21.11.2025 à 15:58
Maureen Damman
Vous n’avez pas pu suivre l’actu ? Voici 10 bonnes nouvelles à ne surtout pas manquer cette semaine. 1. Train de nuit pour aller manger végane ! Une coopérative belgo-néerlandaise relance la liaison de nuit Paris–Berlin abandonnée par la SNCF après la fin des subventions publiques. Le service, opéré par European Sleeper, vise la viabilité […]
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Une coopérative belgo-néerlandaise relance la liaison de nuit Paris–Berlin abandonnée par la SNCF après la fin des subventions publiques. Le service, opéré par European Sleeper, vise la viabilité économique via une nouvelle route qui passera par la Belgique, avec trois allers-retours hebdomadaires prévus dès mars 2026. (Le Relève et la Peste)
Victime de la pêche de fond, de la destruction des habitats et du réchauffement marin, le requin-ange de mer, classé en danger critique d’extinction et probablement disparu depuis le XXe siècle, pourrait faire l’objet d’un programme de réintroduction à Nice. (Midi-libre)
Plus de 220 communautés de Sierra Leone ont signé un accord inédit avec l’Africa Conservation Initiative pour protéger 79 000 hectares de mangroves. Le texte garantit une transparence totale et attribue 40 à 50 % des revenus du carbone aux populations locales, selon les principes de la « justice carbone ». (Mongabay)
En Lituanie, le taux de suicide a été réduit de moitié en misant sur l’accompagnement communautaire plutôt que sur une réponse strictement médicale. Le service téléphonique gratuit Silver Line, dédié aux personnes isolées, joue un rôle central dans la prévention et la restauration des liens sociaux. (Reasonstobecheeful)
Un éléphant issu d’un zoo belge deviendra le premier pensionnaire d’un nouveau sanctuaire pour éléphants au Portugal, un refuge non ouvert au public. Le site vise à offrir aux animaux anciennement captifs un espace de vie sécurisé, loin des logiques de spectacle. Une première en Europe. (Portugalnews)
Le programme SLIME contre la précarité énergétique mobilise 45 collectivités supplémentaires pour accompagner 66 000 ménages d’ici 2027. Il permet de repérer, diagnostiquer et aider les foyers en difficulté face au coût de l’énergie. (Communiqué de presse SLIME)
le collectif du Parc d’Hiver a sauvé 17 hectares de forêt littorale menacés de bétonnage à Mimizan, au terme de six ans de mobilisation. Le site, désormais protégé, préserve un corridor écologique essentiel dans une zone soumise à une forte pression immobilière. (La Relève et la Peste)
En Ardèche, la LPO a acquis la grotte du Pontet, un site accueillant jusqu’à un millier de minioptères de Schreibers et de murins de Capaccini. Cette maîtrise foncière – une première dans la région – permet de sécuriser durablement cet habitat crucial et de limiter le dérangement humain, renforçant ainsi la protection de ces espèces menacées. (France Bleu)
La verrerie Duralex, relancée par ses salariés, dépasse largement ses objectifs lors d’une levée de fonds citoyenne qui rassemble plus de 22 000 contributeurs. Un succès qui confirme l’attachement du public à cette marque emblématique et donne un nouvel élan à sa production « made in France ». (Alternatives Économiques)
Leroy Merlin met fin à ses publicités sur le site d’extrême droite « Frontières »
, dénoncé pour contenus haineux. La décision provoque la colère du RN, qui appelle au boycott de l’enseigne, tandis que l’entreprise revendique sa responsabilité éthique. (L’humanité)
– Mauricette Baelen
The post Paris-Berlin, requin et mangroves : les 10 bonnes nouvelles de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.21.11.2025 à 15:28
Maureen Damman
Vous n’avez pas eu le temps de lire l’actu ? Voici les 10 infos à ne surtout pas manquer cette semaine. 1. Un selfie qui alimente le trafic En Amérique centrale, la popularité des selfies avec des paresseux alimente un trafic illégal florissant. Capturés pour répondre à la demande touristique, ces animaux vulnérables sont exploités […]
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En Amérique centrale, la popularité des selfies avec des paresseux alimente un trafic illégal florissant. Capturés pour répondre à la demande touristique, ces animaux vulnérables sont exploités au mépris de leur bien-être, poussant plusieurs pays à réclamer un renforcement urgent de leur protection internationale. (Mongabay)
À la COP30, l’Ukraine dépose une demande inédite de 43 milliards de dollars contre la Russie pour les dommages climatiques liés à la guerre. Kiev chiffre les émissions et destructions environnementales du conflit à l’équivalent de l’empreinte carbone annuelle d’un pays comme la Colombie, et veut inscrire ce préjudice dans le cadre de la justice climatique. (vert)
Un cargo vétuste transportant près de 3 000 vaches uruguayennes a été immobilisé pendant plusieurs semaines au large de la Turquie, faute de documents conformes. À bord, les animaux survivent dans des conditions effroyables, avec plus de 58 morts et 140 mises bas. Il est depuis reparti vers l’Uruguay. (La Relève et la Peste)
Trois militantes écologistes sont poursuivies pour avoir protégé un chêne multiséculaire menacé par la future LGV Bordeaux–Toulouse. Elles risquent une interdiction de séjour en Haute-Garonne. (La Relève et la Peste)
À peine élu, le nouveau président de la Coordination rurale, Bertrand Venteau, adopte une ligne offensive contre les écologistes. Il dénonce un « carcan » de normes environnementales jugées hostiles aux agriculteurs et annonce vouloir peser pour un virage plus productiviste du syndicat. (Reporterre)
L’accord agricole UE–Maroc signé en octobre, qui permet l’exportation de tomates cerises cultivées au Sahara occidental, est une violation du droit international, car, entre autres, sans consultation des Sahraouis. Sur place, conditions de travail et exploitation des ressources sont dénoncées, tandis que l’Europe alimente un commerce contesté. (Reporterre)
À Marseille, plus de cinquante personnes – parents, enseignants et agents municipaux – portent plainte pour exposition à l’amiante dans plusieurs écoles. Elles accusent les autorités d’avoir laissé perdurer un risque sanitaire connu, et visent notamment des faits de « mise en danger de la vie d’autrui ». (Reporterre)
La Russie s’oppose au rétablissement des sanctions occidentales contre l’Iran via le mécanisme de « snap-back », qu’elle juge illégitime et contraire au droit international. Moscou annonce dans la foulée vouloir approfondir sa coopération avec Téhéran, renforçant encore leur rapprochement stratégique. (Les-crises)
La verrerie Duralex, relancée par ses salariés, dépasse largement ses objectifs lors d’une levée de fonds citoyenne qui rassemble plus de 22 000 contributeurs. Le succès confirme l’attachement du public à cette marque emblématique et donne un nouvel élan à sa production « made in France ». (Alternatives économiques)
À la COP30 de Belém, militants et ONG dénoncent une transition énergétique qui reconduit des logiques néocoloniales. L’extraction massive de minerais nécessaires aux technologies « vertes » pèse sur les peuples autochtones et les écosystèmes, révélant les contradictions des stratégies climatiques internationales. (Médiapart)
– Mauricette Baelen
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Mr Mondialisation
Si les fêtes de fin d’année sont souvent synonymes de joie et de moments partagés, elles incarnent aussi, malheureusement, une ode à la surconsommation. D’occasion, dématérialisés ou encore utiles à d’autres : zoom sur les cadeaux alternatifs et solidaires. La période de Noël s’accompagne souvent d’une forme de pression : celle de faire le ou […]
The post Black Friday : Nos idées cadeaux pour un Noël alternatif first appeared on Mr Mondialisation.La période de Noël s’accompagne souvent d’une forme de pression : celle de faire le ou les bons cadeaux, et de sacrifier parfois ses propres valeurs pour être certain·e de faire plaisir. Or, le « bon » cadeau n’est pas nécessairement le mieux emballé, ouvrant la boîte neuve du dernier produit à la mode… Ce n’est pas non plus offrir un animal comme on l’expliquait dans un article en 2024. Et enfin, faire plaisir ne devrait pas être inhérent à la quantité de cadeaux offerts, ni à leur valeur monétaire.

Difficile de résister et de se raisonner face aux clairons de la consommation et à l’industrie du sapin. Le matraquage publicitaire abrutissant, nous incite à acheter plus, dépenser plus, offrir plus… Quitte, au passage, à faire culpabiliser les moins fortuné·es.
Les fêtes de fin d’année devraient rester un véritable moment de partage et non de consommation. Voici donc une petite liste — évidemment non-exhaustive — pour des cadeaux originaux, peu onéreux, solidaires et bénéfiques pour toutes et tous.
Voici le cadeau idéal pour un·e proche engagé·e dans la protection animale. De la SPA locale aux refuges d’animaux de ferme, de nombreuses structures proposent le parrainage. En effet, cette aide financière permet aux personnes sensibles au sort des animaux, mais ne pouvant en recueillir chez elles, de participer à leur sauvetage, à leur nourrissage ou à leurs soins.

Un exemple parmi tant d’autres : le refuge GroinGroin, situé dans la Sarthe, recueille des animaux sauvés d’élevage. Végane, antispéciste, il est également un centre d’information sur les cochons. À leurs côtés : vaches, moutons, dindes, chevaux ou encore ânes, coulent des jours heureux, loin de toute forme d’exploitation.
Chez Groingroin, le parrainage est essentiel à la bonne tenue du refuge et peut parfaitement s’offrir. Ce type de don est ponctuel et libre, s’adaptant aux revenus de chacun·e. Ne reste plus qu’à parcourir le trombinoscope, choisir l’animal à parrainer, et le futur parrain/marraine recevra son certificat ! Par la suite, il ou elle recevra des nouvelles de son ou sa filleul·e plusieurs fois par an, en remerciement de son engagement.
Autre initiative originale, celle de l’institut de la Tour du Valat, baptisée Adopte un flamant. Pour Anne-Sophie Hervy, chargée de communication et de développement, « le parrainage représente environ un quart des finances de l’association. » Celle-ci, fondée en 1954, mène actuellement plus de 70 projets : études scientifiques, gestion des espaces naturels, préservation d’espèces endémiques, etc.

C’est le cas du flamant rose, en déclin dans les années 1960 à cause de la chasse de ses œufs ou de la réduction de son habitat. Le travail de la Tour du Valat a porté ses fruits la décennie suivante, et le baguage des oiseaux a commencé en 1977.
Depuis, environ 800 poussins sont bagués chaque année. « C’est comme ça qu’est née l’initiative Adopte un flamant : les gens voulaient des nouvelles des animaux — explique Anne-Sophie Hervy. — Si le parrainage a débuté dans les années 1990, il a vraiment trouvé son élan en 2020. Ses objectifs sont multiples. Tout d’abord, sensibiliser le grand public à la préservation des espèces et des zones humides. C’est également un apport financier important, qui participe au suivi scientifique des colonies, au coût du baguage… »
« les parrains et marraines reçoivent un certificat virtuel, des nouvelles de leur protégé·E ou encore une « Gazette des flamants roses »
Chez Adopte un flamant, il existe trois types de parrainages, allant de 25 à 100€. En contrepartie, les parrains et marraines reçoivent un certificat virtuel, des nouvelles de leur protégé·e ou encore une « Gazette des flamants roses ». Enfin, chaque année, une Journée des parrains est organisée pour les donateurs de 100€ et plus. Celle-ci permet de découvrir les oiseaux de près, en les observant dans leur environnement naturel.
Pas de paquet, rien de physique, mais un cadeau qui fait sens ! À l’approche des fêtes de fin d’année, associations et ONG n’hésitent pas à rappeler qu’il est possible de (se) faire plaisir en offrant à autrui.
La quasi-totalité des associations et ONG acceptent les dons libres et ponctuels. Ceux-ci n’entraînent pas de contrepartie : un vrai cadeau du cœur ! De fait, il est généralement possible « d’offrir » son don à un·e proche : la personne concernée reçoit alors un message l’en informant.

Associations humanitaires, écologiques, de protection animale… Il n’y a pas de réelle limite, mise à part celle de sa sensibilité personnelle — et de celle de la personne pour laquelle le don est réalisé. En plus des noms les plus connues (Unicef, Croix Rouge, L214…), pensez aux petites structures près de chez vous ! Refuge local, association qui vient en aide aux plus démunis, aux enfants malades, aux réfugiés politiques…
Pourquoi ne pas financer trois belles causes en même temps, avec par exemple l’association Kalaweit. Active depuis plus de vingt ans en Indonésie, elle travaille activement à la préservation de la flore et de la faune sauvages, tout en créant des emplois pour les populations locales. Humains, animaux et nature en un seul et même projet, pour un don chargé de sens.
En outre, il est possible de participer au financement d’un projet social ou écologique. Des plateformes comme Bluebees, par exemple, mettent en avant des initiatives responsables. Une idée qui permet aux bourses les plus réduites de faire un petit cadeau, car les sommes de départ sont souvent peu onéreuses. Parfait pour un cadeau utile, altruiste et solidaire !
Envie malgré tout d’un cadeau physique, à déposer sous le sapin ? Là encore, il existe de nombreuses alternatives aux mastodontes de la consommation. La toute première revient à faire vivre les commerces près de chez soi : épicerie solidaire, magasins de vrac, petit commerce indépendant de produits artisanaux… Les choix manquent rarement et, à l’approche des fêtes, ce type de commerce met souvent en avant de belles idées cadeau.
Sur Internet, faire ses courses de façon responsable est possible aussi. Par exemple, le site de e-commerce Label Emmaüs, créé en 2016, possède une vitrine de plus de 2 millions d’objets issus des ressourceries d’Emmaüs. Pourtant, cet « e-shop militant » est encore assez confidentiel. Or, s’y trouvent des produits de seconde main en très bon état et de qualité : objets utiles ou plaisir, vêtements, high-tech reconditionné…

Au total, 170 ressourceries et recycleries, toutes dans une démarche d’économie sociale et solidaire, font vivre Label Emmaüs. Un écosystème vertueux, qui réduit le nombre de déchets tout en participant à la réinsertion sociale. En effet, grâce à un plan de formation poussé, ce sont aujourd’hui presque 1000 personnes qui font vivre la plateforme.
Envie de joindre le plaisir à l’original ? Pourquoi ne pas se tourner vers les cadeaux à faire soi-même ? Uniques, ludiques, ils demandent un temps et un investissement impossible à faire transparaître dans l’achat d’un cadeau neuf… Et pour emballer le tout, rien de tel que les papiers cadeaux réutilisables !
Bref, un Noël loin des sirènes de la surconsommation, c’est non seulement possible, mais en plus, c’est fun, éthique et rempli d’amour.
– Marie Waclaw
Source image d’en-tête : ©Pexels
The post Black Friday : Nos idées cadeaux pour un Noël alternatif first appeared on Mr Mondialisation.20.11.2025 à 05:00
Mr Mondialisation
Tandis que le progrès technique se développe de jour en jour, l’appétit pour l’immédiateté touche un nombre croissant de personnes. Et ce désir de satisfaction instantanée s’insinue dans toutes les strates de la société, que ce soit dans les biens, les services, l’information ou même les relations humaines. Ce « tout, tout de suite » engendre une […]
The post Les dangers du « tout, tout de suite » first appeared on Mr Mondialisation.
Ce « tout, tout de suite » engendre une impatience chronique et une frustration certaine. Devenue un véritable luxe, elle renforce les inégalités et l’individualisme, et nuit sans aucun doute au vivre ensemble. Pire, elle est un moteur puissant pour le capitalisme carnassier, qui nécessite une croissance continuelle et mortifère, incompatible avec l’existence de la vie sur Terre à long terme.

Le progrès technique a sans aucun doute apporté d’immenses bénéfices aux êtres humains, que ce soit dans les domaines scientifiques, sanitaires ou dans le soulagement de la charge de travail. Et pourtant, ce qui aurait dû servir le bien commun, a souvent été détourné pour approvisionner la machine au profit du capitalisme.
Dans ce cadre, les technologies auraient, par exemple, tout à fait pu permettre à notre espèce de diminuer drastiquement le temps à la tâche de chacun·e, en conservant un rendement identique. Mais malheureusement, la recherche du profit a entraîné une hausse continue de la production pour soutenir une politique de l’offre.
Dans les faits, c’est donc bien le marché qui s’est mis à vendre l’immédiateté comme un luxe auquel chacun·e devrait aspirer. Pourquoi patienter quatre jours pour recevoir un colis par la Poste lorsqu’il est possible de l’obtenir en 24h sur Amazon avec une offre premium ?
Pourquoi attendre qu’un téléchargement se fasse en dix minutes, alors qu’il est possible de l’avoir en trente secondes avec une nouvelle proposition de fibre ou de 5G ? Inutile de prendre le temps d’analyser une nouvelle tandis que la poussière retombe : il existe l’information en continu, qui exprime tout, tout de suite ! Pour quelle raison se cantonner près de chez soi quand il est possible de choisir un aller-retour à l’autre bout du monde en 3 clics et s’y rendre en seulement quelques heures d’avion ?

De même, pourquoi conserver un objet dans le temps, alors qu’il est possible de le jeter pour en racheter un autre encore plus cher et bien plus performant, beau ou à la mode ? Pourquoi attendre des années qu’une production artistique (livre, séries, films, etc.) se construise quand il est possible d’en consommer à la chaîne sur des plateformes en streaming ? Pourquoi prendre le temps de mitonner un bon petit repas, à l’heure des fast foods ?
Quel intérêt, d’ailleurs, de cuisiner s’il est possible de se faire livrer à la maison et gagner de précieuses minutes que chacun·e peut, à son tour, consacrer à alimenter cette machine infernale ?
Inutile non plus d’économiser sur le long terme s’il existe des emprunts instantanés qui permettront d’acheter tout de suite des biens beaucoup trop chers. Sus au temps de la réflexion ou de l’analyse alors que des influenceur·euses, journalistes ou intelligences artificielles sont capables de penser à votre place. Un reel de vingt secondes vaut d’ailleurs bien une bonne vidéo d’explications d’une heure et demie.
Ces désirs s’insinuent même jusque dans la propre santé et les relations sociales des individus. Les applications de rencontre ont transformé les êtres humains en véritables produits de consommation, les supports virtuels ont remplacé les contacts physiques, les personnes sont elles aussi entrées dans l’ère du jetable.
Chacun·e attend qu’un message en ligne obtienne une réponse instantanée, comme si personne n’avait d’existence en dehors de soi-même. L’autre doit correspondre à l’image de perfection que l’on s’est imaginée, sans même prendre le temps de le connaître ou de construire quelque chose.
Sa propre enveloppe charnelle est elle aussi devenue une matière à satisfaire dans la seconde. Cette société vend à la population des régimes ou des programmes pour un ventre plat, ou même de la chirurgie esthétique, pour oublier qu’un corps ne peut se transformer immédiatement, comme pour s’affranchir soi-même de ses propres limites.
D’un point de vue politique, les pays qui s’inscrivent dans le modèle occidental se bâtissent sur ce même modèle court-termiste. Les actions ne sont plus que des réactions à des évènements immédiats et le temps de la planification sur des périodes longues paraissent avoir complètement disparu.
Un sondage ou un accident semble avoir plus d’effet sur nous que des alertes sur le futur de la part de scientifiques, comme c’est par exemple le cas pour la catastrophe environnementale qui se construit chaque jour devant nous.
Seulement, cette société du « tout, tout de suite » cache de nombreuses retombées néfastes, en premier lieu pour les travailleur·euses. De fait, cette logique d’instantanéité et de productivité a pour conséquence d’exercer une pression constante sur les salarié·es qui doivent répondre à des exigences toujours plus grandes de la part des consommateur·ices, que ce soit dans les secteurs de l’alimentation, du divertissement, du transport, du numérique, de l’information ou de la culture.
Et ce mode de fonctionnement n’a bien sûr pas d’effet positif sur l’ensemble de la société, affectant la santé mentale et physique des personnes et augmentant la frustration des un·es pour le contentement des autres.
Car, dans ce contexte, la capacité à profiter de l’instantanéité, mais aussi du temps long, appartient aux plus aisés. Celles et ceux qui sont frustré·es et étouffé·es par le travail d’un côté, sont alors au service de celles et ceux qui peuvent se payer des livraisons rapides, des offres premium, des voyages en avion, etc. En outre, en aspirant à toujours plus de promptitude, sans avoir les moyens financiers, les plus pauvres sont donc souvent obligés de sacrifier la qualité.
Par là, c’est la société en tant que collectif qui se trouve fracturée une nouvelle fois par des inégalités croissantes. Et le tout est sans aucun doute amplifié par la montée de l’individualisme et de l’instant présent favorisé par cette construction.
Cette structure qui favorise la vision à court terme et qui pousse à l’individualisme est aussi un parfait outil du capitalisme pour enrailler toute possibilité de constructions de luttes et d’organisations sociales qui réclament un temps long que les gens, en particulier les plus pauvres, n’ont plus.
Pendant ce temps, les politiques publiques, ancrées dans des cycles électoraux et dictées par des sondages, semblent incapables de penser sur la durée, ce qui apparaît pourtant de plus en plus indispensable dans bon nombre de domaines.
Et parmi les conséquences les plus graves de cette vision du monde, on pense sans aucun doute à la catastrophe écologique. Le consumérisme, favorisé par le « tout, tout de suite », appelle ainsi à acheter et jeter à une vitesse si absurde que la planète ne pourra bientôt plus l’encaisser, que ce soit au niveau de la pollution, des déchets, mais aussi du climat.
Cette logique de profits et de croissance permanente du travail et de la production demande, en effet, une consommation d’énergie et de ressources qui fait exploser les émissions de gaz à effet de serre et qui ruine à la fois les sols et la biodiversité. Autant de facteurs qui finiront sans aucun doute par être fatals à l’espèce humaine si une bifurcation n’est pas organisée très rapidement.
En fin de compte, la résistance à l’addiction et à l’immédiateté paraît plus qu’indispensable à plusieurs titres. Et pour ce faire, la valorisation de la lenteur représente une clef importante pour se reconnecter avec le poids du temps en donnant du sens à la réflexion, l’apprentissage, la patience ou l’organisation collective.
Autant d’efforts nécessaires pour pouvoir réduire notre temps de travail, diminuer les inégalités, et s’offrir un rythme de vie tenable avec un véritable droit au repos. Dans cette optique, il serait alors possible de rebâtir une société basée sur plus de solidarité et qui privilégierait la justice sociale, la qualité de l’existence, la survie de l’espèce humaine et la soutenabilité à la gratification instantanée. Et c’est peut-être là que se trouve le vrai luxe.
– Simon Verdière
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The post Les dangers du « tout, tout de suite » first appeared on Mr Mondialisation.19.11.2025 à 20:35
Renard polaire
BD, spectacle, radio… Guillaume Meurice est décidément multi-casquettes. Rencontre avec celui qui se définit lui-même comme un « clown » et qui tente, par le rire et la culture sous toutes ses formes, de faire réfléchir. Guillaume Meurice aime interpeller, pousser le débat et faire réfléchir, mais toujours avec le sourire et le recul qui […]
The post Guillaume Meurice : « Il n’y a pas de liberté, que des preuves de liberté » first appeared on Mr Mondialisation.
Guillaume Meurice aime interpeller, pousser le débat et faire réfléchir, mais toujours avec le sourire et le recul qui vont bien. Tandis qu’il sillonne actuellement la France avec son spectacle Vers l’infini… mais pas au-delà, il est également au rendez-vous tous les dimanches chez Radio Nova, et distille rire et réflexion pour petits et grands dans de nouvelles BD.
Avec lui, nous avons tenté de faire le tour de sa riche actualité. Et de constater que l’humour reste une arme démocratique efficace face aux tentatives de censure réactionnaires.

Guillaume Meurice : « Oui, et c’est la première info de la BD, à savoir qu’il ne faut pas confier tant de pouvoir à si peu de personnes, humaines ou non (rires). A priori, c’est quelque chose qu’on sait déjà, avec la Ve République… Ici, face à la dictature du Chef Titi, une question se pose : faut-il s’allier avec ses ennemis pour combattre un ennemi commun ?
Cela ouvre à des débats entre les animaux qui se montrent plus ou moins lâches, plus ou moins radicaux, etc. Évidemment, ça donne aussi pas mal de situations cocasses. Écrire cette suite de La Révolte sans précédent et re-travailler avec Sandrine (Deloffre, NDLR) a encore été un bonheur pour moi. Elle est toujours aussi drôle, on a vraiment énormément ri. »

Guillaume Meurice : « Effectivement, on y parlera de l’IA, et ça s’appellera La Révolte avec précédent – oui, la maison d’édition va nous détester avec nos titres ! (rires) On est déjà en train de travailler dessus. L’IA ayant pris le contrôle du monde, animaux et humains vivent sous terre. Ça devient très compliqué… Le contexte sera assez sombre, mais heureusement, sans spoiler, nos héros s’en sortent toujours. Notamment grâce à Jean-Louis, le renard pas si malin que ça, mais qui subit beaucoup de pression. Car il est sensé l’être ! »
Guillaume Meurice : « Je souhaite informer au-delà de dénoncer. Loumi est une BD jeunesse, accessible dès la pré-adolescence. On y parle d’une jeune fille qui se demande ce qu’il y a dans son poisson pané. En vacances chez son oncle qui, lui, ne se pose pas trop de questions, elle remonte tout le fil de la fabrication de son fameux poisson. On a vraiment essayé de distiller des informations techniques, comme lorsqu’elle rencontre des pêcheurs. Là, elle découvre la taille des filets et l’absurdité du système de pêche à grande échelle. Un véritable massacre organisé !

Le but, c’est que les lecteurs apprennent et se posent des questions tout en rigolant. On pousse également à aller plus loin, en donnant des pistes aux plus jeunes pour faire des exposés via une liste d’associations, de documentaires ou de livres. C’est une aventure qui reste ludique, et que les enseignants peuvent utiliser en classe. Loumi, ça peut être un premier pas vers ce qui se passe dans l’océan, dont on parle trop peu. Personne ne sait ce qui s’y passe vraiment : c’est loin, c’est sous terre, c’est souvent en-dehors des eaux internationales… Ce qui laisse beaucoup de place pour y faire n’importe quoi. »
Guillaume Meurice : « Oui, car la gestion y est devenue calamiteuse et opaque. Le festival appartient à des gens qui ne font pas du tout de BD. C’est devenu un énorme business, le Disneyland de la BD… Sans compter les affaires glauques, comme une victime de viol qu’on a essayé de faire taire : tout est fait pour que la confiance disparaisse vis-à-vis des organisateurs.
Le boycott s’organise pour alerter, car c’est le plus gros festival de BD en France. Il mérite une gestion plus saine et horizontale, par gens qui travaillent dans le milieu de la culture. Alors, à notre échelle, on essaie simplement d’être là pour éveiller les consciences. »
Guillaume Meurice : « Oui, je suis libre et ne rencontre pas de censure. Mais j’aurais pu dire pareil du temps de France Inter avant d’être licencié, donc il faut toujours rester prudent (rires) ! Malheureusement, nous sommes souvent virés pour les mêmes raisons que celles qui nous ont ouvert les portes…
Dans le cas présent, j’ai quand même quelques garanties de la part de Matthieu Pigasse, le propriétaire ! Il se marre en nous écoutant et ne nous embête pas. On est plutôt sur la même longueur d’ondes en terme de valeurs. Et l’émission cartonne, donc c’est difficile de venir nous faire des reproches. »
« j’aime dire qu’il n’y a pas de liberté, que des preuves de liberté. Dans l’état actuel des choses, nous les avons. »
Guillaume Meurice : « Évidemment, il a tout mon soutien ! Cette histoire, c’est encore une offensive de la droite qui veut censurer l’humour. La réponse de Radio Nova (ndlr : « Préserver la liberté de ceux qui font rire, c’est protéger la santé de notre démocratie. ») est parfaite, selon moi. »

Guillaume Meurice : « Oui, mais je fais preuve d’un gros biais d’optimisme à ce sujet ! En réalité, j’associe cette montée de la haine au fait qu’ils savent qu’ils vont perdre. Ils sont en panique. Mais restons prudents : un système dominant qui panique peut devenir dangereux. Alors il faut tenir, s’accrocher, ne pas se résigner. Quoi qu’il arrive, on se fait traiter de tout quand on défend les droits humains.
« Au fond, quand tu regardes Cnews, tu ne vois que des gens qui chouinent, qui ont peur de tout… Je compare ça à une bête blessée, coincée au fond d’un ravin. »
Comparer notre situation actuelle avec celle des années 1930 me semble assez valide. Il y a quelques mois, nous avons reçu le sociologue Vincent Tiberj dans La Dernière : il y expliquait que la France n’est pas de plus en plus de droite, mais que c’est le cas des médias. Or, les médias ont le pouvoir, car ils ont l’argent. Et donc, ils défendent le pouvoir en place.
Mais du côté de l’opinion, par exemple, le mariage pour tous est plus ancré dans les mœurs qu’on ne le croit et il y a aujourd’hui peu de chances qu’il soit remis en cause. En réalité, le plus gros transfert d’électorat, ce n’est pas de la gauche vers la droite, mais ce sont les gens qui arrêtent de voter. Notre vision globale de la société est déformée par les médias. »
Guillaume Meurice : « Alors je serais ravi, car aller discuter avec des gens qui ne sont pas d’accord avec moi, c’est ma passion (rires) ! J’aime sincèrement discuter avec gens qui votent à droite, je serais hyper chaud pour échanger et essayer de comprendre leur intérêt personnel. Parce que voter RN quand on s’appelle Bernard Arnault, ça peut s’entendre, mais quand on est smicard, je ne comprends pas. Je pense que nous n’avons rien à perdre à discuter avec des gens qui ne pensent pas comme nous – tant que ça ne dépasse pas le seuil de l’insulte, évidemment. »
Guillaume Meurice : « J’ai juste espoir que la justice se positionne. J’ai été viré pour « faute grave » : Radio France va devoir se justifier, car moi, je ne vois pas de faute grave. S’il n’y avait pas eu de polémique sur Cnews, on n’en serait sûrement pas là. Ce procès va s’avérer très intéressant pour mesurer la liberté d’expression actuelle, et peut créer une jurisprudence… dans le bon ou le mauvais sens. Personnellement, je n’en attends rien. Je n’ai surtout pas demandé à être réintégré chez France Inter, et ai été très clair sur ce point (rires) ! »

Guillaume Meurice : « C’est un spectacle qui se base sur une citation d’Einstein. On se demande quel est le « plus grand infini » entre l’univers et la connerie humaine… Avec Éric, on s’amuse à faire une compétition pour savoir qui gagne. Bon, j’ai de bons atouts en terme de conneries (rires) ! C’est un spectacle où on se marre en apprenant des trucs, qui est actuellement en tournée et qui fonctionne bien. Éric est astrophysicien ET marrant, donc c’est vraiment cool. »
Guillaume Meurice : « Oh, sympa comme question. Je crois qu’on ne m’a jamais demandé si j’étais heureux. La réponse est oui ! Je m’amuse, fais plein de petits métiers sympa… Je suis un peu le Schtroumpf farceur. Être payé pour faire ce qu’on aime, c’est quand même super chouette. J’aurais du mal à me plaindre. »
– Entretien réalisé par Marie Waclaw
Source image d’en-tête : ©Magali R
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Elena Meilune
Alors que les projecteurs du monde se détournent, le Moyen-Orient s’asphyxie dans le silence. Derrière les discours de stabilité et de modernisation, s’étendent des crises humaines étouffées : répression politique, effondrement social, exécutions massives et guerres sans fin. Après avoir exploré dans un précédent article les drames qui secouent Gaza, le Yémen et l’Afghanistan, trois […]
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Après avoir exploré dans un précédent article les drames qui secouent Gaza, le Yémen et l’Afghanistan, trois foyers emblématiques d’un effondrement humain et politique, il est temps de braquer la lumière sur d’autres pays au cœur du Moyen-Orient, où les droits humains s’effacent dans l’indifférence des puissances qui prétendent défendre la liberté.
Ces tragédies forment un même tableau : celui d’un ordre régional fragmenté, dominé par la violence et l’impunité. Israël, puissance militaire soutenue par les États-Unis, joue un rôle central dans nombre de ces drames – de la Palestine au Liban, en passant par la Syrie – pendant que les régimes autoritaires renforcent leur emprise au nom de la « sécurité » et du « progrès ». Dans cet entrelacs d’intérêts, d’occupations et de résistances, ce sont toujours les populations civiles qui paient le prix du silence international.
Le Liban s’enfonce dans une crise multiforme qui conjugue effondrement économique (un des plus graves au monde depuis les années 1850), paralysie institutionnelle, tensions géopolitiques et violations graves des droits humains. Environ 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, contre 28 % avant la crise économique de 2019.
En 2023, 2,5 millions de personnes – dont 700 000 enfants – avaient déjà besoin d’une aide humanitaire. La même année, plus de 26 % des ménages déclaraient que leurs enfants n’étaient plus scolarisés. Plus de 16 % des familles envoient leurs enfants travailler. Au moins 250 000 libanais·es, principalement des jeunes diplômé·es, ont quitté le pays durant ces cinq dernières années. La crise économique a entraîné une augmentation des violences faites aux femmes.
Les infrastructures publiques sont à l’agonie : système de santé au bord du gouffre, pénuries massives de médicaments, écoles en sous-effectifs, coupures d’électricité récurrentes… L’explosion du port de Beyrouth en août 2020 reste un symbole puissant de cet effondrement ; cinq ans après, aucune justice véritable n’a été rendue selon Humans Right Watch.
La crise sociale se double d’un vide institutionnel, d’une corruption endémique et d’une érosion accélérée des libertés publiques. Les réfugié·es syrien·nes sont victimes de détentions arbitraires, de tortures et d’expulsions forcées.
L’armée israélienne, soutenue par les États-Unis, mène une escalade militaire au sud du Liban depuis 2023, saccageant des villages, occupant cinq positions sur les hauteurs frontalières et imposant un « zone tampon » qui empêche le retour de dizaines de milliers d’habitants. Des frappes israéliennes quasi-quotidiennes se sont poursuivies malgré un cessez-le-feu signé avec le Hezbollah en 2024.
[MAJ 19 novembre 2025 : Au moins 13 personnes sont mortes le mardi 18 novembre suite à une frappe israélienne sur un camp de réfugiés palestiniens.]
« La destruction massive et délibérée par l’armée israélienne de terres agricoles et de biens civils dans le sud du Liban doit faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre » – Amnesty International
Le FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), déployée depuis 1978 pour stabiliser la zone, voit son mandat prolongé pour la dernière fois avant un retrait prévu fin 2027, sous la pression combinée d’Israël et des États-Unis.
Quatorze ans après le déclenchement d’une guerre civile d’une violence inouïe, la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024 a ouvert une période de transition chaotique. Environ 16,5 millions de Syrien·nes – dont 7,4 millions d’enfants – ont encore besoin d’une aide humanitaire. Il s’agit d’une des plus grandes crises de déplacement au monde avec plus de 6 millions de réfugié·es à l’étranger et au moins 7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. 80 % des infrastructures du pays sont détruites.
Les minorités ethniques et religieuses (notamment les communautés kurde, alaouite, druze et chrétienne) continuent d’être persécutées. En juillet 2025, Amnesty International a documenté les enlèvements d’au moins 36 femmes et filles (âgées de 3 à 40 ans) de la communauté alaouite.
Dans ce contexte, Israël a largement exploité la chute du régime Assad. Les forces israéliennes contrôlent depuis une zone tampon démilitarisée de 400 km² à l’intérieur de la Syrie. Tsahal a établi neuf postes militaires en territoire syrien et a mené des centaines de bombardements sur la Syrie depuis décembre 2024, notamment dans le sud du Damas cet automne. Israël occupe également toujours le plateau du Golan, annexé en violation du droit international après la guerre des Six Jours (1967).
Le territoire syrien est ainsi divisé : des zones sous contrôle du nouveau gouvernement officiel, des régions autonomes kurdes au nord-est, des espaces d’influence étrangère et des zones d’occupation étrangère.
Le 13 octobre 2025, les Kurdes syriens sont parvenus à trouver un « accord de principe » avec Damas pour intégrer leurs troupes au sein des forces de sécurité syriennes, dans un contexte sécuritaire toujours miné par les attaques des groupes islamistes armés. Si cet accord marque une tentative d’apaisement, il ne suffit pas à stabiliser un pays où la résurgence de Daech demeure une menace constante.
Bien que l’État islamique ait perdu son « califat » territorial, des cellules djihadistes dormantes continuent d’opérer dans plusieurs zones du nord et de l’est du pays. Les conditions de misère, l’absence d’État de droit et les tensions communautaires nourrissent ce terrain propice à la reconstitution de foyers extrémistes. Les institutions demeurent extrêmement fragiles. Selon Najat Rochdi, une des principales responsables de l’ONU sur le dossier syrien :
D’après elle, l’absence des femmes dans les institutions « freine la reconstruction politique », et ce malgré leurs sacrifices immenses pour maintenir la société debout. Cette marginalisation n’est pas nouvelle. L’histoire des guerres, comme celle des reconstructions, tend à effacer le rôle des femmes, réduisant à l’ombre celles qui fait tenir debout des communautés entières pendant que les bombes tombaient, puis qu’on a oubliées dès que les hommes sont revenus écrire l’histoire.
Au cœur du chaos syrien, les femmes kurdes incarnent avec force cette mémoire occultée. Elles ont été en première ligne contre les djihadistes, payant un lourd tribut dans la lutte contre l’État islamique. Leur engagement, à la fois militaire et émancipateur, a contribué à la chute du « califat », sans pour autant trouver la reconnaissance qu’il mérite. Aujourd’hui encore, leur combat rappelle une évidence trop souvent ignorée : aucune reconstruction durable ne peut se faire en effaçant la moitié du peuple.
Occupée par Israël depuis 1967, la Cisjordanie subit une violente répression qui s’est intensifiée ces deux dernières années dans un climat d’impunité totale. Depuis le 7 octobre 2023, la violence des colons et de l’armée israélienne s’est accrue de manière spectaculaire.
Selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), plus de 1 000 Palestinien·nes – dont environ 200 enfants – ont été tué·es dans le territoire depuis cette date. Des dizaines de villages palestiniens ont été vidés de leurs habitants sous la menace directe des colons ou à la suite de démolitions ordonnées par l’armée.
Selon Oxfam, l’expansion des colonies israéliennes atteint aujourd’hui un niveau sans précédent : plus de 700 000 colons vivent en Cisjordanie – dans des implantations toutes illégales au regard du droit international – et se livrent quasi-quotidiennement à des exactions contre les Palestinien·nes (démolition de maisons, villages brûlés, harcèlement, violences physiques, meurtres…) avec la protection de l’armée israélienne.
Le 22 octobre 2025, le Parlement israélien a approuvé en lecture préliminaire des projets de loi d’extrême droite visant à annexer purement et simplement le territoire, où vivent 3,4 millions de Palestinien·nes privé·es de tout droit politique effectif.
L’Iran traverse une période d’autoritarisme renforcé après les grandes mobilisations de 2022 sous le slogan Femme, Vie, Liberté, suite à la mort de Mahsa Amini. Des centaines de personnes ont été exécutées cette année-là et 15 000 arrêtées. En mars 2023, Mr Mondialisation publiait un article sur le peuple iranien en quête d’une révolution inachevée.
Et la situation n’a cessé d’empirer depuis. L’espace civique est pratiquement inexistant : la liberté d’expression, les médias, les organisations de la société civile et les mouvements de femmes sont étroitement surveillés et réprimés. Depuis début 2025, la répression contre les femmes et les filles, mais aussi les défenseur·es des droits des femmes s’est globalement intensifiée : arrestations arbitraires, violences physiques, poursuites judiciaires iniques, exécutions…
Selon Amnesty International, plus de 1 000 personnes ont été exécutées depuis le début de l’année, taux le plus élevé depuis au moins 15 ans. La peine de mort comme instrument de répression pour écraser tout potentielle contestation est devenue systématique depuis 2022. Les minorités religieuses et ethniques sont aussi lourdement ciblées, en particulier les minorités kurdes et baloutches, dans une indifférence internationale grandissante.
Le 3 avril 2025, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a prolongé et élargi le mandat de la mission d’enquête internationale sur l’Iran pour documenter et conserver des preuves des violations des droits humains en vue de poursuites futures.
L’escalade militaire entre l’Iran et Israël a contribué à cette nouvelle phase d’instabilité. En juin 2025, des frappes israéliennes massives ont visé notamment des sites militaires et nucléaires iraniens, mais aussi des infrastructures civiles (causant 224 morts et plus de 2 500 blessés, dont 90 % de civils). L’Iran a répliqué, frappant à son tour des infrastructures civiles en Israël. Cette confrontation, l’une des plus graves entre les deux pays, a aggravé la crise humanitaire et renforcé le discours sécuritaire du régime, qui instrumentalise la guerre pour justifier la répression intérieure et resserrer son contrôle sur la population.
Vingt ans après l’invasion américaine de 2003, l’Irak peine encore à se relever des conséquences d’une guerre qui a désintégré ses institutions et fracturé sa société. La chute du régime de Saddam Hussein, l’occupation militaire et la politique de débasification ont plongé le pays dans un vide politique – une cause majeure de l’émergence de l’État islamique.
L’Irak affiche une apparente stabilité après la lutte contre Daech, mais les défis restent massifs : un appareil d’État affaibli, des milices omniprésentes, une justice paralysée et une crise humanitaire persistante avec plus d’un million de personnes toujours déplacées (dont près de 150 000 vivent dans des camps ouverts). Les besoins humanitaires demeurent élevés. Selon Amnesty International, l’impunité demeure la règle pour les violations commises pendant et après les opérations militaires contre l’État islamique : des milliers de disparitions forcées restent non élucidées.
La liberté d’expression et les activités de la société civile sont de plus en plus encadrées : les autorités ont multiplié les arrestations pour « contenu indécent », ont harcelé et menacé des journalistes au Kurdistan irakien et restent d’une rare lenteur dans les réparations des victimes de violences d’État.
Derrière l’image de modernisation véhiculée par le régime de Mohammed ben Salmane (MBS), l’Arabie saoudite reste l’un des États les plus autoritaires du monde. Sous couvert de réformes économiques et sociales, le pouvoir a renforcé la surveillance, la censure et la répression politique. Selon un rapport d’Amnesty International, le royaume a procédé à au moins 345 exécutions en 2024, le double par rapport à l’année précédente. Plus de cent étrangers ont aussi été exécutés depuis le début de cette année 2025. À ce propos, Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International, explique :
« L’Arabie saoudite fait partie des pays qui ont le plus recours à la peine de mort au monde. Ceux et celles qui osent défier les autorités se retrouvent face au châtiment le plus cruel qui soit, en particulier en Iran et en Arabie saoudite, où la peine de mort est utilisée pour faire taire les personnes assez courageuses pour s’exprimer. »
Sur le plan des libertés, le système judiciaire saoudien continue de se servir de la loi antiterroriste pour museler la dissidence, tandis que les femmes, les migrant·es et les membres de la minorité chiite sont soumis à des discriminations structurelles. L’Arabie saoudite n’a aucune loi contre les discriminations. La loi maintient au contraire les femmes sous la tutelle des hommes, et inclut des dispositions qui facilitent les violences domestiques et les abus sexuels dans le cadre du mariage.
Derrière les gratte-ciels de Riyad et les promesses de « Vision 2030 », le pays repose sur un système d’exploitation extrême des travailleurs migrant·es soumis·es à des conditions proches de l’esclavage.
– Elena Meilune
Photographie d’en-tête : Des femmes et des enfants parmi les réfugié·es syrien·nes en grève sur le quai de la gare de Budapest-Keleti, Hongrie. 4 septembre 2015 @ Wikimedia Commons
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