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Myriades \ Francis Pisani
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MYRIADES

Francis PISANI

▸ les 20 dernières parutions

03.05.2024 à 08:05

Elles sont partout...

Francis Pisani

Où il est montré que le duel sino-américain peut mettre en danger l'accès de millions de jeunes à leur app préférée, que Washington utilise Microsoft et que l'IA peut être utilisée bêtement
Texte intégral (2699 mots)

Vous en en êtes submergé.e.s, mais les informations importantes concernant les technologies à l’heure de l’intelligence artificielle (Tech@IA) sont traitées d’une telle façon qu’il est difficile d’en mesurer l’impact réel sur nos vies privées, la politique et la planète. C’est préoccupant.

Elles sont partout

TikTokLaw-France24_OlivierDouliery/AFP

Prenons deux actus récentes : l’adoption, aux États-Unis, d’une loi d’aide militaire à l’Ukraine, Israël et, un peu moindre, à Taiwan qui pourrait affecter le mode de vie de 300 millions de jeunes Américains et Européens,  ainsi qu’un gros investissement de Microsoft aux Émirats Arabes Unis (Abu Dhabi en l’occurence) dont je me demande comment il peut ne pas aggraver la crise climatique.

Vous avez sans doute vu, lu ou entendu la première, abordée dans la couverture internationale de nos médias. Il était plus difficile de repérer la seconde, traitée avec les infos concernant les grands mouvements d’argent qui nous dépassent ou les développements de l’intelligence artificielle à laquelle nous ne faisons encore  que prudemment attention. Elles marquent pourtant des points d’inflexion susceptibles de peser dans nos vies et sur l’évolution de la situation planétaire. Les deux sont importantes en termes de technologie et de politique.

Loi TikTok - La nouvelle loi passée à Wahington contenait - outre tout ce que vous en savez - une disposition dont on n’a parlé que dans les rubriques technologiques : la menace d’interdiction de TikTok, ce programme de courtes vidéos devenu une des sources préférées d’expression des jeunes et un moyen de les atteindre en publiant dans un langage qui leur convient.

Ils sont 170 millions aux États-Unis et 135 millions en Europe.

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L’argument est que l’entreprise mère est chinoise (ByteDance), que le gouvernement de ce pays peut ainsi ausculter à loisir ce qui se dit et se sent en Occident qu’il combat, qu’il pourrait s’en servir pour l’influencer le moment venu, s’il ne le fait pas déjà. Ça permet aussi aux Big Tech américaines de souffler face à un concurrent qui les dépasse.

Démocrates et Républicains se sont mis d’accord pour sommer la maison mère de vendre TiKTok à uneentreprise non chinoise dans un délai d’un an (360 jours maximum pour être exact). Les pressions pour que l’Europe agisse dans le même sens ne manquent pas. 

Microsoft joker de la diplomatie américaine - D’un montant de 1,5 milliard de dollars l’Investissement de Microsoft dans l’entreprise G42 d’Abu Dhabi va aider ce pays à s’insérer sur l’échiquier mondial autrement qu’avec son seul pétrole. Bien vu.

≈050AirCoolingDataCenters_NEC

Attention, s’il s’agit de créer des data centers géants pour préparer une transition vers un monde dans lequel la richesse proviendra d’autres ressources que les énergies fossiles, il va falloir les refroidir… comme toujours. Dans une région où l'eau est bien plus rare que le pétrole on se demande comment le problème sera résolu. Faute d'informations fiables j'en suis réduit à me dire qu'il va falloir beaucoup, vraiment beaucoup d’air conditionné pour préserver le bon fonctionnement des machines.

Washington a de bonnes raisons de rester discret. La participation de Microsoft - fortement poussée et soutenue, presque imposée par le Département d’État - s’accompagne d’un condition drastique : que ce développement se fasse sans la moindre participation chinoise. 

En clair - Application préférée d’1,4 milliards de jeunes dans le monde, affrontements US-Chine, coup de pouce dans l’utilisation des énergies fossiles, re-positionnement du monde arabe sur l’échiquier planétaire : technologies digitales et intelligences artificielles sont bien partout…

Si ça vous turlupine, n'hésitez pas à demander des compléments d'information à Google, Perplexity.ia ou votre source préférée.

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Bêtes dans l’utilisation des IA !

Father-Justin-devient-Mister-Justin_BenedictineCollege Atchinson, Kansas

C’est, sans la moindre intention d’offenser, ce qui est arrivé à un groupe de catholiques américains qui n’ont rien trouvé de mieux que de déguiser une intelligence artificielle en prêtre catholique baptisé Father Justin. Ça permettait à l’organisation responsable, Catholic Answers, d’atteindre plus de monde à moindre coût. Efficacité, combien de conneries ne sont-elles pas commises en ton nom ?

Jugez vous-mêmes. Le succès n’aura duré que deux jours à peine, jusqu’au moment où plus d’un.e croyant.e a demandé « l’absolution sacramentelle » à Justin qui affirmait avoir été ordonné prêtre à Rome. Ce qui, bien évidemment, n’était pas le cas. « Dans l'Église catholique, la confession est l'un des sept sacrements. Elle consiste pour le fidèle à avouer ses péchés à un prêtre (et seulement à un prêtre) qui lui donne l’absolution, c’est-à-dire le pardon de Dieu, » explique le Figaro source fiable en la matière. 

Rapidement défroqué, Justin n’est plus qu’un théologien laïc… très calé. 

Pour en savoir plus, outre le Figaro, tapez simplement « Father Justin ».

Utile : Tout comprendre le temps de se faire un café

Vidéo : comprendre l’IA en 2min30 de FenêtreSur

Allez donc voir, c’est bien foutu.

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21.04.2024 à 09:44

Perplexity.ai + Myriades ≈049

Francis Pisani

Où je dis pourquoi j’utilise Perplexity.ai et où je fais le point sur comment Myriades vous aide face au tsunami de technologies nouvelles
Texte intégral (2495 mots)

Bonjour,

J’ai enfin choisi un chatbot d’intelligence artificielle que je commence à utiliser régulièrement. Il s’agit de Perplexity.ai le plus simple et le plus utile pour qui ne cherche pas à devenir pro mais souhaite comprendre comment les technologies à l’heure de l’IA - Tech@IA - bousculent le monde et leur propre vie. Celles et ceux prêt.e.s à tenter le coup sans vouloir ce casser la tête. J’y reviens plus bas. 

Pour qui cherche l’outil le plus performant aujourd’hui et la meilleure façon de l’utiliser, voici un excellent guide (déjà signalé) proposé par GénérationIA

Trop compliqué pour moi…

perplexity-ai-Wizardsourcer.com

Perplexity.ai est un assistant conversationnel à la fois :

  • Très simple -J’échange avec lui avec mon vocabulaire de tous les jours (que les pros appellent « langage naturel  »). C’est plus facile que de passer par des « prompts » qui demandent pour être efficaces d’être préparés à l’avance et un savoir faire.

  • Très performant - Ses réponses synthétiques sont accompagnées des sources que je peux aller consulter pour approfondir le dialogue sans passer par un moteur de recherche dont les liens sont choisis pour les revenus publicitaires qu’ils génèrent. J’ajoute qu’il travaille avec les meilleurs modèles d’IA, de ChatGPT à Mistral en passant par Claude (voir le guide mentionné plus haut si vous souhaitez comparer) et qu'il est au courant de l’actualité.

Exemple tout récent, j’ai visité l’expo Mexica du Musée du Quai Branly dans lequel il est dit que le nom « Aztèques » leur avait été donné par le géographe allemand Alexander von Humboldt au début du 19ème siècle. Interrogé, l’assistant confirme. Je vérifie grâce aux sources fournies et, quand je lui signale que dans certains documents ils s’appelaient eux-mêmes « aztèques », il me répond : c’est vrai mais aujourd’hui on utilise plutôt « Mexica ». Je n’aurai pas pu avoir cet échange avec des prompts.

Détail sans impact technique mais qui m’a sûrement influencé dans mon choix : le nom lui-même figurait au coeur de mon tout premier billet Ce truc change tout). Question de sensibilité ou d’attitude comme je le signale plus bas. 

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Perplexity.ai se vend comme un « moteur à réponses » (answering engine). Jolie formule, plus juste que je n’étais tenté de croire au début. Utilisable en de nombreuses langues il apparaît sur l’écran des anglophones avec la formule « Where knowledge begins  », Où commence la connaissance.

Après plusieurs jours d’utilisation gratuite (ouverte à tous), j’ai décidé de passer à la version payante (20 US dollars par mois) pour voir ce que je peux tirer du maximum de ses capacités. Je m’en servirai régulièrement et signalerai chaque fois que cela aura un impact sur mes textes. Et je continuerai à regarder les autres outils d’IA simples et performants pour « non-pros ».

J’ai d’abord utilisé, avec plaisir, Pi.ai, très semblable mais j’ai abandonné quand son fondateur est lui-même parti avec cerveaux et bagages (chez Microsoft). 

Je ne le choisis pas Perplexity.ai en croyant qu’il est le meilleur. Il est agréable et correspond à la façon dont je m’informe aujourd’hui.

Vous pouvez, si ça vous tente consulter ces deux bons guides en français publiés par LeBigData.fr et par Sales-Hacking.com. Sinon, choisissez le chatbot qui vous convient le mieux, mais commencez à vous en servir sérieusement.

 Et pour aller plus loin… Googlez : alternatives à Perplexity.ai.

RodinPenseur-JoaoAraujo_Flickr_CC BY-SA 2.0 DEED

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Myriades - Votre partenaire face aux technologies à l’heure de l’intelligence artificielle

En adoptant un assistant personnel boosté à l’IA, je me suis souvenu de qui préférait s’informer sur un journal papier plutôt que sur le web, de qui jurait de ne jamais acheter un mobile tant leur ligne fixe suffisait à leurs besoins. J’ai, pour ma part sous-estimé Twitter et mis du temps à ouvrir TikTok, entre autres. 

Pas facile de s’y retrouver dans ce tsunami de nouveautés qui nous font peur et nous attirent. Myriades vous aide en vous proposant:

Une piste : les technologies nous transforment

  • Les technologies que nous inventons (depuis des dizaines de milliers d’années) nous transforment à mesure que nous les adoptons

    • Le feu a permis de cuire et de mieux assimiler la nourriture. L’agriculture a entraîné la création des villes.

  • Le nombre de technologies à notre disposition est passé de quelques innovations en 30 ou 40.000 ans à des dizaines de milliers par décennie. Elles touchent plus de personnes, dans plus de régions, plus vite.

  • Cette « accélération » (Hartmut Rosa) nous a conduit à une « modernité liquide » (Zygmunt Bauman) dans laquelle institutions et pratiques sociales sont moins fixées, moins rigides.

    • Il y a dix ans à peine nous prenions longtemps à l’avance des rendez-vous dans des lieux et à des heures déterminés. Aujourd’hui on s’adapte mutuellement jusqu’au dernier moment… ce qui peut être énervant… ;-)

Une attitude : la curiosité nous motive et s’adapte 

  • Personne n’est tenu de se précipiter sur ces technologies ni même de les adopter. Mais renoncer à certaines pratiques dépassées et s’adapter à de nouvelles formes de connaissances n’est pas idiot. 

  • Joli sujet de conversation à tout âge, ça facilite les relations trans-générationnelles. Et ça stimule à condition de pratiquer, seule façon de comprendre.

  • Comme dans l’eau froide on peut y aller progressivement. Sans s’en laisser imposer par ses peurs. Avec esprit critique et légèreté (Italo Calvino). 

Un flux d’infos et de questions pour les non-pros

  • Myriades se présente comme un flux d'infos et de questions sur les technologies à l’heure de l’intelligence artificielle (Tech@IA). Comme tel, il évolue.

  • Des ouvertures sur des développements tantôt risqués, tantôt prometteurs. Souvent les deux.

  • Des références concrètes à des outils simples à tester et des questions sur les enjeux des transformations en cours.

Tout ça pour des personnes qui ne font pas des Tech@IA leur métier mais souhaitent acquérir les rudiments d’une nouvelle culture... et plus si affinités.

Vous et moi. Pas encore une communauté. Une sensibilité peut-être ?

A faire évoluer par la conversation…

A vite !

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08.04.2024 à 07:56

En quelle langue travaillent-elles ? ≈048

Francis Pisani

Du mauvais usage de la BNF François-Mitterand et de sa relation avec la modeste présence du français sur le web, aggravée par les modes de travail de l’intelligence artificielle.
Texte intégral (2997 mots)

Bonjour,

Les idées, les prises de position contradictoires ont le mérite d’être stimulantes. Ainsi en va-t-il de certains sentiments, minoritaires, concernant la BNF François Mitterand. Ses partisans sont nombreux et leurs arguments connus.

 L'édifice est impressionnant. Nos livres historiques méritent un bel endroit où les conserver et les consulter. Mais combien je regrette (cela a toujours été le cas) qu’on n’aie pas consacré une partie de ces ressources à digitaliser à tour de bras et très tôt (essentiel sur le web) le corpus francophone. Nous serions aujourd’hui dans une situation différente face aux biais linguistiques du web et de l’intelligence artificielle.

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Du mauvais usage de la BNF François Miterrand

Les « briques » (les constructions en dur) l’ont emporté sur l’immatériel (comme ils disent) et, aujourd’hui, le digital est à la traîne malgré les plus de dix millions de documents numérisés sur Gallica qui ne sauraient nous tirer d’affaire face à la prolifération des langues sur le web.

Or, je reviens de trois semaines au Mexique, où j’ai vécu 15 ans, et où je me suis retrouvé devant l’évidence concrète, pratique, quotidienne, que les gens pensent différemment dans des langues différentes. 

Heureux hasard, je trouve au retour un article de l’excellent Thomas Mahier, cofondateur et actuel CTO de Flint Media, qui nous explique, à propos de l’une d’entre elles : « vous parlez français, elle pense anglais, et vous répond chinois ! »

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Comment ça bosse là-dedans ?

Permettez-moi un tout petit nombre de rappels pour commencer :

- Langues les plus parlées dans le monde (dans l’ordre) : anglais, chinois, hindi, espagnol, français, arabe, etc.

- Langues les plus utilisées sur le web (dans l’ordre) : anglais (52%), espagnol (5,5%), allemand, russe, japonais, français (4,3%), portugais etc.

- Mais… entre 80 et 90% des textes utilisés par les plus grandes plateformes d’intelligence artificielle sont en anglais !

Nous ne disposons pas, à ma connaissance, de données précises sur le multilinguisme des plateformes les plus importantes (OpenAI, Google, Anthropic… etc), si ce n’est que Mistral, entreprise créée par trois français, fait des efforts pour inclure des proportions plus grande de langues… européennes.

Chance :  l’institut Fédéral Polytechnique de Lausanne (EPFL) vient de rendre publique les résultats d’une recherche approfondie sur le fonctionnement d’un de ces services : LLAMA, le système d’IA de Meta-Facebook. 

Multilingue - comme ses semblables - il peut traduire un grand nombre de langues et semble passer de l’une à l’autre sans difficulté. Mais il ne suffit pas, quand on demande comment dire « bonjour » en finnois ou en vietnamien d’avoir une réponse correcte. Il  faut y voir clair sur le parcours suivi pour arriver à ce résultat. 

Les plus performants d’entre eux fonctionnent avec des technologies dites d’apprentissage profond qui consistent à faire passer les données par de multiples couches de travail (les réseaux neuronaux artificiels inspirés du fonctionnement de notre cerveau un peu comme les ailes d’un avion peuvent nous rappeler celles d’un oiseau). 

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Ils disent « multilingue » ! Pas faux, pas clair

Pour s’y retouver, les chercheurs de l’IPFL ont suivi, entre autres, toutes les étapes du passage du français au chinois quand on demande à LLAMA comment se dit « fleur » dans le langage de Confucius. Et voilà que processus passe par des couches qui ne sont ni dans la langue du maître chinois, ni dans celle de Victor Hugo, mais dans celle de Shakespeare (ou ce qu’il en reste quand elle est moulinée par les techniques de l’IA).

≈048-EPFL-Arriver au chinois par l'anglais

Dire que LLAMA « pense » en anglais, me semble un peu rapide et je préfère me demander, comme se limite à le faire l’EPFL, « dans quelle langue travaille-t-il ? »

En clair on passe d’à peu près n’importe quelle langue à n’importe quelle autre en transitant par une « langue pivot » : l’anglais.

Quels sont les inconvénients ?

Thomas Mahier estime que l’on risque de perdre des nuances. Il a raison. On voit sans peine où cela peu conduire dans les relations entre peuples et institutions parlant des langues différentes. On a inventé et mené des guerres pour moins que ça.

C’est aussi bien plus grave.

L’étude, dont la méthode devra être appliquée à d’autres modèles d’IA, met à jour le fait qu’il ne s’agit pas seulement de quantité de données (majoritairement en anglais) mais que dans certains cas on fait passer les traductions entre les autres langues par celle-ci. 

La mécanique du biais est dans le fruit. Les langues ça mène loin.

Cité par Benoît Raphaël (l’autre cofondateur de Flint.media), Sam Altman, patron de OpenAI (à qui nous devons ChatGPT) ne voit-il pas dans la course vers des intelligences artificielles toujours plus sophistiquées « une gigantesque lutte de pouvoir » ?

Pour qui aurait besoin de plus…

  • Qui souhaite en savoir plus sans s’égarer dans les sources scientifiques trouvera dans ce post de mon ami Benoît Raphaël un « guide ultime des chatbots d’IA en 2024 » et dans le billet conjoint de Thomas Mahier des explications plus complètes sur le biais linguistique reposant sur l’étude de l’IPFL mentionnée dans ce billet.

  • Je m’en tiens, pour ma part à l’objectif de Myriades qui est de rendre accessible au plus grand nombre - ce que j’appelle « culturation » ou acquisition douce d’une culture nouvelle - les enjeux des technologies de l’information à l’heure de l’IA.

Autre chose : Fantomas est-il de retour ? 

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Les hommes ont de plus en plus souvent la boule à zéro. Il suffit de s’arracher à son portable dans un lieu public pour le constater.

On pourrait craindre que Fantomas - le maléfique centenaire - soit de retour. A moitié en tous cas car, s’il a bien la boule à zéro, il est plus souvent mal rasé aujourd’hui que totalement glabre.

Que se passe-t-il ?

Essayons de répondre par une autre question : et si c’était la faute à la tech tout autant qu’une question de mode ? 

Souriez et pensez-y !

Bien différentes des rasoirs électriques traditionnels les tondeuses récentes permettent d’exercer, sur notre système pileux, un contrôle jadis réservé au coiffeur. En moins cher et plus rapide puisqu’on ne se rase même plus tous les matins.

Pareil qu’avec les technologies perturbatrices.

Nous sommes loin de l’intelligence artificielle (pour le moment) mais au coeur d’un sujet déterminant : les outils que nous inventons, les technologies que nous innovons nous façonnent. 

Souriez mais pensez-y !

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19.03.2024 à 08:20

Pour rester à jour il faut apprendre ≈047

Francis Pisani

Toujours changeante, la culture digitale nous est indispensable pour nous repérer à l’heure de l’intelligence artificielle . Chacun.e à son niveau, à sa façon. Repères à utiliser.
Texte intégral (2927 mots)

Bonjour,

En prenant l’ascenseur récemment, j’ai trouvé une dame à cheveux blancs secouant son téléphone avec exaspération. Elle n’arrivait pas à y trouver le nombre de pas faits la veille. J’avoue, pour ma part, avoir beaucoup tâtonné pour modifier un clavier sur mon iPad. Soyons honnêtes, cela nous arrive à tou.te.s, à un niveau ou un autre, plus souvent que nous n’aimons le reconnaître. 

Or, cette dame, comme vous et moi, sait quand et comment utiliser le feu, l’électricité ou les chemins de fer, comment préparer ses repas chauds, rendre visite à ses enfants pour Noël, quand ne pas mettre ses doigts sur une flamme ou dans une prise et, j’espère, quand ne pas se mettre devant un train bolidifié. Elle sait. C’était inclus dans son éducation. 

Le-nouveau-rôle-du-DRH-_-encourager-la-culture-digitale-myrhline.com

Que doit-elle, que devons-nous savoir des technologies digitales omniprésentes et indispensables aujourd’hui ? La réponse n’est pas la même pour chacun.e et il me semble indispensable, pour avancer de distinguer entre groupes et situations.

Commençons par un apparent détour, une conférence sur l’intelligence artificielle générative (IAG) organisée par Netexplo (avec laquelle je collabore depuis plusieurs années) pour les entreprises. Il s’agissait, en l’occurence de boîtes suffisamment grandes (plusieurs dizaines de milliers d’employés chacune) pour qu’elles soient obligées d’affronter le problème à tous les niveaux. Nous pouvons en apprendre quelque chose.

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Panorama de l’IA générative

J’ai été frappé, par le fait que deux grandes entreprises dans lesquelles les ingénieurs jouent un grand rôle (ils sont 20.000 chez Safran) commencent leurs formations par ce qu’elles appellent « l’acculturation » du personnel dans son ensemble. Pour Vincent Lecerf d’Orange, il s’agit de « mettre un maximum de personnes sur le sujet, de le populariser  ». Anne Farah, de Safran, parle de « sensibiliser » l’ensemble du personnel.

Orange distingue trois niveaux de formation : culture (digitale), outil, métier. Les chiffres correspondants à chaque groupe illustrent parfaitement leur dimension. Ils concernent, dans l’ordre, 3O.000, 5.000 et 300 personnes aujourd’hui.

Presque tous les intervenants ont insisté sur le fait qu’il s’agit tout autant d’un sujet humain que technique et que tout le monde est concerné même s’il faut prendre en compte les besoins différents selon les générations. 

L’erreur serait de croire que les trois groupes mentionnés n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Ils doivent être envisagés comme des cercles concentriques. En clair : tous ces gens employés dans de grandes entreprises ont besoin de culture digitale même ceux qui ne s’occupent ni d’algorithmes, ni de data, même quand cela ne les concerne pas directement.

Abonnement payant facultatif. Il m'aide.

« Culture digitale » 

Nous ne pouvons pas nous permettre de tout ignorer et n’avons pas les moyens de tout savoir. Mais tout le monde a besoin de culture digitale actualisée sans qu’elle implique une connaissance approfondie de la technologie. 

Distinguons trois niveaux.

  • Aisance et familiarité - Il s’agit simplement de se mettre à jour, d’inscrire l’intelligence artificielle telle qu’elle évolue sous nos yeux dans la continuité  de la révolution digitale qui s’est introduite dans nos vies avec l’ordinateur, l’internet et le web ainsi que le téléphone mobile.

  • Outils - Les spécialistes ne sont pas les seuls à être amenés à s’en servir. Comme pour les autres étapes, celle-ci implique d’apprendre à utiliser quelques dispositifs nouveaux (essentiellement des logiciels genre ChatGPT ou des applications qui intègrent l’IAG comme le proposent Microsoft et Google). Ils peuvent être utiles et nous gagnerons en apprenant à nous en servir.

  • Enjeux - Nous avons besoin et intérêt à comprendre les enjeux sociétaux de la vague de transformation qui vont de l’IA for good (un vrai mouvement) aux dangers connus comme la surveillance ou la guerre en passant par des formes d’organisation et  de gouvernance à tous les niveaux.

Il ne s’agit pas de formation mais toute formation passe par là.

Cette fois ce sont les ingénieurs et les managers qui auraient tort de croire qu’ils peuvent s’en passer. L’IA générative n’est pas seulement faite de joujoux merveilleux à inventer, ni d’efficacité ou de productivité. La société toute entière est concernée : entreprises, éducation des enfants, gestion de la municipalité, associations et gouvernement.

Acquérir cette « culture digitale » et en comprendre les enjeux est aussi important que de se préoccuper de crise climatique et de diversité. Elle permet  d’agir avant qu’il ne soit trop tard et de développer des usages positifs, dans la santé par exemple.

School of Aristotle by Gustav Adolph Spangenberg - Wikipedia domaine public.jpeg

Danser sous la pluie

Il s’agit donc de créer une nouvelle PAIDEIA, terme qui désignait dans la Grèce antique  « le corpus de connaissances fondamentales dont doit disposer un bon citoyen ». Une idée relativement courante aujourd’hui.

La déferlante arrive comme nous l’avons vu récemment et nous avons le choix entre couler, flotter, surfer ou naviguer. Voire mieux si nous faisons cas des jolis propos de Laurie Bonin, co-fondatrice d’Artpoint, à la conférence Netexplo : «  L’IA est comme la pluie, on peut ne pas l'aimer mais on ne pourra empêcher qu'il pleuve alors dansons sous la pluie. » D’autant plus volontiers, il me semble qu’elle présente plein d’aspects positifs et d’opportunités, comme la pluie d’ailleurs, en quantité raisonnable, ou contrôlée, voire endiguée…

Googlez : paideia artificial intelligence et paideia intelligence artificielle

Bientôt - Un journal télévisé entièrement IA

Trouvé sur le site du québécois Bruno Guglielminetti ce test d’un journal télévisé entièrement réalisé par l’IA à partir de sources médiatiques vérifiées. Impressionnant comme vous le verrez très vite.

Cliquez > Chanel1.ai L’arrivée des infos 100% IA

Chanel1.ai

Bonne semaine…

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06.03.2024 à 08:10

Canaliser, orienter les intelligences artificielles ≈046

Francis Pisani

Je reviens sur le livre de Mustafa Suleyman, La déferlante (The Coming Wave) dans lequel il propose une attitude pour miser sur la technologie sans se laisser dépasser
Texte intégral (3104 mots)

Plus je lis ce livre, plus j’ai envie de le relire.

Je parle de La déferlante, (voir Myriades : La déferlante, ce livre qui me fait changer d’attitude ≈035) écrit par Mustafa Suleyman un des créateurs des IA qui l’ont emporté sur les meilleurs joueurs d’échecs et de Go avant de réussir à déplier les protéines pour en révéler la configuration. Sa proposition de contenir, voire d’endiguer le développement de l’intelligence artificielle et de la vague technologique qu’elle entraîne est d’autant plus remarquable qu’elle s’accompagne d’une stratégie à multiples niveaux. C’est ce qui m’a secoué. 

captioDéferlante contenue par des piquets, Stéphane Mignon, Wikimedia, CC BY 2.0n...

 Il voit dans la contention « un moyen, en théorie, d'échapper au dilemme de la maîtrise des technologies les plus puissantes de l'histoire. » « En théorie » parce que personne n’est certain que ça marche. Quant au dilemme, il est plus facile à résumer qu’à résoudre : il veut que la vague de technologies développées en ce moment apporte les bienfaits promis, mais pas n’importe comment.

Foncer, comme tout arrêter, est également risqué.

enti’idon lée d’endiguer fait hurler bien des acteurs quand il est pris dans le sens le plus étroit (mettre entre des murs, des digues, des murailles, les parois d’une boîte). 

C’est plus compliqué et bien plus intéressant.

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Ces imparables incitations à foncer : états, entreprises, egos 

Le livre est sorti plusieurs semaines avant la crise d’OpenAI, la société créatrice de ChatGPT (voir Myriades ≈034 Games of AI : c’est qui les pions) qui apparaît comme une illustration parfaite de sa thèse avec la victoire de ceux qui veulent foncer (dont Sam Altman et Microsoft) sur ceux qui appellent à un peu de retenue.

Aucun doute pour Suleyman que « le profit est le moteur de la vague à venir, » mais les seuls tenants d’une position éthique doivent comprendre qu’il n’y a pas que ça. il faut aussi prendre en compte :

  • La compétition entre grandes puissances. « Choisir de limiter le développement technologique lorsque des adversaires perçus avancent, c'est, dans la logique d'une course aux armements, choisir de perdre. »

  • L’écosystème mondial de la recherche, avec ses rituels bien ancrés qui récompensent la publication ouverte, la curiosité et la quête d'idées nouvelles à tout prix.

  • Sans oublier l’ego des chercheurs si bien illustré par le film consacré à Robert Oppenheimer. Mais c’est John von Neumann, mathématicien d’origine hongroise ayant participé au développement de l’arme nucléaire, qui en explique le fonctionnement : « il serait contraire à l'éthique, du point de vue des scientifiques, de ne pas faire ce qu'ils savent être faisable, quelles que soient les terribles conséquences que cela pourrait avoir ». 

Aucune mesure isolée ne peut suffire pour contenir ces « imparables incitations  ».

©Universal Pictures

Tout Myriades

Endiguer, se contenir, organiser l’intervention de l’État

Suleyman commence par demander aux créateurs eux-mêmes de faire le premier pas et de s’imposer des limites, des contraintes qui seront d’autant plus efficaces qu’elles figureront dès la conception de l’outil au lieu d’intervenir après coup c’est-à dire, presque toujours, trop tard. 

Et mieux vaut ne jamais laisser les enthousiastes seuls. « La technologie a profondément besoin de critiques - à tous les niveaux, mais surtout en première ligne. » Ceinture et bretelles : il est prudent de faire auditer de l’extérieur leurs travaux en cours.

Ça risque de les ralentir ? Quelle excellente chose dit Suleyman qui les invite à prendre le temps de tester, à ne pas se précipiter pour mettre leurs découvertes sur le marché.

L’auteur, dont l’entreprise DeepMind a été rachetée par Google, a bien tenté de faire bouger cette BigTech de l’intérieur… sans succès.  L’endiguement gagnerait à compter sur des fondateurs de startups et des patrons soucieux « d’apporter une contribution positive à la société. Il a également besoin de quelque chose de beaucoup plus difficile. Il a besoin de politique, » tant au niveau national qu’international. Il demande donc l’intervention des gouvernements et des États.

En clair, tout le monde doit s’y mettre à tous les niveaux, tout de suite. Ça fait beaucoup.

« L’endiguement doit être possible »

Ce titre de l’avant-dernier chapitre m’a inquiété. Ça n’est jamais parce qu’elle est nécessaire ou bonne qu’une proposition, une action, un programme sont réalistes. « Je comprends parfaitement. Cela semble à peine réel à première vue, » reconnaît-il. Mais nous y sommes bien parvenus - jusqu’à un certain point - pour les voitures, les avions et les médicaments, par exemple. Avec un coût élevé en victimes et toujours bien tard.

Et la réglementation, régulièrement invoquée par les mieux intentionnés, ne suffit pas. La technologie bouge de semaine en semaine alors qu’il faut des années pour faire adopter une loi.

On peut en conclure que c’est bien pour cela que la généreuse idée de Suleyman ne peut réussir. L’auteur le dit clairement : « L’endiguement de cette déferlante n’est, je crois, pas possible dans le monde actuel. » Il faut des citoyens plus conscients, des entreprises et des entrepreneurs plus soucieux du bien social, des gouvernements plus agiles, des relations internationales plus détendues… etc. etc. 

Autant repousser notre attente de solution à la saint-glinglin.

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Pourquoi ce livre m’a secoué

La déferlante propose une approche trans-disciplinaire des technologies qui se développent le plus vite aujourd’hui. Il prend en compte les responsabilités à tous les niveaux, des individus aux grandes puissances, et contient une proposition ouverte, modifiable à mesure que nous agissons, à condition d’agir bien entendu.

Il n’y a ni mot, ni solution miracle et Suleyman le dit clairement. Il propose, ce qui est plus difficile à vendre, une méthode, voir une attitude.

Elle vaut pour l’intelligence artificielle et la biologie synthétique, mais aussi pour l’autre problème majeur auquel l’humanité est confrontée, toujours de son fait : le réchauffement de la planète. 

L’un et l’autre sont, en paraphrasant une des formules du livre, des « hyper-objets qui dominent l’existence des humains ». Suleyman met en cause nos responsabilités et le système dans lequel nous nous sommes enfermés nous-mêmes, sans tomber dans l’opposition binaire entre pour et contre, entre croissance et décroissance. J’y vois une vraie position politique. Et vous ? 

Époustouflantes images - Gemini de Google, un jumeau peu fiable… (bis)

Premier incident majeur au moment du lancement de Gemini par google… Plutôt que de la décrire, je vous invite à regarder cette époustouflante vidéo sensée montrer ce qu’elle est sensée pouvoir faire (sic).

Impressionnant, n’est-ce-pas… sauf que… allez, un petit effort : googlez : canard gemini. Vous allez bien rire.

Et, plus récemment, les images bien pensantes de Gemini quand on lui demande celles d’un pape…

“Is Google’s Gemini chatbot woke by accident, or by design?” The Economist-FrankJFlemingGemini AI

googlez gemini woke pour aller plus loin…
Bonne semaine…

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29.02.2024 à 08:05

Le nucléaire de Poutine contre l’IA ≈045

Francis Pisani

Comment comprendre l'annonce d'une éventuelle menace nucléaire russe dans l'espace ?
Texte intégral (2857 mots)

Politiciens et médias ne cessent de rivaliser à qui nous fera le plus peur. Un jeu auquel excelle Mike Turner, président de la Commission permanente sur le renseignement de la Chambre des représentants. C’est à lui que nous devons l’annonce d’une utilisation possible de l’arme nucléaire par la Russie dans l’espace. C'est vraisemblable et inquiétant. Mais ça révèle aussi une faiblesse radicale de Poutine : l’intelligence artificielle, notamment militaire.

Le Pentagone s’efforce de protéger ses satellites contre les radiations d’une attaque nucléaire - www.defense.gov

Sujet d’actualité, s’il en est, on parle beaucoup du recours à l’IA dans les guerres, notamment à propos des drones utilisés en Ukraine.  Après un premier usage d’appareils trouvables dans le commerce et bricolés, les solutions utilisées des deux côtés sont de plus en plus « intelligentes ».

Contrairement à la formule médiatique consacrée, le vrai danger n’est pas le « killer drone » (capable de décider de tuer). La vraie révolution dans les affaires militaires (Revolution in Military Affairs dans le jargon professionnel international) ne se situe pas au niveau d’armes spécifiques. Elle dépend plutôt des plateformes capables de réunir, de traiter des quantités considérables d’informations en temps réel puis, éventuellement de prendre des décisions avec ou sans intervention humaine. Voir Myriades IA, politique et mythes grecs ≈014.

Les archives de Myriades

De tels dispositifs sont conçus pour recueillir toutes les données possibles concernant un grand espace d’affrontements (le Moyen Orient, l’Europe, l’Asie de l’Est ou, pourquoi pas, la planète toute entière). Ce à quoi se consacrent de très grosses boîtes comme Lockheed ou IBM et, plus particulièrement des entreprises plus récentes comme Palentir, Anduril et, bientôt, OpenAI. 

Le recours au nucléaire par Poutine : De quoi s’agit-il ?

Tout indique que le programme russe existe véritablement (malgré les dénégations de Moscou auxquelles plus personnes n’a de raison de croire). D’après mes recherches, il semble qu’on puisse distinguer deux hypothèses : bombe lancée depuis la terre le moment voulu, ou appareil nucléaire (bombe ou satellite) préalablement mis en orbite et déclenchable à volonté.

« Dans le vide spatial, » explique The Economist, « les radiations sont déterminantes. L'impulsion électromagnétique créée par une explosion orbitale pourrait endommager l'électronique des satellites un peu partout dans le ciel. »

Si les appareils militaires américains sont généralement équipés pour résister à de telles attaques, ce n’est pas le cas des commerciaux tels ceux lancés par Starlink, l’entreprise d’Elon Musk qui a contribué aux succès des Ukrainiens face à l’agression russe des deux dernières années. 

Ce qui fait conclure à la publication britannique qu’un tel geste désespéré dans la mesure où il risquerait d’affecter toute l’économie mondiale, y compris celle de la Russie et de ses alliés, « semble mieux adaptée aux États desperados comme la Corée du Nord et l'Iran, qui ont peu de capacités spatiales propres à protéger et qui, en cas de crise, peuvent estimer qu'ils n'ont rien à perdre. »

Mais peut-être Poutine n’a-t-il rien à perdre en matière d’intelligence artificielle ?

Rien à perdre : la vérité sur la menace russe

Depuis quelques mois, le président russe multiplie les interventions sur l’importance de l’IA et l’effort à faire pour se hisser au plus haut niveau. Or, entre autres difficultés, l’excellence reconnue de ses concitoyens en mathématiques ne suffit pas quand au moins 10% des spécialistes de ce domaine ont quitté le pays au cours des deux dernières années.

Alors que faire ? Prendre le problème par l’autre bout, s'est dit le maître du Kremlin !

La connectivité intelligente au coeur de l’IA - www.uscybersecurity.net

Les IA reposent sur 1) d’incroyables quantités de données, 2) des algorithmes sophistiqués, mais aussi sur 3) des communications fluides entre data centers, labs, utilisateurs, capteurs (sensors en anglais) etc. Ces derniers, dont le chiffre était estimé à une quinzaine de milliards en 2022 (et qui pourrait doubler d’ici à 2027, en 5 ans), sont les sources indispensables d’informations précises actualisées à tout instant. 

En retard sur les deux premiers points, Poutine peut se concentrer sur la paralysation du troisième chez les autres, même si ça l’affecte lui aussi. 

Le joker nucléaire spatial (qui n’est pas une plaisanterie) apparaît ainsi comme un aveu d’impuissance là où ça se joue : l’avancée des Chinois et des Américains dans le développement de leurs capacités en matière d’intelligences artificielles. 

La coupure d'une partie des communications mondiales de façon indiscriminée ne peut que gêner le fonctionnement des plateformes militaires. En particulier pour les États-Unis qui ont choisi la prolifération en s’appuyant sur des entreprises privées et la mise en orbite de satellites commerciaux sans protection particulière. Elle plongerait la planète dans une crise économique généralisée, redoutable pour ses rivaux plus riches et plus puissants 

Incapable de rentrer par la porte le jour où s’engageront des négociations sérieuses entre Chinois et Américains, Poutine tente de se donner les moyens de s’imposer par la fenêtre, en cassant tout sur son passage s’il le faut. 

Signe de force ou aveu de la faiblesse ? Inévitable ambigüité. 

Mais c’est aussi, pour nous, une bonne occasion de réfléchir à cette troisième composante essentielle des intelligences artificielles, les communications digitales…

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Concret : soyez gentil.le avec votre chatbot, vous aurez de meilleurs résultats

Si vous posez vos questions gentiment, vous aurez de meilleures réponses et, le système se conduira mieux avec tout le monde signale le site d’information Axios.

C’est vrai pour le japonais - on pouvait s’y attendre -, mais aussi pour l’anglais et le chinois révèle une étude de l’Université de Cornell

Aucune raison que ça ne vaille pas pour le français… mais ne me dites pas que c’est trop vous demander… 

PS - N’en rajoutez pas une couche dans le genre “lèche bot”, il vous donnera des réponses plus longues.

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