LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie BLOGS Revues Médias
Mr Mondialisation

Think tank informel et citoyen francophone à visée internationale


▸ les 10 dernières parutions

02.10.2025 à 02:54

« J’accuse… » : tribune pour Gaza et notre humanité

Mr Mondialisation

Mr Mondialisation diffuse une tribune vibrante d’une lectrice indignée par le génocide à Gaza. Un génocide qui nous concerne tous et toutes. Car à travers la situation en Palestine, c’est avant tout un capitalisme occidental aux racines anciennes que l’on voit à l’œuvre. ASSEZ كفى Trop longtemps, nos voix ont été étouffées, nos récits effacés, […]

The post « J’accuse… » : tribune pour Gaza et notre humanité first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (4316 mots)

Mr Mondialisation diffuse une tribune vibrante d’une lectrice indignée par le génocide à Gaza. Un génocide qui nous concerne tous et toutes. Car à travers la situation en Palestine, c’est avant tout un capitalisme occidental aux racines anciennes que l’on voit à l’œuvre.

ASSEZ كفى

Trop longtemps, nos voix ont été étouffées, nos récits effacés, nos blessures niées. Trop longtemps, l’impunité a prospéré sur notre silence.

Aujourd’hui, je refuse le silence. Je refuse l’impunité.

Aujourd’hui j’accuse.

J’accuse les puissances occidentales, leurs gouvernements respectifs depuis 1948, de complicité active avec un génocide qu’elles savent organisé, savamment peaufiné et orchestré. J’accuse les puissances occidentales de financer et de légitimer ce génocide qui, jusqu’à aujourd’hui, sert leurs élites politiques et financières. J’accuse Emmanuel Macron et son annonce en août d’une reconnaissance par la France de l’État de Palestine… en septembre, de collusion assumée avec un État ouvertement raciste et colonial.

Deux questions au coupable : pourquoi pas aujourd’hui ? Pourquoi différer ce qui aurait déjà dû être ? Pourquoi remettre à demain ce qui est une évidence et une urgence sinon pour laisser aux bourreaux et à leurs complices le temps de poursuivre et achever l’extermination ?

Reconnaître plus tard, c’est déjà nier. Reconnaître sous condition c’est encore nier. Reconnaître quand les bombes pulvérisent chaque école, chaque hôpital, chaque maison c’est toujours nier.

Reconnaître, cela a-t-il encore un sens quand la terre est éventrée et que le peuple a presque déjà disparu ? De sens il n’y en a que dans le cadre de cette pratique à laquelle vous et vos complices excellez, le blanchiment moral. Il faut avouer qu’à ce jeu vous faîtes pâlir Ponce Pilate. Ajoutez donc l’insulte à l’horreur.

Aujourd’hui je mets des mots sur ce qui nous écrase.

Ce qui se joue aujourd’hui ce n’est pas seulement la tragédie palestinienne – soudanaise, congolaise, yéménite, syrienne, libanaise, birmane : c’est la réflexion d’un système plus vaste, où les proclamations de droits et de justice masquent la logique froide des intérêts marchands, stratégiques et impériaux.

Car il faut dire les choses. Le capitalisme n’est pas une simple organisation économique. Il est colonialisme. L’un alimente l’autre, l’autre justifie l’un. Deux visages, une matrice.

Cette alliance n’a cessé de transformer la vie en ressource, les vivants en marchandises, la terre en gisements. C’est la logique première du monde occidental : s’approprier, exploiter, effacer. L’Occident, esclavagiste, féminicide, impérialiste, suprémaciste, capitaliste, n’a pas surgi dans le vide, encore moins dans l’échange. Il est né dans le sang et la spoliation. Il a germé sur les cadavres de terres pillées, de langues effacées, de forêts abattues, d’océans violés, de peuples exterminés. Le capitalisme n’est pas né sur les places boursières. Il a commencé dans les cales des marchands d’esclaves, des forêts abattues, des fleuves détournés, des sols éventrés, des étoiles déjà promises à l’extraction future. Il n’existe que par l’aliénation, la capture, la mise en marché de la vie sous toutes ses formes. Il s’érige sur des ruines, son fondement est l’arrachement. Arracher la terre à celles et ceux qui la cultivent, arracher des enfants à leurs parents, arracher les mots aux lèvres de ceux qui les chantent. Le capitalisme n’est pas l’art de l’échange, il est celui de la prédation systématisée. Il est un colonialisme perpétué sous d’autres masques, colonialisme en costume-cravate, colonialisme algorithmique, colonialisme financiarisé. Il est une mécanique qui ne se soutient qu’en réduisant le vivant à l’inerte monnayable, en dévorant la vie – passée, présente et à venir – pour nourrir les marchés.

Les traites grecques, arabes et transsahariennes, romaines avaient déjà fait des corps une marchandise. Bientôt, l’esclavage transatlantique transforma des millions d’Africains en carburant de coton, de sucre et de tabac, tandis que l’annexion des Amériques anéantissait les civilisations autochtones des Andes jusqu’au pôle nord et celle de l’Australie spoliait les Aborigènes de leurs lieux sacrés. Au XIXe siècle, la logique s’intensifie : les terres sont extorquées, les langues interdites, les « générations volées », jetées dans des pensionnats afin de briser toute mémoire et velléité de résistance. En Inde, l’Empire britannique affame des millions de paysans en exportant les récoltes vers l’Europe. En Afrique, la conférence de Berlin trace à la règle des frontières coloniales, réduisant le continent à une carte de concessions. Au Congo de Léopold II, des mains sont tranchées pour assurer le caoutchouc des bicyclettes et des câbles télégraphiques. Les Hereros et Namas en Namibie sont massacrés par l’Allemagne dans l’un des premiers génocides modernes, prélude à d’autres exterminations.

Un missionnaire de la Mission Balolo au Congo tenant le bras amputé d’un Congolais. Ca. 1890-1910. Wikimedia Commons

Le XXe siècle ne rompt pas cette chaîne : il la perfectionne. Les bordels militaires coloniaux, où des femmes du Vietnam, d’Algérie ou du Maroc furent enrôlées de force pour servir les troupes, illustrent l’instrumentalisation des corps par l’impérialisme tout autant que la traite organisée des femmes en Europe. La colonisation française en Algérie, les guerres d’Indochine et d’Afrique, poursuivent l’exploitation sous couvert de mission civilisatrice. En Afrique du Sud, l’apartheid institutionnalise la dépossession et la ségrégation. Pardon, à ceux et celles que je ne peux nommer sans rendre ma mise en examen indigeste. Ils/Elles ne sont pas oublié.e.s.

Après 1945, les indépendances politiques n’abolissent pas le colonialisme : elles le transforment. Cette mécanique se pare d’autres oripeaux. L’annexion du Tibet par la Chine, les bases militaires américaines dans le Pacifique, ou l’occupation sioniste en Palestine démontrent que la logique de contrôle territorial persiste. Les guerres en Sierra Leone, au Congo, au Rwanda se nourrissent du diamant, de l’or, du coltan et du cobalt, indispensables aux téléphones et aux armes. L’Amazonie est brûlée pour le soja, le bétail et les mines, au prix du massacre des Yanomami et de peuples non contactés. En Bolivie et au Chili, l’exploitation du lithium assèche les salines millénaires pour fournir les batteries électriques du Nord. Au Mexique, les maquiladoras transforment la frontière en zone franche où la vie humaine est sacrifiée au profit. Au Bangladesh, les usines du textile imposent la fast fashion au prix de la misère et d’effondrements meurtriers. Dans les îles du Pacifique et des Caraïbes, le tourisme extractiviste dépossède les habitants de leurs terres et de leurs eaux au nom des loisirs mondialisés.

De la traite occidentale aux mines de cobalt, des pensionnats canadiens ou australiens aux guerres pour les diamants, des femmes autochtones disparues aux ouvrières du textile, une seule logique se répète : l’accumulation capitaliste justifie l’appropriation, la spoliation, la destruction de la vie. Partout, les visages changent et la mécanique demeure. Ce qui est colonialisme se nomme aujourd’hui développement, relance, transition énergétique ou libre-échange.

Aujourd’hui je brise l’édifice de la supercherie.

C’est la même matrice sourde aux contestations et oppositions qui détruit des forêts au Québec pour une usine de batteries dites « vertes », qui empoisonne des sols à Blainville sous prétexte de gestion des déchets, qui bétonne les rives du Saint-Laurent pour étendre un port, qui arrache des enfants à leurs parents, qui ignore ou protège la disparition des femmes autochtones, mères, sœurs, filles, et qui ferme les yeux sur les massacres à Gaza tant que les contrats d’armement et les alliances stratégiques se maintiennent. La colonisation ne meurt pas : elle change de nom, de visage, de géographie. Partout, le scénario se répète : pillage, répression, asservissement, accaparation, extraction, anéantissement des cultures et des vies.

« Stolen Land » (« Terre volée ») écrit sur un trottoir à Ithaca, État de New York). Wikimedia Commons

Mais ce scénario ne tient que parce qu’il est soutenu par des idéologies qui fabriquent sa légitimation. La doctrine du Terra nullius, proclamant que les terres n’appartenaient à personne dès lors qu’elles échappaient aux critères européens d’occupation ; le mythe du « sauvage inculte » qu’il fallait redresser, civiliser, catéchiser ; celui de l’impureté et du déficit féminins ; les pseudo-théories raciales hiérarchisant les peuples et naturalisant l’esclavage et la colonisation ; la fable moderne de l’individu autosuffisant – fiction de l’autonomie individuelle – qui occulte les liens sociaux et écologiques pour mieux justifier la propriété privée absolue ; l’illusion d’un État neutre, alors même qu’il orchestre les inégalités, la violence et la répression ; le dogme d’une croissance « nécessaire », transmuant la destruction en horizon de prospérité pour quelques uns.

Chaque étape de la domination s’accompagne de récits, de doctrines, de discours qui rendent l’horreur pensable et acceptable. Chaque étape de la domination comprend l’anéantissement des savoirs autres et des savoirs des autres, des intelligences et génies qui la précède.

Aujourd’hui encore, en Palestine, les mêmes mécanismes idéologiques se rejouent. La rhétorique coloniale prend les habits d’un slogan cynique : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Elle brandit des accusations incessantes : « terroristes nés », « barbares », « décapiteurs d’enfants », « violeurs de femmes ». Toujours le même artifice, la même rhétorique : présenter les opprimés comme des monstres pour mieux effacer leur humanité et légitimer leur anéantissement. C’est l’éternel refrain de la démagogie coloniale : regardez-les, ces sauvages, ce sont eux les bourreaux, et nous, victimes, n’avons d’autre choix que de nous défendre.

Et, comme une ultime perversion, l’instrumentalisation d’un autre drame : l’Holocauste. Au lieu d’en tirer une responsabilité universelle contre toutes les oppressions, les élites sionistes, européennes et américaines en ont fait une industrie mémorielle, un capital politique qui justifie et finance l’oppression d’autres peuples.

Le prix du génocide nazi, ce ne sont pas les nations européennes qui l’assument – mais bien les peuples du Levant, en premier lieu les Palestiniens, écrasés au nom d’une dette historique qui ne leur appartient pas. L’horreur subie par les Juifs, les homosexuel.les, les communistes, les résistant.e.s, les Tsiganes, les esprits libres, les différent.e.s d’Europe est instrumentalisée pour en infliger une autre, transformée en légitimité pour la colonisation et le massacre.

Une pile de corps découverte à la libération du camp de concentration de Dachau. Wikimedia Commons

Aujourd’hui j’arrache les masques.

Si les états occidentaux ne lèvent pas le petit doigt pour arrêter mais au contraire soutiennent activement ce génocide ouvertement déchaîné depuis le 7 octobre 2023 mais aussi tous les précédents et certainement les prochains c’est tout simplement parce qu’ils ne le peuvent pas sans se renier.

« Les génocidaires d’hier et d’aujourd’hui sont issus de la même matrice mercantile, exploiteuse, destructrice, aliénante ».

Les génocidaires d’hier et d’aujourd’hui sont issus de la même matrice mercantile, exploiteuse, destructrice, aliénante. Comment condamner l’État israélien pour ses politiques d’occupation et de nettoyage ethnique, quand l’Europe et l’Amérique se sont construites elles-mêmes par l’expropriation des terres autochtones, l’esclavage des peuples arrachés d’Afrique, et la mise en coupe réglée de continents entiers ? Comment dénoncer le mur en Cisjordanie quand les frontières militarisées de l’Occident, de la Méditerranée aux déserts du Sud-Ouest américain, sont elles aussi des tombeaux pour les réfugiés ?

La Palestine sous apartheid. 2019.Wikimedia Commons

Le Capital ne condamne pas parce qu’il y reconnaît son reflet. Ses institutions économiques, ses alliances militaires, son langage diplomatique sont imprégnés de cette logique coloniale : le droit du plus fort, la valeur du profit au-dessus de la vie, la marchandisation de la terre et des corps. Le capitalisme libéral ne s’oppose pas au colonialisme : il en est la continuation méthodique, l’habillage idéologique. Les pipelines, les mines de lithium, les déforestations massives et les guerres de ressources ne sont que des répétitions actualisées de ce qui fut jadis conquête et mission civilisatrice. Ce génocide n’est pas une aberration étrangère à l’histoire des puissances occidentales. Il est l’écho de leur propre genèse, la continuation de la logique qui les a fait naître et prospérer.

Car, et surtout, l’Occident en tire profit. Chaque bombe larguée est un contrat pour ses industries d’armement – Lockheed Martin, Dassault, BAE Systems, Thalès, Raytheon, Northrop Grumman (la liste est trop longue pour être exhaustive) engrangent des milliards. Chaque missile vendu, chaque char livré, chaque avion de chasse déployé gonfle leurs bilans financiers, avec la bénédiction des gouvernements actionnaires. Chaque embargo sélectif est une opportunité de marché ; chaque reconstruction promise est un chantier pour ses multinationales ; chaque terre volée alimente les circuits agricoles mondialisés. Le sang versé irrigue ses marchés financiers, ses flux énergétiques, ses chaînes de production.

Les technologies de surveillance et de contrôle développées sur le terrain – drones, systèmes biométriques, logiciels de reconnaissance faciale, techniques de « gestion » des foules – sont ensuite exportées vers les polices et les armées du monde entier. Gaza, comme les autres Terres et Peuples sacrifiés, constituent des laboratoires mondiaux de l’oppression. Et chaque victoire coloniale sur ce front devient une ressource à exporter, à rentabiliser, à intégrer dans l’économie globale.

Photo de Mohammed Ibrahim sur Unsplash

Ainsi, le génocide n’est pas seulement toléré : il est rentable. Chaque mort devient dividende, chaque ruine un contrat, chaque effacement culturel un marché. Tel le fantasme obscène d’un Gaza-sur-mer où les ruines se muent en casinos et hôtels, vitrine clinquante du capitalisme le plus vulgaire. L’Occident ne se contente pas d’y voir son reflet. Il s’en nourrit, il en dépend, il y puise la sève qui alimente encore son empire chancelant. Car son système économique, son imaginaire politique, sa structure même demeurent coloniales : prospérer par, sur, à travers et grâce à la destruction de l’autre.

C’est là la vérité nue : le monde occidental ne soutient pas le gouvernement sioniste actuel malgré le génocide, mais parce qu’il y trouve sa continuité et son intérêt. L’horreur qui nous sidère est pour lui un modèle, une ressource, une rente, doctement maquillé en progrès, civilisation, universalité. Le capitalisme est colonialisme perpétué et étendu : il colonise les terres et le temps, les chairs et les semences, les eaux et les respirations, les esprits et les imaginaires.

Aujourd’hui je rejette leur marché de dupes.

Dans ce monde, la reconnaissance ne saurait être réduite à un geste diplomatique ou à l’octroi différé de droits. Et je vous récuse la possibilité même de l’évoquer en passant, comme une menace ou une échéance dans votre planification électorale. Je vous récuse le droit de vous en vêtir comme l’éclat d’une bienveillance qui vous honore. La reconnaissance n’est pas une concession, une faveur octroyée, encore moins un don. Elle ne peut servir de supplément d’âme au sein de votre ordre brutal, dans l’économie de votre domination. Elle n’est pas une identité tamponnée, ni un droit inscrit dans vos registres. Elle est une exigence ancrée en un principe ontologique.

Être, c’est être digne. Vivre, c’est déjà exiger. Elle est un fait premier, antérieur à vos institutions, antérieur à vos crimes. Et il n’appartient à personne d’accorder ce qui est déjà inscrit dans l’être. Qui êtes-vous, bourreaux, pour prétendre m’attribuer des droits, une dignité ou mon humanité ? Je n’ai pas à les recevoir. Ils sont en moi, tissés dans le simple fait d’exister.

Votre responsabilité, vous les héritiers du désastre, est en revanche tout autre. La reconnaissance dans votre ordre capitalo-colonial ne peut avoir de sens qu’en tant que l’aveu de vos crimes, de votre dette, de votre persistance à nier la vie des autres.

C’est vous obliger à restituer ce que vous avez volé : terres, eaux, air, langues, récits, savoirs, générations. La reconnaissance exige la reddition de comptes – restitution matérielle, réappropriation culturelle, renaissance linguistique. Mais pas que.

C’est vous dépouiller de la fiction de votre innocence. C’est affronter la violente vérité de votre histoire. Reconnaître, c’est nommer vos crimes. C’est comprendre que vos richesses sont faites de nos cadavres, que vos villes brillent du feu de nos villages, que vos musées sont des tombeaux volés, que vos nations prospèrent sur la négation de la vie des autres.

Photo de Mohammed Ibrahim sur Unsplash

La reconnaissance vous est un devoir. Celui de vous admettre violeurs de terres, génocidaires de mondes, effaceurs de mémoire, tortionnaires de diversités, oppresseurs.

La reconnaissance n’est pas un discours mais une pratique. Elle n’engage pas seulement des mots mais des transformations structurelles au niveau des savoirs, des échanges, des relations. Elle est rupture avec l’ordre économique et juridique qui vous maintient dans une arrogance suicidaire. Elle est engagement ferme à rompre avec la logique capitalo-coloniale et à choisir la vie, sous toutes ses formes.

Dans ce monde fracturé, la reconnaissance est une dette, la vôtre. Vous la devez non seulement aux peuples et aux êtres que vous avez réduits au silence, mais à la Terre elle-même. Car votre monde est écocide. Il dévore les sols, étouffe les mers, assassine le climat et les vivants, la possibilité même d’habiter la planète.

Reconnaître n’est donc pas un apanage de puissant, ni un luxe moral : c’est votre devoir, et notre dû. Reconnaître, c’est restituer la vie à la vie.

Aujourd’hui, j’invite.

J’invite chacun.e à rompre le silence. À choisir le camp de la vie plutôt que celui de l’indifférence. À agir, chacun et chacune à la mesure de ses forces : par la parole, par la rue, par le refus, par l’organisation.

J’invite à faire de nos voix des armes. De nos gestes des foyers de résistance. De nos solidarités des remparts contre la destruction. J’invite à transformer l’indignation en actes. La douleur en luttes, l’espoir en mouvement.

Car résister, c’est déjà bâtir.

– Aube Frondeuse


Entête : Rassemblement à Nîmes contre le génocide en Palestine en décembre 2024 ; Source : Jeanne Menjoulet – flickr CC

The post « J’accuse… » : tribune pour Gaza et notre humanité first appeared on Mr Mondialisation.
PDF

01.10.2025 à 06:00

Devoir de vigilance : une avancée européenne sous tension

Mr M.

Tout le monde se souvient du drame qui a touché le Bangladesh le 24 avril 2013 lors de l’effondrement du Rana Plaza, immeuble insalubre accueillant des ateliers de confection textile de grandes marques de vêtements européennes. Cette tragédie avait entraîné la mort de 1 134 ouvriers. Depuis, la demande d’une législation contraignante s’est heurtée à […]

The post Devoir de vigilance : une avancée européenne sous tension first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (2044 mots)

Tout le monde se souvient du drame qui a touché le Bangladesh le 24 avril 2013 lors de l’effondrement du Rana Plaza, immeuble insalubre accueillant des ateliers de confection textile de grandes marques de vêtements européennes. Cette tragédie avait entraîné la mort de 1 134 ouvriers. Depuis, la demande d’une législation contraignante s’est heurtée à des résistances politiques et économiques importantes. En 2025, plusieurs États membres, dont la France, ont même tenté de faire capoter le texte ou d’en atténuer la portée.

C’est symboliquement 11 ans plus tard, le 24 avril 2024, que le Parlement européen a voté en faveur de l’adoption de la « Directive devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité » (en anglais Corporate Sustainability Due Diligence Directive ou CSDDD), au terme de nombreux mois de négociations. Elle a ensuite été approuvée le 23 mai 2025 par le Conseil.

Cependant, de nouvelles tentatives de modification du texte ont émergé dès juin 2025, dans le cadre d’un agenda européen de simplification réglementaire.

La CSDDD impose aux entreprises d’atténuer, de stopper et de prévenir leurs impacts négatifs sur les droits humains et l’environnement tout au long de leurs chaînes de valeur. Cela inclut notamment l’esclavage, le travail des enfants, l’exploitation par le travail, l’érosion de la biodiversité ou encore la pollution. Une directive qui adopte donc des mesures cruciales pour mettre fin à l’impunité des grandes entreprises, même si de sérieuses failles subsistent. Décryptage.

Source : Wikicommons

Le devoir de vigilance en résumé

Seront soumises à ces obligations toutes les entreprises opérant sur le marché européen, employant plus de 1 000 personnes et ayant un chiffre d’affaires mondial supérieur à 450 millions d’euros, ainsi que leurs filiales et leurs partenaires commerciaux. Cependant, en juin 2025, le Conseil de l’Union européenne a proposé de relever ce seuil à 5 000 salariés et 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, ce qui limiterait considérablement le nombre d’entreprises concernées (source : Conseil de l’UE)

Processus de diligence prévu par le guide de l’OCDE sur le devoir de diligence pour une conduite responsable des entreprises

Le cadre et les ambitions du texte

Les droits humains et libertés fondamentales sont ici entendus de manière exhaustive, reprenant les droits sociaux et fondamentaux liés au travail. Ainsi, la directive vise non seulement à interdire le travail forcé, l’esclavage ou le travail des enfants, mais aussi à assurer des conditions de travail justes et favorables, incluant un salaire équitable, la sécurité et l’hygiène au travail, ou encore la liberté de conscience et d’association.

Les effets néfastes sur l’environnement incluent toute dégradation mesurable de l’environnement, à savoir pollution de l’eau ou de l’air, émissions nocives, dégradation des terres et autres ressources naturelles.

La CSDDD protège également les droits des populations autochtones et locales en interdisant toute expropriation ou privation d’accès à l’eau ou aux moyens de subsistance, et en obligeant les entreprises à garantir leur santé et leur sécurité en préservant leur environnement. En parallèle, les entreprises devront mettre en œuvre un plan de transition climatique afin que leurs activités soient compatibles avec la limite de l’augmentation du réchauffement climatique de 1,5 °C prévue par l’Accord de Paris.

La directive est entrée officiellement en vigueur en juillet 2024. Les États membres disposent théoriquement de deux ans pour la transposer dans leur droit national, soit jusqu’à l’été 2026. Toutefois, le Conseil a proposé un mécanisme dit « Stop the Clock » qui permettrait de repousser la transposition à juillet 2027, avec une application progressive :

  • dès 2027 pour les plus grandes entreprises (5 000+ salariés),

  • 2028 pour les sociétés intermédiaires,

  • et 2029 pour les autres entreprises concernées.
    (source : Conseil de l’UE)

En France, une loi sur le devoir de vigilance était déjà en vigueur depuis 2017. Cependant, elle devra être modifiée pour inclure les mesures plus strictes et détaillées de la CSDDD. Ce chantier de réforme est en cours, avec un calendrier encore flou.

En résumé, alors que les normes volontaires comme les principes directeurs de l’ONU existaient depuis longtemps, la directive européenne change la donne en les rendant juridiquement contraignantes. En cas de non-respect, les entreprises pourront recevoir des amendes allant jusqu’à 5 % de leur chiffre d’affaires mondial, voire être exclues des marchés publics européens.

Une responsabilisation accrue… mais encore fragile

Pour de nombreuses associations défenseuses de l’environnement et des droits humains, cette directive représente une avancée majeure dans la responsabilisation des entreprises sur leurs impacts sociétaux et environnementaux, tout au long de leurs chaînes de valeurs, de l’approvisionnement à la distribution.

En juin 2025, La Poste est devenue la première entreprise française condamnée pour manquement à son devoir de vigilance, sur la base de la loi nationale de 2017. Le tribunal a estimé que la cartographie des risques présentée en 2021 était trop vague. Cette condamnation, confirmée en appel, illustre que les obligations de vigilance peuvent déjà produire des effets concrets – avant même l’application complète de la directive européenne (source : Le Monde)

Désormais, les entreprises ne pourront plus se cacher derrière leurs sous-traitants étrangers, également tenus au devoir de vigilance. De plus, les sociétés mères auront l’obligation d’accompagner les petites et moyennes entreprises de leur réseau pour les aider à se conformer à ces nouvelles exigences.

Une avancée décisive est à souligner : les victimes d’atteintes aux droits humains ou à l’environnement pourront saisir les tribunaux européens contre les entreprises fautives. Toutefois, plusieurs ONG alertent sur les obstacles qui subsistent : frais de procédure, délais de prescription, difficultés à prouver les liens de causalité, etc. Il sera essentiel que les États garantissent un accès effectif à la justice.

De graves lacunes

La CSDDD, fruit d’un long processus de négociation depuis 2022, a vu son ambition sérieusement réduite. Initialement prévue pour s’appliquer aux entreprises de plus de 500 salariés et 150 millions d’euros de chiffre d’affaires, la version adoptée l’élève à 1 000 salariés et 450 millions d’euros.

Mais le Conseil européen va encore plus loin. En juin 2025, il propose d’augmenter les seuils à 5 000 salariés et 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, ce qui exclurait près de 90 % des entreprises visées initialement. Un affaiblissement critiqué par de nombreuses ONG (source : Conseil de l’UE)

Par ailleurs, le secteur financier reste en grande partie exempté des obligations de diligence. Une anomalie, alors que les grandes institutions investissent massivement dans des entreprises polluantes ou controversées.

Les révisions successives du texte s’inscrivent dans une dynamique de recul plus large sur les normes environnementales et sociales. En mai 2025, lors du sommet Choose France, Macron a appelé à la suppression pure et simple de la directive sur le devoir de vigilance (CS3D / CSDDD), déclarant que cette directive et d’autres régulations « ne doivent pas être simplement repoussées d’un an mais écartées ».

Enfin, certaines faiblesses techniques subsistent. Le texte limite le devoir de vigilance aux fournisseurs « directs », laissant de côté les sous-traitants de second et troisième rang, pourtant souvent à l’origine des violations les plus graves. Cette faille compromet son efficacité sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Une avancée sous condition

Malgré ses lacunes, la directive sur le devoir de vigilance reste une avancée importante. Elle marque la fin d’une époque où les multinationales pouvaient impunément externaliser les abus sociaux et écologiques.

Mais son efficacité réelle dépendra :

  • du niveau d’ambition retenu dans les négociations finales entre le Parlement et le Conseil ;

  • de la transposition nationale dans chaque État membre ;

  • et de la capacité des juges, ONG et syndicats à faire vivre le texte dans la pratique.

Comme le rappelle Hannah Storey, responsable droits humains chez Amnesty International :

« C’est un moment décisif pour les droits humains et la responsabilisation des entreprises. L’UE établit une norme contraignante pour la conduite responsable des entreprises au sein du plus grand marché unique du monde. »

Reste à voir si cette norme survivra aux pressions économiques et politiques qui menacent de la vider de sa substance.

Delphine de H.


Photo de couverture : Atelier de confection textile au Bangladesh, 2015. Source : Wikicommons

The post Devoir de vigilance : une avancée européenne sous tension first appeared on Mr Mondialisation.
PDF

30.09.2025 à 06:00

Débattre sans se faire piéger : 7 techniques de manipulation à connaître

Mr M.

Dans un climat où l’art de « gagner le débat » tend à supplanter l’écoute, la remise en question et l’échange sincère, les discussions publiques ou privées se retrouvent fréquemment parasitées par des procédés rhétoriques malhonnêtes. Ces techniques permettent à certains interlocuteurs d’éviter le fond du sujet tout en donnant l’illusion d’un argumentaire solide. Décryptage. […]

The post Débattre sans se faire piéger : 7 techniques de manipulation à connaître first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (1410 mots)

Dans un climat où l’art de « gagner le débat » tend à supplanter l’écoute, la remise en question et l’échange sincère, les discussions publiques ou privées se retrouvent fréquemment parasitées par des procédés rhétoriques malhonnêtes. Ces techniques permettent à certains interlocuteurs d’éviter le fond du sujet tout en donnant l’illusion d’un argumentaire solide. Décryptage.

Voici sept stratagèmes fréquemment utilisés, accompagnés d’exemples concrets, pour mieux les repérer et comprendre les mécanismes de manipulation qui les sous-tendent.

1. L’homme de paille

La technique de l’homme de paille consiste à déformer ou caricaturer les propos d’un interlocuteur en lui prêtant des intentions qu’il n’a jamais exprimées. Ce procédé permet de rendre l’opinion adverse plus facile à attaquer en éradiquant toute nuance.

Exemples courants : Présenter un écologiste comme un nostalgique de la lampe à huile, accuser les féministes de vouloir asservir les hommes, résumer les positions de la gauche à une volonté de voler les « travailleurs » pour subventionner les « assistés ».

2. Le whataboutisme

Le whataboutisme, issu de l’expression anglaise « what about? », détourne l’attention d’un sujet en évoquant un autre problème, souvent sans lien direct. L’objectif : esquiver une critique en pointant les incohérences ou fautes supposées d’autrui.

Le plus connu des whataboutismes demeure sans doute celui qui est régulièrement déclamé aux écologistes, déjà débunké dans un précédent article : « t’es écolo, mais t’as un smartphone ? ». Il convient de rappeler qu’une critique d’un système peut coexister avec le fait d’y être contraint.

Ce sophisme est également fréquemment mobilisé par les défenseurs du gouvernement d’extrême droite dirigé par Benjamin Netanyahu. Le massacre du 7 octobre est ainsi systématiquement invoqué pour relativiser ou détourner l’attention du génocide en cours à Gaza. Cette stratégie de diversion se retrouve aussi dans les discours environnementaux, où certains acteurs cherchent à éluder leur propre responsabilité en comparant la France à des pays fortement émetteurs comme la Chine.

3. L’attaque personelle

L’ad personam est une technique très simple qui relève de l’attaque personnelle. Au lieu de répondre sur le fond, cette technique attaque la personne sur ses traits, ses défauts ou son passé.

Ce processus est extrêmement utilisé dans le milieu politique français, en particulier en raison de l’hyper personnification de notre système électif où le candidat qui porte un projet devient plus important que les idées elles-mêmes. Une technique qui a régulièrement été employée à l’encontre de politiciens progressistes à qui on a souvent reproché leur tempérament (ou tout du moins l’image qu’en donnent les médias) au lieu de s’attarder sur la substance de leurs propositions.

Cette stratégie est également mobilisée pour minimiser la responsabilité d’auteurs de violences sexistes ou sexuelles. Les mises en cause et leurs complices stigmatisent la victime sur des aspects de sa personnalité, ce qui n’a rien à voir avec la violence commise par le mise en cause. C’est un croisement de whataboutisme et d’attaque ad personam.

4. Le mille-feuille argumentatif

Le mille-feuille argumentatif est une technique particulièrement efficace consistant à exposer une somme astronomique d’arguments fallacieux à la suite pour que l’adversaire n’ait pas le loisir d’y répondre.

Ainsi, il rejoint la loi de Brandolini, qui explique qu’il faut beaucoup plus d’efforts pour démentir de fausses informations que pour les énoncer. Ce procédé fonctionne à merveille dans notre système médiatique puisque la durée des débats est extrêmement réduite.

Face à un tel procédé, l’interlocuteur se retrouve contraint de choisir entre le silence, au risque d’être discrédité, ou la réfutation point par point qui lui fera perdre un temps précieux. Dans les deux cas, il sera en difficulté.

5. Le faux dilemme

Avec le faux dilemme, un débatteur peut mettre son adversaire dans un choix inconfortable en faisant comme s’il n’existait que deux solutions pour remédier à un problème. Certains pourraient par exemple dire « soit on augmente l’âge de départ à la retraite, soit notre système va s’effondrer ».

L’introduction d’une option volontairement inacceptable pousse implicitement à choisir la seconde, perçue comme un moindre mal. Et pourtant, on élude ainsi d’autres possibilités. Le faux dilemme ressemble d’ailleurs au « there is no alternative » de Margaret Thatcher qui assurait qu’il existait que le néolibéralisme comme solution viable.

6. L’appel abusif

L’appel abusif recouvre en réalité toute une série de sophismes qui consiste à invoquer un principe supérieur qui dispenserait de devoir avancer un véritable raisonnement rationnel. Parmi eux, on peut penser à l’argument d’autorité qui met en avant la position de quelqu’un comme seule justification de ses propos.

L’appel à l’émotion figure aussi parmi ces stratégies qui consistent à faire passer les émotions avant la raison, particulièrement utilisé sur les faits divers. On pensera aussi à l’appel à la tradition (« on a toujours fait comme ça »), l’appel à la loi (« c’est légal donc moral »), l’appel à la majorité (« la majorité pense comme ça, donc c’est juste ») ou encore l’appel à la nature (c’est naturel, donc c’est bon). Autant de processus qui ne reposent sur rien de rationnel.

7. L’inversion de la charge de la preuve

Très courant, ce sophisme consiste à exiger de l’autre qu’il démontre que notre position est invalide. Un croyant pourra par exemple dire « prouve-moi que Dieu n’existe pas ». Or, en agissant ainsi, il renverse la logique argumentative, puisque c’est à la personne qui expose quelque chose de prouver qu’elle dit vrai, et non l’inverse.

C’est d’ailleurs bien dans cette démarche que s’inscrit la justice ; si quelqu’un affirme qu’un individu a commis un délit, c’est à l’accusateur de le démontrer et pas à l’accusé. Dans le cas contraire, n’importe qui pourrait être inculpé pour n’importe quoi. De fait, il est impossible de prouver l’inexistence d’énormément de choses. Ce qui ne signifie pas qu’elles sont réelles pour autant.

Simon Verdière


Photo de Timur Weber. Pexels.

The post Débattre sans se faire piéger : 7 techniques de manipulation à connaître first appeared on Mr Mondialisation.
PDF

29.09.2025 à 13:59

Les Républicains : un virage grossier à l’extrême droite

Mr M.

À mesure que les idées du Rassemblement national se banalisent dans le débat public — un phénomène renforcé par la concentration des médias aux mains de quelques milliardaires soutenant ces thèses, les partis de droite traditionnels semblent eux aussi se déporter vers cette idéologie. À tel point que le mouvement « Les Républicains », censé être l’héritier […]

The post Les Républicains : un virage grossier à l’extrême droite first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (2625 mots)

À mesure que les idées du Rassemblement national se banalisent dans le débat public — un phénomène renforcé par la concentration des médias aux mains de quelques milliardaires soutenant ces thèses, les partis de droite traditionnels semblent eux aussi se déporter vers cette idéologie. À tel point que le mouvement « Les Républicains », censé être l’héritier du Gaullisme, se rapproche inexorablement du groupe dirigé par Jordan Bardella. Décryptage de cette alliance entre la bourgeoisie et le fascisme.

Indéboulonnable allié du macronisme depuis 2022, LR parle et agit pourtant de plus en plus comme le Rassemblement National, ce qui laisse d’ailleurs songeur sur les passerelles en expansion entre le gouvernement et l’extrême droite.

Aux origines gaullistes de la droite française

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de retracer l’historique de ce mouvement qui découle directement de Charles de Gaulle. Après la guerre, ce dernier avait dans un premier temps refusé de créer un parti, mais, face à l’instauration de la quatrième république qu’il désapprouvait, il décida néanmoins en 1947 de lancer une organisation nommée Rassemblement du peuple français.

Réfutant l’étiquette de droite que les observateurs lui attribuent pourtant à raison, De Gaulle tente de s’établir comme « transpartisan, ni de droite ni de gauche » (une posture que reprendra Emmanuel Macron plusieurs décennies plus tard) qui accepterait la double appartenance venue de toutes les formations à l’exception des communistes.

Mais malgré un démarrage prometteur, l’initiative est un échec et le parti est mis en sommeil dès 1955. C’est finalement en 1958 que l’Assemblée nationale décide d’octroyer le pouvoir à De Gaulle pour résoudre la crise algérienne. Dans la foulée, il instaure la Cinquième République, encore en vigueur aujourd’hui, avant d’être élu président par un collège d’électeurs.

Vers la fondation du RPR

La même année, sur les cendres du RPF, naît l’Union pour la Nouvelle République, parti destiné à soutenir l’action du général, bien que celui-ci refuse de s’en revendiquer. En 1959, un autre parti, qui se réclame d’un Gaullisme plus à gauche, apparaît l’Union Démocratique du Travail. Deux groupes qui finiront par s’allier pour porter une seconde fois De Gaulle au pouvoir en 1965, cette fois-ci au suffrage universel. Finalement, en 1968, ce regroupement devient l’Union des démocrates pour la République.

Et, tandis que De Gaulle se retire de la vie politique en 1969 (puis décède quelques mois plus tard) après une défaite lors d’un référendum, cette coalition lui survit et emmène Georges Pompidou, ancien premier ministre de De Gaulle jusqu’à la fonction suprême.

Pourtant, en 1974, l’UDR n’atteint même pas le second tour et une volonté de se refonder naît peu à peu sous l’impulsion de Jacques Chirac. Celui-ci pousse ainsi pour que son mouvement prenne un nouveau nom et, en 1976, apparaît le Rassemblement pour la République (RPR).

De l’UMP à LR

Finalement, en 2002, sous l’impulsion du même Jacques Chirac qui se représente aux élections nationales de l’année, le RPR s’allie à d’autres formations de droite pour constituer l’Union pour la majorité présidentielle (UMP). Sigle qui sera conservé, mais dont la signification changera quelques semaines plus tard pour faire advenir l’Union pour un Mouvement Populaire.

Devenu l’une des formations de masse française, avec des figures comme Nicolas Sarkozy, le groupe se renomme « Les Républicains » en 2015 avant d’entamer un long déclin, à l’image du Parti Socialiste, suite à l’émergence du macronisme en 2017.

Des relents d’extrême droite dès les fondations

Officiellement, Les Républicains et ses prédécesseurs se sont systématiquement revendiqué du gaullisme et de la lutte contre l’extrême droite. En 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen accède pour la première fois au second tour des présidentielles, Jacques Chirac coalise d’ailleurs un grand « barrage républicain » et s’affiche comme un rempart contre cette idéologie.

Mais, dans les faits, il a cependant toujours existé des courants et des figures très proches de milieux identitaires dans ce mouvement, et ce, dès le départ. Dans le premier parti du général, on trouvait ainsi déjà des personnalités d’extrême droite, comme le monarchiste Pierre de Bénouville.

Longue histoire d’ambiguïté

Et, tout au long de l’histoire du parti, de nombreuses émanations n’ont rien eu à envier au RN d’aujourd’hui. De Gaulle, héros national et résistant au nazisme, a souvent été invoqué comme une caution morale, y compris par des courants très éloignés de son humanisme affiché. Cette référence permettrait, selon certains, de légitimer des positions réactionnaires sans assumer une filiation directe avec l’extrême droite.

Ainsi, pour certains, se revendiquer d’un résistant au nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale servirait de caution pour s’éviter toute accusation d’extrême droite. Un exemple parfait de la corruption du langage et de la réalité dont cette branche est si friande, allant jusqu’à repeindre le nazisme en courant de gauche ou à traiter les antifascistes de « collabos ». Mais pour autant, c’est bien dans le camp de cette droite dite « républicaine » et « gaulliste » qu’une multitude de propos racistes, homophobes, autoritaires, sécuritaires, réactionnaires ou sexistes a bien été tenue.

Le RN fait exploser la fenêtre d’Overton

De fait s’il a toujours existé une partie de la population adhérant aux thèses simplistes de l’extrême droite, c’est d’abord parce que ses doctrines prospèrent sur la misère sociale générée par les politiques de la droite dite de « gouvernement ». Et si les facteurs restent multiples, celui-ci demeure sans doute l’un des principaux.

La droite traditionnelle a donc décidé de reprendre à son compte plusieurs de ses idées pour continuer à faire parler d’elle et à conserver le pouvoir, élargissant de la sorte la fenêtre d’Overton du côté de l’extrême droite. La droite ayant constamment tenté d’entretenir une image de « rempart », adepte du raisonnable contre « l’extrémisme », elle a désormais déplacé le rempart contre l’extrême gauche, établissant une inversion de la dangerosité de l’extrême droite.

Une passerelle de plus en plus large

Et pourtant, les transfuges du parti vers des mouvements identitaires ont été légion, bien souvent avec des courants devenus autonomes. Dans les années 90, on se souvient particulièrement de Charles Pasqua d’abord représentant de la droite dure au sein du RPR avant de fonder son organisation indépendante aux côtés de Philippe De Villiers.

Dès 1983, le RPR avait d’ailleurs localement noué une alliance avec le FN à Dreux, sans que cela n’émeuve les instances nationales. Jacques Chirac déclare alors : « Je n’aurais pas du tout été gêné de voter au second tour pour la liste [RPR-FN]. Cela n’a aucune espèce d’importance d’avoir quatre pèlerins du FN à Dreux, comparé aux quatre ministres communistes au Conseil des ministres. ».

Le même Jacques Chirac, souvent présenté comme un rempart contre l’extrême droite, qui stigmatisait pourtant en 1991 des populations issues de l’immigration post-coloniale en parlant du « bruit » et de « l’odeur » qui auraient pu gêner les classes populaires occidentales.

Et si ce genre de rapprochement n’était pas si exceptionnel jusqu’à la fin des années 90, il s’est cependant raréfié après 2002. Ce qui n’a pas empêché certains membres du parti de tenir des propos dignes du FN. On pense particulièrement à Nicolas Sarkozy et sa « droite décomplexée » qui voulait « nettoyer la banlieue au Kärcher» ou Brice Hortefeux et sa célèbre phrase à propos des personnes d’origine arabe « quand il y en a un, ça va, c’est quand il y a en a beaucoup qu’il y a des problèmes ».

Une question de survie

Finalement, c’est bien après 2017, et l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, que Les Républicains ont pris un virage de plus en plus franc vers l’extrême droite. Déjà à ce moment-là, c’est le très conservateur François Fillon qui avait représenté le parti aux présidentielles et avait échoué de peu aux portes du second tour.

Mais face à la montée en puissance du RN de Marine Le Pen, LR n’a pas hésité à poursuivre sa chute en avant. Si la plupart des libéraux traditionnels ont quitté la formation à cette époque pour rejoindre Emmanuel Macron, les plus réactionnaires ont eux entamé une course effrénée avec le RN.

Vers une vague de transfuges ?

Dans les deux dernières décennies, les départs des Républicains vers l’extrême droite semblent se multiplier. Au rang des plus célèbres, on peut par exemple citer Nicolas Dupont-Aignan, fondateur de son propre mouvement, d’ailleurs associé au RN.

Mais on peut aussi évoquer d’autres noms, comme Sébastien Chenu, Thierry Mariani, ou Guillaume Pelletier, qui sont autant de transfuges de LR vers l’extrême droite. Et plus récemment, c’est bien le cas d’Eric Ciotti qui a sans doute le plus marqué les esprits.

Dirigeant des Républicains lors des dernières présidentielles, il n’a pas hésité à nouer une alliance avec le RN aux législatives, contrairement à l’avis du reste de son parti. Finalement exclu, il a tout de même emmené avec lui quelques figures de LR pour créer son propre mouvement d’extrême droite, inféodé au RN.

Blanc bonnet et bonnet blanc

Mais le plus ironique dans l’histoire reste sans doute le fait que les différences idéologiques entre Éric Ciotti et d’autres membres estomaqués par son attitude semblent complètement inexistantes.

En effet, on a pu entendre des individus comme Laurent Wauquiez qui souhaite créer des camps de détention pour les OQTF à Saint-Pierre et Miquelon, François-Xavier Bellamy et ses positions anti-avortement, ou encore David Lisnard appeler à « une aide tant psychologique que juridique à celles et ceux qui sont victimes de la tyrannie woke ». Et force est de constater que chacun d’entre eux ne ferait pas tache au sein du Rassemblement National.

Retailleau, la nouvelle star ?

Dans toutes ces nuances de bruns, c’est pourtant bien l’un des membres de l’actuel gouvernement qui a pris le pouvoir au sein du parti : Bruno Retailleau. Le ministre de l’Intérieur s’est lui aussi mis en avant avec des propos à faire pâlir de jalousie Éric Zemmour. En croisade contre les musulmans et les immigrés, il s’est illustré à divers moments par des déclarations xénophobes, allant même jusqu’à faire seins des discours nationalistes historiques sur les « Français de papier ».

Quoi qu’il en soit, au sein de LR, tous paraissent à présent valider les marottes de Marine Le Pen : théorie complotiste et raciste du grand remplacement, obsession sécuritaire, islamophobie pathologique, guerre contre le « wokisme », défense des plus riches et haine de la gauche. Absolument tout semble réunir LR et le Rassemblement National.

Vers une fusion inévitable ?

Depuis longtemps, certaines figures de l’extrême droite, comme Marion Maréchal, rêvent d’unir « toutes les droites », tel que cela s’est souvent fait dans d’autres pays, par exemple en Italie. Les déclarations de certains d’une violence inouïe à l’égard de la gauche, montre d’ailleurs que le « barrage républicain » s’inverse contre elle plutôt que contre le RN.

Un constat s’impose : à mesure que les différences idéologiques s’estompent, il devient de plus en plus difficile de distinguer LR du Rassemblement national. Reste à savoir si cette convergence relève d’une stratégie électorale ou d’une réelle mutation idéologique.

Simon Verdière


Photo de couverture : De gauche à droite, Bruno Retailleau, Jean-François Copé, Othman Nasrou, Michel Barnier, François-Xavier Bellamy. Wikimedia.

The post Les Républicains : un virage grossier à l’extrême droite first appeared on Mr Mondialisation.
PDF

28.09.2025 à 10:00

Coraux, ozone et post-partum : les 10 bonnes nouvelles de la semaine

Maureen Damman

Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici notre top 10 des bonnes nouvelles à ne pas manquer cette semaine.  1. Force à la couche d’ozone ! Selon l’ONU, la couche d’ozone pourrait se reconstituer complètement aux alentours de 2050 grâce à l’interdiction mondiale des chlorofluorocarbones, limitant les rayons UV nocifs et […]

The post Coraux, ozone et post-partum : les 10 bonnes nouvelles de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (1165 mots)

Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici notre top 10 des bonnes nouvelles à ne pas manquer cette semaine. 

1. Force à la couche d’ozone !

Selon l’ONU, la couche d’ozone pourrait se reconstituer complètement aux alentours de 2050 grâce à l’interdiction mondiale des chlorofluorocarbones, limitant les rayons UV nocifs et contribuant aussi à freiner le réchauffement climatique. (UNEP)

2. Addictions : les ados de moins en moins touchés

En France et en Europe de l’Ouest, la consommation de tabac, cannabis et alcool chez les adolescents de 16 ans a fortement diminué en dix ans, avec une chute notable de l’expérimentation du cannabis de 31% à 8,4% entre 2015 et 2024. (Ouest-France)

3. Vers la fin de la grippe ?

Une nouvelle thérapie innovante à base d’anticorps a protégé des souris contre presque toutes les souches de la grippe, y compris des variants à risque pandémique, offrant un espoir de traitement universel contre la grippe saisonnière. (Futura)

4. Super-récifs : les Philippines protègent leurs trésors sous-marins 

Les Philippines ont créé une zone marine protégée de 500 km² autour de l’île de Panaon pour préserver des récifs coralliens résilients au changement climatique, combinant conservation et soutien aux communautés locales. (Impactful Ninja)

5. Pauvreté infantile : des progrès mais aussi des défis

La pauvreté infantile a diminué au niveau mondial ces dix dernières années, avec une baisse importante en Asie du Sud et de l’Est, malgré une stagnation ou une augmentation dans certaines régions comme l’Afrique subsaharienne. (UN News)

6. Tampons gratuits à Munich

À Munich, la start-up LYFE.ads offre des tampons gratuits financés par la publicité sur les boîtes, facilitant l’accès aux protections périodiques et contribuant à la sensibilisation sur ce sujet. (Munich Startup)

7. Équateur : un corridor géant pour sauver la biodiversité amazonienne

L’Équateur a établi un corridor faunique amazonien de plus de 300 000 hectares reliant parcs et territoires indigènes, protégeant la biodiversité et soutenant les communautés locales. (WWF)

8. L’OMC frappe fort contre la pêche illégale avec un accord historique

L’accord Fish-1 de l’OMC visant à éliminer les subventions à la pêche illégale est entré en vigueur, imposant des règles pour soutenir des pratiques durables, une avancée saluée comme historique. (Actu-environnement)

9. Dépression post-partum : l’UE valide un médicament révolutionnaire

L’UE a approuvé le zuranolone, premier médicament spécifique contre la dépression post-partum, efficace en deux semaines, mais avec des précautions d’usage pendant grossesse et allaitement. (Représentation de France)

10. Hong Kong ouvre la voie : droits parentaux reconnus pour un couple lesbien

À Hong Kong, un juge a reconnu les droits parentaux d’un couple lesbien pour leur enfant né par fécondation in vitro réciproque, une avancée importante pour les droits LGBTQ dans la région. (Genethique)

–  Maureen Damman

The post Coraux, ozone et post-partum : les 10 bonnes nouvelles de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.
PDF

27.09.2025 à 10:00

Antifa, engagement citoyen et Népal : les 10 actualités de la semaine

Maureen Damman

Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici notre top 10 des bonnes nouvelles à ne pas manquer cette semaine.  1. Plus de 150 pays reconnaissent l’État palestinien ! Plusieurs pays, dont le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et le Portugal, ont officiellement reconnu l’État palestinien, rejoignant ainsi plus de 150 pays. La […]

The post Antifa, engagement citoyen et Népal : les 10 actualités de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (1008 mots)

Vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actu ? Voici notre top 10 des bonnes nouvelles à ne pas manquer cette semaine. 

1. Plus de 150 pays reconnaissent l’État palestinien !

Plusieurs pays, dont le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et le Portugal, ont officiellement reconnu l’État palestinien, rejoignant ainsi plus de 150 pays. La France, la Belgique, Malte, le Luxembourg et Saint-Marin l’ont fait lors de l’Assemblée générale de l’ONU. Cette reconnaissance vise à relancer la solution à deux États au Proche-Orient malgré la forte opposition d’Israël et des États-Unis.(Courrier International)

2. « Antifa  » = terroriste aux États-Unis 

Aux États-Unis, certaines juridictions envisagent de classer les antifascistes (« antifa ») comme organisation terroriste, une mesure controversée accusée de viser à restreindre les mouvements de contestation politique.(Le Monde)

3. Remplacement du SNU

Le Service national universel (SNU), dispositif français d’engagement civique pour les jeunes, sera supprimé et remplacé par un nouveau « parcours d’engagement citoyen » visant à moderniser et diversifier les formes d’engagement des jeunes dans la société. (Le Monde)

4. Israël prépare des déportations massives à Gaza, une menace humanitaire majeure

En Israël, l’armée a annoncé son intention d’exercer une force sans précédent pour déporter des populations vers le sud de la bande de Gaza, dans le cadre de ses opérations militaires, ce qui suscite des inquiétudes humanitaires majeures.(Sud-Ouest)

5. Le Népal face à une crise politique et sociale profonde

Le Népal traverse une grave crise politique, marquée par des tensions entre les partis au pouvoir et opposition, ainsi que des troubles sociaux qui fragilisent la stabilité du pays. (France-Culture)

6. Drones et manifestations : la surveillance accrue qui fait polémique en France

En France, l’usage accru de drones pour la surveillance des manifestations soulève des controverses sur les libertés publiques, notamment à cause de l’autorisation tardive, voire rétroactive d’utilisation des drones lors de rassemblements, rendant les recours juridiques difficiles. (Libération)

7. Chasse aux sorcières pour Mamdani 

 À New York, Trump et les ultrariches réveillent le Maccarthysme pour éviter l’élection du démocrate Mamdani aux municipales, qu’il surnomme « mon petit communiste ». (Le Monde)

8. Des pesticides détectés jusque dans les nuages

Des études récentes ont détecté la présence de pesticides dans les nuages, ce qui pose de nouvelles questions sur la dissémination environnementale des produits chimiques et leurs impacts potentiels sur la santé et les écosystèmes. (Le Monde)

9. Une dinguerie supplémentaire de Trump  ! 

Devant l’ONU, Trump a déclaré que le réchauffement climatique est la plus grande arnaque jamais menée contre le monde et le concept d’empreinte carbone est “une supercherie inventée par des gens aux intentions malveillantes”. (Science-et-vie)

10. 1 psychologue pour 1700 élèves 

En France, un psychologue scolaire accompagne en moyenne 1 600 élèves, alors que les besoins psychologiques des jeunes explosent. Cette situation reflète une pénurie aiguë de professionnels, malgré les appels à la création de postes et les conditions de travail difficiles.(Basta!)

–  Maureen Damman

The post Antifa, engagement citoyen et Népal : les 10 actualités de la semaine first appeared on Mr Mondialisation.
PDF
6 / 10
 Persos A à L
Carmine
Mona CHOLLET
Anna COLIN-LEBEDEV
Julien DEVAUREIX
Cory DOCTOROW
Lionel DRICOT (PLOUM)
EDUC.POP.FR
Marc ENDEWELD
Michel GOYA
Hubert GUILLAUD
Gérard FILOCHE
Alain GRANDJEAN
Hacking-Social
Samuel HAYAT
Dana HILLIOT
François HOUSTE
Tagrawla INEQQIQI
Infiltrés (les)
Clément JEANNEAU
Paul JORION
Michel LEPESANT
Frédéric LORDON
 
 Persos M à Z
Henri MALER
Christophe MASUTTI
Jean-Luc MÉLENCHON
Romain MIELCAREK
MONDE DIPLO (Blogs persos)
Richard MONVOISIN
Corinne MOREL-DARLEUX
Timothée PARRIQUE
Thomas PIKETTY
VisionsCarto
Yannis YOULOUNTAS
Michaël ZEMMOUR
LePartisan.info
 
  Numérique
Blog Binaire
Christophe DESCHAMPS
Louis DERRAC
Olivier ERTZSCHEID
Olivier EZRATY
Framablog
Tristan NITOT
Francis PISANI
Pixel de Tracking
Irénée RÉGNAULD
Nicolas VIVANT
 
  Collectifs
Arguments
Bondy Blog
Dérivation
Dissidences
Mr Mondialisation
Palim Psao
Paris-Luttes.info
ROJAVA Info
 
  Créatifs / Art / Fiction
Nicole ESTEROLLE
Julien HERVIEUX
Alessandro PIGNOCCHI
XKCD
🌓