LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie Blogs Revues Médias
Mr Mondialisation
Souscrire à ce FLUX

Mr Mondialisation

Collectif

Think tank informel et citoyen francophone à visée internationale.

▸ les 10 dernières parutions

26.07.2024 à 06:00

L’Everest est devenue la plus haute poubelle du monde

Mr M.

Népal. Sous les étendues de neige vierge et les glaciers de l’Everest, s’accumulent les déchets laissés par les différentes expéditions d’alpinistes depuis des décennies. Dans Everest Green, un documentaire poignant et émouvant, le réalisateur Jean-Michel Jorda nous propose de suivre une expédition partie nettoyer le géant. Everest Green est une invitation à porter un nouveau […]

The post L’Everest est devenue la plus haute poubelle du monde first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (1353 mots)

Népal. Sous les étendues de neige vierge et les glaciers de l’Everest, s’accumulent les déchets laissés par les différentes expéditions d’alpinistes depuis des décennies. Dans Everest Green, un documentaire poignant et émouvant, le réalisateur Jean-Michel Jorda nous propose de suivre une expédition partie nettoyer le géant.

Everest Green est une invitation à porter un nouveau regard sur la mythique montagne, nous émerveillant à la fois de sa splendeur, tout en rappelant que la folie des êtres humains détruit l’environnement et que le tourisme de masse a de graves conséquences partout sur la planète.

Un tourisme qui laisse des traces

En quelques décennies, le visage de Katmandou a bien changé. Autrefois capitale d’un pays fermé sur lui-même, le gouvernement a progressivement ouvert les frontières au tourisme. Il y a un peu plus de 50 ans, à peine 5 000 visiteurs se rendaient au Népal par an. Il seraient aujourd’hui plus de 270 000. Et ceci n’est pas sans conséquence.

Dans un pays pauvre qui ne peut que difficilement faire face à l’afflux de touristes, la pollution a tout simplement explosé. « L’himalayisme moderne […] impacte tout le peuple népalais » raconte le réalisateur. Le Graal des alpinistes remporte désormais un nouveau record, celui de « plus haute poubelle du monde » : la frénésie pour l’Himalaya a un prix élevé.

Crédit photo : Simon Bourrat

En effet, treks, expéditions ou simple tourisme génèrent un véritable afflux de personnes qui rapportent plusieurs millions de dollars par an au pays. Parmi cette foule, les alpinistes s’attaquant à la plus haute des montagnes ne sont qu’une poignée. Pourtant, c’est une véritable économie qui s’est formée autour d’eux, créant de nombreux emplois. Ainsi, le camp de base au pied de la montagne, véritable petit village à plus de 5 000 mètres d’altitude, ne compte pas moins de 1 000 personnes pendant la haute saison, une activité humaine importante en zone naturelle.

À chaque nouvelle expédition (qui se comptent par centaines par an), chaque alpiniste est accompagné de plusieurs personnes, notamment des cuisiniers, des porteurs d’altitude et au moins un guide. Les équipe peuvent comprendre jusqu’à 10 membres. Sans eux, grimper jusqu’au sommet serait impossible. Jusqu’en 1985, les ordures et déchets produits à l’occasion de la longue expédition n’étaient pas redescendus, mais simplement laissés sur place. Qui voudraient s’embarrasser d’un poids supplémentaire, alors que c’est lourd et risqué ?

Crédit photo : Simon Bourrat

La lutte contre les déchets peine à s’organiser 

Par conséquent, les plastiques et autres détritus jonchent désormais les sols, marquant les traces des expéditions précédentes, s’accumulant dans les crevasses où ils sont délibérément jetés. Bien conscientes de la problématique, les autorités népalaises ont pris des mesures contres ces pollutions, obligeant en principe les expéditions à redescendre leurs déchets. Si la nouvelle réglementation a permis d’améliorer la situation (sans pour autant la régler), les déchets laissés depuis des décennies continuent de refaire surface au rythme de la vie de la montagne.

Aussi, certains entreprennent désormais de collecter ces détritus, un travail supervisé par le SPSS (Sagarmatha Pollution Control Committee) qui se charge également d’une partie du tri. Mais face au danger que représente le transport de ces matières dans des conditions particulièrement extrêmes, la mission s’avère le plus souvent illusoire. Par ailleurs, le réalisateur Jean-Michel Jorda a pu constater que les déchets continuaient à être abandonnés le long du chemin.

Crédit photo : Simon Bourrat

Mais comment en sommes nous arrivés là ? « Il ne s’agit pas de pointer spécifiquement du doigt les alpinistes » explique Axel Zeiliger de la maison de production Block 8, mais « un système dans sa globalité ». Son regard nuancé se tourne à la fois vers l’État, les agences qui organisent des expéditions commerciales et le développement rapide de l’économie locale.


Gratuit, sans subvention et indépendant depuis 10 ans, nous avons besoin de vous pour continuer ce travail en 2024. Sens-toi libre d’activer un abonnement volontaire sur ce lien en offrant un thé à l’équipe. Merci infiniment.


Le constat, lui, reste le même : les pentes de la montagne sont jonchées de déchets qui, en grande partie, si ce n’est en majorité, resterons là, faute de pouvoir être redescendus en toute sécurité. Les autres finiront dans les décharges de Katmandou. Bien peu trouveront une seconde vie.

Le documentaire de 52 minutes, co-produit par lock 8 Production, JPL Productions, Ushuaïa TV et 8 Mont-Blanc, est à visionner sur Helloplanet.tv. Les studios Block 8 production adressent leurs remerciements à tous ceux qui se sont engagés dans la campagne de financement participatif et sans qui la réalisation du reportage aurait été compromise.

– Mr Mondialisation


Photo de couverture : Simon Bourrat

The post L’Everest est devenue la plus haute poubelle du monde first appeared on Mr Mondialisation.

25.07.2024 à 06:00

Les dangers d’une écologie dite apolitique

Mr M.

L’écologie est profondément politique, n’en déplaise à Hugo Clément. Celui qui assure faire du « journalisme d’enquête, pas d’opinion », refuse pourtant d’assumer la dimension politique de ses prises de position, y compris dans un contexte d’extrême-droitisation de la société. Qu’est-ce que ses prises de position veulent en réalité dire de notre démocratie et de […]

The post Les dangers d’une écologie dite apolitique first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (3398 mots)

L’écologie est profondément politique, n’en déplaise à Hugo Clément. Celui qui assure faire du « journalisme d’enquête, pas d’opinion », refuse pourtant d’assumer la dimension politique de ses prises de position, y compris dans un contexte d’extrême-droitisation de la société. Qu’est-ce que ses prises de position veulent en réalité dire de notre démocratie et de l’écologie ?

Tout démarre le 10 juillet 2024, lorsque Hugo Clément décide de partager publiquement son analyse des résultats des élections législatives. Un texte long de quelques paragraphes, divisé en 5 points, publié sur sa page Facebook.

Il y explique, à juste titre, que le Rassemblement National (RN) ressort parmi les gagnants de ces élections, sans pour autant en éluder les causes politiques et médiatiques, sans s’inquiéter de la diffusion de la haine des autres. Le second enseignement, d’après Hugo Clément, est celui de l’illégitimité à gouverner du Nouveau Front Populaire (NFP), qui n’aurait pas assez de députés pour appliquer son programme. 

Cette analyse politique, basée uniquement sur des résultats électoraux, masque, en réalité, des enjeux démocratiques cruciaux.

Le terme de « démocratie » galvaudé

Dans chaque camp politique et dans de nombreuses analyses politiques, la « démocratie » est invoquée pour évaluer la légitimité ou non d’un parti de gouverner. Il est temps de faire un point sur ce qu’est vraiment la « démocratie », à l’heure où le fantasme médiatique se donne à cœur joie d’extrapoler chaque mouvement de Jean-Luc Mélenchon en pratique autoritaire.

Depuis un moment déjà, l’absence de démocratie est criante dans la démocratie représentative actuelle : thèmes et personnages politiques imposés dans l’espace public par les médias mainstream et les plus riches, limitation de l’offre électorale aux partis les plus puissants, taux d’abstention élevés, pouvoir des citoyens extrêmement limité par la seule désignation d’élu.es, aucun contrôle citoyen sur les prises de décisions impopulaires de ces mêmes élu.es, répression policière contre les mouvements de contestation sociale, etc.

Difficile également de défendre le bilan démocratique de la précédente gouvernance sous majorité relative du groupe Ensemble, avec ses nombreux passages en force avec notamment 23 recours au 49.3 par Elisabeth Borne

Or, la démocratie se définit comme un « régime politique, système de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple, par l’ensemble des citoyens ». Nous en sommes donc très loin.

Déjà que la démocratie représentative ne donne pas le pouvoir au peuple, insistons et rappelons à quel point la réforme des retraites est un déni de démocratie, appliquée contre l’avis de l’Assemblée nationale et des Français (70% d’entre eux soutenaient le mouvement contre la réforme, selon un sondage Harris Interactive publié le 27 mars 2023). 

La démocratie est une manière de gouverner

Allons plus loin dans le raisonnement : le CNRTL définit la démocratie politique comme une « doctrine selon laquelle l’État doit permettre l’exercice de la liberté des citoyens », un « mode d’existence collective, où les mêmes avantages sont accordés à tous » ou encore un « mode de vie où s’exerce la responsabilité collective ».

Au-delà d’être arrivé en tête aux dernières élections, c’est surtout le programme du NFP qui est le plus démocratique, bien qu’encore léger, parmi les grandes forces politiques du pays. Ensemble et surtout le RN proposent en effet une vision de renforcement des inégalités sociales, des avantages fiscaux accordés aux plus riches, et enfin, l’exclusion et l’incrimination des publics racisés et autres minorités.


Gratuit, sans subvention et indépendant depuis 10 ans, nous avons besoin de vous pour continuer ce travail en 2024. Sens-toi libre d’activer un abonnement volontaire sur ce lien en offrant un thé à l’équipe. Merci infiniment.


L’autre immense déni de démocratie est la répression des mouvements sociaux. D’autant plus quand ceux-ci militent pour la justice sociale, par exemple pour une juste distribution de bien commun de l’eau, tel que le défendent les Soulèvements de la Terre dans la lutte contre les projets agro-industriels tels que les méga-bassines. La violence policière suivie de la menace de dissolution par Gérald Darmanin visent à faire taire la contestation sur la forme, à protéger les intérêts des dominants sur le fond. 

Sans surprise, la qualification du mouvement d’« écoterroriste » par le ministre de l’Intérieur fût très appréciée du RN. À l’inverse, des élus de gauche était présents à Sainte Soline, y compris pour protéger des militants blessés.

La démocratie, ce n’est donc pas accepter chaque résultat électoral comme motif pour accorder les pleins pouvoirs à un individu ou un groupe d’individus, afin de l’exercer de manière autoritaire, contre l’intérêt général des Français. La démocratie est avant tout une manière d’exercer le pouvoir, où l’État est au service des citoyens, des droits humains et des valeurs fondamentales de la République : la liberté, l’égalité et la fraternité.

Et il semblerait que les Français aspirent à plus de justice sociale. Le programme de l’Avenir En Commun qui a mené Jean-Luc Mélenchon aux portes du pouvoir en 2022, comporte une grande majorité de mesures plébiscitées par les Français. Le premier argument en faveur du respect de la démocratie ne réside pas seulement dans les résultats électoraux, mais avant tout dans l’application d’un programme qui réponde aux besoins des Français sans distinction sociale, ethnique ou autre.

Hugo Clément, une position problématique vis-à-vis du RN

Revenons-en à l’analyse de Hugo Clément considérant le NFP comme étant dans l’incapacité d’appliquer son programme et donc de gouverner. Un scénario effectivement à craindre, mais quelle alternative propose-t-il ? Il incite tous les partis – sans exception – à se réunir, « à travailler ensemble », « pour notre intérêt et celui de tous les vivants ». À savoir travailler avec les champions de l’inaction climatique (la Macronie) et les climato-sceptiques du RN. Et quand bien même ils décidaient d’agir pour le climat, cela se ferait au détriment des publics déjà opprimés. 

Hugo Clément propose ainsi de former un « gouvernement d’unité nationale », qui regrouperait « toutes les sensibilités », y compris le RN. Tous les partis devraient donc gouverner ensemble selon lui, sur la base de quel programme ? Le souci démocratique est bien là : si le NFP ne gouverne pas, aucun programme voté par des électeurs ne sera mis en application. Les alliances post-élections n’ont pas lieu d’être dans une démocratie.

Une formule problématique que l’intéressé a finalement supprimée de son post Facebook. Regrettait-il ces propos ? Visiblement pas, puisque le journaliste a d’abord joué la carte de la « fake news », avant que des preuves ne lui soient apportées. 

Malgré l’inquiétude de l’excellent journaliste de l’écologie Bon Pote dans un commentaire sur Instagram : « J’espère vraiment que c’est faux. @hugoclementk peux-tu infirmer stp ? Le RN est un parti raciste et climato-sceptique et ses valeurs n’ont rien à voir avec la défense de l’environnement » ; Hugo Clément continue de refuser de rejeter le RN de tout poste de gouvernance : « Je ne soutiens aucun parti, et je ne combats aucun parti », a-t-il réagi sous cette même publication.

Le plus pernicieux, c’est de se cacher derrière une forme d’apolitisme, après avoir exposé très clairement une opinion politique. « Je précise que je ne suis pas un militant politique […] Ce n’est pas le rôle d’un journaliste […] C’est aux citoyens de se faire leur propre avis en fonction des informations disponibles (et ça, c’est mon boulot, de les rendre disponibles) », se défend-il derrière le mythe de la neutralité journalistique.

Marche pour le climat. Paris. 12 mars 2022. Crédit : Paola Breizh.

Les milieux écolo et de gauche désapprouvent

Heureusement, les prises de position de Hugo Clément ne sont guère appréciées dans le milieu écolo. Outre Bon Pote qui s’offusque que l’on puisse tenter de verdir un parti raciste, Youth For Climate Paris a vivement critiqué le jeune journaliste dans une story Instagram

« La dédiabolisation de l’extrême droite s’est aussi faite dans les médias “écolos” avec Hugo Clément… Mettre en priorité absolue le réchauffement climatique et la biodiversité au mépris des luttes sociales notamment décoloniales, c’est déconnecté et dangereux. L’écologie doit être antifasciste ou ce n’est pas de l’écologie. » 

La militante féministe Irene García Galán, autrice de La terreur féministe. Petit éloge du féminisme extrémiste, s’est également insurgée sur Instagram

« Je ne sais pas ce qui est pire : laisser entendre qu’être nazi est une “sensibilité” comme une autre, ou penser que la seule menace vitale à laquelle les gens se confrontent c’est le réchauffement climatique. Alors que dans ce pays il y a des gens qui sont tués car racisés, car LGBT, car femme. [Il y a] des gens qui n’ont pas de quoi payer leur courses ni leur toît. »

Même la journaliste Valérie Trierweiler, pas réputée pour être une militante radicale, y est allée de son commentaire ironique : « Tellement compatible avec la défense de l’environnement ! Non mais vraiment ».

Le pouvoir des influenceurs

Le journaliste aux 1,4 millions d’abonnés sur Instagram n’en est pas à sa première polémique, après avoir accepté de participer à une conférence du journal d’extrême-droite Valeurs Actuelles, moyennant un don de 1500 euros pour la Fondation Brigitte Bardot, « puissante organisation en faveur du bien-être animal dont la présidente fut toutefois condamnée à six reprises pour injures racistes » selon l’Express. Enfin, Hugo Clément est accusé de harcèlement raciste et misogyne alors qu’il était étudiant à l’école de journalisme de Lille, par sa consœur et ancienne camarade de classe Nassira El Moaddem.

Hugo Clément n’est pas un simple individu exprimant une opinion devant quelques personnes, c’est un influenceur reconnu pour son charisme et une certaine expertise de l’écologie. Son audience est bien trop importante pour le laisser agir impunément. Il est donc indispensable de comprendre à la fois les mécanismes de la distribution de la parole dans l’espace public, mais aussi savoir comment la contrer.

Dans notre article « la domination bourgeoise est puissante mais pas invincible », nous constations le fait qu’à l’échelle de la société, l’idéal égalitaire de la répartition du temps de parole est irréalisable. D’où l’idée qu’un public d’experts diplômés serait la meilleure solution pour instaurer un système démocratique. Or jusqu’ici les élus et les éditorialistes n’incarnent nullement les intérêts des publics les plus défavorisés, mais ceux de la classe bourgeoise.

Certains médias diffusent leur opinion politique de manière bien plus directe que d’autres (l’empire Bolloré en première ligne). Cela dit, l’influence politique indirecte de Hugo Clément sous couvert d’apolitisme est tout aussi dangereuse. Son statut d’expert de l’écologie, ses enquêtes de qualité et son travail de sensibilisation, sont des travaux qui doivent continuer de nous informer, d’autant plus dans une société qui ignore encore trop largement les conséquences de l’effondrement climatique.

William Burkhardt et Hugo Clément en tournage dans un élevage intensif de cochons, dans l’Ain, en octobre 2019. Crédit : लोकाः समस्ताः सुखिनो भवन्तु.

Mais si ce travail ne s’articule pas avec les luttes sociales (antiracistes, contre la pauvreté, féministes, LGBT+ et autres), alors la lutte écologique sera opportunément récupérée par les dominants pour accentuer leur domination sur les publics déjà opprimés, y compris voire en premier lieu le prolétariat.

En d’autres termes, « l’écologie sans justice sociale et sans décolonisation, c’est du jardinage » (@aurelie_ly), mais c’est aussi et surtout un marche-pied pour les partis politiques les plus intolérants.

Le droit à l’erreur ?

S’il peut être naïf d’y croire encore, il serait précieux qu’Hugo Clément s’informe sur ces enjeux sociaux, et adapte son discours en conséquence. Chacun a le droit de se tromper, de faire des erreurs, le tout est de savoir les reconnaître.

Il doit surement y avoir de la bonté dans ses intentions, une volonté sincère de sensibiliser un large public à l’écologie. Mais il faudrait réfléchir à deux fois avant de jouer avec le racisme, et s’informer sur la manière dont il se propage. Son influence est grande, il serait profitable qu’elle ne fasse pas de mal. Il serait peut être judicieux de dialoguer avec l’ensemble des écologistes avant de s’aventurer dans des stratégies d’influence sur le terrain du RN.

– Benjamin Remtoula (Fsociété)

The post Les dangers d’une écologie dite apolitique first appeared on Mr Mondialisation.

24.07.2024 à 06:00

Une alternative écologique au papier toilette

Mr M.

Alors que le papier toilette est devenu un produit quotidien, il participe à la déforestation et contient de nombreuses substances toxiques. Des solutions alternatives, et notamment, du papier toilette made in France et 100% recyclé. Focus sur cette innovation. Le saviez-vous ? Le papier toilette a de nombreux impacts sur l’environnement et la santé. Démocratisé […]

The post Une alternative écologique au papier toilette first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (1652 mots)

Alors que le papier toilette est devenu un produit quotidien, il participe à la déforestation et contient de nombreuses substances toxiques. Des solutions alternatives, et notamment, du papier toilette made in France et 100% recyclé. Focus sur cette innovation.

Le saviez-vous ? Le papier toilette a de nombreux impacts sur l’environnement et la santé. Démocratisé dans les années 1950, le papier toilette est majoritairement utilisé en Europe, en Amérique du Nord ainsi que dans certains pays d’Asie. Il est estimé que 30% de la population mondiale utilise du papier toilette tandis que le reste préfère le lavage à l’eau. 

Malheureusement, tout le monde n’a pas la chance d’avoir accès à des toilettes, et encore moins à du papier. Pour cette raison, l’Organisation Mondiale des Toilettes (OMT) a été créée, tout comme la Journée mondiale des toilettes qui a lieu le 19 novembre. Si ces deux appellations peuvent faire sourire, elles ont surtout un objectif commun : montrer que l’accès aux toilettes reste un enjeu majeur dans certaines régions du monde.

En France, une personne utilise 6 kilos de papier toilette par an. Crédit : Pixabay

En France, nous allons aux toilettes en moyenne 6 ou 8 fois par jour, soit environ 2 500 fois par an. Selon des chiffres donnés par Radio France, nous passons 3 ans de notre vie aux toilettes. Imaginez donc la quantité de papier utilisée ! En France, une personne consommerait chaque année à elle seule 100 rouleaux de papier toilette de 60 grammes, soit 6 kilos au total. 

Des impacts environnementaux et sanitaires

Vous l’aurez compris : nous utilisons énormément de papier toilette. Cependant, ce dernier est mauvais pour l’environnement. En effet, la production de papier toilette contribue à la déforestation et à la perte de la biodiversité. Selon We Demain, 15% de la déforestation globale est causée par la production de papier toilette car chaque jour, 27 000 arbres sont coupés dans le monde à cet effet, ce qui équivaut à 1 arbre toutes les 3 secondes.

En plus de cela, la production de papier toilette demande une importante consommation d’eau. 168 litres d’eau sont nécessaires pour produire un seul rouleau afin de transformer la matière première, la pâte de fibre de cellulose, en papier. Enfin, 80% du marché du papier toilette est issu de multinationales étrangères, ce qui a causé la fermeture de 556 usines françaises en l’espace de 10 ans. 

Photo de Jas Min sur Unsplash

Si la production de papier toilette a un impact environnemental, elle est également mauvaise pour notre santé. Les rouleaux de papier toilette contiennent de nombreuses substances toxiques comme des composés chlorés, des phtalates et du bisphénol A. Tous ces produits chimiques sont utilisés pour blanchir et parfumer le papier. À terme, ils contaminent les cours d’eau et ont un impact désastreux sur la vie aquatique, la qualité de l’eau et notre santé. 

Une alternative écologique

Heureusement, il existe des alternatives au papier toilette, bien plus écologiques et respectueuses de l’environnement. C’est le cas de la marque Popee qui a décidé de vendre du papier toilette 100% recyclé et made in France. La matière première utilisée pour confectionner ces produits provient des papiers jetés dans les corbeilles des bureaux d’entreprises normandes et bretonnes. 

Popee commercialise du papier toilette 100% recyclé et made in France. Crédit : Popee Impact / Instagram

« Il existe deux options pour le papier toilette. Soit vous faites venir de la fibre vierge des arbres, généralement d’Amérique du Sud ou de Scandinavie, qui sera ensuite transformée en pâte à papier. Soit vous récupérez le papier industriel ou d’entreprises qui est traité plus facilement et qui servira ensuite de pâte à papier tout simplement. Nous avons ainsi un cercle vertueux puisqu’il y a certaines entreprises qui aiment bien l’idée que leur papier puisse ensuite resservir à un autre usage dans l’entreprise également », a expliqué Audrey Destang, fondatrice de la marque Popee, à L’Info Durable

Selon des informations de Libération, le papier toilette est ensuite emballé dans du film plastique recyclé, qui reste cinq fois plus fin que le plastique traditionnel. En plus de cela, la marque est 100% française. Aucun produit n’est importé depuis l’étranger puisque la fabrication du papier toilette a lieu dans des ateliers en Normandie, dans le Grand-Est ainsi que dans le Nord de la France. Les cartonniers, papetiers et logisticiens vivent quant à eux tous en Normandie.

Le papier toilette Popee est fabriqué dans des ateliers normands et bretons. Crédit : Popee Impact / Instagram

Pour commercialiser ses produits, Popee peut compter sur une cinquantaine de revendeurs présents dans toute la France. C’est le cas de certaines épiceries bio, mais aussi de plus grosses enseignes comme Carrefour. En plus de produire du papier toilette recyclé, Popee confectionne également des mouchoirs et des essuie-tout écologiques

Chaque trimestre, la marque reverse une partie de ses revenus à des associations caritatives comme Emmaüs, les Restos du Coeur ainsi que Lazare, une association qui crée des colocations entre les sans-abri et les jeunes actifs. L’opportunité idéale pour aider les autres tout en protégeant l’environnement au quotidien. 

– Lisa Guinot


Photo de couverture de cottonbro studio. Pexels.

The post Une alternative écologique au papier toilette first appeared on Mr Mondialisation.

23.07.2024 à 06:00

Asie : continent le plus touché par le dérèglement climatique

Mr M.

Frappée par de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes en 2023, l’Asie est restée la région du monde la plus touchée par les catastrophes liées au dérèglement climatique. Publié en avril dernier, le rapport sur l’état du climat asiatique est sans appel : les inondations et tempêtes ont causé le plus grand nombre de victimes et pertes […]

The post Asie : continent le plus touché par le dérèglement climatique first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (1614 mots)

Frappée par de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes en 2023, l’Asie est restée la région du monde la plus touchée par les catastrophes liées au dérèglement climatique. Publié en avril dernier, le rapport sur l’état du climat asiatique est sans appel : les inondations et tempêtes ont causé le plus grand nombre de victimes et pertes économiques, tandis que les répercussions des vagues de chaleur se sont aggravées sur le continent. 

« Les conclusions du rapport ne prêtent guère à l’optimisme », observe la Secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Andrea Celeste Saulo. Alors que le continent asiatique abrite près du tiers des terres émergées de la planète et environ 60% de la population mondiale, il semble se réchauffer encore plus rapidement que le reste du globe, avec un taux de réchauffement ayant presque doublé depuis la période 1961-1990.

Tempêtes, inondations et sécheresses

Des steppes du Kazakhstan aux berges du Mékong en passant par les montagnes de l’Himalaya, l’Asie a été frappée par de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes l’année dernière. « De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, ainsi qu’un déluge de conditions extrêmes, allant de périodes de sécheresse et de vagues de chaleur à des inondations et des tempêtes », détaille la Secrétaire générale de l’OMM.

Le rapport dénombre pas moins de 79 catastrophes associées à des aléas hydrométéorologiques dans la région. Les inondations et les tempêtes représentent plus de 80% d’entre eux, provoquant environ 2000 décès et touchant directement près de 9 millions de personnes.

En 2023, l’Asie a été touchée par de nombreux évènement climatiques extrêmes. Les inondations ont été les plus meurtriers d’entre eux selon le rapport de l’OMM. – Photo : Pixabay

Tout le continent est touché

Dans le nord de l’océan Indien par exemple, la tempête cyclonique Mocha a frappé la côte de Rakhine, au Myanmar, provoquant la mort de 156 personnes et causant des dégâts matériels considérables. L’Inde, le Pakistan et le Népal ont quant à eux connu un été plus que maussade, avec des précipitations extrêmes provoquant de nombreuses inondations et plus de 600 morts. Plus à l’ouest du continent, le Yémen, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis ont également subi de fortes précipitations, occasionnant des inondations généralisées.


Gratuit, sans subvention et indépendant depuis 10 ans, nous avons besoin de vous pour continuer ce travail en 2024. Sens-toi libre d’activer un abonnement volontaire sur ce lien en offrant un thé à l’équipe. Merci infiniment.


En parallèle, des épisodes de chaleur extrême ont touché de nombreuses régions d’Asie en 2023, comme le Japon et le Kazakhstan qui ont vécu leur été le plus chaud jamais observé. « La Chine a enduré 14 épisodes de températures élevées en été. Ainsi, la température a dépassé les 40 °C dans environ 70 % des stations météorologiques du pays et des records de chaleur ont été battus dans 16 stations », complètent les experts.

Les glaciers de la région en net recul

Au delà des températures élevées et des évènements extrêmes, les experts se sont également penché sur la fonte des glaciers du continent. « Les hautes montagnes d’Asie contiennent le plus grand volume de glace en dehors des régions polaires, avec des glaciers couvrant une superficie d’environ 100 000 km2 », expliquent les chercheurs. Ces dernières décennies, la plupart de ces glaciers ont reculé, et ce à un « rythme accéléré ».

Le rapport fait état d’une perte de masse pour 20 des 22 glaciers dénombrés dans la région, notamment due aux fortes chaleurs et aux conditions de sécheresse intenses dans l’Himalaya oriental et dans la majeure partie du Tien Shan. L’OMM détaille :

« Au cours de la période 2022-2023, le glacier Urumqi N° 1, dans le Tien Shan oriental, a enregistré son deuxième bilan de masse le plus négatif depuis le début des mesures, en 1959 »

Un contexte de réchauffement global

Au moyen de ces indicateurs clés – la température de surface, le recul des glaciers ou encore l’élévation du niveau de la mer, le rapport met ainsi en évidence l’accélération du dérèglement de l’environnement à une échelle plus régionale et souligne les faiblesses structurelles du continent face à une telle menace.

« Le changement climatique a exacerbé la fréquence et l’intensité de ces phénomènes, avec de profondes répercussions sur les sociétés et les économies mais, surtout, sur les vies humaines et l’environnement dans lequel nous vivons », rappelle à ce titre la Secrétaire de l’agence onusienne.

Pour Armida Salsiah Alisjahbana, secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), ce rapport est une preuve de plus de l’injustice sociale inhérente au dérèglement climatique. « Encore une fois, en 2023, les pays vulnérables ont été touchés de manière disproportionnée », regrette-t-elle dans un communiqué.

Une action politique nécessaire

Afin de prévenir et de limiter les impacts de telles catastrophes à l’avenir, la CESAP et l’OMM appellent à des objectifs plus ambitieux sur le climat et à l’accélération de la mise en oeuvre des politiques en la matière.

« Nous nous trouvons à un moment critique, où l’impact du changement climatique se recoupe avec les inégalités sociétales. Il est impératif que nos actions et nos stratégies reflètent l’urgence de cette époque », soutient Andrea Celeste Saulo, pour qui réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter à l’évolution du climat « ne sont pas seulement une option, mais une nécessité fondamentale ».

– Lou A.


Photo de couverture : Mékong. Flickr.

The post Asie : continent le plus touché par le dérèglement climatique first appeared on Mr Mondialisation.

22.07.2024 à 12:25

SMIC à 1600 € : 5 arguments de la peur debunkés

Mr M.

Dans le sillage de la victoire relative du Nouveau Front Populaire aux élections législatives, l’une des mesures phares du programme de l’alliance de gauche, l’augmentation du SMIC à 1600 €, fait particulièrement parler d’elle. À droite, on s’insurge même contre cette proposition qui pourrait conduire l’économie à s’effondrer. Qu’en est-il vraiment ? Chômage, délocalisations, faillites, les […]

The post SMIC à 1600 € : 5 arguments de la peur debunkés first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (2374 mots)

Dans le sillage de la victoire relative du Nouveau Front Populaire aux élections législatives, l’une des mesures phares du programme de l’alliance de gauche, l’augmentation du SMIC à 1600 €, fait particulièrement parler d’elle. À droite, on s’insurge même contre cette proposition qui pourrait conduire l’économie à s’effondrer. Qu’en est-il vraiment ?

Chômage, délocalisations, faillites, les pires prédictions ont été proférées par le patronat et les observateurs libéraux. De la Macronie jusqu’à Éric Zemmour, en passant par LR et le RN, toute les droites sont d’accord, il ne faut surtout pas faire progresser le salaire minimum.

Pourtant, de multiples indicateurs montrent qu’un tel projet serait bénéfique pour le pays. Mr Mondialisation s’attaque alors à cinq arguments fallacieux utilisés par les détracteurs de l’idée.

1. Vers une explosion du chômage ?

De nombreux défenseurs du néolibéralisme prédisent des effets dévastateurs d’une augmentation du SMIC sur l’emploi. Avec une hausse des salaires, les entreprises n’arriveraient plus à suivre et se verraient contraintes de licencier.

Si la réflexion a de quoi séduire au premier abord, elle ne résiste pourtant pas à l’épreuve des faits. Plusieurs études se sont penchées sur la question en analysant des exemples pratiques.

Ainsi, l’économiste primé David Card a comparé le cas de deux États américains avec des caractéristiques socio-économiques similaires, le New Jersey et la Pennsylvanie. Le premier a vu son salaire minimum augmenter de 18 % (rappelons que la hausse prévue par le NFP est de 14 %) en 1992 tandis que le second est resté stable.

Et pourtant dans la situation du New Jersey, aucun impact négatif n’a été observé sur le chômage. Mieux, celui-ci a même reculé à cette période. Constat similaire en Ontario en 2018 où le salaire minimum avait bondi de 20 %. Un rapport de 2019 pour le gouvernement britannique et un article espagnol arrivent aussi tous les deux à une conclusion semblable : la majoration du salaire minimum n’a que peu d’incidence sur le niveau du chômage.

Des exemples récents en Europe montrent également que ce type d’augmentation est parfaitement supportable. Avec son indexation sur l’inflation en France, le salaire minimum a d’ailleurs progressé de 18 %. Dans le même temps, le salaire horaire brut minimum a évolué de 36 % en Allemagne, et de 54 % en Espagne. Et aucune hausse du chômage n’en a découlé.

Évidemment, ces données restent valables jusqu’à un certain seuil, l’augmentation du SMIC ne pouvant pas être trop illimitée. Selon une étude, la ligne de danger serait située à 81 % du salaire médian. À partir de ce stade, il existerait potentiellement un risque de faire grimper le chômage. Il faut cependant noter que l’Espagne s’est récemment aventurée au-delà de ce cadre puisque son salaire minimum actuel équivaut à 86 % du salaire médian, sans que cela ne se ressente sur l’emploi.

Le relèvement à 1600 € en France reste, lui, bien plus éloigné de ce niveau puisque cette somme représente seulement 76 % de 2091 €, revenu médian en 2022. Depuis l’inflation est passée par là, et même si les données ne sont pas encore accessibles pour 2024, il est certain que le salaire médian est beaucoup plus élevé aujourd’hui, repoussant d’autant plus le seuil de risque.

2. Les petites entreprises en faillite ?

Comme à son habitude, le grand patronat défend également ses intérêts en se cachant derrière les petites entreprises : l’augmentation du salaire minimum ne pourrait pas être assumée par les sociétés modestes aux bénéfices plus faibles.

Pourtant, l’argent investi par les entreprises dans ces rémunérations a toutes les chances d’être récupéré par le processus de relance économique. Par conséquent, les classes populaires mieux rétribuées dépenseront plus de liquidités dans ces mêmes entreprises qui verront leur carnet de commandes se remplir et leur chiffre d’affaires progresser.


Gratuit, sans subvention et indépendant depuis 10 ans, nous avons besoin de vous pour continuer ce travail en 2024. Sens-toi libre d’activer un abonnement volontaire sur ce lien en offrant un thé à l’équipe. Merci infiniment.


En outre, d’après les chercheurs, des salariés bien payés se sentiraient plus valorisés et seraient donc plus productifs ce qui favoriserait le rendement général des entreprises tout en diminuant l’absentéisme, les problèmes de discipline, et de fait la rotation de la main d’œuvre, ce qui évidemment rapporte plus.

Pour couronner le tout, le Nouveau Front Populaire propose aussi de soutenir financièrement les structures les plus fragiles, en particulier en redirigeant les aides actuellement accordées aux sociétés d’envergure, en autorisant des prêts à taux zéro et surtout en créant une caisse de péréquation interentreprises.

Autrement dit, les cotisations sociales des compagnies seraient mutualisées dans une même caisse pour permettre de les réduire pour les petites entreprises et les augmenter en compensation pour les entreprises plus importantes. À cela, il faut également ajouter une baisse drastique du coût de l’énergie prévue dans le programme du NFP et qui bénéficierait énormément à de nombreux entrepreneurs.

Notons enfin que l’argument des « petites entreprises » sert surtout aux grosses à se protéger, parce qu’elles sont aussi largement concernées. En effet, 30 % des travailleurs exercent dans des sociétés de plus 5000 salariés, et 54 % dans des compagnies de plus de 250 salariés. Il n’y a en réalité que 17 % des entreprises qui disposent de moins de dix salariés. Et parmi ce contingent réduit de sociétés, 70 % n’ont aucun salarié du tout. Notons d’ailleurs que ces petites sociétés se portent déjà bien mieux que l’on pourrait penser puisque leur valeur ajoutée générée a progressé de 13 % en 2022.

3. La porte ouverte aux délocalisations ?

Un autre argument pour s’opposer à l’augmentation du SMIC consiste à dire qu’il pourrait entraîner une vague de délocalisation des grandes entreprises, désireuses de faire des économies.

C’est cependant oublier un peu facilement que les emplois payés au SMIC en France sont extrêmement peu délocalisables pour la majorité d’entre eux. En effet, ils concernent essentiellement des activités de service qui doivent donc nécessairement être exercées sur place. Personne ne pourra délocaliser les hôpitaux, coiffeurs, magasins, hôtels ou restaurants.

En outre, la menace de délocalisation ne peut pas être considérée comme un argument valable puisqu’elle revient tout simplement à un chantage. Si l’on cède sur ce point pour ne pas augmenter les salaires alors on admet la toute-puissance des grands groupes et on nivelle vers le bas la condition des travailleurs.

De plus, il existe des solutions pour empêcher toute volonté de délocalisation en mettant en place du protectionnisme, par exemple en établissant des quotas d’importation, en luttant contre le libre-échange, en contrôlant les prix ou encore favorisant les productions nationales.

4. Les salaires intermédiaires tirés vers le bas ?

Pour ne pas avoir à rogner une petite partie de son immense capital, les grandes entreprises jouent par ailleurs sur un sentiment régulièrement utilisé par la droite de l’échiquier politique, celui de la peur du déclassement.

Autrement dit, de nombreux membres des classes moyennes s’opposent à la hausse du salaire minimum parce qu’ils refusent de se retrouver en bas de l’échelle. C’est un mécanisme que l’on observe aussi au sein du syndrome du larbin, qui consiste à défendre les riches contre ses propres intérêts, mais également dans la dénonciation des soi-disant « assistés ».

Ainsi, une personne qui gagne déjà 1600 € actuellement se sentirait dévalorisée d’être rejointe par les plus bas salaires. Même si l’on pourrait contester en soi cette vision compétitive de l’emploi, on peut surtout noter que, comme le rapporte une étude de l’INSEE, le relèvement du salaire minimum a un impact direct sur tous les revenus, en particulier ceux situés un peu au-dessus. Mécaniquement, la hausse du salaire minimum devrait donc faire progresser tous les autres.

5. Si les salaires augmentent, les prix aussi ?

Enfin, les opposants à la mesure assurent également qu’une revalorisation du SMIC entraînerait une explosion des prix des marchandises, ce qui rendrait la proposition inefficace.

Pourtant, comme expliqué précédemment, malgré ces revalorisations, les entreprises devraient en très grande majorité être gagnantes et voir leur chiffre d’affaires bondir. Il n’existe donc aucune raison objective pour que ce phénomène provoque de l’inflation.

Les travaux empiriques vont d’ailleurs aussi dans ce sens. Une étude de la Banque Fédérale de Chicago conclut ainsi que l’augmentation du salaire minimum n’entraîne pas d’inflation significative. D’autres recherches menées par la banque centrale européenne arrivent exactement aux mêmes conclusions.

De plus, le spectre de cette menace sera de toute façon éloigné par le Nouveau Front Populaire, puisqu’il propose également de tout simplement indexer l’intégralité des salaires sur l’inflation. Une façon de faire qui existait d’ailleurs en France jusqu’en 1983 et qui a toujours lieu actuellement en Belgique.

Une faible menace pour le grand capital

On l’aura compris, une hausse du SMIC à 1600 € n’est objectivement pas une menace pour l’économie, l’emploi et le monde du travail en général. À l’inverse, elle aurait probablement un effet vertueux sur les entreprises et sur les salariés.

Si les médias de milliardaires, et la droite de l’échiquier politique sont vent debout contre cette mesure, c’est surtout parce qu’elle rognerait les profits colossaux engendrés par les plus aisés. Sur les vingt dernières années, les plus riches ont vu leur patrimoine exploser. Ainsi les 500 plus grosses fortunes professionnelles de France sont passées de 123 milliards à 1170 milliards en deux décennies.

Difficile d’en dire autant des plus pauvres. Et contrairement à ce qu’affirme honteusement le magazine le Point, ce n’est pas « à cause du peu d’heures qu’ils font » que les plus précaires ne gagnent pas plus d’argent, mais bien parce que les individus situés tout en haut de la pyramide s’octroient la quasi-intégralité du gâteau. En ce sens, l’augmentation du SMIC ne ferait que légèrement rééquilibrer la balance.

– Simon Verdière


Photo de couverture de Karolina Kaboompics. Pexels.

The post SMIC à 1600 € : 5 arguments de la peur debunkés first appeared on Mr Mondialisation.

19.07.2024 à 06:25

Sucre : 50 ans de mensonges financés par les industriels

Mr Mondialisation

Un article paru dans une revue américaine de médecine révélait en 2016 comment, aux États-Unis, des industriels ont financé une étude « scientifique » minimisant les effets du sucre sur la santé et ainsi influencé directement l’administration dans ses décisions. Depuis, malgré la diffusion de la toxicité du sucre à travers le monde, peu de choses ont […]

The post Sucre : 50 ans de mensonges financés par les industriels first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (1555 mots)

Un article paru dans une revue américaine de médecine révélait en 2016 comment, aux États-Unis, des industriels ont financé une étude « scientifique » minimisant les effets du sucre sur la santé et ainsi influencé directement l’administration dans ses décisions. Depuis, malgré la diffusion de la toxicité du sucre à travers le monde, peu de choses ont changé et les consommateurs sont toujours sous perfusion. Combien de temps encore gouvernements et citoyens laisseront les acteurs de l’agro-alimentaire dicter leurs lois ?

Il semblerait que pour certains consortiums d’industriels, la vérité s’adapte à la taille du chèque. En effet, interférer dans les données scientifiques est légion depuis, notamment, le cas emblématique du tabac et de sa stratégie du doute. Mais de nombreux autres secteurs sont concernés par divers scandales liés aux lobbies de puissants industriels : c’est par exemple le cas du lait, de la viande, mais également du sucre.

En effet, la divulgation de documents internes de l’industrie du sucre révélait déjà en 2016 les agissements malhonnêtes de certains industriels du secteur pour cacher la dérangeante réalité de cette denrée aussi délétère pour la santé et non-nutritive, que polluante.

« un véritable marketing du « sans » est né de décennies d’intoxication impunies au point que ne pas être contaminé par des substances délétères est devenu un argument de vente »

Aussi, si pour certains l’effet négatif d’un excès de sucre sur la santé pouvait sembler être une évidence, certains exploitants ont continué de chercher à biaiser la discussion en persistant à jeter un doute factice. Aujourd’hui, le sucre ajouté est partout, et particulièrement présent en grande quantité dans les produits industriels y compris « salés ». De fait, un véritable marketing du « sans » est né de décennies d’intoxication impunies au point que ne pas être contaminé par des substances délétères est devenu un argument de vente : « sans pesticides », « sans OGM », « sans plastique », « sans sulfates »… et probablement le plus célèbre « sans sucre ajouté ».

Il y a près de 10 ans, en effet, les procédés employés par les industriels – notamment par la Sugar Association américaine – pour diffuser ces mensonges ont été décrits et analysés dans une étude réalisée par Stanton Glanz publiée dans la revue Journal of the American Medical Association. Ce document doit nous rappeler que l’enfumage réalisé au milieu des années 1960 devrait encore animer les débats actuels au regard de leurs conséquences sanitaires sur le long terme.

Une corruption au plus haut niveau

Les documents rendus publics mettaient donc en lumière la corruption par la Sugar Association d’importants scientifiques de l’Université de Harvard. L’avis de ces derniers pouvait à l’époque jouer un rôle important dans l’établissement de décisions en matière de santé publique. Au total, 50.000 dollars (somme très importante à l’époque) auraient été versés afin de cacher les dangers représentés par la consommation de sucre et faire publier une étude qui dépénalise ce dernier, en minimisant son rôle dans le développement de maladies cardio-vasculaires et en niant son impact sur l’obésité.

À la place, ce sont les aliments gras qui ont été pointés du doigt comme principale cause de ces problèmes de santé. Aussi perverse soit-elle, la manœuvre a porté ses fruits, puisqu’en réaction à ces informations, les américains ont par la suite privilégié des aliments peu gras, mais riches en sucres.

Le problème est que l’affaire ne remonte pas d’hier, mais débute dans les années 1960. Stanton Glanz, docteur spécialisé en cardiologie et en santé publique, estimait déjà que ces pratiques ont été perpétuées en toute connaissance de l’état des lieux scientifiques pendant des décennies, imprégnant l’opinion publique que le sucre n’était pas si dangereux. De fait, il est même légitime de se demander si la diffusion de sa banalisation ne continuerait-elle pas à être subventionnée aujourd’hui par les industriels ?

Le scandale des néonicotinoides, ce pesticide tueur d’abeilles servant les cultures de betteraves à sucre, met la puce à l’oreille s’agissant de la pression toujours active des lobbys du sucre. En effet, bien qu’ils aient finis par être interdits au niveau européen en 2023, les molécules molécules de cette famille ont fait l’objet d’une longue bataille qui n’est pas encore totalement gagnée. 

Une pratique courante

Ce n’est pas la seule tentative de la part d’industriels d’arranger la réalité en fonction de leurs intérêts privés. À de nombreuses reprises ces dernières années, journalistes, chercheurs et citoyens ont mis à jour des mensonges, des omissions volontaires ou des pratiques qui remettaient en cause les méthodes utilisées à tous les échelons par les industriels de l’alimentation.

En juin 2023, une nouvelle étude parue dans la revue Environmental Healthn révélait que Bayer et Syngenta auraient dissimulé pendant plus d’une décennie la toxicité de certains de leurs produits aux autorités européennes. Plus en amont, en 2015, le New-York Times divulguait notamment comment Coca-Cola avait investi des millions de dollars auprès de chercheurs qui acceptaient de cacher le lien entre la consommation de sucre et l’obésité à travers leurs méthodes de recherche.

En Avril 2016, le site spécialisé Lanutrition.fr publiait les « Coca-Cola Papers« , dressant la liste édifiante des organismes français « arrosés par Coca-Cola ». Cette liste, obtenue par l’ONG allemande Foodwatch, comptait notamment l’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN), la Fédération française des diabétiques ou encore l’Institut Pasteur de Lille. Ces scandales ne portent pas simplement atteinte aux consommateurs, mais également à l’ensemble de la recherche scientifique qui peine parfois à trouver du crédit dans l’opinion alors qu’elle s’avère infiniment nécessaire notamment en matière de lutte contre l’obésité, le diabète et le changement climatique.

Ces révélations poussent à prêter une plus grande attention aux multinationales et à ceux qui les fournissent, animées par les gains économiques. Envers et contre tous, le secteur de l’alimentaire continue à être contrôlé par une poignée de géants qui, pour leur majorité, ont été impliqués dans de nombreux scandales. En témoigne notre podium des 10 scandales de l’industrie alimentaire, ou encore les nombreux méfaits de Nestlé. 

La bonne nouvelle est qu’il ne manque désormais pas d’alternatives au sucre raffiné, comme la date mixée ou le sirop d’agave. Plus largement, en parallèle de luttes en faveur d’avancées législatives qui puissent accompagner tout le monde dans un changement de fond, il convient autant que possible de privilégier les aliments frais et bruts, exempts de sucré ajouté.

– Mr Mondialisation


Sources : franceculture.fr / nouvelobs.com / nytimes.com

Image d’entête @Mikhail Nilov/Pexel

The post Sucre : 50 ans de mensonges financés par les industriels first appeared on Mr Mondialisation.
6 / 10
 Persos A à L
Mona CHOLLET
Anna COLIN-LEBEDEV
Julien DEVAUREIX
Cory DOCTOROW
EDUC.POP.FR
Michel GOYA
Hubert GUILLAUD
Gérard FILOCHE
Alain GRANDJEAN
Hacking-Social
Samuel HAYAT
Dana HILLIOT
François HOUSTE
Tagrawla INEQQIQI
Infiltrés (les)
Clément JEANNEAU
Paul JORION
Michel LEPESANT
Frédéric LORDON
LePartisan.info
 
 Persos M à Z
Henri MALER
Christophe MASUTTI
Romain MIELCAREK
Richard MONVOISIN
Corinne MOREL-DARLEUX
Timothée PARRIQUE
Emmanuel PONT
Nicos SMYRNAIOS
VisionsCarto
Yannis YOULOUNTAS
Michaël ZEMMOUR
 
  Numérique
Binaire [Blogs Le Monde]
Christophe DESCHAMPS
Louis DERRAC
Olivier ERTZSCHEID
Olivier EZRATY
Framablog
Francis PISANI
Pixel de Tracking
Irénée RÉGNAULD
Nicolas VIVANT
 
  Collectifs
Arguments
Bondy Blog
Dérivation
Dissidences
Mr Mondialisation
Palim Psao
Paris-Luttes.info
ROJAVA Info
 
  Créatifs / Art / Fiction
Nicole ESTEROLLE
Julien HERVIEUX
Alessandro PIGNOCCHI
XKCD
🌓