22.10.2025 à 06:00
Saumon d’élevage : l’envers toxique d’un poisson industriel
Mr M.
Bombes de carbone, impacts sanitaires douteux, monopole commercial, souffrance animale et insécurité alimentaire… l’élevage industriel de saumons est dévastateur. L’ONG Seastemik a dressé une carte mondiale des « bombes roses », ces futurs projets d’élevage intensif de saumons en cages terrestres, émettant à eux seuls jusqu’à 16,9 millions de tonnes de CO2 par an. De […]
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Bombes de carbone, impacts sanitaires douteux, monopole commercial, souffrance animale et insécurité alimentaire… l’élevage industriel de saumons est dévastateur. L’ONG Seastemik a dressé une carte mondiale des « bombes roses », ces futurs projets d’élevage intensif de saumons en cages terrestres, émettant à eux seuls jusqu’à 16,9 millions de tonnes de CO2 par an. De quoi largement revoir le contenu de notre assiette.
Les chiffres donnent le vertige : chaque minute, l’industrie salmonicole capture 486 420 poissons sauvages pour nourrir les saumons d’élevage, émet 30 tonnes de CO2 et abat 1080 saumons. En mai 2024, en collaboration avec Data for Good et Les Décodeurs du journal le Monde, l’ONG Seastemik a publié le rapport Saumons : la bombe rose d’un système alimentaire à bout de souffle et alerte sur :
« un modèle d’élevage intensif qui détourne de la nourriture des communautés d’Afrique de l’Ouest, dégrade les écosystèmes marins et terrestres, menace la santé publique et contribue à la souffrance de millions d’animaux »
Saumon, la star des assiettes
Quasi inexistante il y a 30 ans, la consommation de saumon a bondi ces dernières années, atteignant les trois millions de tonnes en 2021, « soit l’équivalent de l’élevage et de l’abattage de 600 millions de saumons », estime l’organisation. Une production actuelle 115 fois supérieure à la plus grande quantité de saumons jamais pêchée en une année.
En tête des consommateurs, on retrouve les États-Unis (948 kilotonnes en 2021), suivi de loin de la Russie (537 kilotonnes) et du Japon (480 kilotonnes). Sur le podium européen, la France s’inscrit en tête du classement avec 270 kilotonnes de saumon consommé sur la même année, soit en moyenne 4,2 kilos de saumon par habitant. Bien plus bas, le Brésil (115 kilotonnes) ou encore le Canada (108 kilotonnes) affichent une consommation bien plus raisonnable.
Un marché contrôlé par quelques géants : le monopole des multinationales du saumon
Face à cette hausse de popularité auprès des consommateurs, les producteurs de saumon ont également vu leurs activités s’envoler et les petites fermes salmonicoles artisanales ont cédé la place à l’aquaculture industrielle.
Aujourd’hui, quatre pays concentrent à eux seuls 96 % de la production mondiale de saumons : la Norvège, le Chili, le Canada et l’Écosse. L’ONG Seastemik explique :
« En quelques décennies, le marché est devenu dominé par une poignée de multinationales. Mowi, anciennement Marine Harvest, est leader du secteur. L’entreprise est présente dans 25 pays »

Derrière ces chiffres affolant, une accablante réalité se dessine : l’industrialisation et d’intensification des élevages de saumon ces dernières décennies sont une menace croissante pour les consommateurs, les écosystèmes marins et les populations côtières d’Afrique de l’Ouest. Pour comprendre cela, il faut défaire le fil de la chaine de production du saumon.
Animaux carnivores, les saumons doivent impérativement être nourris d’organismes vivants riches en protéines, comme les petits poissons dit « de fourrage » transformés en farine et en huile, ou encore le soja. « Pour nourrir et élever un seul saumon d’élevage, il faut ainsi pêcher jusqu’à 440 poissons sauvages », estime l’ONG, alors que 90 % des poissons capturés à travers la pêche minotière pourraient être consommés directement par les êtres humains. À mesure que les mers se vident, les populations dépendantes des ressources marines se voient privées de leurs moyens de subsistance.
Une question de sécurité alimentaire pour des millions de personnes
« Ce type de surpêche a eu de nombreux impacts sociaux négatifs, comme en Mauritanie et en Gambie, où la quantité de poissons sauvages a été réduite », détaille le rapport.
« La Norvège pêche ou importe chaque année 2 millions de tonnes de poissons sauvages, dont 123 000 à 144 000 tonnes depuis les eaux d’Afrique de l’Ouest. Ce volume permettrait de satisfaire les besoins nutritionnels annuels de 2,5 à 4 millions de personnes dans la région, soit plus que la population de la Gambie (2,7 millions) et près de la population totale de la Mauritanie (4,7 millions) ».
Au delà des enjeux de sécurité alimentaire que pose l’élevage de poissons carnivores, les scientifiques craignent de nombreux effets sur l’environnement marin. À titre d’exemple, plus de 4 millions de saumons se sont échappés des élevages des 11 plus grands producteurs entre 2018 et 2022. Ces évasions posent de sérieux problèmes écologiques, notamment :
« par la compétition qu’ils induisent sur les ressources avec les populations sauvages, par l’introduction de maladies et de parasites, et par le risque d’hybrider avec les saumons sauvages, menaçant leur résilience génétique »
Antibiotiques et microplastiques : et si le saumon mettait notre santé en danger ?
Pour la santé humaine, la consommation de saumon peut se révéler bien plus néfaste que ne le fait croire le lobbying du secteur, entre promesse d’une protéine moins polluante et apport en oméga 3. « Si la Norvège prétend que 99% de son aquaculture est exempte d’antibiotiques, d’autres pays ne sont pas aussi vertueux », regrette ainsi Seastemik. « Au Chili, l’utilisation d’antibiotiques des 17 principaux producteurs a augmenté d’un tiers depuis la crise du covid pour atteindre plus de 460 tonnes en 2021 ».
Les microplastiques s’insinuent également dans notre assiette et sont « particulièrement présents dans le saumon », en raison de la bioaccumulation dans la chaîne alimentaire et de l’affinité des plastiques pour les graisses.

L’ONG insiste en outre sur la souffrance animale, mettant en avant des taux de mortalité considérables dans les élevages (+20% certaines années), une propagation rapide des maladies infectieuses, un stress important lié à la densité d’occupation et de nombreuses blessures provoquées par le traitement des parasites sur les poissons.
Finalement, l’élevage de saumon se montre très gourmand en énergies fossiles, émettant en 2021 environ 16 millions de tonnes de C02 équivalent, « soit près de l’ensemble des émissions de CO2 d’un pays comme la Croatie ». Près de 90% de ces émissions sont en réalité émises en amont et en aval de la phase de production, l’organisation dénonçant particulièrement le poids de l’alimentation des poissons et de leur transport aux quatre coins du globe.
Élevage de saumon sur terre : des fermes ultra-polluantes en plein essor
Au-delà de ces impacts actuels dévastateurs, l’association de protection des océans s’inquiète du futur du secteur. Au vu des mannes économiques que représente l’élevage de saumon, de nombreux acteurs s’intéressent à de nouveaux modes de production permettant à des climats peu propices à l’élevage de saumon – qui vivent naturellement en eaux froides – de s’immiscer sur le marché.
Plusieurs projets de fermes-usines à terre voient ainsi le jour, dont 3 sur le territoire français, mais aussi en Arabie Saoudite ou en Chine. Les entreprises comptent sur la technologie RAS (Recycled Aquaculture Systems) pour leur permettre d’élever des saumons sur l’ensemble de leur cycle de vie dans des bassins fermés construits à terre.

Dans son rapport, l’ONG dénonce des systèmes « ultra-énergivores » (représentant jusqu’à 100 GWh/an pour une ferme-usine produisant 10 000 tonnes par an, soit l’équivalent de la consommation d’environ 43 000 français) et une forte empreinte carbone (entre 2 et 14 kg CO2 par kg de saumon produit).
Grâce à un travail collaboratif de collecte et d’analyse de données publiques, PinkBombs.org dresse une carte des projets d’élevage intensif de saumons en cages terrestres. Selon leurs estimations, ces « bombes roses » pourraient faire croître la production mondiale de saumons de plus de 91 %, une évolution contraire aux objectifs de neutralité climatique et de réduction des émissions des Accords de Paris.
L’ONG appelle les entreprises du secteur à s’engager pour végétaliser les assiettes en développant une aquaculture de faible niveau trophique, comme les algues et les coquillages. Individuellement, nous pouvons faire le choix de réduire, voire d’exclure le saumon de nos assiettes « afin d’accélérer collectivement la révolution vers un système alimentaire qui répond aux impératifs de santé, de durabilité et de justice sociale », conclut Seastemik.
– Aure Gemiot
Photo de The Oregon State University Collections and Archives sur Unsplash
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De Paris au Rojava, ces modèles pour vivre sans l’État
Mr M.
La Commune de Paris irrigue depuis 1871 lʼimaginaire de celles et ceux qui luttent pour des vies dignes. Constamment, elle apparaît lorsque surgit nʼimporte où dans le monde le désir de sʼémanciper des structures institutionnelles. Cet esprit auto-gestionnaire ne peut se réduire à l’épisode de la Commune de Paris. Du Moyen-Âge à aujourdʼhui, retour sur […]
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La Commune de Paris irrigue depuis 1871 lʼimaginaire de celles et ceux qui luttent pour des vies dignes. Constamment, elle apparaît lorsque surgit nʼimporte où dans le monde le désir de sʼémanciper des structures institutionnelles. Cet esprit auto-gestionnaire ne peut se réduire à l’épisode de la Commune de Paris. Du Moyen-Âge à aujourdʼhui, retour sur lʼhistoire dʼune idée révolutionnaire.
En 2012, éclate en Syrie une longue guerre durant laquelle le nord du pays devient le Rojava, région dans laquelle est expérimenté un nouveau mode de gouvernance écologique, féministe, multiculturel, fondé sur un système de fédération de communes : le confédéralisme démocratique. Parfois, on lʼappelle la Commune du Rojava.

À lʼété 2013 en Turquie, Istanbul voit la résistance au plan dʼurbanisation du parc Gezi se transformer en une révolte dʼampleur contre lʼaustérité et lʼautoritarisme dʼErdogan ; la place voisine de Taksim devient un lieu dʼauto-organisation et de solidarité, que certain·es surnomment la Commune de Taksim. En janvier 2020, une assemblée des « Communes libres » et listes municipales citoyennes issues du mouvement des Gilets Jaunes se réunit à Commercy : la Commune des Communes.
Ces initiatives sont toutes différentes. Elles se réclament pourtant dʼune même idée : la « Commune ». Ce terme, qui imprègne dʼune façon quasi mystique la culture militante, nʼest pas pris au hasard. Il invoque un événement majeur de lʼHistoire sociale française, que lʼécole républicaine se garde dʼailleurs bien d’enseigner : la Commune de Paris de 1871.
L’héritage de 1871
La Commune de Paris, c’est la première tentative dʼauto- gouvernement populaire socialiste, expérience de seulement 72 jours tuée dans le sang. Elle a marqué de son empreinte les luttes dʼémancipation qui lʼont suivie. Mais elle nʼest pas elle-même un évènement historique isolé, elle est lʼhéritage dʼune idée aux racines profondes, traversant le Moyen-Âge et la Révolution française.
Suivre lʼhistoire de cette idée, cʼest comprendre comment un symbole dʼémancipation se façonne, évolue, et se rend capable de transformer le monde. Cʼest aussi sʼoutiller pour comprendre ce qu’il peut en être fait aujourdʼhui.

La commune médiévale bourgeoise
Originellement, la commune est le serment dʼassistance mutuelle que se prêtent à partir du XIe siècle les membres dʼune bourgeoisie naissante, contre lʼarbitraire seigneurial ou clérical et contre lʼinsécurité qui menace un commerce en plein essor. À lʼépoque, cette bourgeoisie nʼest pas une classe possédante. Faite de pauvres comme de riches, elle est le nouveau peuple de villes alors en plein développement : artisans et commerçants, marchands et percepteurs de taxes, avocats et médecins.
Premier pas vers la conquête de leur autonomie, la commune nʼest alors pas une ville ou un village, un corps administratif ou une communauté. « Faire commune », cʼest réellement constituer une « association jurée », solidaire, liant sur une base égalitariste des individus réclamant de prendre en charge eux-même leurs intérêts. Dans une société dʼOrdres où il nʼexistait de pouvoirs institués que par la noblesse et le clergé, cʼest un fait absolument nouveau, et tout-à-fait révolutionnaire.

Lorsquʼelle nʼest pas réprimée, on lui reconnaît une existence officielle sous la forme dʼune charte, établissant par écrit un ensemble de privilèges obtenus : allègement fiscal, droit à sʼarmer, gestion partielle des affaires de la ville, etc. Jusquʼau XVIIIe siècle, des dizaines de communes existent en France, partout différentes. Mais ce mouvement est rapidement récupéré par la royauté, qui trouve dans cette relative indépendance urbaine un moyen utile dʼaffaiblir à son profit les seigneuries locales.
Sous lʼaction du roi, les institutions municipales établies par les chartes voient leur autonomie rognée et leur pouvoir progressivement accaparé par une oligarchie bourgeoise riche, généralement capitaliste, qui sʼen transmet héréditairement les charges. Le serment communal est tué, la bourgeoisie capitaliste est née.
1789 : la première Commune de Paris
Mais la commune ne tarde pas à revenir sous une autre forme, lors de la Révolution Française. À la prise de la Bastille le 14 juillet, le pouvoir déserte : « Le colosse du despotisme sʼébranle, tombe et s’engloutit. Le Lieutenant de Police n’est plus ; les espions se cachent ; l’Intendant fuit ; les Ministres se taisent ; les Tribunaux sont enchaînés ; la Bastille est prise. » (Procès-verbal des séances et délibérations de l’Assemblée générale des électeurs de Paris, 1790)
De ce vide politique naît la Commune de Paris, qui avait été proposée quatre jours plus tôt par les députés de la ville. Lʼun de ses défenseurs, Jean-Louis Carra (1742-1793), invoque des sentiments similaires à ceux qui avaient animés les communes médiévales : « La politique d’un tel établissement est de réunir toutes les classes d’habitans pour les intéresser toutes à la défense de leurs droits communs » (ibid). Cʼest bien ce quʼil se produira. En plus de lʼélection dʼun maire, Paris est divisé en 48 sections pour chacune desquelles un comité civil est élu et une force armée est constituée : Paris devient une fédération dont chaque partie sʼhabitue à bénéficier dʼune certaine indépendance et à sʼengager dans les questions politiques.

Cette organisation joue un grand rôle dans le destin de la Révolution. À partir de la fin juillet 1792, les sections prennent un tournant radical et populaire en devenant lʼorgane politique des sans-culottes, qui aspirent à plus dʼégalité. Et le 10 août 1792, jour dʼabolition de la monarchie, la Commune devient « Commune insurrectionnelle ».
Jusquʼà ce quʼelle tombe en 1795, cʼest dʼelle quʼémanent les mesures les plus radicales de la Révolution, telles la Constitution de 1793 entérinant le droit à lʼinsurrection — jamais appliquée. Si elle a en 1793 divisé le territoire français en « communes », avec une relative volonté dʼautonomie exécutive pour chacune, Paris restait le centre de toute législation : prépondérance est donnée à la capitale, qui place sous tutelle le reste de la nation.
La Commune revient
Après la Révolution, la commune traverse près de 80 ans sans que le sens dʼémancipation ne lui soit plus couramment donné. Ce quasi-siècle est essentiellement une succession de régimes autoritaires où la France passe dʼempire en monarchie et de monarchie en empire. Émaillé dʼémeutes, de révoltes, de révolutions, il ne voit cependant pas lʼesprit républicain de la Révolution Française sʼaffaiblir, bien au contraire.
Le monde change : les doctrines socialistes naissent, évoluent, progressent, sʼaffinent, et à mesure que le capitalisme sʼinstalle, sʼorganise également le peuple ouvrier. De nombreux militants et militantes se sentent les héritier·es du travail inachevé de la Commune de Paris et sont partisan·es dʼune Révolution où un gouvernement révolutionnaire central devra être établi.
Mais la théorie concurrente du fédéralisme sʼest également formée au cours du siècle, et certain·es aspirent désormais plutôt à la constitution de gouvernements autonomes locaux et fédérés à lʼéchelle de tout le pays. Quoi quʼil en soit, la Commune est pour ces deux courants le grand symbole de lʼémancipation.
Dans la seconde moitié des années 1860, la lame de fond jusquʼici plutôt clandestine du socialisme se libère à mesure que le Second Empire sʼaffaiblit et assouplit son autorité. Puis ce dernier tombe suite à une défaite cuisante contre la Prusse en 1870. La République est proclamée le 4 septembre de la même année mais capitule à son tour en janvier suivant, provoquant dans le pays un fort élan patriotique.
Dès le 5 janvier, un grand nombre de militants socialistes appellent à proclamer la Commune à Paris en apposant dans les rues de la capitale la célèbre « affiche rouge ». Celle-ci montre une double ambition qui ne tardera pas à se réaliser : organiser la défense du territoire, prendre de grandes mesures sociales.
1871 : la Commune de Paris
Le 18 mars, après une série déjà longue de mesures vexatoires, lʼexécutif veut désarmer le peuple de Paris, qui bouillonne. Mais ce dernier se soulève, fraternise avec lʼarmée, dresse des barricades. Le pouvoir et lʼessentiel de lʼélite bourgeoise sʼenfuient à Versailles.
Comme en 1789, cette désertion laisse les mains libres à ceux qui étaient déjà relativement organisés et qui prennent tranquillement possession des lieux de pouvoir et préparent en une semaine des élections. Pour la première fois, des ouvriers et des artisans, des socialistes, siègent en grand nombre parmi les élus. Le 28 mars, la Commune de Paris est officiellement proclamée.

Malgré un contexte économique difficile et la guerre que lui menaient les « Versaillais », elle fut un laboratoire politique sans équivalent à lʼépoque, « une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique » (affiche Déclaration au peuple de Paris, 19 avril 1871).
En témoigne un large nombre dʼinitiatives solidaires, féministes, démocratiques : mandats impératifs et révocables, abolition des armées permanentes, mesures dʼégalité pour les femmes, éducation laïque et gratuite pour toutes et tous, réquisition des logements vacants et ateliers abandonnés, suspension des loyers, citoyenneté des étrangers, cantines populaires, séparation de lʼÉglise et de lʼÉtat…
La Commune crée ses institutions, souvent propres à chaque arrondissement, et sa vie publique est animée par les riches débats tenus dans les nombreux clubs ouverts à toutes et tous et les assemblées des nombreuses organisations populaires qui naissent dans la ville.
Un grand principe dʼautonomie la sous-tend, autonomie quʼelle revendique pour toutes les localités de France, urbaines et rurales. Si une dizaine de Communes ont bien été tentées dans dʼautres villes, elles nʼont rarement tenues plus que quelques jours et Paris a rapidement été isolée. Moins connue, une grande insurrection anti-coloniale sʼest déroulée simultanément dans lʼAlgérie conquise par la France depuis 1830.
La fin de la Commune est tragique. Au bout de 72 jours, elle est écrasée dans un bain de sang par les Versaillais dont lʼarmée assassine près de 10 000 communard·es. Mais la Commune nʼest pas morte : « à la défaite derrière les barricades a succédé la victoire dans le domaine des consciences » (Jean- Louis Pindy, « Manifeste aux travailleurs de la région française », publié dans LʼAvant-Garde n°22 du 24 mars 1878).
Elle a en effet laissé une trace durable pour toutes celles et ceux qui rêvent dʼémancipation. Mieux, elle est, par son exemple, un élément structurant des puissantes pensées révolutionnaires qui ont transformé le XXe siècle.
La Commune, un modèle dʼémancipation
Dans les années qui suivent, lʼhéritage de lʼexpérience « communaliste » est particulièrement vivace au sein des courants marxiste et anarchiste qui dominent alors le mouvement ouvrier. Leurs deux conceptions opposées nous montrent comment le sens dʼun même événement peut être aiguillé dans une direction ou lʼautre.
Pour Karl Marx (1818-1883), la Commune est « la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l’émancipation économique du travail » (La guerre civile en France, 1871). Car si lʼétablissement dʼune société sans classes et sans État est comme pour les anarchistes lʼobjectif à atteindre, cela doit, selon lui, dʼabord passer par un pouvoir centralisé transitoire, nécessaire à la destruction des institutions capitalistes et à la défense contre la réaction bourgeoise.
Or la forme de ce gouvernement nʼayant rien dʼévident, la Commune de Paris lui donne alors un modèle de démocratie populaire sur lequel se fonder. Dans la pratique, il nʼen partage cependant pas le principe dʼautonomie locale ; Marx défend toujours la nécessité de la conquête de lʼÉtat par un parti ouvrier centralisé, qui lui semble avoir manqué à la Commune.
Lʼessentiel des marxistes à sa suite sʼaccorderont sur ces vues et les renforceront. À commencer par Vladimir Lénine (1870-1924), qui sʼappuie lui aussi sur lʼexemple de la Commune et défend lʼidée dʼune « centralisation absolue » au sein dʼun « parti dʼavant-garde » sans laquelle le peuple ne pourrait arriver au socialisme (LʼÉtat et la Révolution, 1917). Il saura imposer cette conception lors de la Révolution russe en 1917. Mais cette dernière, ainsi que toutes les révolutions communistes du XXe siècle (à une poignée dʼexceptions près) ne seront en réalité jamais héritières du fédéralisme communaliste.
Le parti de la fédération de communes autonomes est plus fidèlement incarné par les opposant·es de Marx, qui refusent en bloc centralisme et État. Dʼabord dans le collectivisme anarchiste de Mikhaïl Bakounine (1814-1876), puis par ses héritier·es communistes anarchistes à partir de 1876, dont les grands théoriciens sont les géographes Élisée Reclus (1830-1905) — aussi communard — et Pierre Kropotkine (1842-1921).
Ce dernier souhaite voir sʼétablir la « Commune anarchiste » abolissant hiérarchies et systèmes dʼoppression, et dont le fondement serait en quelque sorte un retour aux solidarités villageoises dʼantan, tout en tirant le bénéfice des progrès de la science assurant lʼabondance à toutes et tous (La Conquête du Pain, 1892). Ne pouvant émerger que contre lʼÉtat, cʼest à lʼabolition de celui-ci que la Révolution doit sʼatteler en premier lieu, et cʼest ce que la Commune de Paris aurait dû faire :
« Renversez lʼÉtat, la société fédérée surgira de ses ruines, vraiment une, vraiment indivisible, mais libre et grandissant en solidarité par sa liberté même ». « La Commune », Paroles dʼun Révolté, 1885.
Mais lʼidéale société future peut-elle sortir spontanément de la Révolution ? Peut-être faut-il dʼabord en faire émerger ici et maintenant les germes : cʼest ce quʼentreprend discrètement en 1892 un groupe de militant·es montreuillois·es, sous le nom de Commune anarchiste de Montreuil.
Et depuis ?
Depuis, lʼidée de commune ressurgit constamment, partout dans le monde. On la voit apparaître dans des moments insurrectionnels, plutôt isolée, ou se présenter comme un symbole de lutte dans de forts moments politiques. Souvent, elle est un nom pour des épisodes de révolte où des pouvoirs populaires émergent au sein de la vie quotidienne du soulèvement : cantines, bases de soin, autodéfense juridique, etc. Tel fut le cas à Oakland en 2011 ou sur la place Taksim à Istanbul en 2013.
Surtout, elle a pu devenir un modèle pour des systèmes plus élaborés, essentiellement hérités de lʼanarchisme, à lʼéchelle dʼune région ou dʼun pays. En Russie et en Ukraine, le mouvement des Kommunas a été important dans les débuts de la Révolution russe en 1917, puis cʼest surtout lors de la guerre civile espagnole en 1936 et 1937 que le principe de collectivités autogérées fédérées a été mis en application sur une large région, au sein des villes et villages libérées par les anarchistes communistes libertaires face aux franquistes.
Depuis 1994, le mouvement zapatiste assure lʼautonomie des peuples indigènes du Chiapas mexicain, sur la base de communes auto- gouvernées. Enfin, au milieu de la guerre en Syrie a émergé le Rojava, pays établi par le peuple kurde sur les principes du confédéralisme démocratique, cʼest-à-dire dʼune confédération dʼassemblées démocratiques locales.
Ces deux derniers exemples, contemporains et toujours existants, sont certainement les plus inspirants aujourdʼhui. Ils sont deux tentatives fonctionnelles de sociétés égalitaristes et sans État, construites sur un fervent anticapitalisme et essayant de restreindre toute logique de pouvoir et de domination. Mieux encore, ils placent les enjeux féministes, coloniaux, écologiques au cœur de leur action.
En ce qui concerne la France, aujourdʼhui, lʼimaginaire de la Commune imprègne toujours les luttes et reste au quotidien la solide référence dʼune gauche radicale, de terrain. Associée aux mots de communs, de communisme (au sens de système politique fondé sur la mise en commun), elle ne cesse de refleurir.
Depuis quelques temps elle émerge au sein des pensées écologiques, tant lʼidée quʼelle véhicule semble sʼaccorder avec le besoin dʼun retour à une vie plus locale, égalitariste, faite de solidarités quotidiennes et permettant une décroissance anticapitaliste et écologiste.
Dʼabord sur les différentes ZAD bien sûr, mais désormais aussi au sein de différentes organisations. On peut citer Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS), issue des Gilets Jaunes, qui promeut une « Seconde Commune » écologique et sociale, et a par exemple organisé avec Carnage Total (Extinction Rebellion) et les Féministes Révolutionnaires une action contre lʼélectricien Schneider et lʼévénement la Commune des Communs, le jour de lʼanniversaire de la Commune du Creusot.
Le communalisme, idée pour le XXIe siècle
Une grande partie de ces initiatives contemporaines, à première vue éloignées, sont en fait liées par une forte théorie. Le confédéralisme démocratique au Rojava, la Seconde Commune de PEPS ou les listes citoyennes des Gilets Jaunes ont en effet un inspirateur commun : le canadien Murray Bookchin (1921-2006), grand promoteur de lʼécologie sociale et théoricien du municipalisme libertaire.
Dans les grandes lignes, sa théorie propose de remplacer lʼÉtat-nation par une confédération de municipalités, unités dʼauto- organisation de la production et de la vie sociale gouvernées dans un esprit de démocratie directe par des assemblées populaires.
Il y adjoint une méthode, particulièrement adaptée au contexte occidental : reprendre en main par des listes citoyennes les échelons les plus bas des systèmes représentatifs, à commencer par les mairies, afin dʼinstituer des contre-pouvoirs libertaires locaux face à lʼÉtat.
À la fin de sa vie, il est apparu à Bookchin quʼil fallait une idée politique forte pour le XXIe siècle, du même acabit que lʼanarchisme ou le marxisme, dont le municipalisme libertaire serait lʼindissociable penchant pratique. Il dégage ainsi le communalisme, nom dérivé de la Commune de Paris, qui lui semble résumer dʼun seul trait le meilleur de la riche histoire de luttes sociales. On peut le définir ainsi : « une théorie ou système de gouvernement, dans lequel des communautés locales autonomes sont reliées entre elles dans une fédération » (Le projet communaliste, 2011).
Si communalisme et municipalisme libertaire sont pour lui les deux faces dʼune même pièce, il semble que le communalisme, dont la définition a une acception plus large, peut bien englober la multitude dʼexpériences variées qui émergent dans le monde entier. Pour le municipalisme libertaire, cʼest plus compliqué : on ne saurait par exemple en faire coïncider les détails avec ceux du zapatisme, qui a bien une identité propre.
Perspectives internationalistes
La Commune a donc une histoire millénaire. Dʼabord serment médiéval, elle se fait gouvernement populaire à la Révolution Française puis lors de la Commune de Paris en 1871. Cette dernière devient à son tour un modèle durable de lutte, à la portée internationale, parfois symbole dʼauto-organisation populaire au cœur dʼune révolte, parfois système politique complexe.
Mais il est important de souligner que si son nom ressurgit en différents temps, en différents lieux, ce nʼest pas tant que la Commune initie ou fortifie à elle seule les ambitions dʼémancipation des peuples ; mais plutôt que la volonté populaire de sʼauto-gouverner sommeille à chaque endroit et ne cesse ainsi de se manifester par des éruptions spontanées, partout et continuellement (Les Peuples Veulent, Révolutions de Notre Temps, 2025).
Si on accole à ces soulèvements le nom connu de la Commune, cʼest peut-être parce que lʼhistoire occidentale domine les récits, même dans le domaine des luttes. Ce serait donc faire preuve dʼun certain eurocentrisme que de vouloir chercher dans toute initiative fondée sur lʼétablissement de communes fédérées un lien à la Commune de Paris.
Les traditions villageoises du monde entier contiennent déjà leur part dʼautonomisme et de mise en commun. Cʼest notamment encore le cas là où elles ont su le mieux résister à la colonisation et au capitalisme — bien mieux quʼen Occident — comme au sein de certains peuples indigènes qui se passent bien dʼÉtat et nʼont nullement besoin dʼun modèle de lutte occidental (Yasnaya Elena Aguilar Gil, Nous sans lʼÉtat, 2022 ; James C. Scott, Zomia ou l’Art de ne pas être gouverné, 2009).
Ce que nous montrent les importants exemples zapatistes et kurdes, ce ne sont pas deux systèmes nourris de lʼhistoire du fédéralisme ouvrier européen, mais bien dʼun long passé de résistance anti-coloniale : le premier sʼinscrit dans cinq siècles de survivance de lʼidentité indigène mexicaine et développe une forme de spiritualité de la résistance ouverte et bienveillante ; le second est centré sur le droit à lʼexistence et à lʼégalité des nombreuses identités sociales et culturelles qui habitent une région du Moyen-Orient encore relativement féodale.
À rebours, on peut alors également décentrer notre regard de lʼEurope et resituer la Commune à sa place dans le grand mouvement de lʼHistoire humaine. Finalement, peut-être nʼest-elle pas autre chose que lʼincarnation en France de cette éternelle volonté dʼauto-gouvernement, dans les formes quʼimposaient alors les contextes de 1789 ou de 1871 et au moment où commençait à se dresser dans le pays la force puissante et nouvelle du mouvement ouvrier ; pour se nommer, elle a elle-même saisi au vol un nom, la commune, hérité dʼun Moyen-Âge où il symbolisait autonomie et solidarité.
Plutôt quʼun lien de filiation, on pourrait donc établir un lien horizontal entre toutes ces manifestations ou théories dʼauto-gouvernement à tendance fédéraliste qui existent et ont existé, quʼelles sʼappellent Commune de Paris, communisme anarchiste, zapatisme, confédéralisme démocratique ou municipalisme libertaire. Cette famille peut alors bien sʼappeler communalisme.
En France, sous ce nom peut se développer une tradition révolutionnaire, passant de la même manière que pour les zapatistes et les kurdes par un fort attachement à notre histoire. La Commune de Paris peut être un symbole fondateur, sans évidemment chercher à la reproduire telle quelle à un autre temps et dans un autre lieu, et le municipalisme libertaire de Bookchin une théorie fertile, adaptée au contexte occidental.

Mais lʼhistoire française est plus vaste que celle de la Commune ou des Gilets Jaunes, et un communalisme situé demanderait de décentrer notre regard. Si lʼon veut cultiver la mémoire de la Commune de Paris, peut-être faut-il cultiver aussi celle de lʼinsurrection algérienne de 1871 ; rapprocher la Révolution Française de la concomitante Révolution haïtienne ; et les Gilets Jaunes des révoltes antillaises de 2021. Et bien dʼautres symboles dʼémancipation au-delà des frontières de l’Hexagone.
Communes : liste non exhaustive
Communes insurrectionnelles
Berlin, 1918
Budapest, 1919
Kronstadt, 1921
Shanghai, 1927
Oaxaca, 2006
Deraya (Syrie), 2012
Taksim (Istanbul), 2013
La Commune comme symbole
Révolution cantonale espagnole de 1873 Commune Libre de Montmartre, 1920
Mai 1968 en France, avec les Communes de la Sorbonne et de Nantes Grèves polonaises de 1970
Commune dʼOakland en Californie lors du mouvement Occupy, 2011
ZAD de Notre-Dame-des-Landes ou du Quartier Libre des Lentillères Mais aussi toutes les autres !
Nuit Debout, 2016
Commune Libre de Tolbiac, 2018
Mouvement des Gilets Jaunes, à partir de 2018
Elle est aussi présente dans quantité de luttes quotidiennes, que nous ne pouvons malheureusement pas toutes citer !
Systèmes dʼorganisation
Commune de Morelos (Mexique), 1913
Kommunas lors de la Révolution russe, 1917
Guerre civile espagnole, 1936
Communes populaires chinoises imposées par Mao Zedong (1893-1976), à partir de 1958
Zapatisme au Chiapas mexicain, depuis 1993
« État communal » chilien sous Hugo Chavez (1954–2013), à partir de 2006 Confédéralisme démocratique au Rojava (Syrie), depuis 2012
– Elie Oriol
20.10.2025 à 10:31
21 octobre : journée mondiale du vers de terre !
Elena Meilune
Le 21 octobre marque la Journée mondiale des vers de terre. L’occasion de rappeler que ces discrets ingénieurs du sol sont des alliés essentiels de la vie sur Terre. Leur état de santé reflète celui de nos sols, de la biodiversité, et plus largement, de la durabilité de nos sociétés. L’année 2025 aura été pour […]
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Le 21 octobre marque la Journée mondiale des vers de terre. L’occasion de rappeler que ces discrets ingénieurs du sol sont des alliés essentiels de la vie sur Terre. Leur état de santé reflète celui de nos sols, de la biodiversité, et plus largement, de la durabilité de nos sociétés.
L’année 2025 aura été pour le moins paradoxale pour ces animaux souterrains. Le 11 août, la promulgation de la loi Duplomb a marqué un tournant dramatique. Selon Christophe Gatineau, président de la Ligue de protection des vers de terre et auteur du livre Éloge du ver de terre (2018), Emmanuel Macron a ainsi signé « l’arrêt de mort » du ver de terre.
Cette loi, qui supprime plusieurs dispositifs de protection environnementale, symbolise le triomphe d’une agriculture productiviste sur l’agroécologie, l’indépendance scientifique et le bien-être animal.

De l’arrêt de mort à la victoire judiciaire
Un vent d’espoir a toutefois soufflé quelques semaines plus tard. Le 3 septembre, la Cour administrative d’appel de Paris a condamné l’État français pour avoir omis d’évaluer la toxicité des pesticides sur les vers de terre et autres espèces dites « non cibles ».
Une victoire historique, obtenue par cinq ONG, qui oblige désormais les autorités à revoir leurs procédures d’autorisation à la lumière des connaissances scientifiques actuelles. Une première en France – et un signal fort pour toutes les espèces du sol.
Des architectes invisibles, porteurs d’une économie souterraine
Première biomasse animale du sol, les vers de terre sont de véritables architectes du vivant. En brassant la terre, ils assurent la circulation de l’air et de l’eau, recyclent la matière organique et favorisent la croissance des plantes. Leur disparition compromettrait entièrement le fonctionnement des écosystèmes. Leur abondance, ou au contraire leur raréfaction, constitue un indicateur direct de la santé des sols.
L’ampleur de leur rôle économique est tout aussi considérable. Une étude publiée dans Nature en 2023 estime que les vers de terre participent à 6,45 % de la production mondiale de céréales, soit près de 128 millions de tonnes de grains par an. Leur travail de labour naturel représente une valeur marchande estimée à 28 milliards d’euros.
Mais réduire ces êtres vivants à leur rentabilité serait une erreur profonde. C’est précisément cette logique comptable et extractiviste qui a conduit l’agriculture moderne dans l’impasse : celle d’un modèle productiviste qui épuise les sols, détruit la biodiversité et transforme la terre en simple support chimique.
L’agro-industrie, en prétendant « nourrir le monde », affame en réalité les sols, les rend dépendants aux intrants et met en péril la fertilité naturelle dont dépend toute vie. Même du point de vue de ce système économique mortifère, la disparition des vers de terre serait catastrophique : sans eux, l’agriculture industrielle elle-même s’effondrerait à moyen terme.
La recherche et la réhabilitation du Vivant
Si la France compte une soixantaine de chercheurs travaillant sur les vers de terre, la recherche mondiale, elle, est en pleine effervescence. En 2025, plus d’un millier de scientifiques publient sur le sujet, dont une majorité en Chine et en Inde. Ce décalage illustre combien la science du sol, longtemps négligée, redevient cruciale dans la lutte contre le réchauffement climatique.
À l’occasion de la Journée mondiale, la Ligue de protection des vers de terre multiplie les actions pédagogiques. Christophe Gatineau animera notamment une conférence interactive pour enfants dès 7 ans à la Bibliothèque francophone de Limoges. Son objectif : faire passer le public « du beurk au waouh », en montrant comment ces êtres modestes sont des super-héros du vivant – créateurs de vie, médecins du sol et alliés de notre alimentation. Un message simple mais fondamental : nommer, c’est faire exister. Or, en France, les vers de terre ne sont toujours pas reconnus par la loi.
Invisibles, menacés, mais indispensables
La France continue de traiter les vers de terre comme s’ils n’existaient pas juridiquement : ils ne figurent dans aucune classification officielle et ne bénéficient d’aucune protection légale. Pour Christophe Gatineau, cette invisibilisation traduit un déni plus large : celui du vivant. La Ligue de protection des vers de terre, fondée en 2024, milite aujourd’hui pour leur reconnaissance légale et leur réhabilitation dans le modèle agricole.
Ces ingénieurs du sol sont en effet irremplaçables. En creusant leurs galeries, ils aèrent la terre, améliorent la pénétration de l’eau et des racines, et peuvent transformer jusqu’à 250 tonnes de sol par hectare chaque année. Leurs déjections, appelées turricules, sont riches en nutriments et en micro-organismes bénéfiques.

On recense environ 7 000 espèces dans le monde, mais leurs populations déclinent à une vitesse alarmante : entre 33 % et 41 % de baisse en vingt-cinq ans au Royaume-Uni, par exemple. Leur disparition – causée par la destruction de leurs habitats, la famine et les pesticides – entraîne une perte de fertilité naturelle, une hausse de l’érosion et un effondrement de la biodiversité du sol.
Sous nos pieds, des milliards de vers de terre œuvrent silencieusement à maintenir la vie. Les ignorer, c’est nier l’évidence : la santé de la planète commence sous la surface. En prendre soin, c’est protéger bien plus que nos sols – c’est préserver la possibilité même d’un avenir fertile.
– Elena Meilune
Photo de couverture de sippakorn yamkasikorn sur Unsplash
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Ourse, vagues et gen Z énervée : les 10 bonnes nouvelles de la semaine
Maureen Damman
Vous n’avez pas le temps de lire l’actualité ? Voici les 10 bonnes nouvelles à ne surtout pas manquer. 1. Première naissance pour Claverina, l’ourse des Pyrénées Réintroduite en 2018 en Béarn, l’ourse Claverina a donné naissance à son premier ourson au printemps, selon des images capturées par un photographe. Une première pour une ourse […]
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Vous n’avez pas le temps de lire l’actualité ? Voici les 10 bonnes nouvelles à ne surtout pas manquer.
1. Première naissance pour Claverina, l’ourse des Pyrénées
Réintroduite en 2018 en Béarn, l’ourse Claverina a donné naissance à son premier ourson au printemps, selon des images capturées par un photographe. Une première pour une ourse relâchée dans les Pyrénées. Les images publiées par Pays de l’Ours-Adet confirment une population désormais supérieure à 95 individus. (la semaine des Pyrénées) (OFB)
2. L’électricité des vagues : le pari landais du futur
Au large de Capbreton, le projet « Courant Porteur » compte transformer la houle en énergie propre, grâce à l’installation d’une ferme houlomotrice sur une zone de 5 km². Soutenu par la Région, ce prototype pourrait positionner les Landes comme pionnières de l’énergie marine française. (presslib)
3. Les eaux usées pour nettoyer les villes
Un arrêté autorise l’utilisation d’eaux usées traitées pour les voiries, quais et bennes à ordures. Pourtant, en mars 2023, Emmanuel Macron a fixé l’objectif de porter la réutilisation des eaux usées à 10 % d’ici 2030, alors que la France n’en réemploie aujourd’hui que moins de 1 %, contre environ 15 % dans plusieurs autres pays européens. (Le Monde)
4. Wyoming : une victoire historique pour les chevaux sauvages
Un tribunal fédéral bloque un vaste projet de réduction de la population de chevaux sauvages, qui promettait de faire disparaître deux troupeaux. Les associations saluent une décision majeure pour la préservation de la faune du Midwest des États-Unis. Le Bureau of Land Management devra ainsi revoir sa politique. (Happyeconews)
5. Les Européens plus mobilisés que jamais pour les droits humains et l’environnement
Malgré le recul sur ces terrains dans l’Union européenne, 75 % des citoyens de l’UE placent la défense des droits humains au sommet de leurs priorités. L’enquête souligne un lien de plus en plus fort entre justice sociale et climat. (Amnesty)
6. Le solaire, roi incontesté de l’énergie mondiale
Une étude de l’Université de Surrey révèle que le solaire est désormais la source d’énergie la plus compétitive au monde. Dans les pays les plus ensoleillés, elle ne coûte que 0,023 euro par unité d’énergie, ce qui la rend moins chère que l’électricité produite à partir du charbon, du gaz ou de l’éolien. (Surrey)
7. Un vaccin redonne espoir aux éléphants d’Asie
Des chercheurs annoncent un vaccin prometteur contre le virus EEHV, responsable de la mort de milliers d’éléphanteaux. Selon le Dr Falko Steinbach, le vaccin ne vise pas à empêcher les éléphants d’être infecté, mais améliore leur chance de survie, en renforçant la capacité de leur système immunitaire à la combattre. (Africanews)
8. En Colombie, l’ancienne hacienda d’Escobar rendue aux victimes
Le gouvernement colombien a remis, une partie de l’hacienda, soit environ 120 hectares de l’ex-domaine de Pablo Escobar à 50 femmes victimes du conflit armé. Le programme s’inscrit dans la politique de restitution des terres menée depuis 2016. (Libération)
9. La Gen Z en révolte !
Les révoltes de la génération Z prennent de l’ampleur à travers le monde, notamment au Népal, au Maroc et à Madagascar (où la contestation a récemment conduit à la chute du président Andry Rajoelina). (Blast)
10. Au Togo, les coiffeuses deviennent les nouvelles alliées de la santé mentale
À Lomé, 400 coiffeuses sont formées à détecter et écouter les personnes en détresse psychologique. Ce programme inédit de l’Université de Lomé, soutenu par l’OMS, veut créer un réseau de sentinelles du bien-être. Le succès pourrait inspirer d’autres professions de proximité. (Togofirst)
– Maureen Damman
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Déforestation, antibiotiques et licenciements : les 10 actualités de la semaine
Maureen Damman
Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici les 10 infos à ne surtout pas manquer cette semaine ! 1. Déforestation liée à la consommation française Chaque année, la consommation française de produits comme le soja, le cacao ou l’huile de palme entraîne la destruction de 137 848 hectares de forêts, soit […]
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Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici les 10 infos à ne surtout pas manquer cette semaine !
1. Déforestation liée à la consommation française
Chaque année, la consommation française de produits comme le soja, le cacao ou l’huile de palme entraîne la destruction de 137 848 hectares de forêts, soit 13 fois la surface de Paris. Une étude du WWF en 2018 classe l’Union européenne comme le deuxième importateur mondial de déforestation tropicale (16 %), derrière la Chine (24 %) et devant les États-Unis (7 %). Rapporté au nombre d’habitants, l’Europe reste la plus concernée par la déforestation importée. (Le Monde)
2. Lecornu revient : les économies à réaliser tombent
Sébastien Lecornu, reconduit au gouvernement, prévoit 30 milliards d’euros d’économies (contre 44 milliards prévus par François Bayrou) pour compenser la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle, sans remettre en cause la politique pro-entreprises du Président. (Le Monde)
3. Mal-logement : 1,3 million de personnes en Île-de-France
En Île-de-France, 1,3 million de personnes vivent en situation de mal-logement, soit 10 % de la population régionale, selon la Fondation pour le logement des défavorisés. Les jeunes sont particulièrement exposés à ce phénomène structurel, aggravé par la crise du logement. Au moins 125 600 Franciliens seraient « sans domicile personnel ». (Libération)
4. Chatbots encadrés en Californie après des suicides
La Californie a adopté une régulation encadrant l’usage des chatbots type ChatGPT, après plusieurs suicides d’adolescents ayant développé des relations fictives avec un agent conversationnel. La Maison Blanche s’oppose, quant à elle, à toute régulation. (Libération)
5. Japon : une visite limite l’usage des écrans
À Toyoake, au Japon, une nouvelle ordonnance limite l’utilisation des téléphones et des tablettes à deux heures par jour, hors temps de travail ou d’études. Cette mesure locale vise à réduire les effets négatifs de la surexposition aux écrans sur la population. (AFP)
6. Résistance aux antibiotiques : l’OMS alerte
L’Organisation Mondiale de la Santé tire la sonnette d’alarme face à une hausse rapide de la résistance aux antibiotiques, estimée entre 5 % et 15 % par an. L’agence appelle à développer de nouveaux médicaments pour éviter une crise sanitaire mondiale. (OMS)
7. Libération de 20 otages israéliens après 738 jours
Dans le cadre de la première phase d’un accord de cessez-le-feu avec Israël, 20 otages israéliens ont été libérés et remis à la Croix-Rouge après 738 jours de captivité. On estime que 47 de ces otages étaient toujours détenus par le Hamas, mais que seuls 20 étaient encore en vie. (BBC)
8. Trump prévoit le licenciement de 4 000 fonctionnaires
En plein shutdown, Donald Trump a annoncé son intention de licencier 4 000 fonctionnaires. Cette purge viserait des postes occupés par des personnes jugées proches des démocrates, dans le cadre d’un vaste projet de réforme administrative. (France 24)
9. Records de gaz à effet de serre en 2024
Les concentrations de CO₂, méthane et protoxyde d’azote ont atteint en 2024 leur plus haut niveau jamais mesuré, selon les dernières données de l’Organisation Météorologique Mondiale. Cette hausse historique est à mettre en lien avec une année marquée par des records de chaleur à l’échelle mondiale. (Organisation Météorologique Mondiale)
10. Médias internationaux rejettent les règles du Pentagone
The Washington Post, The New York Times, mais aussi The Atlantic, The Wall Street Journal, la radio nationale NPR, l’agence de presse Reuters ou encore The Guardian et d’autres médias ont refusé de signer une nouvelle charte du Pentagone qui veut imposer aux journalistes de ne diffuser que des informations officielles. (Courrier International)
– Maureen Damman
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Élections à venir : 12 millions de Français privés de vote ?
Simon Verdiere
À chaque nouveau scrutin, des millions de gens se rendent compte au dernier moment qu’ils ne pourront tout simplement pas voter. La raison ? Une radiation des listes électorales ou une inscription dans un mauvais bureau. Et certains d’entre vous pourraient bien se retrouver dans cette situation… Alors qu’Emmanuel Macron pourrait bientôt être contraint de démissionner […]
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À chaque nouveau scrutin, des millions de gens se rendent compte au dernier moment qu’ils ne pourront tout simplement pas voter. La raison ? Une radiation des listes électorales ou une inscription dans un mauvais bureau. Et certains d’entre vous pourraient bien se retrouver dans cette situation…
Alors qu’Emmanuel Macron pourrait bientôt être contraint de démissionner ou de dissoudre l’Assemblée nationale pour résoudre la crise politique, certains d’entre nous pourraient être privés de participation pour des causes administratives. Un phénomène qui toucherait jusqu’à 12 millions de personnes.
Une part colossale de la population
En 2022, 35 millions de Français s’étaient rendus aux urnes pour les élections présidentielles. Et pourtant, il y a bien 67 millions de résidents dans le pays. Si l’on retire les mineurs et les individus sans la nationalité française et que l’on ajoute les citoyens majeurs de l’étranger, on parle alors d’environ 51 millions de votants potentiels. Le manque à gagner reste ainsi de près de 16 millions de personnes. Approximativement deux fois l’électorat de Marine Le Pen au dernier suffrage suprême.
Bien sûr, une bonne partie de ces personnes ne souhaitait tout bonnement pas prendre part au scrutin, pour diverses raisons. Mais d’autres auraient, en revanche, bien voulu le faire, mais n’ont tout simplement pas pu pour des causes administratives.
12 millions de concernés
3 millions sont tout simplement absents de tout registre électoral, malgré une inscription automatique à 18 ans. Certains citoyens se retrouvent en effet rayés des listes pour des raisons obscures parfois difficiles à comprendre. Il n’est ainsi pas rare de voir des Français dans l’incapacité de s’exprimer le jour du scrutin après avoir été radiés sans qu’ils ne le sachent.
« À ces trois millions, on peut également rajouter neuf autres millions d’individus « mal inscrits » »
À ces trois millions, on peut également rajouter neuf autres millions d’individus « mal inscrits », c’est-à-dire qui ne sont pas affiliés à un bureau de leur ville de résidence, mais dans une secondaire. Et si, pour certains, cette situation est volontaire et n’empêchera pas le vote de la personne concernée, d’autres n’étaient tout simplement pas informés ou sensibilisés à cet aspect.
Au gré de la vie et des déménagements, des études ou du travail, ce genre de conjoncture n’est pas toujours anticipé. Ne recevant aucun rappel, certains citoyens au parcours sinueux vont alors parfois jusqu’à oublier leur commune de rattachement.
Une situation à l’avantage de la grande bourgeoisie
« aucune lutte contre l’abstention n’est organisée »
Et tandis que cette situation perdure depuis de nombreuses années, aucun gouvernement ne semble se soucier réellement de ce problème. De fait, aucune lutte contre l’abstention n’est organisée, notamment par des mesures comme le vote obligatoire, mais il existe encore moins de campagnes de sensibilisation sur les inscriptions.
Or, si les diverses autorités libérales n’agissent pas sur ce sujet, il demeure de bonnes raisons de penser que cette inaction serait volontaire. En effet, les individus non inscrits ou mal inscrits appartiennent bien souvent aux classes populaires et surtout aux jeunes, en particulier les étudiants.
Des catégories qui votent massivement à gauche et qui s’opposent le plus aux intérêts de la grande bourgeoisie. À l’inverse, les plus âgés, dont la tendance est marquée à droite, sont généralement plus sédentaires et impliqués dans leur mises à jour administratives (temps libre, horaires flexibles, habitudes,..), ce qui leur épargne ce genre de configuration. Une aubaine pour certains partis.
Des solutions existent
« Il est possible de vérifier son inscription en ligne en seulement quelques minutes ».
Dans ces conditions comment éviter de se retrouver dans cette situation aux prochaines élections ? Il est possible de vérifier son inscription en ligne en seulement quelques minutes. Si vous ne figurez pas sur la liste de votre commune, vous pourrez alors vous faire ajouter sur internet.
Mais attention, n’espérez pas vous enregistrer la veille du vote. En effet, il existe, de plus, une limite temporelle avant un scrutin. Pour les prochaines municipales de mars 2026, il vous sera par exemple impossible de vous inscrire ou de changer de bureau après le 6 février.
La procuration comme ultime recours
Et si des présidentielles ou des législatives survenaient prochainement, le délai serait sans doute encore réduit. Raison de plus pour agir dès maintenant. Car si vous êtes pris de court et que vous n’êtes consignés nulle part, vous ne disposerez plus d’aucune solution. En revanche, en cas d’enregistrement dans une ville éloignée de votre résidence, vous pourrez toujours voter par procuration.
Il vous suffit pour cela de vous rendre dans un bureau de police ou de gendarmerie et de remplir un formulaire pour désigner quelqu’un qui pourra s’exprimer en votre nom. Il n’est pas nécessaire que cette personne soit inscrite dans le même bureau que vous.
Bien sûr, il est préférable de choisir quelqu’un de confiance qui respectera votre consigne, mais, si vous ne connaissez plus personne là où vous êtes inscrits, il est aussi possible de contacter des militants politiques de votre parti favori pour les solliciter. Ce genre de procédé existe souvent sur le site officiel des mouvements concernés ou au sein de communautés en ligne.
Le temps d’un autre système
De fait, toutes ces procédures administratives auront sans doute de quoi décourager les moins déterminés d’entre nous, ce qui pourrait cependant se payer cher au vu des politiques libérales exercées par les bénéficiaires de l’abstention.
Il existerait pourtant des processus pour enrayer ce phénomène. Il serait par exemple pertinent de mettre en place une inscription automatique sur les listes, plus seulement à 18 ans, mais directement lors de ses déménagements, notamment grâce aux impôts.
Plus simple encore : l’Australie, dotée du vote obligatoire, inscrit d’office tous ses ressortissants sur une liste électorale globale. Pas de registres communales comme en France, mais un fichier national qui permet aux citoyens de voter n’importe où au sein de leur État. Un modèle dont pourrait s’inspirer la France, à condition qu’une véritable volonté politique se manifeste enfin.
– Simon Verdière
Illustration d’entête @Edmond Dantès/Pexel
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