQ qui vous fera gagner du temps, est PAR ICI, quant à vos communications diverses, questions particulières et autres, c’est toujours PAR LÀ. Enfin, la chaîne Youtube est ici : Le Petit théâtre des opérations.
Enfin, et comme toujours, la tradition sera respectée : je descendrai donc dans l’arène des commentaires pour tenter de répondre à tout le monde. Je prépare mon glaive et mes plus belles sandalettes.
Voilà. En attendant, c’est reparti pour une nouvelle année dans un monde qui va de mieux en mieux. Formidable.
14.06.2024 à 20:16
Sous la Seine, ça sent un peu
Un odieux connard
Texte intégral (9854 mots)
Les films de requins.
Si un jour, on m’avait annoncé que cela deviendrait un genre en soi, je ne l’aurais cru. Pourtant, depuis l’infâme Sharknado, les films où il est questions d’ailerons, de grosses dents et de petits bikinis se sont terriblement multipliés. Et sitôt que la question des films de requins arrive sur la table, Sharknado est bien plus souvent cité que Les Dents de la Mer, de préférence, entre deux gloussements.
– Patron, c’est du mépris que j’entends dans votre voix ?
– Pourquoi, il y a des jours où elle en manque, Diego ?
– Non, mais… vous en parlez comme si vous aviez une science de… des films de requins ?
Non.
Je n’en ai pas besoin, car je peux vous citer, là, au débotté, l’un des films ultimes du genre. Celui où les auteurs se sont dit « Crotte de bique, on a eu le requin géant, mutant, terrestre, volant via sa tornade… qu’est-ce qu’on pourrait faire ? ». Et c’est là qu’est arrivé Atomic Shark. Un film où le requin… est en feu. En permanence. Même sous l’eau. Alors la prochaine fois qu’on essaiera de vous épater avec Sharknado, posez un DVD d’Atomic Shark sur la table, et ça rappellera qui est le patron.
Cependant, aujourd’hui, nenni de requin radioactif. Non, figurez-vous que Netflix vient de s’essayer au genre, et ce… via du film français. Alors, le requin va-t-il être en pleine crise de la quarantaine ? Combattra-t-il des promoteurs immobiliers avant de se réconcilier avec son père ? Ou bien est-ce que ce sera juste, je ne sais pas moi, un requin ? Non. Nooooooon.
Allez : spoilons, mes bons !
Notre film commence sur le continent de plastique, alors que des scientifiques l’observent.
– Mon dieu… c’est immonde. Comment a-t-on pu laisser autant de vieux emballages traîner au même endroit ?
– Nous ne sommes pas encore partis, Roger. Nous sommes Gare du Nord.
– Ah, pardon.
Reprenons : notre film commence peu après cette scène, en plein Pacifique Nord, alors qu’une équipe de scientifiques et son gros bateau approchent du continent de plastique, cette immense accumulation de déchets au milieu de l’océan. Que viennent-ils faire là ? Eh bien, ma foi, étudier la faune locale et comment elle s’adapte à tout cela. Parvient-elle à éviter les déchets ? Se met-elle à digérer le plastique ? Ou bien s’en sert-elle pour le recycler dans des conditions dégueulasses, le revendre avec un bénéfice, et faire du continent de plastique la prochaine Chine ?
Que de questions auxquelles nos scientifiques veulent des réponses.
Mais alors que le navire vogue entre divers déchets allant du vieux paquet de lessive à la décence basique d’un homme politique français, une jeune femme bondit sur le pont et se dirige vers la responsable du navire.
– Sophia ! Patronne, on a capté un signal ! Le signal d’une balise que l’on avait posée sur un requin il y a des mois !
– Super, on va pouvoir le trouver et découvrir comment il a évolué entre temps !
Car oui, l’évolution, ça se fait en seulement quelques semaines, les scientifiques le savent. Regardez, c’est vrai : en France, les extrêmes, c’était très méchant, mais en l’espace d’un weekend, ils sont devenus les meilleurs amis de tout le monde. Vous voyez bien que l’évolution ça va vite !
– Okay les petits amis, dirigez-vous vers le signal.
– Bien !
– Et dites à l’équipe de plongeurs de se préparer !
– Okay : Jean-Jacques ! Jean-Jacques ! Et bien sûr, Jean-Jacques ! Attrapez vos bouteilles, vous allez plonger !
– C’est marrant qu’on s’appelle tous pareil.
– Oui hein ?
Nous sommes dans un film de requins : vous pensez bien que la première équipe de plongeurs a peu de chances d’en revenir avec de bons souvenirs et un film à poster sur TikTok. Mais à noter que parmi les plongeurs se trouve Monchéri, le mari de Sophia.
– Surtout, fais bien attention en plongeant Monchéri !
– T’inquiète, ça fait des années que je fais ça.
– Oui, mais ne va pas t’étrangler avec du plastique !
Elle le prévient car on le sent bien : le type est con comme une mouette.
Toute cette fine équipe est mise à l’eau, plonge sous les déchets plastiques, et fait des découvertes étonnantes. Comme par exemple, un cachalot mort avec d’énormes marques de morsure sur les flancs. Alors qu’ils se demandent ce qui peut bien faire des suçons pareils, les larrons sont avertis sur leur radio que la balise GPS du requin qu’ils sont venus étudier s’approche.
Et apparait d’abord une meute de squales… suivie par une énorme maman requin de cinq mètres de long !
– Mon dieu, je n’ai jamais vu un requin aussi énorme !
– Monchéri, c’est un peu grossophobe, là quand même.
– Nan mais t’as vu la taille du machin ? Et la gueule ?
– C’est pas très « body positive », ça, Monchéri. On ne dit pas « T’as vu la gueule du machin ? » ou « Il est énorme ! » mais « Il a toutes ses chances à l’Eurovision », d’accord ?
– Certes, mais en attendant, j’aime pas trop ça : allez, on remonte.
Mais Sophia refuse : elle veut comprendre comment ce requin femelle a pu grossir autant en seulement quelques mois.
– Alors Monchéri, tu prends ta pique à échantillon, et tu lui enfonces dans le roudoudou.
– Ah ben oui, tiens, je vais aller chatouiller les polypes d’un requin géant ! Si tu veux vraiment savoir comment un être vivant peut grossir aussi vite, tu sais, toi et moi, on pourrait aller chez KFC et…
– AU BOULOT MONCHÉRI !
– Rooooh, pfouuu, hé !
Monchéri, tout en grommelant et en tenant des propos un peu rugueux sur belle-maman, s’approche du monstrueux requin et lui enfonce sa pique à échantillons dans la couenne. Un geste qui n’est que moyennement apprécié par la bête, qui décide de manger toute l’équipe de plongeurs en retour. Le requin est comme ça : soupe au lait.
![Les plongeurs le savent, jamais on ne saute à l'eau avant d'avoir au moins un prénom.](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/06/moncheri-ouille.jpg)
Ici, Jean-Jacques au moment où il réalise avec étonnement qu’il ne va pas dépasser la scène d’intro.
À noter qu’élément important, lorsque le requin approche ou s’énerve, les caméras ont tendance à se brouiller, les écrans du coin à sauter, les signaux à merder… et cela arrivera tout le film. Mais personne ne le mentionnera JAMAIS. Alors que même sans parler de requin géant, si à chaque fois que mon pote Dudule approche, l’écran de mon téléphone se met à danser la samba, je ne sais pas… au moins, je le mentionne. Ou je m’étonne.
Mais pas nos scientifiques, car les anomalies ou les phénomènes mystérieux, ça n’intéresse pas la science, c’est bien connu.
En attendant, notre gros requin a fini sa fringale et dispersé des bouts de plongeurs un peu partout. Sophia, qui a compris ce qu’il se passait malgré les petits problèmes de transmission sur les écrans (les morceaux de plongeurs qui flottent l’aident à comprendre), annonce à sa pote en charge du sonar :
– Je dois y aller !
– Mais enfin Sophia, c’est un requin géant ! Qu’est-ce que tu vas faire ? Le menacer avec un hashtag ?
– Tu as raison, foncer est parfaitement inutile… je vais donc aller jusqu’au bout du concept : je vais filer au secours de mes amis EN APNÉE !
Voilà voilà. C’est donc peu ou prou en slip et armée du plus petit harpon qu’elle a pu trouver que Sophia saute au milieu d’emballages de Granola et plonge pour aller aider son mari.
Qui est déjà un peu mort, certes, mais si vous vous arrêtez à des détails aussi, hein, bon. En tout cas, la bougresse affronte le requin, s’avère complètement inutile, impressionne le public grâce à sa capacité à rester sous l’eau en apnée durant des plombes tout en s’agitant joyeusement, mais sachez qu’à la fin, elle se fait tout de même avoir. En effet, son pied se retrouve pris dans un filet qui trainait, et au bout duquel le gros requin se trouvait au moment où il plongeait vers les fonds marins. Sophia est donc emportée à toute allure vers les abysses, hurle en faisant « bloubloublou ! », voit ses tympans exploser et…
Ah ben non, elle se libère, remonte à la surface sans problème, et en fait ouf, ça va.
Alors, pour les mutations bizarres, je veux bien qu’on parle de Jojo le requin géant, mais Sophia ? Je crois que nous sommes un cran au-dessus.
Passons, et bondissons dans le temps pour nous rendre à Paris, trois ans plus tard.
Sophia – dont les oreilles vont très bien, merci – est désormais guide à l’Aquarium de Paris. Elle se retrouve donc à causer devant des classes de jeunes trous du cul, qui gloussent lorsqu’ils découvrent sur leur portable que « Eh m’dame, c’est vrai que toute votre équipe a été tuée par des requins ? »
Les scénaristes, comme tous les scénaristes, n’ont jamais dû voir un jeune de près. En effet, ici, rien ne va. Car comme chacun sait, lorsqu’il consulte son portable au lieu d’écouter la conférencière:
- Le jeune ne s’amuse pas à taper le nom de ladite conférencière sur internet, puisqu’il s’en branle joyeusement (une activité qu’il pratique régulièrement)
- S’il ne s’en branlait pas, il ne serait par définition pas sur son portable
- Le jeune de 13 ans, lorsqu’on lui parle de requins ayant tué plein de gens, il fait plus « Wouah M’dame c’est vrai ? Wallah ! » que « Hihihihi lol ! »
Non pas qu’il ait de la compassion, hein. C’est juste que ça l’excite un peu ces histoires, et que l’excitation occupe une grande partie de ses journées.
Sophia, un peu énervée qu’on la ramène à ces événements quelque peu traumatisants, n’est pas spécialement enthousiaste à l’idée de papoter avec ces jeunes gens, et sitôt la visite terminée, elle prend ses cliques, ses claques, et s’en va prestement. C’est alors qu’elle est interceptée par Jeannine, une militante à cheveux bleus.
![À noter qu'à tout instant, on s'attend à ce qu'elle nous parle de ses pronoms.](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/06/b87634295176eccb1d9031419b96b17c.webp)
Jeannine aime tellement les océans qu’elle a coloré ses cheveux en leur honneur. Et elle aime tellement leurs habitants qu’elle a adopté le charisme des moules.
– Sophia ! Je peux te parler ?
– Alors et d’une, tu me tutoies pas. Et de deux, j’ai pas besoin de te parler : tu as les cheveux bleus, je connais donc déjà ton opinion sur 99% des sujets que nous pourrions aborder.
– Ouah, euh, hé, l’aut’ ! Vieille conservatrice, va !
– Maintenant, Vade Retro ! Vois cette carte d’abonnée au Figaro ! Recule !
– KSSS ! KSSS ! KSS… que ? Attends, non mais Sophia, je suis venue te parler d’autre chose. Je suis Jeannine, de l’association Savrossisze.
– Quoi ?
– Saviorsize.
– Hein ?
– SAUVEURS DES MERS EN ANGLAIS !
– Haaan… Saviors Of Seas ?
– Voilà, c’est ce que j’ai dit ! Ça donne : S-O-S ! T’as vu ? Malin hein ?
– …
– Savor… savrrrsize… oui, bon, je n’arrive pas à le prononcer et je n’y arriverai pas une seule fois du film, d’accord, je sais ! On peut enchaîner ? Bref : j’ai quelque chose à te montrer, ça va t’intéresser.
Sophia soupire, grogne, voire pète un peu pour exprimer son envie de relâchement autant qu’elle le peut, mais accepte de suivre Jeannine. Qui l’emmène dans un gigantesque hôtel particulier entièrement vide, avec ses escaliers marbrés, ses couloirs sans fin & co, le tout un peu délabré… mais finalement, les deux femmes atteignent une pièce entièrement rénovée pleine d’écrans géants et d’ordinateurs où des dizaines de militants s’activent ou se prélassent au milieu d’une décoration coolos.
– Jeannine ?
– Oui Sophia ?
– Tu es de gauche non ?
– Ah ben oui, écolo de droite, ça reste un concept.
– Tu peux m’expliquer comment la thune de ton association sert à financer une espèce de base secrète pleine de gadgets coolos au lieu de servir à CONCRETEMENT aider les océans ?
– Nan mais c’est utile tout ça.
– Hmmm. Tu es sûre que tes militants ont besoin d’un écran géant de la taille d’un mur qui diffuse en boucle des images de requins ?
– Euh ça, euh… ça les motive ?
– Et le sponsor là ? Tu crois que j’ai pas vu que ta copine sur son ordinateur était assise dans un fauteuil gaming de marque à 700€ ? Tu me la refais, la lutte contre le grand capital ?
– Han, relou ! Dans deux minutes, tu vas me faire le coup du « Han, t’es anticapitaliste et t’as un Iphone ! »
– Oui, et toi, tu vas me faire le vieux sophisme où tu fais semblant de ne pas comprendre la question et tu réponds que « bien sûr que j’ai un smartphone, je vis dans le monde moderne » en ignorant qu’on désignait la marque, pas l’appareil. C’est quoi ensuite ? Tu débarques intégralement habillée en Dior, mais si je le souligne, tu me dis « Faut bien que je m’habille » ?
Bon, d’accord, ce dialogue n’existe pas. Sophia ne fait aucun commentaire sur la base secrète géante des militants coolos ou sur les marques mises en évidence, et Jeannine se contente de guider son invitée jusqu’à une informaticienne en train de malmener son clavier rétro-éclairé (car l’environnement, c’est important, mais si son clavier ne ressemble pas à Tokyo de nuit, ça va pas être possible).
– Sophia, je te présente Ben.ne, notre informaticienne.
– Ouais, salut meuf. Vous me laissez deux minutes ? Je suis en train de hacker la balise de gentils requins pour les déconnecter du système, car des chalutiers s’en servent pour les traquer et les pêcher.
– Encore un coup des Japonais !
– Ouah, euh, c’est raciste !
– Les Japonais sont asiatiques, Ben.ne.
– Han ouais c’est vrai, alors on s’en fout. Bon enfin voilà, j’ai plié ce que je faisais donc ouais, Sophia, Jeannine et moi on voulait te montrer un truc. La balise de ton requin, celui qui a tué ton équipe…
– Jojo ? Enfin Jojoe, puisque c’est une femelle ?
– Wesh, ben figure-toi qu’on l’a traquée. Et qu’elle a traversé le mooooooooooooooonde… pour venir s’installer dans la Seine.
![Et il est sport, il a même évité le canal de Suez parce qu'il n'avait pas les papiers !](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/06/map.jpg)
Non, vraiment : voyez le parcours tel qu’affiché dans le film, avec un requin qui a quand même peu ou prou fait le tour du monde depuis le Pacifique nord.
Alors, à cet instant lecteur, je vous sens perplexes. Vous vous dites « Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que ce requin a traversé le monde entier pour se rendre spécifiquement à Paris ? » et vous avez envie d’en savoir plus. Je vous en prie, asseyez-vous, car j’ai ici une enveloppe contenant la réponse des scénaristes à ce mystère. Est-ce que le requin a traqué Sophie jusqu’à Paris après avoir goûté son sang lorsque ses tympans ont explosé trois ans plus tôt ? La bête vient-elle finir le boulot ? Ou bien est-ce qu’un appel mystérieux provenant des tréfonds de la capitale a poussé le requin a s’aventurer jusque là ?
Allez, j’ouvre l’enveloppe et… ooooh !
Ça alors !
Eh bien merci. Bon, j’exagère un peu puisqu’à un moment, un personnage explique que peut-être que le requin a probablement été attiré par « l’écosystème ». Mais 1) les requins du Pacifique ont généralement une connaissance assez relative de l’écosystème parisien (leur éducation est lamentable, certains n’auraient même pas le bac !), et 2) nous vendre l’écosystème attractif de la Seine, même pour un requin élevé au plastique, c’est couillu.
Mais bref : personne ne posera finalement vraiment la question de ce qu’il fout là. Sophia se contente de dire que ce n’est pas possible, et Jeannine et Ben.ne d’insister : si, si, Jojoe est bien là !
– D’ailleurs, l’autre soir au Pont Marie, une voiture est tombée dans la Seine.
– C’est donc ça, un bain Marie ?
– Concentre-toi Sophia ! Ce qui est fou… c’est que le conducteur a disparu. Or, on a capté le signal de Jojoe à proximité peu avant. On compte donc plonger dans la Seine ce soir pour aller étudier ça.
– Alors, ce sera sans moi, parce que plonger dans la Seine, même les gars de Tchernobyl ont dit non.
Sophia rentre chez elle, et sur place, décide de faire des trucs intelligents, comme se repasser les extraits vidéos pris par les caméras de son équipe lorsqu’elle a été massacrée trois ans plus tôt. Extraits qui ne sont plus forcément brouillés : visiblement, le temps a amélioré la qualité des enregistrements. Les disques durs, ça doit être comme le bon vin, mais passons. Car Sophia, bouleversée, prend alors une grande décision : relancer sur son ordinateur son programme qui traquait la balise GPS de Jojoe.
Car oui, depuis trois ans, elle avait décidé qu’un requin géant tueur mutant, c’était pas un truc à signaler ou à vaguement suivre de temps à autres.
Et en effet, elle détecte le signal de Jojoe près du Pont Marie. Alors que ce soir, Jeannine et Ben.ne s’y rendent !
Alors, comment cela se passe-t-il pour nos deux militantes écolos ? Eh bien alors que Ben.ne reste dans le canot, Jeannine plonge et trouve l’épave de la voiture sous la Seine… avec d’énormes marques de dents dessus. À noter que la portière est fermée : le conducteur n’a visiblement pas oublié de verrouiller son véhicule et de mettre l’alarme avant de tenter de remontrer à la surface. Et c’est en chemin que Jojoe en aurait fait son goûter.
Mais ce soir, ni Jeannine ni Ben.ne ne serviront de repas à un requin géant. Car ce qui les surprend, c’est la patrouille ! La brigade fluviale parisienne leur tombe dessus, et si Ben.ne parvient à filer, Jeannine, elle, est invitée au commissariat le plus proche pour expliquer ce qu’elle foutait sur le lieu d’un accident avec disparition. Lorsque Sophia arrive, tout le monde a déjà été embarqué, et tout ce qu’elle remarque, c’est un chien qui aboie en direction de là où elle capte le signal.
Chien qui appartenait à un clochard qui visiblement, s’est fait dévorer par le requin qui à Paris, ne devrait pas manquer d’amuse-bouches de ce type. Finalement, il est peut-être venu dans la capitale pour sa riche offre gastronomique.
L’occasion pour moi de souligner que Jojoe a un vrai sens de la mise en scène. En effet, régulièrement on aperçoit son aileron qui jaillit des eaux quelques secondes, et ce, TOUJOURS quand tout le monde a le dos tourné, pour que seul le spectateur en profite. Même lors de plans de jours, au bord d’une Seine bondée, miraculeusement, toute la population parisienne se met à s’intéresser qui, aux pavés, qui, aux pigeons mutants, le temps que Jojoe fasse un petit « Hé, mon mignon, tu veux voir mon aileron ? » avant de disparaître, telle la petite allumeuse à dents multiples qu’elle est.
Coquinette, va !
![Car l'équipe du film va l'oublier, elle.](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/06/traqueur.jpg)
Jojoe est traquée en temps réel via un petit logiciel, au mètre près. Je répète, en temps réel. Retenez bien ça.
En attendant, retrouvons Jeannine au commissariat local, où une fois de plus, elle brille par son intelligence.
– Jeannine, vas-tu enfin nous expliquer ce que tu faisais à plonger en pleine nuit sur une scène suspecte ? Scène sur laquelle nous n’avons jamais plongé d’ailleurs, sinon nous aurions pu remarquer des trucs comme des marques de dents géantes, mais ça emmerde le film ? Tu veux en parler ?
– …
– Ecoute, je ne sais pas moi, si tu as une information importante, disons qui pourrait sauver des vies, toi et tes valeurs de solidarité pourriez par exemple nous en faire profiter ?
– …
– Ou si un animal géant était piégé dans la Seine, comme on est la brigade fluviale, on est peut-être l’unité la plus à même de l’aider à en sortir ?
– …
– Tu as raison, ne dis rien, c’est plus contre-productif.
Et Jeannine ne dit rien durant des heures et des heures, avant finalement d’aboyer brièvement « Y a un requin dans la Seine ! ». Sans bien sûr en dire plus, ou de s’expliquer, voire montrer des preuves (comme la balise), histoire que la police dise juste « Ecoutez Madame, il va falloir y aller mollo sur le bédo. »
Heureusement, les preuves vont atterrir aimablement sur un bord de Seine lorsque notre sympathique requin vient déposer des bouts de clodo machouillé sur une berge. Il n’en faut pas plus que la brigade fluviale prenne l’affaire au sérieux, appelle Sophia en tant que grande experte des requins coquins, et lance une enquête. Une unité va donc fouiller la Seine avec l’aide de Sophia, qui a donc son logiciel pour traquer la balise de Jojoe.
Ni une, ni deux, la fine équipe se rend dans la zone où le requin semble être, principalement armée de… euh… pas grand chose. C’est un requin qui a déjà mangé plein de gens, mais hein, un carnet de PV dans la gueule et il va moins faire le malin. 75€ mon gars ! Qu’est-ce que tu vas faire ?
Hélas, ce que nos amis ignorent, c’est qu’ils ont été suivis par cette andouille de Jeannine. Et la militante décide de faire n’importe quoi, histoire de. Ainsi, elle appelle sa bonne amie Ben.ne, qui est devant son ordinateur dans la base secrète de Saviors Of Seas.
– Allô Ben.ne ? J’ai besoin que tu pirates et déconnectes la balise de géolocalisation de Jojoe !
– Hein ? Mais pourquoi ? Elle est super dangereuse, c’est quand même mieux de savoir où elle est si on veut la sauver et sauver les gens autour !
– Nan mais la police euh… ils vont la tuer !
– J’ai regardé le film, hein. Et ils sont limite partis sur place en slip de bain. Jojoe ne risque pas grand chose.
– DECONNECTE LA BALISE !
Et pouf, la balise est déconnectée : désormais, il n’y a plus moyen de traquer le requin. Merci Jeannine, tu es vraiment une championne. En conséquence de quoi, la police ne parvient donc pas à trouver la bête et s’en retourne broucouille. Ce qui est embêtant, car la cheffe de la brigade fluviale engueule un peu son équipe :
– Bon, écoutez, si on a un requin dans la Seine, il va falloir le trouver car dans quelques jours, on a les épreuves internationales de triathlon, et ça commencera dans le fleuve. Ce serait donc bien d’agir car sinon…
– Sinon ?
– Ben le requin pourrait gagner l’épreuve, ca niquerait les résultats, hé. Z’êtes bêtes ou quoi ?Merci de vous démerder pour régler ça, parce que moi, j’ai la mairie sur le dos.
À noter que la mairie est incarnée à l’écran par une maire de Paris qui n’en a rien à foutre de rien à part de son image et de ses épreuves sportives. Je vous avoue que si le message n’est pas bien subtil, je ne m’attendais pas spécialement à le voir apparaître sur Netflix en toute décontraction. C’est un peu comme si CNews faisait une émission spéciale « Les Soulèvements de la Terre sont sympas« . Disons que là, comme ça, au débotté, on ne s’y attend pas.
Mais revenons au film, car il se passe des choses. On a perdu la piste de Jojoe ? Pas tant que ça, bonnes gens !
Car Ben.ne a réussi à réactiver la balise de Jojoe. Mais juste pour qu’elle soit captée par son association ! Comme ça, les militants vont pouvoir aider le requin à quitter Paris sans que les autorités ne s’en mêlent (ACAB, mec !). On a donc le droit à une vidéo larmoyante de Jeannine qui appelle tout le monde à se mobiliser sur les réseaux sociaux.
– Bonjour, je suis Jeannine de savosriz… savors… putain vous pouviez pas prendre une actrice qui arrive à prononcer trois mots d’anglais ? Je fais de mon mieux mais bref ! Avec savor… bon, avec mon équipe, on veut sauver le requin dans la Seine. Car sinon, il sera tué par les autorités du Grand Capital au service des multinationales qui tuent des enfants, et ce sera la honte de notre génération qui doit sauver la planète. Regardez, je chiale ! Je n’arrive pas à prononcer saviorsize… merde, le truc, mais je chiale ! Alors rejoignez-nous et sauvons ce requin !
Le message circule, on voit des gens partout qui regardent la vidéo eux aussi en chialant (principalement à cause de la prononciation de Saviors Of Seas par Jeannine) et en hochant la tête tant ils adorent protéger les requins entre deux achats de thon en boîte, bref, ça buzze sévère.
Mais revenons à la brigade fluviale, où à la surprise générale, alors que Sophia réfléchissait à comment retrouver le requin, Ben.ne de Saviors of Seas débarque en trombe.
– Les amis, l’heure est grave ! C’est Jeannine ! Elle veut s’occuper de Jojoe et la guider hors de la Seine !
– C’est-à-dire qu’on le sait déjà. C’est pas comme si on venait juste de faire une scène entière où Jeannine l’annonçait publiquement et où on me voyait même moi, Sophia, regarder la vidéo, hein.
– Ah oui, merde. Le film a oublié. Mais attendez ! Je peux vous aider ! Je sais comment retrouver Jojoe !
– Note qu’on aurait pu le faire simplement en suivant Jeannine, puisque cette couillonne a clairement dit dans sa vidéo qu’elle savait peu ou prou où trouver le requin.
– Ah oui, re-merde. Mais moi, je peux vous dire où tout va se passer ! J’ai réussi à remettre en route le signal de la balise de Jojoe. Mais juste pour moi. Allez hop, je fais partage de position et… voilà ! Jojoe se promène dans les anciennes catacombes, dans des parties inondées reliées à des réservoirs d’eau installés sous la Seine. C’est là que Jeannine veut la retrouver ! Vous devez l’aider, car je pense qu’elle va faire une connerie !
– Une connerie ? Seulement ? Tiens d’ailleurs, comment pense-t-elle guider un requin géant hors de la Seine ?
– A… avec un sonar ?
– Jusqu’à l’embouchure de la Seine ? Elle va faire Paris -Le Havre avec son sonar ?
– … ouiii ?
– Okay, effectivement, elle est complètement conne. Allez, tout le monde, attrapez votre matériel, on y va !
Et la brigade fluviale embarque pour filer droit jusqu’aux canaux qui relient la Seine à des réservoirs d’eaux sous Paris, le tout accompagné de l’indispensable Sophia. Par contre, ils y vont à une seule barcasse, car oui, ils s’attendent à trouver des dizaines, voire des centaines de militants là-dedans rameutés par l’appel de Jeannine mais hé, oh, hein, dites voir, à cinq, on devrait gérer. Certes, ils appellent des renforts en arrivant, mais sachant qu’ils avaient le lieu du rassemblement, c’eut été plus intelligent de partir DIRECTEMENT avec les renforts, non ? Non ? Apparemment, non. Fort bien. Tout le monde débouche donc dans un réservoir souterrain, où en effet, cette coquine de Jeannine est déjà dans l’eau avec un sonar à essayer d’attirer le requin. Sophia lui fait les gros yeux.
– Jeannine, qu’est-ce que tu fous ?
– J’essaie d’attirer le requin pour le sauver ! Alors que vous, les autorités fascistes, vous le tueriez !
– Nan, c’est pas la question : qu’est-ce que tu fous dans l’eau ? Tu sais que pour faire marcher un sonar, tu n’es pas obligée de tremper avec, hein. C’est pas un marmot avec ses brassards.
– … aaaah oui, pas con.
Mais Jeannine, elle, l’est.
Et alors que les policiers qui accompagnent Sophia tentent de faire évacuer les militants qui se tiennent sur les bords du réservoir et observent tout, soudain, des ailerons se mettent à tourner autour de la jeune femmes aux cheveux bleus. Oui, « des » ailerons, car à la surprise générale, il n’y a pas qu’un requin !
– Jeannine, sors de l’eau ! Tu ne comprends pas ? Jojoe a mis bas ! Ce sont ses bébés ! Nous sommes dans son nid !
– Parce que les requins ont des nids ?
Sur ces entrefaites, Jojoe, attirée par le sonar, débarque dans la boutique. Et le requin géant n’est pas très content : voilà, elle s’en va cinq minutes, et quand elle revient, elle trouve des squatteurs chez elle ! Le requin, qui n’est pas très au fait des questions de solidarité et d’accueil (c’est une créature Marine), décide de régler la question en avalant goulument cette couillonne de Jeannine.
Qui en meurt.
C’est à ce moment-là que ça devient n’importe quoi, puisque tous les militants qui étaient autour du réservoir au moment de la scène se mettent à agiter les bras en hurlant « AAAH C’EST AFFREUX OH MON DIEU JE GLISSE JE SUIS SI MALADROIT ! » et tombent par paquets de douze à la flotte. Oui, ils sont vraiment très maladroits, et surtout, tous en même temps ! Les bébés requins de Jojoe se lancent donc dans un savoureux repas, même si tout ce petit monde a un arrière-goût de quinoa.
Les militants neuneus en détresse au milieu des requins éclaboussent partout, ça fout de l’eau sur les bords du réservoir, zip, les copains glissent, et au final, il y a de tout dans l’eau : militants, policiers, requins… et même Ben.ne, qui à force de prendre des coups par ses voisins de natation, se noie.
Ce n’est qu’au bout du 53ème mort qu’Adil, le chef de la brigade fluviale, se rappelle que « Mais ? Attendez les gars ? J’ai un flingue ! Aha, quelle tête de linotte : ne bougez pas, je vais m’en servir. ». Et après quelques balles, disons que les requins décident de fuir le réservoir pour aller voir ailleurs s’il n’y aurait pas d’autres militants en pleine trempette. Ne reste donc plus à la brigade fluviale et à son mini-canot qu’à ramener à l’hôpital environ 40 blessés à qui il manque des bouts, ce qu’elle fait sans problème. Comment ? En profitant d’une ellipse entre deux scènes, bien sûr !
![Si vous tombez à l'eau, priez que ce ne soit pas lui qui vienne vous chercher.](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/06/6db20abd2656bb99b9a1f745b39a8ac8.webp)
Adil, ici occupé à explorer les eaux troubles de la Seine avec la plus petite lampe de poche du marché.
Le fameux Adil circule donc entre les morts et les blessés qui s’alignent le long des couloirs d’un hôpital parisien, jusqu’à ce qu’il trouve Sophia qui sanglote dans un coin.
– C’est ma faute, Adil… j’aurais dû agir plus tôt pour stopper Jojoe.
– Ne dis pas ça Sophia. Et puis tiens : prends cette fraise tagada©.
– Pardon ?
– Une fraise tagada©, après avoir vu des gens se faire déchirer la face par des requins, c’est ce qu’il y a de meilleur ! Merci, Haribo© !
– Adil je… j’ai l’impression que tu essaies de caser un sponsor ? C’est pas un peu maladroit dans une scène comme ça ?
– Une scène comme ça ? Que veux-tu dire ?
– Ben, une scène tragique dans un film avec des morts quoi.
– Hélas, je connais mal les films avec des scènes comme ça. Car ils ne sont pas disponibles dans ma région. Ce qui ne serait pas arrivé, si j’avais utilisé NordVPN© et…
– PUTAIN ADIL !
– Bon allez, tu as raison, c’est du sérieux. On va régler cette affaire de requin. J’appelle le Raid.
– Le Raid ?
– SHADOW LEG…
Avant qu’Adil ne puisse arriver au « © », ils sont interrompus par une collègue policière, qui signifie à nos héros qu’elle a un truc à leur montrer : quand Adil a tiré dans le réservoir, ses balles ont touché et tué un requin. Qu’il est donc possible de récupérer pour une petite autopsie, ce que Sophie s’empresse de faire.
– Adil, c’est extraordinaire. Ce requin s’est adapté à la Seine !
– Tu veux dire qu’il ne craint plus la pollution ?
– Ah non, ça, non. D’après ses analyses de sang, il a trois maladies tropicales, une gastro-entérite qui doit lui permettre de se propulser sans nageoires, et le SIDA. Deux fois.
– Oh.
– Non, ce que je voulais dire, c’est qu’il s’est adapté à l’eau douce. D’après moi, les requins sont venus à Paris pour trouver un endroit tranquille dans les catacombes pour se reproduire avant de retourner dans l’océan.
– « Paris » et « Endroit tranquille », je ne l’ai pas vu venir. Et puis c’est pas des saumons, hein. Surtout que remonter un fleuve qu’ils ne connaissent pas à des milliers de kilomètres du Pacifique dont ils viennent, pour se rendre dans des catacombes, concept qu’ils ne connaissent même pas…
– Ben chaipa, ils sont peut-être tombés sur un prospectus dans le continent de plastique ?
– Ou bien les scénaristes n’ont aucune idée de ce que le requin fout là ? J’espère qu’ils auront laissé une lettre à quelqu’un à ce propos.
Passons sur le fait que les scénaristes ont donc zappé de justifier un minimum ce que les requins foutent là, on l’a déjà évoqué, et allons à LA vraie révélation. Car en autopsiant le requin…
– Bordel ! Il est plein de bébés ! Alors que cette petite femelle n’est même pas à maturité sexuelle ! On dirait que… mais oui ! Ces requins ne sont que des femelles, et elles se reproduisent par parthénogénèse !
– Mais comment est-ce possible ?
– Ben comme le reste : ces requins ont tellement de mutations que Disney risque de débarquer à tout moment pour en faire une sous-série sur Disney+.
– Vite ! Je verrouille les portes !
En attendant, cela n’arrange pas les affaires de nos héros. Car si tous ces requins mutants se multiplient… bientôt, le monde croulera sous des requins géants dévorant tout sur leur passage ! Il faut donc aller prévenir les autorités compétentes :
La mairie.
Attendez, j’ai bien écrit « compétentes » ? Hmmm oui, mais visiblement, ils vont quand même à la mairie, faire face à la maire.
– Comme Passi© et Calogero© ?
– Adil, bordel !
Cette blague de vieux étant passée, retrouvons donc nos héros dans le bureau de la maire, occupée à manger une salade tout en levant de temps à autres vaguement les yeux vers les enquiquineurs venus la déranger.
– Alors, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Vous me dites que nous avons des requins tueurs mutants dans la Seine ? 24 heures avant le début du triathlon ? Bon écoutez, on va faire simple, je vais demander à l’armée de protéger l’affaire, et pif pouf, nul doute que ça fonctionnera.
– Oh non ! Pas l’armée ! Dans tous les films avec des monstres, ça finit toujours avec les gentils scientifiques qui sont embêtés par la méchante armée !
– Eh bien c’est comme ça. En attendez, dégagez-moi le plancher, il faut que j’aille rassurer les gens en annonçant sur toutes les télés que ces histoires de requins dans la Seine sont des rumeurs.
Hmmm. Une rumeur qui a donc fait des dizaines de morts et de blessés, donc, le tout avec quantité de témoins, photos et de vidéos, et ce à l’heure des réseaux sociaux. Heureusement, le film a oublié tout cela, c’est pratique.
Le triathlon de Paris va donc pouvoir débuter sans problème.
Nos héros, eux, se retrouvent dans un café pour grommeler que ouah, c’est trop nul, on peut rien faire.
– Si seulement on avait une balise pour traquer en direct Jojoe !
– Ouais…
– On pourrait envoyer plein de gens lui péter la gueule et sauver Paris !
– Ouais…
– Tu sais, une de ces balises comme celle que porte Jojoe, et où l’on a clairement eu une scène ENTIERE dédiée au fait que ça y est, sa balise fonctionnait à nouveau grâce aux efforts de Ben.ne !
– Ouais…
– Nan vraiment, on ne peut vraiment rien faire.
Oui, nos héros ont oublié qu’ils pouvaient boucler l’affaire, là, maintenant. Et qu’ils ont dit à la maire qu’ils ignoraient où était le requin, alors qu’ils peuvent le consulter à tout moment en sortant leur téléphone de leur poche. Ça vaaaa, c’est un PETIT oubli, ça arrive ! Ils continuent donc à bouder en grommelant qu’ils sont inutiles (ce qui n’est pas tout à fait faux).
Et puis soudain, c’est la révélation :
– Mais attendez ? Personne ne nous a interdit d’essayer quoi que ce soit ?
– Ah ben oui merde ? Qu’est-ce qu’on fout dans ce café à pleurnicher alors ?
– Je ne sais pas. Bon ben on se remet au boulot ?
– Allez.
Oui, vraiment : les héros faisaient une pause sans vraiment savoir pourquoi, en oubliant toutes les ressources qu’ils avaient à leur disposition. Et décident donc de tenter une nouvelle opération, hop. On écoute Adil.
– On sait que les requins sont attirés par les sonars, Jeannine l’a prouvé en se faisant manger l’autre jour. Donc on va tous les attirer dans un coin des catacombes noyées, un endroit avec une seule issue. Et là, on laisse le sonar, on sort après avoir posé des explosifs, on fait péter le tunnel, et pif paf pouf, ils sont enfermés, n’ont rien à manger : problème réglé.
– Et pour éviter qu’ils ne nous grignotent pendant l’opération ?
– On aura des torches. Ça les tient à distance.
– On en avait la dernière fois, mais ça n’a rien fait.
– Il suffit, caporal Roudoudou ! On va espérer que les spectateurs auront oublié ce détail.
– Ah oui, c’est pas très bon de s’appuyer là-dessus. Et en parlant d’oubli : est-ce qu’on pensera finalement à suivre la balise de Jojoe, histoire de voir si elle mord à l’hameçon quand on tend notre piège ?
– Non. Sinon ça aussi, ça pourrait montrer qu’on a vraiment, VRAIMENT oublié plein de trucs ! À part une chose : caporal Roudoudou ?
– Oui ?
– Vous êtes viré.
– Sauf que vous aussi vous oubliez une chose : je suis fonctionnaire en France.
– Bon, ben caporal Roudoudou… vous êtes muté. Tenez, voici plein de points de mutation pour déplacer le problème ailleurs.
– Youpi !
C’est donc sans le caporal Roudoudou, mais bien avec notre équipe de champions que c’est parti pour ce plan pourri, où une partie de la brigade fluviale, une paire de copains démineurs et Sophia et son sonar magique se rendent dans une crypte engloutie et comme convenu, y attirent les requins et posent les explosifs. Sauf que, flûte ! Figurez-vous que les torches sous-marines ne font pas super peur aux requins ! Ah, si seulement quelqu’un s’était souvenu de ce petit détail ! Un démineur se fait donc manger, puis l’autre… et le détonateur est perdu.
Brièvement, car malgré les requins qui commencent à tuer tout le monde, Sophia parvient à récupérer le gros bouton rouge, et à le presser une fois qu’elle est assez loin.
![Enfin cette fois, elle a fait un effort puisqu'elle n'est pas venue en apnée, c'est déjà beaucoup pour elle.](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/06/f2220949173ee023c2e604aa165008e6.webp)
Sophia, au moment où elle se dit « Han, p’têtre qu’on aurait dû venir avec l’armée plutôt qu’avec des torches pourries. »
Grâce à des effets spéciaux dignes d’un tutorial After Effects, une énorme explosion secoue les bords de Seine, et voilà les requins enfermés. Sophia elle, remonte à la surface, en direction du canot où quelques amis de la brigade fluviale l’attendent. Et ça tombe bien, car pendant ce temps, le triathlon a commencé. Adil et Sophia, seuls survivants de la mission sous les eaux, remontent ainsi avec satisfaction.
– C’est bon, c’est fait.
– Bravo Sophia !
– Et le triathlon surveillé par l’armée ? Ils n’ont pas paniqué en entendant une énorme explosion à quelques centaines de mètres ?
– Ah non pas du tout, ils n’ont rien remarqué. Eux aussi ont dû avoir les tympans éclatés plus tôt dans le film.
Tout le monde glousse, jusqu’à ce que Sophia soit prise d’un doute.
– Alors, juste pas sécurité, je vais replonger pour voir si l’éboulement a tenu.
Ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise idée, puisque lorsqu’elle va voir… maman Jojoe est en train d’utiliser sa grosse masse pour faire bélier, et parvient à rouvrir le tunnel bouché ! Oups ! Le triathlon a lieu, et il y a donc un requin géant pas content et tous ses bébés tueurs dans la Seine ! Le requin est tellement grognon que certes, il épargne Sophia (il a senti qu’elle avait une combinaison de plongée en scriptonium), par contre il va défoncer le canot de la police fluviale, et y mange tout le monde, sauf Adil (scriptonium aussi, tout ça).
Nos héros se retrouvent bien seuls et bien bêtes à contempler le requin partir après avoir tué leurs amis, alors qu’il file bien évidemment en direction du triathlon.
Sophia a alors une idée.
– Adil… tu te souviens quand au début du film, je plongeais pour aller voir le requin, en apnée et quasiment sans équipement ?
– Oui ?
– Et si on recommençait ?
– Allez !
Donc, plutôt que de foncer sur les berges pour essayer de joindre la sécurité du triathlon, nos héros décident de poursuivre un requin géant en nageant. Oh, tu vas voir si je t’attrape, vilain squale ! Je te ferai des prises de catch, tu vas en chier comme jamais ! Mais le requin ayant une propulsion sans comparaison (je vous rappelle qu’il y a des soucis de gastros impliqués), il rejoint les candidats au triathlon, et commence à les boulotter. Avant de prendre son temps pour manger Monsieur Poulpe, parce qu’on ne sait pas trop ce qu’il fout là au milieu des participants, mais c’est Monsieur Poulpe quand même (et dans l’eau, c’est crédible).
L’armée, qui avait des embarcations armées à proximité, décide de lourdement plomber la gueule du requin à la mitrailleuse (mais le requin réussit ses jets d’esquive).
Adil, dans l’eau, fait donc de grands gestes.
– NOOOON ! NE TIREZ PAS ! Il y a plein d’obus non explosés sous la Seine ! Vous risquez de tout faire péter !
– Comment ? Monsieur, je ne vous entends pas ! Tout à l’heure, il y a eu une énorme explosion et je n’ai plus de tympans !
Car oui, vous le noterez : pour Adil, tirer avec une arme à feu dans la Seine, c’est super dangereux, ça pourrait secouer le mauvais obus englouti, par contre, lui et ses copains qui font péter tout un pan des catacombes, justement relié à ladite Seine en faisant trembler tout le secteur, là, pas de souci, c’est 100% sécurisé les enfants.
Mais comme le veut le cliché des films de monstres : l’armée a tort, et une de ses balles va faire péter un obus sous la Seine. Ce qui cause :
- une explosion qui fait bobo aux vilains militaires (mais pas au requin juste à côté, qui est lui-même en scriptonium)
- une secousse qui soulève d’autres obus engloutis
- qui en retombant, causent de nouvelles explosions
- qui secouent d’autres obus engloutis, qui en retombant, explosent et…
Alors, je vous préviens, si l’Ukraine manque d’obus, d’après le film, trois heures de pêche dans la Seine devraient permettre d’alimenter le front de Kiev pour plusieurs années. Car TOUTE la Seine est secouée d’énormes explosions en chaîne (contrairement à celle causée par nos héros, qui elle, n’avait causé aucun souci j’insiste), les ponts sautent, les réservoirs d’eau sous la ville sont éventrés, un gigantesque tsunami en surgit (si, si), balaie le triathlon, la vilaine maire meurt noyée, et on découvre que Paris est désormais entièrement submergée sous 5 mètres d’eau (sacrés réservoirs sous la ville, les enfants !), où les requins tueurs s’égaient joyeusement. Ce que nos héros Adil et Sophie peuvent contempler, perchés sur un kiosque à demi submergé.
– Mon dieu Adil… le pire est arrivé… maintenant ces requins vont pulluler, le monde est foutu.
– Attends Sophia… mais si ces requins se reproduisent avant même leur maturité sexuelle, et que celui que tu as autopsié avait quoi… deux mois ?
– C’est ça !
– Alors comme au début du film, il s’écoulait 3 ans entre la mort de ton équipe et aujourd’hui, ça veut dire qu’en fait, ça fait déjà trois ans que Jojoe se reproduit et que ces requins pullulent, donc que le monde entier doit être au courant.
– Oh ! Tu veux dire que ça aussi, on a oublié ce concept un peu majeur ? Tout ça pour rajouter une scène trois ans plus tôt où je perdais mon équipe et mon mari, ce qui ne sert plus du film, puisque ça aurait aussi bien pu commencer par la découverte du requin dans la Seine ?
– C’est ça.
– Diable, mais alors…
– On s’est chiés dessus du début à la fin !
Eh oui.
La Seine fait toujours cet effet là.
Et… FIN !
Vous noterez qu’au milieu de ce désastre intellectuel surnagent tout de même quelques éléments étonnants :
- Les gentils militants font des conneries et n’ont pas raison sur tout
- Le plan des héros ne marche pas
- Ça finit mal
Alors certes, les gars, c’est pas mal.
Mais franchement : jamais vous ne battrez un requin en feu.
05.06.2024 à 15:51
Le Petit Théâtre des Opérations sur les guerres napoléoniennes est là
Un odieux connard
Texte intégral (875 mots)
Ce jour, c’est fête puisqu’est arrivé en ce 5 juin 2024 en librairie une bien belle bête : Le Petit Théâtre des Opérations et son hors-série dédié aux guerres napoléoniennes.
Monsieur le chien étant enchaîné à sa table de dessin pour produire le tome 5 de la série, ce hors-série est donc dessiné par Prieur & Malgras. Et s’il est évidemment mieux que le film de Ridley Scott d’après 120% des personnes consultées, voici la bande-annonce, histoire que vous ayez une petite idée du contenu :
L’occasion de découvrir que ce 5 juin 2024 sort aussi une bédé sur le thème du sport (le HASARD bien sûr !), où cette fois-ci, votre serviteur est donc allé chercher un lot d’histoires plus ou moins absurdes sur le sujet, afin qu’un collectif de gens talentueux les mette en images. Vous pourrez ainsi découvrir que si tout le monde a des palpitations sitôt que l’on parle de l’organisation des Jeux Olympiques de 2024, que l’on se rassure : Paris a eu les jeux en 1900 et s’est déjà illustré par un niveau d’incompétence tel qu’il y a eu des plaintes… durant près d’un siècle. Vous voulez en savoir plus ? C’est là-dedans :
Et parce que des fois je lis du « Non mais j’ai loupé les annonces sur les réseaux, je ne savais pas que vous dédicaciez près de chez moi », hop, voici la liste des endroits où retrouver votre serviteur pour faire dédicacer tout cela ce mois-ci :
- Vendredi 7 juin 2024 de 15h à 18h, la librairie Brüsel de Waterloo. En plus, ils auront des éditions limitées du PTdO Guerres Napoléoniennes !
- Samedi 8 juin 2024 de 11h à 13h, la librairie Brüsel Anspach, à Bruxelles. Là aussi, il y aura de l’édition limitée.
- Le 20 juin, votre serviteur sera à la librairie Bulles de Salon, à Paris. Pour les horaires, j’annoncerai sur les réseaux (et le librairie aussi, probablement !)
- Le 21 juin, à l’espace culturel de Quimperlé, dans les terres lointaines et mystérieuses de l’ouest.
- Le 22 juin à l’espace culturel de Vannes, là aussi pour évangéliser la Bretagne.
- Le 23 juin à la librairie des Invalides, de 15h30 à 17h30, comme ça, on n’est pas trop loin de l’empereur pour en parler
- Le 27 juin, à la librairie Sanzot à Paris, de 16h00 à 19h00, avec des auteurs de Plus Vite, plus haut, plus sport !
- Le 30 juin, à l’Aerotorshow à côté de Valence (il y aura sûrement un poil de bruit et du trafic de patchs)
- Les 6 et 7 juillet au salon du roman historique de Levallois
Et après, on me parle de « vacances ». Ooooh, je connais cette légende. Personnellement, je pense que c’est du pipeau. Mais allez, ça ira pour cette fois.
À ce stade, ne me reste qu’à dire à bientôt pour ceux qui viendront en librairie le jour J, bonne lecture aux autres qui fonceront jeter leurs deniers au visage de leur libraire avant, et pour ceux qui ne veulent aucune de ces bédés…
Pas d’inquiétude, votre serviteur a encore des blockbusters à commenter ici-même.
Quand je vous dis que les « vacances » sont un concept foireux.
21.05.2024 à 09:22
Godzilla, X & Con – Le nouvel empire
Un odieux connard
Texte intégral (6509 mots)
– J’ai une idée de film.
Dans la salle, le silence se fait alors que les yeux se tournent tous vers l’homme qui vient de prendre la parole. Tout au bout de la table, son supérieur rabat l’écran de son ordinateur portable, signe que toute son attention lui est désormais acquise.
– On vous écoute, Johnson. Vous êtes scénariste, je ne doute pas que vous allez nous impressionner !
– Alors, ça serait l’histoire d’un lézard géant, bon ben il pète tout. Voilà. J’ai fini.
– Hmmm. Mouais. En plus, on l’a déjà fait, Johnson, ça s’appelle Godzilla.
– Ah. Euh… et si à la place du lézard, on mettait un gorille ?
– Déjà fait aussi, Johnson. C’est King Kong.
– Je… attendez, attendez, aha, bien évidemment, j’ai d’autres idées. Et siiii… et siiii le singe et le lézard, ils se pétaient la gueule ? Par exemple, parce que… euh… ben ils viennent tous deux du même monde souterrain et…
– Johnson : c’était le pitch de Godzilla vs Kong.
Les mains du malheureux Johnson tremblent alors qu’elles tournent nerveusement les pages de son bloc-notes intégralement vierge. Ses yeux miment une lecture imaginaire pendant que le scénariste cherche une idée, là, tout de suite, au débotté. Un truc original qui ne ferait pas du tout réchauffé.
– Et siiiiiiii…
– Oui ?
– Et si le singe et le lézard qui se pètent la gueule pour le monde souterrain… ils… euh… ils trouvaient un monde souterrain…
– Un monde souterrain sous le monde souterrain ? Et qu’est-ce qu’il abriterait, Johnson ?
– Euh… un lézard et un… euh… un singe ?
Le silence tombe sur la salle, alors que Johnson, chuchote une prière pour ne pas être viré. Non, il n’a rien préparé. Oui, il est complètement à court d’idées. Et diable, qu’il a honte de l’étron qu’il a présenté. Il va être viré, il n’en doute pas. Aussi, lorsque son supérieur se lève et se dirige vers lui d’un pas décidé, Johnson rentre le postérieur conscient qu’un pied risque de s’y poser sous peu.
Quelle n’est donc pas sa surprise lorsque c’est une main qui vient trouver son épaule, alors qu’un chèque atterrit dans ses paumes.
– C’est génial, Johnson, du jamais vu. Ah, et on ose dire que la créativité est morte ! Tenez, voici 135 millions de dollars pour ce film qui sent bon la fraîcheur !
Personnellement, c’est comme cela que je m’imagine la scène. Car oui, c’est bien le pitch de Godzilla X Kong : Le Nouvel empire. L’histoire palpitante d’un gorille et d’un lézard venus d’un monde souterrain qui vont découvrir un gorille et un lézard dans un monde souterrain sous le monde souterrain. Vous pensez que je plaisante ?
Spoilons, mes bons !
Tout commence sous terre.
Puisque dans l’univers de King Kong et autres Godzilla, la Terre, à défaut d’être plate, est creuse comme un discours à Cannes. Et renferme un monde préhistorique rempli de monstres plus ou moins gros, dont ceux précédemment évoqués. C’est justement le plus gros gorille au monde que nous y retrouvons en train de savater d’autres animaux moches locaux (appelons-les les animoches), les deux camps se disputant pour savoir qui finira en repas pour l’autre. Réjouissez-vous, plèbe, c’est King Kong qui l’emporte, mais hélas pour lui, au moment d’avaler une carcasse…
Il a mal aux dents.
Un monde sauvage et violent où le primate local est bien embêté car il ne risque pas de trouver un dentiste disponible de sitôt : ce film a donc probablement été intégralement tourné à Niort.
King Kong parviendra-t-il à trouver un professionnel pour lui mettre un coup de fraise ? Sa mutuelle le remboursera-t-elle ? Et surtout, qui aura une machine qui fait slurp-slurp-la-salive assez puissante pour un gorille de la taille d’un magasin Action ? Quelle intrigue, je n’en puis plus ! Laissons cependant le brave animal grommeler en suçotant sa gencive, et partons pour la surface.
Où nous retrouvons une scientifique, le Dr Jeannine Pipo, en train d’expliquer sur divers plateaux télés la situation actuelle. Aussi, écoutons-la.
– Vous le savez, deux gros monstres vivent sur cette planète avec nous : King Kong, qui règne sur le monde souterrain, et Godzilla, qui estime que la surface est son territoire. On peut s’en féliciter, puisqu’à chaque fois que des animoches s’échappent du monde souterrain pour ravager la surface, Godzilla va leur donner deux coups de queues, un coup de laser dans la bouche, et hop, l’affaire est pliée. Tenez, l’autre jour : Rome a été attaquée par des fruits de mer géants. Eh bien qui en a fait du sushi ? Godzilla ! Alors ceeeeeeertes, il a un peu rasé la moitié de la ville ce faisant, mais tout de même : il a sauvé l’autre !
Vous le saurez : Godzilla est donc Américain, si l’on en croit ses méthodes.
Sauf que voilà : on ne peut pas être tranquille deux minutes. Car alors que le Dr Pipo est tranquillement en train d’expliquer tout cela, on vient rapidement la chercher pour lui dire que la société pour laquelle elle travaille et qui surveille tous les animoches, Monarch, a détecté des mouvements suspects dans le monde souterrain. Des séismes curieux, des interférences électroniques… et comme si ça ne suffisait pas, la fille adoptive du Dr Pipo, dernière membre d’une tribu de Skull Island (l’île où vivait King Kong autrefois) qui connaissait bien les animoches, est prise de visions en classe et dessine des sortes de gros pics noirs. Ce qui fait un peu tache au milieu des habituelles kikoutes que dessinent les enfants de son âge.
En plus, elle le fait sur sa table, ce qui gonfle un peu la maîtresse.
– Dr Pipo, je veux bien que votre fille adoptive vienne d’un peuple magique, mais franchement, la dame du ménage commence à en avoir plein le trouloulou de ses supers pouvoirs.
– Oui ben elle est hyperactive, autiste, HPI, dyslexique, dyscalculique, dys…
– Je vous vois lire la liste des excuses foireuses de mamoune.com, Dr Pipo. Posez ce téléphone.
– Maiiiiiiiiiiiiiiiis !
– Quitte à me donner une excuse, vous auriez pu commencer par celle-ci : elle est sourde.
– Oui mais ce n’est pas à la mode, ça.
Et ça n’explique pas pourquoi elle est possédée par le Malin qui lui fait dessiner de grosses pointes noires à la première occasion venue. Aussi, lorsque le Dr Pipo quitte l’école avec sa fille, elle prend tout de même le temps de communiquer en langue des signes avec elle.
– Chaussette cachou bingo Buenos Aires ?
– Maman, tu es à chier en langues des signes.
– Frange calamar, casque stylo.
– Ecoute, je ne sais pas ce que tu veux dire, mais je suppose que tu me demandes pourquoi j’ai dessiné ces trucs. Or, je n’ai pas envie de répondre, surtout que si je le fais, ça pourrait faire avancer l’intrigue un peu trop vite, par exemple si je te détaillais mes visions. Je vais donc plutôt te proposer de rentrer à la maison et de ne plus jamais en parler.
– Ok. Injecteur turbo.
De retour à la maison, le Dr Pipo a soudain une idée. Et si les pics que dessine sa fille… correspondaient aux pics d’activité sismique détectés dans le monde souterrain ? Une petite vérification, et en effet : sa fille est peut-être sourde comme un pot, mais elle peut visiblement détecter les tremblements de terre à plusieurs milliers de kilomètres sans problème.
– Mon dieu… cela signifie que… mais oui ! Mon enfant est une couleuvre ! s’exclame le Dr Pipo.
![En fait, à part les monstres, tous les noms sont passés à la trappe, c'est vous dire si ces héros sont marquants.](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/05/4984451.webp)
Le Dr Pipo et sa fille adoptive, dont le charisme réuni est si grand que je n’ai retenu le nom ni de l’un, ni de l’autre.
Et elle s’empresse de se saisir de ses dessins et autres documents pour les amener à… à…
Attendez. On parle bien du Dr Pipo, qui travaille pour Monarch ? L’organisation ultra-puissante en charge de surveiller le monde souterrain avec des milliards de dollars de moyens ? Et où le Dr Pipo est un des responsables, en charge de la surveillance d’une partie du monde souterrain ? Dr Pipo qui pourrait donc amener tout son fatras à ses collègues et autres subalternes qui ont les connaissances et les moyens de l’aider ? On parle bien de celle-là ?
Eh bien elle décide plutôt d’aller voir…
Un podcasteur complotiste.
« Oui, mais elle le connait ! » me diront les lecteurs qui ont vu les précédents films. Alors certes, mais en attendant, pourquoi ne pas commencer par son organisation ? C’est un peu comme travailler pour l’ONU, détecter une menace mondiale, et s’empresser d’aller en parler à son voisin au motif qu’on le connait et qu’il a une chaîne Youtube avec 500 abonnés. Nul doute qu’entre son intro de 35 secondes avec son logo en flammes qui tourne et son sponsor NordVPN, il sera d’une grande aide !
Notre larron, que nous appellerons Potecast, a visiblement bien aidé lors de précédents films, certes, mais ça n’explique pas pourquoi notre héroïne ne commence pas par aller voir sa propre organisation. Ah, si : c’est pour pouvoir ramener ce personnage dans le film sans aucune justification rationnelle. Personnage qui n’aura par ailleurs aucune utilité, mais que voulez-vous, rajouter des scènes entières complètement incohérentes qui coûtent du pognon pour baisser la qualité du film, c’est un métier. Enfin, toujours est-il que Potecast semble mystérieusement indispensable au docteur Pipo.
Et ça tombe bien, car au même moment, deux événements forcent le docteur Pipo à foncer chez Monarch en emmenant Potecast dans ses valises.
- Godzilla s’agite, comme s’il avait détecté une menace
- King Kong est remonté à la surface sans explication
Le lecteur se dira aussitôt « C’est p’têtre parce que King Kong est remonté à la surface, soit sur le territoire de Godzilla, que ce dernier s’énerve, non ? ».
Mais c’est oublier que le film est complètement débile, et donc que personne n’y pense, pas même le script. En effet, en réalité, King Kong est remonté à la surface… pour se faire retirer sa dent pourrie par les humains, qui lui remplacent par une prothèse (ils ont toujours une dent géante à la bonne taille sous la main). Le tout sous la direction de Bogoss, le vétérinaire spécialisé en créatures géantes (ne me demandez pas qui est sa clientèle habituelle, peut-être de très gros cockers), et qui est accessoirement l’ex-petit ami de l’héroïne.
ÇA ALORS !
Et maintenant que tout ce petit monde est réuni chez Monarch par la magie d’un scénario fort subtil, Potecast livre enfin son analyse des signaux sismiques captés aussi bien par les capteurs de Monarch que par la fille adoptive du Dr Pipo.
– D’après moi… c’est un signal télépathique.
– Ah. Mais sismique, donc.
– Oui.
– C’est super cohérent.
– Je vous emmerde, Dr Pipo. Par ailleurs, je pense aussi que c’est un signal de détresse.
– Comment vous le savez ? Vous parlez la langue des séismes-télépathes ?
– Pas du tout.
– Donc, laissez-moi deviner : vous n’en avez aucune idée, mais ça arrange le script.
– Voiiiiiiiiiiiilàààààààààààààà.
Ah, ces messages de détresse télépathiques et sismiques à la fois dans une langue inconnue mais que l’on décode aussitôt, c’est vraiment bien pratique ! Car il n’en faut pas plus pour que le Dr Pipo s’exclame qu’il est grand temps d’aller éclaircir tout ça dans le monde souterrain, et qu’elle va naturellement emmener avec elle les idiots qu’elle a sous la main, à savoir Potecast et Bogoss (on ne sait jamais, si on tombe sur un très gros cocker, ça peut aider). Oh, et puisque c’est une mission très sûre, elle va aussi emmener sa fille.
– Rotule fricadelle, sapin cuisine.
– Maman mais bordel ! Fais un effort, merde ! Ton langage des signes ressemble à une crise d’épilepsie ! Que veux-tu dire ? Que tu m’emmènes dans le monde souterrain ? C’est quoi le motif ? Je connais King Kong ?
– Ok. Injecteur turbo.
– Non mais toi aussi tu le connais ! Je ne sers à rien ! Tu réalises que je n’ai AUCUNE compétence utile à part être un enfant relou ?
– Brigand vital, paraitre moquette. Cependant, Spirou chapeau.
– C’est bon. Je viens, je viens. Mais par pitié, mets tes mains dans tes poches.
J’ai connu des intros pour réunir un groupe qui commençaient pas « Vous êtes dans une auberge » qui étaient plus travaillées.
La fine équipe peut donc embarquer dans un véhicule volant pour se rendre vers le monde souterrain, périple durant lequel Potecast nous rappelle qu’il est un personnage probablement écrit par un scénariste de 1998 : c’est le fameux personnage noir, en surpoids et rigolo qui passe son temps à crier, à avoir peur de tout et à faire rire tout le monde malgré lui. La seule preuve qu’il appartient au siècle nouveau est que contrairement à la règle des années 90, il ne meurt pas en premier. King Kong les accompagne aussi, puisque ses problèmes dentaires réglés, il peut retourner dans le monde souterrain.
Pendant ce temps, à la surface, l’excitation de Godzilla n’avait en effet rien à voir avec un gorille géant empiétant sur son territoire. Non, le gros lézard a visiblement d’autres projets que de manger du singe, et après l’Italie, il décide d’aller faire un tour dans le sud de la France pour y savater une centrale nucléaire et s’y alimenter en radiations. Comme s’il faisait le plein pour un combat à venir !
Ou qu’il pense acquérir ainsi des supers pouvoirs et en conséquence se faire engager chez Marvel. Ne fais pas ça, malheureux ! Nous sommes en 2024, Marvel, c’est tout pourri !
Mais Godzilla étant trop gros pour aller au cinéma, et trop intelligent pour s’abonner à Disney +, il ignore tout cela et décide de continuer à sucer goulument du réacteur qui n’en demandait pas tant. Sans aucune explication, les humains décident d’ailleurs de brièvement l’attaquer avec des drones alors que 1) ils savent très bien que ça ne sert à rien 2) ça peut juste l’énerver et lui donner envie d’arrêter de défendre l’humanité contre les autres monstres. On va dire que c’était pour faire une scène « Godzilla se remplit d’énergie sous une pluie de missiles, mais comme on n’a aucune raison de le bombarder, on va le faire quand même, comme ça, pouf. »
Je n’exagère pas, puisque les humains n’insisteront plus par la suite : c’est juste pour cette scène qu’ils se disent que « Ah tiens, si on lui tirait dessus pour rire ? »
Oh, ai-je précisé que les drones – volants – respectaient la règle de toutes les daubes ? À savoir « Oui, je vole, mais je vais le faire à 25 mètres du sol sinon le monstre ne pourrait pas m’attraper. » ? Voilà, c’est chose faite. J’ai toujours aimé ces films où les appareils volants se mettaient toujours au niveau de la gueule du monstre histoire de perdre le seul avantage qu’il y a à voler, comme ça, pour le principe. Cela fait, Godzilla part éclater la margoulette d’autres monstres qui attendaient gentiment à d’autres endroits du monde, saveur « Ah oui on était là depuis le début du film, Godzilla règne sur la surface mais finalement pas trop puisqu’on se trouvait là pépouze à attendre notre raclée ». D’accord. Monstres dont Godzilla boit l’énergie parce que c’est mieux qu’une canette de Monster et que décidément, il veut faire le plein.
Mais, revenons à nos héros partis explorer le monde souterrain pour répondre à la question « Mais quel est donc ce bordel ? »
Car pour leur part, ils se rendent aussitôt à un petit poste avancé de Monarch situé dans ce royaume souterrain pas si paisible, et chargé de surveiller son activité. Et le trouvent dévasté.
– J’espère qu’on pourra récupérer ce que les caméras ont enregistré ! lance Bogoss.
– Des caméras ? N’auraient-elles pas pu automatiquement envoyer leur contenu à la surface juste avant que tout ne se fasse ratiboiser ? propose le caporal Roudoudou.
– TAGGLE, répondent les autres en chœur avant de renvoyer cet intrus.
Donc, Monarch a installé un poste avancé avec des tonnes de caméras MAIS apparemment, ils font remonter le contenu à la surface manuellement. Sûrement sur des cassettes à rembobiner avec un crayon, quitte à aller jusqu’au bout de la logique. C’est formidable. Ils ont installé des millions d’ordinateurs, mais n’ont pas pensé à installer internet (alors que si, les communications passent, pour info).
King Kong, quant à lui, découvre que les mystérieux séismes du monde souterrain ont ouvert un passage vers… un monde souterrain-souterrain. Oui, nous sommes déjà dans un monde souterrain, mais apparemment, il y en a encore en dessous.
Oui, c’est de la grande écriture créative. Et après, les mêmes iront dire que l’IA peut les remplacer.
Bref : dans ce monde souterrain sous le monde souterrain (le monde sousouterrain, donc), King Kong découvre… une tribu de singes géants ! Qui essaient de lui péter la gueule, certes, mais après quelques mandales, Kong parvient non seulement à s’en défaire, mais aussi à faire ami-ami avec un petit bébé singe géant brun. Après moult aventures et pétages de mouilles de monstres, les deux se rapprochent plus encore, bébé Kong comprenant que King Kong est gentil, contrairement à 99% des créatures du coin qui se contentent de vouloir le bouloter. Alors que Kong est différent : lui, d’abord, il prépare une petite sauce.
On n’est pas des bêtes.
Pendant ce temps, dans le monde souterrain (mais pas sousouterrain, je sais, ça devient compliqué), le Dr Pipo et sa fine équipe partent à la recherche de ce qui a pu savater leur base avancée. Et découvrent la source du signal télépathico-sismique (rien que d’écrire cela, j’ai un peu honte, alors pensez aux gens ayant financé ce film). Du moins, la localisent, et décident de poser leur aéronef pour finir leur chemin à pied parce que… euh… parce qu’on ne peut pas aller plus près. Voilà. Non, même pas survoler le secteur : on ne peut pas, c’est magique.
Nos amis, qui ont intelligemment pensé à embarquer un total de UN militaire armé avec eux dans ce monde ultra-dangereux, voient ce dernier être – sortez vos boîtes à « ça alors ! » – mangé par une créature bizarre en chemin. Nos héros sont donc désormais seuls en territoire hostile, et sans armes. Ah, si seulement ils trouvaient les cons qui s’aventurent dans l’endroit le plus dangereux au monde avec une escorte d’une seule et unique personne !
Heureusement pour eux, ils finissent par tomber sur un temple dans la jungle souterraine qui porte les mêmes symboles que ceux de la tribu de Léa, la fille adoptive du Dr Pipo. Un lieu où l’on vénérait Mothra, la mite géante (… mais qui a écrit ça ?). Et juste à côté, ils découvrent un passage vers le monde sousouterrain, qui était là, comme ça, à attendre gentiment. Allez zou : ils s’y engouffrent ! Et tombent nez-à-nez… avec une civilisation humaine sousouterraine, semblable à la tribu dont est originaire Léa !
Oui, les mecs recollent exactement le même pitch que les autres films : « Et là, les héros découvrent un monde inconnu où des tribus humaines vénèrent des monstres géants. D’ailleurs, en fait, c’est la même tribu« .
Pourquoi mettre des nouveautés dans un nouveau film, hmmm ?
Léa en est toute excitée.
– Maman, tu as vu ? C’est mon peuple ! Je n’en suis pas l’ultime survivante !
– Capuche port, télégraphe saucisse.
– Je… putain maman. Bon, note que c’est magique : Kong qui pensait être le dernier de son espèce tombe sur des singes comme lui, moi qui pensais être l’ultime survivante de ma tribu découvre que non… manquerait plus que Godzilla tombe sur un autre lézard cracheur de laser et le ridicule serait consommé. Tu n’es pas d’accord ?
– Ok. Injecteur turbo.
Ah, si, petite nouveauté quand même : la tribu locale communique par télépathie. Ne me demandez pas comment : nous sommes dans le monde sousouterrain, à ce stade, ils pourraient voler en battant des oreilles que je ne poserais pas de question. Nos héros, eux, ne s’en posent pas non plus et se contentent de dire :
– De la télépathie ! C’est bien normal, n’en parlons plus, ni même de comment cela cause des séismes. C’est donc leur signal de détresse que nous avons capté ! Mais qu’est-ce qui peut être assez terrible pour que même une tribu vivant dans un monde de monstres appelle à l’aide ?
Je ne sais pas ? Qu’est-ce qui peut être pire qu’un monstre géant ? Le scénario, peut-être ? S’ils ont lu le script, c’était soit l’appel à l’aide, soit l’immolation collective.
Pour mieux se faire comprendre, les indigènes montrent au Dr Pipo une série de bas-reliefs sur lesquels la brave docteur n’hésite pas une seule seconde : cela comporte quantité de signes qu’elle n’a jamais vus, mais aucun souci, sitôt qu’elle a posé les yeux dessus, elle comprend tout et lit à voix haute :
– Au commencement, l’humanité était protégée par les grands singes. Puis, un vilain singe a voulu envoyer tous les singes tuer Godzilla. Ça a loupé et le méchant chef singe s’est retrouvé enfermé dans le monde sousouterrain. Ce singe se nomme… Scar.
– Comme dans le Roi Lion ? Eh bé. J’espère qu’il n’y a pas de buffles géants, sinon ça va être rude les petits amis.
– Scar domine aussi une créature souterraine – ça alors, qui est un lézard géant cracheur de lasers ! – grâce au pouvoir de la douleur. C’est pas bien clair, mais apparemment, il a une sorte de grosse télécommande à douleur.
– Pratique en soirée SM.
– Oui, ou alors, c’est comme avoir une télécommande qui ne fonctionne que sur TF1 et France 2.
– Seigneur.
– Dernier point : le bas-relief dit que Mothra la mite viendra se mêler de tout ce bazar, et que l’élue de la prophétie inévitable dans ce genre de films de merde, celle qui sauvera finalement le monde… ressemble trèèèèès fortement à ma fille adoptive.
– OH BEN CA ALORS !
À noter que pour nos amis scénaristes, quand vous avez décidé de mettre une tribu de télépathes et qu’elle veut expliquer un truc à des étrangers, il existe deux options :
– La télépathie, qui permet de justifier qu’un personnage reçoive soudain plein d’informations droit dans le crâne instantanément
– Un bas-relief à la con qu’il faudrait des années à déchiffrer en temps normal
Le film a choisi la deuxième option, je salue bien fort la performance qui sent bon l’écriture après une soirée tacos un peu arrosée.
Quant à Kong, toujours accompagné de Bébé Kong, il fait lui aussi une découverte : il tombe sur d’autres grands singes, qui travaillent pour Scar, un grand singe rouge très méchant qui les domine par la terreur. Comment sait-on qu’il est très méchant ? D’abord, il le porte sur lui (j’aime comme le cinéma apprend que les gens méchants ont forcément de sales gueules et inversement), et ensuite, il fait ce que tous les mauvais méchants font : il tue des membres de sa troupe gratuitement histoire de montrer à quel point il est cruel.
Je n’ai jamais bien compris où était l’intérêt d’affaiblir sa propre force, mais apparemment, chez les scénaristes, c’est super important : quand le méchant a le choix entre tuer le gentil ou un de ses fidèles, il tuera toujours un de ses sbires en ricanant pour montrer à quel point il est vilain (à défaut d’être efficace).
Scar tente bien de taper sur Kong sitôt qu’il l’aperçoit, mais le bougre résiste. Aussi, comme le disait le bas-relief, il brandit sa télécommande à douleur, une sorte de dague magique, et s’en sert pour faire sortir de son antre une sorte de dinosaure-pokémon enchaîné qui lui obéit au doigt et à l’œil, le fameux lézard géant cracheur de lasers. Forçant Kong à se replier puisque la bestiole crache du laser, oui, mais de gel (ne cherchez pas), ce qui brûle sérieusement le bras de notre héros poilu qui n’aime pas trop les sports d’hiver. Le voici donc qui s’enfuit retrouver ses humains préférés, et il s’effondre devant eux en sale état. Le Dr Pipo est bien embêté.
– Flûte. Comment Kong va-t-il pouvoir affronter Scar avec un bras tout cramé ? Car Scar risque de remonter à la surface, c’est ça que la tribu voulait nous dire ! C’est Scar, la menace ! Oh, comment allons-nous remettre Kong sur pied ?
– Grâce au projet Powerhouse.
– Que dis-tu, Bogoss ?
– Eh bien qu’en tant que vétérinaire, plutôt que d’apprendre à soigner des engelures, j’ai participé à concevoir un super projet secret d’exosquelette pour bras de singe géant.
Ce que vous entendez derrière vous, c’est votre boîte à « Ça alors ! » qui devient folle. Serrez-la fort, car ce n’est pas fini.
– Ça alors, ça tombe bien !
– Mieux encore, le projet est terminé et par un heureux hasard, nous avions déposé un prototype dans le monde souterrain !
– ÇA ALORS !
– Mieux mieux encore, le seul prototype est PILE de la taille de la blessure de King Kong !
– ÇAAA ALOOORS !
– MIEUX MIEUX MIEUX il est PILE pour le bon bras blessé ! C’eut été con d’avoir un prototype de main droite alors qu’il avait le bras gauche en vrac !
– ÇAAAAAAAAAAAAA ALOOOOOOOOOOOOOOOORS !
Vous le sentez, vous aussi ? Ce petit fumet de scénaristes qui se disent « Ça serait bien que Kong se batte avec un bras robotique, mais on n’a aucune idée de comment l’amener, alors amenons-le n’importe comment ?« . Hmmm. Ça sent comme des toilettes de camping en été (enfin je suppose : je ne fréquente pas ces boîtes à gueux).
Il est donc temps que tout le monde se prépare à la guerre.
- Kong reçoit un gros bras mécanique sur sa blessure et s’en va chercher Godzilla en renfort pour péter la gueule de Scar
- Godzilla est superchargé et entend son appel (sachant que Kong remonte à la surface en Egypte et hurle, ce que Godzilla entend… à Gibraltar)
- Léa la fille adoptive du Dr Pipo va dans le temple de la tribu et réveille Mothra la mite géante pouf pouf comme ça… parce que et oui, hop, elle était là. Ok. Injecteur turbo.
Je plaisante, mais tout de même :
Mothra.
MOTHRA.
Si l’ennemi est un énorme pullover, il va prendre sa branlée.
Le problème, c’est qu’en allant à la surface chercher Godzilla, Kong s’est mal fait comprendre : Godzilla a juste vu que le grand singe était sur son territoire, et le gros lézard n’a pas pissé partout pour marquer son territoire pour rien, eh, ho. Il veut donc instantanément latter Kong pour intrusion. Notez qu’au début du film, le même s’en foutait quand Kong venait prendre rendez-vous chez le dentiste à la surface, mais là, allez savoir pourquoi, ça l’énerve. On a donc une scène où Godzilla se rend en Egypte, écrase les pyramides sur son passage et… fait des prises de catch à King Kong.
Il y avait une chaise pliante géante dans les parages, je connais un gorille de 50 mètres qui se la prenait sur la truffe.
Notons que Kong ne rend pas ses intentions bien claires, puisqu’il se contente de péter la gueule de Godzilla. Plutôt que de lui montrer « Saute dans le trou qui mène dans le monde souterrain à ma suite, tu verras en bas, il y a un gros con qui s’appelle Scar », son plan est donc « Je vais te latter, et te trainer avec moi, et comme ça tu comprendras que j’ai besoin d’aide ». Hmmm. Bon, King Con, donc. Heureusement, c’est à ce stade que Mothra, la mite dégueulasse qui fait des bruits de dauphin (pour faire gentil et kikinou, mais ça ne prend pas : elle est vraiment dégueulasse) débarque et communique avec les deux pour leur dire « Allez, faites vous un bisou et la paix, parce qu’on a du boulot mes petits amis ».
Oui, Mothra met tout le monde d’accord. C’est son pouvoir : elle est à la fois attachante et centrale, c’est un peu une mite d’amarrage, si vous voulez.
Toute la fine équipe se rue en conséquence dans le monde souterrain, où Scar s’apprêtait justement à remonter à la surface : la bataille finale peut commencer.
Kong tape sur Scar, Godzilla sur l’animoche lanceur de gel de Scar, Mothra met sa mite partout et c’est dégoûtant, quant aux humains, ils font « Hooo ! » « Haaa ! » et lancent des diversions plus ou moins ridicules et inutiles de temps à autres. Bon, pas de bol, le monde souterrain dispose de portails magiques vers la surface, et par un malheureux accident, les monstres en pleine baston tombent dans l’un d’entre eux et se retrouvent à se meuler à Rio de Janeiro, où tout de suite, ça fait moins la fête.
Sans surprise, Scar prend sa raclée, non sans que son monstre lanceur de glace ne soit libéré de l’esclavage dans lequel il se trouvait lorsque la télécommande à douleur est détruite. Tout le monde est donc heureux, car sans Scar, plus de bagarre, et chacun peut rentrer chez soi.
- Les humains font la fête et tapent fort dans la main de Léa, la petite fille qui a réveillé Mothra par le pouvoir du script (le reste de la tribu locale s’étant coupé les ongles pendant ce temps)
- Godzilla s’en retourne dans son nouveau petit panier où faire dodo comme un chaton,à savoir le Colisée de Rome, ce qui emmerde un peu l’Italie qui va devoir payer la litière
- King Kong et Bébé Kong retournent dans le monde sousouterrain grimpés sur le monstre lanceur de gel, désormais gentil, afin d’annoncer aux singes locaux que Scar est mort et que son règne de terreur étant fini, ils peuvent vivre libres
C’est donc un moment heureux où le monde a été sauvé de la destruction pour la 257ème fois et…
… FIN !
![Ils ont vu Jurassic World, ils savent qu'aucun dinosaure ne peut égaler un ensemble chemisier-talons.](https://unodieuxconnard.com/wp-content/uploads/2024/05/3219777.webp)
Vous ai-je parlé de la tenue du Dr Pipo et de Bogoss pour aller explorer le monde souterrain ultra-hostile ? Non ? Eh bien voilà. Une chemise à fleur, même pas un sac à dos, et en route.
Mais ? Des gens ont sérieusement financé ce truc sans considérer que c’était un énorme nanar digne d’une histoire de requin radioactif ?
Quelques mois plus tard, à Hollywood.
– Johnson ! Nous avons besoin d’une nouvelle idée de film ! Vite, je compte sur votre inventivité.
– Alors euh ce serait… un gorille ?
– Hmmm, oui, super ?
– Et un… lézard ?
– Continuez.
– Ils viendraient d’un monde souterrain et ils affronteraient disons… un gorille… et un lézard. Mais venus d’un monde encore plus souterrain.
– … attendez Johnson, vous ne viendriez pas de me revendre exactement le film précédent ?
– …
– …
– … et si je rajoute que cette fois, ils découvrent une nouvelle mite géante venue d’encore plus profond ?
Le producteur fronce les sourcils.
– Johnson…
Le scénariste rentre la tête entre les épaules.
– … pensez-vous que 150 millions de dollars suffiront ?
Et le plus beau ? C’est qu’il n’y a pas eu qu’un seul scénariste pour pondre tout cela. Oh que non : ils étaient trois.
Une inventivité pareille, il fallait bien ça.
03.05.2024 à 09:39
Déclarer ses revenus d’indépendant – Le roman photo
Un odieux connard
Texte intégral (3882 mots)
Le présent article ne parlera probablement pas à tout le monde.
En effet, sachez que si vous faites partie des élus qui ont un contrat de travail et trouvent chaque année leur déclaration de revenus pré-remplie, vous pouvez marmonner des remerciements aux forces surnaturelles qui veillent sur vous.
Par contre, si vous faites partie des autres, ceux qui doivent déclarer quinze fois la même chose sur dix sites différents qui affichent tous « aucune donnée ne nous a été transmise« , alors que si, si, et que ça marche fort bien dans la plupart des pays civilisés, parlons un peu des coulisses de notre administration grâce à un roman photo qui vous permettra de tout comprendre.
En tout cas, ledit roman présente la seule explication logique à tout cela. Car sinon, je vous avoue que cela m’échappe.
Bonne lecture (et zoom).
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Et si jamais ça ne marche pas (comme un vulgaire site de l’URSSAF), le tout en une seule image :
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