10.10.2025 à 02:45
Terres menacées : Bouygues bétonne, les basques résistent
Maureen Damman
Au pays des irréductibles Basques, les paysans résistent face à la spéculation immobilière. Interview de Jakes, activiste local contre le géant Bouygues. Aux portes de Cambo-les-Bains (Pays basque), 3,5 hectares de terres agricoles sont menacés. En effet, le sol de Marienia est devenu le symbole d’une lutte plus vaste contre la bétonisation du territoire et la […]
The post Terres menacées : Bouygues bétonne, les basques résistent first appeared on Mr Mondialisation.Texte intégral (3310 mots)
Au pays des irréductibles Basques, les paysans résistent face à la spéculation immobilière. Interview de Jakes, activiste local contre le géant Bouygues.
Aux portes de Cambo-les-Bains (Pays basque), 3,5 hectares de terres agricoles sont menacés. En effet, le sol de Marienia est devenu le symbole d’une lutte plus vaste contre la bétonisation du territoire et la spéculation immobilière.
Face au géant Bouygues Immobilier en collaboration avec des élus locaux, une mobilisation citoyenne déterminée s’est levée pour défendre cette terre nourricière de Marienia. Occupation agricole, actions directes, recours juridiques, et récoltes collectives : les opposant·es mêlent stratégie et enracinement local pour empêcher la disparition de ces sols fertiles.
Nous avons eu la chance d’échanger avec Jakes, membre du collectif OSTIA (Okupatzaile Sare Tematsua Irabazi Arte), acteur de cette résistance bien enracinée.

Terres agricoles en danger : Bouygues bétonne, Marienia résiste !
Mr Mondialisation : Quel est votre rôle dans cette mobilisation contre le projet Marienia ?
Jakes : Je suis Jakes, membre du réseau OSTIA (Okupatzaile Sare Tematsua Irabazi Arte), ce qui signifie : réseau déterminé des occupants jusqu’à la victoire. Ce réseau s’est constitué en novembre 2021 contre la spéculation foncière et immobilière au Pays basque.
Nous nous battons pour la défense de la terre nourricière, en menant plusieurs combats en collaboration avec les paysans, la confédération paysanne ELB (Euskal Laborarien Batasuna) et Lurzaindia, un peu comme Terre de Liens. Nous sommes plusieurs dizaines de personnes, réunies grâce à un réseau né d’une lutte menée à Arbonne pour la défense de terres agricoles, initiée par le syndicat ELB, et Lurzaindia. Ce fut une victoire : la vente du terrain agricole a été annulée.
Comme plusieurs problématiques immobilières et spéculatives émergeaient ici et là, il nous a semblé utile de constituer un réseau pour s’entraider, se prêter du matériel… C’est une “structure accordéon”, qui s’ouvre et se ferme en fonction des luttes. Parallèlement, le réseau OSTIA s’est déclaré comité local des Soulèvements de la Terre suite à la menace de dissolution du mouvement, puis s’est mobilisé contre l’A69 ou encore les projets de mégabassines.
Mr Mondialisation : En quoi consiste ce projet immobilier ?
Jakes : Tout a commencé en 2014, quand les propriétaires de terres agricoles ont exprimé des velléités spéculatives, main dans la main avec le maire de l’époque. Tous deux voulaient faire passer ces terres en zone constructible, ce qui multipliait par dix le prix du terrain.
Ces terres sont en fait de très bonne qualité et très planes, ce qui est plutôt rare au Pays basque. À l’époque et aujourd’hui encore un paysan y récolte le fourrage et y fait paître ses brebis.

« ils se vantaient d’avoir augmenté la part des zones agricoles ou naturelles, mais en réalité, ils avaient comptabilisé une multitude de petits espaces verts et de jardins pour faire gonfler artificiellement la surface “non artificialisée”.
L’opposition municipale a levé le lièvre »
Dès le départ, les élus d’opposition ont entamé une bataille contre ces modifications du PLU, votées par la commune de Cambo et l’agglomération du Pays basque (CAPB).
Les porteurs de la modification du PLU se vantaient d’avoir augmenté la part des zones agricoles ou naturelles, mais en réalité, ils avaient comptabilisé une multitude de petits espaces verts et de jardins pour faire gonfler artificiellement la surface “non artificialisée”. L’opposition municipale a levé le lièvre, et diverses associations comme le CADE (Coordination des Associations pour la Défense de l’Environnement) – qui s’était notamment battu contre le projet de LGV et disposait d’une expertise juridique solide – se sont mobilisés.
La modification du PLU a été dénoncée par les syndicats agricoles et la Chambre d’agriculture, ce qui a permis de réduire le nombre d’hectares concernés : une première victoire. Mais il restait tout de même 3,5 hectares devenus constructibles. Nous ne les avons pas abandonnés à la spéculation.
« il restait tout de même 3,5 hectares devenus constructibles. Nous ne les avons pas abandonnés à la spéculation. »
Les premiers rassemblements ont eu lieu devant le conseil de l’agglomération, puis différents recours ont été entamés contre le PLU et les permis de construire déposés par Bouygues et l’opérateur Office 64 de l’Habitat. Aujourd’hui, tous les recours possibles contre le PLU ont été épuisés ; il ne reste qu’un second et dernier recours en appel contre le permis de construire. Les mobilisations se sont renforcées à partir de 2022, quand le projet est devenu plus concret avec les premiers appels d’offres et la mise en vente des lots.
Après l’occupation à Arbonne, les forces se sont recentrées sur les terres de Marienia, ce qui a mené à une action d’OSTIA. Les membres du collectif ont en effet recouvert de terre la maquette du projet dans une agence de Bouygues Immobilier à Anglet. Quatre personnes ont été inculpées et ont été condamnées à une amende avec sursis. Bouygues a réclamé 40 000 euros de dommages et intérêts, mais n’en a obtenu que 10 000.

En avril 2024, les opposant·es ont interrompu le conseil municipal de Cambo, pour protester contre le refus du maire de toute discussion ou négociation. Les manifestant·es sont resté·es sur place jusqu’à ce que le maire lève la séance. Une bousculade due à l’intervention intempestive des gendarmes à la sortie a provoqué la chute du maire, et il a porté plainte. Une nouvelle procédure a été lancée contre trois personnes.
Entre-temps, le premier compromis de vente entre Bouygues et les propriétaires est devenu caduc, puis a été reconduit en décembre dernier. La communauté d’agglomération, qui aurait pu exercer son droit de préemption pour empêcher cette vente ne l’a pas fait.
« Tandis que la Communauté d’Agglomération nous répétait que Marienia n’était pas une terre agricole, nous avons décidé, avec OSTIA, Lurzaindia et ELB, d’occuper les terres en les cultivant. »
Le 17 mai dernier, nous avons planté des pommes de terre, des courges, des piments, avec un “serment des bâtons” : chaque participant a planté un bâton dans la terre, avec l’engagement de revenir la défendre si le terrain était menacé. Malheureusement, les plantations ont été en partie saccagées, probablement par l’un des propriétaires. Mais nous avons quand même réussi à récolter plus de 2 tonnes de pommes de terre début septembre, vendues en soutien solidaire.
Mr Mondialisation : Pourquoi ce terrain de Marienia, classé jusque-là en terres agricoles, est-il ciblé par cette urbanisation ?
Jakes : Il y a clairement un besoin en logements, notamment sociaux. Ici, au Pays basque – surtout en s’approchant de la côte – beaucoup de logements sont construits, mais ne sont pas financièrement accessibles aux habitant·es. Beaucoup deviennent des Airbnb, des résidences secondaires ou des investissements spéculatifs.
« il existe énormément de bâtiments qui pourraient être rénovés pour servir de logements »
À Cambo, il existe énormément de bâtiments qui pourraient être rénovés pour servir de logements, ou d’espace déjà artificialisés : d’anciennes stations thermales, par exemple. Évidemment, nous ne voulons pas opposer production alimentaire et besoins en logement – les deux sont essentiels – mais on doit trouver d’autres solutions que l’artificialisation des terres agricoles.
« nous ne voulons pas opposer production alimentaire et besoins en logement – les deux sont essentiels – mais on doit trouver d’autres solutions que l’artificialisation des terres agricoles »
Mr Mondialisation : Quelles sont les conséquences environnementales et agricoles majeures que vous redoutez face à cette artificialisation des terres ?

Jakes : Il n’y a pas d’espèces spécialement menacées ici, ce sont des prairies. Mais chaque année, 290 hectares sont artificialisés au Pays basque et plus de 20 000 en France.
Il est donc essentiel de freiner cette artificialisation, pour au moins trois raisons : d’abord, il n’y a pas assez de terres agricoles au Pays basque pour toutes les personnes qui souhaitent s’y installer. Ensuite, pour l’alimentation, il est indispensable de préserver des terres et des espaces agricoles. Enfin pour le climat, car l’artificialisation renforce le réchauffement climatique.
» Ce combat peut sembler modeste en surface – 3,5 hectares, ce n’est pas grand-chose – mais ces terres sont devenues un symbole. »
Aujourd’hui, beaucoup de gens ont pris conscience des enjeux, y compris parmi les élu·es. Même la CAPB a mis en place un plan climat. Il faudrait qu’ils comprennent que faire marche arrière, ce n’est pas capituler : c’est tenir compte de ce que l’on sait mieux aujourd’hui, corriger les erreurs passées, et surtout être en cohérence avec les urgences du changement climatique.
Mr Mondialisation : Avez-vous trouvé des exemples inspirants d’autres luttes ou méthodes de mobilisation locale pour nourrir votre action ?

Jakes : D’abord, à l’échelle locale, de nombreuses batailles ont été menées pour défendre l’agriculture paysanne, l’environnement et lutter contre la spéculation. Nous nous inscrivons dans cette histoire. Nous avons construit une coalition avec cinq entités : le syndicat paysan ELB, Lurzaindia, le CADE, “Nahi Dugun Herria”, les élu·es de l’opposition et OSTIA. Chacun a apporté ses expériences et son expertise, ce qui nous a rendus plus forts.
Ensuite, nous nous sommes inspirés d’autres luttes comme celle de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes que de nombreuses personnes du Pays Basque ont visitées et où certaines se sont impliquées. Nous nous sommes inspirés de leurs tactiques et réflexions. Le serment des bâtons, par exemple, vient de la ZAD.
Mr Mondialisation : Comment pouvons-nous aider concrètement la mobilisation contre ce projet ?
Jakes : L’occupation continue. Nous avons prévu de semer du blé panifiable dans les semaines à venir, et nous aurons besoin de bras pour nous soutenir. On essaie d’impliquer les gens au maximum, notamment via le relais de nos actualités sur notre canal Télégram, notre page Facebook et dans notre newsletter.
Nous avons également une caisse de dons pour faire face aux frais liés aux procès. D’autres mobilisations sont en préparation.
En décembre dernier, à la suite de discussions avec des élu·es communautaires, 60 d’entre eux ont demandé l’organisation d’un débat en Conseil communautaire sur l’artificialisation des terres. Un débat a eu lieu le 24 septembre mais seulement à la conférence des maires, une instance de la CAPB qui a lieu une fois par an. Rien de concret n’en est sorti.
Mr Mondialisation : la bataille de Marienia en quelques mots,… que faut-il retenir ?
« Il n’y a pas de petites batailles ».
Jakes : Il n’y a pas de petites batailles. Certes, 3,5 hectares peuvent paraître dérisoires face aux 400 hectares agricoles menacés par l’A69 par exemple, mais c’est un travail d’éducation populaire, et un signal envoyé aux spéculateurs et promoteurs immobiliers. Ils savent désormais qu’il y aura une opposition organisée à leurs projets, et ils y réfléchiront peut-être à deux fois.
« Marienia est devenu un emblème de la lutte pour les terres nourricières et contre la spéculation foncière. »
En somme, je n’ai pas de conseils à donner, je n’ai aucune légitimité pour cela. Quand cette lutte sera terminée et gagnée, nous ferons un gros “débrief” pour voir quels enseignements en tirer. Et cela pourra peut-être en inspirer d’autres.
– Maureen Damman
The post Terres menacées : Bouygues bétonne, les basques résistent first appeared on Mr Mondialisation.09.10.2025 à 05:23
Face au génocide à Gaza, l’Italie bloque tout
Benjamin Remtoula
“Bloquons tout”, ou plutôt “Blocchiamo tutto”, cela fonctionne aussi en Italie ! C’est une véritable marée humaine qui s’est déversée dans tout le pays le lundi 22 septembre lors d’une grève générale en soutien au peuple palestinien. L’Italie, gouvernée par l’extrême droite, est encore loin de reconnaître l’État de Palestine ; et, comme nombre de […]
The post Face au génocide à Gaza, l’Italie bloque tout first appeared on Mr Mondialisation.Texte intégral (2861 mots)
“Bloquons tout”, ou plutôt “Blocchiamo tutto”, cela fonctionne aussi en Italie ! C’est une véritable marée humaine qui s’est déversée dans tout le pays le lundi 22 septembre lors d’une grève générale en soutien au peuple palestinien. L’Italie, gouvernée par l’extrême droite, est encore loin de reconnaître l’État de Palestine ; et, comme nombre de ses voisins européens, continue de transporter des armes vers Israël.
Non seulement la mobilisation est massive – 1 million de personnes dans la rue selon certaines estimations, avec une jeunesse omniprésente – dans plus de 80 villes italiennes, mais surtout les modes d’action révèlent une volonté d’agir efficacement avec de nombreux blocages réalisés dans tout le pays.
Le peuple italien a saisi l’occasion de montrer un tout autre visage que celui véhiculé jusqu’ici par ses institutions.
Pourquoi une telle mobilisation ?
Deux ans après l’intensification du génocide à Gaza, le peuple italien a sans aucun doute vécu sa plus grande action de résistance depuis l’intifada étudiante de 2024. Comment expliquer un tel succès, une telle détermination et démonstration de force ?
Forcément, l’indignation citoyenne augmente à mesure que le projet de nettoyage ethnique à Gaza prend forme. La situation est urgente et dramatique depuis près de 24 mois maintenant, pourquoi a-t-il fallu attendre aussi longtemps pour voir enfin un pays européen réaliser des actions de blocage ?
Il y a d’abord l’effet cocotte-minute : à force de voir quotidiennement ces images et ces informations d’horreur sur nos smartphones, la colère intériorisée monte jusqu’à exploser sous la pression.

Ensuite, les manifestations réelles de ces deux dernières années ont nettement participé à construire cette spirale militante positive ; à créer du lien entre citoyens autour d’une indignation commune ; à donner le sentiment à des personnes qui n’étaient jamais descendues dans la rue auparavant qu’elles avaient le pouvoir d’influer sur la situation à leur échelle.
Dans un article précédent, nous évoquions le combat militant des étudiants de Padoue en Italie. Très vite après le 7 octobre 2023, des assemblées générales ont été organisées en soutien à la Palestine et ses victimes. L’université a souvent été le lieu d’occupation pour ces activistes, afin de s’approprier l’espace public, de politiser, d’informer et d’engager la population.
Si l’image de la cocotte-minute évoque l’idée de mobilisations spontanées, elles sont en réalité le résultat d’un travail important d’organisation et de sensibilisation dans la rue, mais aussi de créations de liens sociaux entre groupes d’activistes.
Enfin, les Flottilles pour la liberté ont sans aucun doute été des vecteurs importants de la mobilisation actuelle. Bien que ces embarcations tentent de subvenir aux besoins de Gaza depuis de longues années, la présence de personnes importantes et influentes comme Rima Hassan ou Greta Thunberg à bord du Madleen puis du Handala a donné un réel poids médiatique à l’initiative.
Les mobilisations actuelles font écho à l’initiative internationale “Global Sumud Flotilla”, où les navires sont cette fois-ci nombreux (51) à tenter de briser le blocus alimentaire à Gaza. La répression, elle, n’a cessé de s’intensifier : des drones ont notamment attaqué les navires sans défense. Ces initiatives sont des exemples de désobéissance civile et incitent les citoyens à imiter le courage de ces “activistes marins”.
Situation vénitienne

Nous avons suivi le cortège vénitien qui est parvenu à bloquer le port de Marghera (Venise), et ce pendant plusieurs heures, avant que la police ne repousse les manifestants à coup de puissants jets d’eau. Des activistes sont également parvenus à bloquer la route où une file interminable de camions d’approvisionnement de marchandises était empêchée d’accéder au port.
Les manifestants étaient contenus par quelques grands camions de police leur faisant face, mais aussi par un hélicoptère surveillant la situation en hauteur. Quelques drones se sont également immiscés périodiquement au-dessus de la foule.
Cette action de blocage, réalisée dans plusieurs ports italiens, fait suite à l’appel des dockers de Gênes, afin d’agir directement contre la livraison d’armes transitant par la Méditerranée, depuis l’Italie donc en direction d’Israël.
“Free Palestine, Bloquons les armes”, pouvait-on lire en tête du cortège, sur fond de chants explicites :
“Siamo tutti anti sionisti” “tout le monde déteste la police”, “tout le monde déteste Israël”.

Le collectif antiraciste et antifasciste padouan “Open Your Borders” présent à Marghera tenait à souligner que le génocide palestinien est le résultat d’un système qui “normalise la discrimination et le nettoyage ethnique”. Selon les membres du mouvement, chaque attaque et chaque meurtre à Gaza sont le fruit d’une même logique “impérialiste et d’exclusion qui alimente le racisme partout dans le monde”.
Ceux-ci dénoncent en premier lieu l’Union Européenne qui garde inchangées ses relations avec Israël. Ils accusent en plus l’UE de “tuer des personnes réfugiées ou en mouvement avec la brutalité de ses frontières et de ses lois”. On pense forcément aux nombreux morts en mer Méditerranée, entre la Libye et l’Italie notamment, et non secourus (ni dans les lois ni dans les actes) par les pays européens.
Bilan du 22 septembre

La grève générale en soutien au peuple palestinien et aux Flottilles pour la liberté a été portée par divers syndicats faisant partie des “organisations syndicales conflictuelles et indépendantes, protagonistes de luttes et de grands conflits sociaux”, dont USB. Divers secteurs s’en sont trouvés impactés, dont les transports et l’enseignement.
Si des manifestations ont afflué dans de nombreuses villes, la journée a surtout été marquée par cette volonté d’imposer un rapport de force avec plusieurs actions directes. Parmi elles, notons le blocage des stations de train à Milan et à Naples. Dans la capitale romaine, la station de train a également été bloquée, tout comme le périphérique routier.
L’autoroute entre Florence et Bologne a été rendue inaccessible par les manifestants. À Turin, des voies de train ont été occupées, tout comme “il corso Regina Margherita”, l’une des principales routes de la ville piémontaise. Enfin, des actions de blocage de ports maritimes ont été réalisées à Gênes, Livourne, Palerme, Salerne et Marghera.
Génération Palestine
Une autre journée de grève générale a été organisée ce vendredi 3 octobre, appuyée par le syndicat le plus important d’Italie : la CGIL, qui était pourtant absente au rendez-vous du 22 septembre. Cela fait suite à l’arrestation illégale en eaux internationales des navires de la Global Sumud Flotilla par Israël, ce mercredi 1er octobre. Des rassemblements spontanés ont eu lieu dans tout le pays le soir même et plusieurs sièges universitaires ont été occupés.
La colère monte également contre le gouvernement italien, qui a d’abord décidé d’apporter son aide aux navires de la flottille en envoyant une frégate de la marine italienne Alpino. Mais celle-ci s’est finalement retirée, à 240km de la côte gazaouie, afin de laisser le champ libre au Tsahal, et en évitant de perturber les relations diplomatiques entre les deux pays.
Comme dans de nombreux mouvements sociaux à travers le monde, la jeunesse est très mobilisée, notamment la génération Z. Cependant, Viola Carofalo, philosophe et porte-parole du parti Potere al Popolo, évoque plutôt un soulèvement de la « génération palestinienne ». Elle refuse en effet de réduire ces mouvements de colère à une question générationnelle, alors qu’il s’agit davantage d’un niveau d’inégalités, d’injustices sociales et de polarisation entre riches et pauvres, jamais vu auparavant. Un phénomène qu’elle qualifie de « global et intergénérationnel ».
Cela dit, pourquoi Carofalo fait-elle le lien entre la Palestine et les mouvements sociaux qui ont éclaté en Malaisie, au Népal, à Madagascar, au Kenya, au Pérou ou encore au Maroc ? D’abord, elle considère que la lutte pro-palestinienne n’est pas seulement une réaction à la violence israélienne, mais est aussi et surtout le résultat de décennies de résistance du peuple palestinien et de ses organisations, qui sont parvenus à politiser et à transformer leur combat en une cause commune.

Ensuite, elle évoque la dimension internationale des mobilisations de ces deux dernières années, avec une contestation qui se durcit ces derniers jours et l’expression d’une grande détermination. En effet, les activistes de la Global Sumud Flotilla viennent littéralement des quatre coins du monde, et les mobilisations spontanées suite à l’arrestation des navires ce 1ᵉʳ octobre ont fait irruption dans de nombreux pays.
La philosophe ajoute que dans toutes les mobilisations du monde, y compris au sein des protestations pour des questions à priori locales, on agite des drapeaux palestiniens, rappelant que ce symbole n’est jamais « trop petit, trop isolé ou trop démuni pour revendiquer son droit à une existence digne ».
Viola Carofolo : « La génération Palestine aura acquis ces dernières années des instruments et des aptitudes d’organisation qui seront fondamentales dans les années à venir. Un patrimoine de connaissances qu’il sera difficile d’éliminer. »
En somme, cette première journée de grève générale du 22 septembre et l’action du 3 octobre, qui en appellent d’autres, sont autant d’évènements exceptionnels pour l’Italie, qui démontrent le ras-le-bol général de la population et de la jeunesse, aussi bien du point de vue de sa mobilisation massive que de la montée en radicalité des actions menées contre un système occidental, et particulièrement l’Union Européenne, qui continue de protéger les crimes d’Israël à Gaza.
– Benjamin Remtoula (Fsociété)
Crédit photo de couverture : Crédit : Sherwood Foto.
The post Face au génocide à Gaza, l’Italie bloque tout first appeared on Mr Mondialisation.08.10.2025 à 06:00
« Cyberécosocialisme » : l’utopie technologique qu’il nous faut ?
Mr M.
À cheval entre la société technologique et la société soutenable, écologiquement et socialement, voici la société cyberécosocialiste, qui nous permettrait, via la planification, de vivre bien et en harmonie avec le vivant. Cette utopie est-elle crédible ou représente-t-elle un énième techno-solutionnisme ? Si, à tout hasard, vous avez déjà regardé la série de science-fiction Star […]
The post « Cyberécosocialisme » : l’utopie technologique qu’il nous faut ? first appeared on Mr Mondialisation.Texte intégral (3723 mots)
À cheval entre la société technologique et la société soutenable, écologiquement et socialement, voici la société cyberécosocialiste, qui nous permettrait, via la planification, de vivre bien et en harmonie avec le vivant. Cette utopie est-elle crédible ou représente-t-elle un énième techno-solutionnisme ?
Si, à tout hasard, vous avez déjà regardé la série de science-fiction Star Trek, vous vous souvenez peut-être de l’épisode Let That Be Your Last Battlefield, dans lequel le capitaine Kirk affirme que « la Terre n’est qu’un seul monde. Et nous avons appris à aimer tout le monde de manière équitable. »

Grand bien vous fasse pour comprendre ce mot valise – un peu barbare de prime abord – qu’est le cyberécosocialisme. Détaillée par Cédric Durand, économiste marxiste et critique de l’économie néolibérale lors d’une conférence à l’institut Laboétie en mars 2024, il s’agirait, en bref, du monde de Star Trek : « une société basée sur l’abondance grâce à la technologie, où tout le monde a l’essentiel sans l’excès, avec inévitablement une réduction ou une fin du travail, tout en vivant en harmonie avec la planète et ses écosystèmes. »
Même si aujourd’hui, cette utopie semble très loin de notre réalité, pouvons-nous espérer, à travers l’exploitation de la technologie, l’émergence d’une civilisation qui s’inspire du modèle du cyberécosocialisme ? Cette utopie technologique ne risque-t-elle pas de masquer sous un vernis progressiste une reproduction des logiques extractivistes et néocoloniales ? Tentons de comprendre si et comment la technologie peut prendre le bon tournant pour une société plus juste.
Le cyberécosocialisme : une théorie d’abord paradoxale ?
Nombreux sont les technocrates et autres entrepreneurs de la Silicon Valley à dire que la technologie est neutre, car « tout dépend de l’usage qu’on en fait. » Pourtant, tout indique que la technologie est profondément encastrée dans des systèmes productivistes destructeurs, à commencer par son empreinte écologique croissante, son besoin exponentiel en ressources rares, et les dynamiques extractivistes qui l’accompagnent, souvent au détriment des écosystèmes et des communautés du Sud global.
Alain Damasio, affirme dans La vallée du Silicium qu’une vision neutre de la technologie est « quadruplement stupide » , parce que la technique cherche avant tout l’efficacité, qu’elle ne finance à travers les crédits impôts que des projets lucratifs, qu’elle formate des comportements de manière non anticipée et que l’on finit par ne plus savoir comment faire sans elle. Elle a une telle influence sur nos vies qu’elle nous retranche dans des silos de pensées grâce aux algorithmes, et illustre parfaitement l’adage “diviser pour mieux régner”.
Ces promesses technologiques sont rarement neutres et encore moins sans coût humain ou écologique. L’extraction du lithium en Argentine, du cobalt en République Démocratique du Congo, ou encore des terres rares en Chine ou au Groenland, s’accompagne d’une dévastation des territoires, d’un accaparement des terres, de pollution durable des nappes phréatiques, et d’une mise en danger des populations locales.

Comme le montrent les luttes de plus en plus nombreuses contre l’extractivisme (voir les mobilisations en Argentine ou aux Philippines), la transition « verte » reste marquée par une violence structurelle : celle d’un développement technologique conçu encore et toujours selon les règles du capitalisme globalisé.
Certes, l’impact des technologies pourrait être neutre sur le plan éthique, car il ne reste qu’un outil, un moyen d’appréhender le monde, mais la balance morale penche plutôt vers les influences négatives qu’elle apporte à notre quotidien. Encore en marge, certains théoriciens de « gauche » veulent que l’on reprenne le pouvoir sur les technologies, comme l’illustre le cybersocialisme ou son homologue écologique, le cyberécosocialisme.
L’exemple du Printemps arabe est suffisamment parlant pour montrer que la technologie peut aider à mener à des renversements de pouvoir orchestrés par la population, tout comme l’application Ushahidi, qui, au Kenya, permit de signaler les violences électorales en temps réel.
Le cybersocialisme comme origine
« C’est un concept qui pourtant ne date pas d’hier en fait, il vient du mouvement ouvrier du début du XXe siècle lui-même qui voyait en la technologie le moyen de se libérer de l’aliénation du travail, et mènerait à termes au temps libre », détaille Cédric Durand. Même si cette volonté des ouvriers n’est pas entendue par les détenteurs du capital technologique, des penseurs comme André Gorz soutiennent dans les années 60 que la croissance économique illimitée est insoutenable sur une planète aux ressources finies, par sa tendance à surexploiter les ressources naturelles et à engendrer des déséquilibres écologiques graves.
La technologie doit aussi être utilisée pour réduire le temps de travail, permettant aux individus de se libérer des contraintes du salariat et de se consacrer à des activités autonomes et créatives. Simultanément, James O’Connor, fondateur de la revue Capitalism, Nature, Socialism en 1988, introduit le concept de « deuxième contradiction du capitalisme », selon laquelle le capitalisme non seulement exploite les travailleurs, mais aussi dégrade l’environnement, ce qui peut mener à des crises écologiques.

Ce n’est pourtant qu’en 1993 que le terme « cybersocialisme » apparait dans Towards a New Socialism de l’informaticien britannique Paul Cockshott. Sa thèse est la suivante : grâce aux technologies, une démocratie économique directe et une planification efficace sont réalisables pour atteindre les objectifs sociaux et écologiques.
Cependant, cette promesse d’une libération par la technologie reste piégée dans un paradoxe : on ne peut pas prétendre réduire l’exploitation du vivant en s’appuyant sur des infrastructures qui la prolongent ou l’aggravent. Les premières victimes de la course aux métaux de la transition sont souvent les peuples autochtones, les militants écologistes (dont beaucoup sont assassinés chaque année, les mines étant la première cause de meurtre de militants écologistes dans le monde, selon Global Witness), et les écosystèmes eux-mêmes.
Croire en la société cyberécosocialiste
Même si croire en la société cyberécosocialiste semble difficile à l’heure actuelle, voici quelques billes pour y arriver lentement, mais sûrement.
La conscience de l’espèce et des inégalités
Bien qu’il soit parfois difficile de regarder ailleurs qu’en direction du mur dans lequel notre société semble foncer, « On peut tout de même voir émerger une certaine conscience de l’espèce », affirme Cédric Durand. « Ces derniers temps, la capacité de l’homme à comprendre et à façonner le monde a fait un bond en avant. […] Une conscience de l’espèce émerge, en particulier une conscience des défis environnementaux, mais aussi des droits de l’homme et du potentiel humain », écrit le sociologue suédois Göran Therborn, dans The World: A Beginner’s Guide.
Qui aurait cru, il y a 100 ans, qu’un parti politique centré sur le bien-être animal verrait le jour dans certains pays d’Europe, que les femmes s’arrogeraient elles-mêmes leurs droits, quand même les ouvriers étaient exploités jusqu’à 16 heures par jour, femmes et enfants compris ? « Si on regarde dans le temps long, jamais, il n’y a eu autant de capacité à faire émerger une conscience collective de l’humanité », assène l’économiste.

Parallèlement, comme à l’aube de certaines révolutions, la précarisation de l’emploi ainsi qu’une paupérisation massive est à l’œuvre dans de nombreux pays occidentalisés. Selon un article du 17 juillet dernier publié par l’Observatoire des inégalités, les inégalités de revenu ont augmenté au cours des 25 dernières années, comme le montre le ratio de Palma, qui mesure la part des revenus perçue par les 10 % les plus riches par rapport aux 40 % les plus pauvres. Ce ratio est passé de 1 en 1999 à 1,11 en 2011, avant de redescendre légèrement pour atteindre 1,09 en 2021 et 2022, l’un des plus hauts niveaux depuis les années 2000. Ces informations, bien que noyées parmi l’infobombing en continu, peuvent éveiller une conscience populaire.
La possibilité d’une vie décente pour tous
Quand on réfléchit à un futur souhaitable, mais possible, on a l’impression qu’un mode de vie « décent » mais confortable n’est pas applicable à l’ensemble des êtres humains sans détruire le vivant. Pourtant, Julia Steinberger, co-autrice des rapports du GIEC, rappelle la possibilité d’une vie décente pour tous à l’échelle de toute la planète.
Dans son article Providing decent living with minimum energy: A global scenario, elle détermine des standards de vie décente (DLS) que l’on peut résumer comme suit :

Il serait donc tout à fait possible de vivre dignement grâce une technologie contenue, comme le montre si magistralement l’œuvre de Marge Piercey, Une femme au bord du temps, dans laquelle une civilisation du futur utilise la technologie à bon escient pour le bien commun, avec un niveau de technologie maîtrisé et un rapport à la nature équitable.
Or, pour que ces standards soient réellement soutenables, il faudrait repenser la hiérarchie des besoins matériels, réduire drastiquement les consommations superflues dans les pays riches, et renoncer à l’idée que chaque humain devrait avoir accès à un smartphone, une voiture électrique ou une connexion 5G. Loin des utopies technologiques, certains territoires explorent des formes de sobriété choisie, déconnectées de la logique de croissance.
La nécessité d’une planification de l’économie et de l’écologie
Déjà en 1908, Alexandre Bogdanov décrivait dans son livre L’étoile rouge, une planète Mars régie par un système d’information généré par l’institut des calculs, qui surveille le mouvement des produits, les process de productions et les mouvements de la main d’œuvre. On y est ainsi capable d’ajuster la quantité et qualité de ce qui est produit via des ajustements en temps réel par le traitement des données, pouvant orienter alors le travail des individus en fonction des besoins de la société.
C’est ici en fait le principe même du cyberécosocialisme : « mobiliser les technologies de l’information et de la communication pour avoir un gouvernement plus conscient des systèmes économique et écologique« , décrit Cédric Durand. Prenons deux exemples évocateurs qui existent déjà : le système Global Forest Watch utilise des données provenant de satellites et d’autres sources pour suivre la déforestation en temps réel, identifier les zones à risque et aider à la préservation des forêts. La plateforme OceanMind utilise le big data pour surveiller les activités de pêche illégale.
Et concrètement ?
Avec des données précises sur la production et la consommation, il est possible de minimiser le gaspillage et de maximiser l’efficacité des ressources, des algorithmes sophistiqués peuvent optimiser les chaînes d’approvisionnement et la distribution. Cela permettrait, par exemple, de ne plus jamais dépasser une autre limite planétaire, dont 7 sur 9 ont déjà été franchies.
La maîtrise des données peut garantir que les décisions économiques et politiques sont basées sur des informations transparentes et accessibles à tous. Les plateformes numériques pourraient, en plus de nous faciliter le paiement des impôts, faire participer aux budgets, aux processus décisionnels divers et variés, aux prises de positions étatiques dans les conflits, aux gestions de nos eaux territoriales, etc…
Mais là encore, le diable est dans les détails : qui contrôle ces données ? Quels serveurs les hébergent ? Avec quelle électricité, et à quel coût écologique ? La numérisation accrue de la société nécessite une explosion des besoins en énergie, en stockage, en puces électroniques – autant de ressources souvent extraites dans des conditions opaques, polluantes, voire criminelles. Le rêve d’une planification écologique par le numérique pourrait se transformer en cauchemar techno-bureaucratique, s’il ne s’ancre pas dans une réduction radicale de la consommation matérielle et énergétique globale.
Et la décroissance ?
Finalement, le cyberécosocialisme ne risque-t-il pas d’être un oxymore, voire une impasse ? Car il prétend faire d’un accélérateur de crise (le numérique) une solution systémique, sans jamais interroger en profondeur les rapports de pouvoir et de dépendance que la technologie entretient avec le capitalisme extractiviste.
Utiliser le numérique comme une solution alors qu’il est l’une des causes du consumérisme et de la crise écologique semble absurde quand on sait qu’il représente à lui seul 3 à 4 % des émissions de gaz à effets de serre (GES), part qui ne cesse de grossir (sans compter les data centers qui avoisinent les 2 %).

Même si ce pourcentage semble minime, il est en fait égal aux émissions du secteur aérien. Pourtant, les émissions de GES du numérique restent relativement basses par rapport aux secteurs traditionnels, tels que l’énergie, l’industrie ou encore les transports tout confondus qui oscillent, en répartition globale, entre 15 et 25 % chacun.
Cédric Durand modère le propos : « les partisans d’une société cyberécosocialiste cherchent à discriminer les usages du numérique : les usages émancipateurs des usages aliénants. Alors oui, le cyber peut nous aider à affronter le problème écologique, même s’il en fait partie. » L’utopie n’est tout simplement pas l’irréalisable, mais bien l’irréalisé.
Vers un cyberécosocialisme décroissant ?
Un cyberécosocialisme cohérent avec les limites planétaires ne peut faire l’économie d’une critique radicale de la croissance – même « verte », même « numérique ». Il s’agirait alors de repenser les usages technologiques, non pas selon des critères de rendement ou de confort, mais à l’aune de leur utilité sociale, de leur soutenabilité écologique, et de leur justice globale.
Cela suppose de sortir d’une vision occidentalo-centrée du progrès, d’écouter les luttes des peuples du Sud contre l’extractivisme (comme à Manono en RDC, ou dans les Andes), et d’intégrer à la planification écologique des critères de sobriété, de résilience locale et de démocratie directe. Un tel projet ne peut se construire que par des alliances fortes entre les mondes scientifiques, militants, techniques et populaires – en acceptant qu’une part du « progrès » doive être désappris.
– Maureen Damman
Image d’en-tête : Manifestation à Melbourne en faveur de la grève mondiale pour le climat portée par Greta Thunberg et Fridays For Future. (flickr & wikimedia commons)
The post « Cyberécosocialisme » : l’utopie technologique qu’il nous faut ? first appeared on Mr Mondialisation.07.10.2025 à 06:00
Sud-Ouest : il produit du tofu bio dans le fief de la viande
Mr M.
Alors que les alternatives végétales à la viande séduisent de plus en plus de Français, une autre révolution s’opère loin des grandes villes et des start-ups food-tech. À Lasseube, petit village niché au cœur du Béarn, Patrick Girard, ancien entrepreneur dans l’audiovisuel, s’est lancé dans la fabrication artisanale de tofu bio. Rencontre avec un artisan […]
The post Sud-Ouest : il produit du tofu bio dans le fief de la viande first appeared on Mr Mondialisation.Texte intégral (2709 mots)
Alors que les alternatives végétales à la viande séduisent de plus en plus de Français, une autre révolution s’opère loin des grandes villes et des start-ups food-tech. À Lasseube, petit village niché au cœur du Béarn, Patrick Girard, ancien entrepreneur dans l’audiovisuel, s’est lancé dans la fabrication artisanale de tofu bio. Rencontre avec un artisan du changement, pour qui la transition alimentaire rime avec autonomie, enracinement local… et tofu fumé au piment d’Espelette.
En France, 27 % des Français consomment des alternatives végétales à la viande au moins une fois par mois, selon une étude du Good Food Institute, et parmi eux, un sur quatre prévoit d’augmenter cette consommation dans les années à venir.
Ces alternatives aux produits d’origine animale se multiplient dans les grandes enseignes, mais pas seulement : bien que les artisans producteurs de tofu artisanal soient encore peu nombreux en France et éparpillés un peu partout sur l’hexagone, le réseau ne cesse de croitre.
Mr Mondialisation : Patrick Girard, qui êtes-vous et pourquoi le tofu ?
Patrick Girard : Je m’appelle Patrick Girard, j’ai 58 ans, je suis né à Bordeaux, mais j’ai vécu en Béarn toute ma vie, à l’exception de mes études que j’ai faites à Paris, d’abord en fac d’histoire, puis en école de cinéma. J’ai ensuite monté mon entreprise dans l’audiovisuel, qui perdure depuis 20 ans. Aujourd’hui, je suis producteur de tofu artisanal biologique en Béarn, dans le petit village de Lasseube.
Très honnêtement, je n’ai pas d’attachement particulier à la nourriture. En revanche, j’ai appris, il y a peu, qu’enfant, j’ai été biberonné au lait de soja. En fait, j’avais pas mal d’allergies vraiment invalidantes et ma mère, infirmière, a fait quelques recherches sur le sujet, ce qui m’a permis de passer le cap de l’enfance et de me développer normalement. Maintenant, je produis mon propre lait de soja pour en faire du tofu, c’est ma matière de base tout au long de la journée. Drôle de coïncidence !
Avec mon épouse et les enfants, nous avions entamé un cheminement idéologique et écologique : on cultivait notre jardin qui nous permettait d’être autonomes en légumes, et on limitait notre consommation de viande, jusqu’à devenir végétarien, puis végétalien. On a alors voulu tester le tofu, qui était une alternative en plein boom d’après les études de marché que nous avions pu consulter et réaliser.
Avec mon épouse, qui était professeure des écoles, on a voulu se rapprocher et faire un projet commun, qui nous permettait aussi de travailler depuis la maison. Passé un certain âge, le fait de faire beaucoup de route tous les jours, de poursuivre la clientèle, m’avaient lassé. On a eu envie d’un changement radical, on a d’abord pensé au maraîchage, mais passé 40 ans, le retour à la terre peut sembler un peu abrupt.
Mr Mondialisation : qu’est-ce qui vous a poussé à devenir végétalien ?
Patrick Girard : Oh… plein de choses, il n’y a pas qu’une seule raison ! Le bien-être animal d’abord, puis le fait que les ressources planétaires sont finies nous a encouragés, avec ma famille, à lancer une dynamique concrète de transition, à changer les choses à notre niveau, à être véritablement en accord avec ce que l’on fait.
Finalement, c’était une question de bien-être social et écologique global dans lequel on voulait s’insérer individuellement.
Toute la famille est devenue végane, notre ainé a d’abord été convaincu par le bien-être animal, puis on s’est motivés les uns les autres. Ensuite, les petits-enfants sont arrivés et ils ont alors été végan depuis le ventre de leur mère. Toute la famille a emboité le pas, même la grand-mère est devenue végétalienne, et tout le monde est en parfaite santé. Ça nous incite à continuer !
Il n’y a pas de carence, pas de problème avec le tofu ou avec un régime végan, bien au contraire. Pour la grand-mère, ses rhumatismes ont disparu, tout comme sa maladie de peau.
Mr Mondialisation : Comment vous-êtes vous lancés ?
Patrick Girard : Je me suis rapproché d’autres producteurs de tofu, j’ai fait un stage de deux semaines, puis, lorsque nous avons monté notre entreprise, je lui ai posé toutes les questions concernant l’installation. C’est toujours bien de pouvoir s’appuyer sur d’autres personnes qui font le même métier que nous quand on se lance !
En termes de subventions, nous avons pu recevoir une aide de la région en tant qu’artisan, et non en tant qu’agriculteur puisque je ne fais que transformer le soja. Ensuite, on avait quelques fonds propres, qui nous ont servis pour le gros du chantier, à savoir la construction de l’atelier de production qu’on a voulue le plus écologique possible.
On a commencé l’activité en 2022 et nous n’avons jamais été dans le rouge, car notre objectif de départ était simple : on voulait que la production subvienne aux besoins de matières premières. On a fait le choix de ne pas investir des centaines de milliers d’euros, même si les études économiques que nous avions faites prouvaient que ça valait le coup. Pour l’instant, on est toujours en progression, ce qui est encourageant. L’entreprise tourne bien depuis deux ans environ.

Mr Mondialisation : Comment produisez-vous votre tofu ?
Patrick Girard : En Béarn, on est bien placé en termes de production de soja bio, on a commencé avec un voisin qui en produisait. Depuis, on a dû diversifier, toujours en Béarn, car notre volume de vente a augmenté. À cela, nous ajoutons du sel de Salies-de-Béarn [ndlr : qui est assez réputé dans le sud-ouest de la France] et du piment d’Espelette, qui viennent eux-aussi du coin, comme leurs noms l’indiquent.
Le soja, c’est une légumineuse, comme les lentilles et les haricots, donc on les fait tremper, une nuit, ils gonflent, on les passe dans une machine que j’appelle le moulin, qui sépare les drêches [ndlr : tout ce qui enveloppe la graine, et que l’on appelle l’okara] du soja, à quoi on ajoute de l’eau, ce qui produit du lait de soja. Je vais ensuite le faire chauffer pour qu’il coagule, caille comme un fromage, puis je le presse pour en faire une pâte qui devient le tofu.
On essaie de recycler la totalité des déchets de la production, comme l’okara, que je donne à un voisin qui l’épand sur son champ par centaines de kilos.
Mr Mondialisation : N’avez-vous pas été confrontés à des remarques négatives ou des critiques ?
Patrick Girard : Nous faisons des animations chez des revendeurs, et bien-sûr, nous sommes exposés à toute sorte de réactions, mais elles ne sont jamais agressives. Nous rencontrons plutôt des étonnés, qui nous demandent pourquoi s’être lancés là-dedans. Une fois qu’on explique la démarche et le process de fabrication, ils deviennent parfois curieux au point d’acheter nos tofus.
En fait, les gens sont plutôt désinformés sur le sujet, ou ont des idées préconçues et font des amalgames sur plusieurs choses. Il suffit de leur expliquer.
Certains nous assènent qu’ils ne savent pas comment le cuisiner, mais en fait, dès qu’on commence à avoir ce type d’alimentation, on fait comme on faisait avant, c’est-à-dire que l’on cuisine de façon complexe ou pas du tout : rapidement, on peut faire une poêlée de légumes avec du tofu, on peut le snacker, et si on veut vraiment aller vite, on fait du tofu frit à la friteuse pour les copains… On facilite aussi les choses pour nos clients avec notre gamme de quatre tofus : nature, fumé à froid de façon traditionnelle, au piment d’Espelette, et aux herbes. [ndlr : Voici 5 recettes pour découvrir le tofu artisanal]
Mr Mondialisation : Quels sont vos circuits de vente ?
Patrick Girard : On travaille avec des restaurateurs, des circuits bio, des épiceries coopératives…
Certains disent que les alternatives végétales ne se vendent qu’en ville, mais ce n’est pas vrai.
On n’a pas de grandes villes autour de nous, on fonctionne plutôt sur des circuits avec des petites épiceries, on a la chance d’être proche du pays basque, qui est maillé de pas mal d’alternatives et d’épiceries coopératives, et de magasins de producteurs, qui pour beaucoup, acceptent de revendre nos produits.
Il y a un magasin de producteurs en plein milieu du pays basque, à saint Jean-Pied-de-Port, une ville très agricole, qui pourtant le vend très bien. À l’inverse, on ne cartonne pas forcément dans les grandes villes, comme Pau ou Bordeaux. Les restaurateurs aussi nous en achètent beaucoup, comme le jardin et Xuxu à Biarritz, le bistrot de l’Atalante à Bayonne, Les amants du marché et Grignote à Pau, la cueillette de l’Aragnon…
Le fait d’exister et d’arriver à en vivre dans le sud-ouest, fief de toutes les viandes et riche de denrées agricoles, c’est pour nous le signe qu’on a réussi à convaincre, la preuve qu’une alternative est possible.
Lors de nos animations dans les commerces, on a pris pour habitude de faire goûter, et les gens se rendent compte que oui, finalement, ce n’est pas juste un ersatz de cuisine, que non ce n’est pas pour remplacer la viande, c’est plutôt pour qu’il y ait autre chose que de la viande et du fromage dans le frigo. Que les gens varient leurs alimentations, c’est déjà un bon début. C’est aussi plus digeste, moins gras, avec un apport en protéine similaire.
Mr Mondialisation : L’argument des phytoestrogènes est souvent avancé pour décrédibiliser les alternatives végétales à base de tofu, qu’en pensez-vous ?
Patrick Girard : Je ne me positionne pas, car je ne suis ni nutritionniste, ni chercheur, ni médecin. On en cultive et en consomme depuis des années et on est en bonne santé.
Surtout, si on regarde ce qu’il y a dans les produits industriels, on trouve du soja. Toutes les bêtes sont nourries avec le soja, et pas le meilleur (OGM), qui est sans doute produit à des milliers de km, et qui lui, est source de déforestation. Je préfère travailler le soja, que d’autres produits qui ont pignon sur rue, qui sont surement beaucoup plus dangereux pour l’environnement et la santé. Pour moi, derrière cet argument, il y a du lobbying.
– Maureen Damman
The post Sud-Ouest : il produit du tofu bio dans le fief de la viande first appeared on Mr Mondialisation.06.10.2025 à 16:48
La gauche et l’identité nationale : un terrain à reconquérir
Mr M.
Le concept d’identité nationale, souvent accaparé par l’extrême droite, est généralement associé à des marqueurs religieux, ethniques, ou à une vision fantasmée du passé. Pourtant, l’histoire de France regorge également de symboles forts, issus de luttes sociales et porteurs de valeurs progressistes. Ces repères, ancrés à gauche, méritent d’être remis en lumière. Quand on parle […]
The post La gauche et l’identité nationale : un terrain à reconquérir first appeared on Mr Mondialisation.Texte intégral (1657 mots)
Le concept d’identité nationale, souvent accaparé par l’extrême droite, est généralement associé à des marqueurs religieux, ethniques, ou à une vision fantasmée du passé. Pourtant, l’histoire de France regorge également de symboles forts, issus de luttes sociales et porteurs de valeurs progressistes. Ces repères, ancrés à gauche, méritent d’être remis en lumière.
Quand on parle de la France, on peut bien sûr penser à son patrimoine matériel ou à ses traditions, mais il existe toutefois bien des trésors collectifs, comme la Sécurité sociale. Là-dessus, on entend cependant très peu l’extrême droite, qui évoque néanmoins constamment l’identité nationale.
Les vraies fondations de la France moderne : la révolution
Si la France est internationalement reconnue comme le pays des droits humains, c’est en grande partie grâce à son histoire révolutionnaire. La Révolution de 1789, inspirée par les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, a posé les bases d’un modèle sociale tourné vers l’émancipation du peuple face aux privilèges.
Cette rupture historique a fondé une société basée sur la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, et non sur une tradition monarchique ou religieuse. Dès cette époque, le peuple a revendiqué l’égalité et contesté les privilèges, un mouvement de fond qui a traversé les siècles.
Les luttes sociales, le patrimoine français
Et depuis cette date, les insurrections du peuple contre l’iniquité et pour le partage et la solidarité n’ont cessé de se multiplier. On peut citer par exemple l’épisode de la Commune en 1871 qui représentait les prémisses d’une République sociale.
Mais on pense aussi aux grands soulèvements sociaux qui ont toujours secoué le pays pour plus de justice, comme les gigantesques grèves de 1936 qui aboutirent aux congés payés, mai 68 et son augmentation des salaires, ou bien encore plus récemment le mouvement des Gilets Jaunes ou Bloquons tout.
Un système que tout le monde nous envie
Pendant que les libéraux versent des larmes de crocodile sur les « prélèvements obligatoires » du pays, d’autres vantent le modèle français dans bien des domaines dont l’immense majorité provient des luttes et de la pression populaire.
Malgré les critiques récurrentes sur le niveau des « prélèvements obligatoires » , le modèle social français reste l’un des plus protecteurs au monde. Des dispositifs comme la Sécurité sociale, les retraites par répartition, ou les allocations familiales trouvent leur origine dans des luttes populaires, notamment celles du Conseil National de la Résistance poussé par le Parti communiste.
À cela s’ajoute un système éducatif public, laïc et accessible, qui permet un accès relativement peu coûteux aux études supérieures, en contraste frappant avec des pays comme les États-Unis.
Un modèle à travers le monde
Depuis l’époque des Lumières, la France a joué un rôle majeur dans la diffusion des idéaux de liberté, d’égalité et de souveraineté populaire. Si la Révolution américaine a été l’une des premières à mettre en œuvre ces principes, la Révolution française les a portés à un niveau universel, en affirmant leur valeur pour tous les peuples. Ce socle idéologique a ensuite inspiré de nombreux mouvements démocratiques à travers le monde.
Longtemps considérée comme un modèle en matière de droits humains et d’universalisme, la France conserve un statut diplomatique important, notamment en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Cependant, cette position d’influence est aujourd’hui largement remise en question.
Sur le plan intérieur, plusieurs organisations internationales comme Amnesty International ou Human Rights Watch ont dénoncé un recul préoccupant des libertés publiques, à travers la répression des mouvements sociaux, les violences policières ou encore les lois sécuritaires portant atteinte à la liberté de la presse et de manifester.
À l’international, la diplomatie française peine à incarner une ligne humaniste cohérente. Son silence, voire son alignement sur des positions controversées dans des crises majeures — comme la guerre à Gaza — a entamé sa crédibilité, en particulier dans le monde arabe et en Afrique.
Si la France continue d’être écoutée dans certaines instances multilatérales, notamment grâce à son héritage et à ses capacités stratégiques, sa voix pèse aujourd’hui moins qu’auparavant sur les grands enjeux liés aux libertés fondamentales et à l’humanisme.
Des trésors en grand danger
Depuis des décennies, la Sécurité sociale, le système de retraites ou encore les services publics comme l’hôpital ou l’école subissent des coupes budgétaires et une dégradation progressive. Nombre de ces acquis sont aujourd’hui fragilisés par des politiques néolibérales ou autoritaires.
Parallèlement, l’extrême droite instrumentalise l’identité nationale sans jamais mentionner ces piliers sociaux, préférant recentrer le débat sur des thématiques identitaires, religieuses ou sécuritaires.
Un modèle qui perd en crédibilité
L’extrême droite a détruit des pans entiers de notre Histoire en s’attaquant constamment à l’humanisme et la fraternité, symboles français. Le gouvernement Macron, lui-même, servant de marchepied à ce courant, a largement contribué à salir l’image de « pays des droits humains » de la France.
Il a ainsi fait reculer la liberté de la presse, réprimer violemment les mouvements sociaux (en particulier les Gilets Jaunes), et s’est même montré incapable de s’opposer à la barbarie sur le plan international, comme tout le monde a pu le constater avec l’inaction face au génocide à Gaza.
Enfin, comment ne pas évoquer le joyau le plus précieux du pays, celui de la biodiversité, de nos forêts, des fleuves et rivières et des océans ? Autant d’espaces naturels sans lesquels le peuple français n’existerait pas et qui sont pourtant menacés par la catastrophe environnementale.
Désastres contre lesquelles les plus grands partisans de l’identitarisme ne font rien. Pire, ceux-ci vont même jusqu’à nier sa réalité. Et sur ces sujets, sans doute comme sur les autres, on ne se rendra peut-être compte de l’importance de ces richesses qu’après les avoir perdues.
La gauche face à l’identité nationale : un terrain à reconquérir
Par crainte d’alimenter les discours identitaires ou excluants, la gauche a longtemps délaissé le terrain de l’identité nationale. Pourtant, cette identité ne saurait être abandonnée à l’extrême droite. Elle peut et doit être redéfinie autour de principes universels : l’émancipation, la solidarité, la justice sociale et la préservation du vivant.
Il est temps de reconstruire un récit collectif où la Sécurité sociale, l’école publique, les grandes mobilisations populaires ou la protection de l’environnement deviennent les véritables piliers de l’identité française. Ce sont eux qui incarnent, aujourd’hui encore, les valeurs de fraternité, de courage civique et de résistance aux dominations.
Réinvestir ce terrain, c’est refuser de céder à la droite la définition même de la France. C’est faire de chaque hôpital défendu, de chaque forêt protégée, de chaque droit conquis, une part vivante de ce que nous sommes collectivement. Les forces progressistes ont là un levier puissant : non pour opposer, mais pour rassembler autour d’un projet national inclusif et tourné vers l’avenir.
– Simon Verdière
Photo de Amy-Leigh Barnard sur Unsplash
The post La gauche et l’identité nationale : un terrain à reconquérir first appeared on Mr Mondialisation.05.10.2025 à 10:00
Cacatoès, couches compostables et alouettes : les 10 bonnes nouvelles de la semaine
Maureen Damman
Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici les 10 bonnes nouvelles de la semaine. 1. Huîtres : super puits de carbone Une étude publiée en septembre 2025 dans PNAS révèle que les huîtres séquestrent 2,4 fois plus de CO2 qu’elles n’en produisent pour fabriquer leurs coquilles, transformant les fermes ostréicoles en […]
The post Cacatoès, couches compostables et alouettes : les 10 bonnes nouvelles de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.Texte intégral (985 mots)
Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici les 10 bonnes nouvelles de la semaine.
1. Huîtres : super puits de carbone
Une étude publiée en septembre 2025 dans PNAS révèle que les huîtres séquestrent 2,4 fois plus de CO2 qu’elles n’en produisent pour fabriquer leurs coquilles, transformant les fermes ostréicoles en puits de carbone naturels pour atténuer le réchauffement climatique. (Futura Sciences)
2. Australie : -70 % d’émissions d’ici 2035
L’Australie vise à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 62 à 70% d’ici 2035 par rapport à 2005, protégeant plus d’un million de citoyens menacés par le climat, mais seuls 10 pays ont respecté leurs engagements auprès de l’ONU. (UNFCCC)
3. Hong Kong : sauvetage du cacatoès
À Hong Kong, seuls 150 cacatoès soufrés subsistent, soit 10% de la population, après la perte de 80% des cavités nécessaires à leur reproduction, mais un projet de 50 nids artificiels déjà lancé pour favoriser leur survie. (RTHK)
4. 18 300 amphibiens sauvés en Bourgogne
La LPO Bourgogne-Franche-Comté a sauvé 18 300 amphibiens en 3 ans via 8 dispositifs routiers, restauré 28 milieux naturels et sensibilisé 250 personnes sur les enjeux de conservation des reptiles et amphibiens menacés. (Ligue de Protection des Oiseaux)
5. Couches compostables en 9 mois
Hiro Technologies a lancé les couches MycoDigestibles, qui se compostent en neuf mois grâce à des champignons, contre 300 à 500 ans pour les couches classiques, offrant une avancée majeure dans la gestion des déchets. (Hiro Technologies)
6. Fenêtres solaires transparentes
Une équipe chinoise a créé un concentrateur solaire transparent appliqué sur fenêtres, capable d’alimenter un ventilateur sans nuire à la transparence, facilitant l’intégration du solaire dans l’architecture urbaine. (Université de Nanjing)
7. Colombie : conférence sur les fossiles
La Colombie organisera en avril 2026 une conférence onusienne majeure pour élaborer une feuille de route commune visant à sortir progressivement des énergies fossiles et lutter contre le changement climatique mondial. (Nations Unies)
8. Brésil investit 1 milliard pour les forêts
Le Brésil investit un milliard de dollars dans le fonds Tropical Forests Forever Facility pour financer la conservation des forêts menacées, en avance sur la COP30 à Belém en novembre. (Programme des Nations Unies pour l’environnement)
9. Fin de la chasse à l’alouette aux filets
Le Conseil d’État français a suspendu un arrêté autorisant la chasse à l’alouette avec filets, déclarée illégale par une directive européenne, affirmant que la biodiversité prime sur les traditions. (Conseil d’État)
10. Un Danemark qui assume
Le Danemark reconnaît sa responsabilité dans les stérilisations forcées de milliers de femmes inuites à partir des années 1960, annonçant un fonds d’indemnisation pour ces graves violences coloniales. (Gouvernement du Danemark)
– Maureen Damman
The post Cacatoès, couches compostables et alouettes : les 10 bonnes nouvelles de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.- Persos A à L
- Carmine
- Mona CHOLLET
- Anna COLIN-LEBEDEV
- Julien DEVAUREIX
- Cory DOCTOROW
- Lionel DRICOT (PLOUM)
- EDUC.POP.FR
- Marc ENDEWELD
- Michel GOYA
- Hubert GUILLAUD
- Gérard FILOCHE
- Alain GRANDJEAN
- Hacking-Social
- Samuel HAYAT
- Dana HILLIOT
- François HOUSTE
- Tagrawla INEQQIQI
- Infiltrés (les)
- Clément JEANNEAU
- Paul JORION
- Michel LEPESANT
- Frédéric LORDON
- Persos M à Z
- Henri MALER
- Christophe MASUTTI
- Jean-Luc MÉLENCHON
- Romain MIELCAREK
- MONDE DIPLO (Blogs persos)
- Richard MONVOISIN
- Corinne MOREL-DARLEUX
- Timothée PARRIQUE
- Thomas PIKETTY
- VisionsCarto
- Yannis YOULOUNTAS
- Michaël ZEMMOUR
- LePartisan.info
- Numérique
- Blog Binaire
- Christophe DESCHAMPS
- Louis DERRAC
- Olivier ERTZSCHEID
- Olivier EZRATY
- Framablog
- Tristan NITOT
- Francis PISANI
- Pixel de Tracking
- Irénée RÉGNAULD
- Nicolas VIVANT
- Collectifs
- Arguments
- Bondy Blog
- Dérivation
- Dissidences
- Mr Mondialisation
- Palim Psao
- Paris-Luttes.info
- ROJAVA Info
- Créatifs / Art / Fiction
- Nicole ESTEROLLE
- Julien HERVIEUX
- Alessandro PIGNOCCHI
- XKCD